Partie I - Généralités   Chapitre II - Points particuliers   Sommet au large de La Rochelle - ÃŽle d’Yeu   

In altum lumen et perfugium

Au large, la lumière et le repos

Devise de l'Île d’Yeu

L'Île d’Yeu est la terre la plus proche du Sommet au large de La Rochelle, comme son nom ne l'indique pas.

Les médailles des empereurs Trajan et Adrien (Ier et IIème siècles) trouvés sur le littoral sud donnent à penser que les côtes de l'île ont pu servir à la relâche de flottes méditerranéennes.

Histoire de familles

Sautons quelques siècles. L'Île d’Yeu (Insula-de-Oys) était un fief relevant de la seigneurie de la Garnache, avec Beauvoir, Ile-de-Monts, et partie des îles de Noirmoutier et de Bouin. Ce groupe féodal relevait lui-même de la duché-pairie de Thouars. Les seigneurs de l'Île d’Yeu furent originairement les mêmes que ceux de la Garnache.

Marguerite de La Garnache épousa, en premières noces, Hugues de Thouars, mort en 1228. Sa postérité porta l'héritage à la famille de Belleville qui le transmit bientôt à la maison de Clisson, par le mariage d'Olivier III de Clisson avec Jeanne de Belleville, veuve de Geoffroy de Châteaubriant, fille et héritière de Maurice, seigneur de Belleville, la Garnache, l'Île d’Yeu, l'Ile-de-Monts, Beauvoir, parties de Bouin et de Noirmoutier. Le connétable de Clisson, Olivier IV, fut aussi grand constructeur de châteaux qu'illustre guerrier. La fille aînée du connétable, Alix, épousa, vers 1380, Alain VIII de Rohan, et lui porta les seigneuries de la Garnache, l'Île d’Yeu, etc. La branche aînée de Rohan a fourni pour seigneurs à notre groupe, Alain VIII, Alain IX, Jean II, Jacques Ier, et la branche cadette (de Gié), Pierre, gendre de Jean II, René Ier, Françoise, duchesse de Loudun, et, après elle, sa nièce Henriette, sœur du duc Henri II de Rohan, et de Benjamin de Rohan-Soubise, deux célèbres chefs du parti calviniste dans les guerres de 1620 à 1629. Après la mort d'Henriette, arrivée en 1624, nous voyons la Garnache en la possession d'une autre famille, et la Chesnaie-des-Bois nous apprend que la seigneurie fut érigée en marquisat par lettres du mois de décembre 1652, enregistrées aux parlement et chambre des comptes, le 10 mai et le 16 juin 1633 en faveur de Henri de Guénégaud, secrétaire d'État et garde des sceaux, qui vécut jusqu'en 1676. Mais Pierre de Gondi, duc de Retz, qui mourut la même année, porta le titre de seigneur de la Garnache et de ses dépendances féodales et le transmit à sa fille Paule-Françoise de Gondi, épouse de François-Emmanuel de Blanchefort-de-Bonne- de-Créqui, duc de Lesdiguières ; elle resta veuve eh 1681, et vécut jusqu'en 1716, laissant pour héritier de ses seigneuries Louis-François-Anne de Neuville, duc de Villeroi et de Retz, marquis de la Garnache, pair de France, etc. Le fils de celui-ci, vendit la seigneurie de la Garnache et toute la mouvance, vers 1775, à Claude du Pas, chevalier de Saint-Louis, capitaine des chevaux-légers de la garde du Roi. L'aliénation de la seigneurie de l'Île-d'Yeu par les seigneurs de la Garnache, avec réserve de la mouvance sous leur fief principal bénéficie à René de Rieux, chambellan du roi de France et du roi de Navarre (Antoine de Bourbon). Il naquit en 1540 et mourut le 25 août 1575. Cela donne lieu de penser que l'aliénation se fit vers le milieu du XVIème siècle par la branche cadette de Rohan, pendant la vie de Pierre ou de René Ier de Rohan. Jean de Rieux l'aîné, marquis d'Assérac, succéda à René, son père, et fut tué à Paris, en 1595, laissant pour fils unique, René de Rieux, marquis d'Assérac, né le 16 août 1592, qui se noya dans le Tibre, à Rome, le 13 août 1609, âgé de 17 ans, en voulant sauver un de ses pages qui se noyait. A ce jeune homme succéda son oncle Jean de Rieux. Jean-Emmanuel de Rieux, son fils qui mourut en 1656, avait épousé : 1° Anne Mangot, fille de Claude Mangot, garde des sceaux de France pendant les années 1616-1617 ; 2° en 1645, Jeanne Pélagie de Rieux, sa cousine. Nicolas Fouquet réalisa pour celle-ci, son amie, des travaux d'aménagements du port et des bastions côtiers vers 1660. Mais la seigneurie fut achetée par Madeleine Mangot, sœur aînée d'Anne, épouse de Aimé de Rochechouart-Mortemart. Jean-Claude de Rochechouart eut pour fille unique Gabrielle de Rochechouart mariée à Jules-Armand Colbert, marquis de Blainville. Anne Colbert de Blainville, sa fille, épousa en 1706, son cousin Jean-Baptiste de Rochechouart. La seigneurie échut à Victorin-Jean-Baptiste-Marie de Rochechouart, duc de Mortemart, pair de France, qui par acte passé devant Me Margotin , notaire à Paris, le 11 février 1785, la vendit au roi Louis XVI, moyennant un million de livres. L'acte rappelle que l'Ile est sous la mouvance de la seigneurie de la Garnache, et qu'elle est vendue avec ses droits et devoirs; d'où il résulte que, en achetant la sous-seigneurie de l'Île d’Yeu, le roi est devenu le vassal de M. Du Pas, marquis de la Garnache et capitaine des chevau-légers de sa garde. Cette acquisition complétait, pour le roi, le système de possession pleine des îles riveraines du Poitou qui, vraisemblablement, présentaient de fâcheux avantages à la contrebande des marchandises étrangères. Le roi avait déjà acheté, en 1767, les îles de Bouin et de Noirmoutier ; la première, de la duchesse de Nivernais, (Hélène-Françoise-Angélique Phelippeaux et la seconde, du prince de Condé. Le million, stipulé pour la vente de l'Île d’Yeu, n'a jamais été payé ; la Révolution survenue a confisqué le domaine récemment acheté, et l'a vendu, sauf cependant le château qui, étant apparemment assimilé à un rocher perdu dans les flots, fut dédaigné de l'officier chargé de faire la saisie, et non compris en son procès-verbal : il a, par conséquent, été omis dans la vente qui ne portait que sur les objets saisis. La famille de Rochechouart a réclamé, sous la Restauration et sous le Gouvernement de Juillet, les conséquences de la vente de 1785 ; elle a été déboutée. On aurait dû lui rendre au moins le château qui ne fut ni saisi, ni revendu (M. De Sourdeval, Annuaire de la Société d'émulaton de la Vendée 1866).

Légendes

" Artémidore raconte que sur la côte baignée par l'Océan, il existe un port nommé le Port des Deux Corbeaux ; que les personnes qui ont quelques démêlés entre elles, viennent en ce lieu, placent sur une éminence une planche, sur laquelle chacune des deux parties pose séparément des gâteaux ; que les corbeaux y volent et que, des deux portions qui leur sont offertes, ils mangent l'une et dispersent l'autre, et, que la personne dont la portion est ainsi gaspillée passe pour avoir gagné son procès. Ce passage de Strabon parait bien s'appliquer à l'Île d’Yeu. En effet, non seulement la pointe sud de l'île porte le nom de Pointe des Corbeaux ou des Deux-Corbeaux. La légende telle qu'elle est racontée par Strabon, est restée longtemps fort populaire dans l'île. Les habitants s'y seraient même montrés tellement attachés qu'ils auraient manqué faire un mauvais parti à un Anglais qui se serait permis de tuer un corbeau. Le désespoir des Ilais se comprend d'autant mieux que (d'après la tradition) il n'y a jamais que deux de ces oiseaux dans l'île, un mâle et une femelle. Ce couple féroce ne permet point aux autres corbeaux du continent de venir partager son empire et il ne craint pas d'exiler sa propre progéniture, lorsqu'elle peut se passer de ses soins. "

Une autre version, rapportée par l'abbé Joussemet, ancien curé de l'île, prouve, à plus d'un siècle de distance, combien cette tradition était vivace dans l'esprit des habitants. " Au sud-est, l'isle s'allonge, dit-il, en une pointe qu'on nomme des Corbeaux. Cet endroit passe pour être le rendez-vous des sorciers du pays. Les anciens disent qu'on y voit, certains jours de l'année, deux corbeaux blancs ; s'ils se dirigent en s'envolant vers le sud, c'est signe que la mer sera belle, si, au contraire, ils montent vers le nord, il y aura tempête. "

Dans la mythologie grecque, Apollon fut un jour si amoureux de la princesse Coronis fille du roi Phlégias, qu'il confia à un corbeau blanc le soin de veiller sur elle. Un jour que le corbeau relâcha son attention, Coronis se laissa séduire par un mortel nommé Ischys. Lorsque Apollon apprit cela, il devint si jaloux, qu'il tua la jeune fille d'une flèche en pleine poitrine. Mais bien qu'elle fût sur le point de mourir, Coronis lui avoua attendre un enfant de lui. Sauvé de justesse par Apollon, Asclépios fut confié au centaure Chiron, chargé de l'éduquer. Comme punition pour sa négligence, Apollon vêtit le corbeau d'un sombre plumage noir (fr.wikipedia.org - Grand Corbeau).

L'aiguille du Chiron-Ragon est une véritable pyramide triangulaire, dont deux faces se présentent unies et la troisième, qui est bombée ; les arêtes en sont vives, le sommet assez aigu. Elle pourrait, elle aussi, avoir marqué l'emplacement d'un cromlec'h : de petites pierres formant, cercle autour d'elle. Il existe un Ker Chiron, dans le sud de l'île.

Le rapprochement de l'île avec Apollon se justifie par son appellation gauloise Ogia qui signifie vierge en gaulois, peut-être un des noms des 9 filles de Belenos assimilé au dieu romain Apollon dans l'Antiquité (Marc Questin, La tradition magique des Celtes).

Temple Druidique Supraïsme

Belenos, appelé "le brillant", dieu puissant de la lumière, dieu médecin, représentant la force de l'homme jeune, fils de Taranis, adoré par des feux allumés à la fête de Belten, à la fin avril. Médecin comme Apollon fut le père d'Asclepios.

Certains voient dans Tombelaine le mot de Belenus ; c'est le Tumba Beleni, l'endroit où se célébrait le culte de Bélenus. L'abbé Desroches y place un collège de neuf druidesses.

" Les Druides enseignaient que Teutatis était le fils de la terre, au lieu de dire qu'il en était le créateur. Au reste, du temps de Cicéron, ils avaient un mépris déclaré pour les dieux des autres nations, et semblaient reconnaître un Etre-Suprême. Ils adorèrent aussi le soleil sous le nom de Bélénus ; ses sacrificateurs habitaient à Tombelaine, qui s'appelait Tumbeleni, c'est-à-dire élévation ou tombeau consacré à Bélénus […] Le Mont Saint-Michel possédait un collège de neuf druidesses. Là plus ancienne rendait des oracles : ces prêtresses vendaient aux marins des flèches, qui avaient la prétendue vertu de calmer les orages, quand elles étaient lancées dans la mer par un jeune homme de vingt et un ans , qui n'avait pas encore perdu sa virginité. Lorsque le vaisseau était arrivé, on députait le jeune homme pour porter des présents à ces Druidesses. Tombelaine était sans doute leur demeure et de là elles venaient rendre leurs oracles sur le Mont Saint-Michel, au milieu d'un bois touffu (Jean Jacques Desroches, Histoire du Mont Saint-Michel et de l'ancien diocèse d'Avranches).

Le souvenir de Belenos se perpétue dans Le Trou du Bélier près du Vieux Château à l'ouest de l'île, ce qui indique par la nature solaire de l'animal (son ancien nom de belin rencontre le Bélénos celte) le coucher du soleil. Astralement, il féconde le signe zodiacal du printemps.

Dans une formule qu'avait accoutumé de réciter contre le tonnerre Alice Henry, dernière "Dame du Grand Mât" de l'Ile d'Yeu, décédée en Juin 1977, à l'âge de 91 ans :

Sainte-Barbe, sainte Flore,

Préservez-nous du tonnerre

Et quand le tonnerre tombera,

Sainte Barbe, sainte Flore nous protègera

Sainte Flore est associée à sainte Barbe, alors que plus généralement c'est sainte Fleur.

La graphie Flore de l'oraison nous rapproche des temps anciens et de la déesse Flora qui selon Ovide, a aidé Junon, la femme de Jupiter, à devenir mère par conception immaculée. C'était une réaction au fait que Jupiter était devenu seul père de Minerve. Flora a touché Junon avec une fleur, l'aidant ainsi à concevoir un enfant, qui allait devenir le dieu Mars. Pour la récompenser, Junon lui a offert une place importante au Panthéon de Rome. D'où les fêtes appelées "Floralia", qui avaient lieu du 28 avril au 3 mai et est donc contemporaine de la fête de Beltaine. La projection de l'île d'Yeu sur le calendrier nonagonal donne le 26 avril (Radio Romania - Flore).

Flore est la déesse des fleurs chez les Latins ; Chloris (la Verdoyante) fut son nom chez les Grecs. Les poètes l'ont fait naître dans l'une des Iles Fortunées, les Canaries, Iles de l'Océan Occidental, perdues depuis, et retrouvées par les Espagnols en 1344. Ovide lui fait dire : " J'étais Chloris, nymphe de ces régions fortunées où tu sais qu'autrefois les hommes voyaient s'écouler leur vie au sein de la félicité. " C'est là que Zéphyr la reconnut parmi toutes les autres nymphes. Il l'épousa, et au même moment arrêta pour elle le cours du temps : parce moyen, il lui légua, avec l'immortalité, une éternelle jeunesse. L'empire des fleurs fut la dot de cette nymphe élevée au rang des déesses. Seulement, par un ressouvenir de son existence mortelle, elle pâlit au déclin de chaque année, dans la crainte que son volage époux ne l'abandonne.

Le culte de Flore était établi chez les Sabins avant la fondation de Rome : elle eut des autels dans l'antique cité de Marseille. Il est donc probable que ses fêtes passèrent de la Grèce en Italie et dans la Gaule. Elle présidait chez les Romains la floraison des blés ; la terre même portait quelquefois son nom, ce qu'attesterait une belle statue de Flore, couronnée de feuillages entrelacés de fleurs, et vêtue d'une longue tunique, sur laquelle se dessine un manteau frangé. Le sphinx, couché à ses pieds, et les hiéroglyphes de la base, la font confondre avec Isis, que les Grecs ont confondue eux-mêmes avec Cybèle, ou la Terre ; on sait en outre que Cicéron range Flore au rang des déesses mères (William Duckett (Fils), Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Volume 9).

Si Fleur est une véritable sainte, il convient de se remémorer certains des dires populaires qui concernent l'abaupin, apaupin, aubépin ou ébaupin, tous termes désignant l'Aubépine dans l'ensemble du Poitou-Charentes et même quèlnàeen l'Ile d'Yeu. On affirme en effet, notamment en Poitou-Charentes, que le tonnerre ne tombe jamais sur l'abaupin, croyance à rapprocher du récit expliquant que cette "fleur" eut jadis l'honneur de fournir la couronne d'épines dont fut coiffé Jésus et que, depuis, elle jouit du privilège de préserver de la foudre lorsqu'il tonne, il faut se réfugier dessous. L'interprétation de "sainte Fleur" par une sanctification de l'Aubépine est confirmée notamment par les formulettes de Sainte-Cécile, de Fontenay-le-Comte, de La Châtaigneraie et de St-Philbert-de-Pont-Charrault et dans lesquelles "sainte Fleur" est explicitement apostrophée comme " Couronne de Notre-Seigneur ".

Les pèlerinages à sainte Barbe ont pour but de préserver les moissons de l'orage. La barbe verte du "blé de la sainte-Barbe", planté le 4 Décembre dans un petit récipient assurant la richesse des récoltes pour l'année qui vient, nous conduirait donc aisément à l'étude des vieilles barbues des moissons. En Vendée, comme en Grande-Brière ou en Limagne auvergnate, la Joubarbe est implantée sur les toitures et les vieux murs. Le Chanoine Conrad de Megenberg écrit, au XVIème sièc1e, que: " La plupart de ceux qui s'occupent de magie disent qu'elle (la joubarbe) chasse le tonnerre et les éclairs, et c'est pourquoi on la plante sur les maisons ". Un auteur, se cachant sous le nom d'Avé précisait: "J'ai revu à Challans, dans mes souvenirs, le château, les vieilles halles aux piliers branlant […] et sur toutes ces habitations, au milieu des mousses et des lichens, fleurissait la joubarbe avec ses jolies teintes purpurines [ ... ] nos ancêtres la considéraient comme un parafoudre bien supérieur à la tige de fer de Benjamin Franklin. Ce que j'ai vu enfant, Alexandre Dumas a dû le voir en 1830, dans sa tournée des bourgs de Vendée: à chaque instant, sur nos toits de tuile, une touffe de barbe de Jupiter frappait ses regards".

La sainte Barbe de nos oraisons semble donc avoir un rapport avec la sanctification de la Joubarbe, tout comme sainte Fleur / Flore pour l'Aubépine, selon un processus de christianisation de croyances très anciennes, puisque le latin Jouis Barba lui-même pourrait n'être qu'un calque maladroit du gaulois ioumbaroum, qui désignait le leimonion (Limonium sp.), car on ne voit guère quel rapport "morphologique" pourrait bien exister entre Jupiter et Sempervivum tectorum. Du reste, cette christianisation semble trouver son stade ultime dans l'usage de planter de petites croix de bois sur les cheminées des bourrines, à l'emplacement traditionnellement réservé à la Joubarbe.

"La joubarbe des toits est réputée diurétique et antiscorbutique. Les anciens Danois la tenaient en haute estime car elle était consacrée au dieu Thor et préservait les habitations contre les influences diaboliques […] Chez les anciens Germains, la plante ainsi placée sur le toit présentait la maison de la foudre. Les latins la nommaient Jovis barba (Joubarbe), c'est- à-dire barbe de Jupiter, dieu de la foudre et du tonnerre, et il est plus que probable que chez eux déjà l'idée de protection des demeures était attachée la plante tectorale" (A. Correvon et Ph. Robert - La Flore Alpine - Genève, Atar).

Les Grecs appellent cette plante aeizoon, les Latins Sempenvivum et Sedum. Apulée la nomme Vitalis ;les Arabes Beiahalalen ou Haialhalez ; les apothicaires l'appellent Sempervivum et vulgairement Jovisbarba; en Français Joubarbe, Italien Sempervivo; en Allemand Hauswurtz et Donderbar (Dalechamps & Moulins, 1615, t. II, p. 29) (Jean-Loic Le Quellec, Sainte Barbe et sainte Fleur).

L'Île Dia et l'Île d’Yeu

Dia (Dye - uh en phonétique anglo-saxonne) est une petite île rocheuse au nord de la Crête. L'île ressemble à un lézard géant dont la légende dit qu'il essaya de manger la Crête et fut pétrifié d'un coup de foudre par Zeus créant ainsi Dia. L'île, aujourd'hui inhabitée, recouverte de forêts il y a 5000 ans, est une réserve de chèvres sauvages de l'espèce Kri-Kri. On y trouve d'importants vestiges de l'époque minoenne, ce qui pourrait laisser penser que Dia était un centre important.

Le récit de Phérécyde d'Athènes (entre 508 et 475) raconte au sujet de Thésée qu'abordant à l'île de Dia, il descendit sur le rivage et prit du repos. Présente à ses côtés, Athéna lui ordonna d'abandonner Ariane et de gagner Athènes. Se dressant aussitôt, il exécuta l'ordre. Tandis qu'Ariane pleurait, Aphrodite apparut et l'invita à prendre courage, car elle serait l'épouse de Dionysos et deviendrait célèbre. Alors le dieu apparut et s'unit à elle, et il lui donna une couronne dorée, que les dieux plus tard placèrent parmi les constellations par reconnaissance envers Dionysos (Université de Louvain - Thésée). La couronne nuptiale deviendra la constellation de la Couronne Boréale aux neuf étoiles selon Ovide (Diagonale Rennes-le-Château - Ban-Saint-Martin). Ariane et Dyonisos furent appelés du nom de Libera et Liber et associé à Cérès lors des fêtes de Cerealia du 19 avril, date du calendrier lié au sommet du petit nonagone le plus proche.

Les Grecs mettaient Ariane, personnage central du mythe du Labyrinthe, en rapport avec des divinités chthoniennes comme Koré, liées étroitement au monde des morts. La connotation funéraire de tout le cycle mythique du labyrinthe s'en trouve ainsi renforcée (Le rituel du labyrinthe dans l'idéologie de la mort en Corse).

Les restes de Thésée furent découverts, dit-on, par Cimon, dans l'île de Scyros, où il avait été enterré, et transportés avec pompe à Athènes. On sacrifia à ces reliques, comme si c'eût été lui-même qui fût revenu dans cette ville. On répéta tous les ans ce sacrifice solennel, qu'on fixa au huitième jour de novembre [date du petit nonagone comme le 19 avril]. On trouve pareillement, dans le calendrier des Chrétiens, la fête des saintes reliques, fixée au 8 novembre (Dupuis, Origine de tous les cultes: ou, Religion universelle, Volume 1, 1835).

Ariane et satyre - Musée de Vallon (Suisse) - www.museevallon.ch

Alors qu'il effectuait son noviciat à l'Île d’Yeu, c'est saint Amand - il baptisa Sigebert III, lui-même enterré au Ban-Saint-Martin - qui combat un reptile hybride ou un serpent, si bien qu'il n' y a plus de serpents venimeux dans l'île.

Le bourg de Saint-Sauveur porte le nom qui servait de titre à Jupiter comme protecteur : Sôter.

Zeus punissait toute violation de l'immunité d'un homme qui avait sollicité la protection des dieux, ou infraction au droit d'asile lié à leurs autels. A ce titre, il prenait l'épithète de Sôtêr (protecteur, sauveur). Il n'y a pas d'autres dieux qui soient autant invoqués par les Grecs pour le secours et la sauvegarde. À l'esprit des grands capitaines, pas de décisions importantes sans le consulter. De nombreux ports ont un temple dédié à Zeus Sôtêr (dieu salvateur). Les Athéniens célèbrent, le dernier jour de l'année, la fête des Disotéria (fr.wikipedia.org - Zeus).

Sous le consulat de Gallien et de Faustinus, il y eut aussi un affreux tremblement de terre, et pendant plusieurs jours le ciel fut obscurci par d'épaisses ténèbres; on entendit, en outre, un bruit de tonnerre, qui venait, non des régions de l'air, mais des entrailles de la terre beaucoup d'édifices furent engloutis avec leurs habitants, et il y eut grand nombre de gens qui moururent de frayeur. Ce désastre fut encore plus affreux dans les villes de l'Asie. Les secousses se firent sentir à la fois à Rome et dans la Libye : la terre s'entrouvrit en un grand nombre de lieux, et il jaillit de ses crevasses de l'eau salée. La mer envahit même plusieurs villes. Pour apaiser les dieux, on consulta les livres Sibyllins, et l'on fit, ainsi qu'ils l'ordonnaient, un sacrifice à Jupiter Sauveur (Remacle - Gallien).

Polichinelle

A la Roche-aux-Fras ou Fadets, ou Farfadets, on raconte une légende : un marin bossu fait écho avec enthousiasme à une chanson chantée par Satan. Sa voix mélodieuse plaît à l'Esprit du mal, qui le délivre de son infirmité. Apprenant cette merveille, un autre bossu court à la Roche- aux-Fras, tout haletant d'espérance. Le malheureux chante faux et l'oreille délicate de messer Satan en souffre horriblement. Une seconde bosse pousse alors sur la poitrine du suppliant, comme Polichinelle.

University of South Florida

Ce que, des siècles plus tard, des auteurs romantiques redécouvrent.

S'il est vrai que Baudelaire, comme Jean Paul, réinvente la Fête des Fous, entre temps Dieu a commencé de mourir, au sens de Nietzsche, et le carnaval de Baudelaire en portera en quelque sorte le deuil. Déjà, dans le trop célèbre Songe mal traduit par Madame de Staël, Jean Paul avait raconté, d'ailleurs sans le moindre humour, comment le Christ mort chercha Dieu " à travers les mondes " sans le trouver : rêve prémonitoire, mais ce n'était qu'un cauchemar vite dissipé. Le nihilisme du " bon Jean Paul, toujours si angélique, quoique si moqueur " reste joyeux. Un nihilisme systématique, une ironie trop intellectuelle, le persiflage glacé lui font peur. Lui " est bon, fort, gai, généreux, bien portant, croit au Bon Dieu, ne se plaint pas de son destin ". Sa mélancolie s'assortit d'une sympathie universelle pour le petit, le laid, l'insignifiant ; " son hilarité sardonique se double d'attendrissement et de philanthropie ". L'amertume et le sarcasme viendront avec H. Heine... et Baudelaire. Car ce portrait que fait P. Stapfer de Jean Paul est tout le contraire de Baudelaire. Jean Paul " a l'art de rendre aimable le grotesque ", dont Baudelaire fait un instrument de malaise. On va donc voir comment l'un habille le Diable en Guignol et l'autre, Guignol en Diable. Si forte soit l'insistance de Jean Paul sur " l'infinitude négative " de son " sublime inversé ", son Diable est rassurant : c'est, dit-il, le Polichinelle des " anciennes soties allemandes " ou de la " grande diablerie française, quadruple alliance guignolesque de quatre diables ", ou bien cet Arlequin qui venait détendre l'atmosphère avant la flagellation du Christ dans les mystères médiévaux :

" Idée profonde ! le diable, vrai monde inversé du monde divin, grande ombre du monde qui dessine par là même la figure du corps glorieux, je le verrais bien aisément comme le plus grand des humoristes " (Jean Paul Richter, Cours préparatoire d'esthétique (1804), traduction et annotations d'A.-M. Lang et J.-L. Nancy, L'Age d'Homme, 1979) (Sarrazin Bernard, Prémices de la dérision moderne, Le polichinelle de Jean Paul et le clown anglais de Baudelaire).