Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Les axes   Axe du 9 avril : Mélusine   
PRIEURE DE SION AXE 9 AVRIL MELUSINE LUSIGNAN

Les Dossiers secrets d'Henri Lobineau (doc 6) présentent une généalogie des seigneurs de Lusignan, rappelant la légende de Mélusine.

Axe du 9 avril

La Rochelle, Niort, Lusignan, Coulombiers, sites mélusiniens, se trouvent sur un axe nonagonal du 9 avril comme Sainte Néomaye et Fontgombault (Arts et Lettres : Section littérature : Moyen Âge, Cohérence grand nonagone : Deuxième Etoile : Calendrier).

Chez Jean d'Arras, le paysage de l'exploit de Geffroy la Grant Dent est assez bien défini aussi. Le Géant Guédon se tient en pays de Guérande : un pays cerné par les eaux. Il habite une grosse tour sur une montagne. La tour est entourée de vastes fossés bien entretenus. Geffroy entre dans la tour, combat contre Guédon et lui coupe la tête qu'il envoie à son père, qui recommande de la porter à Niort, pour être donnée à Mélusine. Mélusine enverra cette tête à La Rochelle pour qu'elle y soit exposée à la porte Guiennoise (Henri Fromage, Légende et paysage, La Leyenda: antropología, historia, literatura : actas del coloquio celebrado en la Casa de Velázquez, 10/11-XI-1986, 1989 - books.google.fr).

Mélusine construisit en plusieurs lieux des villes et châteaux, et fit faire divers grands ouvrages. Poitiers lui doit son cirque et ses aqueducs : elle perça un souterrain de six lieues qui, du château de Lusignan, allait s'ouvrir à Poitiers dans le cirque : elle apporta au dessus de Montbernage la Pierre-Levée de Poitiers : un mamelon ou colline isolée de toutes parts, près de Lusignan, appelée le terrier de Puisay, s'échappa par un trou du tablier de Mélusine, qui apportait aux ouvriers des pierres et du sable pour la construction de son château : les chemins ou chaussées, que par erreur on appelle voies romaines, sont son ouvrage : elle fit édifier à Niort les grosses tours du château, restaura Saintes et la Rochelle, qu'elle fit fortifier, bâtit la tour de Béruges, les châteaux de Parthenay, de Pons, d'Issoudun, de Vouvant, de Mervant, du Parc-Soubise, de Marmande en Touraine, de Talmont, de Caumont, de Salebar près Niort, enfin celui de Sassenage en Dauphiné, où elle a habité assez longtemps pour qu'on y montre encore sa table à manger (Jérémie Babinet, Mélusine, Geoffroy à la Grand 'Dent: légendes poitevines, 1847 - books.google.fr).

La flèche de Notre-Dame de Niort serait par ailleurs l'œuvre de Mélusine.

Les la Trémoille apparaissent comme les premiers bienfaiteurs de Fontgombault. Bien que la seigneurie dont ils portaient le nom ne fut alors que de médiocre importance, et au surplus mouvante des sires de Lusignan à cause de leur seigneurie d'Angles, la famille de la Trémoille jouissait déjà en Poitou d'une grande considération. C'est ainsi que Pierre de la Trémoille, père de Guillaume et d'Audebert, donateurs de Villesalem, comme aussi Audebert lui-même et son frère Josbert, se trouvent aux côtés des ducs d'Aquitaine, comtes de Poitou, en plusieurs circonstances (Jacques de Bascher, Villesalem, l'ermitage fongombaldien et l'origine du prieuré fontevriste, Revue Mabillon, Numéros 307 à 310, 1987 - books.google.fr).

Il ne semble pas que les la Trémoille fussent seigneurs d'Angles; mais seigneurs à Angles.

La terre de Château-Guillaume a pris son nom de Guillaume II de La Trémouille, qui vivait sous Louis le Gros, ou peut-être du deuxième fils que ce seigneur eut de Mélisende, et qui pourrait avoir construit ce château. Il relevait de l'évèque de Poitiers, à cause de la baronnie d'Angles. Il a demeuré près de cinq cents ans dans la maison de La Trémouille, et n'en est sorti que par Jacqueline de La Trémouille, qui le porta dans la maison de Gouftier-Boisy. (Histoire générale de la maison de La Trémouille, par M. de Sainte-marthe, 1607) (Amador Grillon des Chapelles, Esquisses biographiques du département de l'Indre, Tome 2, 1864 - books.google.fr).

Triplicité

La plus ancienne représentation de Déesse triple date de 13 000 ans avant J.-C. Il s'agit de trois personnages féminins de grande taille qui ont été sculptés au-dessus d'un bison sur la paroi d'une grotte située à Angles-sur-l'Anglin, dans le département de la Vienne, en Poitou-Charentes, berceau de Mélusine, juste au nord de Fontgombault (Audrey Fella, Mélusine et l'éternel féminin, 2006 - books.google.fr).

Mise au jour en 1950, le Roc-aux-Sorciers est considérée par beaucoup comme le “Lascaux de la Sculpture”. C'est un abri sous-roche occupé à plusieurs reprises au cours de la période dite du Magdalénien (du nom du lieu-dit “La Madeleine” en Périgord) il y a 15 000 ans. Il se situe dans la Vienne à 1,5 km d’Angles-sur-L’Anglin et comporte des représentations féminines stylisées rares dans l’Art sculpté préhistorique (elebrun.canalblog.com, (www.roc-aux-sorciers.fr).

On a aussi rapproché Mélusine et Mélisende, la petite-fille de Godefroy de Bouillon, fille de Baudouin II, roi de Jérusalem, qui épousa Foulques, comte d'Anjou, baron aussi puissant que le roi de France (Louis VI le gros), redoutable guerrier, administrateur dur et énergique, qui venait de marier son fils Geoffroy Plantagenêt à l'héritière du royaume d'Angleterre. Hormis l'homonymie existant entre les deux noms, rien ne permet cette identification. Pour Henri Dontenville, Mélusine tirerait son nom de la déesse Lucina qui, dans l'Antiquité, présidait aux accouchements. Lusignan se trouve à la bifurcation des chemins Poitiers-Saintes (route de Saint-Jacques) et Poitiers-Niort-La Rochelle. Le nom est attesté dès 929 en vicarea Licinasiensis, ce qui pousse H. Dontenville à émettre l'hypothèse de l'existence en cet endroit d'un domaine gallo-romain qui aurait appartenu à un certain Licinius, dont le nom rappelle celui de Lucina cette déesse présidant également aux carrefours. Cette intéressante thèse ne semble pas avoir été poussée dans la bonne direction. En effet, Lucina est tantôt assimilée à Junon et à Proserpine, tantôt à Diane et à Hécate dont les cultes furent très tôt confondus. En Grèce, Hécate commandait à la mort ; pour Hésiode, c'est une divinité protectrice. Nous rejoignons donc la conjecture de Felix Liebrecht qui dérivait Mélusine de Mélissa, un cognomen d'Artémis, nom grec de Diane (Claude Lecouteux, Mélusine et le chevalier au cygne, 1997 - books.google.fr).

L'art antique a créé deux types pour représenter la triple Hécate, tergeminam Hecaten : tantôt on voit une déesse unique à trois têtes, tantôt, et plus souvent, trois déesses adossées à un même pilier central. Les anciens ont proposé de de cette composition diverses interprétations symboliques entre lesquelles l'opinion des savants modernes hésite encore. M. Petersen pense que la triple Hécate figure les trois divinités du mois lunaire, qui portaient les noms de Séléné, d'Artémis et d'Hécate. La torche (simple ou double) est essentiellement un attribut d'Hécate, mais elle fut aussi donnée de bonne heure à Artémis, identifiée à Hécate en sa qualité de déesse lunaire. En tant que chasseresse, Artémis conserva une individualité distincte dont l'antiquité ne perdit jamais conscience. Toutefois, dans les œuvres d'art qui la représentent avec les deux autres divinités lunaires, c'est la personnalité d'Hécate qui domine et qui s'assimile les deux autres, au point de les absorber complètement cela est particulièrement sensible dans les groupes comme celui d'Amiens, où les trois déesses sont tout à fait identiques et semblent des épreuves tirées d'un même moule. Les Hecataia sont surtout nombreux à Athènes et en Attique, mais on en a rencontré aussi en Asie Mineure, en Italie et dans la vallée du Danube (Robert de Lasteyrie, Album archéologique des musées de province, 1890 - books.google.fr).

Nous pouvons donc retenir de la tradition [...], que des liens d'amitié unissaient Robert d'Arbrissel et Pierre de l'Étoile ; qu'il y eut échange de bons procédés entre le fondateur de Fontevrault et celui de Fontgombault ; et que pour ne pas demeurer l'obligé de Pierre de l'Étoile qui soutenait ses fondations fontevristes dans le Bas-Berry, Robert d'Arbrissel favorisa l'installation de prieurés fontgombaldiens dans le Maine (Jacques de Bascher, Le prieuré de Montlivois à Amné, La Province du Maine, Société des archives historiques du Maine, 1978 - books.google.fr).

Les abbayes de la Trinité de Vendôme et de Pontlevoy, placées sur un axe nonagonal du 11 juillet, possédaient des cuisines monumentales, circulaire pour la première et octogonale pour la seconde. Seules les abbayes bénédictines du bassin de la Loire moyenne avaient ce type de construction, comme Marmoutiers, Tiron, Saint Florent de Saumur à l'origine de Pontlevoy, Saint Père de Chartres, Bourgueil et bien sûr Fontevrault qui est l'unique exemple encore debout, restauré par l'architecte Magne. A Fontgombault, M. Crozet (Bulletin monumental, 1954) a découvert les bases de huit piliers disposés en octogone qui sont vraisemblablement les vestiges d'une cuisine de ce type (Michel Melot, L'abbaye de Fontevrault, LT, 1990, pp. 34-38) (Le Prieuré de Sion : Les axes : Axe du 11 juillet : larmes et lèpre).

Fontevrault se trouve sur un axe nonagonal du 19 mai et Fontgombault sur un axe du 9 avril, où se place le village de Sainte Néomaye.

Les saintes Némoise et Néomaye, qui sont affublées de pattes d'oie pour écarter leurs soupirants, conduisent en effet vers la déesse grecque, Némésis. D'ailleurs, tous ces noms consonnent fort bien entre eux. Némésis est une oie divine grecque ; c'est l'une des filles de Nyx (la Nuit). Aimée de Zeus, elle veut toutefois échapper aux étreintes du dieu. Elle prend de multiples apparences et finit par se transformer en oie. Il ne reste à Zeus qu'à se faire cygne pour s'unir à elle. Némésis pond un œuf que des bergers trouvent et offrent à Léda. De cet œuf, sortent Hélène et les Dioscures. [...]

Au moment, dans le roman de Jean d'Arras, où Mélusine se transforme en oiseau, elle imprime la marque de son pied sur l'embrasure d'une fenêtre au château de Lusignan. [...]

Les trois assistantes de Némésis tiennent le rôle des déesses souveraines qui règlent le destin des humains. Némésis et ses trois « fées » agissent sur le cours des vies exactement comme les Parques ou les Moires grecques, les Macha irlandaises, les Mères gallo-romaines, les Nornes scandinaves. [...]

Comme le note G. Le Scouëzec, le culte de la fécondité s'adapte ici à celui des triplicités cher aux Gaulois, bien avant le christianisme. Il ajoute : "Les Matrones ou mères (matrones, matrae, matres) sont l'une des divinités le plus fréquemment retrouvées en Gaule. Il s'agit d'ordinaire de trois déesses représentées assises et dont l'une, celle du milieu, tient un enfant emmaillotté" (Philippe Walter, Ma mère l'Oie: Mythologie et folklore dans les contes de fées, 2017 - books.google.fr).

L'Eglise de Poitiers fait mémoire de sainte Néomaye ou Néomaye, vierge poitevine du Ve siècle, le 14 janvier.

Généalogie des ducs de Bar

Outre les Lusignan, « Généalogie des rois mérovingiens et origine de diverses familles françaises et étrangères de souche mérovingienne » signé Henri Lobineau, daté de 1956 et déposé en 1964, traitent de la généalogie des ducs de Bar.

Plus on avancera dans cette étude mi-historique, mi-légendaire, on arrivera à la quasi-certitude qu'une des premières dames de Lusignan a pu s'immortaliser sous le nom de Mélusine ou Mère-Lusignan dont le souvenir devait servir à rappeler le fait et le châtiment d'une indiscrétion commise un jour en quelque vieux château de Lusignan ou de Luxembourg. Or donc Mélusine était fille d'Elinas, roi d'Albanie, et de la fée Pressine. Un jour, elle fit enfermer son père en une prison au sommet d'une montagne très haute. Pour venger son mari, Pressine jeta sur sa fille un sort par lequel, tous les samedis, elle devait devenir serpent « dès le nombril en abas ». La malheureuse jeune fille quitta le palais royal et partit à l'aventure. Errant dans la forêt de Colombiers, au pays du Poitou, elle fit la rencontre de Raymondin, seigneur de cette terre, qu'elle séduisit par sa beauté et les qualités de son esprit. Celui-ci lui demanda sa main, qu'elle ne lui accorda, qu'à la condition de n'être jamais visible le samedi. Le mariage se fit grandiosement, et comme par un charme, le château de Lusignan dressa ses tours sur l'horizon poitevin. Mais il arriva qu'un samedi, Raymondin sachant sa femme en son appartement voulut la voir en dépit de sa promesse. Il pratiqua un trou dans la porte avec son épée et il la vit prenant son bain « en une moult grand'cuve de marbre, jusqu'au nombril en signe de femme et peignait ses cheveux, et du nombril en bas en signe de la queue d'une serpente grosse comme un caque à harengs ; et moult longtemps débattait sa queue en l'eau tellement qu'elle la faisoit bondir jusques à la voulte de la chambre. » [...]

On peut donc croire que Mélusine fut une femme typique dont le merveilleux souvenir avait d'abord été retenu assez vaguement, avant que Jehan d'Arras l'ait fixée dans l'ordonnance suivie de l'histoire fabuleuse que l'on sait. [...]

Voilà pourquoi, Marie de France, duchesse de Bar, pria son frère, le duc de Berry, de luy avoir l'histoire de Mélusine qui avait aidé à son éducation à la cour tout en la charmant. C'est alors que Jehan d'Arras arrangea l'immortel roman de la dame-serpente de Lusignan qui devait devenir la fée protectrice du château de Ligny (Camille-Paul Joignon, En plein cœur du Barrois: le comté et la ville de Ligny-en-Barrois, Tome 1, 1951 - books.google.fr).

Le premier comte de Luxembourg, Sigefroi, aurait épousé une fée du nom de Mélusine, sous la condition expresse de ne pas chercher à la voir le samedi (Melusine, Volumes 5 à 7, 1891 - books.google.fr).

Du mariage de Jean le Bon naquirent Marie de France, femme du prince lorrain Robert, duc de Bar, et Jean, duc de Berry. Ce furent le parrain et la marraine de Mélusine.

Marie de France, duchesse de Bar et marquise de Pont-à-Mousson, par son mariage avec le duc Robert, conclu le 4 juin 1364. Le roi Jean II, en 1354, érigea le comté de Bar en duché.

La troisième fille de Robert et de Marie de France, épouse Valéran de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Paul.

La quantité des enfants dont Jean d'Arras gratifie Raimondin et Mélusine correspond à la nombreuse progéniture du duc Robert de Bar et de Marie de France.

Marie l'Egyptienne

Le 9 avril, associée au Sommet en Atlantique, est dédiée, selon l'ancien calendrier, à Marie l'Egyptienne ou d'Egypte. Elle naquit vers l'an 354, et quitta la maison paternelle vers l'âge de douze ans pour se rendre à Alexandrie, où elle devint courtisane par plaisir effréné du lucre. Après 17 ans d'une pareille vie, ayant vu un jour plusieurs personnes se diriger vers la mer, elle demanda où elles allaient ? On lui répondit qu'elles allaient à Jérusalem pour y célébrer l'exaltation de la sainte Croix. Elle s'embarqua avec elles. A son arrivée à Jérusalem, elle ne changea point de conduite; quand le jour de la fête fut venu, elle se rendit avec la foule à l'église où l'on exposait la croix du Sauveur à là vénération des fidèles. Mais lorsqu'elle voulut franchir le portail du saint lieu, elle se trouva repoussée par une force invisible. Elle en conclut que c'était l'abomination de sa vie qui lui fermait l'entrée du temple. Eplorée, elle aperçut, au-dessus du lieu où elle se trouvait, une image de la Mère de Dieu. S'adressant alors à Marie, elle la conjura d'intercéder pour son pardon et lui promit de consacrer au Seigneur le reste de ses jours qu'elle s'engageait à passer dans les austérités de la pénitence. Cette prière remplit Marie d'Egypte de consolation et d'espérance. Celle fois elle put pénétrer dans le lieu saint, et même jusque dans le chœur. Elle entendit une voix qui lui dit : Si tu passes le Jourdain, tu trouveras un parfait repos. Marie se leva aussitôt, et après avoir acheté trois pains chez un boulanger, et demandé quelle était la porte de la ville qui conduisait au Jourdain, elle se mit en route sur-le-champ, et marcha jusqu'au soir, où elle arriva près de l'église de Saint-Jean-Baptiste, située sur la rive du fleuve. Après y avoir fait sa prière et reçu le précieux corps de Notre-Seigneur, elle mangea la moitié d'un de ses pains et se coucha sur la terre pour se reposer. Le lendemain matin elle passa le Jourdain, après s'être recommandée à la sainte Vierge. Marie avait vingt-neuf ans lorsqu'elle se convertit en 383, et elle en passa quarante-sept sans avoir de rapport avec aucun être humain. Après avoir mangé les pains qu'elle avait apportés, elle se nourrit des herbes du désert. Elle luttait contre le souvenir tentateur de ses turpitudes passées. Saint Zozime, qui habitait un monastère près du Jourdain, passa le fleuve vers l'an 430. Après vingt jours de marche il aperçut comme la figure d'un corps humain, ce qui le remplit d'étonnement et de crainte. Lorsqu'il se fut avancé plus près, il vit un être humain dont la peau était noircie par le soleil et les cheveux blancs comme de la laine. Quand il fut à portée de se faire entendre, il le pria de s'arrêter et lui demanda sa bénédiction. Voici la réponse qu'il reçut : Abbé Zozime, je suis une femme, et je ne puis paraître devant vous, parce que je suis nue ; jetez-moi donc votre manteau pour me couvrir, afin que je puisse m'approcher de vous. Zozime, surpris de s'entendre appeler par son nom, ne douta point que cette femme ne l'eût connu par révélation ; il fit donc ce qu'elle lui demandait et lui jeta son manteau. Marie, s'en étant couverte, s'approcha de lui, et après avoir conversé ensemble, ils firent la prière. Ensuite Zozime la conjura, au nom de Jésus-Christ, de lui dire qui elle était, depuis combien de temps elle se trouvait dans le désert et de quelle manière elle y avait vécu. Alors elle lui fit le récit de sa vie. Zozime s'étant aperçu qu'elle se servait, en racontant son histoire, de plusieurs paroles de l'Ecriture, lui demanda si elle avait fait une étude des livres saints. Comment, lui répondit-elle, les aurais-je lues ou entendu lire, puisque vous êtes le seul homme que j'aie vu depuis que je suis dans le désert. Tenez secret ce que je viens de vous dire, jusqu'à ce que Dieu m'ait enlevée de ce monde, et n'oubliez pas dans vos prières, une personne qui en a un si grand besoin. Une grâce que je vous demande encore, c'est de ne point sortir du monastère, selon votre coutume, au commencement du carême prochain; vous tenteriez même inutilement de le faire, parce que vous devez m'apporter le jour de la sainte Cène, le corps et le sang de Jésus Christ sur les bords du Jourdain, du côté qui n'est point habité. Elle s'enfonça ensuite dans le désert après avoir pris congé de Zozime. L'année suivante il se trouva malade, lorsque ses frères, au commencement du carême passèrent le Jourdain, pour se rendre dans le désert, à l'exemple du Sauveur ; ce qui lui rappela ces paroles de la sainte, qu'il ne pourrait sortir du monastère quand même il le voudrait. Le jeudi saint étant arrivé, il se rendit sur le bord du fleuve, avec le corps et le sang de Jésus- Christ qu'il mit dans un petit calice. Le soir, il vit Marie, qui était de l'autre côté du Jourdain, et qui, après avoir formé le signe de la croix, marcha sur l'eau comme si elle eût marché sur la terre. Quand elle fut arrivée près de Zozime, elle lui demanda sa bénédiction el le pria de réciter le Symbole avec l'Oraison dominicale; ayant ensuite reçu la divine eucharistie, elle leva les mains au ciel el dit, en fondant en larmes : C'est maintenant, Seigneur, que vous laisserez mourir en paix votre servante, selon votre parole, puisque mes yeux ont vu le Sauveur de mon âme. Après avoir demandé pardon à Zozime de la peine qu'elle lui avait donnée, elle le pria de revenir l'année suivante, au lieu où il l'avait vue pour la première fois. Elle repassa ensuite le fleuve de la même manière qu'elle l'avait traversé et elle ne voulut accepter de ce que Zozime lui offrait qu'un peu de lentilles. L'année suivante, le saint religieux retourna au désert pour y retrouver Marie, comme il le lui avait promis. Il se proposait de lui demander son nom, question qu'il avait oublié de lui faire jusqu'alors ; mais lorsqu'il fut arrivé au lieu désigné, il la trouva morte. Il aperçut auprès de son corps une inscription écrite sur le sable, qui portait qu'elle s'appelait Marie, qu'elle était morte le jour même qu'elle avait reçu les saints mystères, l'année précédente, et qu'il était prié de l'enterrer dans l'endroit même où elle se trouvait. Pendant que Zozime pensait au moyen de creuser une fosse, on rapporte qu'un lion, qui vint à passer, se chargea du travail et fit, avec ses pattes, un trou suffisant pour recevoir le corps. Après l'avoir dépose dans la terre, il retourna dans son monastère, où il rendit compte des merveilles dont il avait été témoin, et la Vie de la sainte, qui mourut vers l'an 431, âgée d'environ 77 ans (Abbé Pétin, Dictionnaire hagiographique) (Cohérence grand nonagone : Deuxième Etoile : Calendrier).

Mélusine fait défricher les forêts, construire villes et châteaux, ne s'arrêtant que pour mettre au monde, à intervalles réguliers, dix fils, dont les huit premiers sont marqués au visage d'une tare physique : Urien a un œil rouge, l'autre pers, et ses oreilles sont aussi grandes que les anses d'une mesure à grain (van) ; Eudes possède une oreille plus grande que l'autre Guyon n'a pas les deux yeux à la même hauteur ; Antoine porte sur la joue une patte de lion, velue et aux griffes acérées ; Renaud naît borgne ; Geoffroy possède une dent de sanglier qui qui sort de sa bouche de plus d'un pouce ; Fromont a sur le nez une tache « velue comme la peau d'une taupe » ; Horrible est doté de trois yeux. Notons que ces tares sont de moins en moins prononcées, comme si la malédiction pesant sur Mélusine s'affaiblissait, et ses deux derniers fils, Thierry et Raimonet, sont normaux (Claude Lecouteux, Mélusine et le chevalier au cygne, 1997 - books.google.fr).

Antoine est élu duc de Luxembourg par son mariage avec Christine, fille du duc.

La chevelure qui ondule entraîne l'image aquatique et vice-versa ; image particulièrement dynamique par ailleurs ! On ne peut pas imaginer en effet un seul instant que les larmes de Marie-Madeleine puissent s'arrêter de couler, c'est une onde en mouvement qui s'échappe de son corps, une onde réactivée par les boucles de ses cheveux. Associé à toutes ces images nous pourrions retrouver aussi celle du miroir constitué d'abord par la surface de l'eau, là où se mirent la lune et le visage de Mélusine. Evoquant les cheveux et l'eau nous pourrions glisser aussi un mot sur la crinière des chevaux de Poséidon qui ne sont finalement pas très loin, et sans doute pourrions nous trouver ici une tentative d'explication au fait que Mélusine ait pu parfois être évoquée en compagnie d'Epona, ou à tout le moins d'une divinité chevaline. Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas en tout cas sur le plan mythique de rapprocher ces larmes de l'eau dans laquelle Marie l'Egyptienne lave sa chevelure voire de celle dans laquelle Mélusine aime se baigner.

La femme sauvage (Wildfrau) était souvent représentée dans l'état où Madeleine ou Marie l'Egyptienne se trouvaient dans le désert, c'est-à-dire "à peine abritée par une blonde toison de poils frisés qui masque leur nudité laissant toutefois à découvert les seins, les genoux et les pieds". La remarque est de Louis Réau, un auteur qu'on ne peut pas accuser d'être un arrangeur de thèse mythoglogique. Cette assimilation par l'iconographie pour l'instant, de la prostituée, via leurs saintes patronnes, à la femme sauvage pourrait se trouver confortée par le discours d'un Buchard de Worms qui, dans un sermon du Xe siècle, évoque "ces femmes habitant les champs, dites sylphes, ayant un corps matériel. Ces sylphes, quand elles le désirent, se montrent à leurs amants, et prennent leur plaisir avec eux, et quand elles le désirent se cachent et disparaissent." (Bernard Coussée, La folie de Marie Madeleine, Mythologie française: bulletin de la Société de mythologie française, Numéros 190 à 193, 1998 - books.google.fr).

Le nom de Mélusine proviendrait selon des abbés boudetiens d'un nom scythique "Milouziena".

Au XIXe siècle, des historiens poitevins, l'abbé Cousseau en 1845, dans son mémoire sur l'église de Lusignan, et l'abbé Jarlit en 1887, dans un essai sur les « Origines de la légende mélusine », ont soutenu avec chaleur la thèse suivant laquelle ce mythe a été introduit au Ve siècle dans le Poitou par des Sarmates, des Teifales, peuplades scythiques adoratrices d'une déesse à queue de serpent [Echidna] et transférées d'Orient en Gaule par les Romains (Gabriel Gravier, Légendes des Vosges, Tome 1, 1985 - books.google.fr, Abbé Jarlit, Origines de la légende mélusine, Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1887 - books.google.fr).

Mais aussi on peut voir Mélusine comme mi-serpent ("mi-lus" où lus est le nom gaulois du serpent d'eau, ou "mel-lus" : mêlée de lus) (Anne Lombard-Jourdan, Aux origines de carnaval, 2005 - books.google.fr).

Anne de Thessalie

On retrouve Anne, qualifiée de sainte fêtée le 13 juin, de la généalogie des « Les descendants mérovingiens ou l’énigme du Razès Wisigoth » signé « Madeleine Blancasall », dans la généalogie des Lusignan, qui semble s'inspirer de sainte Anne de Thessalie finissant sa vie dans un monastère qu'elle avait fondé à Constantinople au IXème siècle (Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 2 - L’énigme du Razès Wisigoth de Blancasall : Anne de Thessalie).

Hippocrate lui-même joua un rôle diplomatique dans les relations de sa patrie avec Athènes, lors de la Guerre du Péloponèse. Très attaché à la Thessalie, berceau de ses ancêtres où il vécut longtemps, couronné d'or à Athènes pour services rendus à la Grèce, une tradition le fait mourir à l'âge tout à fait respectable de cent-neuf ans. La légende intéresse Mandeville qui ignore son art médical : à preuve le développement qui suit. A son origine je trouve au moins deux éléments historiques et un élément symbolique : le nom d'un des fils d'Hippocrate qui était Dracon - "Drakôn", « serpent » en grec d'où vient notre « dragon » -, et la présence, à Cos, d'un Asklepeion, ou temple d'Asclépios, que Mandeville transforme en palais hanté par le monstre. L'emblème d'Asclépios est la couleuvre qui figure sur le caducée. Ovide rapporte qu'au cours d'une épidémie le dieu apparut à Rome « sous la forme d'un serpent doré portant une haute crête et dont le corps sinueux forme en rampant mille replis sinueux ». Dans l'Asklepeion se trouvait, comme à Epidaure, une fosse où les fidèles jetaient leur offrande aux serpents divins. Disons enfin que dans la tradition éleusinienne, si l'initié parvenait à caresser le serpent de Déméter, celui-ci se transformait en jeune fille désirable. Tous les éléments du conte qui suit sont rassemblés. Le dragon est une réalité pour le savant qu'est Brunet Latin : « C'est le plus grand des serpents et de toutes les bêtes du monde. Quand il sort de sa caverne, il court parmi l'air, celui-ci reluit comme feu ardent. Il a une crête et une petite bouche par où passent sa respiration et sa langue ; sa force n'est pas dans sa bouche, mais dans sa queue. Il y a une telle force que quiconque y est étreint ne peut en réchapper. » Le dragon de Cos n'est pas sans rappeler la légende de Mélusine attachée aux Lusignan, rois dans l'Orient latin, à Jérusalem en 1186, à Chypre de 1192 à 1489. Des femmes-serpents, femmes-dragons, femmes-grenouilles ou femmes-poissons, dotées de pouvoirs magiques, existent, à l'ouest, chez les Irlandais comme chez les Poitevins, à l'est, chez les Grecs, chez les Scythes. La Théogonie d'Hésiode évoque « la divine Echidna au cœur ferme, moitié nymphe aux yeux noirs, aux belles joues, moitié serpent monstrueux, horrible, immense (le dragon de Mandeville a cent toises, deux cents mètres !), aux couleurs variées, nourrie de chairs crues dans les antres de la terre divine ». Elle est la mère de l'hydre de Lerne, de la Sphynge, de Cerbère, de la Chimère, du Lion de Némée. D'infortunées princesses sont transformées en monstres par la colère des déesses jalouses : ainsi Callisto, fille de Lycaon qui avait enfreint son vœu de virginité, fut transformée en ourse par Artémis — la Diane des Latins ; la malheureuse Arachnè, devint « araignée », Mirmyx, fourmi, l'une et l'autre pour avoir offensé Athéna. En Grèce légendes et histoire se mêlent. L'histoire d'Hérodote ressemble à la géographie de Mandeville et tient plus de la chronique et de la rumeur que de Clio ! Héraclès parcourt la Scythie et se fait voler ses chevaux. « A force de marcher çà et là, il rencontra dans une grotte une créature des plus bizarres, mi-femme, mi-serpent. Elle était femme de la tête jusqu'au bassin et serpent au-delà. Il la regarda un bon moment, ahuri : "Vous n'auriez pas vu mes juments ? finit-il par demander. — Si, c'est justement moi qui les ai, répondit-elle, mais je ne les rendrai que si tu couches avec moi." Hercule dut s'exécuter. » (Xavier Walter, Avant les grandes découvertes: une image de la terre au XIVe siècle : le voyage de Mandeville, 1997 - books.google.fr).

La diagonale Ban-Saint-Martin - Briscous

Les Dossiers Lobineau (doc 6) donnent encore une généalogie de la Maison de Broyes d'où sont sortis les seigneurs de Commercy et de Joinville. Ces deux villes sont sur une diagonale des nonagones Ban-Saint-Martin - Briscous. Broyes (Marne) n'est sur aucun tracé.

Si l'on revient à la Basa-Andere, on remarque de plus que le fait de peigner ses longs cheveux d'or la rapproche de Mélusine, la serpente ailée. Les similitudes sont remarquables : la Mère-Luzine et la Basa-Andere aiment toutes les deux les sources et sont symboles de fécondité. Aussi, nombre de légendes basques concernant la Basa-Andere comportent des scènes d'accouchement, et les bergers parlent encore de leurs ancêtres qui se réunissaient à la pleine lune pour chanter la fécondation de la terre et des femmes, louer le Seigneur d'En Haut, Basa-Jaun et la Basa-Andere (Michel Lamy, Histoire secrète du pays basque, 1980 - books.google.fr).

Quelques thèmes communs à la légende des Porcel et au cycle «mélusinien»: le mariage du fondateur du lignage avec une entité féminine féconde et ambivalente, liée d'une manière ou d'une autre au monde animal et marquée d'un coefficient partiellement négatif; aspects plus ou moins zoomorphes des enfants issus de cette union; rivalité entre pouvoir masculin et pouvoir féminin au sujet du contrôle de la descendance et de la reproduction du lignage ; imposition d'un ordre patriarcal perçue comme passage civilisateur d'un chaos initial à la culture et à la société réglée ; transgression d'un tabou et exclusion finale de la mère, à qui ses enfants sont soustraits (dans le cas des Porcel c'est la mère, non le père, qui commet la transgression en insultant la mendiante dont la malédiction déterminera sa grossesse multiple : il y a dédoublement de l'instance maternelle par dissociation de ses aspects négatifs et positifs respectivement projetés sur deux personnages différents à la fois analogues et antagoniques). Voir G.E. Pillard, La Déesse Mélusine - mythologie d'une fée, Maulévrier, Hérault, 1989. Des analogies secondaires sont repérables entre l'histoire des Porcel et la version ibérique du cycle mélusinien que représente la mythologie basque concernant Mari: mariée à un mortel elle a de lui sept enfants, entre en conflit avec son époux au sujet de l'éducation et de l'appartenance patri - ou matri - linéaire des enfants, et finit par disparaître sous terre (voir l'engloutissement de la mère des Infants de Lara dans les versions folkoriques de la geste). Voir A. Aranzadi, Milenarismo Vasco, Madrid, Taurus, 1981, p. 317-336 (en particulier p. 332) et J.R. Prieto Lasa, Las leyendas de los Senores de Vizcaya y la tradicion melusiniana, Madrid, Seminario Menendez Pidal, 1994, passim (François Delpech, Légendes généalogiques et mythologie porcine, Mythologies du porc, 1999 - books.google.fr).

Mélancolie

Les anciens appelaient la mélancolie le bain du diable, à ce que disent quelques démonomanes Les personnes mélancoliques étaient au moins maléficiées, quand elles n'étaient pas démoniaques; et les choses qui dissipaient l'humeur mélancolique, comme faisait la musique sur l'esprit de Saül, passaient pour des moyens sûrs de soulager les possédés (Dictionnaire des sciences occultes, Tome 2, Encyclopédie théologique, Tome 49, Migne, 1860 - books.google.fr).

Le samedi de Mélusine serait sabbatique. C'est un samedi que Mélusine s'envole sous sa forme de serpente. La malédiction qu'elle lance ressemble à celle de toutes les sorcières jetant leurs maléfices. L'envol de Mélusine est aussi sabbatique puisqu'elle semble suivre la même voie aérienne que les sorcières se rendant au sabbat à la suite de la déesse Diane. Des condamnations régulières d'évêques dénoncent de telles ascensions aériennes. D'après eux, elles émanent de possédés en proie à une fureur frénétique. On sait aussi que ce voyage dans les airs est un trait chamanique. Les réapparitions régulières de Mélusine avant le décès d'un Lusignan font également penser à certaines irruptions des cohortes de la nuit qui viennent emmener leur proie dans l'autre monde. À maints égards, une interprétation chamanique de la métamorphose sabbatique de Mélusine serait possible, d'autant que le rapport aux animaux est, lui aussi, essentiel dans le chamanisme. Le roman de Jean d'Arras se réfère explicitement à l'astrologie, curiosité universelle à la fin du Moyen Âge. Le samedi est le jour de Saturne, le dieu boiteux qui se caractérise par des problèmes de pieds et de jambes. Or, le samedi Mélusine perd justement ses pieds et ses jambes ! En astrologie, Saturne est la figure de l'exil et de la mélancolie, mais c'est aussi le mage de la connaissance. Mélusine est fille de Saturne. Comme lui, elle a été exilée de son royaume originel pour vivre parmi les hommes. Comme lui, elle a des problèmes avec ses jambes. Comme lui, elle appartient à ce temps inversé (le temps de Cronos mais aussi des géants) qui, selon Platon, s'oppose au temps de Zeus (Philippe Walter, La Fée Mélusine : Le serpent et l'oiseau, 2008 - books.google.fr, Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : Vélasquez).

L'union des Eglises et théologie

Le 9 avril est une des dates possibles de Pâques.

Les artisans de la confrérie de saint Crépin ont des liens avec toutes sortes de créatures féeriques, Mélusine par exemple : ce sont des cordonniers sans aucun doute qui sont venus délimiter à Lusignan le futur domaine de Raymondin qui doit correspondre «seulement» à la grandeur d'une peau de cerf. On connaît la ruse qu'ils ont déployée : grâce à leur habileté, ils sont parvenus à découper la peau en une lamelle d'une seule pièce si fine qu'elle a permis de circonscrire et d'enclore un immense territoire tout en respectant l'injonction : pas plus grand qu'une peau de cerf ! Dans d'anciennes mythologies, le cordonnier entretenait des relations privilégiées avec Lug, le dieu de la lumière, ce que le toponyme de Lusignan, le domaine de Mélusine, souligne d'ailleurs : pour les Celtes, le dieu soleil est le patron des cordonniers. Le lien avec les cycles cosmiques en devient évident. Des croyances répandues en France, au pays de Galles, en Irlande et dans les pays slaves reprennent cette mémoire et expriment ces cohérences : « Le matin de Pâques [...] on peut voir le soleil [nouveau] danser à son lever. Le plus souvent, il faut pour cela grimper au sommet d'une éminence, nouvel exemple des liens étroits qui unissent les hauteurs aux cultes solaires. Certaines paroles chantées à cette occasion en Lettonie [...] sont caractéristiques : “le soleil danse sur une montagne d'argent ; il a des bottines d'argent aux pieds.” Si l' on veut bien se souvenir que, du folklore et de la poésie aux spéculations des hermétistes et des alchimistes, l'argent est toujours rapporté à l'astre des nuits, on sera en droit de modifier légèrement le refrain. On comprendra mieux ainsi pourquoi le dieu gallois Lleu fabrique des souliers dorés à l'exclusion de tous les autres » (J. Gricourt, « L'Oronyme “Soleille-Bœuf”. Les cultes solaires et le soleil, patron des cordonniers (Prolégomènes à une étude du dieu Lug) », Ogam, t. VII, février 1955, pp. 63-78, p. 70) (Karin Ueltschi, Histoire véridique du Père Noël du traîneau à la hotte, 2012 - books.google.fr).

En écrivant pour un prince des fleurs de lys, Jehan d'Arras ne pouvait que demeurer très orthodoxe en présentant une Mélusine qui n'avait rien d'hérétique et de païen ; somme toute l'aïeule mythique des Lusignan ne pouvait et ne devait pas plus compromettre sa noble lignée et le duc de Berry à qui était dédiée son histoire, que Jeanne d'Arc, traitée en sorcière par les anglais, ne pouvait et ne devait pas compromettre, quelque trente ans plus tard, Charles VII et le royaume de France. En nous présentant sa Mélusine comme bonne catholique, Jehan d'Arras obéit donc au souci majeur qu'avaient de son temps la maison de France et les classes dirigeantes, de ne point pactiser avec l'erreur, alors que tout était trouble dans le domaine religieux (Pierre Martin-Civat, Le très simple secret de Mélusine: mythique aïeule des Lusignan, 1969 - books.google.fr).

Jean d’Arras, né à Cambrai et mort à Mons, est un écrivain français de la fin du XIVe siècle, auteur de la première version écrite, un roman en prose, de la légende de la fée Mélusine, fondatrice de la famille des Lusignan. Cet auteur reste mal connu : il est de l’entourage du duc de Berry et pourrait avoir été un libraire-relieur travaillant à son service. Il enseigna la philosophie à Douai et la théologie à Saint-Omer (fr.wikipedia.org - Jean d'Arras).

La relation d'Ogerius, protonotaire de Michel Paléologue, remise a Marcus et Marchetus, porteurs des lettres papales, nous parle d'un concile qui se réunit hors des provinces soumises au basileus dans le but de combattre la paix religieuse conclue entre Rome et Constantinople lors du Concile de Lyon de 1274. Y prirent part une centaine de moines, plusieurs higoumènes (abbates) et huit évèques. L'anathème fut jeté contre les promoteurs de l'union, le Souverain Pontife, l'empereur et le patriarche de Constantinople. [...] C'est [...] en Thessalie que se tint le concile. Préciser davantage est difficile et relève du domaine des hypothèses (Venance Grumel, En Orient après le II° concile de Lyon - Brèves notes d'histoire et de chronologie.. In: Échos d'Orient, tome 24, n°139, 1925 - www.persee.fr).

Après la mort de Michel VIII, l'empereur Andronic II abolit l'union avec l'Église de Rome et rétablit au trône patriarcal le "presque mort", Joseph. Le retour de Joseph signifia le triomphe de l'une des deux branches de l'opposition à l'union, celle des Joséphites, tandis que l'autre, celle des partisans d'Arsène, considéra ce rétablissement comme un sacrilège. En effet, les calculs de l'empereur Andronic II, pour clore l'affaire de l'union et ramener la paix à l'Église byzantine, étaient faussés par la réaction des Arsénites. A l'effort d'Andronic II de les amener à se pacifier avec le patriarche, les Arsénites répondirent que Joseph n'était même pas digne d'être traité comme chrétien. La démission et la mort du patriarche Joseph, en mars 1283, offrirent à l'empereur l'occasion d'avoir des contacts suivis avec eux. Andronic II leur délivra, pour qu'ils accomplissent leur devoirs religieux, l'église de Tous-les-Saints, une église «propre», puisque aucune cérémonie n'y avait été effectuée pendant longtemps.

A Atramyttion, en février 1284, furent réunis l'empereur, le patriarche, les partisans de Joseph, les Arsénites, dont les plus notables étaient Hyacinthe, les moines qui furent aveuglés par Michel VIII et Jean Tarchaneiotès, les dignitaires de l'État ainsi que les membres de la famille impériale, partisans des deux sectes. Pendant quarante jours l'empereur essayait de mettre en accord les deux partis. On sait que certains Arsénites, le moine Hyacinthe et ses partisans, proposèrent encore une ordalie, par laquelle la position de l'une des deux parties serait validée. On sait aussi que les deux papiers, où étaient écrits les thèses des deux parties, furent brûlés. L'empereur s'empressa d'amener les Arsénites, (con)vaincus, au patriarche, pour qu'ils communient de sa main, une façon de dire qu'ils se soumettaient à lui. Le patriarche, qui apparemment n'était pas d'accord avec l'ordalie, émit une circulaire, où l'épreuve fut qualifiée de "theosèmia tranotatè", pour annoncer la réunion des Arsénites avec l'Église. [...] Cette excommunication fonctionna d'une façon négative; elle fut le prétexte pour que les Arsénites se séparent du patriarche. [...]

Les Arsénites l'accusèrent d'avoir été partisan de l'union, car non seulement il était employé au palais pendant le règne de Michel VIII, mais aussi parce que, disaient-ils, Grégoire fut nommé lecteur par les Latins, à son pays natal, Chypre (Paris Gounaridis, La canonisation du patriarche Joseph, 2007).

La fin du synode d'Atramyttion a lieu les 8-9 avril 1284, le 9 avril étant le jour de Pâques.

Georges est né vers 1240 à Chypre, qui depuis 1192 était sous la domination des Lusignan. Après un séjour à Nicosie, où il a frequente l'école de l'archevèque latin de la ville, vers 1259, il part, pris par le désir des études grecques et contre la volonté de ses parents, pour le territoire de l'Empire de Nicée. Ses tentatives pour être admis parmi les élèves du célèbre Nicéphore Blemmyde, près d'Éphèse, ayant échoué, il se rend à Nicée, où il étudie la grammaire et la poesie, en méme temps qu'il découvre son inclination pour la vie religieuse. Mais déçu de la qualité de l'enseignement, il quitte Nicée pour Constantinople, où il arrive vers 1261, peut-être tout juste après la reprise de la ville par Michel VIII Paléologue. Il s'inscrit à l'école d'administration dirigée par le Grand Logothète Georges Acropolite, chez qui il étudie, entre 1264 et 1271, la rhétorique et la philosophie. Devenu, à la fin de ses études, membre actif de l'administration impériale et du clergé palatin, il est honoré du titre de Protoapostolarios. De 1271 à 1283 il enseigne au Monastère de l'Akataleptos, où il réside. D'abord employé au projet unioniste de Michel VIII — projet qui aboutit au Concile de Lyon (1274) -, il a su vers la fin du règne se tenir éloigné des compromissions doctrinales (Basile Markesinis, Le Monacensis GR 225, ff. 1r-40v, et Georges de Chypre alias Grégoire II de Constantinople, Bollettino della Badia Greca di Grottaferrata, Volume 54, 2000 - books.google.fr).

Chypre fut une île que les Français occupèrent de 1192 à 1489. Richard Cœur de lion la conquit puis la vendit aux Chevaliers du Temple avant que la famille de Lusignan ne l'acquît. D'origine française, les Lusignan importèrent leur culture à Chypre et la marièrent à la tradition grecque et orthodoxe existante. Ils construisirent notamment l'église Sainte-Sophie en prenant modèle, pour le chœur, sur Notre-Dame de Paris. Il est intéressant de noter la permanence d'un culte à la déesse de l'amour sur l'île de Chypre à travers des traditions différentes. Tout d'abord, le fait que la famille régnante pendant trois siècles environ se nomme Lusignan évoque non pas une déesse dans le sens où l'Antiquité grecque peut l'entendre mais un personnage plus populaire, la fée Mélusine, héroïne d'une histoire d'amour qui présente des points de ressemblance avec l'épisode des Métamorphoses d'Ovide intitulé «Amour et Psyché». En effet, dans la légende, Mélusine accorde sa main à son prétendant à condition qu'il accepte de ne pas voir son épouse le samedi. Après plusieurs années de patience, l'époux brise son vœu et surprend Mélusine qui a pris la forme d'un serpent. Mélusine disparaît. Par ailleurs, nous avons noté la relation qu'entretient Vénus avec Athéna ou la Sagesse, notamment dans L'Ane d'or où la déesse représente la connaissance révélée. Or, à Chypre, l'église que les Lusignan font bâtir est dédiée à sainte Sophie dont le nom, en grec, désigne la Sagesse. Alors que Paris s'avère la ville d'Isis selon les historiens, et donc de Vénus, si l'on tient compte de l'analogie qui s'établit entre les deux déesses appartenant à des cultes différents, Chypre qui désigne l'île d'Aphrodite renvoie à Notre-Dame de Paris par l'architecture de son église, autrement dit à la Vierge. Ainsi s'étagent, sur un même emplacement, des modes de vénération propres à chaque tradition mais convergeant toujours vers la femme divinisée (Clarisse Réquéna, Unité et dualité dans l'oeuvre de Prosper Mérimée: Mythe et récit, 2000 - books.google.fr).

Il serait possible de retrouver des allusions aux Lusignans, à leurs possessions chypriotes et arméniennes dans l'espace du cercle et de la Croix des Prophètes entre Rennes le Château et Rennes les Bains (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Les Quatres Reines, histoire et jeu de cartes).

Selon les Documents Lobineau de 1967, l'année 1284 voit le début du règne nominatif de Charles d'Anjou sur le royaume de Jérusalem par son mariage en 1277 avec Marie, petite-fille, par Mélisende, d'Amaury II de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem. En fait, les femmes de Charles Ier sont Béatrice de Provence et Marguerite de Bourgogne. C'est une date que l'on retrouve dans la Chronologie du Traité d'Etudes byzantines (1958).

Charles II est reconnu roi de Jérusalem à Acre en 1284-1285, alors que son père l'y fut aussi de 1277 à 1285 (Traité d'études byzantines, Tome 1, 1958 - books.google.fr).

C’est la Haute Cour d’Acre qui examine les deux prétentions et qui tranche en faveur d’Hugues III, mais Marie d’Antioche ne renonce pas et continue à porter le titre de reine de Jérusalem. Elle fait appel au pape Grégoire X, qui examine sa requête au cours du concile de Lyon en 1274 où avait été promulguée l'union de l'Eglises catholique et l'Eglise orthodoxe de Michel VIII Paléologue, et qui rend le même verdict que la Haute Cour d’Acre.

En janvier 1277, Charles Ier d’Anjou, roi de Sicile rachète à Marie d’Antioche ses droits au trône de Jérusalem, moyennant une rente annuelle de quatre mille livres tournois (fr.wikipedia.org - Liste des rois de Jérusalem, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Les Quatres Reines, histoire et jeu de cartes).

Atramyttium et la nymphe Abarbaréé

Selon Pline l'Ancien : "dans ce parage le mont Ida, et, sur la côte, Adramytteos, jadis appelée Pedasus, qui donne son nom au golfe et à la juridiction" (Histoire Naturelle, Livre V, c. XXII) (Histoire naturelle de Pline avec la traduction en français par Emile Littré, Tome 1, 1848 - books.google.fr).

C'est dans le voisinage du cap Lectum, à l'angle de la côte, que Strabon signale l'emplacement de la ville de Pédase encore alors montré aux voyageurs, ville qu'Homère disait appartenir aux Lélèges, gouvernés par Altée, sur un terrain qu'arrosait le Satnioeis. Le royaume lélège de Pédasos se trouvait, du vivant de Strabon, remplacé en partie par le territoire d'Assos, dont la position est bien connue. Au sud, les Lélèges bordaient la mer ; ils s'étendaient, à l'ouest, jusqu'au canton d'Amaxitos, à l'est jusqu'auprès d'Antandre, et ils étaient bornés au nord par le royaume dardanien. A Antandre, commençait le territoire cilicien, qui occupait la côte vers le fond du golfe d'Adramytti. [...] Les Etats d'Ilion, de Dardanie, de Pédase, et leur voisin le peuple de Mysie, nommé quatre fois dans l'Iliade comme allié de Priam, mais sans détails géographiques, sont nommés aussi dans un document que nous possédons. Le poème de Pentaour, daté de la septième année de Ramsès II (Sésostris), c'est-à-dire du XIVe ou du XVe siècle avant Jésus-Christ, nomme expressément parmi les alliés des Khétas de Syrie, dans la campagne de la cinquième année de de Ramsès, les habitants de Masa, de Pidasa, d'Iluna et de Dardeni, ainsi que les Leka ou Lyciens. [...] Les éléments linguistiques de la Pédasos d'Homère correspondant, avec une exactitude rigoureuse, à ceux du nom hiéroglyphique. Maspéro fait observer de plus que c'est bien de la Pédasos de Troade qu'il s'agit, dans le poème de Pentaour comme dans celui d'Homère, et non du Pédasa de Carie, fondé après la guerre de Troie, et par conséquent n'existant pas encore durant la vie du poète égyptien (Félix Robiou, Questions homériques, La Troade méridionale, Sciences historiques et philologiques, Volume 27, 1876 - books.google.fr).

Polydore, ou Polydoras, le plus jeune des fils de Priam, avoit pour mere, suivant le prince des poètes, Laothoé, fille d'Altès, roi de Pédase. Briséis ou Hippodamie, fille de Brisès, roi ou prêtre lélège de Lyrnesse, fut épousée par Achille quand celui-ci prit la ville. Agamemnon la lui vola, et Achille refusa de combattre les Troyens jusqu'à lamort de Patrocle. Selon Dictys de Crète, Brisès avait sa résidence à Pédasos et se pendit pour n'avoir pu résister aux Grecs. Pour d'autres, Brisès, roi de Pédasos, n'était pas le père d'Hippodamie dont le père était prêtre de Zeus à Lyrnesse (Dictionnaire portatif de la fable, A - F, Tome 1, 1801 - books.google.fr).

Abarbaréé est une naïade, elle s'est unie à Boukolion, le 'bouvier', qui garde néanmoins des moutons. Leur aventure évoque des récits que l'on trouve à l'origine de plusieurs familles illustres. Aisépos et Pédasos sont deux héros éponymes. Ils auraient pu être à l'origine d'une vaste descendance. Le domaine des eaux courantes, propres aux naïades, exprime l'abondance, la richesse, que l'on retrouve du côté de Boukolion, fils aîné d'un roi puissant et possesseur de troupeaux. L'union d'Abarbaréé et de Boukolion a quelque chose de furtif, l'impression est renforcée par l'allusion à la naissance, non moins furtive du héros. Le bref tableau de l'Iliade suggère une richesse jaillissante, mais mal dominée. Le thème revient souvent dans le camp troyen. Abarbaréé est la seule héroïne, du côté troyen, à porter un nom sûrement étranger au grec. L'idylle de Boukolion, 'le bouvier', constitue une légende à part. Leurs deux fils, Aisépos et Pédasos, des jumeaux, portent les noms d'un fleuve et d'une ville de Troade, apparemment éloignés l'un de l'autre, encore que le site exact de Pédasos reste mysterieux. Ceci ressemble a beaucoup de légendes étiologiques, où la mère du héros éponyme est une nymphe. Il est possible que le thème représente un récit mythique bien connu en Asie Mineure et qui aurait été transposé dans l'épopée homérique. Le caractère étranger au grec du nom d'Abarbaréé conduirait à pencher pour cette solution. Comme tous ces noms ne sont pas d'emploi formulaire, le récit semble ne pas être très ancien dans la tradition épique. Il pourrait, s'il vient bien d'Asie Mineure, y avoir été introduit par des Eoliens ou des Ioniens qui fréquentaient les rivages asiatiques. De toute façon, le nom de Boukolion implique une hellénisation de la légende. [...]

Le nom évoque "barbaros" ou "borboros" (boue, fange) mais il est plus tentant de chercher une étymologie en dehors du grec. Des mots du même genre ont été signalés en illyrien : Hans Krahe le rapproche de metu-barbis 'entre des marécages', nom d'une île au milieu de la Save (Paul Wathelet, Dictionnaire des Troyens de l'Iliade, Tome 1, 1988 - books.google.fr).

Le Marais de Mélusine nous savons de reste qu'il est le Marais poitevin. Rabelais nous le dit dans Pantagruel. Relisons-en le chapitre V, père de tous les guides touristiques : « Visitez Vouvant, Mervant, Lusignan, Collonges, Melles, Fontenay-le-Comte, Maillezais... A Vouvant vous verrez l'empreinte du pied de Mélusine sur une fenêtre et à l'église de Maillezais la portraiture de Geoffroy à la grande Dent qui est l'aïeul de Pantagruel. » (Camille Vigouroux, Mélusine en Auvergne, Revue d'Auvergne, Tome 71, 1957 - books.google.fr).

Sans doute, la fondation de nombreuses villes d'Asie Mineure doit être en rapport avec des nymphes.

Pour reprendre la ville de Lusignan aux Anglais, Jean de Berry fit un voeu à saint Germain l'Auxerrois. La légende dorée dit de ce saint qu'il fit roi d'Angleterre un bouvier car le précédent roi lui avait refusé l'hospitalité (Françoise Autrand, Jean de Berry, 2000 - books.google.fr).

Abarbaréé - Barbara - Mélusine

Le comte de Baudissin (Etude sur l'histoire de la religion sémitique) rapproche ingénieusement la nymphe Abarbarea, l'une des trois sources placées par Nonnus dans le voisinage de Tyr, de la sainte Barbara, dont le culte est si répandu en Syrie. M. Nœldeke, dans un excellent article consacré au livre de M. B., fait à ce rapprochement une objection qui peut être, il me semble, écartée ou tout au moins atténuée, si l'on admet entre la sainte mythique, la nymphe de Nonnus, et la nymphe de l'Iliade, non pas une identité réelle, mais une de ces paronomasies si chères à l'antiquité (Charles Clermont Ganneau, Revue critique d'histoire et de littérature, 1879 - books.google.fr).

Les traits mélusiniens — Mélusine est mi-chair mi-serpente — de sainte Barbe n'ont pas échappé aux mythologues français. Dioscure, son père, jaloux, l'isole dans une tour. Elle y admire la beauté des astres et en déduit que les idoles astrales qui ornent sa retraite n'offrent qu'un pâle reflet de l'œuvre d'un grand architecte inconnu. Son père lui dépêche des maçons qui doivent aménager un bain. On pense au bain de la reine Pédauque ou de Mélusine. Barbe exige, en l'honneur de la Trinité, qu'une troisième fenêtre soit percée. L'ethnoastronomie montre que de pareils dispositifs, présents dans les légendes de Mélusine et de Lucie, servaient de repères astronomiques élémentaires (Leboeuf). Ainsi dans le transept sud de la cathédrale de Chartres, à midi de la Saint-Jean d'été, le soleil, passant à travers la minuscule ouverture d'un vitrail, frappe sur un clou de bronze. A San-Miniato de Florence, par la vertu d'un dispositif identique, le jour de la fête du saint, le gros orteil d'or du Christ en majesté de la mosaïque du chœur s'illumine. Rien de mystérieux à cela. En montagne surtout, où les reliefs accentuent la précision de l'éclairement, certains paysans peuvent dresser sur carte un véritable calendrier des champs atteints par le soleil ou par l'ombre, à telle ou telle date, à telle ou telle heure. (De même, la savante sainte Catherine est fille de Sabinella ; les Sabéens sont les adorateurs des étoiles et les maîtres des sciences divines) (Claude Gaignebet, Barbe et Nicolas, De la tradition à la post-modernité: hommage à Jean Poirier, 1996 - books.google.fr).

Dans la légende de sainte Barbe en effet, on construit une maison de bains, près ou dans la tour, à sa demande ou à celle de son père (La Légende dorée de Jacques de Voragine, traduite du latin, Deuxième série, 1843 - books.google.fr, François Giry, La vie des saints dont on fait l'office dans le cours de l'année, Tome II, 1703 - books.google.fr).

Dans le Roman de Mélusine de Jean d'Arras, Raimondin et Mélusine se rencontrent à la Fontaine de la Soif, est en présence de Palatine et Mélior, ses deux sœurs. Leur mère Présine leur a toutes jeté un sort. Comme nous le savons, l'enchantement de Mélusine est de se transformer en serpent / dragon tous les samedis. C'est à ce moment qu'elle prend son bain. Elle offre sa main et sa large dot à Raimondin, à condition qu'il respecte l'ordre de ne pas la voir lors de sa transformation. Des années plus tard, le roi ne le respecte pas et perd tout, y compris son épouse qui s'envole de la tour du château familial (Julie Grenon-Morin, Femme ou fée ? Mélior dans Partonopeu de Blois, 2009-2010 - www.memoireonline.com).

Le château de Lusignan fut démoli par Henri III en 1575, et la tour Mélusine qui avait survécu fut rasée à son tour en 1622 (Jacques Le Goff, Héros et Merveilles du Moyen Age, 2013 - books.google.fr).

Le bain de Diane

Dans le fond du golfe et non loin d'Adramyttium nous devons mentionner la ville d'Astyra avec un temple de Diane Astyrène situé dans un bois sacré et propriété des habitants d'Antandros. Ce lieu est aujourd'hui inconnu; on pourrait en retrouver l'emplacement sur a côte nord du golfe. Près d'Astyra il y avait un lac nommé Sapra plein de gouffres et dont les eaux se déchargeaient dans un endroit du rivage bordé de rochers; toutes ces indications permettraient de retrouver le site d'Astyra (Philippe Le Bas, Asie Mineure, Tome 1, Tome 11 de L'univers pittoresque, Histoire et description de tous les peuples, 1862 - books.google.fr).

En arrière du territoire d'Abydos, et en pleine Troade, est la ville d'Astyra : cette ville, aujourd'hui en ruines et dépendante des Abydéniens, jouissait anciennement de son autonomie et possédait de riches mines d'or ; mais celles-ci, avec le temps, sont devenues rares, les gisements s'étant épuisés là, comme dans le Tmolus aux environs du Pactole. [...] Le bourg d'Astyra [a un] enclos sacré de Diane Astyrène [administré et desservi avec piété par les Antandriens, qui en sont les plus proches voisins] ; et, immédiatement après Astyra, la ville d'Adramyttium, colonie athénienne, pourvue d'un port et d'un arsenal maritime (Strabon, Géographie XIII,1 La Troade - mediterranees.net).

L'eau la plus bleue que j'ai vue est celle des Thermopyles; mais elle ne paroît bien bleue que dans des baignoires, qui sont des vases à l'usage des femmes. S'il y a des eaux bleues, il y en a aussi qui sont rouges comme du sang; on en voit de cette couleur dans le pays des Hébreux auprès de Joppé vers la mer. Les gens du lieu disent que Persée s'étant ensanglanté en tuant le monstre marin auquel on avoit exposé la fille de Céphée, il se lava dans cette fontaine, et que c'est ce qui a rougi ses eaux. J'en ai vu aussi de noires à Astyra ; ce sont des bains d'eaux chaudes vis-à-vis de Lesbos, près d'un bourg que l'on nomme Atarné, et qui fut donné par le roi de Perse aux habitans de Chio pour récompense de ce qu'ils lui avoient livré un Lydien nommé Pactyas, qui s'étoit refugié chez eux (Livre IV) (Pausanias, Périégèse Ou Voyage Historique De La Grèce, Tome 2, 1794 - books.google.fr).

Le bain, [...] c'est l'affrontement brutal de la nymphe et du satyre, Actéon surprenant Diane au bain, Suzanne épiée par deux vieillards lubriques, la promenade nocturne de David sur une terrasse d'où il découvre Bethsabée dans sa nudité glorieuse, Judith se baignant et se parant avant d'affronter Holopherne, Mélusine se dérobant sans succès au regard de son noble époux, et finalement les images publicitaires d'une Belle époque encore peu séduite par les principes hygiénistes (Jacques Bethemont, Les mots de l'eau: dictionnaire des eaux douces : de la métrique à la symbolique, 2012 - books.google.fr).

La violation du secret divin de sa femme vaut à Raymondin, comme à Actéon dans le mythe de Diane, un châtiment exemplaire. C'est en conservant sa double nature sur terre que la fée apporte richesse, gloire et fécondité. C'est en conservant son secret intime qu'elle reste investie de son pouvoir procréateur. Le tabou imposé par Mélusine à son mari somme l'homme de se tenir sous la dépendance de cette femme surnaturelle. Le mythe mélusinien repose fondamentalement sur l'acceptation par l'homme de la suprématie d'un pouvoir féminin de droit divin. La transgression entraîne la violation du secret fondant la supériorité divine de Mélusine et provoque la disparition de la fée. Dès lors, la société masculine reprend ses droits et le pouvoir féminin semble aboli (Philippe Walter, La Fée Mélusine : Le serpent et l'oiseau, 2008 - books.google.fr).

Le mythe de Mélusine emprunte certains traits au Bain de Diane, à l'onde et au regard, au guetteur, masqué derrière un rideau. Alors que Diane, nue, abandonne les attributs qui font sa force, tout en étant veillée par la meute. Elle n'est donc simple mortelle offerte à la nature. Soumise un temps à la vue de l'homme, fasciné par l'éclat du nu magique, est-elle à ce point attente ? (René de Solier, Architecture : Image et vitrail, Monde nouveau-paru, Numéros 102 à 106, 1956 - books.google.fr).

En beaucoup d'endroits d'Espagne et de France, la toponymie indique la mystérieuse présence de ces créatures féminisées : aux « xanas » des Asturies (déformation pour « dianae ») et « donas d'aigua » de Catalogne,, il nous faut ajouter, sur le versant nord des Pyrénées, les Demoiselles et les « encantats » (enchantées), en Ardèche les « dames noires», toujours proches des sources, des grottes, des eaux souterraines. Sous cette forme, la sirène est une image chtonienne liée, comme le dragon, à l'eau noire, liée aussi à la nuit et à la lune. Le flux menstruel de la femme, comme le rythme des marées, dépend de la lune, ainsi indissolublement jointe à la mort et à la féminité. Ces séductrices peuvent se changer en femmes, ces chanteuses sont parfois des lavandières, parfois, assises sur un rocher, elles peignent leurs cheveux avec un peigne d'or, un miroir à la main. Parfois, elles se mêlent aux hommes, mais l'aventure finit par une déception, le cadeau de pièces d'or devient vite une poignée de feuilles sèches et l'époux amoureux, transgressant le tabou imposé par sa femme fée, se retrouve délaissé et solitaire. Car Mélusine, métamorphosée en mortelle, peut procréer. Être de la nature, en devenant mère, elle associe ses descendants à leur sol natal et donne à sa progéniture une mixité d'essence surnaturelle qui les élève au-dessus des simples humains. Comme le saint dans une famille, elle devient l'honneur de sa lignée (Annie Cazenave, Monstres et merveilles, Ethnologie française, Volume 9, 1979 - books.google.fr).

Ainsi, le sang menstruel, ou « eaux mères », lié comme nous l'avons dit aux épiphanies de la mort lunaire, est le symbole parfait de l'eau noire. Dans le domaine religieux, le bain évoque à la fois le bain purificateur chez les juifs et le baptême chez les chrétiens. Dans la Bible, l'enseignement du chapitre du Lévitique concernant « les règles relatives au pur et à l'impur » repose sur de très anciens interdits religieux. Parmi les rites de purification auxquels la femme doit se soumettre, il y a le bain de purification menstruelle des femmes mariées. "Le Lévitique nous enseigne que le sang du flux féminin est impur et prescrit minutieusement la conduite à suivre pendant la période menstruelle. De nos jours encore, les paysans européens ne permettent pas à une femme de toucher au beurre, au lait, au vin ou à la viande à ce moment précis, de peur que ces aliments ne deviennent impropres à la consommation" (Françoise Clier-Colombani, La fée Mélusine au Moyen Âge: images, mythes et symboles, 1991 - books.google.fr).

Il y a tout un complexe reliant le sel, les menstrues, les porcidés et la lèpre (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Des psaumes et l’inverse du Cercle des Prophètes, (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le retable de saint Martin de Cassaignes).

Autres saintes « pédauques », sainte Neomaye de Sambain (près de Lusignan !) dont le nom signifie nouvelle lune, reçoit de Dieu une patte d'oie, symbole de la lèpre, moyen efficace pour éloigner ses galants trop empressés (Françoise Clier-Colombani, La fée Mélusine au Moyen Âge: images, mythes et symboles, 1991 - books.google.fr).

Près du fleuve Caïque est le mont Teuthras, ainsi appelé du nom d'un roi de Mysie qui étant allé chasser sur le mont Thrasylle, et ayant lancé un sanglier énorme, se mit à le poursuivre avec toute sa suite. L’animal eut le temps de se jeter en quelque sorte comme suppliant dans le temple de Diane Orthosie. Tous les chasseurs se disposaient à l'y forcer, quand le sanglier s’écria d'une voix humaine très intelligible : "Prince, épargnez le nourrisson de la déesse". Mais Teuthras se dressant fièrement sur ses pieds, tua l'animal. La déesse, irritée de ce mépris, rendit la vie à la bête, et pour punir Teuthras elle le frappa de la lèpre et le rendit furieux. Ce prince, honteux de son état, faisait sa demeure ordinaire sur le sommet des montagnes. Sa mère Lysippe, instruite de ce qui était arrivé à son fils, accourut à la forêt avec le devin Polyide, fils de Cyranus, qui lui ayant appris tout ce qui s’était passé, l’engagea à apaiser la déesse par des sacrifices. Son fils ayant recouvré l'usage de la raison, elle bâtit un autel à Diane, sous le nom d'Orthosie, et y fit placer un sanglier en or avec une tête d’homme. Encore aujourd'hui, si un de ces animaux est lancé par des chasseurs, il entre dans le Temple, et y prononce ces mots : "Epargnez—moi". Teuthras revenu au bon sens, contre toute espérance, donna son nom à la montagne. On y trouve une pierre nommée "antipathès", qui, macérée dans le vin, est souveraine contre les dartres et la lèpre, au rapport de Ctésias le Cnidien dans le second livre de son traité des Montagnes (Plutarque, Des noms des fleuves et des montagnes, OEuvres morales - remacle.org).

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La légende de Télèphe : L'évocation du cerf est implicite dans le nom du héros. Le mythe raconte comment Aléos, roi de Tégée en Arcadie, apprend par un oracle, la naissance d'un petit-fils qui sera engendré par sa fille Augé. Or celle-ci est vouée à la chasteté, car elle est prêtresse d'Athéna. On découvre alors qu'elle est enceinte et que le crime a été commis par Héraclès. Augé accouche d'un fils. La mère est jetée à la mer dans une barque ou un coffre, cependant que le nouveau-né est exposé sur le mont Parthénion. L'enfant, qu'on nomme Télèphe, est d'abord nourri par une biche, ensuite découvert par un berger qui l'élève comme son propre fils. Augé de son côté, accoste en Mysie où elle est recueillie par le roi Teuthras. A l'adolescence, Télèphe part à la recherche de ses père et mère ; il retrouve Héraclès puis Augé. Choisi pour roi par le peuple de Mysie, il succède à Teuthras. Pausanias en donne une version voisine. Augé, après avoir été séduite par Héraclès, est répudièe par Aléos qui la fait jeter à la mer. Atterrissant en Mysie, elle est recueillie par Teuthras qui élève Télèphe comme son fils (Yves Chetcuti, Le cerf, le temps et l’espace mythiques, Littératures. Université de Grenoble, 2012 - halshs.archives-ouvertes.fr).

Quand les Achéens débarquèrent en Mysie, Télèphe, qui tentait de les repousser, fut blessé à la cuisse par Achille. Il ne pouvait obtenir la guérison de sa blessure qu'en s'adressant à celui qui en était l'auteur. Selon l'Epitome d'Apollodore (III, 20), Achille répandit sur la plaie la rouille de la lance du Pélion. On reconnaîtra dans cette légende l'application du principe "o trôsas iasetai" (principe des médecins grecs : « c'est ce qui a blessé qui guérira »), dont la légende du Graal offre un autre exemple célèbre. Ce que Télèphe a pu donné de plus important dans le Cycle de Troie, ce sont les chevaux qu'il offrit à Achille pour l'avoir guéri de sa blessure avec la rouille de sa lance, aux bouches du fleuve Caicus. Thetis, mère d'Achille, à la mort de son fils, en fera cadeau à Nestor pour son éloge funèbre. Notons que Pédasos, nom d'une ville de Mysie, est aussi celui d'un cheval mortel pris au siège de Thèbes (Mysie) capitale de Eétion, père d'Andromaque. Il sera attelé au char d'Achille avec ses deux chevaux immortels (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Les T de la dalle verticale de Marie de Nègre : saintes lance).

Comme la lance, et d'ailleurs le reste de l'armement d'Achille, les chevaux Xanthos et Balios ont été offerts par les dieux à son père, Pélée. Ces présents, que Pélée a transmis à son fils, mettent en évidence la proximité de celui-ci avec les dieux. De plus, Achille, seul de tous les Achéens à pouvoir manier sa lance, est doué de qualités surhumaines (Claire-Françoise de Roguin, "...et recouvre d'une montagne leur cité!": La fin du monde des héros dans les épopées homériques, 2007 - books.google.fr).

Hygin, dans sa fable 1OO, raconte que Télèphe étant arrivé dans la Mysie avec Parthénopée, trouva Teuthras en guerre avec Idas. Teuthras lui promit sa couronne et la main d'Augé sa fille (probablement que suivant cet auteur, Teuthras avoit adopté Augé au lieu de l'épouser), s'il le délivroit de son ennemi. Télèphe, avec le secours de Parthénopée, vainquit Idas et Teuthras, pour acquitter sa parole, lui donna ses Etats et le maria avec Augé. Mais comme elle avoit juré de n’avoir plus commerce avec aucun homme, elle cacha une épée dans sa chambre dans le dessein de tuer Télèphe, lorsqu'il se présenterait pour coucher avec elle. Alors les dieux firent paroître au milieu d’eux un serpent énorme. A cette vue, Augé effrayée avoua son projet à Télèphe, qui voulut la tuer. Mais Hercules qu'elle implora, parut sur-le-champ, et la fit connoitre à Télèphe pour sa mère (Apollodore d'Athènes, Bibliothèque, traduit par Etienne Clavier, 1805 - books.google.fr).

Le roman de Partonopeus de Blois fut composé vers 1180, est des premiers romans mélusiniens en langue vulgaire avec le Lai de Lanval. Mélior, reine de Byzance, est tombée amoureuse de Partonopeus, qui a des origines troyennes, alors qu'elle était incognito à la cour de Clovis, oncle du jeune homme. Elle manigance une chasse au sanglier au cours de laquelle Partonopeus se perd. Il parvient après une navigation au château d'Oire de Mélior qui reste invisible à ses yeux. Après plusieurs allers-retours entre son pays et le royaume de Mélior, Partonopeus, sur les conseils de sa mère qui s'oppose à cette liaison, allumera une lanterne et verra la beauté de la reine qui, à son réveil, renvoie le héros lui disant qu'elle a perdu ses pouvoirs magiques par sa faute. A la toute fin, après de nombreuses aventures dont l'errance de Partonopeus dans la forêt des Ardennes, souhaitant en finir avec la vie, ils se marieront (Claude Lecouteux, Mélusine et le chevalier au cygne, 1997 - books.google.fr).

Une légende rattachée à un lac d'eau noire du Canigou (Pyrénées) nous dit qu'un palais se trouve au fond de ce lac et qu'il est habité par des démons. [...] Les lacs sont parfois considérés, comme des palais d'où surgissent fées, sorcières, nymphes et sirènes, mais qui attirent les humains dans la mort. Les géants ont contribué à leur formation, tel Gargantua qui créa le lac de Genève pour faciliter la sortie du Rhône. Les fées elles aussi forment des étangs, c'est le cas de l'étang de Huegoat (Finistère) et de celui de Graphard (Ille-et-Vilaine) (Euroconte: une base bibliographique pour aborder la littérature orale européenne, 2001 - books.google.fr).

La montagne de Gargara dont parle Virgile dans le Livre I des Géorgiques est dans la Mysie, province de l'Hellespont; mais il y a un double emploi de nom et de lieu; car la partie élevée du mont Ida et la ville qui se trouve au bas sont toutes deux appelées Gargara. Homère désigne ainsi la montagne : « Il parcourt l'Ida, et cherche sa mère sur le sommet ("gargarôn"). » Je crois donc qu'il faut prendre ce mot Gargara pour le sommet de la montagne, et le sens même l'indique, puisqu'il parle de Jupiter. Mais ce poète s'exprime encore plus clairement dans un autre endroit : « Ainsi dormait au sommet ("gargarô") de l'Olympe Jupiter intrépide. » (Saturnales, Livre V, XX) (Saturnales, Oeuvres de Macrobe, Tome II, traduites par Charles de Rosoy, 1827 - books.google.fr).

Tripartition

Le dogme de la Trinité chrétienne (Père, Fils et Saint-Esprit) ne rencontre pas par hasard les triades de la mythologie préchrétienne. Chez les Celtes, les Romains, les Grecs, existent des triades identiques mais elles sont féminines, qu'il s'agisse, par exemple, des trois Parques ou des déesses-mères gauloises. Ce caractère triple ne signifie pas en réalité un groupe de trois figures distinctes mais le caractère superlatif d'une divinité unique. Certains récits médiévaux gardent des traces de cette survivance païenne. L'écrivain Jean d'Arras, qui transmet le mythe au XVe siècle, rappelle que Mélusine a deux soeurs : l'une se nomme Mélior et l'autre Palestine. Bien que ces noms paraissent une invention tardive, Jean d'Arras sait encore que dans Mélusine, il y a la syllabe initiale (Mél-) et la syllabe finale (-ine) des deux autres noms. Cela revient à dire que Mélusine est la figure centrale de la triade et que ses deux soeurs ne sont que l'extension de sa propre nature divine. Un seul dieu en trois personnes. Une seule déesse en trois figures : Mélusine est une et divisible à la fois, c'est le paradoxe fondamental de toute pensée mythique que de faire ainsi coexister au-delà des apparences logiques. On aura remarqué toutefois une différence essentielle entre la triade féerique et la Trinité chrétienne : le christianisme a virilisé le trio des déesses-mères. Ceci semble être un signe net d'une évolution des théologies et théogonies occidentales. Les plus anciens dieux de la vieille Europe ont probablement été des déesses. C'est ce qu'a montré Féminente spécialiste de cette période, l'archéologue lituanienne Marija Gimbutas. L'arrivée du christianisme a transposé en images masculines les archaïques figures de la Terre-Mère. C'est en tout cas ce que l'histoire des religions peut révéler sur la théologie de la Trinité, même si la théologie scolastique a, évidemment, une autre interprétation de ce dogme essentiel (Philippe Walter, Triades mythologiques et Trinité Chrétienne, Grandes signatures, Numéros 1 à 5, 2008 - books.google.fr).

L'humeur mélancolique fait proliférer le principe aérien et venteux dans le corps. [...] Comme l'a rappelé Claude Lecouteux, la fée Mélusine est elle-même liée au thème populaire de la «nourriture du vent». Fées, sorcières ou loups-garous possèdent cette nature venteuse qui est propre aux êtres « démoniaques » de l'Autre Monde (Philippe Walter, Le fardeau de Saturne ou la mélancolie de François Villon dans Le Lais, "Riens ne m'est seur que la chose incertaine": études sur l'art d'écrire au Moyen Âge : offertes à Eric Hicks par ses élèves, collègues, amies et amis, 2001 - books.google.fr).

La tripartition de la personne en esprit (pneuma) - corps - âme se retrouve dans le nombre des filles d'Elinas et de Pressine.

Le flux des nymphes s'apparente ainsi aux différents pneumata qui rendent l'âme féconde. La forme «phallique» de la nymphe comme femme serpent ou poisson, sirène ou fée comme la médiévale Mélusine, traduit la force de la métaphore qui privilégie, dans la description de la possession comme acte sexuel, le rôle toujours «actif» donné au mâle (Ileana Chirassi Colombo, Le Dionysos oraculaire, Kernos, 1991) (BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES).

La mythologie n'est jamais un pur produit de la fantaisie humaine. Elle n'est pas une affabulation gratuite et sans fondement. Elle est le fruit d'un regard pénétrant sur le monde et ses réalités matérielles. Si Mélusine a une origine marine, elle entretient nécessairement un rapport particulier au sel, substance par ailleurs essentielle à la vie des hommes. La fée tient d'un esprit du sel auquel les alchimistes surent s'intéresser. [...]

Outre le berceau de la fée poitevine, proche des marais salants de l'Atlantique, de nombreux lieux du roman mélusinien ont un rapport concret avec le sel. Sans exclure d'autres interprétations de nature historique sur tel ou tel lignage local lié aux Lusignan, la présence dans le roman de plusieurs villes ou régions d'Europe (voire du monde) dessine une véritable géographie médiévale et politique du sel (Philippe Walter, La Fée Mélusine : Le serpent et l'oiseau, 2008 - books.google.fr, La Croix d’Huriel : La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).

Mélusine s'apparente à ces nymphes pneumatiques : Mélusine / Pneuma. On poursuit avec Mélior condamné à garder le château de l'Epervier en Arménie.

Des éléments du roman de Mélusine sont inspirés d'oeuvres préexistantes : l'histoire du château de l'épervier de la fée Melior provient des Otia imperalia de Gervais de Tilbury, rédigé entre 1209 et 1214, et réapparaît dans l'Itinerarius de Jean de Mandeville (1360) (Autour de Rennes le Château : Les Bergers d’Arcadie et les Rois Mages - books.google.fr).

Au debut de son Reisebuch Hans Schiltperger, qui part de Munich, en 1396 sous le règne de Sigismond de Luxembourg empereur, dit qu'il voudrait «alles gründlich erfahren in den landen und in den stellen» («pour explorer ä fond, dans les pays et dans les villes»). Près de Trébizonde («Trabasanda»), il sera sûr d'avoir trouvé le fameux château de l'Epervier dont il est question dans le contexte de la legende melusinienne et dont le nom est mentionne pour la premiere fois par Gervais de Tilbury. Jean-Marc Pastré qui a consacré un bel article à cet épisode, a souligné avec raison «l'authenticité de cette expérience». C'est que Hans Schiltperger ne se contente pas de mentionner la légende de la belle Mélior, sœur puînée de Mélusine, mais qu'il a naturellement envie de faire un détour pour voir lui-même le château et pour vérifier cette légende (Friedrich Wolfzettel, Voyage et folklore au Moyen-Âge, Reiseberichte und mythische Struktur: romanistische Aufsätze 1983-2002, 2003 - books.google.fr).

Quelques pages auparavant, il parle de la religion des Grecs orthodoxes :

Die Chriechen glauben nicht an die heylligen trivaltigkaitt ; sie glauben auch nicht an die heylligen kirchen zu Rom noch an den pabst, si sprechen ir pratriarch hab als vil gewalt als der pabst.

Le Dr Valentin Langmantel précise dans sa note :

Es ist hier offenbar zu ergänzen: »in der weise, wie die römische kirche«, indem bekanntlich die Griechen das »filioque« der occidentalen nicht anerkennen (Hans Schiltbergers, Reisebuch nach der Nürnberger Handschrift (1396), présenté par Valentin Langmantel, 1885 - de.wikisource.org).

L'épervier peut être vu, entre autres, comme symbole de l'âme. Dans ses Morales sur Job, saint Grégoire dit au sujet de Job 39,26 : "Voicy comment parle l'Ecriture: Est-ce par vostre sagesse & vostre industrie, qu'il vient des plumes à l'épervier, quand il étend ses ailes vers le midi ? Tout le monde sçait que l'épervier mue tous les ans, & qu'ainsi il luy vient presque continuellement des plumes. [...] L'épervier reprend donc ses plumes ,lors qu'il étend ses aîles vers le midi; parce que l'ame se revest des plumes spirituelles des vertus, lors qu'elle soumet & qu'elle expose ses pensées au saint Esprit, par vne humble confession." (Les Morales de S. Grégoire Pape, sur le livre de Job divisées en XXXV livres, compris en VI parties. Traduites en françois, 1669 - books.google.fr).

Le château de l'épervier recontre le château de l'âme de Thérès d'Avila (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Gémeaux).

Tandis que Michel VIII Paléologue se faisait détester à Constantinople par son hypocrisie et ses violences, on se plaignait à Rome de sa lenteur. Martin IV, successeur de Nicolas III, excommunia enfin Paléologue et ses adhérents. Le prince de Trébizonde, prit le titre d'empereur que Michel n'était plus digne de porter. Charles d'Anjou ne trouvant plus d'obstacles à ses projets ambitieux, se prépara à faire valoir les droits que lui avait légués Baudouin II, mort en 1273. Il entraîna dans une ligue contre les Grecs Philippe III, le pape et les Vénitiens. Une armée formidable allait s'embarquerà Brindes, et l'Albanie était déjà au pouvoir du roi de Naples. Les Vêpres Siciliennes (Pâques 1282) sauvèrent Michel Paléologue, qui mourut la même année dans une expédition en Thessalie (Émile Ruelle, Alphonse Huillard-Bréholles, Histoire générale du moyen-âge, Tome 2, 1843 - books.google.fr).

Jean Comnène, fils d’Adrien, succéda à son père. Michel VIII, Paléologue, empereur de Constantinople, ayant quitté le rit grec pour embrasser celui de l’église latine, Jean Comnène saisit cette occasion pour se déclarer indépendant et prit le nom d’empereur. Michel Paléologue en lui laissant la domination de sa province , lui défendit de se décorer du titre d’empereur, titre qui n’appartenait qu’au maître de Byzance comme chef de tout l’empire. Tous ces ordres et ces représentations furent inutiles : Jean Comnène répondit qu’il avait reçu la couronne de son père et non de Pempereur de Constantinople. Michel Paléologue craignant que Jean Comnène ne s’affermît dans son indépendance, voulut tenter une autre voie; il lui envoya des ambassadeurs pour lui offrir son alliance et la main de sa troisième fille. Jean refusa d’abord cette propositiomimais l’empereur, persistant dans son dessein, lui envoya de nouveaux ambassadeurs pour l’inviter à venir à Constantinople conclure le mariage qu’il lui proposait. Jean se décida enfin à s’embarquer pour Byzance aprèsavoir reçu des envoyés de Paléologue l’assurance qu’il n’avait rien à craindre. Il arriva heureusement suivi d’un nombreux cortége. Il fut reçu par l’empereur avec les témoignages de la plus sincère amitié et ayant épousé sa fille Eudocie, en l’an 1282, il revint à Trébizonde avec son épouse, comblé d’honneurs et de présents. Il y régna avec le titre d’empereur jusqu’à l’année 1295, époque de son décès (Bernard Eugene Antoine Rottiers, Itinéraire de Tiflis à Constantinople, 1829 - books.google.fr).

Jean d'Arras, auteur du Roman de Mélusine, qui séjourna à Perpignan en 1380, prétendit que la fée Palestine, une des sœurs de Mélusine, était enfermée avec le trésor de son père dans la montagne du Canigou, gardée par des monstres, attendant le chevalier qui devait la délivrer (Éloïse Mozzani, Légendes et mystères des régions de France, 2015 - books.google.fr).

Et toi, Palestine, tu seras enfermée en la montagne de Canigou en Aragon avec le trésor de ton père, jusqu'à ce qu'un chevalier de notre lignage y viendra, qui aura le trésor et en aidera à conquérir la terre de Promission et te délivrera (Jean d'Arras, Mélusine ou, La fée de Lusignan: adaptation en français moderne par Louis Stouff, 1925 - books.google.fr).

Elle et les deux fées qui l'accompagnent, ses soeurs sans doute, Melior l'ouranienne - fée à l'épervier, Palestine la chtônienne - fée à la grotte et au trésor, forment avec elle une triade, exprimant les diverses facettes de son pouvoir de divinité (Françoise Clier-Colombani, "La nymphe Salmacis: un prototype ovidien de Mélusine ?", Mélusines continentales et insulaires: Actes du colloque international tenu les 27 et 28 mars 1997 à l'Université Paris XII et au Collège des Irlandais, 1999 - books.google.fr).

Palestine, par son côté terrien, terre qui donne la boue, représenterait le corps (argile biblique).

Porphyre, dans l'Antre des Nymphes donne une grande place au symbolisme de la caverne. Il en recherche les origines au- delà de Platon. «Pour les Anciens, les grottes représentaient le monde de la matière », parce que « en tant que matière, le monde est ténébreux et obscur». Il continue en disant que « c'est de là que sont partis les Pythagoriciens et après eux Platon, lorsqu'ils ont nommé le monde une grotte ("antron") et une caverne ("spèlaion")». Buffière estime qu'en réalité les Anciens dont parle Porphyre ne sont que les exégètes allégoristes d'Homère au Second Siècle, avant Numénius. Mais Boyancé a remarqué qu'il peut s'agir d'Empédocle, des Pythagoriciens, des mystères. Il reste toutefois que c'est Platon qui est la source directe, comme l'a bien dit Buf- fière : « L'allégorie platonicienne de la caverne, où les personnes sont enchaînées dans l'ombre, comme l'est notre âme en ce monde de la sensation, a posé une fois pour toutes cet axiome que notre vie terrestre est une autre grotte » (J. Danielou, L'être et le temps chez Grégoire de Nysse, 1970 - books.google.fr).

Palestine est, on le voit, liée au père, associé lui-même aussi au corps par ailleurs (La Croix d’Huriel : La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs : Au nom du Père, du Fils et du saint Esprit, Amen).

Palestine est enfermée dans le Canigou qui se trouve selon un projection du ciel sur la région dans la constellation de la Petite Ourse. Planès et sa chapelle étoilée représenterait l'étoile polaire (Autour de Rennes le Château : Rennes les Bains, la Petite Ourse et le Dragon).

Chez Ovide, cette constellation est la catastérisation d'Arcas, fils de Callisto (la Grande Ourse). Chez Hygin ou Erastosthène, Arcas est transformé en la constellation du Bouvier (Arktophylax) (cf. Boukolion et Abarbaréé). Arcas est le fondateur selon Hygin de la ville de Trapezonte (Trébizonde). Le corps d'Arcas est l'enjeu d'une vengeance de Lykaon qui l'offre démembré à Zeus. Le dieu suprême le recompose et ressuscite (Madeleine Jost, Les sources littéraires relatives au Mont Lycée, Classica et Mediaevalia Vol. 65, 2016 - books.google.fr).

Le BELIER du Serpent rouge

L'axe du 9 février se place dans le signe du Bélier (vers le 21 mars - vers le 20 février).

« Dans mon pèlerinage éprouvant, je tentais de me frayer à l’épée une voie à travers la végétation inextricable des bois, je voulais parvenir à la demeure de la BELLE endormie en qui certains poètes voient la REINE d’un royaume disparu. Au désespoir de retrouver le chemin, les parchemins de cet Ami furent pour moi le fil d’Ariane. »

Le fil d'Ariane est mentionné dans le Livre VI de l'Enéide, lorsqu'Enée rencontre la Sibylle de Cumes, mais aussi l'épée et les bois obscurs (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Bélier).

Les parchemins ont été attribués à Virgile par ailleurs (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Verseau).

Dans la définition du territoire de Lusignan, on reconnaît un motif folklorique déjà illustré par la ruse de Didon lors de la fondation de Carthage et rapporté dans tout un ensemble de textes latins et grecs, dont, bien sûr, l'Énéide de Virgile, mise en roman au XIIe siècle dans le Roman d'Énéas. [...] Vincensini souligne que dans l'Énéas, comme dans Mélusine, «les fondations magiques féminines ponctuent des histoires qui vantent par ailleurs les conquêtes et les fondations territoriales viriles ». Les deux héros, Énéas et Raimondin, tout comme les fils de Mélusine, sont des «jeunes» au sens où les a définis Georges Duby, des cadets de famille privés tout espoir d'héritage et en quête de riches héritières pour pour acquérir souveraineté, femme et descendance. Ainsi la fondation magique instaurée par une femme sous le signe de la ruse doit être relayée par l'instauration d'une souveraineté masculine (Laurence Harf-Lancner, Le monde des fées dans l'Occident médiéval, 2003 - books.google.fr).

Comme dit plus haut, Mélusine s'apparente aux nymphes pneumatiques : Mélusine / Pneuma. Mélior est condamnée à garder le château de l'Epervier en Arménie, royaume que les Lusignan posséderont et perdront. L'épervier est un symbole de l'âme.

Aram a été considéré comme l'étymologie du nom de l'Arménie, définie par certains exégètes comme le siège du Paradis, ou Jardin d'Eden. Aram est un hameau de Rennes le Château qu'habita Elisabeth Raynaud (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram).

Une autre fille d'Echidna dont Hésiode ne parle pas est Scylla, que Virgile décrit ainsi dans L'Énéide : « Elle a le haut du corps d'une jeune fille à la belle poitrine, mais le bas est un monstre marin difforme avec une queue de dauphin et un ventre hérissé de loups. » Ainsi, Echidna pourrait figurer comme un des archétypes de Mélusine, même si elle ne cherche nullement le commerce des hommes, sinon pour les détruire (Claude Yon, Mélusine, la féminité inquiétante, 2015 - books.google.fr).

Mélusine et la Sibylle de Cumes sont mentionnées ensemble dans un vers du Champion des Dames de Martin le Franc (1441).

Le chevalier Bien-Disant y est le champion des dames et affronte dans un tournoi d’éloquence Malebouche (porte-parole de Jean de Meung et de ses suppôts) ; Bien-Disant remporte l’avantage et rentre victorieux au château d’Amour défendu par Franc-Vouloir. Le fonds de l’argumentation en faveur des dames est une liste érudite de toutes les femmes qui ont laissé leur nom dans l’histoire pour leur chasteté, leur honnêteté, leur prévoyance, leur constance, leur héroïsme guerrier, leur sagesse, leur vaillance (fr.wikipedia.org - Martin Le Franc).

Je citerai encore un témoignage français sur la célèbre caverne, qui est très vague, mais qui offre cet intérêt d'être indépendant du récit de La Sale ; il se trouve dans le Champion des Dames de Martin Le Franc. L' «Adversaire » dit à Franc Vouloir (ms. B. N. fr. 12476, f° 107) : «Et tu qui sembles tant habille, N'as tu n'a voisin n'a voisine Ouy parler du trou Sebile, Et aussy de la Melusine ? » Ce nom de trou Sebile, qui n'est pas dans La Sale, semble bien indiquer une diffusion populaire de la légende (au reste la Salade et le Champion ont été rédigés à peu près en même temps). Il est curieux que dans le ms. 12476 on trouve en face de ces vers la rubrique suivante : «Du trou Sébille, qui est en Sicile, près de la cité de Nursia. » Ces deux déterminations se contredisent visiblement, mais il faut noter cette mention de la Sicile, qui n'est peut-être pas sans intérêt (cf. ce qui a été rapporté plus haut d'un tombeau de la Sibylle de Cumes en Sicile) (Gaston Paris, Mémoires de la Société néo-philologique à Helsingfors. II, 1897. In: Romania, tome 27 n°106, 1898 - www.persee.fr).

Martin Le Franc, né vers 1410 dans le comté d'Aumale en Normandie, mort à Genève en 1461, est un religieux et un poète de langue française, dont toute la carrière s'est passée hors de France au service de la maison de Savoie et de l'antipape Félix V.

Le texte a été transmis par neuf manuscrits, un incunable lyonnais, et une édition parisienne de 1530. Ce texte est quelque peu oublié jusqu'à l'édition partielle donnée par A. Piaget en 1888 et l'édition complète de R. Deschaux en 1999, donnée d'après le manuscrit de Bruxelles, le plus ancien, considéré comme le meilleur de la tradition : il a été exécuté sous la direction de l'auteur, illustré de deux enluminures par Peronet Lamy et offert en 1441 ou 1442 à Philippe le Bon duc de Bourgogne. Le manuscrit conservé à la Bibliothèque municipale de Grenoble (875, anciennement 352), sur papier, est orné de 179 miniatures très intéressantes pour la connaissance des mœurs et des costumes à la fin du XVe siècle. L'enlumineur en est désigné sous le nom de Maître du Champion des Dames (fr.wikipedia.org - Martin Le Franc).

Il est contemporain du peintre et enlumineur Jean Fouquet.

Dans les premières décades du XVe siècle, on constate une rénovation presque complète de l'art de la miniature. A l'élégance un peu conventionnelle de la tradition parisienne se substituent, dès 1416, des compositions qui par leur « climat artistique », l'individualisme des figures, le traitement du paysage, l'application de la perspective, la répartition des lumières, annoncent la peinture moderne. André Beauneveu, Jacquemart de Hesdin, Haincelin de Haguenau, Jacques Coene, et surtout les Limbourg — de qui Jean Fouquet est le plus illustre continuateur — sont parmi les principaux à définir et propager ce mouvement qui trouve, sous le règne de Charles VIII, malgré le déplacement de la capitale artistique, une répercussion dans toute la France. Ces peintres ont imposé à l'art une nouvelle vision de l'Univers — dont le Moyen Age semble avoir mené à bien la découverte — ils ont envisagé la nature sous toutes ses faces, en recréant l'image suivant un aspect plus conforme à la fois à la réalité et aux exigences de l'esprit; ils anticipaient par là sur les recherches qui devaient aboutir aux plus audacieuses spéculations de nos contemporains. Cette tentative de « rationalisation » de l'espace peint — sujet à de nombreuses variations — trouve au XVe siècle, à côté de quelques peintres déjà connus, une nouvelle expression avec le Maître du Champion des Dames. La bibliothèque de Grenoble possède un important manuscrit de 444 feuillets dans lesquels sont insérées 179 miniatures illustrant l'histoire du Champion des Dames, précédé des Lamentations d'Olivier de la Marche sur la mort de Marie de Bourgogne (Gazette des beaux-arts, 1937 - books.google.fr).

Il en résulta son troisième grand livre d'amour: Arcane 17, dans lequel se mêlent, comme l'a bien analysé Marc Eigeldinger, six complexes mythiques au sein desquels le mythe de Mélusine tient une place importante, quoique jamais développée par rapport à des références littéraires précises. Mélusine est ici la femme bienfaisante, rédemptrice, à l'instar d'Isis, d'Ariane ou même (nous laissons à Breton la responsabilité de ses amalgames) de la Sorcière de Michelet; significativement, l'aspect ambivalent de la fée médiévale se trouve racheté par Breton dans une positivité qui, ici encore, est garante de la pérennité de «l'amour fou». La femme est ici, autant sinon plus que l'homme auquel elle s'attache, présentée comme une victime, comme celle qui doit supporter l'essentiel des tribulations dévolues à ceux qui ont choisi de s'aimer sans partage. L'évocation explicite de l'héroïne médiévale est brève, mais d'une étonnante richesse d'associations : "Mélusine, c'est bien sa queue merveilleuse, dramatique se perdant entre les sapins dans le petit lac qui par là prend la couleur et l'effilé d'un sabre. Oui, c'est toujours la femme perdue, celle qui chante dans l'imagination de l'homme mais au bout de quelles épreuves pour elle, pour lui, ce doit être aussi la femme retrouvée. Et tout d'abord il faut que la femme se retrouve elle-même, qu'elle apprenne à se reconnaître à travers ces enfers auxquels la voue sans son secours plus que problématique la vue de l'homme, en général, porte sur elle" (André Breton, Arcane 17, t. III, 1948, pp. 63-64) (Francis Gingras, Une étrange constance: les motifs merveilleux dans la littérature d'expression française du Moyen Âge à nos jours, 2006 - books.google.fr).

Dans les vers 3911-3935 de la version en vers de Mélusine de Jean d'Arras par Coudrette, l'accumulation anaphorique de blâmes est l'expression du topos de la femme trompée, d'une Médée ou d'une Ariane. Reprise de topoï littéraires en lien avec l'histoire de Mélusine, accumulation de très longues tirades élégiaques, goût des rimes paronymiques, de l'anaphore et de la métaphore : tout montre la recherche esthétique de Coudrette. Les vers 4355 & sq. recèlent même une figure, sans doute empruntée, de polyptote sur le verbe "fenir" (Elisabeth Pinto-Mathieu, Le roman de Mélusine de Coudrette et son adaptation allemande dans le roman en prose de Thüring von Ringoltingen, 1990 - books.google.fr).

On fait mention d'autres mariages de Thésée qui n'ont pas été mis à la scène et qui n'ont eu ni des commencements honnêtes ni des fins heureuses. On dit qu'il enleva une Trézénienne du nom d'Anaxo, qu'après avoir tué Sinis et Cercyon, il viola leurs filles, qu'il épousa Périboia. mère d'Ajax [Périboia est aussi une Océanide, Nonn., Dion., 48, 245, — le nom est un doublet manifeste des Eriboia, Euboia, Phéréboia, dans l'appellation desquelles Gruppe (Gr. M., p. 417) voit des épithètes de l'Héra d'Eubée], Phéréboia et Iopé, fille d'Iphiclès [Iopé peut difficilement être autre chose que la Déesse de la ville phénicienne dont le nom ne diffère du sien que par le redoublement d'une lettre, autrement dit l'Aphrodite locale], son amour pour Aiglè, fille de Panopeus [Aiglè est tantôt fille, tantôt épouse du Soleil, et par son nom, comme par son mythe, semble une réplique de Phèdre] est la raison qu'on donne, comme il a été dit, de l'abandon d'Ariane, ce qui ne fut ni beau ni honnête. Enfin l'enlèvement d'Hélène alluma la guerre en Attique et fut cause de son exil et de sa mort » (Thés. 29). Les unions que contracte Thésée sont donc du type Mélusine. En partant du même point de vue, nous saisirons mieux la signification du cycle légendaire, qui ne nous est connu que par des déformations évhéméristes ou orphiques, dans lequel il s'associait à Pirithoüs pour ravir Proserpine. L'aventure de Coré, — variante du thème la Belle et la Bête — ; les aventures et bonnes fortunes de Thésée, — variantes du thème Mélusine —, rencontrées au cours de notre recherche, nous apparaissent ainsi comme symétriques, puisque les deux thèmes ont ceci de commun qu'il s'agit dans l'un et l'autre de l'union sexuelle d'un être humain et d'un être surnaturel (Henri Jeanmaire, Couroi et courètes: essai sur l'éducation spartiate et sur les rites d'adolescence dans l'antiquité hellénique, 1939 - books.google.fr).

Ariane est la soeur du Minotaure qui renvoie au signe du TAUREAU.