Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Trésors   La Pieta de Rennes les Bains : le Christ aux mâchoires   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET PIETA RENNES LES BAINS MACHOIRES CHRIST

Le rocher qui est interprété parfois comme une patte de lion, (www.portail-rennes-le-chateau.com - Boudet-Pascal) sera identifié dans cet article comme une mâchoire, un peu abimée.

Pieta de Rennes les Bains - arcadya681.free.fr

Du solide pour l'enfant Jésus

Cette intention symbolique de la vierge offrant un cadeau à son fils est exprimée par le distique suivant que porte une statue de la Vierge de Benoîte-Vaux au diocèse de Verdun, où la Mère de Dieu est figurée présentant une pomme à son fils : « Laeva gerit natum, gestat tua dextera malum, Mali per natum tollitur omne malum ». (Cf. Bulletin monumental, t. 55 (1889), p. 243), sorte de jeu de mots à rapprocher de l'hexamètre par lequel, évoquant le coup de dent malencontreux de notre premier père dans une pomme, on apprenait jadis aux jeunes latinistes à distinguer certains homonymes : « Mala mali malo contulit omnia mundo » (La mâchoire d'un méchant — par une pomme — a attiré sur le monde tous les maux ») (Auguste Coulon, Éléments de sigillographie ecclésiastique française (suite). In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 18. N°79, 1932 - www.persee.fr).

Vers ce même temps, les os du crâne contractent entr'eux une union plus étroite, & les fontanelles se bouchent peu à peu. Parvenu enfin au huitième mois deson âge, l'éruption des premières dents tente de se faire. Dès-lors l'enfant peut être sevré ce n'est pas pour blesser le sein de sa mère, que la nature arme l'une & l'autre de ses mâchoires; c'est pour le mettre en état de rompre & de broyer des alimens solides (Johann Friedrich Blumenbach, Institutions physiologiques, traduit par Jean-François-Xavier Pugnet, 1797 - books.google.fr).

Cette mâchoire de la Pieta de Rennes les Bains rappelle l'enfant sevré sur les genoux de la Vierge qui lui offre un aliment solide. C'était le début de l'histoire, la Pieta, la fin. Le Christ rachète par sa mort le péché d'Adam qui a croqué, avec ses dents, le fruit défendu.

On lit dans l'hébreu du Psaume 3,7 : "Quoniam tu percussisti omnes inimicos in maxillà, dentes impiorum contrivisti." Il est probable que les Septante ont lu lechi, qui signifie mâchoire, au lieu de lechinnam, qui signifie en vain. C'est au fond le même sens. David demande à Dieu pour lui, et le Christ pour son Eglise, de combattre ses ennemis, de les frapper comme il a toujours fait les ennemis des justes. Si nous lisons sine causa, le sens sera que Dieu punit toujours ceux qui persécutent les justes sans cause, qu'il brise leurs dents en les empêchant de mordre; ils ne peuvent plus nuire, mais aboyer seulement. Les justes ont beau être pressés par les impies, tout leur tourne à bien, tandis que ceux-ci sont enfin punis. Si nous lisons in maxilla, le sens sera que Dieu ne punit pas seulement les impies, mais qu'il les confond et leur fait honte. Frapper la mâchoire est un acte de mépris, et cela s'accorde bien avec le brisement des dents qui force les ennemis des justes, soit hommes, soit démons, à se contenter d'aboyer comme des chiens, sans pouvoir mordre (Robert Bellarmin, Explication des Psaumes, 1855 - books.google.fr).

Voir le rapport des pages 3 et 158 (155+3), associées au psaume 3, de La Vraie Langue Celtique de l'abbé Boudet avec les dents : La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre I - Ps. 3.

Convulsions

Boudet mentionne deux fois le mots "mâchoires" et une fois (la seule) "dents" dans La Vraie Langue Celtique, page 130, appariée à la 285 où est cité un passage de l'Histoire de France de Henri Martin rapportant la coutume à Blois de l'aguilanlé où les enfants quêtaient à l'aide d'une pomme. La page 130 correspond au psaume 130 : "Comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère, j'ai l'âme comme un enfant sevré" (verset 2).

La page 285, appariée à la page 130 (130+155) voit la première mention de la fièvre intermittente (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre V - Ps. 130).

Le sentiment de froid que le malade éprouve pendant le premier stade de la fièvre intermittente présente différents degrés : ordinairement il n'y a, au début, qu'une simple sensation de troid à laquelle les anciens donnaient le nom d'algor; mais bientôt les pieds et les mains se refroidissent et le malade frissonne, sa peau pâtit et présente la chair de poule (horror des Latins); enfin cette singulière perturbation nerveuse continuant encore chez un grand nombre de malades, les membres et les mâchoires sont agités d'un tremblement involontaire, de véritables convulsions cloniques (rigor), comme s'ils avaient été soumis à un refroidissement considérable. On observe successivement tous ces degrés du froid chez le même sujet, ou bien un seul d'entre eux; plusieurs n‘ont qu'un sentiment de froid avec chair de poule, d‘autres les convulsions dont nous avons parlé en dentier lieu. Dans la fièvre pernicieusc algide, la peau devient pâle etglaciale comme celle d‘un cadavre, et il serait important de rechercher, avec le thermomètre, si, dans ce cas, il n'y a pas abaissement réel de température, comme dans le choléra. Pendant le frisson de la fièvre, les sujets éprouvent une anxiété pénible, souvent des douleurs lombaires, des frissonnements qui partent du dos, un resserrement pénible dans tout le thorax, une constriction du scrotum qui est tout à fait analogue à celle qui résulte de l’exposition des parties génitables au contact de l'air froid; enfin ils réclament avec instance qu'on excite en eux une chaleur artificielle par tous les moyens possibles. La membrane muqueuse des lèvres est décolorée, les ongles livides et bleus, les yeux rentrés dans les orbites, le nez pâle et glacial comme les extrémités. Les auteurs ont beaucoup insisté sur la pâleur de toute la périphérie cutanée, et sur le refoulement du sang dans les viscères intérieurs; de là est venu le nom de période de concentration qu'ils ont donné au second stade. On a expliqué ainsi la congestion de la rate, du foie, et l'engorgement du système de la veine porte; nous aurons occasion de revenir sur ce point (Louis de La Berge, Édouard Monneret, Louis Fleury, Compendium de médecine pratique, ou Exposé analytique et raisonné des travaux contenus dans les principaux traités de pathologie interne, Volume 3, 1844 - books.google.fr).

Les fièvres intermittentes prédisposent singulièrement aux convulsions, et elles sont même quelquefois un caractère des fièvres intermittentes pernicieuses (Gabriel Andral, Cours de pathologie interne professé a la Faculté de Médecine de Paris, Volume 3, 1836 - books.google.fr).

Un terme de même racine que "convulsion" apparaît dans La Vraie Langue Celtique, c'est "convulsif" à la page 44, appariée avec la 199 où le Languedoc est le pays du chêne :

La note d'infamie, marquée sur la personne du fratricide, devait donc consister en un mouvement nerveux et convulsif de la tête, obligeant Caïn à la baisser honteusement devant tous ceux qu'il rencontrerait. (VLC, p. 44)

Et plus loin :

Abel, l'enfant pieux et pur fut remplacé par Seth, et Eve disait : « Le Seigneur m'a donné un autre fils au lieu d'Abel que Caïn a tué. » (VLC, p. 44)

Le psaume 44 parle de piété (v. 4) justement et d'impiété (v. 8) en rapport avec la caractère pieux d'Abel tué par Caïn.

Le trismus est la contraction constante et involontaire des muscles des mâchoires (muscles ptérygoidiens et masséter), qui diminue voire empêche l'ouverture de la bouche. Elle est levée sous anesthésie générale, contrairement à la constriction où l'ouverture de la bouche est mécaniquement impossible. L'ouverture buccale normale est de trois doigts. Lors d'un trismus, elle peut être diminuée à un doigt, voire aucun.

trisme (1806) ; trismos (1765) du grec trismos « petit bruit aigu », de trizein « grincer » (encyclopedie_universelle.fracademic.com - Trismus, (fr.wikipedia.org - Trismus).

Le trismus en lui-même est un symptôme très-équivoque, qu'il se développe dans presque toutes les fièvres graves, dans beaucoup d'affections nerveuses, et dans plusieurs autres maladies qui n'ont aucun rapport avec le tétanos (Journal de médecine, chirurgie, pharmacie, etc, Volumes 13 à 14, Faculté de médecine de Paris, 1807 - books.google.fr).

Le trismus est un tétanos partiel, maladie convulsive, qui affecte les muscles de la mâchoire inférieure (Claude Martin Gardien, Traité d'accouchemens, de maladies des femmes, de l'éducation médicinale des enfans, et des maladies propres à cet âge, Volume 4, 1807 - books.google.fr).

Luc 13,22-30 parle des grincements de dents de ceux qui ne seront pas reçus au Royaume de Dieu, mais aussi des quatre points cardinaux d'où viendront les justes :

Tandis qu’il faisait route vers Jérusalem, Jésus traversait villes et villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : “Seigneur, ouvre-nous”, il vous répondra : “Je ne sais pas d’où vous êtes.” Alors vous vous mettrez à dire : “Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.” Il vous répondra : “Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.” Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. » (www.aelf.org - Luc 13).

Le chapitre 13 de l'évangile de Luc comprend aussi l'épisode de la guérison de la possédée de 18 ans (vv. 10-17) mis en relation avec le phénomène des éclipses et les cynocéphales (Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram).

On a voulu reconnaître aussi le tétanos emprosthetonus dans la maladie mentionnée dans Luc 13, 11.; elle consiste dans un raidissement des muscles du cou, accompagné d'une courbure générale du corps d'arrière en avant ; d'autres ont cru qu'il s'agissait là d'une autre espèce de maladie, peut-être de douleurs rhumatismales; les médecins varient beaucoup sur ce qu'ils entendent par paralysie dans la Bible, mais il est constant que dans la plupart des cas, il s'agit de véritables paralysies (Jean Augustin Bost, Dictionnaire de la Bible ou concordance raisonnée des Saintes Ecritures, Volume 2, 1849 - books.google.fr).

Le spasme cynique est une espèce de trisme résultant de la lésion de quelques nerfs de la face, souvent même d'une seule portion nerveuse. Il peut être le symptôme du tétanos, du tic douloureux de la face, ou de toute autre névralgie (Dictionaire des sciences médicales, Volume 7, Panckoucke, 1813 - books.google.fr).

Le Tétanos est une maladie convulsive qui attaque les individus de tout âge, de tout sexe, dans tous les pays & tous les climats. Les tremblements de terre qui sont avec les éclipses des "visitatio dei" sont aussi les convulsions de la Terre (terrae convulsionem) qui peut être vue comme un corps : le volcanisme est le météorisme de la Terre (Saint Albert le Grand, Opera omnia: Ad fidem codicum manuscriptorum edenda apparatu critico notis prolegomenis indicibus instruenda, Volume 6, Partie 1, 2003 - books.google.fr, (Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram, Autour de Rennes le Château : Les parchemins : dans le texte).

Les convulsionnaires de Saint Médard manifestaient un enthousiasme religieux sur la tombe du diacre François Paris, qui portait le même nom que le supposé fameux berger Ignace Pâris (Toute une histoire : Mon Trésor : tout un fromage).

Pour faire liaison entre Lectoure, Blois - mentionnés page 285, appariée à la page 130 - et les convulsionnaires, on peut noter Louis Pâris de Lectoure, janséniste, et le Miracle de Moisy, diocèse de Blois.

D'après l'auteur des Derniers Bretons, Eguinané ou plutôt enghin-an-eit, signifierait le blé germe. Le terme aguilanlé, entendu à Blois ne présente aucune idée à l'esprit, tandis que l'aguillouné chanté à Lectoure nous donne, malgré une légère altération dans la prononciation, la véritable expression celtique dont se servaient nos ancêtres. (VLC, p. 285)

La famille Pâris-Vacquier habitait la belle chartreuse de ce dernier nom. L'un de ses fils, Louis, à ne pas confondre avec François de Pâris, le célèbre diacre janséniste mêlé indirectement à l'affaire des « convulsionnaires de Saint-Médard », était aussi un ardent janséniste qui profitant de sa fonction de vicaire général, orienta activement le clergé, et les fidèles de l'Evêché de Lectoure. Les Carmélites parmi les plus convaincues, en furent excommuniées et dispersées pour avoir refusé de plier. Quant a Louis Pâris, il en perdit sa place et ses « bénéfices », et dut s'exiler à Utrecht où il mourut (Bulletin de la Société archéologique, historique, littéraire & scientifique du Gers, Volume 96, 1995 - books.google.fr).

En 1737, une habitante de Moisy, Louise Trémasse, née à Semerville en 1706, veuve de Jean Mercier, paralysée excepté le cœur, la langue et une partie du visage et grabataire depuis 1733, retrouva l’usage de ses membres. C’est le miracle de Moisy ! [...] C’est après l’imposition de reliques d’un certain diacre Pâris de la paroisse Saint Médard à Paris que la malade fut guérie. Et aux dires des témoins, Louise Trémasse retrouva progressivement l’usage de ses membres et même aussi de nouvelles dents ! Quand les jansénistes firent connaître le « miracle » de Moisy, il s’en suivit une controverse entre l’évêque de Blois et un groupe mobilisé à l’initiative du curé de Semerville, Louis Sainson. Louise est enfermée à l’hôpital de Blois dont elle s'évade, peut-être avec l'autorisation de Mgr de Crussol, évêque de Blois, pour se débarrasser de cette miraculée encombrante. La miraculée de Moisy a vraisemblablement terminé ses jours à Paris et serait enterrée dans le grand cimetière de la paroisse Saint-Étienne du Mont, aujourd’hui transformé en square (www.co-libris.net).

Du gui contre les convulsions, et des amandes

Toujours page 285 de La Vraie Langue Celtique :

Le gui est une plante parasite nommée viscum par les Latins et mistletoe (mizzlto) par les Anglo-Saxons. Gui n'est qu'une partie du mot aguillouné, et dans cette dernière expression est renfermée toute la croyance des Druides sur les vertus de cette plante célèbre. (VLC, p. 285)

Le remède spécifique des convulsions était le gui, ce gui que déjà les druides coupaient, disait-on, avec une faucille d'or dans les branches des chênes. (Je défie de couper quoi que ce soit avec une lame en or, métal mou). Le gui guérissait la rage et augmentait la quantité de lait des vaches, il luttait contre l'hypertension artérielle et arrêtait les crachements de sang. Le gui prenait les vertus médicinales des plantes sur lesquelles il poussait. Le gui de saule réussissait dans les maladies nerveuses, et le gui de l'aubépine blanche était employé dans les cas d'albumine. On recommandait aussi les feuilles de mauve roulées en suppositoires et la compote de pommes. Les oreillers doivent être bourrés de fougère mâle (pour éviter réchauffement de la tête) (Robert Colle, Sorciers, sourciers et guérisseurs en Aunis et Saintonge, 1979 - books.google.fr).

Pline nous raconte en détail comment on procédait à la cueillette du Gui sacré. « Quand les Druides dit-il trouvent du Gui sur un Rouvre, ce qui est extrêmement rare, ils le considèrent comme un présent du ciel et comme une preuve que la Divinité a fait choix de cet arbre pour s'y manifester. C'est pourquoi ils cueillent le Gui et avec de grandes cérémonies ; ils choisissent pour cela le sixième jour de la lune ». D'après d'autres renseignements il s'agissait probablement de la lune de mars, qui était celle du renouvellement de l'année. A cette époque en effet les bois sont encore dépouillés de leurs feuilles et la touffe verte de Gui se détache d'autant mieux que l'arbre semble mort. « Ayant disposé sous le Chêne les apprêts d'un sacrifice et d'un banquet, les Druides amènent deux taureaux blancs n'ayant pas encore été sous le joug et qu'ils attachent par les cornes pour la première fois. Le Prêtre, vêtu d'une robe blanche et armé d'une serpe d'or, monte alors sur l'arbre et coupe le Gui, qui est reçu en bas dans un manteau blanc. Ensuite ils immolent les victimes et demandent à Dieu que le Gui vert porte bonheur, à ceux à qui ils le donneront. Ils croient qu'il donne la fécondité aux animaux stériles et qu'il est un remède contre tous les venins ; que de gens, ajoute le crédule Pline, ont une véritable foi religieuse dans les choses les plus frivoles ». Etant donné qu'un festin avait été préparé sous l'arbre, je pense que la journée se terminait par des réjouissances, au cours desquelles les Druides distribuaient le Gui aux populations accourues de très loin pour assister à la fête. Les feuilles desséchées et réduites en poudre, prenaient place dans de petits sachets qu'on suspendait au cou en guise d'amulettes et qui protégeaient contre toutes les maladies. Pline nous apprend d'ailleurs que les Druides donnaient au Gui un nom qui, dans leur langue signifie « qui guérit tout » ; en tant qu'amulette, c'était donc une panacée. Voilà pourquoi le culte du Gui s'est perpétué jusqu'à nos jours, où au moment de Noël on se dispute les touffes de Gui pour les suspendre dans les maisons en signe de bonheur pour l'année qui va commencer. Si les jeunes gens ont le droit de s'embrasser sous le Gui n'y voyons pas malice : n'est-ce pas l'emblème du mariage ? Dans le Jura les jeunes gens, pour assurer le succès d'un mariage, allaient autrefois, pendant la nuit, suspendre une touffe de Gui à l'entrée d'une caverne, afin de se concilier la bienveillance des méchantes fées, qui y habitent. Aujourd'hui encore on prétend que les jeunes filles de Bordeaux attendent avec impatience la soirée du 24 décembre, car l'envoi d'une branche de Gui est l'annonce d'une demande en mariage. Emblème du mariage le Gui était tout indiqué pour assurer la fécondité aux femmes et aux animaux stériles. Mais c'était aussi la plante magique par excellence, capable de conjurer les maléfices, de guérir les ulcères et les maladies, de servir d'antidote contre tous les poisons et tous les venins. Ne croyez pas d'ailleurs que ces croyances aient complètement disparu. Beaucoup de mères suspendent encore une branche de Gui au cou de leur enfant pour lui servir d'amulette et pour le préserver des convulsions (Jules Guiart, La Gaule et la médecine gauloise, Biologie Médicale, Volume 27, 1937 - books.google.fr).

Les amandes amères ne font aucun mal à l'homme; mais elles occasionnent aux oiseaux, à la plupart des animaux, des convulsions mortelles (Cavaglià Cossato famiglia, La botanique historique et litteraire, Volume 2, 1810 - books.google.fr, Les Prophètes et Rennes le Château : Saunière ou Ezéchiel et les quatre arbres).

L'hébreu shaqed désignant l'amande, comme luz désigne l'amandier ou l'amande aussi, est l'anagramme de qodesh (saint) (Claude Vigée, Dans le silence de l'Aleph: Écriture et révélation, 1992 - books.google.fr, The Encyclopædia Britannica: a dictionary of arts, sciences, literature & general information, Volumes 1 à 2, 1926 - books.google.fr).

Jacob et la mâchoire brisée

Au portail roman de l'église Saint Pierre de la Lande de Fronsac on reconnaît Jacob étrangement cassé à la mâchoire inférieure posée dans sa main gauche ; son coude est appuyé sur la pierre fameuse de Béthel. Yahvé d'autre part a les mains sur ses genoux écartés, ses pieds chaussés à la poulaine passent entre deux chevrons superposés du méplat de la voussure ; deux oiseaux (colombes ? aigles ?) traduisent pauvrement les anges de Dieu. [...]

Yahvé se tenait devant Jacob et lui dit : «Je suis Yahvé, le Dieu d'Abraham ton ancêtre et le Dieu d'Isaac . La terre sur laquelle tu es couché, je la donne à toi et à ta descendance...» Jacob s'éveilla de son sommeil et dit : «En vérité, Yahvé est en ce lieu et je ne le savais pas ! Il eut peur et reprit : « Que ce lieu est redoutable. Ce n'est rien de moins qu'une maison de Dieu et la porte du ciel !» Jacob se leva de bon matin ; il prit la pierre qui lui avait servi de chevet, l'érigea en mémorial et répandit sur son sommet une libation d'huile. Il donna au lieu le nom de Béthel (= maison de Dieu) (P. Bourseaux. « Domus Dei » et « porta caeli » ou solution 1988 du portail roman de La Lande-de-Fronsac, Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, Volume 33, 1989 - books.google.fr).

Le prophète Osée dit au chapitre 12 : "1. Éphraïm m’entoure de mensonge, et la maison d’Israël de fraude; mais Juda marche encore avec Dieu, et avec les vrais saints (quelques-uns: Juda est encore sans frein à l’égard de Dieu et du vrai Saint). 2. Éphraïm se repaît de vent, et poursuit le vent d’orient; tout le jour il multiplie le mensonge et la dévastation; et ils font alliance avec l’Assyrie, et portent de l’huile en Égypte. 3. L’Éternel a aussi un débat avec Juda, et il punira Jacob selon ses voies, et il lui rendra selon ses actions. 4. Dans le ventre il prit son frère par le talon, et par sa force il lutta avec Dieu; 5. oui, il lutta avec l’Ange et prévalut: il pleura et le supplia. À Béthel, il le trouva; et là, il parla avec nous: 6. et l’Éternel, le Dieu des armées, — l’Éternel, est son mémorial (voir Exode 3:15; 6:3). 7. Et toi, retourne à ton Dieu, garde la piété (ou: la bonté) et le jugement, et attends-toi à ton Dieu continuellement. 8. C’est un marchand; la fausse balance est dans sa main; il aime à extorquer. 9. Et Éphraïm dit: Toutefois je me suis enrichi, je me suis procuré des biens. Dans tout mon travail on n’a trouvé contre moi aucune iniquité qui soit péché. 10. Et moi, l’Éternel ton Dieu dès le pays d’Égypte, je te ferai encore habiter sous des tentes, comme aux jours de la fête solennelle. 11. Et j’ai parlé aux prophètes; et moi, j’ai multiplié les visions, et, par les prophètes, j’ai parlé en similitudes. 12. Si Galaad est vanité (iniquité), eux, ils ne seront que néant. À Guilgal, ils ont sacrifié des bœufs; leurs autels aussi seront comme des tas de pierres dans les sillons des champs. 13. Et Jacob s’enfuit dans la plaine de Syrie; et Israël servit pour une femme; et pour une femme, il garda [les troupeaux]. 14. Et, par un prophète, l’Éternel fit monter Israël d’Égypte, et par un prophète il (Israël) fut gardé. 15. Éphraïm a amèrement provoqué la colère: son Seigneur laissera sur lui son sang, et lui rendra ses mépris." (www.bibleenligne.com).

Le prophète Osée a été utilisé pour défendre la thèse de l'Anglo-Israélisme.

La tribu d’Ephraïm fut menée en captivité au-delà de l'Euphrare, avec les autres tribus d'Israël, par Salmanasar, Roi d’Assyrie, l'an du monde 3283, avant Jesus-Christ 717, avant l’ère Vulgaire 721. Joseph, (antiq. I. II, c. 5) assure que les dix tribus ne revinrent jamais de leur exil. Saint Jérôme assure la même chose sur le Prophete Osée, (ch. 1,6.) ce qui est suivi par la plupart des commentateurs. Quelques-uns même prétendent qu’elles subsistent encore très-nombreuses dans la Tartarie, dans la Chine ou dans les Indes (Dictionnaire universel, dogmatique, canonique, historique, geographique et chronologique, des sciences ecclesiastiques, 1760 - books.google.fr).

Gomer ayant conçû encore, enfanta une fille, & le Seigneur dit à Osée : Apellez-la miséricorde ; parce qu'à l'avenir je ne serai plus touché de misérícorde pour la maison d'Israël, & je les oublierai; & les effacerai de ma mémoire pour jamais (Osée, 1,6) (La Sainte Bible traduite en francois, le latin de la Vulgate a côté, Tome I, Seconde partie, Broncart, 1750 - books.google.fr).

Déjà en 1620, Pierre Le Loyer écrivit un livre dans le but spécial de ramener le roi d'Angleterre à la religion romaine, et pour ce faire, il cherchait à démontrer à Jacques Ier que son peuple était une colonie iduméenne, et que lui, Jacques Ier, descendait, aussi bien que le pape, d'Esaü ; que par conséquent ils étaient frères en Esaü (Autour de Rennes le Château : Le méridien de Scone).

Dans l'optique de la conversion de l'Angleterre, le mariage d'Henriette de France était un pion à jouer.

Henriette Marie de France (25 novembre 1609 - 10 septembre 1669) fut une reine consort d'Angleterre. Fille du roi de France Henri IV et de la reine Marie de Médicis, elle épousa le roi d'Angleterre Charles Ier (1625). Elle est la mère de deux rois d'Angleterre Charles II et Jacques II. Elle pousse son mari dans le sens d'une politique autoritaire et centralisatrice, ainsi que vers une plus grande tolérance envers les catholiques. En effet, Henriette, fort pieuse et opiniâtre comme sa mère, pratique ostensiblement le catholicisme, ce qui irrite les puritains anglais, et était venue de France avec un certain nombre de prêtres, dont son aumônier, Jean Paumart. La révolution anglaise l'amena à se réfugier en France (fr.wikipedia.org - Henriette Marie de France).

Dans l'oraison funèbre d'Henriette de France par Bossuet, qui présentait une occasion supplémentaire de rappeler aux souverains leurs devoirs, la reine d'Angleterre incarnait, à l'égal de Judith et d'Esther, un don de Dieu, destiné à la « conservation de sa sainte Église » : « C'est ainsi qu'il [Dieu] instruit les princes, non seulement par des discours et par des paroles, mais encore par des effets et par des exemples », termes repris de la lettre que Bérulle avait écrite pour cette même princesse avant son départ pour l'Angleterre (Fabrice Preyat, Le Petit concile de Bossuet et la christianisation des mœurs et des pratiques littéraires sous Louis XIV, 2007 - books.google.fr, Armand Jean du Plessis duc de Cardinal Richelieu, Memoires sur le regne de Louis XIII, depuis 1620 jusqu'a 1638, présenté par M. Petitot, 1823 - books.google.fr, Les Prophètes et Rennes le Château : Les Quatres Reines, histoire et jeu de cartes).

Osée associe la lutte de Jacob avec la scène de Béthel et la place avant le séjour de Jacob à Aram (F. Van Trigt, La signification de la lutte de Jacob près du Yabbok, Oudtestamentische Studien: Deel VII, 1949 - books.google.fr).

Concernant Jacob, Gn 28 traite de sa fuite en Mésopotamie après qu'il ait volé la bénédiction d'Isaac à Esaü. De Bersabée, il se rend à Paddâm-Aram (Harrân), la première station d'Abram lors de son émigration, auprès de Laban, le frère de sa mère Rébecca. Pendant son voyage, il passe la nuit à Louz qu'il appelle Béthel, où Abraham avait aussi séjourné, à la suite du songe de l'échelle. Gn 29-30 raconte comment Jacob arrive à Paddâm-Aram où il se marie avec les deux filles de Laban, Léa et Rachel, et où il engendre onze fils et une fille avec ses deux femmes et leurs servantes, Bilha et Zilpa. En Gn 31-32, Jacob, qui s'est enrichi, décide de fuir Paddâm-Aram avec les siens et ses biens. Mais le texte n'explique pas pourquoi Dieu lui ordonne de retourner en Canaan. Avant de s'enfuir, il trompe Laban à propos de troupeaux. Se trouvant devant le fait accompli, Laban le poursuit et le rejoint dans la région montagneuse du Galaad où il a dressé sa tente. Après s'être expliqués, Jacob et Laban concluent une alliance à cet endroit. Tandis que Laban retourne chez lui, Jacob poursuit sa route jusqu'à Mahanaïm. Il passe le gué du Yabboq et la nuit à Peniel où il lutte avec Dieu. Gn 33 raconte comment Jacob arrive en Canaan une fois réconcilié avec Esaü venu à sa à sa rencontre. Il décrit aussi son départ pour Soukkôt où il s'installe provisoirement, avant de venir demeurer à Sichem où il achète une propriété. Il faut noter qu'Abraham a aussi habité à Sichem. Pour Gn 35, c'est Dieu qui donne l'ordre à Jacob de partir de Sichem pour se rendre à Béthel, car deux de ses fils ont massacré des Cananéens de Sichem. Là, Yahvé lui commande son changement de nom en Israël (seconde vision de Béthel). Après quelque temps, Jacob quitte Béthel et, sur le chemin à quelque distance d'Ephrata, c'est-à-dire Bethléem, Rachel accouche de Benjamin. Mais Rachel meurt aussitôt après la naissance de son fils. Jacob l'ensevelit sur le chemin d'Ephrata. Il va s'installer ensuite au-delà de Migdal-Eder. Et puis il arrive auprès de son père Isaac à Mamré, à Kirjath-Arba, c'est-à-dire Hébron. Selon Gn 46, plusieurs années plus tard, Joseph, devenu ministre du Pharaon, invite son père Jacob et toute sa famille à le rejoindre en Égypte. Comme Abraham, Jacob descend en Égypte à cause de la famine qui ravage le pays de Canaan. Depuis Hébron, Jacob passe par Bersabée avant d'arriver en Égypte. Pour Gn 49-50, c'est en Égypte que Jacob meurt, mais il est enseveli, selon ses dernières volontés, dans la grotte du champ de Makpéla, en Canaan, là où fut enterrée toute sa famille : sa grand-mère Sara, son grand-père Abraham, son père Isaac et sa mère Rébecca (Lendo Makunga, La notion de mémoire dans l'Ancien Testament: confrontation avec la culture yombe du Congo, 2009 - books.google.fr, Jean Louis Ska, Quelques remarques sur Pg et la dernière rédaction du pentateuque, Le Pentateuque en question: les origines et la composition des cinq premiers livres de la Bible à la lumière des recherches récentes, 2002 - books.google.fr).

Dans la Synagogue de Beth Alpha, le petit arbre aux fleurs d'amande serait la verge florissante d'Aaron (Nomb. 17,23), symbole de la permanence du sacerdoce au temple, thème bien connu dans l'iconographie juive au moyen âge. Le petit arbre à droite un amandier portant des fruits, serait l'arbre de vie. Le petit oiseau en serait un attribut. Comme nous avons dit, l'arbre de vie est associé par la tradition juive à la menorah. D'après la bible, les éléments décoratifs de la menorah étaient empruntés à l'amandier (Ex. 25,33). Quoi qu'il en soit de l'identification précise, la place des amandiers des deux côtes du sanctuaire s'explique par le Midrash. Le nom ancien de Béthel était, d'après la bible: Luz (Gen. 28,19). Luz se dit aussi de l'amandier dans Gen. 30,37. Bereshit Rabba 69,7-8 explique pourquoi: quiconque entre dans la maison du Seigneur (Beth-El) fleurit par ses mérites comme l'amandier. Dans le même passage la théophanie de Béthel est mise en rapport avec le temple de Jérusalem et sa restauration. Les amandiers de Beth Alpha évoquent l'exclamation de Jacob: "Que ce lieu est redoutable! Ce n'est rien de moins que la maison de Dieu et la porte du ciel » (Luc Dequeker, "Le Zodiaque de la Synagogue de Beth Alpha et le Midrash, Bijdragen tijdschrift voor filosofie en theologie, Partie 47, 1985 - books.google.fr).

"Jacob arriva à Béthel, il y bâtit un autel et appela l'endroit El Béthel; car là Haélohim lui avait apparu, lors de sa fuite devant son frère." (Gn XXXV,7) Voilà donc le vœu que Jacob avait fait au v. 22 du ch. XXVIII accompli. Cet acte de piété est suivi d’une seconde apparition de Dieu, qui, comme lui, a le caractère de l'accomplissement. A l'acte solennel de la piété de Jacob correspond la proclamation solennelle du nom d'Israël. "Tu seras Israël" avait dit le ch. 32. "Et il l'appela Israël" dit le ch. 35. On le voit, le rapport de succession est évident : le premier passage a un caractère préparatoire, le second, un caractère définitif. Le même rapport existe pour le nom de Béthel. Le voyage de Béthel à Béthel est achevé ; Jacob y revient avec une piété inaltérable. (Charles Schoebel, L'authenticité mosaïque de la Genèse, Annales de philosophie chrétienne, Volumes 82 à 83, 1872 - books.google.fr).

Lèpre et mâchoires

Choéphores [porteuses de libations] 280-281. "Lèpre dont les mâchoires sauvages dévorent le corps qui disparaît". Image que l'on retrouve d'ailleurs au IVe livre des Maladies, n° 51 (Littré, Corpus hippocrat., tome VII) et dans un fragment du Philoctète d'Eschyle [...] Plus bref est en Prométhée, v. 64 — « la dent opiniâtre de ce rivet d'acier » [...]. Ce sera encore le feu détruisant les moissons, lors d'une éruption volcanique, que la mâchoire symbolisera (Prométhée, 368-369) (Jean Dumortier, Les Images dans la poésie d'Eschyle, 1975 - books.google.fr).

L’Orestie est une trilogie dramatique d'Eschyle (vers 525-456 av. J.-C.) représentée en 458 av. J.-C. aux Grandes Dionysies d'Athènes, où elle remporte le premier prix. Elle est composée de trois tragédies centrées sur la geste des Atrides : Agamemnon, Les Choéphores et Les Euménides ; un drame satyrique intitulé Protée (aujourd'hui perdu) était censé la compléter. C'est la seule trilogie d'Eschyle à nous être parvenue dans son intégralité (fr.wikipedia.org - Orestie).

Le conflit des dieux est extérieur, n'oublions jamais ce point capital; aucune division intérieure, nulle hésitation, nul remords, ne vient ébranler la solidité plastique d'Oreste, jusqu'au jour où Euripide aborda ce rôle. Le héros ne doute point de la justice d'un acte commandé par Apollon; mais il est obligé de fuir devant les Furies, dans lesquelles il faut bien nous garder de voir la personnification des tourmentsde la conscience, et dont le rôle tout extérieur et atrocement matériel est de punir sur lui le crime de lèse-maternité, en suçant comme des vampires le sang du coupable et en infectant son corps de la lèpre, « dont les mâchoires sauvages rongent la chair » (Paul Stapfer, Shakespeare et l'antiquité, Volume 3, 1888 - books.google.fr).

Le texte grec d'Eschyle mentionne plutôt "leichenes" que la lèpre.

Quant aux affections de la peau, nous avons vu que les Leichenes ou le mentagra se sont transformés en psora et en lèpre; et de cela on peut déjà conclure que les formes secondaires vénériennes de la peau ont été remarquées dans la lèpre, chose qu'un passage de Johannes Moschus (Pratum spirituale (vers 634 après J.-C.), c. 14) parait confirmer; il y est dit: qu'un moine du couvent de Penthula, ne pouvant plus se rendre maître de ses désirs charnels, se rendit à Jéricho pour se débarrasser du superflu; mais dès qu'il y fut entré, il fut atteint de la lèpre, et alors il retourna bien vite à son monastère. Des recherches ultérieures pourront nous apprendre quels rapports ont existé entre la syphilis et l'éléphantiasis. Dans tous les cas, la fréquence de l'éléphantiasis en Egypte, son apparition simultanée avec les leichenes en Italie, sa contagiosité, ainsi nue les expressions de Celse (III, 25) qui l'appelle un ignotus poene in Italia morbus: tout cela mérite notre attention (Julius Rosenbaum, Histoire de la syphilis dans l'antiquité: avec des recherches pour servir aux médecins, aux philologues et aux antiquaires, traduit par Joseph Santlus, 1847 - books.google.fr).

Shakespeare, Hamlet, la lèpre et le Danemark

On a fait l'hypothèse que Shakespeare a pu lire Eschyle et aurait repris le "leichenes" traduit en "tetter" qui est une éruption cutanée, dans sa pièce Hamlet, commele fait Paul Stapfer (1840-1917), écrivain et critique français d'origine suisse, ami de Victor Hugo et dreyfusard (Paul Stapfer, Shakespeare et l'antiquité: Ouvrage couronné par l'Académie française, Volume 3, 1888 - books.google.fr).

Hamlet est prince de Danemark, pays à l'honneur dans La Vraie Langue Celtique, nommément cité pages 5, 126, 131 et 134-136 (au sujet des kjoekken-moeddings : amas coquilliers), 308 (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre II - Ps. 44-45).

La Gesta Danorum, rédigée en latin au début du XIIIe s. par le clerc et savant danois Saxo Grammaticus (Saxo le Grammairien, vers 1150-1220), détaille en seize volumes l'histoire du Danemark depuis les origines mythiques du roi éponyme Dan jusqu'à l'an 1202. Ce sont surtout les neuf premiers livres qui nous intéressent. Ils s'arrêtent à la fin du règne du roi Haraldr blátönn (Harald à la dent bleue) en 936. Saxo s'inspire de sources islandaises aujourd'hui perdues et certains récits mythologiques ou ou héroïques ne nous sont transmis que par lui : ainsi la légende de Hamleth (Amlethus) dont Saxo est la source la plus ancienne, les histoires de Haddingr, Starkaðr, Fróði, Guðmundr, Ragnarr Loðbrók... Les récits de Saxo se ressentent de la conception évhémériste de l'époque, qui considérait les dieux de la mythologie païenne comme des grands hommes ayant vécu dans un passé lointain et qui furent ensuite divinisés. Cette conception due à Evhémère de Messène (environ 300 avant J.-C.), se retrouve chez la plupart des écrivains médiévaux islandais et en particulier chez Snorri Sturluson, principal mythographe et historiographe. L'œuvre de Saxo, rédigée en latin, traduite en danois par Nicolas F.S. Grundtvig au XIXe siècle, constitue une source très importante de la mythologie nordique (Patrick Guelpa, Dieux & mythes nordiques, 2009 - books.google.fr).

Une cuisine a un rôle important dans le Troisième Livre de Saxo Grammaticus :

Gorvendil, Hamlet's grandfather, has two sons, — Horvendil, Hamlet's father, and Fengo, the murderous brother and the usurping uncle. The members of the Hamlet family are not royal, but hold territory in either Sleswick or Jutland, under Roric, the true king of Denmark, whose capital is at Leire. Röric has a daughter named Grytha, whom he gives in marriage to Horvendil, and she is Hamlet's mother. He has also a son, Vikletus, to whom Hamlet (in the Fourth Book) acts much as Fengo had acted towards himself, as a usurping nephew. This maternal uncle of Hamlet plays an important part in the history of Hamlet when we read it in full. Horvendil had won the hand of Grytha by his victories over the famous Norwegian viking Kollar and his sister Sela, also over the Slaves and Courlanders. As soon as an opportunity presented itself, Fengo murdered his brother ; for, himself strong enough to execute his enterprise, Horvendill, his brother, being at a banquet with his friends, [he] sodainely set upon him, whene he slew him as traitorously, as cunningly he purged himself of so detestable a murther to his subjects; for that before he had any violent or bloody handes, or once committed parricide upon his brother, he had incestuously abused his wife, whose honour hee ought as well to have sought and procured as traiterously he pursued and effected his destruction." There was, then, no mystery about Horvendil's murder so that no ghost was needed to reveal it. The persecution of the son coincided with the marriage of the mother ; and with these began the simulated madness. Hamlet, after his father's death and his mother's marriage, instead of being treated with insincere kindness, is, from the first, degraded and humiliated. He is banished to the kitchen, and, by the kitchen fire, he makes playthings of bits of wood. These he cuts or whittles into barbed skewers and hooks, and when asked what they are meant for, replies, " to revenge my father's murder." He passes for either an idiot or a lunatic, but there is always method in his madness. It is thoroughly fictitious. The only sign of folly that Hamklet shows is his extreme candour (Robert Gordon Latham, Two Dissertations on the Hamlet of Saxo Grammaticus and of Shakespear: 1. The Historical Personality of Hamlet. 2. The Relation of the "Hamlet" of Shakespear to the German Play, "Prinz Hamlet Aus Dänemark", 1872 - books.google.fr).

The word 'tetter' is in the Greek 'leichen', a lichen-like eruption, a medical term suggested by its other meaning 'tree-moss' — it is our word 'lichen'. The preceding words in the Choephori show that this is a threat of the kind of affliction which will come to Orestes if he does not avenge his murdered father. The very words 'how to appease anger from under the earth' remind us of Hamlet. Another link with Hamlet is provided by Choephori : "The mighty oracle of Loxias cannot play false, when it bids me face this peril to the end, and, with urgent voice and loud, utters a freezing tale of woes to make the hot heart shudder if I avenge not my father on the guilty, like for like." Apart from the main theme of this passage, a commission to avenge a murdered father, the 'freezing tale of woes' which makes 'the hot heart shudder' reminds us forcibly of Hamlet, I.5.15: "could a tale unfold whose lightest word Would harrow up thy soul, freeze thy young blood...[...]

Now the question immediately arises: Were the plays of Aeschylus accessible in English in Shakespeare's day ? Phaer's Virgil, North's Plutarch, Chapman's Homer — but what of Aeschylus ? The answer to this is that no translation into English had been made at that time. In the light of Ben Jonson's words, 'though thou had'st small Latin and less Greek', it would seem precarious to suppose that Shakespeare was able to read the play in the original, particularly in view of the great difficulty of Aeschylus's gorgeous and involved language. Are we then to dismiss such parallels as pure coincidences ? Gilbert Murray in a deeply interesting chapter on Hamlet and Orestes in his 'Classical Tradition in Poetry' draws out a number of parallels both in the main features of the plot and in incidental details; but he takes into account seven Greek plays in which Orestes figures (Aeschylus's Agamemnon, Choephori, and Eumenides — these three, of course, form the Oresteia, the only extant trilogy; Sophocles' Electra: Euripides' Electra, Orestes, and Andromache), and his survey includes in addition to Shakespeare's play its forerunners, particularly the story in Saxo Grammaticus and the Icelandic Ambales Saga. We are mainly interested at the moment in the coincidences between Shakespeare and the Greek plays, especially Aeschylus; and among very many others he notes the following. Hamlet and Orestes were both addicted to soliloquies; they have doubts and hesitations; they are under the shadow of madness; they have a faithful friend, and so on. After one series of striking parallels Murray writes: 'In all these strangely characteristic speeches of Orestes, every line might have been spoken by Hamlet.' 'What is the connexion?' he asks; and goes on: All critics seem to be agreed that Shakespeare did not study these Greek tragedians directly. And, if anyone should suggest that he did, there are many considerations which would, I think, make that hypothesis unserviceable. Of course, it is likely enough that some of Shakespeare's university friends, who knew Greek, may have told him in conversation of various stories or scenes or effects in Greek plays. But for his final answer Murray turns to the primitive religious rituals on which the dramas were ultimately based. The drama of Orestes-Hamlet goes back to the Vegetation-kings or Year-daemons; the Year-king comes as a wintry slayer, weds the Queen (Mother Earth), grows proud and royal, and then is slain by the Avenger of his predecessor. This deep-seated myth lies behind the story of Orestes and Hamlet, and playwrights of genius independently work out in similar ways the dramatic possibilities latent in the original seed. He does not deny that real history may lie behind the dramas, but points out that there was a tendency for true traditions to coalesce with the old nature-myths, and definite evidence for the present instance is given. Thus in Saxo Hamlet is son of Horvendillus, an ancient Teutonic god connected with dawn and the spring. Murray quotes Bradley's words about Gertrude's soft, animal nature; 'she loved to be happy like a sheep in the sun and... she loved to see others happy.' He adds: 'Just the right character for our Mother Earth ! For, of course, that is who she is.' The old myths are at times altered and transformed. Yet some inherent quality still remains, and significant details are repeated quite unconsciously by generation after generation of poets (The London Quarterly & Holborn Review, Volume 17, 1948 - books.google.fr).

C'est le fantôme du père qui parle de lèpre, conséquence de l'empoisonnement perpétré par son frère :

But soft, me thinks I scent the morning air. /Brief let me be. Sleeping within my orchard, / My custom always of the afternoon, / Upon my secure hour thy uncle stole, / With juice of cursed hebona in a vial, / And in the porches of my ears did pour / The leprous distilment, whose effect / Holds such an enmity with blood of man / That swift as quicksilver it courses through / The natural gates and alleys of the body / And with a sudden vigor it doth posset / And curd, like eager droppings into milk, / The thin and wholesome blood. So did it mine, / And a most instant tetter barked about, / Most lazar-like, with vile and loathsome crust / All my smooth body. / Thus was I, sleeping, by a brother's hand / Of life, of crown, of queen at once dispatched (Shakespeare, Hamlet I,5 - shea.mit.edu).

Gustaf Gründgens in der Rolle des Hamlet, 1936 - www.wz-newsline.de

Mais, doucement ! Il me semble que je respire la brise du matin. Abrégeons. Je dormais dans mon jardin, selon ma constante habitude, dans l'après-midi. A cette heure de pleine sécurité, ton oncle se glissa près de moi avec une fiole pleine du jus maudit de la jusquiame, et m'en versa dans le creux de l'oreille la liqueur lépreuse. L'effet en est funeste pour le sang de l'homme : rapide comme le vif-argent, elle s'élance à travers les portes et les allées naturelles du corps, et, par son action énergique, fait figer et cailler, comme une goutte d'acide fait du lait, le sang le plus limpide et le plus pur. C'est ce que j'éprouvai ; et tout à coup je sentis, pareil à Lazare, la lèpre couvrir partout d'une croûte infecte et hideuse la surface lisse de mon corps. Voilà comment dans mon sommeil la main d'un frère me ravit à la fois existence, couronne et reine. (Shakespeare, Hamlet I,5 - textes.libres.free.fr).

Y a trois dents dans la mâchoire à Marie Madeleine

Le tableau de la Piéta de Rennes les Bains serait une copie d'un tableau de Van Dyck (Lamentation, 1628) par l'intermédiaire d'une gravure de Paulus Pontius (www.rennes-le-chateau-archive.com).

Antoine Van Dyck, La Lamentation sur le corps du Christ (1629) - Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers - fr.wikipedia.org - Liste des peintures d'Antoine Van Dyck

Paulus Pontius, Lamentation d'après Van Dyck - Rijksmuseum, Amsterdam - Sarah Joan Moran, Sensory engagement in Van Dyck's Lamentation, Religion and the Senses in Early Modern Europe, 2012 - books.google.fr

On voit que les "mâchoires" se trouvent à la place de Marie Madeleine.

Philippe de Cabassole donne un renseignement pittoresque, "qu'il consigna dans son Libellus historialis. Le roi, dit-il, avait porté à Rome le reliquaire et la relique du chef de la Madeleine. Il se trouvait que l'on conservait dans le trésor des reliques du Latran une mâchoire de la même sainte. Le crâne provençal et la mâchoire romaine, mis en présence, se révélèrent appartenir à la même tête et s'adapter parfaitement l'un à l'autre. C'est du moins l'opinion telle que la rapporte Philippe de Cabassole. Que penser de cette information ? Il avait déjà été question d'une mâchoire de la sainte dans l'acte du 25 mai 1281 : à ce moment-là, selon le sens obvie du texte, le chef était pourvu de sa mâchoire.

Faillon s'est évertué à démontrer que le texte veut dire le contraire de son sens obvie, à savoir "non pas que Charles montra aux évêques le chef, avec la mâchoire inférieure, mais le chef, sans cette mâchoire".

En avril 1295, quand il est présenté au pape, il en est dépourvu, puisque le pape songe à le compléter par la mâchoire du Latran. Qu'est donc devenue, dans l'intervalle, la mâchoire de Saint-Maximin ? Nous ne le savons et en sommes réduits aux hypothèses. De toutes façons, si l'on accepte la donnée de Philippe de Cabassole, le moins qu'on puisse dire, c'est que la la mâchoire manquait, et que l'on a tiré argument en faveur de l'authenticité des reliques du fait de la conformité des deux parties du crâne malgré leur provenance diverse. De là à imaginer qu'une soustraction a été faite de la mâchoire primitive en vue de la démonstration à obtenir pour le crâne, il n'y a qu'un pas. Mais alors, on met en cause l'honnêteté du procédé et suspecte la légitimité de la conclusion. Nous reviendrons sur ce problème plus loin.

L'autre hypothèse est évidemment d'admettre que, de 1279- 1283, à l'époque de Philippe de Cabassole, les souvenirs de l'inventeur, d'intermédiaire en intermédiaire, se sont déformés et sont devenus l'objet. Quant à la mâchoire du Latran qui est venue si opportunément s'adapter au crâne provençal, quelle était sa provenance ? Il faut rappeler ici les données que nous avions réunies autrefois sur le culte des reliques magdaléniennes à Rome au XIIIe siècle. Dans le chœur des chanoines de la basilique du Latran, Honorius III (1216-1227) avait consacré un autel dans lequel on conservait "le corps de la sainte, moins la tête. Lorsque l'autel, modifié entre-temps, est reconsacré en 1297, le corps romain de la Madeleine a perdu, en plus, un bras. On ne voit pas très bien comment Boniface VIII, sous le pontificat duquel la nouvelle consécration avait eu lieu, conciliait l'existence de ce squelette romain avec la reconnaissance qu'il venait de donner, deux ans plus tôt au squelette saint-maximinois. On peut, au contraire, deviner pourquoi lui est venue l'idée de compléter le crâne de Saint-Maximin avec la mâchoire du Latran : c'est la présence du squelette conservé au Latran qui a dû la lui suggérer, encore que nous ne sachions pas si la mâchoire avait un jour fait partie de ce squelette ou si elle avait une autre origine.

René d'Anjou fit transférer, d'Aix à Saint-Maximin, la mâchoire de la sainte qui était conservee an monastère aixois de Notre-Dame de Nazareth depuis une année indéterminée de Charles de Salerne. Le transfert eut lieu le 29 juin 1458.

Quoi qu'on en pense, cette prolifération des reliques de la Madeleine pose d'une manière particulièrement aiguë le problème de leur authenticité. Une question se pose, que nous avons déjà effleurée : ces reliques sont-elles réellement celles de la Madeleine à qui elles sont attribuées ? Pour un homme du XXe siècle, ouvert aux problèmes et aux méthodes historiques, la cause est, en général, entendue : les authentiques sont des faux, les divers indices signalétiques ne convainquent que les gens disposés à y croire, l'invention, l'exaltation, les translations et la reconnaissance des reliques comportent nombre de détails suspects; on ne peut se défendre de l'impression d'être en présence d'une de ces mises en scène, fréquentes au Moyen Age, destinées à frapper les imaginations des temps passés.

La recherche que nous venons de clore nous permet et nous oblige de donner à ces questions deux réponses, aussi fermes l'une que l'autre : 1° les ossements exhumés en 1279 n'ont pas de rapport avec la sainte à qui ils ont été alors attribués, l'attribiition n'ayant été faite qu'en fonction d'idées préconçues et fausses et d'arguments débiles ou fabriqués; 2° les ossements conservés de nos jours à Saint-Maximin font bien partie du lot qu'on y a mis au jour en 1279 et partagent, par conséquent, leur inauthenticité. Si donc nous pouvons répondre positivement à la question d'identité, cette réponse n'a néanmoins aucune valeur, puisqu'elle est elle-même conditionnée par celle que reçoit la question de leur authenticité et qui est négative. Quelle est la portée de ces conclusions ? Leur portée historique est claire : les reliques provençales de la Madeleine n'ont pas plus d'authenticité que leurs concurrentes bourguigonnes. A Vézelay comme à Saint- Maximin, on a été victime de la mentalité religieuse médiévale. Les gens du Moyen Age avaient besoin de concrétiser les objets de leur dévotion par des signes matériels. Quand ils s'adressaient aux saints, surtout à ceux de chez eux, ils les voulaient présents, accessibles, bienfaisants dans leurs reliques. Les chercheurs (le reliques étaient malheureusement des gens souvent crédules, leurs pourvoyeurs, parfois sans scrupules. Les uns et les autres avaient, du surnaturel, des critères très approximatifs, et du témoignage historique, une conception d'une déconcertante élasticité pour un esprit contemporain" (Victor Saxer, Les ossements dits de sainte Marie-Madeleine conservés à Saint- Maximin-la-Sainte-Baume, Provence historique, Volumes 27, 1977 - books.google.fr - provence-historique.mmsh.univ-aix.fr).

C'est dans la légénde vézélienne de Marie Madeleine que Charles de Salerne aurait trouvé la prétendue existence de son corps à Saint Maximin.

En 1265, on fit à Vézelay l'inventaire des reliques de Marie Madeleine dont faisaient partie des lettres d'un roi Charles inconnu. Les religieux de l'abbaye donnèrent à saint Louis un bras, la mâchoire et trois dents qui les fit mettre dans une châsse et qui les leur rendit.

Il paraît que les religieux de Vézelay donnèrent de nouveau cette mâchoire au roi de France ; car nous voyons que quelqu'un des successeurs de saint Louis, ou peut-être saint Louis lui-même, en fit présent à l'un des seigneurs de la maison de Montmorency. Ce fut peut-être après la découverte du corps de sainte Madeleine à Saint-Maximin. Il semble qu'elle avait été donnée aux seigneurs de cette maison sans le reliquaire, ce qui pourrait faire entendre qu'on ne portait plus a la relique le même respect qu'auparavant. Les seigneurs de Montmorency la gardèrent près d'un siècle dans leur famille, jusqu'à ce que, l'an 1568, ils en firent eux-mêmes présent à Charles V roi de France. C'est ce que portait une inscrition gravée sur le reliquaire où elle était renfermée. Ce reliquaire passa ensuite à l'abbaye de Saint-Denis en France, où il faisait partie du trésor dans ces derniers temps. Il était d'argent doré, et représentait sainte Madeleine élevée sur un piédestal semé de fleurs de lis. Sur le soubassement, étaient représentés, à genoux, Charles V, la reine Jeanne de Bourbon son épouse, et Charles Dauphin leur fils (Étienne Michel Faillon, Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence et sur les autres apôtres de cette contrée, Volume 1, Migne, 1818 - books.google.fr).

Basilique de Saint Maximin - fr.wikipedia.org

Ce qui frappe en étudiant la répartition géographique des attestations de "brega" est le fait qu'elles se trouvent sur une très grande étendue, des Cévennes jusqu'à St.Maximin et Hyères, avec une certaine concentration dans le triangle formé par Avignon, Nîmes et Arles. [...] Dans les exemples et expressions que Mistral fournit dans son Trésor, on voit bien qu'à la campagne c'est un outil, un brisoir de chanvre, sens qui a disparu avec la disparition de la culture du chanvre, en ville par contre le sens "bouche, mâchoire" est dominant. Nous y trouvons aussi une explication de la rareté des attestations. Mistral définit brego comme un mot péjoratif pour "machoire, babine ou lèvre", on l'utilise pour la "bouche d'un porc, le bec des chiens" etc. Brego signifie souvent "gueule". D'après lui brego, bargo, barjo est connu en limousin, languedocien, gascon, sur les bords du Rhône et à Marseille. Il les 'a donc trouvé dans des dictionnaires ou des textes de ses prédécesseurs. [...] Dans la première attestation qui date du 15e siècle et vient de la Provence, bregas signifie "mâchoires" (Brega, brego "lèvre" en occitan - racamg.perso.sfr.fr).

Las Brugos - Les mâchoires dans La Vraie Langue celtique

La seule mention de "Las Brugos" dans La Vraie Langue celtique se trouve à la page 306 correspondant au psaume 151 (306-155).

Les missionnaires chrétiens envoyés par l'illustre et saint Evêque pour conquérir à la vérité les esprits et les coeurs des Gaulois de la Narbonnaise, comprirent, en pénétrant dans le cromleck des Redones, que les respect dont on entourait ces pierres taillées ou levées, était un respect devenu idolâtrique, et ils firent graver des croix grecques sur tous les points de ce cercle de pierres, à l'entrée du Cromleck, aux Crossés, au Roukats, au Serbaï rou, sur la crête du Pla de la Coste et de las Brugos et au Cugulhou du couchant. Alors, à l'arête du cap dé l'Hommé sur le haut d'un ménir, en face du temple païen, converti en église chrétienne détruite plus tard par l'incendie, fut sculptée une belle tête du Sauveur regardant la vallée, et dominant tous ces monuments celtiques qui avaient perdu leurs enseignements. [...]

La croix, victorieuse du paganisme, n'a pas discontinué de régner dans le cromleck de Rennes-les-Bains, et maintient toujours, gravés dans le coeur religieux de ses habitants, les préceptes de vie donnés au monde par l'Eternelle Vérité. (VLC, p. 306)

"brugo" en narbonnais, comme brego, signifie "brigue" : dispute, querelle (Frédéric Mistral, Lou tresor dóu Felibrige, Volume 1, A-F, 1968 - books.google.fr).

"breichio" en gallois : être d'un parti, voir le ruisseau de las Breiches qui descend du Pla de las Brugos (Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne ou recherches sur les antiquités du monde, Volume 6, 1778 - books.google.fr).

BRIGUE n. f. Lèvre et mâchoire. Peu fréquent à usuel. S'emploie surtout à propos des humains. Usuel dans la locution faire six (ou trois) pans de brigue, faire la tête. Variante brègue. Du provençal brigo, brego, même sens. (Philippe Blanchet, Le parler de Marseille et de Provence: dictionnaire du français régional, 2004 - books.google.fr).

L'auteur du psaume qoumrânien s'inspire sans conteste d'un psaume canonique, le Psaume 148, 7-10 : Il est important de reconnaître la source biblique du psaume qoumrânien, mais l'essentiel est ailleurs, Sanders l'a parfaitement vu et comme A. Dupont-Sommer l'a magistralement démontré, il y a dans le stique — les arbres prisèrent mes paroles et le troupeau mes poèmes - une claire allusion à la légende d'Orphée charmant du chant de sa lyre les arbres et les troupeaux. C'est ce David-Orphée que l'on retrouve sur les fresques de la synagogue de Doura et dans les miniatures de nombreux psautiers chrétiens. Peut-être même faudra-t-il se demander dans l'avenir si l'utilisation du mythe orphique dans l'Essénisme s'est limité à la reprise d'un seul thème : celui d'« Orphée aux animaux ». [...]

Dans un manuscrit d'Augsbourg sur lequel A. Dupont-Sommer a attiré l'attention avec sa perspicacité coutumière, on trouve après : « Je sortis à la rencontre de l'étranger, et il me maudit par ses idoles » — c'est-à-dire après le verset 6 — un verset qui ne figure ni dans la version des Septante ni dans la version syriaque ni dans les autres manuscrits de la Vetus latina : « Et je lançai contre lui trois pierres sur son front, par la force du Seigneur, et je l'abattis ». [...] Le livre de Samuel, parle de cinq pierres que David ramasse dans le torrent, et c'est seulement avec une pierre qu'il tue le Philistin. Selon la tradition rabbinique, ces cinq pierres se seraient amalgamées en une seule. Selon la tradition retenue dans le manuscrit d'Augsbourg, et donc sans doute dans l'original hébreu du Psaume 151, c'est avec trois pierres cette fois que David tue Goliath. Or, cette tradition midrashique essénienne, c'est celle-là même que connaît Tabari et qu'il allègue et explique dans son commentaire du Coran pour le combat de David et Goliath (sourate 2, 252). [...] Dans son commentaire, Tabari, tout comme l'auteur du Psaume 151, fait de David-Orphée l'adversaire du Philistin : « David dit à son père : ... Je ne lance pas de pierre de ma fronde contre-quelque chose sans l'abattre...; j'ai pénétré entre les montagnes et j'ai trouvé un lion couché ; je l'ai monté et je l'ai tenu par les oreilles ; il ne s'est pas relevé... ; je marche entre les montagnes et je chante ; alors, il ne reste pas une seule montagne qui ne chante avec moi ». Tabari présente David ainsi : « David était un homme trapu, (de teint) pâle, les cheveux clairsemés. Il avait le cœur pur. Son père lui dit : « mon enfant, nous avons préparé un repas à tes frères, afin qu'ils puissent trouver les forces (nécessaires) pour combattre l'ennemi; porte-le-leur. Dès que tu le leur auras apporté, reviens vite vers moi. » Il dit : « Oui. » Puis il partit emportant le repas de ses frères, son sac en bandoulière dans lequel il mettait les pierres et sa fronde dont il se servait pour défendre son troupeau de moutons. En route, une pierre lui dit : « David, prends-moi, mets-moi dans ton sac ; tu tueras par moi Goliath ; car je suis la pierre de Jacob. » Il la ramassa et la déposa dans son sac et continua à marcher ; une autre pierre lui dit : « David, prends-moi, mets-moi dans ton sac ; tu tueras par moi Goliath ; car je suis la pierre d'Isaac. » Il la ramassa et la déposa dans son sac et continua à marcher ; une troisième pierre lui dit : « David, prends-moi, mets-moi dans ton sac; tu tueras par moi Goliath; car je suis la pierre d'Abraham. » Il la ramassa et la déposa dans son sac et continua à marcher. Arrive le combat. « David mit les trois pierres dans la fronde. Il dit en mettant la première : Au nom de mon père Abraham ; la seconde : Au nom de mon père Isaac ; la troisième : Au nom de mon père Israël. Après avoir fait tournoyé la fronde, les pierres sont devenues une seule » (Marc Philonenko, Une tradition essénienne dans le Coran. In: Revue de l'histoire des religions, tome 170, n°2, 1966 - www.persee.fr).

Il existe aussi un Pla de las Brugos à Massac avec un dolmen dit des Trois Pierres.

M. Ramier, ingénieur des Ponts et Chaussées avait signalé plusieurs dolmens dans les Corbières Centrales, et plus particulièrement dans la région de Massac. Quatre sépultures avaient été répertoriées sur le territoire de cette commune : Al pla dé las Brugos, Cioutat, l'Arquette et la Table des Maures. Le Musée de Carcassonne conserve un petit collier où figurent, outre quelques perles en coquillage et os, les restes d'un bouton prismatique brisé. Ces trouvailles sont déjà mentionnées, ainsi qu'une flèche en bronze que nous n'avons pu retrouver, dans l'inventaire des pièces préhistoriques du Musée en 1900 (XIX). Elles auraient en effet été recueillies par M. Barnier en 1886, dans l'un des quatre dolmens cités plus haut, vraisemblablement dans la Table des Maures, de loin le plus remarquable. Signalons qu'il s'agit d'une petite allée-couverte du type Corbières Centrales (Cf. Les monuments de l'Arco dal Pech à Cubières ou du Clot-de-Poste, à Bouisse). Ce dolmen passait au début du siècle pour être le plus beau du département de l'Aude. Depuis que la foudre a brisé sa table de couverture il y a une vingtaine d'années (renseignement de M. Chaluleau, de Massac), le monument n'a plus la belle allure qu'il possédait lorsque la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude le visita, au cours d'une excursion dans les Hautes Corbières en 1923. (Jean Guilaine, Boutons perforés en V du Chalcolithique pyrénéen. In: Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 60, n°11-12, 1963 - www.persee.fr).

Le Dolmen des Tres Peyros (trois pierres), en grande partie ruiné, a été vidé depuis longtemps par des fouilleurs clandestins. L. Pericot Garcia le signale en 1950 dans la seconde édition de sa thèse. Il appartient au type des dolmens à couloir rétréci ou dolmens languedociens. Il existe une dalle qui sépare la cella dans sa longueur en deux parties à peu près égales. Le matériel rattacherait ce monument à la période des Campaniformes. Il pourrait d'ailleurs s'agir d'un monument plus ancien qui aurait fait l'objet d'une réutilisation par les porteurs de gobelets (Jean-Philippe Bocquenet, Monuments et nécropoles mégalithiques dans les Corbières méridionales, 1993 - www.academia.edu).

On traduit aussi "Brugos" par sorcières. On trouve "bruga" pour sorcière, alors qu'en espagnol c'est "bruja", "bruxa" en catalan, dans une lettre publiée par Prosper Mérimée dans la Revue de Paris entre 1831 et 1833 à l'occasion de ses voyages en Espagne (1830, 1840, 1845, 1853, 1859, 1864) et dont il se servit pour écrire Carmen (Revue des deux mondes, 1845). "bruga" caractérise Carmencita "primero p..., luego alcahueta, pues bruga" (d'abord catin, puis maquerelle, enfin sorcière) (Prosper Mérimée, Carmen, 2012 - books.google.fr).

La tête d'Orphée et les mâchoires des Symplégades

"La belle tête du Sauveur du Cap dé l'Hommé" a un écho dans celle d'Orphée, qui inspire le psaume 151.

L'expression "Seigneur Jésus" apparaît trois fois page 79, 234 (les deux sont appariées) et 279. La page 79 est celle de la mention de l'évangéliste saint Matthieu. La page 234 porte "filius hominis" qui apparaît bien dans le psaume 79 (ou "fils de l'homme" ou "fils d'Adam" comme dans la Bible de Jérusalem). Boudet rappelle aussi le nom arabe de Jésus : Issa.

En face du point où se trouvent la station thermale et l'église paroissiale, la ligne courbe faite par l'assise de rochers porte le nom de Cap dé l'Hommé. Un ménir était conservé à cet endroit, et on y avait, dans le haut, sculpté en relief, une magnifique tête du Seigneur Jésus, le Sauveur de l'humanité. Cette sculpture qui à vu près de dix-huit siècles, a fait donner à cette partie du plateau le nom de Cap dé l'Hommé (la tête de l'Homme), de l'homme par excellence, filius hominis. Il est déplorable qu'on ait été obligé, au mois de décembre 1884, d'enlever cette belle sculpture de la place qu'elle occupait, pour la soustraire aux ravages produits par le pic d'un malheureux jeune homme, lequel était bien loin d'en soupçonner la signification et la valeur. (Cette tête sculptée du Sauveur est entre les mains de M. Cailhol, à Alet.) (VLC, p. 234)

On présume avec raison que le nom primitif de l’ile de Lesbos était Issa, parce qu‘il y avait vis à vis une petite ile nommée Antissa, comme si l’on eût dit vis à vis d’Issa. Cette île d’Antissa fut dans la suite jointe à celle d’Issa, et ne fit qu’une seule et même île avec elle (Géographie de Strabon) (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Des psaumes et l’inverse du Cercle des Prophètes).

Orphée et les Bacchantes - Métamorphoses d'Ovide (Antwerp, 1591) - cowley.lib.virginia.edu, cahierdetexte.pmf.free.fr

La version d'Eschyle est la première à aborder le sujet : d'après lui, Orphée était un adorateur d'Apollon, dieu du soleil. Chaque matin, il montait au sommet du mont Pangée pour saluer le lever du soleil. Ce faisant, il provoqua la colere de Dionysos dont le culte gagnait alors toute la Thrace, et le dieu courroucé envoya ses converties effrénées, les Ménades, contre le chanteur. De cette orgie meurtrière, il existe une description parallèle dans les Bacchantes d'Euripide, où il s'agit du meurtre de Penthée. Virgile, nous I avons vu, décrit la scène à l'instar d'Eschyle comme une orgie bachique. Mais la raison pourlaquelle, d'après lui, les Ménades attaquèrent Orphée est différente de celle que donne Eschyle ; en effet, c'est à un mobile psychologique — la jalousie que cause à ces femmes la fidélité d'Orphée — que Virgile attribue le triste sort du héros. Il existe d'autres explications encore : Conon affirme qu'Orphée avait refusé d'initier les Bacchantes à ses mystères ; et Pausanias prétend qu'il s'attira la colère des femmes parce que leurs maris le suivaient. La sépulture d'Orphée a également donné lieu à différentes légendes : d'après le mythographe grâce à qui l'on connaît la tragédie d'Eschyle consacrée à la mort d'Orphée, celui-ci fut enseveli par les Muses, sa mère Calliope et les autres. On disait que sa tombe se trouvait à Leibetnra près de l'Olympe. Pausanias parle même d'un oracle d'après lequel la ville de Leibethra devait être détruite si jamais les ossements d'Orphée voyaient le jour. Les habitants ne prirent pas au sérieux cette menace, jusqu'au jour où le tombeau d'Orphée fut accidentellement mis à découvert et où un des torrents descendant de l'Olympe dévia et engloutit la ville. Les habitants de Dion, la bourgade voisine, rassemblèrent à nouveau les vestiges d'Orphée et les ensevelirent. Cette nouvelle tombe était encore montrée du temps de Pausanias, qui relate sa visite à Dion. Autour de cette ville, on ajoutait foi à l'histoire du meurtre d'Orphée par les femmes, et non à celle de sa punition par Zeus. L'île de Lesbos, cependant, prétend aussi être le lieu de sépulture du héros. C'est là en effet qu'auraient échoué sa tête et sa lyre d'après la version de Phanoclès. Les habitants de Lesbos auraient enseveli la tête d'Orphée, et à l'endroit de la sépulture, affirme Lucien, un temple de Bacchus aurait été élevé. Philostrate affirme même que la tête d'Orphée rendait des oracles. De ces diverses traditions concernant Orphée, nous pouvons maintenant dégager certains caractères généraux qu'il possédait dans l'esprit des Grecs. En premier lieu, il est certain que nous sommes en face d'une personnalité de héros mythique dont le caractère individuel est nettement prononcé, et qui ne se laisse confondre avec aucune autre. Parfois, Orphée ressemble au dieu Apollon, jouant comme lui de la lyre et comme lui consacre au service de la lumière de par sa vocation de poète et de musicien. Parfois, également, l'épisode de sa mort rapproche Orphée de Dionysos-Zagreus. Mais il ne s'identifie jamais totalement ni à l'une ni à l'autre de ces divinités. Leurs qualités contraires existent simultanément chez lui ; et c'est peut-être le jeu de leurs contrastes qui confère à Orphée cette nature riche et universelle qui fait de lui une des figures mythiques les plus susceptibles d'exprimer l'être humain. Dès les débuts de la légende, Orphée apparaît comme le musicien capable de charmer la nature par son chant. De là vient sans doute également la réputation de magicien qui pendant mille ans s'est attachée au nom d'Orphée. Mais surtout Orphée était considéré comme le fondateur de mystères consacrés à Dionysos. Dans ce rôle, il était également réputé comme l'auteur des livres sacrés sur lesquels se fondait sa religion, si bien que la prétendue ancienneté de ces livres aidant, certains virent même en lui l'inventeur des caractères écrits. De toute manière, quelle que soit la liste exacte des dons faits par Orphée à l'humanité, le fait demeure qu'il fut un des plus grands héros civilisateurs et que son influence s'exerça toujours dans le sens de la culture et des arts les plus paisibles. « Par son caractère personnel, il n'est jamais héros au sens moderne. Sa qualité dominante est sa douceur... le pouvoir de la lyre consistait à attendrir le cœur des guerriers et à tourner leurs pensées vers la paix, de la même manière qu'(Orphée) savait dompter les plus sauvages animaux ». C'est aux vases peints que nous devons aujourd'hui de connaître comment les Anciens imaginaient cette influence bénéfique : toujours, les auditeurs d'Orphée portent sur leur visage une expression profondément absorbée, toute à l'envoûtement du chant. Il est donc le symbole vivant de l'heureuse influence des activités artistiques sur les mœurs. De même que Prométhée est remarquable surtout par son intelligence et par sa ruse, et Héraclès par sa force, Orphée l'est par son sens de la beauté transfiguratrice (Eva Kushner, Le Mythe d'Orphee dans la litterature francaise contemporaine, 1961 - books.google.fr).

De l'œuvre de Boèce à l'Ovide moralisé, et en simplifiant à l'extrême, Orphée est la figure christique du Bon Berger, sauveur des âmes. Il incarne aussi la Raison, capable de dépasser les passions instinctives symbolisées par les animaux qu'il apprivoise. [...]

Ballanche écrit en 1827-29, une épopée, Orphée, où il montre la fonction du mythe et sa vérité dans les temps les plus reculés : Orphée reçoit en Thrace, la révélation primitive venue de l'Inde et de l'Egypte et c'est lui qui la transmet à la Grèce, enseignant que les mythes légués par la tradition universelle sont les symboles des vérités religieuses. L'épopée d'Orphée est finalement une épopée de l'humanité : Orphée est le chantre des vérités sur le monde, le médiateur qui transmet aux hommes la Sagesse des Dieux (Annick Béague, Les Visages d'Orphée, 1998 - books.google.fr).

C'est la chaîne d'or attachée au trône de l'éternelle vérité. C'est la chaîne d'or et d'Electre, qui unit les Gaulois entre eux et à leur chef Ogmius. Thamyris racontera donc ce qu'il sait, même les traditions contradictoires : qu'importe ? il sortira toujours de ses récits la vérité, c'est-à-dire cette grande renommée d'Orphée, pour qui la postérité exista dès le commencement, et qui doit remplir l'univers (Pierre Simon Ballanche, Essais de palingénésie sociale: Orphée, 1829 - books.google.fr).

Il n'est aucun des contes imaginés sur Bacchus qui ne procède de quelque abus du même genre. Pour défendre les dieux, il se changea en lion et attaqua les agresseurs, horribili mala, dit Horace ; en efiet. Back signifie mâchoire [en allemand] (Théophile Cailleux, Origine celtique de la civilisation de tous les peuples. Theorie nouvelle, 1878 - archive.org).

Les deux Symplégades ou Roches Cyanées passaient pour briser dans leur entrechoc les vaisseaux des nautes aventureux. La mythologie grecque offre plusieurs exemples apparentés du thème, mais la version la plus instructive et la plus riche d'illustrations littéraires est celle qu'on trouve dans le mythe des Argonautes sur quoi J. Lindsay centre ses recherches. L'auteur montre que ce passage périlleux est en réalité un voyage dans l'autre monde et transpose un rite de régénération. De même qu'on situait le jardin des Hespérides ou les îles Fortunées par-delà le détroit de Gadès, la conquête de la Toison d'or en Colchide figurait la renaissance du héros vainqueur au paradis des Bienheureux. Le heurt des rocs ou des montagnes en d'autres contes s'identifie avec les mâchoires du monstre ou du dragon qui menacent, par exemple, Psyché dans sa quête infernale de l'eau du Styx. C'est d'ailleurs un aigle qui la tire d'affaire, et l'on songe au mythe oriental d'Etana. Or, dans le mythe des Argonautes, l'histoire de la colombe envoyée en éclaireur, les fréquentes assimilations poétiques du bateau à un oiseau, le fait qu'Argô perd une partie de sa poupe, comme la colombe avait laissé des plumes aux écueils refermés sur sa queue, nous réfèrent aux représentations de l'âme-oiseau des démons ailés ravisseurs d'âmes et des divinités-oiseaux au nombre desquelles compte Athéna, déesse-chouette, qui avait participé à la construction du fameux navire (Robert Turcan, J. Lindsay, The clashing Rocks, Revue de l'histoire des religions, Volumes 171 à 172, 1967 - books.google.fr).

Dans le poème anonyme des Argonautiques, c'est Orphée qui permet à ses compagnons de dépasser l'obstacle des roches errantes (Cyanées, Symplégades) (Françoise Joukovsky, Orphée et ses disciples dans la poésie française et néolatine du XVIe siècle, 1970 - books.google.fr).

Jean Antoine Baïf (1532-1589), ami de Pierre de Ronsard et membre de la Pléiade, dans les Muses, chante Orphée et les Argonautes.

Après le récit de sa participation essentielle au lancement de l'Argo, plusieurs épisodes où il ne figure pas sont mentionnés brièvement (quatre vers chacun), tandis que la stabilisation des roches Cyanées par la musique d'Orphée est racontée en détail. Baïf met l'accent sur les incidents qui servent son thème, et il est évident que pour lui les parties significatives de la légende des Argonautes sont celles qui démontrent l'influence miraculeuse de la poésie et de la musique sur la création entière (Elizabeth Vinestock, Poétique et pratique dans les Poemes de Jean-Antoine de Baïf, 2006 - books.google.fr, Autour de Rennes le Château : Poussin pouvait-il connaître le Jugement de Mantinée ?).

Marie Madeleine et les mâchoires de la mort

Selon la tradition, en effet, le sorcier est celui qui commande aux démons et aux bêtes sauvages, à la manière d'Orphée. On se souvient de l'être surnaturel qui prend en charge le loup-garou, et le guide dans la forêt, selon les aveux de Roulet et de Grenier, rapportés par De Lancre (J.M.G. Le Clézio, Deux mythes de Maldoror, La Nouvelle revue française, Numéro 312, 1979 - books.google.fr).

Le loup est pour Aristote gennaiôs, donc une « âme bien née ». Notons qu'il est rusé, à l'inverse d'Isengrin (Bernard Jacquinod, Animaux emblématiques chez les Grecs, AniMOTS: études littéraires et lexicales, 1996 - books.google.fr).

Dans les Métamorphoses d'Ovide, Dionysos se lamente, il pleure la mort de son fidèle, de l'homme qui a inventé ses mystères. Les Bassares sont d'abord des femmes thraces, sauvages, féroces autant que leurs homologues masculins évoqués dans le traité Sur l'abstinence de Porphyre, lesquels, emportés par le délire des sacrifices humains, dévorent à pleine bouche leurs victimes ; leur folie est si grande qu'ils se jettent les uns sur les autres afin de se déchirer (Marcel Detienne, Les dieux d'Orphée, 2015 - books.google.fr).

Les Bassares ou Bassarides, prêtresses de Bacchus-Bassarus, étaient vêtues de longues robes, faites de peaux de loups, de renards, de lynx ou de panthères. Les Thraces appelaient les renards "bassares" (Encyclopédie méthodique: Antiquités, Mythologie, Diplomatique des Chartres et Chronologie, Volume 1, Panckoucke, 1786 - books.google.fr, Pierre-Nicolas Rolle, Recherches sur le culte de Bacchus, symbole de la force reproductive de la nature, 1824 - books.google.fr).

Les Bacchantes, Bassares, suivaient Dionysos comme des femmes dont Marie Madeleine, moins sauvages, suivaient Jésus.

Sur la Madeleine pénitente dite « Fabius » (vers 1630), la convertie médite le mystère de sa seconde naissance . Elle touche de la main gauche un crâne posé sur un Bible, accessoires traditionnels de la cellule de l’ascète. Le Livre des livres est ainsi fermé par le poids de la Mort, et les doigts de la sainte, par ce contact avec la tête osseuse, prennent l’empreinte du néant. La scène vaut pour un memento mori : comme sur les nombreuses natures mortes qu’on peignait à l’époque, qu’on nommait encore des « Vanités », où figuraient également le crâne avec le Livre, le peintre nous rappelle qu’il va falloir mourir. Pourtant, la leçon des ténèbres ne s’achève pas sur ce verdict désespérant. La Madeleine ne désespère pas : la tête appuyée sur sa main droite, dans la pose que l’iconographie traditionnelle attribue au penseur, mais aussi à l’allégorie de la Mélancolie, la Madeleine pense. [...] Son regard, diverti du crâne comme de la Bible, se convertit vers le miroir, objet cette fois très inhabituel dans la chambre de la recluse, et qu’on rencontre plutôt, d’ordinaire, dans le boudoir de la pécheresse. Le miroir de Vanité, dans lequel la courtisane admirait sa beauté avant que Dieu ne s’empare d’elle, est devenu miroir de méditation, instrument d’un réflexion silencieuse (la main qui supporte le menton vient aussi clore les lèvres), intense et essentielle. [...] Pour nous en revanche, spectateurs de cette scène mystique, nous qui ne faisons pas partie du nombre des élus, la lumière de l’Eternité est occultée par la Mort, la flamme dissimulée par le crâne. Aussi le miroir spirituel ne nous renvoie-t-il pas, à l’inverse de ce qui paraît aux yeux de la convertie, l’image de la lumière, mais celle de la mort comme l’écho mélancolique d’une même perte de sens (Jacques Darriulat, Le tableau et le miroir, 2008 - www.jdarriulat.net).

Georges de La Tour, Madeleine pénitente dite « Fabius » (vers 1630)

Sur la Madeleine Wrightsman , le peintre modifie la mise en scène de ce théâtre mystique. La sainte méditant au miroir s’efface maintenant pour nous laisser voir l’objet de son adoration perpétuelle. La mort est écartée et la flamme de la vie, impeccablement redoublée dans le miroir métaphysique, peut paraître en majesté. La convertie a gardé autour d’elle quelques vestiges de sa vie d’avant la Grâce : le cadre doré du riche miroir, la timbale d’argent ciselé, le lourd collier de perles, d’autres colliers qui jonchent le sol et la robe rouge, comme la tunique du Christ, maintenant négligée (Jacques Darriulat, Le tableau et le miroir, 2008 - www.jdarriulat.net).

Georges de La Tour (1593-1652), Madeleine Wrightsman - Metropolitan Museum, New York

La première convertie, dans la version qui vient d'arracher ses bijoux, est tournée vers la droite, comme la mâchoire du crâne sur lequel elle crispe ses mains. [...]

Tous s'accordent à souligner l'originalité du physique que La Tour donne à ses Madeleine : « Au lieu des ondes dorées que tant d'autres ont répandues sur les épaules de la blonde pécheresse, il nous montre des cheveux lisses et noirs », et non « une sorte de Venus chrétienne », visant à susciter l'émotion par ses larmes. [...] A cause de leur teint foncé Pariset s'était demandé si le peintre n'avait pas pensé au pèlerinage gitan des Saintes-de-la-Mer (Geneviève Rodis-Lewis, Regards sur l'art, 1993 - books.google.fr).

Les mâchoires servent à nourrir le corps qui est le tombeau de l'âme, une sorte de mort qui peut être symbolisée par des mâchoires. Le loup est affublé de mâchoires puissantes qui lui permettent d'égorger ses proies. Marie Madeleine est liée à ce corps mortel ("Noli me tangere"), elle-même corps que l'on recherche encore de nos jours (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Etudes particulières de psaumes : Psaumes 54, 119 et 129 : Hautpoul et Noli me tangere).

Dans l'esprit de cet article : toucher du doigt.

Pour Geb, le principe divin de la terre, ouvrant ses mâchoires et libérant ainsi le mort des entraves physiques. Pour l'ouverture des mâchoires en rapport avec l'ouverture de la bouche, Geb nettoye sa bouche pour le mort. Il existe un jeu de mots entre âret, « mâchoires » et le mot similaire signifiant « vantaux de porte ». L'ouverture des mâchoires de Geb implique d'une part la notion de délivrance des liens matériels de la mort physique et d'autre part le passage d'une « porte » permettant à l'être de passer d'un monde de décomposition dans un monde d'éternité (La Nouvelle revue de Paris, Numéros 3 à 4, 1985 - books.google.fr).

Plus récente et plus accessible est la profession de foi du chevalier Bayard.

Lors des duels, des sièges, des batailles, le maniement de l'épée est sacralisé par des gestes pieux qui placent le «preux chevalier» dans une parfaite union de la foi et de la vie noble : (Joël Cornette, Les nobles et la foi du siècle des Réformes au siècle de l'Etat absolu, Société, culture, vie religieuse aux XVIe et XVIIe siècles: actes du Colloque de 1995, 1995 - books.google.fr).

O dieu souverain, si ton filz a crainct comme homme la mort, que peult faire le pecheur comme je suys qui est encore entre les machoires de la mort ! Jesus, veuille moy pardonner selon les merites de ta saincte passion et iceulx veuillent supplier mes deffaultes, affin que avec ta saincte protection je puisse toy louer en la gloire eternellement (Symphorien Champier, Les Gestes ensemble la Vie du preux chevalier Bayard (1525), présenté par Denis Crouzet, 1992 - books.google.fr).

Symphorien Champier avait épousé Marguerite du Terrail, cousine du chevalier Bayard (Pierre du Terrail, dauphinois), et soeur de Madeleine épouse de Claude de Varey.

Admirateur et disciple de Lefèvre et de Ficin, Symphorien Champier (1471-1539) était [...] ce médecin lyonnais, qui entre deux batailles ou deux missions diplomatiques, car il passa une partie de sa vie au service des princes trouva le moyen de composer, sur les sujets les plus divers, de multiples ouvrages, [comme] ceux qui concernent Hermès Trismégiste (R. Marcel, La fortune d'Hermès Trismégiste, L'humanisme Français au début de la Renaissance: Colloque International de Tours (XIVe stage), 1973 - books.google.fr).

En distinguant Marie-Madeleine, sœur de Lazare, de Marie-Madeleine la pécheresse, Jacques Lefèvre rompait avec une des légende les plus populaires au moyen âge. C'est la thèse qu'il défendit dans l'opuscule qu'il publia en 1518, De Maria Magdalena et triduo Christi disceptatio, à la demande de son ancien élève François du Moulin de Rochefort, lequel avait été sollicité par la reine-mère Louise de Savoie. [...] Cet opuscule de Lefèvre fut attaqué par Marc de Granval, augustin de Saint-Victor, et peu après par John Fisher, évêque de Rochester, à qui Etienne Poncher, évêque de Paris, avait demandé son avis. Il fut par contre bientôt défendu par Josse Clichtove, et Lefèvre lui-même écrivit une Disceptatio secunda pour défendre et approfondir sa méthode d'exégèse. Cornélius Agrippa vint aussi à la rescousse contre les attaques des prédicateurs dominicains et franciscains. Tandis que Granval et Fisher récidivaient, Noël Beda publia à son tour une Scholastica declaratio contre les idées de Lefèvre. Peu après, Symphorien Champier de Lyon admettait dans son Evangelistarum symphonia la distinction des deux Madeleines, et Willibald Pirckheimer défendait la primauté de l'Écriture et la liberté de discussion en une matière qui n'était pas de foi (Bibliographie : A. Hufstader, Lefèvre d'Etaples and the Magdalen, Bulletin de théologie ancienne et médiévale, Volume 11, 1970 - books.google.fr).

Le 9 novembre 1521, la Faculté de théologie rendit un arrêt interdisant de révoquer en doute l'unité de Madeleine, et Le Fèvre fut traduit, comme hérétique, devant le Parlement. Mais encore une fois François Ier arrêta l'affaire (Emile Doumergue, Jean Calvin, Volume 1, 1899 - books.google.fr, Synthèse : Calendrier : Les Trois Marie).