Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel et le loup   La Reine du Septentrion, Christine de Suède et l’antimoine ou le lion noir   
EX LIBRIS ANTIMOINE CHRISTINE DE SUEDE REINE DU SEPTENTRION

Le masque de fer et la Négresse de Moret

En 1660 Louis XIV avait fait venir de Madrid Marie-Thérèse d’Autriche pour l’épouser à Saint-Jean-de-Luz. Elle avait vingt-deux ans et son rôle à la Cour se limita à donner des enfants au roi. Après avoir mis au monde Louis, le Grand Dauphin, elle eut, l’année suivante, une fille, Anne-Elisabeth, qui ne vécut que quelques semaines. Maladroite, maîtrisant mal le français, la reine se replia sur elle-même, mangeant de l'ail et buvant du chocolat, recréant autour d’elle l’atmosphère de Madrid, "entourée de femmes de chambre espagnoles, de moines et de nains", la mode, chez les dames de la Cour, étant alors d'avoir avec elles un "négrillon" ou "petit Maure", dont elles usaient comme d'un animal de compagnie.

Un nain, que l’amiral François de Vendôme duc de Beaufort avait rapporté d’Afrique (du royaume d'Abomey, Dahomey), s’appelait Nabo, mais la reine lui avait donné le nom d'Osmin. Elle vivait dans une grande familiarité avec lui, bien que le roi le trouvât fort déplaisant. C'est d'un tel maure, serviteur du duc de Beaufort, qui aurait assister à l'élimination de son maître ordonnée par Louis XIV et le roi d'Angleterre, que Michel Vergé-Franceschi (Le Masque de fer, Paris, Fayard, 2009) identifie au Masque de fer. Nabo, selon d'autres auteurs comme Georges Touchard-Lafosse en 1919, fut ramené par le marin protestant Duquesne, mais cela aurait été à l'occasion du bombardement d'Alger en 1683, date de la mort de Marie-Thérèse.

On mit la Mauresse chez les Bénédictines de Moret. Notre-Dame-des-Anges était alors un "petit couvent borgne" entre la porte de Samois et la rivière (rue des Granges), fondé au début du siècle par Jacqueline de Bueil (faite comtesse de Moret par son amant Henri IV). Là, en 1695, à l'âge de 31 ans, la Mauresse prononça ses voeux perpétuels et prit le nom de soeur Louise-Marie-Thérèse. La cérémonie se fit en présence de la Cour, comme l'avait annoncé Madame de Maintenon : "Je donnerai un de ces jours le voile à une Maure qui désire que toute la Cour assiste à la cérémonie. J'ai proposé de le faire à portes fermées, mais on nous a dit que ce serait un cas de nullité à ces vieux solennels: il fallait se résoudre à voir rire le peuple…"

La pension de la Mauresse était payée par le trésor royal, comme le prouve une lettre à M. de Bezons, du 13 juin 1685 : "Le Roi veut bien payer la pension de la Moresse qui est mise aux Ursulines sur le pied de 250 livres comme vous me le demandez…".

Puis le roi lui accorda une pension à vie de 300 livres, comme le prouve un "Brevet de 300 livres de pension pour sœur Louis-Marie-Thérèse, mauresse" : "Aujourd’hui 15 octobre 1695. Le Roy étant à Fontainebleau, voulant seconder le pieux dessein qu’a eu Louise Marie-Thérèse Mauresse d’embrasser la vie religieuse dans le couvent des Bénédictines de la ville de Moret, Sa Majesté lui a accordé en son don de la somme de 300 l. de pension pour lui être payée sa vie durant au dit couvent ou autre où elle pourrait être…" (Arc. Nat. O1.39, fol. 195).

Le premier valet de chambre du roi — Alexandre Bontemps (jusqu'en 1701), puis son fils Louis Alexandre Bontemps — avait mission de s'assurer que cette pension était régulièrement versée et que la religieuse ne manquait de rien. Chose étonnante, il arrivait aussi que la Mauresse reçoive la visite de grands personnages : le Grand Dauphin, fils du roi, et ses enfants ; Marie-Adélaïde de Savoie, épouse du duc de Bourgogne, petit-fils du roi ; Madame de Montespan ; la reine Marie-Thérèse. Et Madame de Maintenon, lorsque la Cour était à Fontainebleau venait souvent à Moret pour la rencontrer. Il n'en fallait pas plus pour que la "Mauresse" proclame avec hauteur qu'elle était fille du roi, que le Grand Dauphin était son frère, ce qui faisait d'elle une sorte de curiosité. Voltaire put même obtenir, en 1712, l'autorisation de la rencontrer.

La Mauresse mourut en 1732. En 1779, son portrait était encore accroché dans le bureau de l'abbesse du couvent de Villechasson-Moret.

Le couvent des Bénédictines de Moret a été fondé en 1638 par la comtesse Jacqueline de Bueil. C'est sous la direction de la première Supérieure, Elisabeth Pidoux, cousine de La Fontaine, qu'elles découvrirent le secret qui les rendit aussitôt célèbres : le "sucre d'orge", un bonbon de sucre de canne aromatisé à l'orge, additionné de vinaigre pour empêcher la cristallisation... A la cour de Louis XIV, ce sucre d'orge, qui soignait les maux de gorge, était fort apprécié (www.bude-orleans.org - Mauresse de Moret, La Croix d'Huriel et Rennes le Château : Sot+Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 2, Voyage dans le temps : Louis XIV et Versailles : Le masque de (trans)fer(t)).

Constantin de Renneville, le premier, parle d'un prisonnier qu'il a aperçu. Les officiers m'ayant vu entrer, dit Renneville, lui firent promptement tourner le dos de devers moi, ce qui m'empécha de le voir au visage. C'était un homme de moyenne taille, mais bien traversée, portant des cheveux d'un crépu noir et fort épais, dont pas un n'était encore mêlé.

Renneville interrogea le porte-clefs Ru, qui lui apprit que cet infortuné était prisonnier depuis trente et un ans, et que Saint-Mars l'avait amené avec lui des îles Sainte-Marguerite, où il était condamné à une prison perpétuelle pour avoir fait, étant écolier, âgé de douze ou treize ans, deux vers contre les Jésuites.

Or Renneville fixe cette rencontre en 1705, deux ans après la mort de l'homme masqué (Théodore Iung, La vérité sur le Masque de fer (les empoisonneurs): d'après des documents inédits des archives de la guerre et autres dépôts publics (1664-1703), 1873 - books.google.fr).

Le masque de fer a pu être noir et d'une autre taille que la taille moyenne.

L'auteur Pierre-Marie Dijol soutient que sa belle-mère, descendante par alliance de Saint-Mars, lui aurait fait au sujet du Masque de fer une révélation d'importance. Laissons-lui la parole : « En 1969, ma belle-mère, née Desgranges me confia ce secret à ne divulguer que lorsque la famille Desgranges se serait éteinte avec elle. Depuis deux cents ans et plus, me dit-elle, on se transmet dans ma famille que l'homme au masque de fer était un noir, soupçonné d'avoir été l'amant de la reine. » C'est là un témoignage nouveau et pour le moins inattendu. Il est intéressant du fait du lien de parenté, indiscutable, dont se réclame l'auteur. Malheureusement en l'absence de document, sur quoi s'appuyer, il est invérifiable.

Pour cacher l'identité du nain noir, un loup lui était apposé sur le visage.

Tout ceci, je le répète ne sont que des suppositions. Ce sont sur elles cependant que Dijol fonde son argumentation qui l'amène à conclure que le serviteur noir et le prisonnier de Dunkerque conduit à Pignerol par le capitaine de Vauroy sont un seul et même personnage. Evidemment les dates coïncident, les noms ont pu prêter à confusion, Nabo étant toujours appelé (le musicien) d'Auger mais ceci ne constitue pas des preuves suffisantes (Madeleine Tiollais, Le masque de fer: enquête sur le prisonnier dont le nom ne se dit pas, 2003 - books.google.fr).

Sous le nom d'Auger, Nabo, en temps que musicien d'Auger, a pu être confondu avec Eustache Dauger, espion selon Michel Vergé-Franceschi des Buckingham puis d'Anne d'Autriche. Un Auger est hébergé chez les Grignan en 1670-1671 (Michel Vergé-Franceschi, Le Masque de Fer, 2009 - books.google.fr). Madame de Sévigné parle du "Noir d'Auger" qui serait un sylphe d'une histoire merveilleuse raconté par cet Auger (Sylvie Rémi-Giraud, Etude sémantique du mot air, 1999 - theses.univ-lyon2.fr). On voit mal l'identité des deux. Dijol pose la question de Nabo un musicien d'Auger, d'où son surnom d'Auger, mais le surintendant de la musique du roi, Paul Auger, est mort en 1659 et Nabo serait venu en France en 1664 avec Beaufort. Boësset succède avec Lully au surintendant Auger.

Selon Maurice Duvivier, Dauger aurait été Eustache d'Ogier de Cavoye (ou d'Auger, Dauger), qui, avec ses frères, était l'ami de Savinien Cyrano de Bergerac (Mercure de France, Novembre 1932 - gallica.bnf.fr).

Le médecin de la Reine

Parmi les apothicaires de la reine, Pierre Gilbert est nommé apothicaire ordinaire de la reine le 10 octobre 1663 et prête serment le 15 octobre de la même année devant François Guénault, premier médecin de la reine (Maurice Bouvet, Les apothicaires royaux (suite), Revue d'histoire de la pharmacie, 19e année, N. 72, 1931 - www.persee.fr).

François Guénault (1590-1667), fils de Pierre Guénault médecin de Monsieur et médecin du roi, fut aussi médecin du roi : il est qualifié de ce titre et de celui de docteur-régent de la Faculté de Paris, en 1656 ; an 1661, il était premier médecin de la reine Marie Thérèse. Moqué par Molière et Boileau, il avait été traité d'« empoisonneur chimique » par son collègue Guy Patin, auteur du Maryrologe de l'Antimoine. François Guénault est né à Gien, tout près de Saint Brisson, contiguë même.

Un registre du Trésor royal pour l'année 1662 (Bibl. lmp., Ms.) montre Pierre Guénault, père de François (papa Guénault), avec le titre de Premier médecin de la Reine a aux gages de 9,000 l. Cette année, il reçut 1,500 l., plus 2,250 autres pour le dernier quartier de sa pension de 1661. ll avait donc sous sa responsabilité la santé de la Reine, au moins depuis le mois d'oct. 1661. Le commentateur de Boileau le mieux instruit des faits auxquels le poëte fait allusion, Ch-Hugues Lefèvre de St-Marc, dit que «Guénaud (sic), dont il ne connut pas le prénom, facile a trouver, cependant, puisque trois portraits l'avaient rendu public, mourut le 16 mai 1667 ; le renseignement est bon. Voici, en effet, ce que je lis au registre de St-Benoit : M. François Guénault, ancien docteur professeur en médecine et premier médecin de la Reyne, fut enterré en cette église le 17° may mil six cent soixante et sept. Fr. Guénault avait 77 ans quand il rendit l'âme.

On lui attribue la guérison de Louis XIV grâce au vin émétique. Guenault se trouvait à Calais en 1658, pour la maladie du roi Louis XIV ; il rendit la santé à ce prince, et cette convalescence dont il eut tout l'honneur, fut chanté par les poètes du tems. Le pere Carneau, Célestin, dans sa stimonimachie, Scarron, Charles Beys, chantèrent les succès de Geunault dans des sonnets françois. Nicolas Gervaise, dans son poëme intitulé Catharsis p. 10 et 11, Paris, Hénault 1666, in-4°. lui adressa quatre vers latins, dans lesquels il loue et ses talens et son génie. On lui dédia plusieurs ouvrages. En 1628. Jacques Moine lui dédia les Déliramenta hydrophobi : c'est une lettre fort bien écrite, dans laquelle Moine attaque vivement un nommé Martin: elle est imprimée à Paris, ex officina Roberti Stephani. Claude Tardy lui dédia le Traité du mouvement circulaire du sang et des esprits. Paris 1654. Il lui dit dans sa dédicace : «nous reconnoissons que c'est de vous que nous tenons l'industrie de dompter avec l'antimoine les maladies les plus rebelles où les remèdes doux sont inutiles. »

Dans la querelle pour ou contre l'antimoine, Guénault jouait le rôle du partisan le plus passionné de ce remède, qui lui avait assez mal réussi pourtant dans quatre occasions importantes. si l'on en croit G. Patin, adversaire violent du vin émétique et du confrère qui en usait jusqu'à tuer les gens; Pour mettre fin à cette guerre d'injures, de pamphlets, de rudes épigrammes que se jetaient à la tête et se renvoyaient les fanatiques de l'antimoine et ses acharnés détracteurs, le parlement ordonna à la Faculté de médecine de Paris de s'assembler. La réunion eut lieu le 29 mars 1666, et, a la majorité de 92 membres contre 10, le vin émétique fut mis au rang des remèdes purgatifs innocents. Le parlement, fort de cette décision, rendit un arrêt autorisant les médecins à faire usage du vin émétique.

On se souvient de lui à travers un vers de Boileau : "Guénault sur son cheval en passant m'éclabousse".

François Guénault - www2.biusante.parisdescartes.fr

Tout le monde ne lit pas les Lettres du spirituel et méchant docteur Patin, tout le monde lit les Satires de Boileau. Guénault allait toujours à cheval par la ville, quand ses autres camarades allaient en carrosse, en chaise on, plus modestement, à pied. Guénault n'était cependant pas le seul qui préférait un cheval à une voiture, à une chaise à porteurs, et Molière nous a montré dans "Monsieur Tomes" de L'Amour Médecin un docteur aussi enchanté de sa mule que Mons Desfonandrès l'est de sa bête chevaline. Ce M. Desfonandrès qui a a fait tout Paris sur son cheval et de plus a été à Rueil voir un malade, M. Desfonandrès qui conclut à donner de l'émétique, autrement de l'antimoine à Lucinde, c'est, à n'en pas douter, Guénault. La querelle de l'antimoine était encore dans toute sa force lorsque Molière improvise L'Amour Médecin (1665). La quatrième satire de Boileau, composée en 1666, était connue de Molière, au courant, d'ailleurs, de la querelle sur l'antimoine; Boileau l'avait lue certainement à son ami, qui connaissait aussi la locution devenue proverbiale : Guénault et son cheval ; Molière ne pouvait donc manquer de s'emparer, pour la comédie, d'un personnage qui était au rang des hommes singuliers appartenant de droit à la caricature et à la farce. Je suis couvaincu que la malice de l'auteur comique, pour être plus dissimulée que celle du satirique, n'échappa à personne, et que, dans le Desfonandrés, tout le monde reconnut le premier médecin de la Reine. Plus j'y songe, et plus je me persuade que ma remarque est fondée. Boileau dit, dans la Satire IV° : "Il compterait plutôt combien, dans un printemops Guénaud (sic) et l'antimoine ont fait mourir de gens" et je vois que l'homme à l'émétique, qui est aussi le docteur à cheval, est appelé par Molière "Desfonandrès", nom composé des mots grecs phonos meurtre, et andrès homme. Je dis que ce n'est pas sans intention que Molière donne au médecin à l'émétique, au docteur à cheval, ce nom de tueur d'hommes, et j'ajoute que ce Desfonandrès n'est autre que le Guénault qui faisait mourir ses malades avec l'antimoine.

Jacques Guénault, oncle de François Guénault, le médecin, était apothiquaire distilleur du roi. Il se convertit du protestantisme au catholicisme le 2 ocotbre 1649 à Saint Sulpice à Paris. Le 18 nov. suivant, J. Guénault épousa, à St-Sulpice, Anne-Marie Desmier, demeurant chez Madame la princesse de Condé, fille d'Antoine Desmier, chirurgien ; elle fut assistée de son père, de son frère, Thomas Desmier, aussi chirurgien, etc. François Guénault parut au mariage de son oncle (Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, 1867 - books.google.fr, Encyclopédie méthodique : Médecine, Panckoucke, 1793 - books.google.fr).

On célèbre le 3 novembre la mort précieuse de S. Guenault, Prêtre,qui vivoit dans le Monastère de Landevence en Bretagne, sous la discipline de l'Abbé saint Vanleau, après le règne du grand Clovis. On croit que saint Guenault fut après lui Abbé de ce Monastère. Les miracles qu'il fit après sa mort furent un témoignage éclatant de la vie sainte qu'il avoit menée. Pour dérober ses reliques à la fureur & à la profanation des Danois, on les transporta à Paris avec les corps de saint Samson & de saint Magloire, vers l'an neuf cent soixante & quatre, du temps que Hugue Capet n'étoit encore que Comte de Paris. Dans la suite on en fit une translation solemnelle à Corbeil (Breviaire François: Automne II. Partie, Volume 3, 1767 - books.google.fr).

Pierre Michon, connu sous le nom d'Abbé Bourdelot, étoit fils de Maximilien Michon, Chirurgien à Sens, & d’Anne Bourdelot. Ce fut Jean Bourdelot, l’un de ses oncles, Avocat au Parlement, & Maître des Requêtes de la Reine Marie de Medicis, qui le fit venir à Paris, & l’y entretint aux études. Un autre de ses oncles Edme Bourdelot était médecin de Louis XIII. Lorsqu'il eut fait son cours de Philosophie, il commença celui de Medecine, & pour lors son oncle Jean voulant qu’il portât son nom, obtint pour lui en 1634. des lettres de changement de nom, en vertu desquelles il se fit appeller Bourdelot. Il n'avoit pas encore achevé son cours d Medecine, que Gnenaud le donna au Prince de Condé (Henry II.) pour être son Medecin. Après la mort de ce Prince, il passa en la même qualité auprès du grand Prince de Condé, & eut soin aussi de la santé du Duc d’Anguien, dernier Prince de Condé. Gui Patin a ant refusé en 1651. d’aller en Suéde en qualité de premier Medecin de la Reine Christine, M. de Saumaise y fit venir l'Abbé Bourdelot pour remplir cette place. Cette Reine en fut si satisfaite, que lorsqu’il voulut revenir en France, non seulement elle lui donna un passeport très honorable, mais même obtint du Mazarin pour lui l'Abbaye de Massay en Berry, vacante par la mort de M. de Laubespine de Châteauneuf, Garde des Sceaux de France.

Mais un homme d'un esprit aussi remuant que le sien, ne pouvoit pas jouir longtems tranquillement de ce bénéfice. Il étoit fans cesse en quérelle avec ses Moines & eux avec lui. Patin dit à cette occasion (Lettre 98, Tome I) : "Bourdelot plaide fort contre ses Moines & les Moines contre lui. Il a eu peur de l'imposition de leurs mains, &, afin d'obvier à ce malheur, qui pourroit arriver une autrefois, il va se faire Prêtre, afin que s'il vient à être battu & bien frotté, il puisse faire faire le procès à ces gens-là, comme à des Batteurs de Prélats".

Quand Bourdelot revint de Suède, où la reine Christine parlait de lui avec mépris une fois parti, avec un nom, des richesses et désespérances ambitieuses, Guy Patin commença à le cribler d'épigrammes. Et quand ce mondain, ce novateur, ce partisan de Descartes, de l'antimoine et de la circulation du sang, plus heureux encore qu'habile, parvint à mettre une crosse au bout, de sa lancette, Guy Patin éclata. Cave canem, gare le chien, disaient en pareil cas ceux qui le connaissaient. Il aboyait et mordait sans vergogne, mais il aboyait avec tant de verve et ses morsures étaient si venimeuses, que les amateurs de vengeance et de scandale lui pardonnaient à demi sa méchanceté (Jean-Aymar Piganiol de La Force, Adamoli, Description de Paris, de Versailles, de Marly, de Meudon, de Saint-Cloud, de Fontainebleau et de toutes les autres belles maisons et châteaux des environs de Paris, 1742 - books.google.fr, Annuaire Historique du Dept. de l'Yonne. Recueil de Documents Authentiques Destinés a Former la Statistique Départementale, 1861 - books.google.fr, Johann Wilhelm von Archenholz, Mémoire concernant Christine, reine de Suède, Volume 1, 1751 - books.google.fr).

Les sommets de l'ex-libris et Christine de Suède, reine du septentrion

La reine Christine possédait des esclaves noirs.

Les informations sur les esclaves à Rome sont rarissimes. Ainsi, la reine Christine en fait mention dans son testament lorsqu'elle dit «A Christina Alessandra schiavetta lasciamo la provisione e la dote che hanno avuto le altre nostre schiave» (1689). Une copie du testament existe à l'Archivio Segreto Vaticano. Les esclaves nègres africains étaient spécialement appréciés comme musiciens. On leur doit la connaissance et l'introduction du tambour en Europe.

Le 8 novembre 1548, le pape Paul III Farnèse signa un motu proprio et le transmit aux Conservateurs de Rome qui le publièrent le 12 janvier suivant sous le titre de «Banda sopra al tener de li schiavi, e schiave in Roma». Il décréta que «si possano tenere schiavi e schiave per publico utile e bene de tutte e singule persone senza essere impediti da persona alcuna». En outre, le décret annula toute disposition «fatta o da farsi» empêchant l'application de cette décision, comprenant tant les esclaves déjà achetés que ceux à acheter dans le futur. Ce document met en évidence l'existence de l'esclavage à Rome et dans les États de l'Église au milieu du XVIe siècle : esclavage qui ne prit fin, étonnement, qu'au début du XIXe et dont l'ampleur et la durée sont quasiment inconnues et ignorées.

Les esclaves se divisent en deux groupes. Premièrement, ceux qui, d'après le décret de Paul III, sont définis de «utile publico» et qui ne sont autres que les esclaves de galères bien connus, dont l'importance et la nécessité absolue s'imposa dès le milieu du XVIe siècle en Méditerranée et dont aucune marine, chrétienne ou musulmane, ne put se passer. Nous avons ensuite ceux définis de «bene de tutte e singule persone», donc d'esclaves appartenant à des particuliers. Si les premiers n'étaient évidemment composés que d'éléments de sexe masculin, les seconds comprenaient tant des hommes que des femmes de tous âges. Leur possession était tout d'abord le reflet d'une certaine situation sociale, d'un goût de luxe et de faste qui se trouvent non seulement dans les grandes «maisons» de la société, mais également chez des particuliers de moindre importance. On note que, de tout temps, la couleur de la peau des esclaves eut une certaine importance : plus un esclave était foncé, plus il était apprécié (Rudt de Collenberg Wipertus, Le baptême des musulmans esclaves à Rome aux XVIIe et XVIIIe siècles. I. Le XVIIe siècle. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 101, N°1. 1989 - books.google.fr).

Mais la passion principale reste évidemment l'alchimie. La Suédoise estimait avoir assez appris de Borri pour réaliser le « grand œuvre ». À partir de 1670, en compagnie de l'équivoque chimiste Bandiera, d'une sorcière surnommée «Sibilla», d'un certain marquis Palombaro et du cardinal Azzolino, lui-même fort amateur d'occultisme, elle passe plusieurs heures par jour devant l'athanor, occupée à broyer, mélanger, « souffler » et « précipiter » dans creusets, cornues et alambics du plomb en poudre, du vif-argent, du soufre, de l'antimoine, parfois aussi et un peu au hasard du diamant pilé, du sang de crapaud, du « sable de rivière finement tamisé ». (Bernard Quilliet, Christine de Suède, 2003 - books.google.fr).

Scheinfeld

Adam de Schwarzenberg avait institué un système anti-suédois que le fils de Georges Guillaume de Brandebourg essaya de contrer. Le mariage avec Christine de Suède était depuis longtemps l'un des premiers objectifs de Frédric Guillaume de Brandebourg. "Nous attachons, disait-il à ses conseillers, une très grande importance à cette affaire. C'est d'elle que dépend, après l'aide de Dieu, notre grandeur et celle de notre maison."

Ensuite il conjura, par sa fermeté, l'orage que les commandants des forteresses, créatures de Schwarzenberg, soulevèrent contre lui. Les grands biens du ministre furent séquestrés, malgré les réclamations de l'Autriche. Son fils se retira a Vienne, entra au service de l'Empereur, et fonda cette puissante famille qui fleurit encore, et dont un membre commandait les armées autrichiennes contre Napoléon. L'électeur, presse de se débarrasser des hôtes incommodes qui occupaient ses États, conclut avec la Suède un armistice qui se renouvela jusqu'à la paix générale. Mais il ne réussit pas à obtenir la main de Christine, que Gustave-Adolphe lui avait destinée, et à réunir ainsi la Suède au Brandebourg (Philippe Le Bas, États de la Confédération germanique, pour faire suite à L'histoire générale de l'Allemagne, 1842 - books.google.fr).

Cardona

Philippe de La Mothe Houdancourt avit pour secrétaire Benoît Démia, père de Charles le fondateur à Lyon des Petites Ecoles des Pauvres, apothicaire. Il le suivra en catalogne où le maréchal d'Houdancourt gagnera le duché de Cardona, érigé en duché-pairie en 1652. Philippe de La Mothe accueillera au château de Fayel (Oise, près de Compiègne) la reine Christine de Suède en 1656. Il meurt le 25 mars 1657.

M. le maréchal de Lamothe-Houdancourt mourut, le 25 de mars dernier, d'un abcès dans le foie et d'une fièvre lente, après avoir pris dans sa maladie des eaux de Sainte-Reine, de Forges, des poudres de perles, des confections précieuses, de l'or potable, de l'antimoine, n'avoir été que très peu saigné, et avoir eu de très mauvais médecins, « de grege aulicorum, et eorum qui se Monspelienses profitentur: cum sint meri asini ad lyram, et in operibus artis plane caecutiant. » (Revue d'histoire de Lyon: études, documents, bibliographie, 1911 - books.google.fr, Guy Patin, Lettres, Tome premier, 1846 - books.google.fr).

Saint Brisson

Pierre Seguier, Chancelier de France , Duc de Villemor, Pair de France, Commandeur des Ordres du Roi, acheta l'Hôtel de Montpensier, ex Soissons, en 1633. Comme le Chancelier Seguier fut le protecteur déclaré des beaux esprits, des Sçavans, & des Artistes fameux, son Palais fut l'azile des sciences & des beaux arts, & ce fut ici que l'Académie Françoise trouva une retraite, après que par la mort du Cardinal de Richelieu, le Chancelier Seguier en fut devenu le Protecteur. Ce fut encore ici que Christine, Reine de Suede, honora cette Compagnie d'une de ses visites, le deux de Mars de l'an 1656. Aujourd'hui cet Hôtel sert à des usages bien differens, puisque les Fermiers généraux s'y assemblent, & qu'ils y ont établi leurs Bureaux. En 1704. la grand-porte de cet Hôtel a été refaite, & on y a mis un marbre noir sur lequel est cette insçription en lettres d'or : Hôtel des Fermes du Roi (Jean-Aymar Piganiol de La Force, Adamoli, Description de Paris, de Versailles, de Marly, de Meudon, de Saint-Cloud, de Fontainebleau et de toutes les autres belles maisons et châteaux des environs de Paris, 1742 - books.google.fr).

Douai

Le Musée de la Chartreuse de Douai possède un curieux portrait allégorique de la Reine Christine de Suède en grisaille par Jean Erasme Quellin (1635-1715) qui signe le tableau très soigné et riche en couleurs de Salomon et la reine de Sabba (Musée de Lille) (collection.musenor.com).

Jean Erasme Quellin, Christine de Suède

Fils du peintre Érasme II Quellin, il étudia la peinture comme son père, puis alla en Italie, où il prit pour modèle Paul Véronèse. Il aimait à peindre les vastes monuments, les somptueux festins, les scènes compliquées avec une abondance de personnages. On considère que son chef-d'œuvre est Jésus-Christ guérissant les malades, à l'église Saint-Michel d'Anvers (fr.wikipedia.org - Jean-Erasme Quellin).

Great Torrington

George Monck dit Monk (6 décembre 1608 – 3 janvier 1670), 1er duc d'Albemarle (Aumale), Général de la mer (amiral) (1652), est considéré comme l'homme fort sous Oliver Cromwell, pour qui il mène la répression en Écosse. Il ne fait rien lorsque Charles Fleetwood et John Disbrowe renversent Richard Cromwell, le fils et successeur d'Oliver. Il change de camp et contribur à la restauration du roi catholique Charles II, non sans avoir entre temps purgé l'armée d'une partie des protestants. Deuxième fils de Sir Thomas Monck, il est né à Potheridge, près de Torrington, dans le Devonshire. Il reçoit diverses récompenses (adoubement, pensions, décoration, maître des chevaux de la maison du roi, pairie en tant que Duc d'Albemarle, comte de Torrington, baron Monck, Pothering, Beauchamp, Teyes...) (fr.wikipedia.org - George Monck).

POTHERIDGE, a hamlet in Merton parish, Devon; on the river Torridge, 4,5 miles S E of Great Torrington. The manor belonged to the Le Moignes, and passed to the Monks and the Rolles. The Manor House was the birthplace of General Monk, Duke of Albemarle; and was mostly pulled down after the death of his Duchess (John Marius Wilson's Imperial Gazetteer of England and Wales, 1870-72) (www.visionofbritain.org.uk - Potheridge).

Monk, from “A Guide to the Wax-works of Westminster Abbey,” 1768 - http://www.elfinspell.com - WestminsterWax-Works

Ramsay assure que Monk était franc-maçon, que le retour de Charles II a été décidé en assemblée de loge, et que celui de son neveu moins d'un siècle plus tard aurait été voulu sur le même modèle (André Kervella, La maçonnerie écossaise dans la France de l'Ancien Régime: les années obscures, 1720-1755, 1999 - books.google.fr).

Charles Fleetwood (c. 1618–1692), was a Parliamentary soldier and politician, Lord Deputy of Ireland from 1652–55, where he enforced the Cromwellian Settlement. The Restoration closes his public career. After his death the 4 October 1692, he was buried in Bunhill Fields. His brother, George Fleetwood (baptised 30 June 1605 in Cople, Bedfordshire, died 11 June 1667 in Jälunda, Gryt, Södermanland, Sweden) came into Swedish service in 1629, became colonel for a regiment he had recruited himself in England in 1630 and finally lieutenant-general. He was knighted 3 June 1632 by Charles I of England and created Swedish Baron 1 June 1654 at Uppsala Castle by Queen Christina of Sweden (en.wikipedia.org - Fleetwood (noble family)).

Whitelock, lord commissaire, ayant été pressé par Oliver cromwell de lui dire sans crainte et sans ménagement quel était le parti qu’il jugeait le plus avantageux pour la nation et pour lui, répondit qu’il ne voyait rien de mieux que d'appeler au trône le fils de Charles Ier, en fixant les limites de l'autorité royale, et en assurant à Cromwell la fortune et les honneurs qu’il méritait. Cromwell ne combattit ni n’adopta cette idée; mais son mécontentement parut sur son visage, et dès ce moment il ne montra plus à ce fidèle conseiller ni affection, ni confiance. On croit même que ce fut pour l'éloiguer d’Angleterre, qu’il l’envoya en ambassade auprès de la reine Christine de Suède, qui se poursuivit par la signature d'un traité (Biographie universelle ancienne et moderne, Michaud frères, 1813 - books.google.fr).

Chiavari et Anzio

Il cardinale Vincenzo Costaguti fu anche uno dei porporati più assidui alla corte della regina Cristina di Svezia e lo si vedeva spesso al seguito di lei in quel codazzo di laici ed ecclesiastici che faceva costantemente corteo al passaggio della capricciosa ex-regnante. Fu il creatore della Villa Borghese di Anzio, detta Villa Bell'aspetto, che il cardinale Costaguti avrebbe fat to costruire in omaggio alia sovrana. Narra la tradizione che un giorno, mentre Cristina transitava a cavallo sul poggio dove poi sorse la villa anziate, segnita, come di consueto, da un folto gruppo di corligiani, fra cui il cardinale, rivolta a costui, ammirata per l'incomparabile panorama, avrebbe esclamato: «Questo sarebbe un posto ideale per una villa principesca! ». Ed il Costaguti avrebbe risposto: « Maestà, vi prego di tornare fra un anno su questo poggio e vi troverete la villa che desiderate e che ¡o nel f ral tempo penseró a farvi costruire ». E non si tratto di una millanteria, come forse dovette supporre la regina, giacché la promessa fu mantenuta. Un anno dopo Cristina, passando, sbalordita, per i viali della villa, avrebbe esclamato, piena di ammirazione: «Che bell'aspetto! » (L. Lotti, I Costaguti e il loro Palazzo di Piazza Mattei in Roma, Quaderni dell'Alma Roma, Numéros 1 à 10, 1961 - books.google.fr).

La villa rimane di proprietà della famiglia Costaguti fino al 1818, anno in cui il Marchese Luigi Costaguti la vende al Duca Giovanni Torlonia. Pochi anni dopo, nel 1832, i Torlonia vendono a loro volta la proprietà al Principe Don Camillo Borghese (www.dimorestoricheitaliane.it).

Anzio ou Antium, et la recherche du Rémora

Antium est une des plus importantes villes du Latium antique, située sur le littoral, près de Nettuno (Neptune). Elle est la capitale des Volsques jusqu'à ce que les Romains s'en emparent une première fois en 468 av. J.-C. et définitevement en 338. Elle correspond au quartier Le Vignacce de l'actuelle ville italienne d'Anzio. La ville est réputée durant l'antiquité pour le culte rendu à la Fortune et pour les oracles que la divinité dispense.

Auguste reçoit dans sa villa d'Antium, alors qu'il y passe la nuit, la délégation de la plèbe venue lui décerner le titre de Pater Patriae. Quasiment tous les empereurs du Ier siècle séjournent dans une des villas à proximité d'Antium, fuyant pour un temps la chaleur et le bruit de Rome, et deux empereurs y sont nés, Caligula et Néron. D'après Suétone, Caligula aurait même songé à transférer la capitale de l'Empire à Antium (fr.wikipedia.org - Antium).

Le surnom de Caïus César, caligula, signifie "petite sandales". Les caligæ (le singulier est caliga) sont les sandales lacées, faites de lanières de cuir, portées par les Romains. Elles remontent sur la cheville et sont généralement ouvertes au bout laissant les orteils à l'air. Celles des soldats étaient cloutées et comportaient plusieurs semelles (fr.wikipedia.org - Caligae).

On obtient aussi de l'or en opérant sur l'orpiment; ce minerai se trouve en Syrie, à fleur de terre. Les peintres en usent ; il offre la nuance de l'or, mais la fragilité de la pierre spéculaire. Dans l'espoir de satisfaire son extrême cupidité , Caligula fit jeter dans les fourneaux quantité d'orpiment. L'or obtenu était excellent, mais en si petite quantité, qu'il y avait de la perte ; ce prince avare le sentit, quoique la livre d'orpiment ne valût que quatre deniers. Personne n'a, depuis, renouvelé l'expérience (Pline, Histoire naturelle, Livre XXXIII, XXII DE l'orpiment, 1833 - books.google.fr).

Le dépôt de 22.438 monnaies du Gué Saint-Léonard (Mayenne) du lit de la Mayenne non loin de la ville de Mayenne se distingue de ses homologues gaulois sur quatre points : une absence presque totale de monnaies gauloises, la présence massive de monnaies de Claude Ier, une rupture dans l'approvisionnement du site à partir du début du règne de Trajan et un arrêt de la série monétaire dès le IIIe siècle.

Les as de Caligula de facture non romaine ont, en proportion significative, des éléments traces d'antimoine et d'arsenic comme les dernières monnaies de Lyon. Les quelques sesterces de Caligula à Saint-Léonard sont aussi, me semble-t-il, issus de la production d'un atelier provincial. En effet, on ne voit pas apparaître à Saint-Léonard de sesterces indiscutablement romains avant le règne de de Vespasien (voir supra). Ces sesterces de Vespasien sont très usés et leur venue sur le site ne peut être contemporaine du règne de Vespasien. Les quelques sesterces de Caligula sont, par contre, en bon état de conservation, comparable à celui des rares sesterces de Lyon au globe de Néron présents sur le site. Par ailleurs, le style et la forme des flans des sesterces de Caligula de Saint-Léonard, en particulier des trois sesterces au type PIETAS, sont facilement reconnaissables : minceur du flan, personnages mal proportionnés avec une grosse tête (Trésors monétaires, Volume 21, Bibliothèque nationale (France), Centre d'étude et de publication des trouvailles monétaires, 2003 - books.google.fr, www.livresdart.fr - Monnaies du Gué Saint Léonard - Mayenne).

Sesterce de Caligula - www.monnaiesdantan.com - Caligula

Antimoine, stimmi, stibi, larbason, chalcédoine; élément féminin (par opposition avec l’arsenic, élément masculin?). C’est notre sulfure d’antimoine, le soufre noir des alchimistes. D’après Dioscoride (Mat. méd., l. V, 99) c’est un corps brillant, rayonné, fragile et exempt de parties terreuses. On le brûle en le recouvrant de farine; ou bien, en l’exposant sur des charbons allumés, jusqu’à ce qu’il rougisse (oxysulfure?). Si on prolonge, ajoute l’auteur, il prend les caractères du plomb (c’est-à-dire que l’antimoine métallique ou régule se produit). D’après Pline (H. N., l. XXXIII, 33), on l’appelle st?µµ?, alabastrum, larbason mâle et femelle; il est blanc et brillant. S’il devenait ainsi blanc, c’est sans doute après un grillage qui l’avait changé en oxyde d’antimoine, corps confondu souvent chez les anciens chimistes avec notre minium blanchi par certains traitements. L’antimoine oxydé se trouve d’ailleurs dans la nature, ainsi que l’oxysulfure rouge (Kermès minéral). Ce dernier a du être pareillement confondu avec la sandaraque, le minium, la sanguine et le cinabre, substances que l’on trouve souvent prises les unes pour les autres (Marcellin Berhtelot, Collection des alchilmistes grecs, Introduction, VI. — Renseignements et notices sur quelques manuscrits, 1887 - remacle.org).

Le médecin allemand Libavius résume ainsi dans son Alchymia la triple action de l'antimoine, trilogie burlesque : facit vomere, cacare, sudare.

Andreas Libavius (1550 - 25 juillet 1616) était un chimiste et médecin allemand, né à Halle en Allemagne, sous le nom d'Andreas Libau. Fécond disciple de Paracelse, il a écrit en 1595 le premier livre de chimie systématique, Alchimya, qui inclut les instructions pour la préparation de nombreux acides, parmi lesquels l'acide acétique. Il a publié un pamphlet contre la profession de foi des Rose Croix. À la suite de quoi le docteur Robert Fludd fait éditer en 1617 son traité apolégétique contre « l’analyse inquisitoriale que porte le Dr Libavius à l’égard de la Confession des frères de la Société de la Rose Croix » (fr.wikipedia.org - Andreas Libavius).

De notre temps, le rémora retint le navire de l'empereur Caligula, qui revenait d'Astura à Antium. De la sorte, un petit poisson doit figurer parmi les présages; car à peine ce prince fut-il revenu à Rome, qu'il fut percé par les armes mêmes qui le gardaient. L'immobilité du vaisseau n'avait pas été longtemps un mystère; on en avait compris aussitôt la cause en voyant que de toute la flotte la seule quinquérème de l'empereur n'avançait pas : à l'instant on plongea autour du navire pour chercher ce qui l'arrêtait, et l'on trouva un échénéis attaché au gouvernail ; on le montra à Caligula, indigné qu'un tel obstacle eût ralenti sa marche, et rendu impuissante la bonne volonté de quatre cents rameurs. II est certain que ce qui l'étonna le plus, c'est que ce poisson, qui par son adhérence arrêtait le navire, n'eut plus le même pouvoir lorsqu'il fut dedans. D'après ceux qui le virent alors et ceux qui l'ont vu depuis, il ressemble à un grand limaçon. Nous avons rapporté des opinions diverses quand nous avons parlé de l'échéneis, en traitant des poissons (IX, 41); et nous ne doutons pas que toutes les espèces d'echénéis n'aient la même puissance, comme le témoignent ces conques célèbres consacrées dans le temple de Vénus à Guide (IX, 41), pour avoir pareillement arrêté un vaisseau. Quelques auteurs latins ont donné à l'échénéis le nom de remora (echeneis remora, L.). Chose singulière! parmi les Grecs les uns ont prétendu que porté en amulette, comme nous l'avons dit (IX, 41), il prévient les fausses couches et conduit à terme les femmes disposées à avorter; et les autres, que gardé dans le sel et porté également en amulette il hâte l'accouchement, ce qui lui a fait donner le surnom d'odinolytès (faisant cesser les douleurs puerpérales). Quoi qu'il en soit, après l'exemple d'un navire ainsi retenu, comment révoquer en doute aucune puissance de la nature, aucune de ses forces effectives dans les remèdes fournis par ses productions spontanées? (remacle.org - Pline, Histoire naturelle, Livre XXXII, I Rémora).

REMORA:, subst. masc., poisson qui paraît en fasce dans 1 écu, position qu'on n'exprime pas. Les anciens attribuaient donc au Rémora la force d'arrêter les vaisseaux dans leur course. Quelques maisons nobles peuvent l'avoir pris dans leurs armes pour signifier qu'elles ne sont parvenues aux honneurs et dignités qu'après avoir surmonté les plus grands obstacles. La famille Godefroy de Bordemer du Bordage, en Normandie a pour armes : de sable , au rémora d'argent, lié à une ancre avec sa gumène du même , accompagnés de trois étoiles d'or. Leur seigneurie se trouve dans la région de Carentan en Normandie (Manche). Elle possédait l'île de Tatihou, près de Saint Waast, qui fut vendue à Louis XIV (Nicolas Viton de Saint-Allais, Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, Volume 2, 1816 - books.google.fr).

Le nom du rémora, selon Pline (XXXII, 6), s'explique par sa faculté à retarder les bateaux : « Certains de nos compatriotes lui ont donné le nom latin de mora. » Le nom latin mora signifie « délai, retard », du verbe morari « retarder » (cf. en ancien français le verbe morer « demeurer, retarder»). En fait, le nom du poisson s'est maintenu, non pas tel quel, sous la forme du nom latin mora mais sous forme d'un dérivé, remora, avec renforcement de sens par le préfixe re. Ce dernier nom (remora) est attesté aux IIIe/IIe s av. J.C., tout d'abord chez Plaute et Ennius, dans le sens de « retard, obstacle », puis, au IVe siècle de notre ère, pour désigner le poisson. En français, des formes anciennes (remora, remore, rémora, rémore) ont autrefois signifié « retard, obstacle », au propre et au figuré, mais seul a subsisté le nom du poisson, rémora, déjà employé par Rondelet en 1558 sous la forme remora. Aristote (II, 14) appelle ce poisson ekhenêida, d'un adjectif grec signifiant « qui arrête les navires » (du verbe ekhein « retenir, arrêter» et naus « navire »).

En grec, cet adjectif s'appliquait normalement à un objet conçu effectivement pour bloquer un navire, comme une amarre ou une ancre. Cela montre que les Anciens avaient bien observé la présence des rémoras collés à leurs navires. Pline (IX, 79) évoque ce poisson également sous le nom latin echeneis, emprunté directement au grec, et il explique : « On croit qu'en s'attachant aux carènes des vaisseaux il retarde leur marche, d'où le nom qui lui a été attribué. Ce pouvoir lui vaut aussi la fâcheuse réputation de servir à préparer les philtres érotiques, et à retarder jugements ou procès ; il rachète ces méfaits par un seul mérite : il arrête les pertes des femmes enceintes et conduit à terme leur grossesse. » (Pierre Avenas, Henriette Walter, La fabuleuse histoire du nom des poissons, 2011 - books.google.fr).

Si le combat de la salamandre et du rémora n'a pas de précédent avant Savinien Cyrano de Bergerac dans ses Etats et Empires du Soleil, Sendivogius les cite tous les deux dans une Enigme de son Traité de la constitution générale des éléments simples et composés (Michael Sendivogius, Cosmopolite ou Nouvelle lumiere de la physique naturelle, Traduit nouellement de latin en françois par le Sieur Millet de Bosnay, 1618 - books.google.fr).

Cyrano connaît bien cette surprenante rémore, qu'il évoque dans son Pédant joué (« Soyez telle en fermeté que la rémore qui bride la nef au plus fort de la tempête ; et je serai tel que le vaisseau de Caligula qui en fut arrêté ») (Alain Mothu, La pyrhydromachie des Empires du Soleil, Le doute philosophique: philosophie classique et littérature clandestine, La Lettre clandestine : 10.2001, 2002 - books.google.fr).

Michael Sendivogius (1566-1636) est un alchimiste et médecin polonais. Comme son maître Alexandre Seton, on l'appelle aussi parfois "Le Cosmopolite" : Le Cosmopolite II (fr.wikipedia.org - Michael Sendivogius).

Selon le Dictionnaire mytho-hermétique d'Antoine-Joseph Pernety (1787), "Les Philosophes hermétiques ont donné le nom de Remore & d'Echénéis à la partie fixe de la matière de l'œuvre, par allusion à la propriété prétendue de ce poisson, parce que cette partie fixe arrête la partie volatile en la fixant." (Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, 1787 - books.google.fr).

Le Rémora et Naucaze (près Rouziers)

Si le bénitier de l'église Saint Marie Madeleine de Rennes le Château est une carte comme proposé dans (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 2).

alors il doit être possible de retrouver un élément décoratif en rapport avec le rémora, complément des salamandres du bénitier.

On pourra accuser le site nonagones.info de voir des éléphants roses dans les nuages, mais ne peut-on voir un "STO" inscrit sur le croisement du signe de croix sur la poitrine de l'ange du fond vêtu de jaune, dit Raphaël ?

massagot.free.fr - Eglise Sainte marie Madeleine de rennes le Château : le bénitier

 

 

Statikè vient de statikos, mot par lequel on désignait tout ce qui est propre à rester debout, en repos; ou tout ce qui est dans le cas de l'équilibre; de statos, qui est debout, en repos; de stao, en latin sto, je me tiens debout, ferme et fixe; du radical organique ST, qui est le signe naturel de sa fermeté, et, pour ainsi dire, de la fixité; comme il paraît parce que ce son est employé par tout pour arrêter les gens, ou pour les faire taire (Isaac-Emmanuel-Louis Develey, Traité analytique de la méthode, 1794 - books.google.fr).

Le clouement à la croix est une fixation. "Sto" : "Je suis fixé."

Remarquons que dans les armes des Naucaze (Nau-caze), dont le château se trouve près de Rouziers, se trouve un navire. "Naus kazein" "navire scier" ? Le navire du blason des Naucaze est surprenant pour la région cantalienne à l'intérieur des terres. Ce n'est pas un navire d'eau douce mais de pleine mer. Le rémora est un poisson de mer.

En aviron pour donner l’ordre d’arrêter le bateau on crie « scier !» (www.aviron-lille.org - B.A.BA de l'aviron).

Quand avec un des Avirons on fait reculer ou arrêter un petit Vaisseau, cela s'apelle Scier, ou Nager en arriére. Cela se pratique sur tous les Bâtimens à Rames, pour éviter le Revirement, & présenter toujours la Proue (Jacques Ozanam, Dictionnaire mathematique ou idée generale des mathematiques: dans lequel l'on trouve, outre les termes de cette science, plusieurs termes des arts et des autres sciences, 1691 - books.google.fr).

Le bateau du blason est plutôt à voiles, mais scier se dit, semble-t-il, aussi pour la voile : "Mettre à scier, ou à culer, c'est mettre le vent sur les voiles, en sorte que le vaisseau puisse plutôt reculer qu'avancer" (Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Volume 30, 1779 - books.google.fr).

ou pour l'arrêter ou du moins l'arrêter d'avancer.

Blason des Naucaze

François-Joseph-Michel Noël, dans son Dictionnaire historique des personnes célèbres de l'antiquité (1824), donne comme étymologie à Castor le verbe "kazein" auquel il donne la signification de "vaincre" que l'on ne retrouve pas ailleurs, mais pour Cadmus, qu'il fait venir aussi de "kazein" qui voudrait dire "orner". (François-Joseph-Michel Noël, Dictionnaire historique des personnes célèbres de l'antiquité, 1824 - books.google.fr).

Selon un mythe rapporté à la fois par Pline (Historia Naturalis, VIII, 30, 47), par Elien (De natura animalium, liv. VI, 34, 1er siècle de notre ère) ou encore le recueil de fables attribuées à Esope (n°153, édition Belles-Lettres de 1927 p. 68), le castor se serait castré lui-même, pour échapper à des chasseurs désirant lui prendre ses testicules. Le terme castor servant à désigner l’animal remplace celui de bièvre dans notre langue au Moyen-âge. Il est utilisé à partir de 1135 (Bloch et Wartburg, 1968). Certains auteurs considèrent que ce terme de castor vient de castratus et du verbe castro signifiant « châtrer, élaguer, amputer, purger, filtrer, cribler » (Reichholf 1999). Le verbe castro, dont il n’est pas certain qu’il soit étymologiquement le plus proche d’une parenté avec la désignation du castor, signifie « couper ou émonder », ce qui a donné « castrer » dans l’étymologie populaire attestée dès Servius, et qui pourrait plus vraisemblablement être en connexion avec l’activité de coupe des arbres. Isidore de Séville fait également dériver le terme castores du verbe castrare « châtrer » (Etymologies, XII, II, 21). Nous pouvons en faire autant d’une étymologie rapportée à « kazein » signifiant « scier » comme confusion entre couper et châtrer. L’étymologie du terme castor est sujette à caution ; la relation d’antériorité ou de postériorité de la légende elle-même par rapport à l’évolution des termes peut également être discutée ; cependant, le remplacement rapide du terme bièvre par celui de castor est signifiant.

L’association du castor à la femme ou du moins au non-viril et son opposition relative avec le masculin ont partie liée avec l’absence de dimorphisme sexuel chez cet animal. Les testicules du mâle se situent en effet à l’intérieur de son abdomen. Nous allons voir, avec l’exemple d’une fable, que le castor devient l’une des représentations du clerc.

Au Moyen-âge central, la fable d’Esope a acquis un intérêt majeur. Elle a été réinterprétée en raison de son rapport avec la génitalité et par extension, à la sexualité. La christianisation de ce récit lui fait prendre un caractère moral dont elle était auparavant dépourvue. Ignoré par les Ecritures, ce castor connaît alors une large audience en raison de cette auto-castration. L'animal se situe au second rang des animaux sauvages occidentaux énumérés par Isidore de Séville, qui loue son attitude. Cette légende fait du castor un modèle de vertu. Pierre de Beauvais y fait allusion en tant que métaphore de l’observance religieuse. Ceux qui veulent vivre selon les commandements de Dieu doivent trancher leur sexe, c’est à dire s’abstenir de tout vice, les jeter au Diable, comme le castor au chasseur, pour que celui-ci abandonne sa chasse (Mermier, trad. Courte, ed. critique 1977 : 45 ; Voisenet 2000 : 79-81 ; Delort 1985 : 11-45 ; Zink, 1985 : 47-71). C’est pour cela que nous suggérons que le castor représente le clerc (l’aspect passif dans l’actif). Cette idée rejoint celle que véhicule le couple de Dioscures.

A l’époque moderne, un « demi-castor » est l’expression employée pour désigner le jeune marin (passif dans l’actif, l’adolescent est encore un non-homme, non-viril). A l’inverse, la prostituée qui choisit ses clients (actif dans le passif) est appelée un « castor » (Alexandra Liarsou, Approche diachronique et interdisciplinaire des représentations du castor concernant la différenciation sexuelle et la figure du Féminin, 2013 - hal.inria.fr, P.H. Plantain, Castors, Le Courrier de la nature, Numéros 29 à 40, Société nationale de protection de la nature et d'acclimatation de France, Ligue française pour la protection des oiseaux, 1974 - books.google.fr).

Il y a en effet aussi un boeuf (taureau châtré) dans le blason de naucaze.

Et un lion de sable, noir. Le lion, l'âne, le loup, le castor, quel bestiaire ! Ou quelle ménagerie !

Armes de Naucaze — d'argent, au lion léonardé de sable, lampassé et armé de gueules, surmonté d'un bœuf de gueules, accorné", colleté et clariné d'azur; au chef d'azur, chargé d'un navire équipé d'argent, sur une mer de même. Ce lion (léonardé) armé et lampassé de gueules peut renvoyer aux armes de la Flandre française, où se trouve Douai, qui portent aussi un lion de sable armé et lampassé de gueules.

Blason de la Flandre - fr.wikipedia.org - Flandre française

Vous remarquez ; MON CHER PHILIATRE, dans ces diversités de noms & d’alliances, l’affection que l’Antimoine à pour ces métaux ; les bienfaits qu’il leur communique ; les diverses fabriques & compositions que causent ses rares vertus ; à cause desquelles il a été nommé Magnesia Aimant des Métaux par cette comparaison que l’aimant sert de conduite & pointe droit vers son étoile qu’il regarde & poursuit incessamment comme notre Antimoine à sa vertu aimantine, par laquelle il aime & sert de conduite à tous ces métaux pour leur donner une plus grande perfection. J’aurais peur de vous être ennuyeux si je vous faisais le récit de tous ses autres épithètes que mettent au jour ceux, qui le veulent connaître & le tenir caché ; d’autant que sa beauté aimantine de laquelle il se sert à attirer après soi ses curieux, fait qu’ils ne sont pas sitôt connu qu’ils souhaitent de le posséder seuls & priver les autres de sa connaissance, ce qui est la cause qu’ils lui ont donné des noms qu’ils ont inventés, sans autre raison que pour l’ôter du jour & de la vue de ceux qu’ils en croyaient indignes. Pour exemple ils cachent l’ANTIMOINE sous les noms des animaux ou des pierres précieuses qu’ils inventent en ces termes : Prenez du Lion noir qui ait les yeux étincelants comme Opales, & par cette façon de parler, veulent dire ; prenez de l’ANTIMOINE. Voici donc la clef minérale que je vous mets en main pour ouvrir non seulement les corps métalliques, mais aussi pour dessiller vos yeux, & leur faire voir les teintures & qualités tant extérieures qu’intérieures de l’ANTIMOINE (La Science du Plomb sacré ou de l'antimoine, où sont décrites ses rares & particulières Vertus, Puissances, & Qualités, Par Johannes CHARTIER, 1651 - www.bnam.fr).

Jean Chartier, fils de René (vendôme, 1574 - mort à cheval en 1654), né à Paris en 1610, fut reçu docteur de la faculté de médecine en 1634, Ecuyer, Conseiller, & Médecin ordinaire du Roi, & son Professeur en Médecine au Collège Royal de France, Docteur Régent en la faculté de Médecine de Paris. Il mourut au mois de juillet 1662. On a de lui Palladii de febribus concisa synopsis, Parisiis, 1646, in-4°. et Science du plomb sacré des sages, ou de l'antimoine, où sont décrites ses rares et particulières vertus, puissances et qualités, Paris, 1651, in-4°. Cet ouvrage ralluma la querelle sur l'antimoine plus vivement que jamais. Guy-Patin, alors doyen, fit rayer l'auteur du tableau des membres de la Faculté; mais il y fut rétabli le 16 août 1653, sous le décanat de Paul Courtois. Il indisposa d'autant plus la faculté de Paris, qu'il attaquoit les opinions des vieux docteurs, qu'il affichoit même leur ignorance par la figure hiéroglyphique qui se voit au frontispice de ce petit traité, avec ces vers :

Ce hibou fuit la clarté vivifique;

Eh bien! qu'il ait lunettes et flambeaux,

Il ne peut voir les secrets les plus beaux

De l'antimoine et du vin émétique (Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique, Volume 4, 1810 - books.google.fr, Dictionnaire historique de la médecine, ancienne et moderne, Béchet jeune, 1831 - books.google.fr).

L'apparition de l'antimoine, le « lion noir » des alchimistes, marque l'avènement de la thérapeutique chimique, et le remplacement de la galénique par la pharmacie spagyrique (Michel Erlich, La Mutilation, 1990 - books.google.fr).

Retour à l'envoyeur... Nous retrouvons l'antimoine, qui avait ses mines dans la région de Massiac dans le Cantal.

Une noire, du poison et un Naucaze

Annet II de Scorailles, fils de François et de Françoise de Caissac, fut seigneur de Mazerolles et baron de Salers par son aïeul. Il servit, en qualité de capitaine de cavalerie, au régiment de la Mothe-Houdancourt, et devint chevalier de Saint-Louis. Annet de Scorailles épousa, en 1747, Madeleine de Corn, fille de Mercure-Joseph de Corn, marquis de Queyssat, en Limousin, et de Susanne de Turenne-d'Aynac. De cette union vinrent trois filles dont la première Marie-Françoise de Scorailles, dame de Salers et de Mazerolles, épouse du comte de Naucaze, et morte sans enfants en 1820 (www.cantalpassion.com - Dictionnaire statistique du Cantal).

Au-dessous de la terrible Chambre des Revenants du château de Mazerolles à Salins (Cantal), et dans une encadrure semblable, se trouve la salle à manger, toute revêtue de portraits de famille, parmi lesquels j'ai remarqué un des possesseurs de ce château, le comte de Salers, à figure noble et fière : ses regards semblent parcourir avec orgueil les contours de cette salle, où une de ses petites-filles, madame de Naucase, faillit à périr victime d'un lâche empoisonnement. Déjà cette femme, belle et jeune, portail à la bouche le breuvage altéré par les soins de son propre mari, lorsqu'une négresse, mue par l'instinct merveilleux des peuplades demi-sauvages, renverse brusquement le vase fatal. La vieille femme, au teint basané, qui nous conduisait dans cette ancienne demeure, était la fille de la négresse fidèle (Promenade au Cantal, Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne, Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, Volume 6, 1833 - books.google.fr).

Suède et Grande Ourse

La Suède se trouve près du Pôle arctique dans la direction de la Petite Ourse et de la Grande Ourse. La conversion de la reine du Septentrion (les 7 boeufs en latin, nom de la constellation de la Grande Ourse), Christine de Suède, au catholicisme renforce l'idée de Dante que cette constellation symbolise l'Eglise.

Lavax, seigneurie des Aldebert, se trouve à Montclar, sur la Clause, ruisseau qui se jette dans l'Aude, qui est une commune environnée de bois et située dans la Malpère, non loin de la route de Carcassonne à Limoux, ou de Paris à Mont-Louis; avec une succursale et un instituteur particulier. C'est dans cette commune que se trouve, au milieu des bois, le domaine de Lavax, sur une hauteur d'où l'on jouit d'aine très-belle vue. A ce domaine est attachée une chapelle autorisée par le gouvernement (Claude-Joseph Trouvé, États de Languedoc et département de l'Aude, Description générale et statistique du département de l'Aude, Volume 2 , 1818 - books.google.fr).

Monclar est associé à l'étoile Megrez de la Grande Ourse (Autour de Rennes le Château : Saint Sulpice, Aude et Grande Ourse), au diacre Parménas (La Croix d’Huriel et pierres noires : Le Sceau de Palaja et les 7 diacres), à la séphiroth Yesod (La Croix d’Huriel et pierres noires : Saint Sulpice, séphiroth et Aude).

La famille D'Aldebert existait dans le Haut-Languedoc dès le commencement du XIIème siècle. Pierre Aldebert, chevalier, consul de la ville de Nismes, figure dans une charte accordée, en 1144 aux habitants de cette cité, par Bernard-Aton, vicomte de Nismes. Cette famille a formé diverses branches. Celle des seigneurs de Pradelles, de Comèles, etc., s'est éteinte au milieu du XVIIIème siècle. Celle des seigneurs de Lavax, qui a donné un chevalier de l'ordre du roi de Suède (Jean III), chargé par ce prince d'importantes missions diplomatiques en France, en Pologne et à Rome près du pape Clément VIII, paraît n'avoir subsisté que jusqu'à la fin du XVIIème siècle. Ces deux branches ont été maintenues dans leur noblesse par jugement de M. de Bezons, intendant en Languedoc, du 13 janvier 1671.

Armes : D'azur, à l'aigle d'argent, accompagnée en pointe d'un croissant du même. Couronne de comte. Supports: Deux lions affrontés.

Jean Aldebert, Sgr de Lavax, chevalier de l'ordre du roi de Suède, ép. le 13 mars 1598 N. Château, et il en eut Guillaume Aldebert, Sgr de Lavax, ép. le 10 mars 1628 Claire de Casamajour, dont il eut Bertrand Aldebert, ép. le 13 juill. 1665 Marthe Ferin, et fut maintenu dans sa noblesse avec son père par jugement souverain du 13 janv. 1671 (P Louis Lainé, Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, 1829 - books.google.fr, Louis de la Roque, Armorial de la noblesse de Languedoc généralité de Montpellier, 1860 - books.google.fr).

Jean III de Suède (1537–1592) est roi de Suède de 1568 à sa mort. Il est deuxième fils de Gustave Ier, mais le premier issu de son mariage avec Marguerite Lejonhufvud. C'est en menant une révolte dans l'été 1568 que le duc Jean, aidé par son frère Charles (futur Charles IX), est monté sur le trône de Suède qu'il occupera jusqu'à sa mort 1592. Il a emprisonné — et probablement fait assassiner — son frère aîné Éric XIV pour s'emparer de la couronne, ce dernier sombrant dans la folie. Il dut faire des concessions à la noblesse, qui avait perdu des privilèges sous Gustave Vasa et Erik XIV, pour qu'elle accepte son coup de force. Son règne et son action coïncidèrent avec la Contre-Réforme ; il tenta d'imposer une nouvelle liturgie à mi-chemin entre le catholicisme polonais et la foi luthérienne déjà bien ancrée en Suède, mais ce fut un échec. Il a épousé la princesse polonaise Catherine Jagellon en 1562 puis Gunilla Bielke en 1585 et fut le père du roi de Suède et de Pologne Sigismond Vasa. Sa fille naturelle Sophie Gyllenhjelm devint le 14 janvier 1580 l'épouse de Pontus de La Gardie, général en chef des armées suédoises, et issu d'une famille de noble française qui le destinait la vie monastique.

Ponce (Pontus) de La Gardie, de son vrai nom Pontus Escoperier, nait vers 1520 à Caunes-Minervois. Il transplanta en Suède une branche de la maison de la Gardie, qu'il éleva au premier rang de la noblesse de ce royaume. Il périt naufragé dans la Narva, le 5 novembre 1585. Une de ses descendantes, Hedvig Catharina De la Gardie sera la mère d'Axel Fersen, célèbre ami de cœur et chevalier servant de la reine Marie-Antoinette, Reine de France.

Tombeau de Pontius de la Gardie à Tallinn (anciennement Reval, Estonie) par Arnold Pascer - vikerraadio.err.ee

Veuf, Charles IX de Suède, qui avait fait exclure son neveu Sigismond roi de Pologne et fils de Jean III, épousa le 27 août 1592 Christine de Holstein-Gottorp (1573-1625) Trois enfants sont nés de cette union dont Gustave II Adolphe de Suède, champion de la Guerre de Trente ans, mort à la bataille de Lutzen en 1632, et père de la reine Christine de Suède (fr.wikipedia.org - Jean III de Suède, fr.wikipedia.org - Pontus de La Gardie, fr.wikipedia.org - Gustave II Adolphe de Suède).

Le 23 janvier, fête de Parménas dans le Martyrologe romain, dans l'histoire de Suède

Le martyrologe de la reine de Suede, nommé ainsi parce qu'il a été tiré d'un manuscrit appartenant à cette princesse, devrait plutôt porter le nom du monastere de sainte Colombe de Sens, pour lequel il a été dressé. L’on ne lui assigne point d'époque, mais nous n'y remarquons point de saints postérieurs au huitième siecle. Il commence au premier de Janvier, en quoi il est encore conforme à celui du vénérable Bede. Dès 1663, M. Holstenius en avoit publié une partie dans ses observations sur le martyrologe romain, imprimées à la fin des actes de S. Boniface de Rome. Nos éditeurs ont publié tout ce qu’en contient le manuscrit : ce qui ne va que jusqu’au septième jour de Septembre inclusivement. Le reste manque; et on en regrette fort la perte (Bibliothèque françoise, ou, Histoire littéraire de la France, Volume 4, 1738 - books.google.fr).

Le 7 septembre est la fête de sainte Reine. Selon ce qu'en dit Raban Maur, alors que Parménas, venu en Gaule avec toute une milice accompagnant Marie Madeleine, se retira à Avignon avec sainte Marthe, servante du Seigneur, qui lui dicta ses mémoires de Palestine, à Sens s'installèrent Sabien (Sabinien ou Savinien) et Potentien (Étienne Michel Faillon, Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence et sur les autres apôtres de cette contrée, Volume 2, Jacques Paul Migne, 1848 - books.google.fr). Notons que Savinien est le prénom de Cyrano de Bargerac (Madeleine Alcover, Glanes biographiques, Le clandestin et l'inédit à l'âge classique, 2003 - books.google.fr). Savinien et Potentien de Sens ont leur fête le même jour que Colombe de Sens, le 31 décembre. Savinien est aussi fêté le 19 octobre (translation) et le 23 août.

De tons les monuments religieux de la ville de Sens et des environs, celui qui rappelait le plus de souvenirs historiques, était l'ancienne abbaye de Sainte-Colombe, fondée a une demi-lieue de cette ville, par Clotaire II, en 620. Cette abbaye fut d'abord dédiée à la sainte Croix, ensuite à sainte Colombe et à saint Loup, plus connu sous le nom de saint Leu (fêté le 1er septembre) ; mais en 1164, Alexandre III, pape, pendant son séjour à Sens, en changea et fixa la dédicace en l'honneur de sainte Colombe. Saint Éloi fut administrateur du monastère de Sainte Colombe de Sens. En 645, il y travailla à la châsse et au tombeau de cette sainte. On n'a jamais pu connaître au juste l'emplacement où vers l'an 637, existait à Paris l'église de Sainte-Colombe, fondée par saint Éloi. Cependant le savant abbé Lebeuf a conjecturé, avec assez de raison, que comme cette église a dépendu dans la suite de l'abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, elle devait être dans le même quartier où l'on a vu une chapelle dédiée à saint Bond (sanctus Baldus ), solitaire du pays sénonais. On voyait autrefois dans ce monastère un bénitier très-remarquable. On y avait représenté en relief le trait de saint Bond, ermite, qui, un jour, pour se délivrer du diable qui était venu lui donner des distractions pendant qu'il disait son office, l'enleva par les oreilles et le plongea dans le bénitier; et ayant mis son bréviaire dessus, il l'y fit rester pendant quinze jours (Gratien-Théodore Tarbé, Recherches historiques et anecdotiques sur la ville de Sens, sur son antiquité et ses monuments, 1838 - books.google.fr).

Pendant la guerre de Trente ans, en 1629, l'empereur du Saint Empire Ferdinand II avoit poussé ses conquêtes jusques sur le bord de la mer Baltique. Il avoit pris tout le Mecklenbourg sur ses princes, & en toute la Poméranie il n'y avoit que la ville de Stralsunt, qui refusât de recevoir garnison impériale. Cette ville s'étoit mise sous la protection du roi de Suede, par un Traité fait dès le 23 janvier 1628, de sorte que lorsque le général, Arnhem l'assiégea, elle fit une si vigoureuse défense, qu'elle donna au roi le loisir de se dégager de la guerre de Pologne, & de passer en Allemagne. Ce fut par le Traité qui se fit à Tiégenhof le 28 février 1630; & eu la même année il commença à traiter avec la France , qui y employa Hercules, baron de Charnacé, avec lequel il conclut le 23 janvier de l'année suivante, le Traité de Berwalde, pour cinq ans. (Jean Baptiste Robinet, Dictionnaire universel des sciences morale, économique, politique et diplomatique, 1783 - books.google.fr).

Louis XIII, à leur sollicitation, et ce fut le premier acte d'ingérence de notre pays dans la guerre de Trente ans, ménagea une réconciliation entre la Pologne et la Suède, et Gustave-Adolphe put entrer en campagne; mais, auparavant, il demanda à la France une alliance effective, et, par un traité en date du 23 janvier 1631 à Bärwalde (Behrwald, Berwalt, Bernwald, aujourd'hui Mieszkovvice), entre son camp de Schwedt et Küstrin, le roi lui assura la prestation d'un subside de 1300 000 écus par an, et, de son côté, il s'engagea à entretenir en Allemagne une armée de 36000 hommes, trois mois après le traité de Ratisbonne, par lequel le roi de France promettait de ne donner aucune « assistance d'aide, conseil, argent, armes et vivres à ceux qui étaient ou seraient déclarés ennemis de l'empire ». Cette période ouiverte par le traité de Bärwald sera terminée par la paix de Prague (1635). Grâce à cette alliance, le Brandebourg fut nettoyé des Impériaux en quelques semaines. Ferdinand répondit à l'invasion des Suédois et au soulèvement des populations par le sac de Magdebourg. Il espérait ainsi contenir l’Allemagne par la terreur. Ce fut le résultat contraire qu'il obtint une indignation immense succéda à la stupeur du premier moment, et la nation entière se leva comme un seul homme pour venir en aide à Gustave-Adolphe. Les succès du roi de Suède furent rapides, et I’Empereur se trouva bientôt dans une situation assez critique pour se voir dans la nécessité de rappeler Wallenstein, le plus habile général de l'Empire, mais dont l'ambition turbulente était pour lui un sujet de craintes perpétuelles, et qu'il avait, depuis la fin de la période danoise, croyant n'avoir plus besoin de ses services, disgracié et exilé dans ses domaines. Wallenstein rétablit d'abord un peu les affaires de Ferdinand; mais ayant livré bataille à Gustave-Adolphe à Leipsik, il fut battu. Peu de temps après il lui offrit une seconde fois le combat à Lutzen; le roi de Suède fut tué au commencement de l'action, mais sa mort, au lieu d'ébranler le courage de ses soldats, le surexcita jusqu'à les rendre invincibles. Ils trouvèrent dans son principal lieutenant, Bernard de Saxe-Weimar, un chef digne de les commander après lui, et l'armée impériale subit encore une fois une sanglante défaite. Cependant la mort de Gustave-Adolphe avait abattu les courages; Bernard de Saxe-Weimar n'avait pas sa grande personnalité et n'inspirait pas la même confiance; la ligue protestante hésite, et, pour la seconde fois, l’Allemagne invoqua le secours de la France. Gustave avait pour conseiller un homme d'une grande sagesse, le chancelier Oxenstieru. Oxenstiern prit en main, après la mort de son maître, la direction des affaires de la Suède. et convoqua à Heilbronn, en Souabe, une assemblée des princes protestants. On y décida qu'une satisfaction convenable serait accordée à la Suède a la fin de la guerre, que Bernard de Saxe serait le général en chef des troupes suédoises, et qu'on s'adresseraità la France pour obtenir le renouvellement de l'alliance. Louis XIII, en effet, ou plutôt Richelieu. se décida à renouer avec la fille de Gustave-Adolphe, lajeune reine Christine, l'alliance qu'il avait faite avec son père; et ce n'est qu‘après s'être assuré l’appui de la France qu’Oxenstiern cousentit à signer un traité avec les États évangéliques. De plus, à l’instigation du roi, l'Union catholique sortit de la neutralité; ceux des princes allemands qui n'avaient pas adhéré à la convention d'Heilbronn prirent parti contre l’Empereur, et la guerre se ralluma plus vive que jamais. L'Empereur eut d'abord de très-grands succès; se regardant comme le mettre de la situation, et croyant avoir plus à redouter des secrets desseins de Wallenstein que de la puissance de ses ennemis, il fit assassiner ce général. Dans le même temps, le 6 septembre 1631;, Bernard de Saxe était battu à Nordlingen. Ce fut un coup terrible pour l’Allemagne. La ligue des princes protestants se disloqua; la plupart d'entre eux firent leur traité particulier avec la maison d'Autriche, et le premier de tous, l'électeur de Saxe, conclut avec l’Empereur la fameuse paix de Prague. Malgré cette défaite de Nordlingen, Richelieu tint bon. Lui et Oxenstiern opposèrent la plus vive résistance au mouvement de dislocation de la Ligue, et un nouveau traité fut passé entre les princes allemands et la France. Par ce traité, en date du 9 octobre 1631, ceux—ci promettaient à la France, si elle continuait à soutenir la Ligue, de lui donner l’Alsace à titre de compensation, et elle était mise en possession immédiate des places fortes de l’Alsace que l'armée suédoise avait occupées jusquelà. Enfin, le 27 octobre 1635, Bernard de Saxe venait à Saint-Germain, y était reçu avec les plus grands honneurs et y signait à son tour un traité avec la cour de France pour le compte de l'armée suédoise.

Rassuré du côté de la Moskovie et de la Turquie, Wladislas voulut en finir avec les Suédois, qui occupaient encore plusieurs places fortes dans la Prusse. Christine, fille de Gustave-Adolphe, régnait alors en Suède, et le ministre Oxenstiern dirigeait les affaires publiques. La trêve conclue avec Gustave pour six ans étant près d'expirer, les deux puissances commencèrent à faire des préparatifs de guerre; mais l'Angleterre et la France offrirent leur médiation, et les pourparlers commencèrent dès le 23 janvier 1635. Cette intervention n'amenant aucun résultat satisfaisant, Wladislas quitta Warsovie (15 juin), prit la route de Thorn, et arriva à Kwidzyn (Marienwerder), où il trouva le grand-général Konieçpolski, qui était tout prêt à agir en cas de besoin. Ensuite le roi alla à Pilau, à Kœnigsbcrg et à Memel, et partout il reçut les hommages et de nouveaux serments de fidélité pour la république (juillet). Alors les négociations devinrent plus efficaces, et on finit par conclure une trêve de vingt-six ans. Elle fut signée à Sztumdorf, près Sztum, dans le palatinat de Malborg, le 12 septembre 1635, aux conditions suivantes : La Suède restitue au roi et à la république polonaise la partie de la Prusse dont elle a fait la conquête, sauf Pilau, qui sera rendu à l'électeur de Brandebourg, duc de Prusse, suzerain de la Pologne; ensuite la Suède rendra tous les objets d'arts et les trésors scientifiques enlevés et transportés à Upsal

Si la paix de Stumsdorf (1635) rend ces ports à la Pologne, elle lui interdit aussi de porter assistance aux ennemis de la Suède et reconnaît à celle-ci le gain de l'Ingrie et de la Livonie.

Je ne dirai rien des péripéties que la continuation de la guerre amena de 1634 à 1638; mais, en 1639, Bernard de Saxe ayant été emporté à la fleur de l'âge par une maladie pestilentielle, Oxenstiern et les princes allemands s’adressèrent de nouveau à la France, qui se décida à intervenir directement. Ici commence la période française, et c'est dans la guerre de cette époque qu'ont fait leur éducation militaire les généraux qui ont illustré le commencement du règne de Louis XIV : Turenne, de Guébriant, de Gassion, etc. La guerre fut poussée avec une extrême activité, si bien qu'en'tôM l’Allemagne tout entière étant lasse de ces luttes sans fin, on songea à la réunion d'un congrès à Munster, dans le but de poser des préliminaires de paix. Mais sur ces entrefaites Richelieu mourut le 4 décembre 1642. Louis XIII le suivit dans la tombe le 14 mai 1643, et leur mort fit subir un temps d'arrét à ces projets de pacification. Heureusement Richelieu avait trouvé dans Mazarin un digne héritier de ses desseins. Aidé de Turenne et de Condé, il conduisit avec une habileté merveilleuse la guerre d'Allemagne pendant la minorité de Louis XIV, et le congrès qui devait aboutir à la paix de Westphalie put s'ouvrir en 1643. Mais les négociations ne purent aboutir à une paix définitive qu'en 1648.

A la Suède on finit par accorder une partie de la Poméranie, tandis que l'autre partie devenait le lot de 1’Électeur de Brandebourg, quelques évêchés (Ch. Giraud, La réunion de l'Alsace à la France, Revue bleue, Volume 7, 1870 - books.google.fr, Anaïs Bazin, Histoire de France sous Louis XIII, Volumes 3 à 4, 1842 - books.google.fr, Léonard Chodzko, La Pologne historique, littéraire, monumentale et pittoresque, Volume 2, 1837 - books.google.fr).

Lors de la guerre de Dévolution, les Hollandais, alarmés des progrès de la France dans les Pays-Bas espagnols, conclurent, le 23 janvier 1668, à La Haye, la fameuse Triple-alliance avec l'Angleterre et la Suède, pour la défense des Pays-Bas espagnols. Ce fut le chevalier Temple, ministre du roi d'Angleterre à La Haye, qui négocia cette ligue, après avoir réussi à gagner et à détacher des intérêts de la France Jean de Witt, grand-pensionnaire de Hollande. Les États-généraux , fortement intéressés à la conservation des Pays-Bas espagnols qui leur servaient de barrière contre la France, s'assurèrent de la Suède, en lui fournissant les subsides que la France avait cessé de payer à cette couronne. On signa, le même jour, deux traités : l'un, auquel la Suède ne prit pas part, est une alliance défensive entre la Grande-Bretagne et les Étals-généraux, sur la base de l'art. II de la paix de Bréda. Il y fut convenu que, si l'une des deux puissances était attaquée, l'autre lui fournirait un secours de 40 vaisseaux de guerre, La cour de France publia à ce sujet un livre intitulé : Traité des droits de la reine Très-Chrétienne sur divers États de la monarchie espagnole. Ce livre fut réfuté par le jurisconsulte Stocksam et par un gentilhomme franc-comtois, nommé le baron de Lisola, qui 6,000 hommes d'infanterie et 400 de cavalerie, dont la partie requérante rembourserait les frais à la paix. L'autre traité est un arrangement convenu entre ces mêmes puissances, mais en se réservant d'y faire entrer la Suède, par lequel elles s'érigèrent en médiatrices entre les deux couronnes belligérantes. Elles s'engagèrent à disposer la France à un armistice, et à employer l'intervalle pour porter l'Espagne, de gré ou de force, à accepter une des alternatives que la France avait admises dès le commencement de la guerre ; savoir, ou de laisser Louis XIV en possession de toutes les places qu'il avait conquises pendant la campagne de 1667, ou de lui abandonner soit le duché de Luxembourg, soit la Franche-Comté, et, avec l'un ou l'autre lot, Cambrai et le Cambrésis , Douai, Aire, Saint-Omer, Furnes et leurs dépendances. On convient, par des articles secrets, 1° que, dans la paix à conclure, il ne sera pas question de la renonciation qu'on avait demandée à Marie Thérèse , ou que cette renonciation sera exprimée en termes vagues ; 2° que , si la paix entre l'Espagne et le Portugal ne se faisait pas, la France respecterait la neutralité des Pays-Bas; 3° que , si le roi de France refusait d'accepter la paix à ces conditions, l'Angleterre et les Étatsgénéraux donneraient des secours aux Espagnols , et feraient la guerre à la France par terre et par mer , jusqu'à ce que toutes choses fussent rétablies sur le pied de la paix des Pyrénées. Ce dernier article irrita beaucoup Louis XIV contre les Hollandais et leur pensionnaire Jean de Witt, et fut une des principales causes de la guerre qu'il entreprit depuis contre la république (Christophe Guillaume de Koch, Abrégé de l'histoire des traités de paix entre les puissances de l'Europe depuis la paix de Westphalie, 1837 - books.google.fr).

Après la mort, arrivée en 1718, du Roi Charles XII, qui perdit en grande parties des pays que le Traité de Wesphalie avait accordé à la Suède, les Etats du Roïaume commencèrent a faire revivre leurs anciens droits. IIs déclarèrent la Suède un Roïaume électif; & lorsque la Princesse Ulrique Eléonore, fille de Charles XI. née le 23. janvier 1688. voulut être éluë Reine de Suède, elle fut obligée de renoncer à la souveraineté absoluë, & il fallut que le Roi Fréderic son Epoux, Landgrave de Hesse, aujourd'hui régnant, né le 18. avril 1675. embrassât la Religion Protestante de la Confession d'Augsbourg. Les Etats allèrent plus loin, ils exigèrent du Roi qu'il s'obligeât solennellement à ne rien faire sans leur consentement. Ce Monarque fut couronné le 14. mai 1720. & son Epouse mourut le 5. décembre 1741 (Johann Hübner (Fils), La Suède, La géographie universelle, Volume 3, 1746 - books.google.fr).

Succède à Ulrique, son beau-frère Adolphe-Frédéric de Holstein-Gottorp, frère de Frédéric IV de Holstein-Gottorp, époux de l'aînée des enfants de Charles XI, Sophie Edwige. Le roi Gustave III de Suède, fils de Adolphe-Frédéric, à la suite d'un coup d’État en 1772, mit fin au régime constitutionnel instauré par le Riksdag en 1719 et régna en despote, établissant une monarchie absolue qui prendra fin en 1809, lorsque la Suède devint une monarchie constitutionnelle (fr.wikipedia.org - Liste des monarques de Suède).

Gustave III de Suède pojetait une grande croisade contre la France révolutionnaire et ses idées. Avant d'exécuter son grand plan, Gustave eut encore une affaire importante à terminer, c'était de pourvoir aux moyens de payer les dettes de l'état qui s'étaient élevées à la somme prodigieuse de 34,300,000 rixthaler. Il fallait nécessairement convoquer pour cela une diète. Cela n'était pas sans danger, dans un moment où les principes qu'on prêchait sur la Seine avaient pénétré en Suède, et y avaient trouvé de nombreux partisans, même parmi les nobles que Gustave avait offensés. Cette considération ne l'empêcha pourtant pas de convoquer la diète pour le 23 janvier 1792, mais au lieu de l'appeler à Stockholm, il l'assembla dans la petite ville de Gefle, où deux régimens des gardes étaient en garnison. Gustave lui-même et le prince royal, qui était parvenu à sa treizième année, assistèrent à toutes les séances du comité secret, qui prit des mesures pour le remboursement de la dette dans l'espace de dix ans, mais refusa, dit-on, la garantie d'un emprunt de 10 millions de rthl. que le roi voulait faire auprès de l'impératrice de Russie, et dont le produit devait être employé à l'exécution de certains plans. L'histoire de cette assemblée n'est pas encore connue; sa durée fut très-courte, car elle se sépara le 24 février 1792. Le discours que Gustave prononça à sa clôture, prouve qu'il n'avait pas à se plaindre d'elle qui clotura le 24 février. Trois semaines après, Gustave III fut assassiné (Maximilian Samson Friedrich Schoell, Cours d'histoire des états européens depuis le bouleversement de l'Empire romain d'Occident jusqu'en 1789, 1834 - books.google.fr).

Nommé régent après l'assassinat de Gustave III, son frère (1792), Charles, duc de Sudermanie, s'était retiré, à la majorité de son neveu Gustave IV en 1796, et vivait en simple particulier, lorsqu'en 1809, par suite de la révolution qui renversa le nouveau roi lors d'un coup d'état organisé par les officiers et les fonctionnaires, il fut placé lui-même sur le trône. Jusqu'alors duc de Sudermanie, il fut proclamé roi de Suède le 6 juin 1809, sous le nom de Charles XIII. Le lendemain, tous les fonctionnaires civils et militaires lui prêtèrent foi et hommage. À son avènement il fit la paix avec la France, la Russie et le Danemark. Une nouvelle constitution, plus libérale fut promulguée. Ses enfants étant morts, il avait adopté pour successeur le prince danois, Christian-Auguste d'Augustenbourg ; ce jeune prince étant mort (1810) déclenchant une nouvelle crise politique au cours de laquelle le comte Axel de Fersen fut assassiné, le général français et maréchal d'Empire Jean-Baptiste Bernadotte fut choisi pour le remplacer, et devint prince héritier, puis roi de Suède sous le nom de Charles XIV Jean de Suède. Sa dynastie règne toujours sur la Suède (fr.wikipedia.org - Charles XIII de Suède).

La diète suédoise ouverte le 23 janvier de 1823, ne fut close que le 18 décembre. Ce fut l'une des plus longues qu'on eût tenues depuis longtemps. La Forme de gouvernement fixe la durée ordinaire de ces assemblées à quatre mois; mais le roi est maître de la prolonger, et c'est ce qu'il fit dans cette circonstance, pour donner plus de maturité aux délibérations.

Le prince royal revint à Stockholm dans le courant de décembre, et son mariage fut annoncé à l'ouverture de la diète, le 23 janvier 1823. Ainsi, en dépit des ennemis de tout pouvoir fondé sur le choix libre des peuples, la nouvelle dynastie scandinave n'avait point à craindre de se voir éteindre faute de rejetons. Mais, alors les aveugles partisans du pouvoir absolu prélendirentque cette dynastie en était réduite à l'alliance de la famille Beauharnais. Ils ignoraient que Charles XIV, par suite des propositions brillantes qui lui avaient été faites, était maître de choisir l'épouse de son fils dans les familles royales les plus anciennes; mais qu'uniquement préoccupé du bonheur de son fils et de sa patrie, il avait compris, dans sa haute sagesse, que la princesse Joséphine était la seule qui pat répondre a ses vues paternelles. Fille d Eugène et petite fille du roi de Bavière, elle rattachait, par son union avec Oscar, les illustrations modernes aux antiques monarchies. Il savait d'ailleurs que Joséphine, élevée sous les yeux de son père, prince éclairé et ami d'une sage liberté, n'apporterait dans sa nouvelle patrie que des sentiments conformes aux institutions qui régissent la Scandinavie, et qui sont la garantie de son bonheur.

La principale proposition faite par le roi dans la nouvelle session ouverte cette année, était une nouvelle preuve de la sincérité des principes constitutionnels du souverain. Il s'agissait de décider par une loi qu'à l'avenir la présidence du tribunal suprême, donnée au roi par la constitution, serait confiée à d'autres mains (Philippe Le Bas, Suède et Norwège, 1838 - books.google.fr).