Partie XVI - Darmstadt   La piste Darmstadtienne   Martinès de Pasqually et l’Atlantide   
DARMSTADT MARTINES PASQUALLY ATLANTIDE HAITI REINTEGRATION

Martinès de Pasqually, mort en Haïti, et sa postérité

Martinès de Pasqually [...] fonde un système dit des « Elus Coëns » comportant de nombreux emprunts aux doctrines rosicruciennes. Il s'efforce, sans succès, de s'implanter dans la région toulousaine en 1760, moment de la première envolée des loges provinciales. En 1761 il reçoit un meilleur accueil à Foix, à la loge « Josué » puis vient à Bordeaux où, il est reçu à la loge « La Française ». En 1772, il ouvre un temple particulier au sein de cette dernière. Son système pend place, dès lors, dans l'univers varié des ordres maçonniques. En 1766, il est à Paris où il initie le soyeux lyonnais Jean-Baptiste Willermoz. Il revient à Bordeaux en juin 1767 d'où il s'embarque en 1772, dans le but de recueillir un héritage, pour Saint Domingue où il mourra en 1774 à Port-au-Prince le 20 septembre 1774 [20 septembre comme la bataille de Valmy]. En gros, le martinisme repose sur l'idée que l'homme a été Dieu et qu'il a cessé de l'être à la chute d'Adam mais il le redeviendra lors sa réintégration. En attendant celle-ci, l'initie se concilie les puissances célestes par des opérations magiques. C'est le processus théurgique, qu'il pratique individuellement à des dates déterminées, en la présence des anges. La progression individuelle n'est donc pas fonction de la fraternité maçonnique comme il en va dans le système andersonien. Claude de Saint Martin et Jean-Baptiste Willermoz seront les continuateurs de Martinès de Pasqually après la mort du Maître. Toutefois Claude Saint Martin christianise la doctrine martiniste remplaçant les pratiques magiques par un travail de l'homme sur lui-même à un triple niveau : connaissance, amour et utilisation de ses forces intérieures, imagination, paroles et gestes. Là aussi, l'individualisme règne en maître. Toute autre sera la voie suivie par Jean-Baptiste Willermoz [...] Catholique fervent, dévôt ouvert à la croyance, aux miracles, il se demande si la destination supérieure de la maçonnerie ne se situerait pas dans cette voie. C'est ce qui le conduit à se faire initier par Martinés de Pasqually qui le convainc que la rencontre de Claude de Saint Martin le libèrera définitivement de ses angoisses. Il reste cependant que Willermoz hésite encore entre le choix de la voie du spiritualisme ou celle de la Maçonnerie officielle dont le duc d'Orléans prend la tête du Grand Orient de France au sommet d'une réorganisation remarquable de l'Ordre maçonnique. [...] Willermoz prend en contact avec le baron von Hund de la Stricte Observance. Le Convent des Gaules réunit en 1778 les directoires Templiers d'Auvergne (Lyon), d'Occitanie (Bordeaux) et de Bourgogne (Strasbourg), créés en 1773, pour réviser la structure de la Stricte Observance et élabore un rite maçonnique particulier expurgé des relent de vengeance templière au bénéfice de contenus gnostiques s'épanouissant en un grade supérieur chevalersque puis qu'il porte le nom de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte. Le modèle triomphe au Convent de Wilhelmsbad en 1782. Ainsi naîtra le Rite Ecossais Rectifié (José Orval, Une histoire humaine de la Franc-Maçonnerie spéculative, 2006 - books.google.fr).

Le Pr Kloss résume, dans son histoire de la Franc-maçonnerie en France, en une phrase heureuse l'origine et la nature des deux professions : « Quand Willermoz modifia en 1778 au Convent de Lyon le Rituel de la Stricte Observance, il y ajouta les deux grades théosophiques de Chevalier Profès et Grand Profès dans lesquels étaient élaborées les idées de Martinez Pasqualis, mais purifiées et anoblies. La pierre de fond en était le Traité de la Réintégration. » Il paraît bien que les instructions des deux grades aient trouvé un accueil favorable : on trouve des Chevaliers Profès isolés, aussi bien que des collèges constitués de Grands Profès en plusieurs villes de France, d'Allemagne, de Suisse, d'Italie, de Danemark. [...]

Dans le collège de Strasbourg on comptait entre autres Jean de Turkheim, magistrat de la ville "Eq. Joannes a Flimine, Président du collège", Frédéric Rodolphe Saltzmann, conseiller de la légation de la 5ème cour ducale de Saxe-Cobourg Meiningen, " Eq. Rodolphus ab Hedera, dépositaire". [...] Dans le collège de Darmstadt, il y avait le prince héréditaire plus tard Grand-duc Louis II "Eq. a Leone Armato", le prince Chrétien "Eq. a cedro Libani", Andreas Schleiermacher, secrétaire privé du Grand-duc "Eq. a Stella Magorum"... [...]

En 1849, Kloss écrit qu'autant qu'il le savait il ne vivait alors à Darmstadt qu'un seul Grand Profès : Andreas Schleiermacher, et à Francfort seulement lui-même et le Pr Molitor. Il semble bien aussi qu'après la mort du Prince Chrétien (1830) la Grande Profession est entrée en décadence dans sa province. [...]

Le prince Chrétien avait le désir de pénétrer le mystère de l'initiation supérieure de Martinès durant un demi-siècle, de 1780 à sa mort. Il se procura un exemplaire du Traité de la Réintégration qui était celui de l'Elu Cohen Jean Frédéric Kuhn puis du Frère Tiemann, et les réponses des cathéchismes des grades d'apprenti à Grand Architecte par l'intermédiaire de Raimond, de Besançon. Il ne put obtenir la moindre information sur l'enseignement secret des Réaux de Willermoz et de son héritier spirituel Joseph du Pont. [...]

Le Traité fut étudié à fond par les groupes de Grands Profès de Darmstadt, Francfort et Strasbourg, et il motiva l'échange d'une correspondance suivie. Dans une lettre au Prince Chrétien, le major von Meyer écrit que Molitor lui a rapporté qu'un certain Hirschfeld « s'est mis en tête de vouloir rétablir l'Ordre des frères d'Asie. Les manuscrits qu'il possède doivent être fort intéressants, mais il ne les fait voir à personne... Hirschfeld prétend qu'une partie au moins sont les mêmes que Martines Pasqually a communiqués à ses disciples, mais que les siens sont plus corrects et que dans l'année 1790 ou 1791, en passant par Strasbourg, il l'avait prouvé à Saint-Martin » (Gérard van Rijnberk, Martines de Pasqually, 1982 - books.google.fr).

Une lettre de Salzmann (Lyon 5425 pièce 30) nous apprend que Jean de Turkheim (1749-1828), frère de Bernard-Frédéric (1752-1831), passait régulièrement l'hiver à Darmstadt et qu'il était un intermédiaire fort actif entre les Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte et les Frères allemands (René Le Forestier, La franc-maçonnerie templière et occultiste aux XVIIIe et XIXe siècles, 1970 - books.google.fr).

Un proche du futur duc d'Orléans, duc de Chartres, est Jean-Jacques Bacon de La Chevalerie, un des fondateurs du Grand Orient comme député des loges bordelaises de l'Amitié et de La Française, mais aussi déclaré Substitut universel et successeur désigné de Martinès de Pasqually, un des premiers dignitaires de l'ordre des Elus Cohens. Il était propriétaire d'une grande sucrerie à Saint Domingue avec Louis-Charles Mercier Dupaty de Clam membre, aussi des Elus Cohen à La Rochelle. Bacon était le chef des sécessionnistes blancs de Saint Domingue où le duc d'Orléans possédait des biens. Un autre proche du duc d'Orléans, secrétaire des ses commandements, Choderlos de Laclos, véritable tête pensante de son parti était membre de la loge L'Union du régiment de Toul et de La candeur à Paris (Autour de Rennes le Château : Superposition de dalles et Saint Sulpice).

La réintégration semble être au coeur du dispositf mis en place (depuis quand ?) dans les environs de Rennes le Château, comme en témoigne le "Fauteuil du diable" qui serait le "Trône de Satan". La Vie d'Adam et Eve, ensemble d'écrits juifs pseudépigraphes (avant le VIème siècle après J.-C.), raconte le retour du corps d'Adam à la terre : funérailles avec déplacement du créateur sur terre, promesse de résurrection et d'intronisation sur le trône du Diable et le retour de l'esprit à Dieu après un séjour intermédiaire au paradis où il est emmené par Michel dans l'attente du Jugement dernier (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Les Chartreux de la Loubatière et la réintégration, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram).

Une carte postale, que je viens récemment d’acquérir, semble faire peser la balance en faveur de ceux qui croient en l’antériorité de cette dénomination, plutôt qu'en l'invention opportune de Pierre Plantard et Gérard de Sède. Au dos d’une ancienne carte postale, la correspondance d’un curiste parle d’une excursion au Fauteuil du Diable, au cours de laquelle une curiste aurait perdu une partie précieuse d’un bracelet. Ce correspondant écrit bien les mots Fauteuil du Diable. Même si ce texte n’est pas daté, au vu de la carte postale, on peut déterminer qu’il fut écrit entre 1920 et 1935 ou avant la guerre de 14-18 (Michel Vallet, Sergent Poivre, « Fauteuil du Diable », antériorité du nom, 2016 - tresor-rennes-le-chateau.net).

Saint Domingue ou l'Atlantide

Paul Felix Cabrera was an 18th century Guatemalan doctor who proposed in 1796 that Hispaniola was the site of Atlantis and that the Phoenicians had settled the Caribbean and Mesoamerica. He proposed that the ruins at Palenque are support for this assertion.

Hispaniola is the second largest island in the West Indies, containing Haiti and the Dominican Republic. Before Columbus, Hispaniola was known by the locals as Quisqueya, Mother of the Lands. In 1794 a Guatemalan doctor and scholar, Paul Felix Cabrera, proposed that Hispaniola was Atlantis as well as a mysterious Atlantic island called Septimania. However, his theories, although revolutionary, were flawed by political bias against neighbouring Cuba. In the mid-19th century Charles Etienne Brasseur de Bourbourg was another who proposed that Hispaniola was in fact a remnant of Plato’s Atlantis. He believed that this vast peninsula extended to the vicinity of the Canaries. This idea was based on his own, largely incorrect, interpretation of Mayan glyphs. Brasseur was probably the first to suggest the possibility that some form of Pole Shift led to the destruction of Atlantis. Charles Etienne Brasseur de Bourbourg (1814-1874) was born in Bourbourg, near Dunkirk, France. He entered the priesthood and in 1845 he left for Canada and was for a short time professor of ecclesiastical history at Quebec. He worked as a missionary in Mexico and Central America where he developed an intense interest in the native South Americans and their origins.

In 1885 the American historian, Hyde Clarke, also suggested Hispaniola as a possible location (atlantipedia.ie, Darmstadt : La piste Darmstadtienne : Atlantide et langage).

Carte d'Hispaniola - pirates.missiledine.com

Saint Martin, disciple de Martinès, et l'Atlantide

Peut-on parler d'une écriture utopique, c'est-à-dire de procédés spécifiques du genre ? C'est ce que se demande M. Jean Roussel dans 'Esotérisme et utopie: L.-C. de Saint-Martin'. Pour le philosophe inconnu, on le sait, la Révolution a pris le sens d'un événement providentiel, à la fois purification nécessaire et préfiguration du jugement dernier. Le Crocodile, écrit en 1792, publié en 1799, se définit comme un 'poème épico-magique' relatant la guerre du bien et du mal sous le règne de Louis XV, où la disette, la révolte et le pillage sont mis en parallèle avec la crise des subsistances de l'an III. Dans une vision fantasmatique des conflits historiques transposés en symboles, se révèle le monde souterrain de la Bête, à l'intérieur de laquelle se découvre Atlante, la ville morte. Hommage à Martinez de Pasqually, le Crocodile s'inspire des thèses du Traité de la réintégration. L'hiérophante Eléazar enseigne l'espoir de la Cité céleste et l'avènement de la vraie science libérée de ces doctrines impies que sont philosophisme, naturalisme, sensualisme et athéisme. Selon M. Roussel s'élabore ici 'une certaine écriture utopique' réalisée par le burlesque, les disparates, le comique obtenu par les invraisemblances, les comparaisons faussement épiques, l'accumulation des catastrophes. L'ironie dans le symbolisme la veine lucianesque et rabelaisienne, estime M. Roussel qui rejoint ainsi M. Haac, sont des éléments constitutifs de l'utopie. L'ésotérisme y contribue, en décrivant, selon un schéma initiatique, la descente des héros dans les profondeurs: ici apparaît, conclut l'auteur, 'l'esprit de l'utopie' selon E. Bloch et s'effectue 'la rencontre de l'esprit utopique et de la mystique'. Personnellement - mais nous aurons l'occasion d'y revenir - le Crocodile me paraîtrait relever davantage de l'allégorie et du fantastique que de l'utopie proprement dite. Dans la mesure même où ce texte est millénariste, il échappe à la construction humaine représentée par l'utopie: comme le règne de l'Evangile éternel autrefois prêché par Joachim de Fiore, la réintégration est au bout d'une attente et d'une purification, le but est le royaume céleste, non la cité idéale. C'est pourquoi je verrais plutôt le Crocodile comme un chaînon entre le conte fantastique et les grandes épopées de la rédemption qui naîtront au dix-neuvième siècle. De telles analyses nous le rappellent opportunément, l'utopie est aussi un texte à scruter dans son fonctionnement et ses moyens (R. Trousson, Orientations et problèmes de l'utopie au siècle des Lumières : rapport de synthèse, Compte Rendu du Congrès International sur Le Siècle Des Lumières, Numéro 5, Partie 2, 1980 - books.google.fr).

Le crocodile peut passer pour un dragon comme à Oiron, domaine des Gouffier, où le psaume 90 [91] joue son rôle (Thèmes : Oiron : Le mythe d'Orion et l'Oiseleur).

Il ne s'agit pas en fait d'Atlante mais d'Atalante. Confusion qui peut se comprendre à la lumière de l'étymologie grecque :

On ne voit certes pas de rapports entre l'histoire de cette héroïne et celle de l'Atlantide. Ils existent pourtant, mais sont discrets. En effet, d'une part, Hésiode qualifie un héros, Alkaios, de mestôr atalantos : or, atalantos est le masculin d'atalantê, et mestôr est un terme utilisé par Platon pour désigner d'un des dix premiers rois de l'Atlantide. D'autre part, selon plusieurs auteurs, Atalantè se rattache à la famille royale d'Orchomène (elle est fille de la Minuade Kluménè, selon Apollodore ; ou de Skhoineus, fils d'Athamas, selon Hésiode, dont on verra précisément dont on verra précisément que c'est en elle que Platon a le plus abondamment puisé pour forger sa propre généalogie des tout premiers habitants de l'Atlantide. Et, puis il a pu être montré que ce mythe de la course d'Atalantè est l'exact inverse du mythe de Pélops, lequel est (est-ce un hasard ?) le fils de Tantalos. Par ailleurs, il est fort curieux qu'un événement historique (et géologique), que connaissait nécessairement Platon, ait été l'effondrement partiel d'une île proche de la Grèce et nommée précisément Atalantê : Thucydide, contemporain de l'événement (F. Schühtein le date de l'été - 426), l'expose ainsi : « Dans l'île d'Atalantè aussi, au voisinage des Locriens d'Opous, il y eut un raz de marée analogue [à celui qui toucha Orobiai en Eubée], qui entama le fort athénien et fracassa l'un des deux navires qu'on avait tirés à terre » ; selon le récit plus détaillé de Strabon, « en plein milieu d'Atalantè, île proche de l'Eubée, une déchirure se produisit dans le sol, assez large pour livrer passage à des navires ; une partie de la plaine sur une distance de vingt stades fut inondée, et une trière qui se trouvait dans les hangars maritimes fut soulevée et passa par dessus le mur ». Né en - 428, Platon aurait eu deux ans au moment de cette catastrophe, qui a marqué, on le voit par Thucydide, la mémoire athénienne . Il est certes curieux que l'île qui disparaît partiellement en 426 ait précisément eu un nom issu de la même racine du verbe tlaô qu'Atlas et Tantalos. Si, comme je l'expose ici, le mythe d'ensevelissement/submersion lié à des noms propres formés sur ce verbe est antérieur à Platon et remonte à la plus haute Antiquité, ne serait-il pas possible que l'île Atalantè ait reçu ce nom précisément parce qu'elle était instable - voire qu'elle ait été nommée a posteriori, après la catastrophe qui la vit se scinder ? (Bernard Sergent, Luc Brisson, L'Atlantide et la mythologie grecque, 2006 - books.google.fr).

Saint-Martin s'est plaint longtemps de son peu d'astral ou de son défaut de sidérique car il était privé d'efficacité magique lors des séances organisées par les Elus-Coëns autour de Martinès de Pasqually : inapte au contact avec les astres, inopérant dans les rapports avec les êtres célestes ; il a d'emblée reconnu là une tare (imposée par Dieu), quelque chose comme un manque de rayonnement, de magnétisme et de réceptivité psychosensorielle. Puis, à mesure qu'il se découvrait davantage doué dans l'ordre de l'intelligence, la frustration est devenue fierté : après tout, un transparent trop dense pouvait virer au translucide, l'épaisseur même et la virulence des facultés médiumniques formant écran à la lumière divine. De là chez lui une évolution, de la carence du faire spirituel (le Thun de Böhme) à la satisfaction non déguisée de n'être « posté » qu'aux deux extrêmes, le divin et le terrestre ; de là la découverte d'un chemin de l'initiation intérieure qu'il opposera avec une fermeté croissante aux illuminations lestées de spagyrie, d'alchimie en voie externe et a fortiori de magie opérative. Raison pour laquelle ses ennemis étaient tout autant les llluminés de toute obédience que les Philosophes patentés. Source aussi d'une sagesse : certes, il existe une corporéité glorieuse, celle d'Adam (qui par sa Faute nous en a dépossédés), mais cela concerne l'existence posthume, vivons d'abord et mourons après avoir le plus possible désiré la Vérité, - d'une passion qui, on le verra, est déjà connaissance. Tout ne va pourtant pas sans problèmes. Composé d'une pensée qui ouvre sur le Pur Esprit et d'un corps branché sur l'opaque matérialité, l'homme est condamné aux demi-mesures, aux compromis ou compromissions : à la voie médiane et médiatrice. Voie détestable, voie détestée. C'est pourquoi il fallait qu'il y eût deux rédacteurs à la Réponse : l'un des deux assume à lui seul, de façon détournée, le poids symbolique de la médiation. Car le psychographe, dans le pays magique d'Atalante, incarne un être entièrement constitué d'astral, capable d'imprimer son discours sans recourir à main ni machine, et capable de prophétiser, voire d'anticiper ; il est sous-entendu qu'affranchi du corporel il peut maîtriser ou mépriser (ici cela revient au même) l'espace et le temps. Mais en revanche, il faut le supposer trop passif pour être un être « de désir » : il a dû lire le texte qu'il produit à l'avance dans la pensée future de l'homme de désir actif qui méritera le nom d' « auteur véritable ». Ce qui nous conduit à nous interroger sur une différence de terminologie (Revue des sciences humaines, Numéros 173 à 179, 1979 - books.google.fr, Louis Claude de Saint Martin, Le Crocodile, ou la Guerre du bien et du mal, arrivée sous le règne de Louis XV; poème épiquomagique en 102 chants, 1799 - books.google.fr).

L'Atlantide dans La Vraie Langue celtique : page 90

Hercule avait promis à Eurysthée, roi de Mycènes, de lui apporter les pommes d'or du jardin des Hespérides. Il se transporta dans la Mauritanie, au milieu des Atlantides, tua le dragon et, s'emparant des pommes d'or, il revint triomphant les offrir à Eurysthée. (VLC, p. 90)

...[En se plaçant sur le chemin conduisant à] Sougraignes, l'oeil distingue aisément la structure de toutes ses parties. Tout à fait dans le haut, directement au-dessus du dolmen, une roche de la crête porte une croix grecque gravée dans la pierre : c'est la plus grande de toutes celles qu’il nous a été donné de reconnaître. En se rapprochant de l'ancien chemin de Bugarach, à la même hauteur que celle du dolmen, une roche énorme est ornée d'une pierre assez forte présentant la forme ronde du pain. (VLC, p. 245 = 90+155)

Sougraigne et Bugarach sont donc associés au dragon des Hespérides de la page 90. C'est ce dragon qui fut placé dans le ciel étoilé comme constellation qui enserre la Petite Ourse et qui se trouve tracé sur la carte de l'Aude en rapport avec la Grande Ourse en passant par les communes de Rennes-le-Château, Rennes-les-Bains, Sougraigne et de Bugarach, Brennac etc. (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre IV - Ps. 90 - books.google.fr, Autour de Rennes le Château : Rennes les Bains, la Petite Ourse et le Dragon).

Psaume 90 et rosicrucisme

On se rend compte, rapidement, que le « décor » de l'utopie se donne comme un réseau de symboles, qu'il s'agisse du plan de la cité dans l'œuvre de Campanella, des chérubins ailés présents sur le sceau du parchemin qui accueille les voyageurs de La Nouvelle Atlantide [de Francis Bacon] et qu'on retrouve sur le carrosse du Père de la Maison de Salomon, ou encore de l'absence de de clefs et verrous sur les portes de la cité imaginée par T. More (Christian Dours, Personne, personnage: les fictions de l'identité personnelle, 2003 - books.google.fr).

"SUB UMBRA ALARUM TUARUM JEHOVA" est une citation des psaumes 17 [16],8; 91 [90],4 qui se retrouve à la fin de la Fama Fraternitatis, texte fondateur de la légende des Rose-Croix, écrit par Johann Valentin Andreae, et publié à Cassel en Hesse en 1614.

J'ai eu l'occasion de montrer ailleurs à quel point toute la littérature anglaise, à la fin du XVIe et durant le premier quart du XVIIe siècle, est chargée d'influences occultistes, ésotériques. J'ai relevé chez Lyly l'influence évidente de l'abbé Trithème et de sa Stéganographie, chez Heywood une version admirable du schème d'initiation développé avant lui par Spenser, puis par Andreas ; chez Shakespeare une version complète du mythe ésotérique du phénix tel — jusqu'aux formules — que le développera à la fin de sa vie Michael Maier. Ces incidences profondes m'ont permis d'établir un parallèle constant entre la métaphysique de la plupart des Élizabéthains et celle des doctrinaires de la Rose-Croix. Mais c'est un parallèle après coup : la majeure partie des œuvres élizabéthaines teintées d'ésotérisme et comportant l'emploi manifeste de thèmes, d'idées et de formules reprises par les docteurs de la Rose-croix 1614 sont antérieures à cette date, antérieures donc au mouvement Rose-Croix et inspirées par la même tradition que celui-ci. Ainsi rien d'étonnant à première vue de rencontrer dans l'œuvre la plus ésotérique de Bacon toujours préoccupé de métaphysique et physique cosmique, des identités ou des analogies avec la littérature rosicrucienne. Il faut ajouter que la date de la Nouvelle Atlantis la rapproche davantage encore du message Rose-Croix. Publiée en 1627, un an après la mort de Francis Bacon, cette utopie est en effet considérée, sur la foi de documents sûrs, comme ayant été écrite avant 1617. L'édition latine de la Fama date de 1615 ; mais les Noces chymiques paraissent en allemand en 1616, et Bacon n'a pu avoir directement accès à cet ouvrage. Se situant ainsi, semble-t-il, au moment le plus favorable du rosicrucisme, mettant l'accent sur le thème apocalyptique sur lequel les Élizabéthains insistent moins, la Nouvelle Atlantis pourrait bien refléter pour une part l'ambiance Rose-Croix. Mais c'est tout. Bacon, pas plus que Fludd ou que Maier n'a été « affilié » à la « Fraternité», pour la bonne raison qu'elle n'existait pas. Et il a puisé dans la même tradition que les rédacteurs des manifestes (Paul Arnold, Histoire des rose-croix et les origines de la franc-maçonnerie, 1955 - books.google.fr).

Ps. 90,3-4 : Car c’est lui qui te délivre du filet de l’oiseleur, de la peste et de ses ravages. Il te couvrira de ses plumes, et tu trouveras un refuge sous ses ailes ; sa fidélité est un bouclier et une cuirasse (fr.wikipedia.org - Psaume 91 (90)).

Ps. 91 : 1, 4 : « Toi qui demeures dans le secret d'Elyôn qui passe la nuit à l'ombre de Sadday, dis à Yahweh : mon abri et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie. Car c'est lui qui te délivrera du filet de l'oiseleur, du fléau des malheurs, de son plumage il te couvrira et sous ses ailes tu te réfugieras. » Dans ce Psaume l'expression « à l'ombre de tes ailes » n'apparaît pas ; les motifs de l'ombre et des ailes sont séparés, le premier est mentionné au verset 2, le second au verset 4, on remarque en outre la succession d'Elyön, Sadday, Yahweh ; ces caractéristiques permettent de donner à ce psaume une place à part. L'énumération des trois noms divins laisse supposer que ces versets relatent une conversion à Yahweh ou une exhortation prononcée par un yahviste à l'adresse d'un fidèle d'Elyôn-Sadday, dieu de la Jérusalem jébuséenne ; nous aurions là un témoignage de la substitution de Yahweh aux divinités patriarcales (Ex. 6 : 3 ; cp. Deut. 32 : 8-9). Cette interprétation est extrêmement intéressante ; il faut cependant remarquer que l'ombre a ici le sens de protection, comme dans les autres textes de l'Ancien Testament lorsqu'elle est attribut divin nom divin Sadday est cité plusieurs fois à l'occasion de théophanies : dans le récit de la vision d'Ezéchiel, le bruit des ailes est pareil à la voix de Sadday, (1 : 24 et 10 : 5) ; Balaam est celui « qui voit la vision de Sadday », « qui sait la science d'El (Elyön), qui voit la vision de Sadday », (Nb. 24 : 4, 16). On peut inférer de Nb. 22 : 8 que ses prédictions sont consécutives à des révélations nocturnes (cp. LXX Es. 65 : 4). Notre texte fait bien allusion à une théophanie nocturne sous la protection de Sadday. Il semble que l'oracle du Ps. 91 soit lié au phénomène de l'incubation, connu dans l'Ancien Orient et dans l'Ancien Testament (I Sam. 3 : 2-15, 28 : 6 et I Rois 3 : 5-15). Plusieurs traits rendent probable l'identification du consultant à la personne royale, à laquelle est annoncé « le triomphe sur les ennemis de la nation ». La mention d'Elyön-Sadday-Yahweh montre comment ce dernier récapitule les anciens noms divins; le fait que des pratiques condamnées par la suite, soient mises sous le patronage de divinités patriarcales est vraisemblablement un écho des premiers temps de l'élaboration théologique d'Israël. La question se pose alors : dans quel environnement apparaissent les autres mentions des motifs de l'ombre et des ailes divines ? [Psaumes] 17 : 3, 15 ; 57 : 9 ; 63 : 7, constituent des allusions nettes à un séjour nocturne ; on peut y ajouter 36 : 5, si on admet un contraste sous-entendu avec le méchant qui « médite l'iniquité sur sa couche ». Le temple est vraisemblablement sous-entendu à 17 : 3, il est expressément mentionné à 36 : 9 ; 63 : 3. Ces constatations nous amènent à préciser le sens de l'expression « à l'ombre de tes ailes » ; celle-ci tire certainement son origine des des ailes des chérubins déployées au-dessus de l'arche, (Ex. 25 : 20 ; 37 : 9 ; I Rois 8 : 7 ; I Chr. 28 : 18), et décrit la protection divine qui est promise au fidèle lors d'un séjour nocturne au temple. On ne peut cependant la classer dans un seul registre de la lyrique vétérotestamentaire ; en réalité, le contexte de chacune de ses attestations invite à voir en cette formule un appel au secours (P. Bordreuil, A l'ombre d'Elohim, Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses, Volume 46, 1966 - books.google.fr).

Les lampes, notamment, présentent des sujets fréquemment en rapport avec des passages de l'Écriture sainte. Dès lors, il faut admettre que la même intention symbolique a présidé au choix du griffon isolé pour la décoration de notre lampe. Le monstre porte aussi dans sa bouche le fruit défendu, la pomme du péché; la croix ornée du monogramme, implantée sur sa tête, est bien une marque de la victoire du Christ; c'est le symbole du Sauveur triomphant. L'idée, sobrement exprimée ici, se retrouve plus complète et plus développée sur une série de lampes en terre cuite où le Christ est représenté debout, armé de la croix et écrasant le serpent, allusion au verset 13 du psaume 90. Trois exemplaires du même type sur lesquels la tête du griffon est surmontée, comme sur la lampe de Porto, d'une croix monogrammatique unie à l'Esprit saint sous l'image d'une colombe, sont conservés à Madrid, à Milan et au Musée Kircher. Le Musée du Vatican, le Musée de Cagliari, le Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg possèdent des exemplaires sans la colombe, où la tête de griffon est seulement surmontée de la croix; sur ceux du Vatican et de l'Ermitage, la croix est répétée de chaque côté du récipient, comme sur la lampe de Porto (Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1901 - books.google.fr).

Et croy que ces gryphons dont Hérodote, Pline, & Solin font mention, qui sont comme les geoliers des minières de montagnes Hiperborees, sont des Demons, lesquels empruntent ces formes hideuses, pour se rendre plus affreux & espouventables. Ainsi s'estoit transformé le Diable en dragon pour garder la toison d'or, au Royaume de Colchos, comme il fit aussi pour deffendre les pommes d'or des Hesperides Magiciennes, filles du Negromancien Atlas. Voyez misérables mortels, disoit le bon Sainct Hierosme, parlant de ces dragons archers de garde des thresors, quels sont les receveurs & gardiens des richesses que vous adorez (Florimond de Raemond, L'Anti-Christ, et l'Anti-papesse, 1613 - books.google.fr).

Florimond de Raemond, né en 1540 à Agen et mort en 17 novembre 1601 à Bordeaux, est un avocat français, contre-réformateur et historien. Il était un membre du parlement à Bordeaux. Il a écrit une histoire en plusieurs volumes de la France à partir d'un point de vue catholique (fr.wikipedia.org - Florimond de Raemond, Philippe Tamizey de Larroque, Essai sur la vie et les ouvrages de Florimond de Raymond, 1867 - books.google.fr).

A la page suivant 91 de La Vraie Langue celtique, on peut lire :

Les Numides virent plus tard une colonie de Phéniciens aborder sur leurs côtes et y fonder des établissements. La ville de Carthage y fut bâtie, 888 ans avant Jésus-Christ, par Didon, princesse tyrienne. (VLC, p. 91)

Qui fait suite à :

Les Atlantides, Libyes et Gaetules ont vécu avec les conquérants et sont devenus les Maures et les puissants Numides dont la cavalerie était si redoutée des Romains. (VLC, p. 91)

888 comme valeur isopséphique grecque du nom de Jésus ("IHSOU") est abordé par Florimond de Raemond (Florimond de Raemond, L'Anti-Christ, et l'Anti-papesse, 1613 - books.google.fr).

Dans la suite de Pasqually : les Chefdebien

Les Grands Profès de Strasbourg, Francfort, Darmstadt, et celui de Besançon entretenaient une correspondance suivie, mais ils s'occupaient moins d'étudier les instructions des deux grades secrets que de remonter à leur source, c'est-à-dire aux doctrines professées par Pasqually dans son traité et dans les grades particuliers de son Système occultiste. [...]

Le prince Christian de Hesse-Darmstadt, qui fut le promoteur de cette enquête, l'avait entreprise depuis longtemps il avait commencé ses recherches dès 1780 et, avec une belle persévérance, les continua jusqu'à sa mort, en 1830. Son attention avait été vraisemblablement attirée sur le maître des Elus Coens par les bruits qui couraient depuis le convent de Lyon sur le mystérieux personnage et sur ses disciples. Une lettre de Falke, Eq. a Rostro, adressé en 1779 à un Maçon de Francfort peut en donner un échantillon: «Martinez Pasquallis, Espagnol, prétend que les secrets qu'il possède lui viennent de sa famille qui en a le dépôt depuis trois cents ans, les ayant reçus de l'Inquisition, dont faisaient partie ses ancêtres. Il donnait son enseignement moyennant finances, mais ce qu'il avait gagné le matin, il le dépensait le soir avec des filles; c'était un débauché. Son député-maître, la Chevalerie, a quitté dans la suite l'association. Il emmena un jour un de ses Frères dans un b... et le poussa à commettre le péché d'adultère. Pasquallis lui écrivit de Bordeaux qu'il serait malade pendant quatorze mois et qu'aucun médecin ne pourrait le guérir; c'est ce qui arriva et il quitta l'association. Pasquallis tenait l'adultère et le meurtre pour les plus grands péchés». Si Falke rapportait pêle-mêle des racontars assez contradictoires, certains Frères allemands étaient mieux informés et ils connaissaient même l'histoire intérieure de l'Ordre Coen. Salzmann écrivait le 21 avril 1779 au sujet du baron de Waldenfels qu'il avait rencontré en Allemagne: «Il est parfaitement instruit de M. P., votre maître, et de ses disciples; il connaît même ceux qui en ont mal profité et qui sont retombés ou qui négligea (sic) la Chose comme la Chie (Bacon de la Chevalerie)». De son côté Plessen mandait à Willermoz le 30 novembre de la même année que Waldenfels et Charles de Hesse lui avaient déclaré savoir que le mystique lyonnais avait été «dans d'étroites relations avec le défunt Martin Pascal».

Le prince Christian de Hesse-Darmstadt avait essayé de se renseigner plus exactement en interrogeant Chefdebien; au cours d'un entretien qu'il avait eu en janvier 1782 à Strasbourg avec l'Eques a Capite Galeato, il lui avait demandé ce qu'il savait de «la secte du martinisme». D'après Chefdebien elle avait manifesté son existence en 1778 au convent de Lyon; elle avait été fondée par Dom Martinez de Pasqualis, qui prétendait avoir apporté d'Orient ses connaissances secrètes, mais on supposait qu'il les avait découvertes en Afrique. Pasqualis, étant sur le point de partir en voyage, avait choisi pour son successeur Bacon de la Chevalerie et désigné cinq supérieurs qui lui seraient subordonnés: Saint-Martin, Willermoz, de Serre, d'Hauterive et de Lusignan (René Le Forestier, Antoine Faivre, La franc-maçonnerie templière et occultiste aux XVIIIe et XIXe siècles, 1970 - books.google.fr).

C'est ce qu'écrit le Prince Chrétien de Hesse-Darmstadt dans son carnet de notes autographes. Ces renseignements lui ont été confiés par le marquis de Chef de Bien à Strasbourg en janvier 1782; le Prince Chrétien les a rédigés en allemand, puis les a plus tard résumés en français dans une communication qu'il fit au sénateur W. F. Metzler à Francfort.

Christian de Hesse-Darmstadt est né à Bouxwiller en Alsace, en 1763. Il est le plus jeune fils de Louis IX et de Caroline. Après des études à Strasbourg, il mène une carrière militaire dans l'armée néerlandaise combattant contre la France révolutionnaire; Il sera blessé à la bataille de Menen. Après la défaite hommandaise de 1795, il vit en exil en Angleterre puis reprend du service dans l'armée autrichienne. Retiré à Darmstatd à partir de 1799, il y décède en 1830. Il fut un franc-maçon très actif (en.wikipedia.org - Prince Christian of Hesse-Darmstadt).

Le fonds Du Bourg apportent quelques précisions sur l'organisation et les activités du temple des Elus Coëns de Toulouse. [...] Leurs « comités » et « conférences », de même que leurs entretiens particuliers et leurs méditations solitaires, étaient donc essentiellement consacrés à l'approfondissement de l'Ancien et du Nouveau Testament, du Traité de la réintégration des êtres de Pasqually. [...] Leurs confrères bordelais leur envoyèrent le 22 mars 1787 une instruction prescrivant notamment « la lecture de 100 et 150 fois du Traité du grand souverain de Pasqually, la copie de 20 et 30 fois de son susdit Traité ». [...] Quant aux bonnes œuvres, elles prenaient la forme de la charité envers les pauvres, qui absorbait le plus gros des ressources procurées au trésorier du temple, le négociant Marié, par les droits de réception et les cotisations de ses membres. Ceux-ci versaient en outre à l'abbé Fournie, ancien secrétaire de Martines et chef du temple de Bordeaux, une pension trimestrielle. Ils avaient en effet noué avec cet orient, dont le comte d'Hauterive souhaitait qu'il « ne fasse qu'un avec celui de Toulouse », des liens particulièrement étroits ; mais ils correspondaient également avec leurs confrères d'Avignon et de Lyon. La place centrale qu'ils occupaient au sein de l'ordre se manifestait encore par les visites que leur rendaient de nombreux initiés (le colonel de Grainville en 1776 et 1780, le frère Bénézet en 1780, le frère Dulac en 1782, l'abbé Rozier en en 1783, l'abbé Fournié en 1785, le prince Galitzine en 1786, le docteur Archbold en 1787), et des candidats à l'initiation comme le négociant bordelais Boyer, reçu par Mathias Du Bourg en août 1787. Le début de la Révolution n'interrompit pas leurs travaux, qui paraissent s'être poursuivis jusqu'au début de 1792. Mais les dernières lettres de l'abbé Fournié au conseiller Du Bourg, datées du 4 novembre 1791 et du 4 janvier 1792, font allusion à une « scission » et à des abandons qui entraînèrent alors la fermeture, sans doute définitive, du temple de Toulouse. Onze ans auparavant, Saint-Martin écrivait pourtant à la présidente Du Bourg : « Avec la connaissance que j'ai des différents membres qui le composent, je ne serai jamais surpris des succès et je le serais plutôt qu'il n'y en eût pas. » De ces membres, on ne possédait jusqu'à présent qu'une liste douteuse, où la plupart des noms sont grossièrement déformés, découverte par Gérard Van Rijnberk dans les papiers d'un dignitaire de l'ordre de la Stricte Observance, le prince Chrétien de Hesse-Darmstadt. [...] Cette liste a pu être transmise au prince Charles de Hesse-Cassel en février 1781 par Willermoz, ou communiquée directement au prince de Hesse-Darmstadt à Strasbourg en janvier 1782 par le marquis de Chefdebien, vénérable des Cœurs Réunis de Toulouse en 1779. La mise au jour du fonds Du Bourg permet d'en fournir aujourd'hui un (Michel Taillefer, La franc-maçonneire toulousaine sous l'ancien régime et la révolution 1741-1799, Mémoires et documents, Volumes 41 à 42, 1984 - books.google.fr).

Autre rite écossais qui n'a connu qu'une fortune éphémère, celui dit « rite primitif ou des Philadelphes de Narbonne », créé en 1779 par le marquis de Chefdebien d'Armissan, divisé en trois « classes », recevant dix « degrés » d'instruction culminant au « quatrième et dernier chapitre dit des Frères Rose-Croix et du Grand Rosaire ». En fait, ici, la Rose-Croix commence à recouvrir des spéculations théosophiques et des recherches de sciences occultes. Dans le cadre, maintenant traditionnel, de la Maçonnerie écossaise, Chefdebien se rattache en fait à la mystique « réintégrationniste » des disciples de Pasqually.

Chefdebien, délégué de la III° Province (Occitanie), était l'adversaire déclaré de Willermoz depuis que celui-ci lui avait refusé l'accès à la Grande Profession (Histoire des francs-maçons en France, s.d. Daniel Ligou, 1981 - books.google.fr, Pierre Noël, De la Stricte Observance au Rite Ecossais Rectifié, 2016 - www.fm-fr.org).

Les dissidents renouvelèrent à leur profit la grande pensée de Willermoz. Ils lui tenaient rigueur de ses dédains. Les Amis Réunis, Court de Gébelin, négligeaient de répondre à ses lettres ; Chefdebien le critiquait aigrement. Plusieurs d'entre eux adhéraient à ce rameau parisien des Elus Coëns d'où provenaient les Philalèthes. L'opposant aux illuminés de Lyon, ils crurent pouvoir y rallier la majorité des sectes mystiques. Car les fondateurs des Philalèthes représentaient tous les occultismes. On y voyait Court de Gébelin, théosophe à l'érudition presque rationaliste ; l'alchimiste Clavières ; le vagabond et sceptique Gleichen ; Chefdebien, dont le Rite Primitif s'inspirait de croyances martinistes ; Roëtliers de Montaleau, qui devait, après la Révolution, galvaniser le Grand Orient; Charles de Hesse, Savalette de Langes, et. dit-on, Pernety, tous aussi dissemblables qu'illustres. Éviteraient-ils l'intransigeance qui perdait Willermoz ? Leurs enquêtes, leurs convocations, les montrent désireux de n'écarter aucun système inspiré de l'idée religieuse. Ils s'informent de Martines de Pasqually, de Gugomos, de Johnson, de Hund ; ils convoquent des martinistes, Saint-Martin, Bacon de la Chevalerie, Tieman, Turckheim, d'Héricourt, Milan Dois, de Grainville, de Champoléon, l'abbé Rozier, Virieu, Joseph de Maistre ; des notabilités alliées avec eux depuis Wilhelmsbad : Ferdinand de Brunswick, Charles de Hesse, Haugwitz, Waechter ; des swedenborgiens, Corberon, Thomé, Grabianka, Chatanier, l'Anglais Bousie ; d'autres encore, le duc de Luxembourg, Louis de Hesse, Salvert de Thoux, Duchanteau, le prince de Carolath, d'Ëprémesnil ; ils s'adressent même aux illuminés de Bavière, qui délèguent Bode (Auguste Viatte, Les sources occultes du romantisme: illuminisme--théosophie, 1770-1820, Volume 1 (1928), 1965 - books.google.fr).

Dans la Révision du Rite Ecossais rectifié, version longue caractérisée par une imprégnation martinéziste qui devait culminer dans le rituel de 1809, achevée par Willermoz de novembre 1787 à avril 1788, époque qui vit le séjour à Lyon de Louis-Claude de Saint-Martin, le candidat rencontre au cours de ceux-ci les éléments (mieux vaudrait dire les essences spiritueuses) : le feu au Midi, l'eau au Nord, la terre à l'Occident. Cette péripétie, que ne connaissent ni le Rite Ecossais Philosophique ni le Rite français (les épreuves-purifications y furent introduits à la même époque mais leur signification y est toute différente), relève de la cosmologie de Martinez. Le caractère ternaire de la Création est le reflet de la Triple Puissance qui gouverne le monde: la Pensée, la Volonté et l'Action divine, représentées dans la loge par le triple chandelier d'Orient. D'après Martinez, l'Univers a la forme d'un triangle dont la pointe regarde l'occident, chaque angle étant occupé par un des trois éléments fondamentaux de la matière : Nord - eau, Sud - feu, Occident - terre. Au grade d'Apprenti de l'Ordre des Elu-Coens, les trois éléments sont ainsi disposés autour du candidat, couché à même le sol, les pieds vers l'Orient, et enveloppé dans trois tapis, noir, rouge et blanc, emblématiques desdits éléments (C.A. Thory, 1812, pp. 246-247). Le rituel rectifié rappelle cette disposition et souligne que le candidat parcourt les trois régions en lesquelles le monde est divisé. Les emblèmes de la Justice (à l'Orient) et de la Clémence (à l'Occident), allusions à la chute du premier homme et à la condition de sa réintégration en son état primordial, son successivement présentés au récipiendaire lorsqu'il reçoit le premier rayon de lumière. Au grade de compagnon furent introduits la vertu du grade (tempérance) et le rejet de pièces de métal (fer, airain, argent) qui ponctue les trois voyages du récipiendaire, usage sans précédent dans la franc-maçonnerie du XVIII° siècle. L'Instruction ajoute qu'elles devraient être cinq, en conformité avec le nombre théorique de voyages dont les deux derniers sont épargnés à l'impétrant.

D : Qu'avez-vous appris dans les trois voyages que vous avez faits?

R : J'ai éprouvé les vices des métaux mais docile aux avis de mon guide, je les ai jetés à mes pieds, hors de l'enceinte du temple et j'ai obtenu des maximes salutaires.

D : Quels étaient ces métaux?

R : Dans mon premier voyage, j'ai trouvé l'argent au Nord; dans mon deuxième, l'airain au Midi et, dans le troisième, le fer à l'Occident.

D : Pourquoi ne vous a-t-on pas fait éprouver l'or qui est le premier des métaux?

R : Parce que l'or étant à l'Orient, les apprentis et les compagnons ne pourraient le découvrir.

D : Pourquoi ne vous a-t-on pas fait connaître les deux autres métaux?

R : Je ne sais, ayant été dispensé des deux derniers voyages.

Cette péripétie nouvelle était empruntée au grade de Maître élu, quatrième grade de la hiérarchie coen qui en contenait onze (R.Dachez, 1981, pp. 189-191). L'épreuve la plus remarquable du rituel est un ensemble de cinq serments que doit prêter le récipiendaire, aux quatre points cardinaux puis au centre du temple. Chacun se termine par la formule Abrenuncio et le rejet d'une pièce de métal: de plomb à l'Occident, de fer au Septentrion, de cuivre au Midi, d'or à l'Orient et d'argent au centre. L'ordre des métaux diffère mais l'inspiration est bien reconnaissable. Le troisième grade, inchangé dans l'ensemble, voit l'introduction de la vertu de prudence qui complète l'énumération des vertus cardinales (Pierre Noël, De la Stricte Observance au Rite Ecossais Rectifié, 2016 - www.fm-fr.org).

Nos vues sur les métaux appliqués à la croix des Prophètes sont en quelque sorte une rectification de la rectification où l'or est à l'ouest, le plomb à l'est, cuivre et fer restant au sud et au nord. L'ordonnancement aux différentes phases du rituel de 1788 varie aussi (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le sceau-signature : aspects métalliques et jeu d’orgue, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le sceau-signature du Grand Parchemin).

Les éléments semblent orientés conformément à la Croix d'Huriel, l'est, absent du triangle de l'Univers de Pasqually, étant associé au quatrième élément, l'air (La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs : Introduction).

Lors de la 17° séance (16 août) du Convent général de Wilhelmsbad (1782), Willermoz donna lecture du catéchisme et de l'instruction finale d'apprenti, bien augmentée depuis l'ébauche de Lyon. Celui-ci suscita un débat assez vif sur la constitution ternaire de l'homme (esprit-âme-corps) dont le lyonnais voulait qu'elle soit un secret (ou mystère) de l'Ordre. illustré par les trois coups de maillet que reçoit le récipiendaire lors de sa consécration. Un délégué allemand, von Kortum, fit remarquer que la triple nature de l'homme, bien qu'enseignée par plusieurs anciens docteurs de l'Eglise, n'était que spéculation philosophique. Il suffisait à un chrétien de savoir que son âme séparée du corps était immortelle. Willermoz rétorqua que cette doctrine était conforme à l'Ecriture Sainte et explicitement citée par Saint Paul: "Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même en toute matière et que tout votre être, esprit, âme et corps, soit gardé irréprochable pour la venue de notre seigneur Jésus-Christ (1° épître aux Thessaloniciens, V.23).

"La composition ternaire de l'homme était un de ces points sur lesquels tombaient d'accord tous les occultistes du XVIII° siècle. La cérémonie d'ouverture d'un temple Coen débutait par le dialogue suivant: Le Souv: M. demande au Conducteur en chef d'Orient et d'Occident, Quel est le motif qui vous rassemble dans ce lieu ? Le Commandeur d'Orient répond: Puiss: M., le désir ardent que nous avons d'acquérir ce que nous avons perdu. D. Qu'avez vous perdu ? R. La connaissance du corps, de l'âme et de l'Esprit; et de tout ce qui est contenu dans le macro et le microcosme. D. Pourquoi êtes vous ainsi déchu de toutes ces connaissances ? R. Par la prévarication de nos premiers parents, laquelle nous a plongés dans les plus épaisses ténèbres (Cérémonies à observer pour les officiers du Temple des Elus Coens, dossier Thory, fonds F.M., Bibliothèque Nationale, Paris)". (Pierre Noël, De la Stricte Observance au Rite Ecossais Rectifié, 2016 - www.fm-fr.org, La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).

René de Chefdebien, originaire du Poitou où il était seigneur de Chavenay, avait pris pied en Languedoc où il avait acquis la seigneurie de Puisserguier pour devenir seigneur d'Armissan et co-seigneur de Bizanet. Durant tout le XVIIe siècle, la famille de Chefdebien possèdera en co-seigneurie avec la ville de Narbonne les territoires d'Armissan et de Saint-Pierre-Del-Lec. Elle n'aura de cesse tout au long de ce siècle d'essayer d'empiéter sur les droits de la ville de Narbonne dans sa possession de l'étang salin dit de « Vinassan ». Ainsi verra-t-on en 1608 René de Chefdebien, en procès avec les consuls de Narbonne ; contre eux il prétendait pouvoir prendre de l'eau de la rivière dite Azagadou pour conserver le poisson dans l'étang salin qui s'étendait alors, dans la plaine, entre Armissan et Narbonne ; en 1609 il a été pignoré de 24 bêtes à cornes et 600 bêtes à laine pour pacage sans accordance. En 1696, c'est au sujet des limites du terroir d'Armissan dans l'étang salin qu'un nouveau conflit les opposera. Il semble que les Chefdebien, René (mort en 1615), Henri (mort en 1621), Jean François (mort en 1644) consul de Narbonne, Henri-René (mort en 1665), Gilibert (mort en 1699) également consul de Narbonne, Jean-François (mort en 1748), François-Anne (fondateur de la Loge Maçonnique des Philadelphes, né en 1718 et mort en 1792), aient conservé, entre autres, tout ou partie de la seigneurie d'Armissan avec le titre de vicomte jusqu'à la Révolution. Au XVIIe siècle ils joueront un rôle important dans la vie politique et économique du Narbonnais, notamment Jean-François, élu consul au premier rang de la ville de Narbonne. On y voit encore leur château dans le village, et une belle pierre tombale dans l'église rappelle le souvenir de René de Chefdebien.

Cette famille notable reste maîtresse de la baronnie d’Armissan durant plus de deux siècles jusqu’à François-Raymond de Chefdebien, né en 1860 qui sera le dernier du titre (www.armissan.eu, André Douzet, L’énigme des Chefdebien, 2008 - www.societe-perillos.com).

Le rite primitif de Narbonne avait la particularité d'être une création familiale de François-Anne de Chefdebien d'Armissan (1714-1792). Parmi ses membres, il y avait Marconis de Nègre, père, qui était détenteur de tous les degrés du Rite Écossais Ancien Accepté et de ceux de l’ancien Rite de Perfection. Les patentes de constitution furent obtenues le 23 mars 1780, elles étaient signées par deux "supérieurs inconnus" : "le chevalier de la lance d'or" et "le chevalier de la cuirasse d'or", le 19 avril la loge et ses 4 chapitres était installée sous le titre de "très révérende loge de St Jean, première loge des free and accepted masons du rit primitif de France".

François-Marie de Chefdebien, vicomte d'Armissan, baron de Zagarriga (1 avril 1753 - 30 juin 1814), chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, colonel de chasseurs au service de l'ordre de Malte, commissaire du roi dans le département de l'Aude en 1790. Ce fils aîné de François-Anne développa par son intense activité le rite primitif de Narbonne. Il portait le nom de "Eques a Capite Galeato" (chevalier à la tête casquée) et on le retrouve siégeant en haute place à de très nombreux convent à la veille de la Révolution. Il est à noter que le vicomte profitait de tous ses contacts et déplacements pour promouvoir son rite et nommer membre d'honneur des personnes haut-placées et connues (dont le comte Szapary, chambellan de l'empereur d'Autriche et le comte d'Hautpoul "chevalier de dévotion de l'ordre de Malthe".

Le Convent des Gaules parvint à rompre avec la tradition templière dont se prévalait la Stricte Observance ; Chefdebien, cependant, resta fidèle à l’Ordre du Temple, ce qui était compréhensible dans une famille de militaires.

François Chefdebien évoque, lors du Convent de Wilhelmsbad, l’existence de ‘Supérieurs Inconnus Templiers’ ayant charge de superviser le destin de la maçonnerie. N’oublions pas, également, qu’il était soupçonné d’avoir hébergé sur son domaine une ‘fraternité’ du nom de ‘Enfants de Sion'.

Alfred Saunière, frère cadet de Bérenger et prêtre comme lui, fut en 1897 le précepteur des enfants des Chefdebien de Zagarriga (une branche cadette de la famille vicomtale des Chefdebien d'Armissan alliée en 1790 à la la noble famille catalane des Cagarriga). Il démissionna et resta, semble-t-il, en bon terme avec cette noble famille languedocienne (Les Chefdebien - reinedumidi.com, Loge des Philadelphes à Narbonne - www.ledifice.net).

Le 19 août 1781, Chefdebien est officiellement désigné par l'ensemble des Loges du Régime des Philalèthes pour y représenter le Régime; le 26 il reçoit des instructions plus précises. On lui demande d'abord de prendre à Strasbourg des informations sur des frères qui ne répondent pas aux correspondances que leur adressent les Amis Réunis, de sonder Cagliostro, alors dans la capitale de l'Alsace, mais surtout, de tout faire à Wilhelmsbad pour rapprocher Stricte Observance et Philalèthes: «servir de tout son pouvoir nos députés au Convent de Francfort [Wilhelmsbad], et même y paraître comme notre député chargé de notre confiance, comme nos députés mêmes et pour lui donner toute puissance et même intérêt personnel à l'effet heureux de cette mission, lesdits commissaires l'ont admis au nombre des membres de [la douzième classe des Amis Réunis], lui ont donné la médaille... signer les règlements ainsi que les engagements secrets et particuliers des commissaires aux archives, pour que le F..., marquis Chef de Bien, antérieurement placé dans l'intérieur de la Stricte Observance connaisse de même à fond le régime des Amis Réunis, tant dans son ensemble et dans ses détails, que dans son but et le degré de ses connaissances et plus que personne à portée de concilier à nos députés la bienveillance des Supérieurs de la Stricte Observance, aplanir les difficultés, les éclairer, de part et d'autre, avec prudence et servir de caution aux AR vis-à-vis de la Stricte Observance» (Charles Porset, Les Philalèthes et les convents de Paris: une politique de la folie, 1996 - books.google.fr).

La dénomination de Philadelphes se rencontre à Saint Domingue.

Le 15 août 1784 une dizaine d’hommes se sont réunis au Cap Français dans le nord de la grande colonie française de Saint-Domingue pour constituer une petite société scientifique et médicale, le Cercle des Philadelphes. Fondé sur le modèle d’une académie de province du XVIIIe siècle, le Cercle des Philadelphes fut une académie coloniale des sciences installée sous les tropiques. Première académie coloniale française – l’Angleterre et les Pays- Bas possédaient déjà les leurs – le Cercle fut très actif et connut un grand succès pendant la période assez brève de son existence institutionnelle, qui dura neuf ans. [...]

Un discours prononcé par Louis Narcisse Baudry des Lozères, l’un des fondateurs du Cercle des Philadelphes, quelque peu avant le 15 août 1784 ou peut-être le jour même de la fondation du Cercle, paraphé sans variation par Charles Arthaud, le secrétaire perpétuel du Cercle des Philadelphes, comme on le constate au bas de la page, statue en faveur d’un “Muséum physico-littéraire de Saint-Domingue”. Il faut souligner que si Baudry fut un maçon ardent, il n’en est pas moins clair que dans son propos il distinguait explicitement le Cercle naissant du mouvement maçonnique (James E. McClellan III, L’historiographie d’une académie coloniale : le Cercle des Philadelphes (1784-1793), 2000 - ahrf.revues.org).

Quant au choix du nom de cette loge, il viendrait du fait qu’en grec le mot philadelphe signifie « qui aime sa sœur », en allusion au pharaon Ptolémée II Philadelphe qui épousa effectivement sa sœur Arsinoé II qui avait successivement épouser, avant, Lysimaque, puis Ptolémée Kéraunos (son demi-frère).

Selon la lettre d'Aristée (IIe siècle avant notre ère), la Septante serait due à l'initiative du fondateur de la Bibliothèque d'Alexandrie, Démétrios de Phalère. Celui-ci aurait suggéré à Ptolémée II (au pharaon selon Aristée) d'ordonner la traduction en grec de tous les livres israélites, textes sacrés et narrations profanes. Très vite après la fondation d'Alexandrie par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C., une population juive s'est en effet développé fortement, en particulier autour du Palais royal ; à tel point que deux des cinq quartiers sont réservés aux « descendants d'Abraham ». Ils continuent à y parler la langue hébraïque et à étudier les textes de l'Ancien Testament. Déjà intéressé par le sort de ses sujets israélites, le souverain apparaît également soucieux de connaître les règles des divers peuples qui lui sont assujettis dans le cadre d'une réorganisation de son royaume. Les savants juifs au nombre de 72 (six de chacune des douze tribus d'Israël) sont chargés de cette traduction qui, en leur honneur, porte le nom de Version des Septante. La tradition prétend que le souverain sacrificateur de Jérusalem, Éléazar, n'accède à la demande de Ptolémée II qu'à une condition : l'affranchissement des Juifs de Judée que son père, Ptolémée Ier, a fait prisonniers et réduits à l'esclavage en Égypte (fr.wikipedia.org - Ptolémée II).