Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Les Prophètes et Rennes le Château   Le domaine de l’abbé Saunière, pentagone et AOMPS   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES DOMAINE SAUNIERE RENNES LE CHATEAU PENTAGONE AOMPS

On ira chercher les secrets de l'abbé Saunière jusque dans les chiottes

Rupert Rideec

Jeu d'échec et les voleurs

L’abbé Saunière, le curé aux milliards, aurait trouvé un trésor lui permettant la construction de son domaine : la villa Béthanie, la Tour Magdala, la serre et le jardin. Un jardin en forme d’échiquier. Le sol de la bibliothèque, dans la tour Magdala, est composé de soixante-quatre motifs carrés réalisés à l'aide de carreaux de ciment peint que l'on retrouve dans la villa. On trouve également un échiquier dans l'église, entre le diable et saint Jean le Baptiste. L’utilisation d’un échiquier est encore indispensable au décryptage du grand parchemin prétendûment trouvé par l'abbé saunière, ainsi que d’une pièce d’échecs, le cavalier, dont la marche est la clé (Jean-Luc Robin, Rennes-le-Château, le Secret de Saunière. Editions Sud-Ouest) (www.renneslechateau.org).

Le jeu des échecs a été ainsi appelé, soit du mot arabe ou persan schah, qui signifie roi, qui est la principale pièce de ce jeu; soit de l'Allemand schach, c'est-à-dire voleur ou filou d'où ce jeu a été dit latrunculorum ludus. Vog. le Glossaire de Ducange. » Quelques auteurs ont cru qu'il fallait remonter jusqu'au siège de Troie pour trouver l'origine du jeu des échecs, dont ils attribuent l'invention à Palamède; mais cette opinion n'est pas mieux fondée que celle qui suppose que ce jeu a été connu des Grees et des Romains, et que par conséquent nous l'avons reçu d'eux. Il est dû aux Indiens. [...] Nos meilleurs auteurs disent que les échecs des anciens étaient ordinairement de verre (Dictionnaire Des Inventions, Éditeur J.P. Meline, Cans et Company, 1837 - books.google.fr).

Le poète Martial, qui osait s'exprimer ainsi dès le premier siècle de l'ère chrétienne, était évidemment un homme de goût. Sa nomenclature est précieuse, en ce qu'elle jette un certain jour sur la question des Échecs à Rome, question que nous traiterons plus tard dans cette revue, avec tout le soin qu'elle commande; bornons-nous pour aujourd'hui à constater que le jeu des Échecs, ou un jeu très-analogue, était connu et pratiqué des grands à Rome. Ce n'est pas une médiocre gloire d'avoir possédé une telle faveur, alors que le goût public était corrompu par les spectacles sanglants de l'arène; alors surtout que Domitien, le patron de Martial, faisait jouer les rôles de traître par de vrais criminels dévorés sur la scène par de vrais ours. Le même poète parle encore du jeu d'Échecs dans deux distiques dont voici la traduction. « Si tu joues la guerre des Échecs, féconde en combinaisons et en pièges, ces pièces de verre seront tes soldats et tes ennemis. » « Ici l'on joue au tric-trac et l'on amène sonnet; là c'est aux Échecs, et la pièce attaquée doublement succombe. ».

(VII, LXXI) : Sic vincas Noviumque, Publiumque Mandris, & vitreo latrone claufos (Si, vainqueur de Publius et de Novius, tu les enfermes au moyen de tes pions et d'un larron de verre". L'allusion de Martial porte sur des victoires, supposées gagnées sur Publius et sur Novius, et a trait par conséquent à des fins de partie (Jean Preti, Numa Preti, La Stratégie, Volume 1, 1867 - books.google.fr, Louis Becq de Fouquières, Les jeux des anciens: leur description, leur origine, leurs rapports avec la religion, l'histoire, les arts et les moeurs, 1869 - books.google.fr).

Les pièces du jeu d'échecs s'appelaient indifféremment calculi, latrones et latrunculi. Voyez Ovide, Art. d'aimer, 1. II, v. 207. Elles étaient de verre ou de pierre transparente (Nisard, Oeuvres complètes de Stace, Martial, Manilius, Lucilius Junior, Rutilius, Gratius Faliscus Nemesianus et Calpurnius, 1851 - books.google.fr).

Curieusement le troisième Hermès cicéronien couvre plus largement l'amalgame que représentait Anubis pour les Égyptiens (cf. R.E., I, p. 2649, depuis lors le type n'a plus été étudié, à notre connaissance) et on s'en rend compte en lisant l'article le concernant dans le 2e mythographe du Vatican (item 41). Le mythographe latin reprend Corvilius : Jupiter et Maia engendrent Mercure sur le mont de Cyllène. ce Mercure invente les lettres, la distribution de l'année en mois, la lyre à sept cordes (à cause des sept Atlantides. dont sa mère), il protège commerçants et voleurs, porte le caducée, mais a des ailes aux talons, mais il a une tête de chien. On a donc dédoublé l'Hermès-Anubis, l'Harm-Anup. La séparation était radicale, Servius (En., III, 698) en est l'écho : Latrator Anubis quia capite canino pingitur hunc volunt esse Mercurium. Elle était due à l'image du nom d'Hermès pour les Thessaliens, il semble appartenir à une origine védique où le folklore fait entrer des chiens dans la légende d'Hermès (Sàrameyas) - cf. Gruppe II, p. 1319. Ceci, naturellement, ne faisait pas partie des connaissances d'un rédacteur alexandrin. Ce troisième Hermès est père de Pan, telle était la version finale des rapports de cet Hermès des Arcadiens avec leur dieu - Pan - qui se substituait au soleil. Le centre du culte est Kullènè, auquel les auteurs anciens ont donné beaucoup d'importance. Sans doute le nom d'Aegyptos n'arrive qu'en posture secondaire dans le culte arcadien, mais le culte d'Hermès arcadien diffère très fort du culte d'Hermès thessalien et comporte un élément chtonien, il se situe mieux dans la ligne du culte d'Hermopoulis en Egypte (Cicéron, De Natura Deorum : livre III, présenté par Martin Van Den Bruwaene, 1981 - books.google.fr).

Palamède expliqua le mécanisme des éclipses aux Grecs, mises en relation avec le boeuf et l'âne, les cynocéphales (à tête de chien comme Mercure/Hermès), le flux de sang arrêté par Jésus, la lèpre, etc. (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : L’Echiquier de la Croix des Prophètes, Autour de Rennes le Château : Signol - Sigzol : la lettre de Mantinée).

À lire ainsi au fil du texte les Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse, on perçoit bien ce que fut son dessein quand il privilégia la thèse d'un double établissement arcadien sur le futur site de Rome. L'Arcadie passe en Grèce pour la terre des origines, on l'appelle le pays des "prosélènoi", « ceux qui précédèrent la lune », ou des "balanèphagoi", « ceux qui mangeaient des glands ». C'est aussi le lieu des commencements de la civilisation le roi qui lui a donné son nom, Arcas, est célébré pour avoir fait parcourir aux hommes le chemin qui va de la sauvagerie à la culture. [...]

En fait, d'après notre historien, ces hommes ne sont pas été les seuls à être venus d'Arcadie. Au dire même des Romains, soixante ans environ avant la guerre de Troie (avec sa fausse précision, la généalogie est, comme l'étymologie, une des armes des antiquaires), une seconde expédition aurait débarqué sur les bords du Tibre. Son chef, Evandre, était fils d'Hermès et d'une nymphe, que les Romains nommèrent Carmenta. Les Carmentalia étaient célébrées le 11 et 15 janvier. Le mot carmen désigne le chant ; cette femme chantait l'avenir. Evandre obtint de Faunus, le roi des Aborigènes la permission d'établir un village sur l'une des sept collines. Ce village fut appelé Pallantion, nom qui, avec le temps, s'altéra en Palatin. Faunus, fêté le 13 février selon Ovide (Fastes), fut assimilé à Pan, dieu arcadien fils d'Hermès, et à Sylvain. [...]

Servius dit, dans Ad Georgicam 1,10, "Cincius et Cassius disent qu'Évandre fit de Faunus un dieu et qu'à cause de cela les édifices sacrés ont d'abord été appelés faunae puis fana ; et que c'est aussi pour cela que ceux qui prédisaient l'avenir ont été appelés fanatici". [...]

C'est alors que Virgile, avec l'exil de Saturne, invente un nouveau mythe romain des origines, en ajoutant une troisième histoire d'exilés, qui lui permet de localiser l'âge d'or saturnien dans le Latium. L'arrière-plan ainsi donné à l'émigration arcadienne l'est dans une perspective axiologique. Evandre passait pour avoir introduit en Italie le mode de vie et les vertus pratiquées en Arcadie, la première terre habitée par les hommes. Avec le personnage de Saturne, on découvre que leur enracinement dans le Latium remonte au commencement du monde. Dans cette période où l'Etat romain sort d'une grave crise, il s'agit de donner une nouvelle légitimité à l'idéologie du mos maiorum, qui tenait la justice, la pietas, la uirtus et la simplicitas pour des vertus spécifiquement romaines, liées au sol même de la cité. Grâce à la fiction du règne de Saturne, bien avant celui d'Evandre, tous deux préparatoires à la venue du pieux Énée, la pratique de cette morale sur le sol romain est renvoyée à la plus haute antiquité (Jacqueline Fabre-Serris, Rome, l'Arcadie et la mer des Argonautes, 2008 - books.google.fr).

Avant Enée, un autre troyen parvint en Italie, c'est Anténor qui fonda selon la légende la ville de Padoue, ville associée à Rennes le Château comme Héliopolis.

Le tombeau d'Arcas est situé à Mantinée.

Dans les montagnes de son pays, Faunus aime à courir et il est, lui-même, sujet à des fuites subites. Nu, il veut que ceux qui célèbrent son culte soient comme lui, car l'absence d'habits est plus commode quand on court. Le pays dont il est originaire, l'Arcadie, est plus ancien que la lune ; il était habité avant la naissance de Jupiter. [...] Durant la jeunesse de Romulus et de Rémus, au moment d'un sacrifice en l'honneur de Faunus. Tandis que les prêtres préparent les viandes, les deux frères et leurs compagnons exercent, nus, leurs forces dans la plaine. Avertis d'un vol de leurs bouvillons, ils s'élancent à la poursuite des voleurs, chacun avec leur groupe, dans des directions différentes. C'est Rémus qui les attrape et c'est lui aussi qui, de retour le premier au campement, dévore, avec les Fabii, les viandes du sacrifice. [...] On conclura que l'épisode est l'origine de la course des deux groupes de Luperques, les Fabii, et les Quintilii rentrés bredouilles avec Romulus (Jacqueline Fabre-Serris, Rome, l'Arcadie et la mer des Argonautes, 2008 - books.google.fr).

L'Echiquier anglais

On a beaucoup disserté sur le nom d'échiquier ; on a recherché d'où il tirait son origine et à quelle époque il avait été donné soit à la Cour des comptes, soit à la Cour de justice du roi-duc. On s'est encore demandé si l'Échiquier des comptes avait précédé l'Échiquier de justice, si l'un ou l'autre avaient été transplantés de Normandie en Angleterre, ou d'Angleterre en Normandie. P. Pithou et Ragueneau, Chopin, Bodin, Basnage, et après eux Ménage, etc., ont fait dériver le mot Scacarium, Échiquier, de l'allemand schicken ou schichen ou skecken, qui signifie envoyer, parce que les membres de cette institution étaient envoyés dans le pays comme les missi Dominici, du temps des Carolingiens. Spelman et Wagius font venir scacarium de schatz ou de scata, qui signifie trésor. Somners veut qu'il tire son origine de schaen, ravir, ce qui, dit-il, est le propre du fisc. D'autres enfin prétendent qu'il faudrait attribuer l'origine de ce mot à l'habitude qu'on avait de plaider devant la Cour les uns contre les autres en bataille rangée, comme au jeu de l'Échiquier. Ducange penche cependant à croire que le mot vient de ce que le pavé de la salle où se tenaient les séances de cette institution était en forme d'échiquier, ou que la table autour de laquelle s'asseyaient les fonctionnaires était couverte d'un tapis composé de divers carreaux. L'abbé Lebeuf cite un passage de la vie de saint Thomas Becket, par Jean de Salisbury, d'après lequel il résulterait clairement que le nom d'échiquier a pris naissance dans ce fait « que pour calculer sur la table carrée de la salle on se servait de jetons de deux couleurs, » apparemment l'une pour marquer les livres et l'autre les sols. [...] On sait ce que veut dire paraître à la barre ; pour désigner le tribunal des eaux et forêts et de l'amirauté, on disait la table de marbre; que le plus célèbre tribunal de Rome, la Rote, tire son nom de rota, roue. En France, le mot bureau avait autrefois la même signification que bure, pièce d'étoffe de couleur noire. [...] Nous croyons que c'est la seule étymologie admissible, et ce qui doit confirmer cette opinion, c'est que, selon M. de Lamorinière, il existe à la Tour de Londres des actes concernant l'acquisition des draps fournis à l'Échiquier du temps de Henri II, Richard Cœur-de-Lion et Jean-Sans-Terre; c'est qu'au couronnement de Richard, six comtes et six barons portent le drap appelé Scacarium, sur lequel étaient posés les emblèmes de la royauté ; c'est qu'au temps de Madox, qui adopte cette opinion, le tapis bariolé de l'Échiquier existait encore, et que de nos jours on se sert d'un drap distribué en échiquier pour couvrir les bancs et la table de la salle où s'assemble l'Échiquier d'Angleterre (Barthélemy Pont, Histoire de la ville de Caen: ses origines, Tome 2, 1866 - books.google.fr).

Un guide : Mandiargues dans La Marge

Dans le roman d'André Pieyre de Mandiargues (1909 - 1991) La Marge, Sigismond aime passionnément sa femme, Sergine Montefiori - elle est d'origine juive-italienne et a vingt ans de moins que lui -, et ensemble ils ont un enfant, Elie. Ces derniers sont restés dans le sud de la France avec Féline, la confidente et la gouvernante de la famille, dans un mas près de Montpellier. Sigismond va en Espagne sous le prétexte de remplacer un sien cousin représentant en apéritifs mais en réalité pour prendre un peu de bon temps. Son premier soin une fois arrivé à Barcelone, est de passer à la poste, supposant l'arrivée d'une lettre de sa femme, en fait elle est signée Féline et il retardera le moment d'en prendre connaissance. Sigismond apprendra par la lettre que son enfant, le petit Elie, est mort noyé, et que sa femme s'est suicidée en se jetant dans la spirale d'un escalier de la tour du mas.

Montefiori - la montagne fleurie -, Féline qui fait penser à Félines-Hautpoul et l'escalier en spirale comme dans les tours du belvédère de Saunière engage à poursuivre l'inspection.

Le cousin de Sigismond, Antonin Pons, est originaire de Nîmes. L'entre-deux de Nîmes et Montpellier est à la même distance de Rennes le Château que Barcelone.

L'échiquier de La Marge

L'échiquier appartient à la catégorie des jeux à tableau. « Cela veut dire que l'on joue sur une surface plane, présentant certains caractères géométriques et sans laquelle le jeu serait impossible ». Cette surface plane à l'origine du jeu représentait la terre et plus précisément le champ de bataille sur lequel s'affrontaient les armées dans le but de protéger leur roi. Cette représentation peut parfaitement s'appliquer à la page blanche ou ou quadrillée sur laquelle va se jouer le grand jeu de l'écriture. Dans les romans, le terrain de jeu est transféré par métonymie en ville dont le plan « en damier » suggère suggère parfaitement l'échiquier. Le damier est visualisé deux fois par Sigismond, à chaque fois c'est sur des véhicules, moto puis automobile, qui menacent son intégrité. Le passager de la moto lui crache sa cigarette aux pieds en le traitant de mariquita, c'est-à-dire de « pédé », l'agression touche d'abord sa sexualité, puis la voiture manque de l'écraser, et l'agression devient physique. Des couleurs non académiques deviennent signifiantes. Le rouge, couleur du danger, mais aussi de la libido, est associé au blanc, couleur d'initiation, dans la première occurrence. Dans la seconde, l'association du jaune et du noir indique la direction à suivre : « Noire ou jaune est aussi pour les Chinois la direction du nord, ou des abîmes souterrains où se trouvent les sources jaunes qui mènent au royaume des morts». Serait-ce à dire que la couleur de ces damiers représente les signes annonciateurs de l'enjeu de la partie en cours ? La valeur différente des pièces du jeu est exploitée dans les textes par analogie, par personnification. Trois sortes de pièces sont mentionnées. Les pions qui reviennent le plus souvent sont aussi les plus nombreux sur l'échiquier et bien que leur importance en valeur soit secondaire. Ils sont, d'après Philidor, grand stratège échiquéen, « l'âme du jeu ». Le pion, comme toutes les pièces du jeu d'échecs, est fait pour être manoeuvré par la main du joueur, c'est le principe du jeu. Les pions, assimilés aux personnages du roman, sont manipulés par une main de géant qui est celle du créateur. Eléments essentiels, « vivants » du jeu, ils incarnent des personnages comme dans L'Anglais, ou bien ils sont muets comme des personnages croisés sans aucune importance mais nécessaires pour créer une atmosphère, ou encore ils sont symboliques comme les œufs que découvre Ferréol. Les tours plurielles incarnent les deux jeunes filles au bal et sont qualifiées de « pièces nobles » dominant les pions triviaux de la foule dans Le Lis de mer. Puis au singulier, la tour devient «la pièce de sécurité», dans La Marge. Cette deuxième occurrence semble plus riche que la simple métaphore du Lis de mer. La tour apparaît dans le paysage dès l'arrivée de Sigismond à la poste dont la façade est ornée de quatre statues, chacune flanquée de « deux tours à pilastre ». Cependant, rapidement il ne reste plus qu'une tour en jeu ; on pourrait considérer que l'autre est écartée par l'ouverture de la lettre mettant le Roi Sigismond en échec. L'autre, celle qui reste, pièce maîtresse du jeu, représente la tour Colon, matérialisée par la bouteille baptisée « tour de verre » qui bloque la lettre fatidique en lui accordant un répit. La tour a une double fonction puisqu'elle est qualifiée de « pièce de sécurité ». C'est elle qui bloque le temps et la fatalité. La tour de verre défend « sa reine ou le roi blanc qui n'est autre que lui-même ». Dans le jeu d'échecs, la Tour a un rapport privilégié avec le Roi : Le roque a pour principaux effets de mettre le Roi relativement à l'abri vers un coin et d'amener une Tour dans une position plus active à la base d'une colonne centrale (Roger Caillois, Jeux et sports). Il y a donc concordance entre la tour que Sigismond pose sur « la juste case », celle de la lettre de Féline, et le mouvement du roque dans le jeu d'échecs qui le rend maître du jeu. Sigismond s'incarne donc dans le Roi blanc. Or, le blanc est couleur de passage au moment des mutations de l'être. Sigismond entreprend une quête initiatique qui le révélera à lui-même. Quant à sa reine, qu'est censée défendre la tour, elle est hors jeu, puisqu'il est à noter qu'aux échecs on doit dire « Dame » et non « Reine » pour éviter les ambiguïtés dans les symboles. Ici, la reine, c'est bien sûr Sergine dont l'intégrité est entamée par la lettre de Féline. La partie est donc déjà engagée, le Roi blanc, sur la défensive pour éviter le mat, s'enferme dans une bulle dont l'intégrité est gardée par la tour. Cette bulle lui assure « d'être dans un espace ou dans un temps provisoirement retranché de la commune existence ». (La Marge) [...]

Les caractères de cette bulle tiennent aussi de la magie. Tout d'abord, en tant que souffle, elle est principe de vie et signifie l'exercice de la puissance créatrice. Ensuite, légère, elle est soumise à l'air qui la gonfle et la porte, elle devient « roulante » et « errante », elle trace la voie du destin. Puis, « transparente » un peu comme un miroir sans tain, elle permet de voir à l'extérieur sans être vu et elle change le personnage en témoin. Enfin, « protectrice » et « agréable », elle isole du monde réel, procurant un apaisement provisoire du moins le temps que tiendra l'assemblage géométrique qui l'a généré : Crevée donc est la bulle ; explosée. De la paroi qui fut solide, élastique et douce aucun lambeau ne demeure, et la chambre d'hôtel est ouverte à tous les vents de particules et à toutes les tempêtes magnétiques ruées dans le glacial espace où les astres sévissent. Altaïr ! L'hôtel Tibidabo a rejoint le point d'origine des inquiétants émissaires qui se sont multipliés en tous lieux de la ville. Sigismond plane avec lui dans un malheur cosmique (La Marge). Sa rupture provoque un cataclysme intersidéral. La bulle s'apparente donc à un cercle magique, le temenos qui est un espace tabou dans lequel il lui sera possible d'affronter son inconscient. Jung montre que dessiner un cercle protecteur protège celui qui s'y enferme des dangers de l'âme et il en éprouve un sentiment agréable de soulagement. C'est bien ce qu'éprouve Sigismond, grâce à cette bulle, il va être capable de mener à bien la désagrégation de sa personnalité causée par sa régression au stade infantile et sa reconstruction initiatique. [...]

Ce temps à part, c'est le temps du jeu qui lui assure un délai, une marge. Au moment décisif de la partie d'échecs que Sigismond a entreprise depuis le début du roman, quelqu'un, maître ou partenaire invisible, le pousse à jouer : « Joue ». La répétition de l'injonction à l'impératif ne lui laisse pas le choix. L'échec et mat pour Sigismond, c'est la mort. Mais procédons par ordre, avant d'en arriver à la fin de la partie, il met en place une grande partie de jeu d'échecs qui se déroule sur tout le roman. Le jeu d'échecs, appelé à l'origine tchaturanga dans les textes sanskrits, veut dire « quadripartite », c'est-à-dire divisé en quatre parties. Or ce roman est composé de quatre chapitres mais qui divisent la durée de la partie, fixée d'avance à trois jours, en moments inégaux alors que dans le jeu d'échecs la durée de chaque coup est codifiée. De plus, la partie est perdue d'avance, la seule stratégie possible pour Sigismond est de résister à la tentation d'en avancer l'échéance. Paradoxalement, il ne lui est possible que de déplacer (échec à lui-même) ou non la tour avant la date qu'il s'est imposée. En fait, il joue seul « Puissé-je au moins savoir le nom de mon adversaire ! » s'exclame-t-il. Contre le malheur qui baigne ce roman, pour se mettre en marge de son destin tragique, le héros joue une impossible partie d'échecs. « A portée de sa main le grand jeu de sa vie est disposé». Pour Sigismond, cette partie d'échecs, c'est avant tout l'échec de sa vie et il se doit d'aller au bout de la partie qui le conduit au mat c'est-à-dire à la mort. [...] Sigismond, au moment de mourir, s'affirme non joueur. [...]

Drôle de jeu d'échecs auquel se livre Sigismond ! Jeu de stratégie s'il en est, la partie est escamotée puisqu'elle se déroule en un seul coup. Cependant, pour y parvenir, il doit appliquer la loi stratégique du jeu qui va le conduire à la connaissance de lui- même. Le moment venu, il lui est ordonné par deux fois de jouer. Piètre joueur, il est désemparé, il s'en remet au plus fou des héros, Quichotte, pour lui souffler une solution impossible. Le jeu d'échecs de Sigismond est plein de paradoxes : ce n'est pas un jeu de compétition puisque le déroulement connu d'avance est incompatible avec la nature de la compétition. De plus, Sigismond joue seul face à lui-même, il ne peut y avoir de gagnant ou de perdant, ou plutôt, Sigismond a perdu la partie avant de la commencer puisqu'il est en position de mat dès le début. Mat vient de l'arabe mât qui signifie mort. Sigismond est en effet un mort vivant qui fait « comme si de rien n'était» pour s'accorder une marge, un délai libertin. On pourrait dire qu'il ne s'agit pas d'un jeu d'échecs mais que le mot « échec » est à prendre littéralement et au singulier car nous assistons au spectacle de l'échec de la vie de Sigismond. Cette lecture du jeu nous mène aux antipodes de la compétition pour nous placer dans l'atmosphère métaphorique du masque et du vertige de l'érotisme. C'est dans ce décalage que s'incarne l'esprit ludique que nous retrouvons autour du hasard qui peut prendre deux aspects, soit être l'enjeu de jeux particuliers, soit laisser le hasard présider à la composition de l'œuvre. Le pari du «hasard objectif» prôné par Breton séduira-t-il un moment le poète ? [...] Le mot hasard vient de l'arabe az zahr, « le dé », par l'intermédiaire de l'espagnol azar, il a le même sens que l'alea dans les catégories du jeu. Le dé est l'instrument du destin. Si les jeux de hasard n'abondent pas dans les textes, par contre, le hasard s'investit dans les œuvres, principalement dans l'errance qui souligne l'arbitraire des choix narratifs en sollicitant des jeux de hasard. La Marge fait quelques détours par des jeux de hasard (Dominique Gras-Durosini, Mandiargues et ses récits : l'écriture en jeu, 2006 - books.google.fr).

La Bohême

De cette femme et de ce paysage naît l'image de Sigismond, un rouquin au teint blême, aristocrate et bohème, peu actif, tranchant quant aux idées, toujours en marge du présent. Un Sigismond qui voit s'ouvrir devant lui, en franchissant la porte de son hôtel, classe tourisme, le monde des putains dont il a gardé le goût secret, peut-être imaginaire, en tout cas nostalgique. « Tu seras dans une mer de filles », lui a dit son cousin en lui parlant de Barcelone... Mais n'allez pas croire surtout qu'il s'agit d'un dévergondage délibéré, non, c'est plutôt la brusque irruption dans la conscience de cet homme d'une rêverie longtemps oubliée. Sigismond traîne donc un peu dans les rues (oui, il y a beaucoup de filles) tout en se rendant à la poste où il espère trouver une lettre de Sergine, celle qu'il aime (Nouvel Observateur, 1967) (Jean Freustié, Chroniques d'humeur, 1969 - books.google.fr).

Ce qui particulièrement intéresse les deux marins de l'Altaïr "est la représentation de fabuleuses bêtes auxquelles on dirait que les artistes de jadis n’ont donné métier que de mordre les hommes vifs ou de décharner les morts. Lions, dragons, serpents, dogues ou corbeaux, les dévorantes créatures partagent avec des démons, souvent cornus, l’admiration des marins, et Sigismond a entendu plusieurs fois l’un de ceux-là siffler d’émoi devant un coup de dent ou d’ongle bien cruellement dessiné." (La Marge) (www.ulyssephilo.comr).

Altaïr (alpha Aquilae), de l'arabe al-nasr al-ta'ir qui signifie « l'aigle en vol », est l'étoile la plus brillante de la constellation de l'Aigle. Le nom arabe apparait avant les traductions des ouvrages grecs. L'origine est probablement sumérienne ou babylonienne, pour ces peuples Altaïr était « l'étoile de l'aigle » Altaïr est sur l'alignement qui part de la Grande Ourse, suivant la diagonale SO-NE de la « casserole ». Cet alignement passe par le cœur du Dragon et par sa tête, pour venir toucher Véga de la Lyre, puis Altaïr (fr.wikipedia.org - Altaïr, (fr.wikipedia.org - Aigle (constellation)).

L'aigle est l'emblème héraldique du Saint Empire germanique dont Sigismond de Luxembourg, persécuteur des partisans du réformateur Jean Huss, fut empereur.

Les hussites, d'ailleurs, n'ont pas manqué de traiter d'Antéchrist leur adversaire Sigismond. D'autres prophéties impériales allemandes du début du XVe siècle invoquent l'aigle impérial et Frédéric. On peut rapprocher le Livre de la Sainte Trinité de la Reformatio Sigismundi (1439) qui contient également la description du blason du précurseur du futur empereur Frédéric considéré comme un roi-prêtre ; Sigismond est présenté comme le précurseur de Frédéric (Barbara Obrist, Les débuts de l'imagerie alchimique: XIVe-XVe siècles, 1982 - books.google.fr).

La Reformatio Sigismundi, rédigée sans doute à Bâle, en 1439, fut imprimée à neuf reprises avant 1522. Or cet écrit, qui préconisait de profondes réformes, en confiait la réalisation aux « petits », qu'il invitait à la révolte; un prêtre-roi, dont le nom, Frédéric, évoquait les empereurs d'autrefois, devait prendre la tête de ce mouvement et le conduire à la victoire. Insensiblement, les lecteurs passaient des propositions raisonnablement réformatrices aux perspectives eschatologiques (De la réforme à la Réformation (1450-1530), Tome 7 de Histoire du christianisme, 1994 - books.google.fr).

L'appel direct à l'action dans le Songe de Mézières pourrait d'ailleurs s'avérer un critère de distinction par rapport aux miroirs conventionnels. En effet, le prince doit agir pour sauver le monde, la foi chrétienne, l'Empire, le royaume, son peuple, son âme et son propre pouvoir. Philippe de Mézières et la Reformatio Sigismundi lui donnent des conseils, développent des projets législatifs. Le troisième livre du Songe du Vieil Pelerin parle beaucoup de la « pratique ». Le roi doit jouer aux échecs et faire de bons « traits ». Il lui faut convoquer des assemblées de réforme auxquelles participeront les princes chrétiens de l'Europe entière, le clergé et, au niveau national, les trois états. Mézières les appelle « conciles », « parlements » ou « consistoires ». Il fait des remarques détaillées sur la préparation d'une croisade qui servira à la « ré-formation » du monde. Quant à la tenue de ces assemblées « européennes », le rôle qu'il prévoit pour le roi français ressemble à celui que Sigismond essaie de jouer aux conciles de Constance et de Bâle (Gisela Naegle, A la recherche d'une parenté difficile, Le Prince au miroir de la littérature politique de l'Antiquité aux Lumières, 2007 - books.google.fr, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Les Quatres Reines, histoire et jeu de cartes).

Les Luxembourg, partant de l'Europe Centrale voulaient réaliser une tentative du côté nord des Alpes, visant à relier leurs royaumes respectifs centre-européens avec l'héritage dynastique : le duché de Luxembourg. Etant donné que la région située entre l'Empire et le Royaume de France s'est beaucoup destabilisée, elle semblait plus instable que jamais, au fur et à mesure que la puissance bourguignonne se stabilisait, l'intervention de Sigismond ne tarda pas. Fort de sa position obtenue à Constance et par son concile, il jouait le rôle du défenseur de la Chrétienté et celui de « l'Imperator pacificus », il revendiqua (et on lui revendiquait) le rôle de médiateur dans la querelle franco-anglaise. Sa médiation trompera les espoirs français, et elle est très sévèrement jugée par les historiens. Pourtant, à notre avis, à un certain niveau du possible tout se tient : les négociations de Perpignan et le traité de Narbonne (13/12/1415), conclu entre les rois de Navarre et d'Aragon et le comte de Foix, les négociations de Paris (qui devraient persuader Sigismond de l'instabilité évidente du gouvernement du royaume de France ; mars 1415) ; les négociations de Londres et les Conventions de Cantorbéry avec Henri V de Lancastre (15/08/1416) et la rencontre de Calais avec le duc de Bourgogne ; toutes ensemble avaient pour but la création et le maintien d'un équilibre (sûrement éphémère, mais aussi durable que ça puisse l'être sans ces conditions). Un équilibre ouest-européen, favorable au Concile général de Constance, mais avant tout, propice à la position position dominante de l'Empereur. Les conventions de Cantorbéry n'ont pas n'ont pas pu supprimer le caractère anti-bourguignon de la politique de Sigismond, qui avait envisagé le triple partage (Empire, Angleterre, France) des Pays-Bas bourguignons. A Calais, Sigismond exigea l'hommage du duc de Bourgogne pour les comtés de Bourgogne et d'Alost, revendiquait le duché de Luxembourg et Brabant. Mais son activité impériale ne s'arrêta pas là : il éleva au rang de duc le comte de Savoie, de plus en terre française, précisent certains chroniqueurs scandalisés. Sans vouloir rentrer ici dans les détails, les Habsbourg, pour assurer leur présence dans cette région, suivront les mêmes types de revendications, et la France de Charles VII, elle non plus, n'abandonnera pas l'idée d'inquiéter le duc de Bourgogne avec ses revendications un peu fantaisistes du Luxembourg (S. Csernus, Perspectives politiques des tentatives de regroupement territorial au début du XVe siècle: quelques aspects internationaux, Actes du Congrès National des Sociétés Savantes: Section d'Histoire Médiévale et de Philologie, 1980 - books.google.fr).

Sigismond de Luxembourg et le concile de Constance

En 1410, la chrétienté resta alors partagée en trois obédiences : celle de Jean XXIII, pape de Pise successeur d'Alexandre V, qui comprend la France, l'Angleterre, la Pologne, la Hongrie, le Portugal, les royaumes du Nord, avec une partie de l'Allemagne et de l'Italie ; celle de Benoît XIII, pape d'Avignon, composée des royaumes de Castille, d'Aragon, de Navarre, d'Écosse, du duché de Bretagne, des îles de Corse et de Sardaigne, des comtés de Foix et d'Armagnac ; celle de Grégoire XII, pape de Rome, qui conserve en Italie plusieurs villes du royaume de Naples et toute la Romagne ; en Allemagne, la Bavière, le palatinat du Rhin, les duchés de Brunswick et de Lunebourg, le landgraviat de Hesse, l'électorat de Trèves, une partie des électorats de Mayence et de Cologne, les évêchés de Worms, de Spire et de Werden.

Jean XXIII, chassé de Rome en 1413 par Ladislas, roi de Naples et de Hongrie, se met sous la protection de l'empereur Sigismond. De concert avec ce prince, il convoque un concile général à Constance pour le premier novembre 1414. Les motifs allégués de la convocation sont l'extirpation du schisme et la réunion des fidèles sous un seul et même pasteur, la réforme de l'Église et la confirmation de la foi contre les erreurs de Wyclif, de Jean Hus et de Jérôme de Prague.

Jean XXIII, qui déjà quittait Constance le 21 mars 1415, fut déposé le 29 mai. Le pape romain Grégoire XII fut lui poussé à abdiquer, ce qu'il accepta pour faire « table rase » de l’ensemble de la crise. Il reconvoqua le concile par la voix de son légat et démissionna par procurateur le 4 juillet 1415. Ce qui mit fin, canoniquement, au Grand Schisme.

Sigismond de Hongrie se rend en Roussillon à la mi-septembre 1415. Il y rencontre à Perpignan Ferdinand Ier d'Aragon et Benoît XIII. Il en repart le 5 novembre 1415 sans avoir réussi à convaincre Benoit XIII d'abdiquer (fr.wikipedia.org - Benoît XIII (antipape)).

Perpignan se trouve sur le tracé de la constellation du Dragon dans la carte du ciel projeté sur le département de l'Aude (Autour de Rennes le Château : Rennes les Bains, la Petite Ourse et le Dragon).

Les conférences de Perpignan devaient d'abord avoir lieu au mois de juin (1415), mais le roi d'Arragon, protecteur de Pierre de Lune, pria l'empereur de différer un peu son voyage. Ce prince y consentit et ne partit qu'au mois de juillet. Pierre de Lune était à Perpignan au mois de juin, et avait quitté cette ville à l'arrivée de l'empereur. Il ne pouvait pas ignorer cependant ce qui avait été arrêté entre le roi d'Arragon et Sigismond; mais, suivant son ancien système, il voulait toujours rester opiniâtre, en faisant toutefois certaines avances dont il n'espérait aucun résultat. Après avoir fait citer Sigismond à Perpignan, il se hâta de quitter la ville, lorsqu'il apprit que ce prince était en route. Celui-ci, en attendant le roi d'Arragon, se fixa à Narbonno où il eut une entrevue avec saint Vincent-Ferrier qui était resté jusqu'alors attaché à l'obédience de Pierre de Lune et qui l'assura que le prétendant abdiquerait aussitôt que l'empereur et le roi d'Arragon se seraient entendus. Le saint avait été trompé par l'hypocrisie de Pierre de Lune; dès qu'il en eut la conviction, il se déclara contre lui, prêchant partout que c'était un fourbe et un parjure qui ne méritait que le mépris des fidèles (Wladimir Guettée, Histoire de l'église de France: composée sur les documents originaux et authentiques, Tome VII, 1854 - books.google.fr).

Saint Vincent fait allusion à Benoît XIII en parlant de lui comme du vicarius Ihesu Christi. Dans un sermon prêché à Barcelone le 5 août 1413, il en parle comme du pape véritable (Paul-Bernard Hodel, Le Tractatus de moderno ecclesie scismate de saint Vincent Ferrier (1380): édition et étude, 2008 - books.google.fr).

Benoît XIII mourut vraisemblablement le 29 novembre 1422 ; il fut enterré à Peniscola Six ans plus tard, son neveu, don Juan de Luna, le fit exhumer avec la permission du roi d'Aragon et il ramena sa dépouille dans le palais paternel d'Illueca. Une inscription gravée dans la pierre commémore le 500ème anniversaire de la mort de Benoît XIII dans la chapelle de Peniscola, là où il passa, à moitié prisonnier et dans la solitude, les dernières années de sa vie. [...]

Les ossements du pape furent exposés dans un sarcophage en verre placé dans l'encorbellement de sa chambre natale, dans le palais familial, et rendue accessible au public. Sa renommée et la vénération dont il était l'objet atteignit Rome. Un prélat italien, furieux, vint expressément démolir le sarcophage avec sa crosse. A la suite de quoi les ossements furent transférés ailleurs. En 1811, les soldats de Napoléon saccagèrent le château, ils séparèrent la tête du corps et jetèrent les ossements dans le fleuve Aranda. Par la suite le crâne seul de Benoît fut retrouvé. Aujourd'hui il est conservé dans le palais de Savifiân (Saragosse). A lllueca on espère toujours le récupérer ; sa place dans la chambre natale de papa Luna, dans un encorbellement du château, a été restaurée récemment (Barbara von Langen-Monheim, Un mémoire justificatif du pape Benoît XIII: l'Informatio seriosa : étude de ses reformulations, de 1399 aux actes du concile de Perpignan (1408), traduit par Barbara Lempereur, David Engels, 2008 - books.google.fr).

L'arrivée des tours : finale de tours

La cinquième pièce des échecs est appellée aujourd'hui tour; on la nommoit autrefois rok, d'où le terme de roquer nous est demeuré. Cette pièce qui entre, dans les armoiries de quelques anciennes familles, y a conservé & le nom de roc & son ancienne figure, assez semblable à celle que lui donnent les Mahométans, dont les echecs ne font pas figurés. Les Orientaux la nomment, de même que nous, rokh, & les Indiens lui donnent la figure d'un chameau monté d'un cavalier, l'arc & la flèche à la main. Le terme rok, commun aux Persans & aux Indiens, signifie dans la langue de ces derniers, une espèce de chameau dont on se sert à la guerre, & que l'on place sur les ailes de l'armée, en forme de cavalerie légère. La marche rapide de cette pièce, qui saute d'un bout de l'échiquier, à l'autre, convient d'autant mieux à cette idée, que, dans les premiers tems, elle étoit la seule pièce qui eût cette marche (Encyclopédie méthodique, Mathématiques , Tome I, 1784 - books.google.fr).

Les armoiries de la ville de Rochemaure en Ardèche arborent trois rocs.

Roko Negro, le rocher de Roque Nègre à Rennes les Bains et Blanchefort joueraient le rôle d'une tour noire et d'une tour blanche, disposées selon l'Echiquier de la Croix des prophètes, sur les cases b7 et c7, le camp des blancs étant à gauche (Ouest), celui des noirs à droite (Est).

La présence de la Tour de Magdala et de la tour de verre de l'Orangerie, en dehors d'autres pièces du jeu d'échecs, peut conduire à envisager ce que l'on appelle les finales de tours.

Dans son Analyse du Jeu des échecs, Philidor fait l'étude de plusieurs positions de finales. L'une de ces positions, une finale de tour et pion contre tour est appelée position de Philidor. Les finales de tours étant les plus fréquentes aux échecs, la position de Philidor est avec la position de Lucena une notion fondamentale de la maîtrise des fins de parties.

François-André Danican Philidor, surnommé le Grand (7 septembre 1726, Dreux - 31 août 1795, Londres), est un compositeur et joueur d'échecs français qui mena de front ces deux activités toute sa vie. Il est le fils d'un second lit d'André I dit l'Aîné et le frère d'Anne, tous deux musiciens. François-André Danican est issu d'une dynastie de musiciens célèbres au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, qui portèrent tous le surnom de Philidor. Selon une tradition rapportée par Laborde, le plus ancien d'entre eux, Michel (vers 1580 - vers 1651), hautboïste virtuose, aurait enthousiasmé Louis XIII, lui rappelant le talent de l'Italien Filidori. Mais on a dit que leurs ancêtres étaient originaires d’Écosse et qu’ils portaient le sobriquet de « Duncan ». Là, "Philidor" proviendrait des anciens bardes irlandais, les filidh.

La maison natale de Philidor se trouve dans le parc de la chapelle royale de Dreux, qui est la nécropole de la famille d'Orléans. Elle est située dans l'enceinte du château de Dreux.

Louise Marie Adélaïde de Bourbon, duchesse d'Orléans, fille unique du duc de Penthièvre, rachète le domaine à François Belois, maçon à Dreux, qui l'avait acquis à la Révolution. Elle fait construire une chapelle par Charles-Philippe Cramail, architecte parisien, chargé dès octobre 1814 de ce projet. À partir du printemps 1839, cette chapelle de style néo-gothique fut agrandie par son fils, le roi Louis-Philippe, qui en fit la nécropole de sa famille et de ses descendants, d'où le surnom "Saint-Denis des Orléans", en référence à la nécropole des Bourbon.

A Londres en 1745, Philidor se lie avec le comte de Brühl, ministre de Saxe à Londres, qui deviendra avec Diderot, son ami le plus fidèle. C'est dans cette ville qu'il est initié franc-maçon, et il sera membre de la Société Olympique à Paris en 1786. Dans Le Neveu de Rameau, Denis Diderot écrit : « Paris est l'endroit du monde, et le café de la Régence est l'endroit de Paris où l'on joue le mieux à ce jeu ; c'est chez Rey que font assaut Legal le profond, Philidor le subtil, le solide Mayot ».

Vivant des pensions du roi et partisan d'une monarchie constitutionnelle, il s'exile en Angleterre en 1792. Même après Thermidor, on lui refuse la permission de retoruner en France. Il meurt à son domicile londonien et est inhumé à St. James de Picadilly (fr.wikipedia.org - François-André Danican Philidor, fr.wikipedia.org - Chapelle royale de Dreux).

Plan du château de Prague - junkboattravels.blogspot.fr

Le multiple édifice qu'on appelle le château royal du Hradschin eut à subir de nombreuses vicissitudes. Wenceslas 1er le bâtit; un incendie le consuma en 1316; on le reconstruisit en 1333 sur le modèle du Louvre. En 1378, après la mort de l'empereur Charles, il resta inhabité, abandonné durant un siècle entier, jusqu'au jour où Rodolphe II vint préserver ce beau monument d'une ruine inévitable, le peupler de statues et l'embellir par de nombreux travaux. 56 ans après (1652), l'électeur de Saxe assiégea Prague et dépouilla le château du Hradschin de ses richesses; bientôt après, le Suédois Kœnigsmark n'y laissa que des ruines. Enfin Marie-Thérèse releva le Hradschin, et les travaux de reconstruction ne furent guère terminés qu'en 1774. Aujourd'hui il ne reste plus de l'édifice que quatre tours. L'une d'elles, appelée Daliborka (tour blanche), servit, en 1402, de prison à Wenceslas; une autre, la Mihulka (tour noire), servait de prison aux coupables condamnés à mourir de faim (Philippe Le Bas, États de la Confédération germanique, pour faire suite à L'histoire générale de l'Allemagne, 1842 - books.google.fr).

Philippe Le Bas est contredit au niveau des dénominations. La Tour blanche se trouve entre la Tour Daliborka et la Tour Mihulka et la Tour noire à l'est de la Tour Daliborka, toutes situées sur le côté nord du rempart du château de Prague.

Le long de la muraille nord qui donne sur la Fosse aux Cerfs, la Ruelle d’Or est formée d’une rangée de maisonnettes miniatures, certaines pas plus hautes qu’un homme, qui s’adossent au mur d’enceinte entre la Tour Blanche et la Tour de Dalibor (Daliborka). Incongrues dans ce complexe palatin, les petites maisons de la Ruelle d’Or symbolisent parfaitement l’aspect magique de Prague. Une légende tenace s’y rapporte qui en fait le lieu de résidence des alchimistes de l’empereur Rodolphe II fr.wikipedia.org - Château de Prague).

Mettant à profit la situation confuse en Bohême, Sigismond de Hongrie effectue un « coup d'état » en Bohême ; le 6 mars 1402 il fait prisonnier son frère Venceslas et le confie à la surveillance des Habsbourg à Vienne et nomme l'évêque Jean de Litomysl régent de Bohême. Sigismond parvient également à neutraliser son cousin Procope de Moravie, suscitant ainsi la méfiance du frère de ce dernier Jobst. Venceslas parvient à revenir en Bohême en novembre 1403 mais son retour sur le trône s'accompagne de nouvelles concessions à la noblesse qui est la véritable bénéficiaire de cette querelle familiale dont le nouvel archevêque de Prague Zbynek Zajíc de Hazmburk (1402-1411), membre d'une grande famille aristocratique. Le roi doit accepter l'exécution le 23 juin 1405 de son chambellan Sigismond Huler, fils d'un bourgeois d'Egra. En 1409 le concile de Bâle élit un nouveau Pape Alexandre V et reconnait Venceslas comme seul vrai roi de Germanie. Toutefois après la mort du roi Robert Ier le 18 mai 1410, Sigismond se fait élire le 20 septembre 1410 et reste sans concurrent après la décès de Jobst le 18 janvier 1411 (fr.wikipedia.org - Venceslas de Luxembourg, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : L’Echiquier de la Croix des Prophètes).

Juanita

Sigismond de Luxembourg fonda l'ordre du Dragon renversé auquel aurait pu appartenir Jeanne d'Arc. La prostituée de La Marge s'appelle d'ailleurs Juanita qui est née à Médina-Celi en Castille, patrie aussi du cabaliste Joseph Gikatila (1248-1325), représentant de la kabbale des sephirot (Joseph Gikatila, David et Bethsabée: le secret du mariage, traduit par Charles Mopsik, 2003 - books.google.fr).

Medinaceli est "ville de Salim" ("ville de la paix"), connue pour ces arcs romain et arabe en excellent état (fr.wikipedia.org - Medinaceli, 22 v’la l’Tarot : Kabbalisation du Tarot : IV - Empereur . XV - Diable, Voyage dans le temps : Jeanne d’Arc : Jeanne, Charles et Sigismond).

Sigismond cherche désespérément à remplacer Sergine par son avatar corporel, Juanita. Le contact et l’orgasme lui ramène la paix. Le corps lui procure la paix de l’esprit :

Elle s'est tournée vers lui, il se tourne également et, contact pris, il se laisse glisser dans le courant de lumière rose que dispense la ridicule coupe au-dessus de leurs pieds suspendue. Sa pensée, qui va sans contrôle, échafaude une échelle à saumons, par où de brillants grands poissons franchissent un écumeux barrage. Mille gouttelettes, que le plaisir diapre, déploient un arc-en-ciel ; qui retombe (La Marge) (Kacper Wiktor Nowacki, La dynamique de l'érotisme : étude comparative des romans de La Marge de Mandiargues et la Pornographie de Gombrowicz, 2014).

Au témoignage de l'un de ses défenseurs, le duc de Medina-Celi, c'est à la France qu'il voulait, qu'il allait s'adresser, si l'Espagne, mieux inspirée que le Portugal, ne l'avait accueilli, presque désespéré, dans l'asile de la Rabida. Le départ antérieur de son frère Barthélémy Colomb, le futur adelantado, qui, moment même de la grande découverte, se trouvait encore auprès d'Anne de Beaujeu, duchesse de Bourbon, sœur de notre Charles VIII, nous confirme, sans vaine jactance, dans cette pensée, qu'ici encore la France aurait pu être le « soldat de de Dieu », si cela eût été nécessaire. « J'irai trouver le roi de France », avait dit le grand Colomb méconnu, comme auparavant Jeanne d'Arc ignorée (Ludovic Drapeyron, Fête en l'honneur de Colomb, Revue de geographie, Volume 32, 1893 - books.google.fr).

La tour de Colomb à Barcelone joue un grand rôle dans le roman de Mandiargues. Elle ressemble à un sexe masculin en érection. Ce symbole phallique remplace une autre tour de laquelle Sergine s’est jetée pour se suicider. [...] La lecture partielle de la lettre annonçant la mort suicidaire de Sergine, au lieu de marquer une rupture dans le temps de l’histoire, se conclut par un renvoi au futur. [...] Le temps fictionnel ralentit. Quand Sigismond monte la colonne de Colomb, le narrateur remarque que « cela dure plusieurs minutes, longtemps certes ». [...] Il essaie de lutter contre le destin et de s’imposer un temps de repos à tout prix. Terrifié par le souvenir de l’espace du suicide, « la tour des vents » (en même temps superposée à l’espace de la colonne de Colomb où il se trouve), Sigismond referme l’enveloppe contenant la lettre tragique et, ainsi, s’impose-t-il un futur en sursis « […] ce soir, ou demain matin, il l’ouvrira, et [qu’] alors il saura ce qu’il ne veut pas savoir à présent » (Kacper Wiktor Nowacki, La dynamique de l'érotisme : étude comparative des romans de La Marge de Mandiargues et la Pornographie de Gombrowicz, 2014).

Sergine contient le mot "regine" (reine) et s'approche de "vergine" (vierge) comme l'était Marie, "mère de dieu", prénom de la première femme de Sigismond de Luxembourg.

Les Gitans

Un cinéma attire son regard moins pour les affiches de westerns que pour un bar, devant la caisse, où deux jeunes gitanes mangent du jambon noir et des olives avec une avidité féroce qui le fait penser à des perroquets carnivores. Le désir, jamais exaucé, qu'il eut d'avoir un perroquet, tenait peut-être à ce que Féline lui avait raconté qu'en donnant de la viande crue à un oiseau de cette espèce on lui donnait le goût vicieux du sang, et qu'alors, en se servant de sa patte habilement preneuse, il arrachait toutes ses plumes pour en sucer la racine. Sergine s'était bornée à dire que les perroquets détestaient les femmes, et qu'elle n'en voulait pas. S'il en avait eu un, cependant, aurait-il résisté à la curiosité de vérifier son appétit morbide ? Sans doute que non. De l'épais jambon cru il sent quelque envie, et de s'en faire servir une tranche à côté des petites perruches. Et puis merde il s'éloigne (fr.wikiquote.org - André Pieyre de Mandiargues).

Tu ne sais pas vraisemblablement ce que sont ces Gitanes. Le peuple les appelle ainsi, comme on les nomme en Espagne, Gitanes , en Allemagne , Zigeuner ou Ziguimlrs, en Angleterre, Gypsies, en Italie , Zingari et en France, Bohémiens. Ils ne viennent pourtant pas de la Bohème. [...] Il y en avait beaucoup, "il est vrai, en Bohème. En 1417, Sigismond, roi de cette contrée, leur donna des passeports pour qu’ils quittassent librement son royaume. Il y en avait aussi beaucoup en Hongrie, pays qu'ils affectionnaient particulièrement (Auguste de Labouïsse-Rochefort, Voyage à Rennes-les-Bains, 1832 - books.google.fr).

Le papegai rabelaisien désigne le pape (BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES).

Un poème de Friedrich Karl von Erlach appelle "Sittich" le gendre de Sigismond, Albert d'Autriche (Friedrich Karl von Erlach, Die volkslieder der Deutschen, Tome 1, 1834 - books.google.fr).

En grec psittake ; en grec moderne papagas ; En latin psittacus ; En allemand, sittich, sickust, pappengey (le nom de sittich marque proprement les perruches, celui de pappengey les grands perroquets) (Histoire naturelle, generale et particulière: Introd. à l'histoire des minéraux, Tome 63, 1802 - books.google.fr).

Onomastique

Le nom du héros Pons signifie en latin "pont". Le Pont Charles de Prague en Bohême, pays connu pour sa verrerie, fait référence au roi Charles IV qui n'eut de cesse d'embellir Prague. Charles IV est le Père de Sigismond. Le cristal de Bohême est une variété de verre à l’oxyde de plomb, transparent et clair comme le cristal de roche (fr.wikipedia.org - Pont Charles, (fr.wikipedia.org - Cristal de Bohême).

Le prénom du père de Sigismond, Gédéon, est emprunté à la personne de Gédéon Gory, ancien précepteur d'André Pieyre de Mandiargues, pasteur manqué et pédophile honteux. Il ne s'agit donc pas d'un prénom choisi véritablement, mais la similitude des dernières syllabes permet néanmoins de le rapprocher de Sigismond pour mieux l'y opposer. De la même façon, le prénom du cousin de Sigismond contraste avec le nom et le prénom seconds du protagoniste : Antonin vs. Valentin/Point. Tandis que Valentin rappelle le martyr romain choisi pour des raisons obscures comme patron des amants, Antonin renvoie burlesquement à cet "empereur nîmois" qui a "su dérober au monde la conduite impudique de son épouse Faustine" puisque si Titus Aurelius Fulvius Antoninus Pius a laissé à la postérité le souvenir de sa piété, de sa chasteté et de sa tempérance, Antonin Pons, représentant en vins et spiritueux, qui confie à Sigismond sa tournée dans le sud de la France et le nord de l'Espagne est un homme à femmes fanfaron. Initiateur des parcours de son cousin dans les quartiers chauds, il est celui qui le fait glisser de Sergine vers Juanita, de la fidélité à l'adultère. Le texte joue enfin des terminaisons des prénoms pour opposer les femmes aux hommes et les femmes entre elles. La dérivation suffixale suffit à féminiser : Valentin, Point, Antonin ont pour homologues Sergine, Féline. Sergine et Féline sont des quasi-paronymes ; aussi leur image s'associe-t-elle fréquemment dans la mémoire de Sigismond. Sergine Montefiore, descendante de juifs piscénois par sa mère et niçoise d'origine italienne par son père (Michel Bourret, La Barcelone marginale d'André Pieyre de Mandiargues, Iris, Université Paul Valéry. Centre de recherches sur les littératures ibériques et ibéro-américaines modernes, 1997 - books.google.fr).

Il existe aussi un saint Antonin de Florence.

Non content de reconnaître les droits d'Urbain VI et de ses successeurs, à trois reprises, deux fois dans ses Chroniques et une fois dans sa Somme Morale, il affirme catégoriquement l'existence de négociations menées, au nom de Grégoire XII, auprès de l'empereur Sigismond par le cardinal Dominici. [...] Antonin nous assure que, déguisé en simple paysan, Dominici se rendit avec une petite escorte auprès de l'empereur Sigismond, avec qui il négocia la convocation du concile de Constance, d'où sortit, comme on le sait, la paix définitive de l'Eglise (Abbé Raoul Morçay, Saint Antonin archevêque de Florence, 1914 - books.google.fr).

Valentin est fêté le 14 février, la veille des Lupercales, fêtes mises en relation avec Faunus (Pan) pendant lesquelles les Luperques vêtus d'un simple pagne tiré de la peau du bouc sacrificiel en flagellant tout ce qu'ils rencontraient avec des lanières faites de cette même peau (Nicole Boëls-Janssen, Amator elusus, l'amoureux mystifié : topos littéraire ou mythe, Revue des études latines, 2007 - books.google.fr).

Sorte de toison :

Philippe II, Duc de Bourgogne, institua l'Ordre de la Toison d'Or en 1429 à Bruges, pendant les cérémonies de son mariage avec Isabelle, fille du Roi Jean de Portugal. Sans nous arrêter à l’esprit profane que quelques Auteurs ont attribué à cet établissement, en le rapportant à l’histoire fabuleuse de la conquête faite par Jason de la Toison d’or en Colchos; la pieté de ce Prince, l’occasion d’un acte de Religion, des témoignages meme de ce tems là, tels que font des tableaux & des anciennes Tapisseries que l’on conserve à Bruxelles pour les jours de solemnité, nous prouvent que les fondemens de cet Ordre ont été jettez par des vues plus Chrétiennes, & ce fut pour inspirer à sa Noblesse le courage contre les Infidèles, à l’exemple du vaillant Gédéon, Chef du peuple de Dieu, lequel, sur l’assurance mysterieuse du miracle de la Toison de laine faite en sa faveur, défit, avec un petit nombre d’hommes choisis, la puissante armée des Madianites. Le même motif porta Philippe le Bon à nommer vingt-quatre Chevaliers, dont la Noblesse & la réputation fut sans reproche, pour combattre les Infidèles & venger la prison de son père Philippe le Hardi qui avoit été pris par les Turcs en 1396, dans la bataille que l’Empereur Sigismond livra contre le Sultan Bajazet Ier [Nicopolis, Nikopol en Bulgarie] (Ferdinand Ludwig Von Bressler Und Aschenburg, Les Souverains Du Monde, Tome 4, 1722 - books.google.fr).

Le quinaire dans le roman

Le roman La Marge s'ouvre sur une indication d'horaires : « Cinq heures. Un clocher, lointain par bonheur, vient d'en donner l'annonce. » Cette mise en scène d'un repère temporel, exact, physique, sonore, et du temps chronologique et continu qu'il pourrait prédire contraste avec le temps qui lui succède. Il s'agit en effet d'un temps du flottement dans lequel présent, passé et futur s'intervertissent jusqu'à ce que cette progression, aussi méthodique que circonvolutive, soit sectionnée par l'arrêt de mort final : « Il rit aux plus grands éclats de lui-même et de son malheur, il pose sur sa poitrine, à sa juste place, le court canon de l'arme, il presse la gâchette, et voilà comment il s'est brûlé le cœur. » Dans cette ultime phrase résonnent les mêmes sons que dans les premières lignes (le coup de canon final, en ellipse, absence vers laquelle le récit est allé, répond symétriquement au coup de cloche liminaire). Si le texte mandiarguien file implacablement vers la mort de ses personnages, La Motocyclette et La Marge indiquent que ce mouvement imparable n'avance pas, mais retourne, que ce mouvement file, mais à rebours, qu'il remonte en en quelque sorte le cours du temps vers son départ qui le contient déjà. Entre ces points de départ et de fin, présent, passé et futur circulent jusqu'à l'effroi en un temps aussi dilaté que figé, en un temps développable et immobile, un temps de « l'égarement ». C'est le vol en éclats, l'implosion, la fin du temps chronologique, compressé dans une dernière scène qui devient la première tandis qu'un mouvement contradictoire les relie (Alexandre Castant, Esthétique de l'image, fictions d'André Pieyre de Mandiargues, 2001 - books.google.fr).

Le chiffre cinq, dans l'image du pentagramme, flamboie dans l'œuvre comme les beaux corps cristallins. Il est l'emblème du microcosme et de l'androgyne. « Le cinq symbolise la manifestation de l'homme, au terme de l'évolution biologique et spirituelle ». Le pentagone dans l'épilogue de La Marge est représenté par les alvéoles du revolver pointé sur le coeur « et voilà comment il s'est brûlé le cœur ». Le coeur étant dans notre imaginaire occidental le siège des sentiments, on peut rejoindre l'analyse de Francine Mallet et dire avec elle qu'il s'agit là d'un acte d'amour. Certes puisque l'amour est la condition nécessaire à la reconstitution de l'androgyne. Mais de plus, dans le miroir de l'imaginaire universel, le cœur en tant que centre de l'individu, est centre de l'esprit. C'est bien son esprit qui a conduit Sigismond au centre de ses pulsions, il a réussi à les affronter ; il est devenu maître de son destin, « maître du temps et de l'espace ». Déchiré entre les deux pôles masculin et féminin, Sigismond réussit à reconstituer la plénitude de l'androgyne marquée par la présence de la figure totalisante du pentagone du barillet de son revolver composé de cinq alvéoles, le trois du principe mâle ajouté au deux du principe femelle. Pour ne pas détruire cette image du pentagone, il renonce au jeu de la roulette russe : «Je ne suis pas joueur ». La figure de l'androgyne correspond parfaitement à la symbolique du roman qui avait débuté à l'alpha sous l'égide du temps et du nombre cinq (cinq heures, cinq semaines depuis son départ) et qui s'achève à l'oméga sous le signe du pentagone. La boucle est bouclée, l'être nouveau androgyne est recréé par la réunion des contraires, l'eau et le feu, l'air et la terre, mais aussi par le parachèvement de l'œuvre comme totalité. Sigismond hésite entre le nombre de pelles dans la sablière, le sept indique le sens d'un changement après un cycle accompli et d'un renouvellement positif tandis que le neuf « semble être la mesure des gestations [...] et symbolise le couronnement des efforts, l'achèvement d'une création » (Dominique Gras-Durosini, Mandiargues et ses récits : l'écriture en jeu, 2006 - books.google.fr).

Le pentagone du domaine de l'abbé Saunière

Sur le plan du domaine de l'abbé Saunière, les tours de l'orangerie, Magdala et le clocher de l'église Sainte Marie Madeleine commencent un pentagone qui se ferme sur le potager et la librairie "La Porte de Rennes" (Géométrie Sacrée dans l'affaire des 2 Rennes 6/6 - www.rennes-le-chateau-archive.com).

Le sommet dans l'église se trouve devant l'entrée du clocher près de la statue d'Antoine l'Ermite.

Antoine donne A ; Orangerie O ; Tour de Madgdala M ; Potager P soit AOMP qui est le début de l'acronyme d'une inscription du calvaire "CHRISTUS AOMPS DEFENDIT". Le S sur la librairie pourrait faire référence à Saunière.

La maison dite de Marie était entre la librairie la Porte de Rennes et le Restaurant le Jardin de Marie. En 1990, M. Henri Buthion, propriétaire du domaine, la fit démolir.

Lorsque l'abbé Saunière prit possession de la cure de Rennes le Château en 1885, le presbytère étant inhabitable, il prit pension, comme son prédécesseur, chez la famille Dénarnaud qui habitait depuis 1878 la maison aujourd'hui démolie qui se trouve à l'angle du jardin de l'abbé en face de la villa Béthanie. C'est la mère de Marie, Alexandrine, qui était alors la servante attitrée du prêtre desservant la paroisse. Ce n'est que vers 1891 que Melle Marie, qui travaillait jusqu'alors à l'usine de Chapeaux d'Espéraza avec son frère et son père, commença à seconder sa mère dans sa fonction auprès de l'abbé. C'est également dans cette période que la famille Dénarnaud s'installa avec l'abbé au presbytère qui fut définitivement restauré en I897 (cardou, Café de Rennes le Chateau: parlons de tout, 2013 - renneslechateau-fr.com, L’interview d’Antoine et Claire Captier - www.rennes-le-chateau.org, rennes-le-chateau-en-quete-de-verite.e-monsite.com).

Le calendrier du pentagone

Le calendrier du pentagone du domaine de l'abbé Saunière présente donc 5 dates divisant l'année (de 365 jours) en 5 parties égales de 73 jours, que l'on peut relier à la ville de Padoue, associée à Rennes avec Héliopolis, si l'on se place à la jointure avec le jour suivant tel le 17 janvier à minuit (et 18 janvier à 0 heures). On envisage un sens de rotation vers la gauche : A : 17/18 janvier ; O : 5/6 novembre ; M : 24/25 août ; P : 12/13 juin et S : 31 mars/1er avril.

17 janvier : saint Antoine Ermite - 18 janvier : Chaire de saint Pierre

Le 17 janvier est la date de la fête d'Antoine le Grand, que l'on priait pour soigner la maladie de l'ergot de seigle. Le pentagramme est associé à la divinité Hygée présidant à la santé (Cohérence grand nonagone : Deuxième Etoile : Calendrier).

31 mars - 1er avril : saint Jacques de Pade (ou Padoue) franciscain martyrisé aux Indes en 1322

Au 1er avril sont les calendes de ce mois dans le calendrier romain.

Selon Ovide (Fastes), le Scorpion se couche le matin le 1er avril (bcs.fltr.ucl.ac.be - Ovide, Fastes, Avril).

Il y a plusieurs légendes autour de la mort et du catastérisme d'Orion, soit que Junon, jalouse de ses exploits, ait envoyé un scorpion pour le tuer ; les deux furent changés en constellation, mais Jupiter s'opposa aux vœux de Junon qui aurait souhaité que le scorpion puisse éternellement piquer Orion, et fit en sorte qu'Orion et le Scorpion ne puissent jamais s'atteindre ; d'où, quand Orion se lève à l'horizon est, le Scorpion se couche à l'horizon ouest (Célébrations de Gassendi, Mémoire de Gassendi: vies et célébrations écrites avant 1700, 2008 - books.google.fr).

12 juin - 13 juin : saint Antoine de Padoue

Au 13 juin sont les ides de ce mois dans le calendrier romain.

La convoitise de la chair plante mal. Le Deutéronome dit : « Tu ne planteras pas de bois sacré à côté de l'autel de ton Dieu. » (Dt 16,21) Et l'Apôtre : « Nous avons un autel dont les desservants de la tente, “c'est-à-dire du corps”, n'ont pas le droit de se nourrir » (Hébreux 13,10). Il est dit dans le troisième livre des Rois XXI : Achab parla ainsi à Naboth : « Cède-moi ta vigne, pour qu'elle me serve de jardin potager » (3 Rois 21,2). Achab symbolise le démon ; Naboth, le juste ; la vigne, la componction ; le jardin potager, la convoitise de la gourmandise et de la luxure. Le démon veut enlever au juste la componction du cœur et planter la convoitise de la chair (Sermon sur la Chaire de saint Pierre) (Antoine de Padoue, Sermons des dimanches et des fêtes: Sermons pour les fêtes des saints et Sermons marials, 2016 - books.google.fr).

Elisée envoya un de ses disciples au camp de Ramoth-Galaad pour sacrer Jehu roy d'Israël, selon l'ordre que le Seigneur en avoit donné à Elie. C'est ce que ce jeune Prophète fit en secret & avec beaucoup de précaution, en lui marquant sa commission, qui étoit d'exterminer toute la famille d'Achab. Dès que la chose fut sçuë, Jehu fut proclamé Roy par les chefs & officiers de l'armée ; prit le chemin de Jezrael avec des troupes ; tua Joram roy d'Israël fils d'Achab, qui étoit sorti pour venir à sa rencontre ;fit poursuivre Ochosias roy dejuda petit-fils d'Achab par sa mere Athalie, qui fut tué en chemin ; fit précipiter de la fenestre du palais Jézabel veuve d'Achab qui fut mangée par les chiens, selon la prophétie d'Elie, dans l'endroit où avoit été la vigne de Naboth ; fit tuer soixante & dix fils & petits-fils d'Achab , & quarantedeux frères & neveux d'Ochosias roy de Juda ; & fit mourir tous les prêtres de Baal dont il détruisît le temple & l'idole. Ces exécutions qui se firent pour obéir au Seigneur, méritèrent à la famille de Jehu la conservation de la couronne jusqu'à la quatrième génération.

On s'est accordé presque par toutes les Eglises de la chrétienté à choisir le XIV de juin pour le culte qu'on devoit rendre à la mémoire d'Elisée. [...] II semble qu'outre le XIV de juin, les Coptes & les Abyssins faisoient encore une feste d'Elisée en un jour qui répond au XVI de notre mois d'octobre pour honorer la mémoire de quelques-uns de ses miracles. Les Latins avoient pris d'abord le XXIX d'aoust pour célébrer la mémoire d'Elisée, & peut-être à l'occasion des reliques de S. Jean-Baptiste, de la Décolation duquel on fait la feste en ce jour. C'est ce qui paroit par les anciens martyrologes du nom de S. Jérôme, qui appellent cette feste Paufuit, comme s'il s'agissoit du jour de la mort ou de la sépulture de nôtre saint Prophete. Mais tous les autres, depuis celui de Bede jusqu'au Romain moderne, ont remis cette feste comme les Grecs au XIV de juin : quelques-uns seulement l'ont avancée au jour précédent [13 juin].

De tous ceux qui en font l'office, personne ne s'en acquitte avec plus d'éclat que les Carmes, qui en font une feste solemnelle depuis environ quatre cens Cens ans, long-temps avant que d'en avoir institué celle d'Elie, à cause des scrupules qu'on leur faisoit pour le culte d'un homme encore vivant, comme on suppose qu'est ce Prophète (Adrien Baillet, Les vies des saints de l'ancien testament, disposées selon l'ordre des martyrologes & des calendriers, avec l'histoire de leur culte, selon qu'il a été établi ou permis dans l'Eglise catholique, 1707 - books.google.fr).

24 août : saint Barthélemy - 25 août saint Barthélemy à Rome, saint Louis, roi de France (Autour de Rennes le Château : Couronnement de Marie Madeleine et calendrier kabbalistico-alchimique).

Pendant les premières années du règne de Louis IX, des Franciscains du parti des Spirituels, originaires d'ltalie, firent connaître le joachimisme en France. Fra Salimbene atteste que cette doctrine avait pénétré, dès 1248, jusque chez les Franciscains de Provins. En 1252, Fra Gherardo de Borgo San Donnino publia, en pleine Université de Paris, un recueil des principales œuvres de Joachim, précédé d'une introduction, sous le titre apocalyptique d' « Introduction à l'Évangile éternel », au grand scandale des théologiens séculiers, qui s'en emparèrent pour incriminer toute la théologie des réguliers, et au grand embarras du Saint-Siège, protecteur des Ordres Mendiants. A la même époque, Hugues de Digne, « un des plus grands clercs du monde, dit Salimbene, spiritualis homo ultra modum », et la béate Douceline, sa sœur, tertiaire de Saint-François, agitaient les populations du Languedoc et de la Provence en leur parlant, avec une éloquence enflammée, des temps bénis qui suivraient la révolution de l'Esprit saint. Il était inévitable que l'autorité ecclésiastique fût amenée à empêcher l'évolution du néo-christianisme franciscain, à tendances joachimites, quoique l'abbé Joachim fût mort dans la communion de l'Église, quoique François d'Assise et Antoine de Padoue, les premiers des Franciscains de la Très Stricte Observance, eussent été canonisés (Ernest Lavisse, Saint Louis - Philippe le Bel. Les derniers Capétiens directs: 1226-1328, 1901 - books.google.fr).

25 ou 26. A Paris, saint Louis IX, roi de France, confesseur, du tiers-ordre de notre Père saint François, illustre par la sainteté de sa vie et la gloire de ses miracles; que le souverain Pontife, Boniface VIII, a mis au nombre des saints, et que les associés du tiers-ordre honorent comme leur patron principal. A Rome, etc. (J. Carnandet, J. Fèvre, Le martyrologe romain publié par l'ordre de Grégoire XIII, revu par l'autorité d'Urbain VII et de Clément X: traduction nouvelle, 1866 - books.google.fr).

Le premier geste du nouveau pape Grégoire XI fut de demander à Frédéric de partir pour la Syrie. Ce dernier refusa. Le 29 septembre 1227, le pape le sépara de la communion Le 23 mars suivant, Grégoire, revenu à Rome, renouvela l'excommunication. Le jeudi saint, l'empereur irrité gagna les Frangipani et d'autres seigneurs romains qui ourdirent une conèpiration contre le pape, l'attaquèrent à Saint-Pierre, le lundi de Pâques, pendant la messe. Le pape, abandonné d'une partie de ses gardes, dut se retirer précipitamment, d'abord à Rieti, ville de ses Etats, puis à Spolète, puis à Assise. Dans cette ville, le pape canonisa Saint François. Raynald, duc de Spolète, sur les instances de Frédéric, attaquait les Etats de Saint-Pierre, aidé d'un corps de Sarrasins. Le pape envoya des soldats, levés en hâte, commandés par, Jean de Brienne, autrefois roi de Jérusalem, gendre de Frédéric et brouillé avec lui. Il y eut de grandes violences de part et d'autre. Enfin Frédéric se décida à partir pour la Terre sainte, mais il ne prit que deux galères et cent chevaliers. Le pape eut la prudence d'envoyer deux frères mineurs porter l'ordre au patriarche de ne pas obéir à l'empereur excommunié. Mais sur le terrain de la lutte, on passa outre à l'ordre donné. Frédéric traita sans combattre, avec Mélic Camel, sultan d'Egypte, en 1229. On décida d'une trêve qui devait durer dix ans. En même temps, le Saint-Père confirma l'excommunication contre Frédéric. Le pape avait quitté Rome et ne voulait pas y revenir à cause des menées suscitées par les seigneurs, partisans de Frédéric, mais le Tibre se mit à déborder, le peuple s'ameuta et réclama Grégoire. Cet événement frappa l'esprit de Frédéric qui se décida à traiter. Le 30 mars 1232, le pape canonisa Saint Antoine de Padoue, mort en juin 1231. En 1233, Louis IX avait demandé en mariage, Marguerite, fille aînée de Raymond Bérenger, comte de Provence, et comme ils étaient parents au quatrième degré, il envoya une demande de dispense au pape. En 1234, Louis IX étant entré dans sa vingtième année, le mariage fut célébré à Sens vers fin mars. Ils eurent six fils et cinq filles. La même année, Grégoire IX publia la collection de Décrétales qui porte son nom. Il fit composer sa collection par Saint Raymond de Pênafort, de l'ordre des Frères Prêcheurs, qui était sous-chapelain de son pénitencier (Charles Burgaux, Histoire des papes: biographie de tous les souverains pontifes, depuis les débuts de l'ère chrétienne jusqu'à nos jours, 1949 - books.google.fr).

Ainsi, selon Varron, après les Vinalia du 23 août, à date mobile, le flamine de Jupiter prend les auspices de la vendange et, quand il a donné l'ordre de cueillir le raisin, il sacrifie une agnelle à Jupiter, puis, entre le découpage et la présentation des viscères de celle-ci, le flamine, le premier, cueille du raisin (Françoise van Haeperen, Le collège pontifical (3ème s.a. C.-4ème s.p. C.): contribution à l'étude de la religion publique romaine, 2002 - books.google.fr).

Chez les Romains,nous devons remarquer la fixation des vacances des tribunaux, au 10 des calendes de septembre (23 août) jusqu'aux ides d'octobre (15 octobre), pour donner aux magistrats et au peuple le temps de faire leurs vendanges. Cette matière avait même mérité, de la part de l'empereur Constantin, une loi spéciale, réglant les vacances des moissons [messivœ feriœ) du 24 juillet au 23 août, et celles des vendanges (vendemiales feriœ) du 23 août au 15 octobre. Réduites par les empereurs Valentinien, Théodose et Arcadius, notamment par une loi du 7 août 389, à un mois chacune, ces vacances furent conservées par les diverses coutumes du moyen âge, et nous voyons encore survivre celle des vendanges, aujourd'hui générales jusque dans les pays qui n'ont pas de vignes, même pas d'automne, comme l'Angleterre, par exemple (Auguste Petit-Lafitte, La vigne dans le Bordelais: histoire, histoire naturelle, commerce, culture, 1868 - books.google.fr).

Après le vin, le pain, ou les pains :

Matthieu et Marc, racontent une deuxième multiplication des pains (Mt 15,32-39; Mc 8,1-10) dans des termes très proches du récit de la première multiplication — ce qui laisse penser qu’il puisse s’agir du même événement — mais en précisent le lieu exact du miracle. Matthieu mentionne la « région de Magadan » (15,39), nom de lieu parfaitement inconnu dans toute la littérature ancienne, qui pourrait bien être une corruption du nom de « Magdala » (quelques manuscrits portent d’ailleurs cette mention). Marc est encore plus problématique avec sa « région de Dalmanutha » (8,10), nom fort étrange et totalement inconnu! On a peine à comprendre comment il pourrait être une corruption de « Magdala », qui se trouve aussi dans quelques manuscrits de Marc. La tradition chrétienne ancienne, de toute façon, n’a pas hésité à situer l’événement du côté de Magdala, mais plus près de Capharnaüm, dans un lieu dit Heptapegon (« sept sources »), nom qui a survécu jusqu’à nos jours dans sa déformation arabe, Tabgha (Guy Couturier, Lieu de la multiplication des pains, 2007 - books.google.fr, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Le jardin d’Adonis : Onis et Rennes le Château).

5/6 novembre : saint Prosdocimus, honoré en fait le 7 novembre mais avec un fête de 9 jours (avant 1236) du 3 au 11 novembre (Benjamin G. Kohl, Competing saints in late medieval Padua, Venice and the Veneto during the Renaissance: the Legacy of Benjamin Kohl, 2014 - books.google.fr).

Les semailles étaient faites, d'après Hésiode et Virgile, avant le coucher cosmique (au moment du lever du soleil) des Pléiades (6 novembre) et d'après Columelle entre le coucher des filles d'Atlas, c'est-à-dire 31 jours après l'équinoxe d'automne et le neuvième jour des calendes d'octobre (Bulletin de la Société des agriculteurs de France, Partie 1, 1886 - books.google.fr).

Le 14 Apellaios (6 novembre) marque aussi la fin de la navigation (L'Année épigraphique, Académie des inscriptions & belles-lettres (France), 2004 - books.google.fr).

Les Pléiades sont sept étoiles appelées aussi Atlantides et Hespérides dont les pommes d'or de leur jardin ont été prises par certains pour des oranges (cf. Orangerie) (Joseph-Jacques Odolant-Desnos, Mythologie pittoresque, ou histoire méthodique des faux Dieux grecs et romains, 1849 - books.google.fr).

A Padoue

Les Euganéens étaient un peuple installé à l'origine dans la région comprise entre la mer Adriatique et les Alpes rhétiques. Chassés par les Vénètes vers un territoire situé entre le fleuve Adige et le lac de Côme, ils y restèrent jusqu'à la fin de la première époque de l'Empire romain. Leur nom, qui signifie en grec « bien nés », a été rapproché de celui des Ligures Ingauni. Les établissements principaux ont été retrouvés sur les collines proches de Padoue. Ils descendaient dans la plaine pour célébrer leurs rites religieux, en particulier à proximité des sources où ils adoraient différentes divinités parmi lesquelles le dieu Aponus, entré plus tard dans le culte des peuplades vénètes. Aponus est un ancien dieu vénète des eaux thermales, identifié avec Apollon et peut-être, comme celui-ci, dieu de la santé (fr.wikipedia.org - Euganéens).

Padoue est d'abord connu pour son université de droit, mais elle en avait aussi une de médecine, discipline que pratiquait saint Luc qui aurait son tombeau dans cette même ville. Padoue/Luc et Salerne/Mathieu sont en miroir et se reflètent l'un l'autre (Les sommets de La Croix d’Huriel : Scolastique).

Nel 1274, durante gli scavi per la costruzione di un ospizio per trovatelli in via San Biagio, venne alla luce una duplice bara di cipresso e piombo dentro un'arca riportante l'incisione “Regis Antenoris Memoria”. Quando si scoprì che la bara conteneva lo scheletro di un guerriero, il poeta e giudice Lovato de' Lovati non ebbe alcun dubbio: finalmente erano state ritrovate le ceneri di Antenore. Il colpo di grazia lo diede l'antica profezia del sapiente medievale Merlino, che recitava: «Quando la capra parlerà e 'l lovo risponderà Antenore se troverà». Nemmeno a farlo apposta, il capomastro che dirigeva i lavori si chiamava proprio Capra, e la somiglianza fra “lovo”, che significa “lupo”, e Lovati trasformò i sospetti in certezze in un batter d'occhio. Anche la cittadinanza non aveva più alcun dubbio e fu quindi dato il via a solenni cerimonie. Nell'euforia del momento, Lovati propose di collocare il sarcofago a ridosso della chiesa di San Lorenzo, proprio davanti a casa sua, e di collocare la sua tomba accanto a quella di Antenore. Non poteva immaginare che, a causa del bassorilievo di un cane sul lato del sarcofago, quella tomba nella consuetudine popolare sarebbe per sempre stata ricordata come “la tomba del cane di Antenore” (Paola Tellaroli, Misteri e storie insolite di Padova, 2015 - books.google.fr).

Visto dall'alto, il cranio appare leggermente plagiocefalo, per arretramento della metà sinistra. La forma è pentagonoide attenuata verso la forma ovoide per la scarsa rilevanza delle bozze parietali; però è sempre iscrivibile in una sorta di pentagono (M. Capitano, C. Lorrain, Indagine osteometrica sullo scheletro della cosidetta "tomba di Antenore", Bollettino, Volumes 76 à 77, Museo civico di Padova, 1987 - books.google.fr).

Le crâne vu de l'arrière a la forme d'un pentagone chez toutes les espèces humaines – un pentagone dont la partie supérieure est dilatée chez l'homme actuel et dont, au contraire, la base est élargie chez les espèces anciennes (Jean-Jacques Hublin, Bernard Seytre, Quand d'autres hommes peuplaient la terre: Nouveaux regards sur nos origines, 2011 - books.google.fr).

Le psaume 71

« Christus Vincit, Christus Regnat, Christus Imperat ». Cette formule était utilisée pour les acclamations des capétiens. C’est aujourd’hui l’indicatif de radio vatican. Elle apparaît sur les monnaies royales à partir de Saint Louis (fêté le 25 août) et demeura la légende des monnaies d'or royales françaises jusqu'à la Révolution. La formule était utilisée à l’origine lors des cérémonies de Pâques.

La formule provient en fait de Psaume 71 (1-11) : Le pouvoir royal du Messie (Fredericus, Talisman Chrétien, 2006 - magie.alliance-magique.com, w2.vatican.va - Homélie de Pie XII : consacrazione vescovi).

Le second verbe to name (nème), possède le sens de nommer, appeler, et head (hèd), se traduit [226] par la tête, le cerveau, l'esprit, le chef. C'est bien la même signification que nous avons donnée au Neimheid Irlandais ; c'est la tête de la nation, pesant avec soin et intelligence les noms dont la composition est soumise à sa science, et les appliquant avec l'autorité que possède un chef universellement reconnu et obéi. (VLC, p. 225-226)

Engagé dans le désert, le peuple après trois jours de marche... [...] Le Seigneur vous donnera ce soir de la chair à manger et, au matin, il vous rassasiera de pains. (Exod. c. XVI. 6-8.) (VLC, p. 71)

Le psaume 71 (72 Hébreu) est en rapport avec la manne de l'Exode chez divers rabbins :

Les rabbins attribuaient une telle importance à la manne qu'on lit dans le vieux commentaire Baal Hathurim, que la loi n'a été donnée qu'à ceux qui mangent la manne. On lit encore dans le Sohar (Exod. fol. 28, col. 102,) que la manne est un aliment céleste et précieux pour la nourriture de l'esprit et de l'âme, un pain descendu des plus profonds espaces du ciel, le repas des sages donné par la Sagesse suprême à ceux qui se consacrent à la loi. Le rabbin Eliezer s'exprime d'une manière plus précise encore (fol. 28, 3) à propos de la supériorité de la manne du Messie sur la manne mosaïque: « Les justes, dit-il, sont destinés à manger de cette manne dans l'époque qui arrive. Et si tu demandes : Sera-ce de la même manière que la manne du désert ? La réponse est : Non, mais d'une manière plus élevée, si bien qu'il n'y a jamais eu rien de comparable. » Cette signification de la manne, d'après la tradition hébraïque, explique pourquoi les rabbins attachaient une si grande importance au verset 16 du psaume 71 (72). "Il y aura une poignée de froment sur la terre." ((Docteur Sepp, La vie de N.S. Jésus Christ, Le correspondant: recueil périodique, Tome 35, 1855) ou "il y aura un pain de blé sur la terre" (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet Livre II - Ps. 71).

Nous n'avons pas le texte du sermon que prononce là saint Antoine. Mais par ce que nous savons des correspondances qu'il ne cesse d'établir entre l'Ancien et le Nouveau Testament, nous pouvons imaginer un peu de ce qu'il dit, montrant dans les récits de la Bible, la manne, l'agneau pascal, les pains de proposition, combien ils préfigurent le Pain Vivant qui se multiplie et se multipliera jusqu'à la fin des temps pour le salut des hommes (Jean Soulairol, Saint Antoine de Padoue, 1956 - books.google.fr).

Saint Antoine le Grand vécut cent cinq ans, faisant des miracles et guérissant les malades de la peste et de la lèpre, particulièrement de l’épilepsie, causée par l’ergot de seigle dans le pain que mangeaient les pauvres. Dans sa cent cinquième année, il se dirigea vers la mer Rouge, au mont Qolzum, où le monastère qui porte son nom est en partie conservé. Même aux jours précédant sa mort, il se nourrissait uniquement de pain et d’eau. Saint Antoine de Padoue naquit presque mille ans plus tard. Il vécut beaucoup moins longtemps que son célèbre homonyme : il avait trente-six ans lorsque les sœurs clarisses du monastère d’Arcella, près de Padoue, lui fermèrent les yeux. Seuls un morceau de pain et une cruche d’eau composaient son maigre menu. L’Eglise donna par la suite à l’aumône que l’on distribue ainsi à ceux qui ont faim le nom des deux saints, unissant de cette manière le grand Antoine l’Ermite et le faiseur de miracles Antoine de Padoue. “Le pain de saint Antoine” sauva de la faim les malheureux et les faibles, non seulement les pieux, mais aussi les impies (Predrag Matvejevitch, Le pain de la Méditerranée, 2007 - www.cairn.info).

Antoine de Padoue a produit des sermons sur les psaumes et consacre les sermons 132 et 133 au psaume 71.

Le sermon 132 "In die Epiphanae, de tribus regibus offerentibus tria munera" traite du verset 10 du psaume 71, reliant Tarsis, Seba et Saba aux rois mages de l'Epiphanie, jour de naissance de Jeanne d'Arc, selon la "tradition", qui entendait la voix de sainte Catherine - dont la fête religieuse disparaît du calendrier romain en 1969, « en raison du caractère fabuleux de sa passion » et du doute qui pèse sur l'existence même de la sainte (22 v’la l’Tarot : Kabbalisation du Tarot : IV - Empereur . XV - Diable) -, et dans le sermon 133 "Contra Praelatos" du verset 16 du même psaume s'en prenant aux mauvais prêtres (sacerdotes) avec pour sous titre "Erit firmamentum in terra in summis montium ; superextolletur super Libanum fructus ejus: & florebunt de civitate sicut fœnum terrae" : Firmamentum est pour frumentum, suivant une manière de parler fort commune dans l'Écriture, qui appelle le blé la force et le soutien de l'homme. L'hébreu offre une figure moins hardie, mais plus belle : « Il y aura sur la terre une grande abondance ; les moissons bruiront sur le sommet des montagnes comme le Liban. » (Sancti Antonii Sermones in psalmos, 1757 - books.google.fr, Hippolyte Rault, Cours élémentaire d'écriture sainte: à l'usage des grands séminaires, 1875 - books.google.fr).

On retrouve Gédéon avec ce psaume, par le miracle de la rosée :

(Ps 71,6) « Il est descendu, dit le psalmiste, comme la pluie sur l'herbe nouvellement coupée, comme les gouttes de la rosée sur la terre. » La céleste rosée enfermée dans le sein virginal, en a fait comme une fontaine, non pas une fontaine ordinaire, mais celle dont parle l'Époux: « La « fontaine de tes jardins est une source d'eau vive qui se préci« pite du Liban. » (Cantique des cantiques 1,15) (Thomas de Villeneuve, Pour la fête de l'Annonciation, 1866 - books.google.fr).

Tout Madian, et Amalec, et les peuples d'Orient, se joignirent ensemble, et, ayant passé le Jourdain, ils vinrent se camper dans la vallée de Jezraël (au midi du mont Thabor, pour piller et ravager le pays). En même temps, l'Esprit du Seigneur remplit Gédéon, lequel, sonnant de la trompette, assembla toute la maison d'Abiézer (qui était sa famille), afin qu'elle le suivît. Il envoyâmes messagers dans toute la tribu de Manassé, qui le suivit aussi; et d'autres dans les tribus d'Aser, de Zabulon, et de Nephtali, qui vinrent à sa rencontre. Alors Gédéon dit à Dieu : Si vous voulez sauver Israël par ma main, comme vous l'avez dit, (permettez-moi de vous demander un signe qui en assure mes frères, et qui leur donne de la confiance en moi. Voici quel est le signe que je vous demande). Je mettrai dans l'aire cette toison; et si, toute la terre demeurant sèche, la rosée ne tombe que sur la toison, je reconnaîtrai par là que vous vous servirez de ma main, selon que vous l'avez promis, pour délivrer Israël. Ce que Gédéon avait proposé arriva; car, s'étant levé de grand matin, il pressa la toison, et remplit une coupe de là rosée qui en sortit. Gédéon dit encore à Dieu: Que votre colère ne s'allume pas contre moi, si je fais encore une fois une épreuve, en demandant un second signe sur la toison. Je vous prie, Seigneur, que toute la terre soit trempée de la rosée, et que la toison seule demeure sèche. Dieu fit cette nuit même ce que Gédéon avait demandé : la rosée tomba sur toute la terre, et la toison seule demeura sèche (Juges VI, 33-40) (Mathieu-Richard-Auguste Henrion, Histoire ecclésiastique depuis la création jusqu'au pontificat de Pie IX, Migne, 1852 - books.google.fr).

Thomas de Villeneuve confirme le lien du psaume 71 avec la formule carolingienne "Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat".

Ainsi l'avait prédit le royal psalmiste : « Et toutes les « nations de la terre, l'adoreront, tous les peuples le serviront (Ps 71,11). On ne l'appelle plus : « Le fils du charpentier; « écoutez la voix de l'Église, son cri de chaque jour : Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, ayez pitié de nous. — Il règne désormais dans le royaume de David son père, et son règne n'aura point de fin.

Psautier et structure quinaire

La Tradition talmudique dit que Moïse a donné au peuple les 5 livres de la loi et David leur a donné les 5 livres des psaumes. Le Psautier est en quelque sorte la Torah de David. La structuration du Psautier en 5 livres formant un tout lui confère un statut de 5/5 voulu par les Esdraïques. En effet, 5 est le nombre de l’Esprit (lettre Hé) et celui du Pentagramme. Ce nombre a un lien avec tout ce qui touche à la prophétie et à l’achèvement (eschatologie). En effet les 5/5 explicitent le Tétragramme « fructifié » en lequel le Waw (seule lettre pouvant être grammaticalement consonne et voyelle) est redoublée : YHWH devient YHWVH. J’ai mis en correspondance le Psautier avec 2 autres 5/5 de l’Ecriture que sont la Torah et les Mégilloth (5 rouleaux) afin de mettre en évidence les résonances liées à la structure pentagrammique. Les Mégilloth, aussi appelés par Jean-Gaston Bardet la Torah esdraïque, sont lus lors des 3 fêtes de pèlerinage suivantes ; Pâque, Chavouot et Souccot ; et des 2 commémorations que sont : le neuvième jour du mois de Av et Pourim.

Le livre des Psaumes est décomposé en Livre I (1-41), Livre II (42-72), Livre III (73-89), Livre IV 90-106), Livre V (107-150) selon la numérotation hébreue.

Le dernier psaume du Livre II est le 71 (Vulgate).

Livre II 42-72 (31 poèmes) : Il est aussi essentiellement composé de psaumes de David. Le nom dominant de Dieu est cette fois-ci Elohim. Ce livre est parfois appelé livre Elohiste. Il est marqué par la doxologie suivante : Ps.72: 19 « Loué soit à jamais son nom glorieux! Que toute la terre soit remplie de sa majesté! Amen et Amen! ». Il se termine par la mention de la fin des psaumes de David : Ps.72: 20 « Ici se terminent les prières de David, fils de Jessé. ». On interprète cette mention comme la preuve que les deux premiers livres appartenaient à une collection individuelle, celle de David, antérieure à l’édition finale du Psautier.

La mise en correspondance des livres de ces trois 5/5 est résumée par :

Genèse - Livre I - Cantiques des cantiques

Exode - Livre II - Ruth

Lévitique - Livre III - Lamentations

Nombres - Livre IV - Ecclésiaste

Deutéronome - Livre V - Esther

La deuxième ligne (Exode, Livre II et Ruth) est dominé par les thème de la délivrance et de la constitution d’un peuple ("plebem suam" de AOMPS) (Structure du Psautier - jeangastonbardet.org).

La symbolique du pentagramme

Campanus est un géomètre italien du XIIIe siècle, commentateur d'Euclide. Sa traduction des Eléments du célèbre géomètre d'Alexandrie a été faite sur le texte arabe; c'est la première qu'on ait eue en Europe. Ses commentaires ont été imprimés pour la première fois en 1482. On trouve, dans les ouvrages de Campanus, une théorie du pentagone étoilé, qui, comme on sait, ne faisait pas partie des Eléments d'Euclide; cette théorie a suggéré, dans le siècle suivant, à Bradwardin, l'idée de ses : égrédients. On y remarque aussi des réflexions intéressantes sur le problème de la division d'une droite en moyenne et extrême raison. Enfin, Campanus a donné des solutions exactes et remarquables par leur simplicité des deux problèmes de la trisection de l'angle et de l'inscription du nonagone régulier (Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, 1867 - books.google.fr).

Le pentagone étoile ou pentagramme, pentalpha des Pythagoriciens. L'emblème de vie pour Paracelse, le symbole de la Loge des Sages à Héliopolis, le sceau de Salomon, et, aujourd'hui l'étoile des Soviets (Renée Bouveresse, Esthétique, psychologie et musique: l'esthétique expérimentale et son origine philosophique chez David Hume, 1995 - books.google.fr).

Outre la représentation de l'étoile de Bethléhem en sceau de Salomon, on la trouve en forme de pentagramme.

Les cinq pointes du pentagone correspondent à la tête, au cœur, aux deux mains et aux deux pieds. C'est l'étoile à cinq branches qui apparaît dans le ciel, lors de la naissance de Jésus, dans la grotte de Bethléem ; ce sont aussi les cinq « marques » du Fils de l'homme qui apparaissent au moment de la descente de croix (François Favre, Mani: Christ d'Orient et Bouddha d'Occident : la physiologie de l'Homme de lumière dans la gnose manichéenne, 2002 - books.google.fr).

Les cinq marques appellent les cinq clous que les coptes nommaient selon les termes du carré SATOR (Le carré SATOR : Perceval : Carré SATOR et chiffre 5).

On trouve dans le Temple de salomon, des formes pentagonales : Rois Livre III chapitre VII (aux livres I et II du « Livre des Rois » correspondent ceux de I Samuel et II Samuel ; et les livres III et IV répondent à I Rois et II Rois) :

31 "Il fit à l'entrée de l'oracle de petites portes de bois d'olivier, et des poteaux qui étaient à cinq pans" : Fecit ostiola de lignis olivarum, postesque angulorum quinque. L'hébreu porte : Il fit pour le Saint des saints des portes de bois huileux, un linteau et des montans (de forme) pentagone (Sainte Bible expliquée et commentée, contenant le texte de la Vulgate, 1838 - books.google.fr).

Chez le pasteur parisien Athanase Coquerel le saint des saints, où est conservé de la manne du désert, a une forme pentagonale (Athanase Coquerel (Père), Histoire sainte et analyse de la Bible avec une critique sacrée élémentaire et un ordre de lecture, 1839 - books.google.fr).

L'étoile à cinq pointes a reçu le nom de pentagramme ou pentalpha, parce qu'elle semble être un monogramme composé de cinq A. Elle apparaît comme emblème sur un grand nombre de médailles de la Grèce et de la Sicile ; elle joue un certain rôle dans la numismatique gauloise. A la différence de l'étoile à six pointes, le pentalpha est une figure de géométrie qui se trace sans lever la main. Il a un aspect cabalistique et a évidemment joué un rôle dans le symbolisme des religions anciennes. Lucien nous apprend que Pythagore et ses disciples, Ocellus, Leucanus, Architas, etc., commençaient toujours leurs lettres par le mot "ugiainein" (portez-vous bien); que ces derniers remplaçaient ce mot par le pentagramme, réunion de trois triangles pris les uns dans les autres, et que cette figure devint un symbole de secte, signifiant la santé, Ugieia. Un scholiaste ajoute : « Le pentalpha servait aux pythagoriciens pour se reconnaître les uns les autres; » un autre dit encore : « Cette figure pythagoricienne sert aujourd'hui de préservatif contre les incantations. » — « Je crois, dit un auteur grec contemporain, que le pentalpha, qui compose trois triangles d'un seul trait de plume, signifie dans les traditions chrétiennes la trinité en Dieu. Pourquoi les chrétiens l'adoptèrent-ils ? Sans doute pour se faire un signe de ralliement. Quand l'adoptèrent-ils ? Probablement quand les païens les poursuivaient dans les villes et dans les villages. Ils le plaçaient sur les tombeaux pour reconnaître leurs frères; et de nos jours, en Grèce, avant de jeter la terre sur un mort on dépose sur sa bouche une tablette qui s'appelle pentalpha et sur laquelle le prêtre a gravé de sa main, entre les cinq alpha du pentagramme, les initiales de Jésus-Christ et de sa mère : I · X · M · O · N. Il paraît que l'étoile à cinq branches a toujours figuré parmi les emblèmes maçonniques; elle y représenterait les cinq voyages du compagnonnage et les cinq outils qui transforment la pierre brute en pierre taillée : 1° le maillet, 2° le ciseau, 3° l'équerre, 4° le compas, 5° la règle ou le niveau. Son rôle serait considérable, puisque, d'après le même symbolisme, la pierre brute signifie l'ignorance et la pierre taillée la science ou le progrès (M. Ponton d'Amécourt, Recherches sur l'origine et la filiation des types des premières monnaies carlovingiennes, Annuaire de la societe francaise de numismatique et d'archeologie, Volume 3, 1868 - books.google.fr).

Saint Blaise est une place capitale dès le VIIè siècle avant J.C. qui fut fortifié à la fin du IVè, et a été affublé au moyen âge du nom des étangs salés de l'UGIUM qui l'entouraient (Lavalduc). Le testament d'Abbon (739) cite la région des salines d'UGI. UGIUM peut être dérivé des vieilles racines préindoeuropéennes "urgi, egw", l'eau ou "(k)uk - (s)uk - (t)uk ", hauteur. UGIUM peut être aussi rattaché au celtique "Ueia-geno = ouo-geno", né de la force, = Ugnio = Ugio ou de "uo", sous, et "geno", descendant. Ce nom pourrait provenir aussi du grec "UGIEIA", la déesse de la santé, "UGIÈIÈ, -ÈN" dans la forme ionnienne, ou de "UGIEINOS, -NÈ, UIES, -ÈN", bien portant (Jean Sylvestre Morabito, Mais où est donc passé le fils d'Hamilcar? ou sur la piste du col perdu d'Hannibal, 2003 - books.google.fr).

Le texte capital, relativement à l'ethnographie des Salyens, est le passage bien connu de Strabon : « Les Grecs anciens appellent les Salyens ligures, et le pays qu'occupent les Marseillais Ligurie ; ceux des temps postérieurs les appellent Celto-Ligures ». La prépondérance salyenne, d'après Strabon, s'étendait jusqu'au Var. Sa capitale politique était Entremont, près d'Aix-en- Provence, son centre religieux, hérité des Ligures, Roquepertuse sur le territoire de la commune de Velaux et son centre commercial Saint-Blaise. Massalia soutient Rome en participant à la guerre sur mer tandis que des Salyens aident Hannibal à traverser le pays, la basse vallée du Rhône. [...]

Padoue et Rome, avec leurs légendes jumelles d'Antenor et d'Enée, furent alliées dans la dure lutte contre les Gaulois et les Carthaginois (G. Zampieri, Ricognizione scientifica alla tomba di Antenore, Bollettino, Volumes 76 à 77, Museo civico di Padova, 1987 - books.google.fr).

La figure de Sophie, Achamoth, Bahamed, Baphomet, ou simplement Mete (comme le marquent les inscriptions), est sculptée tantôt en ronde bosse, tantôt en forme de statue, comme l'indique la bulle de Grégoire lX, tantôt en bas-relief, comme on le voit sur les coffrets et les cratères gnostiques. La figure sculptée sur le couvercle du premier coffret, est tout-à-fait la même qui se trouve sur le coffret du Cabinet d'Antiquités de Vienne, et la même (à la coiffure près), qui se trouve sur le grand cratère gnostique du même Cabinet, tenant les tables à inscription. On la voit représentée, avec la coiffure de Cybèle, conformément à son surnom de Terre, et tenant en ses mains la chaîne des écus. Auprès de sa tête sont le soleil et la lune; à ses pieds, l'étoile, le crâne et le pentagone, regardé par les pythagoriciens comme le symbole de la santé. Le crâne se trouve de même entre les pieds de la même figure, et l'enquête du procès des templiers dit expressément que quelques—unes de leurs idoles avaient un crâne (Joseph von Hammer-Purgstall, Mémoire sur deux coffrets gnostiques du Moyen Age: du cabinet de M. le duc de Blacas, 1832 - books.google.fr).

Les page 71 et 226 de La Vraie Langue Celtique et le chiffre cinq

Les eaux de Mara

Les eaux de cette fontaine nommée Mara n'étaient pas seulement amères ; elles étaient encore corrompues, et cette altération repoussante est bien indiquée par le verbe celtique to mar, gâter. (VLC, p. 71)

Les eaux de Mara sont la cinquième station des Juifs dans leur exode, selon différents auteurs (Calmet, Mentelle, Guérard, Vence), mais la troisième selon d'autres (Lottin de Laval) (Histoire critique des dogmes et des cultes, bons & mauvais, qui ont été dans l'Eglise depuis Adam jusqu'à Jesus-Christ, 1704 - books.google.fr).

Deux sujets de l'Ancien Testament, selon les règles de la typologie, préfigurent la croix du Christ : Moïse adoucit avec un morceau de bois les eaux amères de Mara, et le Serpent d'airain (Bulletin de l'Institut royal belge du patrimonine artistique, Volume 4, 1961 - books.google.fr).

L'expression "eaux amères" de la Sals déversées dans l'Alder (Aude) se trouve à la page 227, associée à la 72, parlant de la manne de l'Exode, la page suivante de la 71 où les Eaux de Mara de l'Exode sont citées.

Daniélou relève ainsi un trait de la prière liturgique syrienne de la bénédiction de l'eau, à la veille de l'Épiphanie : elle mentionne, à côté du miracle de Mara, les noces de Cana figurant la transformation de l'eau. L'aspect nuptial du baptême se trouve pour la première fois chez Tertullien, la même conception existe chez Origène. Dans le premier cas, l'époux est l'Esprit Saint, dans le second, c'est le Christ (Guillaume Derville, Histoire, mystère, sacrements: L'initiation chrétienne dans l'oeuvre de Jean Daniélou, 2014 - books.google.fr).

Le soir étant venu, un grand nombre de cailles couvrit le camp, et le matin on vit paraître dans le désert quelque chose de grenu et comme pilé au mortier, qui ressemblait à la gelée blanche dont se couvre le sol pendant l'hiver. (VLC, p. 72)

Le mortier désigne à la fois l'auge du maçon que son contenu (mortarium latin, cf. Gaffiot).

Les racines hébreues HOM, HMR et MRH, permettent de relier les Eaux de Mara aux Noce de Cana (eau transformée en vin). Elles rentrent en compte dans l'exégèse du passage de la Genèse sur la tour de Babel (11,1-9).

"Et le bitume sera pour eux le mortier" : Ici encore la juxtaposition des vocables, HeMaR (bitume) et HoMeR (mortier, béton) permet d'isoler la racine commune "HaMaR" (être trouble, écumer, bouillonner, brûler) d'où sont issues d'autres occurrences du type "HeMeR" (vin rouge fermenté, presque noir), "HiMeR" (argile, ciment, glaise, boue, fange), le même terme qui sert à désigner l'accumulation des cadavres de crapauds dans Exode 8,10. La racine de base est HOM, sorte de materia prima, couleur marron, et chaleur de la matière qui brûle, jusqu'à la noirceur, c'est-à-dire HaM, nom que porte le fils de Noé, et la terre de HaM, le pays d'Egypte. Il est intéressant de constater que le Midrach Rabba raconte comment HaM est devenu noir à cause de ses actes sexuels, notamment sa copulation avec un chien. A cet égard, remarquons que HaM est le père des cananéens, (KeNa'AN, avec un caph), nom qui se rapproche de la prononciation de KENINI (peuple cananéen), de KINIAN, (acquisition, possession) et par conséquent de QAYiN, Caïn, l'autre personnage maudit de la Bible. L'équivalent phonétique en grec est KOUNEOS (d'où cynique) et en latin CANIS, chien. Les Évangiles font le jeu de mot entre cananéen et canis, chien (jeu probable en écho avec les noces de Cana, en hébreu, KANAH). L'allusion au chien HaM en est d'autant plus parlante. Cette disgression n'est pas sans souligner le travail des traductions et la recherche des équivalences de langue que la Vulgate et les Septante ont essayé de produire. Toute la thématique de Babel est là. Toutes les recherches ultérieures, qui tentaient de déceler ces identités de racine en témoignent également, la Renaissance ayant porté cette tendance à son apogée.

Pour en revenir à la racine HOM, notons que le Zohar (Tiqquné ha-Zohar, 27b) relève parmi les "bilieux" du Grand Mélange (bile, MaRaH en hébreu) le type du "furieux" (HeiMa), autant dire "le coléreux", selon la racine que nous avons abordée antérieurement. Cette caractéristique de l'amertume (MaRaH) de la bile nous projette dans le texte de l'Exode (13, 14), tel que le Zohar le commente : "(...) ils leur rendirent la vie amère (Ex. 1, 14). Amère de par l'amertume de la bile. Tandis qu'en ce qui concerne les saints organes du corps provenant du côté du bien, il est déclaré : "ils se rendirent à Mara, mais ils ne burent pas l'eau de Mara parce qu'elle était amère" (Ex. 15, 23). Ainsi expliquent les maîtres de la Michna, les maîtres de la Michna, précisant les souffrances des hébreux en Egypte : "ils leur rendirent la vie amère par un travail difficile (id. 14) Arrière de par ce travail difficile désigne les apories touchant à la compréhension de la Torah ; "avec de l'argile" (HoMeR) (id.), ce sont les raisonnements a minori ad majus (kal va HoMeR) ; "et avec des briques" (id.), c'est le fait de passer la loi au crible (...)." Les bâtisseurs de Babel seront asservis à l'esclavage et à l'oppression de leur étroitesse d'esprit. "L'air de la tour de Babel leur faisait oublier l'étude", ajoute le Talmud. En effet, précise M. Rehby, quelle est la différence entre le bitume (HeMaR) et le mortier (LaHoMeR) ? Au bitume, matériau de substitution, il manque le lamed de l'expression LaHoMeR. Il leur manque le LaMeD, donc l'étude, TaLMuD (Christine Escarmant, Une lecture de Babel, Cahiers d'études juives, Volumes 1 à 3, 1986 - books.google.fr).

Le pentagramme des Carnutes de la page 226 (=155+71) de La Vraie Langue Celtique

César place sur les confins des Carnutes le lieu où les Druides prononçaient leurs jugements, dans les différends et les contestations relevant de leur autorité ; mais le cromleck central, le drunemeton, où s'assemblait le Neimheid pour remplir ses fonctions scientifiques te créer les dénominations particulières ou générales, était-il aussi sur les confins des Carnutes ? Nous ne le pensons pas ; le cromleck central était fixé tout naturellement par les pierres savantes, et ces pierres étaient dressées dans la tribu des Redones. Le drunemeton du nord devait donc exister chez les Redones de L'Armorique, embrassant une grande étendue de la Gaule pour les travaux de l'illustre assemblée. Cependant, un autre drunemeton ou cromleck central était nécessaire dans le midi... (VLC, p. 226)

Le pentagramme est fréquent sur les monnaies des Carnutes et conservé sur les deniers de Châteauroux et de Déols.

Un monnayage carnute, de type LT XIX, 6088, présente un revers orné de deux oiseaux, qui sont des rapaces, il y a effectivement une croisette bouletée entre eux, toutefois, derrière le plus grand des volatiles, on ne voit pas de cercle, mais un pentagramme. Ces pièces, dont de nombreux exemplaires ont été récemment recueillis en fouilles à Orléans, sont toutes en bronze (Bulletin de la Société française de numismatique, Numéro 6, 2001 - books.google.fr).

Chez les Carnutes, où se trouvait la grande assemblée des Druides, que certains voudraient placer dans la région de Sully-sur-Loire, les monnaies de la Tène reproduisent, plus que partout ailleurs et en proportions beaucoup plus grandes, les signes et symboles divins du Grand Dieu Sumérien, le disque solaire, la croix à branches égales, le swaslika ou le triscèle, et le pentagramme (Bulletin de la Société préhistorique française, Volumes 45 à 46, 1948 - books.google.fr).

La Gaule transalpine avait pour limites l’Océan, les Pyrénées, la Méditerranée, les Alpes et le Rhin. Cette partie de l’Europe, si bien circonscrite par la nature, comprenait la France d’aujourd’hui, presque toute la Suisse, les Provinces rhénanes, la Belgique et le midi de la Hollande. Elle avait la forme d’un pentagone irrégulier, le pays des Carnutes (l’Orléanais) passait pour en être le centre (Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865 - fr.wikisource.org).

Neimeidh, Nemedh, Nemphed...

C'est bien la même signification que nous avons donnée au Neimheid Irlandais [...] mais le cromleck central, le drunemeton, où s'assemblait le Neimheid pour remplir ses fonctions scientifiques te créer les dénominations particulières ou générales, était-il aussi sur les confins des Carnutes ? (VLC, p. 226)

Le roi des dieux dans La Chute d'un ange de Lamartine s'appelle Nemphed, nom donné par Henry O'Brien aux "round towers" irlandaises (Henry O'Brien, Round Towers of Ireland, The Gentleman's Magazine, Volume 156, 1831) que Boudet, avec Henri Martin, appellent "Feid-Neimheidh" :

Les fameuses tours rondes d'Irlande sont aussi des monuments gaëliques, d'un caratère religieux, comme l'atteste bien leur nom traditionnel, Feid-Neimheidh. (VLC, p. 166)

Nemedh (Nemedius) est le nom d'un personnage de l'histoire mythique de l'Irlande.

En hébreu, le mot "Nemedh/Nemha" est de la même racine que "nemedian" (sacré) et en gaélique "namh" veut dire "saint".

Joseph Ben Jacob dans son Precursory Proofs that Israelites came from Egypt to Ireland and that the Druids expected the Messiah. (London, 1816), parle de l'arrivée du prophète Jérémie en Irlande. Le dieu prophète Jarbhaniel-Faid est un des fils de Nemedh. Les noms des deux prophètes ont une certaine ressemblance (début) (www.obrienclan.com, Geoffrey Keating, The general history of Ireland, traduit par Dermod O'Connor, 1723 - books.google.fr, Transactions - The Jewish Historical Society of England, Volume 5, 1908 - books.google.fr, La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Trésors : Henri Boudet ou le prophète Jérémie).

Les auteurs de nos romans historiques nous disent que cinq colonies sont successivement arrivées en Irlande : les sectateurs de Partholanus, ceux de Nemedius, les Firbolgs, les Tuatha-de-Danans, et les Milésiens (J. Gordon, Histoire d'Irlande depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'acte d'union avec la Grande Bretagne en 1801, Tome I, traduit par Pierre Lamontagne, 1808 - books.google.fr).

L'Irlande fut peuplée dès les temps les plus reculés ; ses premiers habitans vinrent des côtes de l'Angleterre, comme ceux de ce pays étaient venus des côtes de la Gaule. Ils eurent, de même que les Bretons, dont ils prirent les mœurs et la langue, un grand nombre de Rois et de Princes dont l'histoire n'a pas même conservé les noms. Camden fait cette remarque, que si les récits des antiquaires irlandais étaient vrais, les autres peuples, par rapport à celui-ci, ne seraient pour ainsi dire que d'hier. Voici, en peu de mots, la fable qu'ils rapportent : Quelque temps avant le déluge les trois filles de Caïn abordèrent en Irlande et en prirent possession. Environ 522 ans après 9 Partholanus, fils de Scara, débarque du côté de Munster, avec mille soldats et quelques femmes, qu'il amenait de Grèce. Cette colonie subsista dans un état florissant pendant trois siècles environ, après quoi une peste terrible emporta tous les habitans, ce qui n'a pas empêché que la tradition de cette première colonie ne soit arrivée jusqu'à nous. 50 ans après cette catastrophe, Nemedius arriva avec une flotte de trente vaisseaux, montés chacun par quarante héros qui venaient du Pont—Euxin. Ce fut pendant le règne de Nemedius, que l'île fut attaquée par des pirates africains, qui forcèrent ses sujets à émigrer en trois bandes; la première gagna la Grèce, la seconde prit la route de la Norwège, la troisième s'en fut débarquer en Ecosse. Les descendans de ceux qui s'étaient réfugiés en Grèce, n'oublièrent pas sous ce beau ciel le sombre pays de leurs pères; 216 ans après qu'ils en étaient sortis, ils y revinrent sous la conduite de chefs expérimentés, dont l'un des premiers soins fut de diviser le pays en cinq royaumes, ceux de Munster, de Leinster, de Connaught, de Meath et d'Ulster. Leurs sujets, connus sous le nom de Firbolgs, furent ensuite chassés ou subjugués parles Tuath de Dannans, peuple de nécromans venus de l'Attique, de l'Achaïe et de la Béotie en Dannemarck, du Dannemarck en Ecosse, et enfin d'Ecosse en Irlande. Ces nouveaux conquérans ne jouirent pas longtemps du fruit de leurs victoires ; les Gadelians, descendans de Gathelus, chef fameux parmi les Egyptiens et ami de Moïse, les réduisirent en esclavage. Ces Gadelians, qui étaient aussi appelés Scots, de Scota, mère de leur chef Gathelus, s'emparèrent de l'Irlande, vers l'an du monde 2704, sous la conduite de Heber et de Heremon, fils de Milesius, roi d'Espagne; c'est de ces Princes que descend la longue suite de Rois qui régnèrent sur l'Irlande jusqu'à la conquête du pays par les Anglais.

D'autres antiquaires font remonter la généalogie des Rois d'Irlande jusqu'à Noé, dont le petit-fils Magog eut pour f1ls Baath, grandpère de Milesius, qui débarqua en Irlande, l'an du monde 2704, avant Jésus-Christ 1300. Selon ces savans, les trois fils de ce prince, Heber, Ir et Heremon, avec leur grand-oncle Ith, furent les premiers Rois de cette dynastie qui ne s'éteignit que l'an 1172 de Jésus-Christ, après avoir régné 2472 ans sur l'Irlande (Coup-d'oeil historique et statistique sur l'état passé et présent de l'Irlande: sous le rapport de son gouvernement, de sa religion, de son agriculture, de son commerce et de son industrie, 1828 - books.google.fr).

Quand le maître des dieux sur l'homme et surla femme / Dans ce premier regard eut assouvi son âme, / Les bourreaux prosternés racontèrent comment, / Tel qu'un éclair vengeur tombé du firmament / Sur la grotte où l'impie ourdissait ses blasphèmes, / Sa mort avait vengé leurs volontés suprêmes; / Comment ce nid obscur de malédiction / D'où sortaient le murmure et la sédition, / Avait vu dévorer en cendre par les flammes / Ce livre empoisonneur qui fascinait les âmes; / Et comment, du désert hôtes mystérieux, / Ces deux beaux étrangers avaient ravi leurs yeux, / Et, portés par leurs mains dans la barque céleste, / Attendaient à leurs pieds leur destin d'un seul geste. Au récit de la mort du traître Adonaï, / Voyant du souverain le front épanoui / S'éclairer comme un mont qui surgit d'un nuage, / Les bourreaux d'un tel crime imaginant le gage, / Savouraient dans leurs cœurs leur sublime forfait, / Et d'avance au service égalaient le bienfait. / « Ministres courageux des divines colères, / Dit Nemphed, recevez vos trop justes salaires. » / En leur jetant ces mots, de son pied soulevé / De cinq coups convulsifs il frappe le pavé. / Au terrible signal qu'un sourd écho répète, / Sortent, en se courbant, d'une trappe secrète, / Cinq colosses humains, exécuteurs cachés, / Monstres dressés au sang, par le sang alléchés, / Dont la langue arrachée assure le silence. / Un fer nu dans la main, chacun des cinq s'élance / Sur un des cinq géants de l'esquif descendus:Le fer plonge cinq fois dans leurs cœurs confondus; / Le blasphème à la bouche, ils roulent sur les dalles / Aux pieds du roi des dieux, qui sourit de leurs râles; / Leur âme sous ses yeux s'échappe en lacs de sang (Alphonse de Lamartine, La chûte d'un ange, épisode : Oeuvres complètes de M. de Lamartine, Tome 6, 1860 - books.google.fr).

Je crois pouvoir affirmer que sur les 12.000 vers du poème, il n'y en a pas cinq cents où la langue soit respectée (Gustave Planche, La Chute d'un ange, La revue des deux mondes, 1838 - books.google.fr).

Psaume 71 et pentagramme

C'est au milieu du XVe siècle qu'en Italie autour de Cosme de Médicis et de son Académie de Florence se développa la pensée néoplatonicienne et la tentative par Marcile Ficin d'une synthèse du Christianisme et du Platonisme dans son Traité de la religion chrétienne (De Christiana religione), paru en 1474. Marsile Ficin invoque alors l’autorité des sibylles et élève Platon au rang des prophètes. En effet, dans ce courant de traduction des textes grecs et latins de l'Antiquité et de revalorisation de la profondeur de la pensée antique, il parut nécessaire de montrer que Dieu n'avait pas réservé aux Prophètes hébreux les préfigurations annonçant la venue de son Fils, et que les Sibylles, prophétesses de la Grèce, de l'Italie et de l'Asie Mineure avaient annoncé aux païens la venue du Sauveur et les épisodes de sa Vie : le paganisme, lui aussi, avait été inspiré et prophétique. "La sibylle est en effet pour le moyen âge un profond symbole. Elle est la voix du vieux monde. Toute l’antiquité parle par sa bouche." Varron, au 1er siècle av. J.-C., avait décrit dix Sibylles, et après Isidore de Séville au VIIe siècle, (Etymologies VIII,8), puis le Pseudo-Bède, Raban Maur, Vincent de Beauvais les avaient nommées au XIIIe siècle au chapitre C-CII du Speculum historiale ; mais les artistes n'en représentaient que deux : la terrible Érythréenne qui avait annoncé le Jugement Dernier ; et la Sibylle de Tibur. [...]

En 1481, un dominicain nommé Filippo Barbieri fit paraître un livre (Discordantiae nonnullae inter sanctum Hieronymum et Augustinum) proposant d'autres oracles que ceux des Institutions divines, imprimées à partir de 1465, de Lactance (250 – vers 325), apologiste chrétien du temps de l’empereur Constantin, et rapprochant chaque oracle des Sibylles d'un verset d'un Prophète hébreu. C'est lui qui fixe à chaque sibylle un âge, un attribut et un costume propre. Mais il fait passer le nombre des Sibylles à douze de sorte que leur nombre corresponde au nombre de prophètes mineurs : la sibylle Agrippine et la sibylle Européenne se sont alors ajoutées à la liste. Dès lors, les 12 Sibylles apparaissent partout en Italie, comme dans le pavement de la cathédrale de Sienne en 1483, ou dans les Appartements Borgia (1492-1494) peints par Bernardino Pinturicchio. Et de 1508 à 1512, Michel-Ange les peint au plafond de la Chapelle Sixtine. [...]

Filippo Barbieri indique pour la Sibylle de Samos : "Sibylla Samia a Samo insula, nudum ensem sub pedibus, formosum pectus, subtileque velim capiti habens, sic ait : Ecce veniet dies et nascetur de paupercula et bestiae terrarum adorabunt eum et dicent «laudate eum in atriis cœlorum »". La Samienne, de l'île de Samos, l'épée nue sous ses pieds, à la poitrine généreuse, ayant un fin voile sur la tête, disait ceci : "Voici que viendra le jour où naîtra un enfant d'un pauvre et toutes les bêtes de la terre l'adoreront et elles diront "louez-le au plus haut des Cieux". Prophète associé : David, Psaume 71:11. — Adorabunt eum omnes reges terrae ; omnes gentes servient ei. "Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront" (www.lavieb-aile.com - Les douze sibylles de Brennilis).

La Sibylle de Samos avait pour nom Phemonoe ou Phyto ou mieux Foito désignant l'errance de l'esprit. Son antre se trouverait au monastère de Panagia Spiliani et serait la caverne de Pythagore selon les dires de Porphyre (en.wikipedia.org - Samian Sibyl).

Pythagore est un réformateur religieux et philosophe présocratique qui serait né aux environs de 580 av. J.-C. à Samos, une île de la mer Égée au sud-est de la ville d'Athènes ; on établit sa mort vers 495 av. J.-C., à l'âge de 85 ans. Il aurait été également mathématicien et scientifique selon une tradition tardive. Le nom de Pythagore, étymologiquement « celui qui a été annoncé par la Pythie », découle de l'annonce de sa naissance faite à son père lors d'un voyage à Delphes (fr.wikipedia.org - Pythagore).

« Le divin Pythagore (...) ne mettait jamais en tête de ses lettres, ni 'Joie' ni 'Prospérité' ; il commençait toujours par Hugiaine ! ("ugieia" : Santé). (...) Voilà pourquoi le triple triangle enlacé, formé de cinq lignes [le pentagramme], qui servait de symbole à tous ceux de cette secte, était nommé par eux 'le signe de la santé' » (Lucien, Pro lapsu inter salutendo, 5) (fr.wikipedia.org - Pentagramme).

Le symbole de la secte pythagoricienne était le pentagramme, pentagone étoilé (en orange ci-dessous) constitué des diagonales du pentagone régulier, également appelé pentacle, lequel possède de nombreuses propriétés géométriques et numériques : le rapport de la diagonale au côté est le célèbre nombre d'or (serge.mehl.free.fr - Pythagore).

Agostino di Duccio (1454-1457), Sibilla Samia (?) - Temple Malatesta, Rimini - www.beweb.chiesacattolica.it

A Rimini, Sigismond Malatesta (1417 - 1468) est armé chevalier par l'empereur Sigismond en 1433, comme Hercule Ier d'Este à Ferrare. Le condottiere et seigneur de Rimini décida de reconstruire l'église San Francesco, qui deviendra la cathédrale de la ville, et d'en faire un mausolée dédié à sa dynastie. Dans la chapelle des Planètes (Cappella dei Pianeti), Agostino da Duccio a représenté des sujets mythologiques, et, dans la chapelle de la Madonna dell'Acqua, les sibylles. On trouve une sculpture du héros biblique Gédéon dans la chapelle des Caduti ainsi que la chapelle Saint Sigismond (roi de Bourgogne). Piero della Francesca a peint le maître de Rimini, en prières devant son patron, dans une fresque de la chapelle des reliques (Cetty Muscolino, Ferruccio Canali, Il tempio della meraviglia: gli interventi di restauro al Tempio Malatestiano per il Giubileo, 1990-2000, 2007 - books.google.fr).

On retrouve les 12 sibylles à la Casa Romei, palais de Ferrare que le cardinal Hippolyte d'Este transforma (it.wikipedia.org - Casa Romei).

Voyons chez Paradin la devise d'Hippolyte d'Este (1509 – 1572), cardinal de Ferrare: Ab insonni non custodita Dracone. Les Pommes d'or du verger des Hespérides (lesquelles communement sont prinses pour la vertu) furent emportees par Hercule: nonobstant qu'elles fussent curieusement gardées par le Dragon vigilant. Devise de M. le R. Cardinal de Ferrare (Dante Ughetti, François d'Amboise: 1550-1619, 1974 - books.google.fr).

Le pentagone est une structure symbolique du roman en raison même de l'ambiguïté dont le pare André Pieyre de Mandiargues. Pour le poète friand de "désapropos" et de mauvais goût, le choix de cette figure vaut rejet de l'architecture rigoriste de l'"Urbs quadrata" romaine. Ainsi goûte-t-il Ferrare "la sensuelle et surprenante cité pentagonale que De Pisis appelait la ville des cent merveilles" (Michel Bourret, La Barcelone marginale d'André Pieyre de Mandiargues, Iris, Université Paul Valéry. Centre de recherches sur les littératures ibériques et ibéro-américaines modernes, 1997 - books.google.fr).

Rentré à Paris, après la seconde guerre modiale, Mandiargues fait la connaissance, en 1947, de Bona Tibertelli de Pisis (1926-2000), artiste-peintre, nièce du peintre ferrarais Filippo De Pisis, qu'il épouse en 1950 (fr.wikipedia.org - André Pieyre de Mandiargues).

Un pentacle associé au psaume 71

Le verset cité se lit: 'Qu’il domine d'une mer à l’autre mer, Depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre'. La traduction complète ce verset en latin est : 'Et dominabitur a mari usque ad mare, et flumine terminos terrae'. C'est le verset 8 du psaume 71 (LXXI) de la traduction en grec Septante. (Variante: Il dominera d’une mer à l’autre, et du fleuve aux extrémités de la terre).

Sous le pantacle on peut lire les mots: 'Omeliel, Anechiel, Arauchy'. On rencontre cette sequence attribuée au second Pantacle de Saturne décrit dans le livre de la Grande Clef Salomon de Mathers, sous une forme plus complète: 'Omeliel, Anachiel, Arauchiah, et Anazachia', écrit en Hébreu. Le carré magique lui aussi renferme une clef : c'est la célèbre et parfaite forme actuelle d'une double acrostiche, mentionnée à plusieurs reprises dans les registres de la magie du moyen âge, sa dérivation du présent pentagramme est inconnue. On voit tout de suite que c'est un carré de cinq lettres, qui, ajoutés à l'unité, donne 26 la valeur numérique de YHVH (cf. SATOR AREPO TENET OPERA ROTAS) (Le grand livre des pentacles).

Artos est une anagramme de sator et désigne le pain en grec, pain eucharistique contenu dans le graal selon l'oncle de Perceval Le terme latin ecclésiastique artona, provenant directement du grec artos, signifie pain sans levain, qui est constitutif de l’hostie. Le carré SATOR produit ainsi non seulement l’origine de Chrétien – Troyes – mais aussi la fameuse hostie. Le terme arton a persisté en argot en désignant le pain (Carré Sator - Le mot graal).

Pain (eucharistique) et Pentagone (Pain-tagone)

Il est impossible de savoir si dans Pentagone il faut faire entendre Pénn ou Pain ; et je préférerais mettre : «On prononce Pain.» (Benjamin Legoarant, Nouveau dictionnaire critique de la langue française, 1858 - books.google.fr).

La duègne de la reine Guenièvre, Quintagone, sert le vin à Lancelot (Cerventes, Don Quichote, 1887 - books.google.fr).

Pour parvenir au Temple de la dive Bacbuc, Pantagurel (penta-gruel : cinquième livre (gradalis)) doit monter 108 degrés, comme l'angle extérieur d'un pentagone (Robert Maestracci, Géographie secrète de la Provence, 1998 - books.google.fr).

Je dis & soutiens que le pain demeurant dans sa nature de pain, ne laisse pas d'être changé réellement & substantiellement au Corps de Jésus-Christ, & que par ce changement il passe de la nature de simple pain, de pain commun, à la nature ou substance du Corps de Jésus-Christ : changement qu’on appelle proprement transubstantiation. Je conçois que ce changement arrive & se fait, par l'union substantielle de l’âme humaine, & de la personne divine du Fils de Dieu, avec la substance du pain & du vin, union toute pareille à celle qu’il daigna contracter au moment de son Incarnation avec nôtre chair mortelle, à laquelle il a substitué dans l’Institution de la Sainte Eucharistie, la substance du pain & du vin, pour nourrir nos âmes de sa divinité ; pendant qu'il nourrit nos corps d'un aliment & d’un breuvage qui leur est familier & proportionné. Afin d'être en état de mieux entendre cette réponse, il faut faire attention qu'une chose peut changer de nature, & devenir ce qu’elle n’étoit pas, en trois maniéres différentes. 1°. En perdant quelque chose qu’elle avoit, sans rien acquerir de nouveau : c'est ainsi que le Poligone devient rond, que 7. devient 5. que l'eau chaude devient froide. 2°. En perdant quelque chose qu’elle avoit, & en acquerant quelque chose qu’elle n'avoit pas. C’est ainsi qu'une piéce d'or de certain poids, à laquelle on substitueroit autant de cuivre qu'on en oteroit d'or, changeroit de nature. 3°. En acquerant ce qu’elle n'avoit pas sans rien perdre de ce qu'elle avoit ; c'est ainsi que le Pentagone devient Exagone, que de cinq on fait sept ; c'est encore ainsi, pour citer un exemple Physique, que la machine organisée qu’on nomme l'Embrion, devient corps humain par l'animation sans cesser d'être ce qu’elle étoit avant l'animation, c’est-à-dire, chair & sang, os & nerfs, &c. La première espèce de changement se fait par soustraction seulement ; La seconde espèce par addition & soustraction tout ensemble ; La troisième espéce se fait par addition seulement : Or dans le changement qui se fait purement par addition, la chose ainsi changée reçoit quelque nouveau degré d'être sans perdre aucun des degrés qu'elle avoit auparavant, c’est-à-dire, que sans perdre sa première nature, elle en acquiert une nouvelle qui lui fait donner un nouveau nom, & perdre pour l'ordinaire celui qu’elle portoit auparavant, sur tout si le premier est le moins noble. C’est ainsi que quand le Pentagone devient Exagone, il reçoit un nouvel angle sans perdre aucun de ceux qui lui étoient propres ; & bien qu’il ne perde rien de ce qu'il possédoit étant Pentagone, il devient une autre figure qui lui faisant donner le nom d'Exagone, lui fait perdre celui de Pentagone. Cela supposé, l'on conçoit aisément que la substance du pain demeurant dans sa nature de pain, peut devenir unie substantiellement à l'ame humaine, & à la personne divine du Fils de Dieu, que par cela seul le pain est élevé à la dignité de Corps du Seigneur, de même qu'une matiére organisée devient réellement & substantiellement corps humain par l'animation (IIIème pièce) (Pieces Fugitives Sur L'Eucharistie, Bousquet, 1730 - books.google.fr).

Les Pièces fugitives sur l'Eucharistie sont publiées par Jacob Vernet à Genève, Michel Bousquet et Cie, 1730, in-8. La première pièce est attribuée à Nicolas Malebranche. la deuxième est de P. Varignon, l'auteur de la troisième est un ecclésiastique de France resté inconnu; celle pièce est la plus étendue. J. Vernet est auteur de la quatrième, ainsi que de la préface. (A. L) (Antoine-Alexandre Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, Tome 6, P. Daffis, 1875 - books.google.fr).

Jacob Vernet est un théologien genevois né le 29 août 1698 à Genève et mort le 26 mars 1789 dans la même ville. Disciple de Jean-Alphonse Turrettini, il s'écarta résolument de l'orthodoxie calviniste et professa une théologie intégrant certaines valeurs des Lumières. Ami de plusieurs philosophes, dont Montesquieu, il finit par se brouiller avec Voltaire et Rousseau par souci de défendre l'institution ecclésiastique. (fr.wikipedia.org - Jacob Vernet, Maria-Cristina Pitassi, Jacob Vernet, Dictionnaire historique de la Suisse, 2017 - www.hls-dhs-dss.ch).

Un hexagone n'est nullement un pentagone avec un côté de plus; ceux qui ont construit le pentagone régulier et l'hexagone régulier savent bien que ce sont deux êtres, qui ont chacun leur visage (Alain, Propos sur l'éducation: suivis de Pédagogie enfantine, 1986 - books.google.fr).

Presque "Tagon"

Atago (Attago) est le nom que le géographe Ptolémée donne au fleuve Aude (Atax chez Pline). Ce nom est rapproché de Tago, Dagon et Tagès (Lorenzo Hervás y Panduro, Catálogo de las lenguas de las naciones conocidas, y numeracion, division, y clases de estas segun la diversidad de sus idiomas y dialectos, Volume 4, 1804 - books.google.fr, Historia general de España, Real Academia de la Historia, Volume 15, 1890 - books.google.fr).

Caïn, laboureur, est le père de l'agriculture ; en Étrurie, Genius ou Gen était père de Tagès, l'homme du blé (dag, sémit.) et le petit-fils de Jupiter. D'après une autre tradition, qui confirme cette étymologie, Tagès sortit d'un sillon, tandis qu'on labourait un champ près de Tarquinies (Frédéric-Constant de Rougemont, Le peuple primitif: sa religion, son histoire et sa civilisation. Première partie : religion, Volume 2, 1855 - books.google.fr).

Dagon était ume des divinités des Phéniciens ou Philistins ; elle avait un temple magnifique à Gaza et un autre à Azot ou Asdod. Le mot dagon, en langage phénicien, signifie froment, selon Philon de Byblos, dont le témoignage, dans cette circonstance, doit avoir plus de poids que celui des auteurs qui font dériver dagon du mot hébreu dag (poisson). Dagon était représenté sous la forme d'un homme jusqu'à la ceinture, et sous celle d'un poisson depuis la ceinture jusqu'en bas. On a pris tour à tour Dagon pour Horus, Jupiter, Saturne, Neptune, Atergatis, Oannès, Japhet et Noé. Sanchoniathon dit qu'il était fils de Cœlus et qu'il apprit aux hommes à cultiver la terre et à se nourrir de pain. Tous les écrivains s'accordent à le regarder comme un civilisateur et un des inventeurs de l'agriculture (Encyclopédie du dix-neuvième siècle: répertoire universel des sciences, des lettres et des arts, Tome 7, 1870 - books.google.fr).

Dès que les Philistins furent maîtres de l'arche d'alliance, ils la menèrent à Azot et la mirent dans le temple auprès de l'idole de Dagon, pour nous représenter par ce sacrilège le crime de ceux qui veulent allier dans un même cœur le culte de Dieu et le culte des démons. Mais Dieu fît voir en cette rencontre qu'il n'est pas semblable aux faux dieux. Dagon ne put subsister devant la présence de l'arche, et le lendemain on le trouva renversé par terre. [...] Tous les habitans d'Azot furent frappés d'une plaie honteuse dans les parties les plus secrètes de leurs corps, et par une multitude de rats que Dieu fit naître dans tout leur pays. [...] Ils menèrent l'arche dans d'autres villes où elle fit de semblables maux; c'est pourquoi les Philistins, craignant enfin qu'elle ne les fit tous mourir, assemblèrent leurs sages et leurs devins, qui leur donnèrent un conseil dont Dieu tira sa gloire par un monument éternel de la vengeance qu'il avait exercée sur ses ennemis. Ils ordonnèrent qu'on renverrait l'arche avec un petit coffre où seraient enfermées cinq figures de rats, et pareillement cinq autres figures de cette partie de leurs corps dans laquelle ils avaient été frappés de ces plaies [figures d'hémorrhoïdes, d'anus, de culs, de tumeurs, selon le nombre de leurs gouvernements] (M. de Royaumont, Histoire de l'Amien et du Nouveau Testament: avec des aplicatións èdifiantes, 1835 - books.google.fr, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le sceau-signature : aspects métalliques et jeu d’orgue).

Dagon - University of South Florida

Les Philistins tirent leur origine des enfans de Mesraïm, fils de Cham ; leur pays, connu par les Romains sous le nom de Palestine, parvint à un tel degré de puissance, qu'il donna son nom à toute la terre de promissions que nous appelons encore aujourd'hui Palestine. Cette contrée s'étendoit le long de la mer, et étoit bornée à l'orient par les tribus de Juda et de Siméon; au midi par les Amalécites, et au nord par la tribu de Dan. Ce pays très-resserré dans ses limites, étoit d'une très-grande fertilité; ses villes les plus considérables étoient Gaza, Ascalon, Azoth, Gath et Ekron. C'étoit là ce qu'on appeloit les cinq villes des Philistins : ce qui fit donner au pays le nom générique de Pentapole, c'est-à-dire pays des cinq villes. [...] Les seuls naturels du pays devoient être exterminés par les enfans d'Israël (Henri Dillon, Histoire universelle, 1814 - books.google.fr).

Les Livres Sibyllins, selon la tradition annalistique et les antiquaires, ont été introduits à Rome sous la monarchie des Tarquins, Tarquin l'Ancien selon Lactance, Tarquin le Superbe selon Denys d'Halicarnasse et Aulu-Gelle. L'ensemble de la tradition repose sur une source varronienne, les Antiquités Divines. [...] La question de savoir si une Sibylle a pu apporter à Rome des prophéties à la fin du Ve siècle demeure posée. [...] L'Etrusca disciplina connaissait, à côté de Tagès et de Cacus, une nymphe du nom de Vécu, Végoia ou Bégoé. La seule prophétie étrusque attribuée à Végoia que nous connaissions se trouve dans un recueil tardif de traités d'arpentage6, sous la forme, plutôt maladroite mais évocatrice, d'un carmen latin. [...] Végoia est, avec Tagès et Cacus, la prophétesse de l'Etrusca disciplina: mais son identité, sa fonction, son rôle, son onomastique demeurent mal définis. La forme étrusque de son nom paraît avoir été Vecu, mais c'est sous la forme Vegoia ou Vecoia que le nom précède le texte de sa prophétie dans le Corpus Agrimensorum. La forme de l'adjectif dérivé appliqué aux libri est hésitante. Les Libri Vegoici ou Vegonei ne sont mentionnés que par Ammien Marcellin, en relation avec les Libri Tagetici, dont ils pourraient constituer une subdivision. Le rapport des livres de Végoia à l'ensemble de la doctrine est plus difficile à établir : les témoignages de Servius et des agrimensores ne sont pas concordants. Servius établit un rapport avec la science des foudres ; la prophétie adressée à Arruns Vethymnus concerne le bornage des champs et la valeur intangible et sacrée des limites établies par les hommes sous la garantie de Tinia (Charles Guittard, Reflets étrusques sur la Sibylle, "Libri Sibyllini" et "Libri Vegoici", La Sibylle: Parole et représentation, 2016 - books.google.fr).

La nymphe Begoia liait au progrès de la cupidité, la luxuria et l'avaritia des moralistes romains, la stérilité de la terre et des cataclysmes destructeurs (Luc Duret, Jean-Pierre Néraudau, Pierre Grimal, Urbanisme et métamorphoses de la Rome antique, 2001 - books.google.fr).

Plebem Suam

The Synoptics include the paschal dimension of eucharist within the tradition of the supper itself, and then symbolize that dimension so thoroughly that Gentiles are not thereby excluded from full participation. Jesus' “last supper” in the Synoptic Gospels is redolent of so many meanings that it can be restricted to none of them. Particularly, participation may be limited to adherents of the twelve as little as Judas is loyal and Peter is constant. The anonymous woman is the seal that, in the Synoptic catechesis, the Hellenistic community took ownership of the eucharist. The symbolic imagination of that community is instanced in the two signs of feeding, of the 5,000 and the 4,000. In the first story (Matthew 14:13-21//Mark 6:32-44//Luke 9:10b-17), the eucharistic associations are plain : Jesus blesses and breaks the bread prior to distribution (Matthew 14:19//Mark 6:41//Luke 9:16). That emphasis so consumes the story, the fish — characteristic among Christian eucharistic symbols — are of subsidiary significance by the end of the story (compare Mark 6:43 with Matthew 14:20 and Luke 9:17). [...] Cranfield (The Gospel according to St Mark, 1963) also notes the associations between the feeding stories, eucharistic celebration, and the motif of the manna in the wilderness. [...] Whatever the pericope represented originally, it becomes a eucharistic narrative in the Synoptic transformation of meaning. Jesus gathers people in orderly way (see Matthew 14:18//Mark 6:39, 40// Luke 9:14, 15), y “symposia” as Mark literally has it (6:39); without that order, they might be described as sheep without a shepherd (Mark 6:34). The Didache 9:4 relates the prayer that, just as bread is scattered on the mountains (in the form of wheat) - Charles Taylor cited Psalm 72:16 in order to instance the imagery of grain growing on mountains, The Teaching of the Twelve Apostles (Cambridge: Deighton Bell, 1886) - and yet gathered into one, so the Church might be gathered into the Father's kingdom. The 5,000 congregate in such a manner, their very number a multiple of the prophetic gathering in 2 Kings 4:42-44,” and Luke 9:11 has Jesus speaking to them concerning the kingdom. [...] 2 Kings 4:43 specifies 100 men, which in the Synoptic transformation is multiplied by 10 and by 5. The number “10” is of symbolic significance within the biblical tradition (cf. Jöram Friberg, “Numbers and Counting,” Anchor Bible Dictionary 4 [ed. D.N. Freedman; New York: Doubleday, 1992] 1139-1146, 1145). The number “5, ”however, is better taken of the Pythagorean number of man, the pentagram; cf. Annemarie Schimmel, “Numbers. An Overview,” The Encyclopedia of Religion (ed. M. Eliade; New York: Macmillan, 1987) 13-19 (Bruce D. Chilton, A Feast of Meanings: Eucharistic Theologies from Jesus through Johannine Circles, 1994 - books.google.fr).

La communauté des croyants en Christ, dont les Gentils ne sont pas exclus, consitue la "plebs sua" (cf. AOMPS), plebs en latin désignant le menu peuple. Les 5000 qui partagent poissons et pains multipliés, tombant du ciel comme la manne, à Tibériade rencontrent les 5040 (factorielle 7 : 7!) citoyens de la cité idéale de Platon qui reprend à son compte un bon bout de sagesse numérale pythagoricienne.

La Multiplication des pains fait problème. Deux des évangélistes en racontent deux successives, et les différencient délibérément : Matthieu 14, 13-21, et 15, 32-39 ; Marc 6, 34-43, et 8,1-10. Les deux autres n'en rapportent qu'une : Luc 9, 817 ; Jean 6, 115, qui la fait suivre de la traversée du lac (6, 16-21) et du discours du Pain de vie (16,22-71). Luc et Jean rapportent évidemment la première multiplication des pains identifiable : [environs] 5000 hommes, 5 pains, 2 poissons, et 12 couffins de restes (Abbé René Laurentin, Vie authentique de Jésus Christ: Fondements, preuves et justification, 1996 - books.google.fr).

Dans l'église Sainte Marie Madeleine de Rennes-le-Château, le vitrail à l'ONIS se trouve derrière la statue d'Antoine de Padoue, fêté le 13 juin. Il a été présenté comme "La mission des apôtres" mais peut aussi se rapporter à la multiplication des pains (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Le jardin d’Adonis : Onis et Rennes le Château).