Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Prologue   Emma Calvé : massacre des Innocents à la grenade   
PRIEURE DE SION SERPENT ROUGE EMMA CALVE CROIX INNOCENTS GRENADE

Si elle s'était appelée Aimée Calvat (elle est des nôtres) on aurait pu croire qu'elle avait eu un lien de parenté avec la voyante de la Salette (sans remonter à Toumaï), Mélanie Calvat, mais elle se nommait Emma Calvet.

Rupert Rideec

Rosa Noémie Emma Calvet, dite Emma Calvé est une cantatrice française (soprano), née à Decazeville (Aveyron) le 15 août 1858, de Léonie-Adèle Astorg et de Justin Calvet, et morte à Millau (Aveyron) le 6 janvier 1942, restée célèbre pour son incomparable sûreté vocale jusque dans l'extrême aigu, doublée d'une belle richesse de coloris et d'une grande force dramatique. Elle s'est parfois fait appeler Calvé de Roquer, mais ce n'est qu'un titre fantaisiste (roquer : ensemble de roches). Elle épouse dans le New Jersey, Etats-Unis, le 4 février 1911 (divorce en 1921) Eugène Galileo Gaspari, ténor italien (fr.wikipedia.org - Emma Calvé, www.societe-perillos.com, www.artlyriquefr.fr, www.jeantosti.com, Philippe Simon, Gabriel Dupont (1878-1914): musicien oublié, 2001 - books.google.fr).

Grisé par cette première exécution publique, Roussel s'attelle avec fougue à sa nouvelle œuvre : une marche nuptiale qui plaît beaucoup à un jeune enseigne, Adolphe Calvet, qui n'est autre que le frère de la célèbre cantatrice Emma Calvet.

« Calvet arriva un jour rue François-la-Vieille. "Prête-moi ta Marche nuptiale", me dit-il, je vais à Paris, je la montrerai à Colonne que je connais beaucoup et je lui demanderai ce qu'il en pense. ». Roussel accepte d'enthousiasme. Quelques jours plus tard, Calvet revient avec les meilleures nouvelles : Colonne a été conquis. Il a même trouvé que l'auteur de cette page devrait abandonner la mer pour se consacrer entièrement à la musique... Canular évident, car, d'une œuvre telle que celle-là, sans même connaître son auteur, comment Colonne aurait-il pu inviter le compositeur en herbe à abandonner sa carrière pour en courir une autre dans laquelle, d'évidence, il avait encore beaucoup à apprendre ! (Angelico Surchamp, Albert Roussel, l'homme et son œuvre: catalogue des œuvres, discographie, 1967 - books.google.fr).

Adolphe Calvet, le « petit » frère, Adol, est devenu un « grand » officier de marine. Il s'est marié l'année précédente avec une Auvergnate d'Aurillac, Marguerite Puech, et Élie vient de naître. Élie Calvet est le fils qui a été refusé à la Diva (Jean Contrucci, Emma Calvé, la diva du siècle, 1988 - books.google.fr).

Couverture au motif de la grenade entr'ouverte et la devise "Quau canto soun mau encanto" - www.livre-rare-book.com

Théodore Aubanel

Sur une page du Serpent rouge on lit, signé par "Emma CALVET", le 7 mai 1939, cette devise de Théodore Aubanel : "Quau canto soun mau encanto" (Qui chante, son mal enchante).

Le 7 mai est une date reprise dans les statuts du Prieuré de Sion qui sont signés en date du 7 mai 1956 à Annemasse par Pierre Plantard, 17 ans après.

Quelques années avant sa mort, Emma Calvé, confia ses mémoires à un éditeur, qui les publia en 1940 sous le titre : Sous tous les ciels j'ai chanté. Témoignage précieux d'un être vrai, bien résumé par le vers d'Aubanel cité en exergue: «Qui chante, son mal enchante.» Son amie Eleonora Duse lui rappelera ces mots pour la consoler d'une peine d'amour qu'elle lui confia pudiquement, dans la seule allusion qu'elle fait à sa vie privée dans ses mémoires (agora.qc.ca - Calvé Emma, 2012).

Cette devise est celle du félibre Théodore Aubanel.

Théodore Aubanel, né le 26 mars 1829 à Avignon, ville où il meurt le 2 novembre 1886, est un imprimeur et poète d'expression provençale. Son nom en provençal est Teoudor Aubanèu. Très catholique, il suit les réunions de la Société de la Foi où il fait la connaissance de Joseph Roumanille. Celui-ci lui présente Frédéric Mistral et Anselme Mathieu. Tous se retrouvent au château de Font-Ségugne pour créer vers et chansons.

En 1860, il publie La mióugrano entre duberto (La grenade entr'ouverte) qui reçoit un accueil enthousiaste du monde littéraire et où il chante son amour pour Zani. Mais l'ouvrage est mis à l'index par les catholiques avignonnais dont il se sent si proche et met en danger l'imprimerie familiale très liée à l'archevêché d'Avignon (fr.wikipedia.org - Théodore Aubanel).

"Durant son enfance, écrit José Vincent, Aubanel... eut de fréquentes occasions de passer de longs mois en compagnie de sa mère dans la propriété de Panisset, entre Monteux et Avignon..." On imagine bien le jeune enfant passant ces jours de liberté auprès de tous ceux qui forment le choeur des gens du mas. C'est avec eux, assurément, qu'il entendit et apprit à répéter les mots de cette langue vraiment maternelle, puisqu'elle lui venait de la Terre, une Terre qu'il nomme lui-même, volontiers, Terre-Mère ! Cette langue, il la reconnaissait. Elle était comme la clef qui ouvrait à l'enfant, puis à l'adolescent tout le monde coloré du dehors, le monde de toutes les tentations - et Dieu sait si elles ne lui furent jamais épargnées ! - l'univers secret que les enfants enferment en eux, à l'insu de tous, et qu'ils n'ouvriront qu'une fois, le jour où ils aimeront, pour celle qu'ils aimeront. Un trésor pour leur vie entière. La révélation lui vint avec l'amour de Zani, alors qu'il avait à peine dépassé vingt ans. Que Théodore ait entraîné Zani dans son "vert paradis", on n'en peut raisonnablement douter. [...]

Claude Liprandi a bien montré le déchirement intérieur, la torture véritable d'un homme qui, par son mariage, en 1861, venait de découvrir l'amour "permis" et, en même temps, les plus violentes ardeurs de la chair, et qui, en vertu des impératifs de sa religion, les croyait interdites, même en pensée. La Provence est terre chrétienne; certes elle a vu et voit encore se dresser mille églises, Avignon plus encore que le reste de la Provence. Mais les fondations de ces églises reposent sur des régions plus profondes, où sont enfouis les vestiges des temps païens. Si les moissons et le vin du mas apportent aux ouvriers des champs le lait de la terre, les fouilles et les trouvailles accidentelles apportent aux hommes de toute la Provence le message des siècles où aimer n'était pas un péché, où le désir était une loi de la nature, et où la beauté ouvrait les portes de l'éternité. [...]

Poète maudit, certes, si l'on entend par là poète déchiré, rejeté par ceux de sa religion, renié par ses amis, objet et finalement victime de leurs mesquineries, de leurs intrigues, qui tendent sournoisement à le détruire. Mais cette malédiction, on n'en retrouve guère la marque dans l'oeuvre elle-même. L'hymne à la Vénus d'Arles, les vers à la Vénitienne, la Vénus d'Avignon ne contiennent aucune réticence, aucun remords. Poète maudit, peut-être, mais maudit par les Autres, et non par lui-même. Mais la poésie charnelle d'Aubanel ne connaît pas la malédiction. La beauté sans le péché. [...]

L'amour, c'est l'attente parfois, et non le désir, qui ne sera jamais assouvi ; un désir qui s'exprime légèrement dans le refrain d'une chanson "ne passe plus, que tu me fais mourir...". Assez curieusement, de tels vers sont tout proches de ceux des troubadours. Vers chastes, en dépit du feu que l'on y sent brûler. [...]

Pourtant, il serait injuste de quitter l'oeuvre d'Aubanel avec ces images désolées. Même sur la grève déserte, brille le soleil. Même la mort ouvre l'espoir, et la tombée de la nuit ramène la sérénité. Ici, le poète retrouve Virgile, qu'un homme de la Méditerranée ne saurait jamais avoir loin de lui. Aubanel a chanté, lui aussi, les ombres qui s'allongent lorsque vient le soir et le toit des chaumières qui fument: "la pioche sur le cou, l'homme arrive sur le seuil, la femme, du jardin revient, avec un plein tablier, les bêtes à la fontaine vont boire, et les fillettes chercher de l'eau, avec un broc penché sur leur hanche ronde..." (P. Grimal, Aubanel, Le poète de la Grenade - www.avignon-et-provence.com).

La grenade

Cet autre fruit qu'est la grenade a une particularité remarquable : elle "montre ce qui se cache à l'intérieur". En cela, sa forme de pyxide la fait ressembler un peu à la figue, qui offre "cette chair blanche et rouge, comme une mamelle et comme un cœur [...]" gonflé de suc et de sucre. La grenade permet une image encore plus complète : une "pyxide pleine de cœurs [...] formés [...] de deux oreillettes et de deux ventricules". Ainsi les grains de la grenade évoquent-ils, selon leur symbolisme très ancien, la fécondité et et l'enfantement que recouvre l'image claudélienne des "fruits des fruits". Ambigu, le grain - ou le pépin - de grenade est associé à l'acte procréateur dont il représente en même temps le résultat. Claudel va mener la rêverie sur la grenade jusqu'aux confins de ses ressources poétiques et subconscientes. Alors qu'il commente les images bibliques concernant les joues de la Sulamite (Ct IV.3), le poète s'abandonne à une rêverie autour de la pomme-grenade qui, ouverte, montre le "trésor écarlate de ses grains de lumière et de feu", ces "grains flamboyants et amalgamés dans leur pyxide naturelle, ces grains couleur de vie, d'une saveur à la fois douce, rafraîchissante, âpre et stimulante". [...] La vision mystique de la grenade et la construction imaginaire à laquelle elle donne finalement lieu est directement issue du symbolisme primitif : la grenade sert à évoquer le processus mystique de l'élaboration de l'âme assimilé à une fécondation (Claudia Jullien, Paul Claudel interroge Le cantique des cantiques, 1994 - books.google.fr).

Combien fut grande la grâce & la miséricorde de Dieu envers ce Voleur & ce malfaiteur, il entre en Paradis avant Abraham, le Pere des croyances, avant Moïse , & les autres Prophètes. Cétoit ce que S. Paul exprimoit avec admiration (Romains 5) : Où il a eu une abondance de péché, il y a eu une plus grande abondance de grâce. Ceux qui ont porté le poids de la chaleur du jour, n'y sont pas encore arrivez, & celui-cy qui n'est venu qu'à l'onziéme heure, y est déja entré. Que personne ne murmure contre le Père de famille, qui dit: Mon amy, je ne vous fais point de tort, ne m'est-il pas permis de faire ce qui me plaît. Ce Larron étoit disposé à mieux vivre, mais la mort est survenue; je n'attendray pas qu'il ait fait de bonnes œuvres, je fuis content qu'il finiíse bien sa vie. Celui qui est venu paître entre les lys, & dans les parterres a trouvé une brebis égarée, il l'embrasse, & la conduit au bercail ; c'est la foy qui l'a fait une brebis de Jésus-Christ, & qui luy a fait dire avec le Prophète: Je me fuis égaré comme une brebis qui s'est perdue'; Souvenez-vous de moy, Seigneur, lorsque vous ferez entré en possession de votre Royaume. C'étoit aussi en ce sens que l'Epoux dsfoit dans les Cantiques, à son Epouse: Je suis entré dans mon jardin. Or il y avoit un jardin à l'endroit où Jésus-Christ fut crucifié. Et que luy a-t-on donné en ce jardin ? au lieu de vin aromatisé & du jus de grenade, tel qu'avoit bû l'époux, on fit boire à Jesus-Christ un vin amer, & du vinaigre, & en ayant goûté, il dit: Tout est consommé. Le mystère est accompli, les Ecritures sont accomplies, les péchez sont effacez; Car Jésus-Christ le Pontife des biens à venir, ayant paru avec un Tabernacle plus excellent, & plus parfait que n'a point été l'ouvrage des hommes, c'est-à-dire, qui n'est point du rang des créatures de ce monde, est entré une fois, non point avec le sang des boucs, ou des taureaux, mais avec son propre sang dans les lieux saints: car si le sang des taureaux & des boucs, avec les cendres d'une génisse, répandus sur des personnes souillées, leur communiquoit une sainteté qui purifioit le corps, combien plus le sang de Jésus-Christ ? (Cathéchèse XIII) (Les Catecheses de Saint Cyrille de Jerusalem: avec des notes, et des dissertations dogmatiques, 1715 - books.google.fr).

Si les prêtres de Déméter, à Éleusis, les hiérophantes, étaient couronnés de branches de grenadier pendant les grands Mystères, la grenade elle-même, ce fruit sacré qui avait perdu Perséphone, était rigoureusement interdite aux initiés, parce que, symbole de fécondité, elle porte en elle la faculté de faire descendre les âmes dans la chair (Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Laffont, 1982, p. 485).

Dans la poésie érotique persane, la grenade évoque toujours le sein ou la vulve de l'aimée : « Ses joues sont comme la fleur du grenadier et ses lèvres comme le sirop de grenades ; de sa poitrine d'argent poussent deux grenades », écrit Firdousi. Il en va de même dans le Cantique des cantiques : dans le jardin clos, la Sulamite, fille noire de Palestine, donne l'amour avec la grenade, et c'est une fleur de grenadier que Carmen lance à Don José (Bruno Etienne, Une grenade entrouverte: Pour une spiritualité laïque comme ultime chance de l'Occident, 2016 - books.google.fr).

Emma calvé est à l'Opéra-Comique pour y jouer Carmen où elle triomphe dans le rôle-titre et chantera le 23 décembre 1904 pour la 1000e (www.artlyriquefr.fr, (en.wikipedia.org - Emma Calvé).

Emma Calvé : Carmen in London's Covent Garden, 1893 - www.allposters.com

Les Pères de l'Eglise ont aussi voulu voir, dans la grenade, un symbole de l'Eglise elle-même.

Nicolas Flamel et la grenade

Le château de Cabrières, implanté sur un rocher, se situe sur la rive gauche du Lumensonesque à 4km au nord-ouest de Compeyre dominant la route nationale 9 de Millau à Sévérac-le-Château. Il a pu être primitivement un "château de route" éclipsé par celui de Compeyre qui devient beaucoup important entre le XIIème et la fin des guerres de religion en Rouergue, ne devenant alors entre les mains d'Amfor de Cabrières qu'un simple château "de vanité". Le Roi de France lui même ne lui reconnaît aucune utilité d'ordre militaire ou stratégique, il en néglige même le fief puisque en 1341, Amfor de Cabrières le tient en "censive" de ce monarque. Il est composé d'un corps de logis rectangulaire du XIIème siècle, encadré de deux tours et d'un donjon carré qui sont principalement du XVème siècle. On trouve sa trace dés 1070, puis en 1260 par Ricard, damoiseau qui affirmait le détenir du compte Alphonse de Poitiers. Ensuite en 1431, où une garnison sous les ordres du seigneur de Loupiac et du comte d'Armagnac est mise en place pour chasser les routiers. Il passera dans la propriété de plusieurs familles : Montvallat, Jory, Calmont, Foucras, Barthélémy, Cahuzac, Carbon, Buscarlet pour devenir la propriété d'Emma Calvé. (L’étoile hermétique : Nicolas Flamel - books.google.fr).

C'est à Cabrières qu'aurait été déposé le livre cabalistique dit « d'Abraham », possédé jadis par l'alchimiste Nicolas Flamel et grâce auquel ce dernier aurait dit « estre parvenu au Grand Œuvre » (Dictionnaire etymologique de la langue françoise,Tome II, 1750 - books.google.fr).

Nicolas Flamel serait né à Pontoise, ville de résidence de Pierre Feugère, prétendu auteur suicidé du Serpent rouge.

Pour Nicolas Flamel, dans Le livre des figures hiéroglyphiques, le rouge de la grenade marque l'aboutissement du travail alchimique, c'est l'oeuvre au rouge réalisé.

Ce livre traite des peintures de la quatrième arche du cimetière des Innocents de Paris qu'il fit réaliser (Trois traitez de la philosophie naturelle non encore imprimez dont Les figures hierogliphiques de Nicolas Flamel, traduit par Pierre Arnauld, chez Guillaume Marette, 1612 - books.google.fr).

Le massacre des Innocents

Ce Chaple dis Innoucènt, ce « Massacre des Innocents », qui fut applaudi au congrès d'Arles, était tout simplement un noël que son auteur destinait au recueil qui devait prochainement paraître. Bientôt, en effet, en décembre, le livre sortait des presses d' Aubanel, un petit livre in-8 de 204 pages. Les Noëls de Saboly, de Peyrol, de Roumanille étaient précédés de notices respectives. Venaient ensuite les noëls des poètes contemporains, dont la liste imposante se terminait, comme il convenait, par le nom de l'imprimeur lui-même, Théodore Aubanel. La contribution d'Aubanel au volume était assez importante. Il avait écrit la notice en prose sur Peyrol écrit et signé, la datant du 8 novembre 1852, la notice en prose sur Jousè Roumanille ; il avait encore signé une assez longue poésie qui ouvrait la série des noëlistes contemporains, intitulée Un parèu d'ami (Deux Amis) et datée d' « Avignon 1852 » ainsi que deux noëls, Lis Esclau (Les Esclaves) et Lis Innoucènt (Les Innocents), nouveau titre du poème lu au congrès d'Arles. Ces deux noëls devaient être recueillis par Aubanel dans La Miôugrano. Le curieux poème Un parèu d'ami chantait l'amitié profonde d'Aubanel et de Roumanille (Joseph Salvat, La grenade entr'ouverte D'Aubanel: étude historique et littéraire, 1960 - books.google.fr).

La bien-aimée du Cantique des Cantiques module déjà, dirait-on, les premières notes du refrain de l'Epouse-Eglise du dernier chapitre de l'Apocalypse de Jean : "L'Esprit et l'épouse disent : Viens" (Ap. 22,17). Ou encore : "Marana tha ! Oh ! viens, seigneuir Jésus !" (App 22,20) ;, "Viens mon Bien-Aimé", tel est le cri qu'elle pousse encore, au long des siècles. [...] Le beau jardin de l'âme est fleuri de louanges qui ne disparaîtront plus jamais. Que le Bien-Aimé reconnaisse qu'elle est devenue un être de louange en disant "Viens !" Cependant, la bien-aimée, reflet de l'Eglise, a besoin de l'enseignement du Bien-Aimé pour maintenir sa louange : "Alors, tu m'enseigneras !" (Ct 8,2). [...] Enseignement qui ne se reçoit pas à travers des cours ni des livres, mais en s'enfonçant toujours plus avant dans le coeur du Bien-Aimé. Un enseignement qui provoque en retour celle qu'il aime à livrer le plus précieux, mais aussi le plus secret d'elle-même : "Je te ferai boire de mon vin aromatisé, de ma liqueur de grenades" (Ct 8,2) (Gilles Férant, L'intimité avec Dieu, 2012 - books.google.fr).

L'apparition des putti, comme les Innocents du Massacre, dans la peinture du Quattrocento italien, trahit sans doute une sensibilité accrue devant la mort de l'enfant, une prise de conscience de sa fragilité et des menaces qui pèsent sur lui [...] puisque ces angelots sont assimilés aux âmes d'enfants morts en bas âge. L'irruption de ces enfantelets qui se bousculent autour de leurs saints aînés nous renvoie l'image d'une petite enfance tout récemment découverte. Les relations entre cet art de dévotion intime, humain, familial, et la place de l'enfant dans le groupe domestique seront peut-être éclairés par les conseils de Giovanni Dominici, dominicain du début du XVème siècle, en matière de peinture à l'usage des tout-petits. Ce pédagogue "réactionnaire" invite la mère : "avoir chez elle des peintures ou des sculptures de petits saints enfants et de vierges jeunettes où [son] enfant encore au maillot [c'est-à-dire avant deux ans] trouvera plaisir à reconnaître son semblable. A ce but convient très bien la Vierge Marie tenant l'enfant sur son bras et l'oiseau ou la grenade à la main. [...] Il ne nuirait pas qu'il puisse voir peints ensemble Jésus et le Baptiste, Jésus et l'Evangéliste tout petits, et le Massacre des Innocents afin que lui vienne la peur des armes et des gens d'arme. C'est ainsi qu'il faudrait nourrir la vue des petites filles du spectacle des 10000 vierges, disputant, priant ou combattant." (Regola del governo di cura familiare). [...] Après sa crise de croissance féministe, l'art d'Occident est convié à se mettre à la portée des sensibilités enfantines par une iconographie sucrée et attendrissante qui reflète d'abord la nouvelle vision de l'enfant par l'adulte et la délectation qu'il rend lui-même à regarder l'enfant (C. Klapisch, L'enfance en Toscane au début du XVème siècle, Enfant et sociétés, 1973 - books.google.fr).

En ce début du XVème siècle, Giovanni Dominici, contemporain de Nicolas Flamel, met en opposition grenade sucrée et Massacre des Innocents dans une perspective éducative, comme Cyrille de Jérusalem oppose grenade du jardin du Cantique des Cantiques à la cruxifixion.

En effet, la fin de la phase au blanc nécessite la mise à mort des innocents (le thème du «Massacre des Innocents», représenté entre autres par Bruegel, est très présent dans les traités d'alchimie), en l'occurrence « les onze mille Vierges » criblées de flèches. Après cette épreuve, il sera temps de teinter la pierre, de lui donner une nouvelle couleur, celle de l'or (Joël Goffin, Le secret de Bruges-la-Morte (de Georges Rodenbach), 2017, p. 216 - bruges-la-morte.net).

La rose alchimique, telle que décrite par Yeats dans La Rose secrète, était un symbole primordial pour la Golden Dawn. À Paris, cet Ordre importé d’Angleterre était représenté par la Loge Ahathoor, créée en 1892-1893 et davantage centrée sur les «Mystères d'Isis». Son temple se situait à Auteuil, non loin du Grenier des frères Goncourt que fréquentait assidûment l’auteur de Bruges-la-Morte. L’écrivain féministe Jules Bois, l’indéfectible admirateur du poète de Bruges, y sera initié, tout comme Papus (1897). Cet auteur, oublié de nos jours, mais célèbre à la Belle Époque, était également lié de près aux milieux rosicruciens, jusqu’aux États-Unis. Il aurait été l’un des «Supérieurs Inconnus» de l’Ordre Martiniste, syncrétiste et œcuménique, de Papus, tout comme sa maîtresse la cantatrice Emma Calvé. Jules Bois, fondateur de L’Ordre de l’Étoile et rédacteur en chef des revues occultistes La Haute Science et L’Étoile, a tenu à assister personnellement aux obsèques de Rodenbach. (Joël Goffin, Le secret de Bruges-la-Morte (de Georges Rodenbach), 2017, p. 216 - bruges-la-morte.net).

Emma Calvé chante Le Massacre des Innocents

Le Christ, nouvel oratorio inédit de M. Charles Poisot (Dijon, 1822 – Dijon, 1904), sera exécuté pour la première fois dans la salle Henri Herz, le jeudi soir, 24 mars 1881, sous la direction de MM. Ferrand et Chevé. Solistes: MM. Bosquin Lauwers ; Mmes Panchoni et Calvé (Le Ménestrel 20 mars 1881 - gallica.bnf.fr, fr.wikipedia.org - Charles Poisot).

La Salle des Concerts Herz, ou Salle Herz tout court, ne compte sans doute pas parmi les plus importantes salles de concert de Paris au 19ème siècle. Le pianiste Heinrich Herz (1803-1888), musicien de talent qui jouit d’une longue et brillante carrière à Paris et à l’étranger, né à Vienne en 1803, et donc contemporain exact de Berlioz, ouvre au public le 12 décembre 1838, au 38 rue de la Victoire, une salle prend son nom de son fondateur, sans doute dans l’intention de se munir d’une salle adaptée à ses propres concerts, mais aussi dans l’idée que la salle pourrait attirer des musiciens à Paris désireux d’organiser des concerts de moindre ampleur.

La Salle Herz continue à être utilisée pendant bien des années, du moins jusqu’en 1885. En 1886 elle est fermée pendant quelque temps pour cause de réparations (Le Ménestrel 11/4/1886, p. 151), mais après sa réouverture elle semble, d’après les rares mentions dans Le Ménestrel, avoir été utilisée beaucoup moins souvent qu’auparavant. Par la suite la Salle Herz sera démolie, mais nous n’avons pu établir la date exacte (Salle Herz - www.hberlioz.com).

Bosquin a été très remarquable dans l'air des Béatitudes et dans celui de la Cène. Mlle Panchoni s'est fait applaudir dans le duo de la Samaritaine, et M. Lauwers a chanté avec beaucoup d'ampleur le grand air de la Présentation au Temple. De son côté, Mlle Calvé a bien dit son solo dans le Massacre des Innocents. Ferrand et Chevé ont conduit l'orchestre et les chœurs avec une grande sûreté (Le Ménestrel 3 avril 1881 - books.google.fr).

Le Christ, Oratorio en trois parties, musique de M. Charles Poisot, membre de la Société de Saint-Jean, exécuté dans la salle Herz, le 24 mars 1881 : S'il est un sujet auquel le génie humain ne puisse jamais atteindre, c'est assurément la vie du Christ. Sa mission divine, les mystères de sa naissance et de sa résurrection, sa doctrine céleste peuvent être proposés à notre foi, offerts à notre méditation par les tableaux et la statuaire, mais quant à leur expression musicale, tout compositeur doit reconnaître d'abord son impuissance, sauf à tenter de nobles efforts vers l'idéal sublime qu'il ne peut qu'entrevoir en l'adorant. Il lui est interdit, comme à Moïse sur le mont Horeb, de s'approcher du buisson ardsnt. Quelques musiciens cependant ont eu cette hardiesse, entre autres Graun et Sébastien Bach ; encore se sont-ils bornés aux scènes de la Passion du Rédempteur. Je ne parle pas des Sept Paroles sur lesquelles Haydn composa, à la d'un chanoine de Cadix, sept symphonies exprimant chacune des sentiments analogues aux sept paroles prononcées par le Sauveur sur la croix. M. Charles Poisot a été beaucoup plus loin. Son œuvre embrasse le récit évangélique depuis l'Annonciation jusqu'à la Résurrection, et est divisée en trois parties : La vie cachée de Jésus — Sa vie publique — Son sacrifice, ce qui forme en tout dix-sept morceaux traitant chacun un sujet différent. C'est une œuvre d'une haute portée et dont la conception fait honneur au caractère de l'homme, comme au talent de l'artiste. Le livret n'est pas une de ces élucubrations fantaisistes où une religiosité romanesque inspire seule le musicien, telles que celui de l'Enfance du Christ, de Berlioz. Je pourrais facilement citer d'autres exemples plus récents, trop empreints de la sentimentalité vague ressortissant de la Vie de Jésus de Strauss, ou de l'ingéniosité pittoresque du livre de M. Renan. M. Charles Poisot a tiré ses textes de l'Évangile même sans leur faire subir aucun changement.

M. Charles Poisot est un musicien de mérite, auteur d'une Cantate de Jeanne d'Arc exécutée avec succès, d'un Stabat mater et d'une Messe de Requiem dont j'ai rendu compte dans cette Revue, ainsi qne de plusieurs ouvrages didactiques. Son Oratorio du Christ aura sans doute d'autres auditions, car une œuvre de cette importance a besoin d'être entendue plusieurs fois. Beaucoup de morceaux ont été applaudis ; ceux qui m'ont le plus frappé sont les Béatitudes, sorte de récit mélodique d'un beau sentiment, très bien chanté par M. Bosquin; les Vendeurs chassés du temple, le récit de la Cène et la Sépulture du Christ. Mlle Panchioni, dont la voix ttt si belle et si expressive, a été très applaudie.

On peut donc dire que la Société de Saint-Jean a pour but de donner aux produits de l'art la forme que les saints donnent aux vertus ; elle cherche la transfiguration de la matière par l'expression surnaturelle, sans mélange, et sous le regard approbateur de Jésus-Christ, de Dieu lui-même. Elle veut contempler cette matière comme ressuscitée par anticipation, comme glorifiée à l'avance, comme déifiée ici-bas. Fasse le ciel, fasse saint Jean le Bien-Aimé, fasse saint Joseph, l'artisan maître et «opérateur de l'ouvrier Jésus, que les sublimes destinées de cette association se réalisent et procurent au monde le vrai progrès professionnel et industriel et à Dieu la gloire de la terre et du temps, afin qu'il daigne à son tour soutenir ici-bas les promoteurs de cette entreprise et récompenser leurs efforts dans la glorification éternelle (Félix Clément, Revue de l'art chrétien, Volume 31, 1881 - books.google.fr).

La croix et le massacre des Innocents

Mais ambiguë est la vie : ces mêmes mages qui ont sauvé la vie du Christ enfant, en ne retournant pas vers Hérode, sont les agents, bien involontaires, du massacre des innocents... En fait, le processus du meurtre est déjà enclenché, qui verra son achèvement au Golgotha. Là aussi tout est concentré déjà de ce qui va être le destin du Christ (Georges Haldas, Murmure de la source: chroniques, 2001 - books.google.fr).

Le triptyque de l'Adoration des Mages ; volet gauche : La Circoncision ; volet droit : Le Massacre des Innocents, est attribué à Hugo van der Goes (1440-1482).

Volet droit : Le Massacre des Innocents est mentionné dans l'Evangile de saint Matthieu (II, 16-18). La scène se passe dans un paysage vallonné. Le peintre l'a figurée sous forme d'une série de duels brutaux entre une mère défendant son enfant et un soldat (Réau, op. cit., p. 269). Au premier plan une femme est agenouillée devant le berceau de son nouveau-né; elle repousse du bras droit un guerrier coiffé d'une salade, portant une cuirasse, une cotte de mailles, des jambières et des gants de fer, qui lève son bras gauche pour la frapper et, de la main droite, la menace de son glaive. Au deuxième plan une femme agenouillée, vue de dos, écarte les bras en signe de désespoir devant un soudard qui lui a arraché son enfant et qui, le tenant à bout de bras de sa main gantée de fer, s'apprête à le transpercer. Derrière une colline apparaissent les têtes de deux guerriers qui s'avancent dans un ravin. Sur l'autre flanc de celui-ci, un soldat a renversé une femme avec son nouveau-né emmaillotté dans les bras, qu'il va occire. Au haut de la colline à gauche une femme, poursuivie par un guerrier qui brandit un glaive, se précipite à l'intérieur d'une maison rustique, en embrassant l'enfant qu'elle serre dans ses bras. Cette habitation, entourée d'une clôture basse derrière laquelle se dressent deux arbres, forme coulisse à gauche tandis qu'un paysage boisé et montagneux s'enfonce à l'infini à droite. Tous les épisodes de l'enfance du Christ représentés dans le triptyque sont relativement fréquents dans la peinture flamande du XVe siècle mais leur combinaison et l'ordre dans lequel ils sont disposés constituent un cas rare et exceptionnel. La Visitation, au volet gauche, leur sert d'introduction. La scène de la Nativité ne figure pas sur le triptyque mais de nombreux éléments la rappellent (le décor de ruines, la colonne du palais de David, l'étable avec l'âne et le bœuf, la paille, la bougie de saint Joseph, les petits anges en prière) et elle est annoncée aux bergers, dans le coin supérieur droit du panneau central, tandis que les mages se groupent sur le mont du Golgotha, dans le coin supérieur gauche (Vladimir Loewinson-Lessing, Nicolas Nicouline, Les primitifs flamands du musée de l'Ermitage, 1965 - xv.kikirpa.be, fr.wikipedia.org - Hugo van der Goes).

Privées à tout jamais de leur enfant à qui on vient d'ôter la vie, les mères éplorées se métamorphosent en de magnifiques pietà (Michel Thomas, Trésors de l'art sacré dans les hautes vallées de Maurienne, 2004 - books.google.fr).

« Ta fuite enfin rejoint ceux qui sont morts là-bas... » le poème Gesmas du fictif chevalier d'Arolsen commence ainsi, sur le chemin du Golgotha... Gesmas portant la croix de son supplice marche à côté de Jésus portant la sienne : il se souvient de Bethléem, de son petit frère de deux ans, et de celui qui venait de naître, des autres enfants qui jouaient heureux par le village, de la naissance d'un enfant dans une étable, une grotte où des bergers étaient allés s'émerveiller d'un Dieu qui se fait le Tout-Pauvre, Dieu caché, c'est ce que leur ont c hanté les anges, mais va croire des bergers... puis de riches étrangers envahissent les rues de leur cortège... et brusquement, des soldats s'abattent sur cette joie, égorgent cette joie, et c'est la fuite de Jésus. Le poème s'achève sur la croix, Gesmas répond à Dismas qui lui reproche de s'acharner avec les autres sur un innocent : Un frère encore au sein, un autre de deux ans : Innocent, le fuyard ? – Eux étaient innocents (Jean-François Haas, J'ai avancé comme la nuit vient, 2010 - books.google.fr).

Dans Guernica, il est probable qu'en exprimant les cris de la mère et des deux femmes contre l'insoutenable de cette violence aveugle Picasso a eu en tête le Massacre des Innocents de Poussin qu'il admirait au plus haut degré (Pierre Daix, Pour une histoire culturelle de l'art moderne: Le XXe siècle, 1998 - books.google.fr).

Nicolas Poussin (1594–1665), Le massacre des Innocents, entre 1625 et 1629, Musée Condé (Chantilly) - fr.wikipedia.org

Noël est orienté vers le Vendredi saint, l'Incarnation vers la Croix. Pour Cyrille, «toute action du Christ», tous les miracles de sa vie publique — et il détaille : multiplication des pains, résurrection de Lazare, etc. — sont « une fierté pour l'Église catholique » mais ces bienfaits locaux, isolés, ne peuvent se comparer «à la gloire des gloires qu'est la Croix» car le «triomphe de la Croix a délié tous ceux que retenait la faute, et a racheté toute l'humanité ». C'est pourquoi la treizième catéchèse baptismale — que nous venons de citer (XIII, 1) — est totalement consacrée au mystère de la Croix. Cyrille dit sans hésitation : « le Christ vint par choix à sa Passion, joyeux de son exploit, souriant à la couronne, charmé de sauver l'humanité — et non pas en rougissant de la Croix car il sauvait la terre entière (Bertrand de Margerie, Les Pères de l'Église commentent le Credo, 1998 - books.google.fr).

L'existence d'une innombrable multitude de morceaux, vingt ans après cette époque, est pour la première fois affirmée par Cyrille de Jérusalem (Catéchèse XIII, 4), alors prêtre dans cette ville où il fut plus tard évêque (Louis Leblois, Les bibles et les initiateurs religieux de l'humanité, Volume 1,Numéros 1 à 2, 1883 - books.google.fr).

La XIIIe cathéchèse est celle de la grenade opposée à la crucifixion.

Dans la lettre à l'empereur Constance, Cyrille raconte l'apparition d'une croix lumineuse dans le ciel de Jérusalem, s'étendant du Calvaire au mont des Oliviers. La date du 7 mai, dans beaucoup de calendriers liturgiques, conserve le souvenir de cet événement, qui date sans doute de 351 (Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : Barbarie, Le Prieuré de Sion : Les axes : Axe du 7 mai : Barbe bleue et Ballets roses).

Le 7 mai, l'Eglise de Jérusalem célèbre la très ancienne fête de l'apparition de la Croix. Sa liturgie adopte la succession suivante : Galates, lettre de Cyrille, Evangile (Ms Jérusalem 121) (Patrologia Orientalis, 1970 - books.google.fr).

La date de la fête des Saints Innocents a beaucoup varié : les plus anciens manuscrits du Lectionnaire arménien mentionnent deux dates différentes, 9 mai (ms J et E) et 18 mai (ms P) ; quant aux documents arméniens secondaires repérés par Dom Renoux, ils donnent une série de 7 dates différentes entre le 4 et le 13 mai. [...]

Il semble bien qu'Égérie arrive à Jérusalem au moment où la fête de l'Ascension est en train d'apparaître. En effet, R. Cabié a bien montré que cette fête de l'Ascension au 40e jour apparaît chez plusieurs auteurs de la fin du IVe, ce qui le conduit à affirmer que c'est « probablement, à quelques années près, au cours de l'avant-dernière décade du IVe siècle que l'on a commencé à solenniser le quarantième jour après Pâques ». On peut comprendre qu'Égérie nomme la célébration de Bethléem comme fête « du 40e jour ». L'habitude était prise d'aller à Bethléem pour la fête des SS. Innocents ; la fête nouvelle de l'Ascension commençant à peine à être célébrée, on n'a pas encore modifié cette coutume{192}. Ce n'est que plus tard, et surtout après la construction d'une basilique de l'Imbomon que l'on rendra mobile la date de la fête bethléemite des SS. Innocents, pour éviter qu'une occurrence de dates n'empêche la célébration de la fête de l'Ascension sur les lieux mêmes, c'est-à-dire au mont des Oliviers. [...]

La prise en compte du Lectionnaire arménien permet d'affirmer qu'au tournant du IVe et du Ve siècle, au moment même où Égérie vient à Jérusalem, la liturgie de la ville sainte est l'objet d'une véritable réforme. [...] Il est possible par conséquent de penser que la vénération de la relique de la croix a commencé durant cette période. [...]

La confrontation du récit d'Égérie avec le Lectionnaire arménien permet d'affirmer que la liturgie de Jérusalem connaît un phénomène d'historicisation qui tend à faire de la semaine sainte une commémoration historique des événements de la Passion. [...] Depuis le début du siècle, les liturgistes ont mis l'accent sur cet aspect. C'est ainsi que Dom Cabrol affirme que l'année liturgique, et spécialement la semaine sainte à Jérusalem, est « toute topographique », au sens où elle est « en relation étroite avec les sanctuaires des Lieux Saints ». De plus, ce n'est pas seulement un pèlerinage sur les lieux où se sont déroulés les événements que les célébrations commémorent, c'est aussi un processus visant à faire revivre les événements de la vie du Christ. [...]

Gregory Dix insiste sur la responsabilité de Cyrille de Jérusalem dans cette évolution (Patrick Prétot, Joseph Doré, L'adoration de la Croix: Triduum pascal, 2016 - books.google.fr, Patrologia Orientalis, 1970 - books.google.fr).

Compeyre et Flamel : 2 janvier

Hôpital de Compeyre et Quinze-Vingt

Compeyre se trouve sur un des axes nonagonaux du 2 janvier.

Compeyre (castrum de Competro), ainsi appelé sans doute à cause des rochers au desquels ce village est bâti, est situé sur le versant Sud de la montagne de Luzergues, dominé par une colline en pain de sucre, sur laquelle était l'ancien fort d'Avaruejouls, détruit depuis plusieurs siècles. Les armoiries de Compeyre étaient : d'azur à trois lettres P d'or, deux en face et une en pointe, surmontées de trois fleurs de lis aussi d'or, rangées en chef. Compeyre avait un hôpital dont on constate l'existence en 1266 ; cet antique bâtiment qui a servi longtemps de Mairie, existe encore et porte, sur le fronton de la porte d'entrée, une inscription latine dont voici la traduction : « J'ai été construit pour le soin des malades ; vous me verrez grandir ; l’espérance fait vivre et promet que le lendemain sera meilleur que la veille ». Compeyre avait aussi une léproserie, l'œuvre du Vêtement des pauvres (lus vestirs dels paupres) et une Charité ou Aumône que l'évêque de Rodez faisait distribuer les dimanches et jours de fête. L'ancienne église St-Vincent était composée d'une grande voûte soutenue par de grands piliers ; au-dessus était une vaste pièce servant à la fois de forteresse et de prison (Jules Artières, Millau: à travers les siècles, 1943 - books.google.fr).

Cette ville possédait un scel à contract attributif de juridiction par exposition de clameur; une pierre foiral [où se mesuraient les grains]; trois foires, les jours de St-Vincent, de St-Roch et de St-Amans. Vers le milieu du 14e siècle, Compeyre était une des villes les plus importantes du Rouergue, bien qu'il n'y eût que 105 feux. Il y avait encore à Compeyre une fraternité de prêtres une justice royale, depuis au moins 1309; un bailliage depuis au moins 1320, et un hôpital [...] qui fut réuni par arrêt du conseil d'Etat à l'hôpital-mage de Millau, en 1725. On m'a assuré que lors de cette réunion, on convint que l'hôpital de Millau nourrirait gratuitement et à perpétuité un certain nombre de pauvres appartenant à la communauté de Compeyre (M. Argeliez, Compeyre, Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, Tome 6, 1847 - books.google.fr).

Nous lisons dans un livre publié en 1578, sur les fondations de Saint-Jacques-la-Boucherie, que l'on célébrait encore à cette époque, en l'honneur de Nicolas Flamel, douze grand'messes par an, et que les Quinze-Vingts se rendaient, le 2 janvier de chaque année, à un obit de vigile à trois leçons, une messe haute de requiem, à diacre et sous-diacre, où assistent M. le curé, son vicaire et quatre grands chapelains, le chefvecier et les deux clercs ;'et ils doivent réunir treize pauvres aveugles de l'hôpital des Quinze-Vingts de cette ville, accompagnés d'un chapelain et d'un clerc dudit hôpital, lequel chapelain pendant ladite messe haute dira sa messe basse de requiem en ladite église Saint-Jacques, et les dits aveugles iront à l'offrande et donneront un denier de leur argent, le tout suivant la fondation de Nicolas Flamel, du 21 novembre 1116. » Nicolas Flamel fut enterré à Saint-Jacques-dela-Boucherie, avec Claude Pernelle qui avait été premièrement inhumée au Charnier des Innocents (Francis Lacombe, Histoire de la Bourgeoisie de Paris. Les Bourgeois célèbres de Paris, 1852 - books.google.fr).

L'hospice des Quinze-Vingts a été fondé à Paris vers 1260 par saint Louis sans que l'on connaisse le détail et l'époque précise de cette fondation. Il était alors situé rue Saint-Honoré au coin de la rue Saint-Nicaise, sur une pièce de terre appelée « Champourri » (fr.wikipedia.org - Hôpital des Quinze-Vingts).

Il faut voir les plaintes articulées par les prieurs et les curés des paroisses s'exhaler dans le pouillé du diocèse fait, en 1771, par ordre de monseigneur l'évêque de Rodez, pour se faire une idée de ce qui avait été fait en Rouergue pour créer des hôpitaux généraux :

«Compeyre, dit le prieur, avait un hôpital qui a été réuni à celui de Milhau. On a pris ses biens et ses revenus, mais on refuse de recevoir nos malades.» (Louis Viallet, Des Réformes à opérer dans l'organisation des hôpitaux, et de la nécessité de créer des hopitaux cantonaux ainsi que des hopitaux spéciaux, 1867 - books.google.fr).

Compeyre et Creyssels remirent sans opposition les titres de propriété de leurs hôpitaux. L'avoir de l'hôpital de Compeyre était de 200 livres environ (Jules Artières, Millau: à travers les siècles, 1943 - books.google.fr).

Sainte Tarcisse

Tartitia, Tarcisse est une sainte aveyronnaise fêtée le 15 janvier.

La vie de sainte Tarcisse est connue par un manuscrit de Bernard Guydonis, évêque de Lodève en 1324. Arrière-petite-fille de Clovis, Tarcisse naquit, vers 525, dans une noble famille de Trévidon (Trêves), aux confins du Larzac. En 530, son père Ansbert, devenu maire du palais d'Austrasie, alla s'établir à Metz. Ayant fait vœu de virginité, Tarcisse quitta le domicile paternel au moment de son mariage et vint se réfugier dans sa terre natale, auprès de son oncle Déothaire, évêque d'Arisitum. Le diocèse d'Arisitum a donné son nom au plateau du Larzac, qui avait, pour capitale, Sancta Eulalia Arisitensis, c'est-à-dire Sainte-Eulalie-de-l'Arsat. Mais le Larzac ne lut qu'une étape dans la retraite de Tarcisse qui finit ses jours dans une grotte proche de Rodelle, à 4 lieues au nord de Rodez, où une chèvre assurait sa subsistance. C'est là qu'elle mourut en 572. Culte Ayant appris sa mort, l'évéque Dalmas (516-581) fit transporter son corps jusqu'à Rodez. Sa châsse, en bois doré, est conservée dans l'église du Monastère, sous Rodez (Jacques Baudoin, Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, 2006 - books.google.fr).

On dit que Dalmas fit porter de Rodelle à Rodez avec un char tiré par des boeufs le corps de sainte Tarcisse (Jean Delmas, Les pèlerinages pour les animaux dans le Rouergue et ses confins).

Tarcisse est la sainte aveyronnaise des cavernes. La grotte qui l'abrita aux temps obscurs de la primitive Église réunit tous les attributs qui s'attachent aux sanctuaires chtoniens. Dans cette logette taillée dans le tuf, la roche porte encore l'empreinte du corps de Tarcisse, là où la sainte se couchait. Mais à force de vivre recluse dans cet antre sans jour, la pauvre Tarcisse devint aveugle. Par bonheur elle recouvra la vue grâce à l'eau miraculeuse qui suinte sur la paroi de l'antre. Un bénitier recueille aujourd'hui ce précieux liquide auquel on prête toujours un puissant pouvoir curatif. Les pèlerins se pressent dans ce site où ils viennent faire des bains d'yeux (Pierre Minvielle, Guide de la France souterraine, 1970 - books.google.fr).

Tarcissie, fille d'Ansbert, descendait de ce Ferréol, préfet du prétoire des Gaules sous l'empereur Honorius, qui habitait Trévidou [Trêves], près de Millau, et possédait de vastes domaines sur le Larzac (Hippolyte de Barrau, Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue, Tome I, 1853 - books.google.fr).

Narcisse

L'histoire la plus détaillée du mythe de Narcisse est rapportée dans le Livre III des Métamorphoses d'Ovide. Il s'est inspiré d'auteurs grecs de l'époque alexandrine tels que le poète Parthénios de Nicée, auquel on attribue une version de Narcisse composée vers 50 av. J.-C.

À sa naissance, le devin Tirésias, à qui l'on demande si l'enfant atteindrait un âge avancé, répond : « Il l'atteindra s'il ne se connaît pas. » Il se révèle être, en grandissant, d'une beauté exceptionnelle mais d'un caractère très fier : il repousse de nombreux prétendants et prétendantes, amoureux de lui, dont la nymphe Écho. Une de ses victimes éconduites en appelle au ciel. Elle est entendue par la déesse de Rhamnusie — autre nom de Némésis — qui l'exauce. Un jour, alors qu'il s'abreuve à une source après une dure journée de chasse, Narcisse voit son reflet dans l'eau et en tombe amoureux. Il reste alors de longs jours à se contempler et à désespérer de ne jamais pouvoir rattraper sa propre image. Tandis qu'il dépérit, Écho, bien qu'elle n'ait pas pardonné à Narcisse, souffre avec lui ; elle répète, en écho à sa voix : « Hélas ! Hélas ! » Narcisse finit par mourir de cette passion qu'il ne peut assouvir. Même après sa mort, il cherche à distinguer ses traits dans les eaux du Styx. Il est pleuré par ses sœurs les naïades. À l'endroit où l'on retire son corps, on découvre des fleurs blanches : ce sont les fleurs qui aujourd'hui portent le nom de narcisses (fr.wikipedia.org - Narcisse (mythologie)).

Ovide se trouvait dans l'île d'Elbe près de son ami Maximus lorsqu'arriva de Rome une lettre annonçant que le poète était accusé d'avoir commis une faute grave. Aux anxieuses questions de son hôte Ovide répondit par un aveu. Peu après, mandé près d'Auguste qui le réprimanda très sévèrement, il fut l'objet de sanctions terribles : sans procès, sans jugement, sur un simple édit de l'empereur qui avait, en tant que censeur, blâmé sa vie et ses mœurs, Ovide devait quitter dans un assez bref délai non seulement Rome mais encore l'Italie afin de gagner la lointaine bourgade de Tomes qui lui était désormais assignée comme résidence forcée. Il gardait ses droits civils et politiques ; il gardait même ses biens et sa peine n'était qualifiée officiellement que de relégation. Mais comme le motif en était double, à savoir la faute très grave avouée à Maximus qui devait rester secrète et une autre faute consistant à avoir contrevenu aux lois sur l'adultère en écrivant l'Art d'Aimer, une sanction secondaire frappait encore le coupable : c'était la suppression de ce poème didactique, exclu des bibliothèques officielles. [...] Tous ces événement : faute secrète d'Ovide, entrevue avec Maximus, comparution devant Auguste, départ d'Ovide, se situent donc dans le mois de Décembre 8 ap. J.-C. [...] Nous pouvons donc passer à l'étude du grief principal. Cette faute grave, qualifiée tantôt de péché, tantôt d'erreur, tantôt de sottise ou de folie, n'a été ni un « crime » ni un « forfait », mais une infraction consistant essentiellement à avoir offensé la divine volonté impériale en voyant par hasard quelque chose qui n'aurait pas du être vu (Tristes, II, v. 103.) et en aggravant cette indiscrétion soi-disant involontaire par un effroi qui l'a sans doute fait paraître volontaire du fait qu'elle avait été dissimulée. Ajoutons, pour achever de caractériser cette faute des yeux, que, si elle est restée mystérieuse dans les œuvres postérieures d'Ovide, c'était pour ne pas réveiller le ressentiment de l'empereur et afin de se conformer à ses ordres. Mais tout le monde ne la connaissait que trop bien à l'époque du départ d'Ovide. Les hypothèses sérieuses faites sur la nature de cette faute des yeux peuvent se répartir en trois groupes. Certains érudits se sont pronocés en faveur d'un scandale de moeurs dont Ovide aurait été le témoin, le complice ou même l'un des acteurs. D'autres ont cru à une faute politique, conspiration ou simple intrigue en faveur d'un concurrent de Tibère à la succession d'Auguste. Enfin quelques érudits ont pensé qu'Ovide a pu commettre une infraction d'ordre religieux en assistant à une cérémonie défendue. [...]

C'est au début du mois de Décembre que, sous la république, on célébrait les mystères et il en était encore de même sous Auguste. Or nous avons établi que c'est au début de Décembre 8 ap. J.-C. qu'Ovide commit la faute secrète et cette coïncidence chronologique doit nous faire admettre la possibilité que le poète ait profané les mystères célébrés par Livie. [...]

De même que la pudique Diane a été vue au bain par Actéon qui a été châtié parce que même une faute accidentelle se paie lorsqu'on a lésé une divinité, de même la pudique Livie a été surprise par Ovide non pas au bain mais pendant la célébration des mystères de la Bonne Déesse. [...]

Tomes est le lieu du découpage du corps d'Absyrtos, frère de Médée (Léon Herrmann, La faute secrète d'Ovide. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 17, fasc. 3-4, 1938 - books.google.fr).

En rattachant étymologiquement Tomes au grec "tomè" (coupure) ou "tomi" (tranchant), Ovide s'assimile symboliquement à Absyrtos ; comme lui, il est dépecé par l'exil, enterré vivant, loin de ceux qu'il aime, en proie à une « léthargie semblable à la mort » "similis morti [...] torpor" (Christine Kossaifi, Une épreuve délicieuse, l'expérience ovidienne de la vieillesse, Vieillir en exil: actes du colloque organisé par le CRLMC, Université Blaise-Pascal, l'Equipe DENTES, Université de Provence et l'Institut de gérontologie sociale, IGS, Marseille, 11-12 mars 2005, 2006 - books.google.fr).

Les traditions sur Aiétès varient beaucoup : par exemple, Diodore de Sicile (IV, 45) dit qu'Aictès épousa Hécate, fille de son frère Persès, et en eut deux filles, Circé et Médée, et un fils, Aigialeus, que l'on assimile d'ordinaire à Apsyrtos (Apollonios de Rhodes, Les Argonautiques, traduit par Henri La Ville de Mirmont, 1892 - books.google.fr).

En réalité, toujours selon cet auteur, «la question des toponymes commençant par Aig- est l'une des plus complexes en grec. Il s'y est mêlé de la chèvre, de la vague, du peuplier. C'est justement peut-être de la chèvre que chèvre que l'on trouve avec le mont Égéon de Crète (grec Aigaô), à propos duquel il convient d'abord de rappeler le mythe rapporté par Hésiode (Théogonie, éd. Mazon 1979 : v. 116 sq.) et d'autres mythographes grecs. D'après ceux-ci, il a existé avant la génération olympienne des dieux une race de Titans et de Titanides, fils et filles de Gaia (la Terre) et d'Ouranos (le Ciel). Parmi ces enfants figurent Rhéa et Cronos (v. 453 sq.). Ces derniers, frère et sœur donc, s'unirent et eurent une nombreuse progéniture. Mais les parents de Cronos avertirent celui-ci que l'un de ses fils encore à naître le détrônerait un jour. Par prudence, Cronos avala chacun de ses nouveau-nés. Rhéa, déjà grosse de l'enfant Zeus, supplia ses parents de l'aider à le mettre à l'abri. Sur leurs conseils, Rhéa s'enfuit en Crète, accoucha secrètement et ce fut « l'énorme Terre qui lui reçut son enfant, pour le nourrir et le soigner dans la vaste Crète. L'emportant donc à la faveur des ombres de la nuit rapide, elle atteignit les premières hauteurs du Dictos et de ses mains le cacha au creux d'un antre inaccessible, dans les profondeurs secrètes de la terre divine, aux flancs du mont Égéon, que recouvrent des bois épais» (v. 479-484). On a vu que le nom du mont Égéon est Aigaô en grec. Or c'est peut-être ce nom qui, rattaché par «étymologie populaire» à aix, aigos (« la chèvre»), a généré la légende selon laquelle l'enfant Zeus fut élevé dans une caverne du mont Dicté (Dictos) en Crète (ou du mont Ida dans d'autres versions) et allaité soit par une chèvre effrayante nommée Aïx («la Chèvre»), soit par une nymphe du même nom (version commune; Amalthée dans d'autres versions) (Jacques Merceron, La vieille Carcas de Carcassonne, 2006 - books.google.fr).

Tarcisse : anti Narcisse

Le férial hyéronimien fournissait un grand nombre de noms :

...III nona ianuar... Et in ciui Tomis Claudonis Eugenis Rodi trium ffrm argei narcissi et marcellini.

Ces noms reparaissent dans le calendrier populaire :

IV Non. Beati Macarii et Tonus martyrum Argei, Narcissi et Marcellini.

Les trois martyrs de Tomes Argée, Narcisse et Marcellin sont certainement les prototypes historiques de ces doubles légendaires que sont les trois esclaves martyrs Argée, Narcisse et Marcellin (Albert Dufourcq, Étude sur les Gesta martyrum romains, Tome 3, 1907 - books.google.fr).

Ainsi, le second jour de janvier, selon notre manière de compter, était le quatre des nones de janvier, IV nonas januarias (L'art de vérifier les dates, Tome IV, 1819 - books.google.fr).

Près de là étoit une fontaine dont l’eau pure, argentée, inconnue aux bergers, n’avoit jamais été troublée ni par les chèvres qui paissent sur les montagnes, ni par les troupeaux des environs. Nul oiseau, nulle bête sauvage, nulle feuille tombée des arbres n’avoit altéré le crystal de son onde. Elle étoit bordée d’un gazon frais qu’entretient une humidité salutaire; et les arbres et leur ombre protégeoient contre l’ardeur du soleil la source et le gazon. C’est là que, fatigué de la chasse et de la chaleur du jour, Narcisse vint s’asseoir, attiré par la beauté, la fraîcheur, et le silence de ces lieux. Mais tandis qu’il appaise la soif qui le dévore, il sent naître une autre soif plus dévorante encore. Séduit par son image réfléchie dans l’onde, il devient épris de sa propre beauté (Les métamorphoses d'Ovide: traduction nouvelle avec le texte latin, traduit par G.T. Villenave, Tome II, 1806 - books.google.fr).

Selon un interprétation au premier degré catholique Narcisse refuse le mariage avec un autre que lui-même, le miroir qui lui renvoie son image perçue par ses propres yeux, n'est troublé par aucun animal, aucune chèvre. Sa fascination visuelle pour lui-même le conduit à la mort. Tarcisse est aveugle, mais elle a les yeux de la foi qui lui font voir d'autres "réalités", elle refuse le mariage humain, pour un autre avec une entité incorporelle, une chèvre la nourrit, la renvoyant à une réalité corporelle celle-ci. Les eaux suintant de la grotte où elle s'est réfugiée lui rendent la vue. Elle vivra encore en bonne et divine compagnie.

Mais la mort laisse place à une métamorphose.

Narcisse s'efforce de saisir, dans le bassin où il s'est miré, sa propre image, cause de sa métamorphose en fleur, afin qu'il puisse revivre grâce à ces eaux qui lui ont donné la mort : .VT.PER.QVAS.PERIIT.VIVERE.POSSIT.AQVAS. Les narcisses sont des végétaux à fleurs blanches ou jaunes, et ce sont ces fleurs qui les ont fait distinguer par les mythologues et les symbolistes ; elles offrent, en effet, les colorations respectives des deux soufres chargés d'orienter les deux Magistères. Tous les alchimistes savent qu'il faut se servir exclusivement du soufre blanc pour l'Œuvre à l'argent et du soufre jaune pour l'Œuvre solaire, en évitant avec soin de les mélanger, selon l'excellent conseil de Nicolas Flamel : il en résulterait une génération monstrueuse, sans avenir et sans vertu. Narcisse est ici l'emblème du métal dissous. Son nom grec, Narkissos, vient de la racine Narkè ou Narka, engourdissement, torpeur. Or, les métaux réduits, dont la vie est latente, concentrée, somnolente, paraissent de ce fait demeurer dans un état d'inertie analogue à celui des animaux hibernants ou des malades soumis à l'influence d'un narcotique (narkôtikos, rac. narkè). Aussi les dit-on morts, par comparaison avec les métaux alchimiques que l'art a évertués et vitalisés. Quant au soufre extrait par le dissolvant, — l'eau mercurielle du bassin, — il reste le seul représentant de Narcisse, c'est-à-dire du métal dissocié et détruit. Mais, de même que l'image réfléchie par le miroir des eaux porte tous les caractères apparents de l'objet réel, de même le soufre garde les propriétés spécifiques et la nature métallique du corps décomposé. De sorte que ce soufre principe, véritable semence du métal, trouvant dans le mercure des éléments nutritifs vivants et vivifiants, peut générer ensuite un être nouveau, semblable à lui, d'essence supérieure toutefois, et capable d'obéir à la volonté du dynamisme évolutif. C'est donc avec raison que Narcisse, métal transformé en fleur, ou soufre, — car le soufre, disent les philosophes, est la fleur de tous les métaux, — espère retrouver l'existence, grâce à la vertu particulière des eaux qui ont provoqué sa mort. S'il ne peut extraire son image de l'onde qui l'emprisonne, celle-ci du moins lui permettra de la matérialiser en un "double" chez lequel il retrouvera conservées ses caractéristiques essentielles. Ainsi, ce qui cause la mort de l'un des principes donne la vie à l'autre, puisque le mercure initial, eau métallique vivante, meurt pour fournir au souffre du métal dissous les éléments de sa résurrection. C'est pourquoi les Anciens ont toujours affirmé qu'il fallait tuer le vif afin de ressusciter le mort. La mise en pratique de cet axiome assure au sage la possession du soufre vif, agent principal de la pierre et des transformations que l'on en peut attendre. Il lui permet encore de réaliser le second axiome de l'Œuvre : joindre la vie à la vie, en unissant le mercure premier né de nature, à ce soufre actif pour obtenir le mercure des philosophes, substance pure, subtile et vivante. C'est là l'opération que les sages ont réservée sous l'expression des noces chimiques, du mariage mystique du frère et de la sœur, — car ils sont tous deux de même sang et ont la même origine, — de Gabritius et de Beya, du Soleil et de la Lune, d'Apollon et de Diane (Fulcanelli, Les demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'art sacré et l'ésotérisme du Grand-Oeuvre, 1930 - books.google.fr).

Tomes et Marseille

La ville et ses faubourgs (Aguessac, Paulhe, Carbassas et divers nombreux écarts) comptait 500 « feux » (environ 2500 habitants). Au bord du Tarn, à l'emplacement actuel du cimetière d'Aguessac, il existait primitivement une abbaye bénédictine. L'église matrice de Sainte-Marie de Lumenson (N.-D. de "Limentone") était romane à 3 nefs. Pons d'Etienne, évêque de Rodez, la donna en 1082 à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. En 1313, les religieux de Lumenson furent remplacés par des prêtres séculiers appelés « Panetiers », sans doute parce qu'ils étaient entretenus par le produit du bénéfice du monastère qui leur fournissait le blé et le pain. Ces panetiers, au nombre de quatre, avaient pour supérieur le curé du lieu, menaient une vie monacale et assuraient le service de Pailhas, Compeyre et Carbassas. Le 4 juillet 1532, l'évêque Georges d'Armagnac transféra le curé et les panetiers à l'église Saint-Vincent de Compeyre (www.compeyre.fr - Historique illustré).

Selon Jean-Claude Guy, Kassianos / Cassianus serait son nom de famille et le prénom Jean aurait été ajouté en hommage à saint Jean Chrysostome, dont il a été un fidèle. Les sarcophages et inscriptions antiques montrent que le nom de Kassianos, parfois latinisé en Cassianus, était fréquent autour des bouches du Danube et sur la rive occidentale du Pont Euxin, notamment dans les cités gréco-romaines d'Aegyssos, Orgamè, Histria, Tomès et Kallatis d'où il est probablement natif, cités situées au contact des civilisations grecque et latine.

Il se fixe par la suite en Provence et fonde, en 414 ou 415, deux monastères à Marseille, Saint-Victor pour les hommes et Saint-Sauveur pour les femmes. Il est fêté le 23 juillet au diocèse de Marseille (fr.wikipedia.org - Jean Cassien).

L'essor domanial de Saint-Victor dans le sud-ouest de la France, ainsi que son prolongement en Catalogne, est étroitement lié au mouvement de r éforme de l'Eglise. Les abbés Bernard et Richard de Millau, dans la seconde moitié du XIe siècle, sont des auxiliaires dévoués des papes réformateurs et Saint-Victor profite de leur situation en vue. De nombreux seigneurs laïques ou ecclésiastiques, afin de se ménager les faveurs du Saint-Siège, confient aux moines marseillais d'anciennes et riches abbayes en espérant y voir régner à nouveau l'ordre et la ferveur. A l'exception de Saint-Micheldel-Fay, donné par Gombaud de Bisaure vers 1040, ces donations dans le sud-ouest se situent plutôt dans la seconde moitié du XIe siècle et notamment durant les vingt dernières années. Il s'agit surtout de monastères ou d'églises et beaucoup plus rarement, comme en Provence, de biens fonciers ou de droits seigneuriaux (excepté au Vigan, à Mezouls et à Romeu). Avant même l'abbatiat Bernard de Millau (1064), ont été ainsi réunis à Saint-Victor les anciens monastères de Saint-André d'Agde, de Vabres, de SaintSauveur de Chirac, de Saint-Sébastien dei Gorgs ou "in Penedès" (en Catalogne) et les prieurés de Saint-Martin de La Canourgue, d'Ambialet ct du Vigan. Les abbés rotlcrgats favorisent l'agrégation des monastères de Notre-Dame de Millau, de Saint-Amans de Rodez, de Saint-Léons et de leurs nombreuses dépendances; d'autres églises et chapelles isolées sont également données directement à Saint-Victor dans le Rouergue, seule région du sud-ouest où l'implantation des moines marseillais est vraiment dense (E. Baratier, Le temporel de Saint-Victor - provence-historique.mmsh.univ-aix.fr).

Car l'abbé Bernard est un personnage de tout premier plan. Il a déjà reçu la pourpre d'Alexandre II (106l-1073) qui l'a envoyé en légation à Milan et Grégoire VII l'avertit un des tout premiers de son élection, dès le 28 avril 1073, en même temps que l'abbé de Cluny et quelques grands personnages, puis en fait son principal légat en Espagne. Bernard est présent à l'entrevue fameuse du pape et de l'empereur Henri IV, à Canossa, le 28 janvier 1077, il est ensuite envoyé comme légat en Allemagne. Lorsque l'abbé d'Hirsau lui demande une règle, il lui conseille d'adopter celle de Cluny, car c'est là le modèle dont il entendait s'inspirer pour l'ordre et la régularité, mais aussi pour la domination du pouvoir monastique. En 1079, il est encore envoyé en Espagne, où il mourra le 30 juillet, mais il a obtenu le 2 janvier de Grégoire VII un privilège qui l'égale à Cluny. Son monastère est uni comme Cluny à à celui de Saint-Paul hors les murs à Rome, et rattaché directement au Saint-Siège, échappant à la juridiction ordinaire et par là à l'influence des seigneurs locaux. Le pape adresse sa bulle aux moines en se félicitant du zèle de leur abbé à son égard et en les priant de supporter de bon cœur son absence qui sera brève. Une autre bulle du 4 juillet confirme toutes les possessions de l'abbaye et autorise l'abbé à ordonner et corriger les monastères en dépendant "comme s'il était le pape lui-même". Bernard est mort trop tôt pour voir l'achèvement de son œuvre rouergate, pour laquelle il s'est associé de nombreux compatriotes, même s'il a trouvé aussi sur place de nombreuses difficultés. C'est à la fin de 1079 que l'évêque de Rodez, Pons d'Etienne, confirme à son frère et successeur Richard, en le remerciant de son appui, la donation de la grande abbaye de Rodez, Saint-Amans, avec ses dépendances, préparée depuis longtemps, dit-il, par la donation de Robert d'Auvergne, et empêchée par les guerres. Richard de Millau était déjà cardinal lui aussi depuis Alexandre II (alors que l'abbé de Cluny ne l'était pas). Il n'a eu qu'à prolonger en tout l'œuvre de Bernard, dont il reçut immédiatement du pape la succession pour la légation d'Espagne. Grégoire VII les classait tous deux parmi "les trop rares qui se dressent sans fléchir contre les ennemis de Dieu", peut-être parce qu'ils avaient un tempérament aussi impérieux et entier que le sien. Richard joue d'abord un rôle de premier plan, présidant en 1080 le concile de Burgos qui fait adopter définitivement la liturgie romaine, malgré l'opposition du moine clunisien Robert. Il reste encore en 1081 dans le Midi pour visiter divers couvents sur l'ordre du pape, et va en Castille. Mais, de ce côté, les Clunisiens garderont la haute main et quand Alphonse VI prend Tolède le 6 mai 1058, il choisit l'un d'entre eux, Bernard, abbé de Sahagun, pour en faire l'archevêque, ce qui confirme l'échec du cardinal Richard. Cluny garde le contrôle de l'expansion chrétienne à l'ouest de l'Espagne, Saint-Victor restant confiné vers l'est. Il obtient du pape le 18 avril 1081 la direction des abbayes de Montmajour, près Arles, Psalmodi en Camargue et Lagrasse en Minervois. Il paraît s'agir d'une forme de protection en même temps que de contrôle, comme le pape lui demande de le faire aussi en 1082-1083 pour Saint-Sernin de Toulouse, et peut-être Moissac. Après la mort du pape, Richard part avec son ami Hugues de Die (38) au concile de Padoue, mais tous deux commettent l'erreur de s'opposer à l'élection de Didier, abbé du Mont-Cassin, qui devient Victor III en mars 1086. Celui-ci se venge en excommuniant Richard et lui enlevant sa légation. Mais il meurt dès septembre 1087. Richard est d'abord assez mal vu par le nouveau pape Urbain II, un clunisien. Pourtant il préside au début de 1088 le concile qui dépose l'archevêque de Compostelle, Diego Pelaez, selon le souhait du roi Alphonse VI, puis il assiste le 29 septembre 1088 à la consécration de l'église de Silos à côté de l'archevêque clunisien de Tolède, Bernard (Jacques Bousquet, Le Rouergue au premier moyen âge (vers 800-vers 1250): Les pouvoirs, leurs rapports et leurs domaines, 1992 - books.google.fr).

Cassien et l'acédie, mélancolie monastique

De Cassien, nous sont parvenus trois œuvres, qui datent de ses dernières années à Marseille. Les Institutions cénobitiques sont rédigées à l'instigation de l'évêque Castor d'Apt, c'est pourquoi elles portent une préface dédicatoire à Castor (Gregor Emmenegger, Florilège de la littérature patristique, 2012 - books.google.fr).

L’acedia, mélancolie spécifique des moines solitaires qui vivaient dans les déserts d’Égypte à la fin du troisième et au quatrième siècle de notre ère, est une mélancolie radicale en réponse à une oppression absolue ((Bernard Forthomme, De l'acédie monastique à l'anxio-dépression: histoire philosophique de la transformation d'un vice en pathologie, 2000).

Cassien, au cinquième siècle, répand dans le monde latin la connaissance, et l’exemple auréolé de prestige, de l’anachorétisme égyptien. Il écrit deux ouvrages de doctrine, les Institutions cénobitiques [De institutis coenobiorum], sorte de règlement intérieur d’un monastère oriental à l’usage de l’Occident, et les Conférences [Collationes ou Conlationes], aux allures de reportage, qui sont d’édifiants dialogues entre l’auteur et des solitaires d’Égypte. C’est Cassien qui, à partir des textes d’Évagre le Pontique, fixe la formule latine qui devient l’équivalent de la grecque : anxietas sive tædium cordis « l’anxiété, ou le dégoût du coeur » et que l’on retrouve inchangée en différents lieux de ses ouvrages. Il décrit de manière saisissante le malaise du moine acédiaste, ne pouvant tenir en place et se jetant désespérément sur tout ce qui peut le distraire. Le moine soupire après les monastères lointains, se précipite sur la nourriture, promène autour de lui des regards anxieux, espère ardemment une visite. « Il sort et rentre souvent dans sa cellule, observe à tout moment le soleil, comme s’il était trop lent à se coucher. » Pris d’angoisse, le malheureux cède au sommeil de torpeur saoule qui deviendra la paresse du Moyen Âge, ou bien, « ardent », survolté, plein d’une ardeur animale et d’une grande fébrilité, il se livre à l’assouvissement nauséeux de ses plus bas et plus forts instincts. L’acedia, tourment corporel, peut ainsi culminer sur une crise frénétique (Anne Larue, Les chambres de l’esprit - electrodes.files.wordpress.com, Autour de Rennes : Signol - Sigzol : la lettre de Mantinée, Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : Vélasquez).

Tarot

Les figures des tarots sont toutes des allégories médiévales ; leur usage est signalé en France dans les minutes d'un notaire de Marseille en 1380 et, deux ans plus tard, dans une ordonnance des magistrats de Lille. Le seul jeu qui reste de cette époque est celui dont on peut voir dix-sept arcanes à la Bibliothèque nationale et qui fut peut-être fabriqué par Jacquemin Gringonneur, puisqu'un registre de la Chambre des comptes de Paris indique qu'il fut payé par [Charles (Charlot) Poupart], en 1392, la somme de 56 sols parisis « pour trois jeux de cartes à or et diverses couleurs, de plusieurs devises, pour porter devant le seigneur roi pour son esbattement » (selon Ménestrier, 1704). On peut imaginer le peintre rendant visite à son voisin Flamel et lui révélant les secrets redoutables que contiennent ces images dont le modèle lui est peut-être parvenu d'Italie. Mais, à cette date, l'alchimiste a depuis longtemps réussi ses projections et commencé ses aumônes. Que lui apprendraient les tarots qu'il n'ait déjà puisé dans la lecture des philosophes ? Il a commencé à rédiger en vers son Sommaire philosophique, destiné à guider les chercheurs (Gilette G. Ziegler, Nicolas Flamel, 1971 - books.google.fr).

Le jeu de la Bibliothèque nationale semble être en fait postérieur.

Le 5 juin 1390, Charles Poupart, valet de chambre du roi, fut nommé argentier au lieu d'Arnoul Boucher (Arch. nat., KK 21, fol. 2); en 1412, l'Université le signala dans ses remontrances au roi comme coupable de dilapidations; on lui reprochait d'avoir acquis «grans rentes et possessions», ce qu'il n'avait pu faire, disait-on, avec les seuls gages de son office (Monstrelet, t. II, p. 312) (Notes : Alexandre Tuetey) (Journal d'un bourgeois de Paris, 1405-1449 - doctrinepublishing.com).

Certains auteurs prétendent qu'il y avait dans cette rue du Coq une entrée de l'hôtel de Saint-Faron où résida Blanche de Navarre, veuve de Philippe de Valois ; mais l'hôtel de Saint-Faron avait son entrée rue de la Verrerie et était situé plus loin, entre la rue des Deux-Portes et celle des Mauvais-Garçons. On dit aussi que Charles VII se réfugia dans cette rue du Coq quand la trahison de Périnet-Leclerc livra Paris aux Bourguignons (La Cité, Volume 7, Société historique et archéologique des IVe et IIIe arrondissements de Paris, 1912 - books.google.fr).

L'Hôtel Saint-Faron appartenait aux abbés de Saint-Faron de Meaux, probablement depuis le XIIIe siècle. En 1553, le cardinal de Ferrare, Hippolyte d'Este logeait encore en l'hôtel des abbés de Saint-Pharon comme abbé de cette abbaye. Au XVIIème, c'est Jean de Baillon, chevalier, seigneur châtelain de Louans, qui demeurait, à Paris, à l'hôtel Saint-Faron, paroisse Saint-Jean de Grève (Louis Brochard, Saint-Gervais: histoire de la paroisse d'après de nombreux documents inédits, 1950 - books.google.fr, Eugène Ménorval, Paris depuis ses origines jusqu'à nos jours, Tome 2, 1892 - books.google.fr).

La rue de la Verrerie comptait au nombre de ses habitants un jeune peintre sur verre, du nom de Jacquemin Gringonneur (Antoine-Nicolas Béraud, Dictionnaire historique de Paris, Tome I, 1828 - books.google.fr).

Le Tarot pourrait avoir une origine irlandaise. De nombreux Irlandais séjournaient à Meaux au moyen âge à la suite des saints Fiacre et Faron, de même origine (22 v’la l’Tarot : Passe-moi le celte : Introduction).

La maison du 83, rue de la Verrerie est une des plus étonnantes du quartier, bien qu'en fort mauvais état, appartint au père de Bossuet - évêque de Meaux - fermier des Gabelles du Lyonnais et du Languedoc, puis en 1781 à la trop célèbre comtesse de La Motte (Pierre Alechinsky, Rue de la Verrerie, 1997 - books.google.fr).

Grenade et xenia

Un peintre grec, nommé Pirœicos, créa un genre de peinture familière qu'on appela ryparhographie, représentation des objets bas, et particulièrement des comestibles, obsonia ac similia (Pl., XXXV, 57, 1). On appelait aussi les représentations de la nature morte xenia (Vitr., VI, 7, 4). Plusieurs des sujets décrits, sous ce nom, par Philostrate (imag., 1, 30, 11, 26), des fruits, des oies, des canards suspendus se retrouvent dans des mosaïques ou des peintures à Rome et surtout à Pompéi. C'est un genre, comme son nom l'indique, méprisé en Grèce, mais qui put être estimé à Rome, où le goût était moins délicat et où il fut imité. Deux mosaïques du Vatican fournissent la preuve de cette imitation. Le seul tableau véritable trouvé à Rome est celui qu'on connaît sous le nom de Noces aldobrandines. Winckelmann (Mon. ined., p. 60, 152) pensait y reconnaître les noces de Thétis et de Pelée en le comparant au bas-relief de la villa Albani que Zoega (I, 255) croyait de son côté composé d'après un tableau, comme les noces aldobrandines. Böttiger (Noz :, ald., p. 66 et suiv.) y voit un simple mariage avec une allusion aux noces de Bacchus et de Cora ; d'autres, ce qui est moins vraisemblable, l'hymen même de Liber et de Proserpine. (Ann. arch, 1842, p. 27, Gerhard, St. R., II, 2, p. 11 ). S'il fait allusion à un sujet mythologique, le réel y est à côté de l'idéal, et la mythologie y est appliquée à la représentation d'un mariage ordinaire. Poussin, qui l'admirait beaucoup, en a fait une copie conservée au palais Doria. Aujourd'hui que l'on connaît les peintures de Pompéï et d'Herculanum, cet échantillon de la peinture des anciens n'est plus à peu près unique et a perdu de son prix; il n'en est pas moins fort remarquable : tout porte à y voir une peinture romaine, mais l'auteur s'était inspiré des Grecs, comme on s'en inspirait presque toujours à Rome. La nouvelle mariée, assise sur le lit nuptial et attendant son époux, a cette expression de pudeur virginale, d'embarras modeste, qui avait rendu célèbre un tableau dont le sujet était le mariage de Roxane et l'auteur AEtion, peintre grec (Jean Jacques Ampère, L'histoire romaine à Rome, Tome 4, 1864 - books.google.fr).

Les Noces aldobrandines, fresque antique découvertes en 1605 cours de fouilles dans les entrailles du mont Palatin à Rome, excitèrent aussi son admiration au point que Nicolas Poussin en exécuta une copie conservée au Palais Doria (copie de même largeur, mais en y ajoutant beaucoup de hauteur par beaucoup de ciel) (Émile Magne, Nicolas Poussin: Premier Peintre Du Roi, 1928 - books.google.fr).

Aujourd'hui cette atribution est mise en doute.

Traditionnellement considéré comme de la main de Poussin, et admiré - à dire vrai sans grand fondement - par la plupart des auteurs anciens (Vasi, Chateaubriand, etc.). Admis par les critiques modernes, dont Grautoff (n° 7), Gilles de la Tourette (Poussin, 1929) et Sestieri (cat. cit.). Seule une restauration du tableau et une étude technique pourraient offrir des arguments valables Nicolas Poussin (2): Colloque organisé à l'Institut d'art et d'archéologie, Université de Paris. Deuxième partie : documents, 1960 - books.google.fr).

Canicule et xenia

M. Detienne a montré (Les Jardins d'Adonis, cit.) que la jeune mariée entretenait des relations positives avec la sphère des parfums et de la séduction sur laquelle règne Aphrodite. Loin d'être inattendus dans une iconographie du mariage, les symboles désignant Aphrodite y sont donc, au contraire, parfaitement à leur place.

Dans leur sens d'offrande aux hôtes, ils sont parfaitement appropriés à l'évocation du festin nuptial dont des auteurs comme Athénée (128 sqq.), ou Lucien (Conviv., 8) nous donnent suffisamment idée. En tant qu'évocation des Saisons, ils sont bien adaptés à l'évocation de l'Aeternitas et de l'éternel renouveau qu'est le mariage (sur les Saisons, Aetemitas, etc., cf. par ex. Salomonson, Mos. p. 62 à 65). Rien n'interdit de penser, du reste, que ces deux sens des xenia se rejoignent, en ce que l'on offrait peut-être aux hôtes des xenia évoquant les différentes saisons pour symboliser cette même éternité, et ce même renouveau.

En résumé, ce thème des xenia, normal dans le décor domestique, est présent dans la maison des Nymphes comme dans bien d'autres maisons romaines, notamment d'Afrique du Nord : sa fonction sémantique, au niveau le plus général, paraît être d'évoquer la fécondité et l'éternel renouvellement du monde (de ce monde rendu fertile par les eaux d'Océan), et plus particulièrement de la demeure où il se trouve représenté. Les significations prophylactiques, propitiatoires, religieuses, philosophiques d'un tel programme se fondaient vraisemblablement, pour l'observateur banal, en un sentiment confus de sa valeur «bénéfique». Mais des allusions plus précises ont pu être couramment perçues : aux dons d'hospitalité (c'est le sens du mot xenia), aux saisons, à telle divinité. La grenade à elle seule évoque puissamment Aphrodite, dont c'est le fruit de prédilection. On se demandera plus loin si ce thème des xenia, sans rien perdre de ses valeurs générales et habituelles, ne prend pas, en s'intégrant au programme iconographique d'ensemble de la maison des Nymphes, une signification plus précise.

Mais où l'évocation des Saisons serait-elle mieux placée que dans cette «Maison des Nymphes», quand on connaît les longues spéculations de Porphyre sur les relations entre les signes du Zodiaque et la géographie mystique de l'Antre archétypal d'Homère (de antro Nympharum, passim), et quand on sait les liens de proximité qui existaient entre le Nymphée et le Septemzodium (ou Septizodium, ou -zonium) de Lambèse (CIL VIII s.v. Lambaesis) ou de Rome (Hist. Aug. 267 F) et tout ce que cela supposait de spéculations conjointes concernant les signes du Zodiaque et les Nymphes, spéculations que, pour l'instant, nous ne comprenons pas clairement. Parmi ces xenia, on notera que l'hydrie de la mos. n° 10 connote cette même canicule qui a poussé Amymonè à s'aventurer dans la «plaine assoiffée d'Argos», en quête d'eau. Il n'est pas interdit de voir dans cet objet, à la forme stéréotypée (cf. aussi le calendrier de 354), une loutrophore. Quelle eau plus essentiellement désaltérante que celle des ablutions nuptiales d'Amymonè ? On remarquera aussi que parmi ces xenia figure la grenade, qui est, nous dit-on, précisément le seul fruit qu'Aphrodite ait voulu planter à Chypre (Athénée, III, 84 c) et qui est attestée comme don nuptial, avec le coing (cf. M. Detienne Dionysos mis à mort, p. 102-105). Notons encore que, selon Pline, on arrosait les graines de concombres de lait miellé, symboles conjoints de la mère et de l'épouse (Pline XIX, 23 ; l'interprétation n'est pas de Pline) (Jean-Pierre Darmon, Nymfarum domus: Les pavements de la maison des nymphes à Néapolis (Nabeul, Tunisie) et leur lecture, 1980 - books.google.fr).

Voici Hésiode : Travaux, 582 :

«Quand fleurit le chardon et quand la cigale bruyante, perchée sur un arbre, répand, au battement pressé de ses ailes sa sonore chanson, dans les jours pesants de l'été...». Et Bouclier, 393 : «la cigale sonore, aux ailes d'azur sombre, perchée sur un rameau vert, entonne pour les hommes sa chanson d'été ; elle ne mange et boit que la rosée nourricière, et tout le jour depuis l'aube elle épanche ses accents dans les mois de la plus cruelle chaleur où Sirius brûle la peau.»

Alcée (n. 111, p. 98) :

L'astre s'est levé.... Blottie dans le feuillage, la cigale crépite doucement et sous l'abri de ses ailes verse abondamment sa claire chanson tandis que le soleil de flamme, se répandant sur la terre, la dessèche toute.... C'est l'heure où les femmes sont plus ardentes et les hommes plus languissants car Sirius énerve les têtes et les genoux (Paul Antin, Cigales littéraires. In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°3, octobre 1962 - www.persee.fr).

Emma Calvé et l'été

La mort d'Emma Calvé, il faut bien le dire, passa presque inaperçue en un temps aussi morne. Sur un modeste divan, dans une pièce des dépendances du château de Sambucy, sa dépouille mortelle, très simplement vêtue, ne reçut que de très rares amis. Et à une humble femme du voisinage qui était venue par compassion se recueillir un instant devant le corps d'Emma Calvé, une sœur du couvent Saint-Joseph pouvait dire en guise d'oraison funèbre : «Voilà la gloire !» Très peu de gens suivirent le corbillard qui n'avait pour toute parure que le minimum de la dernière classe. «Voilà la gloire!» Oui, bien sûr, cet enterrement illustrait la célèbre formule : «Sic transit gloria mundi», «Ainsi passe la gloire du monde !» Et pourtant ce fut bien une vraie gloire de la petite et de la grande patrie que cette cantatrice qui était si modestement portée en terre. Je ne rappellerai pas ici cette prestigieuse carrière qui de Paris en Amérique et en Russie et par le monde entier fit de la petite serveuse d'un café de Decazeville l'une des plus grandes vedettes du monde. Elle était née, en effet, à Decazeville, mais comme devait si bien le dire le président Ramadier, cette cigale ne pouvait vivre et chanter dans la fourmillière du Bassin houiller. Elle aima Millau, nos paysages, nos Causses à un tel degré que dans son cœur et dans ses souvenirs, elle fit de notre région son pays natal. Elle aima en particulier Millau comme sa vraie ville natale. Et au lendemain de la Libération, quand Millau eut retrouvé son vrai sourire, les Millavois se souvinrent. Leurs cœurs animés par des poètes du terroir, comme notre très cher félibre Georges Girard, se rappelèrent la gloire de la diva. Sa tombe fut fleurie, décorée, embellie. Le centenaire de sa naissance fut brillamment fêté. Et aujourd'hui une chorale, la chorale si bien nommée Emma Calvé, honore le vingt-cinquième anniversaire de sa mort. Emma Calvé doit être contente dans l'Au-delà de voir qu'une chorale de talent se soit inspirée de son nom dans la cité des gants et se soit souvenue de ce modèle qui porta le chant à la perfection. Je me souviens bien de cette grande dame, sur le passage de laquelle ma mère se retournait quand la cantatrice se promenait dans les rues de la ville. Elle me la montrait discrètement. [...] Mon jeune esprit demeurait empli d'admiration. C'était donc elle Emma Calvé, celle dont tous les Millavois s'étaient enorgueillis pendant tant d'années. Aujourd'hui, au nom de la Ville qu'elle affectionna tant, je m'incline avec respect devant cette tombe (André Maury, Le souvenir d'Emma Calvé et de Léopold Constans, Revue du Rouergue, Volumes 21 à 22, 1967 - books.google.fr).

Au fil des allées, on verra aussi se démarquer des autres tombes, celle de notre «Carmen» : la généreuse cantatrice Emma Calvé qui mourut dans le dénuement. Elle fut inhumée là, une froide journée d’hiver, le 6 janvier 1942, où l’attendait le caveau qu’elle avait fait construire pour ensevelir son père, décédé en 1902, et où elle a voulu reposer. Sa mère est enterrée au cimetière de Miramont, à Decazeville. Evoquant la mort, Emma Calvé disait : «Je plains ces vieilles gens qui se croient obligés de rester toujours à la même place afin de vivre plus longtemps. La mort est bien sûre de ne pas les manquer, elle sait où les prendre ! Moi, je tâche de lui échapper ! J’espère continuer de voyager aussi dans l’autre monde où les chemins doivent être aisés puisqu’on y va les yeux fermés». Un monument, dû à l’initiative de l’association des Amis d’Emma Calvé, dont Georges Girard fut un des actifs contributeurs, a été élevé sur sa tombe à l’occasion du centenaire de sa naissance, en 1958, avec une cigale sculptée, son emblème, et sa devise en occitan : «Que canto, soun mal encanto» (Celui qui chante enchante son mal, devise de Théodore Aubanel) (www.millavois.com).

Théodore Aubanel, né le 26 mars 1829 à Avignon, ville où il meurt le 2 novembre 1886, est un imprimeur et poète d'expression provençale. Son nom en provençal est Teoudor Aubanèu. Très catholique, il suit les réunions de la Société de la Foi où il fait la connaissance de Joseph Roumanille. Celui-ci lui présente Frédéric Mistral et Anselme Mathieu. Tous se retrouvent au château de Font-Ségugne pour créer vers et chansons. En 1860, il publie La mióugrano entre duberto (La grenade entr'ouverte) qui reçoit un accueil enthousiaste du monde littéraire et où il chante son amour pour Zani. Mais l'ouvrage est mis à l'index par les catholiques avignonnais dont il se sent si proche et met en danger l'imprimerie familiale très liée à l'archevêché d'Avignon (fr.wikipedia.org - Théodore Aubanel) (Le Prieuré de Sion : Prologue : Emma Calvé : massacre des Innocents à la grenade).

Nativité et canicule

La question d’une naissance durant la belle saison a été approfondie par une anthropologue, Odile Ricoux, spécialiste des religions antiques. L’hypothèse de sa démonstration est d’identifier à Sirius l’astre mentionné dans l’Évangile de Matthieu. Cette étoile, située dans la constellation du Chien, est la plus brillante du ciel. Selon l’auteure, elle est à nouveau visible en même temps que le soleil au-dessus de l’horizon céleste le matin du 22 juillet (ce qu’on appelle le lever héliaque d’une étoile, soit sa réapparition sur l’horizon avant le lever du soleil). Sur cette base s’enchaîne un raisonnement complexe à partir du personnage de Zacharie, le père de Jean-Baptiste, pour lequel Luc est extrêmement précis. «Or, tandis qu’au tour de sa classe, Zacharie remplissait devant Dieu les fonctions sacerdotales, il fut, suivant l’usage liturgique, désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire du Seigneur et y brûler l’encens» (Lc 1, 8-10).

Cette mention de l’encens est importante car selon les sources antiques citées par l’auteure, cette substance aromatique se prépare précisément durant le temps dit «caniculaire», soit étymologiquement le temps du chien (celui où la constellation est visible). Par ailleurs, l’ordre et le cycle des ministères au Temple sont bien déterminés. Chaque classe sacerdotale officie deux fois l’an pendant une semaine. D’un long calcul, Odile Ricoux conclut que le ministère de la classe à laquelle appartient Zacharie se situe en février d’une part et en juillet d’autre part où il débute précisément le 21. C’est à ce moment qu’un ange révèle au prêtre que sa femme va enfanter. Six mois plus tard (toujours selon Luc), donc aux alentours du 25 décembre, c’est au tour de Marie de recevoir un message identique, durant l’épisode connu sous le nom d’Annonciation (Lc 1, 26-38). À nouveau Sirius est de la partie mais cette fois-ci avec son lever vespéral, soit son apparition crépusculaire avant que le jour finisse. Par des raisonnements fondés sur des rapprochements étymologiques discutables, Odile Ricoux se hasarde à souligner la proximité des mots grecs "kuôn" (chien) et "kuein" (devenir enceinte), alors qu’aucun dictionnaire étymologique ne mentionne de tels liens ! Tout aussi risqué nous apparaît le raisonnement sur la durée de la grossesse de Marie qui repose, selon nous, sur une tradition inspirée des Évangiles apocryphes: le Christ serait resté sept mois dans le sein de Marie, ce qui suppose un accouchement durant le 8e mois. Odile Ricoux estime, quant à elle, que cette durée est fondée sur un mode de comptage usuel pour la médecine hippocratique. De là découle une proposition d’interprétation qui présume que l’évangéliste Luc, lui-même médecin, se référerait aux enseignements d’Hippocrate: «Si donc Luc date l’Annonciation faite à Marie du “sixième mois” de la grossesse d’Élisabeth, c’est qu’elle intervient au bout de cinq mois solaires révolus, et non de six, et plus précisément encore, au tout début du sixième mois, selon l’habitude de compter des Anciens.» Mais surtout parce que le temps de sept mois et un accouchement au début du 8e mois correspondent à la durée qui sépare le lever vespéral du lever héliaque de Sirius. Conçu fin décembre, Jésus devrait naître sept mois et quelques jours plus tard. Voilà, selon Odile Ricoux, une indication précieuse qui fait pencher pour une naissance du Christ en juillet, vers le 21 juillet, date du lever héliaque de l’astre du Chien. Tout cela semble séduisant mais ne tient pas compte de la variabilité du lever de Sirius et des décalages de calendrier qui rendent l’affirmation de dates précises comme celle des 21-22 juillet passablement hasardeuse (Alain Cabantous, François Walter, Noël, une si longue histoire, 2016 - excerpts.numilog.com, La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : La Carte de La Vraie Langue Celtique : Carte et psaume).

De même que la fête catholique des Innocents se passe trois jours après Noël, en cas de naissance caniculaire de Jésus, le massacre des Innocents se place en juillet le 24 ou 25. Le 25 se fêtait Christophe, le saint à tête de chien selon la légende.

Pour le grand folkloriste Saintyves, la tête de chien de Saint Christophe montrait qu'il descendait d'Anubis. La Legenda Aurea qui lui fait franchir la Mer Rouge et la légende grecque qui le fait venir de Lycie, expliqueraient l'élément égyptien. En Egypte se trouvaient la Lycopolitanie et la ville de Lycopolis, et plus loin, la Cynopolitanie et la ville de Cynopolis. Anubis serait le dieu-chien et le dieu-loup de ces villes. Le Menologue grec de Basile mentionne Saint Christophe au 9 mai, et dit qu'il "avait d'abord une tête de chien, et dévorait les hommes...". Ce cynocéphale est adopté par la tradition copte qui place sa fête dans son synaxaire, et un apocryphe le présente comme compagnon de SS. André et Barthélémy. Avant de se faire chrétien, il semait la terreur et le massacre dans les villes (Francesca Canadé Sautman, La religion du quotidien : rites et croyances populaires de la fin du Moyen Age, 1995 - books.google.fr).

Précisément, que trouve-t-on au sanctoral romain au moment astronomique de la Canicule ?

Trois fêtes de saintes plus qu'intéressantes pour mon propos et qui "entourent" celle de sainte Anne, la Mère, leur Mère, en quelque sorte : au 20 juillet sainte Marguerite ; au 22, sainte Marie- Magdeleine ; au 29, sainte Marthe. Alors qu'au 26, se fête la sainte Anne. Une fête d'un très grand saint au 25 juillet, saint Jacques qui va mourir à ce moment à Compostelle, le Finistère ibérique de l'Europe. Et, au 1er août, la saint Pierre-aux-liens célèbre moins le martyre de saint Pierre ou un de ses épisodes, que le redoutable personnage d'Hérode Agrippa, présenté lui aussi, dans le texte,comme faisant partie d'une sinistre trilogie d'Hérode dont les fêtes sont respectivement : pour l'Ascalonite, au 28 décembre, il est l'auteur du meurtre des Innocents ; au 29 août, Hérode Antipas fait décoller saint Jean Baptiste et pratique un adultère-inceste qui va mettre toute sa famille à feu et à sang ; au 1er août, nous l'avons dit, Hérode Agrippa se proclame lui-même dieu solaire et veut se faire adorer comme tel par les humains du monde d'En-deçà (Paul Verdier, La canicule : célébrations celtes de la fin de Juillet, Mythologie française, Numéros 144 à 154, 1987 - books.google.fr).