Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Prologue   Saint Samson et oeuvre au blanc   
PRIEURE DE SION SAINT SAMSON OEUVRE AU BLANC

Les Documents secrets de Toscan du Plantier mentionnent le prieuré de Saint Samson d'Orléans dont Adam, abbé de l'abbaye de Mont Sion à Jérusalem, était en charge.

Raoul Godart en fut élu prieur mais en 1434, "per mortem dicti Stephani Courtin", et non au XIVème siècle (Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, 1915 - gallica.bnf.fr).

Par la charte du 26 mars, Adam, abbé de l'église primitive du Mont-Sion de Jérusalem (transférée à Acre) s'apercevant que la gravité des circonstances et l'éloignement de la France l'empêchaient de gouverner efficacement le prieuré de Saint-Samson, comme il l'aurait désiré, et d'en percevoir les revenus, se décide, après avoir pris l'avis de Nicolas, patriarche de Jérusalem, de qui il dépendait, et avec le consentement de son chapitre qui ne se composait que d'un chanoine « consentiente discreto viro Rodulpho de Nazareth, canonico nostro capitulo nostre ecclesie Montis Syon, cum plures non sint ad presens in partibus istis ejusdem ecclesie résidentes », à charger de l'administration temporelle du prieuré de Saint-Samson et des autres biens de l'abbaye, en France, frère Gérard, de l'ordre de l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, « episcopus Valaniensis. » C'est sur ce nom que les anciens archivistes se sont égarés. Dom Joubert, si exact d'ordinaire, le nomme évoque de Valence, dans l'analyse des actes du 26 et du 30 mars 1289, faute qui a été reproduite par M. E. Rey, dans son édition des Familles d' Outre-mer de Du Cange, p. 827, addition; et par Douët d'Arcq, dans son Inventaire des Sceaux, n° 11824 (tome III, p. 520). Or, parmi les évèques de Valence au XIIIe siècle, aucun ne se nomme Gérard. Mais l'archiviste de l'ordre de Malte, qui a analysé la troisième pièce, de mars 1289, est tombé dans une erreur plus grande en le nommant « Gérard, evesque de Valenciennes ». Or, on sait qu'il n'y a jamais eu d'évôché à Valenciennes; mais la forme Valaniensis ne peut convenir ni à Valence ni à Valenciennes; et les instruments de recherches dont nous disposons aujourd'hui nous permettent de reconnaître facilement ici un évêque de Valanea. On lit en effet dans le Trésor de Chronologie, de M. de Mas Latrie : « Valinensis, ancien évêché grec de Balanea, sur la côte de Syrie, entre Laodicée et Tortose, près de Margat; au moyen âge, évêché latin de Valenia, suffragant d'Apamée. » Or Apamée dépendait, en effet, du patriarche de Jérusalem. Le P. Eubel mentionne aussi parmi les évôchés d'Orient : « Vallanien. (Valanea) in Turcomania, suff. Appameen, patr. Antiochen. » Il ne nomme que trois évèques de ce siège : il y aura lieu désormais d'ajouter Gérard, en 1289. Ce premier acte, qui renferme les longues formules d'une procuration générale très développée et investit frère Gérard de tous les pouvoirs sur le temporel du prieuré de Saint-Samson, moyennant une redevance annuelle de 120 livres parisis, fut passé a Acre, dans la maison de l'évêque, en présence du délégué du patriarche et de quatre témoins et scellé de trois sceaux, dont un seul, celui d'Adam, subsiste. Les deux autres actes sont adressés aux chanoines de Saint-Samson d'Orléans. Par le premier, l'abbé Adam leur notifie qu'il a loué (locavimus) à frère Gérard les revenus de leur prieuré moyennant une pension annuelle de 120 livres parisis et leur enjoint, sous peine d'excommunication, de le mettre en possession dudit prieuré : « in possessionem et tenutam omnium bonorum prioratus ejusdem » ; par le second, de date non précise, mais du même mois de mars, et peut être antérieur au précédent, il règle la situation du prieuré au point de vue spirituel, instituant frère Gérard comme son vicaire pour le spirituel, sans aucune mention du temporel, lui donnant tous les droits de nomination et de révocation des chanoines, tels qu'il les a lui-même, et ordonnant aux titulaires actuels de lui obéir en tout (Alexandre Bruel, Chartes d'Adam, Abbé de Notre Dame de Mont Sion, Revue de l'Orient latin, Volume 10 (1905), 1964 - books.google.fr).

Valanea

Les origines de la ville de Baniyas remontent à l'époque phénicienne. Elle est appelée Balanea par Pline l'Ancien ou Leucas. Les Croisés s'y établirent en 1098 et la nommèrent Valénie, on trouve parfois Balanée, c’était une ville fortifiée. Elle appartenait à la principauté d'Antioche et le ruisseau qui passe au sud la séparait du comté de Tripoli. Ils construisent alors la forteresse du Margat. La famille qui la possédait la céda aux Hospitaliers avec le château de Margat en 1186. Deux ans après Saladin ne parvint à prendre ni la Valénie, ni le Margat. Un mur allait de Margat à la côte pour rejoindre le lieu-dit « la tour du Garçon ». Ce bastion au bord du rivage faisait fonction de poste de douane entre les deux principautés croisées. À la fin du siècle, l'évêque de Baniays déplaça sa résidence à l'intérieur du Margat. En 1285, Margat tomba aux mains du sultan mamelouk bahrite Qala'ûn. Baniyas ne fut plus qu'un village (fr.wikipedia.org - Banias (ville)).

Leukas en grec signifie blanc. Valanea et Margat serait blancs comme le Chastel blanc des Templiers, en Syrie entre Tortose et Tripoli, un peu plus au sud que les premiers.

Henri II de Lusignan (mort en 1324) succéda à son frère Jean Ier le 20 mai 1285 ; on soupçonnait Henri d'avoir empoisonné Jean. Charles d'Anjou qui contestait les droits de Jean au trône de Jérusalem était mort en 1285, permettant à Henri de reprendre Saint-Jean-d'Acre aux Angevins. Avec une flotte, Henri attaqua Acre défendue par Hugues Pellerin, le lieutenant de Charles et la ville fut prise le 29 juin 1286. Henri fut couronné à Tyr le 15 août 12862 mais retourna à Chypre en nommant bailli son oncle Philippe d'Ibelin. À cette date, Acre était une des rares cités portuaires restant du royaume de Jérusalem. Pendant son règne, les Mamelouks prirent Tyr, Beyrouth, et les autres cités, ainsi que le comté de Tripoli. Le siège final d'Acre commença le 5 avril 1291. À la fin des combats, Henri s'échappa vers Chypre avec la plupart de ses nobles, et la ville tomba le 28 mai. Henri continua à régner à Chypre, et continua à prétendre au trône de Jérusalem, projetant souvent de reconquérir les terres perdues (fr.wikipedia.org - Henri II de Chypre, Le Prieuré de Sion : Les axes : Axe du 9 avril : Mélusine, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le sceau-signature : aspects métalliques et jeu d’orgue).

L'oeuvre au blanc

64 cases forment le carré magique de Mercure.

Au mois d'octobre commence le travail alchimique, qui devrait durer 18 mois, par l'oeuvre au noir (L’étoile hermétique : Alchimie et Astrologie).

Le SCORPION du Serpent rouge dit en effet :

...et la spirale dans mon esprit devenant comme un poulpe monstrueux expulsant son encre, les ténèbres absorbent la lumière... [...] Mais combien ont saccagé la MAISON, ne laissant que des cadavres embaumés et nombres de métaux qu’ils n’avaient pu emporter (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Scorpion).

Le plomb de l'oeuvre au noir est présent au SERPENTAIRE : "Médite, médite encore, le vil plomb de mon écrit pourrait contenir l’or le plus pur" (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Serpentaire).

L'"encre" du poulpe est noire bien sûr, les cadavres sont l'image de la mort et de la putréfaction, qui est une phase de la nigredo.

Octobre est le mois du calendrier nonagonal de la commune de La Machine, en rapport avec la mélancolie (Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : Vélasquez).

Le noir est présent au VERSEAU ("l'artiste qui sous son pinceau fait de six teintes de sa palette magique jaillir le noir") ; au POISSONS ("au-delà du roc noir") ; au TAUREAU ("BELLE du bois noir") et au CANCER ("Les dalles du pavé mosaïque du lieu sacré pouvaient être alternativement blanches ou noires").

L'oeuvre au noir est un peu dépassée au CANCER. De VERSEAU à CANCER s'étend une période de transition.

La blancheur est présente dans le Serpent rouge aux VERSEAU ("l'unité blanche"), POISSONS ("roc blanc") et CANCER :

TAUREAU : « Grâce à lui, désormais à pas mesurés et d’un oeil sûr, je puis découvrir les soixante-quatre pierres dispersées du cube parfait, que les Frères de la BELLE du bois noir échappant à la poursuite des usurpateurs, avaient semées en route quant ils s’enfuirent du Fort Blanc. »

Le signe zodiacal du Taureau marque le mercure blanc, 6 mois après le commencement au mois d'Octobre, c'est à dire le début du travail amenant à la pierre au blanc (albedo, oeuvre au blanc), le 17 janvier selon Nicolas Flamel (L’étoile hermétique : Nicolas Flamel).

Le BELIER est exempt de blanc et de noir.

Du Scorpion au Taureau, au premier tour de roue, une " nuit " de maturation. Le lever de Vénus, maîtresse du signe du Taureau, qui succède à la nuit des Poissons annonce le lever du soleil, la venue de l'Epoux, à l'Orient. Il s'agit là de l'étoile du compost (qui n'est pas le compost philosophal que l'on verra par la suite) ou Compostelle marque distinctive de la fin réussie de la première opération de l'œuvre (la dissolution). Cette " résurrection " correspondrait au mercure blanc qui naît du sombre Saturne du 25 avril. Ce mercure blanc serait bien le premier mercure assimilé à la rosée, comme le fait Olympiodore, apparaissant sur les planches du Mutus Liber entre bélier et taureau là où se trouve notre Saturne. Après la résurrection, qui, en interprétant chrétiennement le terme, si on place la Passion du Christ au 25 avril date extrême, se produit dans le signe du Taureau (L’étoile hermétique : Alchimie et Astrologie).

Le Taureau marque à la fois la naissance du mercure blanc, début de l'oeuvre au blanc, et après un tour de roue (12 mois), la fin du travail et la rubedo, l'oeuvre au rouge.

L'albacio ou œuvre au blanc (albedo) termine le petit œuvre, la « spiritualisation du corps ». Cette phase, placée sous le signe de la Lune, consiste en une purification par un lavage des « scories » que « l'alchimiste va laver, pendant des mois, à l'eau tri-distillée. Puis il conservera cette eau à l'abri de la lumière et des variations de température... C'est le dissolvant universel [alkaest] et l'élixir de longue vie... » (Jacques Bergier, L'Alchimie, science et sagesse, in Encyclopédie Planète, s.d., p. 222-226). Cette phase succède à l’œuvre au noir (nigredo).

C.G. Jung, dans Psychologie et alchimie (Buchet-Chastel, 1970) dit : "à la nigredo - Saturne - succède le lavage - ablutio, baptisma - qui conduit directement à l'albedo - passage au blanc - ou bien alors l'âme libérée de la mort est à nouveau unie au corps mort et détermine sa résurrection" (LA DAME, demeure alchimique " ? - dame-licorne.pagesperso-orange.fr).

Mais l'âme est libéré du corps dans l'oeuvre au blanc et l'oeuvre au rouge marque l'incarnation de l'âme dans un corps (La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).

Pour Oswald Wirth, "le Rebis, la chose double unissant les deux sexes, [est] en réalité l'âme spirituelle douée de raison (Soleil) et d'imagination (Lune)" (Oswald Wirth, La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes (Livre 1) - l'Apprenti, - books.google.fr).

L'âme spirituelle ou âme et pneuma échappés du corps retournant dans les espaces planétaires avant une prochaine incarnation.

C'est bien par la porte du Capricorne, une des portes du ciel, que les âmes font retour à l'Un, selon Numénius, repris par Macrobe. C'est le réveil de l'âme noté dans CAPRICORNE.

La vie dans la chair, c'est le sommeil de l'âme (Léon Denis, Le problème de l’Être et de la Destinée : édition intégrale (1905), 2012 - books.google.fr, www.cslak.fr).

"Retire moi de la boue" revient deux fois dans le Serpent rouge dans la VIERGE et au CAPRICORNE.

Le 17 janvier marque au Capricorne la réalisation de l'oeuvre au blanc selon Nicolas Flamel et la VIERGE est sur son parcours. Que le Taureau ne le comporte pas, cela peut se comprendre puisque c'est le début de l'albedo. Capricorne, Vierge et Taureau sont les trois signes de Terre du zodiaque. Cancer, Poissons et Scorpion en sont les trois signes d'eau. Le Sceau de Palaja signe l'union de la terre et de l'eau : la boue (L’étoile hermétique : Alchimie et Astrologie).

Kibdos, faux, altéré, impur. Vient de kibdès, boue, scorie, saleté des métaux, formé lui-même de ek eibô, couler, verser, écouler : keibdèç. C'est le fondant qui fait fondre, et constitue en même temps les scories des métaux, ayant ainsi la propriété de couler en formant une boue, une crasse embrasée, qui forment les scories employées elles-mêmes comme fondant dans la fonte des métaux. On trouve le mot ibdès, signifiant bonde, bouchon, couloir, ce qui confirme notre étymologie (Étienne de Campos Leyza, Analyse étymologique des racines de la langue grecque pour servir a l'histoire de l'origine et formation du langage, 1874 - books.google.fr).

Le bouchon renvoie aussi au lutum, et à la Stella luti, projection terrestre du mariage de l'âme et du pneuma/esprit dans l'optique de la tripartition de la personne humaine corps/âme/esprit (Autour de Rennes le Château : Villemaury, Ligne gnostique et Sceau de Palaja : Stella luti).

Le mot "rouge" n'apparaît qu'avec SAGITTAIRE en avance sur la fin de l'albedo au Capricorne. Par métonymie, le rouge est suggéré par "la voix du sang" de la VIERGE. La BALANCE mentionne le soleil qui est associé à l'or (3ème oeuvre) : "La croix de crète se détachait sous le soleil du midi".

L'oeuvre au rouge serait en décalage flagrant. Ou bien le Serpent rouge ne s'intéresse qu'aux oeuvres au noir et au blanc.

Semer des pierres : des mariages et des années

C'est un peu à l'est du carrefour actuel que se croisaient, à Melle, le chemin, au moins gaulois, de Nantes à Limoges (de Civray à Niort), et la voie romaine secondaire de Poitiers à Saintes par Lusignan et Brioux, voie connue sous le nom de Grand chemin de Saint-Jacques, et qui fut au Moyen Age très fréquentée des pèlerins. D'autres chemins anciens partaient d'ailleurs de ce carrefour où se trouvait, au lieu- dit « la Colonne », une chapelle, dite Chapelle Saint-Jacques, construite vers la fin du XIVe siècle, autour de laquelle se tenait une foire à l'époque médiévale. Rien ne prouve au demeurant qu'il y eut là, avant elle, un temple païen, comme d'aucuns l'ont présumé ; la chose est cependant possible. La colonne elle-même fut jusqu'à ces dernières années l'objet d'un rite dont l'origine, et l'ancienneté, nous sont inconnues. Les jeunes filles lançaient des pierres sur l'entablement qui la coiffe. Si la première pierre lancée restait sur la colonne, la jeune fille pouvait espérer se marier dans l'année ; sinon, autant de pierres qui retombaient, autant d'années qui la séparaient du mariage (Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1999 - books.google.fr, Guy Pillard, Les Survivances et l'environnement mythologiques dans le département des Deux-Sèvres, 1978 - books.google.fr).

Les jeunes gens de Bréhat qui veulent entrer en ménage se rendent près du rocher du Paon, à l'extrémité de la falaise ; ils jettent de petites pierres dans la fente, et si celles-ci tombent droitement dans le gouffre sans toucher les parois, ils doivent se marier de suite; dans le cas contraire, ils ont autant d'années à attendre que la pierre a frappé de coups (Paul Sébillot, Le folklore de France, Tome 1, 1904 - books.google.fr).

Le cube

Le terme d'Eben Ezer (Even Ha'Ezer, lit. pierre d'aide ou pierre du secours) apparaît dans deux récits des Livres de Samuel : dans le premier épisode (I Samuel IV, 1b-11), les Philistins défont les Israélites, bien que ces derniers aient apporté avec eux l'Arche de l'Alliance sur le champ de bataille dans l'espoir qu'elle leur assurerait la victoire. Le résultat est la capture de l'Arche par les Philistins, et elle ne leur est pas retournée avant de nombreuses semaines. Dans le second épisode (I Samuel VII, 2b-14), les Israélites défont les Philistins, après que Samuel a offert un sacrifice. Samuel place une pierre en mémoire de l'événement et la nomme « Eben Ezer » — c'est ce nom qui est utilisé par anticipation et interpolation chronologique dans le premier récit (fr.wikipedia.org - Eben Ezer, Darmstadt : La piste Darmstadtienne : Darmstadt et l’Atlantide).

La Bible décrit le support de l’Arche d’alliance comme étant de forme cubique (www.ledifice.net).

Ce templum Domini des Croisés à Jérusalem, c'est la Qoubbet es-Sakhra actuelle, ce que les Occidentaux appellent vulgairement et fautivement la mosquée d'Omar.

Une relation anonyme, conservée par Paul Diacre, décrivant la Qoubbet es-Sakhra devenue le Templum Domini des Croisés, dit qu'au milieu de l'édifice, au-dessus de la roche (la Sakhra des Musulmans), est suspendue une candela en or dans laquelle se trouve du sang du Christ. La légende vise ici clairement le vase du Saint Graal; il s'en suit que la candela ne saurait être qu'un récipient pouvant, comme le fait une lampe, contenir une substance liquide (Charles Clermont-Ganneau, La lampe et l'olivier dans le Coran, Recueil d'archéologie orientale, Volume 8, 1924 - books.google.fr).

C'est cette pierre qu'on peut voir encore aujourd'hui sous la coupole de la mosquée d'Omar; on la vénère sous le nom de es-sakhra (le Rocher). Un orifice circulaire percé en son centre communique, dit-on, avec une citerne appelée le puits des âmes. Les enseignements des rabbins, de leur côté, fournissent des traits complémentaires. D'après eux, le rocher lui-même s'enfonce profondément dans les eaux du monde souterrain. La Mishna affirme que le Temple est situé au-dessus du tehom, l'abîme hébreu correspondant à l'apsu babylonien. C'est pourquoi l'orifice du rocher est appelé la bouche du tehom (Gérard de Champeaux, Introductions à La Nuit des temps, 1966 - books.google.fr).

La fameuse El-Sakhra est une roche brute, grisâtre, de forme arrondie, qui s'élève à trois ou quatre pieds du sol, sur une surface d'environ vingt-cinq pieds, et qui est entourée d'une magnifique balustrade en marbre blanc. C'est sur cette roche qu'était déposée l'Arche sainte, et on nous y fit remarquer une empreinte qui serait celle des pieds de Mahomet (Bulletin, Volume 1, Société de géographie de l'Est, 1879 - books.google.fr).

Le sakhra paraît être l'aire d'Orman, que David acheta 600 sicles d'or pour y construire le temple , ce qui explique que Salomon l'ait respecté en nivelant le reste de la montagne. Le savant rabbin Maïmonides nous dit que cette pierre était enclavée dans le Saint des Saints et que l'arche d'alliance était déposée dessus ; son opinion est généralement adoptée. Cette pierre ayant été ainsi sanctifiée par la présence de l'arche d'alliance, devint pour les rabbins l'objet d'un grand nombre de légendes. C'est sur elle que Dieu a fondé la terre ; c'est la "pierre du fondement eben shatya" ; c'est sur elle que Noé offrit un sacrifice au Seigneur en sortant de l'arche après le déluge ; c'est sur elle que Jacob reposait sa tête lorsqu'il eut la vision de de l'échelle mystérieuse. Que l'on n'objecte point que cette vision eut lieu à Béthel à plus de quatre lieues de Jérusalem, les rabbins vous répondront que les anges ont transporté la pierre sacrée sur le mont Moria . et les mahométans vous diront que c'est du sakhra que des légions d'anges montent et descendent sans cesse pour transporter les prières des croyants devant le trône d'Allah, de même qu'ils montaient et descendaient autrefois l'échelle de Jacob. C'est de cette pierre que Mahomet s'éleva au ciel monté sur sa jument el-Borak. Elle jeta de cris de joie et voulut suivre le prophète, mais Gabriel la retint en y posant le doigt. On nous a montré le trou fait par la main de l'ange. Lorsque l'empereur Adrien rebâtit la ville détruite par Titus et lui donna son nom (Aelia Capitolina), il construisit sur le mont Moria un temple en honneur de Jupiter. Cette profanation occasionna la terrible insurrection de Barcocheba, insurrection qui coûta la vie à plus de 480,000 Juifs. En outre, l'empereur interdit aux Juifs l'entrée de la ville sous peine de mort. Constantin leur permit de la contempler des hauteurs voisines et d'y venir une fois par an pleurer sur les ruines du temple. Les chrétiens, du reste, ne construisirent aucun monument religieux sur cet emplacement, et sainte Hélène se contenta d'en enlever l'idôle de Jupiter, laissant en place la statue d'Adrien que le pélerin de Bordeaux y vit encore en 333. L'an 16 de l'Hégire (637 de notre ère) le khalife Omar prit Jérusalem par capitulation ; il laissa aux habitants leurs demeures, leurs biens et leurs églises et ne demanda qu'un endroit pour ériger une mosquée. Le patriarche Sophronius lui montra la pierre sacrée et la place où avait été bâti le temple de Salomon et sur laquelle autrefois les chrétiens avaient jeté beaucoup d'ordures en haine des Juifs. Omar ordonna de déblayer et de purifier ce lieu. Il donna lui-même l'exemple et fut le premier à emporter les immondices dans le pan de sa robe. L'emplacement du temple étant mis à découvert, on y construisit une grande mosquée carrée, qui fut démolie 55 années après, par le khalife Ommaïade Abd-el-Melek. Celui-ci éleva à sa place le Koubbet-Sakhra, la coupole du rocher, un des édifices les plus élégants qui existent et le lieu le plus saint du monde musulman , après les mosquées de la Mecque et de Médine. Lorsqu'en 1099 les croisés s'emparèrent de Jérusalem, Tancrède prit d'assaut la montagne du Temple. La mosquée d'Omar fut alors convertie en église. Jusqu'à ce moment, les chrétiens ne s'étaient guère préoccupés du rocher en si haute vénération chez les Juifs et les musulmans , mais à l'époque des croisades on rencontre à chaque instant chez les auteurs, les mots lapis pertusus, "lithos", "theios", "lithos kremamenos". Les Templiers le revêtirent de plaques de marbre blanc et y placèrent l'autel (Bulletin, Académie royale d'archéologie de Belgique, 1885 - books.google.fr).

L'intérieur du sanctuaire qui contient l'Arche d'Alliance est en forme cubique parfaite de 20 coudées (I Rois 6,20).

Dès la période patriarcale, la présence de Dieu est symbolisée par la stèle que Jacob vénère par une onction et désigne par le nom de Beth-El : Gn., 28, 17-19 ; Samuel en érige une du nom de eben-ha'eser, Pierre du secours (qui est Dieu). En Gn., 49, 24 Dieu lui-même reçoit explicitement le nom eben-Yisrael, Pierre d'Israël que Is., 30, 29 transposera dans la simple métaphore de tzôr-Yisrael, Rocher d'Israël. Le symbole jadis réel est devenu purement verbal. La pierre rejetée puis devenue pierre d'angle, rôsh-pinnah, au Ps., 118, 22 symbolise d'abord l'épreuve puis le rétablissement du juste et pourra être affectée plus tard au Messie mort et ressuscité qui constitue désormais la pierre angulaire du nouveau sanctuaire qui est son peuple. D'ailleurs les vigoureuses diatribes des prophètes contre ces représentations idolâtriques prouvent leur présence multiple et durable : Is., 37, 19 ; Jér., 2, 27 : la Pierre est mon père ; 3, 9 ; Ez., 20, 32 (Théophane Chary, Le symbole dans l'Ancien Testament. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 49, fascicule 1-2, 1975 - www.persee.fr).

Qa'ab «cube», à rapprocher du sens technique: Kubet es Sakhra (Coubbah ou «Cube du Roc»), comme sanctuaire reconstruit du Temple, dédié à 'Omar. Reprise de l'architecture sacrée hérodienne du Bet Avtinas: coupole (kifa) reposant sur un cube, Targ Ps-Jon Gen 1 ,7 "KuBikos", cubicus (Jacqueline Lise Genot-Bismuth, Chiheb Dghim, Du voile: de l'Antiquité à l'Islam, 2003 - books.google.fr).

64 années : de Troie à Jérusalem

Donc, quatre ans après la prise d'Ilion, Énée monta sur le trône latin, tandis que Démophon, fils de Thésée, régnait à Athènes et que le juge des Hébreux était Samson. Soixante-quatre ans après la prise d'Ilion mourut le prêtre Éli, comme on lit dans le premier livre des Rois "des non-juifs emportèrent l'Arche dans leur pays ; le bienheureux Samuel était prophète, et, peu après, eut lieu l'onction de Saül comme roi". Cent soixante-quatre ans après la prise d'Ilion, naquirent, dit-on, Homère et Hésiode : à cette époque, régnait à Lacédémone Labotas, en Assyrie Laosthénès, chez les Latins Alba Silvius, à Corinthe Agélaos. Deux cent soixante-sept ans après la prise d'Ilion, Élie et Elisée étaient prophètes, tandis que Joram régnait chez les Hébreux et Archélaos chez les Lacédémoniens. Trois cent soixante-quatre ans après la prise d'Ilion, Lycurgue donnait des lois à Lacédémone, alors que régnaient à Corinthe Agémon et chez les Latins Proca Silvius. Trois cent soixante-dix-neuf ans après la prise d'Ilion, Osée, Amos, Isaïe et Jonas étaient prophètes; certains soutiennent qu'Hésiode n'était pas contemporain d'Homère, mais qu'il naquit en ces années-là (Cyrille d'Alexandrie, Contre Julien, traduit par Paul Burguière, Pierre Évieux, 1985 - books.google.fr).

L'histoire du Temple se termine dans les flammes du bûcher des dignitaires de l'Ordre, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay, dans l'île aux Juifs à Paris. Elle avait commencé à Troyes lors du concile de 1128 porté par Bernard de Clairvaux, Troyes comme Troie dont l'histoire s'achève aussi dans les flammes (cf. la couverture de Les Templiers sont parmi nous de Gérard de Sède, J'ai Lu, 1968) (L’étoile hermétique : Alchimie).

Le bois noir : l'arche d'alliance ?

Le bois de Setim ou Sìttim, dans lequel était faite l'arche d'alliance, étoit probablement une espèce d'acacia, qui croît communément en Egypte & dans les déserts de l'Arabie. Il est d'un beau noir, & ressemble assez à l'ébene. Voyez Thévonot. Aut. Ces arbres, selon saint Jérôme, ressembloient à l'épìne blanche par la couleur & par les feuilles : ils devenoient si gros, qu'on en faisoit des arbres de pressoir (Lettres de quelques Juifs Portugais et Allemands a M. de Voltaire. Avec des Réflexions critiques, Et un petit Commentaire extrait d'un plus grand, 1772 - books.google.fr).

Usurpateurs "infidèles"

Le Pape Urbain II, ayant publié la Croisade au Concile qu'il tint à Clermont en novembre 1095, beaucoup de Princes Chrétiens résolurent de tourner leurs armes contre les Infidèles, usurpateurs de la Terre Sainte. Godefroi fut des premiers à s'y engager par voeu (Jean Noël Paquot, Mémoires pour servir à l'histoire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas, de la principauté de Liège, et de quelques contrées voisines, Volume 3, 1770 - books.google.fr).

Le massif des Ansariés, royaume du Vieux de la Montagne et de ses Assassins, était surveillé par Margat, Chastel Blanc et Saone. Il avait fallu fortifier aussi les ports de la côte menacés par les flottes égyptiennes. Le magnifique château de Tortose, où les Templiers gardaient le trésor de l'ordre, où ils luttèrent jusqu'au dernier jour, s'élève encore au-dessus de la mer. Athlit, au pied du Carmel, conserve sur un promontoire les ruines du Château-Pelerin (Emile Mâle, Le château de Coucy, La Revue de Paris, Volume 5, Volume 24, 1917 - books.google.fr).

Le 8 août 1164 (8/8/64), le Vieux de la Montagne avait proclamé la Grande Résurrection (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Taureau).

Le taureau dans la religion juive

Le chérubin est une figure qu'on trouve dans la religion juive et chrétienne. Leur figure originale est une « créature de sainteté », physiquement mélange de lion, de taureau, d'oiseau et d'homme. Le Livre de l'Exode décrit la représentation de chérubins sur l'Arche d'alliance (Exode 25:18-22) (fr.wikipedia.org - Chérubin).

Un groupe concurrent du groupe de Moïse, ou une fraction dissidente, a eu ou a voulu avoir comme symbole de la présence de son Dieu une figure de taureau au lieu de l'arche d'Alliance (le Veau d'or) (Louis Riveccio, Dieu créa l'Homme à son image et l'Homme créa l'image de son Dieu, 2008 - books.google.fr).

Ainsi David et les Anciens d'Israël et les chefs de mille partirent pour transporter l'Arche de l'alliance de l'Éternel de la maison d'Obed-Edom, dans l'allégresse. Et comme Dieu fut en aide aux Lévites qui portaient l'Arche d'alliance de l'Éternel, ils sacrifièrent sept taureaux et sept béliers (I Chroniques XV) (L'Ancien Testament: La seconde partie de l'Ancien Testament comprenant les Hagiographes et les Prophètes, traduit par Henri-Auguste Perret-Gentil, Tome 2, 1861 - books.google.fr).

Moussoulens et Blanchefort

Au rapport du Sceau de Palaja, Moussoulens, un des sommets du Sceau de Palaja, se trouve dans le secteur zodiacal du Taureau ; Blanchefort comme le Bézu (Albedunum : colline blanche ou forteresse blanche) se trouvent dans le secteur du Sagittaire. Les trois localités sont à l'ouest du méridien de Paris (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Introduction, Autour de Rennes le Château : Au niveau de la sole, Autour de Rennes le Château : Une étoile hermétique à deux niveaux).

Albedunum est une colline blanche. Comme Hissarlik, succédant à l'ancienne Troie, selon Ion Barbu, auteur roumain (Le Prieuré de Sion : Prologue : Plantard - Chyren).

La famille de Voisins posséda à la fois Moussoulens et Blanchefort.

Amaury de Montfort, héritier de son père Simon le conquérant du Languedoc, "céda à la couronne ses droits sur le Languedoc et regagna l'Ile-de-France. Le comte de Toulouse Raimond VII se rendit aussitôt maître de Carcassonne (1224), qu'il restitua à Raimond Trencavel, héritier de fameuse dynastie audoise. A l'exemple d'Amaury, Pierre de Voisins prit la route du Nord, abandonnant derrière lui ses immenses domaines. Cette absence ne devait pas durer. En effet, deux ans plus tard, le roi Louis VIII, investi de l'héritage de Simon de Montfort, s'emparait sans coup férir de tout le Languedoc hormis Toulouse. Pierre de Voisins faisait-il partie de l'expédition aux côtés du souverain et de Guy de Lévis ? Le plus sûr est qu'en septembre 1231 le sénéchal de Carcassonne Odon Cocus lui inféodait au nom du roi les seigneuries de Limoux, Rennes, Caderonne, Couiza, Bugarach, Villarzel-du-Razès. Montferrand, Blanchefort, Sougraine, Luc, Belcastel, Couffoulens, Pech-lès-Saint-Hilaire et la forêt de Molet. Il eut, semble-t-il quelque peine à rétablir son autorité à Limoux et il arriva même que, chassé de la ville, il dût la reconquérir par les armes. Une des plus puissantes des lignées féodales du Languedoc était née. Le fils de Pierre ler, Pierre II, fut sénéchal de Carcassonne de janvier 1254 à mai 1255, après avoir exercé la même charge à Toulouse. Le fils de celui-ci, Guillaume, en juin 1296, échangea avec le roi ses droits sur Limoux contre les seigneuries de Cuxac, Caudebronde, Moussoulens, Pezens, Grèzes, Villalbe-haute, Roullens et Maquens. Après le Razès, les Voisins s'implantaient en Carcassès et en Cabardès. Au fil des générations, la famille donna naissance à plusieurs branches, celle des marquis d'Alzau, celle des seigneurs de Cuxac et de Pomas, celle des seigneurs d'Arques, dont le fier donjon rappelle à la postérité la grandeur de cette race martiale" (Rémy Cazals, Daniel Fabre, Dominique Blanc, Les Audois: dictionnaire biographique, 1990 - books.google.fr).

De Frères de l'Arche en Frères de l'Arche : des Hébreux aux Templiers

La succession comme frères de l'arche des hébreux aux templiers est une possibilité.

L'arche était à Silo lorsque Samson était juge.

A la bataille d'Aphec, les Israëlites s'enfuirent, les Philistins les poursuivant au travers des champs, et les frères Ophni et Phinée, fils du grand prêtre Eli, furent tués. L'arche est emportée à Ashdod (Azoth) où les habitants sont accablés d'un mal (ulcère ou hémorroïdes). L'arche est rendue aux Hébreux (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le sceau-signature : aspects métalliques et jeu d’orgue).

L'Aphek de la bataille entre Ahab et Ben-Hadad est en Syrie ou dans le territoire d'Asher. L'Aphek de la prise de l'arche est sur le territoire de Juda, peut-être l'Aphekha de Josué XV. Aphek siginfie "force" (Augustin Calmet, Calmet's Dictionary of the Holy Bible: With the Biblical Fragments, Volume 1, traduct par Charles Taylor, 1830 - books.google.fr).

Autrement avec un Aphek (de l'arche) plus proche des terres des Philistins :

L'un des Aphek, mentionné dans l'histoire de la mort de Saül (1 Sam XXVIII, 4; XXIX, 1), semble avoir été dans la vallée de Jézréel ; un autre, célèbre par la mort des fils d'Héli et la prise de l'arche (1 Sam., IV, 1), était près d'Ebenézer. Il est possible que ce soit les mêmes (Frédéric Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, Tome 1, 1877 - books.google.fr).

A proximité de ce dernier Aphek, se trouvait le château des Croisés appelé Castellum Faba, le château de la Fève.

Ce château sert de lieu de réunion d'une centaines de chavaliers du Temple pour statuer sur le sort du templier Robert de Sourdeval qui sera expulsé de Terre sainte (Alain Demurger, Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Age: Une chevalerie chrétienne au Moyen Age, 2009 - books.google.fr, Revue Biblique, Volume 35, Ecole pratique d'études bibliques, École biblique et archéologique française, 1926 - books.google.fr).

Conduite sur un chariot par un attelage sans bouvier, elle est retrouvée par les lévites à Bet-Chèmech, sur la frontière nord du territoire de Juda, où certains habitants, qui probablement n'eurent pas vis-à-vis de l'arche sainte l'attitude convenable devant ce que Yahvé approche, sont frappés de mort. C'est finalement aux Gabaonites de Qiryat-Yéarim qu'elle est confiée. ils la garderont dans la maison d'Abinadab durant soixante-dix ans environ. Le roi David viendra l'y chercher, après avoir réuni sous son autorité toute la nation d'Israël et doté celle-ci d'une capitale politique : Jérusalem, dont il veut faire aussi la capitale religieuse (cathedrale.chartres.free.fr).

L'usurpateur peut être David qui se substitue à Saül comme roi d'Israël, de la même façon que les Carolingiens remplacent les Mérovingiens. David, à l'encontre de l'avis du prophète Nathan, veut bâtir un temple pour l'arche d'alliance (bois noir).

Au roi Salomon revient de remplacer le sanctuaire provisoire de David, sur "la montagne de Sion", par un somptueux temple en dur où l'Arche d'Alliance trouve sa place définitive dans la salle secrète appelée Saint des Saints ou Debir. Alors une nuée marque la divine présence : au jour de la Dédicace "la gloire de Yahvé remplit la maison de Dieu". Quatre siècles plus tard, les troupes de Nabuchodonosor brûlent cette Maison du Dieu d'Israël, et avec elle l'Arche disparaît à jamais... Bien qu'une tradition populaire, dont on trouve l'écho dans les MACCABEES, veuille qu'avant les sac et l'incendie du Temple de Jérusalem (en 586 av. JC), le prophète Jérémie ait enlevée l'Arche en même temps que le mobilier sacré pour les cacher dans une grotte du mont Nébo "jusqu'à ce que Dieu ait rassemblé son peuple [...] et se manifeste dans la nuée." Mais on lit dans le livre même de JÉRÉMIE qu'après la réconciliation d'Israël et de son Dieu, "On ne parlera plus de l'Arche de l'Alliance de Yahvé [...] on ne la regrettera pas, on n'en fera pas d'autre." N'est-ce pas plutôt de réalités spirituelles que s'inspire l'auteur du livre des MACCABEES lorsqu'il cite des écrits attribués à Jérémie et inconnus ailleurs ? (cathedrale.chartres.free.fr).

Le verset 31 de Juges XVI nous apprend que Samson fut enseveli entre Tsora'h (çorea, Tsar, Saraa) et Echtaol, dans le tombeau de son père Manoah, ville à la frontière de Juda occupée par les Danites (Les Juges d'Israël, Revue des questions historiques, Volume 22, 1877 - books.google.fr).

Flavius Joseph appelle Eben Ezer, le lieu de la défaite des Israëlites, Corea.

Après labataille de Hattin du 4 juillet 1187, Saladin conquiert Tiberiade, Acre, Beyrouth, Sidon, Jaffa (yahfa : hébreu "belle"), Ascalon, Gaza, Jérusalem, ainsi que des châteaux croisés dont La Fève. Les réfugiés se dirigent vers Tripoli et Tyr. Saladin ne réussit pas à prendre Margat et Valanea (Jaroslav Folda, Crusader Art in the Holy Land, From the Third Crusade to the Fall of Acre, 2005 - books.google.fr).

Le pain blanc

Le tabernacle eucharistique est la véritable arche d'alliance toujours présente au milieu de nous et dont la présence seule fait la gloire et le triomphe du peuple chrétien (Fanny de Poinctes-Gevigney, Faverney et sa sainte Hostie, 1862 - books.google.fr).

L'hostie contient la substance même de la nouvelle alliance, le corps du Seigneur (Francis M. Higman, Lire et découvrir: la circulation des idées au temps de la Réforme, 1998 - books.google.fr).

L'hostie est faite de pain "fort blanc" comme le dit le protestant Pierre Jurieu (Pierre Jurieu, Préjugez légitimes contre le papisme, ouvrage où l'on considère l'Eglise romaine dans tous ses dehors, & où l'on fait voir par l'histoire de la sa conduite qu'elle ne peut être la véritable Eglise, 1685 - books.google.fr).

Il y avait aussi un pain blanc, le pain azyme. Ce pain, fabriqué à base de farine de céréale et d'eau, sans levain ou levure, est à destination religieuse. Le Christianisme s'en est emparé en en faisant l'hostie, symbole de l'Eucharistie (Bernard Marquier, De Moïse à Hiram: Et si c'était cela la franc-maçonnerie ?, 2016 - books.google.fr).

Levain, en termes du grand Art, a les significations suivantes. Levain de la matière des Philosophes, c’est la pierre au blanc parfait. Levain de l'or, c’est le mercure des Sages.

Lévane, Terme de mythologie est le nom d’une déesse de l'Antiquité payenne. Levana. La déesse Levane présidoit à l'action de celui qui levoit un enfant de terre: car quand un enfant étoit né, la Sage-femme le mettoit à terre, & il falloit que le père, ou quelqu’un de sa part, le levât de terre, & le prît dans son sein, sans quoi il passoit pour illégitime. Saint Augustin , L. IV. de la Cité de Dieu, dit que Lévane n’étoit point une déesse particulière; qu’au sentiment des payens, c'étoit Jupiter à qui l’on donnoit divers noms, selon les offices différens qu'il avoit ; qu’il ouvre la bouche aux petits enfans, & qu’on le nomme le dieu Vatican ; qu’il les lève de terre, & qu'il est la déesse Lévane. DE CERIzIERs, Traduction de la Cité de Dieu. Voy. Dempster, Paral. ad Rosin. Antiq. L. II. c. 19. Voffius , de Idol. L. II, c. 26. : fin, prétend que Lévane est la même que Ilithyie, ou Lucine, qui est la même que la Lune, & que le nom de Levana vient de l'Hébreu Lebana, qui fignifie la Lune (Dictionnaire Universel François Et Latin, Vulgairement Appelé Dictionnaire De Trévoux, Tome 5, 1771 - books.google.fr).

L'adjectif hébreu lavan a le sens de « blanc » d'où Laban, le beau-père de Jacob. "leukos", comme candidus en latin (cf. Ambroise, Fug. saec, 5, 26), a le sens, à la fois, de « blanc » et de « brillant » (Esther Starobinski-Safran, Philon d'Alexandrie : De fuga et inventione, 1970 - books.google.fr).

2080

Le carré de 8, de 64 cases, est appelée carré de Mercure et a pour valeur 2080.

Selon le site www.nostradamus-centuries.com, l'an 2081 correspondrait au quatrain VIII, 70 auquel succède le quatrain VIII, 77 : "L'antechrist trois bien tost annichilez, / Vingt & sept ans sang durera sa guerre".

La chronologie rabbinique du Seder Olam place la création du monde en 3761 avant J.-C. Elle place l’Exode en 2448 ainsi que la réception de la Torah par Moïse, -1312 avant J.C. Elle est en décalage de 165 ans avec la chronologie historique : la prise de Jérusalem est datée de 422 au lieu de 587 et la retrouve presque qu’à partir d’Alexandre le grand. Nous considérons les dates du Seder Olam par rapport à 2248. En effet par rapport à -3761, les dates sont trop peu renseignées.

Ce qui fait que l'année 2080 correspond à 768 de l'ère commune.

Les juifs de Narbonne auraient reçu en effet, en 759, la promesse de Pépin le Bref d'être gouvernés par un des leurs en retour de leur reddition aux Francs. Ce serait dans une ambiance quasi-messianique que Makhir de la lignée de David serait arrivé à Narbonne, venant directement de Bagdad. Cela se serait déroulé en 768 ap. J.-C, selon Zuckerman, soit sept cent ans après la prise du Temple par Titus.

768 est en effet, selon Abraham Ibn Daoud, dans son ouvrage Sefer ha-Qabbalah, la date de l’arrivée de l'exilarque Natronaï ben Zabinaï, déposé par les recteurs des académies talmudiques en Mésopotamie, et que Zuckerman identifie avec Makhir. Charlemagne aurait demandé au khalife de Bagdad, Haroun-al-Raschid, pour la ville de Narbonne un juif de lignée davidique. Pour Zuckerman, la descendance de Makhir se serait implantée à Narbonne, avec le titre de nasi (rois) avec des liens avec la famille carolingienne. Zuckerman estime même que ce Makhir aurait changé de nom, se serait fait appeler Théodoric, aurait épousé Aude, fille de Charles Martel et serait ainsi le père du célèbre Guillaume de Gellone, souvent confondu, on l'a noté, avec Guillemund, père de Béra Ier, comte du Razès (Michel Rouche, Bruno Dumézil, Le Bréviaire d'Alaric: aux origines du code civil, 2008) (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 3).

Samson et Samson

A la chapelle Saint samson à Pleumeur-Bodou, nous sommes ici encore, sans conteste, sur le lieu d'un ancien culte naturaliste. Ce n'est pas seulement l'existence de la fontaine qui nous y fait penser, c'est aussi celle d'un menhir voisin, véritable min ar miraclou (pierre de miracles), auquel on dut de tout temps demander la guérison du membre malade. Mais il peut davantage : il rend les femmes fécondes et donne aux jeunes athlètes qui s'y sont frotté les reins, le surcroît de forces nécessaires à leur victoire dans les luttes des pardons Il n'est pas jusqu'au gros rocher, dans lequel les érosions de la mer et des pluies ont sculpté une sorte d'auge et qu'on appelle « le lit de Saint-Samson » qui ne guérisse du rachitisme les jeunes enfants qu'on y roule. Comment se fait-il que saint Samson, premier abbé-évêque de Dol, ait acquis la spécialité de donner la force et de guérir toutes de douleurs, rhumatismes, névralgies, arthrites, que les Bretons désignent sous les termes généraux de rem et et de poen izili ? C'est qu'en a fait confusion entre le saint dolois et le Samson de la Bible ; et l'on a attribué au premier la vigueur extraordinaire du second. Cette confusion, bien établie par l'abbé Duine, a été fréquente en Brelagne (58) et même dans d'autres régions assez éloignées. « Dans le Beauvaisis, à Clermont, il était le patron des bons maris », m'a écrit le regretté Bourde de la Rogerie, qui ajoutait avec finesse : « Je ne sais trop ce qu'on voulait dire par ces bons maris. » Peut-être Charles Le Goffic nous éclairerait-il ? « A Saint- Samson de Pleumeur et à Saint-Maurice-des-Bois, hommes et femmes vont se frotter contre un grand menhir libidineux, dont je ne serais pas en peine de retrouver dans l'histoire l'équivalent détestable. » On nous permettra de ne pas insister sur des pratiques scabreuses qui ont bien l'air d'être tombées en désuétude. Bref, on se trouve ici en présence d'une substitution et d'une confusion : substitution du culte chrétien à un culte païen, confusion de Samson, dont seule Dalila fut capable de réduire momentanément la force, avec l'abbé-évêque de Dol dont le culte se répandit avec autant de rapidité et de succès dans la Bretagne primitive que celui de saint Yves dans la Bretagne ducale.

D'après les légendaires, saint Samson serait né vers 480 aux environs de Gouarec. Confié de bonne heure à saint Iltud. chef d'un monastère réputé de la Cornouaille britannique, il fut, dans la suite, fait diacre et prêtre par saint Dubrice, évêque de Caerléon, qui avait été frappé de ses aptitudes au travail, de sa sagesse et de sa piété. Au moment où il arrivait au monastère de l'abbé Piron, il dut revenir en Armorique au chevet de son père mourant. Il le guérit et il lui inspira, ainsi qu'à sa mère et à ses cinq frères, la pensée de distribuer la majeure partie de leurs biens aux pauvres et aux églises et de se consacrer à Dieu. Rentré au monastère, il en devint l'économe, puis l'abbé. En 516, il abandonna ses fonctions pour se livrer aux charmes de la vie cachée. Mais son éloquence et ses miracles attiraient les regards et, au synode de Caerléon, vers 520, saint Dubrice le sacra évêque régionnaire, malgré son opposition. C'est seulement en 548 qu'un ange l'invita à passer en Armorique. Il y aborda dans une auge de pierre, qu'il avait aisément dirigée à l'aide de son bâton pastoral. Un certain Privât l'attendait sur le rivage. Après avoir obtenu de Samson la guérison de sa femme et de sa fille, il lui offrit une partie de ses terres. C'est là que, avec ses compagnons Méen, Magloire, Suliac et Malo, il fonda le monastère de Dol, bientôt transféré à Kerfeuntun (Carfantin) en raison de l'affluence des postulants. La Bretagne subissait alors avec impatience la tyrannie du roi de Poher, Conomor, qui, ayant tué Jonas, comte de Léon, songeait à se défaire de son fils Judual, soustrait à sa fureur par saint Lunaire et réfugié à la cour du roi franc Childebert. Pressé de venir en aide aux Bretons de l'Armorique, après avoir chargé Méen d'une mission auprès du comte de Vannes, Waroch, dont Conomor avait tué la fille Tréfine, rappelée à la vie par saint Gildas, Samson s'achemina sur Paris. Contrecarré dans sa mission par la reine Ultrogothe, il dut subir ses sévices, jusqu'au jour où Dieu la frappa de mort subite. Childebert changea aussitôt d'attitude, le combla de prévenances et de dons et lui remit enfin Judual, qui ne manqua pas de délivrer ses sujets de Conomor.

Samson conduisit le jeune prince dans une des îles de Jersey ou de Guernesey, et tous deux y attendirent les événements. La réaction fut moins prompte que ne l’avait cru Samson, parce que, si Conmôr était détesté, il était encore plus redouté. A la fin pourtant, il se forma une armée à la tête de laquelle Judwal attaqua l’usurpateur, le défit et le tua, soit, suivant les uns, dans une première rencontre, soit, suivant d‘autres, après deux défaites successives, dans une bataille livrée vers 554, dans la grande lande de Brang-Halleg (branche de saule), voisine du couvent du Relecq dans les montagnes d’Arrez. Il laissa un fils de son nom qui règne tranquillement dans le comté de Poher.

A la demande des évêques bretons, Judual obtint du pape le pallium pour Samson, dont le diocèse fut agrandi de paroisses prélevées sur les autres diocèses. Ainsi serait-il le métropolitain de la Bretagne, à l'exception des diocèses de Nantes et de Rennes qui continuèrent à dépendre de Tours. Se consacrant désormais uniquement à ses devoirs apostoliques, Samson visita chaque année tout son diocèse, disséminé depuis la Basse-Seine jusqu'au delà du Douron, sans oublier les îles anglo-normandes. Il multiplia les miracles, convertit les païens, commanda d'une manière absolue aux animaux. Les hagiographes le font mourir à un âge variant entre 80 et 120 ans (Bulletins et mémoires, Volumes 83 à 87, Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, 1955 - books.google.fr, P. Levot, La légende sainte Tryphine, Bulletin de la Société Académique de Brest, Volume 8, 1873 - books.google.fr, www.ile-grande.info).

La fille de Guillemon II, ancêtre des Plantard, Gemège, se marie avec Arnaud comte de Poher, en 894, selon Les Descendants mérovingiens de Blancasall.

L'Abbaye Saint Germain des Prés, apparaissant dans le document du Prieuré de Sion Le Serpent rouge, a été fondée par le Roi Mérovingien Childebert - dont on vient de parler au sujet de saint samson - (un fils de Clovis) dans les années 540, il souhaite y abriter la Tunique de Saint Vincent obtenue des Arabes lors de la prise de Saragosse en 542, une croix d'or et de pierreries conquise à Tolède, et des vases qui passaient pour avoir appartenu à Salomon. L'Abbaye est alors dédiée à la Sainte Croix et à Saint Vincent. Il y fait venir des moines de l'Abbaye Saint Symphorien d'Autun. Les travaux de construction sont conduits par l'Evêque de Paris Germain à partir de 557. En 558, le Roi Childebert y est enterré, il en sera de même de ses successeurs jusqu'à Childéric II en 673. L'église est ainsi devenue la nécropole des Rois Mérovingiens. Quand l'Evêque Germain meurt, dans la deuxième moitié du VIème siècle, il est lui aussi inhumé dans la chapelle Saint-Symphorien, à côté de l'église et à sa mort sa tombe devient un lieu de pèlerinage. En 756, en présence de Pépin le Bref et de son fils Charles, futur Charlemagne, le corps de saint Germain fut transféré de la chapelle dans l'église même. Elle prend alors le nom de Saint Germain des Prés. Charlemagne lui accorda des privilèges et immunités qui la rendent indépendante des autorités civiles et religieuses de Paris. C'est ce Childebert qui récupéra les trésors d'Amalaric en 531 (1284 AUC) et ramena sa sœur qui avait épousé ce dernier. A la mort de Childebert en 558, son frère Clotaire Ier s'empare de son royaume et fait main basse sur le Palais de la Cité à Paris où se trouvent les trésors royaux et la famille du défunt (Points particuliers : Le Centre (ou Coeur) : Neuillay-les-Bois 1).

Nous voudrions revenir sur un saint SAMSON, vu par ailleurs (voir DOL). Est-il le héros biblique ou un sanctifié de ce nom ? La tradition populaire fait parfois jouer SAMSON et GARGANTUA, par exemple en Montagne bourbonnaise... Il faut savoir que le héros de la Bible est une survivance d'un dieu solaire, comme l'ont montré maints mythologues. Il serait le fils de Baal, de Beth Shemesh, localité qui signifie le "Temple du soleil"... Son nom même Shimshon signifie le " petit soleil" ou le "Solaire"... Ces deux termes dérivent de shamash, soit le grand dieu solaire de la Mésopotamie... Sa force résidait, a-t-on dit, dans sa chevelure, et il fut chargé de délivrer Israël des Philistins. C'est là tout un symbole... La chevelure s'étalant en rosace autour d'un visage figure les rayons de l'astre. Pourquoi a-t-il fallu que Dalila lui coupe sa tignasse? Mais ce qui nous intéresse surtout, ce sont ses rapports avec GARGANTUA, certes, pas hostiles. On joue au palet, autre disque solaire, tout comme on jouait aux premiers jeux de balles, représentations solaires et ancêtres de nos jeux de ballons modernes. Et avec ces palets, on abat des quilles, 9 pour Samson, 7 pour Gargantua (Maurice Piboule, Un geant legendaire: Gargantua : archeologie, legendes, traditions des divinites, des saints, des dragons, 1998 - books.google.fr).

Les noms des parents de Samson, Ammon et Anna, ont été considérés comme bibliques. On a même fait remarquer que le miracle par lequel Anna donne naissance à Samson, après avoir été longtemps stérile, est un emprunt à l'histoire d'Anna, mère de la Vierge Marie. Or, quand on lit attentivement la Vie, on voit qu'il n'y a pas eu, au fond, de miracle du tout. Ammon et Anna sont inquiets, parce qu'ils n'ont pas d'enfant, tandis que Umbrafel, frère d' Ammon, et Afrella, sœur d'Anna, ont trois fils. L'hagiographe a soin de faire remarquer qu'il n'y avait cependant pas inégalité d'âge entre les deux sœurs. Ce qui d'ailleurs est décisif, c'est qu'après la naissance de Samson, Ammon et Anna eurent encore cinq enfants. Le miracle n'existe que dans l'imagination d'un des admirateurs du saint, qui a voulu à tout prix pour son héros une naissance miraculeuse. L'hagiographe, lui, a accueilli à la fois l'histoire et la légende. Si les noms sont bibliques, ils ne le sont toujours pas plus que celui de Samson même, mais ils sont plus vraisemblablement celtiques. Le nom d'Anna se trouve dans plusieurs inscriptions latines de pays celtique ; enfin, c'est le nom de la femme d'un prince breton, Beli, dans une généalogie galloise rédigée au xe siècle. Il en est de même d'Ammon. Peut-être Ammon est-il pour Hammon — Sam- mon (cf. dans le texte, Abrinum mare pour Rabrinum mare) ; ce serait alors l'exact pendant du couple qu'on trouve dans une inscription latine : Anna Sammonis coiux (ap. Holder, Alt.-celt. Sprach- schatz, et Suppl.). Henoc, nom du cousin de Samson, remonte à Senâcos (cf. irl. Senach), nom très connu (Joseph Loth, Les noms propres d'hommes et de lieux de la plus ancienne Vie de saint Samson de Dol. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 58e année, N. 2, 1914 - www.persee.fr).

Samson et Padoue

Londres 1670-1671 : un écrivain public sa dernière œuvre : c'est le polémiste et poète puritain sexagénaire bien connu, John Milton. Son dernier ouvrage s'intitule Samson Agoniste.

Padoue 1724 : un jeune homme de dix-sept ans écrit en hébreu sa première œuvre dramatique, Ma'asêh SimSon (L'histoire de Samson): c'est Mose Hayim Luzzatto, un inconnu. Tout porte à croire qu'il n'avait pas entendu parler de Samson Agonistes. Milton et Luzzatto... deux auteurs que tout semble opposer, leur pays d'origine et leur religion, leur milieu culturel et leur personnalité, leur âge et leur expérience de la vie, et même leur conception de l'œuvre littéraire que révèle la déclaration d'intention dont chacun fait précéder son Samson. On sait à quel point Milton s'identifiait au lutteur biblique, vieilli, vaincu, aveugle, abandonné par ses amis, déçu par les femmes, livré à ses ennemis. On peut supposer que le jeune Luzzatto révéla, par le choix de son premier héros, le tempérament de lutteur dont il fit preuve tout au long de sa carrière. Se pourrait-il que seul le hasard les ait poussés à choisir le même héros ? Nous montrerons en conclusion qu'une comparaison, même superficielle, de leur biographie réserve bien des surprises et dévoile d'étonnantes ressemblances entre le sévère puritain de Londres et l'enfant du ghetto de Padoue.

Contrairement aux autres pièces de Luzzatto, Ma'asêh Simson ne fut pas publié du vivant de l'auteur. Cette œuvre fut tirée de l'oubli et publiée, en 1927, par Simon Ginzburg, poète et érudit d'origine russe, établi à New York (1890-1944). Ginzburg consacra à Luzzatto sa thèse de doctorat, The Life and Works of M. H. Luzzatto (Philadelphie, 1931) — son seul ouvrage rédigé en anglais, sa langue d'expression habituelle étant l'hébreu — et entreprit l'édition de ses œuvres Ma'asêh Simson figure dans le Sêfer ha-mahazot (Tel-Aviv, éd. Dvir, 1927).

M. H. Luzzatto naquit à Padoue, en 1707 ; son œuvre littéraire, riche et variée, comprend en particulier des poèmes, trois pièces de théâtre, des livres de rhétorique, de morale, et surtout de philosophie. Attiré très tôt par l'étude de la Kabbale, il fut persécuté par les rabbins qui avaient encore en mémoire le mal causé par l'influence du Pseudo-Messie Sabbatal Zevi, quelques années plus tôt. Obligé de quitter l'Italie, il s'installa à Amsterdam, avant de s'embarquer pour la Palestine où il mourut peu après son arrivée, entre 1744 et 1747 ; la date de son décès fait encore l'objet de divergences entre les chercheurs.

Cependant notre propos essentiel est de comparer les deux ouvrages, et d'étudier ce que peut devenir un même récit biblique sous la plume de deux auteurs différents. Il ne pourra s'agir, dans le cadre d'un article, que de planter des jalons et d'indiquer les lignes directrices d'une étude comparative des deux poèmes. On a beaucoup écrit sur Samson Agonisles, presque pas sur Ma'asêh Simson; il ne saurait être question de revenir sur ce qui a été exposé dans les nombreux ouvrages consacrés à Milton. Nous espérons simplement, en comparant les deux poèmes, mettre en lumière l'originalité de chacun, et montrer quelle richesse d'inspiration peut fournir la Bible à des poètes qui s'en réclament.

Chacun des deux auteurs expose clairement sa conception du poème dramatique, l'un dans sa préface, l'autre dans son traité de rhétorique. Milton prend pour modèle la tragédie grecque dont il fait l'éloge dans sa préface à Samson Agonisles; il rappelle que ce genre était autrefois tenu pour « le plus grave, le plus moral et le plus profitable » de tous les poèmes, mais que, malheureusement, certains auteurs modernes lui ont fait perdre de son prestige en « mêlant des éléments comiques à la tristesse et à la gravité tragiques, ou en introduisant des personnages communs et vulgaires ». Il affirme, avec Aristote, que la tragédie doit avoir sur le spectateur un effet purificateur, en opérant en son âme une catharsis bénéfique. Pour la forme littéraire de son œuvre, Milton déclare avoir suivi l'exemple des Grecs ainsi que celui des Italiens. Italiens. On peut s'étonner qu'un auteur dramatique né à Londres en 1608, alors que la Renaissance britannique battait encore son plein, ne se réfère pas à l'illustre Shakespeare... ou peut-être est-ce précisément à lui, ainsi qu'à ses contemporains les dramaturges élisabéthains, qu'il reproche de mêler les genres et d'avoir fait perdre à la tragédie sa pureté originelle. Sa réaction serait, alors, celle que l'on attend d'un révolutionnaire puritain, fidèle compagnon de ce Cromwell qui fit fermer les théâtres tout le temps que dura son Commonwealth. Milton s'adresse tout naturellement à la Bible pour y puiser un thème d'inspiration. Et pourtant, il reste fidèle à la Renaissance en empruntant à l'antiquité grecque la forme qui lui semble convenir à un sujet si grave et aussi en gardant un souvenir attendri des spectacles qu'il eut l'occasion d'admirer au cours de ses séjours de jeunesse en Italie. Pense-t-il à l'Adam d'Andreini qui lui inspira, dit-on, son Paradise Lost ? A l'une des nombreuses pièces allégoriques du temps, dont la Fiera de Buonarotti — le neveu de Michel-Ange — est un exemple fameux ? Ou encore à l'un de ces opéras sacrés qui étaient alors à la mode, spectacles complets où s'allient théâtre, musique et danse pour transmettre au spectateur ébloui un message empreint de religiosité et de morale ? A ce genre appartient la Rappresenta- zione di anima e di corpo d'Emilio de Cavalieri, qui fut jouée au festival de Salzbourg en août 1970. Samson Agonisles est donc composé comme une tragédie grecque de conception très pure, que ne que ne vient égayer aucun intermède de tonalité plus légère. Il y a un unique protagoniste, le Samson captif des Philistins, que viennent tour à tour entretenir différents visiteurs, tandis que le Chœur opère les transitions, relance au besoin la conversation, et tire la leçon des événements évoqués. La règle des trois unités est scrupuleusement respectée, puisque l'action se passe devant la prison de Samson, dans les heures qui précèdent sa convocation au temple de Dagon. La règle de bienséance, qui exige qu'aucune violence ne se déroule sur la scène, l'est également : la « catastrophe » sera racontée par un messager qui y aura assisté dans les coulisses. En 1724, à dix-sept ans, Luzzatto vient de composer un traité de rhétorique hébraïque, Leson limmûdim. Il voudrait illustrer un exemple le chapitre qu'il consacre au théâtre ; comme il ne trouve pas dans le répertoire hébraïque — très pauvre encore à son époque, où l'hébreu ne servait pas de langue véhiculaire, et dont il n'est pas sûr qu'il ait connu les œuvres existantes — d'ouvrage répondant à ses désirs, il écrit lui-même la pièce qui lui manque : c'est Ma'asêh Simson. La technique qu'il préconise est l'« amplification », qu'il appelle, en hébreu, harkabat dabar et en italien, amplificatione. Voici, selon ses propres termes, en quoi elle consiste : « ... un récit authentique — celui d'un événement qui s'est réellement produit — , nous l'amplifierons en portant notre attention sur toutes ses composantes. Et chacune d'entre elles, même s'il y est seulement fait allusion dans le récit, tu pourras l'amplifier et lui donner de l'importance à ta guise, pourvu que tu restes proche de la vérité. Car si cet épisode ne s'est pas produit, il est susceptible de s'être produit. Bien entendu, tu n'introduiras dans le récit aucun mensonge qui ne pourrait se maintenir aux côtés de l'événement authentique. J'illustrerai ces principes à l'aide de l'histoire de Samson. Je t'indiquerai d'abord comment l'amplifier, puis je l'arrangerai en poème de façon à te révéler les procédés de ce genre littéraire qui, plus que tout autre, est digne de louanges. » Pour bien préciser la pensée de Luzzatto et montrer qu'elle est moins primaire qu'il n'y paraît, il faut citer presque intégralement ce chapitre peu connu de son œuvre ; il poursuit donc en ces termes : « L'histoire de Samson débute vraiment lorsqu'il se trouve dans le camp de Dan : 'L'Esprit divin le saisit pour la première fois à Mahanê Dan' (Juges, XIII, 25). Voici ce qu'écrit à ce propos Rabbi David Qimhi (que son souvenir soit béni) : 'Peut-être y affronta-t-il ses ennemis et les vainquit-il sans que la Bible ne le relate.' Il confirme ainsi l'exégèse du Targum selon laquelle ' l'Esprit divin, c'est l'Esprit de Bravoure '. Tu pourras donc imaginer que Samson appelle à son aide l'Esprit de Bravoure, pour qu'il s'installe entre ses épaules, et que celui-ci répond à son appel. Puis vient sa descente à Timna et sa rencontre avec une femme qu'il trouve séduisante : ' Et Samson descendit à Timna ' (Juges, XIV, 1). Ici, te diras-tu, c'est le Désir qui entre en action et réalise cette rencontre ; tu pourras donc faire parler le Désir et lui faire dire comment il peut venir à bout de Samson malgré sa force, parce que c'est Dieu qui l'envoie. Nous amplifierons donc ce que dit explicitement le texte, et ce qui n'y est pas écrit, comme ce qui concerne le Désir, tu le feras ressortir du récit des événements, car c'est là que réside la richesse de son enseignement : nous y apprenons en effet que le Désir et l'Amour des femmes peuvent triompher du cœur du plus brave des hommes. N'est-ce pas ainsi que procèdent tous nos sages ? Ils tirent des événements un enseignement moral ; tu feras comme eux, à cette différence près qu'eux s'expriment en langage simple, et toi en langue poétique, selon les règles de la rhétorique. Eux parlent du Désir, mais toi, tu feras parler le Désir lui-même, de même que tu feras parler le Péché en personne. Puis Samson retourne à Timna et met en pièces le lionceau : 'Samson se rendit donc à Timna avec son père et sa mère' (Juges, XIV, 5). Ici tu pourras amplifier toutes les paroles prononcées par Samson, son père et sa mère. Tu pourras encore imaginer que la Bravoure vient à l'aide de Samson, et ce qui s'ensuit. Après cela, se situe l'épisode de l'énigme, de l'insistance de sa femme qui l'implore jusqu'à ce qu'il lui en révèle la solution, de sa colère et de son retour chez ses parents : 'La femme de Samson l'obséda de ses pleurs' (Juges, XIV, 16). Ici nous pourrons imaginer les paroles de la Ruse, car c'est elle qui combine toute cette affaire, en collaboration avec le Désir sous l'influence duquel Samson révèle le secret de l'énigme. Tu pourras aussi imaginer les imprécations de Samson contre les femmes et leurs ruses car, selon lui, elles n'ont dans l'âme que ruse et tromperie. Ensuite se situe le retour de Samson vers sa femme 'au bout d'un certain temps' (Juges, XV, 1). Ici tu amplifieras les paroles de Samson à son beau-père et la réponse de ce dernier. Tu procéderas de même pour chacun des épisodes, comme je te le montrerai dans le poème que je te propose maintenant, et que j'ai composé suivant les règles que je viens d'énoncer. » Luzzatto se crée ainsi ses propres règles et indique avec une grande précision le but qu'il se propose. Tout n'est pas nouveau pour un public italien du XVIIIe siècle dans ce qu'il suggère, et c'est bien normal, car on ne vivait pas en vase clos dans le ghetto de Padoue. Mieux encore que les renseignements biographiques que nous possédons sur lui, la deuxième pièce de Luzzatto, Migdal 'Oz (La Tour de la Puissance), adroite adaptation à une légende juive du Pastor Fido de Guarini, prouve combien notre auteur était imprégné de culture italienne. Comme pièces hébraïques, il ne pouvait guère connaître que quelques Jeux de Pûrim, et peut-être le Yesod 'Olam de Mose Zakût, qui est une transposition des MidraSim qui entourent l'histoire d'Abraham. Mais il y avait eu en Italie, comme ailleurs en Europe, des Mystères bibliques qui permettaient aux fidèles de s'initier à l'histoire sainte sur le parvis des églises ; il y avait eu des Moralités dont les personnages allégoriques incarnaient vices et vertus ; et, plus tard, ce théâtre italien que nous évoquions à propos de Milton et qui inspira tant d'auteurs bien au-delà des frontières de l'Italie. Cependant Luzzatto se réclame de la tradition juive, et précise bien que c'est à la suite du Targum — toujours soucieux de supprimer les anthropomorphismes du texte biblique — - et de David Qimhi, qu'il introduit dans son œuvre des personnages allégoriques, si bien que, lorsqu'il imagine les paroles et les sentiments qui animent les héros que la Bible se contente de faire agir sous nos yeux, il procède exactement comme les rabbins du Midras. Comme eux, il veut tirer des événements un enseignement moral, comme aussi son prédécesseur Milton qui déclarait avoir choisi la forme littéraire « la plus morale et la plus profitable ». Chez Luzzatto, la leçon s'exprime plus discrètement que chez Milton, dont le poème est alourdi de mainte tirade didactique. Il suffit de comparer le plan des deux poèmes pour constater le caractère statique de l'un, le caractère dynamique de l'autre, avec les conséquences que cela comporte pour la tension dramatique et l'expression des idées.

On peut diviser Samson Agonistes en six grandes parties suivant le schéma suivant : 1. Samson et le Chœur (v. 1-325) : Samson déplore son sort ; ses amis viennent le réconforter. 2. Samson, le Chœur et Manoa (v. 326-709) : Manoa, son père, vient rendre visite à Samson et lui annonce qu'il s'apprête à offrir aux Philistins une rançon en échange de sa libération. 3. Samson, le Chœur et Dalila (v. 710-1060) : Dalila prétend avoir révélé le secret de Samson par amour, pour l'avoir à elle seule ; incapable de reconquérir le cœur de Samson, elle se console en proclamant sa fierté de devenir une héroïne nationale. 4. Samson, le Chœur et Harapha (v. 1061-1267) : un guerrier philistin vient défier Samson ; raillé par le héros captif qui n'a rien perdu de sa fierté, il part en ruminant sa vengeance. 5. Samson, le Chœur et l'officier (v. 1268-1440) : un officier vient chercher Samson pour qu'il aille distraire les Philistins réunis au temple de Dagon ; Samson refuse une première fois, puis, sentant ses forces lui revenir, et pressentant qu'il est appelé à accomplir une action d'éclat, il le suit. 6. Le Chœur, Manoa et le messager (v. 1441-1758) : le messager raconte l'exploit final de Samson et sa mort glorieuse ; le Chœur chante ses louanges et Manoa s'apprête à lui faire des funérailles dignes de son héroïsme.

Maasêh Simson est une pièce en trois actes, divisés chacun en un nombre inégal de tableaux : 1. Samson et la Timnite (cf. Juges, XIII, 25, et XIV) : l'Esprit de Bravoure inspire Samson ; le Désir annonce son intention de lutter contre lui. Samson s'éprend de la Timnite ; il tue un lionceau et propose son énigme aux Philistins ; ces derniers font pression sur la Timnite pour qu'elle obtienne la solution ; Samson lui révèle son secret (15 tableaux). 2. Samson et les Philistins (cf. Juges, XV - XVI, 3) : Samson se venge de son beau-père qui a donné son épouse à un rival ; les Philistins se vengent à leur tour. Les hommes de Juda leur livrent Samson ; ce dernier leur échappe et réussit à transporter jusqu'à Hébron les portes de Gaza ((7 tableaux). 3. Samson et Dalila (cf. Juges, XVI, 5-30) : les Philistins tentent de soudoyer Dalila ; la Corruption vient à leur aide ; Dalila arrache son secret à Samson ; il est capturé ; il se venge de ses ennemis en faisant s'écrouler sur eux le temple de Dagon (7 tableaux).

Les différences qui séparent les deux œuvres sont si évidentes qu'elles n'appellent qu'un bref commentaire. Milton situe sa pièce tout à la fin de la carrière du héros, lors de sa captivité. Il développe longuement un épisode auquel la Bible ne consacrait qu'un seul verset. Il en résulte que les personnages expriment des idées et des sentiments originaux par rapport au récit biblique. Ils parlent plus qu'ils n'agissent, si bien que la pièce comporte peu de progression dramatique et s'apparente à des œuvres telles que le Prométhée enchaîné d'Eschyle. L'auteur ajoute, à ceux de la Bible, un personnage supplémentaire, le guerrier Harapha dont la présence se justifie parfaitement et permet à Milton d'évoquer l'aspect politique et militaire du récit ; il ressemble aux géants dont la Bible a conservé le souvenir, le Goliath contre lequel lutta David, Og, roi de Basan, ou les fils d'Anak. L'innovation la plus audacieuse est l'introduction du Chœur ; mais le poète prend bien soin de préciser qu'il s'agit de compatriotes de Samson venus le réconforter dans sa détresse, si bien que voici le Chœur hébraïsé et assimilé aux amis de Job. Il se peut que leur philosophie s'apparente au stoïcisme, leur présence dans une pièce biblique n'en est pas moins vraisemblable. Ceci n'est qu'un exemple, parmi d'autres, de l'imbrication, dans Samson Âgonistes, d'éléments grecs et d'éléments hébraïques, les citations de la Bible l'emportant largement sur les allusions mythologiques. Tantôt on songe à Atlas, tantôt à Circé, tantôt au bouclier d'Ajax. L'élément païen le plus remarquable, le plus longuement développé, nous semble être la ressemblance des funérailles, que Manoa prépare à Samson, avec les rites funéraires grecs ; comme nous voici, tout à coup, loin de l'esprit de la Bible ! Mais dans l'ensemble, le poème témoigne de cette connaissance intime de la Bible hébraïque que possédait Milton ; on y reconnaît tant de citations du Pentateuque, des Psaumes et des Prophètes, tant d'allusions à des détails de la vie religieuse des Hébreux, qu'il serait fastidieux d'en dresser la liste. On peut en conclure que, si sa forme est grecque, le contenu de Samson Agonistes est profondément biblique ; sans renier sa culture classique, Milton a donné la primauté à son attachement à la Bible. [...]

Au premier abord, la pièce de Luzzatto semble être une paraphrase plus qu'une création originale, puisqu'il suit fidèlement le plan que lui suggère la Bible, en se contentant d'étoffer le canevas qu'elle lui propose. Pourtant il réussit à apporter à son œuvre la tension dramatique qui manque à celle de Milton, en plaçant habilement un récit « archi-connu » sous le signe de la lutte entre deux forces ennemies, Bravoure et Désir. Bravoure, c'est l'Esprit divin venu inspirer Samson, mais Désir, lui aussi, est un envoyé de Dieu, si bien que la lutte est égale et qu'on ne peut savoir qui l'emportera. Ce conflit met en lumière une idée traditionnellement juive, celle de l'affrontement entre les deux penchants de l'homme, l'instinct du bien (yêser ha-tob) et l'instinct du mal (yêser ha-râ'). Il reste que cette Bravoure envoyée par Dieu ressemble étrangement à une déesse gréco-latine, avec son casque et son armure, son épée et sa torche. Désir est un garçonnet ailé qui perce de flèches le cœur de ses victimes ; nous voici en pleine mythologie, alors que nous nous croyions dans le monde du Midras ! Nous le voyons, l'enfant du ghetto a subi l'influence de la culture classique tout comme le poète puritain. Mais chez Luzzatto plus encore que chez Milton, la Bible l'emporte. On pourrait craindre que son empreinte soit trop visible, dans une pièce écrite en hébreu, et si fidèle à sa source. L'art de Luzzatto réside en sa capacité à s'éloigner d'une imitation servile ; malgré la difficulté de l'entreprise, il y réussit le plus souvent. [...]

Samson Agonistes, par contre, est pénétré de l'importance de la mission à laquelle il a failli ; il se sait destiné à libérer Israël. Conscient d'avoir mérité le châtiment qu'il endure, il est maintenant humble et repentant. Il ne veut entendre parler d'aucun adoucissement à son sort ; il refuse que son père tente de le racheter aux Philistins car il veut expier : « ... Laisse-moi ici, Comme je le mérite, m'acquitter de mon châtiment, Et expier, s'il est possible, mon crime, Mon bavardage éhonté... » Il ne désespère pas du pardon final de ce Dieu « Dont l'oreille est toujours ouverte, et l'œil Clément à celui qui le supplie de lui rendre ses faveurs » ; cependant il est persuadé que son retour en grâce ne peut être que l'aboutissement d'une dure expiation ; il se représente Dieu sous les traits de ce Dieu jaloux que découvrent les Chrétiens dans la Bible hébraïque, et qui est si différent de l'image que s'en font les Juifs : « ... Si je leur obéis [aux Philistins] / Je le fais librement, prenant le risque de déplaire / A Dieu par crainte des hommes, et de préférer les hommes / En négligeant Dieu ; ce que, dans sa jalousie, / Il ne saurait pardonner, à moins qu'on ne s'en repente... »

Ce thème du repentir le rapproche de la morale juive où il est primordial. Cependant — comme l'indique son nom hébraïque — la tesûbah n'est pas le prix qu'exige une divinité jalouse en échange du pardon mais un « retour » du pécheur égaré auprès d'un Père prêt à lui pardonner s'il reprend le droit chemin. Il existe entre le Juif et Dieu une relation de confiance qu'illustre le èimâon de Luzzatto et qui a échappé à Milton : lorsqu'il est heureux, Simson bénit Dieu pour ses bienfaits, qu'il s'agisse de la rencontre d'une femme séduisante, de l'octroi extraordinaire, ou encore de merveilles naturelles. Il sait que Dieu est toujours présent à ses côtés, mais il n'en perd pas pour autant son sens des responsabilités. Dans le malheur, il a les réactions d'un Job qui « maudit son jour »' sans se révolter contre le décret divin, non plus développer exagérément le thème de sa culpabilité à la manière de Samson Agonistes. De même qu'il implorait Dieu de lui venir en aide lorsqu'il était encore innocent - et que Dieu l'exauçait — , il va prier Dieu de lui rendre sa vigueur pour qu'il puisse se venger des Philistins ; il refuse de «bouder» car il sait que Dieu ne « boude » pas non plus lorsqu'on l'invoque d'un cœur pur après une lesûbah sincère.

Nous touchons, là, à la différence essentielle qui sépare Samson Agonistes de Ma'asêh Simson, et Milton de Luzzatto. Si on a pu écrire à juste titre que Samson était le moins chrétien des héros miltoniens, il est pourtant le porte-parole d'un auteur dont l'œuvre développe un même thème fondamental, celui de la Chute et de la Rédemption.

« ...La force est pour moi un fléau, Et s'avère être la source de tous mes maux » déclare le héros de Milton. Il n'a gardé aucun souvenir heureux des exploits de sa jeunesse, sinon la satisfaction d'avoir accompli son devoir. Tout autre est le héros de Luzzatto, débordant de vitalité et d'enthousiasme, qui éprouve une joie physique à sentir monter en lui la vigueur (Janine Strauss, Samson Agonistes et Maase Simson, Revue des études juives, 1971 - books.google.fr, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Le jardin d’Adonis : Onis et Rennes le Château, Arsène Lupin de Maurice Leblanc : Arsène Lupin et la Croix d’Huriel : Les soeurs Archignat, La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Etudes particulières de psaumes : Psaume 25 : Druides, Bréhons et les anges de Milton).

Luzzato est l'auteur de quatre traités sur le divorce (Janine Strauss, Samson Agonistes et Maase Simson, Revue des études juives, 1971 - books.google.fr).