Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Valmigère LIXLIXL : saint Louis   
RENNES LE CHATEAU VALMIGERE POLAIRE SAINT LOUIS

Valmigère

Valmigère correspond au LIXLIXL de la dalle horizontale de Marie de Nègre appliquée au Sceau de Palaja et au plan de l'église de Saint Sulpice (Autour de Rennes le Château : La dalle horizontale de Marie de Nègre : vers Montolieu).

Une autre charte du roi Charles-le-Simple, datée de 931, concède à l'abbaye de Saint-Hilaire la possession de Valmigère qui est appelé Villula-de-Valourso, le village du Val-d'Ours. Ce village donna son nom à la montagne d'Ournes qui renferme une mine de manganèse en pleine exploitation (Louis Fédié, Le Comté de Razés et le diocèse d'Alet: notices historiques, 1880 - books.google.fr).

Notre savant compatriote Louis Alibert connaît ce mot de migère » comme « mesure ancienne de liquides ». Le docteur Cayla, dans son « Dictionnaire des Institutions et Coutumes en Languedoc », est plus précis. Il nous dit qu'il faut entendre par migère le sous multiple d'une « charge » quand il s'agit de l'huile, c'est-à-dire la vingt-deuxième partie de la charge, qui, elle, représentait en poids 180 livres (Roger Nègre, L'intéressante relation d'un incendie qui fit grand ravage à Montréal en l'an de grâce 1729, Montréal, 1er juillet 1978 - garae.fr).

MIGÈRE : Étym. Mige. Qui est au milieu, à moitié (Le Savoir, FER - 773 - 5ème éd. - savoir.fer.free.fr).

L'église paroissiale Saint Louis fut édifiée vers 1700.

Pierre Morel a fait un relevé des titulaires des paroisses et relève sous Louis XIV une « véritable explosion du vocable » de Saint Louis (Pierre Morel, Le culte de saint Louis et les vocables paroissiaux, 1971 - books.google.fr).

Il y avait une cure (= rectorie) de Saint-Genest à Valmigère au diocèse de Narbonne (Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, Haute-Garonne: nos. 1923-1974, table des matières. Redigeé par Thérèse Gerard et Eliane Viallard, 1965 - books.google.fr, Statuts synodaux du diocèse de Narbonne publiez au Synode tenu le XVI. et XVII. juin 1706, 1706 - books.google.fr).

Il y a deux Genest martyrs, l'un greffier à Arles fêté le 25 août aussi, et l'autre comédien à Rome sous Dioclétien fêté les 25 et 26 août, parmi d'autres Genès, Geniez ou Genest (André Du Val, Les Fleurs des vies des Saints auxquelles ont été rajoutées les vies de plusieurs Saints de France, 1712 - books.google.fr, Victor Daniel Boissonet, Dictionnaire alphabético-méthodique des cérémonies et des rites sacrés, Tome III, Encyclopédie théologique, Tome XVII, Migne, 1847 - books.google.fr).

La baronnie de Rennes est au cœur du diocèse d'Alet. « Evêché crotté », disait-on à l'époque. Un dicton courait les presbytères : beati qui habitant urbes exceptis Saint-Papoul, Aleth et Lombez. Etiré du bas Limouxin jusqu'aux plateaux de Cerdagne, il s'allongeait, d'autre part, de Latour-de-France à la pointe extrême du Pays de Sault, enfermant dans ces limites 109 communautés et un peu plus de 30 000 habitants. Pays dur, ingrat, austère. Peu de rivières, quelques méchantes routes; ni commerce, ni industrie; assez de petit bétail, très peu de gros; une agriculture déficiente, retardataire; une population de mœurs rudes, laborieuse, mais peu éclairée, ignorante et routinière. Il ne comprenait ni le pays de Chalabre, dit Terre Privilégiée, inclus dans le diocèse de Mirepoix, ni Bélesta, mais s'avançait au sud jusqu'aux portes de Montlouis. Il abandonnait au Roussillon le haut Confient ; la frontière qui le séparait de cette province suivait à peu près la ligne de partage des eaux entre le bassin de l'Agly et celui de la Têt. Le rocher de Latour marquait sa limite orientale. Au château de Quéribus, la frontière s'infléchissait brusquement, courant d'est en ouest jusqu'au pic de Bugarach. De là, elle laissait au diocèse de Narbonne Fourtou, Valmigère, Missègre et Belcastel pour rejoindre l'Aude à deux kilomètres au sud de Limoux. Une faible partie de ce que nous appelons aujourd'hui le Razès, avec Saint-Couat et Bourigeole, le pays de Sault, le Donezan, le Capcir, le pays de Fenouillèdes, les Corbières occidentales, toute la haute vallée de l'Aude, la vallée supérieure de l'Agly, tel était le domaine dévolu au vénérable François de Bocaud, trente-quatrième évêque d'Alet quand, le 17 octobre 1723, Louis XV le nomma au siège épiscopal (René Descadeillas, Rennes et ses derniers seigneurs, 1730-1820: contribution à l'étude économique et sociale de la baronnie de Rennes (Aude) au XVIIIe siècle, 1964 - books.google.fr).

La vallée partagée. La tradition orale dans les deux villages est identique. « Austres cops » (autrefois) un village se trouvait autour du Castelhas, puis les habitants descendirent dans la vallée qui fut partagée, de là l'origine des deux localités : Missègre et Valmigère. Valmigère se trouvant primitivement sur les pentes de la colline d'Ournes. A Missègre, on précise même que la première maison construite du nouveau village se situait sur la rive gauche du ruisseau presque en face de l'actuelle mairie, on l'appelait « l'ostal dal erla » (la maison du lierre). Compte tenu de ces traditions, examinons les lieux. Lorsque les Croisés, après avoir réduit Buc, se dirigèrent vers Montcournié, ils passèrent obligatoirement par la vallée où se trouvait Missègre. Le village existait puisqu'il est cité dans une réclamation devant les enquêteurs royaux. Ne fut-il pas détruit ?... Etait-il à l'emplacement actuel ?... A 1 200 m environ au N.-W. du village, non loin de l'ancienne mine de cuivre, à un endroit où s'accumulent pierres et murettes, les lieux-dits sont évocateurs : la Tour, le « Clot de la Feralha » (probablement trouvailles de vieilles armes); à proximité sur une colline « Les Clots » (les tombeaux). Il y a également le "col de l'Arca" ; arca, de arca, ae = coffre, sarcophage, désigne les dolmens dans les pays de langue d'oc. L'ancien habitat gallo-romain étant sans doute là et non dans la petite vallée restée marécageuse jusqu'aux temps modernes. Comme pour Montcournié, après la Croisade, il y a eu probablement mutation d'habitat. Autre remarque : en 1247, le territoire cédé par Olivier de Termes au roi forme un tout, Valmigère n'est nullement cité alors que le village et son terroir sont au centre de ceux d'Arques, Peyrolles, Missègre et Terroles. Valmigère n'existait donc pas. En 1260, Olivier de Termes reçoit Montcournié, Bouisse, Lanet ; Montcournié est donc distinct de Missègre. En 1284 et en 1288 Gilles de Voisins accorde des privilèges aux habitants de Valmigère, en 1290 et 1316, à ceux de Missègre. Le partage de la vallée a dû être effectué vers 1280. Résumons donc tout ce qui a été exposé précédemment Buc, l'armée des Croisés continuant à réduire les châteaux des Corbières, remonte la vallée vers Missègre, détruit le village et sa tour, puis par la vallée d'Ournes arrivé à Montcournié rase habitations et castrum. Quelques années après Gilles de Voisins, réorganisant son fief, partage la vallée entre les habitants et crée deux nouveaux villages sur de nouveaux sites : Missègre qui conserve son nom et Valmigère dont le vocable garde le souvenir de sa naissance. C'est d'ailleurs à la même époque que la bastide d'Arques est construite. Pour Missègre et Valmigère, nous ne pensons pas qu'il s'agisse de véritables bastides, la configuration des deux localités ne le ferait pas supposer, et nous ne connaissons pas de charte de fondation ; mais le seigneur précisa ses droits et ceux de ses manants par les textes de 1284, 1288, 1290 et 1310. Avant de terminer, nous voudrions aussi faire état de traditions, restées vivaces, concernant le refuge dans les grottes pendant les époques troublées. Nous avons vu précédemment que l'ordonnance « Cupientes » parle de grottes fortifiées. Ces grottes, difficilement accessibles, connues seulement par les gens du pays, étaient évidemment un refuge idéal. Dans la région Alet, Buc, Bouisse, Missègre nous en citerons deux pour lesquelles persiste la tradition disant qu'elles ont servi de refuge pendant la Croisade. (Cahiers d'études cathares, 1974 - books.google.fr).

Au commencement du XVIème siècle, le vicomte Jean de Joyeuse était attaché au gouvemement du Languedoc, placé alors entre les mains de Charles II, duc de Bourbonnais, pair et connétable de France. Seigneur de Saint-Sauveur au diocèse d'Uzès, Jean devient vicomte de Joyeuse au décès de son neveu Jacques. Il deviendra lieutenant-général de Languedoc, capitaine de Narbonne, chevalier de l'Ordre du Roi. Il épousa, en 1518, Françoise de Voisins, fille unique de Jean IV de Voisins et de Paule de Foix—Rabat, qui lui apporta en dot la seigneurie dont elle était héritière ; une seule commune, celle de Serres, avait été détachée de cette seigneurie et appartenait à l'évêque d'Alet. Jean de Joyeuse devint ainsi baron de Couiza et d'Arques, seigneur de Peyrolles, Terroles, Missègre, Valmigère, Puivert et autres lieux. Depuis plus de deux siècles, la famille de Voisins avait habité, alternativement, le château d'Arques la maison seigneuriale qu'elle possédait à Couiza. Cette maison a subi bien des vicissitudes : détruite pendant les guerres des Huguenots et reconstruite dans le style italien, transformée en usine en 1813, incendiée en 1822, elle subsiste encore, à peine reconnaissable par sa porte, qui a été conservée, avec ses deux pilastres presque intacts formant deux élégantes colonnes, et son large fronton avec corniche (Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne, 1878 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Maison de Joyeuse, racineshistoire.free.fr).

Il est, dans les Corbières, une partie du haut canton de Couiza que les historiens locaux se sont plu à ignorer. C'est la petite vallée qui abrite les deux modestes villages de Missègre et de Valmigère. Tous les auteurs qni ont fouillé dans le passé du Haut Razès se sont étendus longuement sur Saint-Polycarpe et son ancienne abbaye, sur Alet et son célèbre évêché, sur Arques et Couiza et leurs puissants seigneurs ; isolés au milieu de voisins au passé si glorieux. Missègre et Valmigère ont été dédaignés. La préparation d'une monographie de cette vallée nous a mis en présence d'un document que nous croyons inédit. Nous en présentons l'analyse l'estimant intéressant pour l'histoire de cette région. Vers le milieu du XVIème siècle, Missègre et Valmigère eurent un différent au sujet des droits de pâturage et des droits de jouissance de divers bois. Bien entendu, il y eut procès. Parmi les pièces fournies par les parties, nous avons trouvé la copie d'un jugement arbitral de Monseigneur Antoine d'Ax, évêque d'Alet pour un différent entre « les manans et habitans de Missègre et de Valmigère » et « le haut et puissant seigneur Messire Guillaume de Joyeuse, vicomte du Guillaume de Joyeuse, vicomte du dit lieu, chevalier de l'ordre du roi, capitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordres et lieutenant général de Sa Majesté en ce pays de Languedoc, Baron d'Arques et seigneur haut, moyen et bas des lieux de Missègre et Valmigère ». Le 18 Avril 1567, à Avignon, le vicomte de JOYEUSE donne procuration à noble Jean de CASTÉRAS, Ecuyer, seigneur de VILLEMARTIN, capitaine de Pierre PERTUZE, pour le représenter, et, le 18 Juin 1569, les habitants de Missègre et Valmigère désignent leurs syndics, ce sont respectivement Guillaume CAVERIVIÈRE, jeune, consul, pour Missègre, et Guillaume CAVERIVIÈRE, vieux, pour Valmigère. Le 18 septembre de la même année les pièces sont remises à Monseigneur d'Ax qui rend la sentence arbitrale. [...]

Les habitants de Missègre et de Valmigère ainsi que leurs successeurs ont le droit de faire paître « leur bétail tant gros que menu a eux propre ou tenu en parierie les herbes sylvestres par toutes les montaignes et terres du seigneur non prohibées» il doivent payer chaque année le jour de «raquettes» au seigneur ou à ses procureurs vingt sols tournois pour chaque cent de bêtes à « du plus plus et du moins moins » et un sol six deniers tournois pour chaque bête grosse de troupeau et qui ne travaille pas. Ils ne payent rien pour les bêtes qui travaillent « avec injonction aux habitons de déclarer au vray par le même au dit seigneur et autres ayant droit la puissance et le nombre de bêtes sous peine de confiscation de bêtes qu'ils auraient frauduleusement recelées » (Bulletin, Volumes 53 à 55, Société d'études scientifiques de l'Aude, Carcassonne, 1952 - books.google.fr).

Les Joyeuse seront seigneurs d’Arques au moins jusqu’à la fin du XVIe S. Puis ce seront les Rébé. Claude de Rebé, neveu et héritier de l'archevêque de Narbonne Claude (1587-1659) l'achetent en 1646 à la dernière héritière des Joyeuse, Henriette Catherine, duchesse de Guise, la baronnie de Couiza et la seigneurie d'Arques donnait aussi droit de prendre place aux États de Languedoc. En 1707, les barons et marquis de Maine du Bourg seront barons et marquis d’Arques par mariage de Claude-Leonor avec Marie-Joseph de Rebé, jusqu’en 1732 où le marquis d'Avéjean, Louis de Banne, qui tirait son titre de la terre du même nom, sise près des Vans et de Joyeuse en Vivarais, achète le droit de siéger aux Etats de cette dernière, veuve. Mais elle vendit le marquisat de Couisan et Arques à Guillaume de Castanier d’Auriac. Les Poulpry, héritiers des Castanier, posséderont Arques jusqu’à la Révolution Française (reinedumidi.com - Fouquet, f.arsonval.free.fr).

Le fils de Guillaume IV, Guillaume V Castanier d’Auriac (Carcassonne 1702 – Fontainebleau 1765) hérite de l’immense fortune de son oncle. Il se marie à Marie-Jeanne de Lamoignon de Blancmesnil, fille du Premier Président du Parlement de Paris. Il devient par cette union le neveu de M. de Malesherbes. Nommé conseiller d’Etat en 1751, il préside par la suite le Grand Conseil. Il gère également les forges à la catalane de la Haute Vallée de l’Aude et les manufactures des Saptes, Villeneuvette et Cuxac-Cabardès. Mais son fils est tué en duel à la croix d’Auriac en 1762. L’immense fortune revient alors à sa nièce, Catherine Castanier (1729-1814) appelée « Madame », petite-fille de Guillaume IV, épouse en secondes noces le marquis de Poulpry. La liste des fiefs et seigneuries établie pour comptabiliser le droit de siéger aux assemblées électives pour les Etats généraux des sénéchaussées, ne mentionne pas l’ensemble de ses possessions mais nous donne un aperçu de son immense patrimoine foncier. Dans la sénéchaussée de Limoux, ses propriétés s’étendent sur la baronnie d’Arques et ses dépendances, Cassaignes, Couiza, Missegre, Peirolles, Valmigère, Villardebelle, la baronnie d’Escouloubre et ses dépendances, Le Bousquet et Sainte-Colombe et les seigneuries de Camps, Castelreng, Counozouls, Dalou, Montfort, Pomas, Villelongue et la métairie de Labenc. Dans la sénéchaussée de Béziers, elle est comtesse de Clermont et ses dépendances Brignac, Mourèzes et autres lieux, vicomtesse de Lebosc et ses dépendances Sallèles, Nabes et autres lieux, baronne de Lacoste, Dam, seigneur de Sérignan et Saint-Privat. Dans la sénéchaussée de Carcassonne, elle est baronne de Couffoulens et ses dépendances, Grèzes, Maquens, Roullens, Villalbe, seigneur de Cuxac, Jouarres, Preixan et Montréal et des métairies de la Montagne Noire. Cette longue liste ne s’arrête pas là : dans la sénéchaussée de Toulouse, elle est seigneur de Bonroy, Saint-Amant et Lavaur. Dessaisie de tous ses biens à la Révolution, elle émigre pour finalement revenir à Paris où elle meurt le 27 janvier 1814, ne laissant à son neveu le Duc de La Rochefoucauld que quelques terres (L’ancienne manufacture royale de draps de la Trivalle à Carcassonne, 2014 - www.carcassonne.org).

Saint Louis

L'abréviation "L IX" pour Louis IX existe dans des revues de numismatiques ou monétaires (Natalis de Wailly, Mémoire sur les variations de la livre tournois depuis le règne de Saint Louis jusqu'à l'établissement de la monnaie décimale, 1857 - books.google.fr, Adrien Blanchet, Adolphe Dieudonné, Manuel de numismatique française: Monnaies royales françaises depuis Hugues Capet jusqu'à la révolution, Tome II, 1916 - books.google.fr).

La numérotation des rois de France se met en place progressivement.

C'est Primat qui, le premier, en 1274, dans ses Grandes Chroniques de France, a utilisé de façon systématique ce moyen qui permettait d'identifier les rois portant le même nom. Cette numérotation a abouti, toutefois, à des résultats différents d'un historien à l'autre. Elle reste incertaine dans la chronique de Guillaume de Nangis, par le fait que son auteur ne l'a pas rendue systématique. La numérotation de Guillaume de Nangis reste aussi partielle et inachevée pour les souverains carolingiens et capétiens dans la mesure où elle n'a pas été continûment mise en œuvre, quand, par ailleurs, les rois homonymes avaient été distingués par un surnom. [...] Guillaume de Nangis n'ayant pas inclus dans sa liste le roi Louis III (879-882), sa numérotation comporte un décalage qui commence avec Louis IV, qui est pour lui Ludovicus tercius, et se prolonge jusqu'à Louis IX, Ludovicus VIII et sanctus. [...] A la différence de Guillaume de Nangis, Bernard Gui a établi une numérotation des rois homonymes systématique, qui coïncide pour l'essentiel avec celle fournie par l'érudition moderne (Anne-Marie Lamarrigue, La rédaction d'un catalogue des rois de France, Saint-Denis et la royauté: études offertes à Bernard Guenée, 1999 - books.google.fr).

Les catalogues du XVIe siècle se conforment à une tradition séculaire en distinguant les rois homonymes mérovingiens par un nombre («Dagobert, deuziesme de ce nom» ; «Clotaire, quatriesme de ce nom»), les Carolingiens par un surnom (Charles le Chauve, Louis le Bègue). Pour les rois capétiens, de Louis IX à Charles V, les deux systèmes s'additionnent («Sainct Louis, neufiesme de ce nom»...) (Recueil des effigies des roys de France (1567), traduit par Jean-Louis Bacqué-Grammont, 1997 - books.google.fr).

Si on reste sur LIX = Louis IX, alors LIXL peut désigner une date en rapport avec ce roi. Sur le principe de la formulation de "quinze cents" pour 1500, une date commençant par une cinquantaine peut désigner une date du calendrier hébreue. Avec une lecture de droite à gauche on lit L LIX soit 50 59, 5059 qui correspond à l'année 1298/1299.

Lundi 25 Août 1298 = 16 Eloul 5058 ; Lundi 8 Septembre 1298 = Roch-Hachana Tachlih = 1 Tichri 5059 ; et Mardi 25 Août 1299 = 26 Eloul 5059 (roger.stioui.free.fr).

Les dates de naissance et e décès de Louis IX, 25 avril et 25 août, entrent dans le cadre de la datation du Sceau de Palaja (L’étoile hermétique : Louis IX).

Les offices composés à la mémoire de saint Louis conservent un écho de la joie profonde que souleva sa canonisation prononcée le 4 et le 11 août 1297 par Boniface VIII. Le pape vient de donner au royaume le saint tutélaire que Charlemagne n'avait pu devenir pour lui ; une lacune qui existait dans la théorie monarchique en formation a été comblée ; le saint roi est entré désormais dans le rôle d'intercesseur pour son peuple auprès de Dieu. [...] Le plus ancien "Ludovicus decus regnantium" date des lendemains immédiats de la canonisation du roi et de l'institution de sa fête qui fut célébrée pour la première fois à Saint-Denis le 25 août 1298 où les ossements de Louis IX furent levés de sa sépulture pour être déposés dans une châsse sur l'autel, en présence du roi, petit-fils du nouveau saint, Philippe IV le Bel, de nombreux témoins du procès de canonisation – dont Joinville – de prélats, de barons, clercs, chevaliers, bourgeois et gens du peuple. Le magnifique tombeau d’or et d’argent resterait désormais vide. L'auteur de l'office est connu : c'est un dominicain, Arnauld du Pré (ou Duprat) qui après avoir enseigné à Montpellier et à Toulouse acheva sa carrière comme grand inquisiteur de 1304 à 1306. Son œuvre accompagnée d'un schéma de Messe est à coup sûr le document principal et la source des compositions qui vinrent ensuite. [...]

Ces offices, qui sont entièrement propres et qui se déroulent à travers toutes les heures de la fête, présentent un ensemble considérable d'hymnes, d'antiennes et de répons qui permettent d'approcher le saint de près ou de loin. Comme toujours l'apport le plus précieux à sa connaissance réside dans les leçons historiques de matines : elles sont au nombre de neuf le 25 août et de trois seulement le 17 mai, ce qui est une conséquence de la différence de rite que l'on observe de l'une à l'autre de ces fêtes. Rite double et solennel le 25 août, semi-double le 17 mai, sauf à la Sainte-Chapelle, où la fête de la Translation du chef de saint Louis était célébrée avec autant d'éclat que celle du 25 août (Robert Folz, La sainteté de Louis IX, d'après les textes liturgiques de sa fête. In: Revue d'histoire de l'Église de France, tome 57, n°158, 1971 - www.persee.fr, saintdenis-tombeaux.forumculture.net).

En 1305, le roi obtint du nouveau pape Clément V le droit de transférer le crâne de saint Louis de Saint-Denis à la Sainte-Chapelle à Paris. On ferait une exception pour le menton, les dents et la mâchoire inférieure qui seraient laissés à Saint-Denis en guise de lot de consolation. Dès 1299, Philippe le Bel avait commandé un magnifique reliquaire pour la tête destiné à la Sainte-Chapelle. La translation solennelle de Saint-Denis vers Paris eut lieu le 17 mai 1306. Les moines de Saint-Denis firent eux-mêmes confectionner un autre superbe reliquaire pour la mâchoire. Il fut inauguré le 25 août 1307 en présence de Philippe le Bel et d’une foule de prélats et de barons (saintdenis-tombeaux.forumculture.net).

Dès la canonisation du saint roi, des chapelles lui furent consacrées, particulièrement en Ile-de-France et en Normandie. La première paraît être une fondation de Robert de la Marche, à Garches (Hauts-de-Seine) le 7 mars 1298. La chapelle des Dominicains d'Evreux fut placée sous le patronage du nouveau saint le 25 août 1299. Joinville raconte qu'il lui établit un autel dans sa chapelle à la suite d'un songe. C'est en juillet 1304 que Philippe le Bel fonda le prieuré royal de Saint-Louis de Poissy (Saint Louis est né dans cette ville le 25 avril 1214). En 1305 enfin, Pierre de Chambly érigea sous son vocable trois chapelles à Neaufles-Saint-Martin vocable trois chapelles à Neaufles-Saint-Martin (Histoire de Mantes et du Mantois à travers chroniques et mémoires: des origines à 1792, 1971 - books.google.fr).

"Fleur de lix" : LIX

Item fit fere le bon Roy saint Loys monnoye d'argent fin de coppelles, à xij. deniers de loy et pourtoyent treze rondeaux, et dedans chun avoyt une fleur de lix, et estoyent à l'entour du sercle, et furent faiz pour Tamour des xiiij pers de France, et lisoyent Ludovicus rex, ot les appeloyent grox, et aucun les apeloyent espines, et fut la plus belle monnoye que courut oncques puys et la meillore, et nen fut gueres fet (Manuscrit de Vallet de Viriville, 152) (Félicien de Saulcy, Recueil de documents relatifs à l'histoire des monnaies frappées par les rois de France depuis Philippe II jusqu'à François Ier, Tome I, 1879 - archive.org).

LIX L : 50 fleurs de lis

L'album des Pavillons des puissances maritimes offre des planches 1 bis et 1 ter du temps du règne de Charles X. Le dauphin étant amiral de France, le pavillon de l'amiral est plus complexe que d'habitude. L'écu y est écartelé de France et du Dauphiné de Viennois (d'or au dauphin d'azur, crête, oreille et barbeté de gueules), et la couronne est celle de dauphin ; 24 fleurs de lis d'or sèment le champ du pavillon blanc. Un prince de la famille royale a le pavillon blanc semé de 50 fleurs de lis d'or sans rien d'autre et nul ne sait ce que pouvait avoir un prince du sang. Il est curieux de constater que la « décision du Roi relative aux pavillons à arborer sur les bâtimens visités par les Princes de la famille royale » est tardive. Donnons-en quand même le texte qui n'est qu'une régularisation : "Saint-Cloud, le 11 Juin 1828. 1° — Le pavillon royal, parsemé de fleurs de lis, et portant dans son milieu les armes de France, soutenues par deux génies (sic), ne sera ne sera arboré sur un bâtiment ou sur une embarcation quelconque, que lorsque le Roi s'y trouvera en personne. 2° - Un pavillon blanc, parsemé de fleurs de lis dans toute sa surface, et portant dans son milieu les armes de Monsieur le Dauphin, sera arboré sur les bâtimens du Roi ou sur les embarcations où se trouvera son AItesse royale. Le même pavillon sera employé pour Madame la Dauphine. Il sera placé deux ancres en sautoir derrière l'écusson du pavillon qui devra servir à Monsieur le Dauphin, pour rappeler le titre d'amiral de France, dont son Aitesse royale est pourvue. 3° - Pour tous les autres princes de la famille royale, il sera arboré un pavillon blanc parsemé de fleurs de lis dans toute sa surface, mais sans armoiries" (Hervé Pinoteau, Le chaos français et ses signes: étude sur la symbolique de l'État français depuis La Révolution de 1789, 1998 - books.google.fr).

Saint Louis de Rome

François de Joyeuse, né le 24 juin 1562 à Carcassonne, mort le 23 août 1615 à Avignon, est un cardinal et homme politique français.

François de Joyeuse est le second fils de Guillaume de Joyeuse et de Marie Éléonore de Batarnay. Ses frères Anne et Henri deviendront duc de Joyeuse, Antoine Scipion est chevalier de Malte de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, grand prieur de Toulouse puis duc de Joyeuse. Guilluame de Joyeuse (1520-1592) se destina d’abord à l’Église. Il posséda, du vivant de son frère aîné, l’évêché d’Alet. Mais la mort de ce dernier l’ayant fait chef de la famille, et n’ayant pas encore prononcé ses vœux, il renonça à l’état ecclésiastique.

Ordonné diacre de Carcassonne, François devient ensuite conseiller privé du roi Henri III de France. Il est élu archevêque de Narbonne, dont il obtient une dispense pour son jeune âge, le 20 octobre 1581. Il reçoit le chapeau rouge et le titre cardinalice San Silvestro in Capite le 20 mai 1585. François de Joyeuse est nommé « Protecteur des affaires de France en cour de Rome » le 16 février 15872 : à ce titre, il représente les intérêts des sujets français établis à Rome, mais, également, les intérêts du roi de France auprès du pape. Le 11 décembre 1587, il échange son titre au profit de SS. Trinita al Monte Pincio. Le 4 novembre 1588, il est transféré au siège de Toulouse puis de Rouen en 1604 (fr.wikipedia.org - François de Joyeuse).

Le 2 Avril 1475 le Pape Sixte IV, sur la demande de Mr de Montreuil, Ambassadeur de Louis XI, par sa Bulle Créditant nobis desuper confirma l'échange consentie avec l'Abbaye de Farfa, et érigea la paroisse de St Louis des Français sous le vocable de la Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, de St Denys et de St Louis, Roi de France; et par une seconde Bulle du même jour il érigea, constitua et ordonna une Confrérie pour les Français des deux sexes sous le même titre de Confrérie de la Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, de S' Denys et de St Louis, Roi de France. Des difficultés matérielles empêchèrent l'exécution immédiate de la cession consentie par l'Abbaye de Farfa, car nous trouvons qu'en 1508, l'église paroissiale de St Benoit, par suite de l'opposition du Cardinal titulaire de St Eustache, n'avait pas encore été remise aux Français ce qui empêchait la réalisation du projet de construction de leur église. Sur la demande des Cardinaux français Guillaume Briçonnet, François de la Trémouille et Robert Guibé, de Benoit Adam, Auditeur de la Rote et d'autres membres de la Colonie française, le Pape Jules II, par sa Bulle Pastoralis officio du 28 juillet 1508 autorisa l'union, l'annexion et l'incorporation perpétuelle de cette église de St Benoit à St Louis des Français avec autorisation de l'abattre pour construire sur son emplacement un nouveau monument projeté. Enfin le 1er Septembre suivant 1518 eut lieu la pose de la première pierre. Le Pape Léon X délégua pour cette cérémonie, son cousin le Cardinal Jules de Médicis qui fut plus tard Pape sous le nom de Clément VII Sur cette première pierre furent gravées les armes du Pape et celles du Roi de France, François Ier. L'église de St Louis, ce monument de la foi de nos ancêtres était alors presqu'entièrement terminée et la façade élevée par Jacques de la Porta montrait déjà ses grandes et belles lignes architecturales aux regards des passants : encore quelques mois et nous serons arrivés au moment où l'église pourra recevoir la consécration et être vouée avec toute la solennité convenable au culte de Dieu sous le vocable de l'Immaculée Conception, de St Denys et de St Louis, Roi de France. Ce fut le 9 octobre 1589 qu'eut lieu cette cérémonie attendue depuis si longtemps. Sixte-Quint délégua pour cette consécration le Cardinal François de Joyeuse, Archevêque de Toulouse qui fut assisté par Jean Amat et Louis Benoît : il scella dans la chambre d'autel, les reliques des Saints Apôtres Pierre et Simon, de St Luc Evangéliste, des Saints martyrs Xiste Pape, Donat et Irénée Evêques, Sébastien, Cosme et Damien, Ciriaque, Hyppolite, Adrien, Faustin, Cassien, des Saintes Béatrix et Colombe Vierges et d'autres Saints martyrs et confesseurs sans nom (Albert d'Armailhacq, L'Eglise nationale de Saint Louis des Français à Rome : notes historiques et descriptives, 1894 - archive.org, saintlouis-rome.net).

Louis de Monjosieu, gentilhomme du Rouergue, était issu d'une famille qui donna deux lieutenants généraux à la Sénéchaussée de Villefranche : Bertrand, en 1329, et Bérail, dix ans plus tard. Etant allé s'établir à Paris, il s'y fit connaître par divers ouvrages d'érudition qui annonçaient une instruction étendue et variée, et dont voici les titres: Préceptes de rhétorique mis exactement en table par une singulière méthode; Traité de la nouvelle cosmographie, etc.; De re nummaria et ponderibus; Traité des semaines de Daniel et des paroles du prophète Ezéchiel; ce dernier ouvrage fut imprimé en 1582. La composition de ces livres n'absorbait pas tout son temps. Il donnait des leçons de mathématiques et eut un illustre élève, le premier duc de Joyeuse. Celui-ci étant allé à Rome en 1583, il l'y accompagna ; et quelques mois de séjour lui suffirent pour produire un ouvrage encore aujourd'hui très-remarquable. Ce fut Gallus Romœ hospes, ubi multa antiquorum, monumenta explicantur. Cet ouvrage, dédié à Sixte-Quint, fut imprimé à Rome, in-4°, en 1585. De retour en France, Montjosieu, qui s'était fort occupé de mécanique, voulut la faire servir à l'utilité générale, et il entreprit de nettoyer les rues de Paris en les débarrassant des immondices qui les obstruaient : malheureusement, il ne réussit qu'à déranger sa fortune. Il voulut la réparer en se mariant : il épousa une méchante femme qui fut cause de sa mort. On a dit, dans des dictionnaires historiques, que Montjosieu avait été le maître de mathématiques de Gaston, frère de Louis XIII. Il est à remarquer à ce sujet que Montjosieu était mort avant de Thou, décédé le 7 de mai 1617, et que Gaston était né le 25 avril 1608 (Marc Antoine F. Gaujal, Études historiques sur le Rouergue, 1859 - books.google.fr).

Selon I. Herklotz, Louis de Montjosieu (dans son Gallus Romœ hospes, Rome, J. Osmarinum, 1585) serait le premier à faire le lien entre les monochromata antiques (cités par Pline et Alberti) et la pratique moderne du clair-obscur. Cependant, Castelvetro (qu'Herklotz ne mentionne pas) est clairement influencé par la mode de la grisaille et intéressé par son statut théorique dans le paragone entre peinture et sculpture (comme le montre un autre texte, cité en I, 1, p. 50, n. 81). Ce faisant, il prend activement position dans le débat sur les monochromata : comme Vasari et plus tard Armenini, il les définit comme une sculpture feinte, alors que Montjosieu et les auteurs du xvIIe siècle (Mancini, Dati, Poussin) y verront surtout la reprise d'un procédé antique. Voir I. Herklotz, « Poussin et Pline l'Ancien : à propos des monochromata », in O. Bonfait (éd.), Poussin et Rome, Paris, RMN, 1994, pp. 13-30. [...] Montjosieu fut le premier à distinguer deux types de peinture monochrome, évoqués par Pline à propos de deux époques différentes : la première, pictura unicoloris, consistant simplement à remplir d'une couleur unie les contours formés par le dessin, succéda immédiatement à l'invention de la ligne. Les peintres découvrirent progressivement l'usage de l'ombre et de la lumière, donnant naissance à la pictura bicoloris, puis à la pictura tricoloris. Cette dernière correspond au monochroma ex albo que Pline attribue à Zeuxis : une peinture illusionniste, fondée sur le recours maîtrisé au clair-obscur et aux rehauts de blanc. C'est cette seconde technique qui est comparée à l'usage moderne du clair-obscur et louée par les critiques. Même après la découverte de Montjosieu (et a fortiori avant), les commentateurs d'Aristote ne font jamais allusion à plusieurs types de monochromata. La distinction est en revanche reprise par les théoriciens de l'art : Carlo Dati, proche ami Poussin, dans une lettre adressée au peintre en 1653, oppose les monochromata sans ombre ni lumière aux monochromata de Zeuxis et d'Apelle, pourvus d'ombres et de rehauts qui lui donnent un effet plastique. Il en profite pour critiquer la tripartition de Montjosieu, que Poussin achèvera de réfuter en observant que l'ombre et la lumière ne sont pas des couleurs - sinon, il y aurait autant de couleurs que de gradations d'ombre et de lumière, c'est-à-dire une infinité (Emmanuelle Hénin, Ut pictura theatrum: théâtre et peinture de la Renaissance italienne au classicisme français, 2003 - books.google.fr).

Il y a très peu de couleurs simples. M. Newton n'en compte que sept: le rouge, l'orangé, le jaune, le vert, le bleu, l'indigo et le violet. Il y en a un nombre infini de composées; je veux dire, qui résultent de leurs mélanges en les prenant deux, trois à trois, quatre à quatre, etc., etc., en combinant encore ces résultats les uns avec les autres pour en former de nouveaux mélanges, qui, par les règles des combinaisons, nous en donneront encore un plus grand nombre à l'infini. Ou plutôt, parce qu'il est évident que chacune d'elles, soit simples, soit composées, peut avoir à l'infini divers degrés de force & de vivacité, suivant lesquels en les peut mêler ensemble pour en produire d’autres, ne pourroit-on pas dire qu’il y a dans la Nature, non-seulement une infinité, mais une infinité d'infinités de couleurs différentes ? Au moins est-il constant, qu’après tant de siècles d’observations, l’expérience nous en découvre tous les jours de nouvelles (Essai sur le Beau) (Yves Marie André (1675-1764), Oeuvres philosophiques (1741), 1969 - books.google.fr).

Les cinq parties de son Gallus Romae Hospes ubi multa antiquorum monimenta explicantur, pars pristinae formae restituuntur, (Rome, 1585), étudient ou tentent de reconstituer certains monuments romains - la pyramide de la porte Trigémine, les obélisques, l'arc de Janus, le septizonium (1-2), le Panthéon ; suivent deux chapitres sur la sculpture et la ciselure (3) et sur la peinture (4) souvent réédités. Le 5e chapitre, consacré au forum, propose une localisation des monuments disparus. Pour apprécier sa démarche, nous nous sommes fondée en particulier sur les lectures antérieures des livres 34 à 35 de Pline, mais aussi du traité de Vitruve et des Images de Philostrate. [...] Montjosieu a pu entretenir des liens avec l'Académie du Palais et Blaise de Vigenère, qui donna une traduction et un commentaire des Plattes images (Colette Nativel Colette, L'étude des théories de l'art (XVIe-XVIIe siècles). In: École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologiques. Livret-Annuaire 13. 1997-1998. 1999 - www.persee.fr).

C'est donc d'abord un nouveau lexique que Junius fournit aux amateurs, comme aux peintres de la nouvelle académie. Cette attention portée au vocabulaire n'était certes pas nouvelle. On la rencontre, au siècle précédent, chez les commentateurs du livre XXXV de Pline l'Ancien qui cherchent à éclairer le texte du Naturaliste en trouvant des équivalents dans les langues modernes, chez un Vigenère aussi qui complète sa traduction des Plattes Images de Philostrate d'un copieux commentaire riche en études lexicales et dont la prose ornée est émaillée de termes empruntés au vocabulaire du métier, dans la tradition de la Pléiade (Colette Nativel, Quelques apports du De pictura ueterum libri très de Franciscus Junius à la théorie de l'art en France, Revue d'esthétique, 1997 - books.google.fr).

Philostrate (en latin Lucius Flavius Philostratus), surnommé Philostrate de Lemnos, est un sophiste romain de langue grecque de la première moitié du IIIe siècle. Parmi ses œuvres énumérées dans la Souda, il reste : les Images ou Tableaux (Eikones, latin Imagines) : recueil de 64 descriptions de tableaux qui se trouvaient dans un portique à Naples, en deux livres ; non pas vraiment critique d'art, mais modèles de composition rhétorique dans le genre de la description ; et les Héroïques ou Dialogue sur les héros : dialogue à Éléonte, au bord de l'Hellespont, entre un vigneron et un marchand phénicien de passage sur les héros de la guerre de Troie (fr.wikipedia.org - Philostrate de Lemnos).

François du Jon le jeune, également nommé Franz Junius en allemand ou Franciscs Junius en latin, est né à Heidelberg le 29 janvier 1591. Son père est le théologien réformé François du Jon et sa mère est la fille du théologien réformé et professeur d'hébreu d'origine judéo-italienne Emmanuele Tremellio. En 1617, il devient pasteur à Hillegersberg, près de Rotterdam. Il démissionne l’année suivante après avoir refusé de prendre position dans le conflit théologique qui traverse alors l’Église réformée néerlandaise et qui oppose les partisans du libre-arbitre qui suivent la doctrine de Jacobus Arminius et ceux de la prédestination qui adhèrent aux idées de son oncle Franciscus Gomarus. Cette démission lui offre la chance de se lancer dans des voyages : en France, puis en Angleterre où, en 1620, il est embauché par le comte d’Arundel, Thomas Howard, un collectionneur passionné d’art et de manuscrits. François du Jon devient d’abord le tuteur de son fils, puis son bibliothécaire. Pour le comte d’Arundel, du Jon écrit un ouvrage sur la philosophe de l’art, De pictura veterum, qui devient la pierre angulaire du classicisme. D’abord publié en latin en 1637, il est traduit par du Jon lui-même en anglais (1638) et en hollandais (1641). Après avoir passé plus de vingt ans en Angleterre, du Jon retourne aux Pays-Bas en 1642 à la suite du comte d’Arundel qui s’était éloigné de l’Angleterre à l’occasion du soulèvement contre le roi Charles Ier (fr.wikipedia.org - François du Jon (linguiste), La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Etudes particulières de psaumes : Psaumes 13 et 52 : Hermann ou Arminius).

La dévotion à la croix de saint Louis

Dans une enluminure contemporaine, extraite de la Fleur des chroniques de Bernard Gui, le prédicateur, dans la partie gauche de l’image, prêche devant une assemblée déjà croisée ; à la croix prêchée, de type processionnel, tenue par un jeune clerc en retrait, font écho les insignes fixés au vêtement des auditeurs, dont le roi. La croix quitte alors sa position centrale pour figurer parmi l’assemblée ; elle n’est plus seulement l’attribut du prédicateur-médiateur : elle devient véritablement la marque des croisés qui se l’approprient. Ce changement d’attribution de la croix prêchée est particulièrement sensible dans les scènes d’apposition. Ainsi, dans le Livre des faits de monseigneur saint Louis, manuscrit richement enluminé de la fin du XVe siècle, les barons se croisent entre eux en assistant aux exhortations du cardinal Eudes de Châteauroux, tenant des documents dont le caractère authentique est matérialisé par les sceaux qui y sont appendus. Le texte témoigne de l’efficacité de la prédication qu’il « fit honorablement et grandement en obeyssant au dit pape » et souligne la manière dont il « donna vouloyr et courages a grant nombre de barons, prelatz et seigneurs du royaume de prendre la croix ». Dans cette image, ce n’est plus le prédicateur qui donne solennellement la croix, mais c’est son discours qui entraîne l’adhésion spontanée de l’assemblée. [...]

A côté de Pierre l’Ermite, Godefroy de Bouillon et Louis IX restent dans la mémoire des textes d’admirables figures de croisés. Les expéditions du roi de France, en particulier, ont largement inspiré les historiens, autant par la politique orientale qu’il inaugura que par les manifestations de son dévouement, de son enthousiasme et de sa piété. Le moment de la prise de croix avant le départ pour la septième croisade est de ce point de vue exemplaire. Les épisodes de la maladie, de la guérison miraculeuse et de la prise de croix par le saint roi ont été rapportés par plusieurs auteurs. Ainsi, au chapitre trois de sa Vie de saint Louis, consacré à la « ferme créance » du roi, Guillaume de Saint-Pathus décrit la scène en ces termes : « Quant li benoiz roys fu ainsi malades ou lieu devant dit [Pontoise] si furent en sa presence devant li l’evesque d’Amiaus [Meaux], Et leur requist li benoit roys que la croix d’outre mer li fust donnée... la li dona l’evesque de Paris la croiz d’outre mer. Et il la reçut a grant devotion et a grant ioie en besant la et en metant ycelle croiz sus son piz moult doucement » Au XIVe siècle, Mahiet, qui a peint les enluminures de cet important cycle sur saint Louis, a illustré littéralement l’attachement fervent du roi au signe de la croix : le visage encadré et éclairé par le nimbe d’or et la couronne, Louis IX presse la croix sur sa poitrine. Plus que l’ampleur de son geste et la présence ostentatoire de l’insigne, c’est la grandeur de l’engagement qui est figurée : une détermination que n’altère pas son état de faiblesse, en même temps que la solitude de sa décision accentuée par l’espace qui le sépare des assistants, dont font partie les évêques de Paris et de Meaux. Dans le Livre des faits de monseigneur saint Louis, datant du XVe siècle, ce moment de la prise de croix à la veille de la septième croisade, quand le roi « soubdainnement revint et fut guery et voua prendre la croix », a également été représenté. Le sentiment prêté par l’auteur à l’assemblée qui le vit « ainsi malade en demonstrant sa grant humilité » dut être partagé par les lecteurs du manuscrit qui virent le roi alité, torse nu, tenant de son bras maigre un crucifix. Une fois de plus, c’est la dévotion du roi pour le signe de la croix qui est illustrée ; mais dans ce cas, il est distinct de l’insigne de la croisade. Le crucifix est avant tout une image de la Passion et son emploi dans l’illustration de la maladie du roi célèbre plus le moment intime de la prière, du recueillement, qu’il ne renvoie au départ pour la croisade ; l’enlumineur donne ainsi une autre dimension à l’engagement de Louis IX. D’autres textes, moins partisans sur la personne de saint Louis, rappellent aussi ce que fut cette prise de croix, comme les exemplaires offrant une continuation française étendue de la chronique de Guillaume de Tyr. Le passage rapportant cet événement est vivant et circonstancié. Il soubgne l’insistance de la requête de Louis IX qui, après avoir repris ses esprits et réclamé une première fois la « croix d’outre-mer », répond à sa mère et à sa sœur qui tentent de le dissuader : « ‘Bien le sachiés que ie ne mengerai ne buverai iusques ad ce que aie la croix sur l’espaule pour aler oultre mer'. Lors rapela l’evesque de Paris derechief et lui dist ‘donés moy la croix’. L’evesque ne li osa refuser si prist une piece d’un las de soye et lui mist la croix et se mist a genoux tout en plourant devant le roi et la lui bailla. » La description figurée de l’épisode est relativement constante au XIIIe et au XVe siècle. La maladie de Louis IX est suggérée par son alitement ; dans le manuscrit d’Amiens, sa tête est entourée d’un tissu et sa couronne est posée sur un oreiller. Le roi tient la croix ou la reçoit des mains de l’évêque de Paris. Les expressions de l’assistance, souvent présente à son chevet, peuvent renvoyer à diverses réactions : prière pour demander la guérison ou pour honorer le rétablissement, prière devant l’acte de foi et de piété, ou gestes de réprobation à l’annonce d’un départ jugé peu prudent. Ces images de Louis IX se croisant ont un caractère original et unique : elles représentent une prise de croix sans prédication et un engagement totalement personnel. L’initiative de croisade, décidée d’ordinaire par le pape, revient ici au roi dont le vœu fut antérieur à la bulle de 1245. Pour les lecteurs des manuscrits illustrés, mettant en scène cette iconographie, le roi de France dut apparaître comme un croisé exemplaire. La figure de Louis IX, initiateur de sa propre croisade, est magnifiée et, à travers elle, la croix, non seulement associée au vœu de croisade mais aussi au rétablissement miraculeux. La croix de la croisade est transcendée pour devenir l’outil de la prière et de la dévotion privée (Fanny Caroff, La croix prêchée et la croix du croisé, le moment de la prise de croix dans les manuscrits enluminés du XIIIe au XVe siècle, Revue Mabillon, 2001 - www.brepolsonline.net).

Les ordres mendiants du XIIIe siècle firent leur et popularisèrent cet appel à une vie de pauvreté et d'humilité dévolue à la mission : c'est pourquoi ils adoptèrent comme signe distinctif les pieds nus et le froc tout simple. En outre, pour la théologie franciscaine, paupertas et humilitas sont des caractéristiques essentielles de la royauté du Christ. Aussi n'est-ce point un hasard ici si Saint Louis, fortement influencé par la théologie des ordres mendiants, aspirait lui-même à l'idéal franciscain de l'humilitas et de la paupertas, afin d'accéder à la conformitas Christi. Les reliques de la Passion, que Saint Louis avait obtenues en 1239 et pour lesquelles il fit construire la Sainte-Chapelle, expriment tout particulièrement le lien qui s'établit entre regnum et humilitas dans le Christ. Dans la présentation initiale, la combinaison de matières pauvres et de formes emblématiques dans les reliques de la Passion, en particulier la couronne d'épines, le manteau rouge et le sceptre en roseau de la dérision, faisait de l'humilitas un élément essentiel du regnum Christi. Lors de leur translation, Saint Louis vint recevoir les reliques de la Passion à la limite de son territoire dans une attitude d'humilité, pieds nus et revêtu seulement d'une simple cotte, donnant ainsi lui-même un royal exemple de l'humilitas chrétienne. Cette conception du Christ-Roi, marquée par la spiritualité franciscaine, a déterminé la séquence centrale de la liturgie de la Sainte-Chapelle : la dévotion de la Croix, au cours de laquelle le roi de France présentait solennellement les reliques. Elle se retrouve également dans la fête de Saint Louis, à l'occasion de la célébration liturgique commémorant la Translatio. Cette théologie qui unissait humilitas et regnum Christi, mission et Passion, était donnée à voir à la Sainte-Chapelle non seulement par la liturgie et l'ostension des reliques, mais aussi grâce aux images, tels les manuscrits enluminés et les vitraux (Annette Weber, Les grandes et les petites statues d'apôtres de la Sainte-Chapelle de Paris, traduit par Françoise Monfrin, Hypothèses de datation et d'interprétation. In: Bulletin Monumental, tome 155, n°2, 1997 - www.persee.fr).

Calderon

J'étais allé au camp du Larzac où mes soldats étaient en manœuvres et où le Général de Lattre de Tassigny avait invité tous les aumôniers militaires de la région à l'occasion de l'inauguration de la chapelle et du foyer du camp. C'est au retour que je reçus la lettre de Joe. Evidemment, la lettre que je lui avais envoyée le 19 mai — et, plus encore celle que Simone Weil lui avait écrite le 12 — lui avaient donné à réfléchir. Y a-t-il eu à ce moment-là une lutte dans son âme ? On ne peut pas dire que Joe manquât de courage. Il avait prouvé le contraire. Mais on lui demandait en somme de changer de vie... La solution qu'il prit était à la fois timide et hasardeuse... Il avait raison de parler « de l'incertitude d'un jeu qui frise l'échec désastreux de toute une vie ». pense que Dieu a été infiniment patient avec lui. Il y avait peut-être chez lui une façon de voir que saint Grignion de Montfort analyse dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge en nommant ceux qu'il vise « dévots présomptueux ». Son imprudence et son espoir de finir par une bonne confession, sans tâcher de vivre chrétiennement, m'a fait penser depuis au personnage d'Eusèbe dans le curieux et beau drame de Calderon, La dévotion à la Croix. C'est une déformation de ce que lui avait enseigné au Lycée le Chanoine Cros et c'est, hélas ! une attitude assez fréquente. Je lui répondis le 26 août. J'ai gardé copie de ma lettre, par papier carbone. Si j'avais à la refaire aujourd'hui, et surtout si j'avais connu la lettre de Simone Weil, elle aurait eu, sans doute, un ton bien différent (Gabriel Sarraute, La contrition de Joë Bousquet, 1981 - books.google.fr).

Tous les jeudis du Carême, à huit heures du soir, dans l'église cathédrale, sermon pour les hommes seuls, par M. le chanoine Cros, du chapitre de la cathédrale (L'Express du 18 février 1907) (rosalis.bibliotheque.toulouse.fr).

Antoine Cros est né à Valmigère, le 15 mai 1846. Il fit ses études au collège Saint-Louis-de-Gonzague à Limoux, puis au Petit Séminaire de Carcassonne. Il fut nommé aumônier du Lycée en 1886. Il le demeura jusqu'à sa mort (18 février 1916) (Gabriel Sarraute, La contrition de Joë Bousquet, 1981 - books.google.fr).

Longtemps méconnu, Alarcon doit occuper une place honorable dans l'histoire du théâtre dont Calderon fut le plus illustre représentant, celui qui devait porter au plus haut point la gloire de ce théâtre et l'emporter avec lui dans la tombe. La vie de Calderon de la Barca (1600-1681) rappelle en plus d'un point celle de Lope de Véga. Il se distingua comme celui-ci par des talents prématurés, courut comme lui la carrière des armes, et comme lui se fit prêtre à l'âge de cinquante-deux ans. Il n'en continua pas moins à écrire pour le théâtre, en accentuant, il est vrai, dans ses œuvres le caractère héroïque et religieux qui a fait de leur auteur le poète national de l'Espagne, et lui valut la faveur populaire en même temps que celle des rois. Devenu après la mort de Lope de Véga, en 1635, le fournisseur attitré des théâtres royaux, nommé chevalier de Saint-Jacques, il servit en cette qualité dans l'expédition de la Catalogne soulevée contre Philippe IV par la politique de Richelieu. A son retour il reçut une pension de trente couronnes d'or par mois, fut chargé d'organiser les fêtes qui devaient accueillir l'entrée de Marie-Anne d'Autriche en 1649, et conserva l'affection de Philippe IV jusqu'à la mort de ce prince. On ajustement comparé Calderon à quelque chevalier du temps de saint Louis, prêchant la foi catholique et l'honneur chevaleresque au milieu d'une foule émue, pour qui la cause de la religion s'identifie avec celle de la patrie. Pour le comprendre, il faut par l'imagination, se faire compatriote du poète et ressentir les émotions, partager les sentiments dont il s'est inspiré. Il mettait au premier rang ceux qu'il puisait dans sa croyance. Indifférent au sort de ses comédies, il donnait les plus grands soins à la conservation de ses autos tirés de l'Écriture sainte comme le Premier et le Second Isaac, la Vigne du Seigneur, les Épis de Ruth, la Première Fleur du Carmel, le Festin de Balthazar. Certains de ces autos le Parnasse sacré, la Création de l'homme, sont trop remplis d'abstractions qui personnifient le Péché, la Mort, le Mahométisme, le Judaïsme, la Justice et la Charité, mais la foi les anime et s'y traduit par des chants d'un lyrisme admirable, relevés par une mise en scène des plus pompeuses. [...]

La Dévotion à la croix nous montre le bois sacré dressé dans un site sauvage, au fond d'une gorge des montagnes. C'est au pied de cette croix que fut exposé à sa naissance et recueilli par un berger le sombre héros du drame. Il a été nommé Eusèbe de la Croix, et ce nom suffit pour le protéger, malgré les désordres de sa vie. Un frère vient-il lui demander compte de l'outrage fait à sa sœur: il tombe percé de son épée. Des voyageurs qu'il vole et assassine reçoivent de lui la sépulture chrétienne. Un seul échappe à ses coups : c'est que la balle qui l'atteint s'amortit sur un livre où sont racontés les miracles de la croix, et qu'Eusèbe exige pour toute rançon. Poursuivi et cerné dans son repaire, il va mourir et demande un prêtre pour l'absoudre; le prêtre survient, et c'est l'homme qu'il avait épargné; mais il est arrivé trop tard, au moment où les soldats ont fermé la fosse du brigand qu'ils ont tué. La prière du prêtre obtient qu'il en sorte; il se confesse et meurt en paix avec le Ciel. Ce cadavre qui se ranime sous les yeux des spectateurs, ce mort vivant rappelé de la tombe, où il se replonge quand son âme est purifiée par un acte de repentir, devait produire sur un peuple religieux ces effets de terreur et de pitié qui sont l'essence du poème dramatique (Henri Tivier, Histoire des littératures étrangères, 1891 - books.google.fr).

Dans un passage de cette comédie où il est question du pape Urbain III, Calderon nous avertit que la scène se passe vers les commencemens du treizième siècle; mais par les idées, les sentimens, les mœurs, le costume ses personnages sont des Espagnols de la fin du seizième. Pourquoi donc Calderon a-t-il indiqué à ses spectateurs une époque aussi reculée ? Ne serait-ce pas pour leur montrer un lointain plus poétique, et par là frapper plus fortement leur imagination ? (Chefs-d'œuvre der théâtre espagnol, traduit par Albert Damas-Hinard, 1841 - books.google.fr, Œuvres complètes d'Albert Camus, Tome 3 : 1949-1956, présenté par Jacqueline Lévi-Valensi, Raymond Gay-Crosier, 2008 - books.google.fr).

Louis IX, né le 25 avril 1214 à Poissy et mort le 25 août 1270 à Tunis, dit « le Prudhomme », communément appelé Saint Louis, est un roi de France capétien du XIIIe siècle, qui régna pendant plus de 43 ans de 1226 jusqu'à sa mort. Considéré comme un saint de son vivant, il est canonisé par l'Église catholique en 1297. Quarante-quatrième roi de France, et neuvième issu de la dynastie des Capétiens directs, il est le quatrième ou cinquième enfant et deuxième fils connu du roi Louis VIII, dit « Louis le Lion », et de la reine Blanche de Castille, de laquelle il reçoit une éducation très stricte et très pieuse durant toute son enfance. Aîné des membres survivants de sa fratrie, il hérite de la couronne à la mort de son père, alors qu'il n'est âgé que de douze ans. Il est alors sacré le 29 novembre 1226 en la cathédrale de Reims (fr.wikipedia.org - Louis IX).

C'est d'abord au n° 19 de la rue Verdun (actuel n° 23) que le poète vient s'installer en 1919. En pleine Bastide Saint-Louis, la demeure et sa pièce «maîtresse» (la chambre de l'écrivain), au calme étonnant, conservent la trace de passages illustres. Peintres, poètes et écrivains, tous genres et toutes générations confondus se sont bousculés chez cet étrange «bonhomme» : Ernst, Klee, Miro, Dali, Breton, Eluard, mais aussi Valéry, Gide et Colette. Après avoir longé les quartiers de la «ville forteresse», à l'architecture du XIIIe siècle, typique de la ville Basse, chaque visiteur doit emprunter de petits couloirs tamisés et un escalier étroit pour gagner la chambre que le poète quitta fort peu. Ici, autour du lit - seul «espace-vie» de l'écrivain -, les livres sont partout sur les tables, sur le sol, sur le lit, sur les étagères ; l'atmosphère est brumeuse, confinée comme au temps où l'opium faisait partie du «théâtre» Bousquet. On retrouve aussi, dans ce carré mythique, les cahiers de l'écrivain qui aimait à les remplir soigneusement de bribes poetiques, d'impressions oniriques. De cette époque, tout est resté intact : peu de lumière et un monde qui s'agglutine encore autour de l'œuvre et de la chambre de l'auteur du Meneur de lune. À défaut de pouvoir arpenter la campagne audoise qu'il admirait (Béatrice Méneux, La France des écrivains, 1997 - books.google.fr).

Psaume 123

Plus tard, quand les Gaulois, perdant peu à peu leurs pures croyances sous l'influence désastreuse des étrangers, furent tombés dans le culte idolâtrique, ils commencèrent à adorer ce qui autrefois était simplement en vénération, les fontaines surtout, qui réalisaient à leurs yeux obscurcis les attributs d'une Providence bienfaisante. Les premiers missionnaires chrétiens, comprenant la difficulté de faire disparaître du coeur du peuple cette vénération idolâtrique pour les fontaines, firent ce qu'ils avaient déjà fait pour les ménirs sur lesquels ils avaient gravé le signe de la Rédemption. (VLC, p. 278)

« Une source, ithurri beghi bat. » Commencer à hâter sa course – heat (hit), course, – to hurry, hâter, – to begin (biguin), commencer. « Une fontaine, ithurri bat. » Précipiter sa course, – heat (hit), course, – to hurry, précipiter. (VLC, pp. 123-124)

Psaule 122, 1-2 : Vers toi j'ai les yeux levés, qui te tiens au ciel; les voici comme les yeux des serviteurs vers la main de leur maître. Psaume 123, 4 : Alors les eaux nous submergeaient, le torrent passait sur nous (ou sur notre âme)...

Les innombrables chrétiens qui vont rendre hommage à la Sainte Vierge, s'arrêtent un instant à la fontaine [de Notre dame de Marceille], et après avoir fait une prière, puisent quelques gouttes de cette eau dont ils mouillent leurs paupières. (VLC, p. 277)

In Missale Romanum, 1651, p. 235. Ver Juan Bona, El sacrificio de la Misa, p. 128: «En el sexto, Spera in Deo, considera que no debes perder el ánimo, pues te queda la esperanza en tu salvador, en quien debe toda confianza apoyarse, que él mismo te concederá que, perdonadas tus culpas, te alegres en él, y perseveres en sus alabanzas». vv. 342-44 Corazón, pues si al que yerra /[...] /a Dios en nombre de Dios: antes de llegar a estos versos, el sacerdote con el ministro volvían a repetir la antífona Introibo ad altare. Después el sacerdote, haciendo con la mano derecha la señal de la cruz desde la frente al pecho recitaba el siguiente versículo del salmo 123: «Adiutorium nostrum in nomine Domini» (Pedro Calderón de la Barca, Los misterios de la misa, présenté par J. Enrique Duarte, 2007 - books.google.fr).

Lors de la messe, le psaume 42 "Judica me" est récité avant ce psaume 123 (le prêtre : Notre secours est dans le nom du Seigneur / le peuple : qui a créé le ciel et la terre) introduit la confession (confiteor) (Henry-Marie Boudon, Instructions générales en forme de catéchisme, où l'on explique en abrégé, par l'ecriture sainte et par la tradition l'histoire et les dogmes de la religion, 1840 - books.google.fr, Jacques Lacombe, Encyclopediana, ou Dictionnaire encyclopédique des ana: Contenant ce qu'on a pu recueillir de moins connu ou de plus curieux parmi les saillies de l'esprit, 1791 - books.google.fr).

Le psaume 123 est christianisé en : "Mes yeux s'affaibliront à force de regarder mon Sauveur sur la croix" (Ps. 123) (Catéchiste des peuples de la campagne et des villes, J. Pélagaud et Cie, 1847 - books.google.fr).

Outre le Premier et le Sixième Abécédaires, Osuna nous a laissé un ouvrage latin sur la Passion, dans la première partie du « Trilogium evangelicum ». Le livre est destiné aux prédicateurs de carême et l'auteur prévient que la plupart des considérations en sont nouvelles, c'est-à-dire différentes de celles du Premier Alphabet. La première partie du Trilogium Evangelicum, le De Passione (1536) est un véritable Chemin de Croix, composé de quinze stations, allant de la sortie du Cénacle à la mise au tombeau. Les quinze stations sont mises en rapport avec les quinze psaumes des degrés (Fidèle de Ros, Un maître de saint Thérèse: le père François d'Osuna : sa vie, son œuvre, sa doctrine spirituelle, 1936 - books.google.fr).

Curcio raconte la naissance de sa fille Julia, marquée d'une croix de feu sur la poitrine, jumelle d'Eusebio marqué lui aussi qui s'aimeront sans connaître leur fraternité.

A quel homme n'est-il pas arrivé, quand son cœur était plein de chagrins qu'il ne pouvait pas confier à un autre, de s'entretenir seul avec lui-même?... Accablé par tant de malheurs à la fois, j'éprouve quelque soulagement à me trouver seul, en cet endroit désert, face à face avec mes pensées et mes souvenirs. Je ne voudrais même pas que les oiseaux ou les fontaines assistassent à ce solitaire colloque, car les fontaines murmurent et les oiseaux aussi ont leur langage. La compagnie de ces saules agrestes me suffit; leur triste aspect concorde avec mes tristes pensées, et eux, du moins, ne peuvent me trahir... Ces monts furent le théâtre du plus étrange et plus extraordinaire événement qu'ait amené la jalousie. Quel homme, à quelque rang que le destin l'ait placé, n'en a jamais ressenti l'aiguillon ? et quel est celui que la vérité a pu convaincre et délivrer de ces soupçons jaloux ?... C'est ici qu'un jour je vins avec Bosmira... A ce seul souvenir toute mon âme est émue, et je n'ai plus de voix... Et cela est facile à comprendre; car il me semble qu'ici autour de moi, ces arbres, ces rochers, ces fleurs, en un mot, tout ce qui m'environne, se lèvent contre moi et me reprochent une action si infâmel... Je tirai mon épée... Mais elle, sans se troubler, sans pâlir, car en semblable circonstance l'innocence n'a pas peur: «Mon ami, dit-elle, modérez-vous. Je ne veux point vous empêcher de me donner la mort si tel est votre bon plaisir, car vous pouvez disposer de moi à votre gré; mais avant de me faire mourir, daignez me dire pour quel motif vous me tuez.» Et moi, je lui répondis : « Ce n'est pas moi, malheureuse, qui vous tue, c'est l'enfant que Vous portez dans votre sein; c'est cet enfant conçu dans le crime, qui vous tue. Mais vous ne le verrez pas. Je serai votre bourreau à tous deux. » - « Hélas! reprit-elle, si vous me croyez coupable, vous êtes en droit de me tuer. Mais je n'ai jamais manqué à mes devoirs... Non! ajouta-t-elle en se jetant au pied de cette même croix que je vois en ce moment, non ! je ne vous ai jamais trahi, même en pensée; j'en prends à témoin cette croix que j'embrasse et qui me protégera contre vous. » En entendant ces nobles paroles, en voyant son innocence qui resplendissait sur son visage, je me repentis de mon action et fus tenté de me jeter à ses pieds en la priant de me pardonner. Cependant, soit que je me fusse trop avancé pour reculer, soit qu'une aveugle fureur se fût de nouveau emparée de moi, soit enfin qu'une puissance supérieure me dominât à mon insu, je levai, mon bras désespérément, et je frappai mille fois en tous sens : mais chaque fois je ne frappai que le vide de l'air. Enfin je m'échappai, la laissant pour morte au pied de la croix, et je revins à ma maison. Mais là, ô prodige! je la retrouvai,... je la retrouvai belle et charmante, qui tenait dans ses bras une jeune enfant, Julia, divine image de beauté... Quelle joie, quelle gloire pouvait se comparer à la mienne!... Elle était accouchée ce même soir au pied de la croix, et par une rencontre où le doigt de Dieu se révélait au monde, l'enfant qu'elle avait mise au jour portait empreinte sur son sein une croix de feu et de sang. Mais ce qui m'affligea, et troubla mon bonheur, ce fut d'apprendre qu'au milieu des angoisses qu'elle avait souffertes, elle avait cru sentir qu'elle était accouchée d'un autre enfant laissé dans la montagne. Et moi alors... (Calderon, La dévotion à la croix, traduit par Jean Joseph Stanislas Albert Damas-Hinard, 1869 - books.google.fr).

Fleur de Lys ou le Nord et 50 degrés

Il n'y a pas de norme absolue pour l'élaboration d'une rose des vents et ainsi chaque école de cartographes semble avoir développé sa propre norme. Sur les premières cartes le nord est indiqué par un fer de lance au-dessus de la lettre T (pour Tramontana). Ce symbole est devenu une fleur de lys, à l'époque de Christophe Colomb et a été vu sur les cartes portugaises. Toujours au XIVe siècle, le L (pour Levante) sur le côté est de la rose a été remplacé par une croix de Malte, indiquant Bethléem, c'est-à-dire l'endroit où le Christ est né (fr.wikipedia.org - Rose des vents).

Si on considère la chapelle de Planès comme étoile polaire, alors l'axe Valmigère - Planès, qui passe par Arques et Saint-Louis-et-Parahou, fait un angle de presque 50 degrés (comme L de LIX LIX L) avec l'axe Valmigère - Galamus. L'axe Valmigère - Planès aboutit au milieu du segment, à Villar en Val, Roque Mude - Hirondelle (Douzens), sommets du Sceau de Palaja associés respectivement à Mars et à Vénus. L'axe Valmigère - Planès est quasi orthogonal au segment Les Auzils (Brugairolles) - Mayronnes, deux sommets du Sceau de Palaja associés respectivement à Jupiter et à la Lune (Autour de Rennes : Rennes les Bains, la Petite Ourse et le Dragon).

Les littératures, astrologique et religieuse nomment graha «saisisseurs», les astres : Soleil, Lune, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne, le démon Råhu auquel est venu s'adjoindre Ketu, deux phénomènes astronomiques diversement interprétés. [...] Dans un souci «scientifique» les Purana nous apprennent que les neuf Graha, (voire les constellations et les étoiles) sont attachées, par des cordes faites d'air (donc invisibles), à Dhruva (l'étoile polaire). De cette façon, ils se meuvent maintenus dans leurs orbites respectives et circulent grâce au vent (Anne-Marie Loth, Védisme et hindouisme: du divin et des dieux, 1981 - books.google.fr, Autour de Rennes de Rennes : Le Dragon et le Pôle de l’écliptique : Arles sur Tech, Abdon, Sennen, Râhu et Ketu).

Les neuf graha pourront être appliqués au nonagone.

Nous irons visiter, dans la montagne de Saint-Paul de Fenouillet ou Fenouillèdes, l'ermitage de Saint-Antoine de Galamus. Les Fenouillèdes (Feniculeta) sont au pied des monts pyrénéens, et dépendoient du diocèse d'Alet. Saint-Paul des Fenouillèdes en est le seul lieu considérable. C'est une des anciennes dépendances du comté de Rasez. Louis VIII, roi de France, donna en fief, l'an 1226, le pays de Fenouillèdes à Nuno, comte de Roussillon, qui étoit vassal du roi d'Aragon. Saint Louis, en 1228, confirma le don que son père avoit fait au comte Nuno. Après la mort de ce comte, le pays de Fenouillèdes fut réuni à la couronne, et, par le traité de 1258, non-seulement Jacques, roi d'Aragon, renonça à ses droits sur le comté de Rasez, mais aussi au droit qu'il avoit sur celui de Fenouillèdes (Isidore Justin Séverin Taylor, Les Pyrénées, 1843 - books.google.fr, Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Serpentaire, Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 2 - L’énigme du Razès Wisigoth de Blancasall : Anne de Thessalie).

La paroisse de Saint-Paul ayant été réunie au diocèse de Perpignan, Saint-Antoine de Galamus, par suite de cette adjonction, prit rang parmi les ermitages de ce diocèse. Il y a acquis une grande célébrité et il s'y fait tous les ans de nombreux pèlerinages. Les habitans de Saint-Paul se rendent à cette chapelle les lundis de Pâques et de Pentecôte, le 14 septembre, jour de la fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix, pour assister aux offices divins qui s'y célèbrent en ces jours; le lundi de la Pentecôte, il y a grande affluence de divers points du département (Louis Just, Ermitages du diocèse de Perpignan, 1860 - books.google.fr).

En Catalan, un "aplec" est un grand rassemblement de personnes pour diverses raisons : folkloriques (sardanes), politiques (meetings), religieuses (pèlerinages). Chaque ermitage pouvait en connaître un ou plusieurs dans l'année (Sophie Cassagnes-Brouquet, Jean-Pierre Cassagnes, Vierges noires: regard et fascination, 1990 - books.google.fr).

Saint Louis et les aveugles

Selon Michel Pastoureau, au Moyen Age, le cochon est un animal diabolique à cause de sa goinfrerie et de son impureté - qui en font l'un des symboles de la gourmandise et de la luxure - mais également à cause de sa couleur sombre (le cochon médiéval était naturellement noir ou brun) et à cause de sa faible acuité visuelle. Michel Pastoureau souligne par ailleurs que « de tout temps le porc a fait peur à l'homme parce qu'il lui renvoyait de lui-même une image que l'homme voulait ignorer ». (Michel Pastoureau, Jacques Verroust, Raymond Buren, Le cochon. Histoire, symbolique et cuisine du Porc. Paris, Sang de la Terre, 1998, pp. 41-43). Voilà, nous semble-t-il, trop de coïncidences entre la symbolique du porc et la symbolique de l'aveugle, pour que le choix de cet animal dans la joute décrite par le bourgeois de Paris ait été purement fortuit. [...]

D'après Joinville : « Et il fit faire la maison des aveugles à côté de Paris, pour y mettre les pauvres aveugles de la cité de Paris. - Joinville, op. cit., pp. 359-361. Il convient à ce propos de tordre le cou à une légende selon laquelle saint Louis aurait fondé « la maison des Quinze- Vingts pour nourir et loger trois cents chevaliers qu'il ramena d'outre-mer, ausquelz les Sarrasins avoient crevé les yeux » (d'après la Fleur des Antiquitez de Paris de Corrozet, édition de 1532, fol. 40, citée par Léon Le Grand, op. cit., p. 11). [...]

Quinze-Vingt ou trois cents « suivant l'usage médiéval de la numérotation par vingtaines. Par lettres patentes du mois de mars 1269, Saint Louis exprime sa volonté et son commandement - que dans la maison et congrégation des dits Aveugles, on conserve perpétuellement le nombre de trois cents pauvres [...] et que lorsqu'il manquera quelqu'un à ce nombre, il soit pourvu à son remplacement [...] ». Les Quinze-Vingts. Notes et documents, recueillis par Feu l'abbé J.-H.-R. Prompsault [...] Paris, Victor Sarlit Libraire, 1863, p. 15. D'après Jean-Louis Goglin, 300 personnes serait alors le bon nombre au-delà duquel les responsables ne pouvaient plus gérer une communauté. Jean- Louis Goglin, op. cit., p. 37 (Zina Weygand, Vivre sans voir: les aveugles dans la société française, du Moyen Age au siècle de Louis Braille, 2003 - books.google.fr).

L'hospice des Quinze-Vingts était alors situé rue Saint-Honoré au coin de la rue Saint-Nicaise1, sur une pièce de terre appelée « Champourri ». En 1779, sous le règne de Louis XVI, le cardinal de Rohan fit transférer l'établissement rue de Charenton, dans le faubourg Saint-Antoine. L'hôpital est aménagé dans l’ancienne caserne des Mousquetaires-Noirs, qui avaient été supprimés en 1775. Le cardinal de Rohan modifia le système d'administration et porta le nombre d'aveugles à huit cents (fr.wikipedia.org - Hôpital des Quinze-Vingts).

Nous lisons dans un livre publié en 1578, sur les fondations de Saint-Jacques-la-Boucherie, que l'on célébrait encore à cette époque, en l'honneur de Nicolas Flamel, douze grand'messes par an, et que les Quinze-Vingts se rendaient, le 2 janvier de chaque année, à un obit de vigile à trois leçons, une messe haute de requiem, à diacre et sous-diacre, où assistent M. le curé, son vicaire et quatre grands chapelains, le chefvecier et les deux clercs ;'et ils doivent réunir treize pauvres aveugles de l'hôpital des Quinze-Vingts de cette ville, accompagnés d'un chapelain et d'un clerc dudit hôpital, lequel chapelain pendant ladite messe haute dira sa messe basse de requiem en ladite église Saint-Jacques, et les dits aveugles iront à l'offrande et donneront un denier de leur argent, le tout suivant la fondation de Nicolas Flamel, du 21 novembre 1416 (Le Prieuré de Sion : Prologue : Emma Calvé : massacre des Innocents à la grenade).

La naissance de saint Louis, roi de France, est due à la Mère de Dieu et à la dévotion du saint rosaire. La pieuse reine Blanche de Castille désirait ardemment de donner au trône un héritier qui fût selon le cœur de Dieu. Saint Dominique, qui vivait de son temps, lui conseilla de recourir à la trôs-sainte Vierge et à la dévotion du rosaire, de le réciter souvent et d'engager les personnes les plus pieuses qu'elle connaissait dans son royaume à lui rendre, en son nom, le même hommage, et il lui fit espérer d'obtenir le fruit de bénédiction qu'elle désirait, par la protection de la Mère de miséricorde. Blanche suivit ce conseil avec autant de bonheur que de fidélité. La vertu du saint rosaire et la piété de la religieuse princesse obtinrent bientôt l'effet tant désiré. Elle eut un fils, et dans son fils un roi qui fit monter avec lui la sainteté sur le trône, qui consacra sa couronne par toutes les vertus chrétiennes, qui illustra sa vie par les actions les plus héroïques; en un mot, qui porta au tombeau la robe de l'innocence baptismale, enrichie de tous les mérites qui font les saints (Jean-André Barbier, La Sainte Vierge d'après les Pères, 1867 - books.google.fr).

Raoul de Presles, qui dit, qu'un Ange donna à Clovis les fleurs de lys ; & celles de Gerson, qui dans un Poëme à la louange de Charles IV suppose qu'elles furent données à la maison de France par St. Denys. On ne trouve point qu'avant le regne de Philippe Auguste les Français se soient servis de la fleur de lys dans leurs étendarts, dans leurs armes, ni sur leurs armoiries. Louis VII son pere l'adopta pour son fymbole & fut le premier qui la fit graver sur ses monnoies (Philippe André Grandidier, Histoire De L'Église Et Des Évêques-Princes De Strasbourg, Tome 2, 1778 - books.google.fr).

La croix de Valmigère

Une croix à Valmigère porte une date, 1854, avec un 4 en forme de signe astrologique de Jupiter inversé.

Le carré magique de Jupiter, carré de 4, était un talisman contre la mélancolie. Il est présent sur la gravure de Dürer appelée Melencholia I. La valeur du carré de 4 est 136, année de l'ère chrétienne où, après l'issue de la guerre, Adrien continua de rebâtir Jérusalem, qu'il nomma Aelia Capitolina ; Aelia d'après lui, car il s'appelait aussi Aelius, et Capitolina d'après Jupiter Capitolin, auquel le temple fut consacré et où il fit placer sa statue et celle du dieu. 136 est aussi le numéro de la Vulgate d'un psaume : "Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion. Aux saules de la contrée nous avions suspendu nos harpes." (Ps 136,1-2) (Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : Darmstadt et les trois portes).

Croix de Valmigère - www.signovinces.fr

Le tableau, intitulé La Mort de Saint Louis en l'église Saint Paul et Saint Louis, montre Louis IX agonisant et revêtu du manteau azuré semé de lys d'or. Rien que de très banal, mais ce qui l'est moins, en revanche, c'est le nom du supposé peintre, natif de Troyes : Jacques Ninet Lestain. Ce nom, lu à la lumière de ce que nous avons expliqué au chapitre précédent, ressemble à un énorme calembour. La consultation des annuaires de peinture confirme cette impression. Le peintre en question serait en réalité Jacques de Lestin, mort en 1661, alors que sa toile mentionne 1662. Les annuaires nous apprennent que la plus grande confusion a régné quant à l'identité de cet artiste, lequel fut confondu avec Nicolas Ninet. Une contraction eut lieu entre les deux noms et donna Jacques Ninet de Lestin ou Letin ou encore Lettin. Cela est déjà pour le moins singulier, mais que penser de la suite ? Un peintre différent, encore qu'il puisse s'agir du même, nous dit-on peignit une toile pour Notre-Dame de Paris, en 1636 et se nommait Jean-Baptiste Lestain. Que faut-il penser d'un tel imbroglio ? Toujours est-il que Jacques de Lestin résida à Rome, entre 1622 et 1625 et qu'il bénéficia peut-être des conseils de Simon Vouet. Si ce fut le cas, il y rencontra Nicolas Poussin lequel se fit admettre en l'atelier de Vouet en 1624. Confusion ou volonté délibérée d'attirer l'attention du visiteur par des erreurs (celle de la date de décès) – ce qui était, autrefois, le moyen utilisé par les artistes initiés – ou des assonances (le nom de Letain et le métal de Jupiter). Ce monument religieux, placé sous le patronage de saint Paul et de Saint Louis (un saint pas si saint que cela puisqu'il mena la sanglante croisade contre les Albigeois) est décidément très troublant. Il est vrai que saint Paul, porteur de l'épée évoque le fer et que Louis IX (Iovis) désigne l'étain ! Serions-nous au sein de ce que les alchimistes nommaient une Demeure Philosophale, expression désignant toute œuvre d'art véhiculant le symbolisme hermétique ? [...]

L'Oriflamme était la synthèse du rouge – ou élément sulfureux – et du bleu, l'élément mercuriel, l'association de Saint-Denys et de Montjoye constituant le cri de guerre de la chevalerie française, marquait la fusion du fer (saint Denys ayant subi la décollation par le fer de l'épée) et de l'étain, métal dédié à Jupiter. Le nom de saint Merri provient de l'ancien merry signifiant joie qui, comme ses dérivés-jovial, jovialité, joyeux – trouve son étymologie en Iovis (Richard Khaitzine, De la Parole voilée à la Parole perdue, 2017 - books.google.fr).

Montjoie apparaît fréquemment dans les chansons de geste, notamment dans la Chanson de Roland, sous la forme Monjou, comme cri de guerre des chevaliers français. Le nom commun est cité dans les textes du Moyen âge, montjoye, monjoye, mongoye, avec le sens initial de tas, de butte, de motte, en plein accord avec la plus ancienne définition du terme : quaedam congeries lapidum quae vocatur mons gaudii Dei. Il semble, d'ailleurs, que la montjoye puisse être faite de différents matériaux, puisqu'on spécifie en général sa composition : une grosse mongoye de terre appellée la tumbelle, et qu'elle soit de dimensions très restreintes, puisqu'une tombelle est une grosse montjoie. Nous avons, en effet, de fréquents exemples de montjoies pour servir de limites aux champs, de repères aux voyageurs, aux pèlerins principalement ; les montjoies signalées par la toponymie aux abords des grands sanctuaires comme Vézelay, Compostelle, Rome et Jérusalem n'ont pas une autre origine. Un sens figuré, de profusion, de richesse, d'abondance dont la langue du Moyen âge nous donne des exemples nombreux, explique peut-être le cri de guerre des chevaliers. [...]

L'étymologie de M. Gamillscheg passe par le germanique mund-gawi, composé dans lequel mund- signifie « protéger » ou « protection » et gawi, pays (M. Roblin, L'origine du mot Montjoie, Bulletin et mémóires de la Société nationale des antiquaires de France, 1945 - books.google.fr).

Joyeuse est, d'une part, le nom de l'épée de Charlemagne dans la Chanson de Roland, et d'autre part, le nom d'une épée utilisée lors du sacre des rois de France à partir du XIIe ou du XIIIe siècle, dite « épée de Charlemagne ». Elle est l'un des plus anciens regalia du Royaume de France qui subsistent actuellement. Selon la légende, elle portait dans son pommeau de nombreuses reliques, entre autres celle de la Sainte Lance, celle qui aurait percé le flanc du Christ sur la croix, ce qui explique son nom. La Chanson de Roland indique ainsi (laisse CLXXXIII) : "En raison de cet honneur et de cette grâce, / Le nom de Joyeuse fut donné à l'épée. / Les barons français ne doivent pas l'oublier : / C'est de là que vient « Montjoie », leur cri de guerre".

La ville de Joyeuse (Ardèche) devrait son nom à l'épée de Charlemagne. Égarée sur un champ de bataille, celle-ci aurait été retrouvée par un des lieutenants de l’empereur qui, pour le remercier de sa fidélité, lui remit un fief rebaptisé Joyeuse et le droit d'en porter le nom. Se succèdent dans la seigneurie de Joyeuse du XIe au XIIIe siècle la famille de Luc, puis la Maison d'Anduze, et enfin la famille Châteauneuf-de-Randon qui prend le nom de Joyeuse, en 1261, Dragonnet de Châteauneuf devient seigneur de Joyeuse et ajoute aux armes de Châteauneuf trois Hydres ou Dragons (fr.wikipedia.org - Joyeuse (Ardèche)).

Suivant la fable, la grande & la petite ourses ont été les nourrices de Jupiter dans l'île de Crète, lorsque Ops l'élevoit à l'insu de Saturne, au son des trompettes des bacchantes, de peur que les cris de son enfant ne fussent entendus de son père. C'est en récompense de ce service que Jupiter les a placées dans le ciel. Selon Ovide et Hyginus, la grande Ourse était Calisto, fille de Lycaon et nymphe de Diane; pour avoir consenti sur le mont Nonacre aux désirs de Jupiter, elle fut changée en ourse par Diane ou par Junon (Charles-François Delamarche, Les usages de la sphère et des globes céleste et terrestre, selon les hypothèses de Ptolémée et de Copernic, 1791 - books.google.fr).

L'un des plus anciens cultes de Jupiter dans le Latium, celui du mont Cœlius, avait lieu dans une forêt de chênes. On y sacrifiait à Jupiter sous l'appellation de Querquetulanus, c'est-à-dire de dieu du chêne.

Maxime de Tyr constate : "Les Celtes, dit-il, adorent Jupiter ; mais le Jupiter celtique est un grand chêne" (Jean Reynaud, Considérations sur l'esprit de la Gaule, 1847 - books.google.fr).

A mont Caelius on honorait les Quatre couronnés. Quatre comme le symbole de Jupiter.

Badebec (basse de bec) ou de voix basse, les femmes n'ayant pas droit au chapitre, meurt à la naissance de Pantagruel comme Semélé à celle de Dionysos. Le Gargantua, modèle de la pierre ou du bétyle, né de Grandgousier, le Saturne qui avalait ses enfants, est un Jupiter (La Croix d’Huriel et la Ligne gnostique : Quatre de chiffre).

A Brugairolles, un sommet du sceau de Palaja se situe aux Auzils qui avec les Aouzis de Valmigère désignent des chênes verts. C'est sous un chêne que saint Louis rendait la justice (Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1986 - books.google.fr, Henri Barthés, Saint-Geniès de Fontédit, ou, Sant-Ginièis de Fountarecho: des origines au XVIIIe siècle, 1991 - books.google.fr).

"aouzi" signifie aussi entendre (Pierre-Augustin Boissier de Sauvages, Dictionnaire languedocien-français, Tome 1, 1820 - books.google.fr).

Les chênes de Dodone faisaient entendre les oracles de Jupiter.

On sait qu'à Dodone coulait près du chêne prophétique une source intermittente dont Pline rapporte les propriétés singulières : « Son eau glacée éteignait les torches enflammées qu'on y plongeait, ce qui n'a rien que de fort banal, mais allumait les flambeaux éteints, ce qu'il est plus difficile de croire». Sans doute le chêne de Dodone ne passait-il point pour avoir enfanté. Mais, pas plus que l'origine égéenne du sanctuaire, sa liaison avec la fécondité ne fait aucun doute : l'hymne à la Terre-Mère que les prêtresses continuaient à y chanter et que rapporte Pausanias, le rôle des colombes dans la légende et jusqu'à l'épithète étrange de Naïos qu'on y donnait à Zeus, tout oriente dans ce sens. Selon Servius c'était le murmure même de la source (située au pied du chêne sacré) qu'une vieille femme interprétait pour rendre les oracles. Même si l'on récuse ce témoignage tardif, on ne peut manquer de noter, comme le fait Rachet, le « caractère humide » du Zeus Naïos de Dodone. Selon Apollodore, rapporté par Strabon, le mot « Helles » — d'où seraient venus les noms des Selles serviteurs du dieu et des Hellènes - trouve son origine dans les marais qui entouraient le temple (de Helos « marais », et « la mer » dans le langage poétique). Tout se passe donc comme si la présence d'un chêne (ou de tout autre arbre remarquable) n'était pour la conscience mythique que la manifestation, le signe visible, de la vertu particulière des eaux qui baignent ses racines, vertu dont il n'est plus permis de douter lorsque des phénomènes annexes (intermittence, proximité d'un marais mystérieux, etc.) viennent la confirmer. Il en va de même dans le cas des roches remarquables : c'est la source qui féconde, mais c'est la présence de la roche qui atteste le caractère fécondant de la source (Yves Vadé, Sur la maternité du chêne et de la pierre, Revue de l'histoire des religions, Volumes 191 à 192, 1977 - books.google.fr).

Voir la Roque mude, roche mouillée sinon muette.

La proue du vaisseau Argo était de bois de chêne de Dodone.

Sagittaire

Valmigère est dans le secteur du Sagittaire du Sceau de Palaja comme Le Bézu (Albedunum, colline blanche du Serpent rouge). Brugairolles, sommet du Sceau de Palaja daté du 24 février, est associé aux Poissons et à Jupiter (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme).

Les domiciles des planètes sont ainsi répartis dans le Tetrabiblos de Ptolémée (I, 17): Saturne a pour domicile diurne le signe du Capricorne, et pour domicile nocturne le signe du Verseau ; Jupiter a pour domicile diurne le signe du Sagittaire et pour domicile nocturne le signe des Poissons ; Mars a pour domicile diurne le signe du Scorpion et pour domicile nocturne le signe du Bélier ; Vénus a pour domicile diurne le signe de la Balance et pour domicile nocturne le signe du Taureau ; Mercure a pour domicile diurne le signe de la Vierge et pour domicile nocturne le signe des Gémeaux (Guy Ducourthial, Flore médicale des signatures: XVIe-XVIIe siècles, 2016 - books.google.fr).

Dans l'édition de 1568 des Centuries de Nostradamus "à Lion, par Benoist Rigaud", tout en haut à droite, figure l'emblême de la planète Jupiter, et aux pieds de Nostradamus se trouvent les signes astrologiques du Sagittaire et des Poissons. Entourant l'ovale, cette phrase latine en majuscules : "IUPITER AETEREA SVMMA DOMINATOR IN ARCE", soit en français : "Jupiter qui domine dans la haute sphère céleste" (Elisabeth Bellecour, Nostradamus trahi, Laffont, 1981, pp. 40-41).

D'après Jean Aimes de Chavigny, Michel de Nostredame « nasquit en la ville de Sainct Remy en Provence l'an de grâce 1503 un jeudy 14 Décembre, environ les 12 heures de midy», c'est-à-dire, ajoute César de Nostredame, «presques sur les abbois de l'an de Iaques et de Renee de Sainct Remy » (Bernard Chevignard, Présages de Nostradamus, 1999 - books.google.fr).

Au sens des constellations actuelles, Nostradamus était Sagittaire.