Résister. Il est étrange que les 9 cercles templiers soient marqués par l'esprit de résistance alors que l'Ordre du Temple a accepté, sans pratiquement se rebeller, son anéantissement. Comme le Christ des Evangiles, ce qui ne laisse pas douter de l'attachement à Jésus de ces Templiers supposés avoir renié l'Homme-Dieu.
Dans le domaine religieux le roi Euric prit l'exacte suite de l'attitude de Théodoric II à la fin de son règne, systématisant l'entreprise d'amoindrissement de l'Eglise catholique, et plus précisément de l'épiscopat. On ne procédait pas au remplacement des évêques défunts, ou bien les élections permises étaient en faveur de personnages indifférents au dogme, et favorables aux Homéens.
Les Goths n'étaient pas tous hérétiques et le temps d'Euric qui vit se développer le mouvement de foi populaire en réponse à la destruction des églises catholiques, fut aussi celui où le mouvement de conversion des Goths s'amplifia. Il y avait des exemples célèbres. Sever, qui vécut au temps de Théodoric Ier, était Goth (Scythe selon sa Vie) et catholique, issu d'une famille importante qui avait participé à la migration. Il était aussi médecin du reiks de la place forte de Palestrion qui deviendra Saint-Sever où il avait contribué à convertir de multiples Goths, avant d'être inhumé et de recevoir un culte dans ce même oppidum de Palestrion, forteresse gothique et haut lieu du catholicisme, dualité intolérable pour Euric. Le roi décida la mise à mort des Goths qui se convertiraient, et c'est là, sans doute dans la vallée de l'Adour, que furent déclenchés quelques martyrs cruels. On n'en retiendra que deux, qui touchent deux princesses, deux " sœurs " dit leur légende, tandis que leurs noms confirment leur appartenance à un même lignage. Leur martyre a vraisemblablement revêtu valeur d'exemple parce que princesses et surtout membres de la famille des Amales. Elles se nomment Quitterie (de Viteric) et Dode (de Deodahad), noms portés dans le clan royal amale. En 475, Quitterie refusa le mariage avec un Goth homéen, et son insubordination étant devenue notoire elle fut décollée, mais immédiatement honorée comme martyre. Le Mas d'Aire, lieu de son martyre, reçut plus tard ses reliques où elles sont encore vénérées aujourd'hui. Aire était, à la fin du Vème siècle, un lieu de résidence d'Euric et tout le promontoire surplombant les eaux de l'Adour était occupé par la présence arienne. Quitterie est réputée souveraine contre la folie, ce qui montre le jugement des fidèles sur l'Arianisme. Il ne semble pas, malgré les plaintes de Sidoine, que l'Eglise des fidèles ait renoncé à vivre leur foi à cause des mesures prises par Euric. Les vallées de la Garonne et de l'Adour où les Goths furent nombreux et les miracles retentissants semblent les épicentres des luttes religieuses. Un nouveau temps de persécution était cependant commencé " en cette Babylone ".
L'apaisement survint avec l'avènement d'Alaric II, fils d'Euric. Face à l'activisme du légat pontifical pour l'Occident Césaire d'Arles et à la puissance croissante du nouveau roi catholique des Francs Clovis, le roi déclencha " la réalisation de ce qu'il avait déjà projeté : Césaire et les catholiques seraient conviés à un concile " de paix ". Le roi laissa à Césaire le soin d'y inviter les prélats et de présider les séances qui se déroulèrent dans l'église Saint-André d'Agde, le 10 septembre 506. A côté de Césaire, Cyprien de Bordeaux, Clair d'Eauze, Quintien de Rodez, Grat d'Oloron, Lizier de Couserans et quelques autres, il y avait Galactoire de Béarn [1].
Si la légende est vraie, l'étonnante prise d'arme de Galactoire à Mimizan contre les Wisigoths s'explique comme une revanche favorisée par l'approche des troupes franque de Clovis, après de longues années de persécution.
A la fin du Xème siècle, le Traité de Cosmas contre les bogomiles signale leur présence en Bulgarie. Vers l'an 1000, des communautés hérétiques sont dénoncées à travers l'Europe et, en 1022, 10 chanoines sont brûlés à Orléans, dont le confesseur de la reine Constance, femme de Robert II. Les bûchers se multiplient. D'autres hérésies se manifestent comme celle de Pierre de Bruys de 1120 à 1125. En 1135, à l'occasion de bûchers à Liège, sont mentionnées les premières communautés cathares avec une hiérarchie épiscopale. Bernard de Clairvaux prêche en Toulousain et Albigeois en 1145. Le Concile de Reims en 1157 contre l'hérésie En 1163, Eckbert de Schönau crée l'appellation " cathare ". En 1167, l'assemblée de Saint-Félix-en-Lauragais organise quatre évêchés cathares occitans. En 1184, les Décrétales de Vérone instituent des mesures anti-hérétiques à l'échelle européenne.
Sous le règne de Raymond VI de Toulouse, le catharisme occitan atteint son apogée. Il protégea les albigeois et leurs sympathisants et fut excommunié par Innocent III qui assimile l'hérésie au crime de lèse-majesté envers Dieu. Les missions cisterciennes envoyées en Languedoc échouent à ramener les " brebis égarées ". Les colloques contradictoires ne sont pas décisifs. En 1208, l'assassinat du légat Pierre de Castelnau déclenche, avec pour chef Simon de Montfort, la croisade avec ses massacres et ses horreurs : Béziers, Casseneuil en 1209 ; Minerve en 1210 ; Lavaur, Les Cassés en 1211. En 1212, Simon de Montfort conquiert l'Agenais, le Comminges et le Quercy.
La bataille de Muret du 12 septembre 1213 avec la mort du roi d'Aragon Pierre II sonne le glas de l'alliance occitano-aragonaise. Raymond VI perdit Toulouse, après un siège de deux ans (1213-1215), et fut dépossédé de ses États (1215). Un soulèvement de Toulouse et la mort de Simon (1218) lui permirent de reconquérir presque tous ses domaines, malgré, en 1219, la nouvelle croisade du prince Louis de France et le massacre de Marmande. L'Église cathare est rétablie. En 1221, saint Dominique meurt à Bologne.
Le nouveau comte, en 1222, Raymond VII (Beaucaire, 1197 - Millau, 1249) suspend la persécution contre les cathares, et fut excommunié. Après une nouvelle croisade, celle de Louis VIII (1226), il dut renoncer à une partie de ses possessions. Le Concile cathare de Pieusse crée l'évêché de Razès. Pierre Isarn, évêque de Carcassès est brûlé à Caunes Minervois. Après les guerres de Cabaret et de Limoux, le Traité de Meaux-Paris est signé. C'est la fin de la croisade contre les albigeois. Le mariage de la fille unique de Raymond VII Jeanne avec Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX, assura l'annexion du comté au domaine royal (1229).
En 1232, à la demande de Guilhabert de Castres, Montségur devient "la tête et le siège" de l'Église interdite. L'année suivante Grégoire IX fonde l'Inquisition confiée aux ordres mendiants. Le 13 mai 1239, le bûcher du Mont Aimé en Champagne fait 183 victimes et signe la fin de l'Eglise cathare en France. En 1240, Raymond Trencavel échoue à reprendre Carcassonne. Le pays se soulève à la suite de l'attentat d'Avignonet contre l'Inquisition par les chevaliers de Montségur en 1242. En 1243, les alliés de Raymond VII sont battus. Le siège de Montségur débute.
Le traité de Lorris (30 octobre 1242) marqua la fin de l'indépendance du comté.
Le 16 mars 1244, le bûcher de Montségur et ses 225 victimes met fin à l'existence des églises cathares organisées en Occitanie. L'année de sa mort en 1249, Raymond VII fait brûler 80 croyants cathares à Agen. En 1255, Chabert de Barbaira rend Quéribus, dernière place forte cathare.
La mort de Jeanne de Toulouse et d'Alphonse de Poitiers en 1271 provoque le rattachement du comté de Toulouse au domaine royal. De 1301 à 1309 les frères cathares Authié prêchent en Occitanie. Jacques et Guilhem Authié, Arnaud Marty, Prades Tavernier, Amiel de Perles, Philippe d'Alairac et Raymond Fabre sont capturés et brûlés. Guilhem Bélibaste s'enfuit de l'autre côté des Pyrénées. En 1310, Pierre Authié est brûlé à Toulouse. En 1321, Guilhem Belibaste est pris à Tirvia et brûlé à Villerouge-Termenes. D'autres bûchers épuisent la résistance des croyants cathares (1325, 1329), même si vers 1375, un dernier Rituel Cathare en occitan est écrit. Là où tout a commencé, en Bosnie, la Conquête par les Turcs anéantit le catharisme bosniaque (www.catharisme.eu).
Le cercle templier centré sur Lussan inclut de nombreux sites illustrés par l'épopée camisarde.
Le 10 février 1703, à Vagnas, les hommes de Cavalier mettent en déroute une milice catholique commandée par le baron de La Gorce, mais sont poursuivis, dans une tourmente de neige, par le général Julien, ancien protestant, dit " l'apostat " et surnommé " cœur de tigre", qui procédera au " Brûlement des Cévennes " du 18 septembre au 14 décembre 1703. Ils subissent de lourdes pertes, dont le chef camisard Espérandieu.
Le 28 octobre de la même année, jour de la bataille du Pont Milvius, Cavalier se bat avec les hommes de Vergetot au pied de Lussan, après avoir incendié Sommières au début du mois. Le plan de Cavalier qui visait à détourner les troupes royales des Cévennes réussit. Le général Julien est rappelé des Hautes Cévennes et se met, en vain, à la poursuite des Camisards. " Ils ne sont jamais trouvés, dit Fléchier, et ils ne trouvent aucun obstacle à tout le mal qu'ils veulent faire; ils sont les maîtres de la campagne; on désole leurs montagnes, et ils désolent notre plaine. Il ne reste plus d'églises dans nos diocèses, et nos terres, ne pouvant être ni semées ni cultivées, ne nous produisent aucun revenu. L'on craint le désordre, et l'on ne veut pas donner lieu à une guerre civile de religion. Tout se ralentit, tous les bras tombent sans savoir pourquoi, et l'on nous dit : Il faut avoir patience, on ne peut pas se battre contre des fantômes qui se rendent invisibles. "
Cavalier, après quelques courses à découvert, vient enlever les sentinelles aux portes mêmes d' Uzès, défie audacieusement Vergetot qui y commandait, et l'avertit qu'il va l'attendre du côté de Lussan, entre Uzès et Barjac. Lussan est bâti sur des rochers qui lui forment comme une ceinture de remparts naturels. Cavalier fait demander des vivres aux habitants qui tirent sur son parlementaire, le blessent, et envoient réclamer des secours à Vergetot, qui accourt à leur aide au point du jour avec avec le détachement de Royal comtois et quarante officiers irlandais. La bataille s'engage auprès du vieux château de Fan. Vergetot essuie deux décharges, dont la première à bout portant, se jette à la baïonnette sur les Camisards et en tue une centaine. Après une lutte acharnée, ils sont battus et Maurel, valeureux chef camisard surnommé Catinat, leur donne la chasse avec sa cavalerie.
Le 15 mars 1704, Cavalier inflige une raclée au Devois-de-Martignargues aux troupes de La Jonquière. Montrevel avait appris que les hommes de Cavalier avaient été vus du côté de Saint-Chaptes. La Jonquière, qui avait incendié Moussac, refusa l'apport des dragons du lieutenant-colonel Foix. Il s'enfuit blessé. Montrevel, fut rappelé par Chamillard, et le maréchal de Villars, qui terminera la guerre, lui succéda.
Après la défaite de Nages, les grottes d'Euzet qui servaient d'entrepôt et d'hôpital à cavalier furent découvertes et détruites par le lieutenant-général de La Lande.
Jean Cavalier est né au Mas Roux à Ribaute-les-Tavernes le 28 novembre 1681. Goujat de ferme de son oncle Lacombe de Vézenobre, puis mitron à Anduze, il est repéré dans des assemblées en 1701, puis part pour Genève. Il en revient en 1702, et après le meurtre de l'abbé du Chaila rejoint dans les Cévennes le groupe des insurgés avec quelques jeunes gens de la plaine. Seul ou en association avec Rolland, il dévaste les villages catholiques et brûle les églises. Après la défaite de Nages du 16 avril et la découverte de ses réserves à Euzet, il entame alors des négociations avec le maréchal de Villars, dépose les armes et part avec une poignée de fidèles. Il rejoint Genève et se met au service du duc de Savoie qui lui donne une charge de colonel. En 1706 il commande un régiment de l'armée anglo-portugaise composé en partie de camisards et de réfugiés, mais cette armée est défaite à Almansa, en avril 1707, où il est grièvement blessé. En demi-solde, il se partage entre l'Angleterre et la Hollande jusqu'en 1710, puis s'installe en Irlande avec la petite pension qu'il a obtenue. En 1735 il est promu général de brigade, puis en 1738 lieutenant-gouverneur de l'île de Jersey. Il meurt à Chelsea et est enterré le lendemain dans le cimetière de ce faubourg ouest de Londres. Sur le registre mortuaire de l'église Saint-Luc on peut lire : Burials - AD - 1740/ - May 18 - /Brigadier John Cavalier -/Sloake - Usmere Rector.
Le château d'Aigaliers près de Foussargues appartint à Jean-Jacob de Rossel, baron d'Aigaliers qui partageait son temps entre Genève et son château et servit d'intermédiaire entre l'intendant Basville et les Camisards. Le 14 août 1704, Pierre Laporte, né à Mialet le 3 janvier 1680, à l'âge de 24 ans, fut tué au château de Castenau-Valence, par la trahison d'un certain Malatre pour 100 écus, récompense promise aux délateurs. Il possédait une clairvoyance rare, le don de la prophétie et de la prédication. Il portait le titre de " Général des enfants de Dieu ".
Le 14 octobre 1710, ce fut Abraham Mazel, né le 5 septembre 1677 à Saint-Jean-du-Gard, avec son compagnon Coste qui sont abattus suite à la trahison d'un bourgeois d'Uzès par les dragons. Claris, blessé, est capturé et mourut sur la roue à Montpellier. Alors que Cavalier négocie la paix avec le maréchal de Villars, d'autres continuent le combat, dont Abraham Mazel. En janvier 1705 il est arrêté et a la vie sauve grâce à l'intervention du curé de Saint Martin de Corconac qu'il avait épargné auparavant. Le 24 juillet 1705, il s'évade de la Tour de Constance avec 76 autres détenus. Il peut se rendre avec Elie Marion et ses compagnons jusqu'à Genève, puis à Lausanne où il est pensionné comme officier dans le " régiment camisard ". En novembre 1705, il est impliqué dans la tentative de débarquement en Savoie des camisards et des partisans savoyards. Il se réfugie en Angleterre où il participe au groupe des " prophètes cévenols ". Il retourne dans les Cévennes et forment une troupe qui est dispersée à Font-Réal, près de Saint Jean Chambre (Ardèche). Mazel parvient encore à s'enfuir. Il se réfugie dans les Cévennes, rencontre Claris, Corteiz et d'autres prédicants encore en activité et prépare un nouveau soulèvement armé. En octobre 1701, Abraham Mazel est visité " de l'esprit de prophétie " qui lui inspire de délivrer des frères prisonniers de l'abbé du Chayla, archiprêtre des Cévennes. C'est un appel à la guerre sainte contre les persécuteurs. Le 24 juillet 1702, Abraham Mazel, avec Esprit Séguier et quelques autres, mène une expédition contre l'abbé du Chayla qui détenait prisonniers de jeunes inspirés, au Pont de Montvert. Le meurtre de l'abbé déclenche la guerre (Nostradamus : la guerre des camisards)).
Le mot qui résume l'épopée des Camisards et des protestants d'après les guerres de religions est "RESISTER" ou plutôt "REGISTER" comme, selon la légende, Marie Durand, native du Bouchet-de-Pranles en Vivarais, le grava sur la pierre de la margelle circulaire placée au-dessus de la salle des gardes de la Tour de Constance à Aigues-Mortes, prison dans laquelle elle entra en 1730.
Le Sarnieu (Groisy)
Les mouvements gaullistes souhaitent privilégier le renseignement au profit des alliés affin de permettre à ceux-ci de prévoir le débarquement. De Gaulle veut éviter les représailles et préfère attendre l'intervention des armées alliées sur le territoire national pour déclencher une éventuelle insurrection.
Les dirigeants communistes, par contre, suivant l'exemple des partisans soviétiques, souhaitent entreprendre des actions armées afin de harceler sans cesse les allemands et leurs alliés collaborateurs. Ils se tournent donc vers une résistance armée qui, au fil des coups de mains, des attentats, des sabotages gênèrent des représailles. Mais ils estiment que celles-ci, en réaction, facilitent le recrutement pour cette lutte armée qui s'effectue désormais à visage découvert. Ce faisant, ce clivage n'incite pas les Alliés à accroître les livraisons d'armes à la résistance.
De Gaulle, malgré ses réticences, est bien contraint d'accepter la reconnaissance officielle par les Alliés d'un mouvement armé sur le sol français. Il accepte le principe des plans "montagnard" et "caïman" qui prévoient l'insurrection des FFI dans le Vercors et dans le Massif Central si un débarquement allié avait lieu.
Dans cette optique il est précisé que des armes et des conseillers spéciaux, sinon des troupes parachutées, seraient envoyées sur les maquis concernés donc les Glières, le Vercors, les Maquis d'Auvergne (Mont Mouchet, Truyère) et du Limousin. Il est originellement question d'attendre le débarquement ou les débarquements alliés pour déclencher ces fameux plans qui d'une part, consisteront au regroupement des maquisards sur un réduit désigné et, d'autre part, au début d'une insurrection armée à grande échelle et en coordination avec les différents maquis.
L'histoire du maquis des Glières est conditionnée par un environnement géographique particulier. Les Glières constituent un plateau de Haute-Savoie, situé dans le massif des Bornes à 1400 mètres d'altitude et accessible par douze voies d'accès. Il est étendu sur 10 kilomètres du nord au sud et 7 kilomètres d'est en ouest. Cette topographie favorise donc son homologation par la mission " Cantinier " en vue d'éventuels parachutages alliés. A l'automne 1943, l'occupation allemande succède à celle des Italiens en Savoie ; la lutte armée s'engage dans une spirale d'action-répression.
Au sens strict le premier maquis fut constitué en janvier 1943 par des réfractaires d'Annecy. A la même époque un maquis est créé à Romans et le mouvement Combat met en place un petit groupe dans le massif de l'Oisans. En Haute Savoie encore, quelques dizaine d'hommes se rassemblent aux Dents de Lafon, à La Croix Fry.
Romans-Petit avait remplacé Valette d'Osia, à la tête du 27ème Bataillon de Chasseurs qui soutient le maquis des Glières fait à son tour part de son opposition à ce regroupement qu'il considère comme plus dangereux qu'efficace. Il assurait à la fois le commandement de l'Armée Secrète de Haute-Savoie et de celle du département de l'Ain, depuis le mois de novembre 1943 à la suite de l'arrestation de Vallette d'Osia. Il est obligé de repartir dans son département où la situation des maquis s'aggrave. Il passe le commandement de la Haute-Savoie au capitaine Humbert Clair " Navant ".
Le 8 février 1944 a lieu à Annecy une importante réunion entre un certain Cantinier (en fait Rosenthal), officier de liaison avec Londres, et les responsables du Maquis des Glières. Cantinier est porteur d'un ordre qui a pour but de regrouper le plus grand nombre de maquisards sur le plateau des Glières en vue d'établir une base d'attaques contre les Allemands et la Milice. Didier, chef régional de l'A.S. s'oppose à ce projet qui mettrait en péril la raison d'être du plateau. Mais mis en minorité il ne peut qu'accepter le fait accompli. De son coté le lieutenant saint-cyrien Tom Morel, un héros de la guerre de 40 décoré Officier de la Légion d'Honneur sur le front de Savoie, absent à la réunion mais tenu au courant de la décision critique vivement celle-ci comme étant totalement contraire aux règles de la guerre clandestine.
Les responsables locaux de l'Armée secrète (AS) décident alors de rassembler aux Glières les maquisards de la région afin d'y réceptionner les armes qui devraient être parachutées, la neige et les accès difficiles devant assurer leur protection. Le 31 janvier 1944, alors que la Haute-Savoie est mise en état de siège par les autorités françaises, 120 hommes arrivent sur le plateau commandés par le Tom Morel. Rejoints par des groupes Francs-tireurs et partisans (FTP) et des républicains espagnols en février et mars, ils forment un bataillon d'environ 450 hommes, sous le commandement d'anciens cadres du 27e bataillon de chasseurs alpins d'Annecy. Tom Morel s'efforce d'insuffler une discipline commune d'inspiration militaire : " il n'y a plus ni AS, ni FTP, il y a l'armée française ". Mais la surveillance du plateau s'avère compliquée ; avec l'instruction et le ravitaillement, elle occupe largement le temps des hommes. Plusieurs parachutages sont effectués mais qui ne comportent que des armes légères, pas de mitrailleuses lourdes, pas d'armes anti-chars, pas d'explosifs, pas de mines, pas de radios.
Les forces de polices françaises, garde mobile et Groupes mobiles de réserve (GMR), ne sont pas longues à découvrir l'existence du maquis. Une série d'escarmouche aboutit à la mort de Tom Morel le 10 mars lors de l'attaque d'un poste de commandement de GMR à Entremont. [...] Dès le 12 mars, les avions allemands pilonnent les maisons, privant les hommes d'abris. Le 23 mars, les Allemands et la Milice commencent à cerner le maquis des Glières qui devient l'enjeu d'une guerre psychologique à travers les ondes entre Français libres via la BBC et Maurice Schumann et le gouvernement de Vichy, via Philippe Henriot et ses éditoriaux.
Plus de 3000 hommes du corps de montagne du Général Pflaum et 6500 miliciens et divers corps (Gardes Mobiles, Francs Gardes...) cernent et attaquent le plateau avec l'assistance de l'artillerie de montagne et de l'aviation. C'est donc presque 10 000 hommes bien entraînés et bien armés qui montent à l'assaut des Glières. Il va sans dire que le combat est désespéré et "pour l'honneur". Entre le 24 et le 26 mars 1944 le plateau est nettoyé, les défenseurs tués au combat ou achevés.
Maurice Anjot, successeur de Tom Morel, a le temps d'ordonner le repli général des maquisards. Certains d'entre eux, dont Anjot, sont abattus par les assaillants qui les harcèlent dans les vallées environnantes, d'autres sont faits prisonniers, 170 au total, torturés (Bastian, intendant du maquis) ou déportés (l'abbé Truffy, prêtre du Petit- Bornand). Ceux qui en réchappent se réorganisent rapidement et poursuivent le combat clandestin jusqu'à la Libération.
Ce maquis, l'un des premiers à subir une répression de grande ampleur, a marqué l'histoire de la Résistance armée à plus d'un titre : l'amalgame réussi d'éléments AS et FTP, la conduite d'actions sans compromettre la population locale, et sa portée psychologique dans l'opinion publique.[2]
On comprend que le modèle du regroupement des maquis ne semble pas être la meilleure solution pour la Résistance ! Mais visiblement cela ne servira pas du tout de leçon et l'erreur sera plusieurs fois reproduite à plus grande échelle encore. La question que l'on peut actuellement se poser est : Est-ce réellement le fait du hasard ?
Le 16 mai 1944 le Général de Gaulle, à Alger signe deux documents qu'il remet à Jacques Soustelle, alors Secrétaire Général du Comité d'Action en France et qui précisent le rôle que devra tenir la résistance au moment des opérations de libération du territoire. La directive principale est le plan "Caiman" qui concerne les opérations militaires de la zone Sud/Ouest et Centre. Il est précisé que le déclenchement général ou partiel de ce plan est nécessairement lié aux opérations alliées après un débarquement sur le territoire national. Ce plan est soumis, après coup, au SHAEF (Commandement des Forces Alliées) où il est très mal perçu par le Général Eisenhower qui le juge "mal conçu, irresponsable et trop ambitieux". Devant cette critique il est alors conçu que le plan "Caiman" ne s'appliquera qu'au Massif Central qui devra être la tête de pont qui accueillera la "Force C". Il est donc supposé l'envoi massif de troupes aéroportées dans une nouvelle opération alliée nommée "Dragoon-Anvil" puis "Anvil" pour soutenir le maquis.
Au début juin 44 le maquis du Mont Mouchet, ou plus précisément les trois réduits du Mont Mouchet, de Venteuges et de la Truyère, compte plus de 3000 maquisards. Après un premier combat le 2 juin, le 10 juin, par contre, c'est une division allemande complète comprenant plus de 11000 hommes, soutenus par des blindés, de l'artillerie et des avions qui se présente face au Mont Mouchet. Le 11 juin les Allemands utilisent alors toute la puissance de leur dispositif d'attaque et enlèvent peu à peu les positions dans des combats extrêmement violents. Clavières est en flamme et les Allemands se vengent sur le village de Ruynes où ils fusillent 27 hommes en présence des femmes et des enfants puis mettent le feu au village. 9 maquisards capturés sont également abattus comme "terroristes" malgré les brassards à croix de Lorraine et un ordre de mission en bonne et due forme. Le Colonel Gaspard acceptera de prendre sur lui la responsabilité du désastre tout en constatant que les promesses de parachutages d'armes lourdes et de renforts n'ont pas été tenues et surtout que la fameuse "Force C" n'était qu'un leurre.
Comme si les tragédies des Glières et du Mont Mouchet ne suffisaient pas, la destruction du Maquis continue au Vercors. Entre le 6 juin et le 22 juillet 1944, le maquis du Vercors subira le même sort. Une douzaine d'autres maquis, mais de moindre importance, subiront le même sort entre Juin et Juillet 1944 : Maquis de Vabre, de la Rocque, de Lacado, de La Bouvardière, de Montnègre, de Montmeillant... (www.tao-yin.com).
L'épopée des Glières persuade les Alliés que la Résistance française est capable de combattre à visage découvert. Ainsi reçoit- elle une aide accrue lorsque le temps est venu : en particulier, le grand parachutage anglo-américain du 1er août 1944 sur le plateau des Glières permet aux résistants d'empêcher la plus grande partie des Allemands (policiers, douaniers et soldats, la plupart hospitalisés), contraints au repli par l'avance alliée, de quitter le département qui sera libéré par la Résistance le 19 août, avant même l'arrivée des troupes alliées. La Haute-Savoie est le premier département de la France continentale à être libéré, après la Corse (fr.wikipedia.org - Maquis des Glières).
La bataille de Bulgnéville s'est déroulée le 2 juillet 1431 à Bulgnéville, à 11 kilomètres au sud d'Houécourt. Il s'agit d'une bataille de succession à la tête du duché de Lorraine, après la mort de Charles II, opposant d'une part René d'Anjou, duc de Lorraine et de Bar, futur roi de Naples, alliés aux Français, et d'autre part le comte Antoine de Vaudémont, neveu de Charles II, compétiteur de René d'Anjou à la tête du duché de Lorraine et partisan de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, allié aux Anglais. René veut prendre possession du comté de Vaudémont et se précipite au-devant des Bourguignons, qui cherchent à l'éviter. C'est à un kilomètre à l'ouest de Bulgnéville, entre le village de Vaudoncourt et le ruisseau de l'Anger que les Lorrains sont taillés en pièces. Le duc René tombe entre les mains du duc de Bourgogne qui l'accueillera dans ses prisons de Dijon jusqu'en avril 1437. Antoine de Vaudémont se croit vainqueur, mais il ne peut prendre la tête du duché de Lorraine suite à l'opposition de l'empereur Sigismond de Luxembourg. Dix mois plus tard René est libéré sur parole sans que le problème de la rançon soit réglé. Après un second séjour en prison, le montant de sa rançon est établi à 400 000 écus. Il a en définitive sauvé son héritage et demeure maître de la situation. Il négocie avec Antoine de Vaudémont : sa fille, Yolande, épousera Ferri de Vaudémont. Pourtant, la Lorraine n'est déjà plus la préoccupation première du duc René Ier. En 1434, la mort de son frère aîné le fait duc d'Anjou, comte de Provence, roi de Sicile et de Jérusalem. Il hérite par conséquent des rêves italiens de ses ancêtres et installe sa cour à Aix-en-Provence. En 1442, il laissait Naples, après une héroïque résistance, contre l'Aragonais Alphonse V, de son fidèle lieutenant et chambellan Jean Cossa. Il rentra en France ne gardant du royaume de Naples que le titre de roi de Jérusalem et de Sicile (fr.wikipedia.org - Bataille de Bulgnéville).
C'est auprès des Messins que René s'endette pour payer sa rançon. Les Messins rançonnaient ses sujets sans ménagement. Le désordre était immense. Il n'est pas douteux que le duc de Lorraine s'efforça d'attirer Charles VII en Lorraine en 1444 pour tirer vengeance des Messins et s'acquitter de ses dettes à bon compte. (Pierre Marot, L'expédition de Charles VII à Metz (1444-1445)).
Quelques années après la mort d'Alphonse V, René revendique la couronne d'Aragon. Pour la posséder, il s'efforça en vain de contrôler la Catalogne (1466-1470). Yolande d'Anjou, née le 2 novembre 1428 et morte le 23 mars 1483, à Nancy, duchesse de Lorraine (1473) et de Bar (1480), fille de René Ier d'Anjou, roi de Naples, duc d'Anjou, de Bar et de Lorraine, comte de Provence, et d'Isabelle, duchesse de Lorraine, épousa en 1445 son cousin Ferry II de Lorraine (1420 - 1470), comte de Vaudémont. Ce mariage mettait fin au litige qui existait entre les pères des deux époux, à propos de la succession du duché de Lorraine. Après la mort de son mari, elle passa la plus grande partie de sa vie à Sion-Vaudémont qui, de petit pèlerinage local, devint sous ses auspices un haut lieu sacré de toute la Lorraine. Il l'était déjà pour les païens, comme le prouve la statue de Rosmertha, ancienne déesse-mère trouvée sur les lieux. On sait qu'une statue de la Vierge fut érigée à Sion-Vaudémont à l'époque mérovingienne et qu'en 1070 le comte de Vaudémont se proclama publiquement " vassal de la reine du Ciel ". A son tour, la Vierge de Sion fut déclarée " souveraine du comté de Vaudémont ", protectrice de la Lorraine, et des fêtes importantes avaient lieu au mois de mai en son honneur. Il semble que le pèlerinage était tombé dans l'oubli et que Yolande de bar lui redonna son ancienne gloire. Le fils de Yolande, René II de Lorraine dut monter deux fois, nu-pieds puis chaussé, la côte qui permet d'accéder au sanctuaire, en 1471 à 19 ans (Jean-Paul Boyer).
La première trace de la Croix remonte au XIIIème siècle. Un croisé du nom de Jean d'Alluye, seigneur de Château-la-Vallière en Anjou, et de Saint-Christophe-sur-Nais en Touraine, ramena de terre sainte, une croix à double travers ou croisillons, qu'il offrit en guise d'ex-voto aux moines de La Boissière en Anjou. Il l'avait reçue en signe de reconnaissance des mains de l'évêque Thomas par la grâce de Dieu évêque de Jérapétra et d'Arkadi en Crète, pour avoir mis en fuite les Sarrasins, et protégé la cité de la destruction et du pillage. La légende veut qu'il s'agisse d'un morceau de la vraie Croix inventée par sainte Hélène (18 octobre - cercle d' Homblières), qui fit diviser cette croix en deux parties dont l'une fut envoyée à Constantin, son fils, l'empereur romain, fondateur de Constantinople, et l'autre au patriarche de Jérusalem. Cette première partie de la Vraie Croix fut ensuite divisée en dix-neuf morceaux qui furent éparpillés entre différentes églises d'Orient.
La Croix, ramenée par Jean d'Alluye, serait elle-même taillée dans l'un de ces bois sacrés, gardé à la Basilique de Constantinople. Haute d'environ 27 centimètres, elle était finement ornée de pierres précieuses, de deux croix en or et de la sainte inscription I.N.R.I. Pourquoi deux croisillons ? Car le premier représentait la Croix de Jésus Christ et le second l'écriteau sur lequel était écrit en araméen, "Jésus le Nazaréen, roi des Juifs". Les Bernardins de la Boissière élevèrent un sanctuaire en l'honneur du reliquaire. Les pèlerins se pressaient pour venir y prier. Lors de la guerre de Cent Ans, la Croix fut finalement confiée au duc Louis Ier d'Anjou, pour être gardée dans l'enceinte du château ducal d'Angers, dans une chapelle érigée à cet effet. Il constitua une confrérie baptisée "Ordre de la Croix" qui devait vénérer et protéger la sainte relique. La Croix apparaît dans les tapisseries de l'Apocalypse brodées à Paris par Nicolas Bataille. L'abbaye de la Boissière fut dévastée par la guerre. Le Bon Roi René Ier, contemporain de Jeanne d'Arc, attribua bien des mérites à la Croix, protectrice des armées françaises, notamment lors de la bataille de Vieil-Baugé en 1421, aux côtés des Ecossais. René n'était pas uniquement Duc d'Anjou, mais aussi roi de Jérusalem, d'Aragon, des Deux Siciles, de Hongrie, comte de Guise et de Provence. Sur toutes ses terres, la Croix à deux croisillons était connue comme faisant partie des armoiries du seigneur. Elle passa en Lorraine car René était aussi duc de Lorraine. Après la guerre de Cent ans, la Croix de Lorraine retrouva son abbaye de la Boissière, reconstruite par les moines. Mais en Lorraine, en 1476-77, le duc René II menait, à la tête de ses troupes, une lutte a priori inégale afin de résister aux assauts du puissant Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Les deux armées s'affrontèrent en 1477 lors de la bataille de Nancy. La résistance populaire des lorrains, associée aux suisses, rangés sous le drapeau du duché frappé de la Croix de Lorraine, eut raison des troupes bourguignonnes, lentes à se mouvoir et certaines de la supériorité de leurs bouches à feu. La révolution française, menaça un temps la Croix qui failli être détruite, mais elle fut rachetée lors d'une vente publique organisée à Baugé par la jeune République. Anne de la Girouardière, fondatrice de l'Hospice des Incurables à Baugé, où la croix se trouve toujours, se porte acquéreur pour 400 livres. En 1871, la Lorraine fut annexée par l'Allemagne victorieuse du Second Empire de Napoléon III. Une fois de plus la Croix fut un signe de ralliement, symbole et emblème de la lutte des lorrains pour retrouver leur patrie. Une plaque fut déposée à Notre Dame de Sion portant l'inscription "Espoir. Confiance. Ce name po tojo" qui signifie : "Ce n'est pas pour toujours". La Lorraine fut libérée en 1918, à la fin de la Grande Guerre et rattachée à la France. Un pèlerinage fut alors organisé jusqu'à Notre Dame de Sion, en l'honneur de la Sainte Croix. Le 1er juillet 1940, le Général De Gaulle, chef des Français Libres, sur proposition du commissaire de la marine et de l'aviation Muselier, entérina la Croix de Lorraine comme emblème des FFL (Yannis Kadari, Manoir de Clairefontaine).
Au fur et à mesure que la Résistance se structure, l'apparition de la Croix de Lorraine à côté du nom ou de l'emblème d'une organisation clandestine devient un " marqueur " assez précis de sa volonté d'afficher son alliance avec la France libre ou ceux qui la soutiennent, comme ce fut le cas du Parti Communiste à l'été 1941.
La Croix de Lorraine devient ainsi le symbole de l'unification de la Résistance sous l'égide du général de Gaulle. C'est ce symbole qu'adopte la gerbe déposée au monument aux morts lors de la manifestation du maquis de Romans-Petits à Oyonnax le 11 novembre 1943[2].
Henri II laisse François de Guise monter une expédition en Italie : le duc, glorieux d'avoir conservé Metz à la France en 1552, date à laquelle l'abbaye du Ban-Saint-Martin est détruite, veut faire valoir ses droits au trône de Naples et est appelé au secours par le Pape Paul IV qui est aux prises avec les Espagnols. La bataille de Saint-Quentin du 10 août 1557 va remettre en cause ce projet. Ecrasante victoire espagnole sur la France, d'Emmanuel-Philibert de Savoie sur le connétable de Montmorency, signe de l'encerclement habsbourgeois du royaume de France qu'il lui fallait desserrer.
La bataille de Saint-Quentin préfigure par plusieurs aspects la guerre moderne. Tout d'abord par l'utilisation d'un feu intense d'artillerie et d'armes portatives concentré sur une armée prise au piège, visant à l'anéantir alors qu'elle est immobilisée, démoralisée par une feinte stratégique et épuisée par une marche forcée et des contre-marches. Et aussi par la multiplicité des nationalités combattantes : si une grande partie des troupes qui combattirent à Saint- Quentin sous le drapeau espagnol était d'origine espagnole et italienne (provenant surtout de régiments napolitains), on comptait aussi dans l'armée de Philippe II bon nombre de soldats flamands et anglais, et de nombreux mercenaires s'étaient engagés des deux côtés. Le siège de la ville se poursuivit et le 27 août onze brèches sont faites dans la muraille. Le 29, les rues sont pleines de cadavres. La résistance des Saint-Quentinois conduits par Gaspard de Coligny, parvenu dans la ville dans la nuit du 2 au 3 août 1557 avec 500 hommes armés fut héroïque et dura dix-sept jours. La mauvaise saison et la défection des hommes non payés rendirent le vainqueur incapable de pousser son avantage. Il ne marchera finalement pas sur la capitale des rois de France. Tandis que son armée se repliait, Philippe II partit à Bruxelles présider la réunion des États généraux. Pour Philippe II, c'était la première victoire personnelle contre le roi de France. Il fit construire le monastère de l'Escorial à la gloire du saint qui lui fit gagner la bataille. Il laissa dans Saint-Quentin une garnison de 4 000 Allemands tandis que la population était évacuée. Elle reviendra en 1559 après le traité de paix. Bien qu'ayant eu lieu en Picardie, la bataille de Saint-Quentin, épisode marquant des guerres franco-espagnoles, a eu des conséquences très importantes pour l'Italie. La route de cette péninsule qui depuis 1494 avait attiré les Valois vers le Sud est dorénavant fermée et la France n'y aura plus d'influence. L'Espagne s'y installe pour longtemps sonnant le glas de la Renaissance Italienne. Les forces vives de la France et de l'Espagne sont épuisées, tant sur le plan économique que sur le plan humain : l'armée manque de soldats et de généraux. Après la défaite suivante à Gravelines et malgré une victoire de prestige à Calais reprise aux Anglais par le duc de Guise, la France devra accepter de signer la paix du Cateau-Cambrésis (1559), dont les principales négociations se firent à l'abbaye de Cercamps à Frévent. Emmanuel-Philibert sera récompensé de sa victoire : le duché de Savoie lui sera restitué et il épousera la sœur de Henri II, Marguerite de France. Après transfert de sa capitale à Turin, la future Maison Royale de Savoie est alors confortée, et elle aura une importance primordiale dans les siècles à venir.
Le rocher appelé la Fontaine d'Olive, qui ne découvre que dans les grandes marées, est associé à une légende : " Autrefois une sainte femme, fort riche, nommée Olive, venait souvent se baigner ou laver son linge à la fontaine qui est au pied de ce rocher. Un jour qu'elle y allait, les Sarrasins débarquèrent sur le rivage et voulurent s'emparer d'elle. Elle s'enfuit alors d'une course précipitée, et fît vœu, si elle échappait de leurs mains, de bâtir une église dans sa terre des Verguies. Dieu l'exauça, en soulevant une tempête horrible qui rejeta les barques des Sarrasins bien loin au large. Elle fut fidèle à sa promesse et fit construire l'église du village. Si vous vous étonnez que cette église soit si éloignée du village, et placée dans un vallon sauvage et désert, comme le petit Val, il vous dira : Ecoutez : Ce ne fut pas l'intention de la fondatrice. Lorsque Sainte Olive voulut acquitter son vœu, elle fit commencer l'église dans les Verguies au milieu de la paroisse. Après avoir choisit un emplacement près des habitations, les premières pierres sont posées. Mais le deuxième jour de construction, au matin, lorsque les constructeurs arrivèrent sur le chantier, les pierres et le début de l'église avaient été transportés dans un autre lieu (celui d'aujourd'hui). Passé l'instant de surprise, ils reprirent la construction au premier endroit, remirent les matériaux sur le lieu voulu, recommencèrent la pose des pierres; mais le lendemain, tout le chantier avait été de nouveau transporté dans la nuit. Ce phénomène se répéta plusieurs jours durant. Par lassitude devant cette diablerie, les Etretatais construisirent finalement l'édifice à l'endroit "du diable" et l'église s'y trouve toujours, au pied de la côte Saint-Clair. La pierre de l'église a été prise au le banc à cuves qui soutient la base de la porte d'Amont et sa longue muraille.
Sous le clocher fut enterrée, à l'époque de la révolution, la statue de Saint Pierre de la Manche, trouvée par des pêcheurs en halant leurs filets dans le Fond béni. Le Saint appuyait sa main sur une ancre et portait un câble lové autour de son cou. Les pêcheurs avaient tant de respect pour ce Saint de la mer, que toutes les barques de la côte étaient obligées de le saluer à leur passage, en hissant leurs pavillons. Celles qui ne s'y soumettaient pas, étaient aussitôt averties de leur devoir par une décharge des couleuvrines du fort de Fréfossé. Pendant les guerres des iconoclastes de 1562, de grandes richesses furent cachées sous ce clocher, car en 1840, quand on dalla cette partie de l'église en asphalte, on rencontra plusieurs bas-reliefs en pierre, sculptés avec la délicatesse et le fini du XVIème siècle. Ce sont des groupes, encadrés dans une ogive mauresque, qui représentent Jésus au Jardin des Olives, Jésus mis dans le tombeau et une Résurrection (Jean Benoît Désiré Cochet, Les églises de l'arrondissement du Havre, tlecerf.free.fr).
On ne peut que relier cette Olive à ce Jardin où il est question de résistance. Si Dame Olive s'enfuit et échappe par miracle aux " Sarrasins ", signe d'une résistance, vaine, qui se termine comme l'on sait. Rollon, en 886, fit le siège de Paris, alla ensuite saccager Bayeux, le Bessin, Évreux, passa en Angleterre pour secourir le roi Alfred son allié. De retour au bout de trois ans, il prit Nantes, Angers, Le Mans... Effrayé par son avancée, Charles le Simple lui offrit la paix au traité de St-Clair-sur-Epte en 911. Saint-Clair comme le lieu où se trouve l'église d'Etretat que fit construire Dame Olive. Rollon se fit baptiser à Rouen, épousa Giselle, la fille du roi, et reçut la partie de la Neustrie appelée depuis Normandie dont il devint le seigneur sous le nom de Robert Ier, duc de Normandie. Dès lors les invasions normandes s'arrêtèrent (www.saintclairsurepte.com).
Les scénographes des " Ateliers du Méandre " ont proposé de faire rêver à cette légende d'Olive, improbable rencontre entre les Vikings et les peuples Francs/Gallo-romains, à l'aube du Moyen Age. C'est, en somme, l'histoire d'un mariage un peu " forcé ", une étrange " nuit de noces ", qui allait donner naissance à la Normandie (www.etretat-info.com).
Jésus, quant à lui, ne résiste plus, et laisse la " divine providence " se charger de son destin. Il demande à Pierre de rengainer son épée et guérit Malchus de son oreille coupée. Si bien que le bas-relief d'Etretat est enterré sous le clocher de l'église.
Jardin des Olives est une autre appellation du fameux Jardin des Oliviers où Jésus agonisa. En ce Jardin de Gethsémané, Jésus y souffrit, y fut trahi et y fut arrêté (Mt 26:36-46; Lu 22:39-54). Il est situé au pied du Mont des Oliviers (808 m). Jésus y prédit la destruction de Jérusalem et du Temple. Il parla aussi de la Seconde Venue (Mt 24:3-25:46) et c'est ici qu'il monta aux cieux (Ac 1:9-12).
Jean Doubdan, Plan de la Montagne des Olives, 1666
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Alors Jésus leur dit : " Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. " Pierre lui dit : " Si tous viennent à tomber à cause de toi, moi, je ne tomberai jamais. " Jésus reprit : " Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois. " Pierre lui dit : " Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. " Et tous les disciples en dirent autant. Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : " Restez ici, pendant que je m'en vais là-bas pour prier. " Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : " Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi. " Il s'écarta un peu et tomba la face contre terre, en faisant cette prière : " Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux. " Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : " Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l'esprit est ardent, mais la chair est faible. " Il retourna prier une deuxième fois : " Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! " Revenu près des disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Il les laissa et retourna prier pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles. Alors il revient vers les disciples et leur dit : " Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer ! La voici toute proche, l'heure où le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs ! Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche, celui qui me livre. " Jésus parlait encore, lorsque Judas, l'un des Douze, arriva, avec une grande foule armée d'épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres et les anciens du peuple. Le traître leur avait donné un signe : " Celui que j'embrasserai, c'est lui : arrêtez-le. " Aussitôt, s'approchant de Jésus, il lui dit : " Salut, Rabbi ! ", et il l'embrassa. Jésus lui dit : " Mon ami, fais ta besogne. " Alors ils s'avancèrent, mirent la main sur Jésus et l'arrêtèrent. Un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l'oreille. Jésus lui dit : " Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d'anges ? Mais alors, comment s'accompliraient les Écritures ? D'après elles, c'est ainsi que tout doit se passer. " A ce moment-là, Jésus dit aux foules : " Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus m'arrêter avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j'étais assis dans le Temple où j'enseignais, et vous ne m'avez pas arrêté. Mais tout cela est arrivé pour que s'accomplissent les écrits des prophètes. " Alors les disciples l'abandonnèrent tous et s'enfuirent. (Mt 26) (www.bibliques.com).
" La mer, je la revois toujours comme une amie, ou plutôt comme une maîtresse. Quand j'y suis, je ne peux m'en détacher." Et, quand il n'y est pas, Delacroix ne pense qu'à y retourner. Depuis son enfance, Delacroix passe ses vacances au château de Valmont, avec son cousin Riesener. Delacroix fait de nombreux croquis de la vieille église et de sa chapelle de la Vierge, dont il dessine les vitraux de la rosace. En 1830, l'abbaye de Valmont est rachetée par des cousins de Delacroix. Il y réalisera plusieurs toiles et aquarelles. A Dieppe, il descend à l'hôtel de Londres faire des séjours "toniques, sudorifiques, apoplectiques, osmoplastiques"... Bref, où il vient changer d'air. Longues promenades au bord de l'eau, au pied des falaises, sur la jetée, dans les rochers, avec, bien sûr, un calepin et un crayon dans la main. D'où le charme "vécu" de ces croquis, esquisses, aquarelles réalisés pendant ces délicieuses journées normandes. La baie de Dieppe au soleil couchant, Etretat et ses falaises, des vagues, des plages... (Duparc Christiane).
Poussin est-il passé à Etretat ? Sinon, il est du moins Normand.
Nicolas Poussin, L'Agonie au Jardin des Oliviers 1626
Eugène Delacroix, Le Christ au Jardin des Oliviers 1826
L'inconnue d'Etretat est le dernier volet d'une série de treize nouvelles de Georges Simenon qui font l'objet d'un concours hebdomadaire, primé en espèces. Chaque nouvelle s'étend sur deux numéros : dans le premier sont posés tous les éléments de l'énigme ; dans le second, en quelques lignes, est donné son dénouement. Le corps d'une femme est trouvé dépecé dans les hautes herbes en bord de falaise entre Bénouville et Etretat par le gendarme Liberge. Le narrateur qui assiste aux enquêtes de l'inspecteur B..., alias G.7, perd un bout d'oreille dans l'affaire, emporté par une balle de pistolet (www.simenon.ch).
Comme Malchus.
Muet, aveugle et sourd au cri des créatures,
Si le Ciel nous laissa comme un monde avorté,
Le juste opposera le dédain à l'absence
Et ne répondra plus que par un froid silence
Au silence éternel de la Divinité.
Alfred de Vigny, Le Mont des Oliviers
Outre la bataille du Camp de Péran à Plédran menée par Alain Barbetorte qui en chassa les Normands en 936, et qui devint duc de Bretagne l'année suivante, l'attaque de Saint-Brieuc par les Chouans en 1799 ouvre une nouvelle page d'une forme de résistance à l'oppression, d'où qu'elle vienne, dans une période d'absence de démocratie.
Outre la division de Loudéac qui combattait avec le Morbihan, les Côtes d'Armor comptaient trois divisions, celle de Saint-Brieuc, celle de Lamballe et Montcontour et celle de Dinan. La chouannerie dans ce département ne se remit pas de la mort en 1795 de son chef principal Amateur-Jérôme Le Bras des Forges de Boishardy. Dès lors les autres chefs du département Guillaume Le Gris-Duval, Jean-François Le Nepvou de Carfort, Malo Colas de La Baronnais et Victor Colas de La Baronnais combattaient de façon autonome, sans commandement unique. En 1799, l'Armée catholique et royale des Côtes du Nord fut créé sous le commandent de Mercier. Ses effectifs étaient de 7 000 à 8 000 hommes.
Pierre Robinault de Saint-Régent, dit Pierrot, en raison de sa petite taille, chef de la région de Merdrignac sera l'exécutant, avec Joseph Picot de Limoëlan, du premier attentat contre Napoléon Bonaparte (3 nivôse an IX, veille de Noël 1800) : l'attentat de la rue Saint-Nicaise perpétré avec la " machine infernale " qui fit 22 morts et une centaine de blessés. Il mourut guillotiné à Paris, le 20 avril 1801.
Pierre Mathurin Mercier est né le 16 juillet 1774 au Lion d'Angers en Maine et Loire. Apprenant vers la fin de 1793, que les habitants de la Vendée s'étaient armés pour la défense du trône, il partit avec quelques jeunes gens pour se ranger sous leurs drapeaux. A dix-neuf ans, on lui confia le commandement d'une compagnie. Après Pont-Lieu, il se rendit en Bretagne avec Georges Cadoudal. Ils furent prisonniers à Brest, d'où ils réussirent à s'échapper. En juin 1795, ils se dirigèrent vers Quiberon pour protéger le débarquement de l'armée royale qui échoue. Mercier fit ensuite un voyage à l'île d'Yeu, et il y fut présenté au comte d'Artois. En 1797, comme Cadoudal il accepta l'amnistie des républicains tout en poursuivant ses activités contre- révolutionnaires. Envoyé à cette époque à Londres, auprès du comte d'Artois, il pressa vivement des envois d'armes et d'argent ; et dès qu'il les eût obtenus, il revint en Bretagne. Dans la nuit du 4 au 5 Brumaire an VIII (25 au 26 octobre 1799), plusieurs colonnes de chouans dont Mercier convergent vers Saint-Brieuc et pénètrent dans la ville par surprise. La maison commune et tous les postes et points de résistance tombent aux mains des royalistes. Dans la confusion de la nuit les échanges de coups de feu engendrent seulement onze morts dont le commissaire du Directoire Corbion qui refusa de crier " Vive le roi ! ", et dix-sept blessés. Les portes de la prison sont enfoncées et trois cents prisonniers (des chouans dont plusieurs condamnés à mort, des prêtres réfractaires, des militaires punis et des délinquants de droit commun) sont libérés. Les chouans quittent la ville au petit matin emmenant un canon et soixante chevaux de la cavalerie républicaine. Jean-François Poulain de Corbion, avocat, fut maire de Saint-Brieuc de 1779 à 1789. La place Duguesclin et le quai du Légué virent le jour pendant ses mandats. Corbion accompagna sa signature des trois petits points qui montrent sans doute son appartenance à une loge maçonnique, pour approuver, le 26 février 1790, le nouveau visage de la Bretagne découpée en cinq départements. En 1942, sous l'Occupation, et avec la connivence des autorités de Vichy, les Nazis firent démonter sa statue érigée en 1889 pour en récupérer le bronze.
Mercier fut tué le 21 janvier 1801 à La Motte, près de Loudéac (www.skoluhelarvro.org, fr.wikipedia.org - Mercier la Vendée, fr.wikipedia.org - Chouannerie, www.histoire-image.org, ativ.free.fr).
Sommet au large de La Rochelle
La terre la plus proche de ce sommet est l'Île d’Yeu (Point particulier : Île d'Yeu).
Dressé sur un îlot au fond de la baie du Châtelet, le Vieux-Château assurait aux Îlais une certaine protection face aux incessantes tentatives de pillage des Anglais, Espagnols, corsaires ou protestants Sablais et Rochelais.
La bravoure de ses habitants devait la protéger efficacement, puisqu'un acte de Charles VII accorda aux Îlais de grands privilèges, avec l'exemption entière de toutes charges. Leur zèle ne se ralentit pas avec les faveurs, car Louis XI accorda en 1466, lui aussi, de nouveaux privilèges, par cette raison " que les habitants avaient fait merveilles contre les Anglais, confirmant l'exemption d'impôts pour l'Île d’Yeu. Grâce au courage de ses habitants et à sa situation stratégique, Yeu bénéficia ainsi dès le Moyen-âge d'un privilège fiscal de poids (qu'elle gardera jusqu'à son rachat par le roi en 1785). Celui-ci assurait à l'île une relative prospérité, fondée sur le commerce maritime et la contrebande de tabac. Une ordonnance de Henri II (12 mars 1551) que les Îlais eurent énormément à souffrir de la part des Anglais, des Espagnols et, surtout, des habitants de La Rochelle, d'Olonne et de la Chaume, " qui ne les voulaient pas souffrir trafiquer. "
La vie de ce château couvre près de quatre siècles de l'histoire insulaire. Succédant à une première forteresse en bois, il est édifié au début du XIVème siècle par Olivier IV de Clisson, seigneur de l'Île d’Yeu, époux de la célèbre Jeanne de Belleville, alors qu'éclatait la Guerre de Cent Ans. En 1356, il est défendu par le Génois Jean Doria, neveu et lieutenant de l'amiral Pagano Doria avec qui il participa valeureusement à la guerre entre Gênes et Venise de 1350 à 1355, qui se conclut par la victoire de l'île de Sapienza au large de la ville du Péloponnèse de Methoni (Modone).
Armes des Doria, it.wikipedia.org - Doria, Flanker
Vers 1360, le château est pris par les anglais ayant à leur tête Robert Knolles. Ils recommenceront en 1462 avec leurs raids sur l'Aunis. Repris par Olivier V de Clisson en 1392, après 37 ans d'occupation étrangère, il devient le symbole de l'autorité seigneuriale sur l'île.
La possession de Knolles dura huit ans, concurremment avec celle de Clisson et, de son gendre, Alain de Rohan. En 1368, Knolles céda ses droits à son compatriote, Richard de Cunay ou de Gréné, qui lui-même les abandonna, en 1392, à Guy de la Trémoille, vicomte de Thouars. Un moment donc, l'Île d’Yeu fut possession anglaise. Toutefois, les guerres continuelles empêchèrent les rois d'Angleterre de s'occuper de ce nouveau fief. Du passage éphémère des Anglais, il reste seulement une vague légende de Diables ou de Ventres rouges ayant habité le vieux château (CH.-F. AUBERT, Le Littoral de France, IIIème partie).
Sir Robert Knolles (1325-1407), né dans une famille du Cheshire, servit jeune en Bretagne, et fut l'un des survivants Anglais fait prisonnier par les Français après la célèbre bataille des Trente en mars 1351. Plus tard il sera en Normandie et servira sous Charles II de Navarre, allié traditionnel de l'Angleterre. Il commanda les grandes compagnies dans leur œuvre de dévastation de la vallée de la Loire, se battant alors pour son propre compte et pour le butin (www.histoiredumonde.net).
Après le traité de Brétigny en 1360, Knolles retourna en Bretagne et prit part aux luttes entre Jean de Montfort (Duc Jean IV) et Charles de Blois, pour la possession du Duché. Il y gagne une grande renommée par ses exploits lors de la bataille d'Auray (septembre 1364) où Du Guesclin fut capturé et Charles de Blois tué. En 1367 il marche avec le Prince Noir en Espagne et se bat à la bataille de Najera, en 1369 il est en Aquitaine avec le prince. Au cours de l'automne 1370, la guerre de Cent Ans a été relancée depuis un an par Charles V. Après avoir donné un nouvel essor à l'économie en débarrassant le pays des Grandes Compagnies, il a instauré des impôts durables qui lui permettent de financer une armée permanente afin de reconquérir méthodiquement les territoires concédés au Traité de Brétigny.
Pendant que Du Guesclin guerroyait dans le Midi, Robert Knolles, parti de Calais à la tête d'une forte troupe, ravageait les environs de Paris. Charles V rappela alors Du Guesclin, lui remit l'épée de connétable et lui confia la mission de chasser l'ennemi. Après avoir réuni une armée en Normandie, le connétable se lança, en décembre 1370, à la poursuite de Knolles et le battit successivement à Pontvallain, le 4, à Vaas et à Bressuire. Ces victoires, pas plus que les efforts du pape Urbain V et de son successeur Grégoire XI, ne ramenèrent la paix entre les combattants (R. Delachenal, Histoire de Charles V).
Emergeant de sa retraite, Knolles assiste à nouveau John de Montfort en Bretagne, où il agit comme son second. Plus tard, il conduit une force en Aquitaine et il est un des chefs de la flotte envoyé contre les Espagnols en 1377. En 1380, il sert en France sous Thomas de Woodstock, futur Duc de Gloucester, se distinguant par sa valeur au siège de Nantes ; et en 1381, il alla avec Richard II rencontrer Wat Tyler à SmithField. Il meurt à Sculthorpe (Norfolk), le 15 Août 1407.
Armes des Knolles - Manassas, en.wikipedia.org - Robert Knolles
Le château bénéficiera au cours de la Renaissance d'importantes modifications de son système de défense, avec l'édification d'une ceinture bastionnée en étoile. En 1550 il résistera durant plusieurs semaines aux attaques de deux à trois mille espagnols (rappelant la future bataille de Saint-Quentin 7 ans plus tard), obligeant ces derniers à lever le siège, ainsi qu'à des incursions protestantes venues des Sables d'Olonne et de La Rochelle. Mais l'évolution des techniques de guerre et des armements obligera les seigneurs propriétaires à adopter un nouveau plan de défense de l'île.
Le château sera démantelé en 1699 par ordre de Louis XIV, afin d'éviter d'éventuelles réutilisations par les corsaires anglais (www.yeunet.com).
Les faits suivant rattachent cette île à Ploufragan (chouans) et au Sarnieu (Groisy) (résistants de Haute-Savoie).
Fin septembre 1795, les Anglais pendant abordaient dans l'Île d’Yeu, avec 5000 soldats et 800 émigrés pour soutenir les insurgés de Vendée. Le 2 octobre arrivait, à son tour, le comte d'Artois, frère de Louis XVII et futur Charles X, commandant nominal de l'expédition. Devant l'importance des troupes républicaines sur le continent, ils se rembarquaient le 18 novembre, pour l'Angleterre, le comte d'Artois sur le Jason.
Le 16 novembre 1945, le maréchal Pétain quitte le fort du Portalet pour l'île d'Yeu en passant par Pau et Bordeaux ; il embarque à La Pallice et arrive à Port-Joinville par mauvais temps. Le Maréchal fait conduit immédiatement à la Citadelle de la Pierre-Levée où il y séjournera pendant 2052 jours (jusqu'au 29 juin 1951). Le 8 juin, le Président de la République décrète : " La détention perpétuelle, dans une enceinte fortifiée, prononcée contre Philippe Pétain, est commuée en résidence dans un établissement hospitalier ou tout autre lieu pouvant avoir ce caractère. " Le Maréchal est transporté le 29 juin à la maison Luco située à Port-Joinville en face de la villa " Les Simounelles " où ce dernier a eu l'occasion de séjourner pendant une visite qu'il fit en 1921. A partir du 8 juillet, le Maréchal commence à décliner doucement ; il entre en agonie le 18; elle durera cinq jours. Le 23 juillet, à 9 h 22, le maréchal Pétain cesse de vivre. Le 25 juillet, se déroule à l'église Notre-Dame-de-Bon-Port, le service funèbre à la mémoire du Maréchal Après la cérémonie funèbre, le cortège prend le chemin du cimetière marin de l'Île d’Yeu (www.marechal-petain.com).
intransigeants.wordpress.com, www.journaux-collection.com
Sources
Eugène Bonnemère - Histoire des Camisards
Maurice Pezet, « L'épopée des Camisards », Seghers
[1] Renée Mussot-Goulard, « Les Goths », atlantica, pp. 158-159
[2] « Dictionnaire historique de la Résistance », Laffont, pp. 723-724
[2] « Dictionnaire historique de la Résistance », Laffont, p. 926