Partie XIV - Le Serpent rouge   Le voyage de l’âme   Philolaos, les Bergers d’Arcadie et le cube   
SERPENT ROUGE PHILOLAUS PHILOLAOS CUBE AME BERGERS ARCADIE

Les Commentaires sur quatre des Homélies de Grégoire, de la fin du VIème siècle, attribués à un certain abbé Nonnos, appelé généralement Pseudo-Nonnos, donnent l'information que le pythagoricien Philolaos fut le précepteur d'Epaminondas, vainqueur à Mantinée des Spartiates et des Arcadiens. Plus généralement, comme chez Plutarque, c'est Lysis qui a cette fonction. Philolaus et Lysis sont les seuls pythagoriciens à avoir échappé du massacre de Mégaponte.

Il est peu de dialogues où Platon « pythagorise » plus que dans le Timée. Disons plus précisément que les Anciens ont directement rattaché le Timée au nom de Philolaos. Plusieurs récits, d'ailleurs divergents et portant la marque de réfections tardives, nous montrent Platon achetant en Sicile, soit à Philolaos soit à l'un de ses parents ou disciples, un ou plusieurs livres qui lui auraient permis d'écrire le Timée.

Philolaos se montre comme un hérétique du pythagorisme, dans la mesure où il affirme le caractère relatif des notions de haut et de bas et s'il l'on se rappelle que les pythagoriciens rapprochaient la droite et le haut (identifiés au bien), la gauche et le bas (identifiés au mal), c'est l'idée même d'un univers moralement polarisé entre les deux directions qui est ici mise en question.

Au tournant du Ve et du IVe siècle, la représentation traditionnelle de la droite et de la gauche est ainsi battue en brèche. Au IVe siècle, Platon, réfléchissant à la fois sur la technê du soldat, qu'il veut apte à tenir les armes de la main droite comme de la main gauche, et sur l'espace de la géométrie, émet une condamnation qu'il peut croire définitive. A la même époque, Épaminondas surprend ses adversaires en faisant fi lui aussi dela prééminence traditionnellement accordée à l'aile droite. Il n'est guère douteux qu'il faille mettre en rapport cet ensemble de faits (Pierre Vidal-Naquet, Le chasseur noir: Formes de pensée et formes de société dans le monde grec, 1983 - books.google.fr, Pierre Vidal-Naquet, The Black Hunter: Forms of Thought and Forms of Society in the Greek World, 1998 - books.google.fr, La Vraie Langue Celtique et les traces de Mantinée).

Par Pausanias, on apprend que c'est sur le terrain où se déroula la bataille (la forêt Pélagos), situé sur la route de Mantinée à Pallantion, que se trouve la tombe d'Épaminondas, avec des stèles dont l'une fut dédiée par Hadrien (Périégèse de la Grèce Livre VIII, 1 1 , 5 et 8), lors du séjour qu'il effectua en Grèce peu après sa rencontre avec Antinous (Yves Lafond, La mémoire des cités dans le Péloponnèse d'époque romaine: IIe siècle avant J.-C.-IIIe siècle après J.-C., 2006 - books.google.fr).

Pausanias (Périégèse de la Grèce Livre VIII, 11, 8) nous apprend qu'Hadrien a laissé sur le tombeau du général thébain une inscription, signe qu'il a dû le restaurer : «Sur le tombeau se trouvait une colonne et sur celle-ci il y avait un dragon sculpté en relief ; ce dragon signifiait qu'Épaminondas appartenait à la race de ceux qu'on appelait les Spartoi ; il y a des stèles sur le monument, l'une ancienne, avec une inscription en béotien, l'autre consacrée par l'empereur Hadrien et composée par lui» aujourd'hui perdue.

Le thème du « jeune compagnon » enseveli aux côtés du général provient du Dialogue sur l'Amour de Plutarque. Le lecteur fera ensuite le rapprochement avec le sort d'Antinous, mort avant Hadrien et pour lui, qui ne reposera bien évidemment pas près de lui, mais qui sera auprès de lui, tout au moins dans la pensée de l'empereur, au moment où celui-ci quittera ce monde. L'épisode du tombeau d'Epaminondas n'est vraiment signifiant que mis en parallèle avec la scène où Hadrien et Antinous en Troade méditent sur les tombes des héros de la guerre de Troie (Rémy Poignault, Jeux de miroir, jeux de mémoire dans les Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar, Association Arches, 1989 - books.google.fr).

Selon Plutarque, Epaminondas fut blessé à mort par un certain Anticrate que les Lacédémoniens nommèrent Machérion. Il eut des descendants, dont Gallicrate à l'époque du commentateur, exemptés d'impôts (Pausanias, Ou Voyage Historique De La Grèce, Volume 3, annoté par Nicolas Gédoyn, 1794 - books.google.fr).

Ce que les hommes appellent la mort, dit un philosophe, est le commencement de l'immortalité, et l'acte qui crée pour eux la vie future : Hoc quod mortem homines vocant, idipsum est immortalitatis initium, et futurœ vitœ procreatio ( Maxim. Tyr., serm. xxv ). La mort, dit Cicéron, nous sépare des maux, et Don des biens; elle n'est pas une destruction qui enlève tout et qui efface tout, mais une sorte d'émigration et de changement de vie, qui, pour les grands hommes et les femmes illustres, est d'ordinaire la voie du ciel. Blessé à mort dans un combat acharné, Epaminondas , général Thébain, demanda s'il était victorieux de l'ennemi. Comme on lui répondit affirmativement, il dit : Ma vie touche à sa fin; mais une vie meilleure et d'un ordre supérieur va commencer pour moi. Mourant comme il meurt, c'est maintenant qu'Epaminondas naît: Nunc finis vitœ meœ, sed melius et altius initium advenit : nunc Epaminondas nascitur, quia sic moritur (Plutarc.). Si nous en croyons Strabon, les Brachmanes affirmaient que la mort est une nativité à la vie véritable et heureuse. L'âme , dit Pallade, s'échappe du corps comme d'une prison de mort et s'enfuit vers le Dieu immortel : Anima e corpore, tanquam e carceribusmortis, fugit ad Deum immortalem (Anton. in Meliss.). Le jour de la mort que l'homme redoute tant, dit Sénèque, est la naissance du jour éternel (Prov.) (Les trésors de Cornelius a Lapide: extraits de ses commentaires sur l'Ecriture Sainte à l'usage des prédicateurs, annotés par Jean-André Barbier, 1856 - books.google.fr).

Philolaus, né à Crotone ou à Tarente, a vécu au milieu et jusque vers la fin du ve siècle avant notre ère. Il eut pour maître Arésas, qui, peut-être, avait entendu Pythagore, et pour disciples les socratiques Simmias et Cébès, et Archytas l'ami de Platon. Il mourut à Héraclée , dans la Grande-Grèce, après avoir enseigné à Thèbes en Béotie qui reçut une législation édictée par lui (Aristote. Polit., II, 9, 6-7). Philolaos aurait abrogé une législation agraire maintenant au sol une classe de petits propriétaires, ce qui libérait une masse de citoyens devenus ainsi disponible pour former des phalanges. Voilà tout ce que nous savons de la vie d'un homme qui, vingt siècles avant Copernic, a deviné le vrai système du monde, et qui, le premier, a su donner à son école un corps de doctrine et un grand monument. Avant Philolaûs, l'école pythagoricienne, à part ses traditions de vertu et la direction morale qu'elle tenait de son fondateur, n'avait qu'un certain nombre d'idées éparses que des initiés se transmettaient de bouche en bouche comme un mystère. Avec Philolaus naît un système pythagoricien qui sort des écoles et se montre au grand jour. Pythagore et les anciens pythagoriciens n'avaient rien écrit. La science, tout informe qu'elle était, se cachait alors, loin des profanes, au fond des sanctuaires. Les prétendus ouvrages de Timée, d'Ocellus, de Brontinus, d'Euryphamus, sont des contrefaçons que la critique a depuis longtemps renvoyées à leurs auteurs véritables, les faussaires des temps postérieurs. Philolaus, les anciens l'affirment, est le premier des pythagoriciens qui ait écrit. Il a écrit, non quelques vers moraux et sentencieux à la façon des gnomiques et de l'auteur des Vers dorés, mais un savant traité en prose, un véritable système du monde que l'antiquité admire, et dont elle nous a conservé de nombreux fragments. Bien plus, ce système, exposé dans ses écrits, il l'a répandu par sa parole. Chassé de son pays par les révolutions qui causèrent la ruine de son école, il alla porter le pythagorisme dans la capitale de la Béotie, à peu de distance d'Athènes, au centre de la Grèce civilisée. Par là, il a mis en communication deux époques et deux civilisations différentes. Tandis que par Arésas il touche à Pythagore, par Simmias et Cébès, par Archytas il a influé jusque sur les disciples de Socrate, et c'est une tradition conservée par Diogène Laërce, que le fondateur de l'Académie acheta cent mines le traité de Philolaûs. Est-il besoin d'ajouter que, dans ces derniers temps, l'astronomie moderne, remontant à ses plus anciennes origines, a reconnu Philolaûs pour père, et tenu à honneur de se décorer de son nom.

Nous allons essayer de donner un aperçu de la doctrine de cet éminent pythagoricien, à l'aide des fragments qui nous restent de ses ouvrages, et des passages où il est expressément nommé. Au début de son livre, Philolaus s'efforçait de démontrer cette proposition générale, que tout ce qui existe résulte de l'action combinée de deux principes contraires. L'un est un principe de détermination qui fait que les choses ont un commencement et une fin: Philolaus l'appelle le limitant. L'autre est un principe d'indétermination qui fait que les choses ont un milieu : il l'appelle l'indéfini. Rien n'existe pour nous, disait-il, que ce qui peut être connu. Or, que pouvons-nous connaître ? seulement ce qui est déterminé, ce qui est de telle ou telle manière, ici ou là, en tel temps ou en tel lieu. Or, quel est l'objet limité qui n'implique à la fois ces trois choses : un commencement, un milieu et une fin ? Un commencement et une fin, c'est-à-dire ce qui fait qu'il est limité; un milieu, c'est-à-dire un intervalle sans lequel toute limite serait elle-même impossible. Maintenant, quel est le principe de détermination ? c'est l'unité. Quel est le principe d'indétermination ? c'est le nombre deux, la dualité. Changez les noms: la dualité c'est la nature irrationnelle et sans jugement, la source du mensonge et de l'envie ; l'unité c'est Dieu qui gouverne et régit tout, être déterminé, éternel, permanent et immuable, semblable à lui-même et différent de tout ce qui existe. Ainsi, tout est plein de Dieu, mais aussi tout est plein de son contraire, et chaque chose participe à la fois de deux natures opposées. Maintenant, l'unité et la dualité étant le principe de tous les nombres, les nombres, à leur tour, sont le principe de toutes choses. Ici vient la théorie mathématique, que Philolaus a sans doute perfectionnée, mais qui appartient à tous les pythagoriciens. Au lieu d'exposer cette théorie, que l'on trouvera nécessairement ailleurs (Voyez Pythagore, Pythagoriciens), nous aimons mieux la suivre dans les applications plus ou moins originales que Philolaus en a faites.

Parcourez les différents degrés de l'existence, élevez-vous de genre en genre, du simple au composé, et vous reconnaîtrez partout la vertu des nombres. L'élément de toutes choses , c'est le point. L'essence du point, c'est l'unité. Deux points déterminent la ligne, trois points la surface, quatre points le solide. Donc, comme l'unité est l'essence du point, l'essence de la ligne est le nombre deux, l'essence de la surface le nombre trois, l'essence du solide le nombre quatre. Mais partout, hors du point, il y a des intervalles, car partout l'indéterminé se mêle à son contraire. Les milieux ou intervalles ont, dans la nature , la même importance que dans la musique. Le solide le plus simple, la pyramide triangulaire, résulte de quatre points séparés par trois intervalles. Passez aux êtres vivants. Il y a, pour cette sorte d'êtres, quatre degrés d'existence, comme il y a quatre principes de vie. Ces quatre principes sont, dans l'ordre de leur dignité, l'encéphale, le cœur, l'ombilic, l'organe de la génération. De l'organe de la génération viennent la semence et la reproduction des êtres; de l'ombilic, les racines et la germination; du cœur, la vie animale et la sensation; de l'encéphale, l'intelligence. L'encéphale est le principe caractéristique de l'homme; le cœur, des animaux; l'ombilic, des plantes ; l'organe de la génération, de tous les êtres vivants. Le solide ayant pour essence le nombre quatre, Philolaus représente par le nombre cinq les deux derniers degrés de l'existence, la vie animale par le nombre six, la vie intellectuelle par le nombre sept. Il est un dernier genre de vie supérieur à la vie intellectuelle, c'est la vie de l'amour et de l'amitié, de la sagesse et de la pensée pure, qui a pour essence le nombre huit.

Prenez les choses d'une autre façon, pénétrez jusqu'à leurs éléments intimes ; même correspondance avec les objets mathématiques. Le génie de Philolaus avait découvert qu'il ne peut y avoir que cinq solides réguliers : la pyramide, le cube, l'octaèdre, le dodécaèdre, l'icosaèdre. Il existe aussi cinq éléments : le feu, le plus noble de tous; l'air, l'eau , la terre, et un cinquième que Philolaus n'a pas nommé. Le feu correspond à la pyramide, la terre au cube, l'air à l'octaèdre, l'eau à l'icosaèdre, le cinquième élément au dodécaèdre. Il est inutile de chercher sur quelles analogies reposait ce symbolisme mathématique dont Philolaus a peut-être abusé, et que les pythagoriciens postérieurs ont quelquefois poussé jusqu'à l'extravagance.

Considérez maintenant l'ensemble des choses et la vaste harmonie du monde; le monde est un; il est un par l'unité, et c'est par les nombres que tout se conserve, que tout s'enchaîne et se perpétue ici-bas. Sur la question de l'unité du monde, Philolaus semble s'être séparé de son école. Les pythagoriciens croyaient à une formation progressive du monde, à une série de métamorphoses. Le soleil, jadis, avait suivi une autre route; la Voie lactée avait été produite par la chute d'une étoile. Philolaus enseigne, en termes énergiques, que l'unité du monde est éternelle comme l'unité absolue, dont elle dérive; que le monde a toujours été, qu'il existera toujours, parce qu'il n'y a ni dans le monde, ni hors du monde, une cause capable de le troubler pendant qu'il est régi par sa parente et alliée, l'unité pleine de puissance et d'élévation. Si l'unité absolue fait l'unité du monde, le nombre en fait l'harmonie. Les principes des choses n'étant ni de même nature, ni semblables, ces principes ne pouvaient être ordonnés entre eux si l'harmonie ne les pénétrait d'une certaine façon. Les choses semblables, en effet, peuvent se passer de l'harmonie; mais si les dissemblables, celles qui dépendent de lois différentes, ne sont en harmonie entre elles, comment en résultera-t-il un monde bien ordonné ? Mais ce n'est pas seulement dans les choses qui émanent des génies et des dieux que se manifestent la nature et la vertu du nombre, elles éclatent jusque dans les ouvrages des hommes, jusque dans leurs discours, jusque dans les productions de l'art, et surtout dans la musique. Sans les nombres, il n'y a même pas de connaissance possible, car les nombres sont les essences des choses; il n'y a d'inlelligible que les essences, et l'entendement mathématique est le criterium de la vérité. Maintenant, ce qui met l'âme en communication avec les choses, ce qui établit entre l'esprit et ses objets une sorte de parenté, c'est la décade. C'est par la vertu propre à la décade qu'il faut apprécier les effets et la nature des nombres. La décade est le type de toute perfection. Elle est grande, elle fait et accomplit tout, elle est le principe et le guide de la vie divine et céleste, aussi bien que de la vie humaine. Il n'y a qu'une seule chose qui ne participe ni du nombre ni de la décade, c'est l'erreur. L'erreur est l'ennemie du nombre, tandis que la vérité en est l'alliée naturelle.

Maintenant, voici de quelle manière les choses sont ordonnées. L'univers est de forme sphérique. Le centre de l'univers, ce n'est pas la terre, comme le disait l'école ionienne, c'est le soleil. Ce n'est même pas le soleil considéré comme corps opaque, c'est le feu placé au centre du soleil lui-même, le feu, le plus noble des éléments, le foyer de l'univers, dit Philolaus, la maison de Jupiter et la mère des dieux, l'autel, le lien et la mesure de la nature. Autour du soleil se meuvent en chœur les dix grands corps tant célébrés par l'école pythagoricienne. La terre a un double mouvement : l'un de rotation sur elle-même, c'est le mouvement diurne; l'autre, de translation autour du soleil, c'est le mouvement annuel. La terre tourne trois cent soixante quatre fois et demie sur elle-même pendant qu'elle accomplit une de ses révolutions autour du soleil. Chacun des autres astres a sa vitesse et son mouvement propre.

Tel est le système astronomique de Philolaus. Sans doute, comme Aristote l'a remarqué, ce système n'a pas sa base dans l'observation. Comme tout philosophe idéaliste, comme Descartes au XVIIe siècle, Philolaus construit le monde à priori, et le construit le plus parfait possible. Or, il est un fait que l'observation lui livre: c'est que la terre est pleine de misères et d'imperfections. Dès lors, comment serait-elle le centre du monde ? c'est au soleil qu'il réserve cette place d'honneur. Le système de Philolaus n'est qu'une hypothèse; mais n'est-ce pas par une hypothèse que toute grande découverte commence ? Deux mille ans plus tard, lorsque Copernic, frappé de la complication du système astronomique qui régnait de son temps, se mit à compulser les anciens, et s'arrêta au système de Philolaus comme au plus simple de tous, fit-il mieux que son modèle, et l'amour de la simplicité diffère-t-il beaucoup de l'amour de la perfection ? La preuve que Copernic ne fit qu'une hypothèse, c'est que, soixante et dix ans plus tard, Tycho-Brahé, qui passe sa vie dans les observatoires, croit encore au mouvement du soleil autour de la terre. Pour produire une démonstration solide du mouvement de la terre, il fallait l'invention du télescope, Galilée et le XVIIe siècle. Philolaus n'a pas fait l'impossible, mais il lui a été donné d'émettre le premier dans le monde une vérité dont le soupçon seul est un acte de génie. Ce qui suit est une conséquence du même principe, que la terre est la plus imparfaite de toutes les planètes.

Le feu central donne au soleil sa chaleur et sa lumière. Il se communique même directement aux cinq planètes et à la lune, embrassant ainsi toute la surface extérieure du monde. Mais la terre ne communique point avec le feu central, elle ne reçoit que le reflet de sa lumière par l'intermédiaire du soleil et de la lune. La région terrestre est aussi la dernière des trois régions de l'univers. Partant du centre, on trouve d'abord la région des éléments purs, c'est-à-dire le feu central et le feu qui embrasse le monde extérieurement : là est la souveraine perfection. Au-dessous est la région des astres, celle du soleil, de la lune et des cinq planètes. C'est un système harmonieux d'êtres incorruptibles, un tout bien ordonné où le changement ne trouve aucune place; Philolaus l'appelle cosmos, le monde proprement dit. Au-dessous est la région terrestre, celle de la génération et du changement; Philolaus l'appelle ouranos, le ciel, sans doute parce que les nuages en sont la limite supérieure. D'autres pythagoriciens parlent d'une quatrième région : celle de l'antipode, que Philolaus n'a pas nommée.

Tout croit sur la terre par l'influence du soleil, tout y dépérit par l'eau de la lune. La lune est habitée comme la terre; mais, dans ce monde supérieur tout est plus grand et plus beau que dans le nôtre, et on n'y connaît ni les maladies ni la mort. Ici-bas, croyant saisir la véritable essence des choses, nous n'en saisissons que l'ombre; tout au plus parvenons-nous à nous élever jusqu'à la vertu. Dans le monde supérieur, on connaît la sagesse, qui est à la vertu ce que la victoire est à la lutte, ce que la douce sérénité de l'âme est aux angoisses du sacrifice. La terre est un lieu d'exil, le corps est un tombeau ; l'âme y est enfermée en punition des fautes qu'elle a commises dans une vie antérieure. Toutefois, l'âme doit aimer le corps, parce que sans les sens elle ne pourrait acquérir aucune connaissance. Malheur à elle si, avant le temps prescrit, elle sort violemment de sa prison. Le suicide est une révolte contre Dieu. Quelle est donc la nature de l'âme ? L'âme est l'harmonie des différentes parties corporelles, un rapport numérique, un nombre, comme disent les pythagoriciens. Dans le Phédon, Simmias, disciple de Philolaus, expose cette doctrine, que Platon accepte en la modifiant profondément. En vingt endroits Philolaus la professe, et il ajoute que différentes sortes d'organes supposent nécessairement différentes sortes d'âmes. Mais quoi ! cette doctrine n'est-elle pas celle d'Aristoxène, et Philolaus a-t-il nié la spiritualité de l'âme et la vie à venir ? En aucune manière. Si l'âme est une harmonie, cette harmonie ne va pas se perdre dans l'harmonie générale; si elle est l'harmonie des parties corporelles, elle n'en est pas moins antérieure et supérieure à ces parties. Il y a pour l'âme, disait Philolaus, d'autres genres de vie que celui qui consiste à animer un corps d'homme ou d'animal. L'âme existe avant d'entrer dans un corps organisé; elle subsiste après s'en être séparée, avant d'en animer un autre. Ce dogme de la persistance des âmes, que Philolaus avait défendu pendant sa vie, il semble avoir voulu le confirmer après sa mort. Au rapport de Jamblique, la voix de Philolaus retentit au fond de son tombeau. Un berger, frappé de terreur, alla porter cette nouvelle à Euryte, qui lui demanda, sans s'étonner, quelle harmonie cette voix faisait entendre.

Les auteurs anciens qui citent des passages de Philolaus sont Stobée et Jamblique. Bœckh a donné une édition des fragments de Philolaus, avec une exposition de sa doctrine, in-8°, Berlin, 1819 (ail.). Nous avons, de plus, du même auteur, une dissertation intitulée Disputatio de Platonico systemate et de vera indole astronomiœ Philolaicœ, in-4°, Heidelberg, 1810. Consultez aussi le traité de Boulliau, intulé : Astronomie philolaïque, et L'Histoire astronomique de Bossut. D. H. (Dictionnaire des sciences philosophiques, Volume 5, 1851 - books.google.fr, François Chamoux, Cyrene sous la monarchie des Battiades, 1953 - books.google.fr, Chronique sur J. Ducat, la Confédération béotienne et l'expansion thébaine à l'époque archaïque, Revue historique de droit français et étranger, Volume 52, 1974 - books.google.fr).

Crotone et Tarente se trouvent en Calabre (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Verseau).

Tarente et Archytas : le doublement ou duplication du cube

Tarente est une colonie lacédémonienne, fondée dès la fin du VIIIe siècle, qui fait partie d'une confédération italiote alliée de Syracuse (avec des cités comme Métaponte, Thourioi, Crotone et même Naples). Au Ve siècle - et surtout au IVe - Tarente est la cité la plus importante de Grande-Grèce et le doit à l'un de ses gouvernants, Archytas, qui y organisa une flotte puissante assurant à la cité indépendance et suprématie. Il exerça une influence déterminante pour essayer d'unir les cités grecques contre les tribus non grecques, notamment les Messapiens. Il fit alliance avec Denys le Jeune, tyran de Syracuse et fut stratège de la cité de 367 à 361. Cet Archytas, né à Tarente vers 435, est réputé avoir suivi les leçons de Philolaos, disciple de Pythagore, et aurait étudié à Métaponte pendant plusieurs années la doctrine pythagoricienne avant de regagner sa patrie et y exercer des charges politiques. Lorsque les Pythagoriciens, après la mort du Maître de Crotone, eurent été chassés de la plupart des cités d'Italie du Sud, Tarente resta au début du IVe siècle leur seul centre important, et cela certainement grâce à Archytas qui appliqua au domaine politique les théories philosophiques de Pythagore.

Dans le Caton l'Ancien (De Senectute) de Cicéron (XII, 39-41), est mentionné l'entretien d'Archytas avec le Samnite C. Pontius, en présence de Platon, rapporté à Caton l'Ancien par Néarque, son hôte tarentin.

Dans le droit fil de l'école pythagoricienne, c'est en mathématiques qu'Archytas s'est d'abord distingué. Sa théorie des « médiétés », des moyennes proportionnelles, arithmétique, géométrique ou harmonique, s'applique à la musique d'après le texte de Boèce (De musica, III, 11) et c'est ce qu'on a coutume d'appeler le « théorème d'Archytas » qui montre que la moyenne proportionnelle est inapplicable au « rapport superpartiel » ou « relation superparticulière » (superparticularis proportio). Elle s'applique aussi à la géométrie et, selon la tradition, Archytas aurait apporté sa contribution à la résolution du « problème de Délos » qui a agité les milieux scientifiques du Ve au IIIe s. avant J.-C. Il s'agit de la duplication du cube.

Un oracle d'Apollon aurait demandé, pour que les habitants de Délos fussent débarrassés de la malédiction divine dont ils étaient l'objet, qu'on donnât à ses autels un nombre de pieds cubes doubles des actuels. Deux vers d'Euripide, rapportés par Eutocius d'Ascalon (VIème sècle après J.-C.) (Commentaire au traité « sur la sphère et le cylindre » d'Archimède, éd. Heiberg, III, 66-114.) transposent dans un passé mythique le problème en faisant dire à Minos s'adressant à Tantale [Dédale ?], chargé de construire un tombeau :

Pour un tombeau royal, tu le fais bien petit / Il faut doubler le cube et ne pas s'y tromper.

Si l'on en croit Vitruve (IX, praef. 13, 24) et Plutarque, autant qu'Eutocius, les Déliens furent fort embarrassés et consultèrent les sommités scientifiques de l'époque et, en premier, l'Académie. Apparemment Platon, d'après Théon de Smyrne, a vu surtout la portée symbolique de l'oracle et affirmé qu'en fait le dieu ne voulait pas tant que le problème fût résolu mais que les Grecs, au lieu de se faire la guerre, fissent davantage de géométrie et missent en commun leurs connaissances !

En tout cas Archytas, consulté lui aussi, reprend l'hypothèse de départ d'Hippocrate de Chios, un des premiers savants consultés, mathématicien homonyme et contemporain du médecin de Cos, qui préconisait l'utilisation des moyennes proportionnelles. D'après Vitruve et Eutocius (citant Eudème), Archytas aurait abouti à une solution purement géométrique, solution qui fait l'admiration des savants modernes.

Pour certains, notamment Diogène Laërce, Archytas aurait eu recours, en plus des outils de la géométrie plane, la règle et le compas, à un appareil mécanique permettant une construction en trois dimensions. L'invention de cet appareil, appelé « mésolabe » ou « mésographe » est attribuée par Vitruve et Eutocius à Ératosthène, le savant alexandrin qui, avec Philon de Byzance et Héron d'Alexandrie, se serait penché sur le problème au IIIe siècle. En tout cas Diogène (VIII, 83) affirme :

C'est encore lui qui le premier introduisit dans une figure géométrique un mouvement mécanique, en cherchant à obtenir, par la section d'un demi-cylindre, deux moyennes proportionnelles permettant la duplication du cube.

L'originalité d'Archytas, qui le fait se démarquer de Platon et même s'attirer ses reproches est son intérêt pour la mécanique et les applications pratiques de la science. C'est à propos du problème de Délos qu'avec son disciple Eudoxe il encourt l'indignation de Platon qui leur reproche, selon Plutarque (Marcellus, 14, 9-11), de perdre et de ruiner l'excellence de la géométrie qui désertait avec eux les notions abstraites et intelligibles pour passer aux objets sensibles et revenait à l'utilisation d'éléments matériels qui demandent un long et grossier travail manuel.

Le même Plutarque (Propos de Table, 718e) rappelle notamment que Platon reprochait aux disciples d'Eudoxe, de Ménechme et d'Archytas de recourir à des moyens instrumentaux et mécaniques pour résoudre le problème de la duplication du volume. De fait, même si Vitruve (I, 1, 17) ne crédite pas Archytas de l'invention du « mésographe », il le cite bien parmi les mathematici célèbres comme Aristarque de Samos, Philolaos, Apollonios de Perga, Ératosthène de Cyrène, Archimède et Scopinas de Syracuse qui ont laissé à la postérité un grand nombre de systèmes mécaniques et horlogers qu'ils ont inventés et exposés grâce au calcul et à leur connaissance des principes de la nature.

Cicéron, dans le De Amicitia (XXIII, 88), fait évoquer par Lélius une pensée d'Archytas que les vieillards de Tarente se transmettent de génération en génération : Si quelqu'un était monté jusqu'au ciel, s'il avait contemplé l'univers entier et la beauté des astres, il n'aurait trouvé aucun plaisir à admirer ce spectacle et il ne s'en serait réjoui pleinement que s'il avait eu quelqu'un à qui en parler. Cette belle image correspondait sans doute à de réelles préoccupations du savant tarentin, à la fois métaphysiques, puisqu'elle peut évoquer le voyage des âmes après la mort, et astronomiques, puisqu'Horace, dans les vers que nous avons cités (Odes, 1, 28, 1-6 ; cfr supra), parle d'« exploration des demeures aériennes » et célèbre celui qui a « parcouru la voûte du ciel » (Marie-Laure Freyburger-Galland, Archytas de Tarente : Un mécanicien homme d'État, 2003 - bcs.fltr.ucl.ac.be).

Dans la lettre d'Eratosthène de Cyrène (276 av J.-C. - 194 av J.-C.) à Ptolémée III Evergète, pharaon d'Egypte, retranscrite par Eutocius au VIème siècle après J.-C., dans ses Commentaires sur Archimède l'auteur tragique n'est pas nommé, supposé Euripide par Paul Tannery, et la pièce est supposée Polyidos par Abel Rey, pièce qui fut parodiée par Aristophane dans une oeuvre perdue (Paul Tannery, Hippocrate de Chios, Bulletin des sciences mathématiques, Tome X, 1886 - scans.library.utoronto.ca, home.nordnet.fr - Problème de Délos, Abel Rey, L'Apogée de la science technique grecque: L'Essor de la mathématique, Volume 5, 2012 - books.google.fr).

La duplication du cube est un problème classique de mathématiques. C'est un problème géométrique, faisant partie des trois grands problèmes de l'Antiquité, avec la quadrature du cercle et la trisection de l'angle. Ce problème consiste à construire un cube, dont le volume est deux fois plus grand qu'un cube donné, à l'aide d'une règle et d'un compas. Cela revient donc à multiplier l'arête du cube par la racine cubique de 2 (1.25992105). En 1837, Pierre-Laurent Wantzel établit un théorème donnant la forme des équations des problèmes solubles à la règle et au compas. Il démontre que la racine cubique de 2 n'est pas constructible. La duplication du cube est donc impossible à réaliser à la règle et au compas. Elle devient possible avec des méthodes plus puissantes, telles que l'utilisation de la règle graduée et du compas, ou par pliage de papier (fr.wikipedia.org - Duplication du cube, Francisco Gomes Teixeira, Traité des courbes spéciales remarquables planes et gauches, Volume 1, 1971 - books.google.fr).

Le tombeau de Glaucus (Glaukos) : Soleil vert

Nous savons, en outre, que les Babyloniens avaient l'habitude de plonger leurs morts dans le miel — c'est ainsi d'ailleurs qu'a été enterré Alexandre le Grand, mort à Babylone — et que les Perses enduisaient les cadavres d'une couche de cire. Dans l'un et l'autre cas on se proposait évidemment de conserver les corps. Il est évident qu'un enduit de cire empêche la pénétration de l'air qui est un agent de décomposition. Toutefois le bain de miel devait être plus efficace, car non seulement les molécules de cire qu'il contient éloignent l'air, mais encore le sucre absorbe l'eau des tissus et dessèche le corps. Si les Scythes enduisaient de cire la dépouille de leurs rois, il est très probable qu'ils avaient emprunté cet usage à l'Asie. Certains témoignages écrits prouvent que les Grecs aussi employaient en pareil cas le miel et la cire. Lorsque le roi de Sparte, Agesipolis, succomba en 380, à la fièvre, dans la Chalcidique, il fut plongé dans le miel et ramené ainsi à Sparte. Il y a deux versions différentes sur la manière dont le roi Agésilas fut transporté d'Egypte à Sparte. Selon Tune il aurait été immergé dans le miel ; d'après l'autre il aurait été, faute de miel, garni d'une couche de cire. Ces données ont, il est vrai, peu de valeur, dans une étude qui a pour objet la haute antiquité grecque ; car il n'est pas certain si cet emploi du miel et de la cire était une vieille tradition du Péloponèse, ou s'il n'a été inventé que plus tard par les Grecs ou emprunté à l'Asie.

A ce point de vue le mythe de Glaukos, fils de Minos et de Pasiphœ a une grande importance. Le jeune Glaukos tombe en jouant dans un tonneau de miel à la recherche d'une souris [il existe un Apollon Sminthien], et s'étouffe. Preller fait justement remarquer que cette expression est dérivée de la coutume qu'on avait de déposer les cadavres dans le miel, et désigne simplement la mort. Il en résulte que les Cretois connaissaient, dès la plus haute antiquité, cet emploi funéraire du miel (Wolfgang Helbig, L'épopée homérique, traduit par Fl. Trawinski, 1894 - archive.org).

L'abeille fournissant le miel, lumière végétale et la cire des cierges lumière céleste, symbolise la résurrection et l'immortalité.

Aristée, fils d'Apollon & de Cyrène ou de Bacchus, selon Cicéron, devint si passionné pour Euridice épouse d'Orphée, qu'il la poursuivoit partout. Cette femme en fuïant ses importunités, fut piquée d'un serpent qui la fit mourir. Les Nimphes indignées de ce malheur, firent mourir toutes les mouches à miel d'Aristée ; mais sa mère lui aïant conseillé de consulter Protée sur cette perte, il lui ordonna d'appaiser l'ombre d'Eurydice, par un sacrifice de quatre taureaux & de quatre génisses ; ce qu'aïant exécuté, il sortit ausitôt des essaim d'abeilles des entrailles des victimes égorgées. On dit qu'Aristée a trouvé l'invention de tirer le miel des gâteaux de cire que font les abeilles, d'exprimer l'huile des olives, & de faire prendre le lait. Il fut mis au nombre des Dieux après & mort, & adoré par les Bergers (Louis Moréri, Le grande dictionaire historique, Tome 1, 1718 - books.google.fr).

La récolte du miel et de la cire se fait plutôt ou plus tard, selon les lieux et les climats. Il faut suivre l'usage du pays où l'on est; il est ordinairement établi d'après l'expérience. En général, la récolte du miel se fait dans les trois saisons, du printemps, de l'été, et au commencement de l'automne; et cela à mesure que les rayons sont complets et les paniers bien garnis : les mouches se rebutent et se fatiguent quand on les vendante avant qu'ils soient pleins. La chaleur du climat contribue beaucoup à avancer l'ouvrape : ainsi, dans les pays chauds, on recueille le miel et la cire trois fois l'an, tin tiers au printemps, un autre tiers l'été, et autant l'automne, si la ruche se trouve pleino de nouveau; mnis cela seroit bien difficile dans les climats tempérés : il y a même des personnes qui ne veulent pas châtrer leurs mouches passé le 15 août (la fin de thermidor), afin qu'elles aient le temps de faire de nouvelles provisions pour l'hiver (Louis Liger, La nouvelle maison rustique ou économie rurale, pratique et générale de tous les biens de campagne, Volume 1, 1798 - books.google.fr).

Il y a plusieurs Glaucus mythologiques : pêcheur d'Anthédon, entre autres fils de Neptune et d'une naïade, qui fut changer en triton par une herbe magique, devenant dieu marin, surnommé Pontios, associé aux Argonautes, construisant le navire Argo et le dirigeant avec Typhis, il habitait Délos et avait le don de prophétie et aima Ariane, fille de Minos ; le fils de Sisyphe et de Mérope puni par Vénus de laisser ses juments vierges ; le fils de Minos et de Pasiphaë noyé dans un tonneau de miel.

L'herbe magique dont se sert Polyidus, le devin, pour ressusciter le fils de Minos, lie étroitement ce Glaucus au pêcheur d'Anthédon. C'est un serpent qui se sert premièrement de cette herbe pour ressusciter un congènère qui se trouve dans le tombeau construit par Minos pour son fils enfermé avec Polyidus, célèbre devin corinthien, fils de Cœranus; père d'Euchénor, d'Astycratée et de Manto.

Minos, ayant perdu son fils Glaucus, consulta l'oracle pour savoir ce qu'il était devenu. Les Curètes lui dirent qull avait dans ses étables une vache tricolore, et que celui qui trouverait la comparaison la plus Juste pour exprimer ce phénomène, lui rendrait son fils vivant. Les devins ayant été appelés, Polyidus compara la couleur de cette vache à celle du fruit de la ronce. Minos l'ayant forcé à chercher son fils, il le trouva par une pratique de son art. Le monarque lui enjoignit de le lui rendre vivant, et l'enferma avec le cadavre. Polyidus était fort embarassé, lorsqu'il vit un serpent qui venait vers le cadavre; craignant que ce serpent ne le fit périr, il le tua d'un coup de pierre. Un autre serpent approcha et, voyant le premier mort, se retira et revint un instant après, apportant une certaine herbe dont il couvrit le corps de son compagnon, qui ressuscita par ce moyen. Polyidus, ayant remarqué cela avec admiration, mit cette même herbe sur le corps de Glaucus, et le ressuscita ainsi. Minos refusa alors de le laisser partir avant qu'il eût appris la divination à Glaucus. L'habile prophète se tira d'affaire par une supercherie, en faisant cracher dans sa bouche par Glaucus qui perdit ainsi son don (Eduard Adolf Jacobi, Dictionnaire mythologique universel, 1846 - books.google.fr, Ernest Vinet, Le mythe de Glaucus et Scylla, Annali dell' Institutio di Correspondenza Archeologica, Volume 15, 1843 - books.google.fr).

Polyidus appris à Bellerophon à monter le cheval Pégase. Bellerophon était le fils d'un autre Glaucus, fils de Sisyphe, roi de Corinthe.

Le problème du doublement du cube est dit "problème délien".

Si Minos fait doubler le tombeau de son fils, c'est probablement pour pour y placer aussi Polyidos.

Le doublement du tombeau, platoniquement traduit en doublement du corps, peut être expliqué par une incursion chrétienne chez Jean Damascène qui parle du pain eucharistique comme corps double.

Damascene parle du pain de la Communion dans La Foi orthodoxe, il dit que ce n'est pas une figure, mais le corps mesme divinisé de Jesus-Christ, il veut que nous honorions ce corps, c'est à dire ce corps que nous prenons en la Communion, que nous honorons avec une double pureré, parce qu'il est double. Il marque quelle doit estre nostre disposition intérieure, savoir un désir ardent, il passe à nos actions extérieures qui sont de tenir nos mains en croix, & de mettre la Communion que nous prenons fur nos yeux, sur nos lèvres, & sur nostre front. Ensuite, pour expliquer comment ce corps est double, il le compare au charbon que vit Esaïe, qui n'estoit pas de simple bois, mais du bois, & du feu joint ensemble. Puis tout d'une suite appliquant sa comparaison il ajoure, ainsi le pain de la Communion n'est pas de simple pain, il est uny â la Divinité. Or un corps uny à la Divinité n'est pal une seule nature, mais deux, l'une celle du corps & l'autre celle de la Divinité, qui luy est jointe. Qui ne voit donc que ce corps double dont il a parlé, & qu'il a comparé au charbon d'Esaïe, est le pain de la Communion, qu'il est double, parce que c'est un pain uny à la Divinité, & que l'effet de cette union est, non de changer la nature du pain, mais de faire un composé de deux natures. D'où il s'ensuit manifestement que l'une de ces natures estant la Divinité, l'autre est la nature du pain (Jean Claude, Réponse au livre de Mr Arnaud: intitulé La Perpétuité de la foy de l'Eglise catholique touchant l'Eucharistie défenduë, Volume 1, 1671 - books.google.fr).

Jean Manssour ou Jean de Damas dit Jean Damascène, né vers 676 dans une grande famille arabe de Damas, et mort le 4 décembre 749, théologien chrétien, déclaré père de l'Église et docteur de l'Église par le pape Léon XIII en 1890. Il fut l'auteur du De fide orthodoxa, important traité doctrinal (fr.wikipedia.org - Jean Damascène).

L'élément divin dans l'histoire de Glaukos pourrait donc être Polyidos dont le nom signifie (poly eidos) "qui sait beaucoup" ou "nombreuses formes".

Les nombreuses formes peuvent être les "vêtements" que revêt l'âme dans sa descente à travers les sphères célestes (Macrobe), si l'on assimile Polyidos à l'âme qui est "savante" selon Diogène d'Apollonie (La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).

Diogène, aussi bien que quelques autres, a cru que l'âme est de l'air, parce que l'air, selon lui, est de tous les corps celui qui a les parties les plus ténues et qu'il est le principe de tout. A son avis, c'est pour cela que l'âme a la connaissance et qu'elle produit le mouvement. En tant qu'elle est cause première, et que tout le reste vient d'elle, elle connaît les choses ; en tant que ses parties sont les plus ténues, elle est motrice (Aristote, Psychologie, traité de l'âme, traduit et annoté par Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, 1846 - books.google.fr).

L’air, considéré comme âme, est pour Diogène un être doué de conscience : "il sait beaucoup de choses" (Simplicius, Physica) et son savoir même, la connaissance rationnelle, dont il est doué comme âme générale, est pour Diogène une preuve que l’air est le principe primitif (Henri Ritter, Histoire de la philosophie, première partie : Histoire de la philosophie ancienne, traduit par C.-J. Tissot, Tome 1, 1835 - books.google.fr).

Diogène d'Apollonie, philosophe grec présocratique du Ve siècle av. J.-C., éclectique, actif vers 450 av. J.-C. (fr.wikipedia.org - Diogène d'Apollonie).

Le charbon de bois d'Isaïe et de Jean de Damascène rencontre les hommes noirs de Villemaury (à Palaja), rois mages ou charbonniers (Autour de Rennes le Château : Villemaury et les hommes noirs, Autour de Rennes le Château : Villemaury, Ligne gnostique et Sceau de Palaja : Stella luti).

El Khidr

A Mossoul, sur le Tigre, Al Khidr est assimilé à Elie, et au Liban à saint Georges.

Quelques Anciens (Bède, Sedulius, Chrysostome homil. 3 de Elia) ont dérivé le nom d'Elie, du Grec Helios, qui signifie le Soleil: mais l'étymologie n'est pas juste. Elie, ou Eliahu, en Hébreu, signifie Dieu fort, ou le Seigneur Dieu (Augustin Calmet, Isaac-Louis le Maistre de Sacy, Commentaire littéral sur tous les livres de l'ancien et du nouveau testament: Les deux premiers livres des rois (1720-21), 1721 - books.google.fr).

Les anciens Egyptiens croyaient à l'existence d'un double, ou âme, qui après la mort de la personne pouvait s'en aller dans l'autre monde. Ils auraient eu la conception d'un soleil vert de son coucher à son lever. Verte est la couleur dont on voit souvent les divinités Osiris, Soker, Neith etc. de l'autre monde qui est censé être illuminé par un soleil vert (William Groff, Couleurs verte et bleue chez les anciens égyptiens, Bulletin de l'Institut égyptien, 1895 - books.google.fr).

Khidhr est aussi le mort-vivant, qui a atteint à la Source de la Vie, s'est abreuvé de l'Eau d'Immortalité, contrairement à Alexandre dont il est le vizir, et par conséquent ne connaît ni la vieillesse ni la mort. II est « l'Eternel Adolescent » (Henry Corbin, L'ímagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabi, 1977 - books.google.fr).

El Khidr, « le Maître des Solitaires », mystérieux compagnon de Moïse, est toujours réputé vivant. Il renouvellerait sa jeunesse tous les cent vingt ans et parcourrait le monde en pratiquant l'alchimie (Paul Chacornac, Le Comte de Saint-Germain, 1947 - books.google.fr).

Le Khidhr de la légende musulmane possède le pouvoir de rappeler les morts à l'existence, que les Phéniciens nommaient «le premier Portier», c'est-à-dire le gardien de la première des portes du monde métaphysique, la puissance intelligente qui discrimine la nature en confusion, la porte par laquelle la précision et la détermination pénètrent dans le monde. Khidhr est le gardien des mers, et quiconque trouve la mort dans la mer est lavé par lui (Tabari, Les prophètes et les rois de la Création à David, traduit par Hermann Zotenberg, 1984 - books.google.fr).

Khidhr a subi chez les musulmans, entre autres assimilations, celle avec Jonas, qui est bien significative. Voilà donc un Khidhr marin incontestables. Le Khidhr hippique, nouvelle face de Glaukos, est suffisamment indiqué par le cheval de saint Georges, patron ddes cavaliers, par le Maïmoun d'Aly, par le cheval de feu d'Élias. Il est d'ailleurs positivement question, dans les traditions musulmanes, de la jument (faras) de Khidhr. Enfin Khidhr jouit comme Glaukos de l'immortalité, et il la doit à une pareille cause : il a mangé du fruit de l'arbre de la vie ou il a bu de l'eau de la source de la vie.

Khidhr est donc tout ensemble chthonien et neptunien. Il a en outre, comme équivalent immédiat de saint Georges et des personnages lumineux similaires, une troisième face complémentaire : il est céleste. Il n'est peut-être pas inutile de faire observer à ce propos que dans certains cas Glaukos a une notable tendance à se rattacher à Apollon ; suivant Arislote, il habitait à Délos, où il rendait des oracles ; son pouvoir prophétique était plus grand que celui d'Apollon, qui sous ce rapport est appelé son disciple (Charles Clermont-Ganneau, Horus et saint Georges, Revue archéologique, 1876 - books.google.fr).

La mystique islamique du cube

Comme chez Philolaus pour qui le corps est un tombeau, celui-ci est un puits sombre pour Kudra, mystique musulman mort en 1221 (618 de l'Hégire).

Le corps est aussi l'objet d'une vision. C'est un puits sombre en proie aux démons, aux appétits, délabré et malade du fait de la maladie du cœur corrompu par le monde d'en bas [Eclosions: § 14]. Mais par la transmutation des états obtenue par les techniques d'invocation, de jeûne et autres, la lumière du cœur l'illumine, une lumière verte qui finit par envahir la totalité de cette enveloppe corporelle si bien qu'il devient le lieu où se manifestent les anges et la compatissance, la révélation apaisante [Eclosions: § 18; Traités: 27].

La croissance interne du cœur entraîne à sa suite le corps et le révèle à lui-même en en projetant la réalité en face de lui. La «balance du monde caché» est comme la rencontre du moi sanctifié du voyageur, de son corps angélique, son corps de résurrection, ce qui n'est pas sans rappeler le motif de la rencontre de la Daena dans le mazdéisme. Ce témoin intime est «le soleil du monde caché que l'on nomme aussi le guide du monde caché, le maître du monde caché, la balance du monde caché, le soleil du cœur, le soleil de la conviction, le soleil de la connaissance mystique, le soleil de la foi, le soleil de l'esprit de nature spirituelle qui est l'âme énonciatrice» [Traités: 29]. Cette vision de soi sous forme lumineuse est le signe même de l'avènement de l'ipséité. D'abord ipséité du voyageur se percevant lui- même à travers l'ensemble des réalités créées dans la limpide clarté de sa nature retrouvée, puis effacement de son ipséité pour laisser advenir l'ipséité même, la seule existence, la lumière divine, dont le voyageur n'est que le simple passage rendu limpide à force de souffles pour inonder la création. Le cœur, centre de l'orient et de l'occident, centre où sont unis le levant et le couchant, ces deux orientations fondamentales indifférentes à l'unicité divine, n'est autre que la Ka'aba ['Ayn: 40a].

Le nom Allâh est un processus et un itinéraire ascendant, bref une ascension spirituelle ou mi'râj. C'est pourquoi l'on voit Khidr recommander à ibn Adham [le premier mystique initié par lui] de demander par son intermédiaire l'accroissement de ses forces, de son courage et de son désir pour Dieu. C'est donc une sorte de stimulant qui excite le potentiel du mystique et lui permet de passer de la puissance à l'acte. Par l'union avec le nom suprême, nous dit Kubrâ, s'accomplit une croissance interne du voyageur. Peu à peu il devient une une Ka'aba, puis une seconde et enfin une troisième [Éclosions: § 104]. Ces trois Ka'aba sont d'une part le monde d'ici-bas et l'autre monde, la troisième étant quant à elle cet intervalle sans épaisseur, cette distinction imperceptible qu'est le cœur entre les deux, ce cœur devenu sain selon l'expression coranique, qui est un entre-deux sans lieu réel, cette charnière que l'image de l'outre vide que N. Kubrâ reprend d'Abû'l-Najîb al-Suhrawardî rend si bien (Najm al-dîn Kubrâ , Les éclosions de la beauté et les parfums de la majesté, traduit par Paul Ballanfat, 2001 - books.google.fr).

La Ka'aba est un cube, et la chauve-souris est aussi un entre-deux, comme l'eunuque de la devinette de la République de Platon.

Rien empêche de procéder, outre au doublement du cube, selon la méthode de Sporus, au triplement, quadruplement etc. comme procède Dürer dans sa Géométrie (Albrecht Dürer, Géométrie, présenté par Jeanne Peiffer, 1995 - books.google.fr).

Le problème de la duplication du cube, auquel Dürer semble accorder une place importante dans son livre, fournit un autre exemple d'une telle collaboration. Dürer présente trois solutions différentes (celles attribuées par Eutocius à Sporus, Platon et Héron), et même une démonstration pour l'une d'entre elles. En fait, ce sont des copies - au moins pour deux d'entre elles - d'un texte préliminaire préparé par un de ses conseillers non encore identifié (Johannes Werner très probablement). Marshall Clagett a su trouver la source de ce texte : c'est le commentaire d'Eutocius au Traité de la sphère et du cylindre d'Archimède, extrait d'un manuscrit médiéval, le De arte mensurandi de Jean de Murs (Jeanne Peiffer, La style mathématique de Dürer et sa conception de la géométrie, History of mathematics: states of the art : Flores quadrivii, studies in honor of Christoph J. Scriba, 1996 - books.google.fr, Peter Schreiber, A New Hypothesis on Dürer’s Enigmatic Polyhedron in His Copper Engraving “Melencolia I”, 1999 - did.mat.uni-bayreuth.de).

Najm al-dîn Kubrâ en vient lui-même à identifier le nom suprême au hâ' final du nom Allâh en se référant à Sahl Tustarî qui l'aurait affirmé [Éclosions:. § 99], l'idée que le hâ' est la quintessence du nom Allâh semblant d'ailleurs avoir été une position commune dans le soufisme comme le rappelle ibn al-Fanârî [Misbâh al-uns: 299].

N. Kubrâ relève la ressemblance formelle entre le cœur et le hâ [Eclosions: § 100]. L'immobilité du hâ'est ainsi celle du cercle que forme le cœur. Or le cercle nécessite la référence à un centre. Le cercle du cœur est donc tout entier autour de lui- même, coïncidant avec Dieu comme le hâ autour de son incer- nable centre. Cependant le cœur ne peut être dit parfaitement immobile, non plus que mu. Il tient des deux. Il est intermédiaire entre l'immobilité absolue de l'Un et le mouvement créaturel qui fonctionne toujours sur le mode du pair comme l'indique la référence à un verset [Cor., LI=49-50]. Le cœur est cette fois-ci explicitement désigné comme un entre-deux, ni un ni deux, mais lien entre le un et le deux. Il est milieu, et son chiffre est le cinq, celui du hâ qui en émane et se projette toujours vers le haut vers l'Un et ne descend jamais. Il est le centre de la série des neuf chiffres dont est composé l'ensemble des nombres. Il en est comme le le centre qui les répartit de part et d'autre en deux séries. À travers lui s'opère la jonction secrète entre les lettres et les chiffres (Najm al-dîn Kubrâ , Les éclosions de la beauté et les parfums de la majesté, traduit par Paul Ballanfat, 2001 - books.google.fr).

On se souvient du E sur la colonne du tableau de l'Ordination peint par Nicolas Poussin (Points particuliers : Le Centre (ou Coeur) : Neuillay-les-Bois 1).

Des chauves souris et la Ka'aba

Selon le Coran (sourate CV dite al fil - de l'éléphant), les "oiseaux" noirs Ababils (Hapax coranique) chassèrent les Abyssins d'Abraha qui voulaient détruire la Mecque et la Kaaba, l'année de la naissance de Mahomet (vers 570). En fait Abraha d'Adoulis prit le pouvoir au Yemen en 530, en révolte contre le souverain abyssin régnant en Afrique à Axoum, Ella Atsbaha (Joseph Cuoq, L'Islam en Éthiopie des origines au XVIe siècle, 1981 - books.google.fr).

1. As-tu vu comment le Seigneur a traité les hommes à L'éléphant ?

2. N'a-t-il pas dérouté leurs stratagèmes ?

3. N'a-t-il pas envoyé contre eux les oiseaux ababils,

4. Qui leur lançaient des pierres portant des marques imprimées au ciel.

5. Il en a fait comme de la balle dont le grain a été mangé.

L'éléphant blanc que montait Abraha s'agenouilla en signe d'adoration quand on arriva en vue de la Mecque. Les oiseaux à face de lion, semblables à des espèces d'hirondelles, tenant dans leurs serres et leur bec de petites pierres de sidjil (pierres sigillées), argile mélangée de gravier, extraite du fond de la mer, grosses comme des pois (‘Ali ibn al-Husayn al- Mas‘Udi (mort en 956), Les Prairies d'or, traduit par Pavet de Courteille, 1864 - books.google.fr).

Les anciens historiens grecs ont parlé les premiers d'une nation particulière de l'Abyssinie, ou de la région de Habesch, et en ont raconté diverses fables. Hérodote, ce père de l'histoire, rapporte dans son quatrième livre, intitulé Melpomène, que les Troglodytes sont des Ethiopiens, voisins des Garamantes, et qu'on n'avoit point visités de son temps. On raconte que c'éloient des hommes d'une légèreté et d'une vitesse surprenante à la course ; ils se nourrissoient de serpens, de lézards et d'autres reptiles de ce genre ; ils n'avoient aucune langue pour communiquer entre eux, et ils rendoient des cris ou des sifflemens analogues à ceux des chauve-souris. Aristote rapporte à-peu-près les mêmes choses dans le huitième livre de l'Histoire des Animaux, chap. 12. Il ajoute, avec Hérodote, que ces peuples redoutent extrêmement le soleil, à cause de la violente ardeur de ses rayons ; de sorte qu'ils le maudissent, parce qu'il brûle toute leur contrée, et ne peuvent sortir que de nuit. Pline le naturaliste, aussi amateur de fables que les Grecs, parle beaucoup des Troglodytes. Il nous dit qu'ils tuoient des éléphans, et se nourrissoient de leur chair. Ils avoient l'adresse de couper les jarrets de ces animaux, à-peu-près comme Bruce décrit la manière dont les maures Agagéers s'y prennent pour les couper aux Rhinocéros. Mais les Troglodytes ne seservoient pas de chevaux pour atteindre ces animaux ; ils se fioient à leur vitesse, qui étoit plus rapide. Pour se mettre à l'abri de la chaleur, ils se creusoient des cavernes. Ces peuples si sauvages avoient pour les tortues un respect tout particulier, car ils les adoraient; de même que des peuplades nègres adorent encore à présent des serpens fétiches; mais ils étoient de très-habiles chasseurs : aussi les anciens historiens les surnommoient "destructeurs de bêtes sauvages". Ils n'avoient, d'ailleurs, point d'autre eau pour leur usage que celle des pluies, qu'ils recueilloient soigneusement. Au reste, la plupart étoient voleurs, et commettoient differens brigandages sur les voyageurs (Charles S. Sonnini, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, principalement à l'agriculture et à l'économie rurale et domestique, Tei - Val, Volume 22, 1804 - books.google.fr).

Tayr, dans l'expression tayr abâbil (CV, 3) qui signifie « oiseau » est en rapport avec le mot grec pteron, aile d'oiseau. Tîn, tinos (argile) aurait servi à former l'arabe thîn (XVII, 61) qui a le même sens que le mot grec (Oumar Sankharé, Le Coran et la culture grecque, 2014 - books.google.fr).

Ababil pourrait avoir un rapport avec Babel, dont la tour se trouvait possiblement à Borsippa où l'on salait de grandes chauve-souris qui s'y trouvoient pour les manger.

On the other hand, the commentators say the question of the term ababil (flock of birds in flight) still goes on. But isn't there a striking echo of the (biblical) Babel ? (Jacques Berque, The expression of the historicity in the Coran, Arab Civilization, 1988 - books.google.fr, Federico Corriente, Some notes on the qur'anic lisanun mubin and its loanwords, Sacred Text: Explorations in Lexicography, 2009 - books.google.fr).

Maimonide, dont le savoir et la critique ont été au-dessus de son siècle, nous fait connaître dans son More nevokim (p. III, 29), les Sabéens ou adorateurs des astres, contemporains d'Abraham, et leurs livres qu'ils appellent très-anciens, et qui renfermaient une doctrine bien antérieure à leurs auteurs.

Il me parait indubitable que le temple de Babel, au milieu duquel était suspendue l'image du soleil, était le symbole du monde, et que les auteurs de cette histoire ont cru que les planètes faisaient leurs révolutions autour du soleil. On peut ajouter que les mêmes Sabéens sacrifiaient au soleil sept chauve-souris, apparemment parce que cet animal, qui aime à voltiger autour de la lumière, figurait les révolutions des planètes autour de l'astre du jour (Abbé L. Chiarini, Fragment d'astronomie chaldéenne, découvert dans les visions du prophète Ezèchiel, Journal asiatique, Volume 6, 1830 - books.google.fr).

Les Asarei pourraient être des Abasei, si l'on suit une partie de la tradition manuscrite. Dans ce cas, on serait tenté d'y reconnaître l'ethnique sémitique Hbst, bien attesté dans les inscriptions d'Arabie du Sud où il est d'ordinaire appliqué aux « Abyssins », c'est-à-dire aux Axoumites. Mais il aurait pu, selon les époques, désigner différentes populations d'Afrique. En tout cas, les Asarei ou Abasei sont pour Pline des métis d'Arabes et de Troglodytes (Pline, Histoire naturelle: livre VI, Partie 4, présenté par Jehan Desanges, 2008 - books.google.fr).

On leur donnait aussi le nom d'Erembes, comme on le voit dans les Commentaires de Tzetzès sur l'Alexandra de Lycophron; et cette dénomination d'Erembes, qui s'étendait également, suivant le scoliaste, aux Ichthyophages, avait à peu près la même signification que celle de Troglodytes. Erembes, parce qu'ils marchent sous terre, comme le nom de Troglodytes, est appliqué à ceux qui s'enfoncent ou demeurent dans les souterrains (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, Volume 2, traduit par A.F. Miot, 1834 - books.google.fr).

Les Erembes seraient autrement des Arabes troglodytes vivant sur le bord de la Mer rouge.

Ménélas : "J'ay esté porté à Cypre, en Phenicie, en Egypthe; j'ay esté chez les Ethiopiens, les Sidoniens, les Erembes ; j'ay parcouru la Lybie, où les agneaux ont des cornes en naissant, & où les brebis ont des petits trois fois l'année." (Odyssée, Livre IV) (L'Odyssée d'Homère, traduit par P. J. Bitaubé, 1804 - books.google.fr).

Des auteurs européens ont supposé que ces oiseaux Ababils étaient des hiboux ou des outardes; d'autres qu'ils ressemblaient à des hirondelles ou des chauves-souris (Pierre Eugène Lamairesse, Gaston Dujarric, Vie de Mahomet d'après la tradition, Volume 1, 1897 - books.google.fr).

La face de lion donnée par Masoudi aux oiseaux Ababils correspond à la catégorie des mammifères à laquelle les chauves-souris appartiennent.

On trouve dans le Coran le nom de neuf oiseaux ou animaux ailés : le moustique, l'abeille, la mouche, la huppe, le corbeau, la sauterelle, la fourmi, l'oiseau ababil, et l'oiseau d'Issa (sur lui la prière et la paix !) qui n'est autre que la chauve-souris (Le Livre des milles et une nuits, Volume 6, traduit par Joseph-Charles Mardrus, 1901 - archive.org).

Ababil serait en fait le pluriel de abilah (vésicule) et désignerait la petite vérole dont l'armée d'Abraha aurait été atteinte.

L'argile, dont se servent les Ababils comme arme, rappelle la légende des oiseaux d'argile façonnés par Jésus en exil enfant en Egypte selon les historiens et les commentateurs musulmans. Parmi ces oiseaux, il y avait une chauve-souris, et selon certains cela aurait été l'unique oiseau pétri : "L'oiseau d'Issa". Ces « oiseaux » d'ailleurs ne volaient pas longtemps; après s'être maintenus quelques instants dans les airs, ils retombaient à terre, inanimés (Hubert Du Manoir de Juaye, Maria: études sur la Sainte Vierge, Volume 1, 1949 - books.google.fr).

Le mot arabe sidjill vient du latin sigillum (sceau) qui a donné sigillé.

La terre sigillée - du latin sigillum, sceau - est un engobe composé uniquement des plus fines particules de l'argile. On le fabrique en ajoutant de l'argile à de l'eau, avec une petite quantité de défloculant qui conduit les particules les plus fines de l'argile à rester en suspension dans l'eau, tandis que les particules plus lourdes tombent au fond. Après 24 heures, les particules fines sont siphonnées, et le reste jeté. Cet engobe de terre sigillée est pulvérisé ou appliqué au pinceau sur la pièce, puis la surface est légèrement estompée aux doigts ou polie avec un instrument : - cette opération conduit les particules d'argile à s'aligner, créant alors une surface naturellement lustrée beaucoup plus séduisante que l'aspect froid et brillant d'un émail. Historiquement, la terre sigillée a été utilisée pour les sceaux, mais aussi comme couverte décorative de nombreuses poteries (katyveline.over-blog.com - Terre sigillée, fr.wikipedia.org - Céramique sigillée).

Des boules d’argiles sont trouvées dans quelques tombes du début de l’Ancien Empire en Egypte (Emmanuel Jambon, Les mots et les gestes. Réflexions autour de la place de l’écriture dans un rituel d’envoûtement de l’Égypte pharaonique, 2010 - mondesanciens.revues.org).

Pour contrer Seth ou toute autre entité agressive, tous les jours, dans certains temples, étaient modelées quatre boules d'argile. Sur chacune d'elles était inscrite une formule à l'encontre d'une entité susceptible d'être un agresseur d'Osiris. Les sphères d'argile étaient ensuite projetées vers chacun des points cardinaux (Richard Chaby, Karen Gulden, Mots et Noms de l'Egypte Ancienne: Volume 2 : Français - Egyptien, 2014 - books.google.fr).

Les boules d'argile des Ababils ne sont, certes, que trois par oiseau. Les boules de terre servaient d'offrande au dieu du bon conseil, Agoie, à Juidah, sur la Côte des Esclaves, au Dahomey (Charles de Brosses, Du culte des dieux fétiches, ou Parallèle de l'ancienne religion de l'Égypte avec la religion actuelle de Nigritie, 1760 - books.google.fr).

Offrande aussi en Ouganda (Jules Gourdault, L'homme blanc au pays des noirs, 1885 - archive.org).

Les boules de terre sont des éléments qui servaient au culte religieux dès la préhistoire, à la décoration chez les hommes des cavernes (troglodytes aussi).

Ces oiseaux d'argile volants rappellent la colombe mécanique d'Archytas :

La crécelle d'Archytas, devenu proverbiale, n'est pas la seule invention de notre mécanicien. Il est en effet crédité par la tradition d'une construction mécanique qui fait de lui un précurseur de Léonard de Vinci : la colombe volante dont parle Aulu-Gelle (Nuits Attiques, X, 12, 8) en se référant explicitement à son contemporain Favorinus d'Arles, du IIe siècle de notre ère : "L'invention dont la tradition attribue au pythagoricien Archytas la construction ne doit pas moins nous étonner, même si elle peut paraître frivole. La plupart des auteurs grecs les plus connus et le philosophe Favorinus, grand amateur d'antiquités, rapportent en effet de la manière la plus formelle qu'une colombe en bois, construite par Archytas, selon certains calculs et principes mécaniques, avait volé. C'est vraisemblablement par un système de contrepoids qu'elle tenait en l'air, et par la pression de l'air enfermé caché à l'intérieur qu'elle avançait. Qu'on me permette sur un fait, ma foi, si peu croyable, de citer Favorinus lui-même : « Archytas de Tarente, à la fois philosophe et mécanicien, fabriqua une colombe en bois qui volait, mais [qui], une fois qu'elle s'était posée ne pouvait plus reprendre son essor. (Marie-Laure Freyburger-Galland, Archytas de Tarente : Un mécanicien homme d'État, 2003 - bcs.fltr.ucl.ac.be).

Les Bergers d'Arcadie, l'âme et le cube

La nature au milieu de laquelle il vous place est d'un calme parfait; c'est un des lieux les plus doux de l'Arcadie; la plaine semble dormir sous le soleil, et de petites collines en sortent çà et là comme les soupirs égaux d'une âme qui poursuit un songe heureux. Un tombeau s'élève au milieu de cette belle solitude, à l’ombre de quelques arbres élégants dont les pieds sont arrosés par une eau vive; un groupe qui parcourait la campagne s'approche du monument; ce sont des bergers, et sur la pierre ils aperçoivent ces mots : "Et in Arcadid ego" (Et moi aussi j'étais berger en Arcadie); ils lisent leur destinée dans celle de leur semblable; mais tout en pensant à sa lin , ils laissent éclater la vie dont ils sont animés. Qu'on nous permette, au risque même de méler notre pensée a celle du Poussin, d'analyser brièvement le caractère et les sensations des quatre personnages que ce grand artiste a représentés (Magasin pittoresque, 1839 - books.google.fr).

Le tombeau des Bergers d'Arcadie de Nicolas Poussin semble la réunion de deux cubes sous un couvercle monolithe. Représentation qui semble suggérer d'une manière voilée ou inexacte le doublement du cube. On voit bien la séparation des pierres qui passe entre ET IN et ARCADIA et entre E et GO.

Von Wilamowitz a montré le caracrère apocryphe de toute l'histoire du tombeau du fils de Minos, Glaucus. La solution donnée par Minos aurait été de doubler le côté ! Or, du temps d'Euripide, de Sophocle et même d'Eschyle, on savait depuis longtemps l'énormité de l'erreur ainsi commise et que le cube était octuplé et non doublé, car on connaissait en Chaldée, la valeur de 2 au cube au troisième millénaire et sans doute bien plus anciennement (Abel Rey, L'Apogée de la science technique grecque: L'Essor de la mathématique -, Volume 5, 2012 - books.google.fr).

On peut lire sur la partie droite : ARCADIA / GO ou ARCA D'IAGO et à gauche ETINE

ARCA D'IAGO, en "italien" "tombeau de Jacques" (Judith E. Bernstock, Poussin And French Dynastic Ideology, 2000 - books.google.fr).

C'est-à-dire Compostelle, le tombeau de Jacques (Iago) :

L'île de Jamaïque fut nommée par Cristophe Colomb San-Iago, c'est-à-dire Saint-Jacques ; et de James , qui signifie Jacques ou Iago, dans leur langue, les Anglais ont fait Jamaïca, que toutes les autres nations ont adopté (Jean-François de La Harpe, Abrégé de l'Histoire générale des voyages, 1820 - books.google.fr).

Comme c'est la foi qui guide le pèlerin, il voyage donc sous le ciel, sous les étoiles, par le chemin des étoiles, celui de Compo-stella, campus Stella, le « champ des étoiles ». Tant de symboles puissants sont attachés à ce voyage que les hermétistes, au sens vrai, les disciples d'Hermès, construiront une symbolique hermétique. Ce n'est pas un hasard si la légende de Flamel le fait aller en pèlerinage jusqu'en Galice, sur la tombe de Jacques. La légende de Flamel est essentiellement issue d'un ouvrage du début du XVIIe siècle, de Béroald de Verville, qui s'appuya sur un vrai personnage, mais en embellissant ses aventures et surtout en y incorporant des éléments d'hermétisme. Ayant reçu des mains d'Abraham le Juif un antique manuscrit, il décida d'entreprendre le pèlerinage de Saint-Jacques, en compagnie d'un homme de Dieu, maître Conchés, c'est-à-dire le « maître à la coquille ». Il effectua le voyage de Compostelle, c'est-à-dire l'« étoile du compost ». Ce nom de Compostelle est assez tardif, puisqu'il n'apparaît qu'au milieu du Xe siècle. Il fait suite à un épisode légendaire entourant la découverte du tombeau de l'apôtre ; en effet, ce serait une étoile qui aurait indiqué à Théodomir l'emplacement du sarcophage de marbre de Jacques. Il nous permet de vérifier que la mythologie de saint Jacques était déjà en formation à cette époque Compostelle pourrait aussi dériver de Compostum, signifiant « cimetière ». Théodomir se serait alors contenté de faire des fouilles dans un lieu de sépultures antiques. Saint Jacques est non seulement pèlerin, mais aussi la sauvegarde du pèlerin. Tout le long du voyage, il assure la protection du voyageur. Il est un second saint Christophe, mais ce Christophe-là est, en outre, un vrai soldat du Christ. Tels les chevaliers du Temple qui protégeaient les pèlerins vers Jérusalem, il est armé de l'épée divine. C'est le Matamore, celui qui fixe les Maures. Il tient cette réputation de la Reconquista du Nord de l'Espagne, selon plusieurs légendes (Christian Montésinos, Eléments de mythologie sacrée aux XIIe et XIIIe siècles en France, 2011 - books.google.fr).

L'étoile du compost peut être mise en rapport avec la Stella luti. Cette étoile de Jacques serait ainsi le Sceau de Palaja. Flamel réalisa la transmutation aurine un 25 avril, un des jour associé à un sommet du Sceau.

Lorsque les premières opérations alchimiques sont réussies, une étoile se forme en effet sur la matière travaillée, appelée compost. Ce compost stellae, ce « sceau magique révèle à l'artiste qu'il a suivi le bon chemin, et que la mixtion philosophique a été préparée canoniquement. C'est une figure radiée, à six pointes (digamma), dite Étoile des Mages, qui rayonne à la surface du compost, c'est-à-dire au-dessus de la crèche où repose Jésus, l'Enfant-Roi » écrit Fulcanelli (Le Mystère des cathédrales) (Pierre-Louis Augereau, Hergé au pays des tarots: Une lecture symbolique, ésotérique et alchimique des aventures de Tintin, 1999 - books.google.fr).

Etine ou Etin E:

Ethin, chez Claude Malingre (1630) (Claude Malingre, Histoire romaine, Tome III, 1630 - books.google.fr), est le lieu appelé aujourd'hui Hattin, célèbre pour la bataille gagnée par Saladin et perdue par les Croisés le 4 juillet 1187. On trouve "Etin" au XVIIIème siècle (Dominique Jauna, Histoire générale des roïaumes de Chypre, de Jérusalem, d'Arménie et d'Égypte, 1747 - books.google.fr).

Mais Ethin est écrit Etin en italien. C'est en particulier la désignation par une tradition des croisés de la Montagne des Béatitudes, où aurait été prononcé le Sermon sur la Montagne par Jésus Christ. " "E" en italien vaut le français "et".

On aurait alors, traduction de l'italien, "Hattin et le tombeau de Jacques".

Du Moyen Age au XIXe siècle, l'Eglise considère que l'Epître de Jacques est l'œuvre de Jacques le Majeur. Ce texte, entendu régulièrement lors des offices ou lu sur diverses inscriptions imagées, est familier à chaque fidèle. Il est aujourd'hui, sur la route de Compostelle, un moyen d'entrer en relation avec les pèlerins du temps passé. Comme autrefois, chacun de ces extraits, ressassé au rythme des pas, offre un support à la méditation personnelle et un réconfort dans les moments difficiles (www.saint-jacques.info - Epitre).

Il s'agit plus particulièrement de l'Eglise espagnole.

Ceux qui l'attribuent à saint Jacques [le Majeur], fils de Zébédée, croient que ce saint apôtre, ayant prêché la foi aux Espagnols, leur écrivit cette lettre après son retour à Jérusalem; l'auteur qui a mis les titres à la version Syriaque publiée par Vidmanstad croit que c'est la première écriture sacrée du Nouveau-Testament. La version arabique citée par Cornélius à Lapide l'attribue de même à saint Jacques, fils de Zébédée : mais ni le syriaque ni l'arabe imprimés dans les polyglottes de Paris et de Londres, ne portent rien de semblable. L'ancienne version italique publiée par le R. P. Martianay (Vide Martian. in epist. Jacob. pag. 191) lit à la fin de celte épître ces mots: Explicit epistola Jacobi, fîlii Zebedœi. Dans le catalogue des écrivains ecclésiastiques de saint Jérôme, à la fin de l'article de saint Matthieu, on lit que Jacques, fils de Zébédée, prêcha l'Evangile aux douze tribus qui étoient dans la dispersion, ce qui insinue qu'il leur écrivit aussi cette épître : mais cet endroit est une addition faite au texte de saint Jérôme, laquelle ne mérite aucune croyance. Le faux Lucius Dexter dans sa chronique, Isidore (Isidor. de Vita et Morte SS. cap. LXXIII) auteur de la vie et de la mort des Saints, et la liturgie des Mozarabes, appuient ce sentiment. On le remarque aussi dans la fausse épître de Sixte III, laquelle se trouve dans la bibliothèque des pères. Gaspard Sanchez (Sanct. tractat, 3. de Profectione sancti Jacobi in Hispan. c. 12.) rapporte toutes ces autorités dans son Traité sur le voyage de saint Jacques en Espagne, et il ne paroît pas désapprouver ce sentiment (Augustin Calmet, Sainte Bible en latin et en français: ouvrage enrichi de cartes géographiques et de figures, Volume 23, 1823 - books.google.fr, M. Dubuis, Les bénédictins d'Espagne, Pratiques et concepts de l'histoire en Europe: XVIe-XVIIIe siècles, 1990 - books.google.fr).

Le caractère espagnol de l'inscription ainsi lue rencontre la situation de Crognaleto dans les Abruzzes, où l'on pourrait reconnaître le paysage du tableau des Bergers d'Arcadie, autrefois partie du royaume de Naples tenu par les Aragonais, et du temps de Poussin (Autour de Rennes le Château : Les Bergers des Abruzzes : Crognaleto).

De fait, l'épître de Jacques annonce solennellement un enseignement par excellence, avec cette formule qui résonne comme l'avertissement lancé dans la tradition juive au peuple des croyants : « Ecoute, Israël » (Dt 6,3) devenu ici : « Ecoutez, mes frères bien-aimés ». Et l'unique phrase qui délivre le message fondamental est constituée par un réseau très dense de notions qui représentent autant d'allusions faites aux expressions marquantes de la prédication de Jésus telle qu'elle est condensée dans le Sermon sur la Montagne : élection, pauvreté, richesse, héritage, Royaume des cieux, promesse. Son fonctionnement logique est construit, de même, sur le modèle des renversements paradoxaux caractéristiques du Sermon sur la Montagne, avec notamment l'identification de la pauvreté aux yeux du monde comme richesse devant Dieu (Jacqueline Assaël, Elian Cuvillier, L'épître de Jacques, Labor et Fides, 2013 - books.google.fr).

Cette épître est « probablement l'écrit néo-testamentaire où les pauvres sont les plus exaltés et les riches le plus sévèrement condamnés. » L'auteur y écrit notamment : « Eh bien, maintenant, les riches ! Pleurez, hurlez sur les malheurs qui vont vous arriver. Votre richesse est pourrie, vos vêtements sont rongés par les vers. Votre or et votre argent sont rouillés, et leur rouille témoignera contre vous : elle dévorera vos chairs ; c'est un feu que vous avez thésaurisé dans les derniers jours ! » La condamnation des riches est extrême et sans appel. Les riches sont par définition des pécheurs dont la condamnation est certaine (fr.wikipedia.org - Jacques le Juste).

C'est une épître toute catholique, que Luther appelait "épître de paille", appuyant sur l'importance des oeuvres pour le croyant, fruits de la Parole oeuvrant en lui.

La croix des huit béatitudes est à huit pointes comme la décoration du fakir Ragdalam. C'est la croix de Malte, des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Un système de chiffrement par substitution basé sur une correspondance entre l'alphabet et une suite de figures géométriques aurait été élaboré à partir de cette croix (fr.wikipedia.org - Chiffre des Templiers).

Comme remarquent saint Hilaire & saint Ambroise, l'octave ou le nombre de huit est le premier nombre cubique, nombre le plus parfait, consacré aux béatitude, & au comble de toutes les vertus. Octava summa virtutum est (Saint Hilaire, Psaume 118 et saint Ambroise, livre 54 in Lucam) (Jacques Nouet, La Vie De Jesus Dans Les Saints, Volume 2, 1711 - books.google.fr).

Le christianisme médiéval utilisera d'ailleurs les douze apôtres dans le cadre de son système calendaire, pour couvrir le temps païen. Il placera les commémorations des douze apôtres aux césures du temps païen qu'il cherche à christianiser. Les différentes commémorations des apôtres occupent ainsi les principaux points stratégiques du calendrier celtique : saints Philippe et Jacques le Mineur (1er mai = fête celtique de Beltaine), saint Jacques le Majeur (25 juillet = Lugnasad), saints Pierre et Paul (29 juin = solstice d'été), saints Simon et Jude (28 octobre = Samain), saint Thomas (21 décembre = solstice d'hiver), etc. L'Apocalypse reprend le nombre douze en l'inscrivant délibérément dans le contexte temporel de la fin des temps. Il y a douze portes dans la Jérusalem céleste qui sont autant de métaphores janusiennes d'un temps parfaitement accompli. La cité future repose sur douze fondements (XXI, 14), chacun au nom d'un apôtre, dessine un cube de 12 000 stades de côté ; le rempart de jaspe a 144 coudées. 144 000 est le nombre des fidèles de la fin des temps (VII, 4-8 ; 14, 1), le carré de douze multiplié par mille, il symbolise la multiplication à l'infini des fidèles du Christ. Il est le nombre symbolique de la perfection atteinte. Il exprime l'achèvement d'un cycle temporel puisque l'on se situe à la fin des Temps. Paul Claudel a commenté ce symbolisme du nombre 144 : « Cent quarante-quatre, c'est douze fois douze : douze qui est trois multiplié par quatre, le carré multiplié par le triangle. C'est la racine de la sphère, c'est le chiffre de la perfection. Douze fois douze, c'est la perfection multipliée par elle-même, la perfection au cube, la plénitude qui exclut tout autre chose qu'elle-même, le paradis géométrique. » (Philip Walter, Le Bel Inconnu de Renaut de Beaujeu: rite, mythe et roman, 1996 - books.google.fr).

Notons enfin que la fin du monde, c'est-à-dire la fin de l'espace et du temps, doit coïncider avec la descente de la Jérusalem Céleste qui est décrite comme un cube et que typifient les 6x4 côtés (extrémités des 4 croisettes et des 4 potences) des armes de Jérusalem, qui, unis dans la croix centrale, symbolisent la perfection septénaire de la "Terre nouvelle" (7x4) (Gérard de Sorval, Le Langage secret du blason, 1981 - books.google.fr).

Arcadie, Sicile et poésie pastorale

Au début de la Bucolique 10, la dernière sans doute à avoir été composée, Virgile demande à Aréthuse de l'assister au moment de dire quelques vers à Gallus. Il ajoute qu'il espère que, lorsqu'elle coulera sous les flots siciliens, l'amère Doris ne mêlera pas ses eaux aux siennes. Aréthuse est une nymphe péloponnésienne ; poursuivie par le dieu Alphée, elle fut métamorphosée en source, qui plongea dans les profondeurs de la terre d'où elle ressurgit en Sicile.

Cette figure mythique était devenue le symbole de la poésie bucolique. Depuis l'époque hellénistique, une des métaphores de l'inspiration poétique est précisément la source. Hippocrène sur l'Hélicon est celle de l'épopée, Aréthuse à Syracuse celle de la poésie pastorale; Aganippé, qui coule en contrebas d'Hippocrène sur l'Hélicon, sera, à Rome, celle de l'élégie. Une épigramme du poète hellénistique Moschos raconte comment Alphée traversa la mer pour suivre la nymphe jusqu'à Syracuse.

Le Péloponnèse et la Sicile sont les deux régions citées par les mythographes quand ils recherchent les origines populaires de la poésie pastorale. Il est sûr, en tout cas, que Virgile, comme Théocrite, privilégia la Sicile. Cette préférence est particulièrement nette dans la quatrième églogue, dont l'inspiration s'affranchit de la tradition purement bucolique. Placé sous l'égide des « Muses de Sicile », ce poème, qui mêle le langage de la prophétie à celui du mythe, se termine par la promesse d'un autre chant pour dire les hauts faits accomplis par l'enfant né pour restaurer l'âge d'or. Qu'ajoute Virgile ? Qu'il n'hésiterait pas alors à entrer en compétition avec Pan, même si tous deux avaient pour juge l'Arcadie - probablement opposée ici en tant que lieu de naissance de l'ancienne pastorale à la voie nouvelle explorée par une poésie d'origine sicilienne.

Comme dans l'Idylle 1 de Théocrite, la tranquillité de l'âme est figurée par le repos de celui qui, allongé, écoute des bergers chanter ou les regarde cueillir et tresser des fleurs. Mais le contexte ici n'est pas symposiaque ; il est simplement pastoral. L'amant est étendu sous un ombrage et l'être aimé est là. C'est lui qui chante ou confectionne des guirlandes, comme le feront alternativement, chez Longus, Daphnis et Chloé. On a ici une scène, en quelque sorte, unique de la vie heureuse, mais multipliée par les paysages divers où elle se déroule : saules, vigne souple, sources fraîches, prairies et bois, autant d'images qui ainsi sont associées à une région, dont la géographie est, en réalité, bien plus rude.

Ce petit texte, qui surimpose le nom d'Arcadie à un mode de vie et à un paysage, va marquer, de façon quasiment définitive, toutes les évocations ultérieures de la patrie de Pan.

Des siècles plus tard, on retrouvera ces composantes, transposées par la peinture, chez Poussin, l'un des meilleurs interprètes de ce tableau de la vie en Arcadie. Le regard extérieur est celui du spectateur ; la mort figure sous l'aspect d'un tombeau ; l'amour est peut-être suggéré par la présence des nymphes. L'un des deux bergers touche du doigt une inscription : et ego in Arcadia, énigmatique, mais empreinte du regret que suscite le sentiment de l'éloignement et de la perte (Jacqueline Fabre-Serris, Rome, l'Arcadie et la mer des Argonautes : essai sur la naissance d'une mythologie des origines en occident, 2008 - books.google.fr).

Gallus, en latin Caius Cornelius Gallus (Fréjus ? 69 av. J.-C. - 26 av. J.-C.), est un homme politique, premier préfet d'Égypte, et un poète romain connu pour avoir introduit le genre de l'élégie à Rome, dont l'œuvre est presque intégralement perdue. Disgracié, il se suicide. Gallus échappa à l'oubli grâce aux écrits de son ami Virgile et aussi à Ovide, pour ses œuvres poétiques. Selon la dixième Bucolique de Virgile, la courtisane Lycoris finit par quitter Gallus pour un officier romain (fr.wikipedia.org - Caius Cornelius Gallus).

Selon Virgile, le tombeau d'Anchise, père d'Enée, se trouve pès de Drepanum en Sicile. Selon une autre tradition conservée par Pausanias, il fut enterré en Arcadie sur le mont Anchisia, au nord de Mantinée (Autour de Rennes le Château : Le Tombeau d’Anchise).

Ce qui fait un lien supplémentaire en Arcadie et Sicile.

Palaja et la platitude

Le polyèdre est à l'espace ce que le polygone est au plan.

L'hexagone, formé par le Sceau de Palaja, avec ses diamètres dessine une vue en "perspective" un peu faussée, du cube, en deux dimensions. Vision plane (horizontalité), du "peuple" : vox populi, vox populi.

Géométrie de Dürer

Au dernier jour, dit-il, quand les étoiles seront dispersées, la sphère sera anéantie, pliée comme les feuillets du livre de Sidjil, la cause de cette force centripète, et la terre, étendue et dépliée, sera aplatie jusqu'aux » extrémités du nouveau ciel de l'éternité (Schem's-Ed-Din-Mohammed Dimasqui, Manuel de cosmographie, traduit par M. A. F. van Mehren, 1850 - books.google.fr).

Sourate XXI, 104. Ce jour-là nous plierons les cieux de même que l'ange Sidjil plie les feuillets écrits. Comme nous avons produit la création, de même nous la ferons rentrer. C'est une promesse qui nous oblige. Nous l'accomplirons.

L'ange Sidjil est chargé d'inscrire toutes les actions de l'homme sur un rouleau qu'il plie à sa mort (Le Koran, traduit par Kazimirski Biberstein, 1840 - books.google.fr).

Il existe d'ailleurs une solution de la duplication du cube par pliage, due à Jacques Justin (1986) (Jean Aymes, La duplication du cube - www.apmep.asso.fr).

Le mot "Plat", vizent du latin "platea", "place (publique)" et latin tardif et populaire plattus, "plat" (dans lequel on sert la nourriture). Les deux mots sont des adaptations du grec "platus", "plateia" (Jacques Cellard, Les racines latines du vocabulaire français, 2000 - books.google.fr).

Le grec "platus" est à l'origine du nom de Platon, chef de la secte des Académiciens, qui associe à l'élément terre le cube.

"platus", large, ample, d'où platos, largeur : Platon avait de larges et fortes épaules, un large front, et son éloquence se répandait comme un torrent large et rapide), mot qui paraît se rattacher au sansc. prithu et à l'all, breit, large, élargi, par le changement de r en l. Math. Martinius forme platus du grec plèthô, être plein, rempli, comblé, et d'autres, soit du chald. phâtha, il fut ample, soit de l'héb. pâlat, il fut uni, lisse (Paul Hecquet-Boucrand, Dictionnaire étymologique des noms propres d'hommes, 1868 - books.google.fr).

"Palaia" en grec signifie autrement "vieille".

L'aspect sicilien du nom de Palaja le rapproche encore un peu plus de l'Arcadie, et d'un lieu d'une épiphanie, quelle qu'elle soit, né en milieu "chrétien" ou anciennement "chrétien", comme le christianisme né en milieu juif.

En ce qui concerne la terre, l'argile à Palaja, s'y trouvait un four de potier, au moins un, découvert dans les années 60 :

M. A. Blanc, membre de la Société d'études scientifiques de l'Aude, a fouillé un four de potier, situé dans la propriété de M. C. Depaule (parcelle 21). Il a pu ainsi dégager la sole de cuisson, percée de nombreux conduits verticaux pour le chauffage, et, sous elle, deux foyers voûtés (fig. 6). L'ensemble est construit en argile. Il paraît dater, d'après les quelques trouvailles faites à l'entour, de l'époque romaine tardive (Hubert Gallet de Santerre, Circonscription de Montpellier. In: Gallia. Tome 20 fascicule 2, 1962 - www.persee.fr).

The measures of this Temple [d'Hérode], as it stood in our Saviours time, and till the destruction of Jerusalem was an hundred cubits long, an hundred cubits broad, and an hundred cubits high: And yet not an exact cube, but very far from it, as we shall shew ere long, for it narrowed so behind, faith the Talmud and Maymony, that it did carry the proportion of a Lion (The works of the Reverend and learned John Lightfoot, Volume 1, rédacteurs George Bright, John Strype, 1684 - books.google.fr).

Palaja constitue le choeur du plan de l'église Saint Sulpice de Paris projeté inversé sur la carte de l'Aude. Il existait en 1889 des ruines romanes surnommées "Le Lion" à Villemaury. Palaja correspond au Saint des Saints, ou Débir, qui, du temps de Salomon était cubique, de 20 coudées de longueur d'arête (Autour de Rennes le Château : Temple de Salomon et église Saint Sulpice, Autour de Rennes le Château : Saint Sulpice, Aude et Grande Ourse, Mickael Gendry, L'église, un héritage de Rome: Essai sur les principes et méthodes de l'architecture chrétienne, 2009 - books.google.fr).

La "platitude" rencontre celle de la galette, galette des rois Mages bien sûr, ainsi que l'écrit Fulcanelli :

Nous avons déjà dit plusieurs fois, et nous le répétons encore, que tout le travail de l’art consiste à évertuer ce mercure jusqu’à ce qu’il soit revêtu du signe indiqué. Et ce signe, les vieux auteurs l’ont appelé Sceau d’Hermes, Sel des Sages (Sel mis pour Scel), – ce qui jette la confusion dans l’esprit des chercheurs, – la marque et l’empreinte du Tout-Puissant, sa signature, puis encore Etoile des Mages, Etoile polaire, etc. Cette disposition géométrique subsiste et apparaît avec plus de netteté lorsqu’on a mis l’or à dissoudre dans le mercure pour le ramener à son premier état, celui d’or jeune ou rajeuni, en un mot d’or enfant. C’est la raison pour laquelle le mercure, – loyal serviteur et Scel de la terre, – est nommé Fontaine de Jouvence. Les Philosophes parlent donc clairement lorsqu’ils enseignent que le mercure, dès la dissolution effectuée, porte l’enfant, le Fils du Soleil, le Petit Roi (Roitelet), comme une mère véritable, puisqu’en effet l’or renaît dans son sein. « Le vent, – qui est le mercure ailé et volatil, – l’a porté dans son ventre », nous dit Hermès dans sa Table d’Emeraude. Or, nous retrouvons la version secrète de cette vérité positive dans le Gâteau des Rois, qu’il est d’usage de partager en famille le jour de l’Epiphanie, fête célèbre qui rappelle la manifestation de Jésus-Christ enfant aux Rois Mages et aux Gentils. La Tradition veut que les Mages aient été guidés jusqu’au berceau du Sauveur par une étoile, laquelle fut, pour eux, le signe annonciateur, la Bonne Nouvelle de sa naissance. Notre galette est signée comme la matière ellemême et contient dans sa pâte le petit enfant populairement dénommé baigneur (Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales, Schemit, pp. 109-110).

De la ressemblance à ces pierres plates, nous avons appelé galette, une espèce de tourteau plat. Cette opinion me paroist plus raisonnable, que celle de Mr Bochart, qui dérive ce mot François de l'Ebreu Thalmudique challeta, qui signifie une galette : ny que celle du P. Labbe, qui dit que galette est un abbrégé de gâtelette, abbrégé de gâteau : ny que celle de Surfin, qui le dérive de gala (grec) (Dictionaire étymologique ou Origines de la langue françoise, chez Jean Anisson, 1694 - books.google.fr).

La fève, que l'on trouve dans la galette des rois, est aussi en lien avec les âmes.

La relation aux morts de légumineuses telles que les fèves est également fondée sur le fait que leur tige ne comporte point de nœuds. Elle ne s'oppose donc pas à la remontée des âmes des morts depuis leur séjour sous la terre, elle constitue au contraire un canal qui favorise leur ascension. Les fèves sont la voie la plus directe par où les âmes font retour à la vie terrestre. Les fèves sont donc bien elles-mêmes des sortes de spectres, de demi-cadavres ou de revenants (Max caisson, Une matière à philologie : e Fasgiole, Terrain, n° 21/oct. 1993: Liens de pouvoir ou le clientélisme revisité, 1992 - books.google.fr).

Kuamos est le nom grec de la fève des marais, faba, dont Pythagore ne vouloit point user pour sa nourriture, parce qu'il supposoit qu'elle servoit de retraite aux âmes des morts; quoniam anima mortuorum sunt in ea. Elle étoit respectée par d'autres, comme étant consacrée aux dieux, diis in sacro est. On s'en abstenoit aussi parce qu'on pensoit qu'elle émouSsoit les sens et causoit des insomnies, hebetare sensus existimata, et insomnia quoquefacere. Ces passages, tirés de Pline, indiquent les opinions établies anciennement sur cette plante (Frédéric Cuvier, Dictionnaire des sciences naturelles, Volume 12, 1818 - books.google.fr).

kuamos désigne aussi les testicules, et c'est un précepte d'abstinence que Pythagore proposait quand il interdisait de toucher aux fèves. Jean le Lydien (De mensibus) après un long excursus sur les possibles métamorphoses de la fève en homme « incarné », en tête d'enfant ou en sexe féminin, il donne encore une autre explication du tabou de Pythagore : les fèves sont à l'origine des règles menstruelles et « c'est pour cette raison qu'on les jette sur les tombeaux pour le salut des hommes » (Edoarda Barra-Salzédo, En soufflant la grâce: Eschyle, Agamemnon, v. 1206 : âmes, souffles et humeurs en Grèce ancienne, 2007 - books.google.fr).

Rennes-le-Château est un passé, Palaja un futur.