Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Le jardin d’Adonis   Onis et Joachim   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES RENNES LE CHATEAU JARDINS ADONIS JOACHIM

La page 153, avec la 154, de La Vraie Langue Celtique ferait référence à Geoffroy Le Borgne, évêque de Tibériade, suffragant de Vannes sous les Pucci florentins alliés aux Médicis. Le lac de Tibériade est le lieu du miracle de la pêche miraculeuse (Jean 21) avec ses 153 gros poissons (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Le jardin d’Adonis : Onis et Rennes le Château).

Carmes et saint Joachim et 17 septembre

Geoffroy Le Borgne serait originaire de Questembert, où Alain le Grand, roi de Bretagne, écrasa les Normands vers 888. Il fut prieur des Carmes du Bondon et évêque de Tybériade in partibus, dut résigner en faveur du suivant et ne mourut qu'en 1551. Dans les documents de l'époque , on le trouve souvent nommé Strabonis, fils de Le Borgne. Il était évêque suffragant de Vannes depuis 1518, sous Laurent Pucci (1458-1531) et son neveu Antonio (1484-1544), non résidents, d'une famille florentine alliée des Médicis (Bulletin mensuel de la société polymathique du Morbihan, Vannes, 1883 - books.google.fr).

Strabonis encore.

Le 23 septembre 1497, Arnold de Bosch (Carme à Gand) annonce qu'au prochain chapitre général des carmes, Laurent Bureau, provincial de Narbonne, et Bertrand Êtienne (Stephani), carme breton de la province de Touraine, docteur en théologie et prieur du couvent de Paris demanderont l'institution de la fête solennelle de saint Joachim. Dès le 8 mai de la même année, Arnold de Bosch avait envoyé à Trithème le propre de la messe de saint Joachim qu'il avait composé et le récit qu'il avait écrit de la vie de ce saint.

Josse Bade lui-même réagissait aussi contre l'engouement pour les poètes païens. En 1498, il avait publié de nombreuses œuvres du carme poète, Battista Mantuanus : Parthenice Catherinaria, Contra poetas impudice scribentes, Mariana, dédié à L. Bureau, carme à Francfort, Bertrand Etienne (Stephani), prieur du couvent des armes de Paris (Jean Pierre Massaut, Le "concours poétique" sur saint Joachim, Josse Clichtove : l'humanisme et la réforme du clergé, Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège, Numéro 183,Partie 1, 1968 - books.google.fr).

Bale (MS. Bodl. 73) states that Bertrandus Stephani (Bertrand Etienne) was a Breton and composed two hymns in praise of St. Joachim and wrote in defence of the Immaculate Conception. He also edited John Baco's commentary on book I of the Sentences, Paris, L. Martineau, 20 February 1484 (Proctor 7925) (Percy Stafford Allen, Letters of Arnold Bostius, The English Historical Review, XXXIV, 1919 - books.google.fr).

Les Carmélites, établies au Bondon en 1463 par la B. Françoise d'Amboise, et transférées aux Coëts près de Nantes en 1480, nourrirent toujours l'espoir d'envoyer une colonie de religieuses à Vannes. Voyant leur communauté riche en sujets, elles résolurent en 1513 de commencer les démarches préliminaires pour cette fondation, et de lui donner le nom de Nazareth, conformément au désir de la feue duchesse leur mère.

Le nouveau couvent des Carmélites à Vannes, qu'elles appelèrent Nazareth, avait pour directeur des travaux un Carme, le Fr. Geoffroy Le Borgne, ancien prieur du Bondon, et alors évêque titulaire de Tibériade. Il utilisa les matériaux provenant de l'ancien couvent des Trois-Maries du Bondon, mais il dut s'en procurer beaucoup d'autres, car l'établissement était considérable (www.infobretagne.com - Vannes - Carmélites).

Frances of Amboise (1427 — 4 November 1485), who married Peter II, duke of Brittany (mort le 22 September 1457). On 31 October 1463 she founded a monastery of the three Marys at Vannes, for some Carmelite nuns who had come from Liege ; and on 25 March 1467, at Soreth's advice, she joined them. She was elected prioress in 1475 ; and on 24 December 1477 migrated with her nuns to a house near Nantes, "de Schoetz", which had been offered to them (Percy Stafford Allen, Letters of Arnold Bostius, The English Historical Review, XXXIV, 1919 - books.google.fr).

Le lien entre Geoffroy Le Borgne (Strabonis) et Bertrand Etienne (Stephani) serait la qualité de breton (supposé pour le second).

Les martyrologes commencèrent à faire mention de saint Joachim sur la fin du XVe siécle, mais au IXe jour de décembre à l'occasion sans doute de la Conception de la sainte Vierge qu'on venoit de fêter la veille. Cela fut bientôt suivi des calendriers & des bréviaires, où l'on mit sa commémoration, tantôt au XVII de septembre, c'est-à-dire, au premier jour libre d'après l'octave de la Nativité de la sainte Vierge, & tantôt au XX de mars qui est enfin le ]our que l'Eglile a jugé à propos d'arrêter pourla fête de saint Joachim. On prétend que ce fut le pape Jules II qui institua cette fête vers 1510, qu'il la mit au XXII de mars, & qu'il ordonna même qu'on en feroit l'office double. Pie V la fit ôter du calendrier & du bréviaire Romain ; mais le pape Grégoire XIII donna permission de l'y remettre l'an 1584 sans néanmoins en approuver l'office, où les leçons, les hymnes & les antienhes ne paroissoient prises que de quelques histoires apocryphes qui étoient rejettées de l'Eglise. Cela ne fut pourtant pas capable défaire rétablir la fête jusqu'à ce qu'en 1621, le pape Grégoire XV ordonna par une bulle du second jour de décembre qu'on la célébreroit dans tous les lieux où l'on suit le rit Romain, & qu'on en feraoit l'office double (Adrien Baillet, Les vies des Saints, Volume 1, 1724 - books.google.fr).

Joachim qui signifie en hébreu « Iahvé (Dieu) met debout » (fr.wikipedia.org - Joachim).

C'est au XVIe siècle seulement qu'on surprend en Occident les traces d'un culte rendu à saint Joachim. Un bréviaire romain, imprimé à Paris en 1528, marque au 17 septembre (xv kal. oct.) le dies obitus de saint Joachim. [...] Le culte de sainte Anne, tiré du Protoévangile de Jacques comme celui de Joachim, doit beaucoup aussi aux Carmes pour sa propagation (Emile Amann, Le Protévangile de Jacques et ses remaniements latins, 1910 - books.google.fr).

Le mari est parvenu à cet honneur plus tard que la femme ; il ne le possède que depuis le 2 de décembre 1622. Le jour qu'on lui a destiné est le 20 de mars. Mais la fête de sainte Anne fut instituée l'an 1584. D'abord il ne fut pas nécessaire de la chômer : ce n'est que depuis l'an 1622 qu'elle est montée à cette prérogative. Dans tout le reste le culte de saint Joachim est très inférieur à celui de son épouse. Elle est la patronne d'un ordre de religieuses appelées les filles de saint Joseph, et l'on parle fort de ses miracles. Le village de Ker-Anne, dans le diocèse de Vannes en Bretagne, est merveilleusement célèbre par cet endroit-là, et surtout depuis qu'on a déterré une vieille image de cette sainte, qui avait été cachée bien avant sous la terre. Il fut révélé à un laboureur (Yves Nicolazic), l'an 1625, où l'on trouverait cette image. Dès qu'elle eut été déterrée, elle fit quantité de grands miracles. On fut bientôt en état de lui bâtir une belle église; les aumômes des âmes dévotes qui accouraient là de toutes parts fournirent de quoi soutenir cette dépense. L'évêque de Vannes obtint de Rome les indulgences nécessaires pour ceux qui visiteraient cette image; et il remit la direction de cette nouvelle église aux carmes réformés, et permit à frère Hugues de Saint-François, l'un deux, de publier les miracles qui s'étaient faits depuis peu en ces quartiers-là (Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle: HEN-K, Tome 8, 1820 - books.google.fr, Bulletin, Volume 18, Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, 1879 - books.google.fr).

Dans la nuit du 7 au 8 mars 1625, Yves Nicolazic découvrit sous terre une statue dans le champ appelé Bocenno (bosse/butte ou peste) conduit par un cierge ou un flambeau. Cette statue était celle de la déesse romaine Bona Dea allaitant deux enfants mais elle fut discrètement resculptée et repeinte par les moines capucins d'Auray pour en faire l'image de sainte Anne trinitaire tenant sur ses genoux la Vierge et l'Enfant Jésus (Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, Presses universitaires de France, 1958, p. 92). Le lieu s'appellera Saint Anne d'Auray.

Nicolazic est mort à Sainte-Anne-d'Auray le 13 mai 1645 (fr.wikipedia.org - Yves Nicolazic).

Dans La Vraie Langue celtique, Le Grand Pressigny est décrit préhistoriquement de la page 257 à 263 (appariées avec les pages 102 à 108). Disons tout de suite que Le Grand Pressigny est aligné sur le rayon Neuillay-les-Bois, centre des nonagones, super-étoile (marguerite) et rose kabbalistique, avec Sarzeau (cité page 156) Locmariaquer (cité page 156) et Carnac (cité page 154 et 155 ), cela dans l'ordre d'éloignement par rapport à Neuillay. Vannes est cité page 154 avec Carnac mais est en dehors de l'alignement. Cet axe correspond du côté de Carnac à la date du 13 mai par rapport au centre Neuillay-les-Bois, et à l'opposé au 11 ou 12 novembre, la Saint-Martin pour le 11 (Les curiosités de La Vraie Langue Celtique : Un alignement Carnac - Grand Pressigny - Neuillay-les-Bois).

L'axe du 13 mai serait repris par Maurice Leblanc dans son livre L'île aux trente cercueils. L'héroïne Véronique, au début du roman, qui n'étant pas faite pour la vie de religieuse, vient de sortir d'un couvent de... Carmélites.

Dans le roman "l'île au 30 cercueils", l'Île de Sarek appartient clairement à l'archipel des Glénans. Les Glénans sont sur l'axe du 13 mai, où se trouvent Sarzeau, Carnac, Locmariaquer, le Grand Pressigny, Richelieu... Cet axe passe au large de la pointe de Penmarch, située dans le Finistère, au sud-est de la baie d'Audierne, au milieu de dangereux récifs, non loin de l'île de Sarek (Jacques Derouard, Dictionnaire Arsène Lupin, Encrage, 2001, p. 218). Sur l'axe du 11 novembre se trouve Bourg-Saint-Maurice (Arsène Lupin de Maurice Leblanc : Les axes d’Arsène Lupin : Sarzeau et Vendôme, Arsène Lupin et la Croix d’Huriel : Les soeurs Archignat).

Eglise Saint Cornély de Carnac - Autel secondaire du Rosaire avec retable : 3 statues, la Vierge mère, sainte Anne et la Vierge, saint Joachim ; tableau : le rosaire - fr.wikipedia.org - Eglise Saint-Cornély de Carnac

Pour voir le rapport entre le calendrier et l'Anne trinitaire, et entre Anne et Minerve : Autour de Rennes le Château : Le temple de Minerve.

Carmes à Carcassonne

Le 15 novembre 1267, Louis IX mande au Sénéchal de Carcassonne de permettre aux carmes de s'établir en un lieu convenable, dans le bourg de Carcassonne (Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives par dom Cl. Devic & dom J. Vaissete, Volume 5, 1875 - books.google.fr).

Les Carmes se maintinrent longtemps dans les locaux (rue de la Liberté, cinéma Rex) qu'ils avaient reçus en 1292 (René Nelli, Henri Alaux, Carcassonne d'heureuse rencontre, 1980 - books.google.fr).

Aux XVe et XVIe siècles, les notables de Carcassonne en avaient fait leur lieu de sépulture. Sous la Révolution, vendue comme bien national, elle devint maison de roulage et de messagerie. La chapelle des Carmes est rendue au culte en 1851, et sera finalement achetée par l'évêché en 1902 aux enchères publiques (mescladis.free.fr - Carcassonne - Chapelle des Carmes).

Jean-Jacques Melair vit à Carcassonne en véritable « symbiose » avec l'ordre des Carmes pour lequel il a sculpté des œuvres, à Carcassonne et à Castelnaudary et c'est aux Carmes de Carcassonne qu'il sera enterré, au pied du retable qu'il offre au couvent à titre de fondation pieuse, en 1698. Les Carmes l'introduisent en Roussillon (29) au moment même où cet ordre, après avoir lutté pour le rattachement à la France en la personne de Denys Goymes (qui reçut de Louis XIV pour ses bons et loyaux services la charge de chapelain du château de Perpignan), devient l'instrument docile de la francisation. J.J. Melair représente donc plus que lui-même, il est en quelque sorte la personnification du « courant français » qui pénètre le Roussillon avec des hommes comme l'évêque Louis Habert de Montmort. Il réalise le retable dédiée à Marie Madeleine dans l'église des Carmes de Perpignan (Carcassonne et sa région: actes des 41e et 24e Congrès d'études régionales, 1970 - books.google.fr).

Les carmes fêtaient Albert patriarche de Jérusalem le 14 septembre (date de son assassinat à Acre en 1144) et le 8 avril. Aujourd'hui, depuis 1969, elle se fait le 17 septembre (17.09).

La Porte dorée

Sepphoris fut rebâtie et fortifiée lorsque Hérode Antipas devint le dirigeant de la région. Il fit de Sepphoris sa capitale jusqu'à ce qu'il bâtisse Tibériade en l'an 19 à 30 kilomètres de là. Certains académiciens croient que Joseph et Jésus auraient pu aider à la construction de Sepphoris. Puisque Hérode Antipas rebâtit la ville en l'an 4 av. JC, et puisque le travail de la pierre est le principal de la région, Joseph, vivant tout près dans la ville de Nazareth (à 6 kilomètres), fut probablement un ouvrier travaillant la pierre comme le bois. Sepphoris était à peu près à une heure de Nazareth à pied (www.biblelieux.com - Sepphoris).

La Porte dorée est la plus ancienne ouverture pratiquée dans les fortifications de la vieille ville de Jérusalem et date probablement du VIe siècle. D'après les récits apocryphes, repris dans La Légende dorée c'est à la Porte dorée que les parents de la Vierge Marie, Anne et Joachim se retrouvent après qu'un ange leur ait annoncé qu'ils seraient enfin parents, après vingt ans de mariage (fr.wikipedia.org - Porte dorée (Jérusalem)).

Giotto, Rencontre de la Porte Dorée (entre 1304 et 1306), Chapelle des Scrovegni, Padoue

Les retrouvailles d’Anne et de Joachim annoncent la conception de Marie et sont la métaphore de l'accouplement. La Porte Dorée, à l’entrée de Jérusalem, est une porte close que l’on met parfois en relation avec la « porta clausa » de la Vision d’Ézéchiel, qui signifie pour les chrétiens la virginité de Marie (Joachim rencontre Anne à la Porte dorée - utpictura18.univ-montp3.fr).

La rencontre de la Porte dorée se situe juste après une sorte de pré-Annonciation au cours de laquelle l’ange du Seigneur annonce successivement à Joachim et à sa femme qu’après vingt ans de mariage stérile et malgré leur âge avancé, ils vont enfin avoir une fille qui elle-même enfantera le Sauveur. Les deux époux se retrouvent à la Porte d’or, à l’entrée de Jérusalem. Elles se retrouve dans au moins quatre textes qui content la jeunesse de la Vierge Marie et les premières années de Jésus : le Protévangile de Jacques est le plus ancienne (fin IIe siècle). Si le récit nous est parvenu en grec, il existe aussi des versions en syriaque, arménien, éthiopien, géorgien, vieux slave. Le titre varie selon les manuscrits et le titre usuel de l’ouvrage lui a été donné pour la première fois par l’érudit Guillaume Postel lors de l’impression de la première traduction latine à Bâle en 1552 ; l’Évangile du Pseudo-Matthieu, appelé aussi Livre de la naissance de la bienheureuse Vierge Marie et de l’enfance du Sauveur, remonte au premier quart du VIIe siècle ; l’ Évangile de la Nativité de la Vierge est une adaptation des deux précédents, rédigée selon les uns entre VI et VIIe siècle et selon d’autres vers 868-869 ; et la Légende dorée de Jacques de Voragine (1228-1298) reprend cette histoire.

Selon Les voies de la création en iconographie chrétienne (Flammarion, 1979, pp. 119-120) d’André Grabar, cette rencontre serait une scène d’accouplement et de procréation :

"Nous trouvons dans des illustrations du Livre des Rois des images qui résument schématiquement la carrière d’un prince. La première montre son père et sa mère s’approchant l’un de l’autre et s’enlaçant tout en restant debout ; la seconde, la naissance du prince. On retrouve la même séquence dans les cycles de l’enfance de Marie : sa naissance est précédée de la fameuse rencontre à la Porte d’Or de Jérusalem, où Joachim et Anne s’embrassent, comme sur la fresque de Giotto à Padoue. Dans les deux cycles, profane et mariologique, la scène est appelée l’accolade ; et dans l’histoire des parents de la Vierge, elle passe pour le moment de l’Immaculée Conception. On en conclut naturellement que dans les biographies illustrées des rois judaïques, l’accolade est aussi un symbole de la conception. Il était important pour l’illustrateur d’évoquer non seulement la naissance, mais aussi la conception, quand il s’agissait d’un roi" (Jean Stouff, La Rencontre à la Porte dorée et ses sources, 4 décembre 2013 - biblioweb.hypotheses.org).

La porte Dorée, primitivement nommée porte des Tribus, porte le nom hébreu de Sha'ar ha—Rahamim (porte de la Miséricorde) et en arabe Bab al-Rahma ou Bab al-Dahriyya (porte de la Vie éternelle) (Israël, Lonely Planet 2013 - books.google.fr).

Cette porte est fermée depuis 1541, sur l'ordre de Soliman le Magnifique.

Quelques auteurs français prétendent aussi que la Porte Dorée a été murée parce que les mahométans croient à une prophétie qui annonce que le roi Très-Chrétien doit reprendre un jour Jérusalem et y entrer en vainqueur par cette Porte.

La porte Dorée, par laquelle Jésus-Christ entra à Jérusalem le dimanche des Rameaux, aboutissait à l'enceinte intérieure du temple (Isidore Justin Sévérin Taylor, La Syrie, la Palestine et la Judée: pèlerinage à Jérusalem et aux lieux saints, 1855 - books.google.fr).

Les Écritures (Ezéchiel, 44,1-3) affirment que l'envoyé de Dieu la franchira,ce que fit Jésus le jour des Rameaux. Mais ne croyant pas en lui, les juifs attendent encore. Afin d'être plus prêts lors de la venue du Messie, ils ont placé leur cimetière à côté. Ainsi à l'Orient de la "Jérusalem terrestre", du côté où le soleil se lève, la Porte Dorée débouche sur une autre vie, sur le Paradis, sur la "Jérusalem céleste" (Jean-Robert Pitte, Géographie historique et culturelle de l'Europe: hommage au Professeur Xavier de Planhol, 1995 - books.google.fr).

Rennes le Château est une porte d'or et une porte du soleil ouvrant sur l'espace à l'est centré sur les Patassiés, paradis de la réintégration avec son trône de Satan, et la Porte dorée de Jérusalem est au levant de la ville ouvrant sur un orient paradisiaque (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Paradis et Stella luti, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le Paradis des curés, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Lourdes et la Croix des Prophètes : Leucate - books.google.fr, Autour de Rennes le Château : Eglise Marie-Madeleine et calendrier kabbalistique).

Typologie

On croit que Heli est mis par abrégé pour Eliachim, ou Eliacim (hébreu : "résurrection de Dieu") pour Joachim pere de la Sainte Vierge, dont saint Luc fait la Généalogie, comme saint Matthieu fait celle de saint Joseph fils de Jacob (ordre naturel). Jacob est dit fils d'Heli dans Luc, soit peut-être son gendre (ordre légal) (Charles Huré, Dictionnaire universel de l'Écriture Sainte, Tome I, 1715 - books.google.fr).

Une tradition typologique met en liaison Joseph fils du patriarche Jacob avec Jésus (Jean Daniélou, Histoire des origines chrétiennes, Recherches de science religieuse, Volume 54, 1966 - books.google.fr).

Mais, de même que Jacob, père de Jésus, est fils de Jacob dans Matthieu, Joseph ministre de Pharaon est fils du patriarche Jacob. Joseph épouse Aseneth fille de Putiphar prêtre d'On (Héliopolis) (Genèse 40,45). En poursuivant, on aurait Aseneth-Marie et Potiphar-Joachim. La mère égyptienne (adoptive) d'Aseneth est la cougar qui convoite Joseph. On ne voit pas le rapport avec Anne.

Aseneth a été rapproché de la déesse Neith, et donc Minerve, en rapport avec le pneuma (Autour de Rennes le Château : BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES, Autour de Rennes le Château : Sion, Soleil et Blaise - books.google.fr, Autour de Rennes le Château :Superposition de dalles et Saint Sulpice, La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 3).

Il existe dans la version grecque du roman d'Aseneth un roi de Moab (nabatéen converti ?) au nom juif de Joachim, dont la fille est belle (Simcha Jacobovici, Barrie Wilson, L'évangile oublié, traduit par Catherine Makarius, 2015 - books.google.fr).

Aseneth vit dans une tour comme sainte Barbe qui est logée à Héliopolis en Egypte par Simon Métaphraste (= "le compilateur", Xème siècle), sous le règne de Galère, vers l'an 306 (Jacques Baudoin, Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, 2006 - books.google.fr).

Jésus, Manassé et Ephraïm

Les interprètes veulent tous que ce changement de mains de Jacob (Genèse 48,13-14) fut prophétique. Les anciens Pères de l'Église, plus attachés aux sens allégoriques, qu'ils croyaient trouver dans l'ancien Testament, qu'au sens littéral, ont cru que les mains de Jacob, disposées en forme de croix lorsqu'il bénit ses petits-fils, étaient une figure de la croix de Jésus-Christ. Les nouveaux commentateurs, moins allégoristes que les anciens Pères, ont cru que le changement de main de Jacob, et la préférence qu'il fait très-clairement au verset 19 de ce chapitre du puîné à l'ainé, marquait que, dans les temps à venir, la tribu d'Ephraïm serait beaucoup plus considérable que celle de Manassé, ce qu'en effet l'événement justifia (Sainte Bible en latin et en français, Volume 1, sd Eugène de Genoude, 1838 - books.google.fr).

Jacob, ayant appelé auprès de lui ses deux petit-fils, Ephraïm et Manassé, tous deux enfants de Joseph, les bénit en leur imposant sur la tête ses mains qu'il avait croisées, représentant par cette attitude Jésus-Christ sur sa croix, et présageant ainsi la bénédiction que nous donnerait Jésus-Christ (Tertullien, Du Baptême, Les Pères de l'Eglise VIII, Sapia, 1842 - books.google.fr).

Cette bénédiction appartient au mystère de Jesus-Christ. Manassé & Ephraïm.sont limage des deux peuples qui composent la famille de Jesus-Christ, des Juifs fidèles & des Chrétiens fidèles. Les premiers font les aînés : ils ont d'abord suivi Jesus-Christ, & c'est d'eux que les chrétiens ont reçu l'évangile. Ils font les premiers à croire, à prêcher Jesus-Christ, à mourir pour lui. Mais les gentils appelles les seconds à l'évangile, sont plus nombreux. C'est d'eux qu'est sortie cette multitude innombrable de fidèles qui se sont sanctifiés dans tous les états, par le courage avec lequel ils ont combattu contre les ennemis de leur salut. Ainsi s'accomplit la prophétie qui dit, que Manassès sera grand & chef d'un peuple, qu'Ephraïm son frère, qui est plus jeune, fera plus grand que lui, & que sa postérité sera la plénitude des nations (Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers, Volume 20, 1780 - books.google.fr).

Le territore de Manassé était divisé en deux. A l'est du Jourdain (Golan, Basan), sa frontière occidentale touchait le lac de Tibériade. Ephraïm était au nord de Juda et a sud de la partie ouest de Manassé (Sichem, Samarie)

Carte des tribus d'Israël - mapassionlabible.canalblog.com

Région du nord d'Israël, la Galilée est située entre la frontière du Liban et la plaine de Yizréel, et s'étend du Jourdain, à l'est à la plaine côtière méditerranéenne, à l'ouest. Région de collines plus élevées au nord (haute Galilée) qu'au sud (basse Galilée), elle est assez propice à l'agriculture traditionnelle (céréales, vergers, oliviers). Le nom de Galilée vient du mot hébreu galil (« district »), dont l'emploi a été spécialement attaché à cette province du nord de la Palestine. Lors de l'entrée des Israélites en Canaan, le territoire galiléen est réparti entre quatre tribus : Asher, Zabulon, Nephtali et Issachar. Ces tribus s'affranchissent du joug cananéen par la victoire des eaux de Mérom, où ils défont une coalition dirigée par Yabin roi de Hazor (Jos., XI). Un peu plus tard, Zabulon et Nephtali, avec l'aide d'autres tribus et sous l'impulsion de Débora et de Baraq, réussissent à repousser les Peuples de la mer en battant Sisara au torrent de Qishon (Jug., IV-V). À la fin de son règne, Salomon cède à Hiram, roi de Tyr, une partie de la Galilée, le « pays de Kabul » (non loin d'Akko), en échange d'avantages commerciaux et économiques (I Rois, IX, 10-14). Après la division du royaume de Salomon, la Galilée est rattachée au royaume du Nord (royaume d'Israël) ; elle est alors plusieurs fois dévastée par les guerres entre ce dernier et le royaume araméen de Damas, qui parvient à lui imposer partiellement son contrôle. En 734, répondant à l'appel d'Achaz, roi de Jérusalem, Téglatphalasar III s'empare de la Galilée qui devient une province assyrienne avec pour capitale Megiddo ; à la suite du transfert de populations qui est alors effectué, Isaïe appelle « Galilée [district] des nations » (Is., viii, 23). Jusqu'à l'époque des Séleucides, la population galiléenne reste très mélangée (Phéniciens, Araméens) avec une forte minorité de population israélite. À l'époque des Maccabées, cette population, se sentant menacée, fait appel à Simon, qui chasse les armées séleucides jusqu'aux portes de Ptolémaïs (Akko) (www.universalis.fr - Galilée).

Des Anne bibliques précèdent la mère de Marie.

Anne femme juive de la tribu d'Ephraïm, est l'épouse de Tobie. Une autre, juive, femme d'Elcana, lévite qui s'était établi dans la tribu d'Ephraïm. Après plusieurs années de mariage, voyant qu'elle n'avait pas d'enfans, elle s'abandonnait à la plus vive douleur : elle allait dans le tabernacle pleurer devant le Seigneur la honte de sa stérilité. Un jour, priant avec une ferveur extraordinaire, elle fit vœu, si Dieu lui donnait un fils, de le consacrer à son service. Sa prière fut exaucée, dit-on, l'année suivante, av.J.-C. 1124, elle mit au monde un fils qui fut nommé Samuel, c'est-à-dire, demandé à Dieu. Anne signala sa reconnaissance par un cantique d'actions de grâces, l'un des plus beaux de l'Ancien-Testament, et, fidèle à son vœu, consacra au Seigneur cet enfant chéri, entre les mains du grand-prêtre Héli. Samuel devint dans la suite un des plus illustres prophètes d'Israël (Repertoire Universel, Historique, Biographique des Femmes Celebres Mortes ou Vivantes, 1826 - books.google.fr).

Quelques écrivains postérieurs ont prétendu qu'après la mort de Joachim elle avait épousé en secondes noces Cléophas, dont elle eut Marie mère de saint Jacques le Mineur; et en troisièmes noces, Salomas, père de Marie femme de Zébédée et mère de saint Jacques le Majeur. On cite d'anciens vers qui confirmeraient cette opinion : « Mais ces vers, dit Calmet, sont d'une trop faible autorité pour que les bons critiques s'y soumettent. » (Repertoire Universel, Historique, Biographique des Femmes Celebres Mortes ou Vivantes, 1826 - books.google.fr).

C'est le couvent des Trois Marie que Françoise d'Amboise fonda au Bondon, près de l'église des Pères Carmes qui devint commune des deux monastères, réformé par Jean de La Nuce, confesseur de la duchesse et provincial de Touraine (Bertrand Etienne était de la même province) (Guy-Alexis Lobineau, Les vies des saints de Bretagne et des personnes d'une eminente piété qui ont vécu dans cette province, Volume 3, 1837 - books.google.fr, Synthèse : Calendrier : Les Trois Marie).

Anne et Dina

Selon les Pirké de Rabbi Eliezer Aseneth est la fille de Dina, elle-même fille de Jacob et de Lia, qu'elle eut de son viol par Sichem fils de Hammor, dans la ville de Sichem. Aseneth emportée en Egypte par l'ange Mikhaël. Deux textes syriaques et Ahron ben Gerson Aboulrabi de Catane racontent qu'elle fut exposée au désert en Canaan puis déposée par un oiseau, un aigle, dans la ville d'On (Héliopolis). "L'influence du mythe du Phénix sur la légende juive est indéniable". Le roman de Joseph et d'Aseneth souligne que la jeune femme ne ressemblait en rien aux Egyptiennes mais aux Hébreues (Marc Philonenko, Joseph Et Aséneth: Introduction Texte Critique Traduction Et Notes, 1974 - books.google.fr).

Jacques Bar Salibi (mort en 1171), qui prit le nom de Denys à sa consécration épiscopale en 1154, est un des auteurs les plus éclectiques et les plus féconds de la littérature syriaque (Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium: Subsidia, Volumes 82 à 83, 1989 - books.google.fr).

Denys bar Salibi (XIIème siècle) a compulsé les apocryphes qui nomment les ascendants de la sainte Vierge. Il nous apprend que son père porte différents noms [qui] sont des modifications de deux seuls noms : Joachim et Sadoc. De même, l'épouse de Joachim est nommée tantôt Dina et tantôt Anne ; — Joseph et Marie étaient petits-fils de frères (cousins) : car un certain Eléazar engendra deux fils Matthan et Ioutham ; Matthan engendra Jacob ; Jacob Joseph, tandis que Ioutham engendra Sadoc (Joachim), et Sadoc Marie. La mère de Marie se nommait Dina (Anne) et elle était sœur d'Elisabeth (Abbé F. Nau, Lettre de Jacques d'Edesse sur la généalogie de la Sainte Vierge, Revue de l'Orient chrétien, Volume 6, 1901 - books.google.fr).

On a vu l'importance de la littérature religieuse syriaque avec La Vraie Langue Celtique de l'abbé Henri Boudet (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Le livre des Psaumes et les Psaumes apocryphes - books.google.fr).

Sichem obtint en mariage Dina qu'il avoit deshonorée, à condition que lui & tous ceux de Sichem se feroient circoncire ; mais le troisieme jour, auquel la plaie de la circoncision est douloureuse, Siméon & Levi, frères utérins de Dina, entrèrent dans la ville, & tuèrent tous les mâles qu'ils rencontrerent. Après cela les autres fils de Jacob & ses domestiques y entrèrent aussi, & la pillèrent (Genes. 34, 1 ss) (Charles Louis Richard, Dictionnaire Universel, Dogmatique, Canonique, Historique, Géographique Et Chronologique, Des Sciences Ecclésiastiques, Volume 5, 1762 - books.google.fr).

Ainsi on retrouve avec Jacob/Jacob, Joseph/Joseph et Aseneth/Marie, Dina (Anne)/Anne et la consanguinité.

Il reste à préciser la correspondance de Joachim.

Epaule

Le Livre de Josué 24 et 30 ss nous présentent Israël à Sichem, dont l'identification avec l'actuelle tell Balâtah, aux portes de Naplouse, est absolument certaine, sans que nous sachions en quelles circonstances Israël y est arrivé [...] Dans les notices bibliques, la ville apparaît très tôt comme incluse dans le territoire de Manassé (cf. Nb. 26. 31 ss; Jos. 17. 2) (J. Alberto Soggin, Le Livre de Josué, 1970 - books.google.fr).

Sichem était devenu la métropole des Juifs Samaritains qui causèrent tant de difficultés aux Judéens à leur retour de l'Exil (cf. Esd 3). Le « partage» de Sichem implique un jeu de mot avec shekhem «l'épaule» comme dans Gn 48,22. Israël dit à Joseph : «Je te donne un sichem de plus qu'à tes frères, ce que j'ai conquis sur les Amorites par mon épée et par mon arc.». L'épaule était un morceau de choix (1 S 9,24; 10,23). Et c'est sur l'épaule du descendant de David que reposera l'empire (Is 9,5) (Revue biblique, Volume 96, Numéros 1 à 2, 1989 - books.google.fr).

La Genèse raconte que Sichem (en hébreu « épaule »), fils de Hamor (en hébreu « âne »), prince de la ville de Sichem, viola Dina, la fille de Jacob. Sichem + Hamor, cela fait « un dos d'âne », d'où M. Halévy suppose qu'aura pu naître une légende populaire attribuant le culte de l'âne aux Sichémites. Dans les Juges (ix, 28), il est parlé avec mépris des « hommes d'Hamor, père de Sichem » ; donc, Hamor est l'objet d'une sorte de culte à Sichem (survivance d'un culte totémique, n'en déplaise à M. Halévy, qui ne veut pas entendre parler de totems chez les Juifs) (Salomon Reinach, Cultes, mythes, et religions, Volume 1, 1905 - books.google.fr).

Lorsque les Israélites, sous la conduite de Moïse, quittèrent l'Egypte, ils emportèrent avec eux le corps embaumé de Joseph et enfin, quand ils furent maîtres de la terre promise, ils ensevelirent ses restes mortels a Sichem dans le Champ que Jacob avait acheté aux fils d'Hémor et qu'il avait donné en propriété à Joseph. M. Guérin croit que le tombeau actuel qui est construit en dos d'âne, blanchi à la chaux et placé au milieu d'un petit rectangle, n'est pas l'antique tombeau, mais qu'il est situé à la même place et recouvre peut-être le caveau funéraire où avaient été déposés les ossements de Joseph (Revue catholique, 1877 - books.google.fr).

On peut déjà voir un jeu de mot entre Anne et âne, mais il n'apparaît qu'en français (La Croix d’Huriel et le loup : Le diacre Timon et l’antimoine).

Pourquoi fallait-il qu'une ânesse portât le Rédempteur ? Aussi curieux que cela puisse paraître, on peut évoquer ici sainte Anne, mère de la Vierge Marie. [...] Un rapport symbolique et phonétique peut être établi entre Anne et âne comme l'a fort bien démontré Guy Béatrice dans son ouvrage Sainte Anne d'Alchimie. Anne fut bien cette vieille femme éplorée, se lamentant sur sa stérilité affligeante, qui fut cependant élue pour que s'accomplisse la Prophétie, pour qu'un Lys sorte du trône de Jesse. Le Protévangile de Jacques rapporte les prières incessantes et la joie finale des parents de Marie. [...] Il aurait certes pu, à l'image de ses disciples, parcourir à pied le trajet triomphal, mais il fallait qu'il associât l'humble quadrupède à son entrée à Jérusalem, et l'Évangile selon Matthieu répond par une connotation biblique à l'énigme posée par la monture du Christ : « Or ceci arriva afin s'accomplît la parole du prophète disant : dites à la fille de Sion : Voici que ton Roi vient à toi plein de douceur, monté sur une ânesse et sur un ânon, fils de celle qui porte le joug » (XXI 45). Au demeurant, l'épisode évangélique ainsi rattaché à l'Ancien Testament, démontre la préoccupation de Matthieu d'inscrire la mission du Christ dans l'histoire prophétique d'Israël. [...] Il faut par ailleurs considérer que tous les ânes ont la particularité d'être marqués du signe de la croix par les deux lignes de pelage plus sombre qui se croisent sur leur échine (Séverin Batfroi, La voie de l'alchimie chrétienne, 2014 - books.google.fr).

Si le Christ est sur un âne, image du Logos comme la croix qu'il porte sur son dos, doit-on confondre l'âne avec celui qu'il porte ? On en revient à Christ-Âme à qui l'âne/pneuma (logos) sert de véhicule (Autour de Rennes le Château : Stenay et Dagobert II : transgression du possible, et pet sur la terre).

Guy Béatrice, dans Provence hermétique et tradition chrétienne. Vol. 2 : Le Vaisseau du salut et l'or des alchimistes, faisant suite à son précédent ouvrage "Sainte Anne d'Alchimie" (Vol. 1), explicite le sens alchimique de la légende des Saintes Marie qui débarquèrent en Gaule, autre Galilée, leur barque étant la corporification de l'archétype fondamental du vaisseau de l'Œuvre. Il montre comment la vie des saints reproduit toujours une « idée » divine incarnée, emblématisant la phase première de l'Œuvre qui donnera naissance au Dauphin royal et solaire (Livres hebdo, Volume 1, Numéros 10 à 17, 1979).

On sait que l'un des traits fondamentaux de ce cycle chartrain, et dont on s'étonne que certains auteurs aient négligé de le mentionner, est la place qui y est faite à la naissance et à l'enfance de Marie. Certes, cela s'explique par la valeur exceptionnelle des dévotions rendues à la mère du Christ dans l'illustre sanctuaire ; mais il faut bien convenir que des représentations aussi détaillées sont rares à cette époque dans l'art occidental, à ne compter que celles qui nous soient parvenues. Mme Heimann y insiste à juste titre, montrant l'importance de la source constituée par le Protévangile de Jacques et par l'iconographie orientale. [...] Après avoir été l'objet du refus du grand-prêtre, Anne et Joachim se retirent, comme sur la pointe des pieds, avec des gestes d'une extrême délicatesse. En lieu et place de la rencontre à la Porte Dorée, en les voit, assis sur un banc, se tenant par une main, Joachim posant sa main libre sur l'épaule de son épouse. Celle-ci semble s'écarter pudiquement de lui, présentant sa main gauche par la paume ouverte comme le fait souvent la Vierge de l'Annonciation. Dans le baquet où elle est baignée, évocation directe de sa nativité, la petite Marie semble avoir dépassé largement l'âge de la première enfance. Avant la scène qui la montrera conduite au temple, Anne et Joachim sont assis, songeurs, Joachim tenant un phylactère sur ses genoux. Derrière Anne présentant Marie au temple, un âne, dont on ne voit que la tête, met une autre petite note rustique (René Crozet, A propos des chapiteaux de la façade occidentale de Chartres. In: Cahiers de civilisation médiévale, 14e année (n°54), Avril-juin 1971 - www.persee.fr).

Le Temple de Salomon ayant été détruit par les Babyloniens, Zorobabel obtint de Cyrus la permission d'en rétablit un second, qui fut également construit sur la montagne de Moria, mais il n'étoit pas aussi magnifique que le premier. Hérode y fit de grands embellissements. C'est ce dernier Temple qui fut renversé par les Romains sous la conduite de Tite. Ce second Temple n'eut pas les mêmes avantages que le premier, & Dieu n'y rendit point ses oracles. Les Juifs avoient encore deux autres Temples. Le premier fut bâti sur la montagne de Garizim dans le pays de Samarie par Sannabalet, & le second, en Egypte près d'Héliopolis, par Onias, fils du Souverain Prêtre du même nom. La fondation de ces deux Temple étoit contraire aux principes de la Loi des Juifs & ceux qui y alloient sacrifier étoient regardés comme Schismatiques (Introduction, où l'histoire moderne générale et politique de l'univers, Tome 6, 1758 - books.google.fr).

L'entreprise des Samaritains avoit pour fin ia construction d'un Temple sur la montagne de Garizim. Ce fut Manassé, frère du Grand-Prêtre Jadus, qui en fut l'auteur, par le moyen de Sanaballet son beau-pere, lequel avoit servi Alexandre le Grand au siège de Tyr, & qui en obtint la permission de ce monarque. Antiochus-Epiphanes, après avoir profané le Temple de Jerufalem, dédia celui de Garizim au Jupiter des Grecs. Jean Hircan, fils de Simon le dernier des Machabées, ayant soumis tout le pays, & pris les villes de Samarie, ruina le Temple de Garizim de fond en comble : ce qui arriva deux cens ans après sa fondation (Joseph-Romain Joly, Lettres sur divers sujets importants de la géographie sacrée et de l'histoire sante: avec des planches & des cartes géographiques, 1772 - books.google.fr).

L'élément essentiel et constant des représentations byzantines de la conception est le baiser d'Anne et Joachim. Il apparaît dès les plus anciennes compositions, qui sont très simples et sans décor ni personnages accessoires". Du point de vue iconographique, l'artiste s'inscrit dans la tradition des peintres des icônes à Saint-Néophytos, avec une légère différence dans la position des mains : à Saint-Néophytos, mais aussi à Archangélos à Galata, Anne passe sa main gauche sous le bras de Joachim et celui-ci pose sa main droite sur l'épaule de son épouse ; à Podithou, Anne pose sa main gauche sur le bras de Joachim, qui tend son bras droit et pose sa main sur le dos d'Anne, comme à Philanthropinon, à Pélendri (inversé), à Saint-Sôzomenos (Stella Frigerio-Zeniou, L'art italo byzantin à Chypre au XVIème siècle, 1998 - books.google.fr).

Dans un vitrail de Notre-Dame de Strasbourg, devant la porte dorée, d'où elle sort, Joachim accueille Anne en lui prenant les mains, la droite sur son épaule (Les vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, 1986 - books.google.fr).

Un trait qui se reproduit souvent dans l'art français est le bâton porté sur l'épaule porté par Joachim allant au désert, comme à Autun, scène précédant l'Annonciation de l'ange au vieil homme. On trouve par ailleurs Anne posant sa main sur l'épaule de Marie pour la guider, ou csur celle de Joachim (Jacqueline Lafontaine-Dosogne, L'enfance de la Vierge dans l'empire byzantin et en Occident, 1964 - books.google.fr).

Aucun spermatozoïde ne pénétra dans un ovule de celle qui est restée vierge. L'ascendance davidique est purement nominale, par Joseph, et du point de vue hébraïque, cela suffit, l'adoption conférant la paternité (Claude Robert Rouvre, La Cité et le royaume: essai sur le pouvoir, 1976 - books.google.fr).

Donc c'est par la Vierge (et Anne ou Joachim) qu'il faut donner une ascendance biologique davidique à Jésus.

Au IIe siècle, on inventera une ascendance davidique à Marie qui sera admise par la tradition des Pères de l'Église. Le Protévangile de Jacques (10, 1) fera même appartenir la mère de Jésus à une « tribu de David » qui n'a jamais existé (Michel Gozard, Jesus ?, 2006 - books.google.fr).

La thèse de l'origine davidique de Marie est un lieu commun de la littérature chrétienne des premiers siècles. Le texte d'Eusèbe de Césarée se distingue de ses prédécesseurs par le fait que l'ascendance davidique de Marie n'est pas simplement affirmée, mais argumentée à partir de l'usage d'une norme précise de la loi (Eusèbe de Casarée, Questions évangéliques, traduit par Claudio Zamagni, 2008 - books.google.fr).

Joachim, un roi et un âne

Joachim ou Joachin (fermeté du Seigneur) ou Eliacim, frère & succeûeur de Joachaz, que Néchao, Roi d'Egypte, détrôna pour mettre celui-ci en sa place. Ce Prince fit le mal devant le Seigneur, & Jérémie lui reprocha de bâtir sa maison dans l'injustice, d'opprimer injustement ses sujets, d'avoir le cœur & les yeux tournés à l'avarice & a l'inhumanité (Jérémie 22) aussi Dieu le menace d'une fin malheureuse par la bouche du même Prophète : il mourra & ne sera ni pleuré, ni regretté. Sa sépulture sera comme celle d'un âne mort on le jettera tout pourri hors des portes de Jérusalem. (Ibid. 19) Cette Prophétie ayant été montrée à Joachim, il la déchira avec un canif & la jetta au feu. Ce Prince, après avoir demeuré environ quatre ans soumis au Roi d'Egypte, tomba sous la domination de Nabuchodonosor, Roi des Chaldéens, qui, après l'avoir chargé de chaînes, le remit sur le Trône. Il mourut la onzième année de son règne : l'Ecriture ne dit pas quel fut le genre de sa mort. Le texte semble supposer qu'il mourut à Jérusalem ; & l'on peut juger que s'étant rendu odieux à ses Sujets qui le regardoient comme la cause des misères qu'ils souffioient depuis plus de trois ans, il fut tué dans quelque sédition, & son corps jette à la voirie, selon la parole du Prophète (Abbé Pierre Barral, Dictionnaire portatif, historique, théologique, géographique, critique et moral de la Bible, Volume 1, 1760 - books.google.fr).

Jérémie endosse un joug (XXVII) pour annoncer celui qui attend le royaume de Juda par l'envahissement de Nabuchodonosor. Cette mise en scène se place sous Sédécias dans la bible syriaque et arabe alors que pour la Vulgate il s'agit de Joachim. Jérémie prophétise encore (XLIII) la destruction des statues des dieux du Temple du Soleil (Beth-Schémesch ou On ou Héliopolis en Egypte cf. Genèse 41,45 et Ezéchiel 30,17).

Représentez-vous (ces comparaisons sont du prophète), représentez-vous, ou un chevreuil qui fournit sa course avec une extrême légèreté, ou un âne sauvage accoutumé à vivre dans le désert, sans joug et sans discipline, sentant de loin ce qu'il aime, et courant après avec ardeur, sans que rien puisse l'en détourner; vous aurez au moins une idée de l'ardeur avec laquelle un ambitieux cherche les distinctions; un avare, les grandes richesses; un impudique, les voluptés charnelles (Thiébault, Oeuvres complètes, Volume 5, Migne, 1858 - books.google.fr).

Cette idée fait malheureusement du prophère Jérémie un traître; mais ils croyaient prouver qu'il l'était, puisqu'il voulait toujours que non-seulement la petite province de Juda se rendît à Nabuchodonosor, mais encore que tous les peuples voisins allassent au-devant de son joug. En effet, Jérémie se mettait un joug de boeuf ou un bât d'âne sur les épaules, & criait dans Jérusalem : Voici ce que dit le Seigneur roi d'Israël : « C'est moi qui ai fait la terre, & les hommes, & les bêtes de somme dans ma sorce grande & dans mon bras étendu; & j'ai donné la face de la terre à celui qui a plu â mes yeux ; j'ai donné la terre à la main de Nabuchodonosor mon serviteur, & je lui ai donné encore toutes les bêtes des champs: & tous les peuples de la terre le serviront, lui & son fils, & les fils de ses fils; & ceux qui ne mettront pas leur cou sous un joug & sous un bât devant le roi de Babylone, je les ferai mourir par le glaive, par la famine, & par la peste, dit le Seigneur » (Œuvres de Voltaire: Théologie, histoire ecclésiastique, Tome I, 1802 - books.google.fr).

Le culte d'Adonis, venu de Chypre et de Phénicie a été adopté par les Grecs. Jusqu'à quel point a-t-il gardé sa forme orientale ? dans quelle mesure s'est-il hellénisé ? La principale cérémonie du culte d'Adonis avait lieu en souvenir de la mort du dieu, c'était la fête funèbre; quelques jours après on célébrait la fête joyeuse de sa résurrection. Dans l'Onomastique de Pollux on trouve le terme "Adônimaoidos" pour désigner le chant funèbre. On ne peut s'expliquer comment le mu s'est introduit dans ce mot. Jérémie, se lamentant sur le sort de Joachim, dit qu'on en fera des signes de deuil. On remarque alors dans le texte deux versets commençant ainsi (XXII,18) : Hélas ! mon frère ! — Hélas ! ma sœur ! [... on ne le pleurera pas endisant Hélas seigneur ! hélas sa majesté ! il aura la sépulture d'un âne...] — Ce sont les termes mêmes dont les pleureuses se servaient aux enterrements : la réunion de ce double cri s'applique au caractère androgyne d'Adonis. Le mot "Adônimaoidos" est la traduction même de la forme hébraïque "oiadon maodo" ; ce qui permet d'expliquer l'introduction du mu. On peut donc en conclure qu'à Athènes les litanies de la pompe d'Adonis se chantaient en phénicien (François Lenormant, 28 juin 1872, Comptes rendus de la Société française de numismatique et d'archéologie, Volume 4, 1873 - books.google.fr).

Joachim de Flore et les âges

Dans les écrits de Pierre de Jean Olivi, qui fut l'inspirateur principal des mouvements des Spirituels, le schéma eschatologique dérivé de la pensée de Joachim de Flore, modifiée et précisée tout au long du XIIe siècle, se manifestait la conviction que le temps présent était celui du passage à la sixième période de l'histoire de l'Église, lui-même annonciateur du troisième et dernier âge de l'humanité. En lisant l'Apocalypse, Olivi avait découvert que l'Antéchrist, dont la défaite ultime devait ouvrir une longue période de paix avant la fin des temps, se dédoublait en un Antéchrist « mystique » (c'est-à-dire caché) et le grand Antéchrist manifeste. Cet Antéchrist mystique devait probablement être un pseudo-pape. Si Olivi, mort en 1298, n'avait pas poussé plus loin l'identification, ses disciples, confirmés par les persécutions, procédèrent à cette assimilation du pape à l'Antéchrist mystique (Alain Boureau, Satan hérétique: Histoire de la démonologie (1280-1330), 2004 - books.google.fr).

La théologie shi‘ite se montre ainsi comme un cas exemplaire de ce que les historiens des religions ont appelé ailleurs «théologies de l’Aion» (Aion: âge total d’un monde). Les douze millénaires du zoroastrisme en sont un cas tout aussi remarquable et bien antérieur. C’est même l’un des points sur lesquels se révèle la continuité secrète de la conscience religieuse iranienne, de l’Iran mazdéen à l’Iran shi‘ite. Bien entendu, les douze millénaires ont un sens arithmosophique; ils ne donnent pas une chronologie positive. La Lumière mohammadienne descendue en ce monde (par une épiphanie qui n’est jamais une incarnation) s’est transmise de prophète en prophète; ensuite, elle effectue sa remontée, d’Imam en Imam. Avec l’idée de ce double cycle, l’orientation de la conscience shi‘ite apparaît comme essentiellement eschatologique.

On entrevoit l’importance de la Figure qui couronne cet édifice de la hiéro-histoire, à savoir le XIIe Imam. Les deux mouvements de descente et de remontée de la Lumière mohammadienne constituent respectivement le «cycle de la prophétie» et le «cycle de la walayat», lequel est celui de l’initiation spirituelle des «Amis de Dieu». Il y eut six grands prophètes annonciateurs d’une Loi (Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jésus, Mohammad); chacun d’eux eut successivement ses douze Imams, le douzième assurant la transmission au prophète de la période suivante. Le XIIe Imam de la période mohammadienne, «prophète du VIIe Jour», n’apportera pas, lors de sa parousie, une shari‘at nouvelle, mais la révélation (le ta’wil) du sens ésotérique de toutes les révélations. Aussi sera-t-il l’Imam de la Résurrection (Qa’im al-qiyamat). Du sentiment eschatologique commun au zoroastrisme et au shi‘isme jaillit l’idée d’une périodisation des «âges du monde» («cycle de la nobowwat» et «cycle de la walayat»). On relèvera qu’une telle idée axée sur l’eschatologie fit éclosion en Occident, au XIIe siècle, chez Joachim de Flore et ses disciples. [...]

Le rapport entre Imam et Prophète s’exprime, d’autre part, à l’occasion de l’analyse et de l’activation de concepts caractérisant en propre le shi‘isme. C’est ainsi que le concept de nobowwat (prophétie) s’articule en un triple concept: celui de nabi (prophète tout court), celui de nabi-morsal (prophète missionné), celui de rasul ou nabi chargé de révéler une Loi nouvelle, un Livre nouveau. Mais, dans tous les cas, le concept de nabiprésuppose ici leconcept shi‘ite caractéristique de la walayat, laquelle est la dilection divine, la prédilection et l’amour par lesquels Dieu sacralise ses amis (les «Amis de Dieu», Awliya’Allah) dès la prééternité. Tout nabi doit d’abord être un wali, mais tout walin’est pas forcément un nabi, la nobowwat ne faisant que se surajouter à sa walayat. D’où l’affirmation de la supériorité de la walayat sur la nobowwat, puisque celle-ci présuppose la première et n’est qu’une mission ad extra : la walayat est éternelle et permanente, la nobowwat a un caractère temporaire. L’affirmation de la supériorité de la walayat peut avoir des conséquences diverses; elle peut conduire à proclamer la supériorité radicale de l’Imam sur le Prophète, du batin (ésotérique) sur le zahir (exotérique) (C’est l’esprit de l’ismaélisme réformé d’Alamut.) En revanche, les shi‘ites duodécimains, en s’efforçant de garder l’équilibre entre batin et zahir, considèrent la supériorité de la walayat sur la nobowwat telle qu’elle se présente dans la personne du Prophète, tandis que chez les Imams la walayat dérive de celle du Prophète.

L'idée de cycle ou de règne connote un sens existentiel plutôt que chronologique, puisque l’on peut être «objectivement contemporain» de l’un tout en appartenant intérieurement déjà à l’autre. Il importe, pour la phénoménologie de la conscience religieuse, que de telles convergences soient relevées, car elles permettent de donner toute leur valeur symptomatique à d’autres faits, au fait, par exemple, que certains penseurs shi‘ites identifient nommément le XIIe Imam avec le Paraclet annoncé dans l’Évangile de Jean, et d’autres avec le Saoshyant des zoroastriens. Peut-être y a-t-il là autant de virtualités qu’appellera à éclore l’avenir d’une histoire religieuse encore inachevée. Car, en fin de compte, ce qui récapitule la différence entre la conception sunnite et la conception shi‘ite de l’islam est peut-être ceci: l’islam sunnite constate que le cycle de la prophétie est clos – le «Sceau des prophètes» est venu, il n’y a plus rien à attendre –, cependant, tout le monde admet que l’humanité ne peut pas se passer de prophètes. Telle est la situation pathétique dans laquelle le shi‘isme refuse de sombrer. Il admet, certes, lui aussi, que le cycle de la prophétie législatrice est définitivement clos. Mais, avec le départ du dernier Prophète, quelque chose de nouveau a commencé: le cycle de la walayat tendu vers cet horizon eschatologique qui garantit à l’humanité qu’elle a encore quelque chose à attendre. Le garant de cette Attente est ce XIIe Imam fugitivement apparu, pour entrer, tout enfant encore (à l’âge de cinq ans), le jour même de la mort de son père, dans une première «occultation» (874), au cours de laquelle il fut encore visible à quelques dignitaires. Quelque soixante-six ans plus tard (940), il entre dans l’«Occultation majeure» (al-ghaybat al-kobra). À la fois présente au passé de l’Histoire et au futur de la Résurrection, seule cette Figure peut dominer le temps «entre les temps». Notre temps de l’Occultation majeure est un temps «entre les temps». L’Imam de notre temps (sahib al-zaman) reste «invisible aux sens mais présent au cœur de ses fidèles». C’est ainsi que le XIIe Imam, Mohammad al-Qa’im, fils de l’Imam Hasan al-Askari, est lui-même l’histoire de la conscience shi‘ite depuis dix siècles. À cette histoire appartient un essor philosophique inconnu en Islam ailleurs que dans la Perse shi‘ite. Une philosophie des palingénésies et des métamorphoses comme celle de Sadra Shirazi (mort en 1640) correspond typiquement aux perspectives qu’ouvre l’horizon paraclétique du XIIe Imam. Sadra Shirazi fut lui-même le génial continuateur de Sohrawardi, shaykh al-Ishraq. Celui-ci ressuscita délibérément, au XIIe siècle, dans l’école des ishraqiyun (les «Orientaux») la théosophie des Sages de l’ancienne Perse; et toute la culture spirituelle iranienne en a depuis lors été marquée. Les convergences relevées ci-dessus prennent alors toute leur valeur (Henry Corbin, Shi‘isme, Encyclopaedia Universalis, 1995 - books.google.fr).

La pensée chiite résout positivement le problème de la cité imaginaire. On ne la situe pas dans un futurum resurrectionit. Tout un chacun a la possibilité de se compter parmi les habitants de Hûrqalyâ : "Quant au mot Hûrqalyâ, la signification s'en rapporte à un autre monde. Ce que l'on désigne par ce mot, c'est le monde du barzakh ou intermonde. Il y a, en effet, le monde inférieur, le monde terrestre; c'est le monde des corps matériels constitués des Éléments, le monde visible aux sens. Et il y a le monde des Et il y a le monde des Âmes, qui est le monde intermédiaire entre le monde matériel visible ('alam al-mulk) et le monde du Malakut est un autre univers. C'est un monde Matériel autre. Autrement dit, le monde des corps composés des éléments constitue ce qu'on appelle le monde matériel visible. Le monde de Huqalya, c'est un monde matériel autre (monde d'une matière à l'état subtil)" (Henry Corbin, Terre céleste et corps de résurrection: de l'Iran Mazdéen à l'Iran Shî'ite, Buchet-Chastel - Corrêa, 1960, pp. 294-295).

La solution chiite offre, peut-être pour la première fois, la possibilité de principe de l'utopie. C'est l'explication la plus nuancée du statut de la « cité idéale » de laquelle l'« intermonde » utopique revêt des formes des plus diverses. Que voulait dire Campanella en prétendant que l'Oiseau Phénix de la Cité du Soleil « est vrai »? N'est-ce pas là une façon d'admettre le plus clairement possible que la Cité se trouve dans un monde archétypal? Toutefois, aussi longtemps que l'intention de projeter la réalité supra ou intra-mondaine sur la réalité effectivement mondaine manque, l'intention véritablement utopique manquera également. Tout au long du Moyen Age européen, « la cité idéale » reste un symbole extra-terrestre : « Mon royaume n'est pas de ce monde », avertissait Jésus. Et les penseurs chrétiens se conformeront tous à cette déclaration. Saint Augustin le premier. L'idée de « la Cité de Dieu » naît cependant, comme toutes les « utopies », par opposition. Premièrement, par opposition à Rome, tombée en 410 sous les coups d'Alaric Ier. La chute de Rome - comme saint Augustin veut le démontrer - ne peut pas mettre en danger la « Cité de Dieu » qui a une existence supra-terrestre et extra-temporelle. Deuxièmement, en opposition interne avec le paradigme de « la cité du diable » : les deux cités (Civitas Dei / Civitas Diaboli) sont, l'une comme l'autre, des réalités symboliques (la réplique, l'une de la Jérusalem céleste, en tant que visio pacis, et l'autre de Babylone, en tant que confusio). L'ensemble des volontés qui tendent vers la paix céleste forme le peuple de la Cité de Dieu; l'ensemble des volontés qui tendent vers la paix de ce monde-ci comme but ultime forme le peuple de la Cité Terrestre ou Diabolique (Victor I. Stoichita, la cité idéale, Les Symboles du lieu, l'habitation de l'homme: Horia Damian, Jean-Pierre Raynaud, Volumes 44 à 45, 1983 - books.google.fr, Henry Corbin, Terre céleste et corps de résurrection: de l'Iran Mazdéen à l'Iran Shî'ite, 1960 - books.google.fr).

Si l'île de la Cité du Soleil se trouve près de Ceylan, l'oiseau Phénix qui lui est attaché nous rappelle l'oiseau Bennu d'Héliopolis d'Egypte.

Aurore d'un nouveau matriarcat, ou pour mieux dire d'une humanité sur laquelle ne pèsera plus l'ombre du père terrestre ni du Père céleste; la dernière partie d'An der Zeitmauer prend par endroits un accent fort anti-chrétien. Mais la strate la plus profonde est celle d'une gnose para-chrétienne, et, plus précisément, la vieille et fameuse théorie des Trois règnes. Plus que l'héritier de Spengler et de Nietzsche, Jünger (1895-1998) apparaît ici comme celui des utopistes : il cite Fourier, Campanella et la « Cité du Soleil » (qui donnait déjà son titre à Heliopolis); le dernier auteur auquel il se réfère, et avec insistance, est Joachim de Fiore, selon qui le Troisième âge, celui de l'Esprit, doit succéder à ceux du Père et du Fils. Ce schéma ternaire, cette attente du millenium est la maîtresse-poutre à An der Zeitmauer. Jünger en cherche l'analogue dans le thème astrologique des grandes années du monde : selon les astrologues, le Règne du Père était dominé par le signe du Bélier, celui du Fils par le signe des Poissons, "während mit dem Zeichen des Wassermannes, in das wir jetzt eingetreten sein sollen, eine GroBzeit des Geistes beginntDie Aufklärung ging ihr als Morgendämmerung voran". (H. Plard, Sur l'évolution récente d'Ernst Jünger, Etudes germaniques, 1961 - books.google.fr).

L'Italien Tommaso Campanella (1568-1639), avait été incarcéré pendant vingt-sept ans à la suite d'une conjuration qu'il avait fomentée en Calabre afin d'y établir le nouveau royaume de Dieu. Il fut aussi l'auteur utopiste qui imagina une Cité du soleil. II évolua par la suite vers un millénarisme inspiré de Joachim de Flore. Dans La Prima e la secunda resurrezione, il évoque la période qui s'ouvrira avec la venue de l'Antéchrist : « Le soleil s'obscurcira en permanence, la lune devenue sanglante sortira de son orbite ordinaire, si bien que l'homme ne parviendra plus à reconnaître les saisons ni le cours des astres. L'année sera raccourcie, les mois abrégés. Les étoiles tomberont en pluie drue, laissant le ciel sans lumières. On verra partout des comètes. Les montagnes s'effondreront. Les vallées seront aplanies. Parmi les hommes séviront les pestes, les famines et la mort, de sorte que sur mille à peine cent resteront en vie. Alors apparaîtra l'Antéchrist qui acculera les chrétiens aux difficultés extrêmes. Et ils invoqueront le Seigneur qui viendra du ciel pour abattre l'Antéchrist. Les bons seront séparés des mauvais et alors il y aura un ciel nouveau et une terre nouvelle. L 'éclat du soleil sera multiplié par sept et la lune sera comme le soleil : et cela pendant mille ans. » Après les mille ans, «Satan sera délié». Adviendra le jugement par le feu et « suivra une seconde rénovation du ciel et de la terre». Le monde sera « purifié» et « les morts ressusciteront dans une condition incorruptible». Ce sera le passage à l'éternité bienheureuse. (La Prima e la secunda resurrezione, Rome, Fratelli Bocca, 1955, trad. de R. Amerio, cité parj. Delumeau, Mille ans de bonheur, Paris, Fayard, 1995, p. 181) (L'Histoire, Numéros 228 à 233, 1999 - books.google.fr).

On connaît un Joachim qui donna une interprétation de l'Apocalypse il s'agit du curé de Saint Sulpice de Paris à partir de 1696, Trotti de La Chétardie (1636-1714) (Joachim Trotti de la Chétardie, L'Apocalypse expliquée par l'histoire ecclesiastique, 1707 - books.google.fr, Autour de Rennes le Château : Saint Sulpice, Aude et Grande Ourse).

Un Joachim trapézoïdal : Joachim de Flore

Le trapèze formé par les 4 points du cryptogramme ONIS du vitrail placé derrière la statue d'Antoine de Padoue a une résonnace chez Joachim de Flore (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Le jardin d’Adonis : Onis et Rennes le Château).

Joachim de Flore (né vers 1130 à Celico, en Calabre, mort le 30 mars 1202) est un moine cistercien et un théologien catholique à qui le martyrologe de Cîteaux donne le nom de bienheureux. Sa division de l’histoire de l’humanité en trois âges entraîne la renaissance du millénarisme chrétien au Moyen Âge. Placé par Dante Alighieri dans son paradis à côté de Raban Maur et de saint Bonaventure, Joachim est le détenteur d'une « double réputation » qui le classe à la fois comme prophète et comme hérétique.

Joachim quitte la ville de Naples vers 1159 pour effectuer un pélerinage en Terre Sainte. Une fois parvenu à Jérusalem, il se dirige vers le mont Thabor en Galilée entre Nazareth et Tibériade, où il demeure quarante jours. Il y loge dans une ancienne citerne, et c'est au milieu des veilles et des prières sur le théâtre de la Transfiguration qu'il conçoit l'idée de ses principaux écrits.

Dans le Psalterium decem chordarum (Psaltérion à dix cordes), Joachim fait la critique du système trinitaire de Pierre Lombard qui conçoit une nature unique des trois Personnes Divines. Pour Joachim, le mystère de la Trinité peut être symbolisé par un psaltérion décacorde : un trapèze, sur le sommet duquel se tiendrait le Père, et aux extrémités inférieures le Fils et l'Esprit, puis un cercle intérieur, représenté par la caisse de résonance du décacorde, symbolisant l'unité. Pour Joachim cette conception graphique est plus apte que des mots à exprimer le mystère de la Trinité. Ainsi le triangle du psautier n'a pas de pointe supérieure. Ce manque permet de démontrer que l'éternité avant la création du monde ne peut être scrutée (fr.wikipedia.org - Joachim de Flore).

Liber figurarum

Joachim est fêté par les Cisterciens le 29 mai, une des 9 dates du petit nonangone (Cohérence petit nonagone : Deuxième Etoile : Calendrier, Points particuliers : Ploufragan).

Victorin de Pettau et Joachim de Flore

Il suffit de nous rappeler les différentes phases qu'a parcourues l'exégèse de l'Apocalypse pour nous rendre compte des difficultés que présente l'explication de ce livre. Les plus anciens commentateurs, saint Irénée et saint Hippolyte, qui l'imita, laissent transparaître leur dépendance vis-à-vis des traditions eschatologiques et chiliastes alors courantes. La légende du « Nero redivivus » sous la figure de l'Antéchrist revit encore dans le commentaire de Victorin de Pettau qui, par contre, marque déjà un effort vers une exégèse plus indépendante, puisqu'il émet cette théorie de la récapitulation des mêmes idées sous d'autres formes, que nous retrouvons de temps à autre jusque dans des commentaires récents. Depuis le quatrième siècle jusqu'au moyen âge, l'exégèse de l'Apocalypse est dominée par la profonde influence qu'exerça le donatiste Ticonius, dont l'œuvre est perdue mais peut se reconstituer en bonne partie par les extraits des exégètes postérieurs. Il est vrai que Ticonius voit dans l'Apocalypse la prédiction des destinées de son Église, et sur ce point il n'eut pas d'imitateurs; mais en même temps il rompit avec l'explication réaliste et en adopta une autre plus abstraite, sobre et spiritualiste renonçant au chiliasme et identifiant l'Antechrist non plus avec une personnalité individuelle mais avec la collection des ennemis de l'Église. Cette méthode fut suivie par saint Augustin (saint Jérôme ne connaît pas Ticonius, il remanie et réédite Victorin), Primasius, Cassiodore, Bède, Ansbert, Beatus, Alcuin, Haymon, saint Anselme, Albert le Grand, saint Thomas d'Aquin (apocryphe), Hugues de Saint-Cher, Denys le Chartreux, etc. Cette école fut supplantée par celle de Joachim de Flore et de ses successeurs ; comme Ticonius ils supposent l'Apocalypse écrite pour leur époque, mais leur exégèse est échevelée et fantastique. Pénétrés des idées alors courantes sur la fin du monde et l'importance des ordres religieux, ils voient soit dans le retour du Christ soit dans le règne futur du Saint-Esprit l'ère des moines, en particulier des moines franciscains. Pour eux l'Antéchrist c'est la Papauté, qu'ils détestent depuis qu'elle s'était déclarée pour une conceptionspiritualiste de leur règle. Du quatrième au treizième siècle les deux commentaires de Ticonius et de Joachim de Flore ont doncune importance capitale ; l'un et l'autre sont encore basés sur la méthode de la récapitulation émise par Victorin de Pettau (Revue biblique internationale, Volume 7, Ecole pratique d'études bibliques (Jerusalem), 1898 - books.google.fr).

Victorin de Pettau (mort en 303 ou 304) était un auteur ecclésiastique, dont l'activité se situe aux alentours de 270, et qui aurait subi le martyre lors de la persécution de l'empereur Dioclétien. Évêque de Pettau (en latin Poetovio ou Petovio, actuelle Ptuj en Slovénie) en Pannonie. Né probablement en Grèce, ou à Pettau, il est le premier exégète à écrire en latin. Comme nombre de ses contemporains, il était millénariste ; c'est pour cette raison que ses œuvres ont été classées avec les apocryphes dans le décret attribué au pape Gélase Ier (fr.wikipedia.org - Victorin de Pettau).

Curiosité

En croisant ONIS et Joachim, on trouve un Joaquin Eugenio de Onis y Gonzalez, né à Salamanque en 1769 et mort en France à Montauban en 1848. Il fit partie des ambassades espagnoles à l'étranger en particulier en Russie en 1793. Il dut quitter ce pays en raison du conflit avec l'Espagne et alla à Dresde en Saxe, puis visita les différentes cours allemandes avant de se retrouver à Vienne. Il y eut un enfant naturel de Antonia von Schlusselberger. Ayant continué à servir l'Espagne napoléonienne, il émigre en France en 1813 et épouse en 1825 à Montauban Henriette Drouet - Lamy, fille de Joseph Marie Drouet né à Sées, dont il a un fils Luis né en 1826.

Il fait partie d'une famille de diplomates dont son frère Luis de Onis qui négocie en 1819 un traité avec les Etats-Unis (Adams) sur la délimitation de la frontière avec les possessions espagnols en Amérique (Ingrid Cáceres Würsig, La traduccion en Espana en el ambito de las relaciones intyernacionales con especial referencia a las lenguas germanicas (S. XVI-XIX), 2000 - biblioteca.ucm.es, Didier Ozanam, Les diplomates espagnols du XVIIIe siècle: introduction et répertoire biographique 1700-1808, 1998 - books.google.fr).

Joaquin de Onis est possiblement passé à Darmstadt, une des cours allemandes de l'époque.