Partie I - Généralités   Chapitre II - Points particuliers   Ploufragan   

En lien avec Ploufragan correspondant au 29 mai, un site archéologique classé depuis 1964 à Plédran est une allée couverte composée d'une seule chambre. Elle présente 28 supports ou dalles dressées verticalement et 10 tables de recouvrement. On l'appelle le siège de Merlin.

Brun de la Montagne est une chanson de geste composée dans les dernières années du XIIIème siècle, ou même au commencement du XIVème, et ne semble pas avoir été conservée dans son intégrité. Brun est le fils d'un bon et valeureux prince, nommé Butor de la Montagne. Ce Butor veut absolument, et malgré tous ses conseillers, envoyer le nouveau-né à la fontaine des Fées, située au milieu de la forêt de Brocéliande. L'enfant, exposé sur le bord de la source, est, en effet, bientôt visité par trois dames blanches et belles à merveille. La première le doue de beauté, la seconde de valeur invincible; la troisième, mécontente d'avoir été prévenue par ses compagnes, décide que l'enfant aimera longtemps sans être aimé. Cela fait, le jeune Brun est ramené à la cour de son père. Une des trois fées se charge de son éducation, et disparait quand il atteint sa quinzième année. C'est l'âge des exercices militaires et des engagements amoureux. Le varlet quitte ses parents pour courir à la recherche delà fée qui l'a nourri; il va d'abord visiter la fontaine de Brocéliande, où les fées lui parlent d'une maison enchantée, dans laquelle il trouvera les moyens de se rendre à la cour d'Artus; il y rencontre aussi la dame qui doit payer sa tendresse de la plus noire ingratitude.

Les premiers cinq mille vers de ce poème nous ont été conservés par le manuscrit d'Etienne Baluze, qui renferme également " Aye d'Avignon. " (Point particulier : Mimizan). Il ne parait pas remonter au delà des commencements du XIVème siècle (Histoire littéraire de la France).

Il est bien vérité qu'en ceste nuit série,

Ou bois de Bersillant, en la forest antie

Qui est et longue et large, et ramée et fueillie,

Nous entraînes en nuit, à belle compaignie,

Au mains jusques a cent de vo chevalerie.

Yostre filz enportai, que vous ne haés mie,

Gomnars de Besançon et Rufars d'Orcanie,

Et Gondrés li barons qui fu nez en Luytie ;

Nous .iiij. tous montés és chevax de Surie,

Avons porté vo fil en une praiérie,

Desous uns chastiniex où li soulaus onhric,

Une fontaine i a qui est gente et jolie

Plus clère c'uns argens, ne cors qui reflanbie

[...]

J'oui dedens le bois une dame chantant

Qui gaiement chantoit .i. très amoureus chant;

Quant elle avoit finé, un autre tout errant,

.1. chant plus amoureus aloit recomancant,

Et puis la tierce après leur aloit respondant.

Si vindrent elles trois main à main ent(r)ant.

De si au chastinier n'alèrent arestant.

Et si avoit chascune en son chief, d'or luissant

.1. cercle gracieux, mervelleus et pessant.

Je ne sai nule dame en cest monde vivant

Si belle comme la plus lede est à mon semblant.

Quant l'enfant on véu, si s'en vont merveillant

Pour ce qu'il estoit là sur le gravier courant,

Et s'alèrent séoir par de lès vostre enfant,

Dont il aura honneur et porfit si très grant

C'onques nus hons n'oï.parler de si poisant

Et qu'il leur sera miez, en tretout son vivant.

(Le Roux de Lincy, Le livre des légendes).

Dans ces passages, le châtaigner prend un relief particulier. Bâtie dans la vallée de la rivière "Le Gouët", aux lisières de l'Armor et de l'Argoat, Quintin - où se maria Louis Ferdinand Destouches, alias Céline, avec Edith Follet le 10 août 1919 - et sa proche région sont également des terres de légendes. Ne dit-on pas que le nom qui s'écrit Kintin en langue bretonne, viendrait de Kistin qui signifie châtaigne.

Si nous en croyons les auteurs des XIIème et XIIIème siècles, les Fées bretonnes résidaient aussi dans la forêt de Brecheliant. On prétendait encore à cette époque qu'elles se rendaient visibles, et il n'était question que des prodiges qu'elles opéraient dans cette forêt sacrée. Robert Wace, chanoine de Bayeux, qui avait mis en vers le premier Roman de la Table Ronde en 1155 , c'est-à-dire le Brut d'Angleterre, entendit tant parler de ces Fées, qu'il prit le parti d'aller en Bretagne pour vérifier les bruits publics (Gervais de La Rue (abbé), Essais historiques sur les bardes, les jongleurs et les trouvères normands et anglo-normands).

Le roman du Rou est de Robert Wace. " Là se lit l'histoire authentique des fées de ma patrie, de la forêt de Bréchéliant remplie de tigres et de lions : l'homme sauvage y règne, et le roi Arthur le veut percer avec l'Excalibur, sa grande épée. Dans cette forêt de Bréchéliant, murmure la fontaine Barenton. Un bassin d'or est attaché au vieux chêne dont les rameaux ombragent la fontaine : il suffit de puiser de l'eau avec la coupe et d'en répandre quelques gouttes pour susciter des tempêtes. Robert Wace eut la curiosité de visiter la forêt et n'aperçut rien : " Fol m'en revins, toi y allai. "

Wace ne précise pas où se trouve précisément Brocéliande, mais mentionne que viennent des bretons de divers châteaux, dont Gaël et Dinan. Deux villes situées l'une près de la forêt de Paimpont, l'autre près de la forêt de Coëtquen, à l'entrée du grand massif boisé s'étendant entre Combourg et Dol de Bretagne. Brocéliande est donc bien en "Petite Bretagne", ou Bretagne armoricaine. http://www.paysdebroceliande.com/broualan/broceliande-sources-anciennes.html Un charme mal employé fit périr l'enchanteur Merlin dans la forêt de Bréchéliant. Pieux et sincère Breton, je ne place pas Bréchéliant près Quintin comme le veut le roman du Rou ; je tiens Bréchéliant pour Becherel, près de Combourg. Plus heureux que Wace, j'ai vu la fée Morgen et rencontré Tristan et Yseult; j'ai puisé de l'eau avec ma main dans la fontaine (le bassin d'or m'a toujours manqué), et en jetant cette eau en l'air, j'ai rassemblé les orages : on verra dans mes Mémoires, à quoi ces orages m'ont servi (François René Chateaubriand, Essai sur la littérature anglaise et considérations sur le génie des hommes, des temps et des révolutions).

L'abbé de La Rue, qui faisait autorité alors et dont l'ouvrage "Recherches sur les ouvrages des bardes de la Bretagne armoricaine dans le Moyen Âge" paru à Caen en 1815, largement à l'origine du mouvement de collecte folklorique locale, situe Brocéliande entre Quintin et Loudéac et propose d'en reconnaître les vestiges dans la forêt de Lorges.

Ce n'est qu'en 1467 que Guy XIV de Laval, seigneur de Comper, nomme une des fontaines de la Forêt de Paimpont Barenton dans la "Charte des Usements de Brécilien", l'assimilant à la "fontaine qui bout" des romans arthuriens alors très en vogue.

Le roman de Merlin (XVème siècle) place dans cette forêt l'enfermement de Merlin par la fée Viviane. " Lors commença Merlin à deviser, et la damoiselle moult grande joie en eut, et lui montra plus grand semblant de l'aimer qu'elle n'avait fait auparavant, et tant qu'un jour advint qu'ils s'en allaient main a main par la forêt de Brocéliande, et ils trouvèrent un buisson d'aubépine qui était tout chargé de fleurs, et ils s'assirent à l'ombre des aubépines, sur l'herbe verte, et jouèrent; et Merlin mit son chef au giron de la damoiselle, et elle le commença à tâtonner, tant qu'il s'endormit; puis se leva, et fit un cercle de sa guimpe autour du buisson et autour de Merlin, et commença ses enchantements tels que lui-même lui avait appris, et fit neuf fois le cercle, et par neuf fois l'enchantement, et puis s'alla seoir auprès de lui, et lui mit la tête en son giron, et quand il se réveilla, il regarda autour de lui, et lui fut avis qu'il était enclos dans la plus forte tour du monde, et lors dit à la dame : Madame, déçu m'avez, si vous ne demeurez avec moi; car nul n'a pouvoir de défaire cette tour, fors vous. - Bel ami, dit-elle, j'y serai souvent, et de ce lui tint-elle parole; car depuis ne faillit guère nuit et jour qu'elle n'y fût. Oncques depuis, Merlin ne sortit de cette tour où sa mie Viviane l'avait enclos, et Viviane regrettait souvent, car elle ne croyait mie que la chose qu'il lui avait apprise pût être vraie, et volontiers l'eût-elle mis dehors, si elle l'eût pu. " (Louis Désiré Véron, Revue de Paris).

Ce que les Triades galloises ignoraient, un romancier français du XIVème siècle, Robert de Borron a la prétention de nous l'apprendre: Merlin était enfermé dans un cercle magique tracé par Viviane au milieu de la forêt de Brocéliande " près de la fontaine de Barenton. Celle-ci était gardée par un géant toigours prêt à se ruer sur quiconque entrait dans ses domaines et puisait de Teau avec une corne ou une coupe suspendue à un arbre " ; traits qu'elle a de communs avec la fontaine de Tir-fa-thuinn et qui nous permettent d'indentifler ce pays transatlantique avec Brocéliande. La tradition galloise sur la Dame de la fontaine y qui no donne pas de nom à la seigneurie de celle-ci, dit qu'elle est située au-delà des déserts, à l'extrémité du monde La légende armoricaine au contraire a localisé la fontaine de Barenton dans la forêt de Brocéliande, qui dépendait de la seigneurie de Gaël, évêché de Saint-Malo, mais qui primitivement était peut-être identique avec l'île de Brazil ou Brassel. Or ces noms sont des formes anglaises du mot gaélique Breasal composé de breas grand et al prodigieux, de sorte que le Brazil cherché par les explorateurs de Bristol, au temps des Cabot, signifiait 1'î1e prodigieusement grande, dénomination qu'il faut rapprocher de celles de Traig mar, Tir mar (Grand rivage, grande terre) des légendes de Condla le Beau et d'Etain. D'autre part la fontaine de Barenton rappelle l'île de San Borandon, comme les Portugais des temps modernes nommaient l'île de Saint-Brendan ; la ressemblance de celle-ci avec celle-là ne consiste pas seulement dans le nom, elle s'étend aussi à la particularité qui les caractérisait toutes deux; on ne pouvait approcher de l'une ni de l'autre sans être assailli par une furieuse tempête. Bien que les documents gallois et armoricains se bornent à faire allusion à l'île et à la cité de verre, à Bersillant et à la fontaine de Barenton, c'en est assez pour indiquer qu'il y avait chez les Cymrys d'autres catégories de légendes sur les merveilles transatlantiques (E. Beauvois).

Barinthe/Barontus/Barandan/Borondon/Brandan

Selon la Vita Merlini, attribué à Geoffroy de Monmouth, après " la bataille de Camblan nous y avons conduit Arthur blessé, ayant pour pilote Barinthe qui connaissait la mer et les étoiles. A son arrivée le prince fut accueilli par Morgen avec l'honneur qu'il méritait ; elle le déposa dans sa chambre sur de riches tissus, découvrit la blessure d'une main délicate et l'examina attentivement : elle dit enfin qu'elle se chargeait de lui rendre la santé, s'il voulait rester avec elle le temps nécessaire et se soumettre au traitement. Pleins de joie nous lui avons confié le roi et nous avons profité du vent favorable pour notre retour. " (fr.wikipedia.org - Avalon).

Ce Barinthe entre en assonance avec Brandan, le saint fameux pour ces navigations.

On racontait que, vers le milieu du VIème siècle, un moine nommé Barontus, revenant de courir la mer, vint demander l'hospitalité au monastère de Cluainfert. L'abbé Brandan le pria de réjouir les frères par le récit des merveilles de Dieu qu'il avait vues dans la grande mer. Barontus leur révéla l'existence d'une île entourée de brouillards, où il avait laissé son disciple Mernoc : c'est la terre de Promission que Dieu réserve à ses saints. Brandan, avec dix-sept de ses religieux, voulut aller à la recherche de cette terre mystérieuse. Ils montèrent sur une barque de cuir, n'emportant pour toute provision qu'une outre de beurre pour graisser les peaux. Durant sept années, ils vécurent ainsi dans leur barque, abandonnant à Dieu la voile et le gouvernail, et ne s'arrêtant que pour célébrer les fêtes de Noël et de Pâques, sur le dos du roi des poissons, Jasconius (Francisque-Michel, Saint Brandan à la recherche du Paradis terrestre, d'après le Manuscrit du Musée Britannique).

Né en 484 à Munster en Irlande, baptisé par l'évêque Erec, disciple de saint Finian et de saint Gildas, il se prépare à la vie monastique à l'abbaye de Llancarfan, dans le royaume de Gwent, auprès de clercs qui lui enseignent le latin, le grec, la littérature, les mathématiques, l'astronomie et la médecine. Il évangélise la région de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) au début du Ve siècle après un séjour en Cambrie (pays de Galles). Saint Malo, fils du comte Guen et de Dervelé, devient son élève. D'après le récit médiéval du X ou XIème siècle, "Navigatio Sancti Brendani abbatis", Saint Brendan aurait effectué deux longs voyages en mer, sur des navires de type ponto. Le premier vers 530 l'aurait conduit vers les îles Fortunées (îles Canaries) où il est appelé Borondon ou Barandan ; le second voyage, plus tardif, vers 544-545, l'aurait conduit, selon la saga irlandaise, vers l'archipel des Açores et peut-être même les Antilles qu'il aurait comparées au Paradis.

À l'estuaire de la Rance, il fonde un couvent à Aleth (à côté de Saint-Malo). En 561, il retourne en Irlande où il fonde le monastère de Clonfert dans le comté de Galway. Il meurt entre 574 et 578 auprès de sa soeur cadette abbesse fondatrice d'Enach Dvin. Après avoir d'abord condamné Brendan de Clonfert, le Pape Zacharie le canonisa en 1243, fixant sa fête au 16 mai (es.wikipedia.org - Brandan, es.wikipedia.org - Isla de San Borondon).

La première mention de l'île d'Avallon apparaît sous la forme latine " insula Avallonis " dans l'Historia Regum Britanniae écrite entre 1135 et 1138 par Geoffroy de Monmouth. L'auteur nous dit qu'après la bataille de Camblan où Arthur fut mortellement blessé en combattant Mordret, le roi de Bretagne fut conduit sur cette île. En 1155, le poète anglo-normand Robert Wace offre une adaptation de l'Historia et reprend le motif consacré par Geoffroy de Monmouth : " en Avalon se fist porter Por ses plaies mediciner ". Dans certains manuscrits de l'Historia comme dans le Brut, c'est aussi sur cette île que fut forgée l'épée Excalibur : " En l'ile d'Avalon fu faite ".

Entre temps, en 1149, fut publiée la Vita Merlini, ou Vie de Merlin. Ce manuscrit est aussi attribué à Geoffroy de Monmouth bien que Merlin y prenne un caractère fort différent de celui que possédait le célèbre personnage lorsqu'introduit par Geoffroy dans l'Historia. Par contre l'auteur de la Vita y décrit toujours l'île d'Avallon comme étant le lieu où fut conduit Arthur après la bataille de Camblan. Notons cependant que le nom Avallon n'y apparaît pas. L'auteur préférant parler de " " l'île des pommiers, appelée Ile Fortunée, parce que ses campagnes pour être fertiles n'ont pas besoin d'être sillonnées par le soc du laboureur ; sans culture et tout naturellement, elle produit de fécondes moissons, des raisins et des pommes sur ses arbres non taillés ; au lieu d'herbes son sol est couvert de toutes sortes de récoltes. On y vit plus de cent ans ". Ce nom d'île fortunée donné à Avalon est probablement emprunté à Isidore de Séville (VIème siècle) lorsqu'il décrit les îles Canaries, ou directement à Pomponius Mela (1er siècle après J.C.) lorsque ce dernier évoque " les îles Fortunées, où la terre produit sans culture des fruits sans cesse renaissants, et où les habitants, exempts d'inquiétude, coulent des jours plus heureux que dans les villes les plus florissantes ". Dans la Vita Merlini, l'auteur décrit aussi les fameuses habitantes de l'île d'Avallon, à l'exemple de Pomponius Mela et ses 9 prêtresses de l'île de Sein : " Neuf sœurs y soumettent à la loi du plaisir ceux qui vont de nos parages dans leur demeure ; la première excelle dans l'art de guérir et surpasse les autres en beauté ; Morgen, comme on l'appelle, enseigne ce que chaque plante a de vertus pour la guérison des maladies ; elle sait aussi changer de forme et, comme un nouveau Dédale, fendre l'air avec ses ailes et se transporter à Brest, à Chartres, à Paris, ou bien redescendre sur nos côtes. On dit qu'elle a enseigné les mathématiques à ses sœurs Moronœ, Mazœ, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronœ, Thiton et Tith[en], la célèbre musicienne " (fr.wikipedia.org - Avalon).

A côté de Quintin, se trouve justement le village de Saint-Brandan dont une fontaine appelé Notre-Dame-de-la-Délivrance (délivrance de Merlin ?) porte aussi le nom de Saint-Brandan. On venait invoquer saint Brandan contre la fièvre et les maux de tête à la fontaine éponyme de Botsorhel.

La paroisse actuelle de Notre-Dame-de-Délivrance comprenant Quintin, compte neuf communes.

sites.google.com/site/ndquintin

La Chronique de Saint-Brieuc, ville située dans le cercle de Ploufragan, mêle la culture celtique aux traditions littéraires gréco-latines, l'histoire à l'imaginaire, l'Enéide latine au cycle celtique de Merlin, le christianisme à tout ce qui l'a précédé. Signe des temps, la Chronique de Saint- Brieuc à l'orée du XVe siècle (1400) développe ses interprétations des Prophéties de Merlin avec de vigoureuses revendications à l'encontre... des Grands-Bretons, les Anglais (Hervé-Marie Catta, Le Christianisme et la Culture Celte).

Du neuf

Le 21 mars 1832, un laboureur du hameau de Hentguer, Jean-Marie Bonny, découvre dans un champ appelé les Longrais, près du hameau du Collédoc, commune du Vieux-Bourg-Quintin (Côtes-du-Nord), un trésor, au pied " d'un monument druidique ", enfoui sous un rocher à 20 centimètres du sol. Ce trésor comprend douze objets de parure, en or; le lot entier pèse 8 kilos 018. L'ensemble est acheté pan un horloger de Rennes, M. Bohard jeune, habitant 5, rue de Clisson. Désirant revendre ces objets, l'acquéreur adresse immédiatement aux savants qu'il connaît une lettre accompagnée d'une notice et d'une planche qui donne la reproduction des 12 objets du dépôt : savoir 9 torques en or massif ouverts et 3 bracelets également massifs, ouverts. Les colliers sont de formes cylindracées, ouverts en arrière, revêtus de quelques ornements présentant en général une spirale, des dentelures ou des zigzags opposés en sens inverses. Le travail en était assez grossier et paraissait comme fait a la lime. Ces colliers n'étaient pas tous d'une même dimension ni d'un môme poids (Louis Marsille, Le Dépôt d'objets d'or du Collédoc).

Le territoire du Vieux-Bourg possède un important ensemble de mégalithes datant de la fin du IVème millénaire av. J.-C. Cette première trace d'occupation néolithique trouve sa continuité avec l'arrivée des Celtes, qui, dès l'âge du cuivre et l'âge du bronze, établissent un culte druidique qui perdure jusqu'à l'arrivée des Bretons aux Vème-VIIème siècles. La présence de pierres brûlées et de scories sur le site du cimetière, ainsi que des vestiges d'habitat, attestent une occupation romaine de l'endroit. C'est au Vieux-Bourg que revient initialement le nom de Quintin, dont il se départit au XVème siècle en devenant Bourg-Quintin puis, au XVIème siècle, Le Vieux-Bourg de Quintin, à mesure que Le Château-Neuf-de-Quintin prend de l'importance.

Le seul manuscrit complet connu du célèbre Manifeste du surréalisme, écrit sur vingt et une pages en 1924 par l'écrivain français André Breton, qui y développe les principes d'un des mouvements artistiques les plus importants du XXe siècle et ayant servi à l'impression de cet ouvrage dans lequel André Breton définit ce qu'est cet " automatisme psychique pur " à la base du surréalisme, sera proposé aux enchères mercredi 21 mai, chez Sotheby's à Paris. On ne connaît, à ce jour, qu'un seul jeu d'épreuves corrigées, conservé aujourd'hui dans la bibliothèque bien connue du collectionneur Paul Destribats. Le manuscrit définitif de Poisson soluble, la plus grande expérience d'écriture automatique d'André Breton suit dans la vente. Cette mise en œuvre des idées du poète fut publiée en 1924 dans le même volume que le Manifeste. Ensuite sept cahiers d'écolier offerts par l'écrivain à son épouse apportant des variantes à la version définitive. Un total de neuf manuscrits, présentés pour la première fois sur le marché dans le cadre d'une vente plus globale, offerts par André Breton à son épouse (1897-1980), première épouse d'André Breton, Simone Kahn, qu'il rencontra le 30 mai 1920 au jardin du Luxembourg. Ils se marièrent l'année suivante, le 15 septembre 1921, pour emménager 42, rue Fontaine, dans le IXe arrondissement, de 1921 à 1931. A l'issue d'une véritable bataille d'enchères, cet ensemble, mis en vente par les enfants de Simone, a été acquis par le collectionneur français Gérard Lhéritier, fondateur du Musée des lettres et manuscrits à Paris.

Christian Prigent évoque les rapports de Breton avec la Bretagne dans un article fondamental de l'Histoire Littéraire et Culturelle de la Bretagne (éd. Champion-Slatkine, 1987, tome III). Il y rappelle que Breton a passé les quatre premières années de sa vie à Ploufragan, près de Saint-Brieuc, et que quelques réminiscences de ce séjour apparaissent dans Les Champs magnétiques (www.skoluhelarvro.org).

Le retour d'Arthur et la Délivrance de Merlin

S'il y a eu un retour d'Arthur, c'est donc dans la littérature avec Geoffroy de Monmouth, Robert Wace, Chrétien de Troyes qui ouvre le chemin à la mythologie du Graal poursuivie par Robert de Boron et d'autres.

Dans la geste des Bretuns, "titre" que Wace donne dans l'épilogue à sa chronique, le nom d'Hélène est distribué entre deux personnages : la mère de l'empereur Constantin, la sainte Hélène de la tradition chrétienne, et la nièce du roi Hoël de Petite-Bretagne, la jeune fille victime de l'ardeur sexuelle du géant du Mont Saint- Michel. La première Hélène, qui apparaît au vers 5605, est la fille de Choël, comte de Colchester, devenu roi d'Angleterre. Fille unique de Choël et héritière potentielle du trône, elle a reçu de ce fait une éducation très complète qui fait d'elle l'une des grandes figures civilisatrices (la seule figure féminine) évoquées par Wace dans la longue procession des rois de Bretagne.

Par son mariage et à travers son fils Constantin, Hélène la "Bretonne" établit ainsi, dans l'égalité et l'amour, une alliance entre la Grande-Bretagne et Rome ou plus exactement Constantinople puisque c'est là le siège historique de l'empire de Constantin à partir der 330. Mais cette Hélène est aussi ou devient sainte Hélène, celle qui, à Jérusalem, "invente" la sainte Croix et la fait transporter à Constantinople, celle grâce à qui l'empire de Rome se range définitivement sous le signe de la Croix et sous la loi chrétienne.

Wace sans doute n'invente pas l'origine bretonne d'Hélène ni la filiation "bretonne" de Constantin. Parmi les traditions plurielles qui existent au Moyen Age sur l'origine d'Hélène et son statut social, il choisit, comme le lui suggère déjà sa source, l'Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth (1), celle qui peut le mieux flatter son public, la cour anglo-normande des Plantagenêt. Il n'innove guère, non plus, en rapportant la légende de l'Invention de la Croix puisque aussi bien cette légende est fort répandue au XIIe siècle, même si Geoffroy ne la mentionne pas. Mais en faisant de (sainte) Hélène une bretonne qui a su allier les prestiges de la clergie à la puissance impériale et accéder à la sainteté, Wace amorce discrètement un un thème qu'il orchestrera plus avant dans le récit, avec la figure souveraine de son héros, Arthur : les légitimes prétentions des rois " bretons " à l'empire Rome et le rôle décisif joué jadis par la nation bretonne, par l'une de ses "filles", dans la christianisation du monde.

Dans la suite de la chronique en effet, lorsque les Romains envoient à Arthur une ambassade pour le sommer de leur rendre de nouveau tribut et de leur restituer la Gaule dont il se serait indûment emparé, c'est au nom d'Hélène et de la filiation qu'elle a inaugurée qu'Arthur relève le défi de l'empereur de Rome. Réunissant ses barons dans la Tour Gigantine, nom dans lequel résonne le geste fondateur de Brutus, le héros civilisateur, libérant l'île des géants qui l'occupaient, Arthur rappelle dans un long discours ses droits à l'empire. Si Rome a imposé tribut à la Bretagne, à plusieurs reprises elle a été elle-même soumise à la domination bretonne. Brennus et Bélin ont pu, jadis, s'en emparer et la cité a été également, et de manière légitime, le fief propre de Constantin, le fils d'Hélène, puis de Maximien, l'un de ses "neveux".

Rien ne s'oppose donc, en droit, à la (re)prise de l'empire romain par Arthur. Il se doit d'inscrire dans les faits, comme le lui rappelle son oncle Hoël, la prophétie de la Sibylle selon laquelle il sera le troisième maître de Rome après Bélin et Constantin.

Le premier épisode de la marche d'Arthur sur Rome est, chez Geoffroy puis chez Wace, le terrible combat qu'il livre contre le géant du Mont Saint-Michel pour venger la mort d'une autre Hélène, la nièce du roi Hoël.

Cet épisode a sans doute comme fonction première d'expliquer l'origine d'un nom de lieu, le rocher de Tombelaine, situé près du Mont Saint- Michel.

Wace est par ailleurs coutumier de ces développements sur l'étymologie des noms, sur les transformations qu'ils ont subies et dont il importe de remonter le pour retrouver le nom originel et le sens d'une histoire. Dans le nom de Londres résonne encore, pour qui sait déjouer l'opacité de la lettre et les caprices des changements phonétiques, le nom de Troie, la Troie nove que Brutus a décidé, jadis, de reconstruire... Mais ne peut-on également supposer que, par ce combat terrible livré au nom d'Hélène, Arthur inaugure sa marche vers l'Est en renouvelant le geste de Brutus en mettant une nouvelle fois à mort le géant, l'être en qui le texte arthurien projette son horreur fascinée de la barbarie, d'un monde ignorant tout ce qui fonde et cimente une société humaine et que réinvente un peu en vrac le début du Brut : la fondation de villes et de bourgs, la construction de maisons, les semailles et les moissons et surtout l'imposition de preceps e de leis destinés à maintenir la paix et la concorde (Emmanuèle Baumgartner, Sainte(s) Hélène(s) in Femmes, mariages-lignages: XIIème-XIVème siècles).

La seule Sibylle attestée à ma connaissance dans le cercle templier de Ploufragan est celle du Musée d'art et d'histoire des Côtes-d'Armor à Saint-Brieuc d'origine et de datation inconnues, peinture à l'huile sur bois. On compte près de 70 représentations des Sibylles en Finistère.

L'esprit prophétique de Merlin est passé en Joachim de Flore qui irrigue l'espérance en un autre monde avec sa théorie des trois âges dont le dernier n'en finit pas d'arriver. Merlin, Joachim et la Sibylle ont une postérité en Italie particulièrement avec les Franciscains et les plus radicaux d'entre eux, les Spirituels (Petit calendrier nonagonal).