Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Les Prophètes et Rennes le Château   Les Chartreux de la Loubatière et la réintégration   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES INVERSE LOUBATIERE CHARTREUX REINTEGRATION PARADIS MARTINES PASQUALLY

On raconte que les Chartreux était assiégés par les loups, et qu’ils voulaient s’enfuir sans passer par la forêt mal fréquentée. Ils connaissaient l’entrée d’un souterrain, mais ignoraient quelle pouvait bien être son issue. Et l’on ajoute que, pour savoir où menait ce boyau, ils lâchèrent des canards dans le souterrain. Et la légende ajoute, bizarrement : « Quand ils les ont vus sortir un moment après, tout près de Labruguière, ils décidèrent de s’enfuir par là ». C’est le manque de vocations, de moyens de subsistance et la présence de brigands, nombreux au début du XVe siècle, qui fit partir les moines de la chartreuse de Loubatière, après quoi ils trouvèrent refuge à celle de Saïx près de Castres en 1423. Pourtant, la création de le chartreuse ne datait que de 1315. Il y avait une mine de fer sur place dans les derniers siècles (La Chartreuse de la forêt de la Loubatière : "le grand silence" dans la Montagne noire, 2008 - polymathe.over-blog.com).

On retrouve dans l'ouest et le midi de la France quelques débris d'une population opprimée, dont nos anciens monuments font souvent mention, et que poursuivent encore une horreur et un dégoût traditionnels. Les savants qui ont cherché à en découvrir l'origine ne sont arrivés, jusqu'à ce jour, qu'à des conjectures contradictoires, plus ou moins plausibles, mais peu décisives.

Cependant dès l'an 1000, les Cagots sont appelés Chrétiens dans le Cartulaire de l'abbaye de Luc et l'ancien for de Navarre. Mais ce qui vient à l'appui de leur témoignage c'est que, dans le Dauphiné et les Alpes, les descendants des Albigeois sont encore appelés Caignards, corruption de canards, parce qu'on les obligeait de porter sur leurs habits le pied de canard dont il est parlé dans l'histoire des Cagots de Béarn. Rabelais, pour la même raison, appelle Canards de Savoie les Vaudois Savoyards. Bullet croit trouver dans ce fait un rapport avec l'histoire de Berthe, la reine pédauque (pes aucæ, pied d'oie). Un passage de Rabelais indique qu'on voyait une image de la reine Pédauque à Toulouse.

Le père Grégoire de Rostrenen (Dictionnaire Celt.) dit que caccod en celtique signifie lépreux. En espagnol : gafo, lépreux ; gafi, lèpre. L'ancien for de Navarre, compilé vers 1074, du temps du roi Sanche Ramirez, parle des Gaffos et les traite comme ladres. Le for de Béarn distingue pourtant les Cagots des lépreux, le port d'armes leur est défendu, et il est permis aux ladres. De Bosquet, lieutenant général au siége de Narbonne, dans ses notes sur les lettres d'Innocent III, croit reconnaître les Capots dans certains marchands juifs, désignés dans les capitulaires de Charles le Chauve par le nom de Capi (Capit. ann. 877, c. 51) (Eclaircissements du Livre III sur les Colliberts, Cagots, Caqueux, Gésitains etc., Oeuvres de M. Michelet: Histoire de France, Volume 3, 1840 - books.google.fr).

On remarque la ressemblance de Colliberts avec colvert, autre canard. C'est surtout dans le Poitou, le Maine, l'Anjou, l'Aunis, qu'on trouve le mot de Colliberts.

On a également attribué aux cathares des retraites rituelles dans des grottes ou des souterrains. Plus particulièrement, les grottes de la haute Ariège (de Lombrives à Ussat, et d'Ornolac) ont fait l'objet de légendes largement propagées par l'historien romantique Napoléon Peyrat, puis par le Guide bleu. Bien qu'aucune justification critique n'ait été avancée, on peut supposer que l'attention a été attirée par diverses allusions des sources contemporaines. Les Statuts de Raimond VII du 20 avril 1233 prescrivent la démolition ou l'obturation « de toutes les cabanes suspectes et éloignées de la résidence commune des localités, des grottes fortifiées (spelunce infortiate) et des souterrains et des souterrains (clusella) dans les endroits suspects ou dénoncés ». Des dispositions analogues furent reprises dans le concile de Narbonne de 1246. Les relations entre les défenseurs de Montségur et les grottes fortifiées du Sabartès n'ont pas manqué non plus de donner l'éveil. Auparavant, Eckbert avait dénoncé les conventicules que tenaient les cathares « dans des caves et des ateliers de tissage (cellariis et textrinis) et dans des maisons souterraines de ce genre (huiusmodi subterraneis domibus). » On peut d'emblée éliminer les grottes fortifiées. Les dénombrements des possessions des comtes de Foix ont fait connaître qu'elles relevaient de leur directe et n'étaient pas considérées autrement que comme des châteaux ou des maisons-fortes. Les nobles qui les tenaient, qu'ils aient ou non été cathares et aient reçu des parfaits, n'en étaient que les châtelains. Les spoulgas n'ont jamais abrité de parfaits en corps ; elles n'ont fait que servir d'étape, comme des châteaux ou des maisons amies. Le chevalier Hospitalier Faure de Birac raconte qu'en 1231 : « Etant venu à la spoulga d'Ornolac que tenait Bernard de Durfort, il l'y trouva avec sa femme Guiraude, Guilabert de Pechauriol et Aladaïs de Py, et avec eux le parfait Raimond d'Arvigna et son compagnon. » Les parfaits, qui, comme on l'a vu, s'évadèrent de Montségur avec le trésor, se rendirent d'abord à « la spoulga de Sabartès que tient Pons Arnaud de Château verdun ». Il va sans dire que les grottes ordinaires servaient aux fugitifs de cachettes naturelles. Deux croyants demandent à Raymond Azéma, de Bédeillac (Ariège), où cacher le parfait Guillaume Sabatier et son compagnon. Il leur indique la grotte de Bédeillac, où il va les voir et leur apporte du pain. On doit comprendre de même que les quatre parfaits qui furent cachés « sous terre » lors de la reddition de Montségur et purent en être sortis, furent cachés dans un des avens qui abondent sur le pic. La question des souterrains-refuges est, du point de vue archéologique beaucoup plus complexe. Ces hypogées creusés de main d'homme abondent dans une grande partie de l'Europe et plus particulièrement dans la France du Centre-Ouest, du Quercy et de (Jean Duvernoy, La religion des cathares, Volume 1 de Le catharisme, 1976 - books.google.fr).

Dans la déposition du 12 des calendes de mars 1238 de Raymond Jean d'Albi contenant divers déplacement qu'il fit avec Bernard de Lamothe et ses compagnons hérétiques, de Villemur à Montauban et de là à Moissac, ainsi qu'à plusieurs autres lieux où ils prêchèrent et firent leurs adorations, et où Bernard de Cazenac, Mir de Camplong, Amiel de Durfort, Guillaume de Villeneuve, Raymond de Josa et plusieurs autres chevaliers, les visitèrent et assistèrent à leurs prédications et adorations, le témoin déclare qu'il fut malade dans un mas qui s’appelle Pechagut, et où Ponce Guilabert et son compagnon, hérétiques, lui donnèrent le Consolement. Il a dit aussi qu'il était resté dans cette secte pendant trois ans, dans ce même lieu écarté, dans un clusel (souterrain-refuge),et là, Guillaume Coste, Arnaud, son fils, une femme de Pechagut, Raymonde, épouse de Pierre de Pechagut, apportaient des vivres au témoin et aux autres hérétiques (www.catharisme.eu - Raymond-Jean Albi).

La collection Doat est un ensemble de 258 volumes de copies du XVIIe siècle, résultat de la mission Doat envoyée par Colbert dans le Languedoc en 1669 afin de copier toutes les archives de la province ayant un intérêt pour la Couronne de France. Cette mission fit la copie et le collationnement de plusieurs milliers de documents dont un certain nombre extraits des archives de l'Inquisition de Toulouse et de Carcassonne. Ces copies, conservées à la Bibliothèque Nationale de France sont aujourd'hui d'un grand intérêt pour les historiens de l'Inquisition, les originaux ayant été perdus et pour la plupart détruits lors de la Révolution (Laurent Albaret, Les Inquisiteurs, 2001 - books.google.fr).

La chartreuse de la Loubatière fut fondée à l'initiative de l'évêque de Carcassonne Pierre de Rochefort.

L'église Saint-Etienne de Palaja, centre du Sceau du même nom et du plan de l'église Saint Sulpice de Paris projeté sur la carte du département de l'Aude, fut reconstruite au XIVème siècle sous l'épiscopat de Pierre de Rochefort. L'abside pentagonale est voûtée d'ogives. Les chapiteaux sont moulurés et la clef de voûte porte la représentation de l'"Agnus Dei". Une tête masculine est sculptée sur la face latérale de la clef. Le porche sud, voûté d'ogives, abrite un portail à voussures qui retombent sur des chapiteaux moulurés. Située près de la muraille, le clocher-porche abrite une salle de gardes ajourée par une archère à étrier (Autour de Rennes le Château : Au niveau de la sole).

A l'angle du croisillon nord et du chœur de l'ancienne cathédrale Saint Nazaire et Saint Celse de Carcassonne, se groupent trois statues, formant un ensemble, et une scène qui s'explique par le vocable de la chapelle de sainte Anne, très vénérée dans cette église. Un ange annonce à sainte Anne la naissance de la Vierge; sainte Anne relève sa main droite par un geste d'étonnement et de modestie; saint Joachim redresse fièrement la tête en s'appuyant sur son bâton de berger. Sur ce pilier, une quatrième statue, à côté de saint Nazaire, est celle de son jeune disciple saint Celse. Dans les premières années du XIVe siècle, les apôtres ne se signalent pas encore, tous du moins, par un attribut spécial. On reconnaît toutefois: saint Pierre à ses clefs, saint Paul à son épée, saint Barthélemy à son coutelas, saint Thomas a sa règle, saint Jacques à son bourdon, saint André à sa croix, n'a pas pris encore la forme qui lui devint bientôt particulière. Les statues de Saint-Nazaire, qui rappellent celles de Reims et d'Amiens, sont certainement l'œuvre d'artistes du Nord. La statue du diacre qui est à la droite de celle de Pierre de Rochefort, sur son tombeau est la reproduction de celle de saint Etienne à la porte gauche du portail de Reims. Pierre de Rochefort ne fit qu'exécuter le plan conçu avant lui, mais ajouta une œuvre personnelle, la chapelle qui s'ouvre sur le collatéral nord de la nef romane, primitivement dédiée à saint Pierre et à saint Paul, dont on y voit les statues du même temps. Mais on y admire surtout son tombeau, dressé contre le mur de l'ouest, à cause du défaut d'espace. L'évêque se dresse dans une niche surmontée d'un gâble et bénit de la main droite; un chanoine et un diacre l'escortent ; au-dessous, sur un socle, se succèdent, dans de petites niches gâblées, treize statuettes d'officiants de la sépulture. Au devant du cénotaphe, une dalle, recouvrant la tombe de l'évêque, le représente gravé au trait. En regard de la chapelle de Pierre de Rochefort s'ouvre celle que fit construire Pierre de Rodier, chanoine de Paris et chancelier de France, chanoine aussi de Limoges où il avait fait exécuter de beaux vitraux à la cathédrale, évêque de Carcassonne de 1323 à 1330. Sonblason se voit sur le vitrail, mais toute trace de son tombeau a disparu (Guide du congrès de Carcassonne en 1906, Société française d'archéologie, Jules de Lahondès, 1906 - books.google.fr).

Après 10 ans de vacance du siège épiscopal, Nicolas IV désigne, en 1291, évêque de Carcassonne Pierre de la Chapelle Taillefer, un des meilleurs serviteurs du pouvoir royal, ancien chanoine de Paris, qui devint en 1298 évéque de Toulouse, avant de devenir cardinal en 1305. En 1298 Boniface VIII désigna Jean de Chevry, originaire de Normandie, archidiacre de Reims, qui mourut en 1300. Le 17 septembre 1300, revenant à la tradition, les chanoines élirent l'un des leurs : Pierre de Rochefort. C'est la dernière élection canonique (Marianne Barrucand, Arts et culture: une vision méridionale, 2001 - books.google.fr).

En 1310, Pierre de Rochefort, évèque de Carcassonne, assembla un concile diocésain. Parmi les nombreuses victimes templières qui périrent, l'histoire a nommé Jean Cassanhas, commandeur à Carcassonne (Bibliothèque dramatique; ou, Répertoire universel du théatre français, 1824 - books.google.fr).

En 1317, Bernard Délicieux, de l’ordre des Frères-Mineurs de saint François, natif de Montpellier, un des chefs du schisme franciscain des Spirituels, fut arrêté à Avignon pour hérésie et sédition. Il était accusé de vouloir livrer Carcassonne à Ferdinand III, fils du roi de Majorque. En 1319, le 8 décembre, le tribunal de l'inquisition de Carcassonne, présidé par son évêque, accompagné de plusieurs autres prélats, jugea solennellement frère Bernard Délicieux, et accusé d’avoir empoisonné avec une tourte le pape Benoît XI, prédécesseur de Clément V. Le crime n’ayant pu être constaté, mais les présomptions étant très-fortes, si Délicieux ne fut pas condamné a mort, on le dégrada, on l'enferma dans une tour située entre la ville de Carcassonne et la rivière d’Aude, où il passa le reste de sa vie au pain et à l’eau.

Pierre de Rochefort mourut à Carcassonne le 31 mars 1322, et fut inhumé dans son église cathédrale, dont il était l’un des bienfaiteurs (Biographie universelle ancienne et moderne, Tome 79, Michaud, 1846 - books.google.fr).

Cénotaphe de Pierre de Rochefort - Eglise Saint Nazaire et Saint Celse de Carcassonne - www.priceminister.com

L'hypothèse a été faite que le personnage en blanc pieds nus sur le tableau des Bergers d'Arcadie de Nicolas Poussin est le diacre Etienne, protomartyr, et que personnage aux sandales bleues agenouillé est un évêque. Mais si dans le cénotaphe de Pierre de Rochefort le diacre est à sa droite, dans le tableau il est à la gauche du berger du milieu (Autour de Rennes le Château : Les Bergers d’Arcadie et le Sceau de Palaja).

Réintégration au Paradis

Les chartreux quittent la Loubatière comme Adam et Eve le Paradis.

La vie de communauté ne constitue, en somme, qu'un cadre où s'insère et se trouve rendue possible la vie solitaire ou érémitique qui n'abandonne jamais sa primauté. Grâce à elle, le chartreux est revêtu d'une dignité éminente. Pour la proclamer Adam Scot s'adresse directement au solitaire: "A qui te comparerai-je, toi qui vis avec amour dans ta cellule ? Quel homme a dans sa vie une expérience supérieure? Aucun, me semble-t-il. Mais qui peut t'être seulement comparé?" Pour tout dire en quelques mots, c'est la vie du paradis qui est symbolisée par la vie solitaire. La comparaison entre l'Ordre cartusien et le paradis s'étale dès le chapitre II dans le traité d'Adam. Elle demeure ensuite présente, tout au moins de façon implicite, dans le cours de l'ouvrage et il nous faudra la garder présente à l'esprit. Le chartreux est déjà un habitant des deux. Son Ordre est véritablement le paradis, le jardin de délices plein de douceur. "Cet 0rdre dans lequel nous goûtons une suavité si sublime, pourquoi nous paraTt-il absurde de lui donner ce nom ? A moins qu'une autre chose paraisse meilleure et plus vraie ?" Mais tous les chartreux souscriraient à cette affirmation de saint Euchère de Lyon : "O solitude, je pourrais a bon droit t'appeler le temple sans limites de notre Dieu où il s'est montré à ses saints". Voilà la raison profonde de l'amour dess chartreux pour la solitude. Grâce â elle, ils mènent déjà une vie toute céleste. Guigues du Pont pourra même dire que, s'il existe au paradis une espèce de noviciat, les chartreux en seront dispensés car, sur la terre déjà, ils mènent la vie du ciel. Ceci les distingue encore des bénédictins qui semblent surtout "désirer" le ciel. Déjà saint Bruno comparait la vie solitaire à celle du Paradis. Ecrivant â Raoul le Verd pour l'encourager â venir le rejoindre, il lui assure que seuls ceux qui ont l'expérience de la solitude peuvent connaître les immenses avantages qu'elle procure à ceux qui l'aiment. Elle permet à l'homme de demeurer avec lui-même, de cultiver les germes des vertus et de jouir du 'paradis. C'est la qu'on acquiert cet oeil qui, d'un pur regard, voit Dieu. Voilà l'actif loisir et son actio quieta. Là Dieu donne à celui qui l'aime la récompense de ses combats: une paix que le monde ignore et la joie de l'Esprit Saint. La contemplation, actif loisir, est donc le but de la solitude. Et saint Bruno va s'expliquer plus clairement encore. C'est Rachel la belle, plus aimée de son époux que Lia qui lui a cependant donné des fils plus nombreux. En effet, les fils de l'action sont plus nombreux que ceux de la contemplation, mais Joseph et Benjamin sont plus aimés de leur père que les fils de Lia. Dans ce passage saint Bruno paraît identifier la solitude avec la contemplation. Pour lui l'une ne peut aller sans l'autre et, dans cette assimilation, la solitude trouve sa raison d'être et sa justification. Voilà pourquoi Adam le Chartreux met la solitude hors pair. Guigues de Saint-Romain affirmera que, pour atteindre à la contemplation, nombre de saints personnages ont recherché la solitude. Sous des formes diverses c'est toujours la même idée qui s'affirme: la fin exclusivement contemplative de l'Ordre cartusien (Marie-Charlotte Barrier, Les activités du solitaire en Chartreuse d'après ses plus anciens témoins, 1981 - books.google.fr).

Dans le Traité de la réintégration des êtres dans leurs premières propriétés, vertus et puissance spirituelles et divines, Martinès de Pasqually raconte, de l'intérieur, une histoire toute sacrée, blanche et noire, dont le vecteur est saint. C'est l'hagiographie du judéochristianisme. C'est une messiologie, une christographie. Elle a pour ressort, en effet, cette cause active et intelligente, qui est la chose, où Dieu et l'homme s'épousent, en vue de la réintégration des êtres.

Le Traité de Martinès exhorte le disciple à la théurgie cérémonielle qui effectue la nécessaire réconciliation de l'homme et la réintégration universelle. Cette théurgie est le rituel grâce auquel l'homme travaille sur le monde angélique et, par conséquent, sur le monde matériel et communique avec Dieu - ou travaille sur lui en même temps que pour lui.

En kabbale comme chez Martines, priment les thèmes théosophiques de la descente et de la remontée ; de la chute, de la dispersion et de la restauration, de la réintégration. Les techniques de méditation et d'union extatique, les visions surnaturelles rapprochent la kabbale et le système des élus coëns, et la magie et la théurgie, qui souvent se fréquentent.

Mâchîah, l'oint, transcrit Messias et traduit par Christos en grec, revient quelque quarante fois dans l'Ancien Testament. Il s'applique à des personnages consacrés pour une fonction sainte, roi, prêtres ou prophètes. Le Christ est le réconciliateur universel, le réparateur universel. Le Christ ou le Messias ne se limite pas à la personne de Jésus qui seule l'embrasse, et il a toujours été avec les enfants des hommes. Incognito, c'est aussi une tradition sérieuse des Juifs et des judéo-chrétiens.

A travers tous les élus circule, à des degrés divers de présence, un seul et même esprit, le prophète récurrent, le Messias coexistant avec et dans l'humanité en voie de réintégration. Un nom domine celui de ces élus, Hély. Il est omniprésent dans le Traité, et son rôle est essentiel dans le sauvetage des hommes.

Au Christ reviennent trois actes majeurs. Par le premier, sous le nom d'Hély, il réconcilia Adam après la chute. Par le second, son incarnation en Jésus, il réconcilia l'ensemble du genre humain. L'heure du troisième sonnera à la fin des temps, lors de la réintégration finale. Le Christ a laissé une Eglise et une liturgie qui incorpore des éléments de tradition très ancienne. Martines le soutient et identifie cette religion avec le catholicisme romain qu'il professe, mais au prix de quelques arrangements et de quels malentendus !

Dans l'Ordre des élus coëns, seuls les réaux-croix ont qualité pour recevoir dans son intégralité la théorie et la pratique du culte théurgique. Selon Martines, réau désigne l'homme par excellence, du fait que ce mot signifie ni plus ni moins qu'Adam même, Adam, le rouge ou le roux, Adam au corps d'adamah, soit de terre argileuse.

La théurgie coën est issue du changement des lois cérémoniales d'opération, que la chute d'Adam nécessita. La théurgie, le rituel maçonnico-théurgique de Martines de Pasqually emprunte au culte juif, tout en déclarant celui-ci perverti et «dépassé». Il ne s'identifie pas au culte catholique romain, tout en tenant celui-ci pour valide et quasiment allant de soi, irremplaçable assurément. Martines en a suivi les rites et les a recommandés, sinon imposés à ses disciples.

L'élu coën sera pieux. Par exemple : «Vous n'oublierez non plus de dire le Miserere mei, au centre de votre chambre, le soir avant vous coucher, ayant la face tournée vers l'angle qui regardera vers soleil levant ; ensuite vous direz le De Profundis, les deux genoux en terre et la face prosternée par terre. [...] Vous observerez pendant les 3 jours d'opérations de dire le matin votre office du Saint-Esprit, le soir dans la chambre vous travaillerez les sept psaumes et les litanies des saints.» (hautsgrades.over-blog.com - Martinez de Pasqually et la kabbale).

L’original de la copie du Traité dit "manuscrit Kloss, référencé L 2" est patent : C’est celui du prince Christian de Hesse, cédé par Carl Friedrich Tieman, un ami de Saint-Martin. Selon Van Rijnberk, il se présenterait sous forme d’un volume de 360 pages, in-8° et relié plein cuir. Scripteur non certifié, possiblement le strasbourgeois Jean Frédéric Kuhn qui aurait exécuté cette version à Bordeaux même, où il résidait alors. Puis en 1830, à la mort du prince, transmis à Andreas Schleiermacher. Original ? Non, c’était forcément déjà une copie. À la mort de Schleiermacher, en 1858, il est classé dans les archives du Grand-Duc, puis la trace s’est abîmée. Heureusement, le Docteur Georges Kloss l’ayant emprunté en 1848 à Schleiermacher, en exécuta ou fit exécuter une copie. Le manuscrit Kloss est donc une copie de copie... Encartés, de nombreux ajouts de la main de George Kloss [médecin, historien et Grand-Profès du R.E.R.] (Introduction, tables, etc.). Propriété actuelle du Grand-Orient des Pays-Bas, à La Haye. 86 feuillets au format 25x34 cm. divisé en trois parties, planche hors-texte traçant le Tableau Universel (www.philosophe-inconnu.com, Autour de Rennes le Château : Sion, Soleil et Blaise).

NO pointé de Schleiermacher et dalle de Coume Sourde (MESSIAS) sont des éléments qui entrent en cohérence, si on prend l'un pour authentique alors l'autre l'est aussi.

La Vie d'Adam et Eve montre le retour du corps d'Adam à la terre : funérailles avec déplacement du créateur sur terre, promesse de résurrection et d'intronisation sur le trône du Diable et le retour de l'esprit à Dieu après un séjour intermédiaire au paradis où il est emmené par Michel dans l'attente du Jugement dernier. Le fauteuil du Diable de Rennes les Bains serait ainsi le signe que cet espace entre les deux Rennes est un paradis promis à la réintégration ou le lieu d'une théurgie mise en oeuvre dans ce but (Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram).

A Paris

Comme le plan de Saint Sulpice projeté sur le département de l'Aude est inversé, la commune de Lacombe se reporte au sud de Saint Sulpice à Paris même.

Sur une partie méridionale de l'église de Saint Sulpice de Paris, du côté de la tour sud, il y avait une nécropole inscrite sur le plan de Jehan la Caille de 1714.

Cette petite nécropole occupait une partie du sol de la place d'aujourd'hui et de la rue Palatine, et formait le coin de la rue déjà dénommée Férou. En longeant ce côté de l'église, il allait jusqu'à la rue des Fossoyeurs, aujourd'hui, rue Servandoni, et de la rue Garancière une rue y conduisait : la rue du Cimetière, actuellement rue Palatine (Procèss-verbaux, Commission du vieux Paris, 1908 - books.google.fr).

Il est dit aussi que ce cimetière provenait du déplacement d'un autre plus ancien du côté du chevet de l'église.

Le premier cimetière de Saint-Sulpice était situé autrefois au chevet de cette église. En 1646, lorsque l'édifice que nous voyons aujourd'hui fut commencé, on prit l'emplacement de ce cimetière, qu'on transféra au midi de l'église. Une partie de terrain fut alors ménagée de ce côté, pour former une rue qu'on désigna sous le nom de Neuve-Saint-Sulpice, puis sous celui de rue du Cimetière. Au commencement du dix-huitième siècle, cette voie publique prit la dénomination de rue Palatine, en l'honneur de Charlotte de Bavière, princesse palatine, mère du régent, qui fit construire de ses deniers la fontaine de la rue Garancière au n° 12, en 1715. (L. C. Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris, 1855 - books.google.fr).

Il y a apparemment confusion : il s'agit d'Anne de Bavière.

Anne Henriette Julie de Bavière (Anna Henrietta Julia von der Pfalz) dite princesse Palatine, princesse d'Arches, est née à Paris le 13 mars 1648 et morte à Paris le 23 février 1723. Seconde fille d’Édouard de Palatinat-Simmern, titré comte Palatin du Rhin, et d'Anne de Gonzague de Clèves, fille du duc de Mantoue et de Catherine de Lorraine qui est issue d'une branche cadette de la Maison de Lorraine, les Guise, princes ultra-catholiques. En effet, à peine âgée de 15 ans, elle épousa le 11 décembre 1663 Henri Jules de Bourbon-Condé, duc d'Enghien fils unique du prince de Condé, dit "Le Grand Condé" premier prince du sang, âgé de 20 ans surnommé le Fol à cause de son comportement ou le singe vert à cause de son physique disgracieux. Elle hérita la principauté d'Arches (capitale Charleville, actuel département des Ardennes) en 1708 à la mort de son petit-cousin Charles III Ferdinand, dernier duc de Mantoue (fr.wikipedia.org - Anne de Bavière).

Au n° 5 de la rue Palatine, une maison fut construite pour la princesse Anne-Charlotte, palatine de Bavière, qui survécut à son mari, Henri-Jules de Bourbon-Condé, et se fixa au Petit-Luxembourg. L'archevêque de Sens habita longtemps la maison, puis M. de Bonald, le philosophe catholique. On retrouve rue Servandoni les deux autres maisons qui firent partie de la même acquisition. Les filles de la Très-Sainte-Vierge, communauté dite de Mme Saujon, avaient eu, près d'un siècle auparavant, la totalité du terrain et les constructions qui s'y élevaient déjà. Cette communauté s'était formée eu 1663, et elle avait donné de l'extension à son établissement trois années plus tard: l'avocat Bénard avait alors cédé moyennant échange à Mme Saujon, supérieure, assistée dans l'acte par Thérèse d'Auvray, Anne-Marie Lechevalier et Marie-Madeleine Divrot, représentant avec elle la plus grande et saine partie des filles de la communauté, 70 toises à prendre dans les héritages du coin de la rue Neuve-Saint-Sulpice (Palatine) et des Fossoyeurs (Servandoni), où deux maisons étaient bâties, plus une grande maison tenant par-devant à la rue Garaneière, par-derrière auxdits héritages, en aile à la rue Neuve-Saint-Sulpice. Agrandissement qui n'a pas fait durer plus de quatorze ans la communauté de Mme Saujon. (Charles Lefeuve, Les anciennes maisons de Paris sous Napoléon III, Volume 3, 1873 - books.google.fr).

Depuis le siécle dernier, ce grand immeuble de la rue Palatine. n° 5, est appelé Hôtel Palatin, et cela probablement du nom de la rue. Il remplace l'hôtel de Monsieur de La Tour. Il a été édifié pour un couvent placé sous l'invocation de la Vierge, comme l'indique une ancienne inscription très haut placée sur un des angles extérieurs : MARIA MATER DEI FECIT ANNO 1624. Pour la lire, il faut entrer dans la cour du n° 4 de la rue Garanciére. Il fut occupé par la communauté des Filles de l'Intérieur de la Très Sainte Vierge, plus communément dénommée les Filles de Mme de Saujon, communauté supprimée en 1674. Marie-Anne de Campet de Saujon avait acquis la maison le 26 août 1663 ; elle la lègua, par testament du 24 nnvembre 1690, à Elisabeth de Beauvau qui la donna a son frère, le lieutenant général comte de Beauvau, le 2 avril 1712. Depuis l'art longtemps l'Hôtel Palatin est la propriété des ancêtres de M. le comte de Franqueville, ainsi que les deux immeubles n° 4 et 6. rue Garanciére qui en sont les annexes. La librairie Jouvet, ancienne librairie Furne, autrefois rue Saint André des Arts, a été transférée, il y a plusieurs années, 5. rue Palatine. [...]

L'imprimerie Béthune et Plon avait été au n° 5 de la rue Palatine succédant à Baucé-Rusand installé là depuis 1823. [...]

L'assemblée qui y présidoit se tenoit chez M. de Bretonvilliers, alors curé, et il suppléoit souvent au manque de fonds. L'établissement d'une communauté tout près de l'église lui coûta beaucoup d'argent; trois dames pieuses, Mmes Tronson et de Saujon et Melle d'Aubray étoient à la tête de cette entreprise. On acheta le terrain où est maintenant la rue Palatine, et on y éleva une maison pour laquelle M. de Bretonvilliers donna 90 000 liv. Cette maison prit le nom de communauté des Filles de l'intérieur de la sainte Vierge ; on y faisoit des retraites, et les dames s'y rendoient en grand nombre pour s'y animer ensemble à la piété, Mme Tronson dirigea cette maison avec beaucoup de sagesse jusqu'à sa mort arrivée le 29 mai 1663 ; mais Mme de Saujon, qui fut, malgré les mises en garde antérieures d'Olier, supérieure après elle n'usa pas de la même prudence, et la communauté fut depuis dissoute. Cette entreprise exerça Souvent la patience de M. de Bretonvilliers. La communauté des Filles de l'intérieur de la Vierge Marie, avait été envisagée par Olier pour honorer la vie de Jésus en Marie et ne verra le jour qu'après sa mort. Tronson et Saujon furent pénitentes d'Olier.

Anne de Campet de Saujon, demoiselle d'honneur, puis dame d'atours de Mme Marguerite de Lorraine, seconde épouse de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII. Elle naquit, en Saintonge, sur la fin de 1628. Melle de Saujon fut placée près de Madame, par les soins de Mlle de Monlpensier. Sa grâce, sa beauté, sa jeunesse firent une vive impression sur Gaston d'Orléans. Le duc d'Orléans mit tout en œuvre pour toucher son cœur. Mais cette jeune personne, foncièrement vertueuse, résolue de sauver son innocence, alla un jour se réfugier dans la communauté des carmélites. Obligée de retourner chez le duc d'Orléans par un jugement de la cour, elle continua de pratiquer les devoirs de la religion avec une sévérité exemplaire. Monsieur, qui trouvait toujours un grand charme dans sa conversation, ne cessa de l'aimer un seul instant, « mais en tout bien, tout honneur ». « Je dois dire, écrit Mademoiselle de Montpensier, à la louange de Mlle de Saujon, qu'elle avait fort contribué à changer Monsieur le duc, et à le faire penser à son salut. ».

Louis-César Campet, son neveu, est le fils de Louis de Campet, chevalier, comte de Saujon, baron de La Rivière, seigneur de Bloyac, de la Motte, des Arènes, etc., et de Anne-Marguerite de Murray, d'origine écossaise. Il est l'arrière-petit-fils de l'un des plus grands chefs huguenots de la Saintonge, gouverneur de Royan, Denis Campet, baron de Saujon (fr.wikipedia.org - Louis-César de Campet, L'ami de la religion et du roi: journal ecclésiastique, politique et littéraire, Volume 34, 1822 - books.google.fr, Yves Krumenacker, L'école française de spiritualité: des mystiques, des fondateurs, des courants et leurs interprètes, 1998 - books.google.fr, Revue d'histoire de l'Amérique française, Volume 16, 1962 - books.google.fr, Pierre-Damien Rainguet, Biographie saintongeaise, 1851 - books.google.fr, Eugène Plon, Notre livre intime de famille, 1893 - books.google.fr, Pierre Damien Rainguet, Biographie saintongeaise, 1851 - books.google.fr).

La première partie de l’Ave Maria se compose de deux petits extraits de l’Évangile de Luc : la salutation de l’ange (1, 28) et la réponse d’Élisabeth à Marie (1, 42). Seuls les noms de Marie et de Jésus ont été ajoutés. Au VIIIe siècle, Jean Damascène a la formule liturgique : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Tu es béni entre les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. » Il ne manque plus que les noms de Marie et de Jésus. En Occident, la première partie de l’Ave Maria est introduite dans la liturgie latine aux VIe–VIIe siècles.

C’est à Paris que la Salutation angélique, première partie de l'Ave Maria, est prescrite pour la première fois : en 1198, l’évêque exhorte à la récitation de l’Ave Maria avec le Pater et le Credo. Vers 1210, les statuts synodaux de Paris – qui préparent les décisions du grand concile de Latran IV de 1215 – invitent tous les chrétiens à apprendre et à réciter l’Ave Maria. Sainte Mechtilde de Magdebourg (morte en 1280), profondément attachée à l’Ordre dominicain, récite chaque jour trois Ave Maria en l’honneur du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est dans un bréviaire des Chartreux de la première moitié du XIVe siècle qu’on aura la première apparition de la récitation de l’Ave Maria avant les Heures. [...]

La seconde partie de l’Ave Maria est un cri de supplication déjà présent dans le Sub tuum, découvert en grec sur un papyrus du IIIe siècle. Dans la Divine Comédie, Dante (mort en 1321) écrit : « …et le fruit de vos entrailles que je prie de nous garder du mal, Jésus-Christ (…) Priez Dieu pour nous de nous pardonner et de nous donner la grâce de vivre de telle sorte ici-bas qu’il nous donne le paradis à notre mort. » Un peu plus tard, un bréviaire cartusien de 1350 porte : Sancta Maria, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis, Amen. [...]

Vers la fin du XIVe siècle on récite donc l’Ave Maria dans sa version longue, au moins dans certaines régions de l’Europe. Ce sont les bréviaires du XVIe siècle (celui des Trinitaires de 1514, des Franciscains de 1525, des Chartreux de 1562) qui donnent la formule complète encore en usage aujourd’hui. Elle est introduite dans le bréviaire romain révisé, édité par le pape saint Pie V en 1568 (Mgr Paul-Marie Guillaume, Je vous salue, Marie : une longue histoire, 2002 - www.revue-kephas.org).

Saint Thomas, dans son opuscule sur l'Ave Maria, dit que le seul mot ajouté par l'Église aux paroles d'Écriture est Maria. Il en était alors en chartreuse comme partout, témoin ce religieux vivant en 1261 à la Chartreuse de Bellary, au diocèse de Nevers, « qui avait résolu au fond de son cœur, écrit l'annaliste chartreux, d'offrir à la Vierge, le jour comme la nuit, cent fois l'Ave angélique suivi de la béatification du fruit de son sein ». Dom Le Couteulx affirme avoir lu dans un bréviaire du XIIIe siècle : Sancta Maria, or a pro nobis ; dans certains bréviaires cartu- siens du XIVe siècle, Sancta Maria, ora pro nobis peccatoribus. Amen. Dans un manuscrit de la Chartreuse de Chartreuse de Gosnay au diocèse d'Arras, écrit entre 1333 et 1341, il n'y avait, au témoignage de Dom Amand Degand, que : Ave Maria... ventris tui, Jhesus Christus. Amen. Un bréviaire cartusien de 1350 porte : Sancta Maria, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis. Amen. Un bréviaire de 1420 porte : Sancta Maria, ora pro nobis peccatoribus. Idem dans le bréviaire de 1500, dans celui de 1521 (édité à Paris chez Thielmann Kerver) et celui de 1529. Dans un Collectaire de 1484 on lit : Ave Maria...ventris tui, Jhesus. Virgo Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus. Amen. Dans les œuvres de Dom Jean Gerecht de Landsberg, mort en 1539 à la Chartreuse de Cologne, on trouve un « Ave Maria d'Or » intéressant par les réflexions que lui suggère l'adjonction des mots Sancta Maria et Mater Dei : « Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Ah, Sainte Marie, puisse la grâce de Dieu et la vôtre être toujours avec moi, et mon cœur toujours avec Lui et avec vous ! Vous êtes bénie entre les femmes. O très pieuse Mère de Dieu, rendez-moi entièrement conforme au bon plaisir de votre Fils, afin que moi aussi je sois tout vôtre et vous toute mienne! Et béni est le fruit de votre sein Jésus-Christ, mon Dieu, pour moi incarné, crucifié et mort, l'époux des vierges saintes et de tous ceux qui l'aiment. Ainsi soit-il... » « Ah, Sainte Marie. Ces deux mots, j'ai lu que c'est une vierge sainte, Mechtilde je crois, à qui la bienheureuse Mère de Dieu avait enseigné de les faire intercaler afin renouveler l'attention et la ferveur... O très pieuse Mère de Dieu. Etre Mère de Dieu, c'est la première dignité après celle d'être Dieu..., mais précisément pour qu'on ne croie pas que cette dignité la rende hautaine ou dure, on ajoute : très pieuse. » Un peu plus tard, un bréviaire édité en 1551 à Paris pour pour les chartreux porte : Sancta Maria Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus. Amen. Enfin, dans celui de 1562 (édité à Pavie (?), édition rarissime), on trouve l'Ave complet tel que nous l'avons (Hubert Du Manoir de Juaye, Maria: études sur la Sainte Vierge, Volume 2, 1952 - books.google.fr).

Le clos des Chartreux à Paris était de l'autre côté du Luxembourg au sud de Saint Sulpice et dépendait de cette paroisse. Entre les deux il y avait le clos Vigneray, en raison des nombreuses vignes plantées là.

La vie du Christ sculptée autour du choeur de Notre-Dame de Paris était fort populaire et son influence se fit sentir jusque sur les représentations des mystères si l’on en croit cette assertion rapportée par de BEAUCHAMP, le vieil historien du théâtre : "on avait représenté à Paris en 1420, rue de la Calende, sur un échafaud de 100 pas de long, un moult pieux mystère de la Passion de Nostre-Seigneur au vif selon qu’elle est figurée autour du cueur de Nostre-Dame de Paris". (www.notredamedeparis.fr).

Le lieu dict la Calende, tenait "d'une part à la vigne de Monseigneur de Garancieres et d'aultre part à Pierre Gaulcher, fossoyeur, aboutissant aux ruelles qui vont à Vaulgerard." (Françoise Lehoux, Le bourg Saint-Germain-des-Pres: depuis ses origines jusqu'a la fin de la Guerre de cent ans, 1951 - books.google.fr).

La Calende se trouvait du côté sud de Saint Sulpice.