Partie VII - Cohérence grand nonagone   Chapitre L - Troisième Etoile   Sommet en Atlantique - Le Patchalet   

Sommet en Atlantique - Le Patchalet

Cette diagonale est l'occasion d'égrener des proverbes météorologiques concernant les gelées, la glace et la grêle mises en relation avec le vaste Orient.

Saint Pierre avait une fête le 18 janvier, la chaire de saint Pierre de Rome, qui a été confondu avec celle d'Antioche en février.

Les églises de Marennes, Le Gicq, Nouic, Arpheuilles-Saint-Priest, Montceaux-l’Etoile, Gorrevod, Charchilla, Les Rousses, et la statue du saint à Berneuil célèbrent saint Pierre :

A la chaire de Saint-Pierre à Rome (ou Saint-Pierre d'hiver), s'il gèle : année sèche.

Saint Pancrace, honoré à Sarrogna, est un des trois saints de glace, fêté le 12 mai. Originaire de Phrygie, saint Pancrace était encore un tout jeune orphelin lorsqu'il vint à Rome en compagnie de son oncle. Converti au christianisme par le pape Corneille, le jeune garçon fut rapidement dénoncé comme chrétien. Sur l'ordre de l'empereur Dioclétien, saint Pancrace fut décapité en 304; il avait alors quatorze ans. Son culte devint très vite populaire; saint Pancrace incarnait l'innocence et la pureté de l'enfant qu'il était lorsqu'il fut martyrisé. Grégoire de Tours raconte comment tout faux témoin qui s'approchait de ses reliques sentait sa main se dessécher avant de tomber raide mort.

Saint Mamert et saint Gervais complètent le trio. Un proverbe dit : Saint-Gervais, quand il est beau, tire Saint-Médard de l'eau. Saint Médard de Noyon est justement présent à Asnières-la-Giraud et à Verteuil-sur-Charente.

Il accueillit Sainte Radegonde (à Sainte-Radegonde)

qui vécut à Poitiers sous l'épiscopat de Saint Fortunat, ancien nom de l'ancienne paroisse de Saint-Fort sur la commune de Saint-Jean-d'Angle. Radegonde fonda entre 552 et 557, un monastère qui allait prendre, plus tard, le nom de Sainte-Croix, lorsqu'elle recevra de l'empereur de Byzance une relique de la vraie Croix ; c'est à l'occasion de l'arrivée de cette relique de la Croix que le poète évêque Saint Fortunat compose le Vexilla Regis et le Pange Lingua.

Saint Martin, à Pionnat, Gouzon, Vernusse, aurait arrêté une tempête de grêle dans la région de Sens en Bourgogne, selon Sulpice Sévère son biographe.

D'autres proverbes sont à rapporter :

Saint André apporte la gelée

pour Prizy

Quand saint Sébastien gèle le matin, mauvaise herbe ne revient.

pour Boz.

Le calendrier nonagonal entre en jeu (voir Grand calendrier) avec le proverbe suivant :

Quand Simon et Jude n'apportent pas de pluie, elle n'arrive qu'à la Sainte-Cécile, Sainte honorée à

Sainte-Cécile en Saône-et-Loire.

Dans Calendrier et runes on peut voir que ce 28 octobre est lié à la rune Hagalaz, qui est selon un poème islandais une graine froide, une pluie de grêle et de neige...

D'Orient

Théodule, qui possède sa chapelle à Longirod, est le nom du premier évêque de Sion selon la tradition de cette église et certainement le premier évêque du Valais (dès 381 au plus tard) qui portait alors le titre d'évêque d'Octodure (Martigny). Il fait le lien entre Orient et météorologie.

Théodule découvrant les dépouilles de la Légion thébaine

Chapelle Saint-Théodule, Shöried

http://orycteropus.bleublog.lematin.ch

Théodule assista au concile d'Aquilée (381), présidé par saint Ambroise. En 393, il apparaît à nouveau aux côtés de l'évêque de Milan dans sa lutte contre l'arianisme. Enfin, vers 440-450, Eucher de Lyon, dans sa Passion des martyrs d'Agaune (Saint- Maurice), écrit que les dépouilles des martyrs de la Légion thébaine furent révélées à Théodule qui fit bâtir la première basilique en leur honneur. Certains historiens ont conjecturé, à partir du nom de Théodule, que le premier évêque du Valais était d'origine orientale, ce qui expliquerait son rôle exceptionnel dans le culte des martyrs d'Agaune. Des fouilles effectuées à Sion montrent que, dès l'époque carolingienne, un culte y était rendu à Théodule. En plus de célébrations liturgiques (16 août et 4 septembre), le culte de saint Théodule connut par la suite une grande ferveur populaire: on invoquait le saint contre la grêle, le gel, la foudre. Chez les vignerons du Valais, il est fêté le 20 avril et en est le patron, ainsi que celui des fondeurs de cloches. Une légende raconte, qu'après de très mauvaises vendanges, les vignerons implorent l'aide de l'évêque. Ce dernier, en bénissant et pressant une grappe, remplit miraculeusement de vin les fûts.

Une autre légende s'ajoute au personnage du saint : l'évêque aurait surpris trois démons en train de discuter d'un péché qu'allait commettre le pape. Théodule conjure alors le plus rapide des démons, en échange de sa propre âme, de l'emmener à Rome afin qu'il prévienne le Pape et de le ramener en Valais avant la levée du jour. A Rome, le Pape offre à Théodule en signe de reconnaissance, une cloche utile en cas de tempête. Au retour, le diablotin, encombré par le poids de l'évêque et celui de la cloche, n'arrive pas à temps en Valais et perd l'âme de l'évêque. Le Musée d'art et d'histoire de Fribourg possède un tableau de 1522, représentant au premier plan saint Théodule entre des ceps et des tonneaux. Le peintre est Hans Boden, connu à Fribourg de 1520 à 1526. Au second plan, sous un ciel d'orage, les murs d'une ville apparaissent près d'un lac aux rives montagneuses et des gens s'empressent vers une chapelle isolée, tandis qu'à l'écart un diable emporte une cloche. La scène est expliquée par le ciel chargé de grêle qu'on voudrait chasser en sonnant, mais la cloche a disparu de la chapelle, le diable voulant laisser libre cours au fléau.

Ses reliques furent découvertes dans la cathédrale de Sion, vers 1170, par l'évêque Guillaume. Avec elles, on découvrit celles d'un grand nombre de martyrs thébains, auxquels le vénéré Pontife avait été si dévoué. Le nom du saint Pontife a eu des variantes. Dans les Conciles, il signe Theodorus ; dès le XIIème siècle, la forme Théodolus apparaît et se trouve remplacée au XVIIème siècle par Théodule. Selon une tradition (Passio) rapportée pour la première fois vers 440 par Eucher, évêque de Lyon, une légion romaine formée de soldats recrutés en Thébaïde (Egypte) et convertis au christianisme subirent le martyre près d'Agaune (Saint-Maurice) vers l'an 300. Ces légionnaires auraient refusé de prendre part à des persécutions de chrétiens ainsi qu'à des pratiques païennes. Eucher cite les commandants Maurice, Exupérance et Candide, le vétéran Victor et deux autres victimes, Ours et Victor , qui auraient subi le même sort à Soleure. Vers 380, l'évêque valaisan Théodule aurait découvert les ossements des martyrs et les aurait fait ensevelir dans une chapelle funéraire. Paray-sous-Briailles possède une église Saint-Maurice.

La légende de la Légion thébaine, dont la fête est célébrée le 22 septembre, connut une ample diffusion sur le territoire de la Suisse actuelle. Au début du VIe s., Saint-Maurice devint le principal sanctuaire du royaume burgonde et un deuxième lieu de dévotion fut érigé à Saint- Victor près de Genève.

Saint Amour (célébré à Saint-Amour), fêté le 9 août, aurait fait partie de la Légion Thébaine, et est honoré en Franche-Comté avec saint Viateur le 9 août et le 22 septembre. Absents au moment du massacre, ils auraient été ensuite mis en demeure de sacrifier aux dieux par Maximien. Tous deux officiers, ils auraient répondu à Maximien [285-305] par un discours énergique ; leur bourreau se serait converti et aurait été mis à mort avec eux; enfin leurs reliques auraient été miraculeusement apportées en Bourgogne par le roi Gontran [525-593], qui leur éleva une grande église, à l'endroit appelé depuis Saint-Amour.

La légion thébaine serait originaire de la Thébaïde, désert de Haute-Égypte, sur la rive est du Nil. Son nom provient de sa capitale Thèbes. C'est le lieu où aurait vécu Antoine le Grand, célébré à Laizé, et où aurait eu lieu la Tentation de saint Antoine.

Le monachisme égyptien a peuplé les déserts, la Thébaïde ainsi que le désert de Scété. Saint Just, célébré à Chambéria, renonça à son évêché de Lyon (voir Le Sarnieu - Mimizan) pour se faire moine dans le désert de Scété (aujourd'hui Ouadi Natroun), où Macaire s'établit le premier vers 330. Il connaissait bien le lieu parce que, étant chamelier, il y venait chercher du nitre. Devenu ascète et clerc à proximité de son village, il s'enfuit dans ce désert pour échapper à 1a gloire humaine. Le désert de Scété ne tarda pas à devenir le centre le plus florissant de la vie anachorétique et les Pères les plus renommés y ont vécu. La prière y était orientée, et, le plus souvent, la direction de l'Orient était marquée par une croix dessinée sur le mur ou au fond d'une niche. Tout cela a été bien illustré par les fouilles. Chaque ermitage a un oratoire, et, dans celui-ci, une niche aménagée dans le mur oriental indique la direction de la prière, avec, pour symbole, une croix, la croix glorieuse de la parousie, combinée, une fois même, avec le Christ en majesté. Que les moines se tournaient vers l'Orient pour prier, cela est attesté aussi par les textes, notamment au sujet d'Arsène le Grand, à Scété, selon les Apophtegmes. Il faut remarquer que le terme Scété se compose de deux parties ; la première signifie " prendre, balancer " et l'autre " coeur ". Le Scété est le lieu où l'on trouve l'équilibre cardiaque.

Saint Barthélemy, l'apôtre de l'Orient s'est vu consacré une abbaye à Bénévent-l’Abbaye, sur notre diagonale. L'Orient est encore évoqué par les peintures du cycle d'Adonis du château de Chareil-Cintrat, le temple de Mithra de Dyo, saint Pierre Aumaître, Martyr en Extrême-Orient, Corée, né à Aizecq.

A cela s'ajoute des considérations historiques. Aux Rousses se déroulèrent des pourparlers préliminaires aux accords d'Evian qui prépareront l'indépendance de l'Algérie, et à Lausanne, deux traités furent signés. En 1912 l'Italie recevait le Dodécanèse, la Triopolitaine et la Cyrénaïque de l'Empire ottoman, en en 1923 les frontières actuelles de la Turquie étaient définies.

A l'Ouest de cette ligne, au bord de l'océan, la ville de la Tremblade, située à une lieue et demie Sud-Sud-Ouest de Marennes, sur l'autre rive et à peu de distance de la Seudre, possède un port de mer sur un chenal navigable. Tout porte à croire que cette ville n'existe que depuis la ruine de celle d'Anchoisne, qui, d'après la tradition, était située sur la même rive de la Seudre, à l'angle saillant que forme son embouchure. Elle a été sans doute ensevelie sous les dunes immenses qui couvrent cette partie de l'arrondissement. Cette conjecture est appuyée sur la tradition de ce canton ; on raconte qu'il y avait autrefois sur cette côte, où l'on ne voit aujourd'hui que des dunes, une ville qui y est engloutie sous les sables, qui s'appelait dans les derniers siècles qu'elle subsistait, Anchoigne, et que les habitants de ce pays prononcent Anchouanne ; effectivement dans certains temps de tempête les vents y font des irruptions dans les sables, il s'y découvre des masures ; telle est une chapelle dont on m'a donné sur les lieux des morceaux de vitres extrêmement bien peintes en bleu, en rouge, en couleurs les plus vives. M. le Maréchal de Seneterre, seigneur de ce pays, en a fait tirer, des démolitions de murs, des matériaux dont il s'est servi pour bâtir à la Tremblade et l'on assure que cette bourgade, peuplée par les habitants de cette ville détruite, est bâtie avec les mêmes démolitions. De pareils débris se trouvent sur la rive opposée à l'île d'Oléron, un village y est totalement englouti sous des sables, qui semblent menacer du même fort le village rebâti à quelque distance de l'ancien. Il est donc certain que l'irruption du pertuis de Maumusson, en quelque temps qu'elle se soit faite, a fait depuis de grands progrès que ce gouffre, qui semble mugir par son bruit épouvantable lorsque la mer devient grosse, s'est de siècles en siècles élargi depuis sa première irruption, et que les flots qui en détachent journellement par un flux et reflux perpétuel, les sables fins qu'elle porte sur les côtes d'Arvert et de l'île d'Oléron (que ce gouffre partage), entretiennent les digues contre les efforts ordinaires de l'impétuosité des eaux de la mer, dont le déchirement augmente à mesure que la plus grande violence des vents y succède. C'est à cette progression que l'on doit attribuer l'état affreux où se trouvent ces rives aujourd'hui enfouies sous ces dunes arides, auparavant habitées et cultivées. Ces murs, dont on a parlé, sont des monuments authentiques de cette réalité et ces vitres colorées, dont on a de même fait mention, et dont quelques morceaux sont dorés, secret qui était connu des anciens et qui ont une ligne d'épaisseur, annonce un bel édifice. C'était, comme on l'a dit, une église ou chapelle et l'on assure qu'il y avait là, au XIIIème siècle, un prieuré dépendant de l'abbaye de Grandmont, laquelle fut fondée en 1192, ce qui rapproche la définition de cette ville ancienne, ou au moins de cette église et de ces côtes à des temps bien postérieurs aux Romains. Cette antique ville d'Anchoigne se trouve dans quelques écrits appellée Xancoings ; ce sont les mêmes mots, qui peuvent venir de Xanctoigne dont quelques vieux auteurs se sont servis pour dire la Saintonge.

Alors qu'Oléron tenait encore au continent par une large bande de rochers, allant d'Ors à la pointe du Chapus, la Seudre se déversait dans la baie d'Anchoine dont les eaux calmes baignaient l'île d'Armotte. Lorsque le passage de Maumusson se creusa, l'île d'Arvert, ou d'Allevert, se forma au sud de celle d'Armotte disparue. L'Île d’Aix était encore unie à la terre-ferme en 1430, et elle était autrefois couverte de chênes verts.

Une légende raconte que les Phéniciens créèrent sur l'île d'Armotte couverte de bois un petit port de pêche. Après quelques années, une ville modeste y était construite qui s'appela successivement, Sanchoniate, du nom du chef de la tribu, puis, Anchoniate, Anchoine.

Après deux siècles d'occupation, les Phéniciens en furent chassés par des Celtes, des Ibères. Plusieurs tribus celtiques prirent possession des îles de la rive gauche de la Seudre. La forêt de Satiste couvrait le plateau séparant le cours de la Seudre des eaux du golfe. L'avancée des troupes romaines de César affola le peuple santon. Myrghèle, la prêtresse des Santons, s'était retirée dans l'île d'Armotte à l'approche des soldats de César, et se cachait à Anchoine où officiaient déjà druides et druidesses. Ses habitants voulurent, avant de préparer la résistance contre l'envahisseur qui s'approchait, consulter leurs prêtres, leur demander aide et protection. Druides et druidesses jugèrent que c'est à la fada qu'il fallait s'adresser.

Myrghèle était jalouse de Sylvane, la fille d'un pêcheur, qui devait se marier. C'est à ce moment que se tint une assemblée de druides dans la clairière d'un dolmen pour répondre au désir des habitants de l'île. Myrghèle était au milieu d'eux. Neuf druidesses, toutes vêtues de blanc, l'entouraient. Rangés en cercle, le front couronné de gui, tenant à la main une faucille d'or, les prêtres attendaient religieusement la décision de la fada sacrée. Selon les vaticinations de la fée, Sylvane devait être immolée. Lors du sacrifice, un cataclysme effroyable bouleversa l'île d'Armotte. La terre trembla, un abîme immense s'ouvrit brusquement, où le dolmen et tous ceux qui l'entouraient disparurent. Armotte disparue. La baie d'Anchoine allait devenir, au cours des siècles, le pertuis de Maumusson, et le territoire d'Oléron. Sylvane semble symboliser de par son nom la forêt qui, défrichée, ne pouvait plus retenir les sables et arrêter les vagues qui sapèrent les fondements de l'île d'Armotte (http://www.france-pittoresque.com).

L'apparition du nom de Sanchoniate, habitant de l'orientale Phénicie, est l'occasion de parler du discuté historien phénicien Sanchoniathon.

La connaissance de la mythologie phénicienne repose principalement sur un texte dû à Philon de Byblos (64-141), connu principalement par Eusèbe de Césarée dans sa Préparation évangélique. Philon de Byblos dit avoir publié, après les avoir traduites du phénicien en grec, toutes les œuvres du phénicien Sanchoniathon. Eusèbe citant Porphyre, rapporte que " Sanchoniathon de Béryte [Beyrouth] a raconté l'histoire des Juifs de la manière la plus véridique, parce qu'elle est la plus conforme à la description et aux noms des lieux : il en avait revu les documents de Hiérombal, prêtre du dieu lévo. Il dédia son ouvrage à Abibal, roi des Berytiens, qui lui donna son approbation. Ces temps remontent avant la guerre de Troie, et se rapprochent de l'époque de Moïse, comme l'indiquent les annales des rois phéniciens. Sanchoniathon, qui a écrit fidèlement l'histoire antique en langue phénicienne, d'après les documents de la cité, et d'après les fastes des temples, naquit sous le règne de Sémiramis, reine des Assyriens, qu'on dit avoir existé, avant les événements d'Ilium [Troie] ou du moins vers la même époque. L'ouvrage de Sanchoniathon fut traduit en grec par Philon de Byblos. " Eusèbe rapporte encore que Philon, divisant tout l'ouvrage de Sanchoniathon en neuf livres, s'exprime ainsi dans la préface du premier livre : " Cela étant, Sanchoniathon, homme fort instruit et studieux, désirant s'éclairer sur toutes les connaissances relatives à l'histoire primordiale, étudia soigneusement les œuvres de Taaut ; car il savait que de tous les mortels Taaut a le premier inventé les lettres et écrit l'histoire. Il prit ainsi pour base celui que le Égyptiens nomment Thoyth, et les Alexandrins Thoth, noms que les Grecs traduisent par Hermès.

Des savants disent que Sanchoniathon n'a jamais existé, et qu'apparemment Porphyre, qui l'a cité et qui l'a voulu mettre en vogue, l'avait forgé et fabriqué lui- même.

La cosmogonie qui figure au début de l'" Histoire phénicienne " de Philon de Byblos (Ie-IIe s.) comprend des éléments anciens mais a été remodelée en fonction de son contexte hellénistique de rédaction et de réception dominé par l'évhémérisme. Quant au travaux chronologiques de Porphyre, ils faisaient partie intégrante de son travail polémique contre les chrétiens. Il a beaucoup emprunté aux études de Philon de Byblos. Ces travaux permettaient certainement à Porphyre d'établir l'ancienneté de la religion phénicienne par rapport à celle des Hébreux, comme le suggère le rapprochement entre levô et YHWH.

Les éléments de cosmogonie attribués à Sanchoniathon mentionnent dans la généalogie des hommes et des dieux un Génos assisté d'une parèdre Genéa. Il aurait été à l'origine du culte de Baalsamen/Zeus. Contrairement au texte biblique, où Enosh et sa génération sont les premiers à invoquer YHWH, la Aggada (Targum Neofiti, 3 Enosh 5) attribue à Enosh la paternité du culte des faux dieux. Or, on peut rapprocher Genos de Enosh qui ont le même sens. Genèse 4: 26 a recupéré ce Genos-Enosh pour YHWH, la Aggada l'a rejeté et laissé dans le monde païen (http://cat.inist.fr).

Dans la suite de la généalogie, Uranos épousa sa sœur Ghé dont il eut quatre enfants, Ilus dit Cronus (traduit en latin par saturne, est nommé Bel ou Baal par les Orientaux), Bétyle et Dagon qu'on nomme Siton (poisson) et Atlas. Dagon, après avoir découvert le blé et la charrue, fut surnommé Jupiter Laboureur.

Dagon

University of South Florida

Dans la mythologie de Sanchoniathon, le Baal du Liban est avec Baal Saphon (Djebel el-Aqra), Baal Hermon (l'Anti-Liban) et Baal Hamon (l'Amanus) l'un des quatre descendants du Temps qui étaient " de proportions et de stature supérieures " et dont les noms " furent attribués aux montagnes sur lesquelles ils régnèrent " (Eusèbe, Préparation évangélique, I,10,9) ; ils furent donc des dieux cosmiques qui donnèrent au territoire de la côte un encadrement géographique que l'on pourrait qualifier de sacré.

Le dieu phénicien Baal était le dieu de l'orage et de la grêle.

Statuette du dieu Baal, Louvre

http://fr.blog.360.yahoo.com

Au milieu du IVème siècle, dans les communautés de Mésopotamie, la réforme liturgique mise en vigueur par le Concile de Nicée pour la célébration de la Pâques annuelle n'a pas fait disparaître tout à fait certains caractères natifs ni certains accents propres à la célébration judéo-chrétienne ; celle-ci focalisait sa mémoire davantage sur la Passion du Seigneur et sa Descente au Shéol que sur sa Résurrection. Bien que largement postérieures à l'Homélie sur la Pâque de Méliton de Sardes, les Hymnes pascales d'Ephrem d'Edesse (voir Petit calendrier) donnent un aperçu de la Pâque quartodécimane primitive à travers l'évocation du mois de Nisan (avril), le mois pascal et printanier.

Les hymnes pascales ne fournissent presque pas de renseignements sur le temps où était célébrée la fête pascale. Aucune indication concernant le jour (de la semaine ou du mois). La seule donnée chronologique que l'on trouve, est le mois pascal, Nisan. Or, au sujet de ce mois de Nisan, on fait assez vite une constatation assez étonnante. Autant les hymnes pascales sont réticentes sur la date et le jour de la fête pascale, autant elles sont prolixes sur le mois de Nisan. Ce mois de Nisan inspire à Ephrem une série de réflexions parfois très originales. Le fait que la fête pascale tombe en ce mois a eu son influence sur la façon dont Ephrem décrit cette célébration, comme aussi sur la manière dont il traite les événements qui en font l'objet. Lisant les passages consacrés au mois de Nisan, on constate assez vite deux choses. D'une part, c'est le mois du printemps par excellence. D'autre part, c'est aussi le temps où eut lieu la descente de Dieu vers la terre, en particulier par la conception de Jésus. Nisan est le mois du renouveau de la nature, où tout reverdit, pousse, est en bouton, fleurit. C'est le temps des fleurs, des lis, des bourgeons qui forment pour ainsi dire un vêtement, tissé par Nisan et recouvrant la nudité de la terre, la mère d'Adam et revêtant la création d'un habit de toutes couleurs. Les arbres sont revêtus par Nisan de feuilles et les montagnes sont enrichies et ornées de verdure. Un autre trait typique du mois de printemps est la fréquence des orages, avec leurs coups de tonnerre, leurs éclairs et leurs pluies abondantes.

La partie de l'hymne peut-être la plus intéressante consiste en une évocation de toutes les régions de la terre, divisée selon les quatre directions du vent, successivement l'Orient, l'Occident, le Sud, le Nord. Ces régions offrent des couronnes au Christ (ou elles sont invitées par Ephrem à le faire). Il donne ainsi à la fête pascale, à laquelle l'hymne est destinée, une dimension cosmique. Ephrem commence par l'Orient. Il l'exhorte à offrir une couronne, tressée des symboles et des images de l'arche qui, d'après lui, s'était arrêtée à l'Orient. Au reste, on lit que cette région de la terre a cueilli ses fleurs pour la couronne sur les monts du Qardu où l'arche était arrivée. En plus c'est de là que sont originaires Noé, Sem, le chef du monde (Adam), l'illustre Abraham, les mages bénis et l'étoile.

 


Sources

M. Gras, P. Rouillard, J. Teixidor, L'Univers phénicien, Arthaud, 1989

http://www.cosmovisions.com/$Religionphenicienne04.htm

Felix François Le Royer d'Artezet de La Sauvagère, Recueil d'antiquités dans les Gaules, http://books.google.com/books?id=5WkvAAAAMAAJ&pg=RA1-PA99&lpg=RA1-PA99&dq=anchouanne&source=bl&ots=tWbhp3UL_i&sig=k1BuHrFtrip2ClxJLjkBs-Cf5Hc&hl=fr&ei=dpKQSdXpA8zD_gaMjIW_DA&sa=X&oi=book_result&resnum=3&ct=result

G. A. M. Rouwhorst, Les Hymnes pascales d'Ephrem de Nisibe, in Supplements to Vigiliae christianae, http://books.google.com/books?id=v3A3AAAAIAAJ&pg=PA117&dq=ephrem+nisan&lr=&hl=fr#PPA124,M1