Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Les Prophètes et le Sceau de Palaja   Des psaumes et l’inverse du Cercle des Prophètes   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES RENNES LE CHATEAU INVERSE LOUBATIERE LACOMBE AUDE PSAUMES 91 144 79 145

Le psaume 144 (Vulgate) est le seul psaume cité nommément par l'abbé Boudet dans La Vraie Langue Celtique, comme c'est le cas du prophète Jérémie et de l'évangéliste Matthieu. Ce psaume est cité à la page 246 appariée à la 91 donnant le psaume 91. Cependant, de même, si Jérémie est le seul prophète nommément cité, "filius homini" (page 234 correspondant au psaume 79, 234-155) est une allusion à Daniel (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre IV - Ps. 91).

Psaume 91

Une partie seulement de l'immense armée a traversé la mer et s'est emparée des magnifiques vallons situés au pied de l'Atlas, où croissent en abondance les orangers et les citronniers portant leurs splendides pommes d'or. Les Atlantides, Libyes et Gaetules ont vécu avec les conquérants et sont devenus les Maures et les puissants Numides dont la cavalerie était si redoutée des Romains. (VLC, p. 91)

Et plus loin à la même page sous le titre "LES GÉNÉRAUX DE CARTHAGE – LES ROIS NUMIDES" :

Les Numides virent plus tard une colonie de Phéniciens aborder sur leurs côtes et y fonder des établissements. La ville de Carthage y fut bâtie, 888 ans avant Jésus-Christ, par Didon, princesse tyrienne. Adonnée au commerce, Carthage s'enrichit, s'accrut avec rapidité et étendit ses possessions sur le littoral Africain et sur les côtes de l'Espagne, attrayante surtout par ses mines d'or et d'argent. (VLC, p. 91)

Le symbolisme du cercle n'était point, comme on peut le voir, particulier aux Celtes. Il faut dire cependant qu'il leur était familier, ainsi que le prouvent les cromlecks répandus dans toutes les contrées habitées par nos aï eux. Le centre du cromleck de Rennes-les-Bains se trouve dans le lieu nommé, par les Gaulois eux-mêmes, le Cercle–. En appelant Cercle – to circle (cerkl’) environner, entourer –, le point central du cromleck des Redones, et renfermant ainsi un petit cercle dans un plus grand, les Druides ont voulu exprimer l'idée très nette qu'ils possédaient d'un Dieu unique et existant dans les êtres. Dieu étant l'Etre même par essence, il est aussi en toutes choses de la manière la plus intime, puisqu'il est la cause de tout ce qui existe. Le monde créé est ici représenté par le petit cercle enfermé dans un plus grand, et ce grand cercle par sa figure sphérique, offre à l'esprit l'idée de la perfection essentielle de Dieu... (VLC, p. 246)

Virgile, l'ami du Serpent rouge, a chanté les amours de Didon, qui a donné son nom à un problème dont le cercle est la solution, et Enée, qui assistèrent au spectacle du chant d'Iopas.

Au festin de Didon, Iopas ne chante point les amours des Dieux comme Phémius dans l'Odyssée. Il décrit sur sa lyre d'or le cours des astres, les révolutions de la lune et du soleil, etc. : "Hic canit errantem lunam solisque labores / Unde hominum genes et pecudes, unde imber et ignes, / Arcturum, pluviasque Hyadas, geminasque Triones", selon les leçons d'Atlas (Jean Marie Bernard Clément, Journal littéraire, Volume 2, 1797 - books.google.fr, Charles François Dupuis, Origine de tous les cultes, ou, Religion universelle, Tome II, 1835 - books.google.fr).

Atlas était fils de Jupiter et de Clymène, ou, selon Diodore, d'Uranus frère de Ptolémée, ou de Japet et d'Aria fille de l'Océan. Il excellait dans l'astrologie, et fut l'inventeur de la sphère. Les poètes ont feint, pour cette raison, qu'il portait le ciel sur ses épaules; on a dit aussi qu'Hercule le soulageait par fois dans ce pénible emploi, peut-être parce qu'il enseigna l'astronomie au prince grec qui apporta le premier en Grèce l'usage de la sphère. Atlas était propriétaire du jardin des Hespérides; averti par un oracle de se défier d'un fils de Jupiter, il refusa l'hospitalité à Tersée qui le pétrifia. Il régna sur la Mauritanie (Virgile, L' Énéide: traduite in vers : ouvrage adopté pour les lycées, Volume 1, traduit par Joseph Hyacinthe de Gaston, 1808 - books.google.fr).

Le banquet donné par Didon en l'honneur d'Enée - Tapisserie Aubusson (XVIIe siècle) d'après des modèles du peintre Isaac Moillon (1614-1673) - catalogue.drouot.com

La lyre d'or d'Iopas renvoie à la lyre et à la cythare (ou décachorde) du psaume 91 : " Il est beau de louer l'Eternel, Et de célébrer ton nom, ô Très-Haut! D'annoncer le matin ta bonté, Et ta fidélité pendant les nuits, Sur l'instrument à dix cordes et sur le luth, Aux sons de la harpe." (saintebible.com - Psaume 92).

Au palmier et au cèdre du psaume 91 répondent les citroniers et les orangers de la page 91 der La Vraie Langue Celtique.

Le psaume 91 et la notion de sphère se trouvent associés dans la traduction de livres d'Aristote par Nicolas Oresme :

Le livre du Ciel est d'Aristote; le livre du Monde (apocryphe) lui était attribué. L'un et l'autre furent traduits dans un même ouvrage par Nicolas Oresme, en 1377. Au frontispice, un personnage présente le "miroir du monde" : l'univers, tel que le Moyen Age se le représentait d'après Aristote et sa théorie des sphères. Les sphères extérieures (ici, la couronne blanche), c'est le ciel. La terre se trouve au au centre. Elle comprend la mer (avec ses poissons) et le continent habité par l'homme. Ce personnage porte le nimbe crucifère (une auréole où est inscrite une croix) ; il fait de la main droite le geste de bénir et prononce ce verset du psaume 91: "L'homme stupide n'y connaît rien et l'insensé n'y peut rien comprendre". C'est le Seigneur qui apporte à l'enseignement d'Aristote expliquant l'énigme du monde l'approbation de celui qui a créé le monde. Ainsi la Pré-Renaissance tentait d'unir en une même synthèse la connaissance profane et la connaissance religieuse, l'antiquité et la foi, en un essai (rudimentaire encore) d'humanisme chrétien (Histoire de la littérature française: Le Moyen Age, Volume 1, sous la direction de Élie Decahors, 1949 - books.google.fr).

La Postille dominicaine sur les Psaumes (XIIIème siècle), oeuvre très montée contre les pouvoirs établis, fait une liaison de la notion de sphère avec le psaume suivant 92 : "Oui le monde est stable..." (Philippe Buc, L'ambiguïté du Livre: prince, pouvoir, et peuple dans les commentaires de la Bible au Moyen Age, 1994 - books.google.fr).

Nicolas Oresme est contemporain de Philippe de Mézières, et son ouivrage fut la propriété de Jean Duc de Berry (1340-1416).

Frontispice du Livre du ciel et du monde de Nicolas Oresme, 1377 - www.europeanaregia.eu - BNF - mss francais 1082

Ps 91,7 : "Vir insipiens non cognoscet et stultus non intelleget haec"

Psaumes 91 et 144 : grandeur et clémence

Grandeur

Symbole de beauté et de grandeur [...], le cèdre du Liban entre, dans la Bible, dans le cadre de nombreuses comparaisons, par exemple Ps.92(91).13 et Ez.31.16 : [Justus] sicut cedrus Libani multiplicabitur (Ps 92) (Robert Garnier, Les Juifves: Tragédie, présenté par Sabine Lardon, 2004 - books.google.fr).

« Qu'elles sont grandes tes œuvres, Seigneur » (92,6) (Marc-Alain Ouaknin, Eric Smilévitch, Pirqé de Rabbi Eliézer: leçons de Rabbi Eliézer, 1983 - books.google.fr).

"Grand est Yahvé et louable hautement, à sa grandeur, point de limite" (Ps 144, 3)

Clémence

C'est bien la mort qui est au commencement de la manifestation divine dans le système de Boehme. Le déroulement total de cette manifestation est compris dans une émanation septiforme à laquelle Boehme fait correspondre, en gros, les sept Sefirot inférieures de la Kabbale. Or, la première de ces Sefirot est Hesed ou Gedullah, l'Amour, la Miséricorde, la Grandeur. L'Amour émane directement de la triade suprême, c'est par cette quatrième Sefira, la première du septénaire, que la Divinité transcendante, symbolisée par la triade suprême, se communique. Quant à la Puissance de Dieu, sa Force, qui est sa Justice, sa Rigueur, opposée à la Clémence représentée par Hesed, l'Amour, elle ne vient qu'après cette dernière Sefira. L'Amour précède la Colère. Chez Boehme, l'ordre s'inverse (Gershom Gerhard Scholem, Kabbalistes chrétiens, 1979 - books.google.fr).

Licorne et clémence

Si vous cherchez des licornes dans la Septante, vous les trouverez aux endroits suivants : Ps 22(21), 22; Ps 29(28), 6; Ps 77,69; Ps 92(91), 11. Lorsque Jérôme réalise la Vulgate en latin, il reprend la Septante en traduisant ce mot par unicornis qui deviendra licorne en français et unicorn en anglais (www.interbible.org).

Un très beau Chant Royal en l'honneur de la Vierge, extrait du Trésor du Pays d'Amiens (xvIe siècle) célèbre la vertu purificatrice de la corne : « Dont de forest d'éternel prescavoir Clémence fit l'Unicorne mouvoir Pour expurger l'intoxication De ce venin. La licorne, image de la clémence, est repris par Calderon qui l'oppose à l'aspic (amour-haine) (Yvonne Caroutch, Le livre de la licorne: symboles, mythes et réalités, 1989 - books.google.fr, Luce Arrabal, La licorne en Espagne de 1500 à 1600, Collection Iberica, Volume 3, 1981 - books.google.fr).

...aussitôt le troupeau entier s'élance vers les hauteurs avec la rapidité de l'éclair, – to hiss, siffler, – hart, un cerf. Les isards sont couverts d'un poil laineux d'un brun foncé en hiver et d'un brun fauve en été. [...] Sur la fin de son parcours et après avoir reçu la Dordogne, la Garonne prend le nom de Gironde. (VLC, p. 195)

A la page 195 appariée à la 40, cornes, cerf, et reum qui peut faire penser au re'em hébreu, buffle ou aurochs traduit par les Septantes par Monceros (unicornis en latin de la Vulgate puuis licorne en français).

On sait toute la symbolique christique dont la licorne a été l'objet". Déjà, le Physiologus attribue les paroles du psaume 91, 11 au Christ : « Ma corne sera élevée comme celle de l'unicorne », et c'est ainsi que ce texte de zoologie mystique présente le Christ comme une licorne céleste « qui descendit dans le sein de la Vierge, et à cause de cette chair qu'il avait revêtue pour nous, il fut pris par les Juifs ». La capture par l'attirance du giron d'une vierge y est mise en parallèle avec l'arrivée miraculeuse du Christ dans le sein de la Vierge, image même de l'Incarnation par laquelle il s'est humilié pour nous (Priscillia Pelletier-Gazeilles, L'illustration des Commentaires sur le Psautier. Le cas d'un exemplaire des Enarrationes in psalmos de saint Augustin (Paris, BnF, ms. lat.16723), Cahiers de civilisation médiévale, 2008 - books.google.fr).

La licorne est associée à l'âme, au soleil et au Christ, corroborant l'hypothèse de Christ-Âme (La Croix d’Huriel et l’alchimie).

Le psaume 40 est un psaume de malade, ce que souligne l'antienne : 5b. Guéris mon âme (= ma vie), car j'ai péché contre toi. [...] Le Christ est doux et humble de cœur, mais il n'est pas mou : il a fustigé les marchands du Temple, maudit les pharisiens (tout le chapitre 23 de saint Matthieu) et durement bataillé avec eux (les chapitres 5, 7 "et surtout 8 de saint Jean). Il n'en voulait pas aux ennemis du Règne de Dieu comme individus, mais au règne de Satan. Il nous est facile de dire les imprécations des psaumes dans ce sens, d'autant plus que ces malédictions, un peu comme les maladies décrites dans les psaumes, sont faites de clichés très conventionnels, ce qui leur enlève beaucoup de leur venin. Enfin, répétons-le, ces imprécations ne sont jamais le principal: le principal c'est l'appel du persécuté à la délivrance, c'est sa confiance dans le triomphe de la justice. Signalons pour finir que Jésus lui-même nous a donné l'exemple de l'application à sa personne, surtout dans la Passion, de ces psaumes de persécutés. Il dit en saint Jean ( 13,18), en annonçant la trahison de Judas, « Il faut que l'Ecriture s'accomplisse: Celui qui mange mon pain a levé contre moi son talon. ». Ce qui est une citation du psaume 40,10, psaume d'un malade auquel le Christ s'identifie, puisqu'il identifie Judas à celui qui trahit ce malheureux (A.M. Roguet, Le Miel du rocher ou la Douceur des psaumes, 1967 - books.google.fr).

Faire relever de maladie. Ps. 40. 11. Tu aulem. Domine, miserere mei, et resuscita me (Charles Huré, Dictionnaire universel de philologie sacrée, Tome 3, Migne, 1846 - books.google.fr).

On trouve donc "miserere mei" dans plusieurs psaumes et en particulier ce 40 et le psaume 50 dit "Miserere". Boudet s'en tiendrait au psaume 40, associé aux malades, comme la page 195 semble le confirmer.

Il semble, d’après les explications de l’arabisant français Georges Séraphin Colin en 1945 dans un article intitulé « Passion iliaque, Kyrie eleison !, et colique du miséréré », publié dans la revue Hespéris (Rabat), nº 32, p. 76-80., que le grec "eileos" (qui s’écrit aussi "ileos"), « obstruction intestinale », transcrit en arabe "aylawus", fut par la suite interprété fautivement comme "aylawusn", lequel fut alors pris pour le grec "eléêson" (prononcé "eléison" en grec byzantin), impératif du verbe "eleéô", « avoir pitié ». Cette maladie qui s’était appelée « colique iliaque » en grec, se vit alors attribuer par les Arabes l’épithète de "allahumma arham-ni", « Seigneur, aie pitié de moi », et l’ensemble fut retraduit en latin par « colicum miserere (Mei Domine) ». Et c’est ainsi que cette curieuse expression de « colique (du) miséréré » passa du latin médical aux langues européennes. (Papou JC, Expressions médicales populaires, 2012 - projetbabel.org).

On se reportera aux écrits d'Ambroise Paré, qui séjourna à Bordeaux, au bord de la Gironde, pour connaître l'efficacité de la "corne de licorne" contre le miserere.

De ce séjour à Bordeaux, Paré a seulement noté une expérience faite avec l'antimoine et une consultation qu'il fit avec Chapelain et Castellan. Si Paré avait entendu parler favorablement de l antimoine à Montpellier, c'est un chirurgien de Bordeaux, maître Jean de Saint-Jean, qui lui indiqua comment il en avait usé pour guérir sa fille de dix-sept ans qui avait une apparence de tumeur pestiférée à l'aine (Paule Dumaître, Ambroise Pare, Perrin, 1980, p. 215).

Appuyée sur le texte biblique, l'existence de la licorne ne peut être mise en doute, même par les plus sceptiques, tel le protestant Ambroise Paré : Et certes n'estoit l'authorité de l'Escriture Saincte, à laquelle nous sommes tenus d'adjouster foy, je ne croirois pas qu'il fust des licornes. Mais quand j'oy David au Psalme 22, verset 22, qui dit : Delivre moy, Seigneur, de la gueule du Lion, et deliure mon humilité des cornes des Licornes : lors ie suis contraint de le croire. Pareillement Esaïe chap. 34. parlant de l'ire de Dieu contre ses ennemis : et persécuteurs de son peuple, dit : Et les Licornes descendront auec eux, et les Taureaux auec lespuissans. J'alleguerois à ce propos vne infinité de passages de l'Escrilure saincte , comme le chapitre vingt-huitième du Deuteronome, le trenle-neufiéme chapitre vers. 12 et 13 de Job, les Psalmes de Dauid, 28. 77. 80. et plusieurs autres, si ie ne craignois d'attedier le lecteur. Il faut donc croire qu'il est des licornes, mais elles ne ont les vertus qu'on leur attribue (Revue archéologique de Bordeaux, Volume 89, 1998 - books.google.fr).

Or s'il faut venir aux modernes, Christofle l'André, Docteur en Médecine, en son opuscule de l'Oecoiatrie, escrit ce qui s'ensuit. « Aucuns Médecins font vn grand cas de la corne d'vne beste nommée Monoceros, que nous appelions vulgairement la Licorne , et disent qu'elle guarantit de venin, tant prise par dedans, qu'appliquée par dehors. Ils l'ordonnent contre le poison, contre la peste, voire desia créée au corps de l'homme, et pour le dire en vn mot, ils en font vn alexitere contre tous venins. Toutesfois estant curieux déni grandes propriétés qu'ils attribuent à ladite corne, ie l'ay bien voulu expérimenter en plus de dix, au temps de pestilence: mais ie n'en trouuay aucun effet louable, et me reposerois aussi tost sur la corne de cerf ou de chéure, que sur celle de la Licorne. Car elles ont vne vertu d'absterger et mondifier : partant elles sont bonnes à reserrer genciues flestries et molles. D'auantage, lesdites cornes estans bruslées et données en breuuage, apportent merueilleux confort à ceux qui sont tourmentés de flux dysentériques. Les anciens ont laissé par escrit, que la corne de cerf rédigée en cendre est vne plus que credible médecine à ceux qui crachent le sang, et à ceux qui ont coliques, iliaques passions, nommées miserere mei; et comme chose de grande vertu, la meslant aux collyres, pour faire seicher les larmes des yeux. » Voila ce que ledit l'André a escrit delà corne de licorne (Oeuvres complètes d'Ambroise Paré, Volume 3, Joseph François Malgaigne, 1841 - books.google.fr).

Cela n'empêche pas Paré de partir en guerre contre les préjugés médicaux de ses contemporains et les panacées que constituaient alors la licorne et la « mumie » ou parcelle de cadavre embaumé utlisé comme vulnéraire. En tête de son Discours sur la mumie (Buon, 1582), Stéphane Delaulne a gravé le superbe portrait du grand savant, âgé alors de soixante-douze ans. Trois ans plus tard, paraissaient les Œuvres complètes qui contiennent la célèbre phrase : « Je le pensay et Dieu le guarit. » (Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, Volumes 11 à 13, 1964 - books.google.fr).

La douleur la plus violente du bas-ventre est celle qu'on appelle la passion Iliaque, ou vulgairement le Miserere. Le Miserere, qui a pour cause le commencement d'invagination des intestins, est guéri par la pilule perpétuelle, faite avec le Régule d'Antimoine, ou par le Mercure cru avalé abondamment. Quand elle a lieu par suite de la descente de l'intestin dans l'aine ou dans lés bourses, elle se guérit par les fomentations de feuilles de Mauve, Guimauve, semences de Lin, ou Uniment avec l'huile de Lis, après lesquelles on réduit peu à peu l'intestin dans la situation naturelle. Bien que l'expérience ait quelquefois parlé en faveur de l'usage du mercure contre le Miserere, ce moyen cependant n'est pas sans danger (Germer Baillière, La médecine, la chirurgie et la pharmacie des pauvres, 1839 - books.google.fr).

Les Gétules et licorne

Les Atlantides, Libyes et Gaetules ont vécu avec les conquérants et sont devenus les Maures et les puissants Numides dont la cavalerie était si redoutée des Romains. (VLV, p. 91)

Ainsi fit l'imagier qui, au XIIe siècle sculpta la colonne des Monstres au monastère de Souvigny, dans l'Allier. Il pouvait du reste se recommander de Tertullien pour qui la licorne est l'oryx monocéros des Anciens (Louis Charbonneau-Lassay, Le bestiaire du Christ, 1940 - books.google.fr).

L'oryx, au dire de Pline, vit dans les parties de l'Afrique, dépourvues d'eau, que parcourent les Gétules; il se passe de boire. Juvénal mentionne aussi l'oryx gétule, dont la chair était appréciée des gourmets. Pline dit encore, à propos des oryx, qu'ils ont le poil tourné vers la tête et qu'ils n'ont qu'une corne (indication qu'il a empruntée à Aristote). Il n'est pas sur que, dans ces divers textes, le terme oryx désigne l'antilope appelée aujourd'hui parles zoologistes Oryx leucoryx, qui vit en Nubie et dans le Soudan, mais dont l'existence dans le Nord-Ouest de l'Afrique n'a pas été constatée avec certitude (Stéphane Gsell, Histoire ancienne de l'Afrique du nord, Volume 1, 1913 - books.google.fr).

Clémence de Didon

La ville de Carthage y fut bâtie, 888 ans avant Jésus-Christ, par Didon, princesse tyrienne. (VLC, p. 91)

Paulin de Périgueux, lorsqu'il évoque la clémence du Christ pour les hommes, se souvient de la clémence de Didon pour les Troyens ou de celle d'Apollon, que requiert Enée avant de descendre aux Enfers : ut domini iugis semper clementia Christi insontis famuli nimium miserata laborem traderet effectum uoto... Cette expression virgilienne a des résonances chrétiennes, qui justifient son emploi fréquent (Sylvie Labarre, Le manteau partagé: deux métamorphoses poétiques de la Vie de saint Martin chez Paulin de Périgueux (Ve S.) et Venance Fortunat (VIe S.), 1998 - books.google.fr).

Le thème de la « clémence de Didon » est destiné, dans la pensée du poète, à rappeler ceux de la « clémence de César » et de la « clémence d'Auguste », chers à la littérature impériale. Virgile met ce thème en valeur en plusieurs endroits, dans les excuses adressées par Didon à ses hôtes : res dura et regni nouitas me talia cogunt moliri et late fines custode tueri (1, 563-564) (Anne-Marie Guillemin, L'originalité de Virgile: étude sur la méthode littéraire antique, 1931 - books.google.fr).

Tandis que Didon rend justice à ses sujets, les Troyens arrivent, Ilionée à leur tête; ils implorent la clémence de la reine. Enée se tient caché jusqu'à ce qu'il ait vu l'effet de leurs prières. Ilionée parle au nom de tous. D'abord, il félicite Didon de l'état heureux dont elle jouit, il s'efforce de l'émouvoir par le tableau qu'il fait des malheurs des Troyens. Nous ne sommes point venus ravager la Lybie : des vaincus auroient-ils cette audace ? Nous cherchions l'Italie pour nous y établir. La tempête nous a jetés sur vos côtes; quels sont donc ces hommes qui nous traitent si durement, et nous refusent l'hospitalité ? [...] La Reine s'excuse avec bonté de la rigueur dont on a usé à leur égard. Son empire naissant l'oblige à prendre beaucoup de précaution : elle leur accordera tout ce qu'ils voudront; elle seroit même charmée qu'ils voulussent s'établir à Carthage (F. H. Paillet, Études de l'Énéide de Virgile: à l'usage des lycées et des collèges, 1810 - books.google.fr).

L'alchimiste George Ripley, la licorne et le cercle

George Ripley est l'un des plus célèbres Adeptes anglais du XVe siècle. Il parcourut la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Orient, sur les traces de la tradition hermétique. À Rome, où le pape le combla d'honneurs, il fut initié par des membres de la Voarchadumia, cercle très fermé d'alchimistes, qu'il rejoignit certainement à Venise. La légende affirme qu'il œuvra à Rhodes avec des chevaliers et des adeptes ottomans. Il offrit au Grand-Maître de Rhodes des sommes considérables - ainsi qu'à de pieuses institutions de son pays. Fuyant fortune, gloire et plaisirs, il préféra savourer les fruits de la connaissance dans la solitude d'une cellule, chez les Carmes. En 1490, il termina ses jours dans une austérité plus grande encore, en parfait anachorète. Il est l'auteur d'un Traité du Mercure et de la Pierre des Philosophes, d'une brève Vision dans laquelle il explique allégoriquement comment il prépare sa Médecine Universelle grâce à l'œuvre au noir, multicolore, au blanc, puis au rouge et des Douze portes de l'alchimie correspondant aux douze phases de l'Œuvre : Calcination, Dissolution, Séparation, Conjonction, Putréfaction, Congélation, Cibation ou Nourriture, Sublimation, Fermentation, Exaltation, Multiplication, et Projection. George Ripley appartient à cette longue lignée d'enfants d'Hermès surnommés « les amis de la licorne » (avec Raymond Lulle, Roger Bacon, et tant d'autres). C'est dans ses Douze Portes de l'Alchimie que la licorne apparaît, entre le prologue et la première phase de l'Œuvre philosophale. Elle se trouve dans un tableau compact des correspondances des sept métaux. Discrète, mais centrale, elle rayonne tel un soleil - auquel elle est d'ailleurs associée. Dans sa colonne médiane, l'UNICORNU est lié à l'astre du jour et à l'or (Aurum), au mysterium altaris, au sel commun, au soufre, au signe du Lion, à l'aigle, au triticum, au dragon, à la virilité jaillissante, à la teinture des métaux, à la transmutation, et aux dieux célestes. La nature solaire de la licorne ne fait ici aucun doute. D'essence divine la plus élevée, elle symbolise l'ultime phase de l'Œuvre que George Ripley sut parfaire, n'en doutons point, après avoir côtoyé les esprits les mieux éclairés de son temps. [...]

Douze ans avant de faire connaître Voarchadumia contra alchimia, Giovanni Agostino Panteo (vrai nom du moine Pantheus), avait publié Ars transmutationis metallicae cum Léon X, chez Giovanni Tacuino, à Venise. Cet ouvrage avait provoqué tant de remous que Pantheus fut contraint de le renier afin d'éviter une condamnation. Il échappa aux foudres de la Sérénissime en proclamant que l'alchimie « est une activité frauduleuse, et propre aux sophistes ». Cela ne l'empêcha pas de décrire de manière très détaillée, dans son second ouvrage, la construction des balances, la fabrication des coupelles, la distillation d'eau forte et les qualités des différents alliages. (Alfredo Perifano. L'alchimie entre Moyen Age et Renaissance.) L'influence qu'exercèrent les Voarchadumiens sur leur époque n'est guère facile à déceler : leur consigne était la même que celle de tous les cénacles alchimiques : effacer leurs traces (Yvonne Caroutch, Le mystère de la Licorne: à la recherche du sens perdu, 1997 - books.google.fr).

George Ripley a bien démontré comment le lion se substituait à la licorne. Il faut distinguer entre le Lion Vert, qui est le mercure et le Lion rouge qui sert à la préparation l'Elixir (Yvonne Caroutch, Le livre de la licorne: symboles, mythes et réalités, 1989 - books.google.fr).

In Sir George Ripley's "Cantilena" the squaring of the circle and the circularizing of the square are given explicit sexual overtones: The Mother's Bed which erstwhile was a Square Is shortly after made Orbicular; And everywhere the Cover, likewise Round With Luna's Lustre brightly did abound. Thus from a Square, the Bed a Globe is made, And Purest Whiteness from the Blackest Shade; While from the Bed the Ruddy Son doth spring To grasp the Joyful Sceptre of a King (Luanne T. Frank, Literature and the Occult: Essays in Comparative Literature, 1977 - books.google.fr).

Le titre de Cantilenæ doit être, quant à lui, rapproché bien sûr de la célèbre Cantilena pseudo-lullienne du du Moyen Age [...], mais aussi d'une autre Cantilena qui, sans doute à partir de la fin du XVe siècle, circula sous le nom George Ripley et dont l'existence, et sans doute le texte, étaient connus de Michael Maier. Mais il ne faut pas non plus perdre de vue que c'est ce même mot de cantilenæ qui sert à désigner les Psaumes chez saint Augustin comme dans la Vulgate, ce qui confère au texte de Maier une dimension sacrée en plein accord avec sa conception de la supériorité des références chrétiennes sur les références à l'Antiquité : c'est la supériorité de David sur Orphée (lequel n'est plus, pour Maier, le théologien qu'il était à la Renaissance, mais surtout un relais historique dans la tradition alchimique, Orphée ayant, selon Maier, recouru aux Mystères antiques pour transmettre sous ce voile les secrets de l'alchimie). Les Cantilenae intellectuiales se situent donc dans une optique pleinement chrétienne, mais elles sont saturées de références antiques. Elles mobilisent toutes les ressources de l'intelligence pour un déchiffrement qui ne peut s'effectuer que par paliers, sur plusieurs strates successives, et qui exige un sens particulièrement aigu de la synthèse (Didier Kahn, La poésie alchimique, Alchemie und Poesie: Deutsche Alchemikerdichtungen des 15. bis 17. Jahrhunderts. Untersuchungen und Texte, 2013 - books.google.fr).

Le cercle de clémence

Ils contemplent à nu, dans sa lutte infinie, / Le champion divin de l'éternelle vie; / Ils contemplent à nu, le gigantesque effort / D'Idaméel, s'armant des restes de la mort, / Et menaçant le Christ, afin que plus immense / S'ouvre des bras sauveurs le cercle de clémence. (Alexandre Soumet, La divine épopée, Volume 1, 1840 - books.google.fr).

L'Audois Louis-Antoine-Alexandre Soumet est un poète et dramaturge français né à Castelnaudary (Aude) le 8 février 17862 et mort le 30 mars 1845 à Paris. En 1823, Soumet rejoint le groupe d'écrivains et d'artistes qui se fait appeler « Le Cénacle », où se rassemblent les meilleurs partisans de l'esthétique romantique, notamment Honoré de Balzac, Eugène Delacroix, Alfred de Vigny, Alexandre Dumas père, Alfred de Musset, Casimir Delavigne, Charles-Augustin Sainte-Beuve, Abel-François Villemain et Prosper Mérimée. Soumet a été extrêmement célèbre. Victor Hugo professait pour lui du moins à ses débuts une vive admiration. Il est aujourd'hui presque complètement oublié (fr.wikipedia.org - Alexandre Soumet).

L'orgueil insatiable de l'homme avait vaincu Satan lui-même. Idaméel, ou l'Antechrist, règne dans les enfers. Le gouffre de son âme est plus affreux encore. [...] L'Antechrist a été arraché par le fer au sein maternel , et son père frappé de la foudre au moment où le soleil avait perdu presque tous ses rayons. Les femmes Tenaient d'être condamnées à une stérilité cruelle. Le monde allait finir; depuis longtemps le cœur n'admirait plus, l'intelligence ne savait plus apercevoir sa beauté touchante, qu'à travers le prisme dos intérêts grossiers et matériels. Idaméel résume toute la science et tout l'orgueil de l'homme. Sa pensée unique, toujours en progrès, ne va plus à Dieu, mais à ses œuvres. [...] Le dernier descendant des prophètes et du sang de David, le dernier prêtre et le dernier chrétien, le père de Sémida aurait voulu sauver Idaméel, changer son cœur avant la fin de l'univers. L'ingrat Idaméel gravit le mont Arar, pénètre l'arche sainte, et ravit le globe d'or aux neuf cercles qui garde les secrets de la terre et du ciel. La science de Dieu' et de la nature devient celle de l'homme. L'Antechrist ranime le soleil affaibli; il féconde le sol épuisé; il fonde, à Sais, une ville puissante, et se fait adorer par ses miracles sur les autels réservés au Très-Haut. Il donne à la chair le vol de la pensée, à l'action la promptitude de la parole. l1 rassemble, il séduit les rares habitants de l'Univers. Son royaume est encore do ce monde. Dans sa course immense, il faut le voir à Sainte-Hélène et entendre encore une fois Napoléon. Mais cette race de vieillards, plus nombreux que leurs fils, leurs filles et leurs petits-enfants, poussée dans l» vallée du Nil, et implorant l'Antechrist, est effrayante. Ah! que peut-elle vouloir, et que demande-t-elle ? La fin de la stérilité de ses filles chéries! la vie! la vie! et avant là mort pouvoir perpétuer la vie! Ce dernier des secrets de Dieu que ne possède point Idaméel trahit son humanité tout entière. Idaméel ne les avait pas tous ravis; ce n'est donc pas un Dieu. Mais il aime , il adore Sémida; Sémida, la seule vierge pure qui n a pas été comprise dans la reprobation du Seigneur. Elle pourrait donner, perpétuer encore l'existence , créer une nouvelle postérité plus rebelle et plus orgueilleuse; car, pour la créer à la lumière, une vierge aurait manqué à ses serments. Ces belles et simples conceptions, je ne les fais pas remarquer, Messieurs. Les amours d'Idamécl el de Sémida sont dignes des amours d'Adam et d'Eve, et de là plume de Mil ton. Avec plus de passion et de mouvement, ils n'ont pas moins de charme. Si la première Eve succombe, la dernière, qui écoute aussi le serpent, n'a pas besoin de se relever de sa chute. Au moment où Idaméel se croit maître de sa volonté même, le triomphe de l'âme sur les sens est assuré. Eloïm, l'Ange gardien , invoqué par la pudeur avec frémissement, porte sur son front les rayons des splendeurs de l'Eternel et sa royauté qui dévore; et Sémida, précipitée par l'amour divin et l'effroi sur son cœur de flamme, a trouvé dans ce chaste embrassement le martyre et la mort. Aux derniers chants de l'Epopée, [...] l'apparition de Jésus aux enfers est d'une richesse, d'une vérité de poésie à désespérer tous les poêtes. Caïn prend le Sauveur pour Abel ; Sémiramis le prend pour Ninus ; Robespierre, pour Louis XVI. Satan humilié adore et nomme Jésus-Christ. Le remords de Satan forme un admirable contraste avec l'orgueil non encore assouvi de l'homme qui siège sur tous les trônes de l'enfer. [...] Le dernier éclair, immense, ardent, infini, sorti des profondeurs de la grâce et de la volonté de Jéhovah, pénètre et change ldaméel, et Satan, et la Mort, et le vieux Chaos, et l'inextinguible feu lui-même. Le monde de la grâce éternelle en sortira radieux et triomphant. Dieu n'a pas borné la puissance de Dieu. La faute heureuse de la première femme avait causé la Rédemption; le martyre et l'amour de la dernière Ève ont préparé la miséricorde inépuisable et le salut. La femme a guéri le mal qu'elle avait fait. Le ciel est l'unique patrie (M. de Voisins-Lavernière, Eloge d'Alexandre Soumet, Recueil de l'Académie des jeux floraux, Académie des jeux floraux, 1847 - books.google.fr).

La clémence et le psaume 144

Ps. 144, 8 : Yahvé est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ; il est bon envers tous, et ses tendresses pour toutes ses oeuvres.

Divisio Psalmi 144 : Miserator et misericors Dominus, patiens et multum misericors. Suavis Dominus universis, et miserationes ejus super omnia opera ejus : Division du Psaume 144 : Le Seigneur est plein de clémence et de compassion; il est riche en patience et en miséricorde. Il est bon et doux envers toutes ses créatures, et sa bonté est au-dessus de toutes ses œuvres (Le salut des nations ou l'étendard universel des peuples, 1848 - books.google.fr).

Psaume 144 ou retour au Paradis

ASHREI (Hébreu : "Happy are they"), the first word and the name of a reading from the Book of Psalms which occupies an important place in the liturgy. The reading consists of Psalms 84:5, 144:15, 145, and 115:18. The Talmud states that anyone who recites Ashrei three times a day is sure of life in the world to come (Ber. 4b), and therefore it is read twice in the morning service (in the *Pesukei de-Zimra and toward the end), and at the commencement of the afternoon service. The addition of the first two verses is explained as a reference to the pious who arrive early before the start of the service proper (Ber. 32b; cf. Yal., II Sam. 146). Ashrei is recited before the Selihot of the months of Elul and Tishri. On the Day of Atonement the Sephardim recite it both at Minhah and Ne'ilah, whereas the Ashkenazim say it only at Ne'ilah.

Psalm 145 is the only psalm to bear the title tehillah (literally "praise") from which the entire book of Psalms takes its Hebrew name, Tehillim. It is alphabetic with the strophe of the letter nun missing. A talmudic homily suggests that this is because the letter nun also begins a verse prophesying the destruction of Israel (Amos 5:2; Ber. 4b). However, in the Psalm Scroll discovered among the *Dead Sea Scrolls (ed. J.A. Sanders (1966), 64) there is a nun verse reading ne'eman Elohim bi-devarav ve-hasid be-khol ma'asav ("God is faithful in His words, and pious in all His works"). In the scrolls each line ends with the refrain Barukh Adonai u-varukh shemo le-olam va-ed ("Blessed is the Lord, and blessed be His name for evermore") which would indicate that the psalm was used liturgically as early as the Second Temple. In the psalm the author declares that he will praise God because He is "gracious," "merciful," "slow to anger," and "good"; "He supports the fallen" and gives mankind its "food in due season." God is close to all "who call upon His name in truth" and "preserves all who love Him."

Ashkenazim customarily touch the tefillin at verse 16: "Thou openest Thy hand, and satisfiest all living," whereas the Sephardim open their hands in symbolic gesture. In Reform synagogues Ashrei is recited in the vernacular; in many Conservative synagogues it is read responsively in Hebrew (Ashrei, Encyclopedia Judaica, 2003 - www.jewishvirtuallibrary.org).

"Psalm 145 is the only psalm to bear the title tehillah (literally "praise") from which the entire book of Psalms takes its Hebrew name, Tehillim." : le psaume 145 (144 Vulgate) est donc le seul à avoir donné le nom hébreu de Theillim aux psaumes.

Le psaume 145 porte en acrostiches l'alphabet hébraïque et le verset qui proclame Dieu comme Père nourricier de toute créature. Pour le Talmud, ce psaume ouvrirait les portes du paradis. Le Talmud (TB Bérakhot 4b) use d'une expression pour promettre le monde à venir : « être enfant du monde à venir». La formule s'utilise toujours au présent. Ici, tout se passe comme si la récitation de ce psaume engendrait présentement notre être à la réalité ultime. En quoi ce psaume se distingue-il des 149 autres ? Car il présente l'alphabet en acrostiches et affirme que Dieu nourrit tout vivant. Traduisons ! L'ensemble des lettres d'un alphabet signifie la totalité des signes qui permettent l'écriture d'une pensée. Quant au verset central, «Tu ouvres Ta main et Tu rassasies tout vivant », il renvoie à la problématique économique de tout un chacun. En d'autres termes, ce psaume conjugue deux aspects de notre existence: la pensée de l'être et la survie de l'être. L'esprit et le corps, couple indissociable. Le sens de l'adage se dessine. Ce psaume ne se réduit pas à une clef magique vers l'au-delà. Il suggère, en revanche, que celui qui intègre en son for intérieur que vie de l'esprit et vie du corps procèdent du Ciel, vit présentement le monde réalisé. Ici et maintenant nous pouvons être les enfants de la lumière (Philippe Haddad, Citations talmudiques expliquées, 2013 - books.google.fr).

Au Psaume 145, dont les versets suivent l'ordre de l'alphabet, les Anciens observent, dans la Guemara de Berachot, qu'il manque la lettre Nun. S'étant demandé pourquoi, ils répondent que cette lettre contient le sens caché de chute, la chute de l'empire d'Israël; et que, comme Dieu reste attaché à sa promesse de restaurer et de faire triompher cet empire, David poursuit, à la lettre suivante : A. soutient tous ceux qui tombent, et il redresse tous ceux qui sont courbés [14]. Donc notre interprétation apparaît très claire : Nun veut dire chute [Car nun est l'initiale du verbe nfl (tomber). Telle est la raison donnée pour l'omission de cette lettre dans le psaume alphabétique 145. Le message concernant la chute doit rester voilé, tandis que la promesse de salut est soulignée par le vzerset suivant], trois chutes renfermées dans les trois Nun, c'est-à-dire les trois fois où Israël est tombé sous le joug des trois Monarchies [Babylone, Perse, Grèce]. Quant à la quatrième, équivalent des trois autres réunies, bien plus insupportable qu'elles, elle est mentionnée à part, comme nous l' avons déjà vu avec Abraham et Moïse, et comme nous le confirmerons plus tard avec la vision de Daniel (Manasseh ben Israel, La pierre glorieuse de Nabuchodonosor (1655), ou, la fin de l'histoire au XVIIe siècle, traduit par Mireille Hadas-Lebel, Henry Méchoulan, 2007 - books.google.fr).

Plus particulièrement, notre étude démontre l'appartenance tout à fait probable du v. 13cd [strophe n] au poème alphabétique : loin d'être un «recomposition» tardive de Qumrân et des versions, le stique s'intègre harmonieusement dans la structure de l'ensemble et y joue un rôle essentiel. [...] Le v. 13cd constitue une charnière: en effet, il fait partie du premier diptyque, comme l'atteste la récurrence de ma'âsîm [choses faites, oeuvres] (v. 4a.l3d) à l'intérieur de la dyade B...B; or, il est encore plus indispensable dans la structure interne du second diptyque, vu son parallélisme avec le v. 17 [hsd : être loyal] à l'intérieur de la dyade E...E (Marc Girard, Les psaumes redécouverts: de la structure au sens, Volume 3, 1994 - books.google.fr).

En 145, on rencontre deux thèmes de création, une invitation à la louange, à laquelle les œuvres de Dieu doivent unir leur voix et la sollicitude de Dieu pour ses créatures (15-16) : « Les yeux de tous se tournent vers toi, Seigneur... » (Claus Westermann, La création dans les psaumes, traduit par Marthe Gambey, La Création dans l'Orient ancien: congrès de l'ACFEB, Lille, 1985, 1987 - books.google.fr).

Saint Sacrement

Réciter trois fois le Ashrei, comme le prophète Daniel priait trois fois le jour en préscience de l'adoration du Saint sacrement (Les Prophètes et Rennes le Château : Le sceau-signature du Grand Parchemin).

Lors de la communion, au témoignage de Jean Chrysostome (Exposition in psalmum 144, 1) on pouvait chanter le psaume 144 (145) avec le verset 15 comme antienne : « Les yeux sur toi, tous, ils espèrent : tu leur donnes la nourriture en temps voulu » (Philippe de Roten, La "christianisation" du psautier par son utilisation liturgique, Présence et rôle de la Bible dans la liturgie, 2006 - books.google.fr).

Saint Thomas d'Aquin est le compilateur de l'office du Saint Sacrement, et s'est contenté de prendre les différents morceaux de la liturgie ordinaire qui convenaient à cet office, et d'approprier les textes dont il était l'auteur à de très-anciennes mélodies. Ainsi, pour ne parler que de la messe du Saint Sacrement, l'introït et le graduel sont tirés textuellement, musique et paroles, de l'antiphonaire de saint Grégoire : l'introït Cibavit est celui de la deuxième férie de la Pentecôte, et le graduel Oculi omnium se chante encore, dans le rit romain, à la deuxième férie du troisième dimanche de Carême. Le chant de la prose Lauda Sion était, au XIe siècle, celui du Laudes crucis attollamus, comme on peut le voir dans le manuscrit de Saint-Evroult, cité plus haut; il était si célèbre avant le Docteur angélique, qu'on l'appropria partout à une foule de proses, entre autres à celle des morts : De profundis exclamantes; à celle de sainte Catherine : Vox sonora nostri chori; à celle de saint Pierre : Gaude, Roma, mundi caput; à celle de saint Michel : Laus erumpat ex affectu, etc (Musique religieuse au Moyen Âge, Revue archéologique, Volume 7, A. Leleux, 1850 - books.google.fr).

Le graduel Oculi omnium est tiré du psaume 144,15-16 (Aïn-Phé) : "Oculi omnium in te sperant, Domine: et tu das escam illorum in tempore opportuno. Aperis tu manum tuam, et impies omne animal benedictione" (Les yeux de toutes les créatures sont fixés sur vous, Seigneur; vous leur donnez leur nourriture en temps convenable. Vous ouvrez votre main, et vous rassasiez tout ce qui respire) (Jean-André Barbier, Les trésors de Cornelius a Lapide: extraits de ses commentaires sur l'Ecriture Sainte à l'usage des prédicateurs, IV, 1856 - books.google.fr).

M. l'abbé Boudreau signale à l'attention de ses collègues, une étude d'oculi eucharistiques dans la région du Langrois (Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, n° 209). Percés dans le mur de l'abside, vitrés, vus de l'intérieur, ils ont l'aspect d'une niche ; vu de l'extérieur, celui d'un oculus. Les oculi signalés dans la publication précédente sont de la fin du XVIe s. et de style gothique flamboyant. Ces oculi permettaient de voir le Saint Sacrement, l'église étant fermée ; ils paraissent correspondre à une remise en honneur du Saint Sacrement. M. l'abbé Boudreau en signale un à Puisseguin : simple perforation circulaire (Bulletin et Mémoires, Volumes 64 à 68, Société archéologique de Bordeaux, 1968 - books.google.fr).

A Saint Sulpice, la Coupole située devant la chapelle, au-dessus du déambulatoire est munie d'un occulus (fr.wikipedia.org - Eglise Saint-Sulpice de Paris).

L'église paroissiale Saint-Etienne puis Saint-Sébastien de Caux est éclairé par un oculus ouvert dans la façade occidentale, les baies des chapelles latérales et par les trois fenêtres à double lancettes trilobées surmontées d'un trèfle, dans les pans axiaux de l'abside. La clef de voûte est sculptée de l'Agnus Dei, attribut de Jean Baptiste (www.culture.gouv.fr).

Caux et Sauzens est associé à l'Ascension de Signol et "dans" la chapelle Saint Jean Baptiste comme Pezens sur le plan de l'église Saint Sulpice inversé (Autour de Rennes le Château : Temple de Salomon et église Saint Sulpice).

Un judas est aussi un oculus.

Judas reçut-il le corps et le sang de Jésus-Christ ? Celle question a été l'objet d'une grande controverse entre les théologiens et le» interprètes des livres saints. Les trois saints évangélistes Matthieu, Marc et Luc disent bien que Notre-Scigneur mangea l'agneau pascal avec ses douze apôtres, mais il n'est pas aussi clair que les douze assistassent au second repas et encore moins à la Cène eucharistique. Les uns pensent que Judas n'assista point à cette dernière, et qu'ayant été signalé comme traître, il se retira. Les autres disent qu'il n'assista pas jusqu'à la fin du second repas après lequel Jésus-Christ institua l'Eucharistie. D'autres enfin disentque Judas reçut comme les autres apôtres le pain que son Maître lui présenta, mais qu'en ce moment Jésus-Christ ôta la Consécration au pain eucharistique donné au traître. Benoit XIV rejette toutes ces opinions, et prouve que Judas fit bien réellement la communion. Il s'appuie sur l'autorité des anciens Pères de l'Eglise et de la très-majeure partie des théologiens. L'Eglise semble d'ailleurs approuver exclusivement cette opinion lorsqu'elle chante avec saint Thomas d'Aquin: Quem in sacrœ mensa Cœnat, turbœ fratrum duodenœ, dutum non ambigitur. Si l'Eucharistie fut reçue par les douze apôtres, sans nul doute Judas y participa (Origines et raison de la lithurgie catholique en forme de dictionnaire, Volume 8, Jacques-Paul Migne, 1863 - books.google.fr).

Une colossale énigme est à ce point mise à nu et qui se trouve présentée comme suit : Dans Mathieu : « Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel. » Dans l'Apocalypse : « Le Soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière devint comme du sang, et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre ». Il est ici question des « temps de la fin » et des signes essentiels qui seront dans le ciel alors. Astronomiquement, le « soleil qui devient comme un sac de crin », c'est l'éclipse solaire. Et la « lune qui devient comme du sang », c'est l'éclipse lunaire. Pendant l'éclipse solaire, à la place où était le soleil, on voit un disque noir. Et les « étoiles tombent du ciel », autrement dit apparaissent. Pendant l'éclipse lunaire, la lune est éclairée d'une lueur rougeâtre. En chaque cas, la nuit est sur le soleil et sur la lune. [...] Et le disque blanc comme un pain est trempé de sang. La lune a une lueur rougeâtre pendant l'éclipse, pain trempé dans les Cieux. Judas, ici la Terre, n'est qu'un moyen pour que le phénomène du « pain trempé » sidéral s'opère, la lune blanche humectée de sang. Judas se prête, et son « ombre » portera la communion. Son « ombre », c'est la « nuit de vérité » qui s'attache à son « crime », qui est le Fatum et qui est d'une grandeur inouïe. Dans ce cas Judas représente toute la Terre. Il prend tout l'Acte du Péché sur lui, et c'est l'humanité entière qui, à travers lui, attaque le Christ et le mènera au Golgotha. De la Cène au dernier Cri du Golgotha, ce sera toute l'éclipse lunaire, où le Roi du Monde, séparé du Christ, porte déjà sur le visage le sang du Christ qui va être versé. Et ici Judas est l'Acteur du Grand Acte, pur acteur mené par le Fatum. (Malcolm de Chazal, La Bible du mal: l'Évangile de l'eau ; suivi de La fin du monde ?, 2008 - books.google.fr).

Nord et Sud

Toutefois, une mention particulière doit être faite du Candélabre et de la Table. Ces deux objets sont placés le premier au sud, le second au nord, à l'extérieur du Voile qui, dans le Tabernacle, sépare le Saint du Saint des Saints, le lieu de Dieu du lieu consacré au commerce de Dieu avec l'homme. Dieu donne la lumière à l'homme et l'homme par le moyen de cette lumière donne à Dieu quelque chose à regarder. L'homme donne à manger à Dieu, je veux dire, que, prêtre de toute la Création, intelligence et volonté de toute la Création, il est là pour en offrir et communiquer à Dieu la substance sous la forme de l'œuvre par lui opérée : et Dieu de son côté donne à manger à l'homme [psaume 144,15-16], en lui permettant de comprendre, de broyer entre ses dents, de goûter et d'assimiler quelque chose qui n'est plus rien d'autre maintenant qu'un don reçu de sa main et cette main même qui le lui administre. Le Candélabre, fait de l'or le plus pur, se compose d'une tige et de six branches, trois d'un côté et trois de l'autre qui y sont rattachées. La tige principale, bien entendu, est le Christ qui a dit de Lui-même : Je suis la Lumière du Monde et les rameaux sont tout ce qui sort du Christ en communication avec Lui, suivant par exemple cette parole qu'Il adresse à Ses disciples : Je suis le cep et vous êtes les sarments. Ce n'est point le candélabre qui aboutit à la lumière, c'est la lumière qui, par ce travail figuratif de fleurs et de fruits dont l'Exode nous donne la description, a suscité aussi bien la tige que les branches. Il ne s'agit plus ici, comme dans l'iris de l'Arc d'alliance, de couleurs complémentaires émanant d'un foyer extérieur. Il s'agit de sept sources lumineuses, naissant de l'huile, qui s'interprètent l'une l'autre par le concours. C'est de cet arbre mystique, issu de la racine de Jessé qu'il est dit dans le prophète Isaïe (61) : L'Esprit du Seigneur est sur Moi, en ceci qu'Il M'a oint, et ailleurs (11) : Repos a fait sur Lui l'Esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de science et de piété et rempli L'a l'esprit de crainte du Seigneur. Le candélabre, ajoute le texte, éclaire ce qui est vis-à-vis, ex adverso, suivant ce que dit Isaïe : Dieu M'a envoyé aux doux et humble de cœur, afin que je guérisse les cœurs brisés et que je prédise la grâce aux captifs, et l'ouverture aux enfermés, et que je publie l'année de la réconciliation du Seigneur avec Son peuple et le jour de la vengeance de notre Dieu et que Je console tout ce qui pleure.

Passons maintenant à la Table. On appelle table l'exhaussement d'une surface plane servant à supporter toutes sortes d'objets. Il s'agit ici de la table pour le repas, en latin : mensa, ce repas qui est le moyen entre les hommes de la communion et pas seulement des hommes entre eux, mais aussi bien des hommes avec Dieu, puisque ce n'est pas d'autre chose que des dons de Dieu, élaborés par leurs soins qu'ils se nourrissent. Dimensions de la Table (elle est entièrement couverte d'or) : longueur : deux coudées; largeur : une coudée; hauteur : une coudée et demie. Les deux coudées de longueur représentent les deux commandements primordiaux en qui consiste toute notre vocation terrestre : Tu aimeras Dieu de tout ton être et Tu aimeras ton prochain comme toi-même. C'est sur ce double commandement qui n'en fait qu'un comme sur une table que nous faisons offrande à son Auteur de la Création. La coudée unique, comme nous l'avons dit, signifie, par contraste à l'extension, cette intension vers l'unité intérieure qui est la charité. Et enfin la hauteur c'est l'érection vers Dieu de notre effort vertical. L'Evangile nous dit que nous ne pouvons ajouter une coudée à notre taille, mais que ce qui n'est pas possible à l'homme est possible à Dieu : ce que signifie la demi-coudée soit l'invitation à la Grâce de notre bonne volonté. Tout autour de la Table régnait un rebord d'or d'une hauteur de quatre doigts, en qui Raban Maur voit cette délimitation sacrée, de par l'Esprit qui contient toutes choses, opérée par la main évangélique. Et il nous rappelle à ce propos le passage où l'on voit le Verbe Jésus écrivant avec un doigt sur la terre. Et enfin par-dessus cette couronne même, en tant qu'une gloire sur elle descendue, il y a une auréole : c'est le mot même dont se sert le texte latin. Sur la Table étaient placés les douze pains de propositions destinés au bout de huit jours à être consommés par les prêtres. Anticipation saisissante de notre eucharistie.

L'or dont est fait le propitiatoire représente la fidélité à soi-même, ce qui sert, étant l'équivalent de toute valeur à payer, à racheter. En cela il représente le Christ dont l'Apôtre dit : Lui que Dieu a proposé propitiation par la foi dans le sang de Lui-même (I Jean, IV) et qui interpelle pour nous (Rom., VIII). Le propitiatoire est placé par-dessus l'Arche, comme la miséricorde est élevée par-dessus le jugement selon le psaume 144 qui nous dit : Bon est le Seigneur à toutes choses et ses miséricordes s'étendent sur toutes Ses œuvres. A noter que l'or est le symbole à lui tout seul des trois Vertus théologales : la Foi par son titre, l'Espérance par sa valeur acquisitive, la Charité par son éclat diffusif. Et tout cela ensemble est l'or profond enseveli par Dieu au fond de toute conscience humaine, ce miroir où Il trouve Sa ressemblance et en qui sous le regard des Anges Il Se laisse interroger. Nous le possédons ici, si je peux dire, à l'état de matière première. C'est de ce lingot primordial que seront tirés plus tard dans nos églises tous les réceptacles de la Présence réelle : patènes, ciboires, calices et montrances. Au-dessus du propitiatoire, deux Chérubins, ces animaux angéliques qui ne sont que pouvoir de vision et d'élévation, et qui sont chargés au nom de toute la Création de regarder dans ce mystère du rachat (Paul Claudel, Emmaüs, 1949 - books.google.fr).

Justice (au verset 17 du tsadé) et Miséricorde/Bonté sont réunies au verset 7 (Zaïn).

Il semble plausible de supposer que l'auteur gnostique d'un traité gnostique préservé à Nag Hammadi, cherchait à suggérer un acte sexuel se déroulant dans le Saint du plus Saint, ce dernier étant considéré comme une “chambre nuptiale”. Par ailleurs, dans cette “chambre nuptiale”, la façon dont le monde est gouverné peut être visualisée. Je souhaiterai indiquer pour conclure que les entités qui étaient aperçues dans le Saint du plus Saint étaient liées d'une part aux chérubins - à cause des tonalités sexuelles - et d'autre part aux deux attributs de Dieu: Midat ha rahamim (la mesure de clémence) et Midat ha din (la mesure de rigueur), selon la terminologie rabbinique, qui représentent la façon dont Dieu “contrôle la création”. Cette thèse est fondée sur le fait que déjà Philon d'Alexandrie identifiait les chérubins avec les attributs divins. Par ailleurs, des identifications de chérubins avec des puissances masculines et féminines étaient connues dès les temps anciens, même au delà des frontières du judaïsme (Moshé Idel, Métaphores et pratiques sexuelles dans la cabale - cabbale.blogspot.fr).

La Mitsva de la construction du Temple, chapitre 2, qui recense les quatre instruments principaux du Temple, le Chandelier, la Table, l'Autel intérieur et l'Autel extérieur correspondant aux Attributs de la bonté, 'Hessed, de la rigueur, Guevoura, de l'harmonie, Tiféret et de la royauté, Mal'hout (Iguerot Kodesh Tome I, Correspondances du rabbi de Loubavitch, 2012 - books.google.fr).

Et bien qu'il soit [encore] enclos, l'Esprit se déploie et émet la Voix condensant feu, eau et souffle, qui sont Nord, Sud et Est [les sefirot Hessed, Guevourah, Tiferet]. Cette Voix est la somme de l'ensemble des puissances et elle conduit la Parole et établit le dire en sa perfection, car la Voix a été lâchée du lieu de l'Esprit et est venue mener le discours pour exprimer des paroles de rectitude (Charles Mopsik, Chemins de la cabale: vingt-cinq études sur la mystique juive, 2004 - books.google.fr).

Le Sicle du Sanctuaire de Moïse de Léon parle de Hessed comme de la « Porte de l’Extrémité du Ciel » et plus loin : « Hessed, Abraham, Droite, Sud, Eau, Argent, Grand Prêtre, Amour ». Le Sicle du Sanctuaire de Moïse de Léon nous enseigne que la Sephira Guebourah est la Porte du Nord. C’est également le secret de l’or fin (or sagour), la dimension du Jugement, le Vin, la couleur Rouge, l’Obscurité, la Gauche et l’Or. gebourah s'apelle aussi Pahad (crainte, frayeur) et Din (jugement) (www.kabbale.eu - Guebourah, (www.kabbale.eu - Hessed ou Guedoulah).

Le Psaume 144 doit la fréquence de son emploi en grande partie au soutien qu'il apporte à la thèse de l'infinité divine. Grégoire de Nysse fusionne les versets 3 (« Grand est le Seigneur... à sa grandeur point de limite») et 5 (« La splendeur de gloire de ta sainteté, ils la diront »), pour affirmer que la grandeur de la gloire de la sainteté de Dieu n'a pas de limite ; fusion constante puisqu'on la trouve aussi bien dans les Homiliae In Ecclesiasten que dans les Orationes in Canticorum. L'amalgame montre qu'on ne peut connaître non seulement l'essence divine mais déjà sa sainteté, car il est dit qu'il n'y a pas de mesure non à Dieu, ni à la sainteté de Dieu, ni à la gloire de cette sainteté mais même à la grandeur de cette gloire ; cette interprétation est renforcée de celle du verset 4 («un âge après l'autre vantera tes œuvres ») : les grands hommes peuvent raconter les œuvres de Dieu mais non Dieu lui-même. Cette opposition entre les œuvres de Dieu et son essence, surajoutée au texte biblique, sert, dans la foulée à l'exégèse du Psaume 105,2 («Qui dira les prouesses du Seigneur ?») et 9,2 («J'énonce tes merveilles »). Plus tard, dans la vie de Grégoire, le sens du verset du Psaume 144 lui paraît mieux établi : la citation se simplifie, la démonstration néglige la cascade de grandeur, de gloire et de sainteté pour se réduire. à souligner l'infinité divine et la distance infranchissable qui sépare Dieu de la créature en progrès (Mariette Canévet, Grégoire de Nysse et l'herméneutique biblique: étude des rapports entre le langage et la connaissance de Dieu, 1983 - books.google.fr).

Le mouvement de l'exégèse de l'épisode de la Samaritaine est tourné vers la Création : ayons soif des biens éternels, pour en abreuver les autres, pour nous guérir nous-mêmes. Bien qu'associant les mêmes versets bibliques (Jean 4,34, ; Tim. 2,4 et Jean 7,37-38), l'Oratio X in Canticum Canticorum en renouvelle le sens : « Que mon Bien-Aimé descende dans son jardin et qu'il goûte le fruit de ses arbres (Cant. 4,16). Quelle hardiesse de parole ! Quelle âme magnifique et généreuse qui surpasse toutes les limites de la magnanimité ! Qui invite-t-elle à jouir de ses propres fruits ? Pour qui prépare-t-elle le festin qu'elle donne de ses propres biens ? Qui appelle-t-elle au repas qu'elle a préparé ? Celui de qui, par qui et en qui tout existe (cf. Col. 1,16 ; Rom. 11,36). Celui qui donne en temps voulu à chacun de quoi se nourrir, qui ouvre sa main et rassasie tout vivant de bénédiction (cf. Ps. 144, 15-16), lui, le pain qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde (Jean 6,33), lui qui a fait jaillir la vie de sa propre source pour toutes les créatures : c'est pour lui que l'Épouse dresse sa table, car la table c'est le jardin planté d'arbres vivants, et les arbres, c'est nous, nous qui lui offrons comme nourriture le salut de nos âmes. C'est bien ce qu'a dit celui dont le régal est notre vie : « Ma nourriture c'est de faire la volonté de mon Père » (Jean 4,34). Or, le but de la volonté de Dieu est évident, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés, et parviennent à la connaissance de la vérité. Si donc le Christ veut que nous soyons sauvés et si notre vie est sa nourriture, nous savons à quoi doit nous servir un pareil appétit de l'âme. A quoi ? Ayons faim de notre propre salut, ayons soif de la volonté de Dieu qui est que nous soyons sauvés ». (Mariette Canévet, Grégoire de Nysse et l'herméneutique biblique: étude des rapports entre le langage et la connaissance de Dieu, 1983 - books.google.fr).

Le chandelier/candélabre au Sud du tabernacle correspond à Hesed ; la table au Nord, au jardin (Grégoire de Nysse) et à Guébourah (sévérité conduisant à l'expulsion du jardin d'Eden). Hesed la miséricorde marquerait la réintégration en Eden (Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Paradis et Stella luti).

Dans le Sinaïticus, la menorah est figurée immédiatement sous le texte du paragraphe 33 du livre V : « Voici le chandelier à sept lampes ; placé au sud du tabernacle, il était la réplique des luminaires, étant donné que, suivant le sage Salomon, les luminaires à leur lever dirigent leur cours vers le sud et projettent leur lumière sur la terre vers le nord (Elisabeth Revel-Neher, Le Témoignage de l'absence: les objets du sanctuaire à Byzance et dans l'art Juif du XIe au XV siècle, 1998 - books.google.fr).

Psaume 144 et mystique juive

Les chevaux de la page 144 ("La sagacité remarquable du docte religieux n'était guère en défaut, car c'étaient encore de hardis dompteurs de chevaux, que ces Aquitani – hack, cheval, – to cow (kaou) intimider, – to hit, frapper, – hand, main, – hackcowhithand) conduisent à considérer la cavale/cabale/kabbale qui emploie ce psaume dans une optique théurgique.

R. Moïse de Léon a, avec R. Joseph Gikatila (1248-1325), une très proche parenté intellectuelle. Ce cabaliste castillan très influent développe des idées et un langage souvent similaires à ceux de son célèbre contemporain. Il a traité de la prière en associant le thème de la kavanah, ou concentration mystique, à celui de sa fonction théurgique, à la fois réparatrice, amplificatrice et attractrice. Décrivant l'activité mentale requise et le type de visée nécessaire, il pose les principes de base concernant les prières ayant pour objet une requête individuelle, en vue de favoriser ou même d'obtenir son exaucement à coup sûr. Il expose ses vues dans un long passage de son maître livre, Les Portes de la Lumière, dont voici quelques extraits : « Sache et comprends que, bien que nous disions que celui qui veut que son désir soit exaucé par YHVH, béni soit-il, doit se concentrer sur un de Ses Noms en particulier en vue de la chose dont il a besoin, nous ne voulons pas dire qu'il doive se concentrer sur ce seul nom uniquement, mais notre intention est de dire qu'il doit se concentrer sur le nom dont la chose qu'il lui faut dépend, puis il prolongera la méditation de ce nom jusqu'au faîte des dix sefirot, faîte qui est la Source supérieure appelée Source de la Volonté. Lorsqu'il parviendra [dans sa concentration] à la Source de la Volonté, sa volonté et les suppliques de son cœur seront exaucées. C'est ce qui est écrit : "Ouvre tes mains et rassasie tout vivant exprimant sa volonté" (Ps. 145:16). Ne lis pas "ta main" (yadékha) mais "ton yod" (yodékha), à savoir : lorsque Tu ouvres le secret du yod du Nom YHVH, qui est la Source de la Volonté, alors Tu accomplis la volonté de tout solliciteur. Tu apprends donc ceci : quand l'homme a besoin que son désir soit satisfait par YHVH, béni soit-il, il lui faut intelliger les dix sefirot et attirer le désir et la volonté du haut vers le bas, jusqu'au terme de la "volonté" qui est le nom Adonay [= sefira Malkhout]. En conséquence de quoi les sefirot sont bénies par lui et lui est béni par les sefirot, c'est ce qui est marqué : "Quiconque bénira la Terre [= sefira Malkhout] sera béni par le Dieu de l'Amen". (Es. 65:16). [...] Quiconque prie en se concentrant selon la méthode que nous avons dite, unit les sefirot et les rapproche l'une de l'autre [...]. Celui qui se concentre doit se concentrer en pensée jusqu'à ce qu'il parvienne par une méditation parfaite auprès de la Source du désir qui est l'extrémité du yod, la Profondeur de la Pensée [...]. Réfléchis maintenant et conçois combien est profonde la force de la prière et de quel lieu elle commence et jusqu'à quel lieu elle progresse comme en une chaîne et se meut, car grâce à la prière faite convenablement, toutes les sefirot s'unissent et l'influx procède de haut en bas, les êtres supérieurs et inférieurs sont bénis par le biais de celui qui prie, sa prière est donc agréée et il est aimé en haut et désiré en bas, ses besoins sont satisfaits et toutes les requêtes de son cœur sont accomplies, parce qu'il est aimé de toutes les sefirot » (Cha'aré Orah) (Charles Mopsik, Les grands textes de la Cabale: les rites qui font Dieu : pratiques religieuses et efficacité théurgique dans la Cabale, des origines au milieu du XVIIIe siècle, 1993 - books.google.fr).

Maimonides stressed the importance of kavanah in prayer. This Hebrew word can be translated as “proper devotion” or “concentration,” but more literally means “direction of the heart.” [...] Maimonides was convinced of the power and efficacy of prayer, based on the verse, “The Lord is near to all who call Him, to all who call Him in truth” (Ps. 145:18) (Ronald L. Eisenberg, The 613 Mitzvot: A Contemporary Guide to the Commandments of Judaism, 2005 - books.google.fr).

L'implication du psaume 144 dans la conception théurgique du miracle, héritée de la kabbale et fondée sur l'exégèse de la Genèse (32,28) se retrouve dans des multiples annotations de Guillaume Postel sur l'exemplaire du Speculum exemplorum du chartreux hollandais de Ziereiksee Aegidius Aurifaber (Jillis Goudsmid) adressé au médecin bâlois Theodor Zwinger, dépositaire de l'ensemble des manuscrits de Postel après la mort en 1568 de son éditeur Jean Oporin, oncle de Zwinger (Jean François Maillard, Postel le cosmopolite, Documents oubliés sur l'alchimie, la kabbale et Guillaume Postel: offerts, à l'occasion de son 90e anniversaire, à François Secret par ses élèves et amis, 2001 - books.google.fr).

La fascination pour l'action de l'aimant est sensible aussi chez R. Yehiel Nissim de Pise (vers 1493 - avant 1572), un contemporain italien de R Y. Hayat, qui s'exclame : "Il existe de très nombreuses choses dont nous ne pouvons pas comprendre la cause d'après la nature, comme le fer qui attire la pierre [dénommée] magnétite, y a-t-il quelqu'un au monde qui comprenne cette cause ? Pourtant nous voyons à travers une preuve claire et l'expérience sensible témoigne que tel est le cas ! Il en va de même au totalement juste, et rapporte-la à l'Émanation après une subtile méditation. Ne sais-tu pas que cette action attractrice de la pierre magnétique est produite par la puissance des vapeurs cachées et imperceptibles qui s'exhalent de la pierre et aussi par les vapeurs cachées qui s'exhalent parallèlement du fer ? Si l'une d'entre elles vient à manquer, cette action produite par ce biais spécial ne s'accomplira pas. C'est le cas quand il y aura un obstacle, comme lorsque l'on enduira la pierre d'huile ou d'ail, ou qu'on placera quelque écran entre la pierre et le fer, de façon que la rencontre entre les vapeurs ascendantes et descendantes soit insuffisante, ou que la pierre étant trop petite, elle soit dans l'incapacité d'opérer cette action, car il faut qu'il y ait entre elles une affinité quantitative. Voici à quoi se rapporte cet exemple : ignores-tu que, lorsque viendront à manquer les vapeurs montant de la [sefira] Malkhout, et cela à cause des péchés d'Israël, de manière qu'elle ne puisse s'élever là-haut, car elle est desséchée, il y aura interruption entre elle et le En Sof. Alors les vapeurs qui auraient dû descendre de lui vers elle ne lui parviennent pas, et le En Sof se retire car nos iniquités causent cette séparation. [...] Et non seulement elle ne s'élève pas, mais elle descend ; il est dit à ce propos : "Elle est tombée, elle ne se relèvera pas, etc." (Amos. 5:2) Et cela parce qu'elle est soutenue par la puissance du En Sof, qui ressemble à la pierre magnétique évoquée précédemment. Et comme lorsque l'on place entre la pierre et le fer un écran, le fer tombe à terre, ainsi en est-il de la 'Atarah, mais néanmoins, "YHVH soutient tous ceux qui tombent, etc." (Ps. 145:14). [...] Ce sujet peut être également compris à partir de la flamme. Celle- ci brûle en émettant ses trois couleurs, que l'on trouve aussi dans l' arc-en-ciel, lorsque les trois lumières qui se situent au-dessus d'elle [scfirot Hessed, Guevourah, Tiferet], qui sont des pères, l'illuminent, car elle est le Miroir qui ne brille pas [la sefira Malkhout] et en elle se trouvent les couleurs. Mais les lumières viennent d'en haut quand les couleurs qui sont en elle montent dans leur direction. L'exemple en est la lampe qui brûle ; quand elle s'éteint, subsiste une vapeur fumante. Si l'on pose cette lampe à proximité d'une autre lampe allumée et au-dessous d'elle, la vapeur fumante de la lampe sera attirée et elle s'allumera, et bien qu'il soit dans la nature du feu de monter, il descendra, allant à la rencontre de la vapeur fumante restant dans la lampe, qu'il allumera. Bien qu'elles ne rentrent pas vraiment en contact l'une avec l'autre, la vapeur possède la faculté d'attirer à elle la flamme. Il en va de même, ni plus ni moins, en ce qui concerne la Atarah. Elle possède en elle une sorte de vapeur fumante à l'égard des dimensions situées au-dessus d'elle, car elle est le Miroir qui ne brille pas. Lorsque d'elle monte la vapeur fumante, elle rencontre la flamme du En Sof et elle l'attire en bas. Cela se produit quand il n'y pas d'obstacle, qui sont les péchés d'Israël qui éteignent les lumières d'en haut et qui éteignent la vapeur fumante, faisant en sorte qu'elle ne s'élève pas à la rencontre de l'Époux » (Minhat Yehoudah, apud Ma'arekhet ha-Elohout, Mantoue, 1558, fol. 111a-112a) (Charles Mopsik, Les grands textes de la Cabale: les rites qui font Dieu : pratiques religieuses et efficacité théurgique dans la Cabale, des origines au milieu du XVIIIe siècle, 1993 - books.google.fr).

Le motif central de la prédication de Dov Baer [Le Maggid de Mezeritch, 1704-1772] porte sur la gloire du Seigneur comme fondement immanent de tout ce qui est. Aucun monde ne supporte l'éclat, la bëhirût de Dieu, c'est-à-dire le divin dans son essence infinie. L'existence des mondes n'a été rendue possible que par de nombreuses contractions divines (il s'agit là d'un thème lourianique mais qui, dans le hassidisme, prend une signification nouvelle car le terme de Tsimtsum devient presque l'équivalent de révélation), la contraction est en effet la condition de toute manifestation. Si dans l'absolu on aurait pu penser que cela eut été pour Dieu une plus grande gloire de rester caché, on répond que Dieu a renoncé à cette gloire élevée en vue de se faire connaître des créatures. La parabole du père et du fils vient illustrer cette idée. Le cheval pense conduire le cavalier mais c'est l'inverse qui est vrai. Les justes pensent régir le monde mais c'est la gloire de Dieu immanente au monde qui en définitive les régit. Dieu a créé le monde de telle sorte que les justes se réjouissent et de leur joie Dieu tire un divertissement. Ici Dov Baer reprend de I. Sarug le motif de la Sa'asu'a, du jeu de Dieu, mais dans le sens de la dilection qui s'empare des justes lorsqu'ils saisissent le divin immanent au monde.

"Quoique le cheval pense conduire l'homme, c'est l'homme qui le conduit, cependant cela lui procure du plaisir et son père l'aide et donne un bâton pour satisfaire le désir du fils. Ainsi sont les justes qui veulent diriger le monde : le Saint Béni Soit-Il a créé les mondes afin qu'ils jouissent de leur direction, nous ne parvenons pas à saisir la gloire en sa substance et nous n'appréhendons la gloire que dans les mondes. C'est pourquoi Il s'est contracté dans les mondes car il se divertit du plaisir des justes qui tirent du plaisir des mondes. Et c'est cela (Ps. 145, 19) "il accomplit la volonté de ceux qui le craignent". Car la volonté ne convient pas en Ein Sof; elle n'est que pour ceux qui le craignent, pour les justes qui l'accomplissent conformément à l'énoncé (Genèse Rabba 8, 7) : « II consulte les âmes des justes »" (Maggid devarav le-Ya'aqôv, Jérusalem 1976, 7) (Roland Goetschel, La présence de la mystique dans les interprétations juives de la Bible, Le Siècle des Lumières et la Bible, 1986 - books.google.fr).

Dieu redresse ceux qui sont courbés

Ps 144,14 : Dieu redresse ceux qui sont courbés.

Les auteurs latins, héritiers des Grecs, ont peu enrichi les spéculations sur la station droite. Ils ont plutôt procédé à quelques remaniements secondaires, en se désintéressant de l'aspect naturaliste, présent chez Aristote, et en développant davantage l'idée platonicienne - vite devenue un véritable lieu commun - d'après laquelle la station droite tourne le visage de l'homme vers le ciel, en lui faisant admirer la magnificence du spectacle ordonné de l'univers, afin que son âme s'élève ainsi à la connaissance des dieux. Ce cliché de la littérature latine se trouva ensuite au cœur des interprétations allégoriques que les premiers auteurs chrétiens associèrent à la stature verticale. Nous n'avons de cette époque aucune trace d'interrogations sur l'anatomie et la locomotion prises comme problèmes en soi. En revanche, une autre question, celle-ci de nature sémiotique, revient constamment, devenue de nouveau cruciale. Grégoire de Nysse lui donna la formulation la plus explicite : « Que signifie la stature droite de l'homme ? » L'imagination herméneutique des commentateurs chrétiens était très riche, mais leurs spéculations reprenaient invariablement l'ancienne idée de l'antinomie entre l'homme tourné vers le ciel et les animaux penchés vers le sol. Cette opposition, sous une forme si rudimentaire déjà chargée de significations, pouvait trouver divers développements, selon les besoins des circonstances. L'évêque de Nysse, dans le traité La Création de l'homme, en donnait la lecture symbolique suivante : « La stature de l'homme est droite tendue vers le ciel et regardant en haut. Cette attitude le rend apte au commandement et signifie son pouvoir royal. Si seul parmi les êtres l'homme est ainsi fait, tandis que le corps de tous les autres animaux est penché vers le sol, c'est pour indiquer clairement la différence de dignité qu'il y a entre les êtres courbés sous le pouvoir de l'homme et cette puissance placée au-dessus d'eux. Chez les autres, en effet, les membres antérieurs du corps sont des pieds, parce que l'inclinaison de leur corps demandait un appui en avant ; dans la constitution de l'homme, ces membres sont devenus des mains. Pour une stature droite, un seul appui suffisait qui, grâce aux deux pieds, permet de se tenir solidement ». L'équilibre mécanique que l'homme garde sur ses pieds n'est ici qu'une conséquence secondaire de la contrainte sémiotique qui érige l'homme afin d'exprimer sa dignité, son pouvoir et sa domination sur le reste de la création. Pour fustiger la démence des cultes idolâtres qui célébraient des objets terrestres, l'apologiste chrétien Lactance", en citant le païen Ovide et en opposant, comme voulait la tradition, les bêtes dépourvues de raison et penchées vers la terre à l'homme doté, par le Dieu artisan, de la sagesse et du visage tourné vers le ciel, tenta d'extraire de cette antinomie une allégorie nouvelle : « ...en effet, cette allure et cette attitude signifient tout simplement que l'esprit de l'homme doit regarder là où regarde son visage, et que son âme doit être aussi droite que son corps, pour être semblable à ce qu'elle doit dominer. Mais les hommes oublient leur nom et leur condition, ramènent leurs regards vers la terre et les fixent sur le sol, et craignent les œuvres de leurs propres doigts, comme si un objet quelconque pouvait être plus grand que celui qui l'a fabriqué » (Wiktor Stoczkowski, Le bipède et sa science. L'histoire d'une structure de la pensée naturaliste, Gradhiva, revue d'histoire et d'archives de l'anthropologie 17, 1995 - books.google.fr).

Les rapports entre les menstrues, les cynocéphales, les éclipses, le penchement en avant sont vus dans (Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram).

L'inverse du Cercle des Prophètes

L'inverse du Cercle des Prophètes par rapport à l'axe longitudinal du plan de l'église Saint Sulpice de Paris projeté sur la carte du département de l'Aude se trouve sur la commune de Lacombe dans l'Aude.

La page de La Vraie Langue Celtique appariée à la 144 est la 299 :

Les habitants du pays, quelque peu celtibériens, n'avaient point perdu l'habitude de la chasse à l'ours, comme l'indique le clot das hourcés, fort rapproché de la Borde-Neuve, et appelé aujourd'hui la Loubatière. (VLC, p. 299).

La Loubatière est aussi le nom d'une forêt sise à Lacombe et à Fontiès-Cabardès.

LACOMBE. — Eglise Saint-Nazaire et Saint-Celse, à la collation de l'évêque (Brève de 1791). La paroisse de Lacombe fut créée vers le milieu du XVIIIe siècle ; son territoire fut détaché de la paroisse de Fontiès-Cabardès le 08/05/1864 (Élie Griffe, Les Anciens pays de l'Aude: dans l'antiquité et au Moyen âge, 1974 - books.google.fr).

Fontiers fut fondé en 1203 par des seigneurs du voisinage: Sicard de Puylaurens et Éleazar d'Aragon, il fut réuni à la couronne de France à la suite de la conquête de la croisade des Albigeois. La commune de Fontiers était formée primitivement de plusieurs hameaux, souvent assez éloignés les uns des autres: Fontiers, Lacombe, les Bordes, la Fonde, la Canade, la Coulagne. Le roi de France Philippe le Bel avait donné aux habitants de Fontiers et de Saint-Denis, villages créés comme il le spécifiait dans sa charte pour le défrichement des forêts, le droit de prendre du bois pour construire leurs habitations. Il voulut réglementer cette autorisation à cause des abus qui se produisaient et en chargea le sénéchal de Carcassonne en février 1307. Pierre de Rochefort, évêque de Carcassonne créa un peu plus tard en 1315 la Chartreuse de la Loubatière dans la forêt du même nom situé à proximité de Fontiers. La forêt de la Loubatière (Lupateria) appartenait à l'évêque de Carcassonne, les bornes en pierres qui marquaient ses limites étaient ornées de la crosse épiscopale. La forêt est devenue domaniale en 1791. A peu de distance de la maison forestière (qui a remplacé la ferme des Chartreux) subsistent les ruines isolées, couvertes de lierre, d'une église; cet édifice dépendait de la Chartreuse; elle portait le nom de Notre-Dame-de-Beaulieu, puis celui de Sainte-Marie-de-la-Loubatière; une fontaine source abondante et glaciale, près de la maison forestière fut établie au milieu du cloître de la Loubatière en 1332 à la suite d'une donation de Pierre Dejean, évêque de Carcassonne.

Pierre-Paul Riquet (1604-1680) résidait au château de Fontiers (il en reste La Tour de L'horloge) lorsqu'il a entrepris la création de "la Rigole de la montagne" située à "La prise d'Alzeau" sur la commune voisine de Lacombe, à l'époque faisant partie de Fontiers-Cabardès. (fr.wikipedia.org - Fontiers-Cabardès).

"Au centre de la Montagne-Noire, dit M. Canet, entre les villes de Castres et de Carcassonne, au sud de la forêt de Ramondens, à l'ouest du bois de l'Aiguille, était une étendue considérable de terrain qui portait le nom de Loubatière. Le nom est à lui seul une indication suffisante, et l'aspect du pays, aujourd'hui même, dit assez quels ont dû être, pendant longtemps, ses habitants. Les loups n'ont pas encore entièrement disparu de ces contrées, qui sont encore restées boisées dans une grande partie des sommets, des plateaux et des vallées." Ce fut là que, dans les premières années du XIVe siècle, fut fondé un monastère de chartreux qui, du lieu même où il était situé, devait s'appeler la Chartreuse de la Loubatière. Trente ans plus tard environ, les chartreux fondèrent un autre couvent sur les rives de l'Agout, à peu de distance de Castres, dans un site agréable et fertile. De ces deux monastères, appartenant à une même communauté, celui qui était le mieux situé devait facilement absorber l'autre. Aussi la Chartreuse de la Loubatière ne tarda-t-elie point à être réunie à la Chartreuse de Castres, à la condition que celle-ci célébrerait tous les ans quatre anniversaires solennels pour les fondateurs et les bienfaiteurs de la Loubatière (C. Jourdain, Revue des sociétés savantes des departements, 1868 - archive.org).

On raconte que les Chartreux était assiégés par les loups, et qu’ils voulaient s’enfuir sans passer par la forêt mal fréquentée. Ils connaissaient l’entrée d’un souterrain, mais ignoraient quelle pouvait bien être son issue. Et l’on ajoute que, pour savoir où menait ce boyau, ils lâchèrent des canards dans le souterrain. Et la légende ajoute, bizarrement : « Quand ils les ont vus sortir un moment après, tout près de Labruguière, ils décidèrent de s’enfuir par là ». C’est le manque de vocations, de moyens de subsistance et la présence de brigands, nombreux au début du XVe siècle, qui fit partir les moines de la chartreuse de Loubatière, après quoi ils trouvèrent refuge à celle de Saïx près de Castres en 1423. Pourtant, la création de le chartreuse ne datait que de 1315. Il y avait une mine de fer sur place dans les derniers siècles (La Chartreuse de la forêt de la Loubatière : "le grand silence" dans la Montagne noire, 2008 - polymathe.over-blog.com).

Gaulois et Romains ont exploité ces gisements ainsi que des gisements de fer, comme en témoignent les immenses ferriers disséminés dans toute la Montagne. La villa Gallo-Romaine du lac de Saint Denis était le centre d’une exploitation très importante de fer. A côté de la mine on a trouvé des vestiges gallo-romains fragments d’amphores, poteries diverses, Des travaux anciens ont été recoupés lors de l’exploitation de la mine. Au XIIème siècle, un accord entre Trencavel et sa sœur Ermengarde vicomtesse de Narbonne prouvent que les mines de la Montagne Noire étaient en pleine activité (Fédié) Histoire de Carcassonne. En 1338, l’Evêque de Carcassonne fait vendre du fer de la Loubatière à Fontiers et Saint Denis. Il semble que les chartreux aient eu une activité minière, ont-ils exploité le bon filon ? Des travaux près de la maison forestière ont pu être faits par eux (saissac.e-monsite.com - Les mines de la Loubatière).

Les autres communes dans lesquelles se fait le travail de la laine sont: Fontiès-Cabardès et Lacombe, les Ilhes et Lastours, où il y a de petites filatures (F. Pariset, Economie rurale, industrie, mœurs et usages de la Montagne Noire (Aude et Tarn), 1882 - books.google.fr).

Le gisement de galène de la forêt de la Loubatière est situé au lieu-dit Maison du garde, près du village de Lacombe (Aude), sur le versant sud de la Montagne Noire et à 22 km au nord-nord-ouest de Carcassonne. Il consiste en une imprégnation stratiforme dans une assise de calcaire dolomitique cambrien et se trouve à moins de 2 km des deux massifs granulitiques des Martyrs et de Lacombe (Le Génie civil, Volume 111, 1937 - books.google.fr).

nonagones.info a été devancé dans ses recherches. Joseph Delteil place déjà en 1947 son Jésus II à Lacombe.

Où maître fou, qui se croit Jésus, Jésus II — tout fou est Shakespeare ou Napoléon, au moins... — s'évade de l'Asile, le dimanche de Quasimodo, et par monts et par vaux entreprend de réveiller les hommes, de mobiliser l'âme de l'homme. Il racole brillamment douze disciples, et en avant ! En ce temps là, un fou de belle taille s'évada de l'Asile d'Aliénés de X... C'était le dimanche de Quasimodo, à la brune. Il était vêtu de «son velours des dimanches, la barbe socratique, l'œil mappemondial ». Et vive la liberté ! Il marcha trois jours, il marcha trois nuits. Il arriva dans la grande forêt de la Galaube (Joseph Delteil, Jésus II, 1947 - books.google.fr).

Et où croyez-vous que déambule Jésus II, sinon dans les forêts de La Galaube [par Fontiès-Cabardès dans la Montagne noire] où il rencontre son pemier disciple, La Galaube qui sent la truite et le champignon, où Delteil vient depuis sa jeunesse, se retrouver à l'ombre des hêtres et des châtaigniers ? (Robert Briatte, Les aventures du récit chez Joseph Delteil, 1995 - books.google.fr, Christian Dedet, Sacrée jeunesse: Chronique des "sixties", 2003 - books.google.fr).

L'Evangile revu et corrigé par Joseph Delteil, qui écrit la rage mystique au ventre, dans une débauche de mots ! Jésus apparaît ici sous les traits d'un fou échappé de l'asile qui " racole " douze disciples assez peu orthodoxes (Parsifal, Socrate, Charlemagne, Pascal, l'Orpailleur, entre autres.) Partis en croisade pour détruire l'injustice et faire briller l'innocence du monde, les nouveaux Apôtres, tenaillés par de bas appétits, trahissent vite Jésus en filant au premier bordel venu... Jésus décide alors de gagner Rome. Il va proposer au pape de créer un gouvernement mondial de la paix et de partir ensemble évangéliser sur les routes. Mais le pontife, coincé par ses gardes, ne peut s'échapper de son palais. Jésus, ayant tout essayé pour changer le monde, décide de prendre le " maquis de l'âme ", de se retirer au Paradis Terrestre, afin d'échapper à la crucifixion et... à la guerre atomique... Delteil avait retenu ce livre dans les six ouvrages dignes de figurer dans ses Oeuvres complètes (www.grasset.fr - Jésus II).

Christian Léger en a fait une excellente adaptation théâtrale, que Jacques Échantillon (valeureux animateur des Tréteaux du Midi) a déjà promenée, dans une mise en scène superbe, à travers tout le Languedoc et le Roussillon. [...] Le sommet est, au terme, la rencontre au Paradis terrestre avec Adam, à qui Jésus II, chassé de partout, menacé par la guerre et la Bombe, demande conseil. Au sauve qui peut proféré par notre innocent (abandonné de tous), le vieil ancêtre murmure : sauve qui veut. « Enfant... la terre est ronde, ils sont partout... même au Jardin d'Eden. » Il faut se fondre, se cacher, s'enfoncer comme la graine, germer dans les profondeurs, et faire ainsi, en secret, lever la pâte. « J'étais là, dit Adam, calme et tranquille depuis le commencement... Incognito, mon fils, voilà le grand secret. J'ai pris le maquis... le maquis de l'âme. » Et il lui donne son nouveau nom : sois Adam, Adam II ! C'est la nouvelle Genèse pour nos temps d'apocalypse (J. Mambrino, Carnet de théâtre, Etudes, Volume 346, 1977 - books.google.fr).

Jean-Claude Drouot est le fou qui se prend pour Jésus et entraine jusqu'à Rome des disciples hétéroclites (Jean-Claude Drouot, Le cerisier du pirate, 2015 - books.google.fr).

Le lieu-dit "Le Vatican" (quelle ancienneté ?) se trouve à Lacombe, au sud du bourg, près d'Audemar et de Las Brugos de la Plano.

Axe Patiassés-Lacombe et Saint Sulpice

L'axe Patiassés - Lacombe passe le long des murs de séparations des chapelles Saint Jean Baptiste/Sacré Coeur et du transept où sont peintes les fresques de Signol l'Ascension (N normal de la signature du peintre) et la Trahison (N inversé) (Autour de Rennes le Château : Temple de Salomon et église Saint Sulpice - books.google.fr).

La chapelle du Sacré Coeur est contre la fresque de la Trahison, la chapelle Saint Jean Baptiste contre celle de l'Ascension.

Il dépendait de vous, ô divin Sauveur, d'éviter le traître. Vous saviez qu'il venait : les torches et les lanternes de ceux qui l'accompagnaient vous montraient le chemin par lequel il prétendait arriver à vous. Combien, même humainement, il vous eût été facile de rendre vaine sa trahison. Mais que serait alors devenu le salut du monde plus cher à votre cœur que votre propre vie. Loin de fuir ou de vous cacher, sachant d'avance toutes les conséquences de ce que vous alliez faire, vous vîntes au devant de votre ennemi. Il était convenable que tous pussent comprendre que nul ne ravissait votre vie; que vous seul vous la donniez pour l'amour de nous et pour l'obéissance que vous vouliez rendre à votre Père céleste. Le traître, lui, avait donné le signe à ceux qui le suivaient, « Celui que vous me verrez embrasser, leur avait-il dit, c'est celui-là même; enchaînez-le et entrainez-le avec précaution. » Et, en effet, lorsqu'il vit son ami, son maître, son Dieu, venir au-devant de lui, il ne se repentit point, mais avec une joie infernale de l'avoir si aisément trouvé, il va l'embrasser et lui dire : « Je vous salue, Maître. » Ce n'était point l'usage que les disciples embrassassent leur Maître; le Maître quelquefois avait la condescendance de recevoir ses disciples en les embrassant. Judas avait-il voulu ajouter à sa trahison et infliger publiquement à Jésus-Christ l'humiliation de le traiter en inférieur? Le Seigneur sut bien à quoi s'en tenir. Mais ni la trahison, ni l'orgueil de Judas n'altérèrent la douceur et la bénignité de son cœur. « Mon ami, dit-il, pourquoi êtes-vous venu? » Et il ajouta : « Judas, par un baiser vous trahissez le Fils de l'homme! » — « Mon ami. » C'est celui qui ne ment pas, c'est la vérité même qui proféra cette parole. Judas était avare et voleur, orgueilleux et traître, et cependant Jésus l'aime toujours tendrement, Jésus le traite en ami et lui donne immédiatement la preuve de son amour, la preuve du sincère désir qu'il a de son salut, en lui disant : « Judas, par un baiser vous trahissez le Fils de l'homme. » Et il montrait ainsi qu'il lisait dans son cœur. Mais sans doute, il prononça ces paroles de manière à n'être entendu que de Judas seul, Judas l'humiliait publiquement. Jésus, au contraire, évitait à Judas une humiliation qui aurait pu l'endurcir dans le mal, une blessure d'amour-propre qui aurait pu l'empêcher de voir la bénignité et la miséricorde du Sacré-Cœur. N'est-ce pas ainsi toujours qu'agita l'égard des plus coupables le Dieu de l'Eucharistie. Qu'on entre dans son temple pour le profaner, ou qu'on s'approche de la table sainte pour y commettre un sacrilège, n'est-ce point toujours l'accueil que le Seigneur fait à ceux qui viennent l'insulter? « Mon ami, pourquoi êtes-vous venu ? » Cette parole de tendre amitié est aussi vraie, aussi sincère que le reproche est doux et miséricordieux. « Vous trahissez le Fils de l'homme par un baiser. » Pour Judas, pour les coupables qui lui ressemblent, le Seigneur n'ajoute pas lui-même une seule parole. Les faits parleront un peu plus tard à sa place, et montreront au coupable qu'ils ne peuvent atteindre celui qu'ils poursuivent de leur haine infernale et que leur crime retombe sur eux de tout son poids redoutable et les écrase. A l'égard de Jésus, il favorise sans le soupçonner les desseins de son amour pour les hommes. Mais envers eux- mêmes, quelque temps après, désespérés, ils crient qu'ils ont péché en livrant le sang du juste, ils rejettent avec horreur le prix de la trahison, ils se font justice par la pénitence dans le temps ou par la damnation dans l'éternité. Leur perte éternelle, s'ils ont le malheur de la consommer, est peut être leur seul moyen d'atteindre sûrement le Sacré-Cœur, de lui infliger une blessure cuisante (Annales franciscaines, Volume 21, 1897 - books.google.fr).

"Dupuis, dit un savant catholique, a prétendu que les religions sont purement physiques, qu'elles ont toutes pour objet l'adoration du soleil matériel, et que, par conséquent, le christianisme n'est en réalité que l'adoration du soleil... Dans tout ce raisonnement on ne trouve qu'une idée vraie, l'existence des rapports qui unissent le christianisme aux religions; Dupuis s'appuie uniquement sur les ressemblances symboliques; mais, pour mieux se faire valoir, il a grand soin de ne pas dire que ce sont les pères qui les ont trouvées. Il feint de les avoir imaginées et en fait un usage tel, qu'il en conclut l'anéantissement de l'histoire elle—même en enseignant que Jésus—Christ n'a jamais existé. Ainsi, on trouve dans les œuvres de Durand et de Cornelius a Lapide, qui s'appuient sur saint Augustin, bien antérieurement à Dupuis, les rapports de Jésus—Christ avec le cycle solaire" (Le Blanc, des Religions, t. II, p. 280.) Rien n'est plus vrai; on sait qu'un des aperçus qui ont fait le plus d'honneur à ce qu'on appelait la sagacité de Dupuis était la coïncidence de ces paroles de saint Jean-Baptiste : "il faut que je diminue et qu'il croisse", avec la succession des deux solstices. Or, voici ce que saint Augustin en disait : "Cette naissance de Jean avait été fixée providentiellement en juin, de manière à s'accorder avec la fête des Tabernacles, fondée chez les Hébreux en souvenir de la délivrance du désert, et de manière que Jean, ayant été conçu dans l'équinoxe d'automne et étant né sous le solstice d'été, après lequel les jours décroissent, il annonçât par cette décroissance le solstice d'hiver, pendant lequel le Sauveur devait naître et après lequel les jours augmentent jusqu'à son ascension victorieuse." (in Traité XIV, sur saint Jean) (Pneumatologie des esprits et de leurs manifestations diverses par J.s E.s De Mirville, Tome IV, 1863 - books.google.fr).

Les 30 deniers, prix de la trahison de Judas, conduisent au denier de Rennes le Château, à la Justice (Annie Castan, Croix de Fer Forgé du Gers, 2013 - books.google.fr, Les Prophètes et Rennes le Château : Les Quatres Reines, histoire et jeu de cartes).

Saint Jacques

La page 299, appariée à la 144 (144+155) présente le mot celtibériens et le nom de Jacques (Fouilloux). Cette mise en présence indiquerait saint Jacques le Majeur, patron de l'Espagne.

A la page suivante la chasse au sanglier (page 300) rejoint l'Espagne par le Labourd (page 145) :

A l'extrémité de leur territoire, du côté de l'Espagne, les Tarbelli possédaient une ville, Lapurdum, dont le nom a servi plus tard à désigner le pays de Labour ou Labourdan. On croit que c'est Bayonne (Histoire de la Gascogne par l'abbé Monlezun) Lapurdum, l'ancien Bayonne, devait être placé sur les bords de la mer, puisque les flots de l'Océan Tarbellien arrivaient jusqu'à lui, – to lap, lécher, – ord, bord, – Lapord. – (VLC, p. 145)

En outre l'histoire d'Hermogène insiste sur une autre vertu thaumaturgique du saint, celle de la libération, physique, mais aussi spirituelle : Jacques cite le Psaume 145 pour délivrer Philétus (« Le Seigneur délie ceux qui sont enchaînés »), et Hermogène converti s'adresse à lui en l'appelant « Libérateur des âmes » (Jean-Claude Vallecalle, Le livre de Saint Jacques et la tradition du Pseudo-Turpin: sacralité et littérature, 2011 - books.google.fr).

Et comme Jacques prêchait dans la Judée, un docteur célèbre parmi les pharisiens, nommé Hermogène, lui envoya son disciple Philétus, afin de convaincre Jacques, en présence des juifs, que sa doctrine était fausse; mais Jacques ayant disputé avec lui devant beaucoup d'assistants, et ayant fait de nombreux miracles, Philétus revint vers son maître Hermogène, approuvant la doctrine de Jacques et racontant les miracles qu'il avait vus, et annonçant sa résolution de se faire . disciple de l'apôtre. Et Hermogène, irrité, le lia par ses sortiléges, de sorte qu'il lui était impossible de faire un mouvement ; et il dit : « Nous verrons si ton Jacques pourra te délier. » Et Philétus envoya un valet prévenir Jacques de cela, et l'apôtre lui fit passer son manteau, en disant : « Qu'il prenne ce manteau et qu'il dise : Dieu relève ceux qui sont tombés, et il délivre ceux qui sont captifs. » Et aussitôt que Philétus eut touché le manteau, il fut délivré de la captivité où le retenait l'art magique d'Hermogène, et il se hâta d'aller trouver Jacques (La Légende Dorée par Jacques de Voragine, traduite par M. G. Brunet, Première Série, 1843 - books.google.fr).

Une fable de Phèdre (X : Le chasseur et le chien, Tout se passe avec l'âge), affranchi d'Auguste, relie un Philétus à la chasse au sanglier :

Un Chien qui avoit long-temps été utile à son maître, en chassant à son gré les bêtes les plus agiles, commençoit à languir sous le poids des années : on le lâcha un jour contre un sanglier; il le prit par l'oreille; mais, comme ses dents étoient usées, il quitta prise. Le Chasseur mécontent le gronda. Le Chien lui répondit : « Ce n'est pas le courage, mais les forces qui me manquent; tu me loues de ce que j'ai été, et tu me blâmes de ce que je suis maintenant. »

Tu sais, mon cher Philétus, à quel dessein j'ai fait cette fable ? (Fables de Phèdre, Didot l'ainé, 1806 - books.google.fr).

Revenons au psaume 144, en gardant à l'esprit l'ancienne attribution de l'Epître de Jacques à saint Jacques le Majeur, comme en Espagne.

Quoiqu'on dise que Dieu est pres de tous les hommes, a cause du soin particulier qu'il en prend, on dit neanmoins qu'il est pres des bons d'une maniere toute speciale, parce que ceux-ci s'efforcent de s'approcher de lui par la foi et 1'amour, selon ces paroles de saint Jacques, IV : « Approchez-vous de Dieu et il s'approchera de vous. » D'ou il est dit dans le Psaume CXLIV : « Dieu est pres de ceux qui l'invoquent, et qui l'invoquent en vérité. » Et non-seulement il est pres d'eux, mais il habite en eux par sa grace, suivant ces paroles de saint Jérôme : « Vous etes en nous, Seigneur.» (Opuscule II, chapitre 6, Opuscules de Saint Thomas d'Aquin, Tome 1, 1856 - books.google.fr).

Cette intimité de Dieu avec les hommes nous inspire deux motifs de confiance quand nous prions le Seigneur. Le premier s'appuie sur cette proximité divine, que le Psalmiste montre par ces paroles (Ps. 144, 18) : Le Seigneur est proche de ceux qui l'invoquent. C'est pourquoi le Seigneur nous donne cet avertissement (Mt., 6, 6) : Pour vous, quand vous priez, entrez dans votre chambre, c'est-à-dire, dans l'intérieur de votre cœur. Le deuxième motif de confiance repose sur le patronage des saints, par l'intercession desquels nous pouvons obtenir ce que nous demandons. Job (5, 1) dit en effet : adressez-vous à quelqu'un des saints, et saint Jacques (5, 16) : Priez les uns pour les autres, afin d'être sauvés (Saint Thomas d'Aquin, Le Pater Et L'ave, 1987 - books.google.fr).

En Galilée, le grec était parlé concurremment avec le patois araméen local; il y avait à Gadara et à Capharnaum dess écoles où le grec était enseigné. Enfin, saint Jacques a pu faire corri ger son épitre par un frère helléniste, ou même encore, imiter saint Paul et se servir d'un secrétaire, habile dans la langue grecque (The Episthe of St James; the greek Text with introduction, notes and comments by Joseph B. Mayor; ; Londres, Macmillan, 1892) (Revue biblique trimestrielle, Volume 2, Ecole pratique d'études bibliques (Jerusalem), 1893 - books.google.fr).

L’auteur du premier évangile nous apparaît à plus d’une reprise comme un fin connaisseur de la Palestine ; il lui arrivait même de corriger discrètement la géographie un peu approximative de Marc, ou même de Luc. Ainsi en Mt 8,28 il précisait que Jésus, débarqué sur l’autre rive, était parvenu au pays des Gadaréniens et non pas au pays des Géraséniens (cf. Mc 5,1 ; Lc 8,26). Il appert que la ville de Gadara, en Décapole, était bien plus proche du lac de Tibériade que la ville de Gérasa (theologiedelepiscopat.chez-alice.fr).

Psaume 79, Gadara et la lèpre

L'expression "Seigneur Jésus" apparaît trois fois page 79, 234 (les deux sont appariées) et 279. La page 79 est celle de la mention de l'évangéliste saint Matthieu. La page 234 porte "filius hominis" qui apparaît bien dans le psaume 79 (ou "fils de l'homme" ou "fils d'Adam" comme dans la Bible de Jérusalem). Boudet rappelle aussi le nom arabe de Jésus : Issa (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre III - Ps. 79).

On présume avec raison que le nom primitif de l’ile de Lesbos était Issa, parce qu‘il y avait vis à vis une petite ile nommée Antissa, comme si l’on eût dit vis à vis d’Issa. Cette île d’Antissa fut dans la suite jointe à celle d’Issa, et ne fit qu’une seule et même île avec elle (Géographie de Strabon) (Fortia d'Urban, Discours sur les murs saturniens ou ciclopéens, 1813 - books.google.fr).

Si la duchesse d'Aiguillon est vraiment l'objet d'une allusion à la page 274 de La Vraie Langue Celtique, on peut poursuivre dans la même veine (Le Calendrier de La Vraie Langue Celtique 2 : 19 juillet - Vincent de Paul - Blois/Brou).

"Dans l'imaginaire des Anciens la fellation dérivait du cunnilingus des femmes grecques de Lesbos. Le verbe lesbiazein signifiait lécher. Et ce qui était une pratique tolérable dans les gynécées était une infamie pour un homme libre dès l'instant où la barbe lui était poussée" (Pascal Quignard, Le sexe et l'effroi, p. 20) (Marie-Jo Bonnet, Relations amoureuses entre les femmes (Les): XVIe-XXe siècle, 1995 - books.google.fr).

En reliant "to lap, lécher" et le nom de l'évêque de Tarbes Aper (sanglier en latin) de la page 145 (psaume 145), on reconnaît une pratique de la période de reproductions des sangliers :

Le verrat contrôle l'état oestridien de la laie en sentant et léchant la vulve de la femelle. Elle reste souvent immobile ou se couche. Lorsque le mâle estime la femelle réceptive, il donne de légers coups de boutoir dans les flancs ou à la base du cou. Les animaux, tête contre tête, se mordent légèrement l'oreille. La poursuite de la laie peut durer quelques heures si celle—ci n'accepte pas la présence du mâle (Roger Fichant, Quel avenir pour le cerf, le chevreuil et le sanglier ?, 2013 - books.google.fr).

Pittacus, un des sept sages de la Grèce, né à Mitylène, capitale de l'île de Lesbos, d'une famille ancienne et illustre, jeune encore, délivra ses concitoyens de la tyrannie de Méléagre.

On pourrait demander si le mot sanglier vient du gaulois sing ou du latin singularis? On trouve dans le psaume 79: Exterminavit eam aper de silva et singularis ferus depastus est eam [Le sanglier de la forêt l'a toute ruinée, et la bête fauve l'a dévorée. », Psaume 79, vers. 8-13] Un mot plus difficile à déterminer c'est le mot eber, qui, chez les Gaulois, voulait dire forêt, et signifie sanglier dans l'allemand d'aujourd'hui. Je suppose que les Gaulois ont dit Eber-swin (cochon sauvage); swin a disparu, il n'est resté que eber. Bien des noms de lieux ont eber avec le sens de sanglier (R. P. Bach, La faune des Gaules, Mémoires de la Société d'Archéologie et d'Histoire de la Moselle, Volume 10, Rousseau-Pallez, 1868 - books.google.fr).

Augustin, commentant le psaume 79 qui décrit le sanglier ravageant les vignes du Seigneur, est le premier à faire de l'animal une créature du Diable Quelques décennies plus tard, Isidore souligne que l'animal doit son nom à sa férocité même [...] Enfin Raban Maur, au IXe siècle, fixe définitivement, la symbolique infernale de l'animal. Certaines de ses phrases seront reprises mot pour mot par les bestiaires latins des XIe et XIIe siècles, puis par les grandes encyclopédies du XIIIe siècle (Michel Pastoureau, La chasse au sanglier: histoire d'une dévalorisation (IVe- XIVe siècle), La chasse au Moyen âge: société, traités, symboles, 2000 - books.google.fr).

Eber en hébreu a donné hébreu justement.

Jésus, après avoir guéri un Lépreux, le renvoye aux Prêtres. Il guérit le valet du Centenier dont il loue la foi. Il guérit aussi la belle mère de S. Pierre, laquelle avoit la fiévre, & beaucoup d'autres malades : il chasse en méme temps les Démons. Il ne veut point recevoir un Scribe qui vouloit le suivre. Il commande aussitôt à un autre de le suivre, sans même ensevelir son père. Ses Disciples l'ayant éveillé, lorsque la barque étoit sur le point d'être submergée des flots, il calme la mer (lac de Génésareth). Il délivre deux Démoniaques chez les Geraseniens, en permettant aux Démons d'entrer dans des pourceaux : ce qui fait que les Geraseniens le prient de se retirer de leur pays (Matthieu VIII).

VIII,19 A un scribe qui veut le suivre partout, Jésus répond : "le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête". Tandis que les démons de Gadara le traitent de "Fils de Dieu" VIII,29. VIII,26 Il commande aux vents de se calmer (Reflexions Morales Avec des Notes sur le Nouveau Testament, 1714 - books.google.fr).

M. Th. Reinach observant qu'à Gadara les Romains avaient mis une garnison, que la Palestine était occupée par la dixième légion qui avait parmi ses insignes un sanglier, que le démon déclare s'appeler Légion, que ce mot paraît s'être très longtemps entendu au sens purement technique, pense que le miracle de Gadara serait un conte juif (Revue des études juives, 2e semestre 1903, pp. 176-178). On pourrait même supposer que les pourceaux se jettent à l'eau parce que la légion avait pour emblème le sanglier et la galire ; Gadara n'est pas sur les bords du lac et il a fallu une raison pour amener cet épisode (Georges Sorel, Le Systeme Historique De Renan, 1905 - books.google.fr).

Origène témoigne dans son Contre Celse que dès la seconde moitié du IIe siècle, les juifs colportaient des rumeurs polémiques au sujet de la naissance illégitime de Jésus, dont le père aurait été un soldat romain du nom de Pandera. Celse est un philosophe polythéiste anti-chrétien de culture grecque. Il indique que ces informations lui ont été communiquées par un juif érudit. Dans des passages censurés du Talmud, Jésus est souvent appelé Jésus ben Pantera, c'est-à-dire Jésus fils de Pantera, ou Pentera. Au sujet de ce nom de Pandera ou Pantera, les hypothèses avancées sont multiples. « On l'a rapproché du grec pentheros le « beau-père ». On en a fait une déformation du grec parthenos, la « vierge » » (Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 108-109) (fr.wikipedia.org - Tiberius Iulius Abdes Pantera).

La panthère est un animal sauvage. Or, dans l'imaginaire grecque,la parthenos, la jeune fille non mariée, appartient au domaine d'Artémis, non encore civilisé. Le mariage dramatise la transition de la fiancée du monde sauvage de l'enfance au monde civilisé du mariage (Anna Caiozzo, Nathalie Ernoult, Femmes médiatrices et ambivalentes: Mythes et imaginaires, 2012 - books.google.fr).

Peut-on aimer Artémis de la sorte en ignorant la déesse de l'amour ! Peut-on davantage vénérer la parthenos en oubliant qu'elle porte l'arc, qu'elle tient à distance et sait décocher des flèches mortelles ? C'est déjà sous ces traits ambigus qu'Homère dépeint la divine chasseresse. Il la montre, belle entre toutes les nymphes, poursuivant par les monts les sangliers et les biches, et réjouissant le cœur de sa mère Léto (Od., 6, 102 sv.) (Julien Ries, L'expression du sacré dans les grandes religions: Mazdéisme, Cultes islaques, Religion grecque, Manichéisme, Nouveau Testament, Vie de l'Homo religiosus, Tome III, 1978 - books.google.fr).

Tiles found in Caesarea Maritima, built in the second decade BC, suggest that the legion X Fretensis was at that time based in Judea. X Fretensis was centrally involved in the First Jewish-Roman War (66–73), under the supreme command of Vespasian (en.wikipedia.org - Legio X Fretensis).

Puisque le porc n’est bon qu’après sa mort, et n’est bon qu’à être mangé, comment un peuple qui ne mangeait pas le porc, et qui regardait cet animal comme immonde, a-t—il pu se livrer à l’éducation de cette espèce ? J’ai toujours pensé qu’il y avait eu jusqu’à ce jour confusion dans les textes. Les porcs dont parle l’Écriture n’ont jamais été que sangliers, et ce qui donne à mon opinion une autorité immense, c’est qu’on peut voir aujourd'hui encore en Arabie, en Judée, en Égypte et en Algérie, dans tous les pays, en un mot, où se rencontrent le musulman et l’Israélite, d’innombrables troupeaux de sangliers peu farouches, qui s’y multiplient avec d’autant plus de facilité que l’indigène ne leur fait pas la guerre (Alphonse Toussenel, L'esprit des bêtes zoologie passionnelle: mammifères de France, 1858 - books.google.fr).

Claude Gaignebet a été le premier à souligner ce caractère carnavalesque d'Antoine, placé à l'une des portes du temps saisonnier et surveillant la manifestation des esprits et des masques : «Retiré dans le désert, saint Antoine est harcelé les démons protéiformes. Il y a là, transcrite sur un mode hagiographique, l'évocation de scènes réelles de Carnaval. Sous des formes grotesques, les déguisés représentant les âmes des morts hantent alors les lieux déserts. Pour les premiers chrétiens, le maître de ces déguisés ne pouvait être que le diable. N'est-il pas lui-même le «Déguisé» ? C'est lui qui à plusieurs reprises, apparaît à saint Antoine sous les traits d'un énorme géant dont la tête semble toucher le ciel. Une nuit même, le saint le vit qui «étendait les mains pour empêcher quelques hommes qui avaient des ailes de voler vers le ciel ; il n'en pouvait retenir d'autres qui volaient sans difficulté et le saint entendait des cantiques de joie mêlés à des cris de douleur : il comprit que c'était l'ascension des âmes dont quelques-unes étaient empêchées par le diable qui les retenait dans ses filets, et qui gémissait de ne pouvoir entraver les saints dans leur vol». Dans la légende médiévale, c'est bien un géant qui empêche des esprits aériens (les âmes en migration vers l'au-delà) de monter au ciel et qui les retient dans ses filets. Ce géant que voit Antoine rappelle le géant Christophe, autre guide des âmes que l'on commémore le 25 juillet, à l'époque symétrique de l'année (lors de cette Canicule qui voit la naissance de Pantagruel). Il pourrait aussi bien rappeler le géant Gargan dont Rabelais fixe la naissance au 3 février. La présence de ces deux géants, l'un en février et l'autre en juillet, est à mettre en relation avec les deux portes de l'année, selon Macrobe, la porte des hommes et la porte des dieux ; elle correspond en tout cas à la date de naissance des deux géants rabelaisiens. L'axe février-août dont le lien est la Voie lactée place Antoine en dominateur du feu héliaque (et donc en guérisseur du mal des ardents). Calendai- rement parlant, la fête de saint Antoine se place symétriquement à six mois de la fête de saint Jacques de Compostelle (ou de saint Christophe). L'ermite appuyé sur sa canne en forme de tau n'est pas alors sans rappeler le pèlerin à la coquille appuyé sur son bourdon. Antoine et le pèlerin de Compostelle se situent calendairement aux deux portes de la Voie lactée : ils nous renvoient à un seul et même mystère : le voyage initiatique des âmes (Philippe Walter, Antoine, le centaure et le Capricorne du 17 janvier, Saint-Antoine entre mythe et légende, 1996 - books.google.fr).

L'Ascension du Christ convient bien à celle de l'âme après la mort du corps, ce qui conforte l'idée d'un Christ-Âme. Placée après la Passion, métaphore de la "mise au tombeau" de l'âme dans le corps, cette ascension est un peu à contre-temps. A la rigueur on peut concevoir l'ascension du pneuma/logos mais elle accompagne celle de l'âme dans les hautes sphères planétaires.

Le poète Méléagre de Gadara (la même Gadara que l'exorcisme) a écrit des épigrammes licencieux. Il se compare au chasseur du sanglier de Calydon, porteur d'une arme à double tranchant comme le mélange de rire et de sérieux qui caractérisent ses vers (Évelyne Prioux, Hellenistica Groningana: Proceedings of the Groningen Workshops on Hellenistic Poetry, Volume 12, 2007 - books.google.fr).

Mais dans le cas où le Père Théodore s'avisoit de vous faire embaucher son énorme trompette, je tremble pour cette bouche si petite, elle sera défigurée & agrandie pour jamais. Hélas ! les plus illustres Héroïnes ont été soumises à ce caprice. Méléagre y avoit accoûtumé Atalante: Parazius en fit un tableau que Tibère dédia dans sa maison, comme un monument authentique de la dépravation de son goût & de son infamie (Nicolas Chorier, Nouvelle traduction de Meursius, connu sous le nom d'Aloisia, ou de l'académie des dames, Volume 2, 1776 - books.google.fr).

Le luxe augmenta à mesure que l'ancienne vîrtus Romanorum disparut, surtout lorsque Tibère, par son propre exemple, fit pour ainsi dire de chaque espèce de vice, un article de mode; mais il en fut puni, car il est probable qu'il eut aussi le mentagra. Julien (Cœsares in Oper. omn.) dit de lui que lorsque Romulus eût invité tous les dieux et les Césars à la fête des Saturnales, Tibère y parut également, mais que lorsqu'il eût tourné le dos, on y remarqua des milliers de cicatrices, des taches de gangrène, de la vermine, des durillons, diverses psôrai et leichênes provenant de son libertinage et de sa bestialité. » Selon Suétone, cet empereur avait au visage (Vita Tiberi) crebri et subtiles tumores, et Tacite (Annales) dit de lui : « Prœgracilis etincurva proceritas, nudus capillo vertex, Ulcerosa Faciès, ac plerumque medicaminîbus interstincta. » Si Galien (De composit. médicament, tecundum genera, lib V, c. 12) cite un trochiskos pros herpêtas ho Tiberiou Kaisaros, il n'est pas encore dit pour cela que ce remède ait été ordonné contre l'exanthème de la figure, puisque Tibère, comme nous venons de le voir d'après Julien, eut des éruptions sur tout le reste du corps; et en admettant même qu'on ait voulu désigner par là l'affection de la face, l'expression de herpès n'aurait pas encore été mal choisie puisque la maladie avait beaucoup de tendance à se répandre. En général, on a tort de croire que les Grecs aient voulu désigner par le mot herpès une éruption spéciale. Bertrandi cherche aussi à démontrer que le mentagra était une dartre maligne. Nous voyons du reste dans Galien et dans Aetius que des emplâtres ont été fréquemment employés contre cette affection. Lorsque le vice fut devenu plus commun, quand le cunnilingus ne se contenta plus des filles, qu'il lui fallut pour satisfaire sa fureur honteuse des femmes, et des femmes enceintes, et même des femmes en menstruation, alors les suites de ces abominations devaient non seulement devenir plus nombreuses, mais encore revêtir un caractère plus dangereux. D'abord il n'y eut que quelques pustules autour de la bouche et du menton que l'on confondit avec la sycosis menti, déjà depuis longtemps connue, et qui pouvait naître également d'autres causes. Jusque-là le mal n'avait rien de surprenant. Par la suite, lorsque le mucosité corrompue du vagin et le sang menstruel ne répugnèrent plus, il s'établit une sécrétion morbide des glandes de la peau; cette sécrétion, en se desséchant rapidement, formait des croûtes qui se détachaient en paillettes. Ces phénomènes durent exciter l'attention; et c'est ainsi que nous trouvons dans la médecine des Romains, peu instruits dans cette science, une nouvelle maladie qui reçut aussi un nouveau nom. De même que l'on attribua plus tard à un chevalier lépreux l'introduction de la maladie vénérienne, de même on rapporte à Veques Perusims, Romanus Quœstorius scriba, celle du mentagra, dont il avait été infecté en Asie, sans doute de la même façon,qu'on la gagnait à Rome; si toute fois on doit s'appesantir sur ce point. De nos jours, l'expérience a suffisamment démontré qu'il ne faut jamais accorder trop de croyance à l'assertion de l'introduction d'une maladie par un individu quelconque. Le mal ne se bornait pas toujours à l'affection des glandes de la peau; les bulbes des cheveux en étaient aussi atteints, ceux-ci tombaient et il se. formait des ulcèces dont les ravages étaient on ne peut plus rapides; ce qui eut lieu surtout du temps de Martial. On bien il n'existait pas d'ulcération; mais le mal s'étendait sur toute la face, et plus ou moins sur le reste du corps (Marcellus Empiricus, De medicam. liber, cap. 19.) et il prit ainsi la forme de psora ou de lepra (Julius Rosenbaum, Histoire de la syphilis dans l'antiquité: avec des recherches pour servir aux médecins, aux philologues et aux antiquaires, traduit par Joseph Santlus, 1847 - books.google.fr).

Tout se présente comme si Catulle s'était promis d'acclimater à Rome cet art nouveau, mais sous une forme à la fois soigneusement élaborée et d'une franche personnalité, qui consent sur l'Alexandrinisme les sacrifices nécessaires, et par là gagne à la fois en universalisme et en sensibilité individuelle (Jean Bayet, L'Influence Grecque Sur la Poésie Latine, de Catulle À Ovide: Six Exposés Et Discussions, 1953 - books.google.fr).

Il est acquis maintenant que Catulle a connu la Couronne de Méléagre (Henry Bardon, Propositions sur Catulle, 1970 - books.google.fr).

Dans l'épitaphe de Lydia, c'est la chienne familière, mais surtout la chienne de chasse dont les qualités sont célébrées ["je meurs sous la deut cruelle d’un sanglier furieux comme ceux de Calydon ou d'Érymanthe" Livre XI,69]. C'est au contraire à un tout autre point de vue qu'imitant la poésie de Catulle « ad passerem Lesbiœ », Martial également a écrit (Épigrammes, livre II, 110) ces jolis et pas mal licencieux vers : De Catella Publii et pictura ejusdem. Issa est passere nequior Catulli, Issa est blandior omnibus puellis. Issa est carior Indicis tapitlis. Issa est deliciœ catella Publii. Hanc tu, si queritur, loqui pulabis. Sentit tristiliamque gaudiumque. Collo nixa cubat capitque somnos, Ut suspiria nulla sentiantur. Et desiderio coacta ventris, Gutta pallia non fefellit ulla : Sed blando pede suscitat, toroque Deponi monet, et rogat lavari. Castæ tantus 'inest pudor catellæ : Ignorat Venerem : nec inveuimus Dignum tam tenera virum puella. Hanc ne lux rapiat suprema totam, Picta Publius exprimit tabella, In qua tam similem videbis Issam, Ut sit tam similis sibi nec Issa. Issam denique pone cum tabella, Aut utramque putabis esse veram, Aut utramque putabis esse pictam (Mettez enfin Issa devant son portrait, et vous ne saurez dire si vous voyez deux Issa en vie, ou deux Issa en peinture) (Dr Capitan, Sur les chiens et le vin gallo-romains, Revue anthropologique, Volume 26, 1916 - books.google.fr).

C'est avec la Cura sanitatis Tiberii (parfois intitulée dans les manuscrits De damnatione Pilati), d'origine probablement anglo-saxonne (VIIe siècle) et avec la Vindicta Saluatoris (vers 700) qu'apparaissent les deux éléments constitutifs de la légende, la guérison d'un empereur par le voile de Véronique et la destruction de Jérusalem. Dans la Cura, Tibère est guéri d'une grave maladie par l'image que Véronique avait fait peindre de Jésus et qu'elle avait apportée à l'empereur. Apprenant la crucifixion de son sauveur, Tibère fait exiler Pilate en Toscane. Dans le Vindicta qui emprunte beaucoup à la Cura et ajoute encore le rôle de Titus, la guérison est redoublée. Titus, roi d'Aquitaine, soumis à Tibère, souffre d'un chancre au nez; c'est par hasard qu'il apprend l'existence de Jésus, sa mort et sa résurrection; dès qu'il exprime le regret de ne pouvoir le venger, il est guéri. Avec Vespasien il va prendre Jérusalem et il la détruit, saisit Pilate, cherche et trouve Véronique, que Tibère, averti, fait venir à Rome pour être guéri par l'image miraculeuse de la lèpre dont il souffre. Aussitôt guéri, il demande et reçoit le baptême, comme Titus l'avait fait avant lui. Malgré leurs divergences et leurs incohérences narratives, ces deux textes retracent clairement une translation du salut, de la Palestine vers le monde romain, par la médiation de Véronique (Les Prophètes et Rennes le Château : Le retable de saint Martin de Cassaignes).

Chez les Hébreux, l'existence du Sanglier à l'état domestique est révélée par une loi du Deutéronome, qui défend au peuple de Dieu de manger du Porc, mais sans en donner la raison, que l'on suppose avoir été déterminée par l'idée que la chair de cet animal, employée comme nourriture habituelle, était une des causes de la maladie désignée sous le nom de lèpre; cependant il est prouvé que les Juifs élevaient des troupeaux de Cochons, puisque le Nouveau Testament parle d'un troupeau de ces animaux dans lequel la puissance surnaturelle de Jésus-Christ fit entrer le malin esprit qui tourmentait un possédé (Jean-Charles Chenu, E. Desmarest, Encyclopédie d'histoire naturelle ou Traité complet de cette science: Rongeurs et pachydermes, 1854 - books.google.fr).

L'antique réprobation biblique sur le porc s'élargit au sanglier dont le prophète David dit :«[...] et le sanglier solitaire a dévoré ma vigne. » Le Physiologos enchaîne : « Saint Basile a dit : "Le cochon qui sort de la forêt de chênes est l'image du diable. » Tout est dit. En fait, le porc devient un suppôt de la mélancolie saturnienne et satanique. Humeur furieuse, accointances démoniaques, tendances perverses et maladives du désir sous toutes ses formes, il dénonce une mélancolie agissante et forcenée. [...] Celui qui est lépreux évitera la chair de porc, car celle-ci augmente en lui la lèpre. [...]

Selon Lactance (vers 250-325), doivent être traités de lépreux et d'éléphantiasiques « ceux que d'insatiables voluptés poussent à l'infamie ». La lèpre éléphantiasis apparaît ainsi directement liée à l'érotisme mélancolique. Comme l'a bien montré C. Thomasset, la lèpre au Moyen Age a surtout le statut d'une maladie vénérienne, souvent confondue avec la syphilis. La femme jouait, dit-on, un rôle majeur dans sa transmission. On comprend alors que les lépreux apparaissent comme des êtres sexuellement déréglés, libidineux et lubriques dominés par leurs pulsions mélancoliques. Tristan, par son déguisement en lépreux, se définira au moins symboliquement comme un mélancolique mais sa lèpre est une fausse lèpre, un signe ambigu de culpabilité (péché de luxure) et d'innocence. Tristan lépreux et Tristan fou se ressemblent beaucoup. La folie et la lèpre renvoient en fait à des explications scientifiques très voisines qui font toujours intervenir la mélancolie comme cause déterminante (Philippe Walter, Tristan et Yseult: Le porcher et la truie, 2006 - books.google.fr).

Pour l'ermite, les amants sont prisonniers du péché d'adultère. La première syllabe de Morrois qui fait écho à la mort paraît bien désigner leur état de déchéance. Ils se trouvent au pays de la mort et du sommeil mais un signe céleste montre qu'ils ne sont pas irrémédiablement perdus. Le rayon de soleil qui tombe sur Yseut évoque l'obumbravit de l'Annonciation selon saint Luc mais rappelle aussi la femme pleine de grâce dont le divin fils permettra la Rédemption du monde. Selon le Reclus de Molliens dans le Roman de Carité, ce rayon est le symbole de la grâce accordée au pécheur et à Madeleine.

La double référence à Lazare et Madeleine, jusqu'alors latente, vient se projeter sur un autre épisode essentiel du roman. Cette scène a lieu à une date fort précise du calendrier que Béroul nous laisse deviner. Le philtre a cessé d'agir l'endemain de la saint Jehan (v. 2147). Les amants se rendent le lendemain chez l'ermite Ogrin qui facilite leur retour auprès de Marc. Tristan porte, le jour même, une lettre au roi Marc et lui propose dans un délai de trois jours de lui rendre Yseut au Gué Aventureux. Au jour prévu (v. 2767), les retrouvailles ont lieu. Tout semble rentrer dans l'ordre. On est donc au début juillet. Ne tarja pas un mois entier (v. 3031) et déjà les félons reprennent leurs accusations contre Yseut. L'escondit est décidé, on se situe donc dans la deuxième quinzaine de juillet aux alentours de la fête de la Madeleine (22 juillet) et de la Saint-Christophe et Saint-Jacques (25 juillet). Yseut demande à Tristan de se déguiser en lépreux. Au-delà de sa valeur de dissimulation, ce déguisement possède bien des connotations symboliques. Le mot ladre renvoie au nom de De plus, on confondait à l'époque de Béroul, les deux Lazare dont parle l'évangile: le lépreux guéri par le Christ et le pauvre qui mendie à la table du riche. Enfin et surtout, Lazare était le frère de Marie-Madeleine. L'épisode du Mal Pas va donc jouer sur toutes ces connotations: la sœur de Lazare est en relation avec le monde des lépreux. Elle est également la pécheresse par excellence, patronne des filles de joie (sous les traits de l'Egyptienne). C'est enfin la femme repentie, qui comme Yseut, a besoin d'être justifiée (Philippe Walter, La mémoire du temps: fêtes et calendriers de Chrétien de Troyes à La mort Artu, 1989 - books.google.fr).

Mais dans l'épisode du Mal Pas, Tristan renvoie à son tour la souillure sur la société qui essaie de juger les amants. La mise à l'épreuve d'Yseut par la société est transformée en mise à l'épreuve de la société par Tristan qui soumet les arrivants à une forme d'ordalie : ceux qui sortent indemnes du Mal Pas font figure d'innocents - les rois, Marc et Arthur, et Yseut - alors que les barons qui s'y enlisent sont désignés comme coupables.

Le roi n'est pourtant pas totalement épargné : dans son discours au roi, Tristan n'accuse-t-il pas le mari de sa maîtresse de lui avoir transmis la lèpre, image de la contagion souvent associée au contact avec l'objet ou la personne tabou ? (Pascale Chiron, Fabienne Pomel, Le jeu de la réversibilité dans le Tristan de Béroul, Tristan et Iseut, 1996 - books.google.fr).

Le lac de Génésareth dont Jésus calme les eaux avant d'exorciser les démoniaques de Gadara en en transférant les esprits dans des pourceaux, s'appelle aussi lac de Tibériade du nom de la ville fondée en l'honneur de Tibère en 16 après J.-C.

La lèche

Le mythe des dieux lécheurs permet de se souvenir de Sémiramis, la cinquième reine (Les Prophètes et Rennes le Château : Les Quatres Reines, histoire et jeu de cartes).

Roi des temps mythiques, Aray (ou Ara) était célèbre par sa beauté, dont la renommée parvint jusqu'à Sémiramis, la reine de Babylone. Elle s'éprit de lui sans l'avoir jamais vu, simplement par ouï-dire. Elle lui envoya des présents fabuleux, le faisant prier de la rejoindre en Assyrie. Mais le roi arménien, fidèle à son épouse qu'il aimait passionnément, refusa la demande, renvoyant les messagers avec leurs présents. Prise de fureur, Sémiramis réunit une armée et envahit l'Arménie. Il y eut une grande bataille, les Arméniens furent vaincus et leur roi tué au combat. Sémiramis fit porter son corps en son palais de Babylone et l'exposa en haut d'une terrasse. Elle ordonna alors aux « dieux lécheurs » de son pays de venir lécher les blessures du roi mort pour le ressusciter. En vain, le corps se décomposait. Alors Sémiramis le fit ensevelir secrètement dans un souterrain. Elle ordonna à l'un de ses favoris de revêtir des habits et des ornements royaux, et le fit passer pour Aray ressuscité par les dieux lécheurs, le gardant auprès d'elle caché à tous les yeux. Cette légende garde sans doute le souvenir d'un vieux mythe. Elle évoque en effet un scénario familier à l'historien : celui du dieu mourant et ressuscitant, dont plusieurs religions orientales offrent des exemples illustres : Attis, Osiris et bien d'autres. D'où l'on a conclu, trop hâtivement, que le roi légendaire Aray était un ancien dieu dont le culte et la mythologie se conformaient jadis au schéma fameux. On y a vu également, et dans la même ligne d'interprétation, une variante locale du mythe d'Er l'Arménien que Platon rapporte dans un passage célèbre de la République. Tout cela est possible mais non démontrable. En revanche, il est certain que les dieux lécheurs invoqués par Sémiramis correspondaient à des croyances précises chez les Arméniens, et dont l'ancienneté est attestée par les allusions de l'apologète Eznik, qui écrivait au milieu du Ve siècle. Ces êtres surnaturels sont des chiens célestes qui viennent lécher les blessures des guerriers tombés au combat et les guérissent par cette méthode. On les appelait Aralêz Arlêz, nom qu'il faut peut—être interpréter comme la simple juxtaposition de deux impératifs « Prends ! Lèche ! ». Les. Arlêz seraient donc des « Prends-lèche » [...] La croyance en des divinités canines léchant les blessures des guerriers n'est pas un fait isolé au Caucase. On la retrouve aussi chez les Abkhazes, appliquée aux Alyshk'yntyr, qui sont des chiens surnaturels au service du dieu Ajtyr; une légende rapporte qu'ils ont léché pendant trois jours et trois nuits les blessures d'un héros, parvenant ainsi à le ramener à la vie (Georges Charachidzé, Arménie, Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique, A-J, 1982, pp. 68-69).

Curieusement Aralêz est l'anagramme (français) de Lazare, le pauvre qui aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais c'était plutôt les chiens qui venaient lécher ses ulcères (Luc 16,21).

D'après Apollonios de Rhodes, au IIIe siècle avant J.-C., les Colques tenaient pour impie de brûler ou d'inhumer les corps des défunts masculins. Ils les enveloppaient d'une peau de boeuf non tannée et les fixaient en haut d'un arbre avec des cordes. Nicolas de Dams (Ier siècle avant J.-C.) donne la même information : "Les Colchidiens n'inhument pas leurs morts, mais les supendent aux arbres", ainsi que Claudius Ellien trois siècles plus tard : "Les Colchidiens cousent leurs morts dans des peaux et les suspendent aux arbres". Au XVIIe siècle, Archangelo Lamberti note que les Abkhazes "taillent un tronc d'arbre en forme de cercueil, où ils placent le mort et qu'ils fixent ensuite à la cime d'un arbre au moyen de ceps de vigne". D'autres voyageurs ont encore observé la pratique au XVIIIe siècle ((Georges Charachidzé, Caucase nord, Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique, A-J, 1982, pp. 68-69).

Le verbe anglais "sway" de la page 79 de La Vraie Langue Celtique signifie aussi "balancer".

La pendaison (en tant que rite de balancement, d'oscillation) correspond-elle ici au contexte calendaire de la canicule (cf. le pendu ressuscité par saint Jacques) ou à un rite de fécondité, celui de la pendaison de la Grande Déesse (Hélène) également pratiqué en Crète et aux Indes où l'arc de cercle tracé par le parcours de la balançoire symbolisait le mouvement du ciel et le rythme solaire ? (Asdis R. Magnusdottir, La voix du cor: la relique de Roncevaux et l'origine d'un motif dans la littérature du Moyen Age (XII-XIVe siècles), 1998 - books.google.fr).

On distingue deux types de pendaison, l’une par suffocation et l’autre par strangulation. La première est longue et atroce, c’est celle des crucifiés. La seconde par précipitation est provoquée par le poids du corps. La mort est alors immédiate par le déboîtement des deux premières vertèbres et la section du centre bulbaire vital. La tête est déplacée par rapport à l’axe vertical du corps. Les pendus par précipitation souffrent peu, mais si le noeud n’est pas bien fait ou si la précipitation n’est pas assez brutale, le pendu se retrouve dans le premier cas de figure, celui des pendus strangulés, avec la face congestionnée et grimaçante, la langue noire, boursouflée, et des phénomènes secondaires, visibles pour les hommes sous forme d’érection et d’éjaculation. La question de l’ultime érection du Christ est au centre de l’étude de François Tanazacq, La Suprême abjection de la Passion du Christ, Haute-Pierre, 2001. Quoi qu’il en soit, le pendu garde la trace autour du cou du châtiment qu’il s’est infligé (Geneviève Hoffmann, Les pendus dans la Grèce antique, entre honte et souillure - www.etudesmagiques.info).