Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Les Prophètes et Rennes le Château   Tintin et l’Alph’art : cherchez le pivert ou toutes des putes   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES ALPHA'ART OMEG'ART APOCALYPSE PIVERT PROSTITUEES MAGICIENNES

Tintin et l'Alph-Art est le 24e et dernier album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par le dessinateur et scénariste belge Hergé. Alors qu'il enquête sur l'assassinat du propriétaire d’une galerie d’art, Tintin découvre un trafic de faux tableaux réalisés par Ramo Nash étroitement lié à une secte à laquelle Bianca Castafiore a adhéré, et dirigée par Endaddine Akass, alias Rastapopoulos. Tintin se retrouve pris au piège dans l'île d'Ischia et menacé d'être transformé en sculpture. L'histoire commence dans le domaine de Moulinsart, alors que le capitaine Haddock est pris d'un cauchemar mettant en scène Bianca Castafiore transformée en pivert (fr.wikipedia.org - Tintin et l'Alph-Art).

La pagination présente dans cet article renvoie à l'édition de 2004.

Pivert, Ramo Nash (ramonage, ramoneur) peuvent renvoyer à Woody Woodpecker et à La Bergère et le Ramoneur de Paul Grimaud.

Loch Lhomond, Pivert et Archibald : vers l'Ecosse

Strabon n'avait pas su remarquer le rapport qu'offrait le nom de l'île de Peucè et de ses habitants les Peucins, avec le nom des Peucétiens d'Italie. Rien n'empêche, d'ailleurs, que les Peucins aient passé par l'Arcadie avant d'émigrer dans le Picenum, et qu'ils y aient même séjourné pendant un temps plus ou moins long. Toute l'antiquité a reconnu que les Arcadiens avaient émigré en Italie avec Evandre. On sait que les Arcadiens étaient un peuple du Péloponèse qui sortait d'Argos, l'antique Apia. Comme ce sont aussi des Arcadiens que Denys d'Halicarnasse donne pour compagnons à Œnotrus et Peucetius, il semble naturel d'assimiler Evandre à Œnotrus, à moins qu'il y ait eu plusieurs migrations sorties de l'Arcadie ; ce qui est très probable. [...]

Silius Italicus, en affirmant que Picus (le Pivert), descendant de Saturne, donna son nom au Picenum comme aux Picentes et aux Picentins ou gens du Pic, nous prouve que les Pici de Pline et les Peuci d'Ammien Marcellin étaient réellement le même peuple que les Piki, Peuki ou Peucini. [...]

Nous nous trouvons donc ici à l'origine de la nation des Pictés, et elle s'annonce historiquement comme la nation des Peucins ou Peucétiens, gens du Pays-plat, devenus chez les Sabins d'Œnotrus les Pici, Piki ou gens du pivert. Ce ne fut que plus tard, je le répète, qu'elle ajouta à ces deux noms celui de Picti ou Pictae, les gens peints, piquetés, tatoués. [...]

Mais il est prouvé que le nom de Pictés (Picti, en latin, les Peints) que se donnaient les Calédoniens peu de temps avant l'ère chrétienne, fut originairement Piks (en latin Pici, les Pics ou Piverts) (Emile Petitot, Origines et migrations des peuples de la Gaule jusqu'à l'avènement des Francs, 1894 - archive.org).

Dans le conte de Walter Scott, le Coeur du Midlothian (appelé aussi La Prison d'Edimbourg) se côtoient Arcadie écossaisse, John Archibald, valet de chambre du neuvième comte d'Argyll, Archibald (Mary Fair Anderson Husband, The Characters In The Waverley Novels, 2014 - books.google.fr, Walter Scott, La Prison d'Édimbourg, nouveaux contes de mon hôte, recueillis et mis au jour par Jedediah Cleishbotham, Volume 4, 1821 - books.google.fr).

La région d'Argyll confine au lac de Lhomond qui donne son nom au whisky Loch Lhomond apprécié de Haddock.

Archibald correspond à Archambaud (B. Du Gue, A Pronouncing Dictionary of the French Language: In Two Parts, 1854 - books.google.fr).

Un des problèmes les plus intéressants que soulèvent ces toiles — et singulièrement la première en date, celle du Guerchin — concerne l'origine du texte de l'épitaphe. En effet, l'expression ne se retrouve pas dans la littérature latine classique, ni dans aucun corpus d'inscriptions. D'emblée, il faut exclure l'hypothèse d'une création par le Guerchin lui-même, peintre de basse extraction et dépourvu de formation humaniste. Certains ont attribué la composition de la devise à un commanditaire cultivé ; ainsi Panofsky a avancé, comme "prôtos euretès" de la devise, le nom du cardinal Giulio Rospigliosi (1600-1669), le futur pape Clément IX. D'autres chercheurs supposent que la formule Et in Arcadia ego représente une locution déjà répandue dans la prose néolatine du début du XVIIe siècle en Italie, mais qui n'a pas été jusqu'ici retrouvée dans les sources : « On pourrait imaginer que les quatre mots, isolés de leur entourage, et revêtant la forme abrégée d'une devise, ont eu cours, et que leur sens était généralement connu » (W. Weisbach). En créant ce tour phraséologique, un humaniste a pu se souvenir d'un passage du chant VII des Bucoliques, où les bergers Corydon et Thyrsis, au moment d'engager une joute poétique, sont désignés comme ambo florentes aetatibus, Arcades ambo, et cantare pares et respondere parati (Bucolique VI, 4-5).

L'expression Arcades ambo, « nous sommes Arcadiens tous deux », a dû acquérir une valeur proverbiale, désignant deux spécialistes, jaloux de leur art et de leur habileté. Il n'est pas interdit d'imaginer qu'à cette revendication d'exclusivité une réplique a été forgée, du type et Arcas ego, - ou encore et in Arcadia ego, « moi aussi je fais partie de la société des poètes ». D'autre part, l'usage de la formule comme épitaphe ne peut être dissocié du thème littéraire du « tombeau en Arcadie », présent dans l'œuvre pastorale de Sannazar et qui remonte aux Bucoliques de Virgile : la sépulture fait partie intégrante du paysage arcadien et elle amène les pâtres à la réflexion mélancolique sur la mortalité comme trait essentiel de leur condition (Lambert Isebaert, Et in Arcadia ego, Patrimoine littéraire européen Actes du colloque international: Namur, 26, 27 et 28 novembre 1998, 2000 - books.google.fr).

Ischia

Le repaire d'Endaddine Akass est situé dans l'île d'Ischia près de Naples en Italie.

Il est bien naturel que le personnage féminin de la Vierge contemple la scène : elle incarne la ville de Naples ou Parthénope (du grec parthénos, vierge). Parthénope était une sirène dont le corps fut rejeté par la mer sur le rivage où la ville prit ensuite naissance. La Vierge du tableau appuie son poing sur sa hanche : Ischia est la grande île qui ferme, avec Capri, la baie de Naples (jeu de mot avec le grec iskhion, la hanche) (jeff666, Débat sur le serpent rouge, 2006) (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Le Calendrier de La Vraie Langue Celtique 2 : Le calendrier et l’église Saint Sulpice de Paris).

Ischia est une île italienne située en mer Tyrrhénienne, au nord du golfe de Naples, dans le groupe des îles Phlégréennes Les Grecs l'appelaient « Pithécusses », nom qui peut venir du mot grec pithekos (« singe »), en référence à la légende selon laquelle les premiers habitants de l'île, les Cercopes, avaient été changés par Zeus en singes en raison de leurs parjures. Pline l'Ancien révoque cette étymologie (non a simiarum multitudine (pas par le nombre de singes)), et fait dériver ce nom de pythoi en raison des amphores ainsi nommées produites à Ischia (fr.wikipedia.org - Ischia).

Le vase grec de la page 41 du Secret de la Licorne au premier plan de la case où se trouve les deux frères Loiseau est une figure noire qui présente deux guerriers grecs avec leur casque à cimier à droite d'un personnage assis ou fléchi sur ses genoux derrière lequel se trouve une forme serpentine terminée en haut par une étoile ou une touffe. Cette forme est rattachée au dos du personnage assis aussi pourrait-on y voir une queue terminée par un toupet. Les singes à longue queue sont présents pages 30 et 31 du Trésor de Rackham le rouge. Il y en a quatre, puis deux qui font tomber la carabine du capitaine Haddock sur la tête des deux Dupondt. Le cercopithèque ou cercops, singe à longue queue, de "kerkos" "queue" en grec, a donné le nom des deux frère Cercopes qui était des brigands comme les Loiseau. Comme avec Ischia, on a à faire avec une île, au trésor dans Le Trésor de Rackham le Rouge.

Hérodote III, 37 affirme cependant qu’Héphaïstos est semblable aux pygmées et Patèques que les Phéniciens transportaient sur leurs bateaux. [...] Phérécyde raconte que les Cercopes Sillos et Triballos furent transformés en « pierres » en raison de leur infamie (bestialité) ; Xénagore affirme qu’ils sont devenus des singes et que c’est d’eux que les Pithékoussaï ont reçu leur nom (Jörge Lanz von Liebenfels, Théozoologie, ou la science relative aux hommes-singes de Sodome et à l’électron divin, 1905).

Jörg Lanz von Liebenfels, en réalité Adolf-Joseph Lanz né le 19 juillet 1874 à Vienne en Autriche et décédé le 22 avril 1954 à Vienne était un moine cistercien, théoricien et fondateur de la revue raciste et eugéniste Ostara.

L’appellation « Patèque » vient d'Hérodote qui, dans ses Histoires, fait allusion aux proues des bateaux phéniciennes en forme de nain protecteur.

Le Secret de la Licorne pointe vers Venise en Italie, où se trouve aussi Ischia (La Croix d’Huriel : Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel : Elle voulait qu’on l’appelle Venise : la Licorne et le Trésor de Rackham le rouge).

Or le créateur du pivert Woody Woodpecker est Walter Lantz (1899 - 1994). Il est apparu comme un personnage secondaire dans la série Andy Panda (autre héros de Walter Lantz). Le cocréateur du personnage était Ben Hardaway (celui-ci venait de créer Daffy Duck à la Warner Bros. Pictures et a également esquissé le premier Bugs Bunny) (fr.wikipedia.org - Walter Lantz).

Circé et Ischia

Le Mont Circé se trouve dans le Latium au nord-ouest d'Ischia.

Épouse d’un roi des Scythes, Circé l’empoisonna pour régner seule, et commit encore tant d’autres crimes que ses sujets finirent par la chasser. Après avoir longtemps erré avec quelques unes de ses femmes, elle vint se fixer dans l’île d’Æa ou d’Œnaria (aujourd’hui Ischia), à l’entrée du golfe de Naples. Ce fut la, dans son palais de marbre, gardé par des loups et des lions, qu’elle attira les compagnons d’Ulysse, et que, selon le récit d’Homère, elle les métamorphosa en pourceaux, en leur faisant prendre un mélange de vin, de miel et de farine, additionné de certaines substances mystérieuses. Ulysse lui—même osa vider la coupe qui lui était offerte et le fit impunément, parce qu’il avait à l’avance conjuré l’effet du poison à l’aide d’une plante merveilleuse dont il devait la connaissance à Mercure. Homère la nomme moly. « Sa racine, dit-il, est noire, sa fleur est blanche comme le lait. Les mortels l’arrachent difficilement à la terre; mais tout est facile aux dieux. » Qu’était—ce que ce moly ? on l’ignore (Arthur Mangin, Les Poisons, 1869 - books.google.fr).

Quel rapport s'établit, sur un plan mythique, entre le cochon (pig) et le pivert (picus), dont les noms semblent analogues sur un plan lexical ? Les deux animaux sont considérés comme les inventeurs du labourage. Plutarque rappelle qu'en Égypte le porc passe pour être l'inventeur du labourage. En fendant la terre de son groin, il a « ouvert la voie au travail du soc ». Dans toute une partie de l'Europe ancienne, c'est au pivert que l'on attribue l'invention de la charrue, à cause de son bec fouilleur et fouisseur. Dans les deux cas, l'animal tire sa fonction mythique et sacrée de son rôle d'initiateur et d'inventeur de l'agriculture. La légende (ou le mythe) de Picus et Circé associe précisément le sanglier et le pivert autour de Picus. Selon Ovide, la nymphe Canens, personnification du Chant (et dont le nom signifie d'ailleurs la « chantante »), est mariée au roi Picus et l'aime beaucoup. Mais, au cours d'une chasse au sanglier, la magicienne Circé s'éprend de Picus. Pour l'éloigner des humains, elle « façonne une apparence de sanglier irréel et sans consistance » et le fait passer devant Picus. Aussitôt, celuici poursuit la bête mais il s'égare dans les bois. Circé l'accoste et lui fait sa déclaration d'amour, mais Picus la repousse car il est attaché à Canens. Alors, Circé transforme Picus en pivert. Dans la mythologie romaine, Picus serait le fils d'un certain Stercès dont le nom évoque le fumier. Il passait pour être un excellent devin et il vivait en compagnie d'un pivert, « oiseau prophète entre tous » selon Pierre Grimal. Il existe en russe le nom d' un oiseau apparenté à celui du porc anglais et du pivert et dont les mœurs sont ceux de la huppe. Il s'agit du pigalitsa (itsa étant sans doute un diminutif), autrement dit le « vanneau ». Ce petit échassier de la taille du pigeon possède une huppe noire. Il permet d'établir un lien entre la mythologie du pivert et celle du roitelet ou de la huppe. Or, le roitelet est assimilé linguistiquement et mythologiquement au druide chez les Celtes. Dans la Navigation de Maelduin, on note l'alternance de porcs et d'oiseaux pour manger les pommes merveilleuses de l'Autre Monde. Ces oiseaux ne seraient-ils pas justement les frères mythiques des pigs, eux aussi grand amateurs de pommes ? Comme la pomme est, pour les Celtes, un fruit de science, il faut reconnaître au porc un rôle sacré et sacerdotal, comparable à celui du pivert dans la tradition romaine archaïque. Ainsi, le nom anglais du cochon ne serait pas sans relation avec celui du pic. En effet, le mot anglais pig remonte au moyen-anglais pigge, issu probablement d'un vieilanglais *picga (parallèle à docga pour dog). Cette forme vieil-anglaise *picga rappellerait bien le pic qui serait un terme désignant l'animal par la forme de son groin. Le cochon « pique », en effet, la terre avec son groin. En irlandais, la pie se dit becc. Le mot désignera par la suite le bec de tous les oiseaux. Autrement dit, cet oiseau (pica en latin) se définit surtout par son bec piquant et voleur car la pie est voleuse, comme chacun sait, et « piquer » est aussi un synonyme de « voler ». Le bec de l'oiseau pic rejoint dans sa fonction très particulière du piquage le boutoir du cochon (pig) [...].

Ainsi, les dénominations lexicales dans les langues indoeuropéennes n'obéissent pas à une logique réaliste (où un même étymon s'appliquerait toujours à des animaux identiques) mais à une idéologie « classificatoire » fonctionnelle (pour parler comme Dumézil) : le même étymon peut exister pour des animaux différents (un cochon et un oiseau), mais ces animaux ont nécessairement la même valeur et fonction mythiques dans l'idéologie générale. (Philippe Walter, Tristan et Yseut, 2006 - books.google.fr).

Ulysse atteint Aea, île de l'Aurore, domaine de la magicienne Circé (fille d'Hélios et de Perséis ou Hécate) qui endort les marins descendus à terre et les transforme en pourceaux (Dominique Frémy, Quid ?, 2001 - books.google.fr).

Vanneau est le nom de l'élagueur des Bijoux de la Castafiore.

Comme suite des Bijoux de la Castafiore, l'Alph'art possède encore le bateau de Monastir L'Emeraude.

L'expert Jacques Monastir

Il meurt au cours d'une croisière sur son voilier, l'Émeraude, qui a été retrouvé vide, dérivant au large d'Ajaccio, près des îles Sanguinaires.

Monastir est une ville de Tunisie jumelée depuis 1969 avec Münster en Allemagne (Westphalie). C'est la capitale des Bructères, peuple germanique, dont la magicienne Velléda fut le conseil.

Dès sa naissance à Saint-Malo, François-René de Chateaubriand, est envoyé au « bon air de Plancoët », « joli village », berceau de sa famille maternelle. C'est à la roche de Velléda, lieu de rêveries, qu'il il imagina cette "druidesse romantique" des Martyrs. Plancoët est à l'interieur des terres, près de la côte d'Emeraude (www.valdarguenon.fr - Chateaubriand).

Hippolyte Maindron, Velléda contemplant la demeure d'Eudore, 1844, Jardin du Luxembourg de Paris

Eugène Herpin (1860-1942), avocat historien local, parrain de la « Côte d’Émeraude » pour lui avoir donné ce nom en 1894, habitait Paramé. Le secteur délimité par la Rance, la Manche et la dépression de Châteauneuf portait jadis le nom de Clos-Poulet (nom issu de « Pou-Alet », du latin Pagus Aleti, « le pays d'Alet »). Il fut rebaptisé Côte d’Émeraude sur le modèle de Côte d'Azur afin d'accompagner le développement touristique (fr.wikipedia.org - Côte d'Emeraude).

La vraie Velléda est la fille de Segenax, de la nation des Bructères. Elle habitait une tour sur la Lippe. Elle exerçait une influence immense sur toutes les populations germaniques. Considérée comme une déesse vivante, elle était communication avec les dieux Sucellus et Nantosuelte. Son nom, avec un seul L, Veleda, veut dire "voyante" en gaulois. Un bref extrait de Stace permet d'établir que Velléda, prisonnière en 77 ou 78 du général romain Caius Rutilius Gallicus, fut amenée à Rome, où elle vécut, semble-t-il, quelques années. Une épigramme grecque retrouvée à Ardea, au sud de Rome, se moque de ses pouvoirs magiques (fr.wikipedia.org - Velléda (prophétesse)).

J'étais destiné à éprouver un genre de critique tout particulier. Il a fallu, pour m'attaquer, changer de poids et de mesures, et reprocher aux Martyrs ce qu'on approuve partout ailleurs : car ce n'est pas la manière, c'est le fond qu'on censure dans l'épisode de Velléda : et pourtant Velléda est-elle autre chose que Circé, Didon, Armide, Eucharia, Gabrielle ? Je n'ai fait que suivre les traces de mes devanciers, en ajoutant à ma peinture un correctif qu'aucun auteur n'a mis à la sienne. Renaud ne se repent point de ses erreurs, comme amant; il rougit seulement de sa mollesse, comme guerrier. Il retrouve Armide, il la console, il s'en va de nouveau avec elle ; et quel tableau que celui de Renaud couché sur le sein d'Armide, et puisant tous les feux de l'amour dans les regards de l'enchanteresse ! Si j'avais retracé de pareilles images, que n'eût-on point dit, que n'eùt-on point fait ? Et remarquez toutefois que l'écrivain de ces scènes voluptueuses allait être couronné de la main d'un pape au Capitole, lorsqu'il mourut la veille de sa gloire. Eudore se repent, Eudore combat sa faiblesse; après sa chute, il la déplore, il se soumet à une pénitence publique, il retourne à la Religion; et son repentir est si grand, si sincère, qu'il le conduit au martyre.

Le fils de Lasthénès entend dans les airs des concerts ineffables, et les sons lointains de mille harpes d'or, mêlés à des voix mélodieuses. Il lève la tête, et voit l'armée des Martyrs renversant dans Rome les autels des faux dieux, et sapant les fondements de leurs temples parmi des tourbillons de poussière. Une échelle merveilleuse descend d'une nue jusqu'aux pieds d'Eudore. Cette échelle était de jaspe, d'hyacinthe, de saphirs et d'émeraudes, comme les fondements de la Jérusalem céleste. Le martyr contemple la vision de splendeur, et appelle par ses soupirs l'instant où il pourra suivre ce chemin du ciel (Livre XXIV) (François-René de Chateaubriand, Examen des Martyrs, Oeuvres complètes, Volume 3, 1867 - books.google.fr).

Dans les Sylves (liv. IV), le jésuite et poète néolatin Jacques Balde voit les vierges allemandes arracher douloureusement de leurs cheveux les guirlandes de roses; il les voit défigurées, méconnaissables, semer les cendres sur leurs têtes.... Son oreille est frappée par des cris de détresse; ces cris montent jusqu'aux bords des nuages; l'Allemagne, naguère reine du monde et invincible, la voilà esclave: veuve, en habits de deuil, sans enfants.... Puis, il introduit l'Allemagne elle-même, et lui prête à peu près le langage suivant :

«Depuis qu'une comète, rouge de feu, avec sa robe traînante nous apparut (La comète qui précéda le commencement de la guerre de Trente ans), avons-nous aperçu la lueur seulement d'une année gracieuse ? La paix s'est envolée au delà des fleuves bondissants du septentrion.... Les châteaux, les boulevards, les remparts de l'empire ne servent plus d'abri.... les tours, qui s'élançaient dans les nuages, les portes d'airain et les murs se sont écroulés.... Au loin, ils couvrent le sol. Le printemps de la vie ne protége point la jeunesse, l'âge ne couvre point de sa protection le vieillard. La beauté, la vertu, la gloire sont couchées là, côte à côte, pêle-mêle, cadavres qu'aucun gazon ne sépare. Malheureuse Allemagne! ta propre grandeur t'a broyée! Pourquoi quitter tes cavernes rustiques ?... Ah ! puissances jalouses du ciel, pourquoi nous laisser un sceptre trompeur ?... L'empire romain n'a frayé la route pour moi à travers des trésors et des honneurs amoncelés que pour rendre ma chute plus lourde. Jupiter railleur n'a confié la foudre à mes mains que pour me frapper par elle! c'est pour cela que son aigle me suit, traîtreusement fidèle! Que ne puis-je retourner vers les montagnes alpestres et vers les bois hospitaliers des Quades? que ne puis-je errer, sans domicile, dans la forêt Hercynienne ? La misère me tient close dans les cités malades, pour me faire endurer toutes les douleurs de l'humanité. Ah! puissances célestes, rendez-moi la nourriture frugale, rendez-moi mes grottes sauvages ! J'étais plus heureuse lorsque les glands formaient ma nourriture. Que le gland assouvisse de nouveau ma faim. Que la source où se mire la fougère, que cette coupe d'émeraude épanche ma soif ! Puisses-tu reconnaître tes vieux Germains, ô Tacite! Que le fils des Bructères, plongé dans le lit du Rhin, proclame l'innocence de sa mère, qu'il soit un témoin irrécusable de sa chasteté !» (Louis Spach, Archéologie, Histoire alsatique, Tome V, 1871 - books.google.fr, Abbé Brunner, Jacques Baldé, le grand poète de l'Alsace. Notice historique et littéraire, 1865 - books.google.fr).

Les traités de Westphalie (ou paix de Westphalie) concluent la guerre de Trente Ans et la guerre de Quatre-Vingts Ans le 24 octobre 1648. Ils sont à la base du « système westphalien », expression utilisée a posteriori pour désigner le système international spécifique mis en place, de façon durable, par ces traités. Catholiques et protestants ayant refusé de se rencontrer, les négociations se tiennent à partir de décembre 1644 à Münster pour les premiers et à partir de 1645 à Osnabrück pour les seconds (fr.wikipedia.org - Traités de Westphalie).

Le nom des Îles Sanguinaires pourrait venir de la couleur rouge, même si sur une carte datée de 1595, l'archipel est nommé « Sagonares insulae », soit « les îles qui annoncent Sagone » (fr.wikipedia.org - Archipel des Sanguinaires).

Endaddine / Engaddi

Le mage Endaddine Akass soit "En dat in a kas» signifie à peu prés "et ça dans ta caisse" (figure) ou. plus clairement "encaisse ça" (Philippe Goddin, Hergé: Lignes de vie, 2007 - books.google.fr).

Saint Paulinus de Nole, qui écrivit la vie de saint Felix, note au sujet d'un miracle dont il bénéficia comme David à la caverne d'Engaddi : "Sic ubi Christus adest nobis, et aranea muro est / At cui Christus abest, et murus aranea fiet." On est en sûreté, quand on est sous les jeux de la divine Providence, quand Dieu prend soin de nous, les toiles d'araignées sont des murs plus forts que les remparts, mais si nous ne sommes point sous la protection du Seigneur, les remparts les plus forts sont de faibles toiles d'araignées (Cornelius a Lapide, Commentaria in sacram scripturam, Tomus 2, 1854, Jean Croiset, Les vies des saints pour tous les jours de l'année, 1731) (Autour de Rennes le Château : Messie, Messias).

Le Paraphraste Chaldéen dit,que Dieu se servit d'une toile d'Araignée pour mettre à couvert David, lorsqu'il se cacha dans la caverne d'Engaddi, & empêcha qu'il ne tombât entre les mains de Saül, quand cet ennemi irréconciliable le cherchoit par tout pour s'en défaire : Accersivit Araneam ut perficeret in ore speluncae Engaddi telam propter me (Honoré Simon, Le grand dictionnaire de la Bible, ou Explication littérale et historique de tous les mots propres du Vieux et Nouveau Testament, Tome I, 1768 - books.google.fr).

La ville de Nola est à l'opposite d'Ischia par rapport à Naples.

L'histoire a conservé le souvenir de plusieurs grandes éruptions volcaniques dans l'île d'Ischia. La plus terrible de toutes, rapportée par Timée (ap. Strab.V, p. 171), comme survenue peu avant son temps (l'an 384° environ av. J.-C. ), causa une telle frayeur aux habitants même de la Campanie, qu'ils abandonnèrent la côte, et se réfugièrent dans l'intérieur des terres. [...] Les Grecs occupèrent Nole lors de l'éruption volcanique d'Ischia [...] Des médailles de cette ville, empreintes de caractères grecs, furent sûrement frappées à une époque où les habitants de Nole étoient devenus un mélange de plusieurs nations. Toutefois Denys (Excerpt. p. 2315) se contente d'appeler les Nolans « un peuple voisin et ami des Grecs. » (M. J. Micali, L'Italie, avant la domination des Romains, avec des notes et des éclaircissements historiques, par M. Raoul-Rochette, 1824 - books.google.fr).

Les Grecs Eubéens ont laissé plusieurs souvenirs de leur séjour à l'ile d'Ischia. D'abord l'ancien nom d'Aenaria qui signifie abondante en vin, est grec et vient du mot Oinos, (vin), dont l'ile produisoit dès-lors une grande quantité (Tableau topographique et historique des isles d'Ischia, de Ponza, de Vandotena, de Procida et de Nisida; du cap de Misène et du mont Pausilipe, 1822 - books.google.fr).

Mais l'animal le plus récurrent et redoutable, sous son aspect furtif et chétif, reste l'araignée (TAC, EM, IN... cf p. 141, note 131), cet animal dont les toiles mortifères sont le contraire de celles qu'aimait et collectionnait l'auteur de l'Alph Art.

Animal récurrent dans les aventures, apparu dès la sixième case du premier album, en lien significatif avec le miroir qui sera l'attribut trompeur de la Castafiore (TAC,1,3,1) l'araignée y est aussi le premier monstre anormal (LEM,54,4,3) : Ranko n'était sur l'Ile Noire qu'un gorille ordinaire, masculin et gentil, bon pour le zoo : un faux monstre. Comme tous les monstres masculins, du premier Haddock à Rastapopoulos, en passant par Müller, il finit maté. Elle survient, féroce, à l'instant précis où Tintin et Milou fêtent leur salut en dansant, pauvres innocents que la mer (mère) s'apprête à engloutir pour leur sacrilège d'avoir voulu tirer au clair ses mystères d'étoile mystérieuse et s'en emparer. L'araignée a pour fonction d'incarner l'horreur de la réalité à l'état pur, celle qu'on ne peut esquiver, ni écraser (Vol 714,19,4,3 à 20,1), celle qui s'impose à l'instar de l'étoile mystérieuse, avec laquelle elle a partie liée. Celle qu'aucun artifice, aucun récit, aucun art ne peut éluder. Par elle, brute et primaire, bête effroyable, « l'art est nié » – cet art dont la monstruosité féminine s'enveloppe vainement à travers la profession tonitruante de la Castafiore, qui se prend d'ailleurs pour l'Art en personne : « Je vais les accueillir. L'Art doit ouvrir ses bras aux enfants de l'aventure » (CES,40,3,1). Cet art qui chatoie à travers les bijoux, les parures de la scène, et que toujours le lapsus démasque. Cet art, en vérité, qui s'évertue de manière captieuse à dissimuler ce qu'a de cru « l'origine du monde », Courbet l'a montré, et dont par un art plus grand, sincère et de ligne claire, mettant en scène l'Odyssée d'un cœur pur, Hergé est parvenu à conjurer les sortilèges à la Circé, pour le plus grand bien de l'humanité (Philippe Ratte, Tintin ou l'accés à soi, 2015 - books.google.fr).

En ou Ain signifie oeil ou fontaine, dor génération ou maison (Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement appellé dictionnaire Trévoux, Tome 2, 1732 - books.google.fr).

« Qu'il n'y ait point parmi vous de sorcier ni d'évocateur des esprits ; qu'il n'y ait personne qui interroge les pythons ou les devins, et qui demande la vérité aux morts » (Deut. XVIII,11). Cela, Saül le savait mieux que personne, puisque c'est précisément en vertu de cette prescription qu'il avait fait pourchasser et mettre à mort, sur le territoire de son royaume, toutes les devineresses et tous les devins. Fût-ce réellement le zèle de la Loi qui le poussa à cette persécution ? — Ce n'est pas impossible, , car ce zèle, il l'eut certainement, et il faut lui rendre cette justice que, sous son règne, le service de Dieu ne connut aucun fléchissement en Israël. Néanmoins, la plupart des commentateurs inclinent plutôt à croire que ce fut de sa part un acte de vengeance envers les devins : car ceux-ci, reprenant à leur compte les prophéties de Samuel, qui offraient évidemment toute garantie, annonçaient à qui mieux mieux que le règne de Saül touchait à sa fin et qu'il serait bientôt remplacé par David. Après cette exécution massive, le roi était donc moins qualifié que personne pour aller consulter une magicienne. Mais complètement dominé par ses passions, il ne se souciait plus maintenant d'aucune logique dans sa conduite. A la question qui leur était posée, les deux familiers répondirent qu'ils connaissaient une pythonisse à Endor. D'après l'Histoire Scholastique, qui s'appuie elle-même sur l'autorité de saint Jérôme, cette femme avait échappé au massacre, parce qu'elle était la propre mère d'Abner, l'un des deux confidents de Saül. Elle se cachait maintenant dans la ville d'Endor, près de la source d'Engaddi. La version hébraïque l'appelle une nécromancienne et les Septante portent qu'elle était « ventriloque ». D'autres versions disent dans le même sens qu'elle avait « un python dans le ventre », c'est-à-dire que son démon parlait en elle, sans qu'elle ouvrit la bouche ni qu'elle fît entendre aucun son avec ses lèvres, donnant l'impression que cette voix venait d'ailleurs, même de très loin, comme font les ventriloques (Jean de Monléon (1890-1981), Histoire sainte: Le Roi David, 1971 - books.google.fr).

Endaddi ressemble à un mixte d'Endor et d'Engaddi.

Cependant l'Histoire Scholastique de Pierre Le Mangeur (Comestor) parle d'Endor près de la source d'Endor et non d'Engaddi. En effet Endor se trouve près du Mont Thabor dans la tribu de Manassé, au nord d'Israël, alors qu'Engaddi se trouve près de la Mer Morte dans la tribu de Juda.

David épargne par deux fois la vie de Saül, à Engaddi, et à Ziph où il reproche à Abner, fils de la pythonisse d'Endor, de ne pas bien protéger le roi (Pierre Comestor, Historia Scholastica, I Regum - la.wikisource.org).

Gustave Doré, Saul bei der Wahrsagerin in Endor, 1866, Bibel aus dem Verlag Tours von Alfred Mame - www.zeno.org

Le déplacement du N de Endaddin(e) pour libérer Endaddi (Engaddi) permet de fabriquer "nakass".

Naccah, Naccache, Nakache, Nakas, Nacash : De l'arabe naqqâsh, subst. « graveur », « sculpteur », « ciseleur » (Paul Sebag, Les noms des juifs de Tunisie: origines et significations, 2002 - books.google.fr).

Bonaventure Brocard, auteur du XIIIe siècle, nous a laissé une savante description de la Terre-Sainte (Colog. 1774-, in-8.). Il dit que de son temps on voyait encore la statue de sel de la femme de Lot entre Engaddi et la mer Morte. Christien Adrichomius, auteur d’un ouvrage intitulé Theatrum Terræ Sanctœ (Col. 1643, in-8) assure qu'elle existait encore de son temps. Les rabbins sont persuadés qu’elle durera jusqu'à la consommation des siècles. (Vid. Targum Hierosolymitanum). Cette statue a donné lieu a cette énigme : Caduver nec habet suum sepulcrum. / Sepulcrum nec habet suum cadaver. / Sepulcrum tamen et cadaver intus. (Voy. Hierar. M. subter. 1. part. pag. 302.) (Oeuvres complètes de Saint Cyrille patriarche de Jérusalem, traduit par Antoine Faivre, 1844 - books.google.fr).

Brocard place la ville de Segor entre Engaddi et la Mer Morte, en cela il se serait trompé (La Sainte Bible en françois et en latin avec des notes littéraires tirées du commentaire de Calmet, de l'abbé de Vence, Tome I, 1767 - books.google.fr).

Tintin est menacé d'être transformé en statue, en expansion de César, coulé dans du polyester liquide (pages 48-49) (poly-ester, poly-clète etc.).

Notons Esther d'Engaddi, opéra italien, musique de Achille Péri et livret de Salvatore Cammarano, représenté à Parme en février 1843, et au théâtre de la Cruz, à Madrid, en 1845 ; et un autre Ester d'Engaddi, musique de Graffigna, représenté à l'Opéra italien d'Odessa en 1845. Ils s'inspirent de la tragédie écrite par Silvio Pellico (1789 - 1854), patriote italien, de même titre, écrite sous les plombs de Venise en 1821. Ester d’Engaddi fut jouée avec succès sur le théâtre de Turin en 1831 ; mais la censure apposa son veto, et, bien qu’il n’y ait pas dans la pièce un mot de politique, la représentation fut arrêtée (Félix Clément, Pierre Larousse, Dictionnaire lyrique ou histoire des opéras, Tome 1, 1869 - books.google.fr, Charles Didier, Poètes et romanciers modernes de l’Italie Silvio Pellico, Revue des Deux Mondes, 4ème série, tome 31, 1842 - fr.wikisource.org).

Dans Le Talisman, roman sur les Croisades, Walter Scott fait intervenir un ermite d'Engaddi, où se trouve un couvent de Carmélites, intermédiaire pour négocier une paix générale entre Saladin et Richard Coeur-de-Lion (Sir Walter Scott, La démonologie, ou Histoire des démons et des sorciers, 1838 - books.google.fr).

Polyclète

Dans l'immeuble de la galerie de Marcel Fourcart, plusieurs habitants présentent des noms suggestifs :

Thomas d’Hartimont : journaliste ; Madame veuve Tricot ; Mlle Dory Faure et M. et Mme Cléonage.

Le «cléonage» est une vannerie ligneuse, sorte d'armature de joncs tressés (www.lachronique.be).

Près de l'Hippodrome, sur l'un des côtés de Sainte-Sophie, s'étendait une place, l'Augustéon, sur laquelle Constantin éleva la statue de sa mère, l'Augusta Hélène. Après l'incendie de 532, Justinien, après avoir reconstruit la Grande-Église, décora la place de plaques de marbre et y plaça sa statue équestre. Pierre Gylles, qui vit encore le stylobate de cette statue, a le premier identifié l'Augustéon avec la place qui s'étend encore aujourd'hui au sud de Sainte-Sophie, l'Aya-Sofia-Meïdan. [...] Sur la place de l'Augustéon s'ouvrait un premier édifice, la Chalcé qui formait le grand vestibule de la demeure impériale. Sa structure primitive ne peut être déterminée. Eusèbe, dans la Vie de Constantin, mentionne, sans les décrire, les vestibules (npo'Supa) du palais, où veillaient les doryphores et les hoplites, l'épée nue. Devant les portes d'entrée, Constantin avait fait placer, en un endroit élevé, exposée aux regards de tous les passants, une peinture à l'encaustique, figurant la victoire de la croix sur les ennemis de l'Église, symbolisés par un serpent. Elle représentait Constantin, la tête surmontée du signe victorieux et entouré de ses enfants. A leurs pieds, le serpent, transpercé d'un trait, était précipité dans l'abîme (Jean Ebersolt, Le grand palais de Constantinople et le livre des cérémonies, 1910 - archive.org).

Cléonage peut faire penser à Cléones (Argolide), ville près d'Argos dans le Péloponnèse. Argos serait la patrie du scultpteur Polyclète l'Ancien, dit aussi de Sycione selon Pline, auteur d'une statue, le Doryphore (cf. Dory faure) ; d'un Artémon ou Périphorète qui portait sur un seul pied et qu'on tournait à volonté sans qu'elle perdît l'équilibre (cf. Thomas d'Hartimont) ; de l'Alexétère, guerrier saisissant ses armes (cf. Alexis) ; du Canon mais qui serait le même que le Doryphore.

Mais de tous les ouvrages de Polyclète, aucun, peut-être, ne contribua autant à sa réputation, que celui qui fut appelé le Canon, ou la règle de l'art. Instruit, par de nombreuses comparaisons, des qualités qui constituent l'agilité, la force, et par conséquent la grâce et la beauté du corps de l'homme, cet artiste entreprit de démontrer, par plusieurs moyens , et d'abord par une statue dont toutes les parties seraient entre elles dans une proportion parfaite , quels sont les rapports de grandeur où la nature a établi la perfection des formes humaines.

Un Polyclète (l'Ancien ?) était l'auteur d'un groupe d'Apollon, de Léto et d'Artémis place dans le hiéron d'Artémis Orthia, sur la route d'Argos à Tégée (en Arcadie), au milieu des cyprès qui couvraient les pentes du mont Lycone.

Polyclète l'Ancien travaillant surtout le bronze, ces statues de marbre peuvent être mises au compte de son homonyme Polyclète le Jeune, auteur d'un Zeus Philios pour la ville de Mégalopolis en Arcadie (Maxime Collignon, Histoire de la sculpture grecque, Volume 2, 1892 - books.google.fr, Biographie universelle, Tome 35, 1823 - books.google.fr, Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, Numéro 78, 1898 - books.google.fr).

Le mât d'Artimon est un mât comme celui de misaine.

Le cap Misène est un cap italien s'avançant sur la baie de Naples, en mer Tyrrhénienne. Il délimite le sud-ouest du golfe de Baïa, qui fait partie de cette baie (fr.wikipedia.org - Cap Misène).

Un îlot, en face de Procida - île près d'Ischia -, près du Mont de Procida sur la terre ferme, s'appelle Saint Martin. On y trouve de la pierre ponce (Scipion Breislak, Essais mineralogiques sur la solfatare de Pouzzole, traduit du manuscrit italien par Francois de Pommereul, 1792 - books.google.fr).

La pose de Circé est un topos de la peinture rodolphinienne et elle est inspirée d'une sculpture antique intitulée Le Lit de Polyclète, dont il existait une version dans la collection de Rodolphe II de Habsbourg et qui apparaît également dans la peinture de la Renaissance italienne (Thomas DaCosta Kaufmann, L'École de Prague: la peinture à la cour de Rodolphe II, 1985 - books.google.fr).

Bartholomeus Spranger (Anvers, 21 mars 1546 - Prague, 27 juin 1611) est un peintre, dessinateur et graveur maniériste flamand actif à la cour pragoise de Rodolphe II. Il était l'un des principaux représentants du Maniérisme du Nord (fr.wikipedia.org - Bartholomeus Spranger).

Bartholomäus Spranger, Ulysse et Circé, vers 1586-87 - Kunsthistorisches Museum, Vienne

Les bas reliefs et les panneaux sculptés antiques n’échappent pas à l’observation des artistes du XVIe siècle : Le lit de Polyclète, bas relief classique célèbre à l’époque avec Cupidon et Psyché, a fortement inspiré les élèves de Raphaël dans la fresque de la voûte de la loggia de la Villa Farnésina. [...] La connaissance du lit de Polyclète et celle du panneau sculpté avec Satyre et Ménade de l’autel Grimani a sans doute conduit Titien à adopter pour Vénus la posture de la figure féminine dans la représentation de Vénus et Adonis (La gestuelle amoureuse dans l'art italien au XVIème siècle - histoirart.free.fr).

Le lit de Polyclète

Il existe un Paul-François Foucart (sans r) auteur de Une Statue de Polyclète suivi de L'Accusation contre Phryné, C. Klincksieck, 1902.

Pausanias signale près du grand autel du temple d'Apollon de Delphes, ville de la Pyhie (pythonisse) une offrande qui, elle aussi, aurait été bien mieux placée à Corinthe. C'était une statue dorée de Phryné, commandée par ses amants et exécutée par l'un d'entre eux, Praxitèle. Le bon Pausanias en paraît tout scandalisé ; il ne peut croire que ce soit la courtisane elle-même qui ait osé exposer sa statue sous son propre nom : c'est probablement une statue de Vénus, pour laquelle elle a servi de modèle ? Mais non; il n'y a pas moyen d'en douter, et il consigne le fait dans ses notes. « Cette offrande est l'image de Phryné elle-même. » En effet, sur la colonne de marbre pentélique qui soutient la statue est l'inscription : Phrunè Epikleous Thespikè. Et, pour comble de scandale, elle est placée entre les statues du grave Archidamus et de Philippe, fils d'Amyntas. Le philosophe Cratès disait, avec indignation, que c'était un trophée de l'intempérance des Grecs (Paul Foucart, Mémoire sur les ruines et l'histoire de Delphes, 1865 - books.google.fr).

La célèbre Phryné essaya d'organiser, à Athènes, un thiase en l'honneur d'Isodaitès, un des nombreux surnoms du dieu Sabazios phrygien. Harpocration dit de cette divinité que les femmes peu honnêtes et de la lie du peuple en recherchaient l'initiation. Ce culte nocturne était l'occasion d'infâme débauches, comme on le voit par l'accusation portée contre Phryné par Euthias (Journal officiel de la République Française, 24 décembre 1873 - books.google.fr).

La comptable de la galerie s'appelle Laijot qui se sent injustement accusée et soupçonnée par Tintin (pages 26-27).

Par tâtonnements, Hergé note Vilinjot (vilain jojo), Bojot et Laijot, ou Madame Bellame.

Baijot, Beaujot, sont fréquents dans la même région de Wallonnie (Louette-St-Pierre). Malgré l'avis opposé de J. Herbillon, on propose d'analyser Jeanjot comme Jean-Joseph, et Baijot/Beaujot comme Beau Joseph (cf. w. Djôdjé, Jospeh) dans la mesure où ces NF apparaissent tardivement (au l8e s.), ce qui coïncide avec la popularité du prénom Joseph en 2e et 3e positions; comp. aussi le prénom fém. Màrdjo, Marie-Joseph, à Cerfontaine (Balle 200) (Jean Germain, Jules Herbillon, Dictionnaire des noms de famille en Wallonie et à Bruxelles, 2007 - books.google.fr).

Beaujolais, saint Joseph, d'autant que d'un premier jet il s'agit de Monsieur Sauterne (vignoble au sud-est de Bordeaux).

La veuve Tricot fait aussi penser au Champagne de la Veuve Clicquot.

Pausanias note que Polyclète d'Argos (le Jeune qui a été longtemps confondu avec l'Ancien) est l'auteur de la statue de Zeus Philios à Mégalopolis en Arcadie qui a l'allure d'un Dionysos : chaussé de cothurnes, il tient d'une main un vase à boire et de l'autre un thyrse sur lequel est posé un aigle. Ce culte doit être une création du IVe siècle liée à la construction de la capitale : son développement en Grèce se situe dans cette période. Le Polyclète en question serait donc ici Polyclète le Jeune dont on situe la carrière entre 400 et 360. Zeus Philios est le dieu de l'amitié, dont on attendait l'heureuse influence sur les rapports entre citoyens. La représentation qu'avait donnée Polyclète du dieu est «syncrétique» au sens où elle «mélange» les attributs de deux divinités, Dionysos et Zeus (Pausanias, Description de la Grèce, présenté par Michel Casevitz, Jean Pouilloux, François Chamoux, Madeleine Jost, Jean Marcadé, 1998 - books.google.fr).

Dans le roman d'Arsène Houssaye, Les Parisiennes, intervient une jeune femme Lucie Moreau surnommée Phryné, mais aussi Lucia Tournesol :

"Le champagne coulait à flot" (page 146). "...elle se nommait Lucie Moreau, mais elle avait plus ou moins italianisé son nom : c'était Lucia Moroni; on l'avait même rebaptisée avec une coupe de vin de Champagne en la surnommant Tournesol" (page 160). Achille Le Roy dit tout à coup : "Dites-moi, je connais la maîtresse du marquis. C'est mademoiselle Phryné, ci-devant Lucia Tournesol, connaissez-vous sa femme ?" (Livre V)

Il y a aussi une duchesse de Montefalcone qui se prénomme Bianca. Montefalcone est un Mont Faucon (Arsène Houssaye, Les parisiennes, Volume 2 de Grandes dames, 1869 - books.google.fr).

Arsène Houssaye, de son vrai nom Arsène Housset, né le 28 mars 1814 à Bruyères-et-Montbérault, mort le 26 février 1896 à Paris est un homme de lettres français. Il est également connu sous le pseudonyme d'Alfred Mousse (fr.wikipedia.org - Arsène Houssaye).

Entre toutes les hétaires grecques qui eurent leurs historiens et leurs panégyristes, les plus célèbres à différents titres ont été Gnathène, Laïs, Phryné, Pythionice et Glycère. [...]

Une autre hétaire, contemporaine de Laïs et non moins célèbre qu'elle, Phryné, n'eut pas une décadence si triste ni une fin si tragique. Malgré ses immenses richesses, elle ne cessa jamais de les augmenter par les mêmes moyens, et, comme en vieillissant elle ne perdit presque rien de la magnificence de ses formes, elle eut des amants qui la payaient largement jusqu'à la veille de sa mort. Ce fut là ce qu'elle appelait gaiement : « Vendre cher la lie de son vin. » [...] Tant de gloire pour une courtisane lui attira l'envie et la haine des femmes vertueuses ; celles-ci, afin de se venger, acceptèrent l'entremise d'Euthias, qui avait inutilement obsédé Phryné sans obtenir d'elle ce qu'elle n'accordait qu'à l'argent ou au génie. Cet Euthias était un délateur de la plus vile espèce; il accusa Phryné, devant le tribunal des Héliastes, d'avoir profané la majesté des mystères d'Éleusis en les parodiant, et d'être constamment occupée à corrompre les citoyens les plus illustres de la République en les éloignant du service de la patrie. Non-seulement une pareille accusation devait entraîner la mort de l'accusée, mais encore infliger à toutes les courtisanes, solidairement, la honte d'un blâme, d'une amende, et même de l'exil pour quelques-unes. Phryné avait eu pour amant l'orateur Hypéride, qui se partageait alors entre Myrrhine et Bacchis. Phryné pria ces deux hétaires de s'employer auprès d'Hypéride, pour qu'il vînt la défendre contre Euthias. La position était délicate pour Hypéride, qu'on savait intéressé particulièrement à venir en aide à Phryné, qu'il avait aimée, et à tenir tête à Euthias, qu'il détestait comme le plus lâche des hommes. Phryné pleurait, enveloppée dans ses voiles et couvrant sa figure avec ses deux mains d'ivoire; Hypéride, ému et inquiet, étendit le bras vers elle, pour annoncer qu'il la défendait ; et quand Euthias eut formulé ses accusations par l'organe d'Aristogiton, Hypéride prit la parole, avoua qu'il n'était pas étranger à la cause, puisque Phryné avait été sa maîtresse, et supplia les juges d'avoir pitié du trouble qu'il éprouvait. Sa voix s'altérait, son gosier était plein de sanglots, sa paupière pleine de larmes, et pourtant le tribunal, froid et silencieux, semblait disposé à ne pas se laisser fléchir. Hypéride comprend le danger qui menace l'accusée : il éclate en malédictions contre Euthias, il proclame résolûment l'innocence de sa victime, il raconte avec complaisance le rôle presque religieux que Phryné a pu seule accepter aux mystères d'Éleusis. Les Héliastes l'interrompent; ils vont prononcer l'arrêt fatal. Hypéride fait approcher Phryné : il lui déchire ses voiles, il lui arrache sa tunique, et il invoque avec une sympathique éloquence les droits sacrés de la beauté, pour sauver cette digne prêtresse de Vénus. Les juges sont émus, transportés, à la vue de tant de charmes ; ils croient apercevoir la déesse elle-même : Phryné est sauvée, et Hypéride l'emporte dans ses bras (Paul Lacroix, Histoire de la prostitution chez tous les peuples du monde depuis l'antiquité la plus reculée jusqu'à nos jours, Tome I, 1861 - books.google.fr).

Pourquoi ne pas se référer aux Euménides, utilisées déjà dans Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : L’Arcadie d’Hergé).

Un mot, maintenant et pour en finir, du fameux discours prononcé, par M. le professeur de l'université, etc., au pensionnat de demoiselles, de Mme Bourjot. - Si nous sommes bien informés, notre discourier aurait, entre autres et tour-à-tour, cité : (comme modèles de leur sexe, sans doute ?) Élisabeth, reine d'Angleterre, hors-d'œuvre, si jamais il en fut, peu de ces jeunes personnes étant, probablement, appelées à être reines, et moins encore à faire assassiner leurs amans; – Sapho, étrange exemple de moralité, pour n'en pas dire davantage, (car les mots de « greluchons » et de « tribade » nous répugnent, même à nous !) Laïs, vrai, d'honneur, il ne manquait guère que d'y accoler, pêle-mêle, Phryné, Messaline, Poppée, la reine Christine, l'impératrice Catherine, la Pompadour et la Dubarry ! Proficiat trois fois, monsieur le professeur ! Vous êtes aussi grand. poëte que discoureur !

Publié à Bruxelles, à dates irrégulières, de 1837 à 1839, ce journal dirigé par un ancien militaire, Philippe Michaels, se présentait comme un pamphlet périodique fustigeant les puissants du jour : « Les Euménides seront (...) vivante des temps actuels, une polémique incessante faite au pouvoir envahisseur et oppresseur des prêtres, des nobles et des rénégats libéraux (Les Euménides: recueil de pamphlets et de libelles sur les hommes et les choses en Belgique, depuis 1830 jusqu'à ce jour, Michaëls, Volume 1, 1837 - books.google.fr).

Si Kirkos est le faucon, celui qui décrit des cercles, l'île d'AEa, cercle renfermé, est aussi l'aire de celle qui veille, Circé ou AEtos, la femelle de l'aigle, y a de l'oiseau de proie dans tout cela (...) Circé nous propose de la Mère désirable et redoutable à la fois une image particulièrement fascinante (Revue de L'Occident Musulman Et de la Méditerranée, Numéros 13 à 14, 1973 - books.google.fr).

Le jeu du compas = circinus tracé au compas : «ad circinum»/du grec kirkinos : compas/kirkos : le faucon tournoyant, dit aussi Le tournoyant/Kirkè : Circé la Magicienne. Circellé : adj, qui est muni de petits cercles colorés : circellus dim. de circus/circiné : adj, adjectif enroulé sur lui-même en manière de crosse : circinus, cercle, circus : la scène de théâtre/le compas : le cirque (Cahiers du cinéma, Numéros 226 à 243, 1971 - books.google.fr).

Le cercle magique qui joue un grand rôle dans les opérations de sorcellerie.

17 juillet

Sur une planche crayonnée portant sur le vernissage de l'exposition de Ramo Nash, la date du 17 juillet apparaît : c'est la fête de saint Alexis, prénom du père d'Hergé, et saint du Vème siècle qui cumule les 17. Il est fêté le 17 mars chez les Grecs, célébrée d'abord le 3 novembre chez les Syriens (Acta Sanctorum, juillet, t. IV, p. 263, C et D).

Alexis à 17 ans fuit son mariage et passe 17 ans à Edesse en vivant parmi les mendiants et adorant la sainte Face. De retour à Rome, il passe en core 17 ans sous l'escalier de la maison de son père, préfet de la ville. Avant de mourir, il écrit sa vie, et le pape Innocent Ier, les empereurs frères Arcadius et Honorius font un rêve qui conduit à la découvert du corps (Pascal Quignard, Les paradisiaques, 2005 - books.google.fr).

Saule

Page 38-39 Tintin se réfugie dans le creux d'un saule têtard (comme art). Le saule est "helix" en grec et "salix" en latin.

S, correspondant au saule, est la cinquième lettre de l'alphabet Beth-Luis-Nion présenté comme druidique par Roderick O'Flaherty (1629–1718) dans Ogygia (1684). cet alphabet correspond aussi à un calendrier. Le S marque le 5-15 avril.

Graves notes that the willow, S, which gives us the words 'witch' and 'wicker' was sacred in Greece to Hecate, Circe, Hera, and Persephone, all Death aspects of the Triple Moon-goddess, and much worshipped by witches (Robert Graves, The White Goddess (1948-1961), 2011 - books.google.fr).

Au chant X de l'Odyssée, Ulysse supplie son hôtesse de le laisser retourner, avec ses compagnons, dans son pays; Circé répond qu'elle ne les retiendra pas plus longtemps malgré eux; elle ajoute: « Il faudra d'abord accomplir un autre voyage, et aller aux demeures d'Aïdès et de la redoutable Proserpine, pour consulter l'âme du Thébain Tirésias. » Ulysse se désespère : « O Circé, répond-il, qui sera mon guide dans ce voyage ? Personne encore n'est arrivé à la demeure d'Aïdès avec un noir vaisseau.» Circé le rassure en lui donnant ses instructions : « Le souffle de Borée, dit-elle, poussera ton vaisseau, et lorsque tu auras traversé l'Océan, à l'endroit où se trouvent un rivage étroit et les bois sacrés de Proserpine, et dehauts peupliers et des saules stériles, là, il faudra tirer le vaisseau sur l'Océan aux tourbillons profonds, et toi-même aller vers la vaste demeure d'Aïdès. Là coulent dans l'Achéron le Périphlégéton et le Cocyte, lequel est un ruisseau de l'eau du Styx; là se trouvent un rocher et la rencontre de deux fleuves très-bruyants; c'est de là qu'il faut rapprocher, ainsi que je te le dis; c'est là qu'il faut creuser une fosse d'une coudée en tous sens. » (Charles-Emmanuel Ruelle, Les Cimmériens d'Homère, Revue de l'Orient, Volume 3, Volumes 9 à 10, 1859 - books.google.fr).

Un contemporain de Dante, un ami de Dante, Giovanni del Virgilio, écrit : "On peut lire dans Horace que Circé fut une courtisane très belle, dont l'amour faisait perdre le sens à tout venant. Et c'est pourquoi on l'appelait la fille du Soleil, car les rayons du soleil nous font perdre le sens de la vue. Elle attirait les hommes par ses délices, et les dépouillait de leurs biens, les accueillant dans son lit; et l'on disait pour - cette raison qu'elle changeait les hommes en porcs. Car selon Boèce, qui vit à la façon d'une bête est changé en cette bête (André Pézard, Dans le sillage de Dante, 1975 - books.google.fr).

Les voix des Sirènes et le breuvage de Circé, tu connais tout cela ; s'il avait bu avec ses compagnons sottement, avidement, alors au service d'une courtisane il serait demeuré, hideux, insensé, il aurait vécu, chien immonde ou porc amoureux de la boue (Pierre Grimal, Horace, 1958 - books.google.fr).

Chez Circé (Virgil Solis, 1581) - Ovid, Met. XIV, 276 - bcs.fltr.ucl.ac.be

Fourcart

La dernière des "pages retrouvées" nous livre d'ailleurs la première version du peintre Ramo Nash qui aurait dû s'appeler : Youri Khomobine (kom maar binnen : entre donc). Voilà clairement une invitation à pénétrer dans l'univers marollien de Tintin (François Schuiten, Tintin et la ville, 2004 - books.google.fr).

Tintin : Et à quel endroit l'accident s'est-il produit ? Fleurotte : L'endroit exact ? Je vais vous le montrer sur la carte. C'est à trois kilomètres d'ici, entre Leignault et Marmont. Vous verrez, le parapet est démoli et la voiture est toujours dans le lit de la Douillette, c'est le nom de la rivière. Eh bien, monsieur Fleurotte, je vous remercie (page 19) (Hergé, Les aventures de Tintin: Tintin et l'Alph-Art, 2006 - books.google.fr).

Leignault a un rapport étymologique avec "agneau". Fleurott(e) est la presque anagramme de flotteur.

F. Bader fait remarquer que pour exprimer le contraire d'un concept on devait employer le préfixe dis-, mais in- était bien plus bien plus répandu et a élargi son emploi aux dépens de dis-. En tout cas Horace lui-même a bien aimé ce type d'opposition : à la fin de l'arspoetica en parlant du poète fou comme Empedocles l'écrit: deus immortalis haberi/dum cupit Empedocles, ardentem frigidus Aetnam insiluit. [...] Horace a présenté dans son art poétique une théorie du néologisme qui doit être considérée ici [...] Horace se prononce pour la formation de mots nouveaux qui ne soient pas trop audacieux et qui trouvent une correspondance dans le Grec. Ceci arrive aussi pour immersabilis qui correspond au grec "abaptistos". Ce n'est pas un vocable quelconque, mais un terme employé par Pindare pour indiquer quelqu'un qui ne peut pas couler au fond comme le flotteur (en liège) du filet : Pind Pythique 2 : « Comme quand le reste de l'appareil poursuit son œuvre au-dessous des flots, je surnage |ici Pindare parle de soi-même|, pareil pareil au liège, par-dessus le filet, sans craindre l'onde arrière » (Trad. de A. Puech). En considérant d'autre part la grande connaissance qu'Horace avait de Pindare, un des poètes lyriques les plus aimés et utilisés par lui, on peut penser que ce terme n'était pas seulement un mot grec aux yeux de notre poète, mais il était un mot chargé de toute la noblesse d'un usage littéraire de haut rang.

On devait être comme Ulysse, on devait rester immersabilis, dans les vagues de la mer. Alors le terme immersabilis correspond à un idéal de héros stoïcien comme Ulysse et aussi à un idéal d'Horace lui-même, de passer à travers les difficultés de la vie sans s'en laisser submerger (Claude Moussy, La composition et la préverbation en latin, 2005 - books.google.fr).

"Immersabilis" apparaît dans l'épître II (Ad Lollum) d'Horace au sujet d'Ulysse qui sera confronté à Circé.

Maintenant, pour nous montrer ce que peuvent le courage et la prudence, le poëte nous propose un utile exemple dans ce sage Ulysse, qui, vainqueur de Troie, parcourut tant de villes, étudia les mœurs de tant de peuples, et sur les vastes mers, assurant son retour et celui de ses compagnons, supporta de nombreux malheurs, sans être jamais englouti sous les flots de l'adversité. Vous connaissez le chant des Sirènes et les breuvages de Circé. Eh bien, si ce héros, non moins imprudent, non moins avide que ses amis, avait bu la coupe perfide, esclave d'une magicienne sans pudeur, il aurait vécu lâchement, dans l'opprobre, sous la forme d'un chien immonde ou d'un porc souillé de fange.

Iliacos intra muros peccatur et extra. / Rursum quid virtus, et quid sapientia possit, / Utile proposuit nobis exemplar Ulixen : / Qui domitor Trojae, multorum providus urbes. / Et mores hominum inspexit, latumque per aequor, / Dum sibi, dum sociis reditum parat, aspera multa / Pertulit, adversis rerum immersabilis undis. / Sirenum voces, et Circes pocula nosti ; / Quae si cum sociis stultus cupidusque bibisset, / Sub domina meretrice fuisset turpis et excors, / Vixisset canis immundus, vel amica luto sus. (A. Bignan) (Oeuvres completes d'Horace: traduction de la collection Panckoucke, Tome I, 1872 - books.google.fr, Horace: traduction en vers par Henry Siméon, Volume 3, 1874 - books.google.fr).

Insubmersible comme Tintin et Rastapopoulos.

Horace fait mainte allusion à Médée ou à Circé, tant dans les Odes que dans les Epitres. Les exemples homériques dans les Épodes et les Satires mettent en valeur l'humour et l'ironie d'Horace plutôt que sa philosophie. Pour reprendre l'un des exemples donnés au jeune Lollius, la mésaventure des compagnons d'Ulysse chez Circé, dans l'Épode 17 adressée à la sorcière Canidie, Horace en rappelle l'heureux dénouement grâce au héros qui a pu fléchir Circé (v. 15-18) : l'écart entre la « mansuétude » de la magicienne et la rancune tenace de Canidie souligne bien es intentions parodiques du poète (Anne Marie Taisne, Lecture d'Homère dans l'Épître d'Horace à Lollius Maximus, Epistulae Antiquae II: actes du IIe Colloque "Le genre épistolaire antique et ses prolongements", Université François-Rabelais, Tours, 28-30 septembre 1998, 2002 - books.google.fr).

Chez Horace «leur revinrent la raison, la parole et les nobles traits de leurs visages d'hommes». Apparemment, Horace n'utilise que le trait commun entre Circé et Canidie : deux magiciennes. Mais la marque pythagoricienne est évidente.

Dans une pièce adressée à Mécène: Mollis inertiacur (Épod. XIV), Horace parle d'une maîtresse du nom de Phryné, et que c'est ce qui l'empêche de publier son livre de poésies qu'il lui avait promis. Il nous y apprend que cette Phryné était une courtisane publique, et il ne craint pas de comparer sa passion avec l'amour que Mécène avait pour sa femme Térentia qu'il venait d'épouser: Gaude sorte tua, me libertina, neque uno Contenta, Phryné macérât (v. 16). C'est pourtant ce même Horace, si désordonné dans sa vie, qui, dans la satire : Sic raro scribis (II, 3), prétend réfuter les deux sectes les plus accréditées de son temps, les Stoïciens et les Cyniques, en reproduisant, sous le nom de Damasippe, les raisonnements par lesquels ils prétendent prouver que tous les hommes sont fous, excepté les Stoïciens, et que toutes les passions qui les agitent sont des folies, excepté, bien entendu, les vertus recommandées par ces philosophes (Augustin Bonnetty, Documents historiques sur la religion des Romains, Volume 2, 1871 - books.google.fr).

L'épode suivante, la XV, destinée à Néère :

Il était nuit; le ciel était sans voiles;

Phébé brillait au milieu des étoiles.

Tes bras polis me pressaient doucement,

Comme le lierre une yeuse nouvelle.

Je te jurais une amour éternelle;

Par tous les dieux, tu m'en jurais autant.

« Oui, disais-tu, je serai ta Néère

Tant que les loups seront craints des agneaux ,

Tant qu'Orion, funeste aux matelots,

De ses fureurs troublera l'onde amère ,

Tant qu'Apollon aux zéphyrs caressants

Livrera l'or de ses cheveux luisants. »

Tu m'as trompé! Je t'apprendrai, traîtresse,

Si je suis homme à souffrir que tes nuits,

Plaisirs pour toi, ne soient pour moi qu'ennuis.

Pythagore fait une apparition dans ce même poème :

Et toi qui, fier de ta belle conquête,

Ris des douleurs où ton succès me jette:

Quand tu joindrais à d'immenses troupeaux

Des champs féconds, le Pactole et ses flots;

Beau comme Atys, quand tu serais encore

Aussi savant que l'était Pythagore,

Tu lui verras bientôt un autre amour,

Et je rirai de tes pleurs à mon tour.

L'hostilité d'Horace au néopythagorisme, présente dans l'ensemble de son œuvre, est particulièrement sensible à ses débuts. La secte connaît alors son apogée et séduit, de concert avec les religions orientales, de larges pans des classes populaires et bourgeoises. Le poète s'en prend particulièrement à la métempsycose, mais d'autres rites effectués par Canidie suggèrent qu'elle appartient à la secte, comme la transformation en étoile (croyance orphique reprise par les pythagoriciens) (fr.wikipedia.org - Epodes).

Canidie chevauchant Horace, d'après l'épode XVII ; couverture d'une édition des Épodes de 1517 - Universitätsbibliothek Basel - fr.wikipedia.org - Canidie

La XVII :

Je me rends à ton art. Grâce ! par Proserpine,

Par le triple pouvoir de la chaste Lucine,

Par le livre terrible où tu puises des mots

Capables d'arracher au ciel tous ses flambeaux;

Fais trêve, ò Canidie! à tous ces mots funestes,

Et sors, sors par pitié de ce cercle où tu restes!

Achille se laissa toucher par Téléphus,

Quoique des Mysiens les javelots aigus

Eussent sous Téléphus mis en danger sa vie.

En quittant ses remparts,

le vieux roi de Phrygie, Du plus fier des vainqueurs obtint que son cher fils,

Promis aux éperviers, à ses sœurs fût remis.

Circé l'enchanteresse, à force de prières,

Permit que, dépouillant leurs écorces grossières,

Les soldats d'un héros reprissent à la fois

Leur taille, leur raison, leur visage et leur voix (Horace, Poésies lyriques, traduit par M. L. Goupy, 1842 - books.google.fr).

Dominique Fernandez est allé à Venosa, ville natale d'Horace : 1965 Nous voulions voir la patrie d'Horace. Quelle drôle d'idée ! Nous détestons Horace. Il est le prototype de l'écrivain bourgeois, content de lui : l'homme de lettres. Un peintre local, de Chirico (Pasquale) l'a représenté la plume à la main, à sa table de travail, l'œil enjoué, l'air de dire : faites comme moi, ne demandez pas trop et vous aurez à suffisance. Le juste milieu. Carpe diem. Les roses de la vie. Tout l'humanisme douillet et quiet du lycée (Mère Méditrerranée, 1967) (Visitez l'Italie du Sud, 1969 - books.google.fr).

Hors ces accès, Chasles avait un grand fond de sagesse, de cette sagesse bourgeoise proche de l'épicurisme douillet que lui enseigna jadis son cher Horace et qui repoussait tout excès comme toute visée ambitieuse (Claude Pichois, Jean Dautry, Le conventìonnel Chasles et ses idées démocratiques, 1958 - books.google.fr).

Bonapartiste, profondément patriote, Horace Vernet évoqua l’épopée napoléonienne dans de nombreuses oeuvres, dont beaucoup avaient Napoléon comme personnage central, mais pas seulement. Ici il tint à célébrer, dans une représentation plus réaliste que romantique, la volonté et le courage qui animèrent le maréchal Moncey (1754-1842), personnalité militaire célèbre, mais aussi des Parisiens plus anonymes, pour la défense de leur cité lors de l’attaque des Alliés de la 6e coalition, en mars 1814.

En janvier 1814, tandis que les troupes coalisées s’avançaient « comme un torrent sur la capitale » (selon le mot de l’architecte Pierre-François Fontaine), Napoléon dût entamer une campagne sur le sol de France, afin de porter le conflit au nord-est de Paris. Malgré une série de victoires, les Alliés avançaient sur la capitale, une capitale bien mal protégée par une garnison de 20 000 hommes et une Garde nationale de 12 000, armés d’un peu plus de 10 000 fusils et à défaut, de piques. [...] La perte des positions françaises, dans la matinée même, à Pantin, Belleville, Romainville et aux Buttes-Chaumont, entraîna la capitulation de Paris, signée par le maréchal Marmont dans la nuit du 30 au 31 mars. Le matin du 31 mars, à 12h, les Alliés faisaient leur entrée par la porte Saint-Martin (www.napoleon.org).

Horace Vernet, La Barrière de Clichy, défense de Paris le 30 mars 1814, 1822

Marmont considérant la résistance comme désormais inutile, négocie la reddition de Paris avec les coalisés. [...] À Fontainebleau, Napoléon averti de ces tractations, considère Marmont comme un traître et, lui, il n'a pas encore baissé les bras (Jean Leduc, D'un empire à l'autre, les Pellion: cavaliers et marins au service de la France, 1809-1868, 2003 - books.google.fr).

Le lien entre la mort de Fourcart et de Monastir, supposé par Tintin, se dessine même dans l'onomastique.

Ajaccio est la ville natale de Napoléon Ier dont Marmont fut un général. "immersabilis" n'est pas la qualité de Monastir qui se noie ou disparaît en mer. "abaptistos" fait penser aux Anabaptistes qui avaient investi la ville de Münster que Jan Matthijs avait identifié comme « la nouvelle Jérusalem ». Les corps des meneurs de la révolte anabaptiste furent mis en cage à la façade de l'église Saint Lambert, du nom de l'évêque de Liège (cf. liège - flotteur). Les cages sont toujours en place. L'anabaptisme est à ce point lié à la Réforme Radicale et à la guerre des Paysans de 1525, qu'il en est pratiquement devenu synonyme (fr.geneawiki.com - Généalogie Anabaptiste).

L'Alph'art ou le nombre d'or comme commencement de l'art

Un système de mesure uniforme, ce qu'on appelle à sa suite le canon, permet de rapporte toutes les mesures du corps à celle d'un module unique, généralement la hauteur de la tête : celle-ci est ainsi comprise sept fois dans la hauteur total du corps, deux fois dans la largeur du tronc, deux fois dans la hauteur de la jambe, etc. Ces préoccupations rejoignent les spéculations des philosophes-mathématiciens de l'époque précédente (Pythagore, Thaïes), qui tentaient d'expliquer la structure du monde par des rapports mathématiques. Les mêmes préoccupations apparaissent aussi dans l'architecture, où elles débouchent sur l'emploi de modules de base pour le plan et l'élévation des temples, et culminent avec les recherches sur le nombre d'or. Polyclète, lui-même fils semble-t-il d'un sculpteur, développe autour de lui toute une école, dont un Canachos homonyme du sculpteur de Sicyone, et peut-être un Polyclète le Jeune, qui pourrait être son petit-fils, si l'on en croit Pausanias (Johannes Overbeck, Maturité, 1ère période, La sculpture grecque: sources littéraires et épigraphiques, 2002 - books.google.fr).

Les travaux des Anglais Th. Cook et M. Barr, de l'Américain J. Hambidge, de l'archéologue norvégien F. M. Lund, de l'architecte allemand E. Moessel, ont été résumés et synthétisés par Matila C. Ghyka.

Ce résultat a été vérifié sur les monuments mêmes grâce à des mesures effectuées par une phalange de chercheurs, esthéticiens, architectes, archéologues, qui dans les pays les plus divers, ont retrouvé, sans se connaître, la même vérité. Ils ont opéré sur des vàses grecs, des temples et des statues antiques, des cathédrales gothiques. Ils ont ainsi mis en lumière les rapports simples 2, 3, 5, sqrt(2), sqrt(3), sqrt(5), sur lesquels modulent, avec la section d'or, beaucoup de ces ouvrages. Ces nombres n'ont en soi rien de mystérieux. Ce sont les nombres les plus simples et les plus faciles à utiliser dans une composition géométrique basée sur la partition de ce cercle directeur, qui semble bien avoir servi aux architectes de jadis pour construire les épures de leurs ouvrages. Et ce cercle correspond, nous l'avons dit, au champ visuel de l'homme. Les nombres pairs qui suivent (4, 6, 8...,) n'introduiraient aucune division nouvelle, puisqu'ils sont multiples de 2 et les autres nombres impairs (7, 9, 11...,) sont impossibles à utiliser. La mesure ne pouvait donc trouver d'autres nombres que ceux énumérés ci-dessus. Ils dérivent de la division harmonique du cercle ou du carré, notamment de la division du cercle en cinq parties ou pentagone, division irrationnelle la plus simple et la plus féconde, puisque le rapport de la diagonale dudit pentagone au côté est égal au nombre d'or. L'emploi de ce module introduit dans toute œuvre qui l'utilise un rappel constant de surfaces homologues qui s'organisent sous le regard en motifs périodiques, d'où naît le rythme. Sans doute le rythme plastique semble moins directement perceptible que la cadence musicale pour l'oreille, mais l'impression n'a pas besoin de devenir consciente pour exister. L'œil goûte sans s'en rendre compte une dissonance qui lui plaît, puisqu'elle est résoluble grâce aux éléments fournis par l'œuvre elle- même. Il serait d'ailleurs faux de restreindre une telle conception de l'harmonie plastique à l'art grec, occidental et méditerranéen. Elle est traditionnelle et universelle et c'est au contraire en Occident qu'elle a disparu en premier. On la méconnaissait déjà au XVIIe siècle, comme le montre cette singulière assertion du cartésien Perrault : « Les raisons qui font admirer les beaux ouvrages n'ont point d'autres fondements que le hasard et le caprice des ouvriers. » Opinion encore partagée par beaucoup de nos contemporains. La mystérieuse prédilection que nous portons inconsciemment au nombre d'or s'explique facilement quand on remarque que les proportions de nombreux organismes vivants sont construits sur ce module. Il en est ainsi par exemple pour les coquillages marins en hélice, dont la spirale logarithmique se développe suivant un thème de symétrie dynamique, pour la répartition des pétales de multiples fleurs autour de la corolle, pour les proportions du corps humain lui-même, séparé par le nombril suivant la section d'or et qui peut s'inscrire tout entier dans un pentagramme. On retrouve par suite le même rapport, poussé jusqu'au plus extrême détail, dans les plus belles statues grecques, par exemple dans le canon de la sculpture antique, le Doryphore de Polyclète et dans son innombrable postérité.

Polyclète serait l'auteur d'un traité appelé aussi Canon dont on connaît le résumé que Galien a fait de ce texte. Il nous est rapporté par Pline : "La beauté ne consiste pas dans les éléments mais dans l'harmonieuse proportion des parties, d'un doigt à l'autre doigt, de tous les doigts par rapport au reste de la main, de chaque partie à l'autre (Carole Talon-Hugon, L'antiquité grecque, 2014 - books.google.fr).

Le "canon" lourd ou "symmetria" (mesures exprimant un rapport avec la grandeur de la tête) de de Polyclète, fut remplacée par la « symmetria » de Praxitèle. Celle-ci plus élancée et gracieuse (Miloutiné Borissavliévitch, Le nombre d'or et esthétique scientifique de l'architecture, 1952 - books.google.fr).

Le nombre d'or a été étudié par le moine franciscain Luca Pacioli, dans son traité La Divine Proportion.

L'oeuvre d'Hergé qui s'étend de 1930 à 1976 regorge d'utilisations du nombre d'or. Dans Le sceptre d'Ottokar, deuxième édition, planche 3, case 7, un mystérieux personnage qui espionne Tintin doit le photographier avec une fausse montre. Celle-ci est située sur un point d'or. Dans Le crabe aux pinces d'or, deuxième édition, planche 35, case 5, alors que le capitaine Haddock s'apprête à déguster une bouteille, celle-ci éclate, cassée par les balles d'un agresseur. Le point à partir duquel les éclats partent est doré. Dans Le Temple du Soleil, deuxième édition, planche 47, case 1, après avoir découvert un passage secret, Tintin, Haddock, Milou et Zorrino font subitement apparition dans la salle, interrompant une cérémonie. Le trait faisant l'angle entre les deux murs sépare horizontalement la case selon le nombre d'or (maths.amatheurs.fr).

Le nombre d'or et l'araignée

Le nombre d'or [(1+sqrt(5))/2=1,618...] possède la propriété unique et exceptionnelle suivante. Si on construit ce qu'on appelle un rectangle d'or, c'est-à-dire un rectangle dont le rapport des côtés a/b est égale au nombre d'or et qu'on lui enlève un carré, on obtient encore un rectangle d'or (le rapport c/d est encore égale au nombre d'or). Autrement dit, ce nouveau rectangle possède les mêmes proportions que le rectangle initial. Il est important de remarquer que cette caractéristique n'est vraie que pour le rectangle d'or. Si le processus est vrai pour tout rectangle d'or, alors on peut le répéter et enlever un nouveau carré au rectangle "cd": on obtient encore une fois un rectangle d'or plus petit. On peut répéter le processus à l'infini et obtenir ainsi toute une série de rectangles emboîtés les uns dans les autres en forme de spirale. Cette spirale très particulière (appelée spirale logarithmique) est exactement celle de la coquille du nautile et de certains escargots (le planorbe ou escargot plat). On la retrouve aussi dans les cornes de certaines chèvres (markhor, girgentana), dans la forme de certaines toiles d'araignées, ainsi que dans le tracé de l'envol de certaines colonies de chauve-souris (www.crm.umontreal.ca).

La toile de l'araignée Epeire des jardins se développe selon le nombre d'or et constitue une « suite » dans laquelle la mesure de l'espacement entre les spires peut être notée phi**2, phi**3, phi**4 etc. (Jean Hani, Le monde à l'envers: essais critiques sur la civilisation moderne, 2001 - books.google.fr).

Le nombre d'or et les magiciennes

Malgré la renommée plutôt sinistre - empoisonnements, meurtres, traîtrises - qui s'attache à cette magicienne, l'Hermétiste W. Salmon - dans sa Bibliothèque des philosophes chymiques - la fait « détentrice d'une médecine admirable par le moyen de laquelle elle fit rajeunir Jason ». Il est vrai que pour l'amour du héros, elle se transfigura un temps en Madone bienveillante, subjugant le dragon, et permettant ainsi aux argonautes de s'emparer de la Toison d'Or. sur l’Arbre de Vie; et chez Diodore, c’est ce côté positif qui domine tout le récit. [...] Max Célérier écrit : «Médée veut dire Médecine» (Essai sur la signification d'Hermès, de son attribut et de sa science). [...] Que Médée soit liée à la Médecine, c’est évident; car la parenté étymologique traduit toujours une relation profonde. Or, l'ascendant titanique de cette magicienne (dont la sœur est Circée - un des noms de l'Illusion cosmique - et la mère Hécate, la Lune qui gouverne les cycles végétaux) n'est pas moins certaine que celle du Dragon, considéré partout commne le Gardien des Eaux de Vie.

Médée, Circé et Hécate sont les trois magiciennes les plus célèbres de l'Antiquité. Par opposition à Circé, Médée semble avoir d'abord été une magicienne bienfaisante, une guérisseuse : elle guérit Héraklès de sa folie, rajeunit Éson, père de Jason, et les nourrices de Dionysos. Pour Hésiode, qui dresse une généalogie divine, la mère de Médée est l'Océanide Idyie, dont le nom, signifie « la Savante » : « Aiétès, fils du Soleil, qui éclaire les humains, de par la volonté des dieux, épousa la fille d'Océan, le fleuve qui a sa fin en lui-même, Idyie, aux belles joues, qui donna le jour à Médée, aux jolies chevilles » (Charles Guittard) (Sénèque, Médée, traduit par Charles Guittard, 1997 - books.google.fr).

Ici, Circé est la tante de Médée.

Apollonios adopte, à propos de Circé, la tradition d'Apollodore et de la plupart des mythographes, contrairement à Denys de Milet et Diodore de Sicile, qui faisaient d'elle la fille d'Aiétès et de la sœur aînée de Médée (Anne Marie Tupet, La Magie dans la poésie latine, Volume 1, 1976 - books.google.fr).

Hécate épouse son oncle Aiétès. Du couple naissent deux filles, Circé (auparavant sœur d'Aiétès), Médée et un fils, AEgïalée. Le remplacement d'Eidyia, l'Océanide aux belles joues, par la sombre Hécate, déesse des sorcières, comme mère de Médée, montre l'importance croissante de la magie dans le mythe de Médée (Alain Maurice Moreau, Le mythe de Jason et Médée: le va-nu-pied et la sorcière, 1994 - books.google.fr).

Francis Bacon, par l'intermédiaire des "poètes", fait de Circé la soeur d'Esculape, comme enfants du Soleil, Apollon lui étant assimilé, Esculape lui-même frère d'Hygie (Oeuvres philosophiques, morales et politiques de François Bacon, 1854 - books.google.fr).

Hygie est présente sous la forme YGEIA (ugeia) dans des sceaux en forme de pentagramme, par exemple le Corona de Wael dans la page titre de l'édition de 1649 en bas, alors qu'en haut un écu présente les cinq plaies du Christ identique à ce que contemple l'évêque Antoine Triest dans un tableau du peintre Ténier (Autour de Rennes le Château : Pentagone et Sceau de Palaja).

Toutes des putes, même..., ou l'Alph'art et l'Omég'art - Apocalypse

Sardaigne, Îles Sanguinaires font penser à la couleur rouge.

C'est au nombre des pierres ardentes et de couleur de feu, que Pline range la sarda, pierre fort commune de son temps, et qui étoit très-employée pour faire les cachets gravés, parce qu'elle cachète très-nettement sans retenir la cire. Il en distingue de plusieurs sortes ; les premières que l'on connut, furent trouvées dans les environs de Sarda, ville de Lydie. [...] Chez les Grecs, la sarda s'appeloit sardios et sardion ou sardinon. Théophraste dit cette pierre transparente, et la distingue en deux variétés, en femelle et en mâle. La première étoit d'un rouge clair; la seconde, d'un rouge foncé, tirant un peu sur le noir. La sarda étoit au nombre des douze pierres qui se voyoient sur le rational du grand-prêtre Aaron: ce fut la première pierre précieuse que Dieu commanda qui y fut placée. Les Hébreux l'appeloient odem (rougeur), il ornoit les vêtemens du roi de Tyr, selon Ezéchiel. Il est donc évident que la sarda étoit une pierre très-anciennement connue, et il est très-probable que son nom dérive du grec sarx, chair, qui rappelle la couleur rouge de la sarda, plutôt que de sardos et sardàn, noms de l'île de Sardaigne. Quelques auteurs, et entre autres Saumaise, prétendent que dans ce passage de Pline qui commence la description de la sarda : ipsa gemma vulgaris el primùm sardibus reperta... il faut lire sardis au lieu de sardibus, et traduire, par conséquent, en Sardaigne plutôt que dans le pays de Sardes. Selon cette version, Pline auroit dû écrire sardius au lieu de sarda. Un autre auteur, saint Epiphane, fait remarquer que la sarda, semblable à du feu par sa couleur, rappelle aussi la couleur du sang de la sardine, lorsque ce poisson a été salé. Pline donne, en effet, à ce poisson le nom de sarda. Je suis porté à croire que son texte n'a pas été altéré, et que la sarda doit son nom à sa couleur rouge de chair qui, de tout temps, a frappé. Gesner est de cet avis (Jacques Eustache de Sève, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc, Tome 30, 1819 - books.google.fr).

La ville de Sardes n'est pas mentionnée dans le Nouveau Teslament en dehors du livre de l'Apocalypse. Ancienne capitale de Lydie et du riche roi Crésus, la ville - et son acropole - était jugée inexpugnable Sardes devait cependant tomber deux fois sous le coup d'attaques nocturnes (d'où sans doute l'allusion du v. 3 « J'arriverai comme un voleur... » (La Bible, Frédéric Boyer, 2001 - books.google.fr).

Les douze pierreries, énumérées dans l'Apocalypse comme fondements de la nouvelle Jérusalem, sont : le jaspe, le saphir, la chalcédoine, l'émeraude, la sardonix, la sarde, la chrysolite, le béryl, la topaze, la chrysoprase, l'hyacinthe, et l'améthyste (Jacques Remy Antoine Texier, Dictionnaire d'orfévrerie, de gravure et de ciselure chrétiennes ou De la mise en oeuvre artistique des métaux, des émaux et des pierreries, Tome 27 de Encyclopedie theologique, Migne, 1857 - books.google.fr).

Jean écrit aux Eglises d'Ephèse, de Smyrne, de Pergame, de Thyatire, de Sardes, de Philadelphie, de Laodicée. L'Eglise de Sardes, occupant le cinquième rang, est donc celle qui correspond au cinquième Sceau, à la cinquième Trompette et à la cinquième Coupe (Jean Wendel Wurtz, L'Apollyon et le Gog de l'apocalypse ou la Révolution française prédite par St. Jean l'évangéliste, 1816 - books.google.fr).

Dans le Quart Livre de Rabelais, si on reconsidère l'aspect du Pourceau ailé, constitué d'une abondance de pierres précieuses et d'une couleur dominante rouge vif («le pennaige rouge cramoisy», les yeux «rouges et flamboyans»: le rouge est la seule couleur qui soit répétée dans ce portrait), on ne peut que le rapprocher de celui de la Grande Prostituée de l'Apocalypse, Babylone-Rome, « vêtue de pourpre et d'écarlate et chamarrée d'or, de pierres précieuses et de perles » (Apocalypse XVII,4 et XVIII,16). [...] Il faut comprendre que les multiples allusions à Circé [issues d'Erasme, De pueris], à saint Antoine et à son cochon ou son feu, confirment le danger dans lequel se trouve Pantagruel à cet instant s'il renonce, sous l'influence de Panurge, à l'éducation prônée par son père. Surtout si on pense à la nature diabolique de Panurge, ce personnage « malfaisant» (Panurge, p. 272) qui commet «mille petites diableries» (Panurge, p. 274) placées à deux reprises sous le signe du «feu sainct Antoine». [...] On pourrait donc se demander si Panurge, qui provoque de terribles dermatoses, n'a pas aussi pour rôle d'exhiber la philautie de toutes ces «bonnes gens», de la faire paraître au grand jour sous la forme de maladies porcines (Gérard Milhe Poutingon, Rabelais, Erasme et le pourceau, Etudes rabelaisiennes: Tome XXXIX, 2000 - books.google.fr).

Peut-être faut-il considérer le déguisement en animal sacré comme une autre forme de mort mystique; le myste perd momentanément sa nature humaine pour la recouvrer, les rites une fois accomplis; ainsi font les compagnons d'Ulysse dans la demeure de Circé. Il est naturel que la mort, même mystique, conduise aux Enfers, dans la demeure d'Hadès et de Perséphone. Dans les mystères d'Eleusis, cette visite symbolique avait-elle lieu dès l'initiation du premier degré ? G. Foucart [fils de Paul Foucart] pense que oui. J'incline plutôt à croire qu'elle faisait partie des cérémonies de l'époptie, qui comportait divers spectacles, divers enseignements réservés aux initiés du second degré. Cette initiation du second degré avait lieu un an après celle du premier degré. Par une coïncidence frappante, Ulysse et ses compagnons se rendent chez Hadès un an après leur première rencontre avec Circé. En tout cas, nous ne saurions douter que leur voyage représente comme il se doit une mort et une résurrection (Émile Mireaux, Les poèmes homériques et l'histoire grecque: Homère de Chios et les routes de l'étain, 1948 - books.google.fr).

On note alors avec intérêt que le roi Kéléos d'Eleusis qui accueille Démeter à la recherche de sa fille (sujet des mystères), qui régnait sur la cité de Kéléai, semble être un parallèle au Picus régnant sur celle de Picenum. On sait que Kéléos est le nom grec du Pivert, et que son étymologie est très obscure (Mythologie en Nord: actes du IVème Congrès international de mythologie, Lille, août 1989, 1990 - books.google.fr).

Martine Vandezande et Marcel Fourcart : retour au Congo

Vandesande, rencontré aussi sous les formes Van de Zande, Vandezande, désigne en flamand celui qui est originaire d'un lieu-dit Zande, Sande (= lieu sablonneux). Variantes : Van de Sande, Vandesante, Van Sante, Van Zante. On pensera en particulier à deux communes belges appelées Zande (Flandre orientale et occidentale), et à De Zande, aux Pays-Bas (www.geneanet.org).

Le pivert, appelé ici pic de Mars (picus Martius), est de bon augure, sans doute parce qu'il porte le nom d'un Dieu (Alexandre de Theis, Voyage de Polyclete, 1822 - books.google.fr).

Alexandre Étienne Guillaume, baron de Théis (Nantes, 1765 - Paris, 1842) est un haut fonctionnaire et écrivain français. Le Voyage de Polyclète, 1821, destiné à faire connaître l'Italie antique, conçu sur le modèle du Voyage du jeune Anacharsis de l'abbé Barthélemy, fit découvrir la Grèce à toute une génération (fr.wikipedia.org - Alexandre de Théis).

Le premier nom de Marcel Fourcart (page 62) semble être Vanderplas (ou Vandenplas) puis Vandezande nom qui sera repris pour Martine, l'hôtesse de la galerie.

plas, plasje, 'lac', 'marécage' (Le Roman de Perceforest, Volume 2 ;Volume 4, présenté par Jane H. M. Taylor, Gilles Roussineau, 1979 - books.google.fr).

Le premier nom serait donc Dulac.

Plus tard, par suite du dépérissement progressif de l'étrusque, Marcus et Marcius, repris de Marcne, n'ont plus été que des anthroponymes auxquels les Romains eux-mêmes n'ont pas manqué d'attribuer très tôt, mais secondairement, une étymologie latine, en les rapprochant du nom du dieu Mars [...] En latin de la belle époque, Marcus, Marcius, Marcellus ont été prononcés comme Mars (celui-ci issu de Mavors) avec un a long. [...]

Il semble que, dans les plus anciennes traditions romaines — traditions inspirées sans doute par des réminiscences étrusques — , le nom de Marcius ait convenu spécialement pour dénommer des « constructeurs ». Numa Marcius, qui aurait été, selon Tite-Live, le premier pontifex, c'est-à-dire, si l'on restitue au mot sa valeur primitive, le premier « constructeur des ponts et chaussées ». [...]

Le marteau s'appelait, en latin ancien, malleus, martulus et marculus. martulus, c'est-à -dire *mart°lus, s'est changé en *marc°lus, puis en marculus. *mart°lus pourrait bien être l'emprunt latinisé d'un terme étrusque qui n'est pas attesté, mais qu'il est permis d'écrire *martle ou *martdle (Louis Deroy, Les noms latins du marteau et la racine étrusque « mar- ». In: L'antiquité classique, Tome 28, fasc. 1, 1959 - www.persee.fr).

Marcel, Marceau, Marcelin, Marceline : Selon Sigonius, ce prénom dériverait de Martellus, diminutif de Mars; selon François Noël, ce serait un diminutif de Marcus (Le Magasin pittoresque, 24ème année, Édouard Charton, 1856 - books.google.fr).

Le pic-vert, du chêne caduc / Sans repos martelle l'écorce (Emotions Nocturnes) (Joséphin Soulary, Les figulines, 1862 - books.google.fr).

Richard Buchta (1845-1894), Wowan Zande, 1877-1880, Southern Sudan - Pitt Rivers Museum - commons.wikimedia.org

Nous apprenons au dernier moment le décès du R. P. Van den Plas, Dominicain. Le P. Van den Plas était un des collaborateurs les plus assidus de notre Revue. En outre, il venait de publier, en collaboration avec le R. P. Lagae, une étude sur la langue des Azande, fondamentale et supérieure à tous les travaux parus jusqu'ici sur la matière (Congo; revue générale de la colonie belge, algemeen tijdschrift van de belgische kolonie, Volume 3, Numéro 1, 1922 - books.google.fr).

Les Zandé sont une population d'Afrique centrale, vivant principalement en République démocratique du Congo, sur le Haut Congo, dans l'ouest du Soudan du Sud autour des rives de l'Uelé, ainsi qu'en République centrafricaine. Le nom « Azandé » signifie "le peuple qui possède beaucoup de terre", et se rapporte à leur histoire en tant que conquérants et guerriers. Il y a beaucoup d'orthographes variables d'Azande, incluant : Zande, Zandeh, A-Zandeh, Sandeh, etc. Leurs croyances tournent la plupart du temps autour de la magie, des oracles et de la sorcellerie (fr.wikipedia.org - Zandé (peuple)).

Tonlé (Tolé, Turé en pays voisins) est le nom propre de l'«Araignée» des contes nzakara de République Centrale Africaine. Le personnage n'a d'animal que le nom, son comportement est presque entièrement humain. Le personnage est assorti de multiples défauts. [...]

Le passage dans l'autre monde se fait par le rocher où Toûlé, instruit par la Vieille-Femme, est parvenu à pénétrer à la suite des jolies filles. Mais il a surpris un secret, il se conduit mal avec le crâne de la mère, auquel nul mortel ne doit avoir accès, les filles appartiennent à l'autre monde et ne sont pas pour lui. Elles l'enferment dans la caverne. Affamé, il sera tiré d'affaire par Pic vert qui perce le rocher, mais ici encore la pitié est mal venue et l'oiseau finira brûlé et mangé (Anne Retel-Laurentin, Contes du pays nzakara (Centrafrique), 1986 - books.google.fr).

On retrouve le même comportement chez le Turé des Zandé, voisins orientaux des Nzakara. Au dire d'Evans-Pritchard qui a consacré un volume au Décepteur zandé, la qualité qui rend Turé malgré tout sympathique, fait oublier son ingratitude, est sa joie de vivre (Denis Paulme, contes nzakara du Décepteur, Die Oralliteratur in Afrika als Quelle zur Erforschung der traditionellen Kulturen, 1988 - books.google.fr).

L'égyptologue George Foucart (1866-1944), directeur de l'Institut français d'archéologie orientale et président de la Société de 1918 à 1928, est l'auteur d'un Questionnaire préliminaire d'ethnologie africaine (Foucart 1919) (Gradhiva, Numéros 1 à 3, Musée de l'homme (Muséum national d'histoire naturelle). Département d'archives de l'ethnologie, 2005 - books.google.fr).

Martin/Martine et le pivert

Il y a peu d'oiseaux à qui on ait donné autant de noms qu'au martin-pêcheur : on l'a nommé alcyon, tartari ou tartarin, oiseau de glace, oiseau de Saint-Martin, pêcheur du Roi, drapier ou artre, meunier, bleuet, pivert d'eau, pivert bleu, garde-boutique, pèche-véron, merle bieu et d'eau ou merlet-pêcheret, vireveut ou le puant des Matelots (Jacques Cristoph Valmont de Bomare, Dictionnaire raisonné, universel d'histoire naturelle, Tome 8, 1800 - books.google.fr).

En Allemagne et en Belgique, l'oiseau de saint Martin est autre chose : c'est le pivert ; et cela vient d'une antique légende de Woden, où, comme d'habitude, le nom du saint a été substitué à celui de la divinité germanique. Les chansons populaires de la Flandre et des bords du Rhin parlent encore du "petit oiseau de saint Martin au rouge corsage" (Albert Lecoy de La Marche, Saint Martin, 1890 - books.google.fr).

Sainte Gertrude est associée, en même temps qu'à l'interdiction de filer dans certaines circonstances, au jaunissement qui attaque les champs en cas de sécheresse, aux dégâts qu'y produisent les souris et les rats. Elle est aussi hôtesse, comme Sainte Marthe, puisqu'elle accueille les âmes lors de la première étape de leur voyage dans l'au-delà. Elle n'est enfin, probablement, que la face chrétienne d'un personnage plus complexe puisque Gertrude est aussi le nom d'une vieille femme transformée en pivert par Jésus à cause de son manque de générosité alimentaire, qui l'assimile à la Marta des proverbes espagnols, envers de la sainte dont elle contredit la fonction nourricière. Dans les légendes scandinaves cette Gertrude a une coiffure rouge, que l'on retrouve sur la crête de l'oiseau qu'elle devient. Cet « oiseau de Gertrude » est enfin l'équivalent de nos « oiseaux de Saint Martin », « grande Marte » et « petite Martha », probables descendants du roi Picus de la légende romaine (Pictus Martius) — ce roi vêtu de rouge que Circé transforme en pivert pour le punir d'avoir repoussé ses avances. Les crêtes et plumes rouges du pivert ont fait de lui, dans plusieurs mythologies, le prototype de l'oiseau de feu ou de l'oiseau-foudre, incarnation du feu céleste. Ce même feu céleste qui, avons-nous indiqué, se manifeste et descend dans les eaux au lever de la Canicule. Or c'est ici le moment de remarquer que la crue qui se produit au moment de cette conjonction périlleuse s'accompagne, en Egypte et en Phénicie, d'un troisième phénomène qui n'est autre que le rougissement soudain des eaux du Nil et du fleuve Adonis. Cette invasion de la couleur rouge, naturelle ou artificiellement provoquée, est au centre de tout un complexe imaginaire et rituel où l'on voit se mêler le thème du vin et celui du sang : 1) La légende égyptienne de la «Destruction de l'humanité » associe la crue rouge du Nil au récit d'un massacre sanglant des hommes par les dieux irrités de leur irrespect, doublé de la confection par ces mêmes dieux d'une sorte de bière écarlate et enivrante destinée à se substituer au sang et à apaiser en la saoulant la déesse furieuse qui menaçait de détruire trop complètement l'humanité. 2) Dans le complexe adonidien l'inondation sanglante (associée par les Égyptiens à l'origine des sacrifices humains) est la transposition cosmique du meurtre d'Adonis, dont le sang, comme celui de Hyacinthos, donne également naissance à des fleurs rouges.

On sait d'ailleurs qu'Aphrodite, dont les larmes, versées à cette occasion, produisirent les roses est, comme ses homologues proche et moyen-orientales, en relation étroite avec la couleur rouge : à Chypre, île du cuivre, elle est certainement l'héritière d'une déesse de la fécondité protectrice de ce métal (dont l'invention est due à Kinyras, père d'Adonis et de trois filles qui furent les premières prostituées) ; et en Sicile, au temple d'Eryx, célèbre dans toute la Méditerranée antique pour ses hétaïres, elle prend la forme d'une colombe rouge lorsqu'elle revient au sanctuaire après son voyage annuel en Afrique. [...]

Au moins sur le plan littéraire, le registre ancillaire est contigu avec celui de la prostitution (Rafael Carrasco, La prostitution en Espagne: de l'époque des rois catholiques à la IIe République, Volume 526, 1994 - books.google.fr, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le domaine de l’abbé Saunière : V et A de PACTUM, Vénus et Adonis).

Le cas de Marthe qui, sous ses deux hypostases de la sainte évangélique et de Marta la Mala (entité éminemment prostibulaire qui intervient dans nombre de conjuros amatorios ibériques), manifeste une inquiétante réversibilité et se prête à de curieux glissements de sens. Elle aussi est d'origine orientale et, comme sa sœur Madeleine, probablement apparentée, au moins pour plusieurs de ses aspects mythico-folkloriques, à quelques-unes des divinités féminines sémitiques qui, comme Astarté, Ishtar ou Anat (liées souvent à des pratiques de prostitution rituelle), ont servi de modèle aux « Grandes Mères » et aux déesses érotiques accueillies par l'Empire Romain. La Marta des conjurations et des proverbes n'est pas seulement — j'ai essayé de le montrer — la réinterprétation caricaturale de la sainte des Écritures ; elle est aussi, fort probablement, le produit d'une contamination de cette dernière avec un personnage-type appartenant en propre à la culture folklorique. Le réseau d'images, d'associations et de thèmes qui sous-tend les récits, croyances et allusions relatifs à Marta et à ses analogues ou congénères m'était dès lors apparu comme ancré dans un contexte calendaire, celui de la Canicule, qui correspond précisément à la fête de la sainte (29 juillet). [...] Mythologues et folkloristes l'ont bien établi : la Canicule n'est pas seulement la période d'un affrontement entre l'Eau et le Feu, le moment où s'additionnent les dangers de l'orage et ceux de la sécheresse. Toute une mythologie, tout un ensemble de théories astrologiques, de croyances et de rituels, que l'on voit à l'œuvre dès les plus anciennes cultures méditerranéennes proche et moyen-orientales (Egypte, Syrie, etc.), indiquent que cette crise cosmique, au cours de laquelle s'opposent les conjonctions et disjonctions sexuelles, les amours stériles, anti-matrimoniales, folles et occasionnellement tragiques, dont la « passion » d'Adonis a fixé le modèle le plus achevé. (Rafael Carrasco, La prostitution en Espagne: de l'époque des rois catholiques à la IIe République, Volume 526, 1994 - books.google.fr).

Il existe à Yolet dans le Cantal, entre Aurillac et Polminhac, une légende présentant une certaine Martine, qui tient assez de sainte Marthe, débarrassant le pays d'un monstre, le Drac, dont la tête roule sur le sable (Jean Kervall) (Les merveilleuses légendes de nos vieilles provinces d'après les auteurs régionalistes, 1927 - books.google.fr).

Une partie des chapiteaux historiés romans de l'église Sainte Martine (de Rome, IIIème siècle), de Pont-du-Château dans le Puy-de-Dôme, a été détruite en 1830 par le curé qui les jugeait trop licencieux (fr.wikipedia.org - Eglise Sainte-Martine de Pont-du-Château).