Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Les Prophètes et Rennes le Château   L’Echiquier de la Croix des Prophètes   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES CROIX HURIEL RENNES LE CHATEAU ECHIQUIER

Les quatre Dames qui trônent sur le "petit parquet du mont Sinaï", dans le Songe du Vieil Pèlerin, sont renvoyées au Paradis, d'où elles viennent, pour siéger sur l'échiquier moral que la Reine vérité montre au jeune souverain, le « jeune cerf volant sacré et couronné des blanches fleurs doréez et roi de France ». Cet échiquier est ajusté sur la carte des quatre communes de la Croix des Prophètes pour que les deux Rennes correspondent aux Reines blanche et noire du jeu d'échec.

Disposition des pièces sur un échiquier - www.jeu-echecs.info

La carte IGN de Géoportail ainsi que le cadastre sont utilisés pour associer pièces du jeu et des noms de lieu dont la signification et l'étymologie pourront paraître plus ou moins pertinentes.

Il existe la Fontaine de Lauzi à Cassaignes au nord, la Font de Lauzy (cadastre) à Rennes le Château à l'ouest, le Bois du Lauzet au sud.

Lauset, lausset, lauzet : Ce qu'on paie pour faire aiguiser les instrumens de labourage (Jean-Baptiste-Bonaventure de Roquefort, Glossaire de la langue romane, Volume 2 1808 - books.google.fr).

"Lauseta" est aussi l'oiseau alouette (Line Fromental et Jacques Bruyère, Petit dictionnaire insolite de l'occitan et des Occitans, 2012 - books.google.fr).

Le fauchage des blés et la nidification de l'alouette ont été l'objet de fables depuis Esope jusqu'à La Fontaine (L'Alouette et ses petits, avec le Maître d'un champ).

PUTATORIA. — Prœstatio quœ domino pensilatur pro acueridis instruments rusticis ; droit que l'on paye au seigneur pour l'aiguisage des instruments de labour (Lexicon manuale ad scriptores mediae et infimae latinitatis, ex glossariis Caroli Dufresne D. Ducangii, D.P. Carpentarii, Adelungii, et aliorum, in compendium accuratissimi redactum, Migne, 1866 - books.google.fr).

Nous constatons, dans l'outillage du vigneron, la disparition, vers la fin du XIXe siècle, de l'antique serpe à tailler la vigne, la faix putatoria de Columelle, que connaissaient, bien avant lui, les Gaulois. L'utilisation de cette serpe, dont le dos se prolonge d'une crête taillante, réclamait un maniement habile. Son emploi par une main-d'œuvre maladroite pouvait être préjudiciable à la vigne. Les sociétés d'agriculture conseillèrent donc au début du XIXe siècle, l'abandon de cette poudadouiro et préconisèrent l'usage du sécateur (Le Monde alpin et rhodanien, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie (France), 1973 - books.google.fr).

Le 24 février 1529 [...] « Osd. srs., actenduda la bona disposition de la vila, lacala era sans dange de pesta, ny autra enfermetat, an donat ald. Rey de la poda et tota sa companha jogar, danssar et far totas joyosetatz acostumadas, bona licentia, permission et facultat vista la requisition et enseguen (suivant) las costumas ancienas et de la vila, provesit (pourvu) que no dansso de nuit, ny en carema, et sans faire mal ny portar domatge à degun (quelqu'un), et, lor an baylat la banieira et armas deld. Rey, une lanssa d'armas et un penaussel (fanion) de taffeta negre et jaune, loscals an promes et jurat de retorna a la present maiso comina... »

Comme celle de beaucoup d'autres régions, la Jeunesse de Gaillac, ayant à sa tête, au début du XVIe siècle, un Roi et un Soudan (Sultan) (rappel probable des Chansons de Geste ou des Croisades) et, en 1547, un Dauphin, avait parmi ses attributions d'organiser et de réglementer les amusements du Cycle de Carnaval-Carême. Mais le nom particulier, qui n'a pas été relevé ailleurs en Gascogne, de Compagnie de la poda semble indiquer qu'elle était aussi en relation corporative ou confraternelle avec les vignerons du Gaillacois. Une poda (lat. putatoria, occitan poudo, etc.) est une serpe-hachette, fort en usage autrefois, mais qui a presque complètement disparu, ainsi que son diminutif le poudet. Ailleurs en France on la nomme vouge ; elle y a aussi été évincée par le sécateur.

Après les vendanges, on édifiait un castel (château) sur la place de la ville, et au sommet se tenait une jeune fille tenant une poda. Les « compagnons », partagés en deux camps, défendaient ou assaillaient le castel, protégés par des armures et sous une grêle de tessons. La jeune fille recevait pour sa participation une paire de sabots. Ensuite, on ramassait tous les débris de poterie et on les conservait dans une salle de la maison commune [pour la bataille de l'an suivant]. Dans le poème burlesque du chanoine Mathieu Blouyn, pourtant, de la deuxième moitié du XVIe siècle, on trouve une autre date annuelle sans allusion à la poda : ... e fort prep d'aquel loc que lou seaoudo (soudan) cadans — Fa dressa soun castel a tens de carmantrans. De même, à Auxerre (Yonne), c'est dans le cycle de la Saint-Jean-Saint-Pierre que se situait la fête de la Jeunesse, en très grande majorité constituée par les enfants des viticulteurs. Ceux du quartier Saint-Pierre faisaient sur la route de Coulanges un grand feu, avec des chansons et des rondes identiques à celles des jeunes gens du quartier de la Porte-de-Paris à la Saint-Jean [...]

Pour aucun consulat de l'Albigeois on n'a encore trouvé d'autre Roi de la Poda, mais seulement des Empereurs ou Rois de la Jeunesse (del Jouven ou Joven). En 1544, le Parlement de Toulouse prohiba les Empereurs de la Jeunesse dans toute la sénéchaussée, sans doute à la suite de désordres mais cela momentanément, car on voit encore interdire de par le roi en 1660 de faire élection de chefs de la jeunesse dans les communautés du Languedoc (Arnold van Gennep, Manuel de folklore français contemporain : Du berceau a la tombe (fin) : mariage, funérailles, 1946 - books.google.fr).

On remarque qu'il y avait, dans les joutes de la poda, deux camps et qu'il y avait un drapeau bipartite noir et jaune. Le Roi et le Soudan des deux camps rappellent l'esprit de croisade de Philippe de Mézières.

Si l'on veut se référer pour la seule Gascogne à la carte sur les serpes établies par Séguy (J.), on y trouve une vingtaine de termes correspondant à sept étymologies différentes que les informateurs semblent avoir donnés pour qualifier « lou coutet de pouda las bits » (Condomois et Armagnac: XXXVIIIe Congrès d'études tenu en commun avec la Fédération historique du sud-ouest, Condom - Flaran - Nérac, 17-19, juin, 1983, 1984 - books.google.fr).

On retrouve le "bit" de la Founbit, pour sarments.

Chez Mistral, la "poudas" est une serpe gascone (Frédéric Mistral, Pierre Rollet, Jules Roniat, Lou tresor dóu Felibrige: ou, Dictionnaire provençal-français, embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne, G-Z, 1968 - books.google.fr).

Aucun Lauzet ou Lauzi(y) dans les environs de Rennes les Bains qui marquerait l'est, seulement des serpettes dans le monument du village dû à l'abbé Boudet.

La serpette apparaît pages 283 et 287 de La Vraie Langue Celtique, correspondant aux psaumes 128 et 132. Le 128 tombe assez bien puisqu'il parle de moissonneur (v. 7), de laboureurs (v. 3), et Dieu coupe les cordes des méchants (v. 4), mais point de vigne.

A moins que le Fousseillo au sud du bourg soit une faucille.

Faucilhoun (prononcer faoucilloun) est un diminutif de faucilha, la faucille ou bien engoulevent (Simon Jude Honnorat, Dictionnaire provençal-français: ou, Dictionnaire de la langue d'oc, ancienne et moderne, Volume 2, 1847 - books.google.fr).

Le Sultan Sélim 1er fit usage de deux drapeaux, l'un rouge et l'autre blanc lorsqu'il conquit l'Egypte en 1517. Kheireddïne Barberousse, fit usage, lors de ses expéditions maritimes dans la Méditerranée, d'un drapeau orné du sabre Dûl-Fikâr sur fond vert. Dârghûth Pâshâ qui défendit l'île de Djerba contre la flotte espagnole en 1560, fit usage d'un étendard vert, Lors de la bataille de Slankamen, sur les bords du Danube en 1691, qui opposa la ligue d'Augsbourg aux Ottomans, ceux-ci subirent une défaite et rebroussèrent chemin. L'armée victorieuse s'empara d'un drapeau turc qui était une combinaison semblable de symboles proclamant la victoire et comportant une faucille (en réalité un sabre bifide) et des hilals. Quand le Sultan Sélim III (1789-1807) reprit l'Egypte aux Français, il envoya un drapeau rouge orné d'un sabre Dul-Fikar, qu'on arbora sur la citadelle d'Alexandrie. Les Ottomans et Corsaires barbaresques réimplantèrent en effet le drapeau rouge et le sabre et en généralisèrent l'emploi sur toute la côte méditerranéenne d'Afrique (Abdeljelil Temimi, Le Beylik de Constantine et Hadj 'Ahmed Bey (1830-1837), 1978 - books.google.fr).

Le poème sur La naissance des dieux nomme Shahar et Shalim comme les deux fils premiers—nés d'El (tabl. SS, col. 1,52-54). L'hymne nuptial des Noces de la Lune qualifie Hilâl de «Seigneur à la faucille » (tabl. NK, 5 et 40). En arabe, hilâl signifie "croissant lunaire" (Bernard Teyssedre, Anges, astres et cieux, 1986 - books.google.fr).

Ainsi le côté ouest est attribué aux pièces blanches, le côté est aux pièces noires, selon une opposition tirée des Croisades Francs/Blancs occidentaux et Maures/Noirs orientaux. Vu du bas du côté ouest, la Reine blanche est à la gauche du Roi et en face de la Reine noire. Si bien que le bourg de Rennes le Château se trouve sur la case de départ de la Reine blanche, et le nord de Rennes les Bains (Bains doux) sur la case de la Reine noire et son église sur la case du Roi. Le Mounas (cadastre) correspondrait au Roi blanc. Mounas : monos, monarque ? Blanchefort se trouve sur une case blanche et Roko Negro sur une noire.

Le fou en occitan est évêque : bisbe (www.panoccitan.org).

Mais rien dans le cadastre ou la carte IGN ne rappelle évêque ou bisbe.

Côté Est

La Source de la Madeleine ou la Gode : un cheval

Cette fontaine, placée sur la rive droite de la Blanque, se trouve à la distance d'un kilomètre à peu près au sud de la station thermale. On la désigne depuis peu d'années sous le nom de la Madeleine ; mais son nom celtique reproduit dans le cadastre, est celui de la fontaine de la Gode. L'eau de cette source, émergeant avec abondance de la faille inférieure d'une grande roche de grés, est très ferrugineuse, et d'un goût atramentaire fortement prononcé. (VLC p. 273)

Gode, une gode, expression de mépris qui fignifie un mauvais Cheval sans force (François-Alexandre de Garsault, Le nouveau parfait maréchal, 1741 - books.google.fr).

Lampos : un cheval

Cette dernière roche, séparée de Cardou et offrant plusieurs pointes réunies par la base, a présenté à nos ancêtres l'idée des petits êtres composant une famille et retenus encore auprès de ceux qui leur ont donné le jour, et ils ont nommé poétiquement ces aiguilles Lampos. Ce mot dérive de lamb, agneau, ou de to lamb, mettre bas, en parlant de la brebis. (VLC p. 231)

Homère ne parle que des chevaux de l'Aurore, qu'il nomme Lampos et Phaethon. (Odyss., I. XXIII, v. 246.) (Les métamorphoses d'Ovide, traduit par Villenave, 1806 - books.google.fr).

Aurore apparaît à l'Est donc comme ce côté de l'échiquier.

La roche tremblante : un fou

Crois donc bien que celui qui rit de ta folie / Porte aussi sur le dos sa besace, et l'oublie. / Combien je trouve encor d'autres genres de fous, / Sur lesquels on a droit de tomber à grands coups : / Aussi bien ceux dont l'âme est, sans raison, tremblante, / Que ceux de qui l'audace est folle, imprévoyante ! (Horace, Livre II, Satire III, traduit par le comte Siméon, 1876 - books.google.fr).

Bac de la Barrière : un fou

Le garde-fou est une barrière (Josette Rey-Debove, Dictionnaire du français langue étrangère CLE - Le Robert, 2013 - books.google.fr).

La Hille : une tour

Un excellent vieillard du hameau de la Hille nous a déclaré avoir trouvé, lui-même, dans le terrain situé au-dessus du bassin, des scories de fer, traces évidentes de l'industrie exercée dans cette maison. (VLC, p. 240)

La hille est un pavillon servant à recouvrir le ciboire (François Lacombe, Dictionnaire de la langue romane, ou du vieux langage françois, Volume 2, 1767 - books.google.fr).

Le ciboire a eu plusieurs formes dans l'antiquité: les plus répandues étaient celles de la colombe et de la tour (Eglise à Lyon, Archevêché de Lyon, 1894 - books.google.fr).

Mont Cardou : une tour

La version syriaque, en effet, ne dit pas comme le texte hébreu et la tradition arménienne, que l'arche se soit arrêtée au mont Araral, mais bien sur le sommet de la montagne Cardou (Touré Cardou). « Les premiers Chrétiens bâtirent, au lieu désigné par la tradition, un courent dit le Monastère de l'arche, où ils célébraient une fêle annuelle en mémoire du jour où le patriarche en était sorti avec sa famille. Selon le compaguon de voyage de l'abbé Sestini, Sullivan, des derviches musulmans y entretiennent actuellement, dans un oratoire, le feu perpétuel d'une lampe. On montre toujours au voyageur ce sommet vénéré, sur le chemin do Mossoul à Amadia; les Turcs l'appellent Djoudi. Alors le mont Cardou serait le même que l'Ararat, nommé Macis par les Arméniens et Agri Uagh par les mahométans; opinions dont le désaccord, loin de nuire à la concorde des textes sacrés, prouve on contraire que ce fait mémorable s'est accompli dans cette partie de l'Asie. Les monts Cardou, Macis, Ararat ne sont d'ailleurs que des anneaux de l'immense chaîne appelée Taurus, qui, du Liban jusqu'au Caucase, divise et morcelle le sol de l'Asie occidentale, en prenant des noms différents.

Denys d'Antioche, dans sa chronique qui remonte à l'année des Grecs 1077 (765-766), rapporte que l'arche aborda au mont Cardou.

Taurus est le mot Tor ou Tour des langues chaldéenne, phénicienne, arabe, hébraïque, etc., signifiait montagne, auquel les Grecs ont donne une terminaison hellénique (Tauros). Les auteurs arméniens parlent d'une montagne, dite Doros, avoisinant les monts Sim et Sassoun, dans la province d'Arznik (Eugène Boré) (Dictionnaire apologétique, Volume 1, Migne, 1855 - books.google.fr).

Toïra, en assyrien, montagne, chaîne de montagnes; tyrou, en chaldéen, touro en syrien. Dans la petite Asie Taër, Alpes. Chez les races turques tau, montagne. Chez les Celtes tor, tour, une tour, un bâtiment rond et élevé, aussi un rempart : or, front, façade, devant. En grec "oros", montagne (Frederic Dubois de Montpereux, Voyage autour du Caucase, en 1838, Volume 6, 1843 - books.google.fr).

Le latin turris, "tour", peut-être à mettre en relation avec le pré-latin turra, "mont" (Révolution et traditions en Vicomté de Turenne (Haut-Quercy--Bas-Limousin, 1738-1889): actes du colloque organisé par l'Association art et histoire de Martel, tenu à Turenne, Martel et Saint-Céré, les 4-5 et 6 août 1988, 1989 - books.google.fr).

Sur les montagnes d’Armenie, L’Hébreu: Sur les montagnes d’Ararat. L’Ecriture parle encore de ces montagnes d’Ararat, 4. Reg. XIX. 37. & Isaïe XXXVII. 38. Saint Jerôme dit que le mont Ararat, ou l’Arche s’arrêta aprés le Déluge, fait partie du mont Taurus, & qu’il domine sur les campagnes d’Ararat, dans lesquelles coule le fleuve Araxe. Nicolas de Damas nomme cette montagne Baris, & il la met dans la Miniade en Armenie. Saint Epiphane lui donne le nom de Lubar c’est à—dire, comme nous l’avons remarqué ailleurs, la montagne de Lub, ou des Lubiens, peuples de ce pays marquez dans Plime. Saint Ambroise appelle la montagne ou s’arrêta l’Arche, la montagne quarrée, ou a montagne du quarré, Mons quadrati. Il n’est pas aisé de trouverl’étymologie de ce terme, si ce n’est que saint Ambroise ait été trompé par l’équivoque du nom des montagnes Cardu, ou Cadru. C’est le nom que les Paraphrastes Chaldéens donnent à cette montagne. D’autres les nomment Cordueni, ou Cordyeni. L’Arabe Carda : Ce sont les montagnes Gordiées, connuës des Géographes, & fituées entre l’Armenie & la Medie. Le nom d’Armenie ne se trouve point dans le texte Hébreu de tout l‘Ancien Teftament. Il peut dériver d’Aram, qui peupla ce pays ; ou du mot hébreu Har, une montagne, & Minni, nom de peuple, marqué dans Jeremie (II,27), qui adonné son nom à la Miniade, Province d'Armenie (Dom Calmet, Commentaire littéral sur tous les livres de l'ancien et du nouveau Testament, La Genese, Volume 1, 1707 - books.google.fr).

L'Araxe pourrait être le Géhon que l'on a placé à l'est de la Croix des prophètes, du côté de Rennes les Bains. A la différence que le Mont Ararat actuel est au sud-ouest de l'Araxe, et que le Mont Cardou audois est à l'est de la Sals. Si le Jardin d'Eden se trouve en Arménie, il a son correspondant entre les deux Rennes, où le lieu-dit Aram semble confirmer la présence virtuelle. Le Mons quadrati nous ramène au carré de l'échiquier.

A l'ouverture du Cromleck, sur la rive droite de la Sals, apparaît une montagne appelée Cardou : vers le sommet, commencent à se dresser des pointes naturelles, connues dans le pays sous le nom de Roko fourkado. (VLC p. 228)

Le mont Ararat est trop célèbre pour n'en pas dire un mot. C'est, dit-on, où l'arche de Noé s'arrêta quand les eaux du déluge commencèrent à baisser. Les Arméniens l'ont en grande vénération : sitôt qu'ils l'aperçoivent ils se prosternent en terre et la baisent. Ils appellent cette montagne Mesesousat, c'est-à-dire montagne de l'Arche. On croit sur l'autorité de Joseph et de saint Epiphane, que cette montagne est dans l'ancienne géographie le Mont Gordien, Mons Gordiœus. Son sommet est divisé en deux pointes, toujours couvertes de neige, et presque toujours environnées de nuées et de brouillards qui en dérobent la vue (Père Monier, Sur l'Arménie, Lettres édifiantes et curieuses, 1838 - books.google.fr).

La page 228 est appariée à la 73 et donc correspond au psaume 73, où est mentionnés le milieu de la terre et le Léviathan (crocodile chez Segond), en liaison avec le déluge et le passage de la mer rouge (la mer y est fendue).

Le nombril du monde est à Jérusalem et se confond avec l'autel lui-même. L'autel-omphalos s'appelle la pierre schethijja ; et schetijja c'est le sceau qui ferme le puits de l'abîme, recouvrant les eaux primitives et le reste des flots du déluge (cf Psaume 73, v. 13-14). De son pied Dieu a enfoncé la pierre dans le tehom, pour en faire un point de condensation au-dessus de l'amorphe et du mouvant, le support de la voûte de la création et la pierre angulaire dont il est parlé dans le livre de Job (38,6). En Sion a été fondée la pierre précieuse d'Isaïe (28, 16-17), dont le nom promet aux croyants le salut, car la nouvelle Jérusalem sera fondée sur la Justice et sur la Vérité. Quand viendront le Jugement et l'ère de la Paix, Sion sera de nouveau élevée au-dessus de toutes les nations qui convergeront vers sa montagne comme vers le centre de l'univers, et d'où procéderont la nouvelle loi et le message du Seigneur (Isaïe, 2, 2-3 ; 1, 26). Les monuments paléochrétiens qui montrent la croix plantée sur Sion, d'où jaillissent les quatre fleuves du Paradis, ou le Christ donnant la loi, debout sur Sion, illustrent comment le messianisme eschatologique reste inscrit dans un cadre spatial sacralisé, c'est-à-dire réalisé et vécu comme absolument réel par la centralisation (André Grabar, Cahiers archéologiques, Volume 23, 1974 - books.google.fr).

Côté Ouest

Gournet : un cavalier

Gournay est initialement un type toponymique issu du gaulois *Gornacon. Il est basé sur les éléments *gorn-, thème hydronymique mal éclairci et le suffixe gaulois -acon de localisation (du celtique commun *-ako-), latinisé en -acum ou -acus dans les textes (fr.wikipedia.org - Gournay).

On a donner comme étymologie à "gour" (trou d'eau) le latin gurges (gorge) qui serait aussi à l'origine du verbe gourmer (un cheval : lui mettre la gourmette, levier de mors, ce qui permet de le gourner, gouverner dans le langage de la Loire) (Dictionnaire universel francois et latin, contenant la signification et la definition tant des mots de l'une & de l'autre langue: G-L, 1752 - books.google.fr).

Il existe à Nottonville un « abîme » dans la rivière, la Conie, appelé Gourre de Spoy, du nom de l'ancienne ferme voisine de Spoy. La profondeur des eaux en cet endroit a donné lieu à des appréciations diverses selon les témoins, des plus raisonnables qui vont 2 à 3 m, jusqu'aux plus terrifiantes selon lesquelles le trou sans fond atteindrait 7 m. Du côté de Nottonville, on descend vers la rivière par une berge escarpée de quelques mètres couverte de broussailles, les raffaults. La gourre de Spoy est appelée aussi la baignoire ou la nageoire aux chevaux par les vieux habitants, ce qui rappelle une coutume dont mademoiselle Bernadette Ribot m'a fait la description après avoir pris ses renseignements auprès de M. Morisset, né en 1911, dont le père dirigeait les opérations : « Les cultivateurs des environs et même des départements limitrophes [l'un des témoins a cité le Loir-et-Cher] étaient envoyés par leur vétérinaire à Nottonville lorsque l'un de leurs chevaux boitait après avoir fait un effort ou trop d'efforts (épaule). Monsieur Gilbert Morisset me dit que cette coutume a eu lieu jusque dans les environs de 1 930, lorsqu'il avait vingt ans. Donc son papa était prévenu ainsi que le maréchal qu'un cheval allait arriver et avait besoin d'un bain. Je n'ai pas demandé comment il arrivait (peut-être dans une bétaillère). Le cheval était déferré par le maréchal, on lui laissait son licol. Un homme en barque tenait une longe de la largeur de la rivière attachée au licol et emmenait le cheval qui nageait jusqu'à l'autre rive. Le papa de Gilbert restait sur la rive (Le Monde alpin et rhodanien, Volume 25, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1997 - books.google.fr).

Clots Cavaillé (cadastre) : un cavalier

Si la majeure partie de la parcelle 38 du cadastre se trouve dans la case du fou, une pointe passe sur la case en dessous du cavalier.

Cavaillé, Cavaller, Cavailler, Cavalier : Issu du latin populaire *caballarius, le nom désigne un chevalier. Cavaillès : C'est dans le Tarn et l'Aude que le nom est le plus répandu. Variantes : Cavailhès, Cavailhez, Cavaillez, Cabaillès. C'est évidemment un dérivé de l'occitan cavalh (= cheval) (www.jeantosti.com).

Borde d'en Salva : une tour

Salva en catalan est le coffre-fort rendu en grec par le même mot que "petite tour" "purgidion" ou "purgion" ou "purgiskos" (Joseph Planche, Dictionnaire grec-français, 1809 - books.google.fr).

La Roco (Couiza) : une tour

A la Roco à Couiza, un ex-voto gravé en latin est situé sur la partie haute du socle en pierre portant la croix et signé Jean Vasserot notable de Couiza. La traduction du texte ex-voto, gravé en patois ou occitan sur la partie inférieure du socle.

Cet endroit est celui où la mort, après une vie décevante m'a épargné. Malchanceux je suis tombé et je me suis retenu sans glisser. C'est en vain que la mort trompeuse essaie de m'entraîner. Grâce à Dieu, une terre ameublie m'offre une couche et non un tombeau. J. V. 1765.

Passant, arrête-toi ici, regarde le précipice où mon pied d'un faux-pas , glissa en bas du roc. Je te souhaite, comme ce fut mon cas , que le ciel te soit propice et que, sans aucun mal tu sortes de ce lieu. Peut-être, la Parque se désole de ce qu'elle me fit et ce qui lui en a coûté et qu'aujourd'hui, sans aucun avertissement, ses ciseaux ne me feraient pas de cadeaux. Le 26 Mai 1765 Francès Rouby forgea cette croix après sa chute. Dieu soit béni (agevermeil.ek.la - Stèle votive de la Roco).

On retrouve le vieil héritage antique dans La Belle au Bois dormant. Les fées marraines se penchent sur le berceau de la petite princesse comme les Parques latines. La vieille filant sa quenouille dans la tour où la jeune fille s'égare paraît bien un avatar de la fée laide et mendiante, mais pas forcément malfaisante. Elle n'est que l'instrument de la fatalité... ou la Fatalité elle-même (Catherine Sevestre, Le roman des contes, 2001 - books.google.fr).

Comme elles étaient souvent représentées en vieilles femmes, notamment Atropos, dont le nom signifie « L'Inflexible », on a voulu voir dans la vieille fée du conte une figure d'Atropos, celle qui fait mourir. Et l'on s'est même demandé si la vieille rencontrée par la princesse - dans un donjon, comme la vieille fée vivait recluse dans une tour - ne serait pas une réduplication d'Atropos, provoquant une sorte de mort. S'il est certain que le personnage merveilleux de la fée dérive pour une part des trois déesses de la destinée et si le motif de la fileuse est vraisemblablement lié aux Parques, on ne saurait oublier que, dans « La Belle au bois dormant », sept fées sur huit sont bienveillantes et que la dernière accompagne sa protégée jusque dans son sommeil. Le fuseau ne communique plus la mort, mais un sommeil paisible, un repli provisoire à l'abri des risques du monde (Philippe Sellier, Essais sur l'imaginaire classique: Pascal - Racine, Précieuses et Moralistes - Fénélon, 2003 - books.google.fr).

A la Belle jeune fille on passe à la Belle Âme, la Belle au bois dormant du Serpent rouge, qui sommeille comme les 7 dormants d'Ephèse.

Enfin, l'hypothèse d'une Psyché substitut d'Atropos mérite être examinée. Si l'on accepte de comprendre Atropos, au sens d'« inexorable», deux des interdictions opposées à Psyché prennent sens. Une première fois, son mari lui demande de ne pas écouter les lamentations de ses sœurs (V, 5, 3). Une seconde fois, la tour prophétique qui lui enseigne le chemin des enfers lui recommande de n'avoir pitié ni de l'ânier qui lui demandera de l'aide (VI, 18, 4), ni d'un vieillard qui la priera de le prendre sur la barque de Charon : nec tu tamen inlicita adflectare pietate (Apulée VI, 18,8) ne te laisse pas attendrir par une pitié qui t'est interdite. Certes il y a à cela une raison religieuse : Psyché, qui est vivante, ne doit avoir aucun contact avec les morts, pour ne pas risquer de se mêler à eux. Mais le rapprochement avec l'étymologie du nom grec est troublant. Atropos est l'inéluctable, et par conséquent celle qui ne se laisse pas fléchir par la pitié. En outre, elle est celle qui tranche le fil; or, lorsque Psyché enfreint l'interdit de son époux, c'est avec dans la main un rasoir bien aiguisé, comme le lui a recommandé sa sœur (V, 20, 2) (Véronique Gély, L'invention d'un mythe, Psyché: allégorie et fiction, du siècle de Platon au temps de La Fontaine, 2006 - books.google.fr).

Episode 32 de l'épisode de Psyché des Métamorphoses d'Apulée : La Tour, représentée par une jeune femme au torse nu, dissuade Psyché de se suicider. Elle lui indique l'entrée des Enfers et lui donne des conseils pour revenir sur terre : qu'elle emporte deux oboles pour payer son aller et retour dans la barque de Charon, le passeur des âmes, et deux gâteaux de farine d'orge et de miel pour Cerbère, le chien à trois têtes, gardien des Enfers. Enfin et surtout qu'elle ne tente pas d'ouvrir la boîte contenant le baume de beauté (www.culture.gouv.fr - Vitraux des Métamorphoses d'Apulée, Chantilly, Musée Condé ).

Founbit : un fou

Foun : fontaine et Bit pampre, sarment ou cordon ombilical (Abbé Vayssier, Dictionnaire patois-français du département de l'Aveyron, 1879 - books.google.fr).

On garde pampre pour l'attribut de la folie bacchique : Couronne-toi du pampre des côteaux, / Barde qu'égare une aimable folie ! (Walter Scott, Rokeby, Ouevres complètes, Tome 30, Tome 2 des Romans poétiques, traduit par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 1839 - books.google.fr).

Trinque Barrals : un fou

Baraillé, Barrau de l'occitan barailher, fabricant ou vendeur de barrals ou de barraus, nom occitan des barrils (barro est un mot gaulois ; ce sont en effet les Gaulois qui ont inventé les barrils et les tonneaux en bois pour le transport et la conservation du vin) (www.lauragais-patrimoine.fr).

Trinquer veut dire heurter, Trinque Barrals choc de tonneaux. On reste dans la folie bacchique (tonneaux de vin).

La Fête des fous est une thérapie à l'image des cures de la folie : il faut laisser rentrer l'air dans les tonneaux, comme il faut aérer la tête saturée du fou par tonsure, ventouses, voire trépanation (Jean-Marie Fritz, Le discours du fou au Moyen âge, 1992 - books.google.fr).

Côté Nord

Singles : un cavalier

Platta : «pente herbeuse transversale isolée entre des barres rocheuses». Avec cette signification ce terme se trouve de Courmayeur à Valsavarenche ainsi qu’en Haute Tarentaise en francoprovençal. Mais le toponyme se trouve également au Piémont et en Occitan alpin. C’est un synonyme de single, plus commun en Vallée d’Aoste. La Platta dou Dzé (VG), La Pla tta di Tsamou (VG), Platta di Kâro (VG) (Hubert Bessat, A propos des enquêtes toponymiques de Lieux en mémoire de l'alpe en Vallée d'Aoste, 1995 - www.centre-etudes-francoprovencales.eu).

« Et prenez que au tems passé ils fesoient leurs batailles de gens de cheval singles. » (Philippe de Clèves, contemporain de Louis XII MS. n° 7152, fol. 50. Bibliot. du roi à Paris.). L'ancienne cavalerie, bardée de fer, combattait avec la lance et l'épée, et se formait en haie, c'est-à-dire sur un seul rang (Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers, Volume 22, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique (Bruxelles), 1848 - books.google.fr).

La Mourette : un cheval

Moure : Étang, marais ; en bas. lat. mourus. Moure, mourre : Broyer, moudre ; molere. Moure, mourre: Le visage ou Le museau des animaux; petit sac qu'on suspend à la tête des chevaux pour leur faire manger l'avoine que l'on y met (Jean Baptiste Bonaventure de Roquefort, Glossaire de la langue romane, Volume 2, 1808 - books.google.fr, Claudette Germi, Mots du Champsaur, Hautes-Alpes, 1996 - books.google.fr).

Mouré : étalon dans le Doubs (J. Tissot, Le patois des Fourgs, Mémoires de la Société d'Emulation du Doubs, Volume 9, 1865 - books.google.fr).

Fontarille : un fou

Font à rille ou Font Arille ?

La rille est un soc de charrue (L'Aubrac: Ethnologie contemporaine III, Centre national de la recherche scientifique, 1970 - books.google.fr).

Peu désireux de tenir sa promesse et de partir pour Troie, Ulysse simule la folie en tirant une charrue à laquelle il a attelé un âne et un bœuf. Pour le démasquer, Palamède place devant le soc de sa charrue son fils, Télémaque, encore nourrisson. Ulysse, dans sa folie, s'apercevrait-il que son enfant était voué à une mort certaine ? Mais s'il s'arrêtait, n'était-ce pas révéler que sa folie n'était qu'une feinte? Un instant l'on crut que le roi avait réellement perdu la raison. L'attelage avançait vers l'enfant; déjà le bœuf et l'âne s'écartaient l'un de l'autre pour l'éviter, et le soc allait lui porter un coup mortel, lorsqu' Ulysse, d'un effort surhumain, arracha la charrue du sillon, la souleva brutalement et la porta par-dessus le corps de son fils. Alors, s'adressant aux envoyés, il leur dit : "Vous m'avez contraint, seigneurs, à quitter ma folie. Vous saviez quel amour je porte à mon fils. Je vous suivrai donc, et je vengerai avec vous l'injure de Ménélas, puisque vous m'avez fait ressouvenir du serment qui me lie; mais souffrez que je prenne congé de ma maison." Ce fut un jour bien triste, dans le palais d'Ulysse et dans toute l'île d'Ithaque, que ce jour des adieux (Pierre Grimal, Le Merveilleux voyage d'Ulysse, 1989 - books.google.fr).

On vante aussi beaucoup les connaissances astronomiques d'Homère; il ne nomme dans l'hémisphère septentrional que les pléiades, les hyades et la grande-ourse, et dans l'hémisphère austral, que l'orion et l'étoile de Sirius. On prétend qu'il était instruit de la cause des éclipses; sur quel fondement? C'est qu'il a placé à la nouvelle lune cette fameuse éclipse de soleil qui annonça le retour d'Ulysse dans Ithaque; mais cette fameuse éclipse n'est qu'une vision du devin Théoclimène. (Antoine Sérieys, Bibliothèque académique; ou, Choix fait par une Société de Gens-de-Lettres, Volume 8, 1811 - books.google.fr).

Une imagination digne de Palamède était un proverbe très-ancien parmi les Grecs. On donnait le nom de Palamède à celui qui inventait ou proposait quelque projet utile. Les poètes se servaient également de ce nom pour désigner un génie inventif comme celui de Palamède, fils de Nauplius, roi de l'île d'Eubée (Négrepont), qui augmenta l'alphabet grec des cinq lettres théta, ksi, psi, chi, phi, expliqua la cause naturelle d'une éclipse, aux Grecs réunis devant Troye, leur donna les premiers élémens de la tactique, inventa, dit-on, les poids et les mesures, ainsi que les jeux des dés et des échecs pour amuser les soldats que la longueur d'un siége de dix ans faisait périr d'ennui. Malgré tant de talens et d'inventions utiles, il fut sacrifié à la vengeance de l'astucieux Ulysse, qui, à force d'intrigues, le fit condamner à être lapidé (C. de Méry, Histoire générale des proverbes, adages, sentences, apophthegmes, Volume 1, 1828 - books.google.fr).

La présence de l'âne et du boeuf au départ d'Ulysse pour Troie, stratagème inventé par Palamède qui connaissait le secret des éclipses, met la puce à l'oreille. Serait-ce une allusion à une éclipse astromique, comme l'éclipse temporaire (simulée) de la raison du roi d'Ithaque en serait la méthapore ? Ainsi chaque extrémité du voyage d'Ulysse serait saluée par une éclipse. De même la vie de Jésus est marquée par le boeuf et l'âne, à sa naissance, et l'éclipse, lors de sa crucifixion (Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram).

En physiologie végétale, l'arille est une extension & un développement du cordon ombilical : il n'existe que dans quelques espèces; il forme autour de la graine une enveloppe très-souvent incomplète, & n'a aucune adhérence avec elle (Jean-Baptiste de Monet de Lamarck, Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières: botanique, Volume 1, 1810 - books.google.fr).

La Mathe (cadastre) : un fou

Le vocable mate mata – la lettre h n’a pas de signification étymologique – désigne dans les dictionnaires gascons « un buisson », « une touffe d’arbres », « une trochée, une cépée » (Foix, Palay), « une mauvaise herbe », « un banc de poisson » chez Arnaudin. Désignant un buisson, une touffe d’arbres réunis par pied, un petit arbuste dont les branches sortent de terre, le mot se retrouve en gascon, en catalan, en castillan. Appliqué à une zone étendue recouverte d’arbres, d’arbustes et de roseaux, le mot est commun à toutes les langues romanes de la péninsule ibérique et au sarde (J. Corominas, Breve diccionario) ainsi qu'à l’occitan où on le retrouve dans de nombreux lieux-dits tels La Matte, Les Mattes, Les Mathes, Les Mathas, Les Matelles, Les Matretes « qui désignent toujours des terrains couverts de broussailles » (Bénédicte et Jean-Jacques Boyrie-Fénié, Toponymie des pays occitans , chap. IX, n° 562). Appliqués à une masse compacte, pouvant être molle et humide, le mot et ses dérivés désignent une pâte mate (terme de cuisine), une mer mate en ancien et moyen français, une terre compacte, un terrain argileux, mattaione, en italien, un banc d’argile (génois mata, gascon mata), un banc de sable (gascon Matoc, nom de lieu), un groupe compact de chevaux (catalan mata), un banc de poisson (gascon mata, catalan mata), du lait caillé en ancien et moyen français mate ou matte, en italien de Brescia matel, en catalan mató, en basque matoi, un grumeau en picard matelotte. Selon Alain Rey, le terme français pourrait dériver du latin classique (Ier siècle) matus, mattus, adj. « humecté, humide, mou », contraction de madidus, adj. « mouillé, humide, imbibé, amolli (par la cuisson), imprégné » du participe passé maditus du verbe madere « être mouillé, être imprégné, être amolli (cuisson), ruisseler, être en abondance ». Le latin matus a pris le sens figuré de « imbu de, ennivré, ivre » qui aurait abouti aux sèmes de fatigue physique ou morale (mat = « éreinté, affaibli, fatigué, abattu, accablé » en ancien et moyen français et en picard), de folie (« stupide, fou », matto en italien, mat en occitan central) (Soustons : lieux-dits et noms de lieux - www.soustons-noms-lieux.fr).

La Baute (cadastre) : un fou

En occitan la baute est le bât en osier dont on charge les mulets, il s’agit donc là probablement d’un relais muletier (Alain Combes, Toponymes du Viganais - www.agac-valleraugue.fr).

baute (masculin) bâton (Didier Grange, Lexique descriptif occitan – français du vivaro-alpin au nord du Velay et du Vivarais, 2008 - www.marraire.com).

On retient l'osier qui sert à faire des liens pour entourer les charettes (amblai, amblais, amblaix : aussi « tige ou branche de bois tordue en forme d'anneau servant à fixer le joug des bœufs sur le timon de la voiture » n'existe pas dans les parlers méridionaux, excepté dans les Landes, mais est très vivant dans la Suisse romande, la Savoie, le Centre et l'Ouest de la France) mais aussi pour faire des lits de contention pour les fous comme à Charenton au XIXème siècle. La folie se dit aussi amblance (amence, du latin amantia) (Jean Baptiste Bonaventure de Roquefort, Glossaire de la langue romane, Tome I, 1808 - books.google.fr, J. Jud, Mots d'origine gauloise ? Romania, Volume 49, 1923 - books.google.fr).

Côté Sud

La Valdieu ou Avale-Dieu : un fou

Fréquemment aussi les psautiers à images nous montrent le fou se mettant en devoir d'avaler le monde sous forme d'un petit globe; manière d'exprimer le mot du psaume (Ps. XIII, 1) : « L'insensé a dit dans son cœur : Il n'y a pas de Dieu. » (Charles Cahier, Nouveaux mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature sur le Moyen Âge Ch. Cahier: Curiosités mystérieuses, 1874 - books.google.fr).

Gascous : un cavalier

Gascons : Gascous phonétiquement. Des bandits qui écumèrent les Corbières. Une expression du Fenouillèdes a passé l'épreuve du temps, comptes dé Gascous = comptes de Gascons, soit une arnaque, escroquerie, abus de pouvoir (fenouilledes.free.fr).

La Chronique du Religieux de Saint—Denis vante souvent l'adresse des cavaliers gascons, les premiers cavaliers de France, dit—il (Jules La Chauvelays, La tactique dans les guerres du moyen âge, Revue générale d'administration, Volume 7, Partie 3, 1884 - books.google.fr).

La Chronique du religieux de Saint-Denys, contenant le règne de Charles VI de 1380 à 1422 (en latin Historia Karoli Sexti Francorum regis) est un texte historiographique anonyme en latin, divisé en quarante-trois livres, qui raconte le règne du roi de France Charles VI, dont Philippe de Mézières fut le précepteur. Œuvre d'un contemporain, moine de l'abbaye de Saint-Denis, exerçant la fonction officielle d'historiographe royal (charge assumée à cette époque par des moines de cette abbaye), c'est la source la plus précise et la mieux informée pour l'histoire politique de la France de cette période (fr.wikipedia.org - Chronique du religieux de Saint-Denys, contenant le règne de Charles VI (1380 à 1422)).

Les Quatre Ritous : un fou

Le mot de ritou provient du latin rector.

Dans la traduction du Formicarius, traité de discernement des esprits, du dominicain Jean Nider (1380 - 1438) écrit en latin vers 1436, qui vise entre autres à réduire le scandale que constituait aux yeux de beaucoup le succès, au moins partiel, de l’hérésie hussite. On peut lire ce qui permet de mettre en relation rector et folie :

Le deuxième homme est l'homme animal duquel parle I Corinthiens, II [14] : « L'homme animal ne perçoit pas ce qui est de l'esprit de Dieu, car c'est folie pour lui, et il ne peut le comprendre. » La glose ? dit ici: «L'homme est dit animal par par sa vie ou son sentiment. Par sa vie est dit animal celui qui s'abandonne à la lascivité de son âme, que l'esprit recteur [spiritus rector] ne contient pas dans les limites de l'ordre naturel, en ce que cet homme ne se soumet pas à la direction de Dieu. Par son sentiment, d'autre part, est dit animal celui qui juge de Dieu selon l'imagination corporelle, la lettre de la loi, ou la raison physique.» Sur la cause pour laquelle l'homme animal ne perçoit pas [ce qui est de l'Esprit], la glose ajoute : C'est, selon le sens humain, folie pour lui, et, par conséquent, il ne peut comprendre les choses spirituelles. » (Jean Nider, Des sorciers et leurs tromperies, présenté par Jean Céard, 2005 - books.google.fr).

Une autre explication locale fait dériver cabourne de « quatre bornes ». C'est ici en effet que se trouvait un tertre (désormais disparu) portant le nom de Table-des-Quatre-Curés, situé à l'endroit même où se rejoignaient les territoires de Jallais, La Poite- vinière, Saint-Lézin et Neuvy-en-Mauges. On disait que les prêtres de ces quatre paroisses pouvaient y pique-niquer ensemble sans quitter pour autant leur commune respective. La légende dit aussi que ce tertre fut créé au retour des Croisades par les coups de sabots de la Pie, le fier destrier du chevalier Jehan Chaperon, seigneur de la Chaperonnière (Pierre-Louis Augereau, Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire, 2004 - books.google.fr).

Idem à Rochesson, Basse sur le Rupt, La Bresse et Cornimont dans les Vosges (Annales, Société d'émulation du département des Vosges, Épinal, 1906 - books.google.fr).

Primitivement, les Cathares ont établi une différence entre spiritus et anima : Anima intra corpus existit, spiritus vero, qui custos est anima, et rector ipsius, intra corpus non est, et quod unaquœque anima a Deo bono creata proprium habet spiritum ad sui custodiam. L'âme est l'élément déchu, l'esprit est celui qui est resté au ciel. Cependant, une relation subsiste entre eux dans la mesure où c'est l'âme qui est l'esprit déchu. [...] L'esprit est en dehors de l'homme et agit comme son gardien et conducteur (Hans Söderberg, La religion des cathares: étude sur le gnosticisme de la basse antiquité et du Moyen âge, 1978 - books.google.fr).

Parler des « Anges dont nous sommes une portion », ou de leur combat comme d'un combat qu'ils livrent pour une portion d'eux-mêmes, c'est référer à un aspect fondamental de la dramaturgie à laquelle participent tous les gnostiques, tous les étrangers à ce monde. Le Soi n'est ni une métaphore ni un idéogramme. Il est « en personne » la contrepartie céleste d'un couple ou d'une syzygie constituée d'un ange déchu ou ordonné au gouvernement. L'idée de syzygie se retrouve à chaque degré de l'angélologie avicennienne. Elle correspond à une intuition fondamentale de la Gnose, lorsque dans chaque relation elle individualise l'Esprit-Saint en Esprit individuel, lequel est le parèdre céleste de l'être humain, son ange protecteur, guide et compagnon, aide et sauveur. Les formes épiphaniques et les noms de ce Guide peuvent être multiples; il est toujours reconnaissable. Ce peut être l'ange féminin Daênâ dans le mazdéisme, Daênâ encore ou la Manvahmed dans le manichéisme ; ce peut être le « Corps parfait » (sôma teleion) de la liturgie de Mithra, auquel correspond la Nature Parfaite (al-tibâ'al-tâmm) chez les ishrâqîyûn, « l'ange du philosophe » ; ce peut être Hayy ibn Yaqzân, le pîr-jouvenceau correspondant au spiritus rector chez les Cathares ; ce peut être l'Archange empourpré de certain récit de Sohrawardî, ou toute autre figure individualisant la relation (Henry Corbin, Avicenne et le récit visionnaire, 1999 - books.google.fr).