Partie XIII - La Croix d’Huriel   Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel   Les Cigares du Pharaon : esclavage et résurrection   
CROIX HURIEL TINTIN HERGE CIGARES DU PHARAON ESCLAVAGE RESURRECTION

Philémon Siclone

Siclone est un mot créole synonyme de cyclone. Philémon est le nom d'un auteur martiniquais prénommé Césaire, vice-Président de la fédération des sociétés mutualistes de la Martinique, qui a publié avant 1934 La montagne Pelée et l'effroyable destruction de Saint-Pierre (Martinique) le 8 mai 1902 - le brusque réveil du volcan en 1929 en 1930, Galeries martiniquaises (Population, moeurs, activités diverses et paysages de la Martinique en 1931.

In Creole (the language of Haiti), the word for such an occurrence is siclone (cyclone), meaning a disaster of devastating proportion wrought by God — either directly or through the hand of man (Church Advocate, Volume 155, Church of God, 1990 - books.google.fr).

Pour clore le dossier, il faut savoir que le prédécesseur de Tournesol, comme savant, c'est Philémon Siclone (Siclone = cyclone = typhon = Tryphon) ; dans la mythologie grecque, Typhon est toujours représenté sur un âne, comme Siclone dans «les Cigares du pharaon» ; Typhon se nomme Seth dans la mythologie égyptienne. Il enferme Osiris dans un coffre à sa taille qui flotte sur le Nil, comme Siclone dans son sarcophage, sur la mer (Jacques Drillon, Occultisme, tarot, mythologie: ce que Hergé a caché dans Tintin, 24/08/2014 - bibliobs.nouvelobs.com).

Les devinettes ou "tim-tim" servent très souvent d'introduction au conte créole : lorsque les contes étaient racontés à la veillée (lorsqu'un conte est raconté pendant le jour on est menacé de "tourner en bouteille", c'est-à-dire de se transformer en bouteille), le conteur pour préparer son public, pour le "chauffer", commençait par poser un certain nombre de devinettes, dont les réponses étaient bien sûr connues de tous, et après la formule introductive (qui peut changer selon les mondes créoles : à la Réunion, on dit plutôt "kriké-kraké", aux Antilles, on préfère cric-crac"), le conteur proposait quelques devinettes auxquelles l'assemblée répondait en choeur (Les " tim-tim " ou devinettes - creoles.free.fr).

Tim tim bwa sec... / é pou yo pa kriyé yo makoumè pas' yo trouvé yo / tétanisés yon en bra al ot adan toilette la / yo ka raconté listwa a donzelle la ka trenblé kon / feille en ba siclone / Yé krik, yé krak (Sources, Comptines, Berceuses, Contes et autres en Créole, 28/07/2008 - www.volcreole.com).

Philémon et saint Paul

Les cartes décrivant le voyage de Tintin, méditerranéenne en 1976, asiatique en 1955, ressemblent à celle des voyages de saint Paul (Publication tintin belge 1976 - books.google.fr).

Voyages de saint Paul - laurent5380.ultra-book.com

Philémon est un ami fortuné de saint Paul, habitant Colosse en Phrygie, converti par saint Epaphras. Sa femme Appia (Appie, Apphia) suivit. Il est le destinataire d'une lettre, canonique, de saint Paul, au sujet d'un de ses esclaves, Onésime, qui l'avait volé, et qui s'enfuit à Rome où il fut converti par l'Apôtre, lequel le renvoya à son maître qui le pardonna et le réexpédia à Rome auprès de Paul.

Saint Paul, lors de son voyage vers Rome, fut pris dans une tempête provoquée par le vent Euroclydon (en grec) que la Vulgate traduit par Euro-Aquilon. L'Eurus est un vent d'Est selon Aristote (Météorologie), du Sud-Est selon d'autres. L'Aquilon est un vent du Nord-Est. Aussi Euro-Aquilon serait du Est-Nord-Est.

It was the first blast of what is now called a Levanter, a tempestuous wind (Greek, Typhonic, from which comes our word " typhoon " ), like a whirlwind or cyclone, called (in the Authorised Version) Euroclydon, from Euros, " east," and Clydon, a " wave", "an east wind raising great waves." The better reading is that of Revised Version, " Euraquilo," i. e., "between Euros, the east-south-east wind, and Aquilo, the north wind, or strictly north one-third east. hence the wind was east-north-east (Adolphus Frederick Schauffler, Select Notes on the International Sunday School Lessons, 1902 - books.google.fr).

Mr. Smith, of Jordanhill, supposes the Euroclydon to be the E.N.E. wind. "Euroclydon," he says, “is compounded of Eurus and Aquilo; Eurus meaning East, and Aquilo north-east. Hence E.N.E. (Henry Seddall, Malta: Past and Present: Being a History of Malta from the Days of the Phoenicians to the Present Time, 1870 - books.google.fr).

On peut relever que la direction donnée par le goniomètre, dans Le Lotus Bleu à la page 1, est ENE-ONO, soit l'une des directions possibles de l'Euro-Aquilon, et qui relie Inde et Chine.

De nombreuses discussions se sont élevées pour définir se vent. Euroclydon vient du grec eurus (est) et clydon (vague) et aurait bien poussé le navire de Paul vers Malte. On a dit que c'était un vent du Sud-est, qui aurait emporté vers l'île de Meleda, dans l'Adriatique comme le dit les Actes des apôtres, ancienne Melita (Marie Armand P. d'Avezac-Macaya, Îles de l'Afrique, Volume 4 de L'univers, Afrique, 1848 - books.google.fr).

The tempestuous wind Euroclydon, which shipwrecked the Apostle, was a violent easterly or north-north-east wind. It is called by Herodotus, Hellespontine, and was the same which shattered and dispersed the fleet of Xerxes. It is called by the mariners of the present day, a Levanter. The island of Malta was held by the Knights of St. John from 1530 to 1798, they having this island granted to them by Charles V in 1530, when they were expelled from Rhodes by the Turks. In 1798 it fell into the hands of the French, and soon after was taken by the British, and was confirmed to them by the treaty of Paris in 1814. It is a very strongly fortified island (A Classical Dictionary: Containing a Copious Account of All the Proper Names Mentioned in Ancient Authors, 1825 - books.google.fr).

Les incohérences du texte des Actes fait se souvenir que cette fin du texte biblique est fort ressemblant à l'Enéide de Virgile (La Croix d’Huriel et pierres noires : Le Sceau de Palaja et les 7 diacres - books.google.fr).

Les chevaliers des Malte sont de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, Jean Baptiste, le décapité dont un hymne a donné le nom des notes par l'entremise de Gui d'Arezzo, moyen identique au déchiffrage du code des trafiquants d'opium effectué par Tintin dans le Lotus Bleu.

Césaire Philémon rappelle, en citant le journal Excelsior, le procès du Nègre Jean Boucaux contre son maître, Verdelin, en 1738, pour des gages en retard. Le jugement fut enfin rendu, qui, s'appuyant sur un édit de 1687, relatif à l'esclavage, « dans les colonies d'outremer» déclara Jean Boucaux entièrement « libre de sa personne et de ses biens du jour où il avait mis les pieds sur le sol français et le resterait désormais ». Et c'est ce jugement (cela sans aucun doute) qui a servi de modèle aux législateurs de la Constituante, conclut le journaliste de l'« Excelsior » (Félix Hilaire Fortuné, La Rigoise au "Nouveau Monde": La rigoise, c’est le fouet en nerf de bœuf dont l’usage s’entend des matines à la brune du soir, 2014 - books.google.fr).

L'Épître de Paul à Philémon montre combien l'apôtre, de même que le philosophe, craignait d'être accusé d'attaquer l'institution sociale de l'esclavage. [...] Ainsi, quoique les biens des frères soient communs, les esclaves ne le sont pas; et Paul, qui pouvait dire à Philémon qu'il lui devait son initiation aux mystères, sa vie nouvelle, qui avait bien le droit, selon Jérôme, sans doute comme apôtre et chef de la fraternité, de garder auprès de lui pour le servir Onésime, le fruit de ses entrailles, ne veut rien faire sans l'assentiment du maître selon la chair de l'esclave fugitif. Bien plus, il engage sa parole, il engage sa signature, et promet de payer à Philémon le dommage que lui a causé son esclave Onésime. Il le supplie bien de le traiter comme un frère bien-aimé en Christ, mais il ne songe nullement à l'inviter à l'affranchir. Donc, en résumé, Paul, à qui toutes choses sont révélées, Paul qui est monté jusqu'au troisième ciel, admet en principe l'esclavage sur la terre, et n'entrevoit son abolition que dans le royaume de Dieu (Armand Rivière, L'Eglise et l'esclavage, 1864 - books.google.fr).

Les premiers siècles de notre ère n'ont pas montré beaucoup d'améliorations dans la situation des esclaves. Tantôt on rencontre des prescriptions indulgentes, tantôt des prescriptions rigoureuses à ce sujet. Sous les empereurs chrétiens il n'y avait pas une réelle amélioration dans leur situation. L'abolition de l'esclavage en sens juridique ne s'est réalisée qu'après dix-sept siècles (P.J. Verdam, Saint Paul et un serf fugitif, Symbolae ad jus et historiam antiquitatis pertinentes Julio Christiano van Oven dedicatae: (symbolae van Oven), 1946 - books.google.fr).

Certains pensent que l'épître à Philémon était "l'abolition de l'esclavage". Elle ne serait que l'affirmation de l'absence de différence entre les hommes en matière religieuse. Economiquement (le réel) n'est pas concerné. Les Stoïques avaient déjà propagé l'idée d'égalité naturelle de tous les hommes (et femmes) (comme Zénon de Cittium au IVème siècle AVANT Jésus Christ).

Selon Jean Chrysostome (bouche d'or), Dieu créa Adam et Eve également libres, nul esclave n'est destiné à leur service, pas plus qu'à celui d'Abel, de Seth et de Noë. Ainsi, dans l'origine, tous jouissaient d'une égale liberté. Mais le péché commis par Adam et transmis en héritage à ses descendants renferme, dans le nombre de ses tristes malédictions, l'incapacité où ils furent réduits à se gouverner et se diriger par euxmêmes. De cette impuissance naquirent trois espèces de servitudes: la femme assujettie à l'homme, un ou plusieurs hommes à un autre, une multitude à un seul. La première espèce de servitude est l'obéissance de la femme dans le mariage ; la seconde, la domination absolue du maître sur son esclave ; la troisième, la plus dure de toutes, celle du souverain sur ses sujets dans l'état: elle emporte avec elle la violence du glaive, les bourreaux, la peine de mort. Ce sont là des dispositions providentielles devenues nécessaires par la chute dans le péché, comme châtiments et tout à la fois comme moyens d'éducation. L'autorité des gouvernements est à juste raison assimilée à celle que le père exerce sur ses enfants. Un fils méprise-t-il l'amour et la bienveillance de celui qui lui a donné le jour, des maîtres sévères lui sont imposés! De même Dieu établit sur les hommes ingrats et rebelles des chefs et des princes chargés de les former, de les plier au devoir, de les rappeler à l'obéissance. L'ancien Testament prouve avec évidence que l'esclavage n'est qu'une conséquence du péché que nous subissons comme une peine. Cham manque de respect à son père, la malédiction tombe sur lui. « Chanaan sera l'esclave des esclaves de ses frères. » Si l'on demande pourquoi les fils de Cham portèrent le péché de leur père, et le genre humain celui d'Adam ; pourquoi tant d'esclaves qui n'offensèrent jamais leurs parents? Le saint docteur répond qu'il fait dériver l'esclavage de la culpabilité qui s'étend à tous les hommes et non de tel ou tel fait en particulier. Le péché est une servitude qui les engendre toutes. [...]

Mais Jésus-Christ nous ayant délivrés du péché, que devient l'esclavage parmi ses disciples ? Au sein de l'Église chrétienne, dit saint Chrysostôme, il n'y a point d'esclaves, selon l'ancienne acception du mot; le nom seul subsiste, la chose a cessé. En présence de la rédemption qui efface les suites du péché originel, la mort même a perdu ses terreurs, elle n'est plus qu'un passage à une vie meilleure, la mort n'est plus la mort, elle est un sommeil qui attend son réveil [la résurrection]. Ainsi tout chrétien n'est plus esclave, du moment qu'il n'est plus soumis au péché; régénéré, il entre dans une fraternité commune. Sous le règne de cet esprit si doux et si pur, tous ceux que la domination et la servitude rendaient ennemis, devenus frères, vivent unis par les liens les plus étroits (Le christianisme et l'esclavage, suivi d'un traité historique de Moehler sur le même sujet, 1841 - books.google.fr).

Pour illuster la tyranie des rois, notons un passage du livre biblique des Juges où interviennent l'olivier et le figuier.

Joatham [ou Jotham] (hébreu : achevé), le plus jeune des fils de Gédéon, qui s'échappa du carnage qu'Abimelech fit de 70. de ses frères, ayant appris que ceux de Sichem avoient établi Roi ce même Abimelech, monta fur le Mont-Garizim, d'où, il éleva sa voix, pour leur reprocher leur ingratitude envers la famille de Gédéon , qui les avoit garantis de la servitude des Madianites. Il usa du discours figuré des arbres d'une forêt, qui, pour s'élire un Roi, s'adressèrent d'abord à l'olivier, puis au figuier, & ensuite à la vigne, sans que ces arbres excellens voulussent accepter cette offre. Ils s'adressèrent enfin au buisson [épine], qui leur promit hardiment de les cacher sous son ombre. II finit en priant Dieu, de venger l'outrage qu'ils avoient fait a Gédéon, & de permettre, s'il désapprouvoit le choix d'Abimelech, que de ce buisson sortît un feu qui dévorât les Sichimites, & Abimelech lui-même : "si ergo recte et absque vitio egistis cum Hierobbaal et domo eius hodie laetamini in Abimelech et ille laetetur in vobis sin autem perverse egrediatur ignis ex eo et consumat habitatores Sychem et oppidum Mello egrediaturque ignis de viris Sychem et de oppido Mello et devoret Abimelech" (Jug. 9. 19. 20.). Cette malédiction eut son effet. Abimelech & les Sichimites furent cause de leur perte mutuelle , & Dieu détruisit l'ouvrage & les ouvriers d'iniquité par leurs propres mains. On apperçoit aisément le sens caché sous l'apologue de Joathan. L'olivier, le figuier & la vigne figuroient Gédéon & ses enfans, & le buisson représentoit Abimelech. Gédéon et ses enfans, images des bons Pasteurs, auroient pû faire la félicité des Israélites; mais, préférant les délices de la vie privée & d'une sainte retraite, aux dangers du gouvernement, ils n'avoient formé aucune intrigue pour y parvenir. Abimelech, au contraire, image des mauvais Pasteurs, qui n'envisagent dans les dignités ecclésiastiques que les honneurs & les revenus, avoit recherché la Royauté avec ardeur, l'avoit acceptée avec avidité, & régnoit en tyran (Abbé Pierre Barral, Dictionnaire portatif, historique, théologique, géographique, critique et moral de la Bible: pour servir d'introduction à la Science de l'Ecriture Sainte, Volume 1, 1760 - books.google.fr, www.biblegateway.com).

Kih-Oskh

Outre le jeu de mot que constitue le nom du Pharaon kih-Oskh, on peut reconnaître en ki le taureau et oskh le grand collier (pèlerine) nommé aujourd'hui ousekh.

Kie Hi Tôsch, taureau qui garde la frontière. L'idée de taureau est exprimée ici figurativement : je traduis cette expression idéographique par Ki, ou Kie, car c'est là le nom par lequel les textes égyptiens désignent habituellement le taureau (Traduction et analyse grammaticale des inscriptions sculptées sur l'obélisque égyptien de Paris, par F. Salvolini, 1837 - books.google.fr).

Le hiéroglyphe du taureau est un idéogramme signifiant « taureau », en égyptien ki (Anne-Marie Christin, Histoire de l'écriture: de l'idéogramme au multimédia, 2001 - books.google.fr).

Oskh, collier semi-circulaire ou pèlerine autour du cou (Louis Viardot, Les merveilles de la sculpture, 1869 - books.google.fr).

On trouve pour Oskh, "salle hypostyle" chez Jean-François Champollion, ou "faux" (outil) chez Ivan Aleksandrovich Gulyanov.

Large collier (son nom égyptien signifie « large » — wsh) qui vient reposer sur la poitrine du porteur. Il se termine par deux fermoirs plats au niveau des épaules, souvent décorés de figures de faucon. En dehors des représentations picturales, les colliers-ousekh sont constitués de perles de faïence, de pierres précieuses ou semi-précieuses, organisées en un réseau esthétique. Tout comme le collier-menat, le collier-ousekh est maintenu par un contrepoids qui retombe dans le dos du porteur (dico.egypte-antique.fr - Collier ousekh).

Le nom de khens appliqué à à l'ousekh dans la liste saïte d'amulettes, indique une assimilation du grand collier avec le taureau à deux têtes, et semble lui attribuer ainsi un sens magique nouveau et en faire un symbole de résurrection; [...] Cette assimilation provient sans doute simplement des deux têtes de faucon servant de pièces d'attache, qui rappellent en une certaine mesure le double taureau, le double lion, le double sphinx, amulettes qui toutes représentent l'autre monde, où s'élabore la résurrection des dieux et des (Gustave Jéquier, Les frises d'objects des sarcophages du moyen empire, 1921 - books.google.fr).

A la page 7 des Cigares du Pharaon, lorsque Tintin descend les escaliers du tombeau de Kih-Oskh, les fresques sur un des murs comportent une femme portant deux oiseaux (colombes ?) et, à la case en-dessous, une paire de boeufs ou de vaches qui peut représenter le double taureau dont parle Gustave Jéquier ci-dessus.

Page 9, dans les visions halucinatoires causées par un gaz soporifique, Tintin voit les deux Dupondt portent un large collier qui pourrait être un ousekh, arboré aussi par Rastapopoulos dans les mêmes visions. Rastapopoulos fait montre de totale duplicité, Tintin va jusqu'à l'appeler "notre ami" à la page 22.

Cigares et cocaïne

Le mot cigare vient du mot espagnol « cigarro », mot lui-même d'étymologie incertaine, qui pourrait venir du maya « zicar » (« fumer ») ou de l'espagnol « cigarra » (cigarrales : cigales).

Le mot tabac, désignant à l'origine, pour les Européens, à la fois la plante et le cigare confectionné avec ses feuilles, vient de l'espagnol tabaco, lui-même emprunté à un mot arawak désignant une sorte de pipe, un instrument à deux tuyaux. Il est attesté sous sa forme espagnole depuis la première moitié du XVIe siècle (fr.wikipedia.org - Cigare, fr.wikipedia.org - Tabac).

On ne quitte pas les Amériques avec la cocaïne, déposée dans un tiroir de la commode de la cabine de Tintin sur le paquebot qui a accosté à Port-Saïd, page 5.

Cela est étonnant quand on sait que l'on a retrouvé des traces de coca dans certaines momies, mais dans les années 1990. Le cas de la momie de Ramsès II, considérée comme authentique, la présence d'une plante appartenant au genre Nicotiana L. uniformément répartie dans tous les prélèvements et jusque dans les endroits les plus inaccessibles de la momie exclut l'hypothèse d’une supercherie. (fr.wikipedia.org - Drogue dans l'Egypte antique).

En Afrique il existe même une espèce, Nicotiana africanum, découverte en 1975 dans le désert de Namibie. Oui, la Namibie se situe à plus de 5000 km de l’Égypte, mais il n’est pas impossible que cette espèce ait pu existé plus près des Égyptiens (www.pharaon-magazine.com - Drogue ou pas drogue dans les momies égyptiennes).

Dans le cas de la nicotine, Egyptian mummies and modern science, dirigé par A. Rosalie David, reprend et développe l'hypothèse d'une absorption alimentaire, probablement, d'après lui, par le biais du céleri (Apium graveolens) dont on sait qu'il était connu des Egyptiens.

Pour le cas de la cocaïne, il précise que les quantités trouvées par Balabanova sont très inférieures à ce qu'on trouve dans les momies d'Amérique du sud, et à la limite du seuil de détection de l'époque de l'étude de Balabanova ; qu'aucune des momies testées dans le cadre du travail de l'équipe de Manchester ne présentait de cocaïne (Irna, La révélation des Pyramides et civilisations englouties, 14/05/2013 - www.zetetique.fr).

Mais voici une intervention où les effets de la cocaïne sont plus appréciables encore, car la contre-épreuve a, pour ainsi dire, été faite. Un malade nous est confié par M. Chauffard, pour une caverne que l'on supposait consécutive à une pleurésie interlobaire. L'affaiblissement était tel qu'on redoutait, pendant le sommeil chloroformique, la réplétion des bronches par les mucosités abondantes que le patient, sous peine d'asphyxie, devait expectorer d'une rhanière incessante. Je pratique, sous la cocaïne, une incision sur l'angle de l'omoplate dont je résèque l'extrémité, je dénude une côte que j'enlève dans une étendue de 8 centimètres; j'arrive sur la plèvre épaissie que j'ouvre et sur le tissu pulmonaire induré où je plonge la lame du thermocautère ; après avoir cheminé à travers le parenchyme sclérosé à une profondeur de 5 centimètres, j'ouvre enfin la caverne d'où fait irruption une quantité énorme de liquide purulent.

Ce fut une véritable résurrection : le malade, en un mois, regagna onze livres et perdit sa mine terreuse; il se levait et les forces revenaient, mais la caverne ne se comblait pas et le doigt, enfoncé dans la brèche, ne sentait en aucun point les limites de la cavité : les sécrétions en sortaient avec abondance, et l'amélioration devait être de courte durée : peu à peu l'appétit diminua, l'aoïaigrissement reparut et je craignais de perdre le bénéfice de mon intervention ; aussi me décidai- je à pratiquer l'opération d'Estlander pour rapprocher les deux parois de la caverne et favoriser leur coalescence. Mais ici le chloroforme était indispensable, car je ne pouvais, sous la cocaïne, enlever sept côtes. On donna donc le chloroforme : l'opération se fit en vingt-neuf minutes, sans perte de sang appréciable, mais l'opéré n'en mourait pas moins au bout de deux heures avec des phénomènes d'asphyxie. A l'autopsie, on trouva qu'il s'agissait, non d'une pleurésie interlobaire, mais d'une dilatation bronchique, et que la mort était due à l'accumulation des sécrétions des bronches dans le poumon sain. Pendant le sommeil chloroformique, l'expectoration n'avait pu se faire et l'asphyxie en avait été la conséquence. Lors de notre première intervention, la cocaïne avait conjuré cet accident.

A ces avantages, sur la valeur desquels il n'est pas besoin d'insister, j'en ajouterai quelques autres. Et d'abord on évite la perte de temps. Toute chloroformisation a une durée de quinze à vingt-cinq minutes. Il n'en faut pas quatre pour les injections de cocaïne les plus compliquées, pour une dilatation anale, par exemple, avec excision de bourrelets hémorrhoïdaires (Jean Jacques Paul Reclus (1847-1914), La cocaïne en chirurgie (1895) - archive.org).

Les Incas avaient plus de respect pour leurs morts, et sans doute aussi plus de confiance en la résurrection, quand ils les ensevelissaient dans des terres meubles soigneusement préparées, en compagnie d'une certaine provision de maïs, de coca et de chicha, en quantité bien mesquine sans doute, pour attendre cette vie future. Mais du moins ils avaient la consolation de pouvoir se présenter, en chair et en os, au jugement dernier, au grand désappointement de leurs conquérants, qui ne s'occupaient pas de ce détail. De cette manière, leurs morts ne tuaient pas les vivants (M. C. Tasset, D. M. P., à Lima (Pérou), Le typhus et la fièvre jaune, Le Moniteur scientifique - Quesneville, Juin 1872 - books.google.fr).

Car tout a été réglé ici pour faire la route posthume vers le lac éternel ; après une halte passagère, les momies reprendront autour d'elles les armes ou les joujoux, le peigne ou le pot de rouge pour la toilette de la résurrection. Le premier repas sera accompli avec le maïs violet et ces feuilles de coca entourant la momie, délice et délivrance pour réparer tout à coup la trop longue fatigue de cette inaction qu'on appelle la mort (Ventura Garcia-Calderon, Chasca, Poésie 46, Numéro 29, 1946 - books.google.fr).

Oliveira da Figueira : olivier et figuier

La proximité du marchand portugais avec les tribus arabes auxquelles il vend toutes sortes de marchandises, invite à regarder son nom avec les yeux du Coran :

Quel est donc ce prédicateur qui ridiculise les idoles de la Ka'ba; qui annonce l'existence d'un Dieu Unique, la résurrection des corps, la récompense et le châtiment éternel; qui jure par le Mont Sinaï, par l'olivier et le figuier, les deux arbres du bonheur terrestre dans l'Ancien Testament ? voir le serment de la sourate 95, 1 , 2 qui rappelle que l'homme a été créé : "Par le figuier et l'olivier, par le mont Sinaï et par cette cité sûre !" (Hanna Zakarias, Voici le vrai Mohammed et le faux Coran, 1960 - books.google.fr).

L'olivier au sommet du Sinaï mystique symbolise l'Ame de l'âme, c'est-à-dire le soi absolu au cœur de chacun, l'Imâm, alors que le Sinaï est l'âme elle-même.

Cet olivier devient l'arbre croissant au sommet d'un Sinaï mystique qui est la personne même du spirituel reproduisant le cas de Moïse; l'olivier est alors le symbole de l'Imâm comme étant cette Ame de l'âme qui est l'Aimé éternel de l'âme (Henry Corbin, En Islam iranien: Le shî'isme duodécimain, 1972 - books.google.fr).

La résurrection proclamée, c'est le surgissement de l'Imâm, dont la réalité spirituelle l'emporte sur toute descendance ou filiation charnelle. Dans la ligne « mystique », illustrée par exemple par Shabistâri, on peut dire que la sphère de de l'Imâma est ouverte aux initiés. Ils s'élancent de la « caverne » ou de l'« arche », qui est l'appel (da'wa) à l'initiation ismâ'îlienne, pour entreprendre par par une « métamorphose intérieure » l'ascension du « Sinaï mystique, au sommet duquel se dresse l'Olivier béni, l'Imâm » (Louis Gardet, Les hommes de l'Islam: approche des mentalités, 1994 - books.google.fr).

Résurrection et olivier sont cités dans la Sourate 23 (16 et 20).

La loi funéraire islamique lie le figuier au rites mortuaires :

Enfin ils prièrent Dieu de les couvrir, et ils approchèrent une seconde fois du figuier. L'arbre s’agita d'abord pour Adam; trois feuilles tombèrent; Adam s'en couvrit. Le figuier s’agita ensuite pour Eve; cinq feuilles tombèrent; Eve s'en couvrit. C'est pour se conformer a ce fait que la loi funéraire islamique dit : « L'homme mort sera enveloppé à trois tours dans son suaire; et la femme y sera enveloppée a cinq tours. » (Perron, Légendes orientales, La Revue indépendante, 1842 - books.google.fr).

Saint Jacques

Dans la malle où débordent les accessoires vendus par Oliveira, page 13, se tyrouve un portrait de profil d'un personnage à la barbe en collier portant chapeau au devant relevé, comme un chapeau de marin, mais plutôt comme celui d'un pèlerin de saint Jacques.

Les Cigares du Pharaon, page 13

Le chapeau de feutre ou de cuir, retenu par une jugulaire, complète la tenue du pèlerin. Sa forme a varié : au début, une sorte de bonnet comme on peut le voir sur la représentation de Saint Jacques trouvée a Pardies, puis un chapeau a bords rabattus et enfin, à partir du 15ème siècle, un chapeau rond à larges bords relevés par devant (Les origines des pélerinages, des histoires de Saints et de reliques, Le pèlerin n°2, 21/12/2013 - comeniusrbopen.jimdo.com).

Jacquaires - Jost Amman and Hans Sachs, Eygentliche Beschreibung aller Stände auff Erden, hoher und nidriger, geistlicher und weltlicher, aller Künsten, Handwercken und Händeln - Frankfurt am Main, 1568 - www.kath-usingerland.de

Le roi Sanche II (8 septembre 1207, Coimbra - 4 janvier 1248, Tolède), roi du Portugal, descendant de Henri de Bourgogne, conquit de nouveaux terrtioires sur les Maures avec l'aide des chevaliers de Saint Jacques auxquels il donna quelques forteresses (Heinrich Schäfer, Manuel Francisco de Barros e Sousa Santarém, Histoire de Portugal: depuis sa séperation de la Castille jusqu'à nos jours, Volume 1, traduit par Henri Soulange-Bodin, 1840 - books.google.fr).

Henri de Bourgogne, comte de Portugal, était parent par alliance (congermanus) de Raymond, comte de Bourgogne, frère de Eudes Ier Borrel (1058-1102), duc de Bourgogne époux de Sibylle (1065-1103), soeur de Raymond et de Gui, élu pape sous le nom de Callixte II, auteur, selon la légénde, du Livre de Saint Jacques (Codex Calixtinus). Il contribue à faire de Saint-Jacques-de-Compostelle une ville sainte du même ordre que Jérusalem et Rome (fr.wikipedia.org - Etiennette de Bourgogne, fr.wikipedia.org - Calixte II).

L’Epître de Jacques, à propos de laquelle les exégètes ont beaucoup hésité, tend aujourd’hui à être attribuée à un autre Jacques que le Majeur ou le Mineur. Mais au Moyen Age elle est attribuée souvent au Majeur, même à Compostelle qui, dès le XIIe siècle, en fait l’épître de sa messe vigile de Saint-Jacques, le 24 juillet. Au VIIIe siècle déjà, un texte traitant de la vie des apôtres et des Pères de l’Eglise Naissance et Mort des Pères rapportait sans ambiguité :

Jacques, fils de Zébédée, frère de Jean, quatrième dans l’ordre, écrivit aux douze tribus qui sont dispersées parmi les Gentils ; il prêcha l’Évangile en Espagne et dans les contrées occidentales et versa la lumière de la prédication au coucher du monde. Il fut décapité sous Hérode le tétrarque et enseveli en «Marmarique.» (www.saint-jacques.info - Quel Jacques).

La formule de 1,1 est polysémique. Elle peut signifier : «Jacques, esclave de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ » ou « Jacques, esclave de Jésus-Christ, Dieu et Seigneur ». Dans la première interprétation, la présentation est tout à fait traditionnelle, par rapport aux prescripts néotestamentaires. Quelques minuscules tardifs (notamment 429, 614, 630), précisent d'ailleurs "theou" par "patros" : « Dieu le Père ». Il s'agit d'une glose secondaire produisant une lectio facilior. La seconde traduction fait ressortir, quant à elle, l'intention d'une christologie nettement affirmée.

Moo commente ainsi : « En se nommant serviteur (doulos, litt. “esclave”), Jacques indique qu'il considère sa position comme étant celle d'un humble service auprès de son maître, le Seigneur Jésus. Mais cette position lui confère aussi une une certaine autorité, liée au maître si majestueux qu'il sert et représente. Dans l'AT, les titres “serviteurs de Dieu”, “serviteur du Seigneur”, “mon serviteur”, étaient employés fréquemment pour Moïse (Dt 34,5; Dn 9,11), David (Jr 33,21 ; Ez 37,25), Israël (ES 41,8; passim) et d'autres qui furent chargés d'une mission particulière de la part de Dieu » (Jacqueline Assaël, Élian Cuvillier, L'épître de Jacques, 2013 - books.google.fr).

En 1516, alors qu'il édite les textes de Jérôme, il constate que ni les manuscrits grecs qu'il a consultés, ni les latins n'attribuent l'épître à l'apôtre Jacques qu'il étudie dans son ouvrage Linga.

Érasme pointe ici ce que certains de nos analystes du langage appellent aujourd'hui sa dérive totalitaire : possédant en lui- même une force de fascination quasiment irrépressible, il est une arme redoutable pour les grands manieurs de mots.

Tout se passe dans le monde, parmi les hommes à qui Dieu a donné une langue. De celle-ci, deux manières de se servir s'affrontent dans un combat dur et incessant. Dans un camp, se trouvent les bons utilisateurs de la langue : il y a ceux qui veillent scrupuleusement à bien adapter leur parole au sujet, aux circonstances, au lieu et aux personnes, et ceux aussi qui savent comment donner aux mots la plus grande plénitude de sens possible. [...] Face à ceux-ci, qui utilisent une bona lingua, se dresse l'autre camp des adversaires, qui ne montrent qu'une mala lingua. Ce sont les bavards, dont la maladie est si grave que « les disciplines libérales, pour ce qui en reste, ont dégénéré de leur simplicité première en même temps que les mœurs des hommes parce que, rendues plus bavardes, elles sont devenues moins pures ». La perte de la pureté originelle provoque donc une dégénérescence. Dès lors peu importe à ce malade de trahir tout secret qui lui a été confié, puisuqe la trahison fait partie de sa nature. [...] La violence des coups portés par les malicieux est si terrible qu'ils ne laissent derrière eux que champs de ruine. Et c'est le monde entier qui risque ainsi de se perdre, car les hommes ont trouvé tant d'avantages dans les abus de leur langue qu'ils ne sont pas prêts à vouloir y renoncer. [...] Si donc l'on veut sortir de cette tragédie, si l'on veut retrouver la vérité de la vie, bref si l'on veut gagner la bataille, il faut à tout prix opposer à cette maladie la vaillance de deux forces impossibles à altérer : le silence et le langage parfait de Dieu (Jean-Paul Gillet, Introduction, La langue de Desiderius Erasmus, 2002 - books.google.fr).

Après qu'un des bédouins a mangé du savon vendu par Oliveira da Figueira, se lavant la bouche et épurant sa langue (page 14), le lendemain, Tintin se retrouve dans le désert et s'exclame : "Quel calme, quel repos, quel silence", page 15.

Oliveira da Figueira est lui aussi un grand manieur de mots ("C'est de l'efficience", dit-il page 14), et manifeste la puissance de la langue.

Cette langue divine, accessible aux hommes par les Textes sacrés et par l'imitation du Christ, dont la pure Présence dans les mots manifeste l'efficacité originelle de la langue, cette langue divine est la référence inaltérable à laquelle le langage doit se rapporter pour éviter la déperdition. [...] Le langage parfait de Dieu se caractérise par sa rareté (rarissime) et sa brièveté (compendium), qui lui confèrent le plus de vérité (verissima) et d'efficacité (efficacissima) : p. 171 ; 175 (où il est question du thème traditionnel de la parole comme miroir de l'esprit) (Jean-Paul Gillet, Introduction, La langue de Desiderius Erasmus, 2002 - books.google.fr).

Autour de la figure du Christ se forme ainsi une chaîne sémantique synonymique comprenant : silence, concision, vérité, efficacité. Voir L B 696 (« Coniunxit silentii fidem cum breviloquentia, cum utroque summam et efficacem veritatem ».) (Jean-Paul Gillet, Introduction, La langue de Desiderius Erasmus, 2002 - books.google.fr).

Énergie est synonyme d'efficacité : étymologiquement, enegeice (terme aristotélicien : cf. Rhet. III, 1 1, 2-4)) et « efficacitas » expriment ce qui pousse, par soi-même, à l'action en donnant force à ce qui est signifié. Nous retrouvons ici la chaîne sémantique souvent rencontrée : vérité, simplicité, efficacité (Jean-Paul Gillet, Introduction, La langue de Desiderius Erasmus, 2002 - books.google.fr).

Le terme "efficient" est utilisé au sujet du verset 21 de l'épître de Jacques :

La sotériologie jacobienne se donne ici à entendre de manière forte dans ce verset : la Parole a la puissance de sauver nos vies ! Théologie de la Parole (proche du quatrième évangile). Etre « poète de la Parole », ce n'est pas être sur le registre de la causalité (« tu as entendu, donc tu dois »), mais de l'efficience : la Parole a de l'effet ou elle n'est tout simplement pas (« que ta parole ne revienne pas à toi sans effet »). La parole « efficiente » est différente de la parole performative (dont l'élément narcissique est fondamental : le pouvoir de la parole est alors lié à la fonction que j'occupe : « la séance est levée »). La parole « efficiente » touche celui qui la reçoit, elle a des effets de vie, elle fait sortir l'auditeur de sa place d'auditeur pour le faire participer à la dimension créatrice de la Parole. Logos = ëpyov (cf. v. 25 //poète de la Parole/poète d'une oeuvre) (Jacqueline Assaël, Élian Cuvillier, L'épître de Jacques, 2013 - books.google.fr, Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel : Elle voulait qu’on l’appelle Venise : la Licorne et le Trésor de Rackham le rouge, Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Philolaos, les Bergers d’Arcadie et le cube - books.google.fr).

3. Voyez les chevaux: Nous mettons des freins dans leur bouche pour les contraindre à nous obéir, et par ce moyen nous fléchissons tout leur corps à notre gré. 4. Voyez encore les vaisseaux, dont la masse est si forte et que battent des vents si violents; ils sont conduits par un tout petit gouvernail, partout où la puissante volonté du pilote le commande. 5. De même la langue, membre faible et petit, déploie une puissance extraordinaire. Voyez ! quel vaste incendie une petite flamme peut allumer. 6. La langue aussi est un feu, un monde d'iniquité. La langue est placée parmi nos membres, de manière à souiller tout notre être et à enflammer tout le cours de notre vie, étant elle-même enflammée par l'enfer. 7. Toutes les espèces de quadrupèdes et d'oiseaux, de reptiles et d'habitants des mers ont été domptées par la race humaine, et restent soumises à son empire. 8. Mais quant à la langue, aucun homme ne peut en devenir maître ! C'est un mal indomptable ! Elle est pleine d'un venin mortel ! 9. Par elle nous bénissons le Dieu et le père des hommeS; et par elle nous maudissons ces mêm hommes, formés à l'image de Dieu. 10. De la même bouche sort la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, que les choses se passent ainsi. 11. Est-ce que la source fait jaillir le doux et l'amer par la même ouverture ? 12. Est-ce qu'un figuier, mes frères, peut donner des olives, ou une vigne des figues ? De même une source amère ne peut donner de l'eau douce. (Epître de Jacques, chapitre III, 3-12).

Selon Friedrich Heinrich Kern (Der Brief Jakobi untersucht und erklärt, Tübingen, 1838), "une impossibilité morale est ce qui se contredit soi -même dans les lois de l'ordre universel, et cette impossibilité morale est développée ici sous l'image d'une impossibilité physique. Il n'est pas plus possible au cœur de réunir la bénédiction envers Dieu à la malédiction envers les hommes, qu'à une source de faire jaillir à la fois de l'eau douce et de l'eau salée, qu'à un figuier de produire des olives, qu'à un olivier de produire des figues." Ces deux comparaisons ont la couleur locale de la Palestine, abondante, comme on sait, en oliviers, en figuiers et en vignes, et où le voyageur retrouve fréquemment des sources amères et salées, surtout près de la Mer Morte, et le long des deux rives du Jourdain (Jacob Élisée Cellérier, Étude et commentaire sur l'Épitre de st. Jacques, 1850 - books.google.fr).

Esclaves

C'est à la page 14, que l'on peut avoir une idée d'une allusion à l'esclavage, lorsque deux noirs portent l'attirail d'Oliveira du bateau à terre. Ils ne sont habillés que d'un pagne. L'esclavagisme pratiqué par les Arabes sera attaqué de front dans Coke en stock, le 19e album de bande dessinée des Aventures de Tintin, conçu par Hergé et paru en 1958, vingt ans après.

Et lorsque notre Seigneur et Sauveur lui-même instruisait la foi de ses disciples en les interrogeant : « Qui les hommes disent-ils que je suis, moi le fils de l'homme? », ils lui rapportèrent les diverses opinions des autres. « Mais vous, dit-il, qui dites-vous que je suis? », moi, qui suis le fils de l'homme et que vous voyez en forme d'esclave et dans la vérité de la chair, qui dites-vous que je suis? alors le bienheureux Pierre, divinement inspiré, et pour être utile à toutes les nations par sa confession, lui dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Et ce n'est pas sans raison qu'il fut proclamé bienheureux par le Seigneur, et que de la Pierre principale il tira la solidité de son pouvoir et de son nom, lui qui, par révélation du Père, a confessé que le même est Fils de Dieu et Christ (Gregor Emmenegger, Lettre du pape Léon le Grand au patriarche Flavien de Constantinople, Florilège de la littérature patristique, 2012 - books.google.fr).

Mais Pierre qui déjà avait confessé qu'il était le Fils du Dieu vivant craignit qu'il ne mourût comme Fils de l'homme. Il était Fils de Dieu et Fils de l'homme : Fils de Dieu, en condition de Dieu, égal au Père ; Fils de l'homme, en cette condition d'esclave, par laquelle il est moindre que le Père. Il devait venir à la Passion, essentiellement en vertu de sa condition d'esclave ; pourquoi Pierre a-t-il craint que dans la condition d'esclave ne périsse la condition de Dieu, et n'a-t-il pas plutôt pressenti qu'en vertu de la condition de Dieu, la condition d'esclave revivrait ?" (Augustin, Enarrr. in ps. 138,22).

Le Christ jugera in forma servi, afin de pouvoir apparaître à tous (en effet, les méchants ne pourront voir sa divinité). Mais puisqu'il sera ainsi revêtu de sa forme humaine, sera-ce son apparence de gloire ou la forme douloureuse qu'il eut pendant la Passion ? Certains pensent que les méchants le verront tel qu'ils l'ont crucifié. La doctrine authentique est qu'il jugera dans sa forme glorieuse, paraissant terrible aux impies et doux aux justes. Cette dernière expression figurait déjà dans les Sentences d'Isidore de Séville (Gilbert Dahan, Le Jugement dernier vu par les commentateurs des Sentences, De l'art comme mystagogie: iconographie du Jugement dernier et des fins dernières à l'époque gothique : actes du Colloque de la Fondation Hardt tenu à Genève du 13 au 16 février 1994, 1996 - books.google.fr, La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre II - Ps. 63, La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).

Beh behr

En fait le nom qui apparaît dans la première moutûre des Cigares est Bah Bahr.

Ainsi, dans Les Cigares du Pharaon, après que Tintin a échappé (une fois encore) aux Dupond-Dupont dans le désert, le héros d’Hergé arrive à La Mecque. Dans la version ultérieure, il arrive dans « une ville ». Pénétrant dans la cité, il apprend qu’un sheik a été attaqué par deux hommes de la tribu des Chammba (la tribu des Bouaras dans la version moderne), peu après il est enrôlé de force dans l’armée sous le pseudonyme de Bah-Bahr. Qui deviendra « Beh-Behr » dans la version de 1955. Sans compter de nombreuses « coupes » dans certaines scènes de l'album (Dominique Bry, Des nouvelles de Tintin, 20 septembre 2010 - books.google.fr).

Peut-on écarté une homophonie avec Babar l'éléphant, création de Jean de Brunhoff en 1930, qui avait déjà du succès en 1934 lors de la parution des Cigares ? D'autant que Tintin, page 26, a des problèmes de mémoire et ne se souvient plus du nom qu'il s'est donné. On trouve trace de ce que l'on appelle "mémoire d'éléphant" en 1830 dans le Niles' Weekly Register, Volume 39, p. 173.

Dans le Dictionnaire des idées reçues, Flaubert, dont la mémoire était prodigieuse, écrit : "ÉLÉPHANTS : Se distinguent par leur mémoire, et adorent le soleil."

Jetons un coup d'œil sur la vie de Flaubert. Il eut de bonne heure, un goût très vif pour la littérature. Il n'y a qu'à ouvrir le premier volume de sa correspondance pour s'en convaincre. A l'âge de neuf ans, il écrit à son camarade, Ernest Chevalier : « Je t'enverrai aussi de mes comédies. Si tu veux nous associer pour écrire, moi j'écrirai des comédies et tu écriras tes rêves... » Un mois plus tard, il écrit encore : « Je te réponds poste par poste. Je t'avais dit que je ferais des pièces, mais non je ferai des romans que j'ai dans la tête, qui sont la Belle Andalouse, le Bal masqué, Cardénio, Dorothée, la Mauresque, le Curieux impertinent, le Mari prudent. J'ai rangé le billard et les coulisses. Il y a dans mes proverbes dramatiques plusieurs pièces que nous pouvons jouer... » Les titres cités par l'enfant surprennent. Ils semblent annoncer des lectures au-dessus de son âge — romantiques plutôt. Le Curieux impertinent, le Mari prudent seraient, toutefois, plutôt classiques. Mais que signifiait dans cette imagination d'enfant un mari prudent ? Au collège, Flaubert fut un écolier médiocre. Il manquait de discipline, il critiquait ses professeurs et, comme dit Mme Commanville-Grout, sa nièce, les premiers prix lui échappaient, sauf en histoire où il fut toujours le premier. En philosophie, il se distingua; mais il ne comprit jamais rien aux mathématiques. Il avait des amis très fidèles, qu'il charmait par son éloquence, son enthousiasme, sa gaieté pleine de verve, et qui l'aimaient aussi pour sa générosité.

Comme Chateaubriand, il était doué d'une mémoire puissante ; je crois qu'il a dit de lui-même qu'il avait une mémoire d'éléphant. Non seulement il retenait bien les choses apprises, surtout historiques et littéraires, mais il n'oubliait ni les injures ni les bienfaits. Ainsi, dit sa nièce, il conservait pour son professeur d'histoire Chéruel, une grande reconnaissance et haïssait certain pion qui, pendant l'étude, l'avait empêché de lire ses livres favoris. Il ne fut pas heureux au collège. Ennemi de la discipline, il s'irritait de telles vétilles comme d'être contraint de se mettre en rang pour passer d'une classe à une autre. Dans l'institution où il étudiait, on avait des habitudes assez militaires, et l'on employait le tambour, ce qui exaspérait l'enfant (J.H. Rosny Aîné, Gustave Flaubert, Revue belge, Volume 4, J. Goemaere, 1929 - books.google.fr).

Babar (chez Voltaire ou Babur, Baber), petit-fils de Tamerlan par son père et descendant de Gengis Khan par sa mère, qui forma véritablement l'empire Mogol dans les Indes, fait le lien aussi avec la suite des aventures de Tintin au Rawhajpoutalah qui peut être une déformation de "rajput". Son nom est Zahir ud-din Muhammad, mais il reçoit le surnom de Bâbur, signifiant « tigre ». Un tigre intervient à la page 51 et Tintin le maîtrise facilement en sauvant la vie du maharadjah. En 1498, Babar est même chassé de son propre royaume et, pendant plusieurs années, il vit comme un fugitif, suivi de quelques centaines de partisans à la recherche d'un territoire. A la tête d’une tribu guerrière d’Asie Centrale déferlant d’Afghanistan après la prise de Kaboul, en 1504, Babur, bat Ibrahim Lodi, le sultan qui régnait sur Delhi. Il s’empare de Delhi et d’Agra puis de la plaine du Gange, et fonde la dynastie Moghol en 1526, mais son règne ne dure que 4 ans.

Au nord de l'Inde, la confédération Rajput subsistait commeun îlot hindouiste dans un environnement entièrement musulman, repliée sur les plateaux arides au sud du Gange. Ce dernier bastion défendait farouchement son indépendance et identité à l'image de ses guerriers redoutés. Au début du XVIe siècle, les Rajput étaient organisés en petites principautés, au sein desquelles les rajahs du Marwar (Jodhpur) et du Mewar (Udaipur) jouaient un rôle dominant. La confédération Rajput commença à reculer après la victoire du Moghol Babur à la bataille de Kanua en 1527. Dans les années qui suivirent, les Rajput subirent les attaques des Moghols, des Afghans de l'Est de l'Hindoustan et du sultan du Gujarat et leurs États furent progressivement annexés par l'Empire moghol (Jean-Michel Sallman, Géopolitique du XVIe siècle (1490-1618), 2003 - books.google.fr, dp.mariottini.free.fr - Empire moghol).

La grande tribu des Bâ Bahr [de la péninsule arabique] sont aussi des descendants des Kindah.

Les Kindah seraient, d'après Yacqoûbî, aussi originaires du Sud [de la péninsule arabique], où ils étaient en guerre avec Hadramoût. Voyant qu'ils ne pouvaient lui tenir tête, ils auraient émigré au pays de Macadd'), dont ils devenaient les gîrân. Ils eurent alors des rois puissants, qui étendirent leur pouvoir jusqu'à el-Hîrah. Selon Hamdânî Gézîrah, 30.000 Kindites auraient émigré d'el-Bahreyn, d'el-Musâqqar et de Ramr dî Kindah en Hadramoût, où ils acquirent un grand pouvoir et un grand prestige. Leur délégation romanesque auprès de Mohammed est suffisamment connue (Carlo Landberg, La langue arabe et ses dialectes, 1905 - 193.194.83.98).

Il apparaît que le judaïsme a probablement été la religion dominante dans l'aristocratie kindite du Yémen à la veille de l'Islam. Mais cette observation ne concerne pas les Kindites qui se sont mis au service de la Perse ou de Byzance. Quant aux simples membres de la tribu, s'ils ont sans doute été influencés par l'exemple de leurs princes, il ne semble pas qu'ils se soient convertis collectivement. Dans l'Arabie préislamique, la religion reste une affaire personnelle (Christian Julien Robin, Les religions pratiquées par les membres de la tribu de Kinda (Arabie) à la veille de l'Islam, 2013 - books.google.fr).

Nous savons également que les Kindites ont apostasié l'Islam après la mort du Prophète et que le gouverneur du calife Abu Bakr les a assiégés dans al-Najîr et réduits à la soumission, après en avoir tué un grand nombre; il a en outre délégué auprès d'Abû Bakr un groupe dans lequel se trouvait al-Ach'ath ibn Qays; celui-ci s'était repenti et converti à nouveau avant de devenir le beau-frère d'Abû Bakr dont il épousera la sœur Umm Farwa (Taha Husayn, Au delà du Nil, traduit par Jacques Berque, 1977 - books.google.fr).

Le sergent malmenant Tintin dans la ville arabe et l'enrôlant de force dans l'armée s'appelle Ibn Abou-Bekhr, en 1955, et Ibn Nedjd-Bekhr en 1934. Correction ou précision ?

Abû Bakr, premier calife et successuer de Mahomet, réussit à étendre son autorité sur le plateau central du Nadjd, le Hadramawt et l'Oman, ainsi que sur le Hasâ en bordure du golfe Persique. A la fin de son règne, les contingents arabes avaient pénétré déjà fort avant dans la steppe syro-mésopotamienne (De l'Antiquité au monde médiéval, 1972, p. 209).

Abou Bakr purgea les alentours de Médine de tous les apostats par le sabre. Les tribus vaincues rentrèrent rapidement dans le rang, en payant l'impôt musulman. Une fois Médine en sécurité, Abou Bakr mobilisa les musulmans. Il organisa plusieurs corps de troupes composés d'Ansâr et de Qurayshites pour les lancer dans une guerre totale contre les apostats jusqu'à ce qu'ils reviennent dans l'islam ou soient tués. Les partisans de Toulayha dans le Nedjd furent vaincus par Khâlid ibn al-Wâlid lors d'une bataille qui vit leur chef s'enfuir pour la Syrie. Cette victoire entraîna le ralliement à l'islam des tribus révoltées. Khâlîd rechercha les membres des tribus qui s'étaient mis hors de l'islam et les menaça de mort, ce qui les fit rapidement rentrer dans le droit chemin. Ceux qui persévérèrent dans l'apostasie furent exécutés. Quant à Toulayha, il réintégra l'islam un an plus tard. Ensuite, Khâlîd entreprit de réduire les apostats des Ghatafân dirigés par Selma, dont le frère avait été tué par les musulmans lors d'une expédition sur Médine du vivant de Mahomet. Khâlîd engagea une bataille contre elle et ses troupes. Il la tua de sa main ce qui lui assura la victoire. Il fit tuer Mâlik, chef des Benî-Temîn, bien que revenu à l'islam, afin de pouvoir épouser la veuve de ce dernier ce qui provoqua quelque remous à Médine. Les troupes de Iyâs furent vaincues elles aussi et leur chef brûlé vif, à Médine, sur l'ordre d'Abou Bakr. La « prophétesse » Sadjâh parvint à rassembler des troupes et à se diriger vers le Hedjaz où elle vainquit quelques tribus et, rassemblant tous ses alliés, se dirigea sur la Yamâma pour joindre le « prophète » Moussaïlima. Selon la tradition ils se marièrent puis elle repartit comme elle était venue (Louis Chagnon, La conquête musulmane de l'Égypte (639-646), 2008 - books.google.fr).

Ce sont les Banu Kinda qui ont apporté les premières traditions sédentaires en Arabie centrale. Ils ont favorisé le processus de christianisation de la région et ont répandu l'usage de l'écrit. Beaucoup se rallièrent à l'Islam à l'occasion de l'année des députations. Ils participèrent néanmoins à la Ridda, furent défaits, et rejoignirent en masse l'armée islamique où beaucoup s'illustrèrent à l'époque des Califes Bien Guidés et des Omeyyades (ainsi Shurhabil ibn Hasana, Al-Asha'ath ibn Kays et son petit-fils Ibn al-Asha'ath). Au Moyen-Âge, certains s'installèrent en Afrique du Nord, en Egypte notamment et jusqu'en Espagne où ils étaient nombreux, dit-on, autour de Saragosse. Le philosophe musulman Al-Kindi était membre de cette tribu (Abd95, Les tribus de la péninsule arabique, 07/2014 - sabyl.forumactif.com).

Asha'ath, de la tribu des Beni-Kinda, devint le beau-frère de Aboû Bakhr dont Mahomet lui donna la soeur Oumm-Farwa. A la mort du prophète, Asch'ath apostasia avec sa tribu. Ils voulurent conquérir l'Hadramaout mais furent repoussés et pourchassés par les généraux musulmans Mohâdjir et Ikrima. Battu, alors qu'il avait fait une liste d'amnistie de 10 noms que lui avait demandée Mohâdjir, il oublia le sien. Pardonné par Aboû bakhr, converti à nouveau, il se remaria avec sa soeur pour effacer l'apostasie (Chronique de Tabari, traduit par Hermann Zotenberg, Oriental Translation Fund, Volume 75, Numéro 3, 1871 - books.google.fr).

Parfois on donne aux Berbères des ancêtres kindistes (Beh Behr en 1955).

En 525 apr. J.-C., les Aksoumites envahissent Himyar, et les Kindites déclinent progressivement. En trois ans, le royaume kindite éclate en plusieurs petits royaumes, rapidement détruits, dans les années 520-530, dans une série de soulèvements des tribus Adnani du Nejd et du Hedjaz.

Le plus célèbre des Kindites est alors Imru 'al-Qays, un fils de l'un des derniers rois Kindites, Harith Ibn Amr, c'est-à-dire Aréthas le Kindite. Il essaya vainement de ressusciter le royaume de son père), et fut surtout le plus important poète arabe pré-islamique. En 540 apr. J.-C., les Lakhmides détruisent toutes les colonies Kindites dans le Nejd, les forçant à revenir en Hadramaout, et à servir de tampon contre le royaume d'Axoum (Axoum) dans l'ouest du Yémen. Les Kindites et la plupart des tribus arabes sont amenés à changer d'alliance et à soutenir les Lakhmides.

La famille Ben Laden se déclare de descendance kindite (fr.wikipedia.org - Kindah).

Vers l'année 570, un prince chrétien de l'Iémen, lieutenant du Négus et du nom d'Abraha, voulut, dans l'intérêt du christianisme, faire de Sana, sa résidence, une autre La Mekke, en la constituant comme centre de pèlerinage. L'idolâtrie arabe, dont le pèlerinage à la Mekke était un des principaux actes, devait en être ébranlée d'autant. A cet effet, Abraha construisit une église magnifique. Mais les Koreichites, qui avaient dans leurs attributions la garde de la Kaba, et qui devaient à cela leur importance et leur fortune, songèrent à ruiner cette entreprise. Un homme fut soudoyé par eux, qui parvint à se faire nommer gardien de l'église de Sana. La veille d'un jour de grande cérémonie, il s'introduisit nuitamment dans le temple et le souilla de ses ordures; puis il s'enfuit en proclamant ce qui était arrivé par son fait. Abraha se mit en devoir de venger cette profanation. Il leva des troupes et vint mettre le siége devant la Mekke, monté sur un éléphant blanc dont l'histoire a conservé le nom de Mahmoud. Un accident imprévu porta le trouble dans ses troupes et les Mekkois virent dans cette déroute une vengeance du ciel. Voici comment le Coran parle de cet évènement dans la sourate CV, dite de l'Eléphant :

As-tu vu comment le Seigneur a traité les compagnons de l'Éléphant / N'a-t-il pas fait manquer leurs stratagèmes / N'a-t-il pas envoyé contre eux les oiseaux ababil et lancé sur leurs tètes des pierres portant des marques imprimées au ciel ? / Il les a tous foulés comme le grain foulé par les bestiaux. »

Dieu donc aurait envoyé contre les sacriléges Abyssins les oiseaux ababil, porteurs chacun de trois pierres, une dans le bec et une dans chaque patte, qu'ils auraient lancées contre les Abyssins, tués du coup, excepté leur chef qui s'enfuit précipitamment en Abyssinie. Là comme il racontait sa désastreuse entreprise à son souverain, un dernier oiseau lui aurait lancé ses pierres et l'aurait étendu raide mort.

Abrahât parut devant la ville, monté sur le fameux éléphant blanc (Mahmoud = le Glorifié de la Sourate 105, dite de l'Eléphant). Mais celui-ci se serait agenouillé dès qu'on arriva en vue de la ville sainte (Le Monde non-chretien, Volumes 1 à 5, 1931 - books.google.fr).

L'éléphant agenouillé se retrouve dans la légende de Bouddah (cf L'éléphant malade), et bien sûr, cette fois couché, à la page 34 des Cigares.

L'éléphant malade

Nous retrouvons Stanilas Julien dans sa traduction de l'Histoire de la vie de Hiouen-Thsang.

En dehors de la porte septentrionale de la ville [Rajagriha, ancienne capitale du Magadha, moderne Rajgir au Bihar, Inde], il y a un Stoûpa. Ce fut là que Ti-p'o-ta-to (Dêvadatta) et le roi, appelé Weî-seng-youen (Adjâtaçatrou), qui s'étaient liés d'amitié, lâchèrent l'éléphant, gardien du trésor, qu'ils avaient enivré, dans le dessein de faire périr Joalaî (le Tathftgata). Mais celui-ci, du bout de ses cinq doigts, fit sortir cinq lions. Alors l'éléphant ivre devint doux et docile, et s'avança tranquillement au-devant de lui (Histoire de la vie de Hiouen-Thsang et de ses voyages dans l'Inde: depuis l'an 629 jusqu'en 645, traduit par Stanislas Julien, 1853 - books.google.fr).

L'éléphant est nommé Nalagiri (cueilleur de lotus ou de roseau).

The Taming of the Wild Elephant Nalagiri by Buddha Sakyamuni, Période Gupta 300-400 après J.C., Art Gallery, Chandigarh, Haryana, India - huntington.wmc.ohio-state.edu

Tintin soigne l'éléphant fiévreux avec de la quinine, page 34.

Quant à cette autre idée que les Indiens ont été instruits des vertus fébrifuges du Quinquina par des lions atteints de fièvre qui sont venus instinctivement s'abreuver et se guérir dans des mares ou gisaient renversés des cinchonas, le lecteur nous permettra d'attendre, pour examiner de pareilles inepties, qu'on ait d'abord bien constaté l'existence des lions dans le Pérou, et jusqu'à quel point ces animaux ont jamais éprouvé la fièvre tierce ou quarte (Armand Trousseau, H. Pidoux, Traité de thérapéutique et de matière médicale, Société Typographique Belge (Bruselas), 1839 - books.google.fr).

Mes yeux ne te verront plus !

C'est une phrase de l'air "De l'art splendeur immortelle", tiré de Benvenuto Cellini (1890), opéra d'Eugène-Emile Diaz de la Pena, chantée, page 41, par le professeur Siclone hypnotisé par le fakir, "honte de la corporation". Georges Meliès réalise en 1904 un court métrage Benvenuto Cellini ou Une curieuse évasion (e.tintin.tk.free.fr - Musiques, fr.wikipedia.org - Benvenuto Cellini).

Dans ses Mémoires, cellini note : "M. Latino Juvenale, celui qui m'avoit excusé auprès de Sa Sainteté [Paul III, successeur de Clément VII], vint m'avertir qu'elle vouloit que je lui gravasse sa monnaie; alors tous mes ennemis se réveillèrent pour s'y opposer. Je commençai par faire le coin d'un écu où je gravai saint Paul, avec ces mots : Vas electionis (vase d'élection). Cette monnaie plut davantage que celle de mes rivaux, et le pape me préféra à eux, en ordonnant qu'on ne lui parlât plus des autres (Mémoires de Benvenuto Cellini, Le Normant, 1822 - books.google.fr).

Benvenuto Cellini, Ecu d'or de Paul III - fr.wikipedia.org - Benvenuto Cellini

Benvenuto Cellini, Nymphe de Fontainebleau où l'on retrouve le cerf - Photo Sailko

Des membres de la secte de trafiquants de stupéfiants

Le couple Snowball et l'écrivain Zlotsky font partie de la bande de trafiquants de drogue dirigée par Rastapopoulos, sous couvert de situation en vue.

Snowball signifie en anglais "boule de neige" et Zlostky vient du russe "zlost", "malice", de "zlo", "mal".

La neige marque quelquefois le bien dans l'Ecriture, à cause de l'éclat de sa blancheur; & quelquefois le mal, à cause de sa froideur. La neige, dit saint Grégoire, figure la blancheur de l'innocence, dont une âme sainte éclate par sa vie céleste. Per lucem jufistia candida corda Sanctorum. Candor vitae caelestis.

Mais saint Ambroise dit, que quelque blanche que soit la neige , elle ne laisse pas enfin de noircir. Ainsi, l'on peut entendre en ce sens la parole de David : Je deviendray plus blanc que la neige: Super nìvem dealbabor. Estre plus blanc que la neige, c'est ne se point salir comme fait la neige. La neige se salit, dit saint Ambroise, & elle se corrompt aussitost qu'elle est touchée par quelque chose qui est sale & impure. Pour conserver dans nous, ajoute-t-il, la grâce que nous recevons en approchant de la chair pure & sacrée du Fils de Dieu , nous devons nous séparer avec soin de la corruption du monde, & estre invisibles autant qu'il se peut, à toutes les créatures.

La neige marque encore les Chrestiens qui se relaschent, & qui laissent refroidir la charité dans eux. La neige se gèle en haut, dit saint Augustin, & elle tombe en bas. De mesme la charité estant refroidie dans une ame, elle tombe sur la terre.

Des monceaux de neiges, dit encore le mesme Père, s'échaufent & s'abbaissent. L'insensibilité & l'orgueil, dit-il, élèvent comme une montagne de neige. L'orgueil élevé les insensez, mais Dieu envoyé sa parole, & abbat ces monceaux de neige.

La neige figure aussi une froide malice, lors que l'on fait le mal de sang froid, comme on dit d'ordinaire , & qu'on veut paroistre néanmoins en mesme temps homme de bien.

Les eaux de la neige, dont le saint homme Job parle: Quand je me serois lavé par les eaux de la neige , je ne laisserois pas d'estre tout sale & souillé d'ordure. Si lotus fuero aquis nivis, tamen , &c. Ces eaux, dis—je, sont les larmes heureuses qui viennent en nous duùoa du ciel.

L'Ecriture dit que la gloire d'un insensé qui est élevé aux charges saintes de l'Eglise est semblable à la neige qui vient en esté, & à la pluye qui vient pendant la moisson, parce que l'insensé ainsi élevé gaste tous les fruits de la terre, au lieu de leur estre utile. Saint Jean Climaque dit, que comme la flame ne peut sortir de la neige, l'humilité de mesme ne peut sortir d'une ame qui est corrompue par l'hérésie (Nicolas Fontaine, Le dictionnaire chrétien où sur différens tableaux de la nature, l'on apprend, par l'Écriture et les saints Pères, à voir Dieu peint dans tous ses ouvrages et à passer des choses visibles aux invisibles, 1691 - books.google.fr).

Enfin le nom d'enfer désigne quelquefois le lieu où les âmes des Saints attendoient la venue du Sauveur, & d'où elles sortirent aprés sa Résurrection, pour aller dans le Ciel jouir d'un bonheur éternel. C'est dans cet enfer que Jésus-Christ est descendu aprés sa Résurrection: (2 Pierre 11,4) Descendit ad inferos. C'est lui dont il est dit; (Psaume XXIX,4) Non derelinques animam meam in inferno, nec dabis Sanctum tuum videre corruptionem. On lui applique aussi ces mots d'Osée: (XIII,14) Je serai ta mort, ô mort; je serai ta morsure, ô enfer, &c. Les peines de l'enfer sont ordinairement exprimées dans l'Evangile par, un feu qui ne s'éteint point, par, un froid, & un grincement de dents; par, des ténèbres, par un ver qui ne meurt point, par le terme de gehenna, ou gehenna ignis gêne de feu, par celui de feu éternel. Les Rabbins croyant que les âmes des méchans passent d'un chaud insupportable, à un froid mortel, selon cette parole de Job : (XXIV,19) Ad nimium calorem transeat ab aquis nivium, & usque ad inferos peccatum illius. Le pécheur passera des eaux de neige à une chaleur insupportable. L'Auteur du Commentaire sur Job, qui est parmi les Oeuvres de saint Jérôme, entend de même ce passage: & il semble que l'Evangile a voulu désigner ces deux sortes de supplices, en marquant d'une part un feu qui ne s'éteint point, & de l'autre, le froid & les ténèbres de la nuit, & le grincement de dents; ou plutôt, le tremblement de froid jusqu'à grelotter (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, geographique et litteral de la bible. 2. ed, Volume 2, 1730 - books.google.fr).

Peacock, paon en anglais

Le révérend Peacok, rencontré, page 38, par Tintin chez le représentant de l'armée anglaise dans la jungle, ne fait pas partie de la bande de trafiquants. Il a un rapport avec la Résurrection promise aux justes.

PAON. — Symbole de la résurrection. On sait que cet oiseau perd ses plumes chaque année à l'approche de l'hiver, annuis vicibus, comme s'exprime Pline (Hist. nat. 1. x. § 22. p. 241. t. iv. edit. Taur.) pour s'en revêtir de nouveau au printemps, alors que la nature semble sortir du tombeau. C'est pour cela que les interprètes de l'antiquité chrétienne (Bosio. Sott. p. 641.—cf. Aringhi. Rom. subterr. II. 1. vi. c. 36. p. 612) le regardent comme un symbole non équivoque de la résurrection; et Mamachi (Ântiq. christ, t. m. p. 92) fait observer que, bien que cette opinion ne s'appuie pas sur l'autorité des Pères, il n'y a néanmoins aucune raison plausible de la rejeter. S. Antoine de Padoue (Serin, fer. 5 post Trinit.) avait déjà représenté, sous l'emblème du paon, notre corps ressuscitant au dernier jour: In generali resurrectione qua omnes arbores, id est omnes Sancti, incipiunt virescere, pavo Me (Corpus nostrum) qui mortalitatis pennas abjecit, immortalitatis recipiet, « A la résurrection générale, où tous les arbres, c'est-à-dire tous les Saints commencent à reverdir, ce paon (Qui n'est autre que notre corps), qui a rejeté les plumes de la mortalité, recevra celles de l'immortalité. »

S. Augustin signale (De civil. Dei. 1. xxi. c. 4) une autre qualité du paon qui autorise à le regarder comme symbole de l'immortalité, c'est l'incorruptibilité que l'opinion de de son temps attribuait à la chair de cet oiseau. Ce qui donne un grand poids à cette opinion, c'est que nous trouvons dans les cimetières romains le paon uni à d'autres figures qui renferment, de l'avis de tout le monde, une allusion au dogme de la résurrection et de l'immortalité, par exemple le Bon-Pasteur, l'arche de Noé, l'histoire de Jouas, la résurrection de Lazare, figures dont l'ensemble formule admirablement une pensée unique (Joseph Alexandre Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 1865 - books.google.fr).

Par deux fois, Tintin échappe à la mort, par méprise dans le tombeau de Kih-Oskh, et par stratagème des Dupondt en temps que Beh Behr (ou Bah Bahr), où la mort est simulée.

Rastapopoulos

"Génie du mal" comme il se qualifie dans Vol 714 pour Sidney, Rastapopolous pourrait devoir son nom au croate ou serbe "rastapo", "dissout" et à "polous", "fils" en grec, "fils de la dissolution".

«Quand le «diable» apparaît sous la forme d'un dragon, c'est alors «le monstre gardien du seuil, symbolisme de fermeture et d'arrêt, et de forces obscures qui assombrissent, affaiblissent la conscience et la font régresser vers l'indéterminé et l'ambivalent, le méchant qui grimace, le bouc avec ses deux cornes, ses pieds fourchus, des poils sur tout le corps, il n'est jamais à court d'apparence et peut se transformer en femme séductrice, mais toujours tentateur et bourreau ; la bête : il figure la chute de l'esprit ; déposséder l'homme de la grâce de Dieu pour le soumettre à sa propre soumission, il est la synthèse des forces désintégrantes de la personnalité, il est le diviseur : le diable, antithèse du symbole, régression vers le désordre, la division et la dissolution» (Yves Bonnefoyy, Dictionnaire de la Mythologie) (Marguerite Charazac-Brunel, Les représentations du diable : aspect psychanalytique, Le Défi magique: Satanisme, sorcellerie, 1994 - books.google.fr).

L'Ecriture toujours attentive à nous précautionner contre tout ce qui pourroit tendre à nous corrompre et à nous perdre, nous avertit que nous trouverons dans le monde, bien des gens qui tacheront de nous entraîner avec eux dans le môme abandon de dissolution. Elle nous Us fait envisager comme des Instrumens du Tentateur, des Suppôts du Démon, pour nous apprendre â nous en défier, à les craindre, à les fuir, et à résister jusques à la fin à leurs assauts. [...]

Quelques-uns se font glissés parmi vous, gens sans pieté, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, & qui renoncent le seul Dominateur Jesus-Christ notre Dieu & Seigneur. Ceux-ci, s'étant endormis dans le vice, souillent leur chair, méprisent la domination, & blâment les Dignités. Ils médisent de ce qu'ils n'entendent point, & se corrompent en tout ce qu'ils font naturellement, comme font les bêtes brutes. Malheur à eux &c. Jude v. 4. 8. 10. 11. 16. 18. 19. [...]

Ne vous enyvrés point de vin où il y a de la dissolution, maïs soyés remplis de l'Esprit. Eph. V. 18. (La théologie de l'Ecriture sainte ou la science du salut, comprise dans une ample collection de passages du Vieux et du Nouveau Testament, Volume 2, Jean Louis Maizonnet, 1801 - books.google.fr).

Le futur auteur des “Petits Poèmes en prose” naquit dans la “Ville Lumière” en 1821. Ses parents voulant le décourager de la précoce vocation qu'il manifestait pour les lettres le firent voyager très loin. Il parcourut les mers, vit l'Inde et visita l'île Maurice; ce voyage en Orient devait avoir plus tard une grande influence sur ses oeuvres. Revenant à sa ville natale, il dépense follement en peu de temps tout son patrimoine et naturellement fut pauvre le reste de sa vie, car comme on le sait bien, il est plus facile de beaucoup pour un jeune homme de dépenser une fortune à Paris que d'en gagner une; mais à vrai dire en y réfléchissant un peu plus, il nous semble que cela est vrai partout ailleurs. Baudelaire publia sa première étude de critique artistique en 1845. Un an plus tard, il commença la traduction des oeuvres (tomplètes de Edgar Allan Poe que non seulement il imite souvent en littérature mais aussi à qui il ressemble dans beaucoup de ses inexplicables travers que l'on trouve souvent chez les hommes de génies. Asselineau nous affirme que les poésies de Baudelaire furent composées pour la plupart entre 1843 et 1844. Le volume parut en entier en 1857, puis une second édition, la dernière, en 1861. Après des années d'une vie très dissolue et irrégulière, l'auteur des “Paradis artificiels, opium et haschich” mourut en 1867 (Lionel C. Durel, Baudelaire, poète, Comptes-rendus de l'Athénée louisianais (New Orleans, La.), Imprimerie Franco-Americaine, 1914 - books.google.fr).