Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel et le loup   Le diacre Timon et l’antimoine   
EX LIBRIS CROIX HURIEL ANTIMOINE ANE TIMON DIACRE

Diacre Timon, Âne-Timon, Antimoine

La notice du diacre Timon, l'un des sept premiers diacres institués dans Les Actes des Apôtres, écrits, selon la tradition, par l'évangéliste saint Luc se trouve dans La Croix d’Huriel et pierres noires : Le Sceau de Palaja et les 7 diacres.

Dans l'invocation et l'arètologie d'Isis, qui ouvrent le XIe livre de l' Âne d'Or d'Apulée, la déesse égyptienne est en effet assimilée à Cérès, Vénus, Diane, Proserpine, la Grande- Mère de Pessinonte (symbolisée par la pierre noire), Minerve, Junon, Bellone et hécate, amis non à Caelestis (Gilbert Charles-Picard, La civilisation de l'Afrique romaine, Volume 124 de Collection des études augustiniennes, 1990 - books.google.fr).

Les Métamorphoses nous sont parvenues dans leur intégralité. Elles sont tirées du roman de Lucius de Patras, Les Métamorphoses, ou de celui de Lucien de Samosate, opposant à toutes croyances comme celle des chrétiens (Philopatris), l'Âne, ou La Luciade. En onze livres, le roman raconte les mésaventures du héros narrateur, Lucius, qui, désireux de connaître les mystères de l’au-delà, décide de séduire Photis, une servante de son hôte experte dans l’art magique. À la suite d’une erreur de la magicienne, il se retrouve transformé en âne au lieu de l’oiseau qu’il rêvait d’être. Pour recouvrer forme humaine, il lui faudra manger des roses. Il passe alors de main en main, et ses souffrances culminent quand son dernier maître décide de l’accoupler à une femme condamnée aux bêtes dans le cirque de Corinthe. Refusant de se déshonorer par cet acte sexuel public, Lucius-âne trouve la force de fuir jusqu’à la plage de Cenchrées, où il adresse une prière à la lune. C’est Isis qui lui répond, et le sauve : il trouve enfin des roses lors de la fête de la navigation consacrée à la déesse. À la fin du roman, Lucius recouvre forme humaine et, converti aux mystères d’Isis et d’Osiris, se fait prêtre de ce culte oriental (www.arlea.fr - L'Ane d'or).

Cenchrées fait partie de Corinthe [à 8 km]. C'était son port sur le Golfe Saronique, là où aboutissait le diolcos, pour les grands départs vers l'Orient.

Saint Luc est appelé Lucius, Lucanus, ou Lucas. Lucius comme celui de Patras (A.V. Arnault, saint Luc, Revue de Paris, Volumes 45 à 46, 1832 - books.google.fr).

Au IVème siècle, le tombeau de Luc est vénéré à Patras, en Achaïe (Grèce), où il aurait été martyrisé, on ne sait pas en quelle année, avec celui de l'apôtre saint André mais, le 3 mars 357, les reliques des saints Luc et André sont solennellement transférées à Constantinople. Le nom de Luc est inscrit au martyrologe au VIème siècle (Jean-Maurice Barbé, Tous les prénoms, 1994 - books.google.fr).

Les hagiographies chrétiennes semblent être une grande entreprise de parasitage de la culture antique.

Comme le diacre Timon, selon la tradition, Lucius termine son périple à Corinthe, et Cérès était fêtée le 19 avril comme le diacre Timon (Synthèse : Calendrier - Rennes-le-Château).

Notons que la reine Christine de Suède est morte le 19 avril 1689 (La Croix d’Huriel et le loup : La Reine du Septentrion, Christine de Suède et l’antimoine ou le lion noir).

Le lien du feu avec la déesse des moissons s'éclaire en outre à la lumière d'un rite qui était célébré chaque année, le 19 avril, pendant les fêtes en l'honneur de Cérès (Ceralia). À cette occasion, avait lieu dans le cirque Maximus une folle course de renards, à la queue desquels était fixée de la paille enflammée. Pour les paysans, les renards étaient en effet aussi dangereux que le soleil brûlant qui détruisait leur récolte. Pour eux, les renards (chiens roux comme le feu et très rapides) étaient des bêtes maléfiques exactement comme la canicule, le terrible chien astral. La course des renards qui portaient l'incendie à travers les moissons était évidemment un acte de magie. En ce qui concerne notre exécution, l'incendiaire mourait brûlé vif, comme les renards roux qui symbolisaient la canicule. Celui qui avait causé du tort à Cérès lui était sacrifié au cours d'un rite représentant faction qui avait offensé la déesse (Eva Cantarella, Les Peines de mort en Grèce et à Rome, 2000 - books.google.fr).

L'âne égyptien rejoint le renard latin.

L'âne était en effet, déjà pour les anciens Egyptiens, l'animal du dieu Seth responsable du meurtre d'Osiris et de la sécheresse qui s'ensuivit. On sacrifiait alors au moment de la Canicule un âne ou un homme roux pour exorciser le spectre de la famine. L'âne, véritable figure chtonienne, par opposition au cheval rejoindrait ainsi le renard de Malpertuis (Philippe Walter, La mémoire du temps: fêtes et calendriers de Chrétien de Troyes à La mort Artu, 1989 - books.google.fr).

"L'âne Timon, "vraie matière des Sages", souffle dans une trompette pour animer la ronde des alchimistes qui sont "les singes de la nature". Derrière lui, une corne d'abondance rappelle l'âge d'or saturnien et annonce les trésors résultant de la transmutation" (Claire Bardelmann, Musique et théâtre en Angleterre c. 1580-1642: une convergence des arts à la Renaissance, Volume 2, 2002 - books.google.fr).

Les alchimistes parlent de l'Antimoine surtout parce que le grec anthemon, homophone d'antimoine, signifie « fleur », et que la pierre des Philosophes est dite la « fleur des fleurs » (Flos florum). De même, l'Antimoine c'est aussi l'âne-timon, c'est-à-dire l'âne qui conduit l'attelage, l'âne qui guide dans le labeur hermétique, et l'on retrouve une fois de plus notre évocation de la cabale ou cavale (Revue des langues romanes, Volume 99, Société pour l'étude des langues romanes, Montpellier, 1995 - books.google.fr).

Sachez donc, frères, afin de ne plus errer, que notre terme d'antimoine, dérivé du grec anthemon, désigne, par un jeu de mots familier aux philosophes, l'âne-timon, le guide qui conduit, dans la Bible, les Juifs à la Fontaine (Fulcanelli, Demeures philosophales, Volume 1, 1985 - books.google.fr).

"L'âne Timon" faisant danser les alchimistes. Ecole italienne (fin du XVIe siècle) - Giovanni Battista Nazari, Della tramutatione metallica sogni tre, 1572

"Âne-timon" est un jeu de mots français, dont l'origine peut ne remonter qu'à Fulcanelli, qui ne transparaît pas chez Nazari. Il y est parlé d'antimoine "la preciosa gemma dell'Antimonio" page 57, de "Stibio" page 56 et de "timone di avolio" page 132. Le "timone" de la nacelle construite à ce passage de Della trasmuzione metallica est un timon, ou la barre du gouvernail, mais en ivoire (avolio ou avorio).

Pour trouver un rapport en diacres et ivoire, il faut chercher un peu loin. En commentant un passage du Cantique des cantiques, Cyrille d'Alexandrie dit : "Le cou de l'épouse signifie les diacres du Christ, car ils portent le Christ qui est la tête de l'Église. Ils gardent, en effet, le corps sacré dans une conscience pure (cf. 1 Tm 3, 9), en confessant ses mystères. Le texte dit que ce cou est (d'une blancheur) d'ivoire, de même que Paul affirme que les diacres doivent être dignes, non adonnés au au vin, etc... (1 Tm 3,8)." (Joseph Lécuyer, Le sacrement de l'ordination: recherche historique et théologique, 1983 - books.google.fr).

L'âne de Nazari est un âne d'or : "l'aureato Asino" (page 17), et faisant mention de celui d'Apulée. Hors son Âne, Lucien de Samosate produit entre autres une oeuvre spirituelle : Timon le misanthrope, sur Timon d'Athènes.

Sidoine-Charles-François marquis Séguier de Saint-Brisson (La Croix d’Huriel et le loup : La Croix d’Huriel et l’antimoine) écrivit des idylles qu'il soumit à la censure de Jean-Jacques Rousseau. Parmi celles-ci, une intitulée Timon.

Dans cette idylle, Saint-Brisson me paraît plus s'inspirer du dialogue de Lucien, Timon ou le Misanthrope que de l'histoire de Timon évoquée dans la Vie d'Antoine de Plutarque. On peut aussi se demander s'il connaissait le premier pamphlet de Voltaire contre Rousseau, Timon - Sur le paradoxe que les sciences ont nui aux mœurs (1755), ou la pièce de Delisle de La Drevetière, Timon le Misanthrope (1722) (Frédéric Eigeldinger, Idylles françaises: suivies de, Ariste, ou Les charmes de l'honnêteté, de Sidoine-Charles-François marquis Séguier de Saint-Brisson, 2006 - books.google.fr).

Rousseau écrivait à Michel-André Ancelet en 1764 : "J'aimerais mieux être Scarron malade que Timon en santé." (Istavan Cseppento, L'exil dans la correspondance, Lire la correspondance de Rousseau: actes du Colloque international de Paris, 28, 29 et 30 novembre 2002, 2008 - books.google.fr).

Le timon et la Grande Ourse désignent la même constellation. La sephira Hod (Pennautier et Timon) se trouve dans cette constellation tracée sur le plan de l'église Saint Sulpice de Paris et la carte du département de l'Aude (Autour de Rennes le Château : Saint Sulpice, Aude et Grande Ourse).

Les nations diverses sont d'accord en effet pour attribuer aux quatre étoiles alpha bêta gamma delta le rôle des quatre roues. Mais elles varient sur la valeur qu'elles donnent aux trois étoiles qui se trouvent au-devant. Les unes en font le timon du char, les autres en font les bêtes qui le traînent. La conception hellénique appartenait à la première catégorie, comme le montre le scholiaste d'Aratos sur le vers 27 des Phénomènes. La même manière de se représenter la constellation est indiquée par le latin temo, qui désigne soit le groupe entier, soit les trois étoiles antérieures ; elle est d'ailleurs exprimée clairement dans ce vers ajouté par Domilien dans sa traduction d'Aratos: Tres temone, rotisque micant sublime quaternae. On la retrouve dans l'allemand deichsel, nom donné à ces trois étoiles (et qui, en anglo-saxon, peut désigner aussi (thistl) la constellation tout entière), et dans le tchèque ogka « timon, » pour les trois étoiles de devant (Gaston Paris, Le petit Poucet, Mémoires, Volumes 1 à 2, Société de linguistique de Paris, 1868 - books.google.fr).

Un diacre à Douai

Saint Maurand patron, de la ville de Douai, naquit dans le comté de Ponthieu, vers l'an 634. Il était fils d'Adalbald , chancelier du roi Thierry II, et de Sainte-Rictrude, qui depuis fut fondatrice et abbesse du monastère de Marchiennes; il eut pour parrain Saint Ricquier. Son éducation fut fort chrétienne , et de bonne heure il fut envoyé à la Cour de Thierry II, où il exerça même plusieurs emplois. Adalbald ayant été assassiné par ordre d'Ebroin, sa veuve vint fonder le monastère de Marchiennes, où elle se retira avec son fils et ses filles. Maurand, était sur le point de se marier, lorsque, se trouvant à l'abbaye d'Elnon, il entendit prêcher Saint Amand. Touché profondément de l'éloquence du saint homme, il renonça au mariage et se voua entièrement à la vie religieuse. Ce fut Saint-Amand qui l'ordonna diacre. Maurand se retira alors à l'abbaye d'Hamage, dont sa sœur Sainte-Eusébie avait été abbesse. La terre de Merville lui appartenait, il y fonda en 674, dans un lieu nommé Breuil, Broyle ou Bruille, un monastère de Bénédictins, dont il fut le premier abbé. Ce fut en ce lieu qu'il reçut Saint-Amé, évêque de Sens [en fait Sion en Valais], qui, sur de faux rapports, avait été cbassé de son diocèse par Thierry III. Ce roi avait fait choix de Maurand pour veiller à la garde de l'évêque de Sens. Maurand, ravi d'être la caution et en même temps le gardien d'un homme aussi respectable, ne le voulut pas considérer comme un prisonnier ou un banni, car il le fit supérieur de son monastère à sa place; il vécut sous sa règle comme un simple religieux. Il donna même tous ses biens à cet établissement. Le monastère ayant été détruit par les Normands, les religieux de Bruille sécularisés se fixèrent à Douai et composèrent le chapitre de Saint-Amé. Ils ne relevèrent point ce monastère, mais ils firent bâtir une chapelle sur son emplacement, et cette chapelle devint par la suite un couvent de capucins qui existait encore au moment de la révolution de 1790.

Après la mort de Saint-Amé, arrivée en 690, Maurand reprit la direction de son monastère, qu'il géra de nouveau avec beaucoup de sagesse pendant près de 12 ans. Affaibli par ses longs et pénibles travaux, il était venu visiter sa sœur Clotsende, qui était alors abbesse de Marchiennes ; c'est là qu'il mourut le 5 mai 702. Son corps fut d'abord enterré à Marchiennes, d'où il fut ensuite transporté à Douai, et déposé auprès des restes de St.-Amé , qu'au moment de l'invasion des normands, les religieux avaient fait ramener dans l'église placée sous son invocation (Hippolyte-Romain Duthilloeul, Galerie douaisienne ou Biographie des hommes remarquables de la ville de Douai, 1844 - books.google.fr, La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Par ce signe tu le vaincras : sephiroth, tarot et arbre de vie).

La Fête des Ânes à Douai

Cette fête se célébrait a Douai le 1er janvier de chaque année. Son institution se perd dans la naît des temps. On a prétendu, d'une part, qu'elle était d'institution druidique, parce qu'elle correspondait avec le jour auquel les Druides faisaient la recherche du gui sacré. On a soutenu, d'une autre part. qu'elle était une suite des Saturnales. Cette fête n'avait aucun rapport avec l'animal dont elle portait le nom. Le culte religieux n’y intervint jamais. Cette fête n'eut point lieu en 1536, à cause du voisinage des armées; et, pour que les pauvres ne souffrissent point des avantages qu'ils auraient pu recueillir du séjour des étrangers, les échevins leur firent distribuer la somme qu'aurait dû toucher le capitaine de penon. La fête des ânes a cessé d'avoir lieu le 1er janvier 1668, ainsi que la procession qui se faisait précédemment en cette journée (P. A. Plouvain, Souvenirs à l'usage des habitans de Douai, ou notes pour servir à l'histoire de cette ville, jusques et inclus l'année 1821, 1822 - books.google.fr).

Un manuscrit, dont nous ne pouvons garantir l'authenticité, qui n'a ni titre, ni signature, rapporte : qu'on a donné le nom de fête des ânes à celle qui se célébre à Douai, le premier janvier de chaque année, parce que les chanoines de Saint Pierre, (établis en 1105) chantaient ce jour-là une Prose, dont l'antienne se terminait par un chant, qui imitait le braiement de l'âne. Quoiqu'il en soit, cette fête n'avait rien de religieux, néanmoins les ecclésiastiques y prenaient part (Albertine Clément-Hémery, Histoire des fêtes civiles et religieuses: des usages anciens et modernes, du département du Nord, 1834 - books.google.fr).

Festum Asinorum est une fête, ou cérémonie autrefois célébrée à Rouen le 25 décembre, et à Beauvais le 14 janvier (Dictionnaire de l'art de vérifier les dates des faits historiques... Volume 49 de Nouvelle encyclopédie théologique, Migne, 1834 - books.google.fr).

L'église de Rouen avait un ordinaire particulier pour cette messe. A Beauvais la fête des ânes était plus ridicule encore. En Flandre la fête de Noël offrait des particularités non moins grotesques, dans lesquelles on faisait aussi jouer un rôle à l'âne et à tous les assistants de l'étable où naquit l'enfant Jésus (Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire ou Recueil de ses bulletins, Académie royale de Belgique, Commission royale d'histoire, 1865 - books.google.fr).

La fête des ânes était une représentation de quelques événements de l'ancienne loi, et l'âne de Balaam surtout y figurait. Moïse, les prophètes, Zacharie, sainte Elisabeth, saint Jean-Baptiste, et même le poëte Virgile, à cause de la quatrième de ses églogues, paraissaient en habits fort bizarres. C’est à Rouen que se célébrait cette pieuse mascarade, dans la cathédrale. A Beauvais, la fête de l’âne était encore plus indécente. On prétendait y représenter la fuite de Jésus-Christ en Egypte. On choisissait la plus belle fille, qu'on laisait monter sur un âne; elle portait dans ses bras un jeune enfant. et le cortège qui était formé du clergé et du peuple, conduisait à saint Etienne [premier des diacres] l'animal et sa monture. On les plaçait dans le Sanctuaire, du coté de l’Evangile.

Aussitôt l'introït commençait. L'Introït, le Kyrie, le Gloria, le Credo, tout ce que le chœur chantait était terminé par ce refrain, hi-han, hi han, qu'on répétait en imitant la voix de l'âne. La prose, moitié latine, moitié française, expliquait les belles qualités decet animal. Le diacre, à la fin de la messe, tourné vers le peuple, disait; Ite mitta est, hi-han, hi-han, hi-han; et le peuple répondait de même : Deogratiat, hi-han, hihan, hi-han (Origines et raison de la liturgie catholique en forme de dictionnaire, Volume 8 de Encyclopédie théologique, Migne, 1846 - books.google.fr, François Noel, L. J. M. Carpentier, Dictionnaire des inventions, des origines et des découvertes: dans les arts, les sciences, 1838 - books.google.fr).

On a vu en effet le parallèle des légendes du loup supplétif au Mont saint Michel et à Saint Gilles la Forêt (Mont Gargan et saint Psalmet à Domps) avec celle de Balaam (Construction de la Croix d’Huriel : Points induits, Leçons de la Croix d’Huriel : Saint Michel et le centralisme).

Les chardons, délice des ânes

A la pointe sud de l'ex libris, à l'opposé de Douai, se trouve Cardona (chardon, porté d'ailleurs dans les armes de la famille Cardona).

Liste des vicomtes, comtes et ducs de Cardona - fr.wikipedia.org