Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   Psaumes 13 et 52 : Hermann ou Arminius   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET PSAUMES 13 52 HERMANN ARMINIUS

Dans le texte hébreu, on ne remarque, entre ce psaume 14 et le psaume 53, qui est le 52e de la Vulgate, que de légères différences qui pourraient être considérées comme les variantes de la leçon d'un même cantique. Ils se chantaient donc vraisemblablement l'un pour l'autre. Mais les auteurs de la Vulgate ont intercalé, après le verset 3 du psaume 14 quelques traits qui paraissent avoir été pris dans d'autres livres sacres, et qui, par leur sens, se rattachent parfaitement au psaume. Ils en ont formé trois versets; et saint Jérôme observe que « tous les commentateurs grecs ont marqué ces versets d'un obèle, pour faire voir qu'ils n'étaient ni de l'hébreu, ni des Septante, mais seulement de l'édition grecque qu'ils appelaient commune, et qui avait souffert beaucoup de variétés. » Ces trois versets se trouvent dans l'Épitre aux Romains, chap. III, où saint Paul les transcrit immédiatement après ces mots: Omnes declinaverunt Ils sont tirés du psaume 5, v. 11 ; du psaume 10, v. 7; du psaume 35, v. 2; du chapitre LIX du livre d'Isaïe, v. 7 et 8; et du livre des Proverbes, chap. 1, v. 16. Ces diverses citations sont indiquées à la marge de plusieurs éditions de la Bible, et notamment dans celle de Vitré (Jean-Baptiste-M. Nolhac, Etudes sur le texte des Psaumes ou le Livre des Psaumes expliqué à l'aide des notions acquises sur les usages, les croyances, les moeurs, 1836 - books.google.fr).

Le psalmiste veut éviter que ses compatriotes ne se laissent contaminer et ne succombent à des raisonnements de ce genre : « Après tout, ces Babyloniens sont religieux, eux aussi.» Pour l'auteur, aucune collaboration et aucun syncrétisme ne sont possibles. Et c'est d'une manière très polémique qu'il va dépeindre le Babylonien (peut-être y a-t-il un jeu de mots entre Nabal : l'insensé, et Babel: Babylone), pour montrer qu'il n'y a aucune alliance, aucune collusion possibles entre le peuple élu et sa foi, et ce peuple étranger (Alphonse Maillot, André Lelièvre, Les Psaumes, 1961 - books.google.fr).

Ps 13,1 et 52,1 : L'insensé a dit dans son coeur : Il n'y a point de Dieu. C'est ainsi qu'ont raisonné presque tous les hommes.

Les hommes s'étaient fort multipliés après le déluge : « Il n'y avait alors qu'une langue et une même manière de parler pour tous les hommes. » Obligés qu'ils étaient de s'étendre par suite de leur rapide accroissement, ils dirent : « Venez, faisons-nous une ville et une tour dont le sommet arrive jusqu'au ciel : et rendons notre nom célèbre, avant de nous disperser sur la terre. » (Gen. c. XI. 4.) Ils tenaient cet orgueilleux langage dans les plaines de Sennaar, et ils se mirent à l'oeuvre, se servant de briques à la place de pierres et de bitume en guise de ciment. (VLC, p. 52)

Ps 52,7 : Ils avaient dit : Qui fera sortir de Sion le salut d'Israël : se moquant ainsi de la confiance que ce peuple avait au Seigneur. Mais quand Dieu aura fait finir la captivité de son peuple, Jacob sera transporté de joie et Israel d'allégresse, et ses ennemis seront couverts de confusion.

Genèse 28 12-18. « Il eut un songe : Voilà qu'une échelle était dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et y descendaient. » Jacob découvre à ce moment une porte du ciel et Dieu lui fait don d'une terre et de sa protection. Il lui aura suffi pour cela de se laisser habiter par la vision et de suivre du regard les anges. Plus tôt, lorsque de leur propre chef, sans guide, et par pure ambition, les hommes avaient voulu joindre la terre au ciel en construisant la tour de Babel. Dieu avait condamné leur orgueil insensé (Genèse 11,1-8). Peut-on espérer passer sans guide dans l'autre monde ? (Danièle Henky, L'art de la fugue en littérature de jeunesse: Giono, Bosco, Le Clézio, maîtres d'école buissonnière, 2004 - books.google.fr).

Hermann et les ossements

Mettons maintenant en regard de ces faits les indications fournies par Jules César. « Bien avant, il fut un temps où les Gaulois surpassaient les Germains en valeur guerrière et ils leur ont fait la guerre jusque chez eux: les champs ne suffisaient plus à nourrir une population trop nombreuse, ils envoyèrent des colonies au-delà du Rhin. C'est donc dans les terres de la Germanie les plus fertiles, autour de la forêt Hercynie, que les Volkes Tectosages se sont établis après les avoir conquises. Ce peuple jusqu'à présent occupe ce même territoire. » (Lib. VI. 24. de bello gallico) (VLC, p. 13)

Un passage important de Tacite prouve qu'il y a eu deux émigrations de Gaulois, au nord des Alpes, et en rapprochant ce passage de celui de César relatif aux Volcœ Tectosages, il paraîtra constant que ces Volcœ Tectosages entraînèrent avec eux les Helvetii, qui se trouvaient en effet sur leur route, et que ce furent des guerriers de ces deux grandes nations réunies qui composèrent principalement l'armée de Bellovèse. Tacite nous apprend qu'ils formèrent des colonies situées entre le Rhin, le Mein et la forêt d'Hercinie, c'est-à-dire dans le grand-duché de Bade et dans la partié méridionale de Hesse-Darmstadt (Charles-Athanase Walckenaer, Géographie ancienne historique et comparée des Gaules cisalpine et transalpine, 1839 - books.google.fr).

Le thème des Tectosages et de la Germanie est repris en effet à la page 207 (155 + 52) :

...et quand Tacite et les historiens latins parlent des expéditions conduites au-delà du Rhin contre les Germains, il faut entendre contre les Volkes Tectosages enveloppés par les Romains dans l'appellation générale de Germains. (VLC, p. 207)

La confédération des Franks n'existait point encore sous ce titre lorsque les Cherusci, les Chatti et les autres tribus exterminèrent les légions romaines commandées par Varus, dix années après Jésus Christ. (VLC, p. 207)

Celui qui vainquit Varus était Arminius, appelé Hermann par Klopstock.

La poésie lyrique fut la première à faire entendre des accents nationalistes. C'est Klopstock qui donna le ton, lui qui, dès les années 50, avait évoqué le monde de Hermann, avec son épée ruisselante du sang des Romains, et conclu son Ode Hermann und Thusnelde (1753) en s'écriant qu'il valait mieux suivre l'exemple des ancêtres que les pleurer. Ainsi, d'entrée de jeu, dans la poésie aussi le patriotisme était mis en relation avec la lutte contre la domination romaine, c'est-à-dire l'hégémonie française, la victoire d'Arminius sur les légions romaines étant interprétée comme une exhortation à se libérer de la tutelle littéraire de la France (Recherches germaniques, Numéro 22, Université des sciences humaines de Strasbourg, 1992 - books.google.fr).

Hermann und Thusnelde a connu, dans Oden u. Elegien, une édition de Darmstadt aux trente-quatre exemplaires (1771) par la landgrave Caroline de Hesse-Darmstadt. Cette ode a été traduite par Marie Joseph Chénier, frère d'André (Trésor de livres rares et précieux par Jean George Théodore Graesse: K-N. 4, 1863 - books.google.fr, Volume 3 de œuvres de M. J. Chénier, 1824 - books.google.fr).

Abel de Pujol, Germanicus rend les derniers honneurs aux restes des légions de Varus/Germanicus sur le champ de bataille de Varus, 1824 - www.alienor.org

LXII. Ainsi donc, six ans après le massacre de trois légions, une autre armée romaine venait donner la sépulture à leurs ossements délaissés. Incertain s'il confiait à la terre la dépouille d'un étranger ou d'un proche, chacun s'intéressait à ces tristes restes, comme à ceux d'un parent ou d'un frère, et, sentant redoubler sa rage contre l'ennemi, les ensevelissait avec une douleur mêlée d'indignation. Germanicus posa le premier gazon du tombeau, honorant les morts par ce devoir pieux, et s'ussociant à l'aftliction des vivants. Tout cela fut blâmé par Tibère, soit qu'il ne pût rien approuver dans Germanicus, soit que le spectacle de tant de milliers d'hommes massacrés et sans sépulture lui parût propre à refroidir l'ardeur du soldat pour la guerre et à lui inspirer la crainte de l'ennemi, soit qu'il crût la dignité de général, la sainteté de l'augurât et des antiques ministères de la religion incompatibles avec les fonctions funéraires (Annales, Livre I, Oeuvres complètes de Tacite, Nisard, 1840 - books.google.fr).

Le fils de Drusus voulait en vain effacer les traces de ton passage en cachant dans la vallée de la mort les blancs ossements des vaincus Nous ne l'avons pas voulu, et nous avons bouleversé leurs sépulcres, afin que ces débris témoignassent d'un si grand jour et qu'aux fêtes du printemps ils entendissent nos chants de victoire ! (Klopstock, Hermann, chanté par les bardes Werdomar, Kerding et Darmont, Études sur les poètes allemands, traduit par Gérard de Nerval, 1830 - books.google.fr).

Ps 52,6 : Car, comme ils n'ont point invoqué Dieu, ils ont tremblé et ont été effrayés là où il n'y avait aucun lieu de craindre; Parce que Dieu a brisé les os de ceux qui veulent plaire aux hommes, et qui s'appuient sur leur protection. Ils sont tombés dans la confusion ces insensés, parce que Dieu les a méprisés.

Boudet précise à la page suivante 53 : Or, le Seigneur fut irrité de ce travail insensé... (VLC, 53).

Gomarus et Arminius

Gomer, fils aîné de Japheth, devait présenter cette marque distinctive de l'oeil décoloré, puisqu'il en a été proclamé le véritable héritier, – to come (keume) devenir, – heir (ér) héritier. (VLC, p. 52)

Le rapprochement de Gomer et du sous-entendu Arminius peut être une allusion à Gomarus et Arminius.

Franciscus Gomarus parfois Francisco Gomaro, né à Bruges le 30 janvier 1563 et mort à Groningue le 11 janvier 1641, était un théologien néerlandais, calviniste strict et adversaire de la doctrine de Jacobus Arminius et de ses disciples, doctrine qui fut officiellement condamnée au synode de Dordrecht (1618-1619).

Il enseignait à Leyde quand, en 1603, Jacobus Arminius devint un de ses collègues à la faculté de théologie et commença à enseigner des doctrines pélagiennes et à créer un nouveau parti dans l'université. Arminius cherchait à rendre l’élection dépendante de la foi tandis que ses adversaires voyaient dans la prédestination absolue la seule règle de foi selon laquelle les saintes Écritures tout entières devaient être interprétées. Gomarus devint alors le chef des adversaires d'Arminius, qui furent à partir de là nommés gomaristes (fr.wikipedia.org Franciscus Gomarus).

Le temple

Nous voudrions nous interroger à ce sujet sur la plus célèbre, sans doute, des citations scripturaires faites par saint Anselme, le verset 1 du psaume 13 (ou du psaume 52 — mais pour plus de simplicité il sera toujours question du psaume 13), sur lequel se fonde l'argument du Proslogion : « Dixit insipiens in corde : Non est deus. » L'examen de la tradition patristique et médiévale nous montrera que l'affirmation de l'insensé est comprise dans un sens souvent restrictif et nous mènera à nous demander pourquoi Anselme n'a apparemment pas retenu ces interprétations et lui a donné un sens absolu. Chemin faisant, nous tenterons également de déterminer si l'utilisation qu'a faite l'abbé du Bec du psaume 1 3 a eu une influence dans l'exégèse même. Parmi les auteurs qui ont commenté le psaume 13 et se sont interrogés sur la personnalité ou la signification de Yinsipiens, bien peu ont eu recours à une interprétation de type « historique ». On la trouve, bien sûr, chez ceux que l'on peut classer parmi les Antiochiens : Théodore de Mopsueste et Théodoret de Cyr voient tous deux en l'insipiens le roi d'Assyrie Sennachérib ou son grand échanson (Rabsaces, dit la Vulgate), tenant à Ezéchias un discours impie dans lequel est mise en doute la toute-puissance divine (cf. Is. 36, 18-20). On est surpris de voir cette interprétation mentionnée, brièvement il est vrai, dans le commentaire attribué à Bède (écrit en fait vers 1150), à la suite d'un emprunt à saint Jérôme : «Haec Ezechias contra Rabsacen loquitur ». On la retrouve On la retrouve plus tard chez Nicolas de Lyre, qui la récuse pour se rallier à une autre interprétation «littérale», provenant, comme souvent chez ce commentateur, du Juif Rashi : « Rabbi Salomon exponit hunc psalmum de Nabuchodonosor, qui blasphemauit Deum Israel verbo et facto» ; Rashi, en effet, notant la présence de deux textes similaires, dans le psautier, disait que le psaume 13 (14 dans la Bible hébraïque) concerne Nabuchodonosor, le psaume 52 (53) Titus. On observera ici que les commentaires juifs ne présentent pas d'unanimité sur ce point : le Midrash Tehilim12 propose diverses interprétations et identifie Yinsipiens à Esaii ou aux «nations de la terre qui détruisirent le Temple sacré » (pour le psaume 52, le même commentaire interprète Nabal comme un nom propre) ; David Qimhi affirme dans son commentaire rempli d'allusions polémiques, que l'insensé, ce sont «les nations dans les mains desquelles se trouve Israël et qui, persécutant pensent dans leur cœur qu'il n'y a pas de Dieu ni de juge dans le monde pour payer chacun selon ses actes». Abraham ibn Ezra voit au contraire dans Yinsipiens le savant dévoyé. Mais ces exégèses n'ont guère eu d'influence sur les commentateurs chrétiens, mis à part, comme on vient de le voir, le cas de Nicolas de Lyre. Du reste, celui-ci est, sur ce point comme sur tant d'autres, condamné par le Juif converti Paul de Burgos, qui à son tour se voit reprocher sa propre insipientia par Mathias de Thuringe ; il sera question plus loin de cette controverse. La Postille de Nicolas de Lyre a eu, malgré tout, une grande influence aux XIV et XVe siècles ; ainsi l'exégèse historique qu'il propose pour le psaume 13 figure-t-elle dans le commentaire assez prolixe de Michel de Bologne (fin du XIVe siècle). De son côté, Pierre de la Palu, après avoir écarté une hypothèse «littérale» qui verrait en l'insipiens les ennemis du roi David, Saül ou Absalon, car ceux-ci croyaient en Dieu, et après avoir mentionné une autre interprétation selon laquelle les Philistins et autres idolâtres ennemis du peuple de Dieu seraient Yinsipiens en question, retient l'explication ancienne relative à Sennachérib qu'il attribue à Y expositor psalterii hebraici. Les interprétations morales du psaume 13 sont encore moins nombreuses. On ne les retrouve en fait que dans les grands commentaires qui réservent systématiquement une place à la tropologie. Pour Hugues de Saint-Cher, l'insipiens désigne le pécheur «qui ne possède pas la sagesse authentique». De même au commentaire littéral de Nicolas de Lyre est adjoint un commentaire moral où l'insipiens est celui qui s'obstine dans le dans le mal et agit comme si Dieu ne le voyait pas et ne pouvait pas le punir. Ludolphe le Chartreux donne une une explication semblable : « le Prophète parle de tout pécheur obstiné dans ses mauvaises actions», mais il comprend dans cette catégorie les Juifs et les Gentils. [...]

Salomon bar Isaac ou Rashi (Troyes, 1040-1105) est le commentateur juif le plus diffusé, ses commentaires figurent dans de très nombreuses éditions de la Bible en hébreu (Gilbert Dahan, L'exégèse patristique et médiévale du psaume 13 - books.google.fr).

Le psaume 53 (La Menatséa'h) rappelle que Titus fendit, avec son épée, le rideau du Saint des Saints et qu'il pensa avoir ainsi tué Dieu Lui-même, si l'on peut s'exprimer ainsi. Ce Psaume, qui fait allusion à la destruction du second Temple, doit être rapproché du Psaume 14, se rapportant à la destruction du premier (Rachi) (Tehelim, Editions du Beth Loubavitch, 2010 - books.google.fr).

La plus grande indécision règne sur le peulven et le lichaven. On rapporte généralement le peulven au ménir et le lichaven au dolmen. En réalité, les peulvens et les lichavens présentent une idée semblable à celle qui est renfermée dans le nom des Vénètes, car peulven exprime un sentiment de répulsion pour les temples, – to pull (poull), arracher, – vane (véne), temple –, et lichaven représente un peuple manquant d'édifices religieux, – to lack, manquer de, – vane (véne), temple – : ce dernier devrait être écrit lackven au lieu de lichaven. (VLC, p. 168, 13 + 155)

Ce qui est explicité la page suivante :

...mais il ne faut point perdre de vue que les lichavens existent dans la tribu des Vénètes aussi bien que dans la tribu des Redones, qu'il y aurait une contradiction tout à fait flagrante dans la présence de ces lichavens (aimant les temples) au milieu du territoire occupé par les Vénètes (détestant les temples), et le Neimheid était trop savant pour commettre une méprise aussi grande. (VLC, p. 169)

Quel temple ?

Ces peuples avaient beaucoup contribué à la défaite de Varus. Germanicus lâcha la bride à ses troupes impatientes, qui n'eurent que la peine de massacrer des gens accablés de sommeil et dépourvus d'armes : il divisa ses troupes en quatre corps pour ravager une plus grande étendue de pays : elles portèrent le fer et le feu dans un espace de cinquante milles, sans épargner ni l'âge ni le sexe, sans distinguer ni le sacré ni le profane. Le temple célèbre de Tanfana, divinité révérée de ces peuples, chez les Marses, fut entièrement détruit. Ce massacre horrible réveilla les Bructères, les Tubantes et les Usipètes, qui habitaient dans la Westphalie, l'Over-Yssel et le pays de Clèves : ils vinrent se poster dans les bois où l'armée romaine devait passer à son retour. Dès qu'ils virent les Romains engagés dans les bois, ils harcelèrent la tête et les ailes, et fondirent avec toutes leurs forces sur l'arrière-garde. Déjà, leurs bataillons serrés avaient mis les troupes légères en désordre. Germanicus vole à la vingtième légion. « Soldats, s'écrie-t-il, voici le moment d'effacer » votre faute et de réparer votre honneur; marchez ». La légion embrasée par ces paroles, enfonce l'ennemi, le pousse en rase campagne et le met en pièces. La marche fut désormais tranquille: le soldat, rassuré par ces exploits, regagna ses quartiers d'hiver. Germanicus, en attendant que l'été lui permît d'exécuter le vaste plan qu'il avait conçu, prévint l'ouverture de la campagne par une course imprévue qu'il fit chez les Cattes dès le commencement du printemps. Ces peuples, qui habitaient le landgraviat de Hesse, furent tellement surpris, qu'ils n'eurent pas le temps de sauver leurs femmes ni leurs enfans; tout fut pris ou massacré. Germanicus, après avoir brûlé Mattium, qui était le chef-lieu du pays, se rapprocha du Rhin (Louis Dieudonné Joseph Dewez, Histoire générale de la Belgique depuis la conquête de César, Volume 1, 1805 - books.google.fr).

Mattium, capitale des Chattes ou Cattes, serait Marbourg ou Maden (à Gudensberg en Hesse inférieure) (selon les principales opinions).

Les Chattes (latin chatti) ou Cattes sont un peuple germanique ancien, qui s'était établi au début de l'ère chrétienne dans la région du cours supérieur de la Weser et de l'Eder. Redoutables fantassins, ils ont donné naissance à l'actuelle Hesse (Hattes, Hassii ou Hesse) et à la Franconie au-dessus du Main. Les Bataves seraient un rameau issu des Chattes (fr.wikipedia.org - Chattes).

Gronovius dérive le nom de cette Divinité Germaine des mots tan, ou thon, signifiant dans la Langue du Pays un Sapin, & fachna ou fan, qui dans l'ancien Langage Gotha Teuton veut dire Seigneur ou Dieu ; de sorte que Tanfana signifie le Seigneur ou le Dieu des Sapins. Cet Auteur conclut de là que le Tanfana des Germains étoit le même Dieu que le Sylvanus des Romains, & que le nom de Tanfana lui fut donné à cause que son Temple étoit dans une Forêt de Sapins, comme Jupiter s'apelloit Fagutalis, d'après un Bocage de Hêtres qui lui étoit consacré, le mot Latin, fagus, signifiant un Hêtre. Lipse, dans son édition de Tacite (1574), dérive le nom de Tanfana du mot taenfanà, signifiant la prèmière cause des choses ; si bien que suivant lui les Germains adoraient l'Être Suprême sous le nom de Tanfana (Histoire universelle, depuis le commencement du monde, jusqu'à present, Tome IX, 1771 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Juste Lipse).

Dans la Somme théologique de Thomas d'Aquin, on peut trouver un lien entre le psaume 52 (53) et dieu comme cause première :

QUESTION 2 — L’EXISTENCE DE DIEU : 1. L’existence de Dieu est-elle évidente par elle-même ? 2. Est-elle démontrable ? 3. Dieu existe-t-il ? Article 1 — L’existence de Dieu est-elle évidente par elle-même ? En sens contraire, personne ne peut penser l’opposé d’une vérité évidente, comme le prouve le Philosophe en ce qui concerne les premiers principes de la démonstration. Or, on peut penser le contraire de cette proposition : Dieu existe, puisque, d’après le psaume (53, 1), “ L’insensé a dit dans son cœur : il n’y a pas de Dieu. ” Donc l’existence de Dieu n’est pas évidente par elle-même. 3. Que la vérité soit, en général, cela est évident ; mais que la vérité première soit, c’est ce qui n’est pas évident pour nous. Article 2 — L’existence de Dieu est-elle démontrable ? 3. Par des effets disproportionnés à leur cause, on ne peut obtenir de cette cause une connaissance parfaite ; mais, comme nous l’avons dit, il suffit d’un effet quelconque pour démontrer manifestement que cette cause existe. Ainsi, en partant des œuvres de Dieu, on peut démontrer l’existence de Dieu, bien que par elles nous ne puissions pas le connaître parfaitement quant à son essence. Article 3 — Dieu existe-t-il ? Solutions : 2. Puisque la nature ne peut agir en vue d’une fin déterminée que si elle est dirigée par un agent supérieur, on doit nécessairement faire remonter jusqu’à Dieu, première cause, cela même que la nature réalise. Et de la même manière, les effets d’une libre décision humaine doivent être rapportés au-delà de la raison ou de la volonté humaine, à une cause plus élevée ; car ils sont variables et faillibles, et tout ce qui est variable, tout ce qui peut faillir, doit dépendre d’un principe immobile et nécessaire par lui-même, comme on vient de le montrer (Thomas d'Aquin, Somme théologique, Bibliothèque de l’édition du Cerf, 1984 - docteurangelique.free.fr).

Boudet aura voulu dire que les Germains comme les Gaulois, tous descendants de Gomer, vénéraient un dieu suprême, à l'instar des Hébreux :

...les Druides ont voulu exprimer l'idée très nette qu'ils possédaient d'un Dieu unique et existant dans les êtres. Dieu étant l'Être même par essence, il est aussi en toutes choses de la manière la plus intime, puisqu'il est la cause de tout ce qui existe. (VLC, p. 246)

La laide semblance

Pendant la chute de ces princes que la politique de Rome élevait et renversait tour à tour, un chef des Cattes, Adgandestrius, proposait à Tibère de le délivrer, par le poison, du plus redoutable adversaire qu'il eût dans la Germanie. Cette lâche proposition fut rejetéepar le prince, qui, dans cette circonstance, imita la magnanimité du consul Fabricius envers le roi d'Épire; mais, si Arminius, grâce à la générosité de Tibère, évita les piéges de ses ennemis domestiques, il ne put se défendre des fatales illusions de l'ambition et de la gloire, et il se persuada qu'il pouvait régner en maître sur les peuples que sa valeur avait préservés du joug étranger. Les Chérusques, en voyant leur liberté menacée, se crurent dégagés de toute reconnaissance, et ils s'armèrent aussitôt contre celui qui s'abaissait au rôle odieux de tyran de sa patrie. La lutte se soutenait incertaine entre les deux partis, lorsque Arminius, en butte à la haine de ses proches mêmes, tomba sous leurs coups, dans la trente-septième année de son âge : il avait occupé pendant douze ans le premier rang chez les nations germaniques. Sa résistance héroïque contre le despotisme des Romains a été sa plus belle gloire, et la défaite de Varus, dont les légions de l'empire ne purent tirer une vengeance complète, le fait le plus éclatant de sa vie. Quelque grand qu'ait été son crime pour avoir voulu attenter à l'indépendance de sa patrie, qu'il avait mis tant d'ardeur à défendre, Arminius n'en est pas moins resté le plus illustre des adversaires que les Romains aient combattus au-delà du Rhin. Son nom, célébré par le plus grave et le plus éloquent historien de l'antiquité, rappelle les vertus que l'on devait le plus admirer chez des nations vouées tout entières à la haine de Rome et aux combats. La statue informe qui lui fut consacrée par les Germains fut honorée à l'égal de leurs dieux sauvages, et devint le symbole de la valeur et le palladium de la liberté. Le souvenir d'Arminius, toujours vivant au milieu des tribus de la Germanie, les animait dans les batailles; sept siècles après, il enflammait encore ces redoutables Saxons qui, pendant cinquante ans, luttèrent avec une opiniâtreté si féroce contre [...] Pépin et Charlemagne (Rémy Jean Baptiste Charles Cayx, Histoire de l'empire romain, depuis la bataille d'Actium, 1836 - books.google.fr).

On retrouve une statue sans forme à La Bataille de Carohaise :

Es-tu le roi Artus ? Apprends donc que j'ai nom Frolle et que je suis duc d'Allemagne. Je tiens tout le pays jusqu'à la terre des Pâtures; et plus loin elle serait mienne encore, si l'on pouvait y passer, mais on ne saurait à cause d'une statue. Judas [Macchabée] la mit là en guise de borne et pour marquer jusqu'où s'étendirent ses conquêtes. On la nomme Laide Semblance: les anciens disent que, sitôt ôtée, les aventures cesseront au royaume de Logres; mais celui qui la voit en prend aussitôt la monstrueuse figure. Et maintenant, fils d'Uter Pendragon, sache que je fais serment de ne plus connaître le goût du pain et du vin que je te saurai vivant (marikavel.org - Carohaise, Darmstadt : Les trois portes : Introduction).

Otto Ludwig (1813–1865), qui, au contraire, voulait montrer le conflit qui dresse l'un contre l'autre une époque et un individu supérieur à son temps, devait mettre surtout en relief les intrigues et les discussions qui suivent la victoire Une base aussi large ne permettait plus de se contenter des dimensions ordinaires d'une tragédie. Les sujets historiques, tels que Ludwig veut qu'ils soient traités, c'est-à-dire dans leur ensemble, de manière à rendre visible l'enchaînement des causes et des effets, nécessitent la forme de la trilogie, comme Frédéric II, ou même de la tétralogie, comme le cycle des pièces sur la Révolution française.

La pièce sur Arminius devait, à son tour, revêtir la forme d'une trilogie, dont les trois divisions auraient eu respectivement pour titre : La Bataille d'Arminius ; Thusnelda ; La Mort d'Arminius. L'action aurait été marquée par des étapes successives, que note Erich Schmidt : « Situation en Germanie avant le soulèvement ; bataille d'Arminius ; défaite de Varus ; mort de Thusnelda, dont Germanicus recherche l'amour ; querelle entre Armin et Marbod ; désordres intérieurs ; conjuration des princes ; mort d'Armin, frappé par Siegmund ». Heydrich voit, dans ces esquisses d'une pièce sur Armin, comme une première ébauche de celle des Maccabées. Il constate une ressemblance frappante entre Armin et Judah, d'une part, Inguiomar et Eléazar, d'autre part. ll est vrai que, dans les deux pièces, le conflit tragique naît de l'opposition violente entre un individu supérieurement doué et son peuple, encore prisonnier de conceptions vieillies, mais tenaces que, de part et d'autre, le conflit se termine par la défaite de l'individu ; il est vrai enfin que le sujet d'Armin cessa de préoccuper Ludwig après qu'il eut terminé les Maccabées.

Les personnages de Hermann, Thusnelda, Marbod, sont communs aux trois poètes [Kleist, Ludwig et Klopstock] : Segest et Siegmund se trouvent dans la Bataille d'Hermann de Klopstock ; Inguiomar et Katwald dans Hermann et les Princes (le premier sous le nom d'Ingnmar). Les noms de Adgandester, Germar et Thumelich ne se trouvent que que chez Ludwig. L'origine du dernier est, sans doute, le « Thoumelikos » qui, chez Strabon, VII, l, 4, désigne ie fils de Thusnelda (Léon Mis, Les oeuvres dramatiques d'Otto Ludwig, 1929 - books.google.fr).

Cincinnius (Johann Kruyshaer von Lippstadt) écrivit comme Otto Ludwig dès le XVIème siècle à la fois un livre sur Arminius (Sur la défaite des trois légions de Varus) en 1539 et un sur les Macchabées (1518/1524). Déjà au XIIème siècle un archevêque de Cologne importa des reliques des Maccabées dans une abbaye bénédictine de sa ville (David J. Collins, Reforming Saints : Saints' Lives and Their Authors in Germany, 1470-1530: Saints' Lives and Their Authors in Germany, 1470-1530, 2007 - books.google.fr).

La ressemblance entre Arminius et Judas Maccabée semble avoir été relevée déjà par les auteurs médiévaux.

C'est au XIIe siècle, semble-t-il, que l'on commence à représenter l'égaré, le pécheur ou l'impie sous les traits d'un personnage particulier. Dans le plus ancien des exemples connus ce personnage — le « stultus » de l'Ancien Testament — est une sorte de gnome nu, laid et difforme, qui tient en mains une massue. Son attitude corporelle et son crâne dénudé évoquent indubitablement le « mimus calvus » de l'antiquité. Il importe de noter qu'à peu près à la même époque, le négatif est désigné en allemand par le par le terme de « tore », qui par la suite subsistera à côté de « narr », mais avec une fréquence beaucoup plus réduite. Un élément nouveau, définissant un stade intermédiaire, apparaît quelque cent cinquante ans plus tard. Un psautier de la région de Wurzbourg, conservé aujourd'hui à la Bibliothèque d'Etat de Munich M, fournit un point de repère important : dans la lettre D du début du Psaume 14 [13] (« Dixit insipiens in corde suo : Deus non est »), l'insipiens est toujours représenté sous l'aspect du gnome du XIIe siècle ; mais en marge de la scène principale — la dispute du fol avec le sage — un fol d'une autre allure fait ses grimaces. Ce personnage nouveau, c'est le « narr », le « fol » du XVe siècle, avec ses attributs bien connus, le capuchon à oreilles d'âne, les grelots et la marotte. Tout se passera comme si, quittant cette figuration marginale qui lui était encore attribuée, ce fol avait pénétré dans la scène centrale pour y supplanter l'image ancienne, et s'imposer à toute la période qui suivit. Les images de la Nef des fols ne sont que l'aboutissement et la consécration de ce processus (Joël Lefebvre, Les Fols et la folie, 1968 - books.google.fr).

Charles Athanase Walckenaer

Charles-Athanase Walckenaer parle aussi dans ce livre de la Gaule méridionale avec les Aticini des bord de l'Aude. "Aussière" serait le lieu de naissance du Varron audois (Charles-Athanase Walckenaer, Géographie ancienne historique et comparée des Gaules cisalpine et transalpine, 1839 - books.google.fr).

Aussières est pendant près de huit siècles une propriété abbatiale. En 1065, il devient la propriété de l’abbaye de Mont Laures, elle-même rachetée en 1211 par l’Abbaye de Fontfroide. La vigne est déjà mentionnée dans l’acte d’acquisition de 1065. Aussières sera rattaché à Fontfroide jusqu’à la Révolution, avec la fonction de « grange cistercienne » c’est-à-dire d’exploitation agricole chargée d’approvisionner l’abbaye (www.lafite.com - Domaine d'Aussières).

Charles-Athanase Walckenaer était aussi un entomologiste distingué (C. A. Walckenaer, Aptères, Tome 2, 1837 - books.google.fr).

Walckenaer était « le fils du notaire Duclos-Dufresnoy et de Mme d'Asfeld » dit André Monglond, Journal intime d'Oberman, p. 124 et n. 2, qui ajoute « malgré son nom flamand, il est né à Paris, hors mariage ». Né le 25 décembre 1771, et mort à Paris le 27 avril 1852 (Jean Bonnerot, Volume 9 de Correspondance Générale de Charles Augustin Sainte-Beuve, 1959 - books.google.fr).

Walckenaer est un nom flamand qui signifie "fauconnier" (Annales du Comité Flamand de France, Volume 9, 1868 - books.google.fr).

Duclos-Dufresnoy était franc-maçon (Daniel Ternois, Lettres d'Ingres à Marcotte d'Argenteuil, Volume 35, 1999 - books.google.fr).

Bien plus loin, dans l'acte II de l'opéra (La Flûte enchantée), entraîné à la suite de Tamino dans les épreuves de l'initiation maçonnique, le garçon-oiseau s'avère inapte au dressage. Les Initiés ne parviennent pas à énoiseler ce papegai rétif qui refuse de se plier à la coutume du Temple. Le rituel de la Franc-Maçonnerie, cet Art Royal n'évoque-t-il pas dans ce contexte un autre Art Royal, celui de la fauconnerie ? De l'oiseau de proie, le perroquet a le bec et les griffes ; le faucon comme le perroquet possède des mains, des bras, des jambes. Au moment où il rentre dans l'âge adulte son plumage change de couleur. Cette mue est si spectaculaire que nombre de récits tentent de donner une explication de ce phénomène. Dans un conte catalan, le faucon joue auprès de la Vierge un rôle semblable à celui de Papageno auprès de la Reine de la Nuit : « Le faucon diligent chassait les oiseaux les plus délicats et les plus délicieux et les portait aimablement à Marie pour qu'elle en fit un bon bouillon pour elle et pour l'enfant. » (A. Paradis, Papageno ou le gai savoir de l'Oiseleur, Langages sifflés: actes du colloque des 26, 27 et 28 novembre 1993 à Albi, 1995 - books.google.fr).

La Flûte enchantée, sur un livret d'Emanuel Schikaneder, est inspirée par plusieurs contes de fées de l’écrivain Christoph Martin Wieland, l’un des principaux représentants des Lumières allemandes (fr.wikipedia.org - La Flûte enchantée, Frankenstein et le Cercle de Darmstadt).

Charles Athanase Walckenaer, cofondateur de la Société de géographie de Paris, découvre la carte de Juan de la Cosa en 1832 chez un marchand et l'achète.

La carte de Juan de la Cosa est un planisphère dessiné en 1500 par l'explorateur et cartographe espagnol Juan de la Cosa. Elle contient la première représentation connue des territoires récemment découverts dans le Nouveau Monde.

La surface des mers est assez sobre, on y trouve surtout des roses des vents et quelques navires. L'intérieur des continents est abondamment illustré : dans chaque royaume figure l'effigie des souverains, à Babylone se trouve la Tour de Babel, aux confins de la mer Rouge on voit la reine de Saba brandissant une épée, et les rois mages traversent l'Asie vers la Syrie. L'attrait principal de la carte est la représentation du Nouveau Monde, des Antilles à l'Amazone. Les quelques ébauches de l'Amérique du Nord, c'est-à-dire la côte de Terre-Neuve et le Labrador, suggèrent que de la Cosa a eu connaissance du voyage de John Cabot en 1497. Les terres sont représentées avec cinq drapeaux anglais et près de ces côtes se trouve la légende Mar descubierto por ingleses.

Juan de la Cosa a vraisemblablement dessiné cette carte au retour de son quatrième voyage en 1499-1500, à l'intention de Ferdinand II d'Aragon et d'Isabelle Ière de Castille. Elle a vraisemblablement été déposée à la Casa de Contractatíon de las Indias de Séville, où les cartes étaient archivées. En 1514, elle se trouve chez l'évêque de Burgos, Juan Fonseca, ancien président de la Casa de Contractatíon. Elle rejoint plus tard le Vatican. En 1810, à la suite de l'invasion de Napoléon Ier, une grande partie des archives secrètes du Vatican sont transférées à Paris. Après son abdication, elles sont retournées au Saint-Siège, mais de nombreuses pièces sont laissées sur place, dont la carte. Elle est rachetée à la mort de Walckenaer par le gouvernement espagnol, et se trouve aujourd'hui au Museo Naval de Madrid (fr.wikipedia.org - Carte de Juan de la Cosa).

Carte de Juan de la Cosa