Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   Psaumes 54, 119 et 129 : Hautpoul et Noli me tangere   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET PSAUMES 119 129 54 NOLI ME TANGERE HAUTPOUL

Introduction : un Bigou

LE NÉO-MILLÉNARISME de l'abbé Bigou, curé de Sonnac (Aude). L'Avenir, ou le règne de Satan et du monde prochainement remplacé sur toute la terre par une domination indéfinîe de Jésus-Christ et de l'Eglise. - Paris, libr.de l'oeuvre de Saint Paul, 6, rue Cassete, 1887, in-12. - Justification du nouveau millénarísme. Vic et Amat, 1889. in-12. - Prophétie de la conversion du monde entier par une apparition foudroyante de Jésus-Christ à tout le genre humain. ib. 1891, in-12.

L'irreligion officielle, triomphante aujourd'hui dans des pays jadis officiellement catholiques, est tellement contraire à la nature humaine, que le penseur libre devine une très prochaine réaction. Le croyant l'appelle de ses voeux les plus ardents. Tel protestant, dominé par son antipathie atavique contre l'Eglise romaine, est persuadé que cette Eglise doit étre anéantie bientôt par la volonté divine. Tel autre non moins sincère mais pur de haine, rève une fusion de toutes les Eglises chrétiennes, qu'opérerait l`action de l'esprit divin. Un certain nombre de catholiques se fondent sur des prophéties modernes pour annoncer un triomphe grandiose du catholicisme avant la venue de l'Antechrist. Le premier travail de M. l'abbé Bigou contient des pages solides sur l'Antechrist, etsur le perfectionnement actuel des catholiques pratiquants, perfectionnement qui doit préparer des disciples de Jésus capables de résister aux furieuses persécutions de la fin des temps. L'écrivain catholique se figure que l'Antechrist pourrait etre un empereur de Russie dominateur du monde (page 68). Dans la Prochaine conversion du monde (page 146) il revient sur son étrange hypothèse. Mosch et Thabal ont été, a une époque fort reculée, des peuples d'Asie mineure. Il est bien plus vraisemblable d'admettre que les Musulmans de ce pays, écrasés prochainement par les Russes. 'et le Grand Monarque leur allié, relèveront en quelque sorte leur empire avec l'Antechrist, fils d'un Turc et d'une Juive d'après les traditions. Il reconnaît à la page 150 que Mosch et Thabal ont habité non loin du Pont-Euxin: mais il ne prouve nullement que ces peuples aient émigrés et se soient confondus avec les Russes. Rien me démontrenon plus que la Babylone de l'Apocalypse soit Constantinople (p. 115). Après avoir exposé les fléaux qui accableront les hommes à l'époque de l'Antechrist, M. Bigou d'après un texte de St. Paul, que Jésus-Christ apparaîtra dans toute sa puissance et fera périr l'Antechrist, puis cessera d'apparaitre jusqu'au jour lointain du Jugement. (p.127). S. Luc, S. Marc, S. Mathieu, sont cités a l'appui de cette affirmation. Les martyrs de l'Antechrist ressusciteront alors et monteront au ciel avec Jésus pour y demeurer mille armées (d'après 20e chapitre de l'ApocaIypse). Ce système est hardi : il rompt avec la tradition des commentateurs de l'Aigle de Pathmos. L'auteur ne se demande point si les dix ans de triomphe du Christ n'ont pas été þÿ p r éû gp ua rr lée ssmille ans de triomphe partiel de l'Eglise catholique, de Constantin à Philippe le Bel; et si cette dernière période ne correspond pas à l'époque du triomphe du monothéisme chez les Juifs, de Moïse ù la captivité de Babylone. M. Bigou démontre, en prenant dans le littéral Ezéchiel et Daniel, que les fils d'Israël redeviendront, à l'époque de l'Antechrist les enfants chéris du vrai Dieu, jusqu'au jour lointain de la fin du monde. L'adveniat regnum tuum du Pater est expliqué par cette même théorie. L'ingénieux auteur supposé, d'après Ezéchiel, Zacharie et lsaïe, que le Pape, Israélite, deviendra le roi des Juifs et regnera sur la Palestine régénérée. La paix universelle sera établie. S. Anselme a représenté l'avant dernier pape avant l`Antéchrist vêtu à la grecque et portant le rational des Juifs (Annales du Surnaturel, 1889, p. 204).

D'après ce logicien, il doit y avoir une certaine proportion entre les âges de l'Eglise : sa jeunesse ayant été le 6000 ans, dont 2000 d'évolution inorganique, 2000 de croissance organogénique, 2000 d'organisation définitive, (Périodes correspondant a la révélation primitive, au judaïsme et au christianisme), il y aura une maturité de dix ou vingt mille années. (p. 215). Cependant après un dernier déchaînement des démons, et une nouvelle déduction du monde. celui-ci sera détruit par la puissance divine. Comme M. l'abbé Bigou s'est abstenu systématiquement de confronter les prophéties bibliques avec celles du moyen âge et des temps modernes, il dissimule ainsi, non sans habileté, combien il est difficile de concilier son système avec ces traditions qui font finir le monde vers l'an 2000 ou peu à peu l'an 2 000. Pour la méme raison, il ne distingue pas non plus la. conversion prochaine d'une grande quantité de Juifs, au temps du Grand Pape et du Grand roi, d'avec leur conversion universelle au temps de l'Antechrist. C'est le défaut d'une oeuvre éloquente de M. l'abbé Goudet; La Mission des Juifs et les deux chars évangélique. Ce dernier place a la fin du XXe siécle un grand triomphe de l'Eglise catl1olique qui, d'après des calculs sérieux faits sur les donnesdes prophéties modernes, aura lieu dans la première moitié de ce même siècle. M.. Goudet dit aussi qu'il est peu admissible; en dépit des anciens commentateurs, qu'aprèsla mort de l'Antechrist, le monde entier soit converti et perde ensuite sa foi en un très court espace de temps. (p. 51). Le lecteur trouvera dans ce livre la même sureté de doctrine et la même largeur de vues au sujet du rôle futur des Israélites. Peut-etre pourrait-on souhaiter quel`écrivain fit ressortir plus fortement ces analogies : le grand nombre des colonies juives répandues sur le globe. et la diffusion de la langue Antglaise, faciliteront la conversion du monde, comme l'existence des colonies Juives dáns'l'empire romain et la diffusion des langues grecque et latine ont jadis facilité la conversion de cet empire. La théorie néo-millénariste de M. l'abbé Bigou a été attaquée par deux jésuites, le P Corluy, dans la Science catholique, et le P. Desjacques, dans les Etudes religieuses. ll leur a répliqué avec beaucoup de verve et d'habileté. A l'objection, que le Symbole ne parle pas d'une apparition de Jésus, lors d'une résurrection des martyrs de l'Antechrist, il répond qu'un Symbole ne peut exposer toutes les vérités "de la religion. A cette objection, que sa théorie est nouvelle, il réplique que les chrétiens des deux premiers siècles crofyaient à une venue glorieuse du Christ antérieure au jugement dernier. (A Suwre). SATURNINUS (Le Voile d'Isis, 8 juillet 1896 - www.iapsop.com).

L'abbé Jean Baptiste Bigou, curé de Sonnac, une petite commune de l'arrondissement de Limoux n'était-il pas lui-même une émule d'Arcade d'Orient Vial, membre éminent de la Rose-Croix de Toulouse auteur au siècle dernier des "destinées de l'Ame" et de "l'accomplissement des prophéties", très proche des mouvements légitimistes (Reflets n° 20, 1992) (www.societe-perillos.com).

Des Hautpoul

Un peu plus d’un siècle avant la Révolution, le monde juif est bouleversé par un événement singulier, la venue d’un faux Messie, Sabbataï Zvi, forcé de se convertir à l’Islam en 1666, faux Messie que la majeure partie du peuple juif prendra pour le Messie authentique (le Rav Ron Chaya dit que tout le monde y a cru, mais cette remarque n’engage que lui). Ce faux Messie fut contraint d’apostasier par le Sultan, et, à partir de là, se développe une théologie de la rédemption par le péché, théologie qui enseigne que la transgression des interdits d’Israël est une condition de la venue des temps messianiques.

Selon Scholem, « J. Frank restera dans la mémoire des hommes comme le cas le plus effrayant de l’histoire du judaïsme. Que çela ait été pour des raisons personnelles ou pour d’autres motifs, ce chef religieux se comporta dans tous ses actes comme un personnage absolument corrompu et dégénéré ». Quelle que soit toutefois la pente psychologique de Frank, on ne peut expliquer l’aura qu’il trouva parmi un grand nombre de membres de la communauté juive qu’en se référant à la voie nihiliste qu’avait prise une fraction du mouvement sabbatéen à la suite de l’apostasie de Shabtaï Tsvi. Cette voie, au moyen d’un mysticisme démentiel, Frank la conduisit à ses extrêmités les plus radicales : pousser dans l’abîme toute chose existante, appeler à un cataclysme absolu, vider jusqu’à la lie la coupe de la désolation, exercer une plénitude destructive et fouler aux pieds le mot « vie » pour en extraire son élixir, son essence... (novusordoseclorum.discutforum.com).

C’est dans cette cour militaire et fastueuse d’Offenbach, qu’apparaît officiellement pour la première fois Moses Dobruchka, cousin du côté maternel, de Jacob Frank. Moses Dobruchka est supposé successeur de la secte. Mais il a d’autres ambitions, à savoir des objectifs politiques au niveau occulte et aux yeux du monde juif traditionnel et non juif, ainsi que des ambitions littéraires. C’est le début d’une carrière d’espion. Comme le prêchait Frank, l’idéal frankiste est justement de mener une double vie en totale contradiction l’une de l’autre ; ce que Frank appelle la « Massa Dumah ». Le frankiste classique peut écrire des poèmes en l’honneur de la Révolution française tout en se voulant le champion du catholicisme le plus réactionnaire. Tel est, en quelque sorte, le portrait succinct de Moses Dobruchka dont nous allons retracer le parcours et la chute, et dont nous allons retrouver le fils, Karl-Wilhelm Naundorff. [...]

Frank rêvait de fonder une armée de croisés, et c’est dans ce contexte que tous les frères de Moses Dobruchka, frankistes et convertis, s’engagent dans l’armée autrichienne, le plus fameux étant son frère aîné Karl-Joseph. Cet engagement dans la carrière militaire vaut un anoblissement de toute la famille Dobruchka sous le titre de von Schönfeld. Moses Dobruchka se convertit le 17 décembre 1775 et prend le prénom de Franz-Thomas : Franz en l’honneur de l’Empereur et Thomas, en l’honneur de l’apôtre Thomas, « celui qui voit ». La femme de Moses Dobruchka, Elke Voss, fille adoptive du roi du tabac Haïm Popper, prend le prénom chrétien de Wihlemine von Schönfeld en l’honneur des rois de Prusse, une des sœurs de Moise, Blümele, devient Maria Teresa Josépha von Schönfeld en l’honneur de Marie-Thérèse, d’abord maîtresse du comte Wenzel von Paar, puis épousera un duc von Fürstenberg. [...]

Officieusement, Schönfeld est un conseiller de l’empereur d’Autriche Joseph II qui veut pousser celui-ci à chasser les Turcs d’Europe et à créer, sur la Turquie d’Europe libérée, un grand État catholique pour tous les Juifs convertis au service de la couronne impériale. C’est le même projet qu’il réitérera une fois de plus sans parler des Juifs frankistes au ministre révolutionnaire français Lebrun en 1792. [...]

Nous comprenons dès lors les motivations de Schönfeld, le converti frankiste qui rêve non seulement d’un État juif converti au christianisme, mais aussi de restaurer la « vraie » religion d’Edom, vidée des égarements chrétiens qui ont déformé les vrais textes. Le séjour de Schönfeld en Croatie en tant que logisticien pour l’armée autrichienne, lui apporte une fortune colossale qui ajoute à l’héritage que veut lui léguer son beau-père Haïm Popper, le roi du tabac dans l’empire d’Autriche (les Juifs de Bohême ont le monopole du tabac à l’époque). Il proclamera par la suite aux révolutionnaires français, que son beau-père l’a déshérité parce qu’il s’est converti, ainsi que sa femme, au catholicisme. Les mauvaises langues à la cour d’Autriche disent que l’empereur Léopold – son ami – lui doit une somme considérable, que Schönfeld lui réclame âprement, somme que François II, son successeur, ne lui remboursera jamais. C’est sous ce prétexte fallacieux que Schönfeld, après un court passage en Autriche, décide de partir pour la France. Sa couverture d’écrivain libertaire est idéale pour soutenir l’élan de la Révolution. Il ne se cache pas non plus de son appartenance maçonnique – rompant ainsi le secret - et il n’est pas le premier juif converti qui rentre dans les loges maçonniques de l’époque, avec autant de responsabilités. [...]

À partir de 1789, Schönfeld fait des déclarations tonitruantes en Autriche, où il encense la Révolution française. En 1792, suite à une brouille officielle avec l’empereur Léopold, il part à Strasbourg, et y rencontre peut-être l’alchimiste Saint-Martin, fidèle de Martines de Pasqually qui lui fut présenté par un personnage d’origine juive nommé Ephraïm, qui n’est autre que son meilleur ami, le kabbaliste converti Ephraïm Hirschfeld membre de l’Ordre de Saint-Jean l’Évangéliste des Frères d’Asie et d’Europe, comme Schönfeld. [...]

L’Ordre des Frères de Saint-Jean l’Évangéliste des Frères d’Asie et d’Europe fut fondé par deux frères, les Ecker von Eckoffen, membres de Rose-Croix de Sulzbach. Le nom de la loge se base sur Saint-Jean, auteur de l’Apocalypse, qui serait le véritable initiateur du christianisme et de la Kabbale. D’ailleurs, leur calendrier commence quarante ans après la naissance de Jésus. Ainsi, en 1780, nous sommes pour les membres de l’Ordre, en 1740. Suite à une brouille dans une loge rosicrucienne, l’aîné Hans-Heinrich, ancien conseiller du Roi de Pologne, fut exclu de la loge vers 1780, et rencontra au même moment, à Vienne, le capucin Bishop, surnommé Justus. Celui-ci avait entrepris auparavant de nombreux voyages, notamment en Turquie, où il rencontra les fidèles de Sabbataï Tsvi, dont un certain Azaria, marocain, qui, par la suite, lui donnera toutes les instructions pour fonder un Ordre nouveau. Alchimiste rosicrucien à l’origine, il fut fasciné par la Kabbale et entreprit, avec les frères Ecker, de fonder un nouvel ordre basé sur la Kabbale et les secrets sabbataïstes. Cet Ordre prit le nom de Frères de Lumière (ce qui n’est pas sans rappeler le nom de Lucifer) pour ensuite le nommer l’Ordre des Frères de Saint-Jean l’Évangéliste d’Asie et d’Europe. Rappelons que d’après Dumouriez, Asie veut dire Pologne. C’est Schönfeld-Dobruchka, déjà fort réputé à Vienne pour ses connaissances, qui fut chargé d’écrire les rites. L’Ordre fondé en 1780 prit vite de l’importance, ouvert uniquement à des personnalités déjà maçonnes et/ou illuminées. Il compta des membres très influents : le Prince de Liechtenstein, le ministre autrichien de la Justice, le comte de Westenburg, le comte Joachim von Thurn und Taxi, le fameux duc Ferdinand de Brunswick, futur « perdant » de la bataille de Valmy, membre et gradé de la Loge des Trois Aigles de Vienne et illuminé, et le futur Roi de Prusse Frédéric-Guillaume II, ainsi que des personnalités juives de premier plan qui comprenaient des banquiers comme Isaac Oppenheimer ou Eskeles, ainsi que le fameux rabbin d Ukraine Barouch Ben Jacob de Skhlov, ancien juge rabbinique à Minsk. L’Ordre prit une nouvelle tournure en 1782, lors du Convent de Wihlemsbad organisé par le très mystique prince Charles de Hesse, surnommé Melchitsédek. Le choix du nom de Melchitsédek, le Roi de justice, pour Karl de Hesse, n’est pas un hasard, puisque ce Roi de justice a été détrôné par Dieu et a perdu sa position sacerdotale au profit d’Abraham. [...]

Au-delà des contradictions sur Melchitsedek qui s’insèrent somme toute dans un débat judéo-chrétien, Melchitsedek fut détrôné par Abraham. Injustement. Bien évidemment, nous constatons d’emblée le rapprochement frankiste avec le « injustement détrôné » [Esaü]. [...]

Illuminé et passionné de Kabbale, Karl de Hesse voulait réconcilier la dissidence des Frères de l’Ordre des Frères de Saint-Jean et il introduisit, selon Scholem, une nouvelle doctrine kabbalistique « La Transmigration des âmes » dite en hébreu « Gilgul », se basant sur le traité de Haïm Vital, élève d’Isaac Luria. Un nouveau signe de ralliement devait y correspondre, la swastika symbolisant l’âme qui tourne et qui devait être peu à peu associée à l’étoile de David, symbole sabbataïste dans l’Ordre. [...]

Karl de Hesse se retrouve ainsi au cœur d’un vaste réseau de relations occultistes construites sur plus de vingt ans : grande amitié Illuminée avec Willermoz, hériter spirituel des Élus Coens de Martines de Pasqually et de Saint-Martin. Tout comme nous soulignons les liens qui unirent Willermoz à Salzmann, l’illuminé – tous deux présents au Convent de 1782 à Whilemsbad. Salzman qui entretenait des liens avec Cagliostro, avant que celui-ci fût disgracié. Si l’on se rappelle que le comte de Saint-Germain, citoyen ottoman, sabbataïste et probablement dönmeh, fut le « maître » du prince Karl et qu’il mourut en 1784, chez lui à Darmstadt, soit deux ans après le Convent, on remarque que le prince Karl se lie au même moment avec Schönfeld, qui connut Casanova à la cour de Jacob Frank, à Offenbach, voici une boucle d’amitiés spirituelles bien étranges. Encore plus étranges, quand on sait que le premier partisan de Saint-Germain en France fut l’abbé de Blois, Tascher de la Pagerie, oncle de la future Joséphine de Beauharnais. On le voit, Karl de Hesse-Cassel a considérablement marqué l’occultisme européen [...]. Il faut souligner que la première femme du Tsar Paul Ier, considéré comme fou, la femme d’Alexandre II, puis de Nicolas II furent toutes deux issues de la famille de Hesse. Si l’on ajoute que Karl de Hesse fut le beau-frère du roi du Danemark, puis le beau-père de Fréderic VI (qui régna de 1808 à 1839), père de Christian IX, épousa encore une fille de Hesse, Louise, dont il eut une fille, Dagmar, qui épousa son cousin le tsar Alexandre III. On voit que la famille de Hesse – et son mysticisme – furent très présents – à la cour de Russie et du Danemark, d’ailleurs Copenhague fut le siège de l’Ordre des Frères de Saint-Jean avant d’être déplacé dans les pays baltes. La fonction mystique de la famille de Hesse ne s’arrête pas là, puisqu’un Alexandre de Hesse épousa Julie Hauke, dame d’honneur de la Tsarine, fille du converti frankiste comte Hauke. Cette famille prit le nom de Battenberg (Charles Novak, Jacob Frank ou le faux messie, Déviance de la kabbale ou théorie du complot, 2012 - www.conseilnational.fr, Darmstadt : Les trois portes : Darmstadt - Jarnac).

Le comte de Saint Germain est mort, selon d'autres avis, à Eckernförde au Schleswig chez Charles de Hesse-Cassel (Karl de Hesse) qui était gouverneur pour le roi du Danemark du Schleswig-Holstein (en.wikipedia.org - Count of St. Germain).

Les alliances avec la famille des souverains russes ont été passées avec les Hesse-Darmstadt. Wilhelmsbad se trouve en Hesse près de Hanau partie des frères Grimm.

Le train de vie des Frey est somptueux, fait de fêtes et de plaisirs, le jeune Emmanuel entretient des relations homosexuelles avec leur « faux avocat » Dietrichstein, tandis que Junius Frey est l’amant d’une Mademoiselle de Beaufort qui n’est autre que la comtesse Charles d’Hautpoul, grande amie de la marquise de Janson, alias comtesse de Forbin- Janson, qui, avec Batz, essaya de sauver la famille royale. C’est avec le nom de Forbin-Janson que le comte d’Allonville la nomme dans ses mémoires, tandis que Mathiez la nomme simplement, comtesse de Janson. Quant à la comtesse de Hautpoul, anciennement mariée de Beaufort (née de Gaultier de Montgerou de Coutances), elle est un célèbre écrivain à l’époque sous le nom de Hautpoul-Beaufort. Son beau-frère sera aumônier du prince de Condé dans l’armée d’immigration, puis précepteur de la famille polonaise Kossakowski dont le patriarche, Ignace Kossakowski, fut à la fois le chef des Philopiviens, groupe de Vieux-croyants orthodoxes, et protecteur des frankistes. Le neveu, Armand d’Hautpoult, accompagnera à Prague, quarante ans plus tard, Charles X, la sœur de Louis XVII, et le futur le comte de Chambord, il écrira ses Mémoires décrivant les derniers jours des Bourbons à Prague (Charles Novak, Jacob Frank ou le faux messie, Déviance de la kabbale ou théorie du complot, 2012 - www.conseilnational.fr).

L'hiver 1843-1844, nous ne savons pas où réside la famille [Kossakowski], mais au printemps 1844, en mai, on les retrouve à Toulouse, pour le baptême de Stanislas-Casimir. On pourrait s'en étonner, puisque l'enfant a déjà sept ans. L'acte de baptême, en date du 8 mai 1844, en l'église de Notre-Dame de la Dalbade, à Toulouse, explique la situation. Le garçon né le 21 juin 1837, « a été ondoyé par le révérend père Michel Kwiatkowski », sur le lieu de naissance à « Woitkuszki, paroisse de Poboïsk dans le gouvernement de Wilna [Vilnius] en Russie ». Le parrain de l'enfant est Monseigneur Paul d'Hautpoul, ancien évêque de Cahors, qui avait été, du temps de son exil en Lituanie, précepteur du comte Kossakowski. La marraine est Amélie de Fleuriau, marquise de Rességuier, épouse d'Adrien de Rességuier, maire de Toulouse depuis 1829 et frère cadet du poète Jules de Rességuier ami d'Alfred de Vigny. Ce sont des cousins d'Alexandra, puisque Amélie de la fille d'Aimé-Paul de Fleuriau et de Julie-Catherine de Laval, tante paternelle de la comtesse Kossakowska (Jean-Pierre Lassalle, Alfred de Vigny, 2010 - books.google.fr).

L'évêque de Cahors, depuis 1828 jusqu'à sa démission en 1842, Paul Louis Joseph d'Hautpoul (1764 - 1849) est issu de la branche de Salettes des Hautpoul donc d'une autre que celle de Félines qui s'est détachée de la souche au XIVème siècle. Il n'était pas le beau-frère de Madame de Beaufort d'Hautpoul mais un cousin éloigné de son mari. Il avait été aumonier d'une fille de Charles X, roi de France, grand-vicaire de Sens (Louis de La Roque, Armorial de la Noblesse de Languedoc. Généralité de Toulouse, Volume 1, 1863 - books.google.fr).

Dans la Hesse, la franc-maçonnerie ne jouit jamais de la protection avouée du gouvernement. Elle n'en a pas moins été constamment tolérée jusque dans ces derniers temps. Plusieurs souverains même et presque tous les princes de la famille régnante appartenaient à l'association. Le landgrave Frédéric de Hesse-Cassel, en considération des grands services par lui rendus en 1780, fut nommé, par la Grande-Loge nationale des Pays-Bas unis, protecteur de la confraternité de sa juridiction. Le landgrave Louis III de Hesse-Darmstadt s'efforça, connue membre de l'association, de propager autant que possible la franc-maçonnerie dans ses états. Le prince Louis-Georges-Charles de Hesse-Darmstadt fut grand-maître de la Grande-Loge nationale d'Allemagne à Berlin et prit part à la fondation des Philalètes, à Paris, dont l'association fut dissoute peu avant la révolution française. Le landgrave Charles de Hesse, feld-maréchal danois et gouverneur de Schleswig et de Holsteln, fut élu non seulement grand-maître de toutes les loges de Danemarck et de Holstein, mais encore protecteur des quatre loges unies de Hambourg, auxquelles il en ajouta une cinquième. Apres l'érection de la Westphalie en royaume sous Jérôme Napoléon, la Grande Loge westphalienne fut constituée à Cassel; mais la destruction de ce royaume en 1813 amena aussi la sienne. 11 est vrai qu'en 1817 elle fut restaurée comme loge dépendante de la Hesse électorale ; mais depuis elle s'est dissoute et a été fermée, ainsi que les autres loges de la Hesse électorale (Bègue-Clavel, L'Orient: revue universelle de la franc-maçonnerie, Volume 1, 1845 - books.google.fr).

Charles d'Hautpoul, colonel de génie, commandant de la Légion-d'honneur, chevalier de Malte et de Saint-Louis, fut élevé à l'école Militaire, où il était encore, lorsque la révolution éclata. Il ne suivit point l'exemple de ses deux frères, le marquis Alexandre d'Hautpoul, capitaine de dragons, et Prosper d'Hautpoul, chevalier de Malte; il resta en France, et continua de servir dans les rangs des braves. Le décret contre les nobles le força de quitter l'armée, moins heureux en cela que son parent le colonel, depuis général d'Hautpoul. Bientôt même il fut victime de persécutions qui l'obligèrent de se cacher. Retiré à Sens, il y exerça le métier de garçon menuisier qu'il avait appris; ce fut sous le costume de son nouvel état, qu'il reçut une blessure grave dans une émeute populaire. Il eut encore le malheur d'être reconnu. Arrêté et envoyé à Paris, il parvint à se soustraire à ses ennemis, chercha un refuge sous les drapeaux français, fit avec distinction plusieurs campagnes, et suivit le général en chef Bonaparte dans son expédition en Egypte. Ses talens et sa bravoure le firent remarquer du général, qui le nomma, quoique très-jeune encore, colonel du génie. De retour en France, le colonel Charles d'Hautpoul, tomba bientôt, sans qu'on en connût les motifs, dans la disgrâce du chef du gouvernement; et il fut en quelque sorte exilé à Naples, comme directeur du génie. Il remplissait les mêmes fonctions à Grenoble lors des évéuemens politiques de 1814. Le gouvernement royal le continua dans cet emploi. Le colonel Charles d'Hautpoul reçut peu de temps après la croix de Saint-Louis. Lors du retour de Napoléon, en mars 1815, ce prince, en passant à Grenoble, ne le priva pas de son emploi; mais depuis le colonel Charles d'Hautpoul, forcé par ses blessures de cesser de servir activement, sollicita et obtint sa retraite. Il vit aujourd'hui dans une maison non loin de Genève. Le colonel Charles d'Hautpoul a épousé, étant fort jeune, la veuve du comte de Beaufort, officier émigré, qui fut tué à Quiberon; il eut pour cette dame, l'une des femmes qui cultivent la poésie avec le plus de talent et de succès, les égards et les soins les plus tendres et les plus constans; et il se montra pour le fils qu'elle avait eu de son premier mariage, un ami dévoué, un second père. Il l'adopta et le dirigea dans la carrière militaire (A. Jay, E. Jouy, Antoine-Vincent Arnault, Biographie nouvelle des contemporains, Volume 9, 1823 - books.google.fr).

Ses frères Alexandre d'Hautpoul-Félines et Prosper vivaient retirés dans l'Aude à leur retraite. Ils sont cousins d'Armand d'Hautpoul (Biographie des hommes vivants, Tome V, 1817 - books.google.fr).

Charles d'Hautpoul, époux de Madame de Beaufort, est le petit-fils de Marie de Négri d'Able, celle de la dalle du 17 janvier, et de François d'Hautpoul, seigneur de Rennes-le-château, par Marie d'Hautpoul de Rennes (1733-1781) mariée le 25 septembre 1752, à Rennes-le-Château, avec Joseph Marie d'Hautpoul, marquis d'Hautpoul 1723-1782 (gw.geneanet.org).

Psaume 119 (= 17 x 7)

La reproduction de la dalle de Marie, stèle droite gravée d'une épitaphe donne un texte de 12 lignes et 119 lettres avec des fautes évidentes et des lettres rajoutées (Johannus, Etude de l'épitaphe de Marie de Negri d'Ables dame d'Haupoul de Blanchefort, 4 août 2008 - www.portail-rennes-le-chateau.com).

119 lettres. Le psaume 119 est mis en relation avec les pages 119 et 274 de La Vraie Langue Celtique. A la page 119 il est question de grottes espagnoles et à la 274 de la source de la Madeleine (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Etudes particulières de psaumes : Psaume 119 : l’Encobert et l’ange Cédar).

L'heure approchait où la sainte âme de Madeleine devait être affranchie de sa mortelle enveloppe, l'heure où elle allait pénétrer dans les tabernacles éternels à la porte desquels elle frappait depuis si longtemps, l'heure où il lui serait donné » de se réunir esprit a esprit, cœur à cœur, et pour toujours à son Seigneur et Sauveur.

A ce moment, le martyre de Madeleine redoubla d'intensité par l'abondance des consolations qu'elle ressentit et la participation que Jésus lui donna aux dernières angoisses de son âme sur la croix. D'un côté, elle se voyait au vestibule de la bienheureuse Sion, elle entendait les chants mélodieux des Séraphins, elle apercevait à la droite de son Fils la Vierge dont elle avait été la compagne sur le Calvaire et dans les langueurs de l'exil, elle commençait à respirer les suaves émanations des parfums brûlés devant l'autel de l'Agneau, elle entrevoyait le trône et la couronne qui lui étaient réservés ; déjà le crépuscule du beau jour de l'éternité commençait à luire, un écho de l'Alleluia et du Trisagion céleste arrivait jusqu'a ses oreilles, quelques gouttes de l'océan de l'immortelle félicité tombaient dans son cœur. D'un autre côté, ne voyant plus Jésus qui vient de lui apparaître avec tous ses charmes, elle ne veut plus rien voir; après avoir trempé ses lèvres à la source des biens éternels, elle ne peut plus sans un suprême dégoût penser aux choses de la terre; son cœur est toujours flottant et son amour dans un continuel mouvement, jusqu'à ce qu'elle trouve Jésus, qu'elle s'attache à Jésus, qu'elle se fixe en lui seul, qu'elle se repose en lui seul. Bien que les Anges essayent de tromper sa douleur et de charmer son exil par des apparitions plus fréquentes, elle ne cesse de dire avec David: « Hélas! que mon exil est prolongé! Voilà bien des années que j'habite parmi les tristes enfants de Cédar. Il y a longtemps que mon âme est en ce monde comme en un lieu de bannissement. » (Ps. CXIX.) « Qui me donnera les ailes de la colombe, pour voler vers mon Dieu et y trouver mon repos? » (LIV.) « Comme le cerf altéré soupire après les sources d'eau vive, mon âme, blessée des flèches de votre amour, soupire après vous, ô mon Dieu. Mon âme brûle de soif pour le Dieu fort et vivant. Quand viendrai-je et quand apparaîtrai-je devant la face de mon Dieu? » (XLI.) « Tirez mon âme de la prison de ce corps, afin que je bénisse votre saint nom. Les justes attendent que vous placiez sur ma tête la couronne de votre justice. » (CXLI.) Ainsi le martyre de Madeleine, martyre d'amour, consistait a être à la fois dans un état de vie et dans un état de mort : de vie, car Jésus lui communiquait avec profusion sa lumière et son Esprit, c'est-à-dire sa propre vie, vie céleste, vie divine; de mort, parce que Jésus étant sa vie, et la mort n'étant que la privation de la vie, elle ne pouvait plus vivre sans Jésus, ou si elle vivait encore, ce n'était que pour sentir et souffrir la perte de Celui qui était sa vie. Déjà, au pied de la croix, avec la Vierge Mère de Jésus, son martyre avait commencé, à la vue de son Sauveur expirant dans les tortures; mais alors elle ne fit que goûter le calice, le breuvage entier lui en fut réservé pour un autre temps, pour un autre lieu; et c'est au désert, et plus spécialement au terme de son pélerinage, à la vue de son Sauveur glorifié qui l'attire et l'appelle, que Madeleine épuise le calice et en sent toute l'amertume.

De toutes les Vies connues de sainte Marie-Madeleine, celle de Raban-Maur est maintenant la plus ancienne et la plus respectable. Né à Mayence vers l'an 776, Raban fut d'abord confié aux religieux de l'abbaye de Fulde qui l'initièrent à l'étude des lettres et à la pratique de la vertu, et ensuite au célèbre Alcuin dont il conquit l'amitié et l'estime. Devenu maître dans l'école du monastère de Fulde, et dans celle de Tours où était une très-riche bibliothèque, il fut en relation avec tous les savants de l'Europe, forma les docteurs les plus fameux de son siècle, parcourut pour s'instruire la Palestine, l'Orient et l'Hibernie, fut consulté par les empereurs, les rois, les évêques des plus grands sièges, et après avoir composé divers ouvrages où la science la plus étendue s'allie à la piété la plus onctueuse, il mourut archevêque de Mayence, regardé à la fois comme un saint et comme l'oracle de l'empire français. La Vie de sainte Marie-Madeleine dont il est l'auteur est restée inédite dans une bibliothèque d'Oxford pendant plus de mille ans. Celui àqui nous en devons l'impression est M. Faillon, sulpicien, qui lui-même nous a dotés des Monuments inédits sur l'Apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence. L'apparition de cette Vie est d'autant plus heureuse, qu'après mille ou douze cents ans, elle se trouve exactement conforme, sur tous les points de quelque importance, à la tradition provençale. M. Faillon a eu, de plus, le bonheur de retrouver dans les bibliothèques publiques de Paris, des fragments des écrits très-anciens que cite Raban-Maur, et qu'il copie quelquefois mot pour mot (Benoît Valuy S.J., Sainte Marie-Madeleine et les autres amis du Sauveur, apôtres de Provence, 1867 - books.google.fr).

On trouve ainsi un lien entre Marie Madeleine et le psaume 119 et en plus avec le 54.

Dans Le Livre de la manière de bien vivre attribué à saint Bernard de Clairvaux et destiné à "Sœur bien-aimée dans le Christ", il y a une mention de Marie Madeleine et du psaume CXIX dans le chapitre X De la componction :

(28) ...C'est aussi par la componction et les larmes que Tobie le père obtint la guérison de sa cécité et la consolation de sa pauvreté (Tob. V). Voici ce que lui dit l'ange Raphaël: « que la joie reste toujours avec vous. » Et il ajouta : « Ayez bon courage, bientôt le Seigneur vous soulagera. » Marie Madeleine obtint également, par le même moyen, d'entendre de la bouche du divin maître cette parole : « Vos péchés vous sont remis (Luc. VII, 48). » Sœur vénérable, je vous ai proposé les exemples des saints, afin que les larmes de la componction vous soient douces. (30) Demande. — Frère, dites-moi , je vous prie, quels sont les motifs Motifs de de douleur qui nous arrachent des larmes dans cette vie ? Réponse. — Ces motifs sont nos péchés, les misères de ce monde, la compassion pour les maux du prochain et l'amour de la récompense du ciel. Il pleurait ses péchés celui qui disait : « Chaque nuit, j'arroserai ma couche et j'inonderai mon lit de larmes (Psalm. VI, 7).» Il gémissait encore sur les misères de ce monde lorsqu'il s'écriait : « Hélas! mon exil s'est prolongé : j'ai habité avec ceux qui demeurent en Cédar, trop longtemps mon âme a séjourné sur la plage étrangère (Psalm. CXIX, 5) ! » (Oeuvres complètes de Bernard de Clairvaux, 1867 - books.google.fr).

Or le mot componction signifie en religion "Douleur, regret d’avoir offensé Dieu" et vient du latin compunctio, de compungere (« piquer fort »).

Et dans La Vraie Langue Celtique à la page 274 (119 + 155) :

Ces deux sources ferrugineuses froides ont reçu des Celtes le nom de Gode, – to goad (gôd), aiguillonner, exciter, animer –. [...] Les eaux des deux fontaines de la Madeleine ou de la Gode n'ont point encore été analysées. (VLC, p. 274)

Le Childéric de Madame de Beaufort d'Hautpoul, le gui et le toucher

Madame de Beaufort d'Hautpoul écrivit un Childéric.

Childéric de Madame de Beaufort, dont la religion est druidique, se termine par la découverte de son tombeau à Tournai en 1653.

La construction de l'église Sainte-Marie-Madeleine de Tournai, en 1252, fut décidée par l'évêque de Tournai Gauthier de Marvis, à qui l'on doit le chœur gothique de la cathédrale. Elle est en pierre calcaire de la région comme les autres églises de la ville. Son architecture gothique est très sobre, à part les fenêtres en triplet qui éclairent le transept et le choeur. Les tours de la façade, dont l'une reste inachevée, remontent au 14e siècle. Le retable du maître-autel, composé de panneaux en bois sculptés et polychromes, retrace la vie de Sainte Marie-Madeleine. On y trouve, fixées aux deux dernières colonnes de la nef, les célèbres statues de la Vierge et de l'Ange de l'Annonciation, oeuvres tournaisiennes du 15e siècle (sculptures de Jean de la Mer, projet et polychromie de Robert Campin) (www.tournai.be - Eglise Sainte Marie Madeleine).

Childéric enfant est enlevé par un Hun, Gélimer. Viodame est envoyé par le roi Mérovée à sa recherche en Germanie et le retrouve.

Le monarque se réjouit beaucoup, et il ordonna des fêtes publiques, dans lesquelles tout le monde chanta ces paroles remarquables : Au Guy l'an neuf, c'est-à-dire apparemment, la neuvième année du règne de Mérovée. Madame d'Hautpoul ne dit pas sur quel air ce peu de mots fut chanté, mais il faut penser qu'il exprimoit mille choses plus agréables les unes que les autres, puisque la chanson étoit si courte qu'elle ne signifiait absolument rien. Peut-être l'auteur auroit-il dû traduire cet air par quelques jolis couplets, tels que ceux qui se trouvent répandus dans son ouvrage. Mais peut-être aussi ces quatre syllabes renfermentelles quelque chose de mystérieux qu'il faut admirer sans le comprendre. Quelque temps après qu'on eut chanté le Guy et l'an neuf y Mérovée mourut; Childéric monta sur le trône (Childéric, roi des Francs, par Madame de Beaufort-d'Hautpoul, Mercure de France, Volume 26, 1806 - books.google.fr, Anne-Marie de Beaufort D'Hautpoul, Childeric roi des Francs, 1806 - books.google.fr).

On retrouve l'au gui l'an neuf dans La Vraie Langue Celtique :

« Le vieil usage de courir les rues, le premier jour de l'an, au cri de au gui l'an neuf, se rattachait au culte des Gaulois. » (Histoire de France, par Em. Lefranc) [...] Les réjouissances de l'aguillouné ont lieu aussi en Provence et se confondent dans la fête de Noël. En Angleterre, le jour de Noël (Christmas), on présente sur toutes les tables le fameux plumpudding orné d'une branche de gui. (VLC, p. 284)

Dans la médecine ancienne, d'ailleurs, le gui ne peut jamais toucher le sol. Le gui est donc assimilé à l'esprit du dieu ou de l'arbre divin. Pour tuer le dieu ou son représentant, il faut alors couper le gui ou le rameau qui contient son esprit. Le gui est, en outre, cueilli aux solstices d'été et d'hiver et par là associé au culte du soleil ; lors de cérémonies parallèles, il est assez courant d'allumer de grands feux pour raviver la flamme du soleil. C'est sans doute ce qui explique que le rameau de la légende soit un rameau d'or, car il est associé au soleil qui doit être périodiquement rallumé ou ravivé. En dernière analyse, Frazer entend montrer que le dieu du ciel et de l'orage était la grande divinité de nos ancêtres les Aryens et que son association fréquente avec le chêne résulte sans doute du fait que ce dernier soit souvent la cible de la foudre. Le prêtre de Nemi symbolise alors, en tant que prêtre-divin, le grand dieu romain du ciel, Jupiter, qui daigne résider dans le gui des chênes. C'est pourquoi le prêtre du sanctuaire était toujours armé d'un sabre pour défendre le rameau mystique qui contenait la vie du dieu, mais aussi la sienne. Cette théorie, essentiellement spéculative, ne trouve plus guère de défenseurs aujourd'hui. Selon Ruth Benedict, The Golden Bough ressemble un peu à une version anthropologique du monstre de Frankenstein (1934, p.49) ; il a l'œil droit de Fiji, le gauche d'Europe, une jambe de la Terre de Feu, l'autre de Tahiti, etc. En isolant ainsi des traits culturels, on s'interdit de les comprendre vraiment car toute culture est un ensemble intégré. De plus, en faisant de l'accumulation des faits le principe essentiel de sa méthode scientifique, l'analyse comparative se condamne à la superficialité (LéviStrauss, 1958, p. 317). Cette manie de comparer les institutions en dehors de tout contexte et de citer en un seul paragraphe une demi-douzaine de tribus, de la Chine au Pérou, contraste avec les patientes et minutieuses analyses des ethnographes. C'est peut-être ce qui explique que Frazer a été relégué aux oubliettes de l'ethnologie même si, comme le note Edmund Leach, d'une façon un provocante, le structuralisme de LéviStrauss a plus en commun avec Frazer qu'avec Malinowski (1982, p. 28) (Robert Deliège, Une histoire de l'anthropologie: écoles, auteurs, théories, 2006 - books.google.fr).

Car, si le gui n'avait à Rome aucun rôle cultuel, la croyance populaire ne lui en attribuait pas moins un caractère prodigieux et de puissantes vertus magico-médicinales. Plante parasite qui, au contraire des autres végétaux, ne se sème pas en terre, mais ne pousse que sur les arbres, et à condition que ses graines aient été mangées, puis rejetées, par les oiseaux, d'où sa nature extraordinaire, il était par les Gaulois comme une panacée et peu s'en faut qu'il n'ait eu, en Italie, les mêmes pouvoirs universels - ce qui n'empêchait pas que, par ailleurs, il fût aussi un redoutable poison. Objet de tabous archaïques, il passait, aux yeux des populations de l'Italie, pour être plus efficace s'il était cueilli à la à la nouvelle lune, sans instrument de fer, et à condition de n'avoir point touché terre; il guérissait l'épilepsie; il aidait à concevoir les femmes qui en portaient sur elles, conceptum feminarum adiuuare, si omnino secum habeant; et, si on l'appliquait sur les ulcères après l'avoir mâché, il était souverain pour leur guérison (Alain Bouet, Jacqueline Champeaux, Les thermes privés et publics en Gaule Narbonnaise: Synthèse, 1982 - books.google.fr).

« C'était ordinairement en Février que les Druides en faisaient la recherche. A la nouvelle que la plante précieuse avait frappé les regards le peuple entrait en foule dans la forêt, on entourait l'arbre privilégié pour le garder avec vigilance ; et le sixième jour de la lune de Mars, (le sixième jour de la lune chez les Gaulois ouvrait toujours le mois, l'année et le siècle) un druide en robe blanche coupait, avec une serpette d'or, le végétal sacré, de peur qu'il ne touchât la terre en tombant et ne fut souillé par un contact profane. Cette cérémonie se reproduisait dans chaque tribu. » (Histoire de France, par Em. Lefranc.) (VLC, p. 283)

La page 284 correspond au psaume 129 (le "De profundis") et appariée à la page 129. C'est un psaume pénitentiel, pour la pénitente Marie Madeleine, cité par Madame de Beaufort dans son Cours de littérature ancienne et moderne, à l'usage des jeunes personnes, 1821 - books.google.fr.

Du rameau d'or à la baguette qui permet de toucher tout en gardant ses distances, il n'y a qu'un pas.

Vyer dit (De praîstig. Dœmon. Lib. IV. C. 9) qu'en tenant à la main une Baguette de coudre pour découvrir des trésors, il faloit prononcer le Pseaume De profundis : "Credo videre bona Domini in terra viventium." Bodin (Dœmon. Lib. II. cap. 3.) dit à peu près la même chose, & c'est ce que Jean Belot dont on auroit bien dû proscrire les œuvres impies, appelle la Corylomantie. Plusieurs faisoient sur ces Baguettes des figures mystérieuses. Quelques uns y gravoient des Croix; & l'on voit dans un Cabinet de Paris quatre Baguettes assez anciennes, sur lesquelles on avoit écrit Baltazar, Gaspar, Melchior. C'étoit sans doute dans la vue d'invoquer les Rois Mages, dont il est dit qu'ouvrant leurs trésors, ils offrirent des présens. La Tradition populaire a donné à ces Rois les noms qu'on vient de voir, & je crois que Bede est le premier Auteur qui ait écrit leurs noms, comme il est le premier qui ait décrit leur taille, leur visage, la figure de leur barbe, l'arrangement de leurs cheveux, & la forme de leurs souliers (Superstitions anciennes et modernes: préjugés vulgaires qui ont induit les peuples à des usages & à des pratiques contraires à la religion, Jean Frederic Bernard, 1733 - books.google.fr).

Le Dante dit, en parlant d'un envoyé du ciel qui traversait le Styx à pied sec : "Je le vis s'approcher d'un air superbe et dédaigneux, toucher et ouvrir avec sa baguette les portes infernales, qui ne firent aucune résistance." (Enfer, chant IX.)

Comme nous invitent à le faire la perspective adoptée par l'anthropologie des sens et la psychophysiologie, il convient de ne pas observer un seul sens isolément, mais de prendre en compte la place de chacun dans la mosaïque de la sensorialité vécue. Dans le cas de la radiesthésie, celle-ci s'augmente d'une dimension extraordinaire. Au sens propre du terme. Ce registre de perception échappe au commun des mortels, mais que sa réalité soit contestée par les sceptiques ne change rien au fait qu'il interagit avec les sens ordinaires et fournit des pistes nouvelles, inventives, d'expansion et d'appréciation des sensations ordinaires, notamment du toucher. Pourrait-on parler, pour les sourciers, de la mise en pratique d'une sensibilité de type baroque : la profondeur des apparences...? Le fait est que c'est bien toujours de profondeurs qu'il est question, et de leur mise en étroites relations: celles du monde, du corps, de la conscience. Des sourciers aiment le dire. « Ça vient de loin», «C'est les racines», «Ça me prend dedans», ce dont il n'y a guère à s'étonner, dans une culture qui n'associe guère la superficialité à la vérité ni à l'authenticité. Certains tiennent leur capacité pour la manifestation d'un don très exceptionnel. D'autres, de très loin les plus nombreux, y voient une faculté universelle plus ou moins oubliée ou dégradée, dont l'empreinte sur chaque individu varie. Tous pensent que la sensibilité sourcière est susceptible d'affinement par des efforts assidus de mise en ordre du tumulte sensoriel qu'elle provoque. C'est ainsi que le toucher radiesthésiste, simultanément cutané et viscéral, peut devenir le sens des profondeurs de l'individu et du monde (Jean Yves Durand, Les mains heureuses, Toucher, Terrain : carnets du patrimoine ethnologique, 2007 - books.google.fr).

Le gui, symbole de la régénération et de l'immortalité, produisant l'eau de chêne censée tout guérir, était coupé par la faucille d'or et recueilli dans une étoffe de lin blanc. Dans les Saintes Écritures, Aaron doit être revêtu de la Sainte Robe de lin avant d'entrer dans le sanctuaire, comme les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse. L'Evangile de saint Marc nous rapporte que Marie-Madeleine arrivant au sépulcre de Jésus y voit un jeune homme assis du côté droit, vêtu d'une robe blanche. Le même épisode est rappelé dans l'évangile de saint Luc. Il faut savoir aussi, avant que plusieurs couleurs ne soient admises dans les ornements sacrés, que les vêtements des prêtres chrétiens étaient blancs et cela jusqu'au VIe siècle, à commencer par le Souverain Pontife, représentant de Jésus, et infaillible dépositaire de la vérité (René Champs, Miroir et lumière: itinéraire d'un imagier, 2004 - books.google.fr).

Le gui symbole de l'âme immortelle ne doit pas être touché par le sol comme le Christ ressuscité ne doit pas l'être par Marie Madeleine. Le corps est une prison pour l'âme pour les anciens, Marie Madeleine peut-être assimilée à ce corps ou plutôt à ce qui ramène au corps-prison. Jésus refuse le contact (Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Jean XX,11-18) pour passer à l'étape suivant : l'ascension dans les sphères célestes siège de l'âme qui retourne à son élément divin.

Dans la courbe d'un médaillon d'une verrière de la cathédrale de Chartres, l'artiste verrier a su représenter, de façon merveilleuse, en cette surface réduite, l'instantanéité et la gravité de l'événement dans le sens que nous venons d'évoquer. Partant de l'angle où commence la courbe de ce médaillon, Marie-Madeleine s'élance spontanément vers Jésus, les mains tendues vers lui. Jésus tient la grande Croix de la Résurrection ; bien que sa main droite soit largement ouverte en signe d'accueil, il manifeste le geste de recul conformément au texte : Noli me tangere (ne me touche pas). Entre lui et Marie-Madeleine, afin de bien marquer la séparation, s'élève un arbre, très certainement pour rappeler celui qui se dressait au milieu du jardin d'Éden (René Champs, Miroir et lumière: itinéraire d'un imagier, 2004 - books.google.fr).

Noli me tangere de l'église Saint Pierre de Chartres - Vitrail de la Passion (entre 1300 et 1315) www.therosewindow.com, www.patrimoine-histoire.fr

La main largement ouverte est chez le stoïcien Zénon le symbole de la représentation, dans le mécanisme de la connaissance, main ouverte, ici la gauche, qui apparaît dans la Cène de Léonard de Vinci devant le pain eucharistique qui est sensé représenté le corps du Christ selon ses dires (La Croix d’Huriel et Léonard de Vinci : A quatre mains - books.google.fr).

Dans sa Sentence 29, Porphyre montre que l'âme peut continuer de s'abandonner à son pneuma vicié, qui la conduit dans les entrailles de la terre, c'est-à-dire dans un lieu encore inférieur à la surface du globe terrestre. Telle est la première perspective qui s'ouvre à l'âme sortie de son corps : plonger dans l'élément humide, dont on nous laisse entendre mystérieusement qu'il n'est pas inactif. Mais une autre possibilité se présente: que l'âme rompe avec la nature humide, et devienne une lumière sèche. Comme si souvent chez Porphyre, l'âme est mise ainsi en face du bivium. Il existe un parallèle notable en De abstin. II 38, 2 et 4 : certaines âmes, tout en s'appuyant sur leur pneuma, le dominent; d'autres âmes, loin de dominer le pneuma qui leur est contigu, sont dominées par lui et envahies par ses contenus passionnels; à ces deux sortes d'âmes, poursuit Porphyre, répond la dualité des bons et mauvais démons (Porphyre, Sentences, 2005 - books.google.fr).

Entre la lumière en haut et les ténèbres en bas "ce Pneuma est semblable à l'effluve odorant d'un baume ou d'un encens d'ineffable arôme" selon l'idéologie des Séthiens décrite par Hippolyte de Rome (vers 170 – 235) (Philosophumena ou Réfutation de toutes les hérésies V, 19) (Cahiers d'études cathares, 1998 - books.google.fr).

Les larmes de la Sophia gnostique ont pu inspiré le comportement de Marie Madeleine. Sophia, la sagesse, est assimilée au pneuma, à l'esprit et au logos par Philon d'Alexandrie selon l'avis de quelques auteurs (Roland Maspétiol, Esprit objectif et sociologie hégélienne, 1983 - books.google.fr, Jean Réville, La doctrine du Logos dans le quatrième Évangile et dans les oeuvres de Philon, 1881 - books.google.fr, Jean Laporte, La doctrine eucharistique chez Philon d'Alexandrie, 1972 - books.google.fr).

Il s'agit donc d'un parfum mystique comparable à celui que Marie Madeleine verse sur les pieds de Jésus.

La partie irrationnelle de l'âme humaine, c'est-à-dire ce par quoi l'âme reste attachée au corps, présente en revanche des caractéristiques qui renvoient à une constitution matérielle, et elle peut s'«épaissir» au contact des passions du corps. Ainsi, l'identification étroite entre intellect - vrai moi de l'homme - d'une part, et l'assimilation de l'âme irrationnelle à la matière, de l'autre, dénotent encore une fois, dans la psychologie de Porphyre, une vision essentiellement dualiste (Marco Zambon, Porphyre et le moyen-platonisme, 2002 - books.google.fr).

Pour Porphyre, le pneuma est étroitement lié à l'âme irrationnelle. [...] Mais ce pneuma, indispensable à l'âme humaine durant son séjour sur la terre, que va-t-il devenir après la mort, une fois l'âme délivrée de son corps de chair ? C'est un problème qui a préoccupé les néo-platoniciens antérieurs et postérieurs à Synésios. Ce dernier apporte cependant une réponse originale. La première âme doit résoudre un pénible dilemme: ou bien elle emmène le pneuma avec avec elle, ou bien elle l'abandonne. Il faut savoir, comme Dodds l'a exposé, qu'il existait deux traditions distinctes au sujet du corps astral: l'une le représentant comme partie intégrante de l'âme - elle fut suivie notamment par Jamblique et sera adoptée par Hiéroclès -; l'autre, comme acquis durant la descente de l'âme, et abandonné lors de sa remontée (Plotin, Porphyre et les Oracles chaldaïques) (Noël Aujoulat, Les avatars de la phantasia dans le Traité des Songes de Synésios de Cyrène, Koinonia, Volumes 7 à 9, Associazione di studi tardoantichi (Italy), 1983 - books.google.fr).

Or, en Marie-Madeleine, une telle intensité toujours devient symptôme, s'extravase et s'écoule. Le Christ a extirpé de son corps sept démons, c'est-à-dire beaucoup, presque une légion. Mais surtout, le corps de Marie-Madeleine est un corps qui exsude ses larmes. Larmes qui ont incité Jésus à pardonner, et aussi, plus obscurément, plus puissamment sans doute, larmes qui « le troublent » et « le font frémir », ainsi que l'écrit saint Jean - larmes qui incitent au miracle. Quant à l'onction de Béthanie, telle que nous la racontent Marc, Matthieu et Jean, elle reprend les termes principaux du récit de Luc - en particulier les motifs d'écoulement : cheveux, larmes et parfum - pour leur assigner une véritable cause finale, par-delà une simple problématique du pardon. Cette cause finale, c'est la Passion et c'est la mort du Christ. « Elle a fait ce qui était en son pouvoir », dira Jésus aux disciples, « d'avance elle a parfumé mon corps pour l'ensevelissement. » L'onction des baisers, des larmes, des cheveux, du parfum, l'onction amoureuse de Marie-Madeleine est donc avant tout une figure funéraire. Ou, plus exactement, une préfiguration du soin dû au corps mort du Crucifié. Et tout cela se passe entre voir et toucher, au lieu de leur conjonction ou bien, dramatiquement, au lieu de leur impossibilité à se conjoindre. Ainsi, le drame de la Passion est tout entier vécu par Marie-Madeleine comme le drame de qui témoigne, impuissant, de la douleur d'autrui : la sainte « assiste », disent Marc et Matthieu, à la crucifixion; et même de loin (a longe), parmi les pieuses. Mais l'on n'imagine pas Marie-Madeleine autrement que tout entière tendue dans le mouvement d'une onction a longe, justement, celle d'un regard embué de larmes, par exemple (Georges Didi-Huberman, L'image ouverte: motifs de l'incarnation dans les arts visuels, 2007 - books.google.fr).

De là l'importance du corps de Marie Madeleine que l'on cherche parfois jusqu'en Languedoc-Roussillon.

L'unique exemplaire du manuscrit du Livre des miracles de sainte Marie Madeleine, composé au début du XIVème siècle par le prieur dominicain du couvent de Saint Maximin, révélé en 1878 par le chanoine Albanès, avait disparu depuis la mort de son possesseur, le marquis de Clapiers, en 1887. Le manuscrit réapparut en 1989 chez un libraire parisien et la Bibliothèque nationale de Paris l'acquit aussitôt. Son édition critique et sa traduction par Jacqueline Sclafer, archiviste paléographe qui dirigea la section latine du département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de 1986 à 1994, mettent en lumière le conflit qui opposa violemment au Moyen Age deux sanctuaires qui affirmaient chacun posséder le corps de Marie- Madeleine : Vézelay et Saint- Maximin. La victoire finale revenant au second. Avec Marie-Madeleine, l'Occident médiéval s'est inventé il faut l'avouer, une figure largement imaginaire (Véronica Ortenberg, Dominique Iogna-Pratn, Genèse du culte de Marie Madeleine (VIIIe-XIe siècles), L'Histoire, Numéros 206 à 211, 1997 - books.google.fr).

Balder est tué par une branche de gui. Selon Frazer, cette branche est celle d'un arbre sacré dont le gui est « l'âme extérieure ». Le gui représente « l'âme » du chêne. Il faut donc d'abord arracher cette âme avant de mettre le chêne à mort. La mort de Balder, assimilé au chêne, le fait de brûler son cadavre sur un bûcher, constitueraient le sacrifice nécessaire pour régénérer la nature et la communauté. Ce mythe accompagne et justifie les rituels annuels du feu, qui ont lieu un peu partout dans les sociétés agraires. Ils appellent au retour de la nature. Le mythe de Balder serait donc à relier aux rituels de la cueillette du gui et aux cérémonies du feu. Pour Frazer, le mythe est le récit qui accompagne un rite ; et le rite est un geste magique destiné à agir sur la nature et les forces qui la dirigent. Il est donc parvenu à résoudre sa double énigme : celle du meurtre du roi et celle du rameau d'or. Il faut tuer le roi et le remplacer pour éviter que l'âme sacrée ne se dégrade. Le rameau d'or est le vecteur de cette âme, source vitale qui se transmet de génération en génération chez les humains, et de saison en saison dans la nature. Voilà pourquoi le prétendant au titre de prêtre-roi ne peut pas être n'importe quel putschiste. Il faut d'abord qu'il s'empare de la force vitale, qu'il soit sacralisé avant de remplacer le roi déchu (Nicolas Journet, La Culture: De l'universel au particulier, 2006 - books.google.fr).

Les attaques contre l'avidité des moines sont nombreuses aussi. Jusqu'à la fin du XIIe siècle, c'est aux Cisterciens surtout qu'on reproche leur avarice ; nous ne citerons que le violent chapitre de Walter Map dans son de nugis curialium, intitulé Incidencia de monachia. Plus tard, ce sont les ordres mendiants qui feront les frais de la satire : Sanctum Franciscum non dicunt tangere viscum, sed Francissite tangunt fiscum sine lite, dit un catéchisme parodique publié par Lehmann (Parodie, Anhang, p. 18) (Félix Lecoy, Recherches sur le Libro de Buen Amor de Juan Ruiz, Archiprêtre de Hita, 1938 - books.google.fr).

Le psaume 54, la fosse aux lions et le Noli me tangere

Et Childéric à la page 209 appariée à la 54 :

Childéric n'était qu'un enfant, lorsqu'il fut appelé, par la mort de son père, au commandement de la nation Franke, – child (tchaïld), enfant, – heir (ér) héritier, – wig (ouigue), chevelure –. Il perdit l'affection et l'estime de son peuple par des fautes si graves, qu'il fut contraint de s'exiler. Les Franks se confièrent pendant quelque temps à la direction du comte romain OEgidius ; mais le roi fut bientôt rappelé par ses sujets dont le ressentiment s'était apaisé pendant son absence. Instruit par l'adversité, Childéric racheta les fautes de sa bouillante jeunesse par des actions pleines de gloire. (VLC, p. 209)

Bien qu'il soit ancien et relativement bien illustré, le thème du Noli me tangere ou de l'apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine n'avait pas encore fait l'objet d'une étude particulière avant qu'A. Trotzio ne lui consacre une thèse présentée à l'Université de Stockholm en 1973 : Christus resurgens apparet Mariae Magdalenae. En ikonografisk studie med tonvikt pà molivets framstàllning i den tidiga medeltidens konst (Stockholm, Rotogeckman, 1973. In-8, 119 p., 61 tll., résumé français). Pour A. T., la conception occidentale du thème et du personnage même de Marie-Madeleine dérive des évangiles de Jean et de Marc, de deux homélies de Grégoire le Grand, du sermon In veneratione S. Mariae Magdalenae d'Odon de Cluny et des textes liturgiques de la fête de la sainte, célébrée à partir du IXe s. tandis que la messe de l'apparition du Christ à Marie-Madeleine après sa résurrection ne le sera qu'à partir du XIIe s. Le rôle de Marie-Madeleine dans le drame pascal sera également souligné par la séquence du Victimae Paschali laudes et par les drames liturgiques. Mais l'interprétation du thème leur est cependant antérieure. L'A. détermine les cycles iconographiques dans lesquels s'insère le thème du Noli me tangere. Tout naturellement, il y a en premier lieu les cycles de l'apparition remplaçant la scène de ia Résurrection du Christ ou lui étant associés. La conception typologique médiévale a fait que le Noli me tangere a été mis en concordance avec la Création d'Eve, le Cantique des cantiques, Daniel dans la fosse aux lions, etc. Le thème est également associé à la Vierge, comme l'explique Odon de Cluny et comme on le volt dans un vitrail de Chartres ou au tympan d'un portail de la cathédrale d'Huesca, où il se combine d'ailleurs avec l'Epiphanie. Les apôtres peuvent également s'adjoindre au thème du Noli me tangere, Marie-Madeleine jouant alors le rôle d'apôtre, rôle que lui assignent les Pères de l'Église, les textes et les drames liturgiques, et qui explique le tympan de Vézelay (Revue d'histoire ecclésiastique, Volume 70,Numéros 3 à 4, 1975 - books.google.fr).

The apocryphal Canticle of Mary Magdalene, written in thirteenth century provence, expresses the Magdalene's great love for Christ in a monologue. '"Mary" he said. and I recognised the Master and rushed to him, to embrace him. But he said: “Do not touch me!”. and I understood that I must die, like him, if I was to be at one with love, that does not die, but, beyond death and the grave, points us the the way to a happiness that is great without end and durable without end'. Here, the insight-generating impact of the Noli me tangere is radicalised to such an extent that Mary Magdalene has to pass through death, together with Christ, so that she can be 'resurrected' in everlasting love and wisdom. This Noli me tangere scene is mirrored in the Christian cosmology itself.

In the paupers' Bible, the Biblia Pauperum, the Noli me tangere is connected, on the one hand, to Daniel in the lions' den (Dan. 6:19–24) and, on the other, to the encounter and embrace of the bride and bridegroom in the hortus conclusus (Song of Songs 3:4). the Enclosed Garden is more than a topos, it is a spiritual metaphor referring to horticulture as an allegory of mystical love [...] The amorous interpretation of Mary Magdalene as bride and as (penitent) lover was particularly strong north of the alps due to the influence of courtly love and mysticism (Barbara Baert, Noli me tangere and the senses, Religion and the Senses in Early Modern Europe, 2012 - books.google.fr).

Biblia pauperum - warburg.sas.ac.uk

Both the Sacrifice of Isaac and Daniel in the Lion's Den recall earlier typological examples of God's intervention on behalf of the faithful. In the case of Isaac, Abraham is rewarded for his willingness to make a supreme sacrifice and is thus from this obligation. It is Abraham's faith that allows God to do him this favor. God also intercedes on behalf of Daniel. Threatened by the king of Babylonia, who wished Daniel to pray to him and no one else, Daniel was imprisoned in a cave of hungry lions. Continuing to pray to his Hebrew God, Daniel emerged unscathed. The story was commonly appropriated for Christian purposes and would have reverberated with special significance in this setting. Thomas, not unlike Daniel and Abraham, receives Christ's beneficent intercession when, in his moment of doubt, he is provided evidence of Christ's miraculous Resurrection (Lisa M Rafanelli, Erin E Benay, Faith, Gender and the Senses in Italian Renaissance and Baroque Art: Interpreting the Noli me tangere and Doubting Thomas, 2015 - books.google.fr).

Le prophète Daniel, en dépit d'un décret du roi qui l'interdie, prie trois fois par jour à Babylone dans une chambre dont les fenêtres qui donnent dans la direction de Jérusalem, ce qui lui vaut d'être jeter dans la fosse au lion.

Trois fois par jour : la tradition rabbinique attribue cette coutume à la grande Synagogue dont l'existence est postérieure à Daniel. Comp. Ps . LV [54 Vulgate], 18. D'autres textes nomment comme heures spécialement consacrées à la prière la troisième, la sixième et la neuvième (La Sainte Bible, traduit par Augustin Crampon, 1905 - books.google.fr, Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Des psaumes et l’inverse du Cercle des Prophètes).

Ps 54,18 : 18. Le soir, le matin et à midi je raconterai et j'annoncerai ma misère au Seigneur ; et il exaucera ma voix.

On apporta une pierre et on la mit sur l'ouverture de la fosse ; le roi la scella de son anneau et de l'anneau des grands seigneurs, afin que rien ne fût changé à l'égard de Daniel. Le roi s'en alla ensuite dans son palais (Darmstadt : Les trois portes : Darmstadt - Gisors).

L'anneau

On ne peut assez regretter que les noms des sources du Pont, du Cercle et des eaux chaudes, soient complétement perdus : ils nous auraient sûrement renseignés sur le degré de science médicale des Druides, en ce qui concerne l'action thérapeutique des eaux minérales dont ils faisaient usage. Les eaux des deux fontaines de la Madeleine ou de la Gode n'ont point encore été analysées. Elles doivent se rapprocher beaucoup de la nature de celles du Cercle et du Pont, dont suit l'analyse faite à l'Académie de médecine de Paris en 1839. (VLC, p. 274)

On connaît la présence de l'anneau dans le rituel du mariage même s'il n'apparaît pas dans le Cantique. L'hortus conclusus du Cantique des cantiques a aussi une forme circulaire.

La célébration de Velatio est un rite de consécration des vierges, accompagné d'un voeu public dont l'origine — au moins explicite — remonte au 4ème siècle. Dès le départ, il semble bien que cette consécration ait été assimilée à un mariage, comme l'indique l'expression «Sponsa Christi» courante dès le 4ème siècle. Dans ces conditions, la référence au Ct. paraît naturelle. Et elle l'est, en effet, dans tout un ensemble de discours (textes homilétiques valant, à l'occasion, comme véritables traités sur la virginité, Actes de vie de saints) engagés de près ou de loin dans la liturgie. [...] Il faut attendre le 13ème siècle et l'époque de Guillaume Durand de Mende pour enregistrer des citations du Ct. dans le rituel de la Velatio. Le célèbre liturgiste romain ravive et développe la thématique traditionnelle du mariage mystique, estompée précédemment dans la liturgie romaine. Il remet en honneur le rite de l'anneau et introduit la citation de Ct. 2,10: «Desponsari, dilecta, veni, hiems transiit, turtur canit, vineae florentes redolent». [...] Le Ct. a été longtemps une source d'inspiration sans être cité directement (Anne-Marie Pelletier, Lectures du cantique des cantiques: de l'enigme du sens aux figures du lecteur, 1989 - books.google.fr).

Clovis alors qu'il était en guerre en provence, contre le roi de Bourgogne Gondebaud, fut atteint d'un mal de reins que le fait de toucher la tombe de sainte Marthe guérit.

En témoignage d'un si grand miracle, il donna à DIEU, par un acte scellé de son anneau, la terre située autour de l’église de Sainte-Marthe jusqu'à trois milles de l’un et de l'autre côté du Rhône, avec les bourgs, les châteaux, et les bois. Cette générosité est donc tout à fait conforme au caractère de Clovis Ier, qui d'ailleurs, ayant étendu ses conquêtes depuis le Rhin jusqu’aux Pyrénées, et étant vainqueur des Visigoths, pouvait faire sans doute une concession de cette nature. "Il donna à DIEU par un acte scellé de son anneau". Cette particularité est digne de remarque, et s'accorde très-bien avec la manière usitée alors pour donner de l'autorité aux actes. Les Romains se servaient d'anneaux pour les sceller, et ces cachets tenaient lieu de signatures. "Nos premiers rois, disent les savnats uateurs du Nouveau Traité de diplomatique, suivirent l'usage des empereurs romains pour donner l'authenticité et la validité à leurs diplômes, surtout celui d'y apposer leurs sceaux gravés sur un anneau qu'ils avaient oridnairement au doigt". Les anneaux de nos rois, dont saint Grégoire de Tours fait mention, portaient gravés l'effigie ety le nom du prince. C'était ce qu'on voyait sur celui même de Clovis Ier, sur celui du roi Childéric trouvé à Tournay dans son tombeau et que l'on voit encore à paris au cabinet des antiques (Étienne Michel Faillon, Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence et sur les autres apôtres de cette contrée, Volume 1, Migne, 1818 - books.google.fr).

Bazine apprend avec joie que Childéric combat pour elle ; déjà sûre de la victoire, elle ne craint plus les ennemis; son amant sera vainqueur: le doute est une injure, elle ne croit pas qu'on puisse le former ; mais il partira sans la voir, elle en soupire ; le jour va paroître, et c'est l'heure fixée pour le départ. Eusèbe annonce un message dela part du roi ; Bazine se lève pronlptement. Eginard est introduit: plusieurs flambeaux éclairent la ehambre; Eginard remet à Bazine des tablettes , elles renferment les adieux du roi ; un anneau, dont une pierre gravée fait l'inestimable prix; cette pierre représente Childéric couronné, et tenant pour sceptre un javelot ; on lit autour de cet anneau : Childerici regis (Anne-Marie de Beaufort D'Hautpoul, Childeric roi des Francs, 1806 - books.google.fr).

Le jardinier du Noli me tangere

Du « maître du jardin » comme on appelle couramment Épicure, il ne reste que trois lettres courtes et presque entièrement consacrées à des questions de physique ou de métaphysique. Les lettres sont des mémentos adressés aux chefs du réseau épicurien et qui résument les très longs traités écrits par Épicure. Elles sont adressées à différents disciples d'Épicure : Hérodote, Pythoclès et Ménécée. Pour son lointain disciple latin Lucrèce, Épicure est un libérateur du désir dans le sens où il débarrasse le désir de ce qui trouble sa satisfaction en libérant les hommes des croyances fausses qui les perturbent et orientent mal leurs désirs. (Cyrille Begorre-Bret, Le désir, 2011 - books.google.fr).

Des amis d'Epicure pensèrent qu'un tel maître devait enseigner dans la capitale de la philosophie et ils achetèrent pour lui, à Athènes, une maison et un jardin et les lui offrirent. Epicure revint donc à Athènes en 306. Il s'y mêla quelque temps au mouvement philosophique, mais il s'en dégoûta promptement et s'en éloigna. Il demeura tout le reste de sa vie, malgré les angoisses de l'époque, dans le célèbre Jardin qui donna son nom à l'école (Paul Nizan, Démocrite, Epicure, Lucrèce: les matérialistes de l'Antiquité : (textes choisis), 1991 - books.google.fr).

L'épicurisme romain de Lucrèce, sa formule campanienne, sa vérité tardive avec Philodème de Gadara ou Diogène d'Œnanda donnent de l'épicurisme grec d'Épicure une autre formule. Nietzsche a raison de dire qu'on a la philosophie de sa propre personne, celle d'Épicure fut la pensée d'un homme malade, fragile, au corps faible, travaillé par des calculs rénaux extrêmement douloureux dans une époque qui ignore toute sédation efficace. Voilà pourquoi son hédonisme est ascétique, austère, minimal et se définit d'abord par l'absence de douleur. Refuser de satisfaire tous les désirs, sauf ceux de la faim et de la soif, puis faire de cette satisfaction la paix du corps, donc celle de l'âme, l'ataraxie, voilà qui assimile l'hédonisme d'Épicure à une sagesse renonçant. En revanche, l'épicurisme de Lucrèce tourne le dos à sa formule grecque. On ignore tout de la biographie du philosophe romain – à peine peut-on affirmer avec certitude qu'il appartenait à la classe des chevaliers [...]. Mais de l'œuvre on peut déduire un corps qui fut celui d'une grande santé. Lucrèce ne souhaite pas définir l'ataraxie comme la seule satisfaction des désirs naturels et nécessaires. Il souhaite que tout désir soit satisfait s'il n'est pas payé d'un déplaisir supérieur en coût à ce que supposerait y renoncer (Michel Onfray, Extrait de Cosmos, Revue des Deux Mondes, Mars 2015 - books.google.fr).

Philomède de Gadara (vers 110 - vers 40 avant J.-C.) est lié à la ville où se situe le miracle des pourceaux sur qui sont transférés les esprits maléfiques qui possèdent un ou deux hommes (Mt 8,32, Mc 5,13 et Lc 8,33.) (fr.wikipedia.org - Umm Qeis, Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Des psaumes et l’inverse du Cercle des Prophètes).

Lucrèce a toujours affirmé qu'il était épicurien, qu'il était un disciple absolument loyal, admiratif, et fidèle d'Épicure. Il ne cesse même de le comparer à un dieu, il l'appelle « le Sauveur » parce qu'il tient que la philosophie d'Épicure nous sauve enfin de la peur de la mort. [...] Lucrèce semble pourtant, sinon en théorie, du moins dans la tonalité de son poème, infiniment loin de l'optimisme d'Épicure. Il émet sans cesse, dans son écriture même, un doute quant aux capacités de l'épicurisme à nous rassurer face à la mort (Luc Ferry, Sagesses d'hier et d'aujourd'hui, 2014 - books.google.fr).

La fameuse formule d'Epicure « Quand la mort est là, je ne suis pas là ; quand je suis là, elle n'est pas là » rencontre trois siècle plus tôt le "Je suis la vie" de Jésus qui lui n'a jamais existé.

newepicurean.com

Nous n'appercevons pas les molécules déliées qui viennent frapper l'odorat; nous sentons pourtant les odeurs. L'oeil humain ne saisit point la chaleur, le froid, le son. Toutefois on ne peut leur refuser la nature des corps, puisqu'ils agissent sur les sens, & que Les Corps Seuls ont Le Pouvoir De Toucher et d'être touchés.

Exposez une étoffe au bord de la mer, l'humidité la pénètre; étendez la au soleil, l'humidité s'en évapore. Cependant vous n'avez pas vu de fluide pénétrer le tissu de l'étoffe, ni s'en dégager à l'aide de la chaleur; c'est qu'alors l'eau divisée en parties insensibles échappe à la vue la plus perçante. Après un certain nombre de soleils, l'anneau qui brille à votre doigt s'amincit, les gouttes de la pluie cavent la pierre sous nos toits, le soc de la charrue s'émoufle dans le sillon, les pierres dont nos rues sont pavées s'usent sous les pas du peuple, & aux portes de la ville la main droite des statues d'airain diminue sous les baisers continuels de la foule qui entre & qui sort. Nous remarquons avec le tems que ces corps ont souffert des pertes ; mais des parties qui s'en séparent à tout moment, la Nature jalouse nous en a interdit la vue. Elle dérobe à nos yeux, & les molécules insensibles qui font croître lentement les corps, & les parties subtiles que leur ôte la vieillesse, & les atomes imperceptibles que le sel rongeur de la mer enleve à ces rochers orgueilleux qui menacent son onde. La Nature n'agit donc qu'à l'aide de corps imperceptibles (Lucrèce, De Rerum natura, Volume 1, 1768 - books.google.fr).

L'anneau de Polycrate, dont Hérodote a narré la légende, a un rapport avec les anneaux royaux qui servaient à sceller des actes officiels.

Hérodote a employé quatre fois le nom "sphragis" et aucune fois le nom "daktulios". Même si l'anneau de Polycrate en était réellement un (je veux dire : même si ce n'est pas une tradition récente qui a imaginé l'objet sous cette forme usuelle), force est de constater que le récit hérodotéen a insisté sur la seule notion de «cachet», de «sceau». [...]

La sphragis jouait le rôle d'une signature. Pour un roi, un prince, un chef, elle était le moyen de marquer, au bas d'un écrit, qu'il exprimait réellement sa volonté souveraine. Il y a donc plus dans le choix de la sphragis que la renonciation à un bijou précieux, à une pierre rare transformée en joyau gravé : il y a un abandon symbolique de quelque chose qui concrétisait le pouvoir monarchique, la position du dynaste commandant à tous. [...]

Le sens profond du conte ne doit pas être cherché dans un rite d'alliance avec la mer, ni dans une opération de dactyliomancie, ni dans une tentative d'élimination d'un dangereux anneau magique aux indications d'Hérodote lui-même, il se rattache à quelque chose de beaucoup plus général : le souci qu'avait le Grec, dès qu'il jouissait du bonheur, dès qu'il remportait un succès, de ne point donner dans la démesure ("ubris"), de ne point se montrer insolent aux yeux de la divinité, de prévenir son envie éventuelle, son "phthonos". Pour la désarmer, il n'avait d'autre moyen qu'un don volontaire : par là s'expliquent, on le sait, nombre d'offrandes inscrites connues par la littérature ou révélées par les fouilles archéologiques. De même que, par exemple, un athlète ou un chorège vainqueur dédiait à la divinité le trépied qu'il avait obtenu en prix et, de la sorte, lui abandonnait sa victoire, de même un gouvernant, parvenu au faîte de la puissance et de la richesse, ne pouvait mieux faire que d'abandonner au monde divin, sous la forme d'une offrande, le sceau précieux qui, jusque-là, avait matérialisé cette puissance. Mais il arrivait aux dieux, qui, parfois, refusaient les sacrifices, de refuser semblablement les offrandes, signifiant alors aux hommes qu'ils ne leur laissaient pas ou qu'ils ne leur laissaient plus la possibilité de payer pour leur bonheur et leurs succès - que le jour d'un sévère règlement était proche. Tels sont, en fin de compte, les deux thèmes connexes sur lesquels a été bâti le conte populaire

Un miracle proprement dit est dans l'Évangile (Matth., 17, 28), où le Christ annonce à Pierre que le premier poisson qu'il péchera aura dans la bouche un statère, propre à assurer le paiement du tribut pour eux deux (Jules Labarbe, Polycrate Amasis et l'anneau. In: L'antiquité classique, Tome 53, 1984 - www.persee.fr).

S'il ne s'agit pas d'une alliance avec la mer suggéré par Salomon Reinach à l'exemple du mariage avec la mer des doges vénitiens (Cultes, mythes et religions, II (Paris, 1906), pp. 206-219), il y a bien un pacte passé avec les divinités, ici mis en relation avec la mer qui fait la richesse de l'île de Samos, puissant Etat maritime de l'Egée, dont Polycrate est le tyran.

Une légende entre Christ-jardinier et Polycrate

Des légendes hagiographiques chrétiennes rappellent cette dernière légende.

Une des anecdotes hagiologiques citées par M. Waller a, selon lui, une analogie piquante avec l'histoire classique de l'anneau de Polycrate. Un jour que saint Maurilius disait la messe dans l'église de Saint-Pierre, à Angers, une femme vint à lui avec un enfant mfourant, le suppliant de vouloir bien lui administrer l'extrême-onction; mais le saint, tout en étant touché de cette douleur maternelle, ne pouvait interrompre la consécration du sang et du corps de Notre Seigneur, et l'enfant expira. La messe finie, saint Maurilius sut ce qui venait d'arriver; il répandit un torrent de larmes, se reprochant sa négligence avec amertume, et telle fut son affliction, qu'il résolut de quitter secrètement son siége épiscopal. Il partit pour l'Angleterre, emportant par inadvertance les clefs des riches châsses d'or qui décoraient alors l'église d'Angers. A peine eut-il mis le pied sur le navire qui devait le transporter de l'autre côté de la Manche, qu'il laissa tomber les clefs de ses mains, et elles furent submergées par l'Océan. Alors saint Maurilius s'écria qu'il ne retournerait plus dans son pays et sa métropole avant d'avoir retrouvé les clefs perdues. C'était faire serment d'un éternel exil. Arrivé en Angleterre, il s'attacha à un roi de cette île en qualité de jardinier, et s'astreignit aux plus rudes travaux. Dieu bénit sa nouvelle profession et tout prospéra si bien dans les jardins cultivés par lui, qu'il y croissait des légumes assez abondants pour nourrir une multitude de personnes. Cependant les fidèles d'Angers étaient d'autant plus troublés de sa fuite, que plusieurs d'entre eux avaient été avertis, dans des visions, qu'à moins qu'on ne retrouvât saint Maurilius, un grand malheur menaçait leur ville. On choisit, pour aller le chercher, quatre des plus respectables citoyens, qui jurèrent de ne pas revenir sans ramener leur prélat. Pendant sept longues années, ils parcoururent inutilement toute l'Europe, et ils ne se décidèrent qu'en dernier lieu à visiter aussi les îles Britanniques. Ils étaient déjà au milieu de l'Océan, quand un gros poisson s'élança sur le pont du navire. Ayant remercié Dieu qui leur envoyait ainsi leur repas, ils commencèrent à vider le poisson, et trouvèrent dans ses entrailles les clefs des reliquaires que saint Maurilius avait laissées choir sous la vague. Emerveillés de cet étrange événement, ils s'en affligèrent bientôt à la pensée que le saint avait fait naufrage. Ils hésitaient donc à continuer leur route, lorsqu'une vision les avertit de bien se garder de perdre confiance. Un ange vint les guider, et ils arrivèrent, sains et saufs, à la résidence où l'évêque se cachait. Saint Maurilius, malgré son déguisement de jardinier, fut reconnu, et ils se jetèrent à ses genoux pour implorer son retour : il leur raconta alors le serment qu'il avait fait; mais ils lui montrèrent les clefs, et le saint ne douta pas que le ciel le rappelait parmi ses ouailles, qui le reçurent avec joie. Le poisson qui accompagne toujours saint Bennon, évêque de Meissen, l'apôtre de l'Esclavonie, a une clef dans sa bouche, et voici à quel sujet. Lors de la grande querelle entre l'empereur Henri VI et Grégoire VII, saint Bennon se rendit de la diète de Worms à Rome, et, voulant que sa cathédrale restât fermée en signe de deuil, il en remit les clefs à deux choristes, leur enjoignant de les jeter dans l'Elbe si l'empereur était excommunié. On sait que Grégoire n'épargna pas à Henri les foudres spirituelles; aussi les deux choristes obéirent aux ordres de leur évêque. Cependant la paix paraissant faite entre le pape et l'empereur, saint Bennon revint à Meissen; il était un peu embarrassé pour rentrer dans sa cathédrale, lorsqu'un poisson, pêché dans l'Elbe, se trouva, comme celui de saint Maurille, avoir avalé les clefs (Les saints et les fêtes du calendrier anglican, Revue Britannique ou choix d'articles traduits des meilleurs écrits périodiques da la Grande-Bretagne, Volume 91, 1852 - books.google.fr, Les Prophètes et Rennes le Château : Le Zodiaque du Cercle des Prophètes).

Une tenture commandée à Paris en 1460 se trouvant à Angers raconte la vie de saint Maurille.

A son retour à Angers, Maurille échange alors la bêche contre la crosse et ressuscite l'enfant mort depuis sept ans, qu'il baptise René pour évoquer sa renaissance; René sera le successeur de saint Maurille à l'épiscopat d'Angers et sera canonisé. La légende est localisée en Angleterre, illustrant les relations anglo-angevines sous le règne des Plantagenêts. L'image de saint Maurille évoque l'épisode de la Mise au tombeau et de la Résurrection du Christ au matin de Pâques, où Marie Madeleine le prend pour un jardinier (La Vie de saint Maurille, Saints de chœurs: tapisseries du moyen âge et de la renaissance, 2004 - books.google.fr).

Saintyves (L'anneau de Polycrate, dans Revue de l'hist. des religions, 66 (1912), pp. 49-80 ) a rassemblé une foule de mythes, de légendes, de contes, où apparaît le thème de l'anneau ordinairement retrouvé dans le corps d'un poisson 26. Quelquefois, l'anneau cède la place à une clé - substitution normale puisque, dès l'antiquité, existèrent des bagues conditionnées de manière à pousser des verrous, à ouvrir des serrures (Jules Labarbe, Polycrate Amasis et l'anneau. In: L'antiquité classique, Tome 53, 1984 - www.persee.fr).

L'histoire de la clef jetée à la mer et retrouvée dans la gueule poisson est un lieu commun emprunté à la fable de l'anneau de Polycrate : l'hagiographe s'est contenté de substituer une clef à l'anneau. Quant à saint Maurille jardinier, on peut y voir un décalque de l'Apparition du Christ Jardinier à sainte Madeleine. La légende a été située en Angleterre à cause des étroites relations anglo-angevines sous la dynastie des Plantagenets (Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien: Iconographie des saints, Volume 3, 1958 - books.google.fr).