Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs   Au nom du Père, du Fils et du saint Esprit, Amen   
CROIX HURIEL QUATRE HUMEURS SIGNE DE CROIX AMEN FILS PERE SAINT ESPRIT

Les paroles accompagnatrices du signe de croix

Ici, une correction de la mise en correspondance des principes alchimiques avec ceux de la tripartition anthropologique. Paracelse établissait les identification esprit/soufre, âme/mercure et corps/sel, on en viendra alors à esprit/sel, âme/mercure et corps/soufre comme le montrera le signe de croix.

Ainsi c'est une Trinité en Unité, & une Unité en Trinité; parce que là, sont Corps, Ame, & Esprit ; là aussi sont Soufre, Mercure, & Arsenic : Car le Soufre spirant, c'est-à-dire, jettant sa vapeur en Arsenic , opére en copulant le Mercure; & les Philosophes disent quela propriété de l'Arsenic est de respirer, & que la propriété du Soufre est de coaguler, congeler, & arrêter le Mercure. Toutefois ce Soufre, cet Arsenic, & ce Mercure ne sont pas ceux que pense le Vulgaire; car ce ne sont pas ces Esprits venimeux que les Apothicaires vendent; mais ce sont les Esprits des Philosophes, qui doivent donner notre Médecine; au lieu que les autres Esprits ne peuvent rien pour la perfection des Métaux (Bernard Le Trévisan, La Parole délaissée, Bibliotheque des philosophes chimiques, Volume 2, Andre Cailleau, 1741 - books.google.com).

Cette Parole Délaissée a paru dans Trois Traitez de la Philosophie naturelle (Paris, Jean Sara, 1618) (herve.delboy.perso.sfr.fr - La Parole délaissée).

Au sujet de ce primat du feu sur les autres éléments, il faut rappeler la fréquente analogie qui est faite entre la forme du monde et celle de l'œuf : la terre est au centre comme le jaune, entourée d'eau comme par le blanc, à l'intérieur d'une enveloppe d'air qui est comme la peau, le tout clos par le feu à la manière d'une coquille. Il existe une hiérarchie des sens correspondante qui rapporte le toucher à la terre, le goût à l'eau, l'odorat et l'ouïe à l'air, et la vue au feu (Sylvie Fayet, Le regard scientifique sur les couleurs à travers quelques encyclopédistes latins du XIIe siècle, Bibliothèque de l'École des chartes, Tome 150, 1992 - www.persee.fr).

Aristote disait autrement :

On peut cependant assigner un élément à chacun des organes des sens : l’eau à la partie de l’œil qui voit, l’air à l’ouïe, à l’odorat le feu; le toucher se rapporte à la terre, et le goût n’est, sous ce rapport, qu’une espèce du toucher (Charles Waddington-Kastus, De la Pyschologie d'Aristote, 1848 - books.google.com).

Attention au signe de croix orthodoxe : il se fait en partant du front, en descendant vers le plexus solaire, puis en passant à droite avant d'aller à gauche, à l'inverse donc de la croix des catholiques (Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Macédoine, 2011 - books.google.com).

C'est dans cette configuration que le signe de croix de la Croix d'Huriel est établi. L'ange Uriel est en effet reconnu par l'Eglise orthodoxe et non par l'Eglise catholique. Le changement de graphie du nom du village d'Huriel au XVème siècle s'est fait alors qu'une union des Eglises était en projet sous le pape Martin V.

Le zèle indiscret de Jean-Patroche Parisot, qui fut poursuivi et condamné comme impie et dont le livre fut supprimé, ce qui rendit ce livre d'une extrême rareté sans le rendre meilleur, ne fut pas heureux. Il trouvait, dans la nature, les trois élémens de la Trinité, savoir : le Sel, générateur des choses, répondant à Dieu le père; le Mercure, dont l'extrême fluidité représente Dieu le fils répandu dans tout l'univers; et le Soufre qui, par sa propriété de joindre et d'unir le sel au mercure, figure évidemment le Saint-Esprit, lien sacré des deux premières personnes dela Divinité (Analectabiblion: ou Extraits critiques de divers livres rares, oubliés ou peu connus, tirés du cabinet du marquis D. R***, Volume 2, 1837 - books.google.com).

Si on conteste en partie cette conception, le Mercure représente le fils en effet, mais le Sel, qui est réputé unir les deux autres, "serait" le Saint Esprit, et le Soufre le Père.

Gabriel (Rochemaure, Sang, Air, Coeur, Bleu, Mars) correspond à "Amen".

"Ainsi soit-il" de la prière issue de la salutation angélique (Luc I,26-38) et des paroles d'Elizabeth (Luc I,39-45) et de l'Eglise : Je vous salue Marie pleine de grâce. / Le Seigneur est avec vous. / Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et / Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. / Sainte Marie, mère de Dieu / Priez pour nous, pauvres pécheurs, / Maintenant et à l'heure de notre mort. / Ainsi soit-il (Denis Aboab, L'ange invisible dans les trois religions monothéistes, 2008 - books.google.com).

Amen à Rochemaure

Nous atteignons à l'épilogue de toute l'oraison dominicale, amen, que tout ce qui précède s'accomplisse. Ce mot exprime le désir de celui qui prie, c'est le désir d'accomplissement de toutes ses demandes. Ce mot amen ajouté par saint Jean n'est digne que des anges, comme alleluia, et l'homme n'a eu la témérité de le traduire en aucune langue. Ce mot est hébreu, et, ni le traducteur grec, ni le traducteur latin des livres sacrés n'a osé le traduire, par respect pour le Sauveur, qui s'en est servi si souvent pour confirmer la vérité de ses assertions. On lui a laissé sa forme primitive, non pas qu'on n'en ait tenu aucun compte, mais pour en faire voir l'importance, et le mettre en honneur par le prestige du mystère qui l'environne. Ce mot est quelquefois employé comme substantif, comme dans l'apocalypse, amen, c'est-à-dire la vérité, a dit cela; d'autres fois, comme adverbe, et nous rencontrons cet emploi partout dans les Psaumes, fiât, fiat, qui est la même chose que amen, amen, et qui occupe la fin des prières; ailleurs, il est adverbe; ainsi, dans l'Évangile, on lit à chaque page : amen dico vobis, je vous dis en toute vérité et sincérité. Cette parole placée à la fin a une triple efficacité. En effet, elle termine la prière; elle en est comme le sceau, dit saint Jérôme; et de même que le cachet est la fin d'une lettre, de même amen termine la prière. Elle résume notre intention ; car en disant amen, l'intention se porte d'une manière sommaire sur toutes les demandes qui précèdent; et si notre fragilité humaine, la distraction de notre esprit nous ont empêché d'avoir une intention actuelle sur cerlains de nos besoins, ce mot amen vient la fixer et la déterminer. Cette parole nous obtient enfin d'être exaucés; car c'est là le caractère et le sens du mot amen. Ce qui fait dire à Raban-Maur : le Sauveur, en disant amen, nous marque qu'indubitablement ceux-là verront se réaliser toutes leurs, demandes, qui les font en observant les conditions établies, à savoir : pardonner aux autres, comme nous l'avons vu plus haut. O Seigneur, à quoi me sert de dire amen, ou que mon désir s'accomplisse, si vous ne dites pas de votre côté aussi amen en déterminant cet accomplissement! O parole dont la sublimité le dispute à la puissance! Car n'est-ce pas avec elle, ô Père souverain, c'est-à-dire avec votre Verbe qui vous est coéternel, qu'au commencement vous avez créé toutes choses, comme dit le psalmiste : Il a parlé, et tout a été fait ! N'est-ce pas par cette parole que vous avez opéré notre réhabilitation, lorsque votre trèssainte Coopérutrice répondit à l'ange : Qu'il me soit fait selon votre parole, salutaire parole fiât, ô amen, ô fiat, ô parole de toute-puissance et d'efficacité merveilleuse! Ah! mon Seigneur, mon bon Jésus, Verbe du Père, exaucez ma prière, accomplissez ces paroles dictées par vous et articulées par mes lèvres, accomplissez-les, et dites amen, dites: fiat, dites-moi comme à la Chananéenne: Qu'il soit fait comme vous le désirez. O Jésus, mon doux amour, ô douce vérité, ô doux amen, ô douce parole fiât, qu'il me soit fait comme vous avez dit, fiat, amen (Ludolphus de Saxonia, La grande vie de Jésus-Christ, traduit par Marie-Prosper Augustin, Dillet, 1864 - books.google.com).

Dans la cathédrale de Rouen, se trouvait le tombeau de Jean de Lancastre, troisième fils du roi Henri IV d'Angleterre, duc de Bedford, vice-roi de Normandie, régent de France. Sous un même signe graphique "âme" et "amen" sont représentés.

« Il reste au pied de la même tombe, dit l'auteur de l'Histoire généalogique des rois d'Angleterre, Sandford, une lame de cuivre attachée au pilier et contenant son épitaphe. Au-dessus de cette dernière, était l'écusson de ses armes en argent (il a été enlevé), placé dans la jarretière, entre deux plumes d'autruche. Au-dessous, est représentée une racine que les prêtres appellent la racine de Bedford. » La lame de cuivre a suivi le sort de l'écusson en argent; elle a été enlevée à son tour. Nous en donnons ici le dessin, tel qu'il nous a été conservé par le même Sandford (Jean Achille Deville, Tombeaux de la cathédrale de Rouen, 1837 - books.google.com).

Parole de fin, amen ouvre sur la fin de vie et l'oeuvre au noir, à Rochemaure, possession de la famille d'Adhémar de Monteil, évêque du Puy, et possible auteur du Salve Regina.

Je te salue, royne de misericorde, de vie doulceur et nostre espoir. A toy humblement cryons nous qui sommes banis et filz de Eve. A toy souspirons en gemissant et plourant en ceste vallee de larmes. Avant doncques, nostre advocate, regarde nous de tes yeulx de misericorde. Et sy nous monstre ton benoit fruit Jhesus apres ceste vie miserable. O clemente, o piteuse, o benoite et doulce Marie ! Amen (Jean Sonet, Répertoire d'incipit de prières en ancien français, 1956 - books.google.com).

"amen" ne termine pas toujours cette prière, mais est la formule de conclusion générale de toute prière.

Il est une prière que l'abbé de Clairvaux a certainement connue, puisque les Cisterciens, probablement sous son impulsion, s'en étaient faits dès la première moitié du XIIe siècle les grands propagateurs, c'est la célèbre « Antienne du Puy », le Salve Regina (fin du XIe siècle). Nous y invoquons Marie « reine de Miséricorde, notre vie, notre douceur, notre espérance... notre avocate », au grand scandale des premiers Luthériens, qui en firent une transposition, adressée au Christ, à qui seul selon eux ces titres pouvaient convenir. Marie d'Angoulême, qui sympathisait avec eux, traduisit en français cette transposition et la plaça en tête de son Miroir de l'âme pécheresse (1531) : « Je te salue Jesu-christ roy de miséricorde, Je te salue nostre vie, nostre doulceur et nostre espérance... Avant doncques, nostre médiateur ! »

Le Salve Regina vient-il, comme l'Alma Redemptoris Mater d'Hermann Contract, ou faut-il en faire honneur à Adhémar du Puy (mort en 1098) ? Rien n'est sûr, sinon que l'antienne existait, avec les invocations finales O clemens, o pia, o dulcis Virgo Maria, avant saint Bernard, lequel n'a donc pris aucune part à sa composition. Le Salve Regina se répandit avec une prodigieuse rapidité Dès 1135, à Cluny, Pierre le Vénérable en prescrit le chant aux processions de la Vierge. En 1218 on le disait à Citeaux chaque jour. Trois ans plus tard les Dominicains le chantent déjà quotidiennement à Complies (Hubert Du Manoir de Juaye, Maria: études sur la Sainte Vierge, Volume 1, 1949 - books.google.com).

La chronique anonyme, augmentée par Albéric des trois fontaines, offre le plus ancien témoignage en faveur d'Adhémar, considéré comme auteur du Salve. « En l'an 1130, saint Bernard vint à Dijon et y reçut l'hospitalité dans l'abbaye de saint Benigne. Il aima toujours ce couvent, parce que c'était le lieu où sa mère avait eu la sépulture. Or, dans la nuit, le saint entendit autour de l'horloge les anges qui chantaient et modulaient doucement le Salve Regina. Bernard crut d'abord que c'était le chant des religieux du couvent, et le lendemain il dit à l'abbé : la nuit dernière vous avez très-bien chanté l'antiphone du Puy autour de l'autel de la bienheureuse Vierge. » On disait l'antienne du Puy, parce que Haimarus, évèque du Puy, l'avait faite; et il se trouva qu'à l'heure de ce chant, le couvent dormait encore. Depuis ce temps l'antienne revenait souvent à la mémoire du saint. Il l'entendit encore (ut vulgatum est) autour de l'autel de la Vierge bienheureuse à Clairvaux. De là vint que, dans un chapitre général de Citeaux, il demanda la réception de l'antienne dans tout l'ordre, ce qui fut fait. Cet Haimarus n'était autre qu'Adhémar, évêque du Puy, qui déploya ses escadrons à la première croisade où les Français parurent les premiers (Salve Regina misericordiae: Un Cantique, annoté par Baron du Taya, Vatar, 1842 - books.google.com).

Un manuscrit de la BNF, le Rosarius (deuxième quart du XIVème siècle), fait la relation entre le Salve Regina et le salut des âmes à la fin du commentaire et avant la paraphrase de la prière : "Or dison a la belle Dame, / Pour le sauvement de nostre ame : / Salve, regina misericordie." Il ajoute à fait de cette paraphrase : "Amen, iceste compaignie De devot cuer en la fin die." (Gérard Gros, Ave vierge Marie: étude sur les prières mariales en vers français, XIIe-XVe siècles, 2004 - books.google.com).

Le réformateur du XVIe siècle Martin Luther trouvait que cette prière exagérait le rôle de Marie dans l'histoire du salut de l'âme. De fait, dans l'Église catholique, le langage de la dévotion n'est pas le même que celui des dogmes et cela put l'irriter (fr.wikipedia.org - Salve Regina, campus.udayton.edu).

Des âmes qui chantaient le Salve Regina, / Qu’en dehors du vallon mon oeil ne soupçonna. / Avant que le soleil cesse en entier de luire, / Dit lors le Mantouan qui daignait nous conduire, / De ces âmes veuillez encore n'approcher (Dante, La Divine Comédie Purgatoire, Volume 1,traduit par E. Aroux, 1842 - books.google.com).

À la veille des temps modernes où l'obsession du Diable hante l'Occident, le Dies Irae et le Libera me chantés à la messe des morts, révèlent le climat spirituel et théologique où vivent les chrétiens d'Europe. Dans le contexte spécifique où s'est développé le trafic des indulgences qui a déclenché la protestation de Luther, si le « ciel », seul, et, en fait, la certitude du « salut de l'âme » représentent le véritable intérêt, tout ce qui relève de ce monde périssable qui est une « vallée de larmes», comme le dit encore le Salve Regina, doit être voué au mépris. Or, bien avant L'Imitation de de Jésus-Christ qui vulgarise le thème de la « fuite du monde », pour l'auteur de La Cité de Dieu, « le monde est sans consistance et provisoire : la seule réalité digne de nos efforts est la réalité éternelle, la Jérusalem céleste ». On ne peut écarter ici le poids du néoplatonisme qui, chacun à sa manière, a marqué les Pères de l'Église et déterminé la réflexion sur le salut dans la mesure où, comme on vient de le remarquer chez saint Augustin, « le monde est sans consistance ». Le drame du salut se joue dans la « sortie » de ce monde et le « retour » de l'âme vers Dieu à travers un processus de « spiritualisation » qui situe la « délivrance » dans « l'élévation » ou « l'ascension » de l'âme vers Dieu (Jean-Marc Ela, Repenser la théologie africaine: le Dieu qui libère, 2003 - books.google.com).

Le retour à Dieu, si Dieu est Corps, marque un retour au corps pour l'âme s'incarnant.

Michel (Fronsac, Bile noire, Terre, Rate, Vert, Lune) correspond à "Du Saint Esprit".

Dans certains écrits de Qumran, l'ange Michel est appelé ange ou esprit de vérité, ce qui est le nom le plus complet du Paraclet chez l'évangéliste Jean. Pour Otto Betz, Jean aurait identifié le Saint Esprit, l'Esprit de vérité et l'archange Michel, envoyé par Jésus comme Paraclet, terme qui n'est pas cité dans l'Apocalypse, faisant partie du corpus johannique. Pour G. Johnson, qui réfute cette idée, cette assimilation serait pré-johannique et issue du judaïsme pré-chrétien (David Pastorelli, Le Paraclet dans le corpus johannique, Volume 142, 2006 - books.google.com).

Esprit es-tu là ?

Dès les années 1315, une fraction de l'ordre franciscain s'est mise en insurrection ouverte. On les appelait les Fraticelles – les petits frères – ou les « Spirituels ». Le temps de l'Esprit était venu, celui de l'Église du monde était révolu (Jean Favier, La Guerre de Cent Ans, 1980 - books.google.com).

Dès son installation en Avignon, le pape Jean XXII fut sollicité de régler les affaires de l'Ordre des Frères Mineurs. A l'occasion d'un Consistoire, le procureur franciscain Raymond de Fronsac, de la province d'Aquitaine, et son assistant et son assistant Bonagrazia de Bergame, présentèrent au Pontife cinq suppliques, écrites en partie par le nouveau Ministre général Michel de Césène: supprimer le statut des Fraticelles, réduire à la discipline de l'Ordre ceux qui avaient fui en Sicile, correction et punition du frère Ubertin de Casale, réprimer les appels dans la famille religieuse et enfin — ce qui nous intéresse le plus — que les Béguins ne soient pas consiédérs « de tercio Ordine », afin qu'ils ne puissent sous ce vocable et ce prétexte répandre leurs erreurs (Pierre Péano, Les Béguins du Languedoc ou la crise du Tiers Ordre Franciscain dans la France Méridionale, I frati penitenti di San Francesco nella società del due e Trecento: atti del 2e Convegno di studi francescani, Roma, 12-13-14 ottobre 1976, 1977 - books.google.com).

le procurateur franciscain à la cour pontificale Raymond de Fronsac effectua une compilation de documents en 1318, après avoir mené huit années de combat acharné pour éliminer tout désordre dû aux spirituels, et qui prépara un manuscrit qui pourrait servir d'outil à ceux qui comme lui seraient amenés à se heurter de nouveau aux frères rebelles de l'ordre franciscain (Thomas Tanase, Frère Jérôme de Catalogne, Espaces et réseaux en Méditerranée VIe-XVIesiècle: II. La formation des réseaux, 2010 - books.google.com).

On peut supposer que ce Raymond était originaire de Fronsac, près Bordeaux, ou de celui des Hautes-Pyrénées. En effet son "bras droit" Bonagrazia de Bergame, qui devint apostat de l'ordre plus tard, rebelle au pape et réfugié à Munich où il est enterré, fut enfermé dans un couvent du Comminges dont Fronsac était une importante chatellenie (Damien Ruiz, La communauté de l'ordre et la papauté d'Avignon, Cultura, arte e committenza nella basilica di S. Antonio di Padova nel Trecento: atti del Convegno internazionale di studi, Padova, 24-26 maggio 2001, 2003 - rm.univr.it).

Uriel (Huriel, Flegme, Eau, Cerveau, Rouge, Soleil, Mercure) correspond à "Du Fils".

Les Philosophes ont aussi donné le nom de Rebis à la matière de l'oeuvre parvenue au blanc, parce qu'elle est alors un mercure animé de son soufre, & que ces deux choses sorties d'une même racine ne font qu'un tout homogène (Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Bauche, 1758 - books.google.com).

La licorne androgyne désigne, nous l'avons vu, le Rebis des alchimistes, le mercure enrichi de son soufre (Yvonne Caroutch, Le mystère de la Licorne: à la recherche du sens perdu, 1997 - books.google.com).

Selon Irénée Philalèthe, c'est le Sel, agent de la sublimation du Mercure, solution que l'on retient ici (La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).

Le Rebis est aussi filius philosophorum, Fils des philosophes. Le rebis est dit hermaphrodite.

Ce caractère androgyne est une des composantes essentielles de la licorne dans les manuels alchimiques du Moyen Age, ainsi que dans la légende de la vierge à la licorne médiévale où de double caractère, masculin et féminin, est inhérent à son symbolisme. Le nom chinois de la licorne Kilin associe le ki mâle et le lin femelle (Manuel Garcia Fernandez, la licorne, mythe et réalité, Homenaxe ó profesor Camilo Flores: Literaturas específicas, 1999 - books.google.com).

Mais la licorne peut plutôt désigné le mercure animé dans le Rebis.

L'Œuvre au blanc s'achèvera donc par cette promesse ici anticipée d'union de l'âme à Dieu, au terme d'un parcours tout en montée où chaque terrasse va correspondre à un échelon de transformation vers le perfection c'est-à-dire un retour retour à l'équilibre des principes constitutifs de la personnalité (Catherien Guimbard, La quête du poète, Alchimies: Occident-Orient, 2006 - books.google.com).

Seconde phase de l'Å’uvre, celle qu'on appelle l'Å’uvre au blanc - temps des aigles et des ablutions.

Uriel est en effet associé à l'élément Eau. Il est aussi du côté de l'enfant Jésus dans le tableau de La Vierge aux rochers de Léonard de Vinci (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 2).

L'œuvre au blanc (Albedo), la sublimation proprement dite, consistait à « soumettre à la chaleur dans un vase clos des corps solides de façon que les éléments volatiles s'élèvent à la partie supérieure du vase, où ils redeviennent solides et se fixent » (Guillaume de Saluste Du Bartas, La Seconde semaine, 1584). Cette opération visait à libérer l'âme de la matière et à déployer ses potentialités. Comme nous l'explique Sophie de Mijolla-Mellor : À l'origine, donc, la « sublimation est une opération alchimique qui consiste à permettre le retour à l'état solide d'un corps, préalablement solide mais rendu volatil à l'aide d'un appareil appelé le « Sublimatoire », l'« œuf des sages » dans lequel le cuit la pierre philosophale. C’est en arrivant contre la partie supérieure du vase clos dans lequel a lieu l’expérience que ce corps volatil se fixe et redevient solide (Sophie De Mijolla Mellor, Traité de la sublimation, PUF, 2012). (Véronique Donard, Du meurtre au sacrifice: psychanalyse et dynamique spirituelle, 2009 - books.google.com).

L'oeuvre au noir et l'oeuvre au blanc décrivent une mort du corps et la libération de l'âme. L'oeuvre au rouge l'incarnation de l'âme dans un nouveau corps.

Une âme à Huriel

Le P. Desrosiers cite les fonts baptismaux de l'église d'Huriel, qui portent un serpent la gueule entr'ouverte, et en face, un crocodile; au milieu, une colombe a le bec dans la gueule du crocodile. L'abbé Crosnier propose cette explication : l'âme, figurée par la colombe, par suite du baptême, a repris sa pureté, mais elle est entourée d'ennemis, dont elle aura bien de la peine à se préserver (Symbolisme des ornementations des églises romanes du Bourbonnais, Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie, 1855 - books.google.com).

Raphaël (La Cassaigne, Colèrique, Bile, Feu, Foie, Jaune, Mercure, Soufre) correspond à "Au nom du Père".

Le patenôtre, pater noster, autre nom du rosaire, symbolise parfois le soufre philosophique le "père de la pierre" (Généralités : Alchimie et nonagones).

Le livre de Tobie décrit le climat des relations entre un père et son fils (Tb 4/2. 19 ; 5/1-2). A la longue recommandation de son père, Tobie répond : « Tout ce que tu m'as commandé, je le ferai, Père. » Puis, pour l'affaire à traiter, il s'inquiète : « Comment pourrai-je recevoir (l'argent) de lui alors que lui ne me connaît pas et que moi je ne le connais pas ? Quel signe lui donner pour qu'il me reconnaisse, me croie, et me donne l'argent ? » Quand Tobie amène à son père le jeune homme (l'ange) qui va l'accompagner, Tobit, le père, demande au jeune homme de se présenter, c'est-à-dire de donner le nom de sa tribu et de son père : « De quelle famille es-tu ? de qui es-tu ? quel est ton nom ? » (Tb 5/11) ; le jeune homme répond en donnant son nom et le nom de son père. Cet usage existe encore aujourd'hui dans les sociétés villageoises ; un homme se présente en disant de qui il est le fils ; alors on le reconnaît. Il peut arriver qu'on le reconnaisse avant même qu'il se soit présenté, car en lui on reconnaît son père, son visage, sa voix, telle expression ou telle façon d'être. Le livre de Tobie nous raconte ainsi la scène de l'arrivée du jeune Tobie chez l'ami de son père, qui est devenu un parent (Tb 7/1-7), et la retrouvaille entre Tobie et le vieil ami de son père (Tb 9/6) : « Fils noble et généreux d'un père noble et généreux, juste et bienfaisant ; que le Seigneur te donne la bénédiction du ciel... Béni soit Dieu de ce que j'ai vu Tobit, mon cousin, dans un autre lui-même » (Françis Grob, Faire l'œuvre de Dieu: christologie et éthique dans l'Évangile de Jean, 1986 - books.google.com).

En s'inspirant du Livre de la Sainte Trinité, les 7 maris seraient les 7 planètes, mariées au Mercure / Asmodée possédant Sara, et meurent. Dans l'extrait ci-dessus Merucre est identifié au Christ, dans le Livre de Tobie à un démon (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : ihEsu, Par ce signe tu LE vaincras, et le Mercure).

Ecbatane fut fondée par le premier roi des Mèdes en 709 avant J.-C., Déjocès, qui fit bâtir une citadelles aux sept enceintes, selon Hérodote, nombre des planètes de l'antiquité (Dictionnaire universel françois et latin, contenant la signification, Volume 2, Delaulne, 1721 - books.google.com).

On érigea en l'honneur de Memnon dans plusieurs villes, notamment à Suse, à Ecbatane, à Thèbes en Egypte, des monuments dits memnonium (Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, Volume 2, 1842 - books.google.com).

Un passage de Lucien nous apprend que Memnon Taisait entendre quelquefois un oracle en sept sons; d'autres mythologues rapportent le même fait. Une légende donne Memnon comme le père des sept Muses de la Sicile, et le prétendu tombeau de Memnon à Ecbatane était une tour à sept enceintes de diverses couleurs. Ce nombre sept n'est pas sans importance; il rappelle les sept cordes de la lyre, les sept planètes, les sept sphères, et par conséquent le soleil conducteur des Muses et des planètes et recteur des sphères célestes. Memnon, fils de l'Aurore, selon la légende grecque, serait-il donc le soleil ? Plusieurs savants l'ont pensé. La tradition attribue pourtant à Memnon une vie humaine et terrestre; Dans la mythologie grecque, il était, dit-on, fils de Tithon et de l'Aurore, et il amena dix mille Persans et dix mille Ethiopiens d'Asie au secours de Troie, vers le milieu de la dixième année du siège de cette ville. Il s'y fit remarquer par son courage, tua Antiloque, fils de Nestor, et tomba lui-même sous les coups d'Achille, après un rude combat. L'Aurore conjura Jupiter d'accorder à son fils quelque privilège qui le distinguât des autres mortels : les flammes du bûcher funéraire dévoraient déjà le corps du guerrier ; le bois amoncelé s'écroula tout à coup, et des cendres de Memnon s'échappèrent une multitude d'oiseaux, qui firent trois fois le tour du bûcher en poussant le même cri, se divisèrent ensuite en deux bandes, se livrèrent un combat terrible, et tombèrent comme des victimes destinées a honorer la mémoire du héros. Tous les ans, le même spectacle se renouvelait. Plusieurs savants ont distingué deux Memnon, celui d'Egypte, et celui qui vint au secours de Troie. C'est à ce dernier qu'on a appliqué ce passage de Pausanias : « Memnon était roi d'Ethiopie; il vint néanmoins au secours des Troyens, non du fond de l'Ethiopie, mais de la ville de Suse en Perse, et des bords du fleuve Choaspes, après avoir soumis à son empire toutes les nations intermédiaires. Les Phrygiens montrent encore aujourd'hui la marche qu'il suivit et ses divers campements. Selon Huet, ce dernier Memnon était fils de Tithon, frère de Priam. Il commandait les armées de Teutame, roi d'Assyrie, qui l'envoya au secours de son oncle. Tout ce qu'il y a de vrai au fond de ces deux récits, c'est que la ville de Suse possédait un Memnonium (Ange de Saint-Priest, Encyclopédie du dix-neuvième siècle, Volume 15, 1852 - books.google.com).

Car Dieu le Père dit : je suis un Dieu colérique, jaloux, furieux, un feu dévorant (Deut., IV : 24).

Les termes employés - colérique et feu (dévorant) - correspondent totalement aux caractéristiques de La Cassaigne (Soufre, Feu, bile jaune, Raphaël, colère).

Le Corps-Dieu père de l'Âme-Fils

Delteil justifiera cette extrême attention au monde charnel par une formule récurrente : « L'âme n'est que la fille du corps. Le corps consomme le monde et le digère. Le résultat s'appelle l'âme ». Comme dans l'épopée homérique, il ne cloisonne pas activités physiques et mentales, il érotise la guerre et la mort. Il adopte cette démarche au nom d'une philosophie de la vie : « Que la Vie est une table universellement servie » écrit-il dans Il était une fois Napoléon. Quant à Jeanne, il définit sa « suprême vertu » en trois mots : « Appétit, appétence, désir ! » au nom de l'« alliance de l'homme et de l'univers » et du bon usage de ses cinq sens que le héros possède plus que tout autre homme. Un scandale de cette nature qui vaudra à Delteil l'accusation d'être rien moins que pornographe apparaît comme un signe de modernité alors qu'en réalité ce n'est que reprise d'antiques considérations, telle l'alliance d'Eros et de Thanatos. (Marie-Françoise Lemonnier-Delpy, Joseph Delteil, Palimpsestes épiques: récritures et interférences génériques, 2006 - books.google.com).

Ou "fils du corps", en effet en latin l'âme se dit aussi bien "animus" (masculin) qu'"anima". Cela renvoie à l'androgynie de la Licorne, ainsi qu'à l'âme descendue des sphères à la fois mâle et femelle dans la Kabbale (Constantin Andronikof, La Lumière sans déclin, 1990 - books.google.com).

En hébreu, l'âme est de genre féminin mais souvent accollée à des termes masculins : "Et combien que le mot hébrieu que nous traduisons Ame, soit de genre fémenin en hébrieu, toutesfois il se trouve souvent ailleurs conjoinct avec des mots masculins" (Jean Calvin, Commentaires sur le livre des psaumes, 1859 - books.google.com).

Joseph Delteil est un écrivain et poète français né le 20 avril 1894 à Villar-en-Val dans l'Aude et mort le 16 avril 1978 à Grabels dans l'Hérault. En 1898, son père achète une parcelle de vigne à Pieusse (30 kilomètres plus loin du côté de Limoux). C’est là, dira Delteil, son « village natal ». La publication, en 1925, de Jeanne d'Arc, ouvrage récompensé par le Prix Femina, suscite le rejet des surréalistes et de Breton en particulier, malgré le scandale déclenché par ailleurs en raison de la vision anticonformiste de la Pucelle d'Orléans. Cette œuvre est, pour Breton, une « vaste saloperie ». Delteil participe au premier numéro de La Révolution surréaliste, mais après un entretien dans lequel il déclara qu'il ne rêvait jamais, il reçut de Breton une lettre de rupture (fr.wikipedia.org - Joseph Delteil).

Villar en Val se trouve "dans" la chapelle Saint Jean du plan inversé de l'église Saint Sulpice de Paris projeté sur le département de l'Aude, Pieusse dans celle du Sacré Coeur. Il s'est passé, se passe, et se passera quelque chose dans l'Aude.

Âme, corps et cieux

L'âme née du corps est une thèse matérialiste. Est elle compatible avec le voyage de l'âme dans les sphères ? Le traducianisme (du latin traducere : transmettre), auquel adhèrent les Stoïciens, dit que l'âme naît des âmes des parents. Pour les adeptes de la Bible, toutes les âmes proviendraient donc d'Adam et Eve. Le catholicisme officialise une création par Dieu lors de la conception (créatianisme).

Ce caractère corporel de l'âme humaine est donc vraiment fondamental dans la psychologie de Tertullien. Pour le prouver, celui-ci reprend simplement les preuves stoïciennes, auxquelles il ajoute un argument tiré de la révélation chrétienne: s'il est vrai que beaucoup d'âmes, après la séparation du corps, sont condamnées à l'enfer ou au purgatoire pour expier leurs péchés par leurs souffrances, comment ne seraient-elles pas corporelles ! Si elles ne l'étaient pas, comment pourraient-elles souffrir ! [...] Tertullien compare aussi le rapport entre l'âme humaine et Dieu à celui de la copie avec l'original: la reproduction peut être aussi fidèle et aussi minutieuse que l'on veut, il y aura toujours une certaine distance entre la copie et l'exemplaire. Il en résulte que de la sainteté impeccable de Dieu on ne peut pas conclure au même caractère chez l'homme: si l'âme humaine est immortelle comme Dieu, libre, prévoyante, intelligente, capable d'une connaissance scientifique, cependant toutes ces qualités ne lui appartiennent pas au même degré qu'à Dieu: les créatures ne réalisent qu'une participation limitée de la perfection divine. Il en est de même de l'impeccabilité divine: l'homme ne la possède pas dans la même mesure que Dieu. Le flatus nous apparaît donc, d'après cette comparaison, comme un reflet limité de la perfection divine : toutes les perfections qui se trouvent en Dieu de façon illimitée, sont réalisées de manière déficiente dans le flatus. La troisième comparaison par laquelle Tertullien essaie d'élucider le rapport entre flatus et spiritus, est celle du potier et de son œuvre. Le vase ne présente pas le même degré de perfection que le potier, du fait qu'il a été façonné par lui: il est vrai cependant qu'une œuvre d'art porte inévitablement la marque de l'artiste et qu'on y reconnaît toujours un reflet de son génie. On trouve ici l'expression la plus claire du créationisme de Tertullien, s'opposant au monisme du Portique (Gérard Verbeke, L'évolution de la doctrine du pneuma du stoïcisme à S. Augustin: étude philosophique, 1945 - books.google.com).

Une âme corporelle voyageuse céleste est une conception mélangeant stoïcisme et platonisme.

Il reste que la fortune du Phèdre a été immense. Mais elle suppose que le mythe en a été interprété littéralement avec la conception spatiale de l'au-delà céleste que cela suppose ! Telle n'était vraisemblablement pas la pensée personnelle de Platon. Mais telle fut peut-être déjà celle de ses disciples les plus immédiats, en tout cas celle de ceux qui ont admis que l'âme était matérielle, que sa fortune, avant la naissance et après la mort, se jouait en définitive dans le monde des corps. [...] Les enveloppements de l'âme dans sa chute, symbolisant l'influence des planètes ont été emprunté par la Grèce dès le temps de Platon (dans le Phèdre). [...] Le P. Festugière reste à cet égard très réservé en ce qui concerne l'attribution formelle à Posidonius de telle ou telle manifestation précise du stoïcisme platonisant (il faudrait y ajouter le platonisme stoïcisant d'un Antiochus d'Ascalon). Il n'en paraît pas moins penser qu'il faut placer en ce temps le retour à Platon, qui se confirmera au IIe siècle dans ce qu'on appelle le Moyen platonisme (Albinus, Apulée etc.) et sans doute a-t-il raison pour l'essentiel. Néanmoins il reste difficile de nier que dans le Livre I des Tusculanes, par delà la source immédiate (Posidonius ? Antiochus d'Ascalon ?), telle ou telle doctrine peut remonter soit aux stoïciens anciens soit même au premier Aristote. La théorie physique des destinées de l'âme, la remontée au ciel, au soleil ou aux astres n'ont guère pu ne pas être professées par des stoïciens anciens, comme elles l'avaient été avant eux par un Héraclide Pontique (Pierre Boyancé, La philosophie religieuse et l'hermétisme. In: Revue des Études Grecques, tome 68, fascicule 319-323, 1955, - www.persee.fr).

Un corps à La Cassaigne

Mort naturelle ou assassinat ? Enquête sur la découverte du cadavre de Michel Escarguel, au lieu dit Las Masquières près La Cassaigne et permis d'inhumation du corps (24 août 1772) [fête de la Saint Barthélemy, 200ème anniversaire du massacre] (Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, Volume 4, Archives départementales de l'Aude, 1925 - books.google.com).

Escarguel, Escaraguel, Escargueil (pyrénées), escaragou : escargot (Caracuel : village d'Espagne) (mc42.free.fr, Frédéric Mistral, Lou trésor dóu Felibrige: A-F, 1879 - books.google.com).

Clément d'Alexandrie (Stromata, V, 12, 81, 4-82, 4) constate que « la plupart des hommes, enfermés dans leur corps mortel comme l'escargot dans sa coquille, enroulés dans leurs obsessions à la manière des hérissons, modèlent sur eux-mêmes l'idée du Dieu bienheureux », (Marie-Dominique Philippe, De l'être à Dieu: topique historique, Volume 2, 1978 - books.google.com).

Masquière de l'occitan "masca", "églantier" plutôt que "sorcière" (Frank R. Hamlin, André Cabrol, Les noms de lieux du département de l'Hérault: nouveau dictionnaire topographique et étymologique, 1988 - books.google.com).

Le floraison de l'églantier, blanche également, mais qui, parce qu'annonçant l'apparition de fruits rouges, évoque le processus alchimique où la phase au Blanc précède l'Œuvre au Rouge (Paul-Georges Sansonetti, Graal et alchimie, 1982 - books.google.com).

Dans la Turba Gallica, l'arbre qui pousse au royaume marin, c'est l'Adam novus, le Christ, dont Gabertin le ressuscité est l'image ; comme Adam, cet arbre est fait de féminin et de masculin, de fleurs blanches et de fruits rouges, d'eau et de feu, pour se référer au symbolisme traditionnel de cette conjunctio oppositorum (Paulette Duval, La pensée alchimique et le conte du graal, Champion, 1979, p. 260).

On sait qu'en latin tardif, masca signifiait «masque» mais surtout «sorcière» ou «spectre, démon» comme en latin médiéval et en ancien occitan. On peut rapprocher ce mot de mascara, très répandu dans les domaines gallo-roman, ibéro-roman (catalan mascara «tache noire, salissure», également en aragonais, navarrais, valencien et à Majorque; portugais mascarra «tache» etc.) et italien (maschera «masque») et faisant référence au fait que les plus anciens déguisements consistaient simplement à se noircir le visage et parfois le corps. L'association du visage noirci, comme portant un masque, et de la sorcière ne date donc pas d'hier. (Du diable et de ses fiancées, 2009 - vousvoyezletopo.blog.lemonde.fr).

Blasphèmes

Le corps associé au Soufre et à Dieu le père (à La Cassaigne) ouvre la porte aux jurons : "Corbleu !" se dit pour "Cordieu" et "Corps Dieu". Cordieu est connu de Rabelais en 1534 dans Gargantua. Corbieu, ancêtre lointain de Corbleu est relevé au XVème comme substitut euphémique de "Corps Dieu" (Clément Legaré, André Bougaief, Empire du Sacre Québécois: étude Sémiolinguistique D'un Intensif Populaire, 1984 - books.google.com), originellement plutôt "Coeur Dieu" semble-t-il, dans Le Roman de Renart (www.cnrtl.fr - Cordieu, La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs : Gabriel en bleu et le sang).

Par là même, Palsambleu, "Par le sang de Dieu", peut être associé à Rochemaure (Gabriel, bleu, sang, Air etc.) avec jeu de mot sur bleu/Dieu.

On va dire comme ça

Il n'y a pas de correspondance directe entre les sommets du signe de croix chrétien et les humeurs définies avec la Croix d'Huriel.

Comment fait-on le signe de la Croix ? On le fait en mettant la main droite au front, de là à l'estomac, puis à l'épaule gauche, ensuite à la droite (Catéchisme ou abrégé de la foi, Thomas-Malvin, 1838 - books.google.com).

Le plexus solaire et le cerveau

Uriel / Huriel est associé au signe de croix passant sur le plexus solaire (Soleil). Or Uriel est aussi lié au cerveau, qui se situe dans la tête, à l'opposé. Mais le plexus solaire auquel Heinrich August Wrisberg (1739 - 1808) a donné le nom de cerveau abdominal, est dit aussi centre épigastrique. Récemment les scientifiques ont découvert un réseau neuronal dans l'abdomen, répartis sur la longueur du système digestif.

Le grand archée occupe l'estomac et, sorte de cerveau abdominal, commande à tous les organes sans être complètement indépendant du cerveau (Jean-Jacques Cocheton, Henri Péquignot, Jean Guerr, Histoire illustrée de l'hépato-gastro-entérologie: de l'Antiquité à nos jours, 1987 - books.google.com).

Le « cerveau abdominal », ses méandres, sa taille, était ainsi mis exactement en parallèle avec le cerveau central. Ce lien entre les deux organes est un fait que de très anciennes cultures asiatiques, par exemple indiennes, ont souligné, et qui est maintenant plus ou moins corroboré par la science : parenté structurale, et aussi similarités biochimiques. (Alain Robert Coulon, Le sherpa et l'homme blanc: un Occidental devant l'Extrême-Orient, 2009 - books.google.com).

Ce centre nerveux, situé près du cardia ou l'orifice supérieur de l'estomac, qui traverse le diaphragme, a été considéré comme l'un des principaux ressorts de la machine animale, et le siège de toutes les affections que l'on rapporte au cœur. C'est au cardia et à ce centre phrénique (au creux de l'estomac), que Van Helmont (1577-1644) plaçoit son archée directeur de toute l'économie, que Buffon et Lacaze établissoient le foyer de la vie et l'âme, comme les anciens : "Idque situm media regione in pectoris haeret : / Hic exsultat enim pavor ac metus, haec loca circùm / Laetitiae mulcent (Lucrèce. Rer. nat. lib. III) (Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc: Mu - Nil, Volume 22, Deterville, 1818 - books.google.com).

La licorne, symbole de l'âme, y trouve donc bien sa place.

Uriel est associé aussi à la sephira Tiphereth.

L'épaule gauche et le coeur

Le coeur est en dessous de l'épaule gauche, du côté gauche.

Ni la version latine ni la version française de la règle ne font allusion à la croix. Celle-ci, portée sur l'épaule gauche au-dessus du cœur, ne figure pas sur le manteau avant 1147 : le 27 avril de cette année, le pape Eugène III, présent en en France à l'occasion du départ de la deuxième croisade, assista au chapitre de l'ordre réuni à Paris ; il accorda aux templiers le droit de porter en permanence la croix. Croix simple, mais ancrée ou pattée, qui symbolise le martyre du Christ ; croix rouge, car le rouge est symbole du sang versé par le Christ, mais aussi symbole de vie. On sait que le vœu de croisade s'accompagne de la prise de croix ; le port permanent de celle-ci symbolisait donc la permanence du vœu de croisade des templiers. Le chroniqueur Ernoul, qui écrit au XIIIe siècle, donne une origine fantaisiste au port de la croix. Pour lui, templiers et hospitaliers, en souvenir de leurs liens, rompus depuis, avec le chapitre du Saint-Sépulcre, empruntèrent une partie de « l'enseigne de l'habit du Sépulcre », la croix rouge (Alain Demurger, Vie et mort de l'Ordre du Temple: 1118-1314, 1989 - books.google.com).

La tête et la bile

La jaunisse, qu'on appelle mal de tête, improprement, est une maladie de la bile; elle vient par l'obstruction des canaux de la bile, laquelle ne pouvant se séparer du sang comme à l'ordinaire pour passer dans ses propres tuyaux, est obligée de couler dans les vaisseaux du sang; ce qui fait qu'elle s'alliera avec la salive de la bouche & de l'estomac, & généralement avec toute la lymphe nourricière du corps (François-Alexandre de Garsault, Le nouveau parfait maréchal ou La connaisance générale et universelle du cheval divisé en sept traités, 1770 - books.google.com).

A l'égard du vomissement de bile, ce symptôme surprenant, dans les plaies de la tête dénote toujours que le cerveau est blessé, ou dérangé par une compression ou par une commotion. Il est avéré par des observations journalières qu'il n'est pas permis de mettre en doute, que des changemens considérables arrivés au cerveau même des personnes qui se portoient le mieux du monde , non-seulement excitent ces vomissemens bilieux, mais même causent souvent, presque en un moment, un changement étonnant dans la bile. Un homme qui faisant un trajet sur mer, n'est point accoutumé au mouvement du vaisseau, à la suite d'un vertige & d'anxiétés insupportables, vomit une bile couleur de rouille. La même chose arrive en état de santé à quelqu'un qui tourne avec force pendant quelque tems. Dans ce second cas comme dans le précédent, il arrive d'abord un vertige qui annonce que le cerveau est affecté. Réciproquement la bile corrompue dans les viscères trouble prodigieusement les actions du cerveau, causent des vertiges, des délires & des convulsions; & quand cette bile impure est délogée & chassée, tous ces symptômes cessent aussi tôt. Tout cela prouve clairement qu'il y a une communication étonnante entre la tête & les viscères, puisqu'ils font des impressions si réelles l'un sur l'autre. L'on ne sauroit aisément rendre raison de ce phénomène par ce qu'on connoît de la structure des parties, quoique on soit convaincu de la vérité du fait par les expériences les plus constantes. C'est en conséquence de cette communication entre le cerveau & les visceres que les personnes qui ont reçu un coup à la tête, se plaignent pour l'ordinaire d'un gout amer dans la bouche, comme le remarque Jean Scultet [Johann Schultes (1595-1645), Johannes Scultetus], dans son Armamentarium chirurgicum, 1653 [L'Arcenal de chirurgie, Lyon, 1675].

Ce signe a toujours été regardé comme mauvais quand il se déclare après des coups à la tête, conformément au sentiment d'Hippocrate (vers 460 - vers 370 avant J.-C.), qui nous avertit dans ses Prénotions de Cos, que quelqu'un dont le cerveau à été blessé, a pour l'ordinaire de la fièvre, un vomissement de bile & tombe en apoplexie, & qu'après de pareils symptômes il n'y a rien de bon a attendre. » (Robert J. James , Dictionnaire universel de médecine, de chirurgie, de chymie, de botanique, d'anatomie, de pharmacie, d'histoire naturelle, Traduit par Denis Diderot, Marc-Antoine Eidous, François-Vincent Toussaint, revu par Julien Busson, Volume 2, Briasson, 1746 - books.google.com).

L'épaule droite et la mélancolie

La rate est en fait du côté gauche, dans l'hypochondre gauche. Les atteintes de la rate donnent parfois des douleurs qui se propagent jusque dans l'épaule gauche et non droite. Alors quelle correspondance peut on avoir avec l'épaule droite ?

Dans l'amour, le repentir, la mélancolie et le repos, l'inclinaison a toujours lieu du côté de l'épaule droite; elle penche à gauche dans la douleur physique (A. B***, Jules Boll, Histoire pittoresque des Passions particulièrement de l'amour, 1846 - books.google.com).

Une statue en bronze de Dionysos fut découverte à Chevrier en Haute-Savoie en 1870. "Le bras gauche, levé, s'appuyait sur le thyrse, dont la main garde encore le sillon. La tête est couverte d'une abondante chevelure qui, striée sur le crâne, forme d'épais bandeaux sur les côtés, et détache sur chaque épaule une longue boucle en torsade. Les yeux sont incrustes d'argent; la pupille creuse recevait une pierre de couleur qui donnait de la vie au regard. Une expression de melancolie douce et reveuse est repandue sur le visage du dieu, dont la tete s'incline sur l'epaule droite." (Anzeiger für schweizerische Altertumskunde, 1916 - books.google.com).

Nous retrouvons l'influence de la Contre-Réforme dans le dernier des thèmes secondaires qui ont pris naissance de la vieille iconologie des Arts Libéraux : la Vanitas. [...] Le tableau est connu sous le titre d'Allégorie des Sciences ou Allégorie de la Vanité des Sciences (Milan, Pinacoteca Ambrosiana) et, à l'exception d'un portrait de son père, est le seul tableau sur un sujet non religieux de son auteur Giovanni Serodine, né à Ascona en 1594, mort à Rome en 1631. Peintre ténébriste, Serodine plonge cette figure de jeune femme demi-nue dans une pénombre éclairée par une lueur dramatique, presque tragique. De sa main droite elle presse son sein droit dont aucun lait ne jaillit. La tête tombée sur l'épaule droite, les yeux fermés, les traits du visage tirés, les cheveux qui s'échappent d'un bandeau, les vêtements autrefois riches mais maintenant déchirés et en désordre — elle est l'image même de la Mélancolie, une Madeleine pénitente. Dans la main gauche elle tient un fuseau de quenouille, le fuseau des Parques qui décident de notre mort, « l'hiéroglyphe de la mort » selon l'Hypnerotomachia Poliphili où Colonna dit textuellement : « Elle tranche tout, la mort », et les hiéroglyphes qui expriment cette phrase sont un couteau pour « tranche », un globe terrestre pour « tout », et le « la mort ». Eh bien, la même main qui tient le fuseau s'appuie sur une sphère armillaire renversée sur la table et y juchant de façon précaire. Qu'il y ait aussi un couteau je ne saurais le dire (le tableau se lit avec difficulté), mais il y a bien un fil de la quenouille qui est coupé net et qui pend directement devant la sphère (Robert Erich Wolf, Querelle des arts libéraux, Renaissance, maniérisme, baroque: actes du XIe Stage international de Tours, [1968], 1972 - books.google.com).

Giovanni Serodine, Allégorie de la Vanité des Sciences (vers 1625), Détail, Pinacoteca Ambrosiana - Milan

Peut on donner la définition précédente dans le cas où dans les différentes crucifixions, Jésus penche la tête à droite (Delacroix, Christ en croix, 1835, Musée de Vannes) ou à gauche (Crucifixion de Labatut) ?

Eugène Delacroix (1798-1863), Le Christ sur la Croix (1835), Musée Cohe - Vannes - notesdemusees.blogspot.fr

Christ en croix avec la Vierge, saint Jean et sainte Madeleine, limite 17e siècle 18e siècle, église Saint-Romain, Labatut -Landes - www.culture.gouv.fr

Sur la crucifixion de Rouziers, au croisement de la Croix d'Huriel, la blessure est à gauche et la tête penchée à droite, comme de juste :

F. Castel, La Crucifixion avec la Vierge, saint Jean, saint Etienne et saint Germain - Eglise Saint Martin (Rouziers, Cantal, France) - archives.cantal.fr

Sang

Flegme

Bile jaune

Bile noire

Pituite

Atrabile

Lymphe

Coeur

Cerveau

Foie

Rate

Jovial

Flegmatique

Colérique

Mélancolique

Rouge

Blanc

Jaune

Noir

Salé

Insipide

amer

acide

Air

Eau

Feu

Terre

Chaud et humide

Froid et humide

Chaud et sec

Froid et sec

Printemps

Hiver

Eté

Automne

Gémeaux Balance Verseau

Cancer Scorpion Poissons

Bélier Lion Sagittaire

Taureau Vierge Capricorne

Gabriel

Uriel

Raphaël

Michel

Bleu

Rouge

Jaune

Vert

Mars

Soleil

Mercure

Lune

Est

Nord

Sud

Ouest

Verre

Mercure

Soufre

Sel

Rochemaure

Huriel

La Cassaigne

Fronsac

Amen

Du Fils

Au nom du Père

Et du Saint Esprit

Âme

Corps

Esprit