Partie XIV - Le Serpent rouge   Le voyage de l’âme   Verseau   
SERPENT ROUGE SCEAU DE PALAJA

VERSEAU

« Comme ils sont étranges les manuscrits de cet Ami, grand voyageur de l’inconnu ; ils me sont parvenus séparément, et pourtant ils forment un tout pour celui qui sait que les couleurs de l’arc-en-ciel donnent l’unité blanche, ou pour l’Artiste qui sous son pinceau, fait des six teintes de sa palette magique jaillir le noir. »

L'inconnu

Si Jules Verne a pu passer pour cet ami, il est bon de remonter aux sources.

L'impression d'irréalité est le premier des caractères que possède l'espace parallèle du Voyage au centre de la Terre et celui de Démons et Merveilles. Les deux textes offrent la vision d'un espace souterrain qui se singularise par son aspect inconnu, inexploré, et qui ne possède pas les caractères habituels de la réalité. Son existence est rendue possible chez Verne par le désir de pousser plus loin encore la peinture d'un globe terrestre mystérieux - l'année suivante, toujours dans cette logique de l'inconnu, Verne écrira De la Terre à la Lune - et elle est rendue possible chez Lovecraft par la volonté de proposer face à la dureté de son siècle, un univers qui condenserait les éléments faisant défaut à l'époque moderne... des éléments que véhiculent les rêves.

Dans ces deux ouvrages, écrits en référence aux récits mythologiques, les vivants pénètrent le domaine des morts. La descente au centre de la Terre se fait chez Verne dans une pleine référence à Virgile : "M. Frederiksson me lança avec son dernier adieu, ce vers que Virgile semble avoir fait pour nous, voyageurs incertains des routes : Et quacumque viam dederit fortuna, sequamur". Plus claire encore est la deuxième référence à Virgile : "C'était le Facilis descendus Averni de Virgile". Les voyageurs vont entreprendre un périple semblable à celui qu'accomplit Enée, un parcours terrestre certes, mais aussi souterrain, puisqu'il s'agira pour le héros mythologique de retrouver son père aux Enfers et pour les personnages aussi verniens de suivre les traces de Saknussemm. L'aspect mythologique est encore accentué par le nom qu'Axel donnera à la mer intérieure que les personnages découvrent : il l'appellera la "mer Méditerranée", rappel des voyages d'Ulysse qui lui aussi rencontra les morts, et surtout rappel de l'Antiquité dans le plus fort sens du terme (Florent Montaclair, Fantastique et événement: étude comparée des oeuvres de Jules Verne et de Howard P. Lovecraft, Volume 621 - books.google.fr).

Les couleurs

Dans l'Aude, le personnage qui s'est intéressé à la reproduction de la couleur est Charles Cros.

Charles Cros (1842-1888) est un personnage fondamental pour l'histoire de la photographie. Il vient de publier, en 1869, sa Solution générale du problème de la photographie des couleurs, où il résout parfaitement le problème, solution que son époque néglige régulièrement. En effet, il découvre le « processus de sélection photographique par des filtres, des trois couleurs fondamentales (jaune, magenta et cyan) qui composent un original en couleurs » (Giovanni Dotoli, Rimbaud ingénieur, 2005 - books.google.fr).

L'unité blanche

L'expression "unité blanche" est rare sur internet. On la rencontre dans les milieux symbolistes gravitant autour de Joseph Péladan, auxquels Jean Delville, peintre belge appartenait.

Reprenant à son compte les théories goethéennes du prisme de couleurs formant à leur intersection la lumière blanche, Delville matérialise la fusion colorée de l’androgyne. Il reconnaîtra ultérieurement sa dette envers les théories des mystérieux occultistes Gary et Polti, qui diffusent une « théorie des tempéraments et leur pratique » dans L’Initiation. Chaque couleur exprime un trait physique et psychologique de la personnalité. À travers « une cristallographie des proportions humaines » qui reprend la phrénologie de Johann Kaspar Lavater, les rapports entre forme physique et caractère moral esquissent une loi des complémentaires soumise à l’harmonie de l’idéal amoureux. « L’idéal, ce dont l’oeil a besoin pour l’équilibre de ses sensations, c’est un excès tel de la couleur absente qu’on retrouve dans l’ensemble une impression analogue à celle de l’unité blanche. » La recherche de l’unité blanche, qui permet l’harmonie colorée, désigne la fusion du prisme solaire démontrée à la même période par les recherches néoimpressionnistes. Elle coïncide aussi pour Gary et Polti à la recherche de l’idéal amoureux, qui permet la fusion androgyne du masculin et du féminin : « La grande tendance de deux êtres à devenir un – l’un par l’autre, et non plus individuellement –, ce qui n’amène qu’un troisième être, l’Enfant. » Pour les auteurs, la plus pure complémentarité se situe finalement dans la formation de l’amour des sexes opposés et dans l’amitié des mêmes sexes, « où les traits comparés n’offrent pourtant aucune similitude, comme, par exemple, chez un corporel et une intellectuelle complémentaire ». Goethe et Schiller, Racine et Boileau sont ainsi cités.

L’analogie entre couleur et sexualité s’inscrit dans la réforme des sciences ésotériques menées dès le milieu du xixe siècle par le fondateur de l’occultisme moderne, Éliphas Lévi. Le modèle androgyne, issu de la tradition adamique et de la pensée utopique des saint-simoniens et des fouriéristes, doit fournir une société sans classe ni distinction de sexe, où « les deux sexes n’en feront plus qu’un, selon la parole du Christ, [que] le grand androgyne sera créé [et que] l’humanité sera femme et homme, amour et pensée, tendresse et force, grâce et énergie ». (Damien Delille, L’idéalisme insexué Jean Delville et le devenir androgyne de l’humanité, Jean Delville (1867-1953) Maître de l’idéal, 2013 - dipot.ulb.ac.be).

Jean Delville, L'Ecole de Platon (1898) - Musée d'Orsay

Léonard de Vinci, le blanc et le noir

Léonard de Vinci, éminemment habile au point de vue de la composition et de la formation des couleurs, compte six teintes fondamentales : le blanc, le jaune, le vert, le bleu, le rouge et le noir. Il n’ignorait cependant pas que le vert s’obtient par le mélange du jaune et du bleu. Il admettait pour couleurs principales le rouge, le jaune et le bleu, et disait que le mélange de ces couleurs, soit entre elles, soit avec du noir et du blanc, devait donner toutes les teintes imaginables. Waller aussi, dans les Transactions philosophiques, pour 1686, a essayé une classification des couleurs et des matières colorantes, fondée sur ce même fait, alors universellement admis, que les seules couleurs primitives sont le rouge, le jaune et le bleu.

La découverte de la composition de la lumière blanche par Newton fit faire un grand pas à la théorie des couleurs. Il faut regretter cependant que Newton, entraîné par un certain amour pour le chiffre sept, et séduit par l’analogie qu’il croyait pouvoir établir entre les intervalles musicaux et les intervalles de la gamme des couleurs, ait distingué l’indigo du bleu ; son spectre n'aurait dû comprendre que six couleurs : trois principales ou primitives, le rouge, le jaune et le bleu; trois couleurs secondaires, l’orangé, le vert et le violet (Abbé Moigno, Répertoire d'optique moderne, ou Analyse complète des travaux modernes relatifs aux phenomenes de la lumiere, Volume 3, 1850 - books.google.fr).

Deux siècles avant Newton, Léonard de Vinci écrivait : "Le blanc n'est pas une couleur par lui-même; il est le contenant de toutes les couleurs." (Il bianco non e per se colore, ma il ricetto di qualunque colore) (Charles Blanc, Grammaire des arts du dessin: architecture, sculpture, peinture, 1867 - books.google.fr).

Doit-on regretter que le noir particulier qu'employait Léonard, et dont il était l'inventeur, ait prévalu dans les teintes de la Monna Lisa et leur ait donné cette délicieuse harmonie violâtre, cette tonalité abstraite qui est comme le coloris de l'idéal? Nous ne le pensons pas. Maintenant, le mystère s'ajoute au charme, et le tableau, dans sa fraîcheur, était peut-être moins séduisant (Théophile Gautier, Le Musée du Louvre, Paris-Guide, 1867 - books.google.fr).

L'abbé Billy dans ses Leçons physico-géographiques développe toutes les idées de Newton sur la nature & sur les propriétés des couleurs. L'expérience du prisme prouve évidemment que les couleure ne sont autre chose que la lumière. Aussì n'y a-t-il aucun physicien ni ancien ni moderne, au moins de ma connoissance, qui croie les couleurs attachées aux objets. Les moines même, auteurs des vieilles hymnes du bréviaire, certainement très-inferieurs à Newton dans l'étude de la physique, ne font aucune difficulté de dire: "Rebusque jam color redit / Vultu nitentis siderìs." Avant eux on lisoit dans Virgile (Enéide Livre VI) "rebus nox abstulit ara colorem." Je ne vois donc pas comment le savant auteur suppose que les adversaires de Newton pensent que les couleurs font dans les objets. Oh non, ils sont bien éloignés d'établir ce paradoxe; ils disent comme lui (Journal historique et littéraire, Volume 3, F. Cavelier, 1779 - books.google.fr).

Newton écrivit une Chronologie dans laquelle il essaie de justifier l'anachronisme de la fondation de Carthage par Didon peu après la Guerre de Troie.

Didon est citée dans La Vraie Langue Celtique de l'abbé Henri Boudet à la page 91 et fixe la date de fondation de Carthage à 888 avant J.-C.

Enée, le "fils de Vénus, accompagné de plusieurs milliers de gens, s'en va au tombeau d'Anchise, où il verse, selon l'usage, deux vases de vin tout pur, deux autres de lait fraîchement tiré, & autant de sang des victimes ; il jette des roses rouges, & parle après en ces termes : Je vous salue, mon père, qui estes maintenant au rang des Dieux ; je salue aussi vos cendres, que j'ay en vain recueillies pour la seconde fois ; je salue vostre ame & vos manes. ll ne m'a point esté permis de voir avec vous la fatale Italie, non plus que le Tibre d'Ausonie, quel que puisse estre ce fleuve. Comme il achevoit ces mots, il sortit du fond du tombeau un serpent d'une grandeur énorme, qui faisant sept tours & sept replis, embrassa doucement le sépulchre, & il glissa vers l'Autel : il avoit le dos tacheté de bleu ; & ses écailles brilloient d'une couleur jaune & rouge, comme les diverses nuances que l'on voit à l'Arc-en-Ciel, lors que les rayons du Soleil font opposez à des nues. Ce spectacle effraya Enée : Enfin ce serpent s'étant traîné parmi les vases & les coupes, goûta tant soit peu des viandes sacrées, & sans faire nul dommage, se cacha ensuite sous ce tombeau (Virgile, Enéide, Livre V, De La Traduction De Mr De Martignac, Contenant Les VI. Premiers Livres De L'Eneide, Volume 2, 1697).

Le serpent ne fait que goûter aux viandes des bêtes immolées, ce qui laisse présager à Enée le succès de ces entreprises. Selon Tite-Live, un autre serpent - peut-être le même - apparaît dans le palais de Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome, après avoir sacrifié lui-même au Mont Albain (mont blanc). Le serpent sortit d'une colonne ou d'un autel et dévora les entrailles des victimes. Le roi enverra deux de ses fils, Titus et Aruns, accompagnés de Lucius Junius Brutus à Delphes pour que ce prodige soit expliqué : la question posée à la pythie est qui va succéder à Tarquin ? Plus tard, Brutus renverse Tarquin et instaure la rébulique. C'en était fait de la royauté. Contrairement au serpent rouge du tombeau d'Anchise, ce serpent symbolisait la colère du peuple de Rome, mécontent de la tyranie de Tarquin (Serpent rouge : Sagittaire). (Autour de Rennes le Château : Le Tombeau d’Anchise).

Le lieu : Chalabre

Chalabre est au début du secteur du Verseau dans le calendrier nonagonal. Il est encore dans le Verseau dans le Zodiaque de Palaja.

Pons de Bruyères le Chatel était lieutenant de Simon de Montfort, et fut fieffé du pays de Kercorb dont Chalabre est la capitale. Il était descendant de Baudouin de Flandres et portait les armes de cette province : "D’or au lion rampant de sable, armé et lampassé (griffes et langue) de gueules, la queue nouée et fourchue, passée en sautoir" ; la devise: "seule la foi suffit" en latin "sola fides sufficit".

Nathalie, petite fille de François Jean et dernière de la lignée des de Bruyères à Chalabre, épouse en 1817 Mathieu Antoine de Mauléon. Il arborait: " De sinople à un pal bretessé d'argent ". C'est encore actuellement le blason de Nébias. Elisabeth de Mauléon, fille des précédents, épouse Gabriel de Roux. Il blasonnait: " D'or à 7 hermines " ; la devise: "la mort plutôt que la honte" en latin lethum quam lutum On peut remarquer qu'il est très semblable à celui de Trencavel. C'est actuellement encore le blason de Puivert (chalabremetaitconte.pagesperso-orange.fr - Blasons).

Puivert se trouve dans le secteur du Capricorne (RETIRE MOI DE LA BOUE du CAPRICORNE). Le "lutum" de la devise des Roux signifie aussi boue (cf. Stella luti).

Henri Charles Etienne Dujardin-Beaumetz (1852–1913), fut député radical de la circonscription de Chalabre, maire de La Bezole. Alors qu'il était sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts, eut lieu le vol de la Joconde de Léonard de Vinci, rencontré ci-dessus, au Louvre le 21 août 1911, perpétré par Vincenzo Perugia, ouvrier chargé des travaux de restauration au musée (chalabre.blogs.lindependant.com - Gérard et Christian Moralès).

Maurice Leblanc reçut la Légion d'honneur le 17 janvier 1908 des mains de Dujardin-Beaumetz, maçon de Limoux, ami de Saunière, de Georgette Leblanc. (fr.wikipedia.org - Maurice Leblanc).

La première grande collection qui ait été mise en vente est celle de M. de Bruyères Chalabre (6-25 mai 1833), formée en trois années, à force d'or, par un amateur qui n'aimait pas à attendre.

La collection Bruyères-Chalabre était surtout riche à partir de Louis XIII et dans la série des rois et maîtresses, chronique d'alcôve et de cour.

La physionomie de la vente Bruyères-Chalabre n'est pas moins caractéristique que celle de son catalogue. Déjà la lutte devenant ardente et mêlée, on y remarque ces bizarreries, ces contrastes, ces variations de prix qui font du commerce des autographes, jusqu'à un certain point, le thermomètre du goût et de la moralité publics. On y sent une prédilection naissante pour les rebelles et criminels illustres, les femmes galantes. Mais voici quelques chiffres qui en diront plus que toutes les paroles.

Pour 200 fr. on avait quatre-vingt-quatre lettres ou billets d'amour de Madame la marquise du Châtelet, dont l'esprit a fait oublier le cœur, et qui pourtant avait un cœur qu'amusa Voltaire, et que le vigoureux Saint-Lambert prit d'assaut et occupa militairement. Singulière destinée que celle de cette femme positive et romanesque, à poulets et à théorèmes, que la grossière galanterie du dragon versificateur écrasa sous son poids, et que feront vivre éternellement quelques vers et quelques lettres d'un amant trop platonique à son gré (M. de Lescure, Les autographes, et le goût des autographes en France et à l'étranger, 1865 - archive.org).

Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, communément appelée Émilie du Châtelet, née à Paris le 17 décembre 1706 et morte à Lunéville le 10 septembre 1749, est une mathématicienne et physicienne française. Elle est aussi restée célèbre pour être l'auteur de la traduction française des Principia Mathematica de Newton qui fait toujours autorité aujourd'hui, et également pour avoir été la maîtresse de Voltaire.

Des manuscrits de Madame du Chatelet furent mis aux enchères en 2012 : des pièces inédites, œuvre de celle qui traduisit pour la première fois du latin au français l’ouvrage monumental de Newton, Philosophiae Naturalis Principia Mathematica, soit en français Principes mathématiques de la philosophie naturelle, communément appelé les «Principia».

Parmi les manuscrits figurent Eléments de la philosophie de Newton annotés à la fois par Madame du Châtelet et Voltaire, une version de l’Exposition abrégée du système du monde selon les principes de Monsieur Newton, corrigée de la main de Madame du Châtelet, deux études inconnues sur l’optique de Newton, plusieurs notes de la main de Voltaire, un carnet d’études sur la géométrie, l’arithmétique , l’optique… ou encore un volume de notes sur l’histoire de la religion (Azar Khalatbari, Il faut sauver les manuscrits d’Émilie du Châtelet !, 2012 - www.sciencesetavenir.fr).

Chalabre et Virgile

Chalabre, petite ville de France dans le Languedoc, en Latin Calabria. Elle est située sur la riviere de Lers, quatre lieuës au dessus de Mirepoix dans le Pays de Foix (Thomas Corneille, Dictionnaire universel, geographique et historique etc, Volume 1, 1708 - books.google.fr).

Chez Bernard de Clairvaux, Chalabre s'écrit Calabria comme la Calabre, province italienne (Saint Bernard de Clairvaux, Opera omnia, Volume 2, 1839 - books.google.fr).

Dans certains manuscrits de La Chanson de Roland, Calabre est écrit "Chalabre" : "Rome a conquise par son fier vasalage / Puille et Chalabre tient en son eritage" (Jules Horrent, Sur les sources épiques du Pèlerinage de Charlemagne. In: Revue belge de philologie et d'histoire. Tome 38 fasc. 3, 1960 - www.persee.fr).

Dans la Chanson d'Aspremont, le théatre des combats entre l'empereur, son neveu et Agoland était, on le sait, la Calabre. Or il y avait divers lieux dans le Sud-Ouest appelés eux aussi Calabre ou Chalabre, ce qui a apparemment donné l'idée au Chroniqueur que Aumont fut tué par Roland en un de ces lieux de sorte qu'il était utile de raconter brièvement cet évènement émouvant. Nous connaissons un Chalabre dans l'Aude, un second dans la Dordogne (ancienne abbaye du XIe siècle aujourd'hui église paroissiale de Calviazès, commune de Calviac, canton de Carlux, arrondissement de Sarlat). Mais c'est un troisième lieu-dit "Calabre" que notre Chroniqueur a pris comme point de départ pour son récit sur trois épisodes de la Chanson d'Aspremont: une montagne couronnée d'une Sainte- Croix voisine d'un "clusel" aux environs immédiats du site de la bataille entre Charlemagne, Roland et Aumont où l'empereur fondera en souvenir des victimes du combat l'abbaye de Clairac (vers Agen). (André de Mandach, La chanson d'Aspremont, Beihefte Zur Zeitschrift Für Romanische Philologie, Volume 120, 1970 - books.google.fr).

A l'âge de 52 ans, Virgile s'embarqua pour la Grèce, résolu d'employer d'abord trois ans à revoir & à perfectionner son grand Poëme, & à consacrer ensuite le reste de ses jours à l'étude de la Philosophie. Ayant rencontré à Athènes Auguste qui revenoit de l'Orient, il crut devoir le suivre. Dans le trajet, il tomba malade. La navigation augmenta son mal. Enfin, arrivé à Brindes en Calabre, il y mourut peu de jours après. Par son testament, il avoit condamné au feu son Enéide, comme n'étant qu'une ébauche indigne , selon lui, de voir le jour. Mais Tucca & Varius, deux de ses amis, lui ayant représenté qu'Auguste ne souffriroit pas que cet article eût son exécution, il leur légua ce Poëme, à condition qu'ils en retrancheroient ce qu'ils jugeroient à propos, & qu'ils n'y ajouteroient rien. Les deux Légataires se conformèrent à sa volonté. Le corps de Virgile fut porté à Naples, comme il l'avoit demandé, & enterré à une demi-lieue de cette ville, sur le chemin de Pouzol. On mit sur son tombeau l'épitaphe qu'il avoit faite lui-même, & que voici :

Mantua me genuit, Calabri rapuere, tenet nunc / Parthenope ; cecini pascua, rara, duces. (Je naquis à Mantoue, & suis mort en Calabre. Naples a maintenant mes cendres & mes os. J'ai chanté les Bergers, les Champs & les Héros).

Ces vers contiennent tout ce qu'il y a de plus important dans la vie de Virgile. L'histoire d'un Héros consiste dans ses exploits. Celle d'un Ecrivain dans ses Ouvrages (Les œuvres de Virgile, Volume 1, J. Barbou, 1787 - books.google.fr).

Il n'y a pas jusqu'en Calabre où l'on ne trouve de serpent :

Il est dans les forêts de la Calabre un serpent de la pire espèce : couvert d'écaillés, il rampe fièrement assis sur sa croupe; il a le ventre long et marqué de grandes taches. Quand l'urne brisée des fleuves s'épanche, quand au printemps les terres sont trempées des pluies de l'auster, il habite le bord des étangs, et là il engloutit dans son ventre affamé les poissons et les grenouilles coassantes. Mais après que l'été brûlant a tari les marais et fendu les terres partout béantes, le reptile s'élance sur le sol aride, roule ses yeux enflammés; irrité par la soif, rendu furieux par la chaleur, il porte le ravage dans les campagnes. Me préserve le ciel de goûter le doux sommeil en plein air, de me coucher sur l'herbe des pentes boisées, alors que, faisant peau nouvelle et tout brillant de jeunesse, il se roule à terre, et que, laissant daus son trou ses œufs ou ses petits, il se dresse au soleil et darde une triple langue ! (Virgile, Les Géorgiques, Livre III - books.google.fr).

L'écusson du Serpent rouge

Pour en revenir à l'écusson de la première page du Serpent rouge, la tête de cheval trouve une correspondance dans le blason de la famille de La Croix de Chevrières qui apparaît, à l'occasion d'une union matrimoniale, dans le château de Gaure à Rouffiac-d'Aude (La Croix d’Huriel et pierres noires : Saint Jean Baptiste, Saint Sulpice et Sceau de Palaja).

Or le château de Gaure se trouve dans le secteur du Verseau du zodiaque de Palaja, ce qui expliquerait l'amphore se déversant dans l'écusson. Or Amphora est un nom qui en latin se donne quelquefois à la constellation du Verseau.

Si l'on se place dans une vision cartographique en étant positionné du point de vue du Nord, alors "Lene" qui correspond à Magalas, "Buxeum" au Buc, Eous (autre nom de Memnon, fils de l'Aurore ayant participé à la guerre de Troie) à la Roque Mude/Saint Salvayre (avec son géant Marre), et Scaphae (cadran solaire en latin) à Camurac (?) se trouvent de gauche à droite tels que la devise, et Gaure en dessous de cette ligne comme dans l'écusson. Gaure ne se trouve pas sur la ligne gnostique en effet. Celle-ci n'est cependant pas courbe comme la devise est représentée.

En particulier Rouffiac semble d'origine romaine si on tient compte de l'étymologie supposée de son nom et de l'importance des vestiges de l'époque gallo-romaine qui ont été trouvés dans son terroir.

Marble statue (H. 0.67) found in the "Domaine de Gaure". Rouffiac-d'Aude (La Lagaste), private Coll. of M. Fau. Attis in Phrygian cap, girt tunica manicata and anaxyrides standing cross- legged. His right elbow is resting on his left hand and it seems that he was supporting his chin. The cap ends in a swan's head (Maarten Jozef Vermaseren, Corpus cultus Cybelae attidisque, Volume 2, 1977 - books.google.fr).

Endymion, le berger aimé de Diana, que Jupiter plongea dans un sommeil millénaire, fut l'une des figures mythologiques du Verseau, endormi du sommeil que connaissent tous les dieux en attente de leur « réveil » ou renaissance. Cf. les autres figures de l'Amphore ou de l'Arbre : Ganymède, Attis, Adonis, etc. (Jean-Charles Pichon, Nostradamus en clair, 1970 - books.google.fr).

Ne quittons pas Rome sans descendre un instant dans l'hypogée dont un affaissement du sol décela, en 1918, l'existence sous la voie ferrée de Rome à Naples, tout près de la Porta Maggiore.

Le décor de l'abside de l'hypogée convenait évidemment particulièrement à la crypte d'une tombe qui était celle d'un des vainqueurs de la bataille d'Actium. Et ce personnage devait évidemment, sans doute par tradition familiale, appartenir aux milieux pythagoriciens de Rome, qui avaient prospéré à la fin de la République autour de la personnalité rayonnante de P. Nigidius Figulus avant l'exil que lui infligea César. Le ralliement d'au moins une partie de la secte à Auguste s'est marqué entre autres pieuses manifestations, dont témoigne au plus haut rang le décor de cet hypogée, par l'anecdote probablement inventée inventée sur une intuition prophétique qui aurait saisi Nigidius Figulus pendant une séance du sénat qui coïncida avec la naissance d'Auguste : ayant appris que son collègue Octavius s'était absenté de la curie en raison de l'accouchement de sa femme, et s'étant de plus informé de l'heure exacte de la naissance, l'illustre pythagoricien, expert en astrologie, déclara qu'« il était né un maître à l'univers » (Suétone, Divus Augustus, XCIV, 6).

Si on considère en effet la vignette de l'apothéose du Verseau dans son contexte immédiat, on s'aperçoit qu'elle est cernée aux quatre angles de représentations identiques d'Attis, et encadrée de deux Eros, disposés à l'extérieur des deux côtés opposés du carré où elle s'inscrit, sur le grand axe de la voûte.

Ce qui s'exprime avec la signification du stuc majeur de l'hypogée de la Porte Majeure, c'est le projet qu'ont eu les pythagoriciens romains ralliés à Auguste d'apporter au pouvoir du vainqueur d'Actium les ressources spirituelles de la secte, en entourant l'Apollon qui serait intervenu à la bataille d'Actium pour faire basculer l'histoire du monde de la dimension mystique d'un dieu engagé depuis toujours dans le salut céleste des âmes pures et valeureuses (Gilles Sauron, Visite à la Porte Majeure, Histoires d'ornement: actes du colloque de l'Académie de France à Rome, Villa Médicis, 27-28 juin 1996, 2001 - books.google.fr).

Attis pleurant à l'un des quatre coins de la scène du Ganymède - J.A. North, Sappho Underground, Historical and Religious Memory in the Ancient World, 2012 - books.google.fr