Partie XVI - Darmstadt   La piste Darmstadtienne   Darmstadt et l’Atlantide   
DARMSTADT ATLANTIDE DONNELLY HUGUET CHAMBRIER ALICE HERDER

Alice de Chambrier

Née à Neuchâtel (Suisse), en septembre 1861, Alice de Chambrier était ravie à l'affection des siens et au groupe d'admirateurs et d'amis dont elle commençait à être le centre, en décembre 1882. Elle n'avait presque point quitté sa ville natale, en dehors d'un séjour de 18 mois à Darmstadt, dans la Hesse. A 16 ans, le démon de la poésie commençait à la tourmenter ; et elle était encore élève de l'Ecole normale supérieure des jeunes demoiselles à Neuchâtel quand elle composa un poème, l'Atlantide, publié dans le journal Jeunesse de mai 1880, où elle conte l'antique légende du continent autrefois disparu sous les flots, fit sensation alors dans le cercle des camarades et des maîtres, et fut lu, sans nom d'auteur, il est vrai, par Mme Ernst dans une de ses séances de déclamation (Alice de Chambrier, Au delà: poésies, présenté par Philippe Godet, 1899 - books.google.fr).

La Place du Coq-d'Inde avec les maisons Montmollin et Chambrier, construites respectivement en 1685 et en 1686 - Photo des frères Bruder (avant 1875) - www.notrehistoire.ch

De même, l'énonciation poétique se dialogise en une voix féminine et une voix masculine, s'ouvre sur le mode distributif en énonciations fictives, puis remodèle ces énonciations en images allégoriques (« n'est-ce pas ton image ? »). Cette fictivation de l'énonciation est d'ailleurs récurrente chez de Chambrier, et elle ne présente pas toujours un pouvoir positif puisqu'elle met en scène de nombreuses figures de princesses mourantes : « Sophonisbe », « le serment d'Isolde », « La fille de Jephté » (Myriam), jusqu'à « L'Atlantide », comme s'il s'agissait de s'effacer, en tant que sujet poétique, derrière ces images elles-mêmes tragiquement évanescentes (Dominique Kunz Westerhoff, Le figural au fémininn. Quelques poètes de Suisse romande, VERSANTS N° 46, 2003 - books.google.fr).

Les sujets qu’elle aborde montrent un esprit que rien n’effraie, une imagination qui prétend tout embrasser. Elle écrira, par exemple, les Adieux de Socrate à Platon. [...] Cette préoccupation de l’au-delà, qu’elle attribue au sage mourant, ce fut la sienne, à elle, le grand objet de sa rêverie et de ses méditations. Que de fois j’en retrouve la trace en feuilletant ses manuscrits, et comme il lui tardait de connaître ce qu’elle appelle : Les mystères du grand ciel bleu ! (Philippe Godet, Alice de Chambrier, Neuchâtel, octobre 1883 - www.biblisem.net).

A sujet de l'arrière-plan historique de son roman Emineh, une lettre d'Alice à sa mère, écrite de Darmstadt (Allemagne) en automne 1876, atteste que notre auteur prend parti avec élan pour la cause des Serbes dont sa famille lui avait donné des nouvelles: «... ces pauvrets, je les plains de tout mon coeur; pourvu que la Russie intervienne! Elle aurait déjà dû le faire depuis longtemps et renvoyer ces Turcs d'où ils sont venus. Enfin, j'espère que l'héroïsme de ces braves Serbes et Monténégrins finira par toucher les Russes et les Etats voisins». Précisons que le récit se passe dans une Bosnie-Herzégovine menacée par la conquête turque (Alice de Chambrier, Légendes et récits: textes en prose et en vers, présenté par Doris Jakubec, 1990 - books.google.fr).

La succession de Marie de Nemours, issue des Orléans Longueville catholiques possesseurs de Neuchâtel depuis 1504 par mariage, attire une quinzaine de prétendants dans des manœuvres politiques homériques. Le Tribunal des Trois-États, composé de douze juges neuchâtelois, a la compétence de statuer sur la succession de la principauté. Écartant le prince de Conti, le tribunal des Trois-États attribue la souveraineté au roi de Prusse, moins pour des raisons généalogiques que pour des considérations géopolitiques. Frédéric Ier de Prusse a l'avantage d'être de confession réformée et de pouvoir protéger Neuchâtel des appétits français. De plus, l'éloignement géographique du roi permet aux Neuchâtelois de conserver une large autonomie. Le régime royaliste sera renversé en 1848. Frédéric-Alexandre de Chambrier (1785 - 1856) s'opposera au recours à la force pour contrarier la révolution. Frédéric Alexandre est l'oncle du père de la poétesse Alice de Chamnbrier, Alfred (fr.wikipedia.org - Neuchâtel).

Alfred de Chambrier, professeur d'histoire aux auditoires de Neuchâtel et à l'Académie dont il fut le recteur, fonde et rédige le Courrier de Neuchâtel, en 1857. Il collabore au Musée neuchâtelois et à la Bibliothèque universelle. James, historien et fin observateur, publie Marie-Antoinette, Rois d'Espagne et Rois catholiques, Un peu partout, La Cour et la Société du Second Empire, De Sébastopol à Solférino, Second Empire: Entre l'apogée et le déclin, Avant et après Sadowa, Dernières années, La fin (Le château de Bevaix, 1934 - docplayer.fr).

Donnelly dans Dr Huguet mentionne les habitants de la Suisse :

" Why, my dear Mary," I said, " you talk like a philosopher. Almost thou persuadest me to be a hypocrite ! "

" No, no," she said, earnestly, " not a hypocrite, bul a statesman. A true statesman is one who adapts righteousness to circumstances; as the Swiss peasant builds his house, irregularly it may be, but strongly, against the crooked inequalities of the mountain. He could not erect a symmetrical Greek temple upon the face of the precipice, but he secures an humble home, where love and peace may find shelter in the midst of Alpine tempests. " And think," she continued, "of the folly of throwing away the glorious career we had determined upon for the sake of so wretched a race as the negroes. When I heard you pouring forth that stream of eloquence the other day on the porch, my heart lighted up with joy, for I saw you, in my imagination, in the Senate chamber, with the whole world listening to your burning periods." (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).

Protestantisme Ă  Darmstadt

Les Églises luthériennes et réformées n’ont donc pas le même origine ; elles sortent de deux mouvements de réforme distincts, indépendants l’un de l’autre. Il y a entre elles une différence d’accentuation et un désaccord. La différence d’accentuation est la suivante. Le luthéranisme naît de la question du salut personnel et il se centre sur l’affirmation du pardon de Dieu donné sans conditions. Le courant réformé naît du souci d’une lecture exacte et d’une juste application des enseignements bibliques. Bien sûr, les luthériens donnent aussi de l’importance à la Bible et les réformés au salut gratuit. Il ne s’agit nullement d’une opposition. Cependant le point de départ et la préoccupation dominante diffèrent. Le désaccord porte sur la Cène. Luther reste très proche de la doctrine catholique, les réformés s’en éloignent beaucoup plus. Luther croit que le Christ est réellement, matériellement présent dans le pain et le vin, alors que pour Zwingli le pain et le vin sont des signes ou des symboles d’une présence qui est intérieure.

L'origine des églises réformées se situe dans les années 1519-1520, en Suisse, à Zurich, sous l’impulsion du curé de la ville Huldrych Zwingli. Zwingli est un lettré qui se rattache au courant humaniste. On appelle « humanistes » au seizième siècle ceux qui étudient les auteurs de l’Antiquité avec des méthodes de lecture rigoureuses. En travaillant le Nouveau Testament en grec, Zwingli constate que l’église s’est éloignée et écartée de son message. Il entreprend donc de rendre conforme à ce que disent les textes la prédication et la pratique religieuses de sa ville. L’évêque de Constance, dont il dépend, veut le sanctionner, mais en 1523 le Conseil de ville et la population de Zurich prennent son parti contre l’évêque. Les villes de Bâle et de Berne se rallient à ses idées et un français, Guillaume Farel, les répand dans le canton de Vaud, à Neuchâtel et à Genève. Après la mort de Zwingli en 1531, le courant réformé se poursuit sous la direction de deux hommes, Bullinger à Zurich et Calvin à Genève. On parle d’Église réformée ou de courant réformé et non pas calviniste, parce qu’il n’a pas son origine chez Calvin et qu’il ne se réfère pas au seul Calvin (André Gounelle, Les différences entre Réformés et Luthériens, 2013 - blog.oratoiredulouvre.fr).

Le regroupement progressif des fiefs issus de l'héritage de Philippe Ier au sein des landgraviats de Hesse-Cassel et de Hesse-Darmstadt conduisit ainsi de fait à un quasi-partage de la Hesse en deux comtés. La guerre de succession pour l'attribution de la Hesse-Marbourg et l'opposition confessionnelle entre la branche de Hesse-Darmstadt, luthérienne, et la branche de Hesse-Cassel réformée, conduisit à d'amers déchirements. En réaction à la conversion forcée de l’université de Marbourg au calvinisme exigée par Maurice dem Gelehrten, la maison de Hesse-Darmstadt créa en 1607 l’université luthérienne de Gießen. En 1622, une nouvelle succession se soldait par le rattachement de la Hesse-Hombourg à la Hesse-Darmstadt. Darmstadt et Cassel se disputèrent alors pendant des décennies l'héritage de Marbourg, les combats se mêlant tantôt à ceux de la guerre de Trente Ans, où Cassel était l'allié de la Suède, Darmstadt celui de l'empereur. Même le grand traité de 1627 (Hauptakkord), qui confirmait l'attribution à la Hesse-Darmstadt, ne put mettre un terme définitif au différend : en 1645, la princesse Amélie-Élisabeth de Hesse-Cassel se lançait le siège de Marbourg, déclenchant la « guerre de Hesse » dont elle sortit victorieuse trois ans plus tard. Au terme de ce conflit, la Haute-Hesse fut partagée : Marbourg échut à la Hesse-Cassel, Giessen et Biedenkopf à la Hesse-Darmstadt (fr.wikipedia.org - Landgraviat de Hesse-Darmstadt).

De tous les rêves savants que nous ont valus les tentatives d'éclaircissement de cette légende, le plus curieux, le plus séduisant et peut-être le plus vraisemblable, est celui qui nous a été présenté en 1912 par un géo-physicien hessois, Alfred Wegener. Selon lui l'Atlantide ne se serait pas effondrée dans les abîmes en un jour et une nuit, elle se serait contentée de se détourner de l'Ancien Monde, après avoir rompu ses amarres comme une simple caravelle. Le savant nous enseigne que nos continents reposent, non pas sur l'eau, comme le chantait le vieux Thaïès, mais sur une masse liquide en infernale ébullition, appelée "sima", qui n'est superficiellement solidifiée que dans solidifiée que dans les régions couvertes par les océans. Nous vivons ainsi en toute sécurité — et dormons — sur des îles flottantes, à peine immobilisées entre ces croûtes légères, comme dans les mers polaires les blocs momentanément pris dans des lames de glaces. Ces îles peuvent se déplacer d'une façon encore appréciable, puisque l'on a constaté que le Groenland s'était éloigné de l'Europe d'un kilomètre et demi en l'espace du siècle écoulé. Plus nous remontons dans le cours âges, moins cette solidification du sima était accentuée et plus les masses continentales pouvaient se morceler ou se déplacer. Une petite partie de puzzle donnera un air de vérité historique impressionnant à cette inquiétante chimère. Découpons sur des cartes à la même échelle les côtes de l'Ancien et du Nouveau Monde qui se font face. Rapprochons les contours ainsi obtenus et cherchons à mettre au contact leurs sinuosités. L'emboîtement se fait avec une exactitude surprenante, laissant à la partie médiane une grande mer allongée dans la direction nord-sud, qui correspond à la mer des Sargasses et la mer des Antilles. Chose plus étonnante encore, les gens de métier peuvent y suivre la continuité des formations géologiques, et nos houillères — parlons bas — ne sont qu'un département des houillères nord-américaines (Raymond Penel, Sud contre nord: croisières latines, Argentine, Uruguay, Brésil, Espagne, 1928 - books.google.fr).

Alfred Wegener, né le 1er novembre 1880 à Berlin et mort en novembre 1930 au Groenland près de la base Eismitte, est un astronome et climatologue allemand, principalement connu pour sa théorie de la dérive des continents exposée en 1912 la première fois lors d'une conférence faite le 6 janvier 1912 à la Société de Géologie de Francfort Il passe en 1908 son doctorat en astronomie et météorologie à l'université de Marbourg. Il y donne des cours à partir desquels il écrit son Cours sur la thermodynamique de l'atmosphère, publié en 1911 (fr.wikipedia.org - Alfred Wegener).

Emigration américaine

Si l'écrasante majorité des migrants germanophones arrivent à Philadelphie, une partie d'entre eux s'éparpillent dans toute la Pennsylvanie puis dans d'autres colonies, vers le sud (la Virginie et la Caroline du Nord), en suivant la ligne des Appalaches par la Great Wagon Road ou vers le nord (le New Jersey et New York). Dans les années 1750, certains Allemands atteignent aussi directement d'autres colonies, principalement la Nouvelle-Écosse, le Massachusetts et New York, à partir de Rotterdam, soit parce que le port de Philadelphie ne peut plus absorber le nombre grandissant de navires, soit à la demande de Londres qui souhaite détourner ce flux massif de migrants vers certaines colonies pour satisfaire un programme spécifique de peuplement, comme dans le cas de la Nouvelle-Écosse entre 1749 et 1752. Il existe également de petites poussées migratoires qui, quoique puisant dans la même réserve de migrants à savoir la Rhénanie et le nord de la Suisse, surviennent de manière autonome et en marge de la route Rotterdam-Philadelphie. Il peut s'agir d'une migration à la suite d'une persécution, tels les protestants de Salzbourg qui s'établissent en Géorgie, ou d'un projet conçu et organisé par un noble ou un marchand, comme dans le cas de Purrysburgh, fondée en Caroline du par le Suisse Jean-Pierre Purry. En 1731, le comte Léopold von Firmian, princearchevêque catholique de Salzbourg, dans l'Autriche actuelle, publie un édit d'expulsion à l'encontre de ses sujets protestants. Une heureuse coïncidence veut qu'au moment où les Salzbourgeois sont expulsés, l'Angleterre fonde la Géorgie. Or, les gentilshommes provisoirement en charge de la nouvelle colonie souhaitent précisément y bâtir un projet utopique loin des réalités de société de plantation de sa voisine, la Caroline du Sud. L'esclavage, par exemple, y est prohibé. Le pasteur Johann Martin Boltzius, un piétiste luthérien formé à l'université de Halle, et son associé, Israël Christian Gronau, sont nommés pour guider la petite communauté des Alpes autrichiennes vers les forêts subtropicales de Géorgie. Les premiers colons débarquent à Savannah en 1734 et sont rapidement rejoints par des Allemands du Palatinat, de la région de Kraichgau et de Swabe. Ils fondent la bourgade d'Ebenezer, à 40 kilomètres de la côte en amont de la rivière Savannah, qui borde la Géorgie et la Caroline du Sud. Ebenezer, décrite avec enthousiasme par ses défenseurs comme une « cité sur la colline » (« city upon a hill ») et la « forteresse de tous les réfugiés » (« fortress of all refugees »), est une communauté homogène de plusieurs centaines d'agriculteurs et d'artisans, bien encadrée spirituellement, qui pratique la culture de la soie et possède son propre orphelinat. Une caractéristique remarquable quand on songe que Charleston, la métropole des colonies du Sud, n'a le sien qu'en 1790. Les maladies (le paludisme, la dysenterie et le typhus) ; le mauvais emplacement choisi pour construire la ville ; et, surtout, l'introduction de l'esclavage dans la colonie en 1751 condamnent toutefois cette expérience communautaire. Pendant la guerre d'Indépendance, Ebenezer est conquise d'abord par les Britanniques en 1778 puis reprise par les Américains en 1782 et enfin abandonnée.

Jean-Pierre Purry est un négociant en vin de Neuchâtel qui séjourne en Afrique et en Indonésie. Ses voyages l'amènent à développer une théorie, sophistiquée quoique fantaisiste, selon laquelle les terres situées au 33e degré de latitude nord ou sud sont idéales pour l'être humain et l'agriculture. Dans les années 1720, il soumet son projet de création d'un établissement outre-mer successivement aux autorités néerlandaises et françaises, notamment pour la Louisiane. Éconduit, Purry propose au Board of Trade de recruter et d'envoyer plusieurs centaines de protestants suisses en Caroline du Sud. Le projet échoue par manque de volonté politique et plusieurs centaines de colons sont littéralement laissés à la rue à Genève et à Neuchâtel. Au même moment, les Seigneurs Propriétaires de la colonie sont renversés par la révolution de palais qui secoue Charleston à la suite de la guerre des Yamasees. Londres profite des troubles pour racheter les Carolines, mais la réticence d'un des propriétaires fait durer les négociations une dizaine d'années. En 1729, une fois le contrôle des deux colonies assuré, Londres se lance dans une vaste politique de fondation de forts et d'établissements, appelés townships. Ces établissements doivent être créés le long de la frontière sud et ouest de la Caroline du Sud afin de protéger les possessions continentales britanniques contre les Espagnols de Floride, les Français de Louisiane et leurs alliés amérindiens respectifs. Cette nouvelle politique prévoit l'envoi de centaines de protestants afin de développer l'arrière-pays et de rééquilibrer les rapports démographiques et raciaux de la Caroline du Sud – où les esclaves sont majoritaires depuis vingt ans – en faveur des Blancs. Notons que la fondation la Géorgie en 1732 relève également, à une plus grande échelle, de cette nouvelle orientation. Dans ce contexte, le projet de Purry de fonder une ville aux confins méridionaux de la Caroline du Sud, sans surprise, reçoit un accueil favorable de la part du Board of Trade. En 1734, Purrysburgh est fondée sur les rives du fleuve Savannah, non loin, en fait, d'Ebenezer, à la latitude idéale, selon les théories de Jean-Pierre Purry, de 32° 28' ! Deux ans plus tard, à la mort de son fondateur, Purrysburgh est devenue une petite bourgade de cent maisons pour 450 habitants. Les neuf dixièmes des colons sont suisses, dont deux tiers de francophones et un quart de germanophones. Le reste est composé de réfugiés de Salzbourg et de protestants du Piémont italien. Les premières années sont prometteuses, Purrysburgh commençant à produire de la soie. Mais l'insalubrité de la région, l'éloignement de Charleston et de Savannah, ainsi que la rivalité et les tiraillements entre les francophones et les germanophones, notamment pour la langue cultuelle, empêchent Purrysburgh de devenir une véritable ville. En fait, dans les années 1750, beaucoup de ses habitants ont rejoint Charleston et Savannah ou acquis de la terre plus à l'ouest. Malgré cet exode, Purrysburgh survit quelque temps car là se situe le seul guet sur la rivière Savannah le long du Chemin du roi (King's Highway) entre Charleston et Savannah (Bertrand Van Ruymbeke, L'Amérique avant les États-Unis. Une histoire de l'Amérique anglaise, 1497-1776, 2016 - books.google.fr).

Jean-Pierre Purry (1675 - 1736) ou de Pury, fils d'Henry de Purry et de Marie Ersel, Ă©tait l'ami de Jean (de) Chambrier, ministre de Prusse Ă  Paris, et parent de Samuel Pury, conseiller d'Etat. La famille Chambrier s'allia par ailleurs matrimonialement Ă  celle de Pury.

Frédéric-Alexandre de Chambrier (1785 - 1856), fils de Frédéric et de Jeanne Marie Mercier, frère d'Alexandre, épouse Adèle-Julie de Pury. Après la mort prématurée de sa mère, il est adopté par son parent Jean-Pierre de Chambrier d'Oleyres. Sa carrière politique prend fin en 1848. Il sera un adversaire déclaré du coup d'Etat royaliste de 1856 (Frédéric Alexandre Marie Jeanneret, James-Henri Bonhôte, Biographie neuchâteloise, Volume 2, 1863 - books.google.fr).

Jean-Pierre de Chambrier d'Oleyres fit la connaissance du prince de Hesse Darmstadt chez mylord Wemyss, avec lord et lady Athlone qui passaient l'été à Colombier chez madame de Charrière, la belle de Zuylen, dont il fit la connaissance (Philippe Ernest Godet, Gabrielle Godet, Madame de Charriere Et Ses Amis (1906), 1973 - books.google.fr).

Isabella Agneta Elisabeth van Tuyll van Serooskerken (1740 - 1805) épouse, à l’âge de 30 ans, l’ancien précepteur de son frère Willem René en étranger, Charles-Emmanuel de Charrière de Penthaz, et entame véritablement sa carrière d’écrivaine à partir de 1784, produisant une abondante correspondance, des pamphlets, des contes, des romans (fr.wikipedia.org - Isabelle de Charrière).

Ebenezer

Ebenezer est une référence au Livre I de Samuel 7,12 et 4,1 comme place de refuge, nom affectionné du langage piétiste allemand. (Hans-Jürgen Schrader, Traveling Prophets, Pietism in Germany and North America 1680-1820, 2009 - books.google.fr).

Ebenezer ("pierre du secours" en hébreu) est aussi une implantation allemande près de Buffalo dans l'Etat de New York, créé par les Inspirationistes qui fonderont les colonies d'Amana près de Cedar Rapids dans l'Iowa, Etat juste au sud du Minnesota (Germany and the Americas: O-Z, 2005 - books.google.fr).

Israël perdit la bataille, située entre Eneb Ezer et Aphek, qui permit aux Philistins de ravir l'arche d'alliance installée à Eben Ezer. De là, ils l'emportèrent à Ashdod où dieu se manifesta en leur infligeant un fléau, peste ou hémorroïdes. Les Philistins renvoyèrent le coffre à Beth Shémesh d'où les Hébreux la portèrent Qiryat Yéarim. Une nouvelle bataille les opposa à Miçpa. Israël en sortit vainqueur cette fois.

"Alors Samuel prit une pierre et la dressa entre Miçpa et La Dent, et il lui donna le nom d'Ében-ha-Ézèr, en disant « C'est jusqu'ici que Yahvé nous a secourus ». Les Philistins furent abaissés. Ils ne revinrent plus sur le territoire" (I Samuel 7,12-13).

The stranger riding on the Rock Island or Milwaukee train through Iowa county, Iowa, will suddenly find himself gazing from the car window upon sU'ange surroundings and a unique people. If he alights at one of these little hamlets (there being eight in number) and strolls up the only on narrow street, listening to the children's chattering in a strange tongue, seeing on all sides such strangeness, his mind's eye will lead him to believe he has discovered some new Atlantis and he will be as much at loss to account for himself as was Rip Van Winkle or that more modern sleeper, Julien West. After going about for some time seeking for somer one with whom he can make himself understood, he will be told that this is the Amana society, as it is knov^rn in law, or the Community of True Inspiration as they call themselves. Who are these people, where did they come from, and what mode of life do they practice? These are the questions I shall try to answer. These people are German communists who formed themselves into a religious society in Hessen in 1714; emigrated to America in 1843; settled near Buffalo, N. Y.; there adopted communism, and removed to Iowa in 1855, Inhere they have since resided. In religious matters the Inspirationists have much in common with the Pietists founded by the Frankfort diyine, Spener, about 1670. It arose out of a movement in the Lutheran church by which it was sought to go back from the cold faith of the Seventeenth century to the living faith of the Reformation. The awakening instituted by Spener seemed to have died with him; still, a few scattered followers held their meetings for worship in private houses and in the fields, so as to avoid persecution. In some of these meetings persons were thought to speak as the prophets of old while under a miraculous influence which qualifies man to receive and communicate divine truth; hence they were called Inspiration ists. It was not until 1714 that E. L. Gruber and J. F. Rock fully organized these believers into a society in the secluded little village of Himbach in Hessen, and it is the remnant of this religious organization that we have here in Iowa (Barthinius L. Wick, Christian communism in the Mississipi Valley, Report by Iowa Bureau of Labor Statistics, 1897 - archive.org).

Himbach se trouve près de Hanau, en Hesse, et appartient au cercle de Büdingen.

1822 wurden Verwaltung und Justiz im GroĂźherzogtum Hessen-Darmstadt getrennt. BĂĽdingen wurde Sitz des Landgerichtsbezirks BĂĽdingen, aus dem 1852 der Landkreis BĂĽdingen hervorging. Hessen-Darmstadt war 1828 mit PreuĂźen eine Zollunion eingegangen, die jedoch den Handel mit dem an BĂĽdingen grenzenden Kurhessen-Kassel erschwerte (de.wikipedia.org - BĂĽdingen).

La Hesse Electorale, ou Hesse-Cassel, est annexée par la Prusse en 1866 à la suite de la guerre austro-prussienne déclenchée par Bismarck reprochant la mauvaise gestion du duché de Holstein par l'Autriche suite à la guerre des duchés face au Danemark qui avait confié l'administration de l'autre duché, le Schleswig, à la Prusse. La victoire de Sadowa écarte les Autrichiens de la Confédération Germanique (fr.wikipedia.org - Guerre des Duchés).

On peut voir comme origine aux "Inspirationists" les Inspirés du sud de la France, les Camisards cévenols qui durent s'exiler, après la Révocation de l'Edit de Nantes par le roi de France Louis XIV, à travers l'Europe (Hermann Wellenreuther, Heinrich Melchior Mühlenberg and the Pietism in Colonial America, Pietism in Germany and North America 1680-1820, 2009 - books.google.fr).

The Amana Colonies were one of many utopian colonies established on American soil during the 18th and 19th centuries. There were hundreds of communal utopian experiments in the early United States, and the Shakers alone founded around 20 settlements. While great differences existed between the various utopian communities or colonies, each society shared a common bond in a vision of communal living in a utopian society. The more familiar non-monastic religious communal movements typical in Western society have generally originated from a deliberate attempt among various Christian sects to revive the structure of the primitive Christian community of first-century Jerusalem, which "held all things in common" (Acts 2.44; 4.32). The western idea of utopia originates in the ancient world, where legends of an earthly paradise lost to history (e.g. Eden in the Old Testament, the mythical Golden Age of Greek mythology), combined with the human desire to create, or recreate, an ideal society, helped form the utopian idea. The Greek philosopher Plato (427?-347 BC) postulated a human utopian society in his Republic, where he imagined the ideal Greek city-state, with communal living among the ruling class, perhaps based on the model of the ancient Greek city-state of Sparta. Certainly the English statesman Sir Thomas More (1478-1535) had Plato's Republic in mind when he wrote the book Utopia (Greek ou, not + topos, a place) in 1516 (Utopias in America - www.nps.gov).

An increasing desire to return to the basics of Christianity gained popularity in the doctrines articulated by this movement, known as Pietism. For Pietists, religion was a personal experience with an emphasis on sincere humility and earnest study of the Bible. The Community of True Inspiration was one of several groups which emerged from Pietism. Rock, a saddlemaker, and Gruber, a former Lutheran minister, believed that God still spoke through prophets as described in the Old Testament. The Community of True Inspiration was founded on this belief. The new prophets were called Werkzeuge, or instruments. After 1817, the Werkzeug Krausert, who revitalize the Inspirationist communities, was soon joined by two others, Barbara Heinemann and Christian Metz. Metz emerged as the guiding force of the community during its crucial years of growth and relocation to America. During the 1820s and 1830s, Metz consolidated the community in the relatively liberal province of Hesse-Darmstadt in Germany. Congregations from Germany, Switzerland and Alsace moved to join the new communities in Hesse. But the government, closely tied to the Lutheran church, viewed the Community's theology as a political threat (Origins of the colonies - www.nps.gov).

Herder et l'Atlantide

Ossian symbolise ce que Herder attend du langage et de l'activité poétique : que ce langage soit le plus pur, le plus originel, le moins altéré possible ; que la poésie ne soit plus l'affaire des doctes, mais du peuple, car c'est le peuple qui constitue le terreau d'une civilisation. Herder reprend à son compte le parallèle établi par Johann Georg Sulzer entre le monde d'Homère et celui d'Ossian (Sylvaine Reb-Gombeaud, Le Sturm und Drang et le "caractère national allemand" : la construction d'une identité culturelle, Images de l'altérité, 2002 - books.google.fr).

Voici des extraits du livre de Marcel Decremps : « De Herder et de Nietzsche à Mistral » (1974) :

D'après Johann Gottfried Herder (1744 - 1803), le langage, par sa formation naturelle et spontanée, par ses variations selon le climat et selon le tempérament des races, constitue le caractère le plus distinctif d'une nation. « On ne peut causer de plus grand dommage à une nation, qu'en la dépouillant de son caractère national, de ce qu'il y a de plus spécifique dans son esprit et dans sa langue » « C'est seulement en cultivant sa langue nationale qu'un peuple peut sortir de la barbarie... » « Aucun humain, aucun pays, aucun peuple n'est pareil à l'autre, par suite donc le vrai, le beau et le bien n'y sont pas pareils. Si on ne cherche pas cela, si on prend aveuglément une autre nation pour modèle, tout est étouffé ». Marcel Decremps écrit que Herder conçoit les nations comme des organismes vivants, doués d'une âme, d'un esprit propre et créateur de mythes, qui s'exprime à travers la langue, les coutumes, le chant, la poésie. Ce caractère national survit non dans les Cours et les villes, mais dans le peuple, indépendamment des structures politiques de l'État. Même sous l'oppression la plus dure un peuple reste lui-même, car la nationalité sort de la nature et, par cela même, constitue un élément profond, simple, indestructible. « Les nations restent toujours semblables jusqu'à la fin des jours », assure Herder. Et ailleurs il précise : « Un pays et un peuple ne vieillissent jamais ou très tard ; ce qui vieillit, ce sont les États, institutions humaines » (Jean-Paul Marsal, Les Prophéties du 5e évangile selon Frédéric Mistral, 2014 - books.google.fr).

The links between Herder, who is usually portrayed in the first place as a restless adversary of rationalism and progenitor of the Storm and Stress movement in German literature, and Francis Bacon, the renowned empiricist and sober reasoner whose ideas were put into practice by the Royal Society, would at first seem remote. But it is particularly important that the very real affinities between the two should no longer be overlooked, because if it can be shown that they do indeed exist, and that they are not after all difficult to discover, we are at once led to question and revaluate some of the traditional notions about Herder. For it is precisely the traditional conception of Herder as an 'irrationalist', one who revolted against the Age of Reason and who deplored the effects of science upon modern civilization, that has led critics to ignore or overlook the great influence which, throughout Herder's life, Francis Bacon had upon him. [...]

From 1764 onwards, Herder refers to him explicitly in his works and correspondence on upwards of eighty separate occasions, and echoes his ideas and words countless other times. Moreover, lengthy extracts from Bacon's .hrovum organum and De augmentis scientiarum also survive among Herder's unpublished MSSS. And while most of the references in his published writings are to these two works, he frequently refers also to the New Atlantis, De Sapientiae veterum, and Essays ('Sermones fideles'), indicating in one remark that he had read at least some of Bacon's writings both in English and in German (as well, of course, as in Latin). On several occasions, he incorporates whole pages, translated from Bacon, in his own works. And finally, in the 1780's, he planned to publish a German or Latin edition of the De augmentis and failed to do so only because he was forestalled in both cases by other editors (H. B. Nisbet, Herder and Francis Bacon, The Modern Language Review, Vol. 62, No. 2., 1967 - hegel.net).

Hier lehnt Herder Nicolais Idee, daß Bacons Atlantis (auf dem Umwege über Johann Valentin Andreaes Roman vom Christenstaat) das Vorbild zur Gründung des Freimaurerordens gegeben habe, scharf ab: Die [...] Atlantis [...] ist ein Roman, wie es damals ja mehrere gab, wovon ich des Morus Utopien, Knights Mundus alter et idem, des Campanella Civitas solis allein anführe, und [...] viel mehr anführen könnte. Jedermann weiß, wie der Geschmack an wunderbaren Ländern und Reisen damals herrschte; nicht in England allein, wo unter der Königin Elisabeth Virginien entdeckt ward und unter Jakob der Ritter Raleigh ja das Goldland entdecken wollte; sondern beinah in allen Ländern Europens. Reisebeschreibungen kamen häuffig heraus, erdichtete und wahre: wie in den dunkeln Zeiten die Pilgrimschaften das beliebte Vehikulum geistlicher Romane gewesen waren, so wurden es jetzt Entdeckungen Schiffahrten, Reisen. Bacon fand also die Platonische Atlantis wieder, und kramte seine gelehrte Ideen auf derselben aus, wie Sidnei sein Arcadien schrieb, und nach der Zeit so viele Utopien, glückliche Inseln u. dergl. geschrieben wurden. Unserm Philosophen war die Einkleidung und Dichtung des Ganzen überhaupt das Kleinste; in ihnen geht der Philosoph oft mit dem Dichter durch. [...]

Dieses Zitat - das einzige, in dem Herder Thomas Morus als Verfasser der Utopia und nicht, wie an allen anderen Stellen, als bedeutenden Theologen erwähnt - bezeugt u.a., wie weit Herders Denken sich bereits im Rahmen einiger Grundthemen der neuzeitlichen Utopie-Interpretation bewegte, insofern diese sich auf die europäische Geisteswelt bezieht: der Verbindung zwischen moderner Utopie und der Entdeckung der Neuen Welt sowie der Zeit-und Gesellschaftskritik, die sich in der diesem Genre eigenen Mischung von Philosophie und Dichtung verhüllt (Salomon B. Knoll, Herder und die Utopie, Johann Gottfried Herder: Geschichte und Kultur, 1994 - books.google.fr).

Je résume - nécessairement en généralisant les quatre éléments essentiels de l'élaboration des langues : le langage est cognition ; diversité des langues ; l'étude des langues ; energeia. [...]

- le langage est création de la pensée ; — les langues sont des visions du monde ; — cela est une richesse, et c'est pourquoi il faut les étudier et les enseigner ; - il faut les enseigner comme telles, et pas seulement comme des moyens de communication ; — il faut aussi illustrer la propre langue, dans une riche production textuelle, il faut soigner sa poéticité. [...]

Le langage est cognition : la communication est ce merveilleux commerce de la vie avec la vie, des êtres vivants entre eux : « Schon als Thier hat der mensch sprache». Mais le noyau du langage, chez Herder, est justement le cognitif : les humains créent leur pensée à travers le langage. Herder l'a si joliment mis en scène dans le scénario de l'origine. Le langage de l'homme est la création de sa pensée. L'appétit cognitif inné, « die Bedürfniss kennen zu lernen », crée la pensée qui est aussi le premier mot, même sans la communication avec l'autre : « Der Wilde, der Einsame im Walde hätte Sprache für sich selbst erfinden müssen, hätte er sie auch nie geredet.» Le langage, en tant que pensée, est la technique humaine de l'appropriation du monde. « Umwandlung der Welt in das Eigentum des Geistes », « Arbeit des Geistes », « bildendes Organ des Gedanken », voilà les célèbres formules humboldtiennes : transformation du monde dans la propriété de l'esprit, travail de l'esprit, organe formateur de la pensée. Humboldt élabore cette conception cognitive du langage dans son langage kantien. La communication, bien sûr, n'est pas extérieure au langage. Herder l'a dit : cette création de la pensée est déjà un dialogue de l'âme avec elle-même. Humboldt continue dans le même sens en écrivant que la création de la pensée même est déjà « accompagnée par la tendance à l'existence sociale » : « Schon das Denken ist wesentlich von Neigung zu gesellschaftlichem Daseyn begleitet. » Mais cette nature sociale n'empêche pas que le travail de l'esprit, la formation de la pensée, la cognition, soit la première tâche de l'activité langagière. Si l'Europe veut donc changer sa politique des langues, il faut qu'elle comprenne cela : Le langage n'est pas seulement moyen de communication, mais la pensée même de l'être humain. C'est en cette profondeur que repose la profondeur de toute étude de langue. [...]

Diversité de la pensée : Deuxième élément de la pensée linguistique herdero-humboldtienne que l'Europe doit apprendre (ou ne pas oublier) est le fait que cette formation de la pensée, bien que tâche universelle de l'Homme, est réalisée selon les traditions des différentes communautés linguistiques. Il n'y a pas de langue universelle, il n'y a pas de langue transcendantale, mais la création langagière de la pensée se fait dans les langues historiques. [...]

L'étude des langues : Puisque les langues sont le trésor de la pensée humaine, Herder avait proposé - suivant Leibniz dont les Nouveaux Essais avaient été publiés en 1765 - qu'il fallait établir une science des langues (qu'il appelle - pas très heureusement - une « sémiotique »). Nous voilà en présence du troisième moment de la pensée du langage que l'Europe ne doit pas lâcher : Vu que les langues sont des immenses pays de concepts ou que, comme dit Humboldt, les langues sont des « visions du monde », « Weltansichten », leur étude est d'une grande importance. Car c'est l'étude de l'esprit humain [...]

Energeia : la formation de la pensée, ce travail cognitif dans les langues concrètes de l’humanité, se réalise dans l’acte de parler. Les grammaires et les dictionnaires, c’est-à-dire les descriptions des langues, ne sont, pour Humboldt, que des « squelettes morts », des froides élaborations de l’activité scientifique (ergon). Le vif, le vrai de la langue, par contre, ne se trouve que dans l’activité langagière elle-même. La créativité ou la poéticité de la langue, le langage comme energeia, constitue le centre de cette conception linguistique. L’investigation linguistique doit donc nécessairement viser l’activité langagière concrète si elle veut saisir la « Weltansicht », la vision du monde. Cette recherche des langues dans leur « usage » est, comme dit Humboldt, la clé de voûte de l’ensemble des études linguistiques (Jürgen Trabant, Quand l'Europe oublie Herder, Humboldt et les langues, Revue germanique internationale, Volumes 19 à 20, "Le" Laocoon: histoire et réception, de Herder et les Lumières: l'Europe de la pluralité culturelle et linguistique, Herder et les Lumières, 2003 - books.google.fr - rgi.revues.org).

Cycles et linéarité

Le schéma répétitif et cyclique se trouve encore dans les théories de Tycho-Brahé, Giordano Bruno, Campanella et même Vico qui évoque le « corso » et « ricorso » et dont la Scienza nuova (1725) a influencé Condorcet. Mais avec Francis Bacon (La Nouvelle Atlantide), Pascal, etc., « le linéarisme et la conception progressiste de l'histoire s'affirment toujours davantage, instaurant la foi en un progrès infini, foi déjà proclamée par Leibnitz, dominante au siècle des « Lumières » (M. Eliade, Le Mythe de l'éternel retour, p. 163). Condorcet adopte ce schéma : héritier des idées de Herder qui montre dans sa Nouvelle Philosophie de l'histoire (1774) que les sociétés se développent avec des alternances de force et de faiblesse, de vigueur et d'impuissance, cycles qui n'empêchent nullement la progression linéaire ; plus encore héritier de son maître Turgot dont il tient à mener à bien le Plan ouvrage qui dresse « le tableau du genre humain en suivant à peu près l'ordre historique de ses progrès ». Il applique pour cela au domaine social le calcul des combinaisons et du probabilisme (Daniel Armogathe, Analyses & réflexions sur Condorcet: Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1989 - books.google.fr).

Le modèle principal de Condorcet était Francis Bacon. Comme il apparaît dans son Fragment sur l'Atlantide 2 publié récemment pour la première fois depuis 1849, l'utopie baconienne est considérée par lui comme le paradigme qui inspira l'idée de progrès aux Lumières. N'oublions pas cependant que La Nouvelle Atlantide était, comme les autres utopies du début de la modernité, l'Utopie de More et la Cité du soleil de Campanella, une réponse aux peurs suscitées par une situation historique apocalyptique. Elles indiquaient aux gens de l'époque une issue à l'angoisse et à la peur (Hans Achterhuis, La responsabilité entre la crainte et l'utopie, Annales de l'Institut de philosophie et de sciences morales, 1993 - books.google.fr).

Condorcet, dans le Fragment sur l'Atlantide, ultime texte inachevé rédigé en 1793, poursuivait la pensée du lord chancelier, en plaidant pour « la réunion générale des savants du globe dans une république universelle des sciences » (Françoise Waquet, Qu'est-ce que la République des Lettres, Actualité de l'histoire à l'Ecole des chartes: études réunies à l'occasion du cent cinquantiéme anniversaire de la Bibliothéque de l'Ecole des chartes, 1839-1989, 1989 - books.google.fr).

L'Atlantide serait pour Condorcet une « hypothèse systématique » heuristique, ouverte et perfectible (notons que le terme « système » apparaît vingt-quatre fois dans le Fragment sur l'Atlantide). Bailly propose une définition de la notion de système dans ses Lettres sur l'Atlantide. Pour Bailly, «un système n'est donc que la liaison des faits» ; la probabilité augmente quand... les faits augmentent. C'était justifier la logique de l'infalsifiable dans laquelle s'installe son réalisme archéologique vis-à-vis de l'Atlantide (il finit toujours par trouver de «bons arguments» pour confirmer ses thèses au lieu de chercher à les "falsifier"). [...]

L'Atlantide condorcétienne aurait ainsi une double filiation baconienne et platonicienne, à travers le dialogue avec Bailly et l'entreprise encyclopédiste : elle est une «hypothèse systématique» sur le présent. L'Atlantide condorcétienne systématise les principes des sciences et des institutions républicaines et les fédère dans un cadre politique général déjà là et qu'il s'agit confronter sans cesse à l'excellence de ses propres principes : l'Atlantide serait la projection idéale de ces principes par rapport au présent empirique et historique ; elle serait assez proche de la figure spirituelle et philosophique de l'idée d'Europe chez Voltaire : une tâche humaniste infinie. Cette référence critique au présent n'est pas du même type que dans le discours utopique ; Condorcet tient à signaler plusieurs fois qu'il se situe «dans un pays vraiment libre où règne une égalité réelle» (p. 303). Ce travail de systématisation n'est pas, comme celui de Bailly, du côté de l'«infalsifiable» mais présuppose une communauté d'idées ouvrant des perspectives et des intelligibilités actives dans le monde (l'expression «hypothèse systématique» désignerait peut-être cette démarche de Platon selon Condorcet ?). Ces idées comme ouvertures de perspective requièrent une «mise en fable» d'elles-mêmes et comme un nécessaire «passage par la chimère» : c'est ce que Condorcet appelle, en 1784, une «mythologie qui convienne à des siècles éclairés». La relation au futur de l'humanité développe l'amour de l'humanité dès à présent en confrontant le réel aux principes que l'on souhaite appliquer concrètement. Condorcet projette dans l'avenir ce que Bailly cherchait dans le passé, dans l'âge d'or. La combinatoire des faits infalsifiables faisait régresser Bailly, alors que la combinatoire des principes condorcétiens ouvre des perspectives d'avenir : le futur peut être devenir sans cesser d'être histoire, c'est-à-dire processus dont l'humanité sera responsable. Cette convergence des déductions systématiques et conjecturales, ouvre l'avenir de l'humanité et doit inspirer du courage pour tous les vrais républicains amis des Lumières (d'où le recours au terme d'«effort»). C'est ce geste que nous nommons poétique des Lumières (Charles Coutel, Utopie et perfectibilité, Condorcet: homme des Lumières et de la Révolution, 1997 - books.google.fr).

Herder et Darmstadt

Les seuls auteurs à s'être placé du point de vue de Darmstadt, ou plus exactement de Merck, sont encore une fois H. Brâuning-Oktavio et H. Prang. Nous avons cependant déjà constaté que Bràuning-Oktavio s'est fixé comme but principal de faire connaître Merck en faisant rejaillir sur lui et sur la ville un peu de la gloire des ses prestigieux amis. Ses livres sont avant tout des ouvrages de «vulgarisation» littéraire qui, tout en étant fort bien documentés, simplifient un sujet plus complexe qu'il n'y paraît. H. Prang, pour sa part, s'attarde peu sur cette période, et accorde à peine une page aux relations entre les deux hommes. Il se contente de relever l'aspect calme et posé des sentiments amicaux de Merck face à un Herder apportant dans leurs relations une fougue qu'il ne partage pas. P. Berglar fait de même dans son introduction aux œuvres de Merck. Selon lui la jalousie ressentie par Herder face aux liens beaucoup plus étroits de Merck avec Goethe puis avec Wieland ftirent à l'origine de l'injustice des propos qu'il tint plus tard concernant son ancien ami. Aucun de ces auteurs ne s'est Aucun de ces auteurs ne s'est réellement interrogé sur l'influence que Herder et Merck ont pu exercer l'un sur l'autre, ont pu exercer l'un sur l'autre, ni, de façon plus générale, sur l'impact que l'arrivée de Herder a pu avoir sur l'atmosphère régnant dans le groupe des Sensibles. Seules comptent à leurs yeux ses rencontres avec sa future femme et, dans une certaine mesure, celle avec Merck. Il apparaît pourtant que sa personnalité et sa puissante intelligence entrent en quelque sorte en résonance avec les différents membres du groupe dès août 1770. En réalité, l'arrivée de Herder sert de «révélateur» en mettant en lumière les différences fondamentales qui existent entre eux. Elle permet surtout à Merck de s'épanouir enfin sur le plan intellectuel (Christine Pezzoli-Bonneville, Vie intellectuelle et Lumières à Darmstadt entre 1770 et 1774: Baroque, Empfindsamkeit et Sturm und Drang, 2002 - books.google.fr).

Johann Heinrich Merck sur la route de Carcassonne

Johann Heinrich Merck, né à Darmstadt le 11 avril 1741 où il est mort 27 juin 1791, est un homme de lettres allemand.

Merck n’a laissé que de courts écrits, mais son principal mérite au regard de l’histoire de la littérature allemande réside dans par le zèle qu’il déploya à propager la littérature anglaise en Allemagne ainsi que par l’influence qu’il a eue sur les plus grands écrivains de son temps, comme Goethe, sur Herder, surtout le cénacle de Weimar. Il s’était réuni à Darmstadt, à Giessen, à Francfort et dans les environs, un cercle d’hommes distingués par leurs talents et étroitement unis entre eux. Merck, par la variété de ses connaissances, par la vivacité de son esprit et par la franchise de sa critique, en formait comme le centre. Son influence sur le développement du génie de Herder fut grande, mais elle le fut bien plus sur celui de Goethe : c’est lui qui servit de type au personnage de Méphistophélès dans Faust.

Fils d’un pharmacien de la célèbre famille Merck, Johann Heinrich remplit, après avoir terminé ses études universitaires, diverses fonctions dans sa ville natale. Il fit divers voyages à l’étranger, particulièrement en France, accompagnant un seigneur de Bibra dans plusieurs voyages. Il se maria à Genève avec une Française, Louise Françoise Charbonnier, et devint en 1767 secrétaire de la chancellerie privée de Darmstadt (fr.wikipedia.org - Johann Heinrich Merck).

Am 10 April 1766 setzte Merck die Tour mit Heinrich Wilhelm von Bibra nach Südfrankreich fort. Lyon, Avignon und Marseille, Toulon und Toulouse sind Stationen dieser Reise. Unterwegs erfuhr Merck von der Schwangerschaft seiner Geliebten. Im Brief vom 24. April schreibt er aus Marseille: „Ich beschwöre Dich, mein liebes kleines Herz, laß mich so schnell Du kannst, wieder zurückkehren, um mir mein Dasein wiederzuschenken, sichere mir das größte Glück, das mir nach dem, Dein zu sein, begegnen kann; laß mich die Knie Deiner teuren Eltern umfassen und mein Unrecht beweinen, wenn es eines gibt, das die Empfindsamkeit unseres Herzens nicht rechtfertigen könnte." Bereits Ende Mai kehrte Merck nach Morges zurück (E. Merck, Johann Heinrich Merck (1741-1791): ein Leben für Freiheit und Toleranz, 1991 - books.google.fr).

La route normale de Toulon à Toulouse passe par Montpellier, Narbonne, et Carcassonne, si près de Rennes le Château.

Route que suivit Jean Daniel Schoepflin en 1726, 40 ans auparavant (Autour de Rennes le Château : Les Mauristes, Codex Bezae et autres choses).

Le plus célèbre peut-être des maîtres qui enseignèrent à l'université de Srasbourg est Jean-Daniel Schoepflin, l'historien de l'Alsace, qui fut en relation avec tous les savants et la plupart des princes de son temps. Goethe, étudiant en droit à Strasbourg (1770-1771), le vit quelques mois avant sa mort (1771), pendant une fête nocturne que lui donnaient les étudiants, et il nous en a laissé un séduisant portrait (Le Flambeau: revue belge des questions politiques et littéraires, Volume 2, 1919 - books.google.fr).

La voie avait été déjà suivie par John Locke (Wrington, Somerset, 29 août 1632 - Oates, High Laver, Essex, 28 octobre 1704), philosophe anglais dont la théorie de la connaissance était qualifiée d'empiriste car il considérait que l'expérience est l'origine de la connaissance. Sa théorie politique est l'une de celles qui fondèrent le libéralisme et la notion d'« État de droit ». Son influence fut considérable dans ces deux courants de pensée (fr.wikipedia.org - John Locke).

La landgravine Caroline, animatrice du cercle de Darmstadt, lisait dans le texte Locke, ainsi que Shakespeare et Shaftesbury, mais elle était pétrie de culture française (Christine Pezzoli-Bonneville, Vie intellectuelle et Lumières à Darmstadt entre 1770 et 1774: Baroque, Empfindsamkeit et Sturm und Drang, 2002 - books.google.fr).

Un voyage en France, tout particulièrement pour respirer l'air sec du Midi, semblait donc s'imposer pour des raisons de santé; Locke n'ayant par ailleurs plus d'obligations pressantes, rien ne s'opposait à ce que ce projet fût mis à exécution. Shaftesbury consentit donc volontiers à le laisser partir, et il s'embarqua pour la France. Non qu'il se soit agi de son premier voyage dans ce pays ; mais le premier séjour qu'il y avait fait, à l'automne 1672, n'avait duré que trois semaines, et il ne s'était pas aventuré au-delà de Paris. Cette fois-ci, il en irait tout autrement. Au début de son voyage, Locke faisait partie de la suite qui accompagnait Lord John Berkeley, ambassadeur extraordinaire à la cour de France, mais à partir d'Abbeville, c'est accompagné du seul George Walls, un ami d'Oxford, qu'il poursuivit sa route jusqu'à Paris, où il séjourna dix jours. Puis commença la descente vers le Midi : après être passé par Châlons, Lyon, Avignon et Nîmes, Locke atteignit Montpellier le 4 janvier 1676. Il devait n'en repartir qu'en mars 1677, après un séjour de quinze mois ponctué d'excursions plus ou moins longues : visite de la côte méditerranéenne, entre Sète et Aigues-Mortes, en mars 1676; tour de Provence le mois suivant (Arles, Marseille, Toulon, Hyères, Aix, Avignon); voyage en Languedoc en février 1677 (Castres, Castelnaudary, Carcassonne). Revenant à Montpellier après son excursion languedocienne, Locke y apprenait que Sir John Banks, riche marchand londonien, souhaitait instamment le voir prendre en charge son fils Caleb, qu'il se proposait d'envoyer passer six mois en France. C'est donc sur les instances de ce marchand que Locke quitta Montpellier pour Paris, où il devait en quelque sorte prendre livraison de son protégé. Il remonta vers le nord, en empruntant un chemin différent de celui par lequel il était descendu, et dont les grandes étapes (si l'on exclut une pause forcée de six semaines à Agen, due à un accident suivi de problèmes de santé, furent Toulouse, Bordeaux et Poitiers. Arrivé à Paris le 2 juin 1677, il devait y passer un peu plus d'un an. Tout en accomplissant ses devoirs de précepteur et de cicérone (qui consistaient pour l'essentiel semble-t-il à emmener Caleb Banks à l'opéra et au théâtre — le prix des billets est scrupuleusement noté dans le Journal dont il sera question plus bas), il en profita pour se rendre à plusieurs reprises à Versailles, ainsi qu'à Chantilly et Fontainebleau; c'est également pendant cette période qu'il noua ses contacts intellectuels les plus féconds, en particulier avec l'orientaliste François Bernier et l'astronome Jean-Dominique Cassini. Le second tour de France de Locke, accompagné de Caleb Banks, commença en juillet 1678. Cette fois-ci, les voyageurs passèrent par Orléans, Blois, Tours, Saumur et Angers, puis continuèrent leur descente vers le Midi par Richelieu, La Rochelle, Rochefort, Bordeaux et Toulouse. Comme deux ans et demi plus tôt, le but du oyage était Montpellier, où ils parvinrent à la mi-octobre. Mais au lieu d'y séjourner quinze mois, Locke n'y passa que quinze jours : dès les premiers jours de novembre, il repartait avec son protégé pour Lyon, dans l'idée de pousser jusqu'en Italie. Le mauvais temps rendant les routes impraticables, Locke aurait souhaité remettre son voyage à la belle saison, mais il dut y renoncer tout à fait, la mort dans l'âme, quand Sir John Banks lui signifia qu'il tenait à ce que son fils rentre en en Angleterre au printemps. Lyon ne fut donc qu'une escale ; à la mi-novembre, le voyage reprit, et ce fut à nouveau Paris, où nos voyageurs arrivèrent le 28 novembre 1678. Locke y passa cinq mois, puis ce fut le retour au pays, au mois de mai 1679. Comme on le sait, il ne resta en Angleterre qu'un peu plus de quatre ans. Après les vains efforts déployés par les whigs pour écarter le duc d'York de la succession au trône, il ne restait à leur chef Shaftesbury qu'à s'exiler en Hollande. Locke y chercha également refuge ; il devait y rester plus longtemps encore qu'il qu'il n'avait séjourné en France, de septembre 1683 à février 1689 (Jean Viviès, Lignes de fuite: littérature de voyage du monde anglophone, 2003 - books.google.fr).

Notons avec précaution ce que dit L'Enigme sacrée :

Isaac Newton et John Locke furent alors les deux grands amis de Boyle qui les initia aux secrets de l'alchimie. Puis Locke se rendit dans le sud de la France et là, spécialement, sur les tombes de Nostradamus et de René d'Anjou, et dans les environs de Toulouse, Carcassonne, Narbonne, donc très probablement Rennes-le-Château. Il passait pour bien connaître la duchesse de Guise et pour avoir étudié tous les rapports de l'Inquisition sur les Cathares, ainsi que les légendes relatives au Saint Graal apporté à Marseille par la Magdaléenne ; il visita d'ailleurs la Sainte Baume en 1676 (Michael Baigent, Richard Leigh, Henry Lincoln, L'Énigme sacrée, traduit par Brigitte Chabrol, 1983 - books.google.fr).

Une descendante de la famille de Voisins, Blanche de Marquefave, épousa en 1422 Pierre-Raymond d'Hautpoul et lui apporta en dot la seigneurie de Rennes-le-Château. En 1732, le dernier des Hautpoul, François (1689-1753), épousa Marie de Négri d'Ables (1714-1781), d'une grande famille de la région de Sault. Il était le fils d'Henri mort en 1695, et frère de Blaise et Charles morts tous deux avant 1743 (Guy Mathelié-Guinlet, Rennes-le-Château: le mystérieux trésor de l'abbé Saunière, 1997 - books.google.fr, gw.geneanet.org).

En 1726, lors du passage de Schoepflin dans la région, François n'était pas encore chef de famille (en 1730), et lors du passage de Merck en avril-mai 1766, il était mort et sa veuve Marie de Nègre était seigneuresse.

La baronnie est alors divisée entre les deux jeunes soeurs Elisabeth, à qui échurent les terres de Rennes, Granès et le Bézu, qu'elle gardera jusqu'à sa mort (peut-être en 1817), et Gabrielle, qui reçoit les Bains de Rennes, que ses descendants devaient conserver jusqu'en 1889. A Rennes réside le plus souvent Elisabeth d'Hautpoul, seigneuresse, seule avec sa mère qui meurt intestat en 1781 à 67 ans, au château. Dès le début de la Révolution, Elisabeth prend peur. Elle se réfugie à Toulouse, chez son beau-frère d'Hautpoul-Félines. Sa sœur aînée Marie est morte en 1784, laissant à sa survivance quatre fils dont l'aîné, Jean- Marie-Alexandre, marié à Angélique Le Noir, émigrera et perdra tous ses biens, dont le troisième, Charles-Marie-Benjamin, officier du génie, accompagnera Bonaparte en Egypte, et deviendra le second époux de cette charmante comtesse de Beaufort, amie de Madame de Staël, femme de lettres (René Descadeillas, La seigneurie de Rennes (Aude) au XVIIIe siècle. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 72, N°51, 1960 - www.persee.fr, La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Etudes particulières de psaumes : Psaumes 54, 119 et 129 : Hautpoul et Noli me tangere).

Les curés de Rennes le Château

Quand Merck passe dans la région en 1766, c'est Jean Bigou qui était à la cure de Rennes-le-Château.

Antoine Bigou naquit le 18 Avril 1719 à Sournia. Il fut curé de Rennes-le-Château de 1774 à 1790. C'est probablement lui qui enterra un magot qui sera retrouvé lors des premiers travaux de Bérenger Saunière dans l'église (1891). C'est lui qui assura l'inhumation de Marie de Nègre d'Ables et qui fit graver sa fameuse dalle funéraire en 1783. Il prêta serment avec restriction le 20 février 1791 ce qui lui fut refusé. Peu de temps après, en 1792, Il fut déclaré prêtre réfractaire et se réfugia à Sabadell, en Espagne, en même temps que Mgr de la Cropte de Chanterac, évêque d'Alet, et l'abbé Cauneilles, curé de Rennes-les-Bains. Il serait mort selon certains le 21 mars 1794 à Sabadell en Espagne, ou le 20 mars 1794, à Collioure, en Roussillon, dans l’actuel département des Pyrénées-Orientales. Antoine Bigou prit la succession de son oncle, Jean Bigou, en tant que curé de Rennes-Le-Château en 1774. Quant à son oncle, il fut également prêtre de cette paroisse de Rennes en 1736 Rapidement orienté par ses prédispositions à la prêtrise, il commença sa carrière dans le petit village du Clat. Puis c'est son oncle qui, proche de la retraite, le nommera curé adjoint à Rennes-Le-Château. Nous sommes alors le 9 novembre 1774. Son oncle décèdera le 30 septembre 1776 (www.rennes-le-chateau-archive.com - Antoine Bigou, www.octonovo.org).

L'abbé Bernard fut curé de Rennes le Château de 1724 à 1732, donc à l'époque du passage de Schoepflin dans la région.

En 1725 le presbytère existe dans sa fonction. Nous voyons les consuls du village engager, le 15 juillet, des travaux de maçonnerie et ferronnerie concernant des réparations dans le bâtiment. Il semble que ce ne soit pas suffisant car le 15 avril 1726 les consuls doivent encore emprunter afin de poursuivre d’autres travaux... qui se terminent enfin en 1727. Les consuls de Rennes ne semblent pas être très riches car il leur faut affronter le lieutenant de justice afin de « décharger la commune de ce paiement puisqu’elle n’a rien fait construire, mais seulement réparer. Le presbytère de Rennes, construit de temps immémorial, a été réparé à la demande de l’abbé Bernard, curé de Rennes, qui adressa une requête à l’intendant en 1724, la bâtisse croulant chaque jour un peu plus et devenant inhabitable ».

L'abbé Verger est curé de Rennes de 1732 à 1736.

S'occupent de la paroisse de 1791 à 1803 l'abbé Camp (Curé de Alaigne), de 1803 à 1805 l'abbé Marsan, de 1805 à 1820 l'abbé Rouger, de 1820 à 1823 l'abbé Sabarther, de 1823 à 1832 l'abbé Sadourny, de 1832 à 1834 l'abbé Pages, de 1834 à 1836 l'abbé Blanc. On note que de 1818 à 1836 il n’y a pas de prêtre à demeure à Rennes-le-Château. Depuis 1836 se succédèrent dans cette paroisse : l’abbé Pons jusqu'en 1879, l'abbé Cézac de 1879 à 1881, de 1881 à 1884 l’abbé Charles-Eugène Mocquin, et enfin l’abbé Croc jusqu’en 1885, avant Bérenger Saunière (Le presbytère de Rennes-le-Château (1ère partie) - La porte du royaume des morts ? - www.societe-perillos.com, rennes-le-chateau-archive.com, www.rennes-le-chateau-chronologie.fr).