Partie XIV - Le Serpent rouge   Charles Baudouin   Vraie Langue Celtique et Enéide   
ENEIDE VRAIE LANGUE CELTIQUE ZODIAQUE

Introduction

Ce nouveau zodiaque, mettant en parallèle Serpent rouge et Vraie Langue Celtique retrouve l'ordre des du document plantardien, commençant au Verseau, mais on a retiré le Serpentaire. Pour avoir une division en 12 entière, on comprend les 2 pages de l'avant propos, les quatre des observations préliminaires et les pages 1 à 306 (312 pages). Reste les 4 pages (hors illustrations et carte) de la table des matières.

On a encore en vue l'Enéide qui guide cette recherche puisque Didon apparaît à la page 91 de la VCL que l'on associe au Taureau. Les livres consacrés à la reine vont de I à IV. Carthage/Carthaginois.e.s est cité 20 fois, la première fois à la page 87. Le Taureau du Serpent rouge s'associe au Livre VII de l'Enéide et rendrait compte de fondation de villes (Lavinium, Albe la blanche, Rome) avec les Livres VIII et XII (avec un groma réduit à 35 cm alors qu'ils sont plus grands) (nonagones.info - Le Serpent rouge - Charles Baudouin - L’Enéide et le Serpent rouge, Rivista archeologica dell'antica provincia e diocesi di Como antichità ed arte, Società archeologica comense, 1933 - books.google.fr).

Verseau 0-20 - Livre IV

Rome est citée 4 fois dans la VLC : pages 2,3 (Verseau ?), et 212 (Balance ?).

Le livre IV de l'Enéide va former le complément du premier. La ruse de Vénus, et l'amour de Didon, qui semblaient devoir soustraire les Troyens aux dangers de leur séjour dans la ville de Junon, deviennent pour l'implacable déesse un moyen de leur susciter un nouveau genre de périls, qui, compromettant l'existence future de Rome, fait du quatrième chant l'une des parties les plus importantes de l'action générale. Nous y voyons naître en même temps la rivalité de Rome et de Carthage (L. Magnier, Analyse critique et littéraire de l'Enéide, Tome 1, 1828 - books.google.fr).

Ostie à l'embouchure du Tibre fondée par le roi Ancus sont à la page 3 de la VLC dans la partie ici associée au Verseau lié au Livre IV de l'Enéide. Le terme romain.e.s est cité 43 fois dans la VLC.

Pendant ces émigrations et ces conquêtes des Kimris, Ancus roi de Rome, victorieux de ses voisins, batit la ville d'Ostie à l'embouchure du Tibre (LVLC, page 3).

Tous ceux qui ont écrit l'histoire de ces anciens événemens ont parlé du camp d'Enée; ils s'accordent à lui donner le nom de Troie (Troja, castra Trojana), mais ils le placent à des endroits différens. Plusieurs supposaient qu'Énée s'était arrêté entre Lavinium et 'Ardée, près d'un temple élevé à Vénus, où l'on montrait une statue de la déesse qu'il y avait, disait-on, lui-même apportée. Virgile s'est décidé pour un autre côté du rivage. Fidèle à son habitude de relier le présent au passé, il a voulu consacrer par un grand souvenir les origines d'une ville importante: il met le camp d'Énée à la place même où le roi Ancus Marcius doit plus tard fonder Ostie, le port de Rome.

Une autre raison qu'on avait de faire aborder Énée en cet endroit, c'est qu'on y plaçait ordioairement le fleuve sacré qu'on appelait le Numicus ou le Numicius. Denys d'Halicarnasse et Pline l'ancien semblent bien dire en effet qu'il coule près de Lavinium, et on l'identifie d'ordinaire avec le Rio Torto ou quelque autre de ces ruisseaux qu'on trouve entre Pratica et Ardée. Mais Virgile le met tout près d'Ostie. Quand les Troyens, à leur arrivée, cherchent à reconnaitre les lieux où ils viennent de débarquer, ils envoient des gens pour esplorer les environs, et ces gens leur rapportent qu'ils viennent de voir les marais où le Numicius prend sa source : fontis stagna Numici, ce qui semblerait indiquer un ruisseau qui sortirait du stagno di Levante pour aller à la mer. Du reste, ce ruisseau avait fini, disait-on, par tarir, ce qui explique qu'on discutat sur son emplacement. (Gaston Boissier, Promenades archéologiques, Revue des deux mondes, 1884 - books.google.fr).

La légende raconte qu'à Carthage, Enée avait laissé Didon dans un cruel abandon; elle rapporte ensuite qu'arrivé «aux champs de Lavinie», c'est-à-dire en Italie, vers les bouches du Tibre, volant à de nouveaux exploits et à de nouvelles amours, il vit tout à coup, sur les bords du rivage, une jeune fille qui s'appelait Anna et qui était fort belle. Il la reconnut : c'était la sœur de Didon qui venait lui demander compte de l'abandon où il l'avait laissée. Alors, vous croyez peutêtre que le Pieux Enée» fut pris de remords: pas du tout. Sans autre préambule, sans préparation aucune, il voulut se précipiter sur Anna, qui prit la fuite heureusement à temps. Elle tomba dans les eaux du fleuve Numicius, qui, protégeant sa chasteté, la reçut comme une de ses nymphes. Qui fut bien déçu dans sa pieuse poursuite ? «le pieux Énée». Ne croyez pas que j'invente, tout cela est dans Ovide. Voilà donc «Anna soror" devenue nymphe du fleuve Numicius. On lui élève une chapelle. Cette chapelle, construite avec assez d'art, a changé de nom. Mais ce qui vous étonnera, c'est que, sous ce nom nouveau, on reconnaît encore la légende païenne. La nymphe s'appela d'abord «Anna Perenna», car elle était devenue une source coulant perpétuellement. Les chrétiens élevèrent plus tard une chapelle au même endroit, attendu qu'ils ont toujours sanctifié les anciens temples païens; ils leur donnèrent des noms nouveaux, en recherchant fort habilement dans leur calendrier, pour ne pas dérouter les pratiques populaires, un nom qui présentât quelque analogie avec celui des dieux païens: Anna Perenna devint sainte Anne Pétronille, nom qu'elle porte encore aujourd'hui (M. Desjardins, Promenade dans la campagne romaine, Ministère de l'agriculture et du commerce. Exposition universelle internationale de 1878, à Paris, Volume 9, 1881 - books.google.fr).

Il n'y a que Delille (avec ses "belles infidèles") qui cite le Tibre dans le Livre IV pour traduire "Italia" ou "Ausonia" (Virgile, L'Enéide, Tome 2 : Livres IV, V, VI, 1804 - books.google.fr).

Ancus intervient aux Enfers au Livre VI, le Tibre en personne apparaît dans une vision à Enée au Livre VIII, le fleuve est cité au Livre V par Vénus comme destination du héros.

Le déroutant Virgile exploite le nom propre à de multiples intentions; et, à notre sens, ce n'est pas uniquement à des fins rythmiques qu'il appelle, par exemple, les Troyens du nom de Teucri, Troes, Troiani; qu'il emploie trois noms différents pour désigner l'Italie : Ausonia, Italia, Hesperia; que le Tibre a, dans l'Énéide, quatre noms : Albula, Thybris, Tiberinus et Tibris (Alfred Schmitz, Infelix Dido: Étude esthétique et psychologique du livre IV de l'Énéide de Virgile, 1960 - books.google.fr).

Toute l'œuvre de Nerval est émaillée de citations de Virgile faites soit dans le texte latin, soit dans la traduction de Delille. Charles Baudouin (Nerval ou le nouvel Orphée, Psyché, janvier 1947) a attiré l'attention sur la lettre à Georges Bell du 31 mai 1854 :

Dans une heure, je traverse une seconde fois le pont du Rhin. Divinités du Styx, soyez-moi favorables !

Entrer en Allemagne, dans le pays qui détient le corps de la mère, c'est en effet, comme le dit Léon Cellier, descendre aux Enfers (Marie Miguet, Géographie virgilienne d'Aurélia, Nerval: une poétique du rêve, 1989 - books.google.fr).

Poissons - 21-46 - Livre V

Pluton et la Nuit apparaissent au Livre V de l'Enéide.

L'explication d'une tradition soi-disant druidique rapportée par César fait ressortir encore cette conséquence. «Les Gaulois, dit il, se glorifient de descendre tous de Pluton et ils assurent tenir cette croyance de l'enseignement des Druides : c'est pourquoi ils comptent le temps, non par les jours, mais par les nuits et ils sont attentifs à indiquer les jours de naissances, les commencements de mois et d'années, de telle sorte que le jour suive la nuit.» (Lib. VI. 18, de bello gallico). César se trompe évidemment en disant que les Gaulois se glorifiaient de descendre de Pluton, dont les Druides se souciaient aussi peu que de Proserpine (LVLC, page 22).

Les paroles du vieillard bienveillant ont rallumé l'ardeur d'Énée,
mais alors son esprit est tiraillé entre mille soucis,
tandis que la sombre Nuit, traînée dans son bige, occupait le ciel.
Puis, il crut voir la figure de son père Anchise lui apparaître
soudain tombée du ciel, et lui tenir ces propos :
«Mon fils, toi jadis plus cher que la vie, quand j'étais en vie,
mon fils, toi qui as été mis à l'épreuve pour les destins d'Ilion,
je viens ici sur ordre de Jupiter ; il a repoussé l'incendie
loin de la flotte et, du haut du ciel, t'a enfin pris en pitié.
Écoute les conseils excellents que te donne maintenant
le vieux Nautès ; conduis en Italie des jeunes hommes d'élite,
es coeurs les plus valeureux. Au Latium, tu devras réduire par la guerre
une race dure, aux moeurs rudes. Toutefois, rends-toi d'abord
aux demeures infernales de Dis, à travers le profond Averne,
et cherche, mon fils, à m'y rencontrer. En effet je ne suis retenu
ni dans l'impie Tartare, ni chez les ombres tristes, mais je fréquente
dans l'Élysée les aimables assemblées des hommes pieux. La chaste Sibylle
t'y conduira, en échange du sang de noires victimes nombreuses.
Alors tu connaîtras toute ta descendance, et les murs qui te sont donnés.
Et maintenant, adieu ; la Nuit humide, à mi-course, fait demi-tour,
et je sens le souffle haletant des chevaux du cruel Soleil levant.»
(Livre V, 719-739).

Dis (5, 732-733). Dis ou Pluton (Hadès) est le nom du dieu des enfers (cfr 4, 702 ; 6, 127). Anchise annonce le contenu du chant 6, consacré à la «catabase» ou descente aux enfers d'Énée. Jupiter Stygien (4, 638) est Pluton (Hadès) (Homère, Iliade, 9, 457). En 6, 138, Proserpine sera appelée Iuno inferna (bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide, Livre V).

Dis (4, 703). Dis ou Pluton (Hadès) est le nom du dieu des enfers (cfr 4, 702 ; 5, 732-733 ; 6, 127). Anchise annonce le contenu du chant 6, consacré à la « catabase » ou descente aux enfers d'Énée. Jupiter Stygien (4, 638). Il s'agit de Pluton (Hadès), le dieu des enfers (Homère, Iliade, 9, 457). En 6, 138, Proserpine sera appelée Iuno inferna (bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide, Livre IVr).

Pour bien saisir le sens du mot Abel, tel que l'indique Josèphe, il ne faut point perdre de vue une expression très fréquente dans les livres saints désignant la mort et le tombeau; c'est l'expression inferi, les enfers, tandis que le lieu du supplice des réprouvés et des maudits est l'infernus; et c'est dans le premier sens que David, étant près de mourir, recommanda à Salomon, son fils de punir Joab de ses crimes : «Vous ferez, dit-il, à son égard, selon votre sagesse; et vous ne permettrez pas qu'après avoir vieilli dans l'impunité de son crime, il descende en paix dans le tombeau; et non deduces canitiem ejus ad inferos.» (Troisième liv. des Rois, c. II. 6) Abel présente la première image de la mort par le crime affreux de son frère aîné, – to ape (épe), imiter, présenter, l'image de..., hell, enfers. – Le terme ebel ou épel serait ainsi appliqué au second fils d'Adam seulement après le fratricide de Caïn, et la désignation de leur fils par une telle expression a dû, pendant de longues années, raviver dans l'âme de ses malheureux parents la douleur de sa perte (LVLC, page 41-42).

Bélier - 47-72 - Livre VI

Hébreux et Chaldéens vénèrent également l'oiseau qui apporta le rameau à Noé, et le christianisme lui donne plus d'une mission dans ses légendes. La tradition classique n'illustre pas moins ses vertus. Deux colombes conduisent Enée vers l'arbre au rameau d'or, et l'on voit dans le poème d'Apollonius de Rhodes comment Phinée persuade les Argonautes de lâcher une colombe pour explorer le passage entre le Bosphore et le Pont-Euxin (Jules Duhem, Histoire des idées aéronautiques avant Montgolfier, 1943 - books.google.fr).

Le rameau d'olivier aurait permis à Noé d'aborder à l'endroit choisi par les dieux (Cf. Rameau d'or d'Enée). Noé attend sept jours encore et lâche la colombe une troisième fois. «Elle ne revint plus auprès de lui» (Genèse, ch. VIII, v. 12). L'oiseau a trouvé sur la terre un gîte et de la nourriture. Noé «enlève le couvercle de l'arche, il regarda et vit que la surface du sol avait séché» (v. 13). Le récit de l'envoi des oiseaux a son parallèle dans la légende babylonienne. Le navigateur séjourne six jours au sommet du mont Nisir, puis lâche une colombe, une hirondelle et un corbeau qui se vautre dans la boue comme un porc. Bérose nous dit qu'à la première baisse des eaux Xisouthros laisse quelques oiseaux s'envoler de son bateau. Ne trouvant ni nourriture ni lieu où se reposer, les bestioles reviennent à l'embarcation. Quelques jours après, nouveau, nouveau départ d'oiseaux qui reviennent avec les pieds couverts de limon. Au troisième voyage disparition des oiseaux. Inutile d'insister sur l'étroite parenté de ces textes. Tous trois relatent le triple envoi d'oiseaux observateurs. Bérose n'en spécifie pas l'espèce. Le document cananéen parle d'un corbeau et d'une colombe; celle-ci seule s'échappe trois fois de l'arche. Dans le texte babylonien enfin, le navigateur lâche à chaque voyage un oiseau différent. Le récit de Bérose nous paraît abrégé. L'écrivain ancien aime les détails pittoresques et précis.

D'après Wellhausen, la symétrie du morceau serait détruite par l'introduction de l'épisode du corbeau, qui serait un hors d'œuvre. Dahse prétend que le mythe primitif aurait, comme le mythe babylonien, mentionné, à chaque voyage, un oiseau différent. C'est faire de l'hypercritique que de voir dans l'épisode du corbeau les restes d'une seconde recension du récit des oiseaux. L'allusion au corbeau est parfaitement en place. Le triple envoi du même oiseau excite la curiosité du lecteur. La version cananéenne est fortement inspirée de la légende chaldéenne, sans en être toutefois une copie servile. Aussitôt débarqué, Noé construit un autel à sa divinité protectrice, appelée dans le texte hébreu Jahvé, dans le texte primitif la Terre très probablement. Sans autel pas de sacrifice possible. Le sacrifice est censé remonter aux temps antédiluviens. Les fouilles palestiniennes ont mis au jour d'anciens autels cananéens à Megiddo 98. (Paul Leidecker, Débris de mythes cananéens dan les neuf premiers chapitres de la Genèse : étude de mythologie orientale, 1921 - books.google.fr).

Nous ne rechercherons pas les inconvénients d'une classification renfermant dans une même variété les Arabes, les Abyssins, les Egyptiens et les nombreux rameaux celtiques; il nous suffit de retrouver en Japheth, troisième fils de Noé, la souche réelle et incontestable de la variété humaine la plus blanche. Les enfants de Sem dont le type le mieux conservé est retracé dans les Arabes, ont le teint plus ou moins basané, mais le trait particulier de la famille se montre dans les yeux et les cheveux noirs. Ce ne peut être toutefois qu'un caractère général; et, parmi les Hébreux, descendans directs de Sem, l'Ecriture Sainte constate une exception en la personne de David dont les cheveux étaient roux (LVLC, page 51).

Dans le Roman de Troie de Benoît de Sainte Maure (XIIe siècle), Enée est roux, à la fois signe d'intelligence et de déloyauté :

De barbe e de cheveus fu ros.
Mout ot engin, mout ot veisdie,
E mout coveita manantie.

(Sa barbe et ses cheveux étaient roux. Il était très rusé, plein d'astuce, et très avide de richesses) (Myriam Rolland-Perrin, Blonde comme l’or : La chevelure féminine au Moyen Âge, 2014 - books.google.fr).

Nous avons souligné la dominante rouge de ce métal dans l’Antiquité. Mais le contexte montre que, dans certains passages de l’Enéide, les connotations symboliques attachées à l’or le rattachent à un univers de la transcendance, et insistent sur son aspect solaire et avant tout lumineux. L’or n’est plus alors perçu comme «fauve», fulvus, mais blond, flavus, et devient un des signes de la Révélation; c’est en particulier le sens très net qu’il a dans l’évocation du Rameau (VI, 205 sqq.). Cet or, pris en tant que reflet, «constelle avec la lumière et la hauteur et... surdétermine le symbole solaire». Dans son Etude sur les termes de couleur dans la langue latine, J. André mentionne les deux nuances de l’or, dans l’Enéide, tout en relevant des chiffres montrant que la connotation lumineuse est beaucoup moins fréquente que l’autre : 7 emplois contre 30 (Joël Thomas, Structures de l’imaginaire dans l’Énéide, 1981 - books.openedition.org).

Enée, Hercule, Orphée, et plus tard l'Astolphe du Roland furieux, le chevalier du Paradis de la reine Sybille ou encore Télémaque, commencent bien leur descente aux enfers depuis une caverne ou une grotte. [...] Certains épisodes importants de l'histoire religieuse se déroulent dans une grotte ou une caverne, ainsi l'annonciation faite à Mahomet par l'archange Gabriel. Lorsque Loth fuit Sodome avec ses deux filles, c'est encore dans une grotte qu'il se réfugie. Un livre syrien, La caverne des Trésors, relate qu'après son expulsion du Paradis, Adam a caché de l'or, de l'encens et de la myrrhe dans une grotte située sous une montagne. C'est cette grotte qui est destinée à lui servir de tombeau, à lui et à sa descendance; et ce sont ces mêmes or, encens et myrrhe que les rois mages viendront chercher pour les apporter au Christ (Priscille Ducet, Le monde souterrain et ses origines dans la littérature du XVIIIe siècle, 2007 - books.google.fr).

«Plusieurs voyageurs, entre autres Troïlo et d'Arvieux, disent avoir remarqué des débris de murailles et de palais dans les eaux de la mer Morte. Ce rapport semble confirmé par Maundrell et le père Nau. Les anciens sont plus positifs à ce sujet; Josèphe, qui se sert d'une expression poétique, dit qu'on aperçoit au bord du lac les ombres des cités détruites. Strabon donne soixante stades de tour aux ruines de Sodome. Tacite parle de ces débris : comme le lac s'élève ou se retire selon les saisons, il peut cacher ou découvrir tour à tour les squelettes des villes réprouvées.» (Itinéraire de Paris à Jérusalem par le vicomte de Châteaubriand) (LVLC, pages 61-62).

Nous avons dans l'embrasement de Sodome et de Gomorrhe, une des images qu'il a plu à Dieu de nous donner des feux de l'enfer, où les damnés seront éternellement tourmentés par le feu et l'horreur de leurs crimes (Augustin Henry, Les Magnificences de la religion, 1881 - books.google.fr).

Lot était en sûreté dans Segor, «et le Seigneur fit descendre du ciel une pluie de soufre et de feu sur Sodome et Gomorrhe (Gen. c. XIX)» (LVLC, page 61).

Lucrèce, en parlant des lacs méphitiques dont les exhalaisons rendent mortel aux oiseaux l'air qu'ils fendent de leur vol, dit également qu'il y a près de Cumes «un lieu de ce genre, où les montagnes, riches en soufre et en sources thermales, exhalent une acre fumée.» Mais, quoique venu après eux, c'est Virgile qui, en plaçant sur les bords de ce lac l'admirable scène où il a raconté la descente d'Énée aux enfers, a rendu célèbre à tout jamais l'Averne de Campanie, resté le seul qui ait conservé son nom. Le lieu, du reste, était parfaitement choisi; car les grands poëtes sont toujours d'excellents peintres. Les vapeurs qui s'élevaient des sources bouillantes, les grottes profondes, les rochers se dressant comme de noires murailles, la disposition topographique de la contrée, qui permettait d'y trouver l'Achéron, les Champs-Élysées, etc., l'ombre projetée par les grands bois (luci Averni) consacrés à Hécate, qui répandaient sur ces eaux stagnantes une obscurité perpétuelle, tout cet ensemble de sauvage aspect et de lugubre silence, contrastant d'une manière si marquée avec les riants paysages qui entourent la ville de Naples, explique encore aujourd'hui le choix de Virgile; on y retrouve toute la décoration dans laquelle le poëte a encadré son récit, et on y suit pas à pas les détails de sa mise en scène (Complément de l'encyclopedie moderne, Tomes 1 à 2, 1863 - books.google.fr).

Taureau - 73-98 - Livre VII

Carthage est citée 8 fois, pages 87, 91, 92, 95, 98 (Taureau) et 308 (Table des matières). Le Taureau renverrait à celui dont la peau sert à Didon pour circonscrire le territoire qui lui est accordé.

Les livres consacrés à la reine vont de I à IV.

Avant de mettre fin à ses jours, Didon-Elissa, invoquant Junon, Hécate et les Furies, appelle la malédiction sur les descendants d'Énée :

Et vous, Tyriens, harcelez de votre haine toute sa race, tout ce qui sortira de lui, et offrez à mes cendres ce présent funèbre : qu'aucune amitié, qu'aucune alliance n'existe entre nos peuples. Et toi, qui que tu sois, né de mes ossements, ô mon vengeur, par le fer, par le feu, poursuis ces envahisseurs Dardaniens, maintenant et plus tard et chaque fois que tu en auras la force. Rivages contre rivages, mer contre mer, armes contre armes, entendez mes imprécations : que nos peuples combattent, eux et leurs descendants ! (Livre IV).

Enée rencontre Didon aux Enfers. Cette rencontre se situe au centre du livre VI.

Enée pleure, tente de se justifier. Mais cette fois c'est Didon qui demeure de marbre. Du livre VII au dernier, se répandent les guerres souhaitées par Didon. Elles se prolongeront aussi longtemps que Rome n'aura pas pacifié le bassin méditerranéen et seront plus meurtrières contre les Carthaginois, ces descendants des Tyriens, notamment lors de la seconde guerre punique avec les défaites du Métaure, de Trasimene et de Cannes (E. Diouf, Les faits magiques du chant IV de l'Énéide, Annales de la Faculté des lettres et sciences humaines, Numéros 14 à 15, 1984 - books.google.fr).

Maffeo Vegio (en latin Maphaeus Vegius) (né en 1406 ou en 1407 à Lodi et mort à Rome en 1458) est un écrivain humaniste et religieux augustin italien du XVe siècle qui écrit en latin. Il est l’auteur de poèmes épiques, de textes religieux, d’un traité d’éducation, ainsi que d’une continuation de l’Énéide de Virgile.

Maffeo Vegio avait une dévotion particulière envers sainte Monique, mère de saint Augustin. La translation des reliques de cette dernière entre Ostie et Rome avait eu lieu le 9 avril 1430 et les reliques étaient déposées dans l’église San Trifone. En 1455, elles sont transférées dans l’église San’Agostino et Vegio fait construire dans une chapelle, pour les accueillir, un tombeau en marbre, attribué au sculpteur Isaia da Pisa. C'est dans cette chapelle Sainte-Monique de San'Agostino qu'il est enterré en 1458 (fr.wikipedia.org - Maffeo Vegio).

Augustin est cité à la page 98 (Taureau, de Carthage) de la VLC : "saint Augustin méritait certainement le nom d'Aigle des assemblées, qu'on lui a donné avec justice et bonheur – hawk (hâuk), faucon, – hustings (heusstings), salle d'assemblée."

À l’automne 383, au seuil de sa trentième année, Augustin s’échappe. Il quitte Carthage, l’Alrique et d’abord il fuit sa mère, l’encombrante Monique. Il nous dit qu’il était las de la turbulence des étudiants carthaginois et qu’on lui faisait miroiter une situation plus brillante à Rome où son ami Alypius était parti faire son droit. Tout cela est aussi vrai que le désir de secouer une tutelle maternelle pesante. Il partira tout seul, comme vers une nouvelle vie, et à la sauvette. Il nous a dit comment, en commentant surtout sa rupture du lien avec Monique (Conf., V, 15) “Cette nuit-là, je partis, elle non. Elle resta là, à prier et à pleurer... Le vent souffla et remplit nos voiles et fit disparaître à nos yeux le rivage où, le matin venu, elle délirait de douleur”. Augustin n’était plus là, le matin venu, pour la voir et l’entendre délirer de douleur; [...] ce passage est tout pénétré de l’image virgilienne (Augustin savait l’Énéide par cœur) de Didon éplorée sur le rivage après la fuite d’Énée. Le héros troyen s’arrache aux bras de Didon pour remplir sa mission qui est de fonder Rome. Augustin, à défaut de mission, a un destin. Plus tard (Conf., V, 15), il dira qu’en partant pour l’Italie il a obéi à un secret appel de la Providence. [...] Alors qu’il se trouve comme embourbé à Rome, la chance sourit à Augustin avec une recommandation de Symmaque, un des grands hommes du temps. Muni de cette recommandation, il arrive à Milan à l’automne 384 pour occuper une position officielle, la chaire de rhétorique de la ville. [...] Monique n’a pas tardé à rejoindre son fils. [...] Au printemps 386 et dès lors tout se précipite. Entre-temps, Augustin était déjà entré dans une sorte de gestation spirituelle. La conversion est d’abord celle de l’intelligence. Il y avait eu, dès les premiers mois de la période milanaise, la rencontre d’Ambroise, l’évêque, qui le fascinait et dont l’écoute l’acheminait vers une meilleure compréhension de la Bible. Mais on s’accorde à reconnaître que le déclic intellectuel majeur se produisit avec la lecture de ce qu’Augustin appelle lui-même les libri platonicorum, les "livres des platoniciens” (Conf., VII, 13). [...] Augustin restait pourtant ligoté dans ses entraves qui étaient surtout celles d’une sensualité exigeante. Le dénouement, on le sait, intervint un jour du mois d’août dans le jardin de la maison qu’il occupait à Milan avec Alypius. [...] C’est alors qu’il entendit, venant de la maison voisine, une voix d’enfant qui, sur un air de chanson, disait et répétait : “Prends, lis ! Prends, lis !” (Tolle, lege : Conf, VIII, 29). Il obéit sans hésiter à ce qu’il reconnaît comme une injonction divine, revient se saisir du livre de saint Paul où il l’avait laissé, l’ouvre et tombe sur ce verset de l’Épître aux Romains (13, 13-14) : “Point de ripailles ni de beuveries, point de coucheries ni de débauches. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ et ne vous faites pas les pourvoyeurs de la chair en ses convoitises”. [...] Il est baptisé par Ambroise au printemps 387, décide de rentrer en Afrique avec son petit monde, mais il doit abandonner à Ostie la dépouille de Monique qui a succombé à la maladie (Serge Lancel, Conférence introductive : Saint Augustin : le raccourci d’une vie In : Saint Augustin : La Numidie et la société de son temps, 2005 - books.openedition.org).

Le motif typologique de l'amant parjure en fuite sur les mers, qui symbolisait la perfidie d'Énée, est ici utilisé d'une façon inverse dans une définition de la mer comme espace sacré. [...] Lope de Vega, dans El divino Africano, utilise cette typologie spatiale, qui fait de la mer l'espace de la perfidie, en inversant le symbolisme de l'espace marin. Étant donné la condamnation de la figure de Didon par saint Augustin, c'est l'association de Didon à Africana, la concubine de jeunesse de saint Augustin, qui permet de faire de la mer un espace sacré qui sépare saint Augustin du péché de chaire. [...] L'utilisation du mythe d'Énée et de Didon dans ce départ de saint Augustin loin de Carthage est un cas de transmythification puisque la mission sacrée d'Énée devient la mission sacrée de saint Augustin. L'Hérésie prend justement une métaphore topique pour caractériser la mission d'Agustín, nouvel Énée, qui devient le navigateur qui a la mission sacrée de diriger le navire de la Foi. [...]

C'est encore le symbolisme sacré de la mer qui est évoqué lors de la mort de sainte Monique, la mère de saint Augustin. Dans les Confessions, sainte Monique meurt, en effet, dans la ville d'Hostie [Ostie], dans un logement loué par saint Augustin. Tandis que lesConfessions évoquent bien la maison où sainte Monique meurt dans un lit, la pièce met en scène la mort de sainte Monique sur le port. Le rivage est l'espace d'apparition de l'Enfant Jésus, sans doute selon la légende médiévale de l'hagiographie augustinienne. Sainte Monique est enlevée par l'Enfant sur un nuage alors qu'elle souligne la symbolique du Port : «Hijo, no puedo embarcarme / si no es al puerto divino» (Marie-Eugénie Kaufmant, Poétique des espaces naturels dans la Comedia Nueva, 2010 - books.google.fr).

Gémeaux - 99-124 - Livre VIII

Les pages 98 à 124 s'intéressent aux Kabyles, aux Ibères, aux Basques, ainsi qu'à Tubal.

Le Livre VIII de l'Enéide raconte les aventures d'Hercule en Italie et son passé en Espagne :

Le culte d'Hercule [8, 190-305] et son origine, Hercule et Cacus (8, 190-267) : Évandre explique à ses hôtes la légende d'Hercule et Cacus. La contrée fut longtemps victime des brutalités de Cacus, monstre sauvage, qui terrifiait les habitants depuis sa caverne sur l'Aventin. Hercule, qui, après avoir repris son troupeau à Géryon, revenait justement d'Espagne en passant par l'Italie, se vit dérober plusieurs bêtes par Cacus, qui les cacha dans son antre (8, 190-218). Le héros réussit à les reprendre, et après un combat épique, il étrangla le monstre, au grand soulagement des habitants de la région (219-267) (http://bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide, Livre VIII).

Un ancêtre biblique ne suffisait pas aux Espagnols : il leur fallait aussi un héros prestigieux emprunté à la mythologie païenne. L'Historia de rebus Hispaniae siue Historia Gothica joue, là encore, un rôle déterminant : Rodrigo Jiménez de Rada y relate l'arrivée d'Hercule accompagné de l'astrologue Atlas et du musicien Traxilinus en Hespérie, peuplée de descendants de Tubal ; la construction par le héros de tours près de Cadix (Gades Herculis) ; son combat victorieux contre Géryon et contre Cacus, roi du mont Moncayo (l'historien invente, pour l'occasion, l'étymon Mons Caci); la fondation de Séville, Tarazona, Urgel et Barcelone (Orobitg, Le sang en Espagne: Trésor de vie, vecteur de l’être. XVe-XVIIIe siècles, 2021 - books.google.fr).

Les demeures des Ibères étaient ce qu'elles sont encore aujourd'hui, du moins pour la partie de la population la plus indigente. Ils habitaient des cavernes qu'ils perçaient pendant les jour de pluie et de «mauvais temps, dembora tcharra» – den, caverne, to bore, percer, – shower (chaoueur) ondée, giboulée –. Ils les garnissaient de branches d'arbres lorsque revenait le «beau temps, d'embora ederra» – den, caverne, – to bore, percer, – to edder, garnir de fagots – (LVLC, page 118).

On peut voir là qu'il n'est point nécessaire de recourir aux siècles passés pour rencontrer des troglodytes, et qu'il est bien inutile d'imaginer à grand frais des systèmes de civilisation progressive pour l'humanité (LVLC, page 119).

Burjasot, village de la province de Valence en Espagne, est mentionné à la page 119 de la VLC (fr.wikipedia.org - Burjassot).

Dans l'Eclair, en 1885, il est parlé de Burjasot à l'époque de l'épidémie de choléra le jeudi 4 juin (ressourcespatrimoines.laregion.fr - L'Eclair, 4 juin 1885).

Évandre raconte à ses hôtes la légende d'Hercule et Cacus. La contrée fut longtemps victime des brutalités de Cacus, monstre sauvage, qui terrifiait les habitants depuis sa caverne sur l'Aventin.

Là se trouvait jadis, cachée au fond d'un renfoncement,
la caverne de Cacus, monstre à demi-humain, à face sauvage,
grotte inaccessible aux rayons du soleil et dont le sol est toujours
tiède d'un récent carnage ; fixées avec insolence sur les portes
pendaient des têtes humaines livides, souillées de pus.
Ce monstre avait pour père Vulcain ; il déplaçait sa masse énorme,
tandis que sa bouche vomissait les sombres feux paternels
(Livre VIII, 193-199) (bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide, Livre VIII).

Cancer - 125-150 - Livre IX

On a pu voir que la cuisine de kjoekken-moedings (pages 132-136) peut se référer à Hamlet chez Saxus Grammaticus dont Shakespeare s'est inspiré (nonagones.info - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet - Trésors - La Pieta de Rennes les Bains : le Christ aux mâchoires).

Or dans Hamlet, Acte II, scène 2, le héros se souvient du tirade tirée de l'Enéide où Enée raconte à Didon le meurt de Priam par Pyrrhus. Mais cela se rapporte au Livre II (William Shakespeare, Oeuvres complètes, Tome 3, tyraduit par Emile Montégut, 1870 - books.google.fr).

Les héros principaux de l'Enéide ressemblent à ceux de l'Iliade. Tous deux sont d'ailleurs explicitement comparés à Achille : Turnus d'abord (VI 89, IX 742), puis Enée (XI 438). Ce passage est révélateur. Lorsqu'on examine en effet les occurrences d'ira pour Turnus, on s'aperçoit qu'elles sont en majorité groupées au livre IX, où le Rutule pénètre dans le camp troyen. Mais lorsqu'il s'agit d'Enée, le mot ira se trouve le plus souvent employé au livre XII : au cours de l'épopée, sa colère ne cesse ainsi de s'accentuer. Elle culmine lorsqu'il venge son ami Pallas en tuant Turnus. Ainsi ressemble-t-il au vengeur de Patrocle : Achille. L'Iliade pourtant ne s'arrête pas là : réconcilié avec Agamemnon, Achille rencontre ensuite Priam et lui rend même le corps d'Hector, suspendant un moment la guerre pour ses funérailles. Au terme de l'épopée homérique se découvre ainsi la pitié; elle se refuse, au livre XII de l'Enéide. Et l'on pourrait presque dire d'Achille qu'il va de la colère à la pitié, tandis qu'Enée passe de la pitié à la colère (Jeanne Dion, Les passions dans l'œuvre de Virgile: poétique et philosophie, 1993 - books.google.fr).

Pandare, sans s'effrayer, marche à lui, brûlant de venger la mort de son frère. Ce n'est pas ici, lui dit-il, le palais d'Amate, dont Turnus se flatte d'épouser la fille; il n'est pas renfermé dans les murs d'Ardée sa patrie : te voici, Turnus, au milieu de tes ennemis; tu ne leur échapperas point. Turnus, sans s'émouvoir, lui répond en souriant : Si tu as du courage, viens l'essayer contre moi; tu pourras bientôt raconter à Priam que tu as trouvé un nouvel Achille (Enéide, Livre IX) (Œuvres de Virgile, Tome 4, traduit par Pierre-François Guyot Desfontaines, 1796 - books.google.fr).

Grégoire de Tours est mentionné à la page 146. Une légende fait fonder la ville de Tours par Turnus.

Lion - 151-176 - Livre X

Les vaisseaux armoricains à carène plate défiaient les bas-fonds; construits dans leur entier en coeur de chêne, ils pouvaient se jouer du choc des éperons romains; leur proue et leur pouppe fort élevées, résistaient admirablement aux vagues les plus fortes : les voiles étaient faites de peaux, afin qu'elles ne fussent point déchirées et mises en pièces par la furie des ouragans et des tempêtes (De bell. gall. lib. III. 13) (LVLC, p. 153).

Tandis que les Rutules poursuivent le siège du camp, les Troyens entourant Ascagne organisent au mieux la résistance entre eux et se battent avec acharnement (10, 118-147). Énée, ramenant les forces qu'il s'est conciliées chez les Étrusques de Tarchon sur les conseils d'Évandre, fait voile vers son propre camp, accompagné de Pallas (10, 148-162). Après une invocation aux Muses, Virgile dresse le catalogue des forces envoyées de différentes cités d'Étrurie, dont Mantoue entre autres, et qui se mobilisent contre leur compatriote Mézence et ses alliés Latins. Une flotte de trente navires se porte ainsi au secours des Troyens (10, 163-214) (bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide, Livre X).

Poussez, lancez, portez vos nefs victorieuses;
Dans ce sol ennemi plongez leur bec d'airain;
Que la carène même y creuse son chemin :
Une fois abordés, qu'importe le naufrage ?
Marchez sur leurs débris je vous suis au rivage.
Il dit : tous à l'envi se penchent sur les eaux;

Tous d'un commun effort ont lancé leurs vaisseaux:
Leur proue atteint le bord, il s'ouvre; et leur carène,
Libre enfin du péril, vient s'asseoir sur l'arène.
Le tien, brave Tarchon, eut un sort moins heureux :
Rencontré dans son cours par un roc désastreux,
Sur son dos inégal quelque temps mal assise,
Sa carène pendante, ébranlée, indécise,
De son poids chancelant fatigue en vain les flots,
S'ouvre et livre à la mer soldats et matelots.
Ils luttent à travers les débris dn naufrage,
Et le flot qui revient les arrache au rivage
(Jacques Delille, L'Énéide de Virgile, Tome 6, 1824 - books.google.fr, bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide, Livre X).

En -757, fondation de Mantoue par des Toscans, Thébains et Venètes. Suivant quelques-uns, elle avait été bâtie par le fils de Manto, vers l'époque de la prise de Troie (Pierre-Nicolas Buret de Longchamp, Les fastes universels, 1823 - books.google.fr).

Mantoue, capitale du Mantouan, est Mantonan, située dans un lac, on plutôt dans un marais, qui en rend l'air mal sain. On fait remonter la fondation de Mantoue trois ans avant celle de Rome. Trois nations, Thébains, Toscans, Venètes, retirées dans ce lieu marécageux comme dans un asyle, contre les brigands de toute espèce, ont contribue à la peapler. Elles y vivoient chacune selon ses loix, et avoient une maison commune où elles s'assembloient pour les affaires publiques. Ainsi Mantoue a été république dans son origine. Elle tomba entre les mains des romains, ces républicains si ennemis de la liberté de tous les autres. Entraînée dans les guerres civiles, elle paya cher son attachement à Antoine. Auguste abandonna son territoire à ses vétérans (Précis de l'histoire universelle, ou tableau historique, présentant les vicissitudes des nations, Tome 9, 1801 - books.google.fr).

Dans la distribution qu'Auguste fit du territoire de Mantoue aux soldats vétérans, Virgile perdit son patrimoine, qui lui fut rendu par la protection de Mécène (Jacques Delille, L'Enéide de Virgile, annoté, 1833 - books.google.fr).

Strabon regarde les Venètes d'Italie comme des descendans des Venètes d'Armorique. «Je crois, dit-il, que ce sont ces derniers qui ont fondé ceux d'Adria. Je le crois d'autant plus, que leurs voisins les Boïens et les Senones vinrent d'au-delà des Alpes» (Strab., II et IV). «Les Venètes d'Adria, dit Polybe, sont à peu près semblables par les mœurs et le costume aux Gaulois, n'en diffèrent que par leur dialecte» (Polyb., II) (Daniel Louis Oliver Marie Moirec de Kerdanet, Histoire de la langue des Gaulois, et par suite, de celle des Bretons, 1821 - books.google.fr).

Virgile dit que l'on avait coutume de déposer comme offrande dans la tombe des roues et des rouelles :

Hinc alii spolia occisis derepta Latinis
Conjiciunt igni, galeas, ensesque decoros
Frenaque, ferventesque rotas
(Enéide, livre II).

Or, il ne faut pas oublier que Virgile, natif de Mantoue, avait été élevé en plein pays gaulois et que le rite qu'il cite était vraisemblablement d'origine gauloise (David Viollier, Essai sur les rites funéraires en Suisse des origines à la conquête romaine: étude sur les mœurs et les croyances des populations préhistoriques, 1911 - books.google.fr).

Vierge - 177-202 - Livre XI

...une autre partie des Tectosages retournèrent vers leur pays natal, et rapportèrent, disent les historiens, jusque dans Toulouse l'or de Delphes et les dépouilles de la Grèce (LVLC, page 189).

Apollon n'exauça qu'une partie du vœu d'Aruns, et laissa l'autre se perdre dans le vague des airs. «Que Camille, frappée d'une mort inattendue, périsse par le fer d'Aruns, le dieu l'accorde au guerrier suppliant; mais de retourner dans sa noble patrie, il ne l'obtint pas; et les vents orageux emportèrent ses dernières paroles.» (Enéide, Livre XI) (Pierre-François Tissot, Études sur Virgile: comparé avec tous les poëtes épiques et drammatiques anciens et modernes, Tome 2, 1841 - books.google.fr).

Pour Toulouse et plusieurs autres villes du Sud de la France, il était important de montrer qu'elles étaient plus anciennes que Rome ou qu'elles pouvaient au moins rivaliser avec la ville éternelle (Gisela Naegle, Divergences et convergences: identités urbaines en France et en Allemagne à la fin du Moyen Âge, Mundos medievales: espacios, sociedades y poder, 2013 - books.google.fr).

Les Gesta Tancredi ou Faits et gestes du prince Tancrède (1112) de Raoul de Caen (ca. 1080 - apr. 1131), récit tendancieux de la première croisade écrit à la gloire du prince normand Tancrède, mais hostile aux gens du Sud et de l'Orient, mentionnent que la maison des comtes de Toulouse prétendait descendre d'un certain Tolosus ou Tolosanus, un compagnon d'Énée (Jacques Merceron, La vieille Carcas de Carcassonne, 2006 - books.google.fr).

Balance - 203-228 - Livre XII

Virgile nous renseigne sur les événements historiques futurs après la mort de Turnus au livre XII par un effet d'hystéronprotéron : Hélénus au livre III, Anchise au livre VI, la description du «clipeus aureus» au livre VIII nous en informent. De sorte que, quand Turnus expire, nous remontons de plusieurs livres en arrière dans l'œuvre tout en nous projetant en avant dans l'histoire. L'univers virgilien est donc clos par la nécessité de donner à l'épos une finalité eschatologique voulue par le Destin : l'élévation de Rome au rang de maîtresse du monde par l'œuvre d'Auguste et le retour de l'âge d'or (Gianfranco Stroppini, L'Enéide de Virgile, traduit par Marcel Desportes, 2009 - books.google.fr).

Enfin, il est à peine besoin de souligner que les Livres VI et XII se complètent admirablement; déjà, dans le livre VI, sous le signe du Bélier, se profile, à l’état de promesse, l’avenir de Rome; et, à la fin du Livre XII, sur le plan personnel, Enée a assumé sa mission héroïque, tenu les promesses qui se portaient sur lui, et gagné le droit d’être le premier rector de la ville à venir, celui qui la guidera dans la voie promise; ainsi, au thème de la Ville choisie s’ajoute celui du Guide providentiel; Enée et son glorieux successeur Auguste seront réunis dans la même apothéose sous le signe de la Balance, dont M. Senard nous rappelle que, si le Bélier est impulsion créatrice, la Balance est «équilibre coordinateur des énergies créatrices» : c’est bien ce rôle harmonieux de force équilibrante, de synthèse symbolisée par la personnalité rayonnante de Vénus, qui doit être celui du héros épique virgilien, parvenu au terme de son initiation. L’on trouvait déjà la même complémentarité du Bélier et de la Balance chez les Egyptiens, dont la Trinité comprenait Amon (Bélier), Râ (Soleil), et Ptah (Balance) (Joël Thomas, Structures de l’imaginaire dans l’Énéide, 1981 - books.openedition.org).

Le latin lui-même, pris à part, laisse percer un certain caractère celtique qui surprend d'abord, mais dont on se rend compte aisément, puisque les Gaulois étaient les maîtres d'une grande partie de l'Italie, lorsque 753 ans avant Jésus-Christ, Rome fut bâtie par Romulus, l'homme au manteau bizarre, – rum (reum), bizarre, – hull, couverture extérieur (LVLC, p. 212).

Ici, cette page 212 tombe dans la partie Balance (203-228 : à la page 223 on a "la balance du Neimheid gaulois") qui achève l'Enéide selon Baudouin. Le manteau bizarre de Romulus renvoie lui au Livre I :

Le preux Romulus, dés le berceau ombragé de lauriers & de palmes, qui triomphant sous le manteau roux de sa louue nourrice, recherchera les reliques de Troye çà & là respandus, & de ses nobles mains iettera les fondemens premiers des hauts murs de la capitale du monde, qui de son nom Cité de Rome appellée, florira en multitude de peuples, que l'on reuerera auec crainte entre les nations sous le nom de Romains (Virgile, Énéide, traduit par Claude Malingre, 1617 - books.google.fr).

Claude Malingre (1580-1653) sieur de Saint Lazare, historiographe du roi en 1614 (fr.wikipedia.org - Historiographe de France, data.bnf.fr).

MALINGRE. Aeneide de Virgile, où sont descrites la naissance de l'empire de Rome, les diverses fortunes, gestes, amours, voyages et combats du magnanime Aenée, prince des reliques de Troye; mise en prose françoise, par C. M. S. (Claude Malingre, Senonois). Paris, 1618; in-8 réglé, front., fig. LIVRE RARE, orné d'un frontispice et de quatre belles figures représentant des épisodes de l'Énéide, et finement gravées en taille-douce par Matheus. La traduction de l'Énéide n'est pas indiquée dans le catalogue des œuvres de Claude Malingre. Les douze livres de Virgile sont suivis de la traduction du treizième livre, composé au quinzième siècle, par Maffeo Vegio. On trouve à la fin du volume, une table alphabétique des noms propres contenus dans les treize livres. Cette table, assez curieuse, fournit des notices succinctes sur les lieux et les personnages cités dans l'Énéide (Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1877 - books.google.fr).

La traduction du Trezième livre de l'Enéide de Vegio par Malingre semble être la dernière (Marie-Madeleine Fragonard, Le treizième livre de l'Enéide, Enée et Didon: naissance, fonctionnement et survie d'un mythe, 1990 - books.google.fr).

Un autre treizième livre est composé par Claude Simonnet de Villeneuve, au service des ducs d'Orléans, et publié en 1698. Le roi Latinus offre à Ascagne les annales de son peuple contenant des livres prophétiques annonçant l'oeuvre de Virgile et la sienne sous le nom latinisé de Villanova (Florian Schaffenrath, Narrative Poetry, The Oxford Handbook of Neo-Latin, 2015 - books.google.fr).

La VLC traite de l'histoire des Francs de la page 201 à 213.

La légende des origines troyennes des Francs est un mythe de fondation apparu au VIIe siècle et couramment utilisé jusqu'à la seconde moitié du XVIe siècle. Il fut popularisé par les écrivains et les chroniqueurs de Frédégaire à Ronsard. Il évolua progressivement et intégra celui de l'origine troyenne des Gaulois.

Le renouvellement intervient avec la publication par Jean Lemaire de Belges vers 1500 des Illustrations de Gaule et Singularité de Troie qui opère une véritable reconstruction de la légende. La solution trouvée par Jean Lemaire de Belges réside dans la reconstruction du mythe et consiste à faire non des Troyens les ancêtres des Gaulois mais des Gaulois les ancêtres des Troyens. Selon ce schéma, lorsque les Francs, descendants des Troyens et donc des Gaulois s'installeront en Gaule, ils ne feront que retrouver leur patrie d'origine. Là encore, l'unité des Gaulois et des Francs est un thème primordial.

Jean Lemaire de Belges institue également un double rattachement à la tradition chrétienne : l'un au niveau des origines des Gaulois qui sont issus de Noé, l'autre au niveau des mœurs des Gaulois dont la religion pure et élevée préfigure le christianisme. Les Gaulois sont un peuple instruit, discipliné par les lois et remarquable par la religion.

Jean Lemaire de Belges décrit la guerre de Troie d'après Darès le Phrygien, Dictys de Crète et Homère et il enchaîne sur la fuite de Francion vers la Gaule où celui-ci s'établit. D'autres Troyens fondent un État autour de Sicambrie. Plusieurs siècles plus tard, les descendants des fondateurs de Sicambrie sont séduits par la bonté d'Octave et se soumettent à Rome. Ils émigrent alors vers la Germanie puis en Gaule où les attendent les descendants de Francion. Cette version est comparable aux précédentes.

Mais Jean Lemaire de Belges inclut ces événements dans une histoire générale des Gaulois qui passe au premier plan. La Gaule fut selon lui peuplée par Samothès, quatrième fils de Japhet14. Ses successeurs règnent sur un peuple remarquable par sa religion, son instruction, ses lois. Les Gaulois bâtissent des cités et créent des universités. Le frère de l'un de leurs rois est proscrit par les siens : il s'enfuit en Asie et y fonde Troie, apportant au monde grec la culture gauloise. Comme les celtes de Galatie, Troie est donc d'origine gauloise. Ce remaniement est centré sur les Gaulois indigènes en Gaule depuis les temps bibliques. Il permet d'incorporer dans le mythe l'origine des Gaulois que le grand renouvellement des connaissances sur la Gaule au XVe siècle rendait prestigieux (fr.wikipedia.org - Légende de l'origine troyenne des Francs).

La confédération des Franks n'existait point encore sous ce titre lorsque les Cherusci, les Chatti et les autres tribus exterminèrent les légions romaines commandées par Varus, dix années après Jésus Christ. Le nom des Franks retentit pour la première fois dans une bataille où périt l'empereur Dèce, 251 ans après Jésus-Christ. Leurs attaques sans cesse renouvelées contre les frontières de l'empire romain dans les Gaules furent peu à peu couronnées de succès, et, chose étonnante, ces descendans des anciens Tolosates, après mille années de séjour au-delà du Rhin, s'emparèrent de la Gaule, et Toulouse, leur berceau, les reçut (507 après Jésus-Christ) comme vainqueurs et étrangers (LVLC, page 207).

Desmarets se flattait au début de son Clovis d'avoir quitté les vains concerts du profane Parnasse : il s'en souvient malgré lui. Ne les retrouvons-nous pas jusqu'à la fin du poème, dans ce récit de la mort d'Alaric imitée de celle de Turnus :

Le Goth est étendu près du roi glorieux,
Même après le trépas, il semble furieux,
Et l'on remarque encor, sur son visage blême,
Son invincible orgueil, qui survit à lui-même.

Virgile dit tout en un vers :

Vitaque cum gemitu fugit indignata sub umbras (Enéide, livre XII) (Charles Lenient, La poésie patriotique en France dans les temps modernes, Tome 1, 1894 - books.google.fr).

Scorpion - 229-254 - Livre I

César, dans ses commentaires, (De bell. gall. lib. VI. 13.) affirme, sans détermination d'époque, que les sacrifices humains avaient lieu dans la Gaule. «Les Druides [...] excluent de la participation à leurs sacrifices ceux qui, simples particuliers ou hommes publics, refusent de se soumettre à leurs décisions judiciaires. Cette peine est pour les Gaulois la plus grave de toutes : ceux à qui elle est infligée, sont rangés au nombre des impies et des souillés : on évite leur conversation et leur présence : on les met en dehors des droits de la justice commune, et ils ne reçoivent plus aucun honneur.» (LES SACRIFICES HUMAINS DANS LA GAULE) (LVLC, page 249).

Il est possible que la pratique des sacrifices humains soit mentionnée une fois au livre V de l'Enéide, il est certain qu'elle est clairement désignée en deux endroits, en X, 517-520 et en XI, 81-2.

Dans le Livre I, Pygmalion est impius parce que criminel et, peut-être, criminel particulièrement coupable puisqu'il assassine son beau-frère par cupidité. De même que l'impietas du roi ne s'attache pas uniquement à la proximité de l'autel, de même l'autel n'exprime pas simplement l'aggravation du crime. Nous croyons que Virgile indique une autre interprétation. Pour la découvrir, il est nécessaire de reconstituer les circonstances du meurtre telles qu'elles sont impliquées par les faits saillants du récit que Virgile se contente de rapporter et qui tiennent en une phrase très dense : «Pygmalion l'impie, indifférent à la passion de sa sœur, mais aveuglé par la passion de l'or, tue Sychée, secrètement et par surprise, d'un coup d'épée, devant les autels» (Livre I, 348 sq).

Selon toute vraisemblance, la victime et l'assassin ne se sont pas rencontrés là par hasard. Sychée est tombé dans un piège, ourdi de manière que Pygmalion bénéficie de la surprise et du secret. Pour qu'il y ait piège, il faut que la venue de Sychée soit prévisible. Nous n'hésitons guère à croire que Virgile suggère très fortement qu'il est attendu par son meurtrier au moment où il sacrifie sur l'autel des Pénates. Ainsi est esquissée l'idée de sacrilège et, du même coup, l'idée de sacrifice. Soyons attentif à tout : ailleurs c'était le coup, ici c'est l'arme, ferro, qui nous retient. Virgile a mis dans les mains du tueur l'arme du sacrificateur. Et c'est pour nous l'occasion de remarquer qu'il ne décapite pas, quoique le mot obtruncat convienne à l'hexamètre. Cela nous paraît confirmer notre opinion selon laquelle les précisions données ici ne sont pas des détails secondaires, mais des signes précieux. Enfin Virgile marque nettement le caractère sacrificiel du meurtre en montrant à deux reprises le sang répandu sur l'autel. Lorsque Sychée apparaît en songe à Didon, il lui désigne les autels ensanglantés, crudelis aras, et l'image a vivement impressionné la reine puisque, longtemps après, elle évoque devant sa sœur Anna ces Pénates dégouttant de sang, sparsos fraterna caede penatis. Nous rencontrons donc ici encore une mort violente modelée en sacrifice humain. A quelle fin ? Il s'agit sans doute d'accabler Pygmalion, dont le crime, comme nous l'avons vu, est particulièrement crapuleux, par ses mobiles, par les liens qui l'unissent à sa victime et l'indifférence à la souffrance de sa sœur. Virgile ajoute : par sa forme. Nous croyons que le poète veut montrer à quelle démesure conduit la passion des richesses, cause unique d'un acte odieux, qui consiste à remplacer un sacrifice agréable aux dieux par une immolation barbare et néfaste, à substituer le prêtre à la victime tout en défiant le ciel, choisi comme témoin du meurtre (Philippe Heuzé, L'image du corps dans l'œuvre de Virgile. Rome : École Française de Rome, 1985 - www.persee.fr).

Sagittaire - 255-280 - Livre II

Cette partie traite de la pierre de Trou.

La pierre de Trô dans le dép. de l'Aude. On appelle ainsi les haches polies en jadéite ou en serpentine. L'Abbé Boudet s'imaginait que ce mot trô , qu'il traduit par le celtique Trou, signifie croire mais il est bien certain qu'il veut dire tonnerre (Pierre Saintyves, Corpus du folklore préhistorique en France et dans les colonies françaises, Tome 2, 1934 - books.google.fr, Procès-verbaux des séances, 1901 - books.google.fr).

À la demande de Didon, Énée accepte de raconter les derniers moments de Troie, malgré l'heure avancée et la douleur que provoque en lui cette évocation (bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide, Livre II).

Dans Virgile, le tonnerre, éclatant sur la droite, est un présage favorable; car l'Italie a l'orient à sa droite : mais dans le récit du sac de la ville de Troie, qu'on lit au livre II de l'Énéide, le tonnerre, éclatant sur la gauche, est pris par Anchise et Énée pour un présage favorable :

Vix ea fatus erat senior, subitoque fragore
Intonuit laevum
(AEn. lib. 2) (Homère, Oeuvres Completes, Tome 1, 1786 - books.google.fr).

Il est tout à fait remarquable, que l'enceinte du Cromleck de Rennes-les-Bains, enferme toutes les sources minérales, chaudes et froides de la contrée (LVLC, page 267).

Toutefois, nous sommes loin d'attribuer aux Celtes de l'occupation primitive des Gaules, cette vénération idolâtrique pour les fontaines, que seuls pouvaient avoir les Gaulois de la décadence, trompés par les doctrines paï ennes des marchands grecs et phéniciens (LVLC, page 268).

Enée raconte encore au livre II la guerre de Troie à la reine Didon.

«Eh bien ! dis-je à mon père, placez-vous sur les épaules d'un fils : je vous porterai, et ce fardeau me sera léger. Quoi qu'il arrive, nous courrons les mêmes dangers, ou nous nous sauverons ensemble. Que le jeune Iüle marche à mes côtés, et que Créuse suive de plus loin nos pas. Vous, mes fidèles serviteurs, retenez bien ce que je vais dire. Au sortir de la ville est une colline où s'élève un vieux temple de Cérès, maintenant abandonné, et tout auprès un antique cyprès dont la piété de nos pères a conservé la vieillesse vénérable. C'est là que, par des routes différentes, nous viendrons tous nous réunir. Et vous, ô mon père, portez dans vos mains les objets sacrés et les images de nos dieux moi, qui sors d'un combat sanglant et qui suis encore tout fumant de carnage, je ne puis y toucher sans crime, avant de m'être purifié aux sources d'une eau vive.» (Virgile, Enéide, Livre II) (Virgile, L'Énéide, Tome 2, traduit par Auguste Desportes, 1873 - books.google.fr).

Capricorne - 281-306 - Livre III

Dès la chute de Troie, voulue par les dieux, Énée rassemble des compagnons, construit une flotte dans la région de l'Ida et, au début de l'été, poussé par les dieux, il prend la mer vers des terres inconnues. (3, 1-12).

Après la Thrace, Délos, la Crète, les îles Strophades, ils abordent Leucade avant d'aller en Epire à Buthrote.

La flotte troyenne aboutit, en contournant Ithaque et les îles voisines, à l'île Leucade, où Virgile situe le promontoire d'Actium. Le séjour dans ce lieu si évocateur pour les Romains est marqué par des rites et des jeux qui sont autant d'allusions à Octave-Auguste (3, 270-288) (bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide, Livre III).

Guillaume de Catel, dans ses Mémoires, se demande si cette fontaine est bien celle qui se déverse dans l'étang de Leucate. «De Leucate, dit-il, viennent grande quantité de grosses anguilles que l'on vend par tout le Languedoc, qu'on nomme anguilles de Leucate; je ne pense pas pourtant qu'en cet endroit on trouve dans les champs en fouillant la terre, des poissons que les anciens nomment pisces fossiles; ce que toutefois plusieurs auteurs ont remarqué comme Mela, Strabon, Athénée au livre huitième; car m'en étant informé avec ceux du pays, ils m'ont dit ne l'avoir vu, la terre s'étant desséchée à cause des grandes chaleurs.» (LVLC, p. 281).

En grec ancien et en grec puriste, l'île est appelée Leukas (Lefkas), qui donne en grec démotique "Leukada" (Lefkada). À partir du Moyen Âge, elle est appelée Sainte-Maure, en grec (Agia Maura), en italien Santa Maura, jusqu'au XIXe siècle où elle reprend son nom antique. Les navigateurs de Leucade auraient découvert Leucate (commune du Languedoc Roussillon), et l'auraient nommée ainsi en raison de la falaise blanche, et de sa forte ressemblance avec Leucade (fr.wikipedia.org - Leucade).

Le chevalier Viguier (XVIIIème siècle) et d'autres compatriotes de Varron de l'Aude n'ont pas manqué d'opérer un rapprochement entre le nom de Leucadie et celui du promontoire et étang de Leucate, près de Narbonne. Il s'agit, en fait, d'une commune étymologie par rapport à l'appellation du célèbre promontoire (Leucade) du haut duquel Sappho se jeta dans la mer (Jean Granarolo, L'époque néotérique ou la poésie romaine d'avant-garde, Aufstieg und Niedergang der römischen Welt: Geschichte und Kultur Roms im Spiegel der neueren Forschung, Partie 1, Volume 3, 1973) (nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Lourdes et la Croix des Prophètes - Leucates).

Erymanthe, montagne d'Arcadie, était l'asile d'un sanglier dont la fureur remplissait d'effroi la contrée entière. Eurysthée demande à Hercule de délivrer le pays de cet hôte redouté. Hercule poursuit le sanglier, le prend vivant, et le charge sur ses épaules pour le porter à Eurysthée. Celui-ci est saisi d'une telle frayeur, qu'il va se cacher sous sa fameuse cuve d'airain (LVLC, page 301).

Ils accostent alors à Drépane, où Énée a la douleur de voir mourir Anchise. C'est de là qu'ils repartiront pour toucher terre à Carthage. Ainsi Énée termine-t-il le récit de ses voyages devant son auditoire carthaginois (3, 707-718) (bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide, Livre III).

En Gréce, les Lacédémoniens continuoient le siége de Mantinée, & les Assiégez s'étoient défendus vigoureusement pendant tout l'Eté. En effet les Mantinéens avoient toujours passé pour le peuple le plus courageux de l'Arcadie, & les Spartiates les regardoient auparavant comme les plus sürs & les plus braves de leurs Alliez dans les combats. Mais à l'entrée de l'hyver le fleuve (C'étoit un bras du fleuve Alphée qui traversoit Mantinée, Ndt) s'étant enflé prodigieusement par les pluyes; les Assiégeans élevérent de grandes chaussées qui firent tomber avec impétuosité dans la Ville les eaux qui se feroient répandues dans la Campagne. Ainsi elles firent de la Ville même un vaste étang, & y jettérent à bas un si grand nombre de maisons les Assiégez furent obligez de se rendre (Diodore de Sicile, Histoire universelle de Diodore de Sicile, traduit l'abbé Terrasson, Tome 4, 1758 - books.google.fr).

Mantinée se trouve sur l'Ophis affluent de l'Alphée (Georgios L. Arvanitakis, Sur quelques inscriptions relatives au Canal d’Alexandrie et principalement sur l'agathodémon. In: Bulletin de l'institut égyptien, tome 3, 1902 - www.persee.fr).

Notre-Dame d'Isova se trouve dans un paysage riant au-dessous du village de Bitsibardi, au sud de l'Alphée, à la hauteur du confluent de l'Érymanthe (Jean Longnon, Archéologie de la Morée franque, Journal des savants, 1969 - books.google.fr).

Les données de la note de Pausanias sont homogènes : un endroit nommé «Terres noires», une Aphrodite tout aussi «Noire», et des fêtes de Dionysos tout près d’une source. Protecteurs de l’eau et de la végétation, et donc pourvoyeurs de vie, tels sont sans nulle doute les dieux honorés dans ce coin montagneux de l’Arcadie qui alimente la cité de Mantinée en eau potable. La teneur chthonienne de leurs prérogatives est incontestable.

Dionysos n’est pas moins «sombre» que ne l’est Aphrodite «la noire». La couleur noire de la terre fait avant tout référence à sa fertilité, à ses potentialités vitales pour les êtres vivants. Mais la terre est intimement liée au cycle de la vie dans sa totalité, et la mort est indissociable de la succession des existences

Après la visite de la cité de Mantinée, Pausanias (VIII, 12, 8-9) décrit les diverses routes qui en sortent, dont la voie qui conduit à Orchomène :

où se trouvent une montagne Anchisia et un tombeau d’Anchise à ses pieds. En effet, comme Énée faisait voile vers la Sicile, il accosta en Laconie et fonda les villes d’Aphrodisias et d’Étis. Comme son père Anchise était venu dans cette région pour une raison ou une autre et qu’il y avait fini sa vie, il l’y enterra. Et cette montagne fut appelée Anchisia d’après Anchise. La crédibilité de cette histoire est accrue du fait que les Éoliens qui habitent Ilion de nos jours ne montrent nulle part dans leur pays une tombe d’Anchise. À côté de la tombe d’Anchise se trouvent les ruines d’un sanctuaire d’Aphrodite et les bornes qui séparent Mantinée d’Orchomène se trouvent à Anchisia.

Fougères avait déjà pressenti que le nom de la chaîne de collines Anchisia, «les Proches», avait contribué à localiser à cet endroit la légende d’Anchise et d’Énée, mais les interprétations qu’il donnait du culte d’Aphrodite, divinité sémitique implantée à haute époque, sont aujourd’hui sans valeur. J. Perret, dans son ouvrage sur Les origines de la légende troyenne de Rome, conclut à l’implantation tardive de la légende, du tombeau et peut-être même du culte, au moment de la venue d’Hadrien à Mantinée où l’empereur restaura différents sanctuaires. M. Jost, tout en acceptant les conclusions de Perret, opte pour une date légèrement plus ancienne puisqu’elle associe le noyau légendaire et le culte du mont Anchisia à la période augustéenne, pendant laquelle la glorification d’Anchise, d'Énée et de Vénus-Aphrodite connut une faveur particulière (Vinciane Pirenne-Delforge, L’Arcadie In : L’Aphrodite grecque, 1994 - books.openedition.org).

Diotime (lit. «Honneur de Zeus») doit peut-être son nom à la réputation magico-religieuse de Mantinée (manti-noos, «intelligence prophétique») (www.dictionnaire-creatrices.com).

MANTO, n. pr. f. Temps hér. Fille de Tirésias et célèbre prophétesse. Les Epigones la firent prisonnière et l'emmenèrent à Claros, où ses larmes coulèrent avec tant d'abondance qu'elles formèrent une fontaine dont les eaux communiquaient le don de prophétie. La fille de Tiresias épousa dans Claros le roi du pays, Thasius, qui la rendit mère de Mopsus. De là elle partit pour l'Italie où elle épousa Tibérinus, roi d'Albe; eile en eut un fils nommé Ocnus ou Bianor, qui bâtit une ville appelée Mantoue en l'honneur de sa mère. On distingue quelquefois la Manto grecque de la Manto italienne; on fait cette dernière fille d'Hercule, et l'on compte une troisième Manto de Mégare, fille de Polyidius (Napoléon Landais, Dictionnaire général et grammatical des dictionnaires français, Tome 1, 1853 - books.google.fr).

Après la destruction de Troie, Enée aurait colonisé une partie de l’Aude et Carcassonne… qui aurait été nommée ainsi pour rappeler le carquois d’Anchise : Carcasso Anchysae (Jean-Marc Savary - www.facebook.com).

Apres la destruction, de Troye Enée vint conduire certaine Colonie des Troyens en Gaule, dont vne partie s'arresta parmy les Atacins, qui vefquirent ensemble du depuis soubs le gouuernement toutesfois de quelques Officiers qui y furent establis, pour d'autant mieux maintenir ces deux Peuples en societé ciuile : ceux qui eurent entre autres choses le maniement de l'administration de la chose publique, furent appeliez Barons. […] Et d'ailleurs pour les singulieres adorations qu'il auoit pour ses Dieux, le Troyen consacra la place à Apollon, & luy fit des Sacrifices; & en consideration du grand nombre de dards qu'elle luy fournit sur le subiet de la guerre des Latins il l'appella Carcasso Anchysae, le Carquois d'Anchise, lequel nom d'Anchise s'est par la longueur temps perdu, aussi bien que celuy d'Atax, que le fleuve d'Aude a conserue en Latin seulement.

Mais le texte latin est plus explicite. Il s'agit d'Anchise :

Vt in antiquis legimus. Euersa Troya ille Anchisa vir strenuis simut Galliam Narbonensem traiecit, et in radice montis Pyrenei vnum inexpugnabile Carcasso in regnum extruxit, & suis proceribus populauit, cuius in regnos successores suo nomine gloriabantur insgnes (Guillaume Besse, Histoire des comtes de Carcassonne, 1645) (nonagones.info - Autour de Rennes - Le Tombeau d’Anchise - books.google.fr).