Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Signol - Sigzol : la lettre de Mantinée   
SAINT SUPLICE SIGNOL SIGZOL LETTRE MANTINEE VOLEUR

Sachant que la lettre de Mantinée (N inversé) vaut peut-être "ts" (Nicholas) (Laurent Dubois, Recherches sur le dilecte arcadien, 1988 - books.google.fr), on peut transcrire la signature d'Emile Signol avec un N inversé sur les tableaux de la Résurrection et de l'Arrestation du transept de l'église Saint Sulpice de Paris comme SIGTSOL s'approchant de Sigzol (ts/dz/z) qui est un mot hébreu venant de la racine gzl (voler) qui intervient dans un commandement du Lévitique : Tu ne voleras point ("Lo sigzol"), noté aussi "Lo Signov" ou "Lo Tigzol" (avec des variantes de sens) :

Titulus de la Crucifixion de Signol - Saint Sulpice, Paris - www.renneslechateau.it

The Rambam (Hilchos Geneivah 1:3) explains that while there are two words to describe a thief, a ganav is one who steals without the knowledge of the owner and a gazlan is a person who brazenly steals in the presence of the owner. Rashi writes (20:13) that the prohibition in the 10 Commandments against stealing refers to the theft of another person. As kidnapping is generally done with the knowledge of the person being taken, wouldn’t it have been more accurate to write "lo sigzol: instead of "lo signov" ? (Temima, Volume XVII, 5772 - www.temimaweekly.com, Shemuel Pinhas Gelbard, Rite and Reason: 1050 Jewish Customs and Their Sources, 1998 - books.google.fr, Alfred S. Cohen, Halacha and Contemporary Society, 1984 - books.google.fr, Marcel-Henri Prévost, Droit biblique, interprétation rabbinique, communautés et société, 1982 - books.google.fr).

Le voleur dans les fresques de Signol

Résurrection

Il en est parlé du Jour du Seigneur dans l'Apocalypse I,10 : Fui in spiritu in Dominica die. Les Chrétiens dès le commencement honorèrent d'une façon particulière le jour de la Résurrection du Sauveur, qui arriva le lendemain du Sabbat. Les Apôtres pour conserver la mémoire de ce jour glorieux à Jésus-Christ & à son Eglise, jugèrent à propos de transporter au Dimanche , le repos qui s'observoit parmi les Juifs le jour du Sabbat, et qui était le jour du soleil (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, geographique et litteral de la Bible, Tome II, 1730 - books.google.fr).

Il est un peu spécieux de raccorder deux acceptions de "Jour du Seigneur" mais dans ce contexte-ci c'est éclairant.

S. Jéróme assure que la Tradition des Juifs est, que les Morts ressusciteront la nuit, ou au point du jour, au même tems que Jésus-Christ sortit du tombeau: cette Tradition est passée de la Synagogue à l’Eglise, comme on le voit par Lactance, par S. Chrysostome, & par les Auteurs Grecs qui le suivent d’ordinaire. Cette tradition est fondée sur cette parole de saint Pierre (1 Epître III,10) : Le jour du Seigneur viendra comme un voleur pendant la nuit ; ou sur celles-ci de Jésus-Christ dans la Parabole des dix Vierges "Au milieu de la nuit on oüit de grand bruit. Voici l'Epoux qui vient, allez au-devant de lui" (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, geographique et littéral de la Bible, Tome IV, 1728 - books.google.fr).

Emile Signol, La Résurrection (1876), Eglise Saint Sulpice - Transept sud-est

Crucifiement

Dans la Cruficixion où le Titulus crucis est inversé avec un N inversé, Jésus est entouré, comme le dit la légende, des deux larrons (latro : voleur en latin). Il est possible que Signol se soit représenté sous l'apparence de l'un deux.

Dimas ou Dismas ou Dysmas ou Desmas est, selon quelques-uns, le nom du bon Larron, qui fut crucifié avec Jésus-Christ. D'autres l'appellent Titus ; d'autres, Vicimus & d'autres, Matha. Rien de certain (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, geographique et litteral de la Bible, Tome II, 1730 - books.google.fr).

Il serait égyptien et originaire d'Héliopolis. Son "mauvais" collègue se serait appelé Gestas (Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Paradis et Stella luti).

Emile Signol, Crucifiement (1872), Eglise Saint Sulpice - Transept nord-est

Arrestation

Selon Mc, 14, 26 et s., le repas terminé et le Hallel chanté, les convives de la Cène s'en vont et gagnent le mont des Oliviers. C'est la croupe qui, au-delà du Cédron, domine Jérusalem à l'est, d'environ 60 mètres. Elle est enveloppée vers le sud par la route de Jéricho et traversée par celle de Béthanie. Il y reste des oliviers, mais, devant la montée des tombeaux juifs de la vallée du Cédron et devant l'invasion des bâtisses diverses qui prétendent magnifier les souvenirs évangéliques ou cherchent la sanctification sur ces pierres illustres, les arbres ont reculé. Au temps de Jésus, ils étaient les maîtres du terrain. La petite troupe évangélique se dispose sans doute à passer la nuit sous leurs branches. Pourtant, il n'y devait pas faire très chaud si nous sommes au temps de la Pâque, et on pourrait se demander pourquoi Jésus ne retourne pas à Béthanie, pourquoi même il n'y est pas resté pour célébrer la fête, pourquoi il est sorti de Jérusalem, contrairement à la Loi, durant cette nuit sacrée; mais ces détails n'arrêtent pas l'Evangéliste, qui suit son dessein. Jésus est censé venir jusqu'à Gethsémani, c'est-à-dire jusqu'à un Pressoir d'huile qui se trouvait, selon la localisation du IVe siècle, au bas de la butte, près de la route de Jéricho. Un épisode célèbre prend place en ce lieu (Mc., 14,32-42) : Jésus se retire à l'écart des disciples pour faire oraison. Au moment d'accomplir le grand sacrifice, il se trouble, s'efïraye, et hésite : « Et il priait afin que, s'il était possible, cette heure (12“) passât loin de lui. Et il dit : Abba, le Père, tout est possible pour toi; éloigne cette coupe de moi. Mais que (soit fait) non ce que je veux, mais ce que tu veux. » Du point de vue critique, l'attestation de cette prière est inexistante, puisque Jésus n'a personne auprès de lui pour l'entendre et que Pierre et Jacques, qui ne sont pas loin (14, 34), se sont endormis (14, 37); mais l'épisode, très dramatique et très émouvant, tenait probablement une place de choix dans la célébration liturgique de la Passion. L'amélioration que Lc., 22, 43-44, ajoute au texte marcien, est digne d'attention, en ce qu'elle achève de le marquer de son vrai caractère : « Or, il lui apparut du ciel un ange qui le réconfortait. Et, étant tombé en agonie, il priait avec plus d'instance; et sa sueur devenait comme des caillots de sang qui tombaient sur la terre. » L'Évangéliste ne suppose pas que les Apôtres ont vu cette double merveille plus que, selon Mc., ils n'ont entendu la prière angoissée; mais il a dramatisé dans la même ligne que son prédécesseur, en renchérissant sur lui. Sans doute avec est-il facile de ramener la scène de Gethsémani à une vraisemblance qui pourrait se réclamer des souvenirs de Pierre. Jésus emmène les disciples près du petit bâtiment où se trouve le pressoir; il les y laisse et s'éloigne un peu pour prier ; quand il revient, il les trouve endormis. La légende a travaillé dans l'intervalle. Cette réduction n'offre, en effet, aucune difficulté, mais ce n'est pas une raison pour qu'elle soit pertinente. Je croirais plutôt que l'épisode, qui en rappelle d'autres, tels ceux de la Tentation et de la Transfiguration, est à comprendre comme eux, en les rapportant au grand Mystère de la Rédemption que se représentaient les communautés de terre grecque à l'époque de la génération postapostolique. Il n'a rien à faire avec un souvenir d'histoire. Qu'il ait, dans son irréalité, exprimé « en une admirable allégorie ce qui s'est Passé dans l'âme de Jésus », je ne demanderais qu'à le croire ; mais j'aimerais mieux le savoir. Dans le récit de Mc., il sert de transition : la prédiction du reniement de Pierre (14, 27-31) que, bien entendu, Jésus ne peut pas n'avoir point prévu, occupe le temps du chemin entre le Cénacle et Gethsémani; la scène qui nous retient donne à la bande que Judas est allé alerter le temps de se rassembler et d'accourir. Jésus en est encore à prédire une dernière fois aux Apôtres ce qui va lui arriver (Mc., 14, 41) : (C'est fini. L'heure est venue. Voici que le Fils de l'Homme est livré aux mains des Pêcheurs. Levez—vous, allons ! Celui qui me livre approche), quand le traître débouche avec « une troupe pourvue d'épées et de bâtons, envoyée Par les Grands Prêtres, les scribes et les Anciens » (14, 43). Il ne s'agit donc pas d'une troupe de police régulière, encore moins de soldats romains, mais d'une bande ramassée probablement parmi les serviteurs de ceux qui ont pris l'initiative de l'arrestation. Et voici ce qui se passe, toujours d'après Mc. (14,44-52) :

« Or celui qui le livrait leur avait donné le signal, disant : Celui que je baiserai, c'est lui. Saisissez-le et emmenez—le en le tenant bien. Et en arrivant il s'approcha aussitôt et il lui dit : Maître! Et il lui donna un baiser. Et eux mirent les mains sur lui et le saisirent. Maison de ceux qui étaient là, ayant tiré l'épée, frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui enleva l'oreille. Et, prenant la parole, Jésus leur dit : Comme pour un voleur vous êtes venus avec des épées et des bâtons vous saisir de moi. Chaque jour j'étais parmi vous dans le Temple et vous ne vous êtes pas emparé de moi. Mais (c'est) pour que les les Écritures soient accomplies (que tout ce qui arrive peut arriver). Et, le laissant, ils s'enfuirent tous. »

Ils, ce sont les Apôtres, et leur débâcle est fort discrètement rapportée. Les deux autres Synoptiques ont travaillé sur ce texte, en y ajoutant de la rhétorique édifiante (par exemple la petite homélie que Mt., 26, 52 et s., fait adresser par Jésus au disciple responsable de l'oreille abattue), ou des détails sans valeur d'histoire (par exemple Lc., 22, 50, sait qu'il s'agit de l'oreille droite, comme Jn., 18, 10, n'ignorera pas que c'est Pierre lui-même qui fut l'escrimeur et que la victime se nommait Malchos) (Charles Guignebert, Jésus, 1969 - books.google.fr).

Emile Signol, L'Arrestation de Jésus ou La Trahison de Judas (1879), Eglise Saint Sulpice - Transept nord-ouest

Comme Jésus est arrêté tel un voleur, il est crucifié parmi d'autres voleurs.

Ascension

Y aurait-il un N inversé caché dans L'Ascension ?

Deux verbes décrivent le transit de Jésus vers le ciel : "epairô" (élever, faire monter) et "upolambanô" (littéralement : prendre par-dessous). Ce dernier verbe qualifie l'action de la nuée, mais dans quel sens ? Traduire comme la TOB soustraire (au regard) occulte la dimension du recevoir ; prendre en charge convient étymologiquement mieux à ce verbe de l'accueil. Dans l'AT, la nuée revêt paradoxalement la double fonction de cacher et/ou révéler la présence de Dieu. Quand Dieu donne la Torah au mont Sinaï, une nuée pesant sur la montagne symbolise sa présence (Ex 19,16). Comme signe théophanique, la nuée évanescente convient au Dieu de l'exode, qui manifeste tout en la voilant sa présence au peuple et à Moïse (Ex 13,21 ; 24, 16.18 ; 33,9-1 1 ; 34,5) l4. Dans le récit de Flavius Josèphe, la nuée qui se pose sur Moïse le rend invisible (Antiquités Juives 4,236). Le codex de Bèze (D) [codex bezae], à notre verset, inverse les verbes et fait du nuage l'élévateur de Jésus ; or, ce n'est pas sa signification première, d'autant que la nuée biblique renvoie à un espace de révélation plutôt qu'à un véhicule céleste. Il est donc plus conforme au texte de voir la nuée prendre en charge le Ressuscité, l'absorber dans l'espace divin et le cacher « loin de leurs yeux ». Dans son sens théophanique, "nephelè" apparaît chez Luc lors de la Transfiguration (Lc 9,34-35) et dans l'annonce de la venue eschatologique du Fils de l'homme (Lc 21,27) ; or en ce dernier endroit, Luc a modifié la citation de Dn 7,13 en Mc 13,26 pour éviter que l'on prenne la nuée pour un moyen de transport, préférant "en nephelè" (dans la nuée) au pluriel "en nephelais" (dans les nuées"). La déclaration des deux hommes au verset 11 fait comprendre pourquoi le narrateur a modelé la scène de l'élévation de Jésus sur l'imagerie apocalyptique : il fait de l'ascension la figure inversée de la parousie (Daniel Marguerat, Les Actes des Apôtres (1-12), 2007 - books.google.fr).

Luc évite de faire de la nuée un véhicule, ce qui est trop parlant, puisque le véhicule de l'âme est le pneuma.

La plupart des textes d'Origène montrent l'âme sans corps entre mort et résurrection. Il en est un cependant qui fait exception : il est conservé par Méthode d'Olympe dans son Aglaophon ou De la Résurrection, que nous possédons tout entier seulement en version paléoslave, et en grec par la notice de la Bibliotheca de Photius qui rend compte de ce livre. En s'appuyant sur le caractère corporel manifesté par la parabole du riche et de Lazare la langue, le doigt, le sein d'Abraham, la position couchée, tout cela daté d'avant la résurrection puisque les frères du riche sont encore vivants sur terre — , et par l'apparition de Samuel à Saül chez la nécromancienne, il attribue à l'âme entre la mort et la résurrection une certaine enveloppe corporelle exprimée, suivant une notion méso- et néoplatonicienne, comme le « véhicule » (ochèma) de l'âme, l'enveloppe de pneuma corporel qui faisait pour les platoniciens le joint entre l'âme et le corps et subsistait après la mort autour de l'âme, expliquant les apparitions de fantômes (Henri Crouzel, Origène, 1985 - books.google.fr).

Les deux récits de l'ascension, Luc 24,50-52 et les Actes I,9-12, présentent des différences. La fresque de Signol s'inspire plutôt des Actes car le Christ s'élève sous les yeux des apôtres.

Souvenons-nous dès maintenant de ce : « à leurs yeux » ! Souvenons-nous aussi que cette « dérobade », ce « rapt « du Christ, aura son exception, puisque le Christ apparaîtra à celui qui n'était encore que Saul de Tarse, sur le chemin de Damas (Alphonse Maillot, Le Credo ou Symbole des Apôtres, 1997 - books.google.fr).

On trouve le verbe dérober pour décrire l'action de la nuée au moins depuis le capucin Nicolas de Dijon (Nicolas Pelletret ou Nicolas Peltrat mort à Lyon en 1694) et surtout depuis le XIXème siècle (Père Nicolas, Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés du premier et du second ordre, Volume 17, Migne, 1845 - books.google.fr).

Dérober a aussi le sens de soustraire, voler, en rapport avec le germanique rauben de Raub robe et le verbe anglais to rob (voler) (Dictionnaire étymologique de la langue françoise, Briasson, 1750 - books.google.fr).

Luc fait cependant dire à Jésus aussi : "... rendez-vous compte qu'un esprit n'a ni chair ni os comme vous voyez que j'en ai" (24,39).

Pour ce qui est des os, selon Augustin, Bernard de Clairvaux, Grégoire Ier, les os de l'âme peuvent représenter ses vertus, sans parler des Valentiniens qui comparaient l'âme aux os du corps (Saint Bernard, SIXIÈME SERMON : La peau, la chair et les os de l'âme - www.abbaye-saint-benoit.ch, Œuvres complètes de Saint Augustin, Volume 33, 1878 - books.google.fr, Le Dictionnaire Chretien, 1693 - books.google.fr).

Pythagore, Empedocle & leurs disciples, se croyoient encore moins autorisés à manger la chair du poisson que celle du boeuf, des oiseaux et des autres animaux terrestres (Encyclopédie, Ou Dictionnaire Universel Raisonné Des Connoissances Humaines: Cat - Chao, Volume 8, 1771 - books.google.fr).

Selon Plutarque, Pythagore tenait l'âme incorporelle (Pierre-Louis de Lacretelle, Logique et métaphysique, Volume 1, 1786 - books.google.fr).

Que Christ-Âme (et donc non esprit/pneuma) mange du poisson voudrait dire qu'il est âme corporelle. Et que l'âme mange est grec comme Luc (ou hellénisé) :

Selon J.-P. Vernant (L'individu, la mort, l'amour, Soi-même et l'autre en Grèce ancienne, 1992), les dieux « vont à la table comme les hommes » et, pourtant, « ils sont à jeun ». Ils sont « tout à la fois ceux qui, nourris de nectar et d'ambroisie, mangent des mets d'immortalité et ceux dont le corps immortel, ignorant la faim, n'a nul besoin de manger ». Cependant, ce qui pourrait sembler un paradoxe n'en est pas un si l'on considère que ne pas manger le pain, ne pas boire le vin, ne pas toucher aux chairs de la victime sacrifiée ne signifie pas pour autant « rester à jeun ». Car si, de notre point de vue, l'âme ne mange rien et Dieu encore moins, pour les Grecs l'âme a besoin de se nourrir - même celle des morts - et les dieux aussi, ne serait-ce que d'ambroisie et de nectar, substances exhalant un parfum envoûtant. De plus, à en croire certaines sources, les dieux se nourrissent aussi de la fumée de la thusia, terme généralement traduit par « sacrifice ». [...] Que l'offrande soit animée ou non, les odeurs qui s'exhalent de la cuisine du sacrifice vont directement à la table des dieux. Ambroisie, nectar, fumée... les mets des Olympiens sentent toujours bon. Et ce qui « sent », relève du relève du pneûma. Tout ce passe en effet comme si le pneûma constituait à la fois l'élément « spirituel » des hommes et l'élément « corporel » des dieux et que, de par ses relations avec l'âme, le logos et les humeurs, il représentait la route même du « commerce » des dieux, l'axe autour duquel tout le système sacrificiel semble tourner (Edoarda Barra-Salzédo, En soufflant la grâce : âmes, souffles et humeurs en Grèce ancienne, 2007 - books.google.fr).

Dans une catacombe de Kertch (Crimée), "sur le pilier de gauche on voit une figure représentant le dieu Hermès et de l'autre côté le repas funéraire" (Revue des études grecques, 1890 - books.google.fr).

A Amphipolis, dans la nécropole hellénistique Nord-Ouest, D. Lazaridis, assisté de Mlle A. Romiopoulou, a porté la fouille sur le côté Nord de la colline, là où l'hiver précédent des fouilleurs clandestins avaient pillé quelques tombes. Dans ce nouveau secteur (secteur B) on a exploré 18 tombes à fosse, taillées dans la roche tendre, et une tombe « macédonienne » ; toutes remontent à l'époque hellénistique moyenne et tardive. [...] La tombe «macédonienne» comporte un dromos et une chambre funéraire. L'entrée était fermée par un mur peu soigné en plaques de pôros, dans lequel trois petites stèles funéraires inscrites étaient encastrées. Dans la chambre Funéraire, six sépultures et deux niches. Trouvailles : strigile de fer, lacrymatoires de terre cuite, un vase en verre polychrome, une paire de boucles d'oreilles, une bague en or, un miroir de bronze, une lampe, une péliké, des skyphoi, des pyxides et d'autres vases grossiers. Des restes de nourriture - arêtes de poissons et coquillages indices de repas funéraires, se trouvaient à l'interieur de quelques vases. (Georges Daux, Chronique des fouilles et découvertes archéologiques en Grèce en 1960. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 85, 1961 - www.persee.fr).

Hécate, déesse grecque adoptée par les Romains sous son nom d'origine, divinité infernale, préside à la magie et aux enchantements. Elle est la souveraine des larves. Elle est souvent triple, nommée Trivia en latin (cf. sa désignation grecque : "Selèné triônumos") non seulement à cause de son triple empire, mais aussi parce qu'elle est la déesse des carrefours, trivia (lieu où se croisent trois ou plusieurs routes), rendez-vous habituel des morts malfaisants ; elle tient une torche dans chaque main et se métamorphose avec une extrême facilité (C. Stoïcesco, La magie dans l'ancien droit roumain, Mélanges de droit romain dédiés à Georges Cornil, Volume 2, 1926 - books.google.fr, Lucien, Histoires vraies et autres oeuvres, 2015 - books.google.fr).

Au moins en principe, les larvae ou lémures erraient éternellement, sans pouvoir jamais aspirer au repos. On les voyait passer dans le vent, sous la conduite de leur reine Hécate, suivie de ses chiens démoniaque (Revue historique de droit français et étranger, 1923 - books.google.fr).

Mais, de façon encore plus claire pour notre propos, des individualités cumulent sur leur personne la multidimensionnalité du passage associé au devenir ontologique : Hermès-Mercure, bien sûr, le passeur des âmes, le Trismégiste, celui qui relie les trois mondes, et qui apparaît comme une complexification en même temps que comme un dépassement de la figure magique d'Hécate trivia (dans ses Saturnales, I, 9, 5, Macrobe l'associe explicitement à cette divinité) (Joël Thomas, L'espace du héros ou les destins croisés, Eranos, 1989 - books.google.fr).

Repas qu'on portoit sur les tombeaux des Morts, Cœna mortui. Baruc en parle en ces termes : Rugiunt autem clamantes contrae Deos suos, sicut in coena mortui. Les Païens hurlent en présence de leurs Dieux, comme dans un repas qu'on fait pour les Morts. Il parle de certaines solemnités, où les Idolâtres faisoient de grandes lamentations : par exemple, dans les fêtes d'Adonis. Quant aux repas pour les Morts, on en distingue de deux sortes : les uns se faisoient dans la maison du Mort, au retour du convoi. On y invite les parens & les amis du Mort, & on ne manque pas d'y faire éclater la douleur par des cris & des lamentations. Les autres se sont sur le tombeau même du Mort; on y servoit à manger pour les âmes errantes, & on croyoit que la Déesse Trivia , qui préside aux rues & aux chemins, s'y trouvoit pendant la nuit. Mais en effet c'étoient les pauvres qui venoient pendant les ténèbres enlever tout ce qui étoit sur le tombeau. "Est honor & tumulis animas placare patentas, / Parvaque in extructas munera ferre pyras" (Ovide, Fasti) (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, 1783 - books.google.fr).

Les âmes ne mangeaient pas que du poisson mais aussi de la bouillie en d'autres lieux (Autour de Rennes le Château : Le temple de Minerve).

En Lituanie, le 24 décembre est d'abord une fête de famille; on se réunit pour le repas de réveillon traditionnel, dont le plat principal est le kûcia, un mot très ancien que l'on retrouve dans plusieurs langues européennes. Kûcia (du grec ancien kukkia) est emprunté au slave. Son sens a été quelque peu altéré au XIIe siècle. Il désigne un porridge à base de céréales (orge et seigle) et de légumineuses (fèves et haricots) mélangées à de la miesimas (eau aromatisée au miel). Servi en entrée, il avait à l'origine valeur de sacrifice pour les âmes des ancêtres invités à la table de fête et on le consomme en hommage aux morts. Le kûcia a donné son nom au dîner et à la journée du 24 décembre (Darra Goldstein, Kathrin Merkle, Cultures culinaires d'Europe : identité, diversité et dialogue, 2006 - books.google.fr).

L'Eros de Diotime de Mantinée

L'ascension de Jésus dans les évangiles et celle de l'âme chez Platon se rejoignent.

Par son incarnation rédemptrice, Jésus « descend lui aussi aux enfers, mais c'est pour en arracher les verrous de fer et en fracasser les portes d'airain », afin de « libérer » les millions d'âmes captives et de les faire « monter » avec lui par sa sainte résurrection dans les « lieux supérieurs » , c'est-à-dire vers son Père. C'est le sens de la parole de Jésus en croix au bon larron : « Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis », paradis céleste qui est l'« antitype», - c'est-à-dire la réalité, - dont le célèbre paradis terrestre de la Genèse était le « type » c'est-à-dire le symbole. A une catabase succède une anabase, à un mouvement descendant succède un mouvement ascendant, à un état «inférieur» succède un état «supérieur». Tel est le sens profond de la mise au tombeau du Christ le Vendredi-Saint (descente) et de sa résurrection dans la nuit du Samedi-Saint (remontée), complétée et couronnée par son ascension (Cécile Treffort, Pierre Guinard, À réveiller les morts: la mort au quotidien dans l'Occident médiéval, 1993 - books.google.fr).

L'anabasis peut être considérée comme une ascension active alors que l'analepsis comme une ascension passive ou assomption comme pour la Vierge (John Macquarrie, Mary for All Christians, 2001 - books.google.fr).

Emile Signol, L'Ascension (1876), Eglise Saint Sulpice - Transept sud-ouest

L'élan amoureux, dans l'élévation de Diotime, porte l'âme platonicienne vers la cité céleste du Beau absolu (Vladimir Jankélévitch, Traité des vertus: Les vertus et l'amour, 1968 - books.google.fr).

Eros a un pouvoir enveloppant.

Dans l'Iliade, lors de la Dios Apate, avant qu'Hypnos ne plonge ("peri kôma kalupsa") Zeus dans la torpeur du sommeil, "kôma", Éros s'était emparé des sages esprits du dieu, en les enveloppant : "min erôs pukinas phrenas amphekalupsen". Le verbe "amphikaluptein" qui exprime ici l'action d'Éros, le même qui revient ailleurs pour indiquer celle d'Hypnos, anticipe le "peri kaluptein" qui est attribué à ce dernier au v. 359 : le désir et le sommeil à la fois domptent et enveloppent le roi des dieux. L'obnubilation qui accompagne l'emprise érotique est de ce fait apparentée aux effets du sommeil, car on sait qu'Hypnos enveloppe de ténèbres les yeux et amène l'oubli de tout, des bonnes choses, comme des mauvaises. Thanatos, qui est le frère d'Hypnos, agit de la même façon : il couvre entièrement sa proie, en l'enveloppant d'un sombre nuage, mais, à la différence d'Hypnos, il tient à jamais celui qu'il saisit (Gabriella Pironti, Entre ciel et guerre: Figures d’Aphrodite en Grèce ancienne, 2013 - books.google.fr).

Le Banquet nous en a donné la preuve : là aussi il s'agit d'une anabase semblable et d'une synthèse analogue à celles de la République. Diotime nous dit qu'après les occupations, c'est aux connaissances que se portera celui qui est destiné à l'initiation parfaite, pour que cette fois il aperçoive la beauté qu'il y a en celles-ci, et qu'il puisse pour que, portant ses regards sur la vaste région déjà occupée par le beau, cessant de lier comme un valet sa tendresse à une unique beauté, celle de tel jouvenceau, de tel homme, d'une seule occupation, il cesse d'être, en cet esclavage, un être misérable et un diseur de pauvretés ; au contraire, tourné maintenant vers le vaste océan du beau et le contemplant, il pourra enfanter en foule de beaux, de magnifiques discours, ainsi que des pensées nées dans l'inépuisable aspiration vers le savoir ; jusqu'au moment enfin où il aura assez pris de force et de croissance pour voir qu'il existe une certaine connaissance unique, celle dont l'objet est le beau dont je vais te parler (Nicolas Isidore Boussoulas, L'être et la composition des mixtes dans le "Philèbe" de Platon, 1952 - books.google.fr.

Éros est un intermédiaire entre ce qui est divin et humain. Comme tel, n'étant ni un dieu ni un homme, c'est un démon. Le mythe de sa naissance (203a-204c). Ce démon est le fils du dieu Ressource et de la mortelle Pauvreté. Intermédiaire entre le divin et l'humain, la richesse et la pauvreté, il est aussi intermédiaire entre la science et l'ignorance : comme tel, est philosophe. L'amour est désir d'immortalité et enfantement dans le beau. L'amour est donc désir du beau et du bien – désir du bonheur –, et plus précisément désir de posséder pour toujours le bien : l'Amour est désir d'immortalité.

L'origine mantinéenne de Diotime n'aurait-elle pas été choisie par paronymie avec mantis, la « prophétesse », la « voyante » dont le modèle est la vierge consacrée à Apollon, la Pythie ? [...] Dans son intervention dans le Banquet, Aristophane compare la séparation en deux moitiés des premiers hommes de son mythe au diœcisme subi par les Arcadiens en son temps. Un diœcisme, cela consiste en une dispersion autoritaire et brutale des membres d'une cité en plusieurs villages. Il y a en effet deux événements de ce type qui ont concerné les Arcadiens, et spécialement les gens de Mantinée : d'une part, un peu avant l'époque où l'on peut situer le banquet lui-même (417 av. J.C.) ; d'autre part, un peu avant l'époque de la composition du dialogue par Platon (385 av. J.-C.). L'intéressant est cependant pour nous que cette relation subtile que nous sommes amenés à établir entre le diœcisme de Mantinée et la prêtresse inspirée place cette dernière au cœur même du mystère de l'amour tel qu'Aristophane en a révélé un élément essentiel : sur la coupure, la section, le sexe. Et c'est peut-être bien pour cela, entre autres, que nous avons affaire à une femme Bernard Piettre, Jacqueline de Romilly, Intégrales de Philo - PLATON, Le Banquet, 2014 - books.google.fr).

Un dernier mythe, exposé lui aussi dans le Banquet, doit être rappelé, parce qu'il renferme, sous une forme cryptique, un sens profond. Il s'agit d'une version particulière de la naissance du dieu Eros. Lorsque naquit Aphrodite, les dieux célébrèrent un festin dans le jardin de Zeus. Y participa Poros, qui fut pris, à un moment donné, par l'ivresse et la torpeur. Profitant de l'état de Poros, Pénia, qui, venue mendier, s'était tenue près du jardin, s'arrangea pour que Poros s'unît à elle, car elle avait prévu d'avoir un enfant de lui. Ainsi naquit Eros. On a proposé plusieurs interprétations de Poros et de Pénia. Le sens le plus profond, confirmé par le contexte de tout le passage, c'est que Poros exprime la plénitude, donc, métaphysiquement parlant, l'être, et Pénia l'indigence, la privation (de l'être), cette "stèresis" si importante dans la philosophie grecque, où elle est essentiellement associée à la notion de « matière », "ulè". (Julius Evola, Métaphysique du sexe, 2006 - books.google.fr).

Eros est engendré clandestinement, presque frauduleusement, au cours des noces d'Aphrodite, voleur fils d'une voleuse (Bernard Sichère, Erôs philosophikos : ange et démon, Du Banal au Merveilleux, les cahiers de Fontenay, 1989 - books.google.fr).

A la suite de Platon, chez le néoplatonicien Plotin, à chaque palier de l'anabase érotique de l'âme vers son principe, cette dernière doit traverser la multiplicité de ses érôtes. Ces aspects divers de l'érôs de l'âme se manifestent aussi bien sous la forme du désir matériel propre à l'âme engluée tout entière dans la matière et pervertie par elle, que sous celle de l'érôs divin comme attribut de l'âme noétique et sage portant ses regards vers l'Un. En effet, lorsque notre âme s'élève jusqu'au Noûs aimant et inchoatif elle contemple, en sa compagnie et dans un état d'extase érotique le Bien dispensateur de l'amour. Nous pouvons donc affirmer que la nature de l'érôs de l'âme est multiple, cela étant dû à sa condition sensible incarnée (A. Pilger, Nature et origine de l'éros de l'âme humaine chez Plotin, Diotima, Volume 31, 2003 - books.google.fr).

Christ-Âme, vous dis-je... Christ-Âme !

Tension

On peut cataloguer pneuma, désir/éros et volonté dans la catégorie "tension".

L'erotylos alchimique, assimilé parfois à l 'étoile Alcor compagnon de Mizar de la Grande Ourse, est en lien avec Eros (La Croix d’Huriel et la Ligne gnostique : Le Chariot).

Ce pneuma est le principe immanent, automoteur, du mouvement qui anime les êtres. Ce mouvementdu pneumaest désigné comme tension (tonos): centripète, il produit l'unité de l'être, centrifuge, il en produit les qualités. « C'est sur cette tension inhérente au pneuma que se fondent en dernière analyse l'individualité et l'unité de tout être», écrit Voelke qui approuvela remarque de Ravaisson: «le stoïcisme se résume tout entier dans l'idéede la tension». Lorsque celle-ci est suffisante, le dynamisme de l'âme est eutonie et engendre une bonne disposition, alors que son insuffisance provoque l'atonie. Ces variations de tension n'ont pas de causes exogènes : c'est l'âme elle-même qui a le pouvoir de varier sa tension interne, c'est-à-dire de se mouvoir. C'est parce pouvoir que l'âme peut se soustraire à l'influence du monde extérieur et se déterminer elle-même, c'est-à-dire vouloir, être responsable de soi-même : «Propriété de l'âme raisonnable : elle fait d'elle-même ce qu'elle veut », dit Marc-Aurèle (V,19). Ainsi, l'idée de volonté est-elle étroitement liée à celle de tension du pneuma, c'est-à-dire de l'esprit conçu comme souffle matériel dans le cadre d'un monisme radical. «Si la tension explique l'intelligence, à plus forte raison expliquet-elle la volonté, écrit Ravaisson. La logique peut être réduite tout entière, comme à son principe, à la tension volontaire ; à plus forte raison y peut-on réduire la morale» (France Farago, La Volonté, 2002 - books.google.fr).

On peut considérer la tension électrique des nuages :

Si l'électricité des nuages a réellement l'origine que je lui attribue, une nuée doit donner des éclairs d'autant plus fréquents qu'elle grossit d'une manière plus rapide, et que sa dimension verticale est plus grande; parce qu'alors il doit y avoir dans ses diverses régions des différences plus considérables de tensions électriques. C'est là précisément ce que l'on observe (Physique météorologique, Cosmos: revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, Volume 1, 1852 - books.google.fr).

Éros, le désir, dans le mythe grec, hérite des caractères opposés de ses parents, Poros et Pénia. Poros en grec signifie l'ouverture d'un passage à travers une étendue chaotique, un trajet à travers les obstacles, qui rend visibles les diverses directions possibles. Poros est l'issue, la ressource, le stratagème qui permet de sortir de l'impasse, de l'aporia, et de l'angoisse. [...] L'aporia est à l'origine du désir, c'est à partir du manque que le désir se construit (manque de structure et non manque de quelque chose, manque d'objet). Mais l'aporie ne bloque pas, ne paralyse pas Éros, qui bouge toujours, cherche, invente. Le désir se fixe sur l'aporia du manque, sur un point originaire de non-savoir, non-savoir sur ce qui le cause. La cause du désir est ce point fixe, figé, invariable. [...] "Il va de l'avant tendu de toutes ses forces." dit Platon (203d) [...] Pénia n'est pas un réceptacle passif, une matière qui recevrait sa forme, sa richesse, du père actif et viril. C'est elle qui trame le complot. Ce que le mythe distribue en trois personnages – Poros, Pénia, Éros – se trouve défait et recomposé au profit d'un seul : Éros, l'intermédiaire. Les caractères « actif » et « passif » se confondent dans Éros. Les deux forces opposées persistent, et lui donne une tension spécifique, caractéristique de tout désir (Silvia Lippi, La décision du désir, 2016 - books.google.fr).

L'hypoténuse-pneuma du triangle isocèle rectangle de la dalle verticale de Marie de Nègre relie "NOBLe"-hegemonikon ou apex mentis : Poros est fils de Métis, mère d'Athéna, l'intelligence rusée liée à la Mens (pensée) ; et "CATIN" du côté du corps, la matière liée à Penia. Le grec "tasis" tension est de même racine que teino et d'hypoténuse (Autour de Rennes le Château : Dalle verticale de Marie de Nègre : un triangle isocèle rectangle).

Lammermoor

D’autres, à l’instar d’Emile Signol, se tourneront vers Walter Scott et son roman La Fiancée de Lammermoor, dans lequel la jeune Lucy Ashton poignarde à mort son époux, avant de sombrer dans la démence. Progressivement, un déplacement d’intérêt de la part du public est perceptible : lassé d’une héroïsation factice où l’homme est porteur de valeurs glorieuses et inaltérables, c’est à des personnages en proie à leurs démons et soumis à l’inéluctable qu’il veut à présent s’identifier (www.arkult.fr).

Emile Signol (1804-1892), La Folie de la fiancée de Lammermoor, 1850, huile sur toile, Musée des Beaux-Arts, Tours © D. Couineau

Walter Scott never handled the wild witch-lore of his native land with finer effect than in the "Bride of Lammermoor." The dialogue between the three hags who are called to the lyke-wake of Alice is as good as the opening chorus of the three witches in "Macbeth": — " ' That's a bonny hemlock bough ... a horse to fall over hill and how, through mist and moonlight, and light down in the French King's cellar.' "'Did ye ever see the foul thief ?' asks one of the hags. " ' Na ; but I trow I hae dreamed of him mony a time, and I think the day will come when they will burn me for it.'" (The Academy, Volume 77, 1909 - books.google.fr).

"foul thief" est traduit par "noir voleur", c'est-à-dire Satan (Oeuvres de Walter Scott, Defauconpret, 1835 - books.google.fr).

Nazaréen

Emile Signol fait partie d'un certain nombre d'artistes français ont été regroupés sous le nom de Nazaréens, mouvement artistique fondé au début du XIXe siècle par un groupe de six élèves artistes allemands. Ces six élèves, artistes à Vienne, définirent l'idéal nazaréen : le renouveau de l'art par la religion, en s'inspirant de Dürer et de Raphaël. De Vienne, ils partirent ensuite pour Rome. Le mouvement nazaréen allait ainsi devenir rapidement un mouvement collectif des régions catholiques du sud. Les peintres nazaréens, influencés à la fois par le catholicisme et le romantisme se donnèrent pour objectif de renouveler l'art religieux par l'étude des anciens maîtres italiens et allemands (fr.wikipedia.org - Mouvement nazaréen).

Le titulus crucis conservé dans la basilique Sainte croix de Jérusalem à Rome ne conserve que 3 lignes de textes : une hébreue avec le bas de l'inscription ; une grecque avec les lettres "NAZAREUS B" (pour IESUS NAZAREUS BASILEUS IUDAM) ; et une latin avec "NAZARINUS RE" et non "nazarenus " (pour IESUS NAZARINUS REX JUDAEORUM) (Jean-Maurice Clercq, La Passion de Jésus, de Gethsémani au Sépulcre: Reconstitution à partir des connaissances scientifiques actuelles, 2004 - books.google.fr).

Cela signifie que Signol a bien rétabli le texte de la relique et non celui de la reconstitution exposée à côté. Mais aussi son "NAZARINUSRE" avec le X à l'écart semble reproduire le texte latin subsistant de l'authentique relique du XIème siècle ! (www.renneslechateau.com - Migdom 3).

Le titre de la croix, si l'on ajoute foi aux prétentions des Romains, fut aporté par sainte Hélène à Rome, & déposé dans l'église de sainte Croix de Jérusalem. Après avoir été perdu de vue & caché pendant plus de mille ans, il fut découvert, sous le pontificat d'Innocent VIII. en 1492. Une relation du tems nous aprend qu'on trouva dans une cassette, indiquée par cette inscription "Hic est titulus verae crucis", une tablette, où ces paroles étoient gravées & peintes en rouge "Jésus NaZarenus Rex Judaeorum". Les deux dernières lettres avoient péri par vétusté. Le mot entier étoit extrêmement endommagé, l'an 1564. En 1648, il ne restoit que "Nazarenus Re" Les lettres héraïques & grèques n'étoient donc plus au tems de cette découverte. Du moins les auteurs n'en font-ils nulle mention. Aujourdui le titre ne paroit plus blanc, ni les lettres touges, soit à cause de la longueur du tems, soit qu'à force d'être manié, ces couleurs aient disparu (Nouveau traité de diplomatique, Tome II, Congrégation de Saint Maur, 1755 - books.google.fr).

Il fut déclaré authentique le 29 juillet 1496 par la bulle Admirabile Sacramentum du pape Alexandre VI.

À partir de la première ligne, Maria-Luisa Rigato a reconstitué l'expression araméenne "Jeschu nazara m m", m m abrégeant malk kem, en français : « Jésus le Nazaréen votre roi ». Il est à remarquer qu'elle écrit "nazara" avec un tsadé (fr.wikipedia.org - Titulus Crucis, Maria-Luisa Rigato, Il titolo della Croce di Gesù: confronto tra i Vangeli e la Tavoletta-reliquia della Basilica Eleniana a Roma, 2005 - books.google.fr).

Enfin on peut défendre de mille manières cette remarque de saint Matthieu: que Jésus-Christ a habité la ville de Nazareth afin que s'accomplit ce qui a été dit par les prophètes; parce qu'il sera appelé nazaréen. Deux explications sont plus vraisemblables que les autres, toute leur différence consiste à savoir si Jésus-Christ nazaréen doit s'écrire on hébreu et en syriaque avec un zaïn, auquel correspondent le z des Latins et le zéta des Grecs ; ou avec un tsadé, qui dans toutes les versions grecques et latines a un sigma pour correspondant. Mais parce que toutes les versions grecques écrivent "Nazoraios" et les versions latines nazarœus, d'autres concluent que c'est la lettre zaïn, et non la lettre tsadé, qui a été écrite dans l'original de saint Matthieu. Cependant dans les mêmes exemplaires de l'original syriaque qui existent encore, on trouve ce mot écrit avec un tsadé ainsi que dans les livres arabes. Les rabbins, hébreux eux-mêmes, lorsqu'ils appellent les chrétiens nazaréens, prononcent et écrivent ce mot avec un tsadé. D'autres ajoutent une preuve tirée de l'inscription de la croix de Notre-Seigneur, et que l'on peut voir à Rome; ils assurent que dans cette inscription, ce mot nazaréen est écrit avec un tsadé et non avec un zaïn, ils avancent cette opinion sur la foi de saint Pagninus, témoin oculaire (Benedikt Stattler (1728-1797), jésuite bavarois, (Démonstrations évangéliques ou certitude de la religion révélée de Jésus-Christ (1775), 1843 - books.google.fr).

On a cherché à expliquer ledit surnom, soit par le mot netzer, qui veut dire le rameau, le rejeton et qu'on entend alors, le rejeton de la tige de Jessé, le descendant de David, le Messie ; soit par le mot nosri qui veut dire l'observant, ou le gardien, le veilleur ; soit par le mot nazir, qui désigne un homme lié à Dieu par un vœu, et qu'on traduit par saint, ou par consacré, ou par séparé, ou par couronné, tous sens assez voisins, le premier semblant, du reste, le plus ancien. Chacune de ces explications produit des vraisemblances et rencontre des difficultés. Ainsi le sens de netzer irait bien avec l'idée que les premiers chrétiens se sont faite de Jésus (Charles Guignebert, Jésus, 2015 - books.google.fr).

Dans le titulus reconstitué, le Z du grec NAZARENUS est écrit à l'endroit. Or comme l'inscription est à l'envers, son retournement place le Z à l'envers.

Le Zeta inversé note le chiffre 7, comme le zayin hébreu (François Rebuffat, Bulletin de correspondance hellénique: Supplément, Volume 31, 1997 - books.google.fr).

Le titulus prendrait-il partie pour l'option "consacré" (nazir) ?

Z corresponds in place and moderately in form to Zain (i.e. dz). It had most probably this sound in Greek, but it may have varied; it ways represents some phonetic corruption, as will appear in its place. Perhaps the Greeks confounded the two impound sounds ts and dz (Tsadi and Zain), and kept it one symbol (Zain) with the name of the other (Tsadi) modified into Zeta [6e lettre de l'alphabet grec] to correspond to the nearest letters Eta id Theta (John Peile, An Introduction to Greek and Latin Etymology, 1875 - books.google.fr).

INRI et ITSRI

Yitseriy, Jitseri, dans 1 Chroniques 25:11 « mon façonneur » un chef de l'un des choeurs du sanctuaire lévitique. Le mot Yetser est employé dans Genèse 2:8 « Puis l'Eternel Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé » (Jacques Sobieski, Le Potier Divin, 2012 - books.google.fr).

Parfois noté Itsri (Jean-Frédéric Ostervald, La Sainte Bible, ou L'Ancien et le Nouveau Testament, 1836 - books.google.fr).

Au sujet d'un cylindre assyrien trouvé à Senkereh dans les ruines du temple du soleil, "Itsri frequently means a king. Hebrew "otsr" imperavit (Ges. 789)" (H.F. Talbot, Inscription de Senkereh, Journal of the Royal Asiatic Society of Great Britain & Ireland, Volume 19, 1862 - books.google.fr).

Aux fondements de la pensée gnostique se trouve l'idée que notre monde est l'œuvre d'un dieu inférieur appelé le démiurge (le grec demiurgos signifie « façonneur »), généralement identifié au Dieu des juifs : on retrouve là la doctrine de Marcion, sans qu'il soit possible de savoir précisément qui, en l'occurrence, a influencé qui. Assisté de sesanges mauvais, les archontes – un héritage du judaïsme tardif dans lequel l'angéologie joue un rôletrès important –, le démiurge a doté l'homme d'un corps de chair, véritable prison pour l'âme, puis l'a placé dans un univers marqué du sceau du mal. Cette chute donne d'ailleurs lieu à une mythologie foisonnante et souvent très abstraite. Dès lors, l'homme doit par tous les moyens tenter de libérer son âme pour qu'elle puisse accéder au plérôme (du grec plèrôma, « plénitude »), royaume de ce Dieu absolument transcendant – contrairement au démiurge – que les gnostiques nomment parfois « l'Inconnu », tant il est ineffable. C'est le seul vrai Dieu : le gnosticisme n'est en rien un dithéisme, le démiurge des juifs étant perçu par lui comme un charlatan (Frédéric Lenoir, Comment Jésus est devenu Dieu, 2010 - books.google.fr).

Saint-Jacques-des-Blats

Dans le cimetière de Saint-Jacques-des-Blats, tout près de la Croix de 1667, une tombe est bien étrange : La famille Davines était une riche famille de Saint-Jacques-des-Blats, affiliée au Comte du Caldaguès. Elle avait au XIXème siècle, été introduite dans les sociétés parisiennes. C'est certainement la raison pour laquelle, sur leur tombe saint-jacquoise, une croix est gravée à l'envers ainsi que le "N" de Davines... tout comme les signatures du peintre Signol à Saint-Sulpice à Paris (Autour de Rennes le Château : Eglise Marie-Madeleine et calendrier kabbalistique).

Davin, Davine, dérivé de Davi, forme populaire de David, personnage biblique, issu de l'hébreu David, -idis, c.-à-d. cher (Bulletin philologique et historique: (jusqu'à 1715), Comité des travaux historiques et scientifiques, 1969 - books.google.fr).

Davine donne alors Davitse qui est encore une forme ici néerlandaise de David (familysearch.org).

Il y a eu, en effet, une émigration cantalienne aux Pays-Bas au XIXème siècle, en particulier pour la fabrication des parapluies (Autour de Rennes le Château : La Montagne fleurie : Le Christ s’est arrêté à Vixalort).

Sur un total de 227 migrants retrouvés dans les Archives néerlandaises B, la répartition socio-professionnelle s'établit comme suit (de 1750 à 1920) : - 121 marchands ou fabricants de parapluies - 97 chaudronniers - 3 émouleurs - 1 marchand de machines à coudre - 1 forgeron - 1 marchand de tabac - 3 dont la profession reste inconnue. Les deux échantillons statistiques ne se recoupent pratiquement pas puisque seulement 21 personnes de l'étude d'O. Meynial ont été retrouvées aux Pays-Bas par les Lestrade. a) l'échantillon Meynial se déclare « chaudronnier» au départ du Cantal, soit au début du XIXè siècle; b) l'échantillon Lestrade plus ouvert dans le temps (1750-1920) montre une diversification des métiers de la réparation vers ceux du négoce et une implantation géographique différente. Les marchands et fabricants de parapluies s'installent et travaillent surtout dans les grandes villes : Amsterdam, La Haye et Utrecht. Il y avait également des magasins à Arnhem, Bois-le-Duc, Dordrecht, Haarlem, Leiden, Maastricht, Middlebourg, Rotterdam, Vlissingen, Groningen, Leeuwarden et Zutphen. Au contraire les chaudronniers s'installent dans les petites villes et les villages : il n'y en avait qu'une quinzaine à Amsterdam, la capitale ; autant à Rotterdam ; un seul à La Haye. Beaucoup de ces chaudronniers étaient concentrés dans la province de Zuid- Holland : à Alphen a/d Rijn, Bleiswijk, Brielle, Delft, Kethel, Klaaswaal, Naaldwijk, Noordwijk, Maasluis, Zwartewaal, Zuidland. Dans la province de Noord-Holland (sauf Amsterdam), on les trouve à Alkmaar, Den Helder, Haarlem, Uithoorn. Dans la province de Zeeland quelques-uns s'installent à Goes, Middleburg, Terneuzen, Tholen et Sluis. Les provinces du nord ne semblent pas présenter d'attraits pour eux, puisqu'on ne les trouve qu'à l'état d'unités et pour de faibles durées de séjour (Marc Prival, Auvergnats et Limousins en migrance, 2005 - books.google.fr).

L'épitaphe d'Elisabeth Raynaud

La plaque funéraire d'Elisabeth Raynaud subsisterait. On peut y lire : "Ici Repose Elisabeth Raynaud décédée à la métairie de Layram le 15 mai 1857 à l'âge de 18 ans de profundis".

L'inscription de cette plaque écrit "Raynaud" "RAYNAUND" avec deux "N" à l'envers. Avec la lecture ts on aurait "Raytsautsd", ce qui peut avoir un sens en hébreu sans le d final. La plaque a été mise en relation avec les cynocéphales, les flux de sang, les éclipses et les évangiles (Les Prophètes et Rennes le Château : Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram).

L'impie Esaü avait déjà déclaré la guerre à Jacob dans le sein de sa mère. Le mot « vaïtheroççou » dérive de « raçaç » [Retsots], ainsi que l'on dit « écraser la cervelle » ; donc l'Écriture veut dire que les deux enfants s'étaient déjà divisés dans le sein de leur mère (Jean de Pauly, Sepher ha-Zohar (Le livre de la splendeur): doctrine ésotérique des Israélites, Volume 2, 1970 - books.google.fr, Daniel Chanan Matt, The Zohar, Volume 2, 2004 - books.google.fr).

Considérons la raison plus secrète pour laquelle Jésus-Christ appela Marie du nom de Femme, et non de celui de Mère. JésusChrist voulut nous faire ainsi entendre que Marie étoit cette Femme puissante, prédite dans la Genèse, qui devoit écraser la tête du serpent. Je mettrai une inimitié éternelle entre toi et la Femme, entre sa race et la tienne ; elle te brisera la tête; et tu lâcheras de la mordre par le talon (Genèse III,15 : Dieu parlant à Serpent). Personne ne doute que cette femme ne soit la sainte Vierge. La Mère, par le moyen de son Fils, ou plutôt le Fils, par le moyen de sa Mère, puisque ce fut elle qui le mit au monde, devoit écraser la tête du serpent, image de Lucifer. Lucifer étoit orgueilleux, ingrat, et désobéissant; Marie fut humble, reconnoissante et soumise (Alphonse de Liguori, L'âme fidèle au pied de la croix, faisant suite à l'horloge de la passion, 1835 - books.google.fr).

Esaü, nommé autrement Seir & Edom, étoit un des Gémeaux que Rebecca avoit porté dans son sein : il sortit le premier, roux & tout velu comme un manteau de poil: roux en un mot, & velu comme les Satyres que les Poëtes nous dépeignent. C'est pour cela que ceux qui faisoient autrefois le personnage de Satyre sur les Théatres, se couvroient de peaux de Chevreaux ou de Boucs. Pline L. V. c. 8. & VI. c. 30. parle de certains Satyres qui se trouvoient sur les confins de l’Ethiopie: mais aujourd'hui on ne connoit plus cette Nation & l'on est persuadé que les Anciens prenoient pour des Satyres, les Animaux qui ont à peu près la figure humaine, comme sont les Singes ordinaires, les Singes à queue, les Cynocéphales, qui approchent beaucoup de la figure de l'homme & qui en imitent les gestes & les manieres. On voit rapporter particulierement à ce genre d'Animaux cet Orang-Outang, qu'on avoit apporté d'Angola & dont on fit présent au Prince d'Orange, Frederic-Henri. Tulpius, Obs L. III. c. 56. appelle cet Animal un Homme sauvage, & il en fait la description sous le nom de Satyre des Indes. [...] Je ne prétens cependant pas, en faisant cette comparaison, insinuer qu'Esaü fût un Satyre, ni que cette Race d'Animaux sauvages qui imitent l'Homme soit descendue de lui. Je considere Esaü comme un homme monstrueux: & peut-être l'imagination de sa Mere avoit-elle été la cause qu'il étoit ainsi velu & roux, quoique l'on voye encore aujourd'hui plusieurs Enfans venir au monde tout rouges (Johann Jakob Scheuchzer, Physique sacrée, ou Histoire-naturelle de la Bible, Volume 1, 1732 - books.google.fr).

Johann Andreas Pfeffel, Esaü, Physique sacrée, ou Histoire-naturelle de la Bible, Volume 1, 1732

Les juifs affirment que c'est Ana — arrière-petit-fils d'Esaü — qui, le premier, a fait saillir dans le désert des troupeaux de juments par des ânes, et fait naître ainsi de nouveaux animaux — contre nature. De la même façon, des ânes sauvages ont été accouplés avec des ânesses pour donner des ânes très rapides. Assurément, le génie humain a contraint au coït des espèces animales différentes, et, par altération des rapports, inventé une autre race. De même, Jacob a imaginé des analogies de couleurs contre nature : ses brebis concevaient des petits à l'image des béliers qui les montaient, en contemplant leur reflet dans le miroir des eaux. On a procédé ainsi, dit-on, pour des troupeaux juments : on place, devant les yeux des femelles qui conçoivent, des chevaux de race afin qu'elles puissent concevoir et procréer des poulains qui leur ressemblent. De même, les possesseurs de colombes placent des colombes peintes de toute beauté devant leurs nids, afin qu'elles enfantent des petits à la ressemblance de la peinture qu'elles voient devant elles ; d'où le conseil que certains donnent aux femmes enceintes de ne pas regarder en face les animaux les plus laids, tels que les cynocéphales et les singes, pour ne pas accoucher d'enfants qui ressembleraient aux bêtes qu'elles ont vues ; car il est dans la nature des femmes de mettre au monde des rejetons à l'image de ce qu'elles ont vu ou imaginé dans l'ardeur du plaisir, pendant qu'elles conçoivent. Les animaux, en effet, transmettent dans les relations amoureuses leur aspect extérieur, et donnent à ceux qui les regardent leurs particularités. Dans la classe des animés, on appelle « hybrides » les êtres nés de deux espèces différentes, comme le mulet, issu de la jument et de l'âne ; le bardot, engendré d'un cheval et d'une ânesse ; l'hybride, produit d'un sanglier et d'une truie ; le tyrius, né d'une brebis et d'un bouc ; le mouflon, issu d'une chèvre et d'un bélier ; c'est aussi le chef du troupeau (Le Bestiaire: texte intégral en français moderne, reprod. en fac-sim. des miniatures du Bestiaire Ashmole 1511 de la Bodleian Library d'Oxford, traduit et présenté par Marie-France Dupuis, Daniel Poirion, 1988 - books.google.fr).

Saint Christophe était un cynocéphale (à tête de chien), fêté le 25 juillet comme Jacques le Majeur, autre Jacob.

Dans la liste des objets que la flotte de Salomon rapportait d'Ophir, l'ivoire et les singes sont désignés dans le texte hébreu de la Bible par leur nom sanscrit, l'ivoire étant appelé habbi, sanscrit ibha, « éléphant », et le singe Koph, sanscrit Kapi (François Lenormant, Manuel d'histoire ancienne de l'Orient jusqu'aux guerres médiques, Volume 3, 1869 - books.google.fr).

Pour les deux autres N inversés : "ANS" donne à-peu-près "tss" pour "tsys" de l'hébreu voulant dire "allumer" (The Jewish Quarterly Review, Volume 5, 1893 - books.google.fr).

"DE PROFUNDIS" donne "dpr futs ds" où "dpr" peut vouloir dire "torche" de l'ougaritique "dpr" qui a pu donner l'hébreu "lpd" ; "ds" est une racine qui désigne ce qui est caché et "Futs" disperser, dissiper, briser, anéantir (Mélanges syriens: offerts à monsieur René Dussaud, secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1939 - books.google.fr, Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, analisé et comparé avec le monde moderne, Volume 2, 1787 - books.google.fr, Fabre d'Olivet, La langue hebraigue restituee et le veritable sens des notes hebreux retabli et prouve par leur analyse radicale (etc.), 1815 - books.google.fr).

"dipârum" est proche de l'akkadien "diparu" qui veut dire aussi "torche".

Jusqu’au XIXe siècle, le secret des signes cunéiformes resta perdu. Ce furent les inscriptions trilingues gravées par les rois perses achéménides à Persépolis et à Behistun qui permirent les premiers déchiffrements. Le même texte s’y trouvait dans les trois langues de l’empire Perse : vieux-perse, élamite et akkadien. Le déchiffrement de l’akkadien donna lieu à des compétitions entre savants de toute l’Europe. Une confrontation des résultats obtenus par quatre chercheurs, organisée en 1857 par la Royal Asiatic Society, de Londres, démontra que « les portes de l’écriture cunéiforme étaient officiellement ouvertes ». On s’aperçut alors que les signes cunéifomes avaient été inventés pour noter une langue plus ancienne, disparue de la mémoire des hommes, le sumérien, du nom du Pays de Sumer dont les ruines devaient livrer ce qui fut vraisemblablement la plus ancienne écriture des hommes (Ecriture cunéiforme, Déchiffrement - classes.bnf.fr, Zeitschrift für Keilschriftforschung und verwandte Gebiete, Volume 2, 1885 - books.google.fr).

Le Philosophe Inconnu, comme il le fit souvent dans ses ouvrages, et qui plus est encouragé par les paroles merveilleuses du Seigneur, s'exprime ouvertement avec son disciple et lui donne, ou, plus exactement, lui confie le secret qui résume toute l'initiation saint-martinienne, lui disant par delà les siècles, qui de toute manière ne comptent pas du point de vue de l'éternité, ces précieuses vérités : « Apprend [que ton] Être intellectuel [est] le véritable temple ; que les flambeaux qui le doivent éclairer sont les lumières de la pensée qui l'environnent et le suivent partout ; que le sacrificateur c'est ta confiance dans l'existence nécessaire du Principe de l'ordre de la vie ; c'est cette persuasion brûlante et féconde devant qui la mort et les ténèbres disparaissent ; que les parfums et les offrandes, c'est [ta] prière, c'est [ton] désir et [ton] autel pour le règne de l'exclusive unité. » (Louis Claude de Saint Martin, Le Tableau naturel, XVII.) (Jean-Marc Vivenza, Le Martinisme: L'Enseignement secret des Maîtres, 2007 - books.google.fr, David Icke, Le plus grand secret Tome 2: Le livre qui transformera le monde, 1999 - books.google.fr).

Les négociants de Rome célébraient la fête de Mercure le 15 mai, anniversaire du jour où on lui éleva, l’an de Rome 675, un magnifique temple dans le grand cirque. Il est vu aussi sur des bas-reliefs portant un flambeau, soit comme symbole du soleil, soit comme attribut nécessaire au milieu des ombres du Tartare, qu’il visitait si souvent (Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Volume 19, 1837 - books.google.fr).

La statue du Mercure du Capitole, portait une tête de chien, et le sistre d'une main et le caducée de l'autre (Righetti. Deicrizione del Campidoglio , Tav. CXVII) (Alfred Maury, La Psychostasie, Revue archéologique de la Société francaise d'archéologie classique, 1845) (Cohérence grand nonagone : Deuxième Etoile : Le Patchalet - Sommet en Manche).

Cynocéphales et flambeau

La gravure que nous avons choisi de commenter est une des nombreuses illustrations du livre du Mystère des Maladies (Integrum Morborum Mysterium), de Robert Fludd, plus connu sous le titre de Medicina Catholica. L'ouvrage sortit de presse à Francfort en 1631, et sa riche iconographie est due au talent de Wolfgang Hoffmann, graveur chez William Fitzer, qui fut l'éditeur des œuvres de Fludd après 1622. Ce volumineux traité rédigé en latin, serait d'une grande monotonie pour le lecteur du XXe siècle s'il n'était agrémenté de diagrammes, de planches, qui offrent à l'imagination un tableau de l'univers étrange où évolue la pensée féconde de de celui qui fut médecin et un des grands visionnaires anglais du XVIIe siècle. Comme le suggère le titre complet de l'ouvrage, celui-ci traite en particulier de l'influence du climat, de l'insalubrité de l'atmosphère dans la genèse et le développement des maladies. L'auteur construit son exposé sur le thème de l'invasion du bastion de la santé, exploitant une métaphore couramment développée dans la littérature médicale des XVIe et XVIIe siècles. L'homme est «agressé» par les vents, qui déchaînent la violence des éléments contre lui. Le stratège a pour nom Deus. Il exerce un pouvoir absolu sur les forces de la nature. Tel un dramaturge, il tient les fils invisibles qui guident l'action sur ce vaste théâtre de l'univers où se joue le destin de l'homme. Pour illustrer le propos du livre, le graveur a représenté une scène familière aux contemporains de Fludd, et dont les acteurs principaux sont un malade et un médecin. L'un subit le mal, l'autre commente l'action, un peu à la manière du chœur dans le théâtre grec. Suivant la coutume, le patient est nu sous ses couvertures, ici pour la raison précise que les fébricitants devaient éliminer par les pores du cuir les humeurs mauvais, afin d'attirer le «venin» à la périphérie, loin du cœur. Debout, près du lit, le médecin consultant, portant la toge et le chapeau à larges bords, prend le pouls du malade au poignet gauche, comme c'était l'habitude, afin de sentir, à la pression du doigt, «le mouvement des esprits vitaux». L'index de la main droite pointé vers le ciel, il semble «prognostiquer» l'issue du mal. Ce tableau se détache en médaillon, au centre d'une rosace richement ouvragée. La chambre du malade est située à l'intérieur d'une forteresse flanquée de quatre tours. Sous la poussée d'un destrier lancé au galop, le mur semi-circulaire de la tour Sud vole en éclats, laissant passage au cavalier et à sa monture, escortés par une nuée de bestioles ailées. Sur le pourtour de la rosace sont posées huit nuées, équidistantes les unes des autres qui encadrent chacune, alternativement, un ange et l'inscription «Deus loquens». La parole divine dirigée vers le malade retentit des quatre points de l'horizon dans un couloir lumineux, dont l'éclat est souligné par une multitude de traits, semblables à des rayons. Chacun des anges tient un arc en main, avec lequel il semble avoir décoché une flèche, ou plus exactement laissé libre cours à la force des vents, qui percent la citadelle comme le feraient des traits. Dans leur sillage, les vents entraînent toutes sortes de bêtes maléfiques à l'assaut du bastion, et qui figurent ici les miasmes de l'atmosphère. De la masse de ces créatures, se détache à chaque fois un animal gigantesque, monté par un cavalier à ressemblance humaine; Ce tableau constitue une vision de cauchemar, que suggèrent le mouvement d'aggressivité des éléments, dirigé contre le malade, mais encore l'aspect monstrueux des assaillants : animaux hybrides, «intermédiaires» qui tiennent à la fois de l'aptère et de l'oiseau, animaux géants figurant au centre, cavalier à tête de singe. Un univers d'angoisse, à la manière de Jérôme Bosch, où anges et démons se partagent le sort de l'homme. C'est précisément la tragédie de l'être humain, voué à la mort inéluctable, que met en scène ici Hoffmann, traduisant dans chaque détail le texte de Fludd, dégageant les thèmes majeurs de son exposé : la maladie a des causes naturelles, mais sa cause essentielle est la volonté destructrice d'un Dieu offensé par le péché des hommes. Il emprunte à l'imagerie païenne et à l'imagerie religieuse, introduit sur la scène des créatures du règne élémentaire et des anges, dont la fine silhouette se détache sur la rosace, comme celle des êtres graciles qui oment les psautiers. Quel est le contenu de cette iconographie, au regard de la doctrine médicale professée par Fludd ? L'image est inspirée des notions de pathologie humorale traditionnelle accréditée par Fludd, en partie. Maître-es-arts d'Oxford, diplômé de Padoue en 1604, il était imprégné de cette médecine dite «humorale», enracinée dans un système philosophique de pensée, suivant lequel les phénomènes de la santé et de la maladie étaient interprétés comme une «harmonie» ou une «disharmonie» des humeurs dans l'organisme. Conformément au réseau de correspondances établi par les penseurs grecs entre les quatre éléments et les humeurs, une maladie induite dans l'organisme sous l'effet d'un humeur corrompu y créait un désordre semblable à celui qu'entraînerait dans le grand monde un bouleversement par l'action du feu, de l'air, de la terre ou de l'eau.

Si nous observons la gravure dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du point Ouest, nous voyons un monstre marin, un cachalot, qui crache de l'eau par le sommet du crâne. Il évolue dans la zone de l'Eau, en direction de la forteresse. Au Nord, un lézard géant ou un crocodile, monté par un cavalier noir se meut sur la Terre. A l'Est, un long serpent ailé entouré de flammèches, que chevauche un homme à tête de singe portant une torche, traverse le Feu. Déjà, la tour sud s'est écroulée et est envahie par l'Air. Ces monstres, à qui Fludd a donné des noms de démons, représentent les éléments qui livrent bataille dans le macrocosme et se ruent vers le microcosme humain - la citadelle - où l'homme reproduit, dans son corps, une semblable disharmonie. Fludd, et l'illustrateur à sa suite ont établi un lien entre l'élément et l'humeur correspondant, en plaçant chacun des démons sous l'autorité d'un des vents cardinaux. A l'Ouest, souffle le vent «froid et humide», au Nord, «froid et sec», à l'Est, «chaud et sec», au Sud «chaud et humide». Fludd tient ce langage humoral et parle «intempérature humide, froide, sèche...», conclut avec Galien et Hippocrate qu'une maladie (aegrotatio) provient du dérèglement d'un humeur dans l'organisme : «Aegrotatio sit entemperies in nobis humorum». L'«Homo aegrotus» de la gravure, souffre, pour commencer, d'une intempérature chaude et humide, induite par l'air. Mais encore, c'est l'air qui mène le branle dans sa citadelle. L'homme est promis à la ruine totale, est livré à la fureur de ses propres éléments. De quel mal est-il frappé ? Un examen de la gravure autorise à croire que c'est de la peste. Le cavalier qui a ouvert la première brèche a été porté en ce lieu sur les ailes du vent du Sud. Le vent de toutes les pourritures, qui tient en suspens les miasmes pestilentiels. La légende qui accompagne l'image est sans équivoque : «Yahvé attachera à toi la peste. Il te frappera de consomption, de fièvres, d'inflammations, de fièvres chaudes, de sécheresse», (Deut. 28.20) «Car j'envoie contre vous des serpents, des vipères contre lesquels il n'y a pas de charme». (Jerem. 8. 17). Fludd a retenu ici la peste, parce qu'elle représente le «mal». Il conclut de la maladie à la culpabilité de l'homme, écrit à plusieurs reprises qu'elle est d'essence divine : «morbus est affectus praeternaturale a maledictione divina propter peccatum...» (la maladie est une affection contre nature, un signe de malédiction de Dieu à cause du péché).

Robert Fludd, Medicina Catholica, 1629 - Robert Fludd, Medicina Catholica, Seu Mysticvm Artis Medicandi Sacrarivm, 1629 - books.google.fr

Les forces du mal prennent un corps, parlent à l'imagination, comme les sculptures qui ornent le tympan des cathédrales. On croit les identifier au premier regard, mais un nouvel examen révèle à l'observateur leur forme monstrueuse ou leur incongruité dans le contexte, et l'on s'interroge. Ceux qui gravèrent dans la pierre ces figures hybrides, furent des artistes initiés. Ils travaillèrent en étroite collaboration avec les maîtres d'œuvre, qui furent des adeptes de l'alchimie. Ces hommes poursuivaient une quête ésotérique des secrets de l'univers et le but de leur action fut de maîtriser à ce point l'énergie, qu'ils fussent capables de créer une matière impérissable. La «Pierre des Philosophes» rassemble autour de sa symbolique les rêves de puissance des hommes et ce désir d'immortalité qu'exacerbait chez eux l'imminence de la mort, du retour au chaos. En s'inspirant des souffrances de la résurrection glorieuse du Christ, ils créèrent un langage hiéroglyphique, scellé dans la pierre, accessible aux seuls initiés, et dont le sens leur était dévoilé au fil des étapes. Le prophane perçoit des formes qui sont les signes de cet ancien savoir, mais il ne peut pas les intégrer dans un langage. La gravure qui illustre le texte de Fludd retient l'attention pour cette même raison. On y voit des êtres étranges de la fin du Moyen-Age : un cynocéphale portant une torche, sur le dos d'une salamandre ou d'un serpent ailé, un cavalier noir qui tient une flèche ou une lance à la main, un ange (au Sud), dont le pli de la robe prend la forme d'une queue de scorpion, présence d'écrevisses ou de scorpions dans le sillage du cavalier qui a enfoncé la tour Sud... Il faudrait être initié pour découvrir le sens voilé de l'image. Nous ferons seulement observer que certaines figures sont des constantes symboliques dans l'iconographie alchimique. Les animaux hybrides tel le serpent ailé ou l'oiseau à corps de reptile, sont généralement une allusion à la fixité et à la volatilité de la matière première de l'Œuvre, le personnage noir ou «Ethiopien» (qui chevauche le lézard) désigne cette «materia prima» qui est issue de la terre. Le Cynocéphale portant un flambeau est un hiéroglyphe de la chaleur de la matière en voie de transmutation. Les flèches (les intruments de torture en général) précisent l'intention de l'alchimiste qui est de «tuer», c'est-à-dire de désagréger la matière de l'Œuvre avant de la restructurer en une combinaison de ses éléments. L'«homo aegrotus» vers lequel convergent les regards, au centre de la gravure, et sur qui Dieu décoche, par l'intermédiaire des anges, les flèches de sa colère («Les flèches de Chaddaï me persécutent....») représente-t-il cette materia prima, qui, dans le langage des alchimistes, doit «souffrir sa passion», être destructurée, avant de ressuciter dans un corps parfait ? (corps glorieux dans le langage cryptographique alchimique). Parmi les nombreuses opérations qui conduisaient l'opérateur à dissoudre un corps, (étape de la Nigredo), il en était une, intitulée «Séparation» qui consistait à séparer le fixe du volatile à partir d'un solvant. Ce huitième degré de l'œuvre intervenait dans le signe du Scorpion. Faut-il voir ici une allusion à cette opération en raison de la présence des Scorpions dans le couloir qui conduit précisément vers la tour éclatée au Sud ? Il n'échappe pas non plus à l'attention que le thème de la souffrance est largement développé à la fois dans le texte et dans l'image. Le langage relatif à la persécution de Job pourrait alors s'intégrer dans un discours alchimique. Ces associations naissent à l'esprit quand on se souvient que Fludd fut un Kabbaliste, alchimiste, un de ces occultistes «attardés» du début du XVIIe siècle, dont les maîtres à penser furent Villeneuve, Lulle, Rupiscesca, Bacon, De Meum, Bonus, Flammel, Ficin, Delia Porta, Von Nettesheim, Dorn, El Bahir. Leurs noms reviennent fréquemment sous sa plume dans d'autres ouvrages. Le courant d'hermétisme était en voie de s'éteindre en France et en Angleterre, à l'aube du XVIIe siècle rationaliste, excepté en Allemagne qui demeurait la terre d'élection des auteurs d'ouvrages ésotériques. C'est en pays germaniques que furent édités ces livres. Johann Theodore de Bry, Lucas Jennis, Mérian, s'illustrèrent dans le domaine de l'iconographie alchimique, et exercèrent leur talent à Oppenheim et à Francfort où furent précisément éditées les œuvres de Fludd. On sait que depuis 1616, celui-ci était en rapport avec les cercles théosophiques, celui de la Rose-Croix, dont il n'est pas prouvé qu'il fit partie. Il s'était lié d'amitié avec le Docteur Michaël Maïer, membre de cette fraternité, et il prit la défense des Frères Invisibles dans le Summum Bonum, soit deux ans avant la publication de Medicina Catholica. (Jacqueline Proust, Sur une iconographie de Medicina Catholica (1631) de Robert Fludd : l'invasion du bastion de la santé - books.google.fr).

L'orientation des quatre archanges selon Fludd (Medicina Catholica) ne correspond pas à celui de nonagones.info :

East Michael Oriens Fire Seraph Samael (Oriens), South Uriel Amaymon Air Cherub Azazel (Meridies), West Raphael Paymon Water Tharsis Azael (Occidens), North Gabriel Egyn Earth Mahazael (Septentrio) (Acme, Volume 34, Università di Milano. Facoltà di lettere e filosofia, 1981 - books.google.fr, Jeremy Naydler, The Future of the Ancient World: Essays on the History of Consciousness, 2009 - books.google.fr).

Mais l'apparition quasi miraculeuse d'un lieu-dit Tantia à Villebazy près du gnomon de la projection du plan de l'église de saint Sulpice sur la carte du département de l'Aude appuie l'hypothèse nonagonale qui tire ses orientations angéliques de celle d'une tour qui se trouve à Umm El Jimal autrefois identifiée à la Tantia de la table de Peutinger, ainsi que du Sefer ha-yeri'ah ha-gedolah (appelé aussi Grand Parchemin) (Autour de Rennes le Château : Eglise Saint Sulpice - Aude : correspondance, Les sommets de La Croix d’Huriel : Justification par le Sefer ha-yeri’ah ha-gedolah (Grand Parchemin)).

Cynocéphales et lèpre

Leprosy and elephantiasis, which, judging by their external appearance, depend upon a condensation of humours, are ascribed to the congealing influence of the north wind. In accordance with this theory the east wind has a stimulating effect on bile and its corrosive properties. Thus acute inflammations such as dysentery, pleurisy, pneumonia, herpes and acute bilious complaints are some of the effects of the east wind. Fludd has associated this doctrine of the causes of disease with the hypothesis of the decisive influence of the stars on men. Immediately subjected to the stars is a " Sal volatile " which is present in the air, and, according to the doctrine of Hippocrates and Galen, is attracted to the heart and brain, wherein it maintains the spark of life, this is the immediate seat of the human soul, as well as of the soul of the world, of which the former is only a part (Walter Pagel, Religious motives in medical biology (1935), Religion and neoplatonism in Renaissance medicine, 1985 - books.google.fr).

On trouve cependant dans la partie dédiée à la lèpre la phrase suivante :

Denique proprietate orientali participat quatenus solet esse cum ardore nam mediante ardore salsedinis in naturam elephantisasis redigitur ; non aliter quam durum lignum adustione in carbonem nigrum (Robert Fludd, Medicina catholica, seu mysticum artis medicandi sacrarium, Volume 3, 1631 - books.google.fr).

L'orient de la gravure de l'introduction est occupé par le "cynocéphale" ou homme à tête de singe avec un flambeau qui a rapport avec le charbon de bois.

Fludd links the first word of the Hebrew Bible, br'sht, “in the beginning,” to the letters of the Tetragrammaton to produce a fully Trinitarian symbolism of the divineself-begettinglinked to the creation of the world. The Tetragrammaton reveals the inner life of the Trinity — y is the Father, w is the Son, and h is the Holy Spirit — linked together in the fiat of creation as yhy, “let there be.” Thus the Tetragrammaton represents the entire power of existence. In it the divine power mediates itself to the cosmos. Fludd's application of his learning may be discerned in a discussion of the extent to which leprosy may be considered a divine punishment. He discusses the ten Sephiroth, which are the reason Hebrew has ten divine names expressing the divine unity embraced in the name Iehova. His concern is to discuss the properties these designate and the organs and humors through which they operate. Archangelo Burgonovo in his Cabbalistarum Dogmata had spoken of the flow of virtues from the divine. In the cause of leprosy thought Fludd, the Sephiroth, angels and astrology seem to be mixed (Robert J. Wilkinson, Tetragrammaton: Western Christians and the Hebrew Name of God: From the Beginnings to the Seventeenth Century, 2015 - books.google.fr).

Les sens de Chien et de lépreux sont réunis dans le nom de cagot (fr.wikipedia.org - Cagots).

Le Cynocéphale est ravalé au rang de la bête, surtout à l'époque médiévale : on voit en lui le symbole du péché, le fruit d'un accouplement monstrueux chez ceux que le christianisme n'a pas encore touchés. La légende de saint Christophe est révélatrice à cet égard : touché par la grâce divine, ce géant cynocéphale retrouve un visage humain (Cahiers de civilisation médiévale, Université de Poitiers. Centre d'études supérieures de civilisation médiévale, 1981 - books.google.fr).

Repentir du Pécheur

Le lépreux est le symbole du pécheur repenti (Gérard Cames, Allegories Et Symboles Dans L'hortus Deliciarum, 1971 - books.google.fr).

Et, dans les nombreuses figurations de ce mythe de saint Christophe qui, à travers les âges, a inspiré tant d'artistes, nous pouvons voir l'Enfant Jésus tenant le Globe dans sa petite main. Car, tel le bateau d'Anubis ou de Charon, le Porteur passant à gué le tonent porte en effet un bien lourd fardeau ! N'est-ce pas le poids entier de la pauvre humanité tombant, génération après génération, en proie à la toute-puissante Mort ? Si le Créateur et le Sauveur de l'Humanité est en même temps censé porté avec ceux qu'il sauva, il pourrait y avoir là allusion au fait que le Christ lui-même passa les rives de la mort. Mais une allusion plus chargée d'espérance pourrait être contenue dans cette belle légende : Ce Sauveur de l'Humanité accompagne les humains dans leur voyage funèbre, les sauve de l'enfer, les mène au ciel. Le Saint Christophe oriental lui-même, avant de mourir, avait prié Dieu en ces termes : « Accorde que là où mon corps repose ne tombe nulle grêle, qu'aucun feu n'éclate, qu'il n'y ait ni famine ni mortalité et que, dans cette cité, soient sauvés les malfaiteurs et les démoniaques qui viendront et prieront avec tout leur cœur et invoqueront mon nom dans leurs prières. » Et Dieu répond : « Cela sera comme tu as prié non seulement où sera ton corps, mais encore où il ne sera pas. » Ainsi le Porteur des morts, quand la Mort triomphe, garde les humains de l'enfer, les porte vers la juste rive. Les Chrétiens, au Moyen Age, craignaient la mort subite comme la pire mort, celle-ci les exposant à mourir sans repentir, sans confession, en état de péché mortel, les condamnant par suite à l'enfer (Marie Bonaparte, Psychanalyse et Biologie, 1952 - books.google.fr).

Les chiens lécheurs des plaies du Lazare lépreux (Luc 16,21) qui a donné son nom au ladres, lazarets et qui a été confondu avec Lazare frère de Marthe et marie de Béthanie (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Des psaumes et l’inverse du Cercle des Prophètes).

Cynocéphales et Messie

L'iconographie égyptienne, par exemple, nous montre les divins Cynocéphales tirant le filet où les âmes se prennent. Mais ce fut dans l'art chrétien surtout que cette image symbolique devint fréquente en raison, principalement, du passage de saint Marc où il est dit que Jésus fit de ses Apôtres des «pêcheurs d'hommes», de pêcheurs de poissons que quelques-uns d'entre eux étaient tout d'abord. Et puis,de très bonne heure, les premiers docteurs enseignèrent que le Messie avait été prédit comme un prêcheur dans les Écritures de l'ancienne Loi. La prophétie d'Habacuc dit en effet du Seigneur :«Il prend tout à l'hameçon – il le tire avec son filet – le rassemble danssesrets – et c'est pourquoi ; il jubile : – c'est pourquoi il sacrifie à son filet – et il offre rets. » Aussi voyons-nous tous les maîtres de l'Église primitive user de l'allégorie du Christ pêcheur d'âmes (Louis Abbé Charbonneau-Lassay, Le Bestiaire du Christ (1941), 2014 - books.google.fr).

Nous lisons des indications analogues dans les lettres du « Prêtre Jean » dont certaines furent traduites en hébreu. L'un de ces textes raconte qu'il existe une peuplade ayant corps humain et tête de chien. Ce sont de fameux pêcheurs, capables de passer toute une journée au, fond de l'eau d'où ils ressortent chargés de poisson. Eléazar ben Juda de Worms (premier tiers du XIIe siècle) a «gaiement entendu parler des hommes cynocéphales ». Nous ne pouvons cependant citer de source littéraire allemande que du siècle suivant. Conrad de Megenberg en parle dans son « Livre de la Nature ». Les cynocéphales de Hadasi ont encore une autre particularité : la plante de leur pied est semblable à l'éponge, ce qui leur interdit de marcher dans l'eau. [...] Au tome III d'une Bible conservée à l'Ambrosienne de Milan (32 B, f. 136 a, en bas) on, voit une représentation du banquet messianique : les cinq convives sont thériocéphales; le deuxième personnage de gauche est cynocéphale (A. Schreiber, Eléments fabuleux dans l'"Eshkôl Hakôfer" de Juda Hadasi, Revue des études juives, Volume 108, 1948 - books.google.fr).

Saint Mercure

Il existe un saint Mercure, dont le nom est à rapprocher à Mâr Kurios (saint Kurios) un des 40 martyrs de Sébaste (Fourth Symposium Syriacum, 1984, 1987 - books.google.fr).

Au cours d'une chasse, l'aïeul et le père de Mercure rencontrèrent deux cynocéphales' anthropophages — la légende de Mercure n'est pas la seule qui fasse appel à cette monstruosité. L'aïeul fut dévoré en un instant et le père de Mercure ne dut son salut qu'à la protection d'un ange : les cynocéphales, domptés par la puissance divine, se firent chrétiens et ne le quittèrent plus (Stéphane Binon, Essai sur le cycle de saint Mercure, martyr de Dèce et meurcrier de l'empereur Julien, 1937 - books.google.fr).

M. Legrain, laissant de côté les souvenirs de l'ancienne Egypte, s'est attaché à ceux de l'Egypte chrétienne et musulmane : contes, usages, chansons. Le premier récit : Les saints martyrs Chanatome (Chanazhoum), Sophrone et Dalcina (Daladsinâ), remonte à la grande persécution de Dioclétien : il est traduit sur un manuscrit sur lequel l'auteur ne nous donne pas d'autre renseignement ; toutefois, ces saints, dont le martyre ne sort pas de la banalité des récits de ce genre, ne figurent pas à la date du 19 de baounah (13 juin), dans le Synaxaire arabe-jacobite, dont je publie en ce moment une édition, mais à la date du 20 de hatour (16 novembre) il en est de même du Synaxaire paru par les soins de M. Forget et du récit résumé par M. Amélineau ; il manque dans les autres recensions du Synaxaire. La légende fait partie du cycle d'Arien ; ce qui est particulièrement intéressant, c'est la transformation de martyrs chrétiens en saints musulmans, et la tradition arabe a conservé le récit du miracle recueilli par M. Legrain. Le 25 d'abib (correspondant au 19 juillet et non au 1er août), le Synaxaire arabe-jacobite mentionne simplement la commémoration de l'église de Saint-Mercure surnommé Abou-Saïfaïn dont la vie est racontée le 25 de hatour (21 novembre), mais la tradition populaire négligeant ses rapports avec les cynocéphales qui dévorèrent son grand-père et la légende qui le représente comme le meurtrier de l'empereur Julien, ne le connaît plus que sous son surnom d'Abou-Saïfaïn, vénéré à la fois par les chrétiens et les musulmans (Revue d'ethnographie et des traditions populaires, Volumes 4 à 5, 1923 - books.google.fr).

Or, comme l'a montré P. Saintyves, saint Christophe était fêté par l'Eglise byzantine le 9 mai, et dans la chrétienté latine le 25 juillet. A cette dernière date, l'Eglise copte fêtait saint Mercure, qui présente avec saint Christophe de nombreux traits communs. Les deux dates correspondent respectivement au coucher de l'étoile Sirius, puis à son lever dans la constellation du Chien. Aux mêmes dates, et avec un symbolisme comparable, ces fêtes chrétiennes auraient « succédé » à des fêtes païennes : en Egypte, en mai, au culte d'Anubis, dieu des morts à tête de chien ; le 25 juillet, en Grèce, à la cérémonie des Kunophontes ou Massacre des chiens ; à Rome, à la même date, au moment des basses eaux, les chiens roux étaient sacrifiés [Furinalia] à la déesse Furrina [Furina] (Jean Claude Schmitt, Le saint Lévrier: Guinefort, guérisseur d'enfants depuis le XIIIe siècle, 1979 - books.google.fr).

En célébrant le 25 juillet la dédicace de l'une de ses églises, les Coptes eurent sans doute en vue de détruire les restes du culte d'Hermès Anubis. Au reste, le trait principal de la légende de ce saint Mercure, envoyé par Dieu pour abattre Julien l'Apostat, nous fait songer malgré nous au Mercure païen, messager et au besoin exécuteur des dieux (Revue anthropologique, Volume 45, Association pour l'enseignement des sciences anthropologiques, Institut international d'anthropologie, 1935 - books.google.fr).

En ce même jour (25 juillet), les Romains sacrifiaient des chiens roux à la déesse Furina, divinité dévorante qui fut assimilée aux furies par les anciens et qui n'est probablement qu'une personnification de la Canicule (Revue anthropologique, Volumes 45 à 46, Association pour l'enseignement des sciences anthropologiques, Institut international d'anthropologie, 1935 - books.google.fr).

Cynocéphales et exégèse et Vraie Langue Celtique

Le fondement de la tradition exégétique du chien-païen est à relever chez Augustin dans ses commentaires des psaumes 59 (58 Vulgate) et 68 (67 Vulgate), et surtout dans celui de Matthieu 15, 21-28, soit l'histoire de la Cananéenne implorant le Christ de guérir sa fille. Parallèlement, Jérôme donne lui aussi un commentaire de Matthieu, mais il distingue les chiens, assimilés aux idolâtres, des petits chiens métaphore s'appliquant à la Cananéenne. Cette tradition est reçue par le Moyen Âge, en particulier à travers Bède le Vénérable et Raban Maur. Elle va avoir, entre autres, de curieuses conséquences, débouchant sur la considération d'un peuple fantastique, qui avait aussi intéressé Augustin : les Cynocéphales. Ce peuple, considéré comme bien réel, appartient-il à l'humanité ou à la bestialité et, en conséquence doit-il ou non recevoir la parole du Christ ? Cet intérêt pour les Cynocéphales pourrait être lié à des réminiscences de pratiques guerrières dont témoigne l'Histoire des Lombards de Paul Diacre. On en trouve une application étonnante dans la légende de saint Christophe, qui, au départ, était un géant cynocéphale qui, par la grâce du baptême, obtient le don du langage humain et voit son nom transformé de Reprobus en Christophorus. La légende est quelque peu dérangeante et, finalement, on reviendra à Matthieu, pour renverser les choses et transformer le cynocéphale Christophe en... Cananéen ! (Lectures et usages d'Ovide (XIIIe-XVe siècles), 2002 - books.google.fr).

Au VIIème siècle, Ethicus dans sa Cosmographie situe des Cynocéphales dans une île du nord de l'Europe peut-être la Finlande et ils sont appelés Cananéens par leurs voisins (Cahiers de civilisation médiévale, Université de Poitiers. Centre d'études supérieures de civilisation médiévale, 1981 - books.google.fr).

Canaan est à mettre en relation avec les chiens dans La Vraie Langue Celtique, page 58 :

Obéissant à la parole du Seigneur, Abram parcourut le pays de Chanaan ; il dut le quitter bientôt à cause de la famine qui sévissait dans la contrée : il se retira en Egypte, toujours protégé d'une manière visible, et, après y être demeuré quelque temps, il revint dans le pays de Chanaan, avec sa femme et tout ce qu'il possédait. Il était fort riche ; l'or et l'argent abondaient dans sa tente. Lot accompagnait Abram, et lui aussi avait des troupeaux de brebis et des troupeaux de boeufs. [...] Cette circonstance de la vie d'Abram valut à son neveu le nom de Lot – to lot, diviser en lots, en portions. – Lot choisit le pays qui lui parut le plus fertile et vint s'établir dans Sodome. (VLC, pp. 57-58)

Ps 58,7. Ils viendront vers le soir assiéger ma maison, et seront affamés comme des chiens, Ils chercheront à me dévorer avec la tête fureur; et ils tourneront autour de la ville, afin que je ne puisse leur échapper. [...] 15. Ils reviendront vers le soir dans leurs maisons, et ils souffriront la faim, comme des chiens qui ont couru tout le jour sans rien prendre. Et ils tourneront autourde la ville.

Vivre comme un chien c'est vivre dans la débauche (Charles Nodier, Paul Ackermann, Vocabulaire de la langue française, extrait de la sixième et dernière édition du Dictionnaire de l'Académie, 1849 - books.google.fr).

Mais c'est surtout la page 67 et le psaume 67 :

Isaac hérita, non seulement des grandes richesses de son père, mais aussi de sa foi et de son obéissance au Seigneur. Avant leur naissance, ses deux fils Esaü et Jacob, – to jog, pousser, remuer, – up (eup) en haut, pardessus, – s'entrechoquaient dans le sein de leur mère Rebecca, et celle-ci effrayée, consulta le Seigneur qui lui dit : « Deux nations sont dans votre sein, deux peuples divisés l'un contre l'autre en sortiront ; l'un de ces peuples surmontera l'autre peuple et l'aîné sera assujetti au plus jeune. » L'aîné des deux enfants était velu et il fut nommé Esaü ; son frère fut appelé Jacob. Esaü portait aussi le nom de Seir – to say (sé) raconter – hair (hér) poil – confirmant la remarque contenue dans les livres saints sur le poil étrange dont son corps était couvert. L'appellation d'Esaü – to haze (hèze) effrayer, – how (haou) comment de quelle manière – se rapporte à la fureur dont il fut saisi lorsque son frère Jacob après lui avoir d'abord acheté son droit d'aînesse, lui ravit la bénédiction paternelle. La haine d'Esaü devint si violente que Jacob, plein d'effroi, se vit contraint de fuir la maison paternelle et de se réfugier quelque temps chez Laban. (VLC, pp. 66-67)

Ps 67,24. Que vous rougirez vos pieds dans leur sang, et que la langue de vos chiens en sera teinte. [...] 32. Alors il viendra de l'Egypte des ambassadeurs pour contracter alliance avec vous: l'Ethiopie sera la première à tendre ses mains vers notre Dieu et à lui offrir ses présents.

Aspect alchimique

Un passage d'Amos dit (7,7 ss) : « Le Seigneur se tenait auprès d'un [amas] de plomb, et il avait du plomb dans la main. Et Yahvé me dit : Que vois-tu, Amos ? Je répondis : Du plomb. Le Seigneur dit : Je vais mettre du plomb au milieu de mon peuple d'Israël ; je ne lui pardonnerai pas. » C'est-à-dire, sans doute : je vais l'écraser. Il y a peut-être ici un jeu de mots : le mot qui désigne le plomb se rencontre, en hébreu rabbinique, dans le sens d'"oppression, d'affliction". (Le livre du prophète Amos, Société biblique française, 1913 - books.google.fr).

Il est probable que ce mot rabbinique soit apparenté à "retsots" (écraser) puisque qu'en arabe ressas, reçaç, rassas désigne le plomb et la planète Saturne. Le plomb est en effet très malléable (Archives marocaines, Volumes 7 à 8, 1906 - books.google.fr, Louis Joseph F. Walsin Esterhazy, De la domination turque dans l'ancienne régence d'Alger, 1840 - books.google.fr).

On sait que la liturgie chrétienne appelle Jésus "Soleil de justice", non seulement celui qui est, mais encore celui qui rend "pur comme de l'or", celui qui guérit le plomb vil, que le Moyen Age nommait volontiers "or mesel", c'est-à-dire or lépreux (Thierry Miguet, Le discours hermétique dans Aucassin et Nicolette, L'intertextualité, 1998 - books.google.fr).

Ainsi l'or vivant médiéval est aussi le feu secret des artistes hermétiques, et le cône est son symbole. Certaines informations concernant le dieu du mont Cyllène font de lui une véritable incarnation de l'or vivant. "Le jour même de sa naissance, à midi, il inventa la lyre en creusant la carapace d'une tortue." Par là il est juste qu'il soit préposé à l'art de Musique, et les Arcadiens d'origine ou de coeur lui doivent leur amour pour la Musique. "Son nom de Phalès à Cyllène dérive de phallos, antique symbole de la fertilité et de la vie, et tout le culte d'Hermès est, à certains égards, un culte phallique." Nous avons vu que parfois, au Moyen Age, le symbole de l'or est un phallus. "En Crète, à Kydonia, les Hermaia étaient une fête populaire rustique, comparables aux Saturnales romaines". Cette fête est un symbole de libération, et le Grand Oeuvre hermétique consiste à libérer l'or prisonnier dans la matière vile, dans la matière esclave. "Hermès est un des dieux pour qui la période aniconique a été la plus marquée et la plus longue. On sait que son nom est devenu un nom commun pour désigner une pierre sacrée (Bétyle)." La Pierre Philosophale, or vivant, est elle aussi une pierre sacrée, car elle est un "don de Dieu". De "l'Hermès criophore", "c'est-à-dire portant un bélier sur ses épaules", peut être dérivé "le type chrétien du Bon Pasteur". "L'art archaïque arcadien (...) a fourni un Hermès criophore barbu", portant "l'animal non sur les épaules mais sous l'aisselle", "aux brodequins ailés (...), au chapeau conique surmonté d'une espèce de plume". Ailes et plume conviennent au mercure volatil, à cet or que le vent a porté dans son ventre", selon la parole d'Hermès trismégiste. "On voit quelquefois Hermès porté par le bélier". (Toutes ces citations et celles qui suivront sont glanées dans l'article Hermès du Dictionnaire illustré de la mythologie et des antiquités grecques et romaines de Pierre Lavedan, pp. 513-519). Si l'on songe que le signe du Bélier signifiait pour les alchimistes leur "calcination" (Pernety, p. 94), Hermès sur le bélier, c'est leur vif-argent installé sur le foyer allumé de l'athanor. L'ardente monture mène son divin fardeau vers l'âge d'or de Saturne. Il la mène, sa céleste charge, sous la sauvegarde de la déesse Intelligence, car le chef du zodiaque est voué à Athéna (Lavedan, p. 1036). Cependant l'Hermès de Cyllène a été assimilé au Logos par divers courants de la philosophie antique et de la gnose chrétienne. Voici l'un des témoignages que Jérôme Carcopino produit à ce sujet : "Au premier siècle de notre ère, le Stoïcien Cornutus enseignait couramment qu'Hermès et, plus précisément, Hermès de Cyllène et le Logos ne font qu'un, puis qu'il est l'envoyé du Ciel vers nous, et que, vrai guide des âmes ainsi que l'affirme son qualificatif de "psychopompe", il a mission d'en accompagner les allées et venues et se montre également capable de les amener sur cette terre et de leur rouvrir le chemin des espaces sidéraux"). Pourquoi des sectes chrétiennes influencées par le néopythagorisme ont-elles privilégié, pour en faire une figure - ou même un équivalent - du Verbe Incarné, "le dieu du Cyllène", "O Kyllênios" ? La cabale numérique - "l'isopséphie" - est susceptible de donner une réponse à ce problème. En effet cette appellation d'Hermès a la même valeur numérique que Jésus, soit 888, comme le prouvent les équations suivantes : O Kyllênios = 70 + 20+400+30+30+8+50+10+70+ 200 = 888. Iêsous = 10+8+200+70+400+200 = 888.

Tous deux sont liés au nombre huit ; car au-delà d'Hermès, il faut remonter jusqu'au panthéon égyptien : "Nous arrivons ainsi à la patrie de Thot, la célèbre ville d'Achmounein, dont le nom signifie l'Ogdoade, par allusion au groupe des huit dieux primordiaux qui collaborèrent avec Thot pour créer le monde. Les Grecs qui avaient vu en lui leur Hermès l'appelaient HERMOPOLIS" (François Daumas, Les Dieux de l'Égypte. Que sais-je, 1965, p. 62). Quant à Jésus, il est ressuscité le huitième jour : voilà pourquoi certaines églises et certaines fontaines baptismales sont octogonales.

Le poisson sauveur est l'or vivant qui guérit les lépreux, le contre-poison" plus puissant que tout le vénéneux et tout le. venimeux du monde, car ce contrpoison est capable de transmuer en or pur le plomb vil, qui est "l'or mesel" ou lépreux de Jehan de la Fontaine dans sa fontaine des Amoureux de Science. Il égale et surpasse l'antimoine de Basile Valentin, que ce philosophe appelle "antidote contre tous les venins", "grand Arcane", "Pierre de feu", possédant tant de vertus, qu'aucun homme n'est capable de les découvrir toutes" (Dictionnaire de Pernety, p. 52). [...] Tout cône, symbole solaire et génésique de l'or vivant, renvoie à la corne de licorne, universel antidote. Or ce dernier terme est abondamment rendu dans la littérature alchimique par le vocable grec alexipharmacon qui vaut 888 ; en effet alexi est égal a 106 (= 1+30+5+60+10) et pharmacon totalise 782 (= 500+1+100+40+1+20+70+50) ; la somme des éléments de ce substantif composé est donc bien 888, nombre qui nous renvoie au Cyllénien, à Jésus et à la colonne bisontine de la chrysopée.

Les dieux asiatique Mên et Mithra, par la pointe incurvée du cône phrygien qui les coiffe, déversent sur la terre des hommes toutes les bénéfiques influences lunaires et solaires, qui émanent de leurs personnes. L'astre nocturne est ici le mâle Mên, ce qui prouve que pour l'imaginaire la lune peut s'accorder avec l'un ou l'autre sexe : comme le mercure alchimique, elle est androgyne. L'un des attributs du dieu Mên est la torche allumée, ce qui le rapproche d'Hécate et de Déméter d'une part - déesses libératrices par les mystères de la magie et de la végétation -, ce qui le rapproche d'autre part de Mithra, qui est souvent représenté entre deux jeunes gens, coiffés eux aussi du bonnet conique, Cautès et Cautopatès, dont le premier dresse un flambeau vers le ciel et le second abaisse un flambeau vers le sol. [...] Tous ceux qui portent le bonnet conique ont un rapport étroit avec le feu, avec l'intelligence, avec la liberté, avec l'âge d'or. Ulysse, le protégé d'Athéna et d'Hermès - de l'intelligence et de l'ingéniosité - durcit au feu le pieu qui le libérera du Cyclope. Les Dioscures sont "les feux Saint-Elme à deux pointes", qui annoncent aux marins qu'ils seront libérés de la tempête. Avec le feu dont il est le maître, Vulcain forge des armes invincibles, auxiliaires des héros de justice ou de piété. Quant à Hermès, pendant la nuit qui suivit le jour de sa naissance, "il inventa le feu ; prenant un rameau de laurier et l'introduisant dans un autre bois plus mou, il le fit tourner rapidement jusqu'à ce que la flamme jaillisse." (Lavedan, p. 514). Un sait que les alchimistes médiévaux se considéraient comme les philosophes du feu, et le Rosaire, citant précisément Hermès, déclare : "Notre pierre est un feu créé à partir du feu ; elle se change en feu et son âme demeure dans le feu." (p. 231) (Thierry Miguet, L'or vivant de l'alchimie médiévale, L’or au Moyen Âge, 1983 - books.openedition.org).

Pour www.nonagone.info, Mercure et Jésus sont âme et non logos (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : ihEsu, Par ce signe tu LE vaincras, et le Mercure, La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme, Autour de Rennes le Château : BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES).

Le plomb et Saturne sont associés à Rennes les Bains :

Les eaux du Bain doux, que l'on nomme aussi bain des ladres, parce qu'il servoit autrefois aux lépreux, jaillissent au niveau du chemin d'Allet : elles font reçues dans trois bastins, où plusieurs baignoires sont convenablement disposées pour les deux sexes. Ces eaux, comme toutes celles des autres bains, sont claires, incolores; elles font en outre très - onctueuses, un peu salées, légèrement amères, & ont une odeur manifestement hépatique, qui le développe surtout quand on vide les bassins. Leur température est de 32° 7 ; elles contiennent une quantité inappréciable de gaz hydrogène sulfuré, du muriate de chaux, de magnésie, de soude, du sulfate de chaux, du carbonate de magnisie, de chaux, de fer, & une matière siliceuse (Encyclopédie méthodique: ou par ordre de matières, Volume 151, Panckoucke, 1827).

De là, ce qui peut être caché : l'or comme l'annonce le livre de Basile Valentin l'Azoth ou le moyen de faire l'Or caché des Philosophes.

Sur l'un des bois gravés du traité de l'Azoth, initialement paru en 1613 sous le titre de Occulta Philosophia et attribué au pseudo-Basile Valentin, on y voit l'ange d'Apoc. X, debout sur la terre et la mer, tenant d'une main une torche, pressant de l'autre main une outre gonflée d'air, « figures claires », commente Fulcanelli, « du quaternaire des éléments premiers : terre, eau, air, feu » (Chrysopœia, Volume 2, Société d'étude de l'histoire de l'alchimie, 1988 - books.google.fr).

De là aussi peut-être le sceau-signature du grand parchemin, l'or étant associé à Rennes le Château, le fer à Cassaignes et le cuivre à Saint Just et le Bézu (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le sceau-signature du Grand Parchemin).

Babouin

La figure du babouin cynocéphale représente, assis, dans les hiéroglyphes, les équinoxes «car aux deux équinoxes, dit Horapollon (1, 16) le babouin urine douze fois par nuit, une fois par heure, et il fait la même chose pendant ces deux nuits » (Arnaud Zucker, Physiologos: le bestiaire des bestiaires, 2004 - books.google.fr).

"Le dieu qui a horreur de cela" est Thot, Ibis ou Babouin. Comme on peut mésuser de sa plume, on peut, dans le domaine des poids et mesures de capacité, fausser la balance, truquer les poids et tricher avec le boisseau :

« Ne fausse pas la balance, ne truque pas les poids et ne diminue pas les fractions du boisseau : ne désire pas les boisseaux des champs et ne néglige pas ceux du trésor. Le Babouin est assis auprès de la balance et son cœur est dans le plomb (du niveau). Est-il un dieu aussi grand que Thot, qui a inventé ces choses et les a faites ? Ne te fabrique pas des poids défectueux : ils sont chargés de malheur, de par la puissance de dieu. Si tu vois quelqu'un qui fraude, passe loin de lui. Ne convoite pas le cuivre, dédaigne le beau lin. A quoi bon être vêtu de linge fin si l'on fraude devant le dieu. » (Sagesse d'Amenemopé) (B. Couroyer, Le dieu des sages, Vivre et penser, Volume 95, Ecole pratique d'études bibliques (Jerusalem), 1988 - books.google.fr).

Les scribes, les kher-hebou, Thot, leur dieu, ne sont que des notaires ou des officiers ministériels chargés de garantir la régularité de ces transactions entre les dieux et les hommes. Thot, dieu local de Shemnou (Hermopolis la grande) était adoré tantôt sous la forme d'un ibis, tantôt sous celle d'un babouin. On raconte, assez plaisamment, qu'il est devenu le dieu de la justesse et de la rectitude par un rapprochement de son nom avec le fil à plomb de la balance. Dieu lunaire, il préside à la division du temps. C'est par lui que l'année a trois saisons, l'inondation, Shait, la végétation, Pirouit, la moisson, Shomou de quatre mois chacune. C'est lui qui note les jours, fastes les uns, néfastes les autres et qui classe les heures du jour en trois saisons (tori), bonnes ou mauvaises (Léon Hennebicq, L'idée du juste dans l'orient Grec avant Socrate, 1914 - books.google.fr).

Isha Schwaller de Lubicz (1956) précise que le nom égyptien de Thot « Djéhouty », « seigneur du fil à plomb », est proche de « djéhety », le plomb, métal de Kronos Saturne (René Lachaud, Thot-Hermès, 2012 - books.google.fr).

Plomb et De Profundis : psaume 129 et La Vraie Langue Celtique

La plaque d'Elisabeth Raynaud porte une expression tirée du psaume 129 : "De Profundis (clamavi)".

L'abris de Cro-Magnon (Dordogne), fouillé par M. Louis Lartet en 1868, lui a livré plusieurs squelettes humains. « Cet abri, dit M. Louis Figuier, aurait servi, suivant M. Louis Lartet, de rendez-vous de chasse, d'habitation et enfin de lieu de sépulture. Sept morts y avaient été inhumés ; on a pu recueillir les restes de ces squelettes, mais trois crânes seulement sont à peu près intacts. Est-il permis, ajoute M. Louis Figuier, de savoir à quelle race appartenaient les hommes de la sépulture de Cro-Magnon et de se faire, par conséquent, une idée de la race humaine qui a vécu dans nos contrées aux temps du grand ours et du mammouth ? La race de Cro-Magnon n'est pas aussi différente de toutes les races anciennes ou modernes que le pense M. Broca (L'homme primitif par M. Louis Figuier, p. 113). (VLC, p. 129)

J'éprouvai donc, je l'avoue, quelque étonnement, lorsque M. Louis Lartet me présenta, il y a quatre ans, les trois crânes extraits de la sépulture quaternaire de Cro-Magnon. Deux de ces crânes, celui de la femme et celui de l'homme adulte, sont trop incomplets pour être cubés ; mais il est évident qu'ils sont très-grands. Le troisième, celui du vieillard, est en meilleur état; j'ai pu y introduire 1590 centimètres cubes de plomb; mais, craignant de le faire éclater, je n'ai bourré que faiblement le plomb à l'aide du fuseau et le jaugeage est resté incomplet. Le chiffre de 1590 centimètres cubes est donc un peu inférieur à la capacité réelle de ce crâne. Au surplus, j'ai cubé dans ma vie assez de crânes pour avoir acquis un certain coup d'œil qui ne saurait sans doute suppléer à la mensuration directe, mais qui ne me trompe jamais beaucoup. Je crois donc pouvoir dire que les trois crânes de Cro-Magnon ont une capacité au moins égale et probablement supérieure à celle de nos crânes actuels, et je suis frappé surtout, ici comme à l'Homme-Mort, du grand développement du crâne de la femme. Le fait de Cro-Magnon donnait déjà à réfléchir. Il y avait, il est vrai, une circonstance qui en atténuait la portée : c'est que tous les individus de cette sépulture, hommes et femmes, avaient une taille très-élevée ; or on sait que la taille du corps est un des éléments qui font varier le volume de l'encéphale. Mais cela ne me semblait pas suffisant pour expliquer l'ampleur des crânes de Cro-Magnon. Aujourd'hui, d'ailleurs, cette interprétation n'est plus possible, puisque le môme caractère se retrouve, avec une taille médiocre, dans la population de l'Homme-Mort [commune de Saint Pierre des Tripiés, Lozère]. Il faut donc admettre qu'il y eut dans notre pays une ou plusieurs races préhistoriques douées d'un cerveau plus grand que celui des Parisiens du dix-neuvième siècle (Paul Broca, Sur les crânes de la caverne de l'Homme-Mort, Revue d'anthropologie, 1873 - books.google.fr).

J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime,

Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé.

C'est un univers morne à l'horizon plombé,

Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème (Beaudelaire, De Profundis clamavi, XXXème en 1861, XXXIIIème en 1857)

De Profundis des Fleurs du Mal de Baudelaire fait partie d'un envoi de 18 poèmes parus le 1er juin 1855 dans la Revue des Deux Mondes (Alain Vaillant, Baudelaire, poète comique, 2016 - books.google.fr).

Pour évoquer ce « gouffre obscur », Baudelaire emprunte un titre au Psaume, « De Profundis clamavi », qui remplace le titre de « Spleen » donné au même poème lors de sa première publication (1851) dans un ensemble de onze poèmes intitulé Les Limbes (Magazine littéraire, Numéros 416 à 426, 2003 - books.google.fr).

C'est en effet la deuxième constante du recueil : le retour significatif du nombre onze, lui aussi emprunté peut-être à La Divine Comédie, dont chaque partie comportait 33 chants. « Spleen et Idéal » est constitué de 77 (soit sept fois onze) poèmes en 1857; il y en a 88 (soit huit fois onze) en 1861, si l'on intègre à nouveau les trois pièces condamnées de cette partie. Il est aussi révélateur que le premier ensemble de poèmes publié par Baudelaire (Les Limbes, dans Le Messager de l'Assemblée le 9 avril 1851) comptait onze pièces. C'est encore onze poèmes que, pour autant qu'on le sache, Baudelaire prévoyait d'ajouter pour la troisième édition des Fleurs du Mal qu'il préparait en Belgique (Alain Vaillant, Baudelaire, poète comique, 2016 - books.google.fr).

L'imaginaire de l'« excessif » détermine un scénario d'énonciation qui s'écrit, par exemple dans l'incipit de « De profundis clamavi », titre déjà porteur de la grande mélancolie religieuse des Psaumes, comme la « scène primitive » de la plainte mélancolique : « J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime / Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé. » La plainte de «demande» d'amour, adressée à un autrui privilégié («Toi», v. 1) y est immédiatement suivie de l'évocation fantasmatique du « décor » de chute qui est supposé la motiver (v. 2) (Pierre Dufour, Les Fleurs du Mal : dictionnaire de mélancolie. In: Littérature, n°72, 1988. Matière de poésie - www.persee.fr).

La première de ces phases colorées permettait, par la calcination et la putréfaction, d'obtenir la matière au noir (en latin: nigredo). Elle fut parfois appelée «mélancolie» par association avec un des quatre tempéraments qui, suivant l'astrologie et la médecine, constituaient l'espèce humaine. Celui-ci était déterminé par l'humeur ou bile noire qui provoquait tristesse ou folie. Il dépendait évidemment de Saturne, comme le plomb de cette œuvre au noir. Pour la qualifier, les adeptes avaient coutume de dire qu'ils réalisaient «le noir plus noir que le noir même» (nigrum nigrius nigro). Il s'agissait non seulement de débarrasser la matière première de ses impuretés, mais aussi, pour l'alchimiste qui s'identifiait à son œuvre, de mourir au monde pour gagner l'éternité (Jacques Lennep, Alchimie: contribution à l'histoire de l'art alchimique, 1985) (Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : Vélasquez).

L’acedia, mélancolie spécifique des moines solitaires qui vivaient dans les déserts d’Égypte à la fin du troisième et au quatrième siècle de notre ère, est une mélancolie radicale en réponse à une oppression absolue. Le schéma général de la mélancolie s’en trouve épuré, réduit à des lignes essentielles. Dans le continuum général de la mélancolie à travers les siècles, l’acedia est un moment pour ainsi dire chimiquement pur. Il s’y joue avec netteté le combat de la vie psychique et des forces qui tendent à l’anéantir. [...]

Selon Evagre le Pontique, « l'esprit sans endurance (hypomonè) est chassé par l'esprit de l'acédie. La rosée printanière fait croître le fruit du champ, et une parole spirituelle relève l'état de l'âme » (O.Sp. XIII, 3-4). L'endurance n'est pas une vertu passive. Elle implique l'irascibilité même qu'exploite l'esprit d'acédie. En effet, pour répliquer à l'acédie qui mine la vie, il faut user singulièrement de la puissance thymique de l'âme. Quand la vertu est dans la partie irascible (en tô thymikô) de l'âme, elle se nomme courage et endurance (andreia k. hypomonè ; Prac. 89). L'endurance comme le courage relèvent de cette puissance dont le devoir consiste précisément à « lutter contre les démons » (Prac. 24). Une nature bien née (gennaiôs) doit être en mesure de résister aux pensées nuisibles (O. Sp. XIII, 1). Nature héracléenne, ulysséenne ou socratique ; celle qui s'appuie sur la parole divine et espère en Dieu plus qu'un veilleur en l'aurore (Ps 130, 6) ou plus que dans le déterminisme naturel, sinon l'endurance de l'être, signe de la miséricorde parfaite pour les justes comme pour les injustes. C'est l'endurance des martyrs qui C'est l'endurance des martyrs qui triomphe du tyran (Mac. IV, 1,11). C'est la bonne terre qui retient la parole (Lc. 8, 15). Même si l'endurance (hypomonè) exprime encore une subtension dont le demeurer johannique (menein) semble exempt suivant la distinction de von Balthazar, éclairé ici par la tradition mystique (touchant le Repos) (Bernard Forthomme, De l'acédie monastique à l'anxio-dépression: histoire philosophique de la transformation d'un vice en pathologie, 2000 - books.google.fr).

Qètèb, le démon de midi, appartient au folklore hébraïque. C’est une boule de poils et d’écailles qui roule aux pieds de l’anachorète quand le soleil est à son zénith incandescent et qui le fait tomber, face contre terre. Qètèb n’a qu’un œil, situé à la place du cœur. Il est caniculaire : son heure est midi, ou bien, selon certaines traditions, sa plus grande puissance se déploie en plein été. Évagre applique à ce « démon du milieu du jour » l’épithète barytatos, le plus pesant, où le sens figuré (pénible) le dispute au sens propre. [...] On se demande ce que Qètèb vient faire dans notre histoire, qui est celle de l’acedia devenue paresse religieuse, puis paresse tout court. Son rôle est pourtant primordial. C’est à cause de Qètèb, indirectement, que l’acedia peut devenir paresse, car c’est de Qètèb que provient l’idée d’une chaleur qui pèse tant, à midi, que le seul recours semble la sieste. [...]

Évagre fait du daïmon akedias (celui de l’acedia) et du [daïmon] mesembrinos (le démon de midi) deux équivalents. Invente-t-il cet amalgame ? La tradition lui vient de plus loin, mais c’est lui qui le formule. Le démon de midi vient de la Bible des Septante, et résulte d’un malaise de traduction. Roger Caillois précise que les traducteurs grecs du psaume XC, et plus précisément du verset 6 qui fait référence au démon de midi, ont dû être influencés par « le folklore grec contemporain, où midi était, par excellence, l’heure de l’apparition des démons ». Et d’inventer, comme équivalent de la dévastation du texte poétique de la Bible, la « peste qui ravage en pleine midi ». Le Qètèb des Juifs, monstre d’écailles et de cheveux, ne serait donc pas pour grand-chose dans la création du démon de midi par les Septante. Celui-ci, de traduction en traduction, reste un monstre étrange, qui plonge le lecteur de toutes les époques (et déjà les traducteurs grecs) dans des abîmes de perplexité. Des Commentaires des psaumes ont subsisté sous le nom d’Origène. En réalité, leur auteur serait Évagre. Pour le psaume XC, « Origène » – Évagre lui-même ? – précise que le démon de midi est celui de l’acedia (Anne Larue, Les chambres de l’esprit; - electrodes.files.wordpress.com).

Qeteb, boule de poils, comme Esaü, et pesant comme le plomb. Le midi rapporte aux points cardinaux et au code du nom d'Adam selon les Oracles Sibyllins (gréco-syriaques) 3, 24-26, acrostiche des mots "Anatolè", "Dusis", "Arktos", "Mesèmbria", désignant en grec les quatre points cardinaux (Su-Min Ri, Commentaire de la Caverne Des Trésors: Étude Sur L'histoire Du Texte Et de Ses Sources, 2000).

Edom, c'est-à-dire roux, dénomination très-fréquemment reproduite, soit seule, soit avec l'adjonction des mots terre ou pays, et qui désigne la contrée où s'établit la descendance d'Esaü, aussi appelé Edom. Cette contrée, dépendante de l'Arabie-Pétrée, était la montagne de Seir, au midi de la terre de Chanaan. Là étaient fixés les Horréens, mais les enfants d'Esaü ou les exterminèrent ou les chassèrent, en sorte qu'ils devinrent les seuls maîtres du pays. On appela ce pays, non seulement Edom, mais encore terre des enfants d'Esaü, ou montagne d'Esaü, ou bien Idumée ; et ses habitants furent indifféremment nommés enfants d'Esaü, Edomites ou Iduméens. Le territoire d'Édom se borna, dans le principe, au pays compris entre les monts Seïr et Hor, et le désert de Sin. Plus tard il se prolongea vers le S. et l'E., il s'étendit jusqu'à la mer Rouge, jusqu'à Dédan, Bosra, et même jusque dans la terre de Hus. Il renfermait une immense étendue de déserts et quelques montagnes, parmi lesquelles le mont Hor. On y trouve aussi, au sud de la mer Morte, la vallée des Salines. Les habitants se livraient au commerce et à l'éducation du bétail. Leurs villes principales furent Elath, Asiongaber, Avith, Theman, Bosra, Dédan, Duma et Séla ou Petra. Les Edomites passaient pour être braves : Jérémie leur donne l'épithète de vaillants. Leur sort, aussi bien que celui du pays, fut souvent le sujet des prédictions des prophètes (Dictionnaire de Geographie Sacree et Ecclesiastique, Tome I, Encyclopédie théologique, Tome XXII, Migne, 1848 - books.google.fr).

Ils posséderont le Midi, savoir, la montagne d'Esaü (Abdias, I,19).

L'acédie est mise en relation avec le plomb dans un commentaire de l'Ecclésiastique du Siracide (chapitre 22) : "pour l'insensé la vie est plus triste que la mort" (v. 11) et "qu'y-a-t-il de plus lourd que le plomb ? Comment cela s'appelle-t-il ? L'insensé (v. 14) (Biblia maxima versionum, Continet Libros Sapientiae & Ecclesiastici, Tome 8, 1660 - books.google.fr).

En espagnol la "pereza" a supplanté le terme acedia et l'on parle de "el plomo de la pereza" (Calderon, El gran principe de Fez).

Au XIVe s., Juan Ruiz, dans son Libro de Buen Amor, conserve le sens d'acedia dans une optique religieuse et ne le considère pas comme un péché de paresse ressortissant à l'ordre temporel. Il en est encore ainsi, même quand le Frère Prêcheur Pablo de Léon utilise comme équivalent acidia y pareza, voire tristeza (acidioso et parezoso), dans sa Guia del cielo (écrite avant 1525, éd. 1558) ; il est vrai que le travail y est évoqué, après bien d'autres auteurs anciens, comme remède. Mais avec cet autre Frère Prêcheur Melchior Cano (1509-1560), comprenant l'acidia comme synonyme de tristesse, distincte formellement de la pereza, l'acédie apparaît plutôt comme une paralysie morbide de la volonté (ce que soulignait depuis longtemps Bonaventure), sans insistance sur la dimension théologale (Tratado de la victoria de si mismo, sur acidia ch. 8 ; 9 ; et sur pareza, ch. 10,11). Par contre, le jésuite Luis de la Puente (1554-1624) fait prendre le prendre le pas au mot pereza sur le vocable acidia, en affirmant que le premier est le terme usuel du second (cf. Meditaciones, 1605, 1, 24). Mais bientôt un auteur comme Venegas ignore l'acédie et ne connaît plus que la paresse dans un sens séculier du refus de travailler (y compris manuellement) et d'accomplir les devoirs d'État (Bernard Forthomme, De l'acédie monastique à l'anxio-dépression: histoire philosophique de la transformation d'un vice en pathologie, 2000 - books.google.fr).

Chez le carmélite Battista Spagnoli l’Acidia (1489), sourde et aveugle, n’a aucune élévation spirituelle : Elle est sourde d’oreille, sa voix est faible, son langage inintelligible, les mots restent enfermés au fond de son gosier. Semant l’ivraie inutile et le pavot engourdissant, elle arrose son jardin de l’eau du Léthé. À sa main, les chaînes de plomb livide dont elle enchaîne les hommes qu’elle tient prisonniers. (Anne Larue, Les chambres de l’esprit; - electrodes.files.wordpress.com).

Le sens peut-être essentiel (mais en même temps improuvable) que prend l'« horizon / plombé » [du De Profundis de Baudelaire] (essentiel, parce qu'il recouperait les diverses neutralisations spatiales), est celui d'un adynaton, ou d'un oxymore. C'est qu'une locution adverbiale comme « à plomb » signifie : « perpendiculairement », et que le plomb contient des sèmes de lourdeur et de verticalité (pensons à un soleil de plomb, à un cercueil plombé, ou à tout « couvercle ») (Georges Kliebenstein, Parler la langue (Notes sur "De profundis clamavi"), Lectures de Baudelaire: Les fleurs du mal, 2002 - books.google.fr).

Pour tracer la méridienne, on peut même se contenter de marquer l'ombre d'un fil à plomb sur le sol horizontal, à l'heure de midi indiquée par une bonne montre que l'on aurait réglée la veille sur le midi vrai (Charles François Antoine Leroy, E. Martelet, Traité de stéréotomie, Tome 1, 1857 - books.google.fr).