Partie IX - Synthèse   Chapitre LXIV - Super-étoile (Superstar in english)   Introduction   

Cette super-étoile à 24 branches marque les 24 heures du jour et les 24èmes parties de l'année comme le font les runes semi-mensuelles de Nigel Pennick (Calendrier et runes). C'est une généralisation de l'étoile hermétique ou Sceau de Salomon ajustée sur la carte de France (Michelin n° 721) (Etoile hermétique).

Date

Lieu

Bon Vieillard

Jeune Mort

9 janvier

Marcolès

Jean de Roquetaillade

Jean Demaison

24 janvier

Montfaucon

Joseph Piazza

Lavaur

8 février

Sainte-Croix

Henri Laulinié

Pierre Venol

23/24 février

Carsac-de-Gurson

Françoix de Foix-Candale

Louis de Foix-Gurson

11 mars

Reignac

Louis duc de Saint-Simon

Lucien Nouaux

26 mars

Royan

Pierre Abraham Jônain

Charles-Hercule Crevant d'Humières

10 avril

Île de Ré

Ezechiel Barbauld

Celse-Bénigne de Chantal

25 avril

Landeronde

Voisin, curé

Marcel Guilment

11 mai

Nantes

Christophe-Clair Danyel de Kervégan

Bernard Priou

26 mai

Carbay

René d'Anjou

Jehan de La Lande

10 juin

Andouillé

Daniel Hay du Chastelet

Jeune Inconnu

25 juin

Lignières-Orgères

Lair père

Robert Gougeon

10 juillet

L'Aigle

Octave Mirbeau

Charles de La Cerda

25/26 juillet

Ezy-sur-Eure

Saint Germain de Paris

Philippe d'Egmont

10 août

Sèvres

Henri-Pierre Roché

Poullain de la Touche

25 août

Courpalay

La Fayette

François II d'Aubusson

9 septembre

Pouy-sur-Vannes

François-Xavier Aubry de la Noë

Pierre Bergerol

24 septembre

Rugny

Edme Augustin Campenon

Charles Chabot de Charny

10 octobre

Clamerey

Guy Auguste Espiard de Clamerey

François Renard

25 octobre

Saint-Bérain-sur-Dheune

Sébastien Pocheron

Elsof-Raymond Leroy

9 novembre

Aigueperse

Robert Fuzier

Jean-François Bouillard

24 novembre

Sainte-Foy-Saint-Sulpice

Claudius Merle

Marguerite

9 décembre

La Chapelle-Geneste

Jean Soanen

Antoine d'Urfé

25 décembre

Villedieu

Jacques-Paul Migne

Antoine d'Urfé

Le mage Philippe de Lyon, ami de Papus, " signalait l'existence de 24 signes zodiacaux. Ce n'est pas sans rappeler les 24 Vieillards de l'Apocalypse autour du Trône. Sur la grande rosace de Notre-Dame, nous trouvons nos douze images dédoublées en 24 sur le cercle extérieur. Le calendrier chinois reposait sur 24 Bu de 15 jours, soit 360 degrés. Chacun de ces Bu était l'énergie commune qui rassemble trois périodes de 5 jours. Ils permettaient pour les chinois de décrire les évolutions subtiles de la Nature. Les Egyptiens établissaient leur calendrier en 24 heures, soit douze heures soit douze heures de jour et douze heures de nuit, caractérisées par des types planétaires ; ce qui fait six heures par quadrant (du lever au midi, du midi au coucher, du coucher au minuit, du minuit au lever) (Olivier Peyrebrune, Les Qualifications de la Vie Cyclique, 2010).

L'alphabet grec était composé de 24 lettres, comme le latin - en comptant le j que les Romains connaissaient -, et le futhark runique.

Les Egyptiens divisaient donc " le jour en vingt-quatre " heures " temporaires, dont la durée dépendait avec la saison et la latitude. S'ils choisirent ce chiffre, c'est apparemment parce qu'ils utilisaient le système sexagésimal développé par les Babyloniens. Les Egyptiens avaient une année de 365 jours : douze mois de 30 jours, plus cinq jours supplémentaires. Ils divisaient également le cercle en 360 degrés, peut-être par analogie avec la course du soleil. Le nombre 60, égal au sixième de 360, et donc subdivision naturelle dans leur numération sexagésimale, devint une subdivision commode du cercle, et aussi de chaque " degré " ou heure. Peut-être les Babyloniens de Chaldée parvinrent-ils au nombre 60 en multipliant 5, nombre des planètes (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, saturne) par 12, nombre de mois, multiple de 6.

Dans l'Europe du XIVème siècle, de grandes horloges installées dans les clochers des églises et des beffrois sonnent les heures égales, comme à Milan en 1335, marque d'une perception nouvelle du temps. Elles ne faisaient que sonner les heures car il faut attendre la fin du siècle pour que les cadrans, inventés peut-être en 1344 par Jacopo di Dondi dont le surnom de del Orologio devient le nom de famille, s'imposent (Daniel Boorstin, Les découvreurs, Rober Laffont, p. 45).

Les 24 heures égales sont donc des heures équinoxiales.

24 vieillards apparaissent dans le livre d'Apocalypse, alors qu'il ne fait aucune mention de leur présence au ciel dans l'ancien testament. Esaïe (Esaïe 6 : 1-13), Ezéchiel (Ezéchiel 1 : 1-28 ), ainsi que les autres prophètes semblent ne les avoir jamais vu dans leur vision de la cour céleste. La vieillesse est attribuée seulement aux humains et nulle part la Bible ne fait référence à certains anges comme étant vieux. Par contre, nous avons un exemple où Samuel était encore perçu comme vieux même après sa mort. Le seul prophète dans l'Ancien Testament qui semble avoir remarqué la mise en place de plusieurs trônes au ciel est Daniel. Les 24 vieillards sont assis sur des trônes et sont couronnés comme des rois (cafe-biblique.blogspot.com - Qui sont les 24 vieillards).

Les 24 vieillards sont présents sur cette super-étoile à Ivry-la-Bataille, tout près d'Ezy-sur-Eure, sommet le plus au nord, sur le seul vestige de l'abbaye, le portail. Le personnage qui semble synthétiser l'ensemble des données tirées des sommets de cette super-étoile est le personnage réel et imaginaire de Roland de Roncevaux.

Ces vieillards sont à rapprocher des 24 anciens décrits par Raban Maur dans sa Vie de Marie Madeleine qui auraient accompagné la sainte en Europe pour son évangélisation : 17 pour la Gaule et 7 pour l'Espagne. Anciens plus par leur fonction "respectable" que par leur âge.

Roland

Roland, neveu de Charlemagne, est réputé inhumé dans l'église Saint-Romain de Blaye, fêté le 24 novembre. Il était comte de Blaye, comté qui englobait Reignac. Ce saint Romain est celui de la dédicace de l'église principale de Sèvres, qui ne l'aurait eu comme patron que sous le règne de Dagobert Ier, ce qui explique sans doute le cor sur son blason.

L'évêque de Pampelune fonde à Roncevaux un premier établissement hospitalier avec une chapelle qui est dédiée aux saints Cyr et Julitte comme popur les églises de Clamerey et d'Anet près d'Ezy. " Leur rattachement à ce lieu ne va pas sans une célébration géographique de la contrée car la proximité du port de Cize - Ciseria en latin, qui a souvent perdu sa syllabe médiane - fait de Cyr le saint éponyme du lieu, une sorte de genius loci, que les pieux visiteurs devaient normalement vénérer à Roncevaux comme étant sa personnification religieuse. Objets d'une passion apocryphe reproduite dans le martyrologe de Florus à la date du 16 juin, Cyr et Julitte sont assez peu connus. "

La Chronique de Turpin donne la date de commémoration de la mort de Roland au 16 juin aussi.

Du point de vue de l'abbaye de Conques, la dépendance un peu lointaine de Roncevaux donnée par le comte Sanche d'Erro, avait l'avantage de se rattacher au martyre de sainte Foy, sa patronne, par le fait que celle-ci était morte, comme Cyr et Julitte, sous la persécution de Dioclétien, comme encore Vincent de Saragosse, inséparable de l'historiographie de Charlemagne (Bernard Gicquel, Généalogie de la Chanson de Roland, 2003).

On peut lire la mention énigmatique d'un pin dans la Chanson de Sainte Foy (Sainte-Foy-Saint-Sulpice, Saint-Flour) : legir audi sotz eiss un pin. " Il n'est pas courant d'écouter sous un arbre un texte latin, surtout s'il est matière à lectiones d'Eglise. Ce pin-là, planté au premier vers du poème pour sainte Foy, est un objet textuel plus qu'un élément de paysage référentiel. Il fait signe. Relié au passé et à l'ailleurs, il est transplanté : d'un texte à l'autre texte. Pour qu'on ne s'y trompe pas, l'auteur souligne sa nomination par eiss, même. […] Tout amateur de littérature médiévale ne peut manquer d'avoir saisi ce qu'à la volée de voix l'auditoire de Conques devait comprendre. Il a reconnu le pin planté partout dans le texte d'Oxford de la Chanson de Roland. […] Cet arbre est la " lettre volée " que personne ne voit parce qu'elle est évidente. L'énigme de Sainte Foy est que ce texte parle d'un autre texte, pourtant lui-même, mais dans un ailleurs espagnol où est le texte du Roland. Le pin et le pedrun [terme emprunté à l'hispanique pour "perron"] le disent à qui sait entendre en plus d'une Chanson de saint une Chanson de geste (Robert Lafont, La Geste de Roland, 1991).

En témoignage du succès de longue durée de ce Roland furieux en français, traduction de l'Orlando furioso de l'Arioste, on mentionnera l'exemplaire que possédait, en 1655, Frédéric de Foix, comte de Gurson, à la mère (Diane de Foix- Candale) duquel Montaigne, ami de la famille et invité à Gurson, lui-même lecteur de l'Arioste, avait dédié son Institution des enfans. Le château de Gurson se trouve sur la commune de Carsac-de-Gurson.

La première paroisse de ce qui allait devenir Montfaucon (Lot) était consacré à saint Vézian. La proximité entre Vezian (Vidianus) et Vivien (Vivianus) a pu faire confondre les personnages historiques qui sont à l'origine des personnages de Vezian et Vivien dans certaines chansons de geste.

Saint Vezian de Martre-Tolosane, Vivien de Tours sont morts lors de batailles, le premier contre les Sarrasins (que les Templiers aient crée la première paroisse de Montfaucon sous ce nom n'étonnera pas), le second contre les Bretons en 851, au cours de laquelle Salomon de Bretagne dut participer d'une manière ou d'une autre. Il reçut de Charles le Chauve défait toute une partie de la Bretagne l'année suivante et en 863, après la bataille d'Entrammes, une partie du Maine (" le Pays entre deux eaux ", de la Mayenne à la Sarthe). Le Vezian de la Chanson de Guilhem devient le Vivien du Willam normand. La fête à Martre se célèbre le 27 août, jour anniversaire du martyre de saint Vidian. On remarquera que Du Saussay et autres hagiographes la placent au 9 septembre.

La Chanson

Dans l'histoire du royaume mérovingien, puis carolingien puis capétien, ce débat sur la nature du pouvoir politique remonte à des racines très profondes, où toujours s'entrecroisent les concepts politiques et religieux. Clovis, lors de son baptême en 499, choisit le christianisme de ses sujets aux dépens de l'arianisme des rois goths: il opte donc pour une forme christocentrique du pouvoir. Clovis eut-il choisit l'arianisme, qui dénie la divinité du Christ, il aurait imposé un modèle théocentrique de la souveraineté. M. Rouche, historien fort sensible à ces formes symboliques du pouvoir au Moyen Age, écrit :

Les ariens refusent donc le caractère humano-divin d'un peuple chrétien au profit d'une société coupée de Dieu qui la tire du néant par sa toute-puissance. Au Christ surhomme répond un roi tout-puissant. La liturgie arienne met le roi à part. [...] Au fond l'arianisme était un totalitarisme chrétien. [...] Ce refus de la divinité du Christ court à travers toute l'histoire occidentale. Il fonde l'autonomie du pouvoir politique qui peut ainsi se diviniser lui-même.

Ainsi, le moment où semble s'assurer le triomphe du christianisme sur l'idolâtrie - quand Charlemagne fracasse les dieux païens de Saragosse - est en fait l'instant où une nouvelle idole est secrètement érigée: Charlemagne, dieu païen ou (anachroniquement) " arien " du nouvel Etat-nation. Bien entendu, l'opération s'effectue sous le masque de l'observance religieuse la plus exacte: destruction des idoles, conversions en particulier (Bramimonde, veuve de Marsile et donc héritière survivante du royaume sarrasin d'Espagne) ou en masse. C'est là l'un des traits fondamentaux de la stratégie politique du texte: le neuf se crée en empruntant une imagerie traditionnelle qui le masque et en atténue le choc surprenant. A titre d'exemple, l'ordalie de Ganelon et de Thierry à la fin de la Chanson, qui permet l'irruption de l'Etat-Nation, était déjà tombée en désuétude au XIe et XIIe siècles: la torture l'a remplacée comme moyen d'obtenir une preuve juridique.

L'idole du pouvoir absolu est de fait bien plus efficace de s'être cachée par un tour de passe-passe mené de main de maître. Sous-jacente, elle structure désormais l'axe symbolico-réel qui informe la société monarchique de l'Etat-Nation: elle est devenue part intégrale de l'inconscient politique : pour l'en déloger, il faudra un autre bain de sang, celui de la révolution de 1789. On peut cependant se poser la question : la Révolution n'a-t-elle pas substitué l'idole - monarque une autre idole, celle de l'Etat, de la République ? L'opération de Charlemagne (ou du texte) consiste à répéter les anciens noms de la souveraineté en leur donnant un contenu jusque là inouï ; le cheminement narratif parcourt donc la bande de Moebius et produit de ce fait ce que j'appellerai un cercle vertueux, où la répétition produit une différence réelle :

Le lecteur passe ainsi de l'idolâtrie du lien vassalique féodal (symbolisé par les idoles des Sarrasins et par le pouvoir que s'arroge Roland de contredire Charlemagne: v.195) à l'idolâtrie " arienne " et hérétique par laquelle Charlemagne édifie sa propre statue de souverain unique de l'Etat-nation. Dans les deux cas, le corps social doit adhérer à une foi quasi-religieuse pour que le pacte social fonctionne. [On comprend alors les hésitations de l'empereur Constantin qui se serait finalement converti à l'arianisme par l'intermédiaire d'Eusèbe de Césarée]. Dès le début, Charlemagne a donc calcule de se débarrasser de Roland, qui n'hésitait pas à le contredire et qui ne manquait jamais de lui rappeler en public que l'empire ne tenait que par sa prouesse militaire.

Des villes allemandes prirent donc Roland comme symbole de leur liberté par rapport au pouvoir central ou ce qui en tenait lieu. Parmi les villes où l'on érigea ces statues nous devons remarquer Brême, Hambourg, Magdebourg, Brunswick, Quedlinburg, Soëst, Brandebourg, Halle, Göttingen. Toutes ces places firent ensuite partie de la ligue hanséatique ; celles de la Poméranie lui appartinrent également ; et nous pouvons juger, par ce double caractère, qu'elles étaient du nombre des villes ou les libertés publiques avaient le plus d'étendue. Toutes ces statues n'ont pas été conservées. Celle de Hambourg fut précipitée, en 1375, dans un des canaux qui traversent la ville; mais le nom de Roland est resté au pont sur lequel on l'avait érigée. La statue élevée à Brême, pour consacrer les privilèges que cette ville avait obtenus de Charlemagne en 788, fut détruite en 1366 par un incendie; mais on la remplaça dans la suite par une statue de pierre dont la destination était la même. Le Roland de Quedlinburg fut abattu par les marquis de Misnie lorsqu'ils se furent emparés de cette place, afin que les habitants n'eussent plus sous les yeux le symbole d'une liberté qu'ils regrettaient. Magdebourg érigea son Roland vers l'année 950, en mémoire des droits municipaux qu'elle venait d'obtenir de l'empereur. Soëst, Halberstadt avaient une statue de ce nom sur la place publique; les condamnés à mort subissaient leur jugement devant cette image. Les immunités accordées à Nuremberg, à Nordhausen, à Freiberg, furent constatées par des monuments semblables : celui de Stadtbergen assurait un droit d'asile aux hommes poursuivis qui venaient embrasser la statue. Le Roland de Göttingen, plus révéré que tous les autres, était placé dans une église, parmi les images des saints (Jean Baptiste Gaspard Roux de Rochelle, Villes hanséatiques, 1844).

Par ailleurs, Roland étant le fils incestueux de Charlemagne et de sa sœur, ce dernier efface aussi le signe même de sa faute en laissant tuer Roland à Roncevaux. Au Loroux-Bottereau, l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, qui remonte au XIIème siècle, possède des peintures monumentales représentant la légende de saint Gilles découvertes dans la chapelle Saint-Laurent en 1922, et décollées à la ventouse. Le second tableau comporte deux scènes : celle de droite représente le saint pardonnant à Charlemagne la relation incestueuse avec sa sœur, Gisèle, celle de gauche représente le mariage de Gisèle et de Milan d'Angers avec leurs deux témoins.

A l'égard de cette faute qui entache l'origine fictionnelle de la dynastie carolingienne, et qui est un mythe bien connu de l'intertexte médiéval, le texte, très habilement, ne cesse d'innocenter Charlemagne en reportant la faute sur Roland. Il en va de même pour tous les chefs d'accusation qui pourraient accabler le roi : ils sont toujours déplacés sur d'autres, par la figure rhétorique de la métastase (qui consiste à accuser la partie adverse des crimes que l'on a soi-même commis). Ce faisant, la Chanson de Roland n'est pas sans laisser, certainement à dessein, des traces évidentes de la culpabilité du souverain. Par exemple, en ne respectant pas son obligation à secourir ce vassal encombrant, Charlemagne fait s'effondrer les valeurs du système féodal en même temps qu'il prépare la nouvelle organisation politique qui va surgir de la défaite.

Louis XIII avec Richelieu puis Louis XIV procédèrent ainsi. Cinq siècles après la rédaction de la Chanson, dans ses Mémoires, Saint Simon, parfait témoin de la mentalité féodale, reste outré de cette révolution et; comme beaucoup de grands nobles, ne digère pas les affronts continuels faits à sa classe par Louis XIV; en particulier le recrutement des ministres d'Etat dans la bourgeoisie). Saint-Simon fut gouverneur de Blaye dont Roland fut le comte selon la légende et où il fut enterré.

L'empereur ne prend pas de gants : les Sarrasins qui refusent de se convertir sont passés au fil de l'épée. Parallèlement, à la fin du texte, le dernier reliquat de la féodalité, Ganelon, est torturé à mort, avec tous les otages qu'il avait dû offrir en garantie pour son ordalie avec le chevalier Thierry.

Toutes ces victimes partagent un trait commun, malgré les divers antagonismes qui semblent de prime abord les différencier: elles font toutes partie de la classe des nobles féodaux. La conséquence en est que, à la fin de la Chanson, Charlemagne a réussi l'extermination de la classe féodale dans sa totalité, qu'elle soit païenne ou chrétienne, déloyale ou fidèle. Le conflit fondamental du texte n'oppose pas les Français (ou Francs) chrétiens aux Sarrasins païens: il sépare un ordre socio-politique, la féodalité, d'une société à venir. Le sang des grands féodaux, Sarrasins ou Francs, cimente une société nouvelle, qui n'est autre que la monarchie absolue de l'Etat-nation (L'idole invisible du souverain).

Rudra

Écoutons M. Meyer : Les dieux germaniques Tyr, Heimdall, Freyr et Balder sont des divinités solaires. Le rayon de soleil étant envisagé comme un glaive, ainsi qu'il arrive le plus souvent dans l'histoire des mythes, ce sont en même temps des dieux armés du glaive et par suite des dieux de la guerre. Mais les trois derniers, Heimdall, Freyr et Balder, n'étaient originairement que des surnoms de l'antique dieu Tyr. D'un autre côté le dieu bienfaisant du soleil printanier (et ils étaient parfois considérés sous cet aspect spécial), était aussi regardé comme un dieu de l'amour et de l'hymenée. Bien plus, il est très vraisemblable que Tyr eut encore un autre surnom, à savoir, dans le Nord Hrodr, en Allemagne Hrodo, Rode, M. Meyer cherche ensuite à prouver que les symboles de Freyr comme dieu de la guerre et de l'hymenée (et aussi des tribunaux), de même que sa disparition finale dans " le crépuscule des Dieux " plus tard à Roland, dont le nom semblait se confondre avec le sien.

Ce nom, formé, ce semble, de hrodr, gloire, originairement Hruodland, Hrodland, est déjà au Xème siècle Ruoland et devient plus tard Roland ou Ruland. Tel est en résumé le travail de M. Meyer.

M. Holmboe qui recherche les traces du culte de Çiva en Europe, montre d'abord, d'après une dissertation de M. Gaujal, qu'en Gaule, à Rodez et à Rouen, on adorait une divinité dont le nom Roth ou Ruth se laisse peut-être surprendre dans le nom de ces villes Civitas Rutenensis (Rhodez) et Rotomagus (Rouen). En Flandre également, à Saint-Guislin on trouve les traces d'un culte analogue à celui de Ruth.

D'après Gaujal, le dieu gaulois Roth ou Ruth était une divinité de même espèce que Vénus, c'est-à-dire était une divinité masculine de l'amour, et (s'il ne lui était identique) il se rapprochait du moins du Rudra indou, lequel n'est autre que Çiva. M. Holmboe qui se range à cette opinion de M. Gaujal, tâche d'apporter de nouvelles preuves et cherche des traces du culte de Rudra dans d'autres pays, surtout en Allemagne du Nord. En ce qui touche le nom de Roth, Ruth, Roda. M. Holmboe remarque que la chute du R est fréquente en Prakrit, il croit en outre retrouver ce nom dans un grand nombre de noms de lieu de l'Allemagne et du Nord, soit simples tels que Rhoden (rectè Roden), Rhode (rectè Rode), Roda, Roten, etc., soit composés tels que Rodheim, Rodtland (en Allemagne), Rotvold,, Rotnaes (Norvège), C'est aussi l'opinion de M. Meyer : " Comme non loin de Rodesbrook, près de Visselhoevede (en Hanovre), se dressait le Iodutenbom, qui était dédié à Tio, on peut de même voir Hruodo dans Rodesbrook, près Rode. La " Mesnie furieuse " du Rothenthaler dans l'Argovie, et du Rodensteiner dans la Hesse et de Rods en Hanovre, rappellent à M. Holmboe la course furieuse de Rudra à la tête des Maruts. Et M. Meyer, d'après J. Grimm, observe que Roland porte la bannière dans la " Mesnie furieuse ". D'après M. Holmboe, Rudra, comme dieu solaire, est aussi un dieu de la destruction et de la génération, et en cette dernière qualité il a pour organe le lingam, si universellement adoré. M. Holmboe remarque que ce symbole ne se retrouve pas seulement dans la statue de Freyr à Upsal, mais que dans le Nord son culte s'était très développé : là il s'appelait sans doute rot et on en trouve encore de nombreuses représentations. Chez Roland même se montrent d'évidentes allusions à des qualités phalliques, comme l'indique M. Meyer (F. Liebrecht, Revue Celtique, Volume 1).

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M. Joseph Loth fait une lecture sur les rapprochements qui lui paraissent s'imposer entre le dieu gaulois Rudiobos, le dieu irlandais Rûad rofessa, le dieu védique Rudra [...]. Dans une inscription latine du ne siècle après J.-C, des habitants de Cassiciate (région actuelle du Loiret), offrent, entre autres objets, un cheval de bronze au dieu Rudiobos (deo Rudiobo) qui ne fait qu'un avec le Mars Rudianus des autres inscriptions. Le don d'un cheval de bronze s'explique facilement, Cassiciate signifiant clairement d'après les langues brittoniques : l'endroit aux juments, aux chevaux, peut-être haras. Rudiobos est composé de rudio-, rouge, et de ~bo-, qui frappe : le rouge ou fort frappeur : rûd- et roud- (indo-eur. roudho-) existent en celtique avec le sens de rouge. Or, un des noms du dieu suprême de l'Irlande est Ru ad rofessa, le rouge à la grande science. Le dieu védique Rudra (rouge ou fort) a des traits caractéristiques communs avec le Rûad rofessa, le dieu suprême de l'Irlande (Comptes-rendus : Joseph Loth, Rapprochements entre le dieu gaulois Rudiobos, ...le dieu védique Rudra).

Taureau

Rudra est un dieu védique qui se présente sous trois figures différentes et fortement contrastées. Rudra est d'abord le maître des animaux, celui qui peut détruire les troupeaux et les hommes eux-mêmes, par la fièvre ou par la peste. C'est le Rudra des bois, dieu dangereux, qu'il faut tenir à l'écart des hommes et du bétail.

Le Rudra des bêtes est la violence immanente à la foule des animaux (ou à celle des hommes), et potentiellement destructrice. Le Rudra des bois est cette même violence extériorisée et, par là même, neutralisée. C'est l'hypothèse que suggère la Violence et le Sacré et la suite du texte le confirme pleinement. Rudra a en effet un troisième aspect. Pour écarter le danger qu'il représente au sein du cheptel, " on le concentre sur le plus beau des taureaux du troupeau ".

Ainsi ce taureau devient-il Rudra lui-même. On commence alors par lui rendre hommage, puis on l'élimine, en le sacrifiant à l'écart du village. Au lieu d'un sacrifice à Rudra, on a donc finalement affaire à un sacrifice de Rudra, c'est-à-dire " l'expulsion d'un élément divin " (Mark Rogin Anspach, René Girard, 2008).

Dans la version de Conrad de la Chanson de Roland, Olivier combat comme un taureau furieux. La comparaison vaut pour Roland. Olivier sent les étreintes de la mort. Ses deux yeux lui tournent dans la tête : il perd l'ouïe, il achève de perdre la vue. Il descend de cheval, se couche par terre et accuse ses fautes à voix haute. Il lève au ciel ses deux mains jointes et prie Dieu de lui donner le Paradis et de bénir Charles, la douce France et son compagnon Roland par-dessus tous les hommes. Le cœur lui faut, la tête s'incline, tout le corps est étendu par terre. Le comte est mort, il n'est plus. Le brave Roland le pleure et se lamente, et vous n'entendrez jamais sur terre un homme plus affligé. Roland voit que son ami est mort; il le regarde étendu, la face contre terre, et s'attendrit à le regretter : " Sire compagnon, c'est pour votre malheur " que vous futes si brave ! Nous avons été ensemble " bien des ans et des jours, et tu ne m'as jamais causé " de peine, et je ne t'ai jamais manqué. À présent " que-tu es mort, ce m'est douleur de vivre. " A ces mots, Roland se pâme sur son cheval Veillantif. Mais, bien affermi dans ses étriers d'or, quelque part qu'il aille, il ne peut tomber (La Chanson de Roland, traduit par Alex. de Saint-Albin, 1865).

C'est pourquoi on loue Rudra, en l'implorant pour les hommes et pour le bétail. " Toi qui es le seigneur du bétail, ô Rudra, taureau qu'on mène au cordeau, ne fais point de mal à notre bétail. " Après le sacrifice, on lui dit " que ceci te soit offert ", en jetant sur le feu une poignée de la jonchée que l'on a trempée dans le beurre, ou bien en déposant au nord de la maison quelques restes des mets. Car, à l'encontre des autres dieux qui résident à l'Orient, Rudra habite le Nord, c'est-à-dire les montagnes et les forêts qui les couvrent, d'où lui-même et son peuple de sylvains répandent à travers les hommes et les animaux les maladies qui les détruisent (Jean Marie Antoine de Lanessan, La morale des religions, 1905).

Inceste

Un mythe, dont on connaît plusieurs variantes, parle de l'inceste de Prajapati, dieu créateur qui sera plus tard assimilé à Vishnu :

" Prajapati, désirant une progéniture, des austérités brûlantes ; comme il s'échauffait, cinq en naquirent : Agni (le feu), Vayu (le vent), Aditya (le soleil), Candramas (l'homme-lune) et Usas (l'aurore) la cinquième ... Usas prit la forme d'une nymphe et se présenta devant eux. Leur esprit s'envola du même coup vers elle. Ils répandirent de la semence ". Prajapati fit un récipient en or et y recueillit la semence. Il en surgit un être qui avait mille yeux et mille pieds, porteur de mille flèches. "

De l'inceste il résulte donc deux choses, d'une part, le sperme qui est la conséquence positive, d'autre part, Rudra. Qui est-il ? On se représente ce dieu comme vivant en marge du monde civilisé, comme venant de l'extérieur, comme un intrus. Il vient de la montagne, il surgit de la forêt. C'est un chasseur. Il représente ce qu'il y a de violent, de cruel, d'impur dans la société des dieux ou à la lisière du monde divin. Rudra est un personnage sombre et redoutable, c'est un chasseur farouche et un archer colérique qui tue les hommes, il est le patron des chasseurs et autres personnes qui tuent par profession ou par plaisir, il est représenté comme un sanglier roux, il est revêtu d'une peau de bête au poil vert lorsqu'il descend de la montagne mais les villageois le reconnaissent à sa couleur rouge vif avec son cou bleu foncé.

Chasseur

Sauvage et ascétique, Rudra descend des forêts de pins de l'Hymalaya, pin que l'on retrouve dans la Chanson de Roland et celle de Sainte Foy. Rudra assume dans le Rig-Veda le rôle intoxicateur du Soma qui pourrait être lié aux champignons hallucinogène comme l'amanite tue-mouche (De l'Aude à l'Irlande) déjà attestés chez les Bersekers. Roland chasseur est figuré parmi les sculptures de la cathédrale d'Angoulême. " Les yeux fixent plus attentivement le personnage qui sonne du cor. Non, ce n'est pas une simple image de " Roland à la chasse ", bien que l'aspect d'un Roland chasseur soit évoqué plusieurs fois dans la légende littéraire et iconographique du héros. Mais l'image a été choisie pour suggérer automatiquement au spectateur médiéval qui connaissait par cœur sa Chanson de Roland la pensée qui va le faire accéder à l'idée de la chasse aux païens. Au linteau de gauche, le roi Marsile fuit devant Roland guerrier comme le cerf, au linteau de droite, s'enfuit devant un Roland chasseur qui sonne son fameux olifant. Les deux linteaux correspondent : ils illustrent le thème de la guerre sainte avant la prédication de l'Évangile. Devant tant de coïncidences qui se renforcent mutuellement par la logique de leur enchaînement, je crois qu'on ne peut contester au beau morceau de sculpture d'Angoulême un intérêt exceptionnel pour l'histoire littéraire et pour l'histoire de l'art. " (Rita Lejeune, Trois épisodes de la Chanson de Roland sur un linteau de la cathédrale d'Angoulême).

Au Moyen Âge, " il fallait, tant pour les besoins de la guerre que pour ceux de la chasse, envoyer des signaux à travers les grands espaces. Souvenons-nous de l'olifant de Roland à Roncevaux qui lui permit d'alerter Charlemagne. En temps de paix, le cor de chasse sonnait les différentes étapes de poursuite, exprimait l'amour de l'action en forêt, et finalement de la forêt. Naturellement il en est venu à symboliser la totalité du mythe forestier. " (Jean-Marie Ballu, Bois de musique: la forêt berceau de l'harmonie, 2004).

Feu

Selon une autre version du même mythe : L'inceste produisit un jeune Kumara qui naquit en pleurant. Le premier de ses huit noms était Rudra : "Rudra, en vérité, est Agni [le feu]." La leçon est à présent légèrement différente mais tout aussi claire que précédemment. L'inceste produit un être liquide et rougeoyant. Le jeune garçon naît en pleurant parce que le verbe sanskrit pour pleurer se construit sur la racine rud- comme Rudra (un autre mythe fait naître Rudra des larmes de Prajapati lorsqu'il fut démembré). Rudra, d'autre part, " est Agni ", formule souvent répétée. Or, Agni est un dieu ambivalent, ayant un côté redoutable et destructeur, et Rudra représente l'aspect violent, non apaisé, du feu.

Kumara reste célibataire, et rejoint Roland, éternel fiancé d'Aude qui meurt en apprenant sa mort (Alain Testart , Des mythes et des croyances: esquisse d'une théorie générale, 1991).

Dans la Chanson de Roncevaux, " Saragoce, l'imprenable Saragoce, la ville qui a resisté six ans à Charlemagne, est prise enfin, et prise à la première attaque. La citadelle et les cinquante tours des murailles se rendent sans combat. La ville est mise à feu et à sang. Roland est enfin suffisamment vengé des Sarrasins. " (Louis Henri Monin, Dissertation sur le Roman de Roncevaux, 1832).

Rudra Chakrin

Dans le tantra tibétain de Kalachakra, Rudra Chakrin est le Maître de la Roue du Temps, dont on pouvait voir une représentation à Villedieu dans une " matraca " ou roue à clochettes cérémonielle. Après une guerre finale de laquelle sortiront vainqueurs les seuls initiés de Kalachakra et défenseurs de la Bonne Doctrine, régnera le Roi du Monde, le " Seigneur de la Roue du Temps " ou " Seigneur de la Roue courroucé ". Ce 25ème roi de la dynastie Kalki montera sur le trône en 2327, d'après certains, en 2425, selon d'autres (et il existe encore des versions différentes) après avoir reçu l'enseignement secret du Bouddha en personne.

Depuis que le Bouddha historique a initié le premier régent de Shambhala, Suchandra, au Tantra du Temps, il y a eu deux maisons royales qui ont déterminé le destin du pays. Les sept premiers rois s'appelaient Dharmaraja (rois de la loi). Ils descendaient originellement de la même lignée qui produisit le Bouddha Shakyamuni, les Shakyas. Les 25 rois suivants de la seconde dynastie sont les " Kulikas " ou " Kalkis ". Chacun de ces souverains règne pendant exactement 100 ans. Les futurs régents sont aussi déjà connus par leur nom. Un grand spectacle attend le monde quand Rudra Chakrin prendra ses fonctions.

Les éléments syncrétistes qu'on peut trouver dans le Kalachakra Tantra parlent en faveur de l'idée que le texte est un produit de l'ancienne Route de la Soie traversée par de nombreuses cultures, qui passe à travers le bassin du Tarim. L'énorme chaîne de montagnes qui entoure le plateau selon un quasi-cercle concorde aussi avec la géographie de Shambhala.

Le Rudra Chakrin porte un objet symbolique martial comme insigne de sa domination, la " roue de fer " à 8 rayons (3 x 8 = 24). Nous rappellerons que dans la vision-du-monde bouddhiste, notre univers tout entier (Chakravala) est entouré par un cercle de montagnes de fer. Nous avons interprété cette image comme un reste de " l'âge de fer " final des prophéties de l'antiquité (La Ferrandière, Ferrassières, Ferrières).

La mission de ce souverain est de détruire les " ennemis de l'enseignement bouddhiste " dans une immense bataille eschatologique et de fonder un âge d'or. Après que le Rudra Chakrin ait tué ses ennemis dans la bataille menée à travers le monde entier, à la fin des temps, le Roi du Monde entrera avec sa quadruple armée dans la ville qui fut construite par les dieux sur la montagne du Kailach ", lit-on dans le tantra de Kalachakra.

Rudra Chakrin est symbole du Temps, comme Saturne avec sa faux de fer qui fauche les êtres les uns après les autres irrémédiablement.

En se rappelant le quatrain de Nostradamus X - 96 (www.nostradamus-centuries.com) :

Religion du nom des mers vaincra,

Contre la secte fils Adaluncatif,

Secte obstinée deploree craindra,

Des deux blessez par Aleph & Aleph.

et la traduction de Dalaï-Lama : Océan de Sagesse (Élisabeth Martens, Histoire du bouddhisme tibétain : La compassion des puissant, 2007, http://www.iivs.de).

Bon vieux Charlemagne

L'empereur à la barbe fleurie, avec ses airs de bon vieux, a montré que la religion n'est pas seulement instrumentalisée, mais est un instrument politique qui n'a rien avoir avec la spiritualité.

Des guerres continuelles opposent les Francs aux Saxons sur leur frontière commune. Charles Martel fait la guerre contre la Saxe à cause de l'aide apportée aux Neustriens. En 743, le Franc Carloman commence une nouvelle guerre contre la Saxe qui soutient Odilon de Bavière. Charlemagne, futur empereur d'Occident, engage une guerre de 32 ans contre le duché de Saxe. En 772, Charlemagne lance sa première campagne contre les Saxons et obtient, provisoirement, leur soumission. Il occupe le château d'Eresbourg près de Paderborn et détruit l'Irminsul, un lieu sacré saxon. Après une révolte au cours de laquelle les Saxons réoccupent Eresbourg en 773, Charlemagne organise une seconde campagne. A cette occasion, plusieurs garnisons permanentes sont installées en Saxe. Les Francs réoccupent le château d'Eresburg, et battent les Saxons à Sigibourg et aux sources de la Lippe en 775. Pendant que ses compatriotes s'humiliaient, Witikind alla demander l'aide de Sigefroi, roi des Danois. Se croyant maître absolu de la Saxe, Charlemagne porte la guerre au delà des Pyrénées ; mais au moment même où il essuyait l'échec de Roncevaux, il apprend que les nouveaux chrétiens des pays situés entre le Rhin et le Weser ont derechef secoué son joug, et que Witikind, plus audacieux que jamais, se remet à leur tête en 779. Charlemagne, avec la rapidité de la foudre, passe d'Espagne en Westphalie, et défait Witikind à Bucholz sur les bords de la Lippe. En 782, l'armée franque est taillée en pièces par les Saxons de Witikind au pied du Sünthal Gebirge, sur la rive est de la Weser. Charlemagne prend sa revanche à Verden sur la rivière Aller, où il passe par les armes quelques 4500 guerriers ennemis (Blutgericht). Les Saxons donne à Charlemagne le surnom de Charles le boucher. Deux ans plus tard, Charles décide de s'installer provisoirement en Saxe. Après des mois de combat acharné, Charles obtiendra la soumission définitive de Witikind. Les batailles près de Detmold et à la rivière Hasel sont perdues par les Saxons. Le duc Witikind fait retraite jusqu'au château Widukindsburg près de Osnabrück. En 785, il est fait prisonnier et se convertit. Cette soumission met un terme à plus de 30 ans d'expéditions franques en Saxe. Le capitulaire De Partibus Saxonis instaure un régime de terreur, fondé sur la création d'une civilisation franque en Saxe. Les Saxons sont contraints de prêter serment de fidélité au roi des Francs et d'accepter le baptême chrétien sous peine de mort. En 792, des Saxons se dressent encore une fois contre les Carolingiens. En 804, leur dernière résistance est éliminée.

Selon l'homme d'Etat et historien Etienne Pasquier (1529-1615), Witikind aurait été père de Robert le Fort, aïeul de Hugues Capet (www.cosmovisions.com - Witikind, fr.wikipedia.org - Saxe primitive, medieval.mrugala.net - Charlemagne).

Alchimie

Le Shiva de l'Inde prévédique est un modèle divin qui semble étonnament homologue à celui de Saturne. Shiva porte sur son front, comme un diadème, le croissant de lune du cinquièle jour. Dans les Trantras son symbole est toujours le phallus, mais les Puranas donnent souvent au linga la forme d'un œuf cosmique qui englobe l'univers. D'autre part Shiva a quatre bras, symbolisant les quatres éléments. Les Yogis se frottent le corps de cendres, ce qui donnent à leurs corps nus une étrange et effrayante blancheur. Ils imitent ainsi le dieu qui d'un seul regard de son troisième œil, ayant réduit un jour le monde en cendres, s'en enduit le corps. A l'heure de la destruction universelle, lorsque Shiva reste seul, on le représente ainsi couvert de cendres et portant en collier les têtes des morts. A la fin des âges le monde est devenu un vaste bûcher funèbre, ce qui assimile, dans l'hindouisme tardif, Shiva à Rudra, c'est-à-dire au feu qui tue et détruit. A cet Agni dévorateur de cadavres le Véda attribuait le plomb noir, et qu'on lui offrait des fèves en oblation.

Si Shiva est le Seigneur de la mort, il est également source de vie. Son image nous vient des profondeurs de la préhistoire. Cet aspect de Shiva se symbolise par l'insertion du linga masculin dans le yoni féminin. Mais il arrive aussi qu'on représente ces deux principes complémentaires par un triangle igné, dressant sa pointe vers le haut, et par un triangle aqueux, de position inverse. Le polygone étoilé formé par l'entrecroisement des deux triangles correspond à l'état de manifestation : lorsqu'ils se séparent, l'Univers se dissout.

Le parallélisme entre Shiva et Saturne s'éclaire historiquement à la lumière des très anciennes relations entre la Mésopotamie et la Vallée de l'Indus, attestées dès le troisième millénaire avant notre ère ; elles sont devenus plus étroites sous les règnes de Sargon (2111-2094) et Naram-Sin (2340-2223) et sous la troisième dynastie d'Our (2111-2094) ; c'est dans cette période que le culte de Sin, le dieu lunaire, s'est installé à Our et à Harran.

Les rapports entre l'alchimie et le shivaïsme n'ont pas cessé d'être affirmés : l'alchimie indienne (assez tardive, semble-t-il, puisqu'elle date du premier ou du deuxième siècle de notre ère) se présente comme une révélation de Shiva, qu'on appelle " dieu du mercure ", ce métal lui-même appelé " semence de Shiva " (Paulette Duval, La pensée alchimique et le conte du Graal).

Shiva est à la fois jeune et vieux et Rudra, incarnation du mouvement, constitue cette part de jeunesse, agent de rajeunissement, qui détruit l'ordre ancien et qui est sacrifié (taureau de Girard), comme Roland, lorsque le nouvel ordre est installé, ordre qui arrête momentanément et illusoirement le temps.

Mais, plutôt que Saturne, Shiva ressemble au Janus, intimement lié à Saturne, qui apparaît comme le premier mercure ou mercure blanc (blancheur des vieillards). Janus ne serait pas ainsi une image du Rebis.

Les philosophes disent que la Pierre est d'abord un vieillard c'est-à-dire de couleur blanche, puis un jeune homme, c'est-à-dire rouge, car cette dernière couleur est celle de la jeunesse et la première celle de la vieillesse, comme Rudra est rouge et comme Roland qui veut dire " terre rouge " tel Adam (" Roland, comme Adam, signifie rouge-terre " (Roland poème héroïque de Théroulde trouvère du XIème silecle, traduit en vers français par P. Jônain, 1861).

Le vieillard abonde en phlegme blanc, il est de couleur blanche, ainsi que sa chevelure. Humeur, couleur et cheveux changent lorsqu'il mange de ces fruits et deviennent rouges, comme chez les jeunes gens. Le vieillard, ou Mercurius senex selon Jung, est supposé être le Mercure dans son état premier.

On ajoute que le vieillard doit être enfermé avec l'arbre, non à ciel ouvert, mais dans une maison qui n'est pas sèche, mais humide de rosée. Cet arbre est la fille du vieillard qui, comme Daphné, a été changée en un végétal de cette sorte ; c'est pourquoi le vieillard peut à bon droit espérer d'obtenir la jeunesse de celle dont il a causé l'existence (herve.delboy.perso.sfr.fr - Atalante IX).

Janus possède un double visage parce qu'il exerce son pouvoir sur le ciel, sur la mer comme sur la terre ; il est aussi ancien que le monde; tout s'ouvre ou se ferme à sa volonté. Lui seul gouverne la vaste étendue de l'univers. Il préside aux portes du ciel, et les garde de concert avec les Heures. Il observe en même temps l'Orient et l'Occident. On le représente tenant d'une main une clé, et de l'autre une verge, pour marquer qu'il est le gardien des portes (Januae) et qu'il préside aux chemins. Ses statues marquent souvent de la main droite le nombre de trois cents, et de la gauche celui de soixante-cinq (herve.delboy.perso.sfr.fr - Atalanta XXXI).

Janus, lié à Saturne, symboliserait donc le passage du mercure blanc qui apparaît comme rosée et qui " naît du sombre Saturne ", correspondant à une première résurrection bien placée dans le Sceau de Palaja au 25 avril, date la plus avancée de la Pâque chrétienne, à une autre forme du mercure en jeu dans la coction du Rebis.

Paulette Duval donne quelques précisions sur Janus. Antique divinité italique, Janus " a deux visages : celui du vieillard et celui de l'adolescent. C'est le nom ancien de la constellation du Bouvier qui se lève à midi au solstice d'hiver, dans le Capricorne, dont le maître est Saturne (représenté aussi par un vieillard). Janus tient dans sa main gauche une clé, car il est le dieu des portes. Le vieillard est le côté obscur de l'être, et cette clé ouvre les portes de la sagesse ? Le visage d'adolescent, si nous suivons le symbolisme astrologique, c'est le Verseau, dont le maître est aussi, d'ailleurs, Saturne. Comme Janus, ce signe est lié aux sources vives (Aquarius). D'où proviendrait cet étrange syncrétisme ? Ea, lié au Verseau dans la plus ancienne astrologie mésopotamienne, a deux visages et il est également le dieu des sources vives. "

Décentralisation

Il semblerait que Neuillay-les-Bois ait laissé la préséance pour occuper le " centre " de la super-étoile à Buzançais, à quelques kilomètres au nord-ouest.

Sainte Anne fêtée le 26 juillet, au nord et au sommet de la super-étoile, symbole de l'année, est un être mythique comme saint Christophe. Est-ce un hasard si Anne se trouve après Jacques et Christophe ? Ces deux grands initiés vont devoir se mettre en chemin sur un parcours initiatique qu'est le zodiaque. Si Jacques détient la connaissance, Christophe aura la lourde charge de " supporter " le monde. Mais Anne les guidera et les maintiendra sur le chemin.

Honoré, né à Buzançais, allait acheter en Poitou des bœufs qu'il revendait en Berry, comme le faisait son père. Il fut assassiné à Thézenay (Deux-Sèvres) et ces deux cités se disputèrent son corps. Le pape Eugène IV le plaça au rang des bienheureux en 1444 et plaça sa fête au 9 janvier (correspondant à Marcolès). L'église Saint-Mathias de Thézenay (24 février : Carsac-de-Gurson) changea de vocable et prit celui de Saint-Honoré, Buzançais fit de même, son église était autrefois consacrée à saint Etienne (26 décembre : retire-moi de la boue !) !

L'église actuelle de Buzançais fut primitivement sous la dépendance des comtes du lieu. L'un d'eux, messire Philippe Chabot, amiral de France sous François Ier, et seigneur de Buzançais du fait de sa femme Françoise de Longwy, s'occupa avec zèle de faire valoir ses droits sur les restes du Saint, et s'appuya de son crédit auprès du prince pour les obtenir. Après de longs débats, il fut résolu que la tête seulement demeurerait à Thénezai, et que le corps nous serait livré. Le comte ordonna aussitôt l'exécution du beau frontispice d'ordre corinthien qui orne le sanctuaire de notre église. Il fit disposer entre les colonnes deux niches, l'une pour recevoir la statue de saint Honoré, l'autre celle de saint Etienne, premier martyr, patron de la paroisse; il orna le milieu d'un beau tableau de l'école de Raphaël, représentant la Cène. Honoré du 9 janvier et Etienne du 26 décembre lendemain de Noël marquent les dates extrêmes de l'année symbolisée par la super-étoile.

La paroisse était située à l'origine à Saint-Étienne, jusqu'à la construction du château à Buzançais. Mais la cité garda un prieuré Saint-Etienne. Il y avait aussi une léproserie Saint-Lazare depuis le XIIème siècle, où se trouvait le beau tableau de la Résurection de Lazare, et où l'on disait la messe lors des Rogations. La tradition rapporte que saint Ursin, apôtre du Berry, qu'on croit avoir été disciple de saint Martial de Limoges, se rendant à Bourges, chef-lieu de sa mission, s'arrêta quelque temps en notre antique ville et y prêcha l'Evangile. Il fut assez heureux pour y créer quelques fidèles qu'il plaça sous les auspices de saint Etienne, premier martyr, dont il portait avec lui des reliques que possède la métropole. La semence de la foi fut si féconde en ce lieu, que Bientôt la ville changea de nom par reconnaissance pour le pieux missionnaire. Deux faits concourent à établir cette tradition : le premier, que longtemps Saint-Etienne de Bourges paya une redevance à Saint-Etienne de Buzançais, ainsi que je l'ai lu dans un vieux titre que possédait, en 1828, M. de Beauvilliers, comte de Buzançais, duc de Saint-Agnan, pair de France. Les anciens ajoutent que Saint-Etienne de Bourges envoyait enterrer annuellement un mort à Saint-Etienne de Buzançais, en lui payant la redevance de 50 moutons, monnaie du Berry, double signe de vassalité spirituelle. Le deuxième fait est, qu'au rapport de Tillemont, ainsi que je l'ai consigné dans la vie de saint Ursin, l'apôtre de notre province, prêcha à Lévroux, où il n'opéra que peu de fruit. Or, en ces temps, il n'existait guère que des chemins vicinaux, et la route de Limoges à Bourges par Buzançais, est assez directe pour auroriser la tradition de son passage dans nos murs. Il est à Issoudun (Indre), un vieux titre qui confirme ces faits (Compte rendu des travaux de la Société du Berry à Paris, 1864, Notice Historique sur Saint Honoré, 1836).

Le Prieuré Sainte-Croix fut fondé en janvier 1418 par Jean de Prie, seigneur de Buzançais. Il abritait une communauté de religieux de l'ordre des Croisiers que l'on rencontre aussi à Lignières-Orgères, au titre de Saint Ursin de Bourges (fêté le 9 novembre !). Fermé 6 ans avant la révolution, il fut successivement mairie, halle aux grains, poste aux chevaux puis ateliers de confection de lingerie jusqu'en 1983.

Le Pavillon des Ducs - 1531 - fut construit par l'amiral Philippe Chabot qui permit le financement de 3 expéditions de Jacques Cartier découvreur de la nouvelle France. La famille Chabot eut des seigneurs à Tanlay dont dépendait Rugny (www.buzancais.fr/).