Partie XVII - Le PrieurĂ© de Sion   Prologue   Fakhar ul Islam ou Melun   
PRIEURE DE SION FAKHAR UL ISLAM VIERGE SERPENT ROUGE priory-of-sion.com

On peut lire dans Les Dossiers secrets de Toscan du Plantier (doc 6) :

L'affaire de Rennee—le-Château touche tout le Languedoc, c'est même une petite guerre entre Services Secrets, un cas parmi les autres la disparition de la serviette de cuir de Léo Schidlof, transportée par un certain Fakhar ul Islam. Cette serviette contenait les actes ainsi que les dossiers secrets de Rennes entre 1600 et 1800, et devait être remise 1e 17 Février 1961 à un Agent délégué par Genève en Allemagne de l’Ouest, or Fakhar fut expulsé et se retrouve à Orly le 16 Février, à Paris il attendait les ordres, il rencontre le 18 un certain Herbert Régis, ingénieur, le 20 Février on retrouve le corps de Fakhar ul Islam sur le ballast près de Melun. Il était tombé du rapide Paris—Genève, plus trace de serviette... (Edmond ALBE).

D'après Masudi, Sir Alexander Cunningham rapproche les terme janjua, nom d'un peuple du Pakistan, et jahaz/jahaj qui en persan signifie bateau, navire. Fakhar désigne en arabe la gloire, l'honneur (Dr. Hussain Khan, Chronicles of Early Janjuas, 2003 - books.google.fr, Jean Joseph Marcel, Dictionnaire français-arabe des dialectes vulgaires d'Alger, d'Égypte, de Tunis et de Maroc, 1869 - books.google.fr).

Considérant que la mort de Janjua Fakhar-ul-Islam n'a pas de lien direct avec le Prieuré de Sion, l'important est peut-être le lieu de sa mort : Melun, dans la Brie ; comme la mort des auteurs présumés du Serpent rouge, qui a eu lieu dans le secteur du Lion du zodiaque nonagonal. Melun se trouve selon le calendrier nonagonal à la fin du Lion ou au début de la Vierge : 21 août. Encore que le début de la Vierge varie jusqu'au 22 ou 23 août (Le Serpent rouge : Etudes en rouge : Notre Dame des Cross).

La Brie

Entre le cours de la Seine situé en amont de Paris et celui de la Marne s'étend la Brie. A l'époque qui nous intéresse ici et même jusqu'au XIIIe siècle, cette région géographique était partagée entre le domaine royal qui y possédait la Brie française s'étendant approximativement jusqu'à une ligne Lagny-Rosay-Nangis-Montereau, et le comté de Champagne qui plus à l'est possédait la Brie champenoise axée sur Provins. Jusqu'en 1089 cette partie s'appelait comté de Meaux ou Brie et relevait directement de la couronne tandis que l'autre moitié de la Champagne était constituée par le comté de Troyes mouvant du duché de Bourgogne. La Brie française avait pour place principale Melun où il ne reste hélas plus aucune trace du château royal qui s'élevait à la pointe aval de l'île Saint Etienne. Melun fut acquis par le roi Robert II en 1016 à la mort de l'évêque de Paris, Renaud de Vendôme, comte de Paris et de Melun comme son père Bouchard de Vendôme. Ce roi y fit élever une tour et y mourut. Son fils Philippe Ier le rénova sans doute puisqu'il y data des actes «in novo palatio» puis y mourut à son tour. Nombre de ses successeurs y résidèrent et Louis VII y reçut le Pape Alexandre III en 1163. C'est sans doute au XIIIe siècle que le château de Melun fut reconstruit avec huit tours à bases talutées et de hautes courtines crénelées tel qu'il nous apparaît sur les gravures anciennes. Le château servit surtout de douaire aux reines veuves : Adèle de Champagne, veuve de Louis VII et Blanche de Castille. Sous Philippe le Bel le château servit de prison pour Jeanne de Flandre, le comte de Sancerre, les Templiers. Le futur Jean II s'y maria en 1332. En 1350 le château redevint douaire pour la jeune veuve de Philippe VI, Blanche de Navarre qui y accueillit son frère et ses Navarrais. En 1359 le Régent Charles, futur Charles V dut assiéger le château pour le récupérer; on utilisa alors deux canons à poudre. C'est là qu'il découvrit la bravoure exceptionnelle de Bertrand Duguesclin. Charles V remit en état les fortifications et résida à Melun. Plus tard Isabeau de Bavière y tint sa cour. En 1456 le château servit encore de prison pour le duc Jean d'Alençon mais il fut vite délaissé. Sa destruction commencée sous François Ier se poursuivit sous Louis XIII et au XVIIIème siècle (André Châtelain, Châteaux forts et féodalité en Ile de France, du XIème au XIIIème siècle, 1983 - books.google.fr).

Melun en 1600

Les peuples étaient dans l'usage d'appeler Reines blanches les veuves de nos rois, dont le deuil se portait toujours en blanc. Saint-Foix dit à ce sujet, d'après l'Etoile : «Sous le règne de Henri III on appelait encore Reines blanches les reines veuves de nos rois. Henri III arrivant à Paris, alla saluer la Reine blanche; c'était Elisabeth d'Autriche, veuve de Charles IX. » (M. Troche, Sur l'hôtel de La Trimouille, Mémoires et dissertations sur les antiquités nationales et étrangères, Volume 16, Société Nationale des Antiquaires de France, 1842 - books.google.fr).

L'abbaye de religieuses de Cîteaux, Notre-Dame-du-Lys, proche de Melun, diocèse de Meaux, fut fondée par la reine Blanche, mère du roi saint Louis (Gall. Christianae tom. IV.) (Joseph-Épiphane Darras, La légende de Notre-Dame: histoire de la Sainte Vierge d'après les monuments et les écrits du moyen âge, 1852 - books.google.fr).

La VIERGE du Serpent rouge et Melun

Le tableau des Bergers d'Arcadie est associé au 18 septembre (dans le signe de la Vierge : 23 août - 22 septembre) selon la triangulation de l'année issue des trois reproductions de tableaux que Saunière aurait rapportés de Paris (Célestin V - 19 mai, Saint Antoine - 17 janvier).

VIERGE : « J’étais comme les bergers du célèbre peintre POUSSIN, perplexe devant l’énigme : « ET IN ARCADIA EGO... ». La voix du sang allait-elle me rendre l’image d’un passé ancestral. Oui, l’éclair du génie traversa ma pensée. Je revoyais, je comprenais ! Je savais maintenant ce secret fabuleux. Et merveille lors des sauts des autres cavaliers, les sabots d’un cheval avaient laissé quatre empreintes sur la pierre, voilà le signe que DELACROIX avait donné dans l’un des trois tableaux de la chapelle des Anges. Voilà la septième sentence qu’une main avait tracée : RETIRE MOI DE LA BOUE, QUE JE N’Y RESTE PAS ENFONCE. Deux fois IS, embaumeuse et embaumée, vase miracle de l’éternelle Dame Blanche des Légendes (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Vierge).

Le Diptyque de Melun est un tableau votif peint vers 1452-1458, par Jean Fouquet, pour le compte d'Étienne Chevalier, trésorier du roi de France Charles VII, autrefois conservé à la collégiale Notre-Dame de Melun et aujourd'hui dispersé. Il était destiné à Loches.

La commande des Heures d'Étienne Chevalier est sans doute concomitante avec celle du diptyque puisque, comme dans ce dernier, sa femme n'y est pas représentée. Il est démembré lui aussi, mais le musée Condé à Chantilly en conserve quarante miniatures, dont deux représentent Étienne Chevalier en prière, présenté par saint Étienne, devant la Vierge en majesté allaitant l'Enfant Jésus.

Le panneau de la Vierge est léguée au musée royal des beaux-arts d'Anvers en 1840 et le panneau d'Étienne Chevalier est acquis par les musées de Berlin en 1896.

Le volet autrefois situé à droite représente la Vierge, entourée des anges, tenant sur le genou gauche l'enfant Jésus qu'elle s'apprête à allaiter. La scène peinte frappe par le contraste très marqué entre la Vierge et l'enfant aux carnations très blanches et le fond bleu ainsi que les nombreux chérubins, en bleu, et séraphins, en rouge, qui les entourent. Le contraste des couleurs renforce ainsi l'aspect d'une vision.

C'est une tradition ancienne de voir dans les traits de la Vierge ceux d'Agnès Sorel, maîtresse du roi Charles VII. Dès la description de 1608, il y est fait allusion. Voir une maîtresse royale utilisée pour modèle de la Vierge a longtemps choqué. Selon Albert Châtelet, il s'agit d'une légende totalement infondée : le portrait de la BNF est trop tardif pour être fidèle et le gisant de son tombeau de Loches a été totalement restauré par Pierre-Nicolas Beauvallet au XIXe siècle en s'inspirant justement du diptyque de Melun. À l'inverse, il pourrait s'agir selon lui d'un portrait de la femme d'Étienne Chevalier, Catherine Budé. Claude Schaefer se montre un peu plus nuancé : selon lui il s'agit aussi d'une légende. Cependant, au moment de la réalisation du panneau, Fouquet tente de réaliser un portrait de la beauté idéale, en donnant au visage de la Vierge une forme ovale, presque abstraite, renforcée par la disposition de la couronne, mais aussi par la forme parfaitement ronde des seins. Mais il aurait, selon lui, toujours à l'esprit les traits d'Agnès Sorel, considérée comme la femme la plus belle de son temps. Le lien entre le trésorier du roi et sa maîtresse devait être très étroit : il en est l'exécuteur testamentaire à sa mort en février 1450 en compagnie d'un autre financier du roi, Jacques Cœur. Agnès Sorel a d'ailleurs légué à cette occasion 70 écus à l'église Saint-Aspais de Melun, la paroisse d'Étienne Chevalier. Le portrait serait alors la marque d'un geste de soutien à son roi et un hommage à une amie, peu après sa mort prématurée. Il n'en faut pas plus pour que certains aient postulé une liaison secrète entre les deux personnages. Un tel portrait n'aurait de toute façon pas pu se faire sans l'approbation du roi lui-même (fr.wikipedia.org - Diptyque de Melun, M. Cl Chadefaux, Paul-Jacques Levêque, J. E. Schloder, Agnès Sorel et sa légende, 1970 - books.google.fr).

Jean Fouquet, La Vierge et l'Enfant entourés d'anges, vers 1452-1455 (diptyque de Melun, volet droit) - Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten - expositions.bnf.fr

Retrouver Agnès Sorel au sujet du Sceau de Palaja n'étonnera pas (Le Prieuré de Sion : Prologue : Alcor : De Mesnil-sous-Jumièges à Rieux-en-Val).

La carnation pâle de la Vierge qui lui a valu le surnom de « reine blanche » rapporté par l'abbé Bertin en 1717, opposée à celle plus naturelle de saint Etienne et du donateur, évoque le marbre (Dominique Didier, La « Reine blanche » de Fouquet. Remarques sur le diptyque de Melun. In: Bulletin Monumental, tome 134, n°3, année 1976 - www.persee.fr).

ISIS

Nous ajouterons ici à ce que dit D. J. Martin, que Sébastien Roulliard, dans son histoire de la ville de Melun, ne confirme ni n'infirme la tradition qu'il dit avoir été généralement répandue, que cette ville s'était vouée au culte d'Isis; qu'elle portait le nom de cette déesse, et qu'elle lui avait consacré un temple dont il restait encore des vestiges. Il regrette de n'avoir pas trouvé de documents qui lui aient donné des notions précises sur ces différents points; le poëme d'Abbon ne contenant rien, dit-il, d'assez clair à cet égard. Voici, au reste, comme cet historien s'exprime à la page 36. « Tant y ha que le populaire de Melun tient que les ruines d'un certain temple, qui se voient à la côte septentrionale de la pointe de l'isle, le long de l'eauë qui baigne ses fondements, soient les restes du temple de cette déesse Isis. Néanmoins, sans préjudice à cette traditive, j'ai appris des archives de l'abbaye du Jard, que c'était la la chapelle des vicomtes de Melun, bastie par Adam, l'un d'eux, l'an 1216, et laquelle vraisemblablement, du depuis, on ha laissé tomber en décadence, faute d'eutretènement, sans toutefois exclure que long-temps auparavant c'était le lieu de ce temple d'Isis. » (Jean-Nicolas Déal, Dissertation sur les Parisii ou Parisiens, et sur le culte d'Isis chez les Gaulois, 1826 - books.google.fr, Sébastien Roulliard, Histoire de Melun, 1628 - books.google.fr).

Cavaliers

Une dénomination singuliere est celle de la grande & de la petite ourse que les Arabes n’appellent point, comme les Egyptiens, le chariot, mais le grand & le petit cercueils, repréfentés par quatre étoiles; les trois autres étoiles font les pleureuses qui fuivent le convoi. Les Arabes chrétiens en ont fait le cercueil du Lazare, & les trois pleureuses sont Marie, Marthe ses deux soeurs & leur servante. C'est ainsi qu’en Italie ces trois étoiles étoient nommées les trois cavaliers. On les a nommées aussi les gardes de l’ourse (Jean-Sylvain Bailly, Histoire de l'astronomie ancienne, depuis son origine jusq'a l'etablissement de l'école d'Alexandrie, 1775 - books.google.fr).

Le quatrième cavalier est Alcor, signification de ce nom en arabe.

Les cavaliers de la strophe de la Vierge sont le point commun des trois tableaux de Delacroix dans la chapelle des Saints Anges de Saint Sulpice à Paris : l'ange cavalier à la lance terrassant Héliodore qui porte un nom grec (don du soleil), le cavalier de la caravane du Jacob avec sa lance, et saint Michel. Mais où est le cheval de saint Michel, le chevalier de Dieu, habillé comme tel, et en position " à cheval " sur un cheval invisible comme le prouve a contrario une première esquisse lui donnant une position plus " sportive " ? (Autour de Rennes le Château : Retire-moi de la boue : la couronne boréale).

Bergers de Brie

Jehan de Brie, surnommé le « Bon Berger », est né au hameau de Villiers-sur-Rognon, commune d'Aulnoy, canton de Coulommiers. Il était intendant général des bergeries de Charles V et l'auteur du Vray régime et gouvernement des bergers et bergères et du Traité de bergerie et garde des brebis et bêtes à laine commandé par le roi en 1379 (Thérèse Rivière, Un paysage de Brie : la vallée de l'Aubetin, 1950 - books.google.fr).

Art français : Fouquet, Poussin et Delacroix

Jean Fouquet (vers 1420-1478/1481), Nicolas Poussin (1594-1665), et Jean-Auguste Renoir (1841-1919), trois peintres français, célèbrent, dans les oeuvres que Wilhelm Hausenstein (1882-1957) a sélectionnées, la féminité, qu'elle apparaisse sous les traits de la Vierge (Fouquet : dans un volet du diptyque de Melun, La Vierge entourée d'Anges), de Vénus, la déesse de la beauté et de l'amour (Poussin), ou d'une jeune baigneuse (Renoir : Baigneuse). Qui contesterait l'essence divine des deux premières ? Et pourtant, si l'on y prête attention, combien toutes deux sont chamelles et sensuelles. La madone de Fouquet d'abord qui, selon la légende, ne serait pas étrangère aux intrigues nouées entre Etienne Chevalier, Trésorier de France, commanditaire du diptyque votif d'une part, et Agnès Sorel, la maîtresse de Charles VII, dont la beauté radieuse et toute en chair inspira le peintre dans son portrait de la Vierge d'autre part. Triviale, l'origine du tableau n'en est pas moins importante pour la substance de la représentation, la beauté de la madone est réelle, la poitrine dénudée d'un réalisme implacable : "Cette poitrine n'est pas symbolique ! Qu'elle est réelle ! Qu'elle est maternelle (...) et pourtant comme elle semble détournée de sa destination maternelle par le désir des hommes" (Das Gastgeschenk, 1923). Et en dépit de cela, qui douterait du caractère divin de la toile ? De même, Vénus, gorgée de vie, de muscles et de sang, a chair humaine sous le pinceau de Poussin : "Ce feu sur les pommettes de ces femmes endormies, peintes par Poussin, est le feu du sang qui coule dans leurs veines. Mais il pourrait aussi être un fard appliqué sur les joues d'une idole, et je ne connais point d'auréole qui invite à plus de recueillement que cette trace rouge, signe de chaleur humaine, sur ces corps blonds" (Das Gastgeschenk, 1923). Fouquet comme Poussin sont parvenus à une synthèse entre les contraires dont le monde est constitué, entre la réalité et la divinité, la matière et l'idée, à une rencontre entre le charnel et le sacré : "Tout l'art de l'artiste réside dans sa capacité à entremêler et à fusionner, dans son oeuvre, ce qui en dehors est une dualité contradictoire. C'est ce fait de l'artiste (...) un être à l'image de Dieu" (Das Gastgeschenk, 1923). La perfection artistique selon Hausenstein consiste en la représentation d'une humanité divine et d'une divinité humaine. [...]

Au sujet de Delacroix, Hausenstein le proclame "maître de la peinture moderne (...) jusqu'à nos jours" (Die Bildende Kunst der Gegenwart, 1914) (Laurence Blanc, Wilhelm Hausenstein (1882-1957): un médiateur culturel et politique entre l'Allemagne et la France, Volume 642, 1997 - books.google.fr).

Wilhelm Hausenstein, né le 17 juin 1882 à Hornberg et mort le 3 juin 1957 à Munich), est un homme politique, journaliste, critique d'art, historien diplomate et homme de lettres allemand. Il est l'un des rares Allemands qui ait su vraiment dire non au nazisme, à l'antisémitisme. Il est le premier ambassadeur allemand nommé à Paris après la Seconde Guerre mondiale. Il est l'un des bâtisseurs de l'amitié franco-allemande. En 1919, il épouse Margot Lipper, qui est une interprète belge, de confession juive (fr.wikipedia.org - Wilhelm Hausenstein).

La serviette de cuir

Dans le champ, la sainte Vierge couronnée et nimbée, tenant sur son bras l'enfant Jésus. A sa gauche, saint Brieu, mitré et nimbé, tenant de la main gauche une crosse. Il est accosté des initiales S. B. R : Une bourse à fermoir entre deux bourses à lacets. Ce plomb, du XVIe siècle ou du XVIIe, a été trouvé au pont Saint-Michel, en 1850

La Vierge, couronnée, tenant l'enfant Jésus sur son bras. A sa gauche, saint Brieu, mitré, bénit de la main droite, et de la gauche tient une crosse ; entre ces personnages, on aperçoit une fontaine. L'état fruste de la légende placée entre filets ne permet pas de la lire, on ne peut qu'interpréter les initiales N. D. ( NOTREDAME), placées au-dessous de la fontaine. Ce plomb, du XVIe siècle, a été trouvé au pont Notre-Dame, en 1866.

La communauté des boursiers a reçu ses premiers statuts de Philippe deValois, en 1342, par lesquels ils sont qualifiés de maîtres Boursiers, Calottiers, Bonnetiers, Caleçonniers, etc. ; ces statuts ont été confirmés par Charles VI, Louis XII, Charles IX, et par des lettres-patentes de Louis XlV, en 1656, qui ne furent vérifiées qu'en 1664. L'apprentissage était de quatre ans, et le compagnonage de cinq ans. Le brevet coûtait 65 livres, et la maîtrise 600. Les boursiers étaient au nombre des métiers qui, la nuit, faisaient le guet à Paris. Avec eux figuraient, pour cette corvée, les Tanneurs, Mégissiers, Baudoyeurs et Sueurs ou couturiers (sutores, culottiers). Le bureau des boursiers était place de Grève. Ils avaient pour patrons la Vierge et saint Brieu, aux Cordeliers. D'après les professions auxquelles on les voit associés, il semble évident que les boursiers travaillaient surtout en cuir, pour aumonières et sacoches ou gibecières plus ou moins ornées qui se portaient à la ceinture. M. A. de Barthélemy cite, en effet, des statuts de 1719 où les chefs-d'œuvre de la profession sont indiqués comme consistant en « une bourse ronde à quarre de cuir..., une gibecière de maroquin à fer garnie de son ressort, avec des coulants et boutons de cuir, une gibecière de maroquin à fer courbé, pareillelement avec ressort ; un sac de maroquin, dont les hommes se servent à mettre sur (sous ?) leurs genoux. » La dernière curiosité qu'annonce ce programme semble indiquer que les gens comme il faut se faisaient mettre dans l'église un petit coussin de cuir plus ou moins capitonné, avant de s'agenouiller sur le carrelage, livré tout bonnement au simple paroissien.

On lit dans le vingt-quatrième article des statuts de la corporation des Boursiers, datés de 1749, et reproduisant un texte plus ancien ; « Nul maître de la communauté ne pourra montrer, vendre ni débiter des marchandises, les lètes solennelles de l'année, les jours de dimanches, fêtes de Notre-Dame, fêtes de saint Brieux et de Notre-Dame de la Fontaine, patrons de la communauté. » La nationalité des premiers boursiers de Paris ne peut être douteuse : ils étaient de Bretagne, et j'ajouterai de Saint-Brieu. Cette ville, en effet, placée entre les deux vallées de Gouët et de Gouëdic, portait jadis le nom de Saint-Brieux-des-Vaux. Bien plus, Notre-Dame de la Fontaine était pour des Bretons une réminiscence du pays natal associée tout naturellement à leur vénération pour le saint qui avait donné son nom à la cité. » Cependant, on nous aurait pu rendre plus ample service en expliquant pourquoi les boursiers étaient ou avaient été Briochains (Arthur Forgeais, Numismatique des corporations parisiennes, métiers, etc: d'après les plombs historiés trouvés dans la Seine, 1874 - books.google.fr).

La famille de Fournas présente à Fabrezan l'est aussi en Bretagne dans le Morbihan (Arzano).

Jacques Amyot

Jacques Amyot est né à Melun, dans le diocèse de Meaux, et fut évêque d'Auxerre. Melun, Paris, Gisors (Porte du royaume de la Reine blanche selon Plantard : Les Templiers sont parmi nous) et Montrevel (Porte du Royaume des morts, id.) sont alignés sur une carte Mikelin, Auxerre juste un peu à l'écart (Autour de Rennes le Château : Gisors et Auxerre : 31 juillet et 20 septembre, Darmstadt : Les trois portes : Introduction).

Jacques Amyot était abbé commendataire de l'abbaye de Bellozanne à Brémontier-Merval à quelques kilomètres au nord de Gisors (fr.wikipedia.org - Abbaye Notre-Dame de Bellozanne).

Il est né le 30 octobre 1513 ou 1514 selon les auteurs. L'année 1514 est traitée dans Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : Vélasquez.

Du père on a fait un boucher, un corroyeur, d'autres fois un coutelier ou un marchand de bourses et d'aiguillettes. Le nom de la mère a été dénaturé. L'enfance du fils a donné naissance à des fables que les anas ont répétées à plaisir, témoin, pour ne citer qu'un exemple, ce prétendu legs de 12,000 livres fait par Amyot à l'hospice d'Orléans, à titre de reconnaissance de 12 sols qu'il en aurait reçu dans un temps d'adversité. [...] Son père se nommait Nicolas Amyot et sa mère Marie ou Marion Lamour. Nicolas Amyot exerçait la profession de «marchand mégissier» qualification qu'on lui donne dans plusieurs actes où il comparaît, passés devant Loys Violet, notaire à Melun, les 31 octobre 1527, 1" février 1535 et 30 septembre 1538 (G. Leroy, Documents sur la famille de Jacques Amyot, Bulletin, Volume 6, Société d'Archéologie, Sciences, Lettres et Arts du Département de Seine-et-Marne, Melun, 1873 - books.google.fr).

L'aiguillette est un lacet de cuir ou de tissu terminé par une pointe métallique. Dans l’histoire du vêtement militaire, l’aiguillette a toujours tenu une place particulière. Au Moyen âge, il s’agissait d’une cordelière ferrée qui fermait l’armure. Ce nom fut ensuite attribué au lien qui joignait le haut des écharpes des officiers. La bourse ou bourcète est un petit sac destiné à contenir des pièces d'argent (dispensaire-civil.village.xooit.fr).

Jacques Amyot, alors jeune érudit, treize ou quatorze ans seulement après la toute première édition d’un roman grec (1534), en donne la première traduction en une autre langue, qui va devenir un modèle fondateur pour tout un genre, en France et dans le reste de l’Europe : L’Histoire Æthiopique de Heliodorus, contenant dix livres, traitant des loyales et pudiques amours de Theagenes Thessalien et de Chariclea Æthiopienne, nouvellement traduite de grec en Françoys, Paris, V. Sertenas ou J. Longis, 1547, in f°. Malgré la longueur de l’intitulé, le nom d’Amyot n’y figure pas, et pas davantage plus loin dans le livre ; il n’est mentionné de manière anonyme que comme le «translateur ». (Françoise Létoublon, Jacques Amyot, inventeur du roman grec. In: La réception de l’ancien roman de la fin du Moyen Âge au début de l’époque classique. Actes du colloque de Tours, 20-22 octobre 2011. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2015 - www.persee.fr).

Chariclée est aussi un Dame blanche de part l'étonnante carnation de sa peau, alors qu'elle est fille d'Ethiopiens.

Dans son explication de la naissance d’une enfant blanche de parents éthiopiens noirs, Persinna évoque l’union charnelle avec son mari, le roi Hydaspe par le verbe "prosôlei" (IV, 8), traduit par «s’unit à moi» dans la traduction moderne, par «m’embrassa » chez Amyot. Le regard de Persinna sur un tableau représentant la délivrance d’Andromède par Persée est responsable de la couleur de peau de son bébé selon sa «conception » : Amyot traduit «Mais vous ayant enfantée blanche, qui est couleur estrange aux Ethiopiens, quant à moy j’en cogneu bien la cause, que c’estoit pour avoir eu tout droict devant mes yeux (alors que votre pere m’embrassoit) la pourtraicture d’Andromeda toute nue, telle comme si Perseus l’eust n’agueres retirée du rocher, là ou elle avoit esté exposée au monstre marin, qui fut la cause que vous fustes sur le champ conceuë et formée à la mal’heure toute semblable à elle. » Craignant moins que la langue moderne le participe apposé au sujet, et disposant du verbe enfanter, il montre comment la mère a un rôle actif dans la naissance d’un enfant. Le déshonneur encouru par une naissance réputée adultère est exprimé très clairement en grec comme en français : «Si deliberay alors de me racheter de mort ignominieuse, estant asseurée que vostre blanche couleur me feroit soupçonner et mescroire d’avoir forfaict à mon honneur (pource que personne ne me croiroit quand je dirois l’aventure si estrange en la sorte qu’elle est advenue) et quant vous donner le respit de l’incertitude de fortune. Ce qui me sembloit vous estre plus tost à choysir que la mort, qui vous estoit evidente et certaine, ou que le nom de bastarde : parquoy (faignant à mon mary que vous estiez morte subitement) je vous fis exposer secretement. » (Françoise Létoublon, Jacques Amyot, inventeur du roman grec. In: La réception de l’ancien roman de la fin du Moyen Âge au début de l’époque classique. Actes du colloque de Tours, 20-22 octobre 2011. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2015 - www.persee.fr).

Les aventures Théagène et Chariclée sont un sujet de décoration du château de Cheverny, qui a servi de modèle à celui de Moulinsart apparaissant pour la première fois dans Le Secret de la Licorne (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : ORCAGE ou Les Bergers d’Arcadie parlant du roi Arthur).

Perplexité

Des bourses de cuir, on passe aux testicules de BĂ©hemot.

Le codex Bamberg Patr 136, anonyme de la seconde moitié du XIIe siècle, propose ainsi de distinguer deux perplexités, différentes en leur origine et en leurs formes, deux formes de «perplexitas facti». La première, sur laquelle nous reviendrons plus loin, est par exemple celle des juifs s'apprêtant à crucifier le Christ. Elle est qualifiée de «perplexitas minima» où l'on ne trouve pas de remède de soi-même. L'autre, plus grave encore, a une cause directement diabolique. Elle reçoit le nom de «perplexitas maxima» : "les démons eux-mêmes et tous les damnés sont pieds et poings liés à cette perplexité".

L'origine diabolique du phénomène de "perplexitas maxima" provient d'un curieux commentaire de Grégoire le Grand - à partir d'une phrase de saint Jérôme - sur le livre de Job (40, 12). Glosant le sens allégorique du monstre Behemot et de sa monstrueuse anatomie, Grégoire affirme sans sourire que si le texte sacré affirme que les testicules de l'animal sont «perplexes» c'est simplement parce qu'ils sont à l'image des ruses du diable (Stéphan Geonget, La notion de perplexité à la renaissance, 2006 - books.google.fr).

Le Behemot de Job 40,12 est Ă  la fois terrestre et aquatique.

Les mots exacts de Grégoire le Grand et de ses successeurs reviennent un par un sous la plume de saint François de Sales. L'on y parle toujours du «diable», de sa «suggestio sua mala» et de la perplexité dans laquelle il plonge les fidèles. Si la métaphore a changé au fil de l'histoire, s'il ne s'agit plus de «testicules» mais de « brouillard », plus de la « perplexitas maxima » de celui qui est pris entre deux péchés mais d'une « inquietude » à coloration mélancolique, il reste cependant que la leçon est la même : où il y a « perplexité », il y a sans doute « suggestion du diable ». [...]

Le « pêcheteau » (François de Sales, Traité de l'amour de dieu) n'a comme seul objectif que celui que signale son nom : péchant en eau trouble, il cherche à mettre le chrétien en situation de péché inévitable. Le «diable des mers» n'a plus la stature d'un monstre. L'antonomase et l'annomination qui servent à le désigner sont en revanche tout à fait explicites : il s'agit du même terrible animal, souvenir du Béhemot grégorien. [...]

La perplexité a subi une mise au goût du jour, teintée de mélancolie, sans doute plus psychologique dans sa définition; elle reste cependant toujours, selon l'expression que R. Burton applique à la mélancolie, le «chausse-pied du diable» (Stéphan Geonget, La notion de perplexité à la renaissance, 2006 - books.google.fr).

Le propos de saint Paul, Epitre aux Romains 7,20-24, est sans ambiguïté : deux lois agissent et se combattent en l'homme, la « lex membrorum » et « lex mentis ». Dès lors, leur antinomie ne peut prendre qu'un seul nom au XVIe siècle, celui que lui donne la tradition juridique la plus classique, celui de «perplexitas». Le droit et la théologie s'accordent donc pour porter sur les fonts baptismaux cette redéfinition de la « perplexité ». Celle-ci n'est plus alors simplement le résultat désolant du péché originel mais devient l'affrontement des deux principes fondamentaux qui régissent la vie humaine, la chair et l'âme. Cette seconde définition ne dénature en rien la pensée augustinienne qui voit aussi dans la perplexité l'affrontement des deux cités. Elle est en cependant différente dans son expression «légale» et dans son caractère nettement plus « militant » car si pour saint Augustin la perplexité est surtout un constat désolant, elle prend, à la lumière de la lecture renaissante de saint Paul, une dimension, bien plus active. [...]

La définition paulinienne est célèbre et de nombreux auteurs de la Renaissance en font mention. Elle est même un véritable lieu commun chez les écrivains du cercle de Meaux tout particulièrement paulinien. Marguerite de Navarre consacre ainsi un texte à tenter d'éclaircir ce Discord estant en l'homme par contrariete de l'esprit et de la chair. [...]

Rabelais opère avec Thélème une synthèse curieuse des deux temples que décrit le poète Jean Lemaire de Belges car Vénus et Minerve semblent conjointes dans son propre temple et c'est finalement lui, plus que Lemaire qui opère la concorde promise des deux langages: du corps et de l'âme, de l'amour et de la sagesse, de l'homme et de Dieu. Au temple de Vénus Rabelais emprunte la description des beaux «adolescents», leur désir «social» et leur appétit de vie; au temple de Minerve, il reprend «Honneur le grand seigneur» qui permet d'atteindre la vraie vertu. [...]

De Thélème, il s'agit de la préfiguration du Paradis tout court et la sexualité, signe s'il en est du manque et du désir, y est tout simplement dépassée Le mariage n'y est plus une solution insatisfaisante à la concupiscence (« melius est nubere quam uri ») mais parfait accord des âmes sœurs. La « sympathie» y est étymologique et l'on y vit à la fois, significativement, «en dévotion et amitié» (Stéphan Geonget, La notion de perplexité à la renaissance, 2006 - books.google.fr).

Fouquet et la perplexité

Connaissant le caractère et l'ame du maitre, on peut sans grande difficulté le discerner de l'âme et de la personalité de l'élève qui se manifestent dans ses volumes et ses ombres et l'armonieuse distribution des courbes et des couleurs. En un mot à son coup de pinceau, mème si l'élève ou le collaborateur depassent parfois le maitre, ce qui est le cas dans le baptème du Christ de Verrocchio où l'un des anges est de la main de Léonard. Jean Fouquet, auteur de ce remarquable tableau qu'est « La Vierge à l'Enfant », (Anvers, Musée Royal des Beaux Arts.) serait fort embarassé, si on lui demandait pour quelle raison il a dessiné et peint les mains de la Vierge qui enlacent l'Enfant Jésus d'un manière aussi différente. La Vierge est assise sur un tròne et tient l'Enfant sur ses genoux. Les doigts et les ongles de la main gauche sont longs, minces et effilés: ceux de la main droite sont courts, tassés et carrés et les plis de la chair entre le pouce et l'index sont trés marqués. La peau est tombante et ridés annonçant fatigue et et vieillissement. Cette main préfigure les tourments et les angoisses spirituels qui attendent la Ste. Vierge. L'artiste ne pouvant les traduire nulle part ailleurs a machinalement, sans s'en rendre compte, car la Vierge est jeune et resplendissante de beauté (la tradition prétend que Jean Fouquet a peint la Vierge sous les traits de la célèbre Agnes Sorel maitresse de Charles VII) choisi une des mains qui ont reproduit d'une étonnante et dure réalité les futures angoisses et les douleurs de la Mère et Fils. Si Jean Fouquet pouvait revoir son tableau il serait plutòt perplexe si on lui faisait observer ces mains dissemblables. C'est le subconscient de l'artiste qui a travaillé et traduit d'une manière aussi élégante qu'insoupconnée, en crue, palpable et efficace réalité, ce que l'âme et l'esprit pressentaient (Rivista del sovrano militare Ordine di Malta, 1946 - books.google.fr).

« Un christique d'art d'une proéminente autorité, voyant, au Musée de l'Œuvre de Notre-Dame, à Strasbourg, une peinture Haut-Rhénane du XVe siècle, figurant la perplexité de Joseph sur la virginité de Marie, fut pris de fort morose bien qu'un peu égrillarde anxiété. Il arrivait d'Anvers où il avait vu et étudié la Vierge et l'Enfant entourés d'Anges par Fouquet. La Vierge était si belle, si désirable, son décolleté si provocant et les anges si diablement rouges, que la perplexité de Joseph finit par le gagner. Mais il fut rasséréné à Florence devant une œuvre de Le Guerchin : Saint Joseph et le Bâton Mystique. En peinture comme en Écritures tout s'explique. » (Jacques Prévert, Imaginaires, 1970 - books.google.fr, www.senscritique.com).

Giovanni Francesco Barbieri Guercino, Saint Joseph, Florence

Perplexité et psaume 73 : La Vraie Langue Celtique

Dans le psaume 74 (73) on trouve dans la version latine le monstre Léviathan et une forêt inextricable ("in perplexitatem ligni secures") (perplexitas : sabach en hébreu) (Johannes Avenarius, Liber radicum seu lexicon ebraicum in quo omnium vocabulorum biblicorum propriae. etc, 1589 - books.google.fr).

Le psaume 73 correspond aux pages 73 et 228 (73+155) de La Vraie Langue Celtique. Ces deux pages sont reliées d'abord par les menhirs :

Nous insistons sur cette expression d'une manière spéciale, parce que l'adjectif celtique main (mén) principal, essentiel, est entré dans la composition des mots ménir, dolmen, désignant des monuments celtiques, des pierres levées, et elle devient d'un secours précieux pour l'explication de ces expressions couvertes jusqu'à ce moment d'un voile impénétrable. (VLC, p. 73)

En examinant la carte de Rennes-les-Bains, on peut facilement suivre les contours dessinés par les aiguilles naturelles ou artificielles. Leur position y est marquée par des points rouges pour les ménirs qui existent encore, et par des lignes également rouges pour les crêtes où les ménirs ont été renversés en majeure partie. (VLC, p. 228)

"impénétrable" peut avoir un rapport avec "inextricable" (perplexitatem). "fourkado" est encore plus significatif.

A l'ouverture du Cromleck, sur la rive droite de la Sals, apparaît une montagne appelée Cardou : vers le sommet, commencent à se dresser des pointes naturelles, connues dans le pays sous le nom de Roko fourkado. (VLC, p. 228)

"Roko fourkado" ou le roc fourchu.

Un dictionnaire du XVIIe siècle, celui de César de Rochefort, ne manque d'ailleurs pas de faire le rapprochement entre la perplexité et le «Y» d'Hercule: Un homme perplex & embarassé, est comme un Hercule à l'entrée de deux chemins fourchus ne sçachant lequel prendre, & ne pouvant pas les suivre tous deux, il entasse délais sur délais, il souffre mille convulsions dans son esprit, il songe, & resonge serieusement, il use de beaucoup de remises, il soûpirs & gemit avant que de se pouvoir resoudre à l'execution de l'affaire qu'il medite, & qu'il se propose, & à prendre la derniere resolution; toutefois il embrasse une chose, & à ce mesme moment il la rejette. Difficultas prabet hesitationem (Aristote, Problemata Mechanica) (François Rabelais, Études Rabelaisiennes, Volume 49, 2011 - books.google.fr, César de Rochefort, Dictionaire général et curieux, contenant les principaux mots, et les plus usitez en la langue Françoise, 1684 - books.google.fr).

On attribue à Aristote des Problemata mechanica, recueil de 34 questions mécaniques suivies de leurs réponses, le tout précédé par une définition de la mécanique et de ses principes (Philippe Fleury, Traités de mécanique, Les Litteratures Techniques Dans L'Antiquite Romain, Entretiens sur l'Antiquité classique, Tome XLII, 1996 - books.google.fr, Thesaurus Graecae linguae, Tome 4, 1822 - books.google.fr).

On attribue aussi à Aristote d'autres Problemata, les Problemata physica, dont un parle de mélancolie.

Parmi les Problemata (physica) attribués à Aristote, notamment du plus célèbre d'entre eux, qui fait partie de la section XXX (« De la réflexion, de l'intellect et de la sagesse »), on trouve exposée la théorie suivante : non seulement les héros tragiques, mais tous les hommes hors du commun, que ce soit dans le domaine des arts, de la poésie, de la philosophie ou de la politique — y compris Socrate et Platon — étaient des mélancoliques (Le Prieuré de Sion : Prologue : Schidlof, Pétrarque et Darmstadt).

César de Rochefort est un juriste, un lexicographe et un essayiste français, né en 1630 à Belley et mort en 1691 dans cette même ville. Il fait ses études à Rome et est employé dans diverses négociations entreprises par le roi. À son retour en France, il est avocat du roi. On connaît de lui un Dictionnaire général des mots les plus usités de la langue française, avec les étymologies, etc. (Lyon, 1685) (fr.wikipedia.org - César de Rochefort).

Le Pasteur d'Hermas est inspiré de l'apologue de Prodicos, le meilleur de sophistes selon Platon, transmis par Xénophon (Mém. 2,1,21-34). Son image d'Hercule/Héraclès à la croisée des deux chemins est bien connue est dans la littérature grecque profane la version la plus aboutie : Hercules in bivio, une fois sorti de la tradition mythologique, devient homo viator in bivio. Le mythe est présent dans les écrits de Cicéron, De officiis, Quintilien, De institutione oratoria. Le dessin de la fourche (Y) contenu dans l'image du croisement renvoie également au symbolisme pythagoricien. La mystique pythagoricienne, ou plus justement pseudo-pythagoricienne, des lettres de l'alphabet, prenant pour point de départ le récit de Xénophon, voit dans Y le symbole des deux voies. François Pétrarque, dans son Epître à Denis Robert de Borgo San Sepolcro " ordinis sancti Augustini et sacrae paginae professorem, de curis propriis " - De Ascensu montis Ventosi, (Familiarium rerum, liber IV, ep. 1) relate son expérience du Y pythagoricien lors de l'ascension du Mont Ventoux qu'il effectua le 26 avril 1336 (Le Prieuré de Sion : Prologue : Schidlof, Pétrarque et Darmstadt, Le Prieuré de Sion Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : 11 juillet ou le Pasteur d’Hermas).

Coriolan, cuir, perplexité et cavaliers

Quand on revient de Michel Montaigne à Jacques Amyot, la scène change. Ce n'est plus la même fermeté, la même vigueur, la même rapidité ; Amyot s'attarde volontiers en chemin à la poursuite des images et des finesses de style. S'il a commis quelques erreurs de sens dans sa traduction de Plutarque, on ne saurait contester « l'intelligence avec laquelle il a saisi dans leur ensemble les idées de son modèle, et l'art avec lequel il les a fait passer dans notre langue. Il a si bien pénétré dans la pensée de l'auteur grec qu'il la fait sienne, et nous la rend revêtue d'un charme nouveau, que son imagination y ajoute. » Il faut reconnaître dans la langue qu'il emploie de l'abondance, de la clarté, de la précision en un mot toutes les qualités françaises. On sent que le traducteur est nourri de l'antiquité, et il a le bon goût de ne pas charger son style d'expressions ou de tournures latines ou grecques. Sa phrase est le reflet exact de la grammaire du XVIe siècle, telle qu'elle se dégage des grands écrivains de l'époque. Lisons, pour exemple, le discours de Véturie à Coriolan; Tite-Live fait grand tort à Plutarque, mais l'ampleur et l'élévation de Rabelais ne jettent aucune ombre sur l'abondante simplicité d'Amyot, c'est presque la finesse, la pénétration et la régularité de Montaigne :

"Tu peux assez connaître de toi-même, mon fils, encore que nous ne t’en disions rien, à voir nos accoutrements et l’état auquel sont nos pauvres corps, quelle a été notre vie en la maison depuis que tu en es dehors : mais considères encore maintenant combien plus malheureuses et plus infortunées nous sommes ici venues que toutes les femmes du monde, attendu que ce qui est à toutes les autres le plus doux à voir, la fortune nous l’a rendu le plus effroyable, faisant voir, à moi, mon fils, et à celle-ci, son mari assiégeant les murailles de son propre pays, tellement que ce qui est à toutes autres le souverain reconfort en leur adversités de prier et invoquer les dieux à leur secours, c’est ce qui nous met en plus grande perplexité : pour ce que nous ne leur saurions demander, en nos prières, victoire à notre pays et préservation de ta vie tout ensemble, mais toutes les plus grieves malédictions que saurait imaginer contre nous un ennemi, sont nécessairement encore en nos oraisons, parce qu’il est force à ta femme et à tes enfants qu’ils soient privés de l’un des deux, ou de toi ou de leur pays. Car, quant à moi, je ne suis pas délibérée d’attendre que la fortune, moi vivante, décide l’issue de cette guerre ; car si je ne te puis persuader que tu veuilles plutôt bien faire à toutes les deux parties que d’en ruiner et détruire l’une en préférant amitié et concorde aux misères et calamités de la guerre, je veux bien que tu saches et le tiennes pour tout assuré, que tu n’iras jamais assaillir ni combattre ton pays, que premièrement tu ne passes par-dessus le corps de celle qui t’a mis en ce monde, et ne doit point différer jusques à voir le jour ou que mon fils prisonnier soit mené en triomphe par ses citoyens, ou que lui-même triomphe de son pays. Or, si ainsi était que je te requisse de sauver ton pays en détruisant les Volsques, ce te serait certainement une délibération trop aisée à résoudre ; car comme il n’est point triste de ruiner son pays, aussi n’est-il pas juste de trahir ceux qui se sont fiés en toi. Mais ce que je te demande est une délivrance de maux, laquelle est également profitable et salutaire à l’un et à l’autre peuple, mais plus honorable aux Volsques pour ce qu’il semblera qu’ayant la victoire en la main, ils nous auront donné de grâce deux souverains biens, la paix et l’amitié, encore qu’ils n’en prennent pas moins pour eux ; duquel bien tu seras principal auteur s’il se fait, et s’il ne se fait, tu en auras seul le reproche et le blâme total envers l’une et l’autre des deux parties : ainsi étant l’issue de la guerre incertaine, cela néanmoins est bien tout certain que si tu en demeures vainqueur, il t’en restera ce profit que tu en seras estimé la perte et la ruine de ton pays ; et si tu es vaincu, on dira que pour un appétit de venger tes propres injures, tu auras été cause de très-grièves calamités à ceux qui t’avaient humainement et amiablement recueilli" (Arthur Loiseau, Histoire de la langue française, jusqu'à la fin du XVIe siècle, 1881 - books.google.fr).

Si corium signifie cuir en latin, un terme dérivé coriolum en est un diminutif (latin du moyen âge ou bas latin) (Guillaume Le Talleur, Dictionarius familiaris et compendiosus: dictionnaire latin-français (1490), 2002 - books.google.fr).

On voit la proximité de la ville natale de Coriolan, Corioli, avec corium.

Plutarque rapporte que son père mourut alors qu'il était en bas-âge et qu'il fut élevé par sa mère Volumnia. Toujours selon Plutarque, il participa à la bataille du lac Régille menée par le dictateur romain Aulus Postumius Albus contre les Latins d'Octavius Mamilius et Tarquin le Superbe. Il s'y distingue, en protégeant un de ses camarades blessés qui allait être achevé, et reçoit une couronne de chêne des mains du dictateur pour sa bravoure et avoir sauvé un citoyen, et il en est ainsi à chaque bataille à laquelle il participe (fr.wikipedia.org - Coriolan).

Denys d'Halicarnasse rapporte que selon la tradition, durant la bataille du Lac Régille, deux cavaliers d'une grande beauté sont apparus à Postumius et ses troupes. Avançant en avant de la cavalerie romaine, ils prennent part à la bataille contre les Latins. Le soir même, deux cavaliers de même apparence, vêtus d'habits guerriers, sont aperçus à Rome, sur le Forum. Ils mettent pied à terre et se lavent avec l'eau d'une fontaine proche du temple de Vesta. Alors que des citoyens romains les questionnent sur l'issue de la bataille, ils annoncent la victoire romaine, puis quittent Rome sans qu'on ne les revoie plus. Le lendemain de l'apparition, le Sénat reçoit les lettres du dictateur Postumius qui annonce sa victoire et mentionne les deux cavaliers qui sont alors identifiés à Castor et Pollux (fr.wikipedia.org - Bataille du lac Régille).

Cicéron nous apprend (De Natura Deorum III,5) que, à son sanctuaire du lac Régille, Castor avait laissé imprimés dans la roche les pieds de son cheval. Ces empreintes se retrouvaient à la fontaine du Juturne du forum romain ; aucun texte ne l'affirme, mais le christianisme, qui a su adapter les légendes paiennes, impose sur ce point une conclusion positive. Les deux dalles profondément gravées que l'on montre encore dans l'église Sainte-Françoise-Romaine, au forum, ne le furent pas par les genoux de saint-Pierre, non plus par le corps de Simon le Magicien, mais bien par les pieds du cheval de Castor, lors de son épiphanie à la fontaine de Juturne. Même après la chute du paganisme, on venait y recueillir l'eau de pluie à laquelle on attribuait de puissantes vertus curatives. Il faut voir là le souvenir de l'action bénéfique des eaux de la fontaine du forum, rendues génératrices et guérisseuses par l'infusion des vertus solaires propagées par Castor. Ainsi, la pierre à empreintes se lie-t-elle au mythe du cavalier solaire ; elle marque, en quelque sorte, le lieu de son épiphanie, l'umbilic de la cité dont il est le père. [...]

Le couple cygne-cheval, ce dernier seul mortel, est un lieu commun de la mythologie euro-méditerranéenne. Il trouva son expression définitive dans le couple des Dioscures. Castor, dompteur de chevaux, mortel comme son père, est né de Tyndare et de Léda. Pollux, l'immortel, est fils de Zeus qui, sous les apparences d'un cygne, connut Léda le même jour que Tyndare. A la mort de Castor, son frère, désespéré, ne put obtenir de Zeus que la vie lui soit rendue ; il en reçut du moins l'hétéméré, qui est l'alternance semestrielle des deux jumeaux dans l'Olympe et dans les Enfers (Amable Audin, Janus, le génie de l'Argiletum. In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé : Lettres d'humanité, n°10, décembre 1951 - www.persee.fr, remacle.org, Autour de Rennes le Château : BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES).

Si Cicéron parle de "vestigium ungulae", ungulae est un génitif singulier de ungula, sabot, certains auteurs, avant la rédaction du Serpent rouge, extrapolent :

Le temple de Régille consacré à Castor dont celui du Forum était une filiale se glorifiait de posséder les empreintes dans le roc des quatre pieds du cheval de Castor (Revue de l'histoire des religions, Volumes 97 à 98, 1928 - books.google.fr).

Pour Robert de Melun, évêque d'Hereford, la perplexité se trouve encore en relation avec les femmes. Une de ses sentences, la CLII, dit : "Quanta perplexitas ambiguitatis fuerit in mulieris dubia responsione quam ad diabolum fecit." (Oeuvres de Robert de Melun, Sentences Volume I, présenté par Raymond M. Martin, Tome III, 1947 - books.google.fr).

Robert de Melun naquit vers 1095. Il est d'origine anglaise. Il suivit les cours d'Abélard et de Hugues de Saint-Victor puis commença à enseigner en 1137, comme successeur de Pierre Abélard à l'école (scola artium) du Mont Sainte-Geneviève. Jean de Salisbury et Guillaume de Tyr comptèrent à cette époque parmi ses élèves. En 1142 il se rendit à Melun pour y diriger une école. Il prit part à la condamnation de Gilbert de la Porrée lors du synode de Reims en 1148. Vers 1150, il revint à Paris, enseigner à l'abbaye de Saint-Victor. En 1160, Henri II le rappela en Angleterre, où il le fit évêque de Hereford en 1163. Il fut consacré le 22 décembre 1163 à Canterbury par l'archevêque Thomas Becket. Lors du conflit entre Thomas Becket et Henri II, il prit le parti de l'archevêque contre le roi. Il mourut le 27 février 1167 (fr.wikipedia.org - Robert de Melun (mort en 1167)).

Abélard, en 1101, avait obtenu le poste d'écolâtre de Melun c'est-à-dire de maître des écoles du chapitre de la collégiale Notre-Dame, chargé d'enseigner et d'organiser l'enseignement, en général avec des étudiants avancés capables d'aider les plus jeunes. La réaction du chanoine Fulbert oncle d'Héloïse à ses amours avec cette dernière a eu les conséquences que l'on sait (fr.wikipedia.org - Pierre Abélard).

Hereford est une ville frontière entre l'Angleterre et le Pays de Galles. Elle a un rôle dans les aventures de Manawydan et Pryderi (possible modèle de Perceval) qui sont des cordonniers fabricants de chaussures en cuir, dans les Mabinogi, servant de modèle, avec les autres villes saxonnes de la frontière, à l'activité économique du Pays de Galles (John Kenneth Williams, Sleepin with an elephant, Cultural Diversity in the British Middle Ages: Archipelago, Island, England, 2008 - books.google.fr).

Delacroix et les Dioscures

Delacroix a travaillé au palais du Luxembourg où il a pu voir les peintures zodiacales de Jordaens.

Accaparés par Delacroix, les regards négligent les plafonds des caissons ornant les ailes latérales Ils sont dus à deux élèves, dont pourtant le pinceau est loin d'être médiocre. Dans la travée est, Riesener a peint la Philosophie, la Poésie, l'Evangile, la Loi, l'Histoire et, dans la travée ouest, Le salut par le glaive et Le travail ; Roqueplan, lui, a figuré l'Eloquence, la Politique et les Mathématiques. Il est piquant d'observer que les disciples s'inspirent plus de Véronèse que de leur mentor. Gisors avait prévu en outre, deux salles de travail, l'une à l'ouest et l'autre à l'est de la bibliothèque. Louis Boulanger a décoré la première en y peignant le portrait d'anciens grands magistrats : Harlay, Séguier, de Thou et Lamoignon. Dans la seconde, Scheffer a représenté le roi Charles V, à qui la France doit sa première bibliothèque, recevant les savants Ch. de Vitry, Jean de Bruges, Oresme, de Maizières, etc., et les engageant à y venir étudier. Il y a plusieurs décennies ces deux salles ont été détachées de la bibliothèque, pour être affectées au Conseil de Questure et au Service des Comptes rendus. La Galerie des Jordaens, édifiée par Marie de Médicis, transformée en musée, le premier ouvert en France, de 1750 à 1780, à nouveau musée de 1803 à 1887, attribuée ensuite à la bibliothèque comme annexe, cette salle est sans doute la plus impressionnante du palais ; plus que les murs, tapissés sur 60 m de livres aux teintes ambrées, la voûte, en hémicylindre surbaissé, attire l'œil, car elle expose douze chefs-d'œuvre, douze merveilles : les "Signes du Zodiaque" ou "Les mois de l'année" que Jacob Jordaens peignit pour sa propre maison d'Anvers et que le Sénat acquit en 1802. Le visiteur s'étonne parfois que la série ne débute pas par le mois de janvier. C'est qu'elle fut achetée au temps du calendrier révolutionnaire, où l'année débutait en septembre et marouflée sur la voûte, dans l'ordre de ce calendrier ; en outre, on entrait par la porte nord, alors que de nos jours, nous l'abordons au sud, de telle sorte que nous contemplons la succession des mois dans un ordre inversé. Les Signes du zodiaque se présentent donc ainsi : 1. Août (la Vierge). Cérès, déesse des moissons, est accompagnée de Triptolème, inventeur de la charrue, figuré sous les traits d'un enfant. 2. Juillet (le Lion). Portant la peau du lion de Nemée, Hercule tient les pommes d'or du «jardin des Hespérides » et se repose sur sa massue. Un jeune homme assis, une gerbe de blé à la main, signale ainsi la fin des moissons. 3. Juin (le Cancer). La chute de Phaéton, que Jupiter précipite du haut des cieux, rappelle allégoriquement que le soleil, alors au plus haut de sa course, va bientôt décliner. 4. Mai (les Gémeaux). Castor et Pollux conduisent le char de Vénus, leur mère, en répandant les fleurs de la belle saison. 5. Avril (le Taureau). Ayant pris l'apparence d'un taureau, Jupiter enlève la nymphe Europe. 6. Mars (le Bélier). Le bélier indique qu'au retour du printemps les troupeaux sortent des bergeries, tandis que, l'épée dans une main, une torche dans l'autre, le dieu de la Guerre part en campagne. (Ici, la série est interrompue par la toile de Callet représentant L'Aurore). 7. Février (les Poissons). Des dauphins portent Vénus et l'Amour, sur une mer qu'agitent les tempêtes, si fréquentes durant ce mois. 8. Janvier (le Verseau). Symbolisant la saison des pluies, un jeune homme renverse une urne pleine d'eau sur la terre. 9. Décembre (le Capricorne). La nymphe Adrastéa trait la chèvre Amalthée pour nourrir Jupiter enfant. La chèvre donne une idée du soleil « qui, dans ce mois, paraît toujours monter, ainsi que la chèvre sauvage qui se plaît à gravir les rochers escarpés". 10. Novembre (le Sagittaire). Armé de flèches, le centaure Nessus enlève Déjanire, l'épouse d'Hercule. Les flèches rappellent que la saison est propice à la chasse. 11. Octobre (le Scorpion). Un satyre porte Silène sur ses épaules. Une bacchante joue du tambour de basque. C'est le temps des vendanges. Le scorpion fait allusion aux maladies que favorisent les vents humides de la saison. 12. Septembre (la Balance). Couronnée de fruits, une femme tient d'une main une corne d'abondance pleine de raisins et, de l'autre, une balance, qui rappelle l'égalité des jours et des nuits, lors de l'équinoxe d'automne. Particulièrement soucieux de sauvegarder ce patrimoine - aussi exceptionnel que peu connu - le Sénat fit restaurer les Signes du zodiaque, par les soins du Louvre, il y a une décennie (Philippe Martial, La Bibliothèque, Palais et jardins du Luxembourg, 1994 - books.google.fr, Les bibliothèques parisiennes: architecture et décor, 2002 - books.google.fr).

Rappelons aussi que le signe astrologique des Gémeaux (Castor et Pollux) vient neuf mois après celui de la Vierge devenue mère (Thèmes : Homards Delacroix).

Les représentations des Dioscures les montrent parfois égaux l'un à l'autre, en symétrie presque parfaite; parfois aussi, leur différence est suggérée : Castor a une barbe signe du vieillissement de son corps de mortel, tandis que Pollux demeure glabre, dans l'épanouissement de son âge d'éphèbe qu'il ne dépassera plus. D'autre part, même s'il est difficile de trouver une étude spécifique sur ce point, les noms des deux héros méritent attention : le mortel barbu s'appelle Castor, ce qui est par ailleurs le nom d'un petit animal velu et industrieux, tandis que le fils de Zeus est nommé Poludeukès (que le latin a abrégé en Pollux) qui semble signifier le « Très Doux ». Le fait qu'ils soient jumeaux et différenciés, le fait que leur iconographie et leurs noms mettent en valeur une opposition entre poilu et lisse les rapprochent des jumeaux bibliques : Ésaü, le velu, et Jacob, le glabre. Même si les Dioscures s'entendent alors qu'Ésaü et Jacob vivent plutôt une dissension, on trouve dans les deux cas une répartition entre les frères des espaces et des activités. « Castor se plaît aux chevaux et (son frère) né du même œuf au pugilat » dira Horace dans une satire (II, 1, 26—27). La légende de leurs séjours alternés dans le monde des morts et dans celui des dieux met en scène la disparité de leurs natures et des lieux auxquels elles correspondent. Ésaü est, lui, le chasseur du désert qui se déploie dans le monde de la sauvagerie ; Jacob est un homme plus rassis qui reste auprès des espaces habités. L'un et l'autre passeront d'ailleurs à d'autres horizons : Jacob devient pasteur pour son beau—père Laban pendant vingt ans de sa vie et Ésaü trouve son accomplissement dans le royaume d'Édom où il fait souche. [...] La geste d'Ésaü et de Jacob a donc une portée historique, une dimension descriptive de l'histoire des peuples qui descendent de ces jumeaux fondateurs. On peut faire un parallèle avec la tournure que prennent à Rome Castor et Pollux : ils s'historicisent, selon un mouvement souvent vérifié chez les Latins. Ne montre-t-on pas encore au temps de Cicéron l'empreinte laissée par le cheval de Castor quand le héros et son frère venaient au secours des Romains lors de la bataille du lac Régille (499 avant J.C.) ? [...]

Il faut probablement rechercher un modèle dans la geste de Gilgamesh et de son "jumeau" velu Enkidu qui vivent respectivement dans un palais urbain et dans les contrées sauvages (Philippe Lefèvre, Esaü et Jacob / Castor et Pollux, Comparer ?, 2011 - www.unifr.ch, books.google.fr).

L'ange laisse une trace sur le corps de Jacob comme les Dioscures sur le bord du lac Régille, lieu de la défaite définitive de Tarquin le Superbe qui meurt à Cumes, et de ses alliés latins. Tarquin le Superbe avait été chassé de Rome, se trouvant un allié en la personne du roi des Etrusques Porsenna.

Lors de la guerre contre Porsenna, alors que les Étrusques mettent en déroute les Romains et s'apprêtent à pénétrer dans Rome, Horatius Coclès ("le borgne") leur aurait interdit le passage en barrant le pont Sublicius, affrontant seul (Polybe, Valère-Maxime) ou avec l'aide de deux compagnons (Tite-Live, Denys d'Halicarnasse) l'armée ennemie. Le pont ayant ensuite été détruit sur son ordre, il se serait jeté en armes dans le Tibre où, pour les uns, il aurait trouvé la mort (Polybe), d'autres affirmant qu'il est sorti du fleuve, indemne (Tite-Live, Florus) ou blessé (Frontin), à la cuisse (Denys d'Halicarnasse) ou à la hanche (Plutarque, Servius)

Porsenna abandonne l'alliance avec Tarquin qui se trouve un dernier soutien chez les Latins (www.universalis.fr - Horatius Coclès, Abrégé de l'histoire romaine, orné de 49 gravures, qui en représentent les principaux sujets, Moutardier, 1805 - books.google.fr).

Eugène Delacroix, Jacob et l'Ange, Chapelle des saints Anges, Eglise Saint Sulpice - Paris

Une note Ă©nigmatique d'Achille Piron met en relation Delacroix avec les environs de Melun :

Chacune des œuvres d'Eugène Delacroix, d'abord diversement appréciées, alors comme toujours, coûtaient à leur auteur des efforts de volonté et des fatigues de corps qui devaient user une machine si frêle. Lorsqu'il revenait le soir chez lui, après avoir passé la journée en équilibre sur son échafaudage, les reins brisés, les jambes tremblantes et la tète fatiguée, il était digne de pitié. Dans l'origine, il dessinait ses sujets sur le mur ou sur la toile qui devait y être rapportée, sans autre guide que l'esquisse qu'il avait préparée d'avance; plus tard, ne voulant rien laisser au hasard ou à l'entraînement du pinceau, il préparait avec soin des cartons sur lesquels la composition était arrêtée d'une manière définitive. Ensuite il employait la main d'un jeune peintre, dont il avait fait son élève et son ami, pour mettre en place cette première composition; enfin toute cette surface immense était retouchée, peinte et terminée de sa main. Mais il prenait quelques vacances. La peinture de la chapelle des Saints-Anges a duré dix années. Au mois de juillet 1841, il vint de Champrosay à Brime, près de Melun, visiter la famille de M. P...; et, en septembre de la même année, il était à Trouville (E. A. Piron, Eugène Delacroix : sa vie et ses œuvres, 1865 - books.google.fr).

Qui est ce P... qui habite Brime, lieu inconnu de GĂ©oportail ?

Achille Piron (1798-1865) est issu d’une famille de souche bourguignonne. Il intègre en 1806, la même année que Delacroix, le Lycée impérial à Paris (actuel lycée Louis-le-Grand). Les deux hommes y font connaissance et resteront amis jusqu’à la mort du peintre. A sa sortie du lycée, Piron entre dans l’administration centrale des Postes. Inspiré par l’Angleterre, il propose à partir de 1838 la création d’un timbre français, en rédigeant notamment un ouvrage, Des services des Postes et de la taxation des lettres au moyen d’un timbre (1838). L’idée ne sera finalement adoptée que 10 ans plus tard. Il démissionne en 1862. En 1863, Delacroix fait de « son ancien camarade » son légataire universel, à l’étonnement de certains de ses proches. Piron témoigne de leur amitié en rédigeant à la fin de sa propre vie la première biographie du peintre, Eugène Delacroix, sa vie et ses œuvres, publiée à titre posthume en 1865 (www.correspondance-delacroix.fr,

Poussin - Melun

A côté de Melun se trouve le château de Vaux le Vicomte que se fit bâtir Nicolas Fouquet. Poussin en aurait modeler en ronde bosse les Termes qui décorent le parc. [...]

Il n'y a rien de visible, disait-il sans lumière sans formes, sans couleurs sans distance et sans intrument. Pour ce qui est de la matière elle doit être noble qui n'ait reçu aucune qualité de l'ouvrier ; et pour donner lieu au peintre de montrer son esprit et son industrie, il faut la rendre capable de recevoir la plus excellente forme. Il faut commencer par la disposition, pis parlornement, le decor, la beaute, la grâce, la vivacite, le costume, la vraisemblance et le jugement partout. Ces dernieres parties sont du peintre et ne se peuvent enseigner. C'est le rameau d'or de Virgile, que nul ne peut trouver ni cueillir s'il n'est conduit par le destin. Ces neuf parties, ajoute-t-il, contiennent plusieurs choses dignes d'être écrites par de bonnes et savantes mains. On peut en effet réduire à ce petit nombre de regles tout ce qu'on a écrit et tout ce quon écrira sur les arts d'imitation (Tiré d'une lettre qu'il écrivit presque la veille de sa mort à M. de Chambrai, auteur du Parallèle de l'architecture (Félibien, Entretiens sur les vies et les Ouvrages des Peintres, tome II) (C.P. Landon, Vie Et Oeuvres Complète De Nicolas Poussin, École Française, Tome III, 1803 - books.google.fr).

Le berger en bleu du tableau des Bergers d'Arcadie est barbu comme Castor, signe de sa mortalité par le vieillissement.

Les Cabires sont au nombre de trois, Castor, Pollux et Cadmilos. Le troisième, Cadmilos, s'identifia, dans le développement du mythe, avec Hermès : de là, son symbole du caducée. Il est probable qu'à cause de son nom, rapproché, par un jeu de mots, de celui de Melos, il fui honoré d'un culle particulier dans celle île, peut-être même considéré par les Méliens, comme un héros éponyme et fondateur, le ktistos (Ernest Babelon, Traité des monnaies grecques et romaines: Introduction genérale à l'étude des monnaies de l'antiquité, 1914 - books.google.fr).

A Samothrace, Hermès, généralement représenté ithyphallique, est rangé parmi les Cabires et est assimilé à Cadmilos (le Cadmus thébain); de même à Imbros et Lemnos. Les Éoliens de Lesbos admettaient, comme leurs voisins de Samothrace et probablement les Thébains, l'identification d'Hermès et de Cadmus. Dans les îles Ioniennes il se présente particulièrement sous l'aspect de dieu des bergers (www.cosmovisions.com - Hermès).

Les Dioscures sont en cause dans un vol de bétail en Arcadie, perpétré avec leurs cousins Idas et Lyncée (Apharéides) auxquels ils avaient dérobé les fiancées Phoébé et Hilaera. A l'occasion d'une dispute au cours du partage du butin, Castor est tué (mythologica.fr - Dioscures).

La femme des Bergers pourrait être Hélène. Le berger en blanc a été associé à saint Etienne (Autour de Rennes le Château : Les Bergers d’Arcadie et le Sceau de Palaja - books.google.fr).

Tel Hermès, le "tas de pierres", le tombeau de saint Etienne n'est-il pas en quelque sorte le premier Herma des chrétiens ?

En Catalogne, Hercule, Roland et saint Christophe ont été assignés à ce rôle gargantuin, plus spécifiquement attribué à Jean de l'Ours dans les zones de montagne ; or il faut désormais leur adjoindre saint Étienne, Hermès ou Freyr catalan, affilié aux plaines, aux champs céréaliers, et à la protection des grêles de pierres (Mythologie française: bulletin de la Société de mythologie française, Numéros 211 à 216, 2003 - books.google.fr).

Pausanias arrive en Mantinique par Nestané, où il relève la présence d’un sanctuaire de Déméter, et de là, se dirige vers la ville de Mantinée. Après avoir résumé, comme à son habitude, l’histoire de Mantinée (d’Antinoé à Auguste), notre auteur entre prend une description des lieux sacrés et des monuments civiques qui lui semblent importants : temple double d’Asclépios et des Létoïdes (œuvres respectivement d’Alcamène et de Praxitèle), sanctuaires de Zeus (Sôter et Épidotès), des Dioscures (dont le culte est important puisqu’une des tribus se nommait Anakisia, Ve s. av.), de Déméter et Coré (où brûlait un feu sacré). Sur l’agora, à côté du théâtre – seul repère topographique donné par le Périégète –, il a vu un temple d’Héra, et la tombe d’Arcas, fils de Callistô, deux monuments repérés par la fouille de Fougères. Ensuite Pausanias décrit le temple d’Aphrodite Symmachia (temple récent, datant de l’époque d’Auguste mais ruiné au IIe s. ap.) et celui d’Athéna Aléa, pour finalement s’intéresser au cas des «héros historiques»: Antinoos divinisé et Podarès, qui combattit à Mantinée en 362 av. J.-C. Podarès possédait un hérôon sur l’agora, ce que confirment les fouilles (tuile avec l’inscription PODARI), mais il semble qu’un de ses descendants était aussi honoré là; à l’époque de Pausanias les Mantinéens honoraient Podarès l’Ancien (Jean-Christophe Vincent, Recherches sur la personnalité du dieu Poséidon I. Poséidon Hippios à Mantinée et la naissance de la rivière Boyne - hal.archives-ouvertes.fr, Autour de Rennes le Château : Les Bergers d’Arcadie ts ts !).

Gustave Fougères a retrouvé à la fin du XIXème siècle la marque du scellement des quatre sabots d'une statue de cheval dans ce mausolée de Podarès.

Pausanias cite le hérôon de Podarès sur l'Agora, immédiatement après la statue en bronze de Déoméneia. [...] Ce Podarès était le polémarque mantinéen tué à la bataille de 362 et hérolsé en souvenir de sa belle conduite.. Le monument qui le classait parmi les demi-dieux locaux sur la place publique, près d'Arcas et d'Autonoé, était à la fois une chapelle et un mausolée. [...] J'ai retrouvé dans la cella de l'hérôon trois tombes garnies chacune d'une grosse urne ressemblant à un mortier en pierre poreuse. Les trois urnes ne contenaient plus que de la boue ; les deux tombes rangées contre les parois latérales de la cella étaient effondrées et ne renfermaient plus d'autres objets que l'urne. Celle qui touche au mur de fond, aménagée en sarcophage avec des dalles de pierre, avait mieux résisté. En guise de couvercle, elle portait une plaqué rectangulaire de marbre dérobée à quelque monument plus ancien ; sans doute une plinthe de statue équestre, car elle montrait une moulure et, sur la face supérieure, quatre trous de scellement disposés comme pour recevoir les sabots d'un cheval de marbre ou de bronze (Gustave Fougères (1863-1927), Mantinée et l'Arcadie orientale, 1898 - archive.org).

Et Charles Cros ?

On a dit ailleurs que la voix et le génie pouvaient référer à Charles Cros (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Vierge).

"La voix du sang" est le titre d'une pièce de théâtre en un acte de la femme de lettres Rachilde (1890), qui conseillait à une débutante de rédiger une vie amoureuse de la Vierge pour faire parler d'elle.

Certains cercles littéraires décident d'accueillir Rachilde et de la soutenir par tous les moyens. Dans le lot, il y aura les Hydropathes, des gens qui ne boivent jamais d'eau et qui se chamaillent à chacune de leur réunions.

Rachilde en était dans sa prime jeunesse, en se recommandant de Hugo ! Cette naïveté fleure la provocation... Autant prétendre entrer à Charlie Hebdo par l'entremise de Paul Guth ! Même si elle les fréquentait régulièrement et adoptait leurs points de vue, Rachilde marqua toujours quelques réticences vis-à-vis des milieux bohèmes. Quelque chose de bourgeois en elle, en dépit de sa constante présence au hit-parade du scandale littéraire, l'empêchait de s'y sentir totalement à l'aise. Ses goûts profonds la portaient sans doute davantage au classicisme et cette voltairienne s'accommodait parfois mal des excentricités artistiques auxquelles on se livrait autour d'elle. Ne deviendra-t-elle pas une des plus farouches adversaires des surréalistes ? On se souvient de ce banquet Saint Pol-Roux de juillet 1925 à l'issue duquel elle en vint aux mains avec Max Ernst qui, non content de l'avoir giflée, lui aurait donné des coups de pied dans le ventre au nom des lettres et des arts...

Le club des Hydropathes compta jusqu'à 600 adhérents et fut fréquenté par des gens célèbres : Rachilde, Léon Bloy, Mounet-Sully, Charles Cros, Sarah Bernhardt etc.

Le cercle des « Hydropathes » fut créé au Quartier latin en 1878, sous la présidence d'Emile Goudeau. Dès l année suivante, il eut son journal, L'Hydropathe, littéraire et humoristique. On retrouva bientôt tous les Hydropathes au cabaret du Chat Noir, en 1881. On s'est battu autour de l'Hydropathe. Cet être bizarre aime-t-il ou déteste-t-il l'eau ? Entre les deux sens possibles, Cros choisissait le second. D'ailleurs, le fondateur de cette équipe d'humoristes était le premier à détester le « goût d'eau » ! Les Hydropathes ont leur hymne, composé par Charles Cros : "Hydropathes, chantons en cœur / La noble chanson des liqueurs / Le vin est un liquide rouge / Sauf le matin quand il est blanc".

La Voix du sang, qui obtint quelque succès, mérite d'être résumée : deux bourgeois, mari et femme, entendent crier "à l'aide !" ; il est tard, le dîner était excellent, la digestion heureuse. Leur fils doit dormir dans sa chambre. Qu'importe l'inconnu qu'on assassine ! Quelques aphorismes de bon sens calment leurs velléités de descendre au secours de la victime. La porte s'ouvre: c'est leur fils agonisant, la poitrine trouée. "le pauvre garçon", dit la bonne, "il sortait touts les soirs et moi, je n'osais pas vous le dire !..." (Claude Dauphiné, Rachilde: femme de lettres 1900, 1985 - books.google.fr, Alphonse Allais, La Logique mène à tout, présenté par François Caradec, 1976 - books.google.fr).

Marguerite Eymery, Madame Alfred Vallette, dite Rachilde, née au domaine de Cros (entre Château-l'Évêque et Périgueux, Dordogne) le 11 février [fête de Notre Dame de Lourdes] 1860 et morte à Paris le 4 avril 1953, est une femme de lettres française. Elle publia sous les pseudonymes de Jean de Childra et Jean de Chibra.

Son nom de plume, Rachilde, est celui d'un gentilhomme suédois apparu au cours d'une séance de spiritisme à laquelle elle participe (fr.wikipedia.org - Rachilde, Jean-François Ratonnat, La vie d'autrefois en Périgord, 1995 - books.google.fr).

Hans Bellmer cite (Petite anatomie de l’image (Petite anatomie de l’inconscient physique ou l’anatomie de l’image), première édition en 1957, la phrase de Charles Cros: LEON EMIR CORNU D'UN ROC RIME NOËL (il s'agit d'un palindrome, phrase réversible dont les mots peuvent être lus indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche en gardant le même sens). Il l'a citée en rapport avec une image qui représente le corps d'une femme à genoux où l'on voit des testicules qui coïncident avec ses seins tandis que la verge remonte et forme à son extrémité le podex avec lequel elle coïncide. Si bien que ce sexe masculin et ce corps féminin peuvent être lus dans les deux sens. L'autre propriété est l'inversion ou écriture en miroir (le parler à l'envers des enfants en est un exemple: Ut se etêb...). Il reconnaît le caractère singulier de ces formations linguistiques non communicatives mais il relève cependant leur signification particulière en soi. Elles peuvent être lues dans les deux sens, comme s'il s'agissait d'une image, transparente, traversée par le regard dans le registre purement scopique. Dans une note, Bellmer rapporte le souvenir d'une phrase qui lui a été dite alors qu'il avait huit ans et se demande pourquoi il ne l'a pas oubliée. Voici cette phrase : « Ein Ledergurt trug Redel nie ». Il écrit: « Ce n'est qu'en mai 1942, me « tarnant » dans le Tarn, qu'un jour j'y pensais et trouvais son sens: le mot « Redel », nom propre, joue à la fois sur « redlich »: honorable, sur « Râdelsführer »: chef d'insurrection, et sur « Râdel »: petite roue qui s'éclipse facilement; de façon que l'ensemble « Roulette, honorable, chef d'insurrection ne portait jamais un ceinturon de cuir » revêt indéniablement un sens antimilitariste. » (Céline Masson, La fabrique de la poupée chez Hans Bellmer: le "faire-œuvre perversif", une étude clinique de l'objet, 2000 - books.google.fr, Dominique de Liège, Unica Zürn, Bellmer et Perec, Essaim, 2006/1 (no 16) - www.cairn.info).

Bellmer explique que l'«odeur maudite» de ces palindromes vient de la possibilité d'y «sodomiser le verbe jusqu'à ce qu'apparaisse, parfaite comme l'androgyne, la phrase rare qui — lue en aval ou en amont — traitée d'homme ou de femme - conserve indéfectiblement son sens»

Hans Bellmer, né le 13 mars 1902 à Kattowitz (Silésie allemande) et mort le 23 février 1975 (à 72 ans) à Paris, est un peintre, photographe, graveur, dessinateur et sculpteur franco-allemand. Il est l'un des artistes majeurs du surréalisme. (fr.wikipedia.org - Hans Bellmer).

Max Ernst, Hans Bellmer, faut-il le rappeler, furent deux peintres très liés à l'audois Joë Bousquet.

Le thème de l'androgyne, dans la Petite Anatomie de l'image, est fortement lié à Joe Bousquet, poète ami du peintre. Or celui-ci se proposait de « fouiller, à travers la différence des sexes et la vibration éternelle du désir le Paradis Perdu scellé dans nos limites » - intégrant ainsi nettement la figure de l'androgyne reconstitué dans la tradition kabbalistique - et n'hésitait pas à citer Péladan, qui, sur le thème de l'androgyne, fait le lien avec les Rose-Croix et la relecture moderne du Zohar par Stanislas de Guaïta. Comme pour Brauner, il est d'ailleurs un autre lien qui se fait avec la kabbale. Car Bellmer rapproche son travail de « permutation » sur le corps d'un effort semblable sur les mots : "le corps est comparable à une phrase qui vous inviterait à la désarticuler, pour que se recomposent, à travers une série d'anagrammes sans fin, ses contenus véritables" (Petite anatomie de l'image) (Emmanuel Rubio, Androgyne et kabbale chez Bellmer, Brauner, Molinier et Svanberg, Métamorphoses, 2006 - books.google.fr).

Bousquet signale, d'autre part, que, selon une croyance courante en Languedoc, au XIVe siècle, les noms propres qu'on pouvait retourner «sans en changer, pour ainsi dire, l'anatomie», étaient considérés comme «diaboliques» : «Sabbas, Tot, Siris, Gog» (Nicole Bhattacharya, Joë Bousquet: une expérience spirituelle, 1998 - books.google.fr).

Bellmer (Petite anatomie, op. cit., p. 48, note 1), à propos de « Rose au cœur violet », écrit : Les anagrammes français ont été faits par Nora Mitrani et Hans Bellmer :

Se vouer à toi ô cruel / À toi, couleuvre rose / O, vouloir être cause / Couvre-toi, la rue ose / Ouvre-toi, ô la sucrée...

C'est une image réaliste, insistant sur la coloration des muqueuses : point n'est besoin de faire un dessin. Et « violet », couleur d'évêque et de deuil, peut s'entendre aussi : « violé »... Depuis la publication de ses lettres à Bellmer et surtout du Cahier noir, on sait l'importance de ce thème pour Joë Bousquet, oui avait le projet d'écrire avec Bellmer une «Justification de la sodomie ». Ce poème anagrammatique est la continuation et le détournement d'un hémistiche extrait d'un vers hermétique d'un des sonnets des Chimères de Nerval [24, p. 702], Artémis : Sainte napolitaine aux mains pleines de feux, Rose au cœur violet, fleur de Sainte Gudule : As-tu trouvé ta croix dans le désert des cieux ? Contre un enseignant disciple de Ricardou qui en avait dénié devant nous le caractère « pervers », ne voulant considérer que le jeu des signifiants déconnectés du sujet, nous affirmons que les auteurs font montre, pour le moins, d'un sens aigu de la transgression. Celui-ci s'exerce à l'encontre du sens religieux, voire rosicruciste, du vers de Nerval, mais il n'est pas sans rapport avec la fin de son poème : «-La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux ! »). Alignons les interprétations, à base sexuelle, qui crèvent les yeux du lecteur. On peut en relever au moins une à chaque vers - puisque, à l'évidence, l'auteur ou les auteurs les ont intentionnellement recherchées et poursuivies, et qu'ils les rapportent dans un but de provocation dans la plus pure tradition surréaliste : vers 1 : Femme masochiste s'offrant à l'homme sadique ; vers 2 : Image du serpent cruel et symbolisme phallique classique ; vers 3 : Activité contre passivité, ou plutôt onanisme seul ou à deux décrit par Nora Mitrani dans « Une solitude enchantée » (1959) ; vers 4 « couvre toi, la rue ose » : fantasme de prostitution, etc. (Alain Chevrier, Lettres au docteur Ferdière de Hans Bellmer et Unica Zürn, 1994 - books.google.fr, Dominique de Liège, Unica Zürn, Bellmer et Perec, Essaim, 2006/1 (no 16) - www.cairn.info).

En 1973, Pierre Argillet, éditeur du mouvement Dada et collectionneur, s'installe au château de Vaux-le-Pénil, qui surplombe Melun, où il ouvre un musée du surréalisme. Après 2 ou 3 ans, faute d'un nombre suffisant de visiteurs, il décide de faire voyager ses collections à travers le monde afin de les rendre accessibles au plus grand nombre, ce qui occasionne la fermeture de l'éphémère musée du surréalisme de Vaux-le-Pénil (fr.wikipedia.org - Château de Vaux-le-Pénil).

Né en Auvergne en 1910, Pierre Argillet montre très tôt son intérêt pour la littérature et l'art de son époque. Abandonnant ses études de gestion à l'Essec, il se lance dans le journalisme et parcourt l'Europe pour le journal Détective. Grâce à l'écrivain Pierre Berence qui l'initie à la littérature Dadaïste et Surréaliste, il rencontre Tristan Tzara, Antonin Artaud, Jean Arp et Salvador Dali. Il devient alors collectionneur et photographe. Toutes les personnalités de la mouvance surréaliste posent devant son Roleiflex principalement pour des portraits Noir & Blanc. Après la guerre, Pierre Argillet édite des livres avec des gravures originales sur cuivre ou sur bois. En 1959. il fait appel aux talents de graveur de Dali pour illustrer son premier livre de bibliophilie. C'est le début d'une collaboration et d'une amitié indéfectible. Au début de l'année 1971, il ouvre avec son épouse Geneviève la galerie Furstenberg située à Paris, en plein cœur du quartier latin. Salvador Dali est choisi pour l'inauguration avec une exposition de ses gravures. En 1973, Pierre Argillet décide d'ouvrir avec des artistes tels que Giorgio de Chirico et Salvador Dali un Musée du Surréalisme au Château de Vaux Le Pénil, près de Melun. Sa collection atteste de la collaboration passionnée qu'il entretient avec les artistes (Montserrat Aguer, Salvador Dali et ses photographes: 1999 couvent des Minimes 2009, 2009 - books.google.fr).

Bellmer était représenté à Vaux le Pénil, parmi les autres surréalistes (Die Kunst und das schöne Heim, Volume 91,Numéros 1 à 6, F. Bruckmann KG, 1979 - books.google.fr).

Remarquons qu'une anagramme de Melun est "Lumen", la lumière, en latin, que l'on pourra reconnaître dans celle de "l'éclair" et "je revoyais".

A part le passage de son fils Guy-Charles à Melun comme répétiteur, il n'y a pas de lien entre Charles Cros et Melun, ou peut-être la Seine qui y coule : "Ou, prêtresse venue avec les chefs normands, / C'était vous qui rendiez dociles et dormants, / Par vos chansons, les flots insoumis de la Seine" (Le Coffret de Santal, 1873) (Guy Charles Cros, Avec des mots, 1927 - books.google.fr).

Les Normands, ces farouches marins que l'on appelait alors "Danois" avaient quitté les fjords de la Norvège, les brumes du Danemark, et la proue effilée de leurs drakkars aux voiles bariolées laissait un sillage de terreur et de mort sur les côtes de la mer du Nord, de la Manche, de l'Atlantique. Ancrés aux embouchures de la Seine et de la Loire, ils déferlaient à peu près toutes les décennies... Dès 845, ils débarquent sous les murs de Paris, remontent le cours du fleuve jusqu'à Melun. En 856, ils sont de retour : les maisons, l'abbaye de la colline Sainte-Geneviève ne sont plus que brasier et fumée. L'année suivante, ils font même, ô infamie !, une fracassante entrée dans Saint-Germain-des-Prés le dimanche de Pâques (Philippe Velay, Jérôme Godeau, Les premiers mots de Paris, 1998 - books.google.fr).

Charles le Chauve paie les Normands de la Somme commandés par Wéland de chasser les Normands de la Seine. Wéland s'installe à Melun, point extrême de la remontée du fleuve par les envahisseurs nordiques en drakkars.

Gaston Sénéchal, né le 22 avril 1858 à Béthune (Pas-de-Calais) est mort le 10 juin 1914 à Melun (Seine-et-Marne). Hydropathe, Fumiste, Hirsute, Chatnoiresque, il semble n'avoir jamais réuni ses poèmes en volume. Licencié en droit en 1881, conseiller de Préfecture à Auxerre en décembre 1884, puis à Melun, en décembre 1884 (Michel Golfier, Jean-Didier Wagneur, Patrick Ramseyer, Dix ans de bohème par Émile Goudeau, 2000 - books.google.fr).

Gaston Sénéchal compose une chanson à boire dont le refrain est : "J'ai dit aux fontaines Wallace : Je ne boirai plus de votre eau. Plutôt que d'abaisser mes lèvres À votre insipide cristal, Je boirai le poison fatal, Dispensateur des chaudes fièvres ! Je boirai ton dernier sirop, Pharmacien d'ultième classe !" et aussi dans le même poème : "Je hais tous les mots en hydro" (Les gaîtés du Chat-Noir: Classique de la littérature française, 2015 - books.google.fr).

Un des sonnets auto-référentiels dans les premiers numéros de La Plume, 'Le Dahlia bleu' de Gaston Sénéchal (5 (15 juin 1889), 43), épousant de plein cœur une formule consacrée, se réclame d'une longue lignée de sonnetistes (remontant de Félix Arvers jusqu'aux grands maîtres Ronsard et Pétrarque), y ajoute de surcroît une variation sur le vers toujours cité de Boileau 'Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème' (L'Art poétique, Chant II, v. 94) et met l'accent avant tout sur la préciosité maniérée et délicate comme caractéristique la plus marquante du genre (Rachel Killick, Le concours de sonnet de la Plume (1890), Le Champ littéraire 1860-1900: études offertes à Michael Pakenham, 1996 - books.google.fr).