Partie IX - Synthèse   Chapitre LXIV - Super-étoile (Superstar in english)   Royan, 26 mars   

Royan, 26 mars

Emmanuel (26 mars), " Dieu avec nous " est un nom d'initiation. Il ne sera annoncé qu'une seule fois par l'Archange Gabriel à Marie durant l'Annonciation. Les trois fêtes de Gabriel, de l'Annonciation et d'Emmanuel se suivent : 24, 25, 26 mars. Emmanuel est la fête d'un saint qui souffrit avec Quadrat et 41 autres martyrs en Orient. Un autre Emmanuel, cistercien de Frise au XIIème siècle, est fêté le 27 février, date nonagonale. Emmanuel, c'est la promesse.

Bon Vieillard

Contemporain de Burgaud des Marets, Pierre Abraham Jonain dit Jonas (1799-1884) est né à Gémozac. Il fut enseignant de 1822 à 1857 à St Yrieix, Civrey, Mortagne-sur-Gironde et Bordeaux. Il s'installa ensuite à Epargnes puis à Royan. Auteur saintongeais, il a beaucoup écrit dans les journaux régionaux. On lui doit aussi des saynetes (petites pièces comiques de théâtre en patois saintongeais), une mise en vers du texte de F. Génin de la Chanson de Roland (1861), Jhoset et Suzane ou les saisons saintongeoises (1878), Le Martyr Cévenol (1878). Mais son ouvrage de référence reste son dictionnaire du Patois saintongeais, imprimé à Royan, en 1879.

La ville de Royan reçut en don, à sa mort, la bibliothèque de l'érudit estimé M. Pierre Jonain. Comme quoi on peut être généreux sans considération monétaire. Jonain avouait n'avoir fait qu'une seule bonne affaire financière dans sa vie par l'achat d'une maison à Bordeaux en 1848. Estimé pas par tout le monde, la Revue de Saintonge et d'Aunis ne disait- elle pas : " Et dire que ce pauvre Pierre-Abraham Jonain, qui avait prétentieusement divagué pendant toute sa vie, radoterait encore après sa mort… ".

Jeune Mort

Le prince de Soubise, Benjamin de Rohan, est le frère du chef des huguenots révoltés, Henri de Rohan. Il a en charge la mise sur le pied de guerre des places-fortes de Saintonge. En décembre 1621, il a conquis Royan et remplacé son gouverneur La Chesnaye, protestant mais fidèle au roi, par le baron de Saint-Seurin. Mais Soubise n'a pu empêcher la capitulation de Saint-Jean d'Angély et il a subi en avril 1622, une lourde défaite à Rié en Vendée.

L'investissement de la place de Royan a commencé le 25 avril, par les troupes du duc d'Epernon, gouverneur de Guyenne. Assez rapidement, le baron de Saint-Seurin a cherché à négocier avec d'Epernon, mais comme il était sorti de la forteresse pour traiter, les adversaires de la reddition ont fait tirer sur lui le canon et arrêter ses partisans. C'est alors que le roi a décidé de venir en personne pour réduire la ville rebelle. Le siège par les troupes royales débute le 4 mai et s'achève le 11 mai.

Charles-Hercule, né après 1595, tué au siége de Royan, le 12 mai 1622, est le fils de Louis de Crévant d'Humières, chevalier des ordres du roi, conseiller d'état, vicomte de Brigueil, seigneur d'Argy, d'Azay-le-Féron, etc., qui acquiert de César de Vendôme la terre de Preuilly, moyennant 200,000 livres et 6,000 de pot-de-vin, de son mariage avec Jacqueline, fille de Jacques, marquis d'Humières. Charles-Hercule était l'ami de Tristan L'Hermite qui l'appelait Hermire (Louis Moréri, Le grand dictionaire historique, 1740).

Au grand ballet du roi, en 1617, parmi les douze seigneurs qui ont l'honneur de danser avec Sa Majesté, il y a La Roche-Guyon, Liancourt, Chalais et Humières. En 1618, dans le ballet de la Furie de Roland, Chalais est Angélique, Liancourt est Roland furieux, l'amuseur La Roche-Guyon fait un usurier et Humières un fol (Antoine Adam, Théophile de Viau et la libre pensée française en 1620, 2008).

Alchimie

Epigramma XXXI de l'Atalanta fugiens : Accablé par le lourd diadème, le Roi Nage en la vaste mer, criant d'une voix forte : Pourquoi ne m'aidez-vous ? Pourquoi n'accourez-vous, Quand, délivré des eaux, je puis vous rendre heureux ? Rendez-moi, par votre sagesse, à mon royaume, Et vous ne craindrez plus souffrance ou pauvreté

Ce chapitre traite du Basileus de l'oeuvre [le petit roi, autrement appelé le petit baigneur par Fulcanelli, dans son allégorie de la galette des rois ; encore appelé chabot, petit poisson, sole etc.]. L'emblème montre un roi, qui a l'apparence forte et puissante, couronné d'un diadème et qui flotte dans une eau écumeuse. Au loin, un port où un bateau est amarré [est-ce le navire Argo ? C'est le signe que la terre promise, en tout cas, est atteinte]. L'allégorie est claire. Il faut sauver le Roi de l'eau, c'est-à-dire coaguler l'Eau mercurielle.

En effet, sans vertu médicinale la couronne serait de nulle valeur. Et que doit-on dire au roi une fois qu'il a été délivré ? Il faut le libérer des eaux qu'il a bues par des sudorifiques, du froid par la chaleur du feu, de la torpeur de ses membres par des bains modérément chauds, de la faim et du jeûne en lui administrant un régime convenable, des maux extérieurs enfin au moyen des remèdes salutaires qui leur sont opposés. Ensuite il faudra pourvoir aux noces royales ; de celles-ci naîtra en son temps un enfant très désiré, plein de grâces aux yeux de tous, rempli de beauté et très fécond, qui surpassera tous ses aïeux par sa puissance, ses royaumes, son opulence, ses peuples, ses richesses ; il soumettra ses ennemis, non par la guerre, mais par son humanité, non par la tyrannie, mais par la clémence qui lui est propre et naturelle. (herve.delboy.perso.sfr.fr - Atalanta XXXI).

Ce basileus ou regulus trouve un écho dans un événement guerrier de la Campagne de France lors de la chute de Napoléon.

" Decaen entra à Mucidan le 1er avril, mais les troupes de Beurman n'avaient pas encore atteint Périgueux, et la cavalerie de lord Dalhousie se trouvait à Libourne entre lui et Lhuillier. Il était donc impossible aux Français de se concentrer, et pendant ce temps l'amiral Penrose s'était rendu maître du cours de la Garonne. Il paraît que lord Wellington se plaignit du retard de cet officier, qui enfin arriva le 27 mars, avec un vaisseau de 74 et deux frégates. Sur ces entrefaites, le Régulus et d'autres bâtiments français, qui se trouvaient à Royan, firent voile pour remonter la rivière, et furent poursuivis jusqu'au banc de sable de Talmont, niais ils s'échappèrent par l'étroit chenal existant dans la direction du nord, et jetèrent l'ancre sous la protection de quelques batteries.

Le Régulus était un vaisseau peu propre à prendre la mer par sa vétusté, mais très bon encore à servir de sentinelle perdue sur nos côtes, alors menacées par les flottes anglaises.

Déjà l'armée anglo-espagnole pénétrait en France. La haute capacité du maréchal Sondi n'avait pu que cueillir un de ces beaux fleurons de gloire, sans pouvoir arrêter les progrès de l'ennemi dont les forces s'accroissaient sans cesse. Bordeaux venait d'ouvrir ses portes à l'étranger ; les autorités s'étaient retirées à Blaye, et le vaisseau le Régulus, exposé au milieu de la rivière, dut se placer sous la protection d'un fort élevé de la côte de Mortagne (en vue Meschers dont les grottes porteront le nom de Régulus plus tard). A peine occupa-t-il ce nouveau point qu'une escadre anglaise entra dans la rivière, pilotée par des traîtres qui furent récompensés plus tard d'une conduite que l'infamie eût dû marquer de son sceau ineffaçable. Cette escadre expédia deux frégates qui brûlèrent la la flottille de Blaye et qui revinrent remorquant derrière elles le beau canot que jadis la ville de Bordeaux fit construire pour l'empereur Napoléon.

Deux galères à bombes se mirent alors en mesure de réduire le vaisseau le Régulus, que protégeait un banc de sable, de manière que, pour arriver jusqu'à lui, il fallait passer sous le feu d'un fortin de cinq pièces placé sur une haute colline, au-dessus même du mouillage. Les galiotes commencèrent le feu à huit heures du soir. La première [des lourdes bombes marines si convenables pour incendier les navires] éclata sur le vaisseau même, et ses éclats couvrirent le pont. Ce fut la seule qui fut si bien ajustée pendant plus d'un mois que chaque soir les bombardes s'amusèrent à nous prendre pour point de mire. Le 6 avril, croyant ne pouvoir plus tenir, le capitaine résolut de brûler le vaisseau avec la flottille qu'il commandait, flottille composée de plusieurs bricks d'une rare beauté. A six heures du soir, les poudres furent jetées à la mer, et le débarquement s'effectua par escouades. Je reçus l'ordre de partager les hasards du dernier détachement ; le dirai-je, c'est avec un vif regret que chacun de nous quittait cette demeure, qui quelques instans plus tard ne devait plus être qu'un monceau de cendres.

Des masses de goudron, des copeaux légers de pins, avaient été placés dans l'intérieur du faux-pont aux pieds des mâts. A onze heures précises, le capitaine, qui au terme des réglemens, ne devait quitter son vaisseau que le dernier de l'équipe, avait attendu que le feu eût été mis aux deux premiers foyers pour porter la torche dans les matières incendiaires accumulées au pied de l'artimon, et bientôt des torrens de fumée s'échappèrent par les sabords. Les canots nous reçurent, et la dernière escouade quitta pour jamais le vaisseau. En moins d'une heure le Régulus fut complètement enflammé. […] En quelques heures l'horrible spectacle qui fatiguait nos yeux cessa. Les câbles qui tenaient le vaisseau immobile près du rivage avaient été brûlés ; le Régulus n'offrait plus qu'une masse gigantesque de charbons ardens ; les mâts étaient successivement tombés, et les murailles seules du vaisseau conservaient encore leurs formes primitives.

L'incendie du vaisseau le Régulus ne fut pas le seul ; à un même signal, chaque capitaine des navires de la flottille avait livré aux flammes son bâtiment.

Le Regulus avait dû, déjà, du 11 au 29 avril 1809, subir les assauts d'une escadre anglaise déterminée est arrivée près de l'Ile d'Aix (William Francis Patrick Napier, A. Foltz, Mathieu Dumas, Histoire de la guerre dans la Péninsule et dans le midi de la France, 1807-1814, Volume 13, 1844, www.histoirepassion.eu - Le Régulus 1809, www.histoirepassion.eu - Le Régulus 1814).