Partie XIV - Le Serpent rouge   Le voyage de l’âme   L’Arcadie d’Hergé   
SERPENT ROUGE ARCADIE HERGE TINTIN 7 BOULES DE CRISTAL

Arcadie Claret

Arcadie Claret (Bruxelles 30 mai 1826 – Monheim 13 janvier 1897) était la fille du major Charles-Joseph Claret (1789-1867), trésorier de la Caisse des Pensions pour veuves et orphelins de l’Armée belge, qui termina sa carrière avec le grade de lieutenant-colonel. Il avait épousé la Gantoise Henriette Neettezoone (1795-1881) et ils eurent treize enfants, dont huit parvinrent à l’âge adulte. La famille habitait à Etterbeek une grande maison de maître, entourée d’un parc étendu.

Leopold Ier apprit à connaître Arcadie en 1842 ou au plus tard en 1844. À la première de ces dates elle avait à peine seize ans quand le roi était déjà quinquagénaire. Elle devint rapidement sa maîtresse et le resta pendant plus de vingt ans (fr.wikipedia.org - Arcadie Claret).

Arcadie Claret (XIXème siècle)

L'épouse du fils aîné du roi (Georges 1849-1904), qui était une servante de la maîtresse de sa majesté, est morte en 1943 esseulée dans un asile pour vieillards. La fille de cette dernière, Marianne (1891-1973) - donc la petite-fille du roi - est quant à elle morte débile mentale (schizophrénie) oubliée de tous dans un hôpital psychiatrique en Allemagne (archives.lesoir.be - Arcadie Claret).

Etterbeek est le lieu de naissance de Georges Remi, alias Hergé.

Il y a une indéniable parenté entre Claret et Clairmont, c'est "clair".

Tintin et le capitaine Haddock prennent le train saboté à Santa Clara pour se rende à Jauga, ou Jauja, qui existe bien au Pérou. Dès 1934, la Revue belge notait :

Pour sauver leur empereur, les Indiens chargèrent un jour onze mille lamas de sacs d'or ; la rançon arriva trop tard ; le meurtre avait été consommé. Et l'immense trésor fut enterré près de Jauga : on le recherche encore ; et, pourtant, il ne constitue qu'une unité parmi les masses sans nombre gisant sur les côtes et dans les montagnes du Pérou, masses que les indigènes voulurent ainsi arracher à la soif d'or des conquérants espagnols (Revue belge, Volume 2, Goemaere., 1934 - books.google.fr).

Apparamment il n'y a a pas de Santa Clara entre Callao, port de Lima, et Jauja. On remarque qu'il s'agit encore d'un "clair" comme Clairmont et Claret.

Claret. Alpes H. P.. village sur le Torrent de Claret. affl. g. de la Durance; de Clareto, XIIe s. = occ. adj. (riu) claret «(ruisseau) un peu clair», pour désigner d'abord le cours d'eau (Ernest Nègre, Toponymie générale de la France: Tome 2, Formations non-romanes, dialectales, Volume 2, 1996 - books.google.fr).

CLARET : claret; c'est purement et simplement l'ancien mot franc, claré (XIIe s.), claret, clairet (XIVe s.), vin clair, que les Anglais nous ont emprunté vers 1440, et qu'ils nous repassent avec un sens spécialisé (Édouard Bonnaffé, L'anglicisme et l'anglo-américanisme dans la langue française : Dictionnaire étymologique et historique des anglicismes, 1920 - books.google.fr).

Madame Clairmont, épouse du cinéaste

Albert Algoud suppose, avec Cyrille Mozgovine, Madame Clairmont adultère car elle serait accompagnée du collègue de son mari, dans l'expédition américaine, Monsieur Hornet. A bien y regarder, l'homme assis à la gauche de madame Clairmont a le crâne chauve alors qu'Hornet est bien chevelu de là, même s'ils portent tous deux la barbe et sont bruns (Albert Algoud, Petit dictionnaire énervé de Tintin, 2010 - books.google.fr).

Mais il s'agirait d'un autre adultère, royal celui-là...

Du rose : de l'ordre du Gand Naja rose au grade de Chevalier Rose-Croix de l'ordre franc-maçon

Le fakir Ragdalam qui interpelle Madame Clairmont porte une décoration (l'ordre du Grand Naja rose) inspiré de l'ordre de Léopold Ier de Belgique.

Vers septembre ou octobre 1813, alors qu'il est en campagne, le futur roi Léopold Ier de Belgique est reçu franc-maçon par Rodolphe-Abraham Schiferli, Chevalier Rose-Croix du Chapitre de la Loge Zur Hoffnung, de Berne, alors appartenant au Grand Orient de France et aujourd'hui à la Grande Loge suisse Alpina. Il est élevé à la Maîtrise le 9 décembre de la même année et il est fait membre d'honneur de la loge (wikimonde.com - Léopold Ier de Belgique).

L'Arcadie et la Belgique

L'Arcadie est employée dans les pamphlets pour tourner en dérision, comme on appelle "rossignol d'Arcadie" les ânes.

Tous ces docteurs d'Arcadie forment l'illustre gouvernement de très-savant et très-puissant Léopold, Roi, à qui Dieu veuille pardonner !... Tous concourent, de leurs efforts, à nous punir d'avoir voulu être libres, et tous nous arrachent jusqu'au dernier écu, pour s'enrichir, pour engraisser les prêtres et nous forger des chaînes :... La postérité ne croira qu'avec peine à tant de longanimité de notre part,... à tant de stupidité, de cupidité et de perfidie dans nos oppresseurs (Les euménides: recueil de pamphlets et de libelles sur les hommes et les choses et d'opposition générale, Volume 2, Michaëls, 1837 - books.google.fr).

Canailles

Le terme "canailles" est employé trois fois dans la page 45 des 7 Boules de cristal, lors de la fuite des kidnappeurs de Tournesol, page qui semble pointer vers l'histoire antique de la Sicile. Le mot vient de l'italien "canaglia", chien. Un pamphlet tiré des mêmes Euménides associe les deux :

Les nouvelles de la Sicile sont bien aujourd'hui ce qu'il y a de plus trouble et de moins clair après le prétendu accueil d'enthousiasme qu'aurait reçu notre roi Lèopold dans la patriotique ville de Liège. Depuis que le choléra ravage celte malheureuse Sicile, il n'y a pas moyen de savoir à quoi s'en tenir touchant les choses qui s'y passent. Le choléra fait pour elle ce que les protocoles, autre épidémie, ont fait pour nous : c'est d'un confus à n'y rien comprendre.

Dès les premiers jours de l'invasion contagieuse, la Gazette d'Augsbourg a dit : « Un voile mystérieux couvre les événemens de la Sicile. » Alors le Monde s'est dit: « Il y a donc des èvénemens dans la Sicile? » Mais quels étaient les èvénemens couverts par ce voile mystérieux ? A en croire les rapports particuliers, la populace s'était ameutée, on avait assiégé des maisons, égorgé des citoyens, incendié des propriétés, et qui pis est (remarquez bien le qui pis est) on avait rompu toute communication avec le gouvernement central. N'est-ce pas comme chez nous en 1830? Le lendemain, les amis du gouvernement central répondirent qu'on exagérait le mal; qu'il y avait bien eu en effet à déplorer quelques désordres résultant de la brusque apparition du choléra; mais que ces désordres étaient tout-à-fait étrangers à la politique. Ceci n'est plus comme chez nous en 1830. Le surlendemain, on embarquait de Naples 10,000 hommes pour Palerme, avec je ne sais quel grand policier, en qualité de commissaire extraordinaire, lequel grand policier avait le droit de mettre en état de siège, de piller, de confisquer, d'emprisonner, de tuer, etc. Bref, lë roi de Naples disait naïvement que c'était un autre lui-même. C'est encore comme chez nous en 1830. Le lendemain, la Gazette d'Augsbourg écrivait ; « Les nouvelles de la Sicile sont de plus en plus rassurantes. Tout est rentré dans l'ordre, à l'approche des troupes envoyées de Naples. » Ce n'est plus du tout comme chez nous en 1830. Le surlendemain, on annonçait que le roi de Naples allait s'embarquer lui-même, et qu'il réclamait l'occupation autrichienne pour le rétablissement de la paix dans ses états. Et là-dessus la Gazette d'Augsbourg traitait les Siciliens de vile canaille, de tourbe atroce d'assassins, de cannibales, etc. C'est de nouveau toujours comme chez nous en 1830. Aujourd'hui, la même Gazette d'Âugsbourg déclare que tout est rentré dans l'ordre le plus parfait. « Le peuple est admirable, dit-elle; il fait retentir partout le cri de Vive le roi! » - Oh! la scène change, cela devient comme chez nous en 1831.

Léopold Ier qui voyage toujours hors de son royaume, comme pour prouver à la Belgique qu'elle peut se passer de roi, vague en ce moment en Angleterre. Il a été accueilli à Ramsgate avea ce luxe de froideur et cette explosion d'indifférence qui distinguent les réceptions princières partout où la police ne plante pas, péle-mêle avec des lampions et les arcs-de-triomphe, des Populations empressées À la solde des fonds secrets.

Les journaux valets d'Angleterre ont ou moins de front pour le mensonge, ou moins de vocation pour le jeu de mots. Celui qui rend compte de l'entrée de Léopold à Ramsgate, pour faire suite à l'entrée d'Alexandre-le-Grand à Babylone, avoue la maigreur tout-à-fait diaphane de l'enthousiasme; mais il donne à ce fiasco une explication singulièrement naïve. Voici :

« La réception faite au gendre et à la fille de Louis-Philippe a été très-flatteuse, bien qu'il eût pu y avoir un peu plus d'enthousiasme. » C'est peut-être a l'absence de la populace qu'il faut en attribuer la cause, car les gens de bonne compagnie ont une autre manière d'exprimer leurs sentimens que la Canaille, et n'aiment guère à fatiguer leurs poumons. » (Les euménides: recueil de pamphlets et de libelles sur les hommes et les choses et d'opposition générale, Volume 1, Michaëls, 1837 - books.google.fr).

Les docteurs d'Arcadie "quy ont les visages d'hommes et les oreilles d'asnes" selon une pièce mettant en scène Gauthier Garguille, Les révélations de l'ombre de Gauthier Garguille nouvellement apparue au Gros Guillaume, son bon amy (1634) :

Quel que tu sois, laissons, je te prie, le monde comme il est. Ce n'est pas chose nouvelle de voir des docteurs d'Arcadie quy ont les visages d'hommes et les oreilles d'asnes : il faut que tout le monde vive (comme dit le proverbe, larrons et autres), et, d'autre part, mon humeur n'est point à censurer personne. (Chansons de Gaultier garguille avec introduction et notes par Edouard Fournier, 1858).

Hugues Guéru, surnommé « Fléchelles » (dans les pièces sérieuses), « Gaultier-Garguillo » à Rouen, « Gaultier-Garguille » ou « Gaultier-Garguif » à Paris, dans les farces, né vers 1573 à Sées et mort le 10 décembre 1633 à Paris, est un comédien, poète et chansonnier grivois français (fr.wikipedia.org - Gaultier-Garguille).

Murcielago

"Zapotèques" est dans la bouche de Haddock une insulte adressée, page 33, aux Indiens qui avaient enlevé Zorrino, page 47, lorsque les héros pénètrent dans le Temple du Soleil en démontant une dalle.

Les Zapotèques, qui n'ont pas connu - à l'instar des autres civilisations classiques du Mexique — l'usage du métal, ont en revanche été de bons artisans des pierres dures ou semi-précieuses, telles que l'onyx, le jade ou la jadéite et d'autres matériaux lithiques dont était riche la région montagneuse qu'ils habitaient. C'est d'ailleurs pour y trouver leur approvisionnement en pierres de qualité que les Olmèques avaient noué d'étroites relations à l'époque préclassique avec cette zone de l'Oaxaca. Les gens de Monte Alban témoignent de leur habileté héritée des techniques de l'artisanat olmèque dans toute une série de créations originales.

Comme les Mayas, les Zapotèques ont montré un véritable culte pour le jade — chalchihuitl des Aztèques, symbole de l'eau — et ont réservé cette pierre à des réalisations prestigieuses, vraisemblablement dotées d'un véritable pouvoir magique. C'est le cas du «masque» en éléments juxtaposés qui forme une image du dieu chauve-souris, Murciélago, seigneur des morts (Henri Stierlin, L'art aztèque et ses origines: de Teotihuacan à Tenochtitlan, 1982 - books.google.fr).

La civilisation zapotèque était une civilisation amérindienne précolombienne qui s'est épanouie dans la vallée de Oaxaca au sud de la Mésoamérique et qui a développé une société de structure matriarcale. Des preuves archéologiques montrent que cette culture remonte au moins à 2500 ans. Elle a laissé des vestiges archéologiques dans la ville antique de Monte Albán sous forme de bâtiments, de jeux de balle, de tombeaux magnifiques et d’œuvres d’art, notamment des bijoux en or finement travaillés (fr.wikipedia.org - Zapotèques).

Le masque de jade du dieu Murcielago, dieu chauve-souris, a été trouvé à Monte Alban dans le monticule H en 1946 (Piezas arqueologicas robadas, Museo Nacional de Antropologia de la Ciudad de Mexico, 1986 - archive.org).

Le masque de jade zapothèque du dieu Murcielago - www.delange.org

La case avec la chauve-souris dans le Magen David n'est apparue qu'en 1948, elle est absente dans la version de 1943.

Le couple des ombres

Comme Léopold Ier de Belgique, le mari de sa fille Charlotte, Maximilien, fut franc-maçon.

L'éphémère empereur du Mexique reçut formation une navale. Il commanda la flotte autrichienne de 1854 à 1864. Son appartenance maçonnique est controversée : les francs-maçons mexicains de rite d'York la contestent alors que ceux de Caroline du Nord lui attribuent un 33ème degré au Rite Ecossais. Dans un bulletin officiel du Suprême Conseil de cet Etat, il est indiqué qu'un inspecteur du rite l'avait reconnu comme chevalier Rose-Croix... Personnage controversé, il n'est pas surprenant que certains aient souhaité se l'approprier, comme d'autres au contraire le rejeter. Il est certain toutefois qu'il encouragea le développement de l'Ordre au Mexique pendant son court règne (Jean-Marc Van Hille, Dictionnaire des marins francs-maçons, Gens de mer et professions connexes aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles, 2011 - books.google.fr).

Maximilien et Charlotte - Les amants chimériques de Lucile Decaux

L'hallucinée Yaminah qui tombe en dépression à la sortie de son numéro a une certain ressemblance avec Charlotte de Belgique, devenue complètement folle à la mort de son mari fusillé au Mexique. Le patronyme Charlet peut faire penser à "Charlotte", car Charlet est un déminutif de Charles comme Charlot.

Dans sa folie naissante a montré un vrai talent : celui du scandale et du spectacle. Elle s'était toujours rêvée applaudie et Diva (Blanche Coudurier, Un voyage avec Carlota, au coeur de la folie: Roman, 2009 - books.google.fr).

Charlotte, isolée, cloîtrée à Miramar où les ordres des Habsbourg étaient formels : l'impératrice ne devait avoir aucun contact avec le monde extérieur. « Nous allons la reprendre avec nous en Belgique », décida le roi Léopold.

Le fils de Napoléon Ier, l'Aiglon, suivant une rumeur tenace, aurait eu un enfant (bâtard donc) de l'archiduchesse Sophie : Maximilien, époux de Charlotte.

Le général Weygand, officiellement orphelin, aurait été, selon des rumeurs depuis 1920, un enfant adultérin de Charlotte de Belgique.

C'est plus rarement que Charlotte fera allusion à des visions mystiques ou à des « communications qu'elle a reçues » ou qu'elle dira « j'ai vu en esprit ». Elle voit alors apparaître dans des visions plusieurs Napoléons, puis des constellations de Napoléons. C'est une gigantesque armée, chargée par Dieu de manifester la vérité sur terre... « leur mission reste toujours la même : sauver et faire triompher Napoléon III, la France et surtout Dieu ». C'est donc maintenant Dieu lui-même qui l'investit d'une mission à sa taille. Mais le mécanisme n'est plus la construction de rapports particuliers dans ce monde. Il a fallu atteindre, comme conclut van Yperseele, « ce monde céleste... lieu où l'impératrice, réduite à l'impuissance, réalise tous ses fantasmes univers apocalyptique où se joue l'avenir du monde et de Dieu, batailles grandioses entre les armées du ciel et de l'enfer, victoires éclatantes de personnages bibliques et triomphe de la France au firmament de de la terre ! Voilà Charlotte au sommet du monde, digne de sa grandiose mission. Elle s'identifie au Christ-Sauveur qui meurt pour le Père : que ce soit Napoléon III ou Dieu, c'est toujours le Père que Charlotte cherche à sauver »... « Elle sauve Dieu-le Père.... Alors, enfin, elle accède à la vie. L'échec mexicain est effacé. Sa mégalomanie n'est, en fait, que la recherche désespérée d'un droit à l'existence » (Émile Meurice, Charlotte et Léopold II de Belgique: deux destins d'exception entre histoire et psychiatrie, 2005 - books.google.fr).

Le nom de Yaminah pourrait provenir du prénom masculin visnouite Jamina, nom d'un voleur surpris par un tigre et sauvé par le dieu. Cette ambiguïté sexuelle retranscrit un des délires de l'ex-impératrice Charlotte.

Le deuxième thème délirant va, en effet, être sa transformation de femme en homme. On a dit qu'elle avait besoin d'un homme pour la faire s'échapper : « la femme est impuissante ». Dans ses lettres, on la voit passer de « Si j'étais un homme » à « je puis être un homme » que nous avons cité. Elle écrit encore : « être homme, c'est renaître une deuxième fois » (Émile Meurice, Charlotte et Léopold II de Belgique: deux destins d'exception entre histoire et psychiatrie, 2005 - books.google.fr).

Les ombres

Maximilien est là-bas ; il est bien loin avec Napoléon III. Ils se sont rencontrés sur d'autres rivages : les rivages de l'éternité. Maximilien est venu le premier, Napoléon III l'a suivi de près ; il s'approche, lui tend la main, lui parle et s'excuse. Mais à l'exemple de la fière Didon, quand Enée la revit aux Champs-Elysées, la grande ombre de Maximilien tient ses yeux attachés au sol, croit indigne d'un sourire et d'un regard celui qui a causé sa mort, et ne paraît pas plus touchée de sa parole nuageuse et perfide que ne le serait le marbre le plus dur (Félix Dupont, Voyage a Goritz, 1880 - books.google.fr).

L'année 1879 devait réserver à "Henri V" la grande satisfaction d'accueillir à Göritz le journaliste Félix Dupont, directeur du journal marseillais Le Citoyen qui, à son retour, publia un intéressant compte rendu de son voyage.

Au moment où elles plient bagage, la folie invisible chemine dans l'ombre de l'Impératrice Charlotte (La Revue hebdomadaire, Volume 41,Numéros 1 à 2, 1932).

Il me souvient d'une galerie de portraits où étaient représentés les membres de la famille de François—Joseph : Elisabeth, la nostalgique impératrice, la duchesse d'Alençon, Louis II de Bavière, Maximilien, Charlotte, l'Archiduc Jean Orth. Rodolphe, ombres tragiques effondrées dans le crime, la folie ou le suicide (Oscar Grojean, Les pierres qui crient, Le Flambeau: revue belge des questions politiques et littéraires, Volume 2, 1919 - books.google.fr).

Hambalapur, Shambhala, et Arcadie

Les Indiens de l'Inde pourraient bien être ceux d'Amérique et le Shambhala (Hambalapur) annonce l'Eldorado, autre pays mythique et introuvable qu'atteindront Tintin et Haddock. D'ailleurs à Callao, ils descendent à l'hôtel Cristobal Colon (Temple du Soleil, page 3).

Ce que Christophe Colomb voulut atteindre en franchissant l'océan, c'était la Chine mongole d'avant la révolution des Ming en 1368, le Grand Cathay. À son départ pour ce qu'il croyait être l'Asie orientale, il était convaincu d'y trouver d'importantes chrétientés vivant dans la mouvance rituelle et culturelle de la Mésopotamie : c'est pour cela qu'il choisit pour interprète Luis de Torres, juif baptisé sachant l'hébreu et le chaldéen. Il pensait donc pouvoir converser à la cour de Cipangu (le Japon) ou à celle du Cathay (la Chine) grâce à ce qui n'est qu'une forme orientale d'araméen. Comme Guillaume de Rubrouck deux cent trente-neuf ans plus tôt, Christophe Colomb emportait une lettre de son souverain pour le Grand Khan. À traduire en chaldéen. Par d'autres voies, les Portugais cherchaient les mêmes pays (Hugues Didier, Les Portugais au Tibet: les premières relations jésuites (1624-1635), 1996 - books.google.fr).

La prophétie selon laquelle doit sortir d'Espagne celui qui réédifiera le temple de Jérusalem, elle apparaît aussi dans la lettre aux Rois Catholiques par laquelle Christophe Colomb commence son Livre des prophéties et semble avoir été très répandue à l'époque de Ferdiand et d'Isabelle (M. Mahn-Lot, Sur l'illuminisme de Christophe Colomb) (Alain Milhou, Le messianisme de Christophe Colomb, Cahiers du CRIAR, Volume , 1981 - books.google.fr).

Le fakir Ragdalam a été décoré du Grand Naja rose par le Maharadja d'Hambalapur. Cet Hambalapur entre en assonance avec Shambahla évoqué par la fondatrice de la Société théosophique, Helena Petrovna Blavatsky, dans son livre La Doctrine Secrète (1888).

Shambalha (tibétain bde byung) est un pays mythique, dépositaire de l'enseignement du kalachakra qui fut transmis par le Bouddha à la demande de son roi Suchandra. Il est décrit dans le Tantra Kalachakra et ses commentaires.

La tradition chrétienne occidentale identifie Shambalha parfois au « Royaume du prêtre Jean » des Nestoriens alors que la tradition chrétienne orientale parle des légendes liées à « la terre des blanches eaux » ou à « l'île blanche ».

On considère généralement que la première référence européenne à Shambhala est l'oeuvre des jésuites portugais Joào Cabrai et Estevào Cacella (1585 – 1630), qui parlent de « Xembala » dans leurs lettres datant de 1627. Croyant qu’il s’agissait du but de son voyage, Cathay, Cacella suivit les indications de ses informateurs et arriva en 1627 au monastère de Tashilhunpo, siège du panchen-lama, à Shigatsé. Il existe une tradition qui situe Shambhala à Tashilumpo (Cornelius Wessels, Early Jesuit Travellers in Central Asia: 1603-1721, 1924 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Shambhala (mythe)).

Estevào Cacella, dans son récit de voyage (1627), identifie le Cathay au Xembala :

Comme le Cathay est très vaste et que c'est le seul royaume qui reste dans ces parages à côté des Tartares d'après les descriptions des cartes, nous pouvons en déduire, avec quelque probabilité semble-t-il, que c'est ce qu'ici on appelle Xembala (Hugues Didier, Les Portugais au Tibet: les premières relations jésuites (1624-1635), 1996 - books.google.fr).

Et le Cathay, ou un des Cathay, passait le royaume du Prêtre Jean pour Guillaume de Rubrouck (1215-1295), né à Rubrouck en Flandre française, intime de Saint Louis, qui se rend en Mongolie en 1253-1254, pour évangéliser les Mongols.

Du temps que les François prirent la ville d'Antioche, il y avoit pour monarque en ces parties septentrionales un prince nommé Con-Cham ou Ken-Cham, Ken étoit son nom propre, et Cham un titre de dignité qui signifie le même que Devin , car ils appellent tous les devins Cham ; de là leurs princes ont pris ce nom, parce que leur charge est de gouverner les peuples par le moyen des augures : de sorte qu'on lit aux histoires d'Antioche, que les Turcs envoyèrent demander secours ù Con-Cham contre les Francs, d'autant que les Turcs sont euxmêmes venus de ces pays-là. Ce Ken-Gham étoit aussi appelé Cara-Cathay, c'est-à-dire Noir Cathay; Cara signifie noir, et Cathay est un nom de pays, pour le distinguer d'un autre Cathay qui est vers l'orient, le long de la mer, dont je parlerai aussi ci-après. Ce Cathay là est au dedans de certaines montagnes par où j'ai passé, avec une grande campagne, où étoit autrefois un grand prêtre nestorien qui étoit seigneur d'un peuple nommé Nayman, tous chrétiens nestoriens. Ce Ken-Çham étant mort, ce prêtre nestorien s'éleva et se fit roi ; tous les Nestoriens l'appeloient le roi Prêtre-Jean, et disoient de lui des choses merveilleuses, mais beaucoup plus qu'il n'y avoit en effet ; car c'est la coutume des Nestoriens venant de ces pays-là de faire un grand bruit de peu de chose, ainsi qu'ils ont fait courir partout que Sartach étoit chrétien aussi bien que Mangu-Cham et Ken-Cham, à cause seulement qu'ils font plus d'honneur aux chrétiens qu'à tous les autres; toutefois il est très certain qu'ils ne sont pas chrétiens (Voyage de Guillaume de Rubrouck, 1830 - books.google.fr).

Le mythe de l'Âge d'or et son corollaire, celui de l'Empereur «qui revient», se trouvent schématiquement au tréfonds de bien des paléontologies culturelles : royaume occulté d'Arthur chez les Celtes, légende impériale gibeline en Europe médiévale, mythe constitutif de l'Empire à Rome, retour du Saoshyant dans le mazdéisme, attente de l'Imam caché dans le Shi'isme duo-décimain, légende du Prêtre Jean et sébastianisme dans le Portugal des Conquêtes, enfin retour de l'Avatara-Kalkin à la fin du Kali Yuga. [...] Depuis la doctrine des Kalpa et des Yuga jusqu'à la conception nietzschéenne, en passant par les théories astronomiques de la «grande année» ou «cycle précessionnel» de 25920 ans l'on trouve chez Platon, l'imaginaire d'un retour est bien présent au tréfonds de la méditation de l'Occident. Ce mythologème s'oppose - en apparence - au grand mythologème progressiste et messianique porté en Europe par les religions judéo-chrétiennes et qui a donné une telle ampleur à la doctrine des trois âges théologiques de l'obscur abbé Joachim de Flore. Ce dernier reprend la fameuse prophétie de Daniel à Nabuchodonosor (Dn II, 37-44) expliquant le songe du roi qui avait rêvé d'un colosse à la tête d'or, au corps d'argent, d'airain, aux pieds de fer et d'argile, s'effondrant soudain.

Suivant la fructueuse méthode de «mythanalyse» bien établie par Claude Lévi-Strauss et Gilbert Durand, nous pouvons circonscrire dans les sources citées plus haut les cinq mythèmes qui structurent les significations du mythe de l'Âge d'or.

Le premier mythème est celui d'une royauté «passée», perdue ou exilée, typifiée en Occident par les rois primordiaux Janus et Saturnus avant tout déploiement du temps, fût-il théogonique. C'est le mythème de la nostalgie de Janus «roi de tout commencement» et de son hôte Saturne roi de Saturnia, ville fondée bien avant la naissance de Rome. Et cela avec la connotation d'une déchéance dans le temps, en résonance avec le détrônement, voire l'émasculation de Cronos par ses descendants olympiens. C'est paradoxalement de cette seule image du roi affaibli, vieilli, malade, qu'héritera le Saturne de l'astrologie occidentale. Cette grande image du royaume déchu, du «Roi méhaigné», va hanter tout le romanesque du cycle breton familier à Philippe Walter. Ce sont les thèmes du «gaste pays», de «l'arbre sec», qui attendent le retour salvateur.

Le second mythème est celui du « roi caché », et surtout caché dans une île ou au sein d'une montagne. C'est Saturne caché dans le Latium dont la racine est le verbe latere qui signifie caché. C'est aussi l'Ile d'Avallon où se cache le roi Arthur, l'Ile verte où se cache l'Imam ultime le Mahencha où se cache Paraçu-Kama, enfin c'est le Kyferberg où, dans la légende gibeline, attend l'Empereur - soit Barberousse, soit Frédéric II sans oublier l'encoberto portugais et le mystérieux royaume du Prêtre Jean, les Iles fortunées.

A l'encoberto portugais répond l'encubierto aragonais et l'encobert catalan.

Le troisième mythème est corollaire du mythème précédent. Ce roi (ou ce sage) — dans son île bienheureuse — est, ou a été, le roi d'un «pays de Cocagne», d'abondance, de paix et de concorde. Son royaume est paradis terrestre ou encore Arcadia, archétype politique de la cité heureuse, riche, sainte. Dans le troisième mythème l'accent tombe surtout sur les rêves et les fantasmes de prospérité et de richesse matérielles.

Le quatrième mythème est le mythème essentiel : celui qui articule le mythe sur le mythologème du «retour», du temps cyclique. C'est de lui que dépend l'option philosophique décisive : jam ou nondum ? Car ce roi « caché » déchu, a la puissance de revenir, c'est-à-dire la puissance de subvertir le temps. Pour reprendre une terminologie juive, il est maître de l'Exode. [...] Dans les mythologies occidentales comme dans la tradition chinoise, le mythème de l'éternel retour se révèle, par ses riches représentations symboliques, comme une puissance primordiale de revenir, de recommencer, de subvertir le le Temps. C'est cette puissance que symbolise, dans de nombreuses légendes occidentales, le fameux Graal. [...] Mais la possession ou la contemplation de cet objet implique un cinquième mythème: il faut une «qualification» morale pour que l'objet possédé soit bénéfique, sinon celui qui s'en empare, l'usurpateur, tel Moïset du roman Joseph d'Arimathie, est foudroyé, englouti dans l'abîme. Comme l'écrit Evola, «la force du Graal détruit tous ceux qui cherchent à le saisir sans être qualifiés pour cela». La candidature au regnum, l'accès aux bienfaits thaumaturgiques, exige donc qualification.

Le cinquième mythème est bien celui de l'initiation, procédure nécessaire du «retour» de l'Âge d'or, «mode d'emploi pour le réaliser». Cette qualification nécessite une ascèse «opérative» soit de type héroïque sur le modèle des douze travaux d'Héraclès/Hercule ou, comme l'a bien montré Joël Thomas, des douze «chants» de l'Enéide, ou encore sur le modèle de la chevalerie du Graal - Perceval ou Galaad -, soit de type «alchimique» (Chaoying Sun, L'âge d'or du Tibre au Fleuve jaune, L'imaginaire des âges de la vie, 1996 - books.google.fr).

Le Languedoc fut jadis le vrai pays de cocagne. C'est au commerce du pastel que le Lauragnais, l'Albigeois et le Toulousain durent ce nom, qui désigna plus tard un pays où tout respirait le bien être. Le pastel, dont la culture est fort déchue depuis l'importation de l'indigo en Europe, formait autrefois la principale richesse du Haut-Languedoc. Un grand nombre de familles font remonter l'origine de leur fortune au trafic de cette plante tinctoriale, et nous voyons dans plusieurs chartes de l'histoire d'Alby que les évèques de ce diocèse en tiraient un très grand revenu. La première préparation du pastel se faisait à l'aide de moulins destinés à broyer cette plante ; ces moulins sont encore connus sous le nom de moulis pasteliés. Les feuilles, ainsi réduites en pâte, étaient ensuite façonnées en coques ou cocagnes, et c'est sous cette forme qu'on en faisait, de temps immémorial, le commerce en Languedoc Dans une ordonnance, du 4 août 1463, pour l'imposition de nouvelles aides en cette province, on lit : « Sur tout cent de pastel en cocagne se payera au moulin cinq deniers tournois. Item sur toute charge de pastel issant hors dudit pays payera pour charge cinq sols tournois. (Hist. gén. de Long., t. V., Pr-, col. 30.) » Jusqu'au milieu du XVIe siècle, ce produit fut la source de richesses considérables dans la province, et « c'est de là, dit Astruc dans ses Mémoires pour l'Histoire naturelle de Languedoc, qu'est venu l'usage de dire païs de cocagne pour désigner un pais riche. » Furetière et le Dictionnaire de Trévoux disent également au mot cocagne: « C'est le nom qu'on donne, en Languedoc, à un petit pain de pastel avant qu'il soit réduit en poudre.... Quelques-uns ont nommé le Haut-Languedoc un pays de cocagne — De là est venu aussi qu'on a appelé pays de cocagne tous les pays fertiles et abondants où l'on fait grande chère. » (Eugène Dauriac, Notes sur un évêque d'Angoulême, Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, 1852 - books.google.fr).

La cannelle

Les Anciens, & entre autres, l'historien Hérodote, racontent la fable suivante, savoir, que dans le pays où Bacchus fut nourri, le cinnamome & la cannelle [qui sont la même chose] tombent des nids de certains oiseaux , & particulièrement du phénix. Ils disent que ces nids sont placés sur de grands arbres, ou sur des rochers inaccessibles, & que ces bois précieux tombent de la sorte par la pesanteur de la proie que les oiseaux portent dans leurs nids, ou qu'on les abat à coups de flèches garnies de plomb. Ils publient en outre que la cannelle vient auprès de certains marais, & qu’elle est gardée par une sorte de chauves-souris, armées de griffes dangereuses, & par des serpents volants. Il est aisé de voir. que de pareils contes ont été inventés pour augmenter le prix des drogues dont nous parlons. On a ajouté une autre fable; c'est qu'à l'heure de midi, il s’élève de toute la presqu’isle d'Arabie, pat la chaleur des rayons du soleil, une exhalaison délicieuse, composée de toutes les odeurs aromatiques de cette contrée; & que la flotte d'Alexandre le Grand, étant en pleine mer, reconnut qu’elle étoit à la hauteur de l'Arabie par l'odeur d’un si agréable parfum, avant même de découvrir la terre (Histoire Naturelle De Pline, Livre XII, 1772 - books.google.fr).

Le 7 mai 1487, après une dernière audience royale, à laquelle assista le duc de Beja, futur roi, Afonso de Paiva et Pero da Covilhâ partirent de Santarem, chargés d'une mission secrète d'importance capitale : ils devaient découvrir par les routes du Levant prêtre Jean et les marchés d'origine de la cannelle et des autres épices qui, de l'Inde, gagnent Venise en passant par les terres de l'Islam. Ils emportaient une carte marine construite d'après les données d'un planisphère. Pour leurs frais de voyage, le roi les avait pourvus de 400 cruzados, partie en espèces sonnantes et trébuchantes, partie en lettres de change tirées par la banque de Bartolomeu Marchione. Une lettre royale de recommandation demandait, en outre, partout où les deux serviteurs en auraient besoin, l'aide et la protection des autorités locales. Arrivés à Barcelone le jour de la Fête-Dieu, ils y échangèrent les premières lettres de change contre d'autres nouvelles à toucher à Naples; là, après leur arrivée le jour de la Saint-Jean (24 juin), ils reçurent une nouvelle avance d'argent de la banque des Médicis. Puis, ils embarquèrent pour Rhodes, où ils logèrent chez les deux chevaliers portugais de l'Ordre. Déguisés en marchands musulmans de miel, ils se rendirent à Alexandrie, où les fièvres les terrassèrent. Puis ils gagnèrent Le Caire, y achetèrent des marchandises et, en compagnie de Musulmans de Fès et de Tlemcen, s'embarquèrent au Tor ; après une escale à Souakin, ils débarquèrent à Aden, où ils se séparèrent. Afonso de Paiva se rendit en Abyssinie. Pero de Covilhâ prit le bateau pour Cannanore, d'où il passa à Calicut, ensuite à Goa. Traversant l'océan Indien, il visita Sofala — la mine de l'or — revint par Aden et le Tor au Caire. Ici Covilhâ apprit apprit le décès de son compagnon, parti pour le pays du prêtre Jean (Vitorino Magalhaes-Godinho, L'économie de l'Empire portugais aux XVe et XVIe siècles, 1969 - books.google.fr).

Sicile

Pourquoi Les deux albums mentionnent-ils explicitement ou implicitement la Sicile à travers Syracuse ? D'abord, on peut tabler sur Archimède, natif de Syracuse, qui serait le concepteur de la machine d'Anticythère, capable de prévoir les éclipses de soleil.

C'est aussi que la Sicile précède l'Arcadie comme modèle de la terre idyllique.

C'est Théocrite de Syracuse fondateur de la poésie pastorale qui eut le plus d'influence sur les représentations poétiques du paysage idyllique aux XVIème et XVllème siècles ; Virgile reprendra en les transformant les thèmes de ces lieux amènes qui sont organisés pour le plaisir et non dans un dessein utilitaire : la Sicile de Théocrite deviendra avec Virgile la lointaine Arcadie qu'il n'a jamais vue lui-même. (Marie-Anne Gironce-Evrard, La symbolique des saisons dans la poésie lyrique, en Italie, en Espagne et en France, 1465-1645: un prétexte pour dire le temps, 2000 - books.google.fr).

Les liens de la Sicile et de l'Arcadie sont décrits à travers la légende d'Aréthuse fuyant les assiduités d'Alphée, le fleuve qui passera sur l'île sicilienne, où se réfugia la nymphe, en sous-marin dans la Méditerranée.

Avec Agathocle, en 317, Syracuse devient le centre monétaire de toute la Sicile, plus encore qu'au temps de Denys ou de Timoléon (Ernest Babelon, Les monnaies grecques: aperçu historique, 1921 - books.google.fr).

La triskèle qui peut évoquer la forme triangulaire de la Sicile, est l'emblème d'Agathocle qui n'inscrit pas son nom sur les monnaies avant 310 (H. de Nanteuil, Collection de monnaies grecques, 1925 - books.google.fr).

Une monnaie datée de 317-310 (règne d'Agathoclès) présente une tête d'Aréthuse entourée de dauphins ; au revers, quadrige surmonté d'un triskèle, et le nom des Syracusains à l'exergue. On attribue au règne du tyran Agathoclès à la fin du siècle la reprise du type d'Evainetos. Mais les temps ont changé. Bien que l'effigie d'Aréthuse soit passée au droit de la monnaie, la déesse a perdu de sa majesté : on voit combien le style est devenu mignard (Vrai ou faux ? Copier, imiter, falsifier, Bibliothèque nationale (France). Département des monnaies, médailles et antiques, 1991 - books.google.fr).

En 309, une monnaie est frappée par Agathocle : drachmes avec le triskélion. Des Drachmes avec le triskélion à l'envers sont frappées par les Carthaginois (Philippe-Jean Coulomb, Agathocle de Sicile, Tome 2, 2004 - books.google.fr).

Bronze coin of Syracuse, 317-289 BC (Agathocles) avec le triskelion, symbole de la Sicile (Trinacrie) - www.magnagraecia.nl

Le Temple du Soleil

Frédéric Sournois a montré que l'argument du Temple du soleil s'inspirait largement d'un roman d'aventure de Gaston Leroux, L'épouse du soleil, qui repose sur le même postulat du «passé vivant» ainsi commenté par Leroux : «Rien n'a changé chez ces sauvages (...) Est-ce qu'ils n'ont pas toujours leur langue, aussi pure qu'au temps des Incas? Est-ce qu'il ne mangent pas, ne boivent pas, ne filent pas, ne se marient pas, dans la même manière qu'il y a cinq cents ans ? Est-ce que leurs mœurs apparentes ont bougé depuis la conquête? (...) Pourquoi voulez-vous que leurs mœurs cachées se soient modifiées ?». Ce roman raconte l'enlèvement d'une européenne, Marie-Thérèse, par des Indiens Quichuas. Un bracelet lui a été offert mystérieusement et la désigne comme victime sacrificielle. Comme Tintin, le roman va emmener ses héros du port de Callao et de ses négociants de guano, en train sur le chemin de fer par Jauga, puis à pied dans les montagnes, accompagnés de guides et de lamas. Ayant gagné le temple du soleil par des grottes, ils y arriveront au moment du sacrifice de l'héroïne sur un bûcher, allumé par des miroirs, au cours d'une fête rituelle. Leroux décrit les musiciens avec tambours et quenias (flûtes d'os), et les processions de femmes chantant, telles qu'Hergé les représente. L'héroïne délivrée, les protagonistes pourront accéder à la salle du trésor des Incas, qui renferme des statues et des vases emplis d'objets précieux. On voit donc bien qu'Hergé n'a pas inventé grand-chose de l'intrigue. De surcroît, le personnage de Huascar est transposé directement, en gardant son nom, du roman dans la bande dessinée. Tournesol, qui trouve accidentellement un bracelet d'or dans le jardin de Bergamotte, prend le rôle de Marie-Thérèse, Tintin celui du héros Raymond Ozout.

L'épouse du soleil, comme la bande dessinée, se termine par une scène de sacrifice où les victimes sont montées sur un bûcher prêt à être enflammé par des miroirs. La scène, dans le roman de Leroux, est interrompue par un nuage passant devant le soleil, signe que ce dernier n'accepte pas le sacrifice. Hergé va plus loin et c'est par une éclipse de soleil que ses héros seront sauvés. Cette idée pittoresque n'est pas non plus une invention, mais un souvenir, conscient ou non, d'une même aventure arrivée à Christophe Colomb, et rapportée dans toutes ses biographies. Jules Verne, par exemple raconte cet épisode du 29 février 1504 (Jean-Luc Planchet, Tintin et le secret de la momie, Revue d'archéologie moderne et d'archéologie générale, 1999 - books.google.fr).

Avec les Commentaires royaux sur le Pérou des Incas de l'Inca, Garcilaso de la Vega, métis d'un Espagnol et d'une princesse Inca de sang royal, a laissé, dans la seconde moitié du XVIe siècle, les écrits les plus importants sur la civilisation Inca. Hergé s'en inspire pour suggérer que les Incas ne savaient pas prévoir les éclipses et pour faire aboyer Milou lorsque le soleil est caché par la lune, ou pour faire traverser aisément Zorrino, et plus difficlement Haddock et Tintin, un torrent sur une corde tressée par le petit marchand d'oranges, arrimée à un rocher et à un arbre.

D'autres sources d'inspiration de l'album Le Temple du Soleil sont le Candide de Voltaire, Pérou et Bolivie (1880) de Charles Wiener, archéologue français, principale source iconographique, les romans de Jules Verne, Les enfants du capitaine Grant et Martin Paz.

L'auteur de l'article suggère que la culture classique d'Edgar P. Jacobs était plus développée que celle d'Hergé, et que c'est ce collaborateur qui l'a poussé à une grande précision documentaire alors que dans ses albums L'énigme de l'Atlantide et Le Rayon U les objets inspirés de l'art précolombien sont peu identifiables.

Palaja : le temple de la sandale, non le temple de la sole meunière ou plutôt le Temple du Soleil

"Palaja" en sicilien désigne la sole, le poisson solea qui signifie aussi "sandale", dont sont chaussés les Incas du Temple du Soleil. La sole devient en italien "il sole" "le soleil".

La configuration astrale du Sceau de Palaja en ce qui concerne Vénus dans le signe de la Vierge correspondrait à l'horoscope du héros virgilien Enée, dont le voyage en 12 livres, reproduirait le parcours du soleil sur le zodiaque.

Le centre du Sceau de Palaja est occupé par le Soleil justement et associé à l'or, objectif de la quête alchimique.

Selon certains, le "solum" est une aire plate qui doit être exposée au soleil, d'où son nom. Mais une autre explication inverse le propos. C'est que le soleil est plat d'où sol, solis.

En physique et en astronomie, Anaximène, philosophe grec né vers 585 av. J.-C., mort vers 525 av. J.-C., n'apporta aucun progrès décisif par rapport à ses devanciers. Il suivait ses prédécesseurs en concevant la Terre en suspension. Il la concevait plate et circulaire, recouverte d'un dôme céleste. Le Soleil et la Lune étaient aussi des disques plats qui tournaient autour de la terre. Il refusait toutefois le fait que le Soleil passe sous la Terre. La nuit, selon lui, il se dissimulait derrière l'horizon pour retourner à son point de départ matinal.

Anaximène croyait que les étoiles étaient clouées à la voûte céleste, ce qui en faisait les éléments les plus éloignés de la Terre, comme le Christ, étoile du Golgotha, fut cloué à la croix. Il a montré que la lune reçoit la lumière du soleil et de quelle manière elle s’éclipse Il soutenait que l'air constitue la substance première. Tout ce qui existe dans le monde n'était rien de plus que de l'air raréfié ou condensé. Ainsi, par la raréfaction, l'air chauffé se change en feu, formant les corps célestes tels que le Soleil. Par condensation, il se refroidit et devient successivement le vent, les nuages, l'eau et la terre. On raconte qu'Anaximène savait prédire les tremblements de terre.

Selon Diogène Laërce, I. I, p. 134, l. II, c. 1, 3, Anaximandre est l'inventeur du gnomon; c'est Anaximène, suivant Pline, II, 8. (L.AM. Sédillot, Materiaux pour servir à l'histoire comparée des sciences mathématiques chez les grecs et les orientaux, Firmin Didot, 1845 - books.google.fr).

Philolaus, disciple de Pylhagore, s'était peint le soleil comme un vaste miroir qui nous envoie par réflexion l'éclat des feux répandus dans l'atmosphère (Notes sur le poèmes de la nature des choses de Lucrèce, sous la direction de M. Nisard, 1850 - books.google.fr).

Il y a un cadran solaire à la page 57 du Temple du Soleil. (fr.wikipedia.org - Anaximène).

La platitude du soleil doit être une antique conception de cet astre qui se présente, en apparence, comme juste un disque solaire.

On trouve un Palaja, fils de Benaja, dans la Bible éditée par Pierre Chouët à Genève, en 1665, coquille probablement (La Bible qui est toute la sainte escriture du vieil & [et] du nouveau testament: autrement l'ancienne & [et] la nouvelle alliance, Pierre Chouët, 1665 - books.google.fr).

Dans la version de Samuel de Tournes, Bible qui contient l'ancien et le nouveau testament de 1684, on a Pelaja, fils de Benaja (Bible qui contient l'ancien et le nouveau testament, Samuel de Tournes, 1684 - books.google.fr).

Cela en rapport avec le chapitre XI d'Ezechiel : "1 Puis l'Esprit méleva, & me mena à la porte Orientale de la maison de l'Eternel, qui regarde vers l'Orient : & voici, vingt-cinq hommes çà l'entrée de la porte : & je vis au milieu d'eux Iaazanj fils d'Hazur, & Palaja fils de Benaja, les principaux du peuple. 2 Et il me dit, Fils de l'homme, ceux-ci sont les hommes qui pensent iniquité, & qui traittent conseil en cette ville. [...] 13 Or advint comme ie prophetizois que Pelatja fils de Benaja mourut : lors ie tombai sur ma face, & criai à haute voix& di, Hà, hà Seigneur Eternel, t'en vas-tu consumer entierement le reste d'Israel ?

En marge une explication concernant les 25 hommes : à savoir ceux qui adoraient le Soleil levant ci-dessus 8.16 : Il me dit donc entrer au parvis du dedans de la maison de l'Eternel & voici à l'entrée du Temple de l'Eternel, entre le porche et l'autel, environ vingt-cinq hommes ayans leur derriere contre le Temple de l'Eternel, leurs faces vers l'Orient, qui se prosternaient vers l'Orient devant le Soleil.

Le patronyme de Pierre Chouët renvoie à deux personnages : le père (1580-1648) qui s'associe parfois avec son frère Jacques (1583-1661), et le fils (1610-1676). C'est le père qui a publié la traduction de Diodati de l'Histoire du concile de Trente de Paolo Sarpi, en 1621. Parmi les productions des ateliers Chouët, on compte la Bible française de Calvin et T. de Bèze (1622, 1638, 1657 et 1665) et la Sacra Bibbia de Diodati (1641), et les ouvrages de controverses de Pierre Du Moulin (1568-1658), Anatomie de la messe... que la messe est contraire à la parole de Dieu... (1636) (Marie Viallon, Paolo Sarpi: politique et religion en Europe, 2010 - books.google.fr).

Au début du XVIIIe siècle, la grande société Chouët, de Tournes & consorts a pour agent à Amsterdam Jean François Bernard

Pierre Chouet, Arion sur son dauphin tenant une harpe (il symbolisait l’éternité de l’art) Devise(s) : Ars non sinit perire ("l’art ne périt point"). – Fama perpetuaque gloria comparantur. – Sine te nihil. – Noli altum sapere - Bibliomab - Diversité des marques typographiques dans les livres anciens

Moulinsart - Cadie

Hadoque, seigneur engagiste ?

Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France, voulant récompenser les grands mérites de notre cher et aimé François, chevalier de Hadoque, lieutenant de notre marine, lui baillons et délaissons notre château de Moulinsart avec toutes et chacune de ses appartenances et dépendances, car tel est notre plaisir. Donné à Versailles le quinzième de juillet, l'an de grâce mil six cent quatre vingt quatre de notre règne le quarante et unième (moserm.free.fr - Moulinsart - Historique).

A son procureur général et à son avocat général à la chambre des comptes, Toulouse, 10 juin 1463 :

Ordre de pourvoir à l'expédition des lettres de don accordées au comte de Foix. — (Copie. Bibl. nat., Doat, 221, fol. 248.) : Noz amez et feaulx, pour certaines grans causes et considérations à ce nous mouvans, avons donné et cédé, transporté et délaissé à nos cousin et cousine, les conte et contesse de Foix, nos contés et seigneuries de Roussillon et de Sardaigne, ensemble la viconté, terre et seigneurie de Mauleon de Sole, pour en jouir par eux, leurs hoirs, successeurs et ayans cause, et avec ce, avons baillé et délaissé nos cité, chastel, ville, seneschaussée et seigneurie de Carcassonne, pour en jouir par manière d'engagement et en prendre les revenus et profits jusques à deux ans prochains venans, tout ainsi que faisons à présent comme par nos lettres patentes, que sur ce lui avons octroyées, vous pourra plus à plain aparoir. l*our l'expédition desquelles nous escripvons aux gens de nostrc Parlement et de noz comptes, et pour ce que nous tenons que on ne procédera pas à l'expédition desdictes letres sans vous appeller, et que nous voulons que la chose sortisse son effect, pour ce que ainsi l'avons promis et accordé, nous vous mandons et commandons expressément que audit interinement vous donnés vostre consentement, sans y mettre difficulté ne empeschement aucun, et telement que les gens de nostredit cousin de Foix n'aient cause d'en retourner devers nous par faulte d'expédition. Donné à Tholose, le dixiesme jour de juin. LOYS. Delaloere (Lettres de Louis XI, 1461-1465, publiées par Joseph Vaesen et Etienne Charavay, 1885 - archive.org).

Le chevalier François de Hadoque a pu donc être seigneur engagiste, d'autant que la date du 15 juillet 1684 trouve un écho dans ce domaine.

De l'administratioh des bois tenus à titre d'engagement, concession douaire ou usufruit & d'apanage : La Futaie faisant partie du fond du bois, & conséquemment du domaine, elle n'entre jamais dans la jouissance des engagistes, concessionnaires ou donataires, douairiers ni usufruitiers ; c'est pour cette raison que les articles 5 & 6 du titre 22 de l'ordonnance de 1669, leur défendent de disposer des Futaies, arbres anciens 3 modernes, baliveaux sur taillis, même ceux de l'age du bois réservé lors des dernières ventes, pas même des chablis, arbres de délit, amendes, restitutions & confiscations provenans des bois du domaine, dont le roi leur a accordé la jouissance.

Il leur est aussi défendu, ainsi qu'à leurs agens & fermiers, de couper aucun arbre de la qualité de ceux dont nous venons de parler, quand même ce seroit pour l'entretien & les réparations des maisons, moulins, & autres édifices dépendans des domaines engages, si ce n'est en vertu de lettres-patentes, enregistrées au parlement & à la chambre des comptes, sur les avis & procès-verbaux des grands-maîtres, à peine , contre les possesseurs, de privation de leurs droits, d'amende au pied le tour, de condamnation solidaire aux mêmes amendes ; contre les fermiers & autres qui les auroient fait couper, & d'interdiction avec amende & restitution contre les officiers qui en auroient fait la délivrance.

Ces dispositions de l'ordonnance ont été confirmées par plusieurs arrêts du conseil. Par le premier, du 15 juillet 1684, il a été défendu aux engagistes, donataires, douairiers & usufruitiers des domaines de Flandres, Hainaut, Artois, & pays d'entre la Sambre & la Meuse, de disposer des arbres compris dans les articles que nous venons de rapporter.

Le second, du 24 mars 1685, renferme les mêmes défenses pour tout le royaume. Et le troisième, du 22 fevrier 1689, en confirmant la juridiction des officiers des eaux & sorêts sur ces sortes de bois, confirme en même temps les défenses que l'ordonnance renferme à cet égard.

En sorte qu'il faut tenir pour principe très certain que les engagistes, donataires, usufruitiers & douairiers, ne peuvent disposer non-seulement des arbres dont nous avons parlé, mais même prétendre aucune chose dans le prix qui en provient (Joseph-Nicolas Guyot, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale: ouvrage de plusieurs jurisconsultes, 1779 - books.google.fr).

Charles Loyseau, du même nom que les frères propriétaires de Moulinsart, célèbre jurisconsulte né en 1566 - l'année même de l'édit de Moulins de 1566 complété par l'ordonnance de Blois de 1579 qui vont fixer les règles de gestion du domaine royal et faire disparaître la clause d'inaltérabilité du serment du sacre - à Nogent-le-Roi (près de Chartres) et décédé en 1627 à Paris, parle des seigneurs engagistes dans leurs rapports avec les officiers royaux (fr.wikipedia.org - Charles Loyseau, François Bourjon, Le droit commun de la France et la coutume de Paris, réduits en principes, tirés des ordonnances, des arrêts, des Loix Civiles, et des auteurs, Volume 1, 1747 - books.google.fr).

Dans l'Ancien Régime français les domaines engagés étaient des parties du domaine royal que le souverain avait attribué par acte d'engagement à un tiers. Ce pouvait être des personnes physiques (un seigneur ou un paysan), une personne morale (communauté ecclésiastique etc) qui bénéficiaient ainsi de la possession du bien : terre, forêt, droit d'eau, etc. Les engagements étaient faits à titre gratuit ou onéreux (rente). Ils ne pouvaient être que temporaires mais certains étaient perpétuels sauf révocation toujours possible au moyen d'un édit. La révocation donnait lieu au remboursement des frais que les détenteurs (les engagistes) justifiaient avoir exposés.

Avec la bulle Clericis laicos, en 1296, va commencer l'affrontement entre le pape Boniface VIII et le roi Philippe le Bel. Il va atteindre son maximum quand le pape publia la bulle Unam Sanctam qui affirme la suprématie de l'Église sur l'État : "Il est de nécessité de salut de croire que toute créature humaine est soumise au pontife romain : nous le déclarons, l’énonçons et le définissons". Le roi réagit d'une manière radicale en envoyant Guillaume de Nogaret enlever le pape à Anagni. Cet affrontement va avoir plusieurs conséquences malgré l'échec d'Anagni :

- les légistes du roi vont rappeler l’indépendance du pouvoir temporel par rapport au pouvoir spirituel dans le domaine de la Couronne,

- le roi n'est que l'usufruitier du domaine de la Couronne, cet argument va servir au cours de l'assemblée de Vincennes en 1329,

- la formulation de la doctrine gallicane.

En septembre 1329, Philippe VI réunit une assemblée à Paris et à Vincennes avec des représentants ecclésiastiques et civils dans le but de mettre fin aux conflits entre juridictions spirituelle et temporelle en France. Au cours de celle-ci, Pierre de Cuignières a été conseiller, avocat du roi puis président au parlement de Paris et enfin, président de la chambre des Comptes. Il pose devant l'assemblée la thèse de l'imprescribilité et l'inaltérabilité des droits attachés à la Couronne de France, le roi ne peut aliéner ces droits qui ne sont pas sa propriété personnelle mais ceux de la couronne. Il tire de cette thèse que la juridiction spirituelle ne peut connaître des affaires temporelles. Les droits de l'Église sont défendus par Pierre Roger, archevêque de Reims avant de devenir pape sous le nom de Clément VI, et Pierre Bertrand, évêque d'Autun. L'attaque des légistes et des barons contre les empiètements de l'Église n'aura pas de conséquence immédiate, mais une influence progressive.

Pierre de Cuignières, advocat du roy au parlement de Paris, s'opposa avec vigueur aux entreprises que faisoieut les ecclésiastiques sur les séculiers. Il en porta ses plaintes au roy Philippe de Valois en 1328; il plaidaluy-mesme la cause, et malgré toutes les raisons de l'archevesquc de Sens et de Pierre Bertrand, évesque d'Autun, qui parlèrent au nom du clergé, il remporta tout l'avantage. Les ecclésiastiques en furent tellement irrités qu'ils firent faire une ligure grossière, que l'on plaça dans un petit coin à Notre-Dame, et à qui ils donnèrent, à cause de cela, le sobriquet de Pierre du Coignet; et quant ils parloient de Pierre de Cuignières, ils disoient, en se moquant de luy: Tu dis vray, Pierre du Coignet. Ce qui a passé depuis en proverbe, dont on se sert pour mépriser ce que dit quelqu'un. » (Voyez les Recherches de Pasquier, liv. III, cbap. 32 et 33.)

On lit dans les Contes d'Eutrapel, fol. 15 r°: Mais il faut tonsjours forger un sobriquet à la pauvre Vérité, tesmoing la statue ignominieuse de maistre Pierre de Cugnères, estant en l'église Nostre-Dame de Paris, vulgairement appelé maistre Pierre du Coignet, à laquelle par gaudisserie on porte des chandelles. (Le Roux de Lincy, Le livre des proverbes français: précédé de recherches historiques sur les proverbes français et leur emploi dans la littérature du moyen âge et de la renaissance, Volume 2, 1859 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Domaines engagés, fr.wikipedia.org - Engagiste).

La conception alchimique de la pierre du coignet par Fulcanelli est donnée dans La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 2.

Le conseil de justice établi par Louis XIV à Tournai en 1668, prise à la suite de la guerre de Dévolution, est devenu parlement de Flandre en 1686. Moulinsart peut donc être belge sans problème. Dans un premier temps, qui correspond à son séjour à Tournai (1668-1709), cette juridiction est en quelque sorte à la recherche de son identité. Tandis que son ressort fluctue en fonction du sort des armes, elle doit faire face à de multiples difficultés : affirmer sa compétence, mettre au point un « stile »... et, surtout, dégager à travers ses arrêts une « jurisprudence » conciliant les principes du droit local et ceux du droit royal. Pendant la même période, la monarchie française enclenche une subtile politique d’assimilation par la douceur. Certes, dans les capitulations des principales villes, elle s’est engagée à respecter les particularismes locaux, mais elle ne tarde pas à promulguer diverses mesures visant à aligner les pratiques locales sur les solutions françaises. En 1709, la France perd Tournai, après le traité d'Utrecht et la guerre de succession d'Espagne. Le Parlement se réfugie d’abord à Cambrai puis, en 1714, il s’installe définitivement à Douai et s’organise selon un modèle de plus en plus français. Pourtant, les particularismes locaux ne disparaissent pas tout à fait (Résumé de Le parlement de Flandre : une institution originale dans le paysage judiciaire français de l’Ancien Régime par Véronique Demars-Siondu, 2009 - www.cairn.info).

Il existe un saint Maxime au 15 juillet, martyrisé à Sirmich avec Agrippin et trois autres sous Dioclétien.

1684 et Les Bergers d'Arcadie

On connaît deux œuvres de même sujet peintes par Poussin dont l'une plus petite que l'autre. Il pourrait s'agir de la version la plus grande (toile, 0,85 x 1,21 m, Louvre), celle vendue au roi par Charles Hérault en 1685 (avec un autre tableau de Poussin, une Sainte Famille) pour la somme de 6600 livres (A. Brejon de Lavergnée, 1987, n° 441, p. 424). Selon Loménie de Brienne, le tableau aurait appartenu dans un premier temps au chevalier d'Avice : « Ce tableau a tellement plu au Poussin (et en effet il est champestre & moral) qu'il a peint deux fois ce mesme tableau. L'un en grand sur toile d'Empereur qu'avoit Mr Avisse et l'autre plus petit et en hauteur que j'avois... » (J. Thuillier, 1994, p. 205). Henri Avice, ingénieur des armées du roi, mais aussi dessinateur du roi et l'« un des meilleurs connoisseurs de son siècle, qui aimoit éperdument la peinture » (Mariette), grava lui-même plusieurs œuvres de Poussin (M. Grivel, 1986, p. 90 et A. Schnapper, 1994, p. 394). Cette peinture, qui n'appartenait très probablement plus au chevalier d'Avice en 1683, était d'autant plus connue des amateurs qu'il avait fait l'objet, avant même Félibien (1685), d'une description par Bellori dans sa Vie de Poussin (1672, p. 448). Le tableau fut gravé par Picart (fig. 16), peut-être dès avant son acquisition par le roi, avec comme légende : « Le Souvenir de la mort au milieu des prosperitez de la vie ». La composition fit forte impression et donna lieu, dès le XVIIIe siècle, à d'abondants commentaires (P. Rosenberg, cat. exp. Paris 1994, n° 93, p. 283-285) (Le dessin ou la couleur ? Une exposition de peinture sous le règne de Louis XIV, 2008 - books.google.fr).

Charles Hérault, beau-frère de Noël Coypel, ne fut pas seulement un paysagiste de quelque renom, membre de l'Académie royale, il compta surtout parmi les principaux marchands de tableaux de la place de Paris, et avait pris la succession de son père Antoine.

Le vingtième juillet 1718 a esté inhumé en l'église Saint Barthélemy, Charles Herault, peintre ordinaire du Roy, ancien conseiller en son Académie royale de peinture et sculpture, et ancien marguiller de cette église, âgé de soixante et dix-huit ans, decedé le j. precedent, place Dauphine, de cette psse. Ont assisté au convoy Jacques-Charles et Antoine Herault, ses fils, peintres, dem. tous susd. place et paroisse... Jacque Herault, Charles Herault, Antoine Herault (Henri Herluison (1835-1905), Actes D'Etat-Civil D'Artistes Francais, 1873 - books.google.fr).

Les alliances et les amitiés de celui-ci expliquent que l'Académie ait voulu se départir pour lui en 1684 de son vieux principe selon lequel, nous l'avons vu, un de ses membres ne pouvait « exposer publiquement en vente et en étalage des tableaux ». Hérault échappait à ce genre d'interdit grâce à la foire Saint-Germain, où G. Brice décrit sa loge comme la plus riche en tableaux (Antoine Schnapper, Collections et collectionneurs dans la France du XVIIe siècle: Oeuvres d'art, Curieux du Grand Siècle, 1994 - books.google.fr).

A côté des marchands de petits objets, dans la première moitié du XVIIe siècle, des peintres étrangers venaient vendre librement leur production à la foire de Saint-Germain, devenue une importante place pour le commerce de la peinture. Si en 1684 Brice écrivait que chez « Hérault, on trouve des tableaux d'un très grand prix », dans la seconde moitié du siècle, la foire paraît avoir perdu une grande partie de son rôle dynamique dans le marché de la peinture. (Stéphane Castelluccio, Le prince et le marchand: Le commerce de luxe chez les marchands merciers parisiens pendant le règne de Louis XIV, 2014 - books.google.fr).

« 3 avril 1685, 6.600 l. pour délivrer au sr Hérault, pour son paiement de deux tableaux du Poussin, l'un représentant les Pasteurs d'Arcadie et l'autre la Sainte Famille, qu'il a livré pour le service de. S. M.» (Guiffrey, Compt. des bâtim. du Roi sous le règne de Louis XIV, t. II,, col. 584, 563) (Revue de l'art chrétien, 1894 - books.google.fr).

1684 et L'Arcadie

La Guerre de Morée ou sixième guerre turco-vénitienne est un conflit ayant opposé la République de Venise à l'Empire ottoman de 1684 à 1699, dans le cadre plus général de la Grande guerre turque. La principale campagne se déroula dans le Péloponnèse, d'où son nom, mais des affrontements eurent lieu en Dalmatie et dans la mer Égée. L'issue de cette guerre fut victorieuse pour Venise et ses alliés : aux termes du traité de Karlowitz en 1699, elle conserva une grande partie de ses conquêtes, dont le Péloponnèse, dans lequel se trouve l'Arcadie (fr.wikipedia.org - Guerre de Morée(1684-1699)).

Le commandement dut confié à François Morosini, né le 26 février 1619 à Venise et mort doge, depuis 1688, le 6 janvier 1694 à Nauplie, ville de la côte du Péloponnèse, qui s'était illustré dans les conflits précédents (fr.wikipedia.org - Francesco Morosini).

"François" comme le chevalier de Hadoque.

Persistance du mythe de l'Arcadie avec le centenaire Fontenelle

Fontenelle, pour sa part, ne s'est pas contenté de retourner en Arcadie; il a été aussi un critique averti du genre, et a reconnu avec pertinence les règles que la Muse champêtre dicte à ses fidèles. Ses églogues sont nées, comme ses Entretiens sur la pluralité des mondes, à partir de 1683 ou 1684, dans le parc du château de Mme de La Mésangère, qui était la seconde fille et le troisième enfant de Mme de La Sablière : Marguerite Rambouillet, épouse de Guillaume Scot, d'origine écossaise et protestant (Roger Marchal, Fontenelle à l'aube des Lumières, 1997 - books.google.fr, Charpillon, Anatole Caresme, Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l'Eure: histoire, géographie, statistique, Volume 1, 1868 - books.google.fr).

Le dauphin de Moulinsart

Pour certains, le dauphin couronné, surmontant la porte d'entrée du château de Moulinsart, indiquerait la filiation du chevalier de Hadoque qui serait un fils bâtard de Louis XIV, ce qui justifierait la donation de la propriété. On y a vu aussi les armes de Dunkerque, patrie du corsaire Jean Bart, cousin de François de Vandermersch, sachant que La Licorne est bien un vaisseau de Dunkerque pris aux Hollandais (Pierre Sterckx, Tintin et les médias, 1997 - books.google.fr, François-Michel Van der Mersch, La révolution belgique: chronique d'une famille entre France et Flandres, 2000 - books.google.fr).

Hergé n'a-t-il pas montré la voie, lui qui a fait de Moulinsart un demi-Cheverny alors même que le nom de ce château n'est que l'inversion d'un lieu-dit de Braine-l’Alleud, Sart-Moulin ? (Thierry Bellefroid, Pierres et bande dessinée, Les Cahiers nouveaux N° 79, 2011 - books.google.fr).

Lillois-Witterzée est l’une des 3 entités de Braine-l’Alleud. Jusqu’au 1 janvier 1977, elle formait une commune indépendante.

Les armes furent attribuées le 29 janvier 1953. La municipalité utilise un double blason, celui de gauche montre les armes de Lillois, celui de droite celles de Witterzée. Les armes de Lillois sont issues d’un manuscrit de 1694 et représentent les armes du chapitre de Sainte Gertrude de Nivelles qui posséda, des siècles durant, plusieurs terres à Lillois. Les armes de Witterzée dérivent d’un sceau de 1703. Le dauphin dans la moitié gauche de l’écu provient des armes de la famille Caverson. Le lion et les lys de la partie droite sont issus des armes de la famille Mertens. Ces deux familles possédaient terres et immeubles à Witterzée.

Witterzee accueillera en 1202 les premiers moines Trinitaires qui occuperont la cure de la Chapelle Saint Martin (fr.geneawiki.com - Lillois-Witterzée).

Blason de Lillois à gauche et de Witterzée à droite et à sa gauche, le dauphin des Caverson

Les Caverson sont une famille de Bruxelles, originaire de Louvain. Jacques-François de Caverson, conseiller de Brabant, acquit Witterzée (ou plutôt Dason le Ville) de Barbe de Caverson, veuve Le Mire, qui l'avait acheté à François-Jacques de Huberlant, receveur du roi au quartier de Nivelles et à Marie-Antoinette de Rat (Jules Tarlier, Alphonse Wauters, Geographie et histoire des communes Belges: Province de Brabant. Arrondissement de Nivelles, Volume 1, 1873 - books.google.fr).

Quant à Witterzée, Wittersiucum, Wittersies, Witterzyes dont fait mention le baron Le Roi en 1543, ce nom signifie demeure de Welter ou de Wilter, Witter. Gi, ehi, zie est une finale qui a la valeur de demeure, habitation (Alexandre Guillaume Chotin, Études étymologiques sur les noms des villes, bourgs, villages, hameaux, rivières et ruisseaux de la province du Brabant, 1839 - books.google.fr).

Le dauphin en pal était aussi dans les armoiries de la famille de Bruxelles ou Brouxelles, dont une branche était vicomtes de Dormal, près de Saint Trond (Supplément aux Trophées tant sacrées que profanes du Duché de Brabant de Christophe Butkens, Livre VIII, 1726 - books.google.fr).

Prendre Sidney pour un homme

Questionnant la fibre arcadienne de l'oeuvre d'Hergé, il est tentant de prendre la ville de Sidney, destination du Vol 714, pour un homme : Sir Philip Sidney, auteur d'Arcadia.

Le nombre 681, est l'isopsephos grec de Bythos (Autour de Rennes le Château : PSPRAECUM ou PS PRAECUM : le petit frère des pieuvres), et 714 est celui du grec "Ganumèdès", Ganymède, présent chez Sidney dans son Artophel and Stella, publié à la suite d'Arcadia dans l'édition de Newmann de 1594, au 13ème sonnet (Alex Sumner, Isopsephos - Greek Gematria, 2004, Philip Sidney, The Last Part of the Countesse of Pembrokes Arcadia: Astrophel & Stella and Other Poems, The Lady of May, rédacteur, Albert Feuillerat, 1593 - books.google.fr).

There is no evidence that the title is authorial. It derives from the first printed text, the unauthorized quarto edition published by Thomas Newman (1591). Newman may also have been responsible for the consistent practice in early printings of calling the lover persona 'Astrophel'. Ringler emended to 'Astrophil' on the grounds of etymological correctness, since the name is presumably based on Greek aster philein, and means 'lover of a star' (with stella meaning 'star'); the 'phil' element alluding also, no doubt, to Sidney's Christian name (Katherine Duncan-Jones, Sir Philip Sidney: The Major Works including "Astrophil and Stella", 1989) (en.wikipedia.org - Astrophel and Stella).

Cette histoire d'étoiles est bienvenue en rapport avec Vol 714, aventure où interviennent dans les airs aviation, extraterrestres et congrès d'astronautique. Comme Ganymède fut enlevé au Ciel par Jupiter métamorphosé en aigle, les héros de Vol 714 s'envoient en l'air dans une soucoupe volante par l'entremise de Mik Ezdanitoff (Jacques Bergier ?). "Mik" de Mikhaël, "Ez" d'Ezéchiel et "Dani" de Daniel donnent une explication de science-fiction aux visions des prophètes bibliques. L'aigle se trouve dans l'album du Secret de la Licorne, c'est l'aigle de l'apôtre Jean, celui que Jésus aimait (nouvel exemple de pillage de la culture antique par les "inventeurs" chrétiens) !

Phoebus was judge between Jove, Mars, and Love, / Of those three gods, whose arms the fairest were: / Jove's golden shield did eagle sables bear, / Whose talons held young Ganymede above:

But in vert field Mars bare a golden spear, / Which through a bleeding heart his point did shove: / Each had his crest; Mars carried Venus' glove, / Jove in his helm the thunderbolt did rear.

Cupid them smiles, for on his crest there lies / Stella's fair hair, her face he makes his shield, / Where roses gules are borne in silver field.

Phoebus drew wide the curtains of the skies / To blaze these last, and sware devoutly then, / The first, thus match'd, were scantly gentlemen (Philip Sidney, Astrophel and Stella - www.theotherpages.org).

Il y a des chauves-souris à la page 39 du Vol 714.

714 messianique

L'aspect messianique de l'oeuvre d'Hergé apparaît à nouveau avec le 714 de la quatrième églogue de Virgile.

L'An sept cent quatorze depuis la fondation de Rome, sous le Consulat d'Asinius Pollion, & de Domitius Calvinus, le peuple Romain contraignit les Triumvirs Octavien & Antoine, à faire ensemble une pair durable. On esperoit que par là viendroit à bout de terminer la guerre contre Sexte Pompée, qui s'étoit rendu maître de la Sicile ; & qui troublant le commerce, faisoit depuis quelque-temps sentir à Rome les rigueurs de la famine. Afin que la paix entre les deux Triumvirs fût solide, on voulut qu'Antoine, qui déja avoit perdu Fulvie, épousât Octavie, soeur d'Octavien César. Octavie, à qui la mort venoit d'enlever Marcellus son mari, portoit alors dans son sein un fils, qu'elle ne mit au monde, que lorsqu'elle fut femme d'Antoine. Ce fils retint le nom de Marcellus son père; & tandis qu'il vécut, il fut les délices d'Octavien son oncle, & l'espérance du peuple Romain. C'est lui qui fait le sujet de cette Eglogue. Virgile l'adresse à Pollion, qui pour lors droit Consul. Par-là, le Poëte sait tout à la fois sa cour, à César, à Antoine, à Octavie, & à Pollion. Le Marcellus dont on célèbre ici la naissance, est le même, dont Virgile pleure la mort au sixième livre de l'Enéide. Le Poëte emprunte à la Sibylle de Cumes, ce qu'elle avoit prédit de Jésus Christ, & l'applique à l'enfant qui vient de naître (Virgile, Les poesies: Avec Des Notes Critiques & Historiques, Les Bucoliques, traduit par François Catrou, Volume 1, 1729 - books.google.fr).