Partie VII - Cohérence grand nonagone   Chapitre IL - Deuxième Etoile   Vieille-Chapelle - Ferrassières   

Vieille-Chapelle - Ferrassière

La dominante de cette diagonale porte sur saint Jean-Baptiste et son aspect solaire.

Les églises de Pasly, de Bailleul-Sir-Berthoult et de Revel, la chapelle d'Illins à Luzinay sont vouées à Saint Jean tandis que Saint-Micaud possède une statue du saint.

A Jumièges et à Marconne, la fête du Loup Vert était censée commémorer la décroissance des jours après l'équinoxe d'été. On criait "Au feu le loup! Au feu le loup!" pour conjurer ce que les Scandinaves représentaient par le Loup Fenrir dévorant " la " soleil.

Loup et saint Jean sont encore liés à Ecoust-Saint-Mein où est vénéré saint Mein ou Méen qui serait né en Angleterre vers 540. Il passa en Bretagne continentale non loin de la rivière de la Rance où il fonda le monastère de Gaël, dédié à saint Jean- Baptiste, fit jaillir une source et délivra les populations angevines d'un serpent monstrueux. Il serait mort le 21 juin 617, jour du solstice d'été. Il est prié dans l'Ouest pour les dermatoses. Les légendes rouergates et lozériennes le font passer à La Bastide-Capdenac (Commune de La Rouquette) où il créa une fontaine, bonne pour les maladies de la peau, à Grandrieu (Lozère) où la fontaine a les même vertus et où, selon un récit comparable à celui de l'Anjou, il aurait protégé les bergers d'un monstre qui les menaçait. La légende de Saint-Méen (Sent Mènh), près de Peux-et-Couffouleux, le fait venir au pied du Merdélou, sommet du Camarès, dont le nom signifierait "margelle ", limite. Il y fut aux prises avec une bête sauvage (un loup), équivalent des dragons des autres légendes. Il y aurait été décapité et sa tête en tombant aurait fait jaillir la source du Rance dite de Saint-Méen. Selon une autre légende (Belmontais), il menait paître un troupeau et, grattant le sol de son bâton, il fit naître une source. On voit que la similitude entre la vie de saint Méen en Camarès et celle de la Bretagne va jusqu'au nom de la rivière ! Saint Méen est historiquement mort en Bretagne, et supporte une seconde mort en Rouergue. La légende de la décapitation est sans doute inspirée du récit de la mort de saint Jean-Baptiste.[1]

A Amiens, l'"homme vert" dit encore "compagnon du loup vert" fut fêté jusqu'en 1727. Le bedeau de l'église Saint-Firmin-du-Castillon venait assister à l'Épiphanie et à l'office du 13 janvier, couvert de feuillage, et tenant à la main un cierge fleuri. Sur la place de l'Hôtel de ville, non loin de l'église, la foule se précipitait à sa rencontre pour lui arracher une feuille en guise de porte bonheur. Et la cathédrale d'Amiens conserve la relique du chef de saint Jean-Baptiste.

Le loup est donc bien présent sur la diagonale que ce soit par les saints portant ce prénom, Loup de Troyes (Thuisy, Châtel-Gérard, Auxon) ou Loup de Soissons ou par les exactions attribuées à cet animal à Estissac et à Primarette.

Saint Vaast à Morchies Et à Richebourg ouvre aussi sur l'animal redoutable. Vaast s'est d'abord appelé Vedastus. Son nom s'est transformé en Veast puis en Vaast, et, aujourd'hui en Gaston. Saint Gaston ou Vaast ou Waast serait né dans le Périgord à Villac près de Terrasson, d'une famille fortunée. L'église paroissiale lui est dédiée et une fontaine porte son nom. En quittant Reims, Clovis recommanda Vaast à Saint Rémi qui l'envoya dans les villages pour catéchiser. Puis Rémi le consacra évêque d'Arras en Artois. Mais Arras avait subit les invasions et la destruction par Attila en 450. En entrant dans Arras, Vaast guérit un aveugle et un boiteux qui lui demandaient l'aumône. Il gagna ainsi la confiance des Arrageois. Mais tout ce qui avait été construit pour le culte était en ruines, couvert de ronces et servait de repaire aux bêtes sauvages. Vaast pria, et à ce moment, un loup (selon la Légende dorée) sortit des ruines. L'animal sur les instances de Vaast s'en alla.

Saint Martin

Saint-Jean apparaît à travers saint Martin, très lié au Précurseur. Pommiers (Aisne), Bichancourt, Trosly-Loire, Misérieux, Armentières-sur-Ourcq, Lignières, Givenchy-les-la-Bassée, Montmirail, ont leur église dédiée au saint de Panonnie.

En 356, après avoir quitté l'armée, il se rend à Poitiers pour rejoindre Hilaire, évêque de la ville depuis 350. Hilaire est moins tourné vers la mortification et plus intellectuel. Le statut d'ancien homme de guerre empêche Martin d'être prêtre et il refuse la fonction de diacre. Il devient alors exorciste ce qui peut indiquer qu'il possédait des dons de guérisseur. Un jour, Martin est averti " en songe " de partir en Illyrie afin de convertir ses parents. Il réussit à convertir sa mère mais pas son père. Dans une Illyrie gagnée à la foi arienne, Martin le trinitaire est publiquement fouetté puis expulsé. Il se réfugie à Milan où dominent aussi les ariens. Il se retire avec des compagnons dans l'île déserte de Gallinara. Ils se nourrissent de racines et d'herbes sauvages à l'exemple de saint Jean-Baptiste. Martin s'empoisonne avec de l'hellébore mais s'en sort de peu. En 360, les trinitaires reprennent le dessus. Hilaire retrouve son évêché et Martin le rejoint. Martin crée un petit ermitage près de Poitiers à Ligugé où il crée la première communauté de moines en Gaule. En 1075, des fresques illustrant la vie de saint Jean-Baptiste sont exécutées dans l'église de Ligugé ; elles sont contemporaines de celles de Saint-Clément de Rome.

En 370 à Tours, les habitants enlèvent Martin pour en faire leur nouvel. Martin se soumet. Il crée un nouvel ermitage à Marmoutier (qui signifie " grand monastère " car en gaulois " grand " se dit " mar ") avec pour règle la pauvreté, la mortification, le travail et la prière. Les moines doivent se vêtir d'étoffes grossières à l'exemple de saint Jean-Baptiste qui était habillé de poil de chameau.[2]

Le Merle de Jean

Le Merle de Jean, qui est le baptiste, est selon Dom Pernéty le noir qui survient à la matière par la putréfaction. Le Merle blanc ou blanchi, c'est la pierre au blanc, la Lune des Sages, Diane, etc. ; c'est la matière de l'œuvre, après que les règnes de Saturne et de Jupiter ont fait place à celui de la Lune.

A Chantemerle, l'on honorait, avec une abbaye à son nom, saint Serein, qui est fêté le 2 octobre, le même jour que saint Léger ( Bieuxy et Guémappe) et surtout saint Thomas de Cantilupe ou Chanteloup, évêque Hertford en Angleterre, mort en 1283 et canonisé par Jean XXII. Chantemerle et Chanteloup associés le même jour, est-ce un hasard ?

Feux

Toujours saint Jean-Baptiste, même avec saint Pierre ( Trosly-Loire, Caumont, Soulangy, Auxy, Ervy, Tonnerre) dont les feux, le 29 juin, suivaient, 5 jours après, ceux de la Saint Jean. Feux atteignant leur paroxysme avec les incendies de Bichancourt en 1782, du Faubourg-Saint-Christophe de Soissons en 1745 et celui de Tonnerre en 1556.

 


[1] Jean Delmas, Les pèlerinages pour les animaux dans le Rouergue et ses confins, http://www.culture.gouv.fr/mpe/recherche/pdf/R_478.pdf

[2] http://jbdnd.free.fr/texte/villette.htm