Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Prologue   Capricorne : on a vu le loup   
PRIEURE DE SION CAPRICORNE SERPENT ROUGE LOUP

« Mon émotion fut grande, « RETIRE-MOI DE LA BOUE » disais-je, et mon réveil fut immédiat. J’ai omis de vous dire en effet que c’était un songe que j’avais fait ce 17 janvier, fête de Saint SULPICE. Par la suite mon trouble persistant, après réflexion, j’ai souhaité vous le raconter à la manière d’un conte de PERRAULT. Cher lecteur, les pages qui suivent sont la conséquence d’un rêve m’ayant bercé dans les mondes de l’étrange et de l’inconnu. A CELUI QUI PASSE DE FAIRE LE BIEN. » (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Capricorne).

Rennes le Château se trouve à la fois dans les deux secteurs zodiacaux du Capricorne du Sceau de Palaja et des Nonagones. Aux Nonagones, sa date associée est le 17 janvier.

Marquefave

Blanche de Marquefave, dame de la baronnie de Rennes, mariée par contrat du 5 juin 1422, avec Pierre-Raimond de Hautpoul, chevalier, seigneur d'Auxilhon, co-seigneur de la baronnie de Hautpoul fils d'Arnaud-Raimond de Hautpoul, IIe du nom, damoiseau, seigneur de Félines et d'Hélène de Veyrac.

Elle est fille de Jacques de Marquafave, vicomte de Lautrec en partie, baron de Rennes, seigneur de Montferrand, d'Albessa-Saint-Just, de Belfort-Voisins, de Montazet, de Moison , de Villeboze, de Cabezac, etc., rendit hommage pour ces terres le 14 janvier 1416. (Pièces fugitives pour servir à l'Histoire de France, par le marquis d'Aubais, tom. III, Mémoires d'Ambres, p. 52.) et de Jeanne De Montesquieu. Jacques est fils de Sicard de Marquafave, vicomte de Lautrec en partie, baron de Rennes, etc., se maria, vers l'an 1370, avec Jeanne de Voisins, dame en partie de Puyvert et d'Arques, fille de Geraud de Voisins, seigneur d'Arques, et d'Helix de Bruyères. Jeanne de Voisins était veuve en 1416.

Barthélemi de Marquefave, damoiseau, co-seigneur de Trapes est nommé au nombre des seigneurs qui cautionnèrent pour le paiement de la dot de Jeanne de Foix, épouse de Pierre, infant d'Aragon, dans des lettres d'indemnités que Gaston, comte de Foix, leur accorda à Saint-Paul de Fenouillèdes le 16 mai 1351, après la célébration des noces. Barthélemi de Marquefave rendit hommage à Eléonore de Comminges, comtesse de Foix, et au comte Gaston, son fils, en 1343. (Ibid. , pag. 211 ; preuves, col. 194; château de Foix, caisse 13.) (P. Louis Lainé, Archives généalogiques et historiques de la Noblesse de France, Tome III, 1830 - books.google.fr).

Jean de Marquefave jura de garder la trève conclue entre le comte de Foix et le comte d'Armagnac en 1364. Marquefave est une commune du canton de Carbonne arrondissement de Muret (Haute-Garonne). Cette seigneurie était au XIVe siècle divisée en plusieurs parts, dont quelques-unes appartenaient au comte de Foix. De là de fréquentes relations de Gaston-Phébus avec les Marquefave (Oeuvres de Froissart: publiées avec les variantes des divers manuscrits, Tome 21, présenté par Joseph Marie Bruno Constantin Baron Kervyn de Lettenhove, 1875 - books.google.fr).

A la fin du XIVe siècle la seigneurie de Marquefave est possédée par les comtes de Foix ; en 1436, Gaston IV, comte de Foix, l'hérite de son père Jean (Léon Dutil, La Haute-Garonne et sa région: Localités, Tome 2, 1929 - books.google.fr).

Gaston IV de Foix

La fin de l'année 1446 fut troublée par les intrigues du dauphin Louis; jaloux de la faveur de Pierre de Brézé et d'Agnès Sorel, il voulait à tout prix se défaire de l'un et de l'autre. Avec l'aide de quelques intrigants, dont les principaux étaient Antoine de Chabannes, chambellan du roi, le sire de Bueil et Jean de Daillon, il pratiqua auprès de tous les hauts personnages de la cour de secrètes menées; s'il faut en croire les aveux d'un serviteur du sire de Bueil, tous ou presque tous étaient gagnés à la cause du dauphin contre le sénéchal; le roi de Sicile et son frère Charles trempaient eux-mêmes dans le complot. Le jeune comte de Foix dut recevoir les ouvertures des conspirateurs, mais ils trouvèrent chez lui une fidélité inébranlable à la cause de Brézé; on a vu qu'il était son ami intime, et il n'avait plus à se souvenir d'avoir autrefois conclu une alliance avec ce même Jean de Daillon, qui s'en autorisait peut-être pour l'entraîner dans sa rébellion. Gaston resta du côté du roi et du sénéchal; on n'en peut avoir de meilleure preuve que les propres paroles de ce même serviteur de Bueil, nommé Galchaut : « Tous sont avec Monseigneur (le Dauphin) et de son serment..., tous hors le duc de Bretagne et le comte de Foix ». On sait que l'intrigue échoua et que Charles VII y mit fin en envoyant son fils en mission en Dauphiné. Quand Charles VII se transporta de Chinon à Montils-les-Tours à la fin de l'année 1446, Gaston l'y suivit; c'est là que, dans le courant du mois de janvier, quelques jours après la fête des Rois, eurent lieu, à l'occasion des fiançailles de Jeanne, fille de Charles VII, avec le comte de Clermont, des joutes dont le comte de Foix fut l'un des organisateurs. Deux mois après, le 17 mars 1447, Gaston rendit au roi l'hommage pour celles de ses terres qui relevaient de la couronne. Le comte reconnut la suzeraineté de Charles VII sur les comtés de Foix et de Bigorre, les vicomtés de Marsan, Gabardan, Nébouzan, Lautrec et Villemur, la terre de Donezan, les vigueries de Mauvezin, de Sauveterre, de Tournay et d'Uglas, d'Auterive, de Marquefave, de Calmont, de Gibel, de Thor, de Geu et de Pimbo. Gaston suivit Charles VII dans ses divers déplacements pendant le reste de l'année 1447. Les documents ne permettent pas de constater sa présence à Mehun-sur-Yèvre, où le roi résida à la fin de mars, ni à Bois-Sir-Amé. près de Bourges4; mais nous savons qu'il était dans cette dernière ville en novembre. Il dut assister au « pas » du chevalier aragonais Jean de Boniface, à Montils-les-Tours, et aux joutes qui eurent lien à Bourges, en juin et en octobre. Il quitta sans doute la cour à la fin de 1447 ou au début de 1448; elle était alors le théâtre do nouvelles intrigues, suscitées par le dauphin et connues sous le nom de complot de Guillaume Mariette. A la suite de leur découverte, la situation de Brézé était devenue critique, et Mariette affirma dans ses interrogatoires que « monseigneur de Foix et ledit seneschal estoient tout ungs ». Brézé dut réclamer lui-même sa mise en jugement et son procès s'instruisit pendant le mois d'avril 1448. Le comte de Foix, pensant sans doute que c'en était fait de son ami, avait hâté son départ, craignant peut-être d'être lui-même impliqué dans l'affaire. Le dénouement n'en fut pas aussi alarmant qu'il avait pu le croire : quoique reconnu coupable de torts graves, Brézé rentra rapidement en grâce; il le dut peut-être à l'intervention d'Agnès Sorel, mais surtout aux grands services qu'il avait rendus à la couronne et à son dévouement aux intérêts de Charles VII. La faveur du comte de Foix n'eut point à souffrir de la rapide éclipse que subit celle de Brézé. Une des principales préoccupations de Gaston IV pendant la période qui précéda ia conquête de la Guyenne, ce fut d'accroître le plus possible sa puissance territoriale. Dans l'hommage qu'il rendit au roi en 1447, il comprenait dans ses domaines les vicomtés de Lautrec et de Villemur. Or, par un codicille daté de 1429, Jean Ier avait réservé dans sa succession ces deux vicomtés dont il disposa en faveur de Pierre, son second fils. Ce dernier porta, en effet, toute sa vie, le titre de vicomte de Lautrec. D. Vaissete, à l'occasion de l'hommage rendu en 1447 par Gaston IV pour Lautrec et Villemur en même temps que pour ses autres domaines, ne s'explique pas la contradiction; il essaie cependant d'en rendre compte en supposant que Gaston était considéré comme le seigneur suzerain de ces deux domaines et que Pierre lui en rendait hommage1. En réalité, ils appartenaient au comte de Foix depuis 1439. Avant tout désireux de réunir sous sa main toutes les terres héréditaires de sa maison, il n'avait pas vu sans regret l'aliénation de deux d'entre elles; aussi, profitant du jeune âge de son frère, parvint-il à lui persuader de renoncer à sa part d'héritage dans la succession paternelle : le 15 décembre 1439, Pierre de Lautrec vendit à Gaston IV tous les droits qui lui revenaient sur les vicomtés de Lautrec et de Villemur, les localités de Monfa, Labruguière et la montagne de Montaut (Henri Courteault, Gaston IV, comte de Foix, vicomte souverain de Béarn, prince de Navarre, 1423-1472, 1980 - books.google.fr).

Capricorne et loup

Benjamin enfin, lupus rapax, à l'humeur violente et belliqueuse, est comparé au loup, qui dans l'antiquité occupait la place du Capricorne. On voit même, à des époques plus récentes, dans la partie céleste que doit occuper ce signe, le dieu Pan ayant une tète de loup (Charles Auguste Auber, Histoire et théorie du symbolisme religieux avant et depuis le christianisme, Tome 2, 1871 - books.google.fr).

On trouve ce jurement dans la Chronique de Tabari : "Par le loup noirâtre, par la nuit obscure et par le capricorne !" (Tabari, Chronique, Volume 3, 1871 - books.google.fr).

D'autres thèmes sont à la limite du monde des bestiaires et de la mythologie astronomique. Ainsi l'animal à tête de loup et queue de poisson n'est autre que le monstre dont parlait saint Bernard et que la science du Moyen-Age reconnaissait comme le capricorne du zodiaque ou la constellation de la baleine (Maylis Baylé, La Trinité de Caen: sa place dans l'histoire de l'architecture et du décor Romans, 1979 - books.google.fr).

Un rapport d'assimilation dieux-planètes "est souligné par certains attributs propres aux divinités mythologiques homonymes et, suprême raffinement, par l'adjonction discrète, dans la coiffure ou au bout d'un sceptre, des signes d'exaltation (ou hypsoma) des planètes : le Taureau pour la Lune, la Vierge pour Mercure, les Poissons pour Vénus, le Bélier pour le Soleil, le Capricorne pour Mars, le Cancer pour Jupiter et la Balance pour Saturne. [...] Mars porte bien sûr un casque et une armure «risplendente de luce sanguinosa» (Vincenzo Cartari (c.1531–1569), Imagini colla sposizione degli dei degli antichi), ornée d'épaulettes faites de têtes de loup, animal dont l'avait déjà flanqué Filippino Lippi dans la chapelle Strozzi, et que Zucchi substituera aux habituels chevaux pour tirer le char de la planète homonyme, à la voûte de la galerie Rucellai. La torche qu'il tient dans sa main droite brûle du feu de la guerre, et la trompette ailée qui occupe son autre main est celle de la Renommée (Cartari)" (André Chastel, Philippe Morel, Le Parnasse astrologique, La Villa Médicis, Volume 3, 1991 - books.google.fr).

J. Zucchi, L'assemblée des dieux, Collection privée, 1575-1576 - fr.wikipedia.org - Jacopo Zucchi

La galerie du palais Rucellai-Ruspoli est, par ses dimensions (28 m sur 7,50 m) et sa décoration de J. Zucchi (v. 1586), l'une des plus importantes galeries du xvie s. à Rome. La voûte est dans sa partie centrale divisée en 5 grands tableaux représentant Jupiter, Mars, Apollon, Vénus et Mercure. Autour d'eux, les autres dieux de la mythologie classique et les signes du zodiaque. Sur les murs, entre les fenêtres et la corniche, figurent les héros et héroïnes de l'histoire romaine alternant avec des allégories sur les empereurs, dont les bustes sont exposés dans les niches qui se trouvent aux trumeaux. Des vues de Florence font allusion aux origines des Rucellai (Galeries peintes - www.larousse.fr).

Le visiteur curieux qui la chance avoir accès ce qui fut peut-être le cabinet de travail du cardinal Ferdinand de Medicis dans son palais romain du Champ de Mars le palazzo Firenze) ne peut rester indifférent la scène principale qui occupe la partie centrale de la voûte. L'image est insolite voire déroutante son sens apparemment incompréhensible. Que dire en effet de ce grand vieillard au corps nu et la longue barbe blanche qui plonge la main droite dans le bas-ventre une figure humaine incomplète mais visiblement féminine dont les contours indécis se dissolvent dans une sorte de brouillard. La tête rejetée en arrière les yeux probablement révulsés elle ouvre une bouche où croit entendre sortir les gémissements et les soupirs un enfantement douloureux. [...] Datée de 1574-1575, elle précède directement l'achat par Ferdinand de ce qui va devenir la villa Medicis où Zucchi aura encore occasion de faire montre de son grand talent de décorateur. Cet artiste florentin fut abord le protégé de Vasari qu'il assista notamment sur le chantier de la salle des Cinq-Cents et accompagna à Rome en novembre 1570 pour travailler dans le palais pontifical chapelles de Pie. Mais Zucchi passa bientôt au service de Ferdinand de Medicis à Rome pour lequel il fut actif pendant près de quinze ans. La fin de sa carrière sera essentiellement marquée par le décor de la galerie du palais Rucellai (actuellement Ruspoli) sans doute réalisé partir de 1589-1590 et dont le très riche programme iconographique fut explicité par l'artiste dans un traité publié après sa mort (vers 1596) le Discorso degli Dei dei gentili Rome (1602). [...]

Selon le portrait qu'en livre Boccace dans sa Généalogie des dieux, le voisinage de Démogorgon avec l'antre de Eternité est pas un fait nouveau dans la culture artistique florentine car dans la célèbre frise du portique de la villa médicéenne de Poggio Caiano (frise réalisée vers 1490 sur les indications du Politien) nous voyons à l'extrême gauche de la composition une figure de vieillard avec un faisceau de serpents dans chaque main et située à proximité de l'antre de l'Eternité devant lequel se tient la Nature entourée de petits êtres ailés. [...] La description de Boccace nous ramène plus directement au vieillard de Zucchi mais si ce dernier est bien Démogorgon nous devons nous interroger sur identité de ce dieu peu commun. Il agit disons-le emblée d'un mythe au second degré car il appartient nullement la tradition gréco-latine mais serait né d'une erreur de copiste et d'une corruption conjecturale du terme Demiourgon utilisé par Lactantius Placidus dans un commentaire de la Thébaide où il est question du démiurge néo-platonicien. Que ce dieu enfanté par un barbarisme ait paru douteux aux savants de la Renaissance nous en avons la preuve avec le silence dont semble le couvrir Conti alors que Giraldi et Cartari le remettent totalement en cause. [...] L'imagination du poète supplée la maigreur des références à Lactance le scoliaste mais surtout à Teodonzio un mythographe du IXe siècle originaire de Campanie auquel Carlo Landi attribué la création du nom de Démogorgon et dont le texte connu de Boccace mais perdu depuis devait largement reprendre la vision pour le moins romancée de la création du monde offerte par un certain Pronapides auteur du Protocosmosis. C'est ce poème soi-disant d'une lointaine antiquité grecque mais en fait une falsification erudite byzantine que on doit sans doute le récit de la naissance des enfants de Démogorgon. Les Anciens, poursuit Boccace, le placent à l'origine de toute chose car il serait l'esprit divin responsable du processus vital et générateur qui habite la nature. Et dans la meilleure tradition des cultes mystériques les bergers arcadiens qui l'auraient adoré avaient interdiction de le nommer. Etant le père de tous les dieu, il est donc le point de départ de leur généalogie en compagnie des deux principes illimités que sont le Chaos et l'Eternité. Boccace cite les vers de Claudien et comme Pronapides fait de l'antre de l'Eternité le décor de l'épisode qui nous intéresse où Démogorgon n'est ni plus ni moins en train de faire office de sage-femme. Car bien loin d'être le fruit de la fantaisie débridée de l'artiste cette scène accouchement qui ne manque ni de crudité ni d'étrangeté est l'illustration précise d'un passage de la Généalogie des dieux où nous trouvons l'explication de ce cours obstétrique cosmique. [...]

Zucchi pouvait difficilement suivre de plus près le texte de Boccace alors que la Discorde envole, Démogorgon encore la main plongée dans le ventre du Chaos qui souffre de toutes les douleurs d'un enfantement difficile sans le secours de Lucina, son corps tout de sueur devient nuée. De toute évidence cette situation se prête fort bien à la façon habituelle de désigner le Chaos et au problème que pouvait poser sa traduction en image. La référence obligée était Ovide : "Avant qu'existassent la mer et la terre et le ciel qui couvre univers la nature sur toute étendue du monde offrait une apparence unique ce on appelé le Chaos, masse informe et confuse qui n'était encore rien que poids inerte, amas en un même tout de germes disparates des éléments des choses sans liens entre eux". Vasari aurait représenté de la sorte sur le char de Démogorgon "quasi una massa senza veruna forma" nous raconte G.B Cini, mais ni la description de Baldini ni le dessin du char conservé aux Offices ne nous permettent de nous faire une idée plus précise de l'invention vasarienne. L'image de Zucchi est ainsi autant plus singulière qu'elle donne corps à ce qui précède toute formalisation que ce soit des idées ou de la matière. Il relève donc de l'irrepré sentable et se voit associé au vide, à l'abîme, à la nuit la plus ténébreuse et la plus silencieuse. On comprend dès lors qu'à l'exception d'illustrations médiévales plus ou moins tardives des Ovides moralises et des images allégoriques dépendant du registre spécifiquement alchimique où le Chaos est symbolisé par une sphère ailée ou par un dragon (il est identifié la matière pre mière des alchimistes), il soit difficile en trouver autres représentations. Observons cependant que dans ses Hiéroglyphiques Valeriano en cite deux avatars singuliers origine égyptienne. Tout abord le cochon qui parce il ne regarde jamais le ciel serait une image des ténèbres et de aveuglement tout fait adaptée à l'expression allégorique de cette masse confuse... matière vaine brute et lourde sans forme réceptacle ou sérail de toutes ténèbres. Valeriano écrit par ailleurs que Sérapis représentait cette masse universelle du monde et les principes des choses. Le Chaos symbolise donc ici la materia prima utilise Démogorgon ou sur laquelle il intervient pour lui donner forme et créer ainsi toutes choses. [...] Si dans le Chaos tout est confus et mélangé la première création le premier enfant de Démogorgon la Discorde (ou le Litige) est précisément ce qui va permettre aux éléments de ne pas retomber dans l'un et l'informe. La Discorde est abord un principe cosmique de séparation et de conservation séparatrice. [...]

Le Chaos intervient dans l'Enéide dont la fortune iconographique fut considérable mais pas dans le cas de l'épisode où cherchant vainement à oublier Enée, Didon fait appel sur les conseils de sa soeur une magicienne qui invoque par trois fois les dieux infernaux l'Erèbe, le Chaos et Hécate (IV 510). En effet conformément la tradition hésiodienne d'Abîme naquirent Erèbe et la noire nuit. Le Chaos est associé aux puissances infernales. Il est encore dans une invocation du poète mais cette fois-ci avec le Phlégéthon (le fleuve enflammé des enfers). Enée s'apprête à suivre la sibylle de Cumes aux enfers (VI 265) (Philippe Morel, Chaos et Démogorgon. Une peinture énigmatique de Jacopo Zucchi au Palazzo Firenze. In: Revue de l'Art, 1990, n°88 - www.persee.fr).

Rennes le Château se trouve sur le tracé du Dragon céleste projeté sur la carte du Département de l'Aude (Autour de Rennes le Château : Rennes les Bains, la Petite Ourse et le Dragon).

J. Zucchi, Demogorgon, Palais Firenze, Rome - catalogo.fondazionezeri.unibo.it

Annibale de Ruccelai, ou Rucellai, ou Oricellai (Oricellarius), mort le 28 janvier 1601, est un prélat italo-français du XVIème siècle et du XVIIe siècle. Il est gentilhomme florentin et est un neveu de Giovanni Della Casan secrétaire du pape, qui devait lui laisser en mourant sa grande fortune. Annibale de Ruccelai est gouverneur de Rome et connu à la cour de France, par les missions pour les papes Paul IV et Pie V. Il est évêque de Carcassonne et abbé du Jard de 1569 à 1601. Ruccellai a le litre de préfet du Vatican et réside à Rome. Les revenus de son évêché de Carcassonne sont attribués à Christophe de Lestang, évêque de Lodève, dont le temporel a été saisi par le duc de Montmorency. Christophe de Lestang jouit de ces revenus jusqu'à l'époque où il est lui-même appelé au siège de Carcassonne en 1603 (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Cromleck : Le cromleck et les trois lunes, Autour de Rennes le Château : PSPRAECUM : le petit frère des pieuvres).

Dans une partie du tableau peint par Lebrun, Le palais du Soleil ou le cours de l'année, comme modèle pour le plafond du dôme du château de Vaux à la demande de Fouquet, se voit le vieillard Démogorgon, resserré et tremblant, couvert de nuages sombres, un peu de feu auprès de lui, accompagné de quelques enfants. Au-dessus paraît l'Hiver sous la figure d'un vieillard accompagné du Verseau qui est un jeune homme, l'un et l'autre versant en bas avec double urne toute leur influence humide. Le mois de Janvier, appuyé sur le signe du Capricorne, répand encore sur ce vieillard quelque espèce de fruits pour exprimer que la Nature, en tout temps, ne cesse de produire soit au centre ou sur la superficie de la terre (Claude Nivelon, Vie de Charles Le Brun et description détaillée de ses ouvrages, présenté par Lorenzo Pericolo, 2004 - books.google.fr).

Pan, réputé fils de Démogrogon, se métamorphosa en Capricorne pour échapper à Typhon.

Selon Hygin, les dieux de l'Olympe se réfugièrent en Egypte pendant la guerre des Géans, Typhon les y suivit pour les faire prisonniers ; mais Pan les tira de danger en leur conseillant de se changer en animaux, ce qu'ils firent. Pan lui-même se jeta dans une rivière, y prit à moitié la forme d'un bouc et à moitié celle d'un poisson. Jupiter prit tant de plaisir à cette métamorphose de Pan, qu'il plaça au ciel le Capricorne, dont Pan avait ainsi revêtu la figure (Voyez le scoliaste d'Aratus et de Germanicus) (Note de Pérciaud) (Oeuvres complètes de Cicéron: Fragmens, traduit par A. Péricaud, 1837 - books.google.fr).

H. Charencey (De quelques idées symboliques se rattachant au nom des douze fils de Jacob. Paris, Maisonneuve, 1874) revient sur une allusion aux signes du zodiaque, constatée par un savant anglais, M. Lumley-Davids, et déjà citée par M. l'abbé Auber dans son Histoire et théories du symbolisme religieux, t. II, page 109 (1871). Toutes ces identifications sont fondées soit sur des détails de la vie des patriarches, soit sur les épithètes bibliques qui les concernent. Elles sont parfois un peu hasardées (Jacques Albin Simon Collin de Plancy, Dictionnaire infernal, 1863 - books.google.fr, M. d'Amécourt, Sur De quelques idées symboliques se rattachant au nom des douze fils de Jacob de M. Charencey, Comptes rendus de la société française de numismatique et d'archéologie, Tome V, 1874 - books.google.fr, Pierre Saintyves, Deux mythes évangéliques: les douze apôtres et les 72 disciples, 1938 - books.google.fr).

Benjamin is compared to the Wolf, which anciently supplied the place of Capricornus, and which, even in later times, is represented on the Zodiacs as being led by Pan with a wolf‘s head (Arthur Lumley Davids, Lecture on the Philosophy of the Jews: delivered, to the Society for the Cultivation of Hebrew Literature, December 23, 1830, 1833 - books.google.fr).

La peur du loup et les contes de Perrault

Gaston III Phebus n'ayant plus d'enfant légitime, fit donation de ses comtés au roi de France; mais Charles VI les concéda à Mathieu, cousin de Gaston et petit-fils de Roger—Bernard, comte de Castelbon qui les posséda de 1391 à 1398 et les laissa alors à Isabelle, sa sœur, mariée à Archambaud de Grailly, captal de Buch. Leur fils, Jean de Grailly, les posséda après eux (1412—1436). Pierre, son second fils, eut après la mort de son père, les vicomtes de Lautrec et de Villemur, et fonda la branche de Lautrec; Gaston IV, l'aîné, succéda dans le reste des états (1436—1472) (Maximilian Samson Friedrich Schöll, Cours d'histoire des états européens depuis le bouleversement de l'Empire romain d'Occident jusqu'en 1789, 1830 - books.google.fr).

Gaston IV est donc fils de Jean Ier de Foix (comte de Foix et Bigorre, vicomte de Béarn et de Villemur) et de Jeanne d'Albret (fille du connétable Charles et de Marie de Sully-Craon) (fr.wikipedia.org - Charles II d'Albret).

Le frère de Jeanne d'Albret, Charles II, est le père de Louis, abbé de Lagrasse (Le Prieuré de Sion : Prologue : Alcor : De Mesnil-sous-Jumièges à Rieux-en-Val).

C'est à partir de la fin du Moyen Âge, avec les traités de chasse comme celui du comte de Foix, Gaston Phébus, et les chroniqueurs de la guerre de Cent Ans, que la face sombre du loup prend consistance avant de se fixer durablement sous la plume des écrivains du règne de Louis XIV. Cette longue période, marquée par une concurrence sans pitié entre l'homme et l'animal, a forgé jusqu'à nos jours l'image noire du loup. Cependant, la vision négative est loin d'être absente aux périodes païennes. Les traités des agronomes grecs et latins, les chroniques des empereurs, les stèles commémoratives du Proche-Orient, les monnaies gauloises l'attestent : la dangerosité du loup sur le bétail et même sur l'homme était reconnue avant la christianisation. L'Église catholique tout comme la morale des contes et des fables n'ont fait que reprendre son statut de paria jusqu'à en faire l'incarnation du Malin lors des épisodes les plus sanguinaires. Instrument de la colère de Dieu, de la conversion nécessaire et de la rédemption des pécheurs dans le discours ecclésiastique, chargé de tous les maux dans les bestiaires médiévaux, le loup appelle tout autant au retour à la règle et au bon ordre chez les moralistes. Présent dans seize des Fables de La Fontaine, « Le loup est l'ennemi commun : Chiens, chasseurs, villageois, s'assemblent pour sa perte » (Le Loup et les Bergers). De même, dans les Contes de Perrault, l'animal sanguinaire fournit l'archétype du « grand méchant loup », dévoreur des femmes et des jeunes enfants. Tout en reprenant une veine littéraire qui se poursuivra bien après lui, Le Petit Chaperon rouge fournit dans les années 1690 – la pire décennie d'attaques de loups sur les enfants historiquement connue – l'exemple emblématique. [...] Avec Le Petit Poucet, on trouve chez Perrault un autre exemple symptomatique d'enfants exposés alors au redoutable carnassier : « La nuit vint, et il s'éleva un grand vent, qui leur faisait des peurs épouvantables. Ils croyaient n'entendre de tous côtés que des hurlements de loups qui venaient à eux pour les manger. » [...] À une époque où l'intensité des prédations de loups atteignait son paroxysme, et où l'épouvantable famine de 1693-1694 charriait cadavres et moribonds, la sensibilité du public lettré à l'égard du méchant loup était extrême (Jean-Marc Moriceau, Le loup en questions - Fantasme et réalité, 2015 - books.google.fr).

En regardant un extrait plus large, loups, ogre et boue illustrent le même épisode :

Ils croyaient n'entendre de tous côtés que les hurlements de loups qui venaient à eux pour les manger. Ils n'osaient presque se parler, ni tourner la tête. Il survint une grosse pluie, qui les perça jusqu'aux os ; ils glissaient à chaque pas, et tombaient dans la boue, d'où ils se relevaient tout crottés, ne sachant que faire de leurs mains. Le petit Poucet grimpa. au haut d'un Arbre pour voir s'il ne découvrait rien ; ayant tourné la tête de tous côtés, il vit une petite lueur comme d'une chandelle, mais qui était bien loin par-delà la Forêt. Il descendit de l'arbre ; et lorsqu'il fut à terre, il ne vit plus rien ; cela le désola. Cependant, ayant marché quelque temps avec ses frères du côté qu'il avait vu la lumière, il la revit en sortant du Bois. Ils arrivèrent enfin à la maison où était cette chandelle, non sans bien des frayeurs, car souvent ils la perdaient de vue, ce qui leur arrivait toutes les fois qu'ils descendaient dans quelques fonds. Ils heurtèrent à la porte, et une bonne femme vint leur ouvrir. Elle leur demanda ce qu'ils voulaient. Le petit Poucet lui dit qu'ils étaient de pauvres enfants qui s'étaient perdus dans la forêt, et qui demandaient à coucher par charité. Cette femme, les voyant tous si jolis, se mit à pleurer, et leur dit: «Hélas! mes pauvres enfants, où êtes-vous venus? Savez-vous bien que c'est ici la maison d'un Ogre qui mange les petits enfants ? — Hélas! madame, lui répond le petit Poucet qui tremblait de toute sa force aussi bien que ses frères, que ferons-nous? Il est bien sûr que les loups de la forêt ne manqueront pas de nous manger cette nuit, si vous ne voulez pas nous retirer chez vous; et cela étant, nous aimons mieux que ce soit Monsieur qui nous mange; peut-être qu'il aura pitié de nous, si vous voulez bien l'en prier. » (Mémoires, contes et autres œuvres de Charles Perrault: précédés d'une notice sur l'auteur, 1842 - books.google.fr).

En 1381, Notre Dame de Marceille a été le lieu de rencontre de Gaston Phébus et de Jean de Berry, qui se disputaient le contrôle du Languedoc. Phébus avait la force militaire pour lui, et Jean de Berry le pouvoir nominal (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre V - Ps. 124).

Le petit Poucet et Enée

Dans les contes que l'on pourrait appeler la Sagesse des petits, la même idée du triomphe de la Sagesse sur la Force reparaît : les petits, les faibles, les humbles, les déshérités triomphant à la fin de leurs oppresseurs, parfois souvent leurs familles: c'est en somme le mythe européen du Petit Poucet ou même de Cendrillon. David triomphant de Goliath n'est pas uniquement un type Juif. Mais tandis que dans le Livre sacré, le géant philistin tombe frappé au front, les géants bantou sont généralement pourfendus par le milieu du corps, et vite séohappent de cette cavité, où ils se trouvaient fort mal à l'aise, les malheureux qu'ils avaient engloutis. Il est curieux de constater, chez nos Fang, comme à l'origine de toutes les littératures, cette préoccupation constante et bien humaine de faire triompher la Sagesse sur la Force. Ulysse, Nestor ou Énée, les héros des légendes grecques ou latines, maître Renard dans les fabliaux gaulois, voire même Guignol dans nos souvenirs d'enfants. La Tortue ou le Lièvre dans nos folklores africains seront toujours les éternels Vainqueurs (H. Trilles, Proverbes, contes et légendes Fang, Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie, Volumes 15 à 17, 1904 - books.google.fr).

De même Enée avant de descendre aux enfers traverse une forêt ; nous verrons le même processus avec Dante. Le Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes a de nombreuses aventures dans la forêt de la Brocéliande, et Petit Poucet y subit ses épreuves. Cet abandon des enfants dans la forêt ne peut être ainsi considéré comme un acte de sauvagerie ; dans cette retraite sacrée, dans ce sanctuaire, l'enfant se forme par lui-même ; Petit Poucet, Jean l'Ours, Jean l'Espiègle et même le Petit Chaperon rouge évoluent dans un lieu d'initiation (Jean Pierre Bayard, La symbolique du monde souterrain, 1961 - books.google.fr).

Deux des ancêtres mentionnés ont plusieurs fils. Tros, éponyme des Troyens, a eu trois fils : Ilos, Assarakos et Ganymède. Le premier sera le héros fondateur et éponyme d'Ilion. Assarakos est l'ancêtre d'une branche cadette, d'où sortira Énée (cf. 2.2.1.3.b). Dans sa rencontre avec Enée, Achille suggère une rivalité entre la branche aînée et la branche cadette de la famille royale troyenne. Cette rivalité est indirectement confirmée par Poséidon quand, dans la suite du même passage, il annonce qu'Enée et ses enfants régneront sur les Troyens (Upsilon 178- 183 - cf. 5.2.2.c). Quant à Ganymède, comme Homère le rappelle, il a été enlevé par les dieux pour servir d'échanson à Zeus (T 233-235). D'après l'Iliade, après la disparition de Tithon, enlevé par l'Aurore (cf. 2.2.2.5.c), Priam, l'aîné des fils subsistants de Laomédon, a succédé à son père. En revanche, la tradition post-homérique (Ps.-Apoll., B., II, 6, 4) fait de Priam le cadet des fils de Laomédon. Ses frères plus âgés avaient été massacrés par Héraklès lors de la première prise de Troie. La faveur donnée à un cadet de famille constitue un thème qu'on retrouve dans les mythes et les contes populaires (cf. le Petit Poucet) (Jean-Michel Renaud, Paul Wathelet, Les relations familiales dans l'épopée grecque archaïque, 2008 - books.google.fr).

Loup - Rennes

Rennes le Château est associé, sur la Croix d'Huriel, à Fronsac dans la région duquel, "de nombreuses représentations de loups figurent dans l'iconographie des églises des environs : bête de l'Apocalypse à forme lupine dans l'église monolithe de Saint-Emilion, loups sur un chapiteau de l'église de Saint-Georges-de-Montagne et surtout homme-loup sur une fresque dans la collégiale de Saint-Emilion, une des rares représentations de ce type, jamais signalée auparavant (on y voyait un simple démon !) (Jean-Paul Lelu et Dominique Pauvert, Le coin du mythologue : Toponymie et mythologie autour de Saint-Emilion (2ème partie), Bulletin de la Société de Mythologie Française N° 218, 2005, p. 56).

Fronsac est lié à l'archange saint Michel, à la mélancolie et aux loups-garous (La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs : Michel en vert et la mélancolie, La Croix d’Huriel et le loup : Fronsac, La Cassaigne, Rochemaure, Huriel etc.).

La Vraie Langue Celtique : le loup et le tombeau de Charles Perrault

"Les ossements des mammifères sont aussi fort répandus dans les kjoekken-moeddings. Les plus communs sont ceux du cerf, du chevreuil et du sanglier, qui, au dire de M. Steenstrup, y figurent pour les 97 centièmes. Les autres proviennent de l'urus, de l'ours brun, du loup..." (VLC, p. 134)

(La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre V - Ps. 134).

Dans la station balnéaire de Rennes, la source thermale, dont les celtes ont le plus fait usage, est celle de la Reine ou de Rennes. En suivant la chaîne des traditions sur l'efficacité des eaux des Redones, les Romains ont estimé qu'ils devaient bâtir leurs thermes à cette source, et alors, des constructions somptueuses, dont il reste encore des vestiges, s'élevèrent dans la vallée de la Sals. (VLC, p. 289)

Rennes les Bains, associé à Rochemaure sur la Croix d'Huriel, est plutôt à l'opposé de Rennes le Château sur la Croix des Prophètes.

Qui ne se rappelle d'avoir frémi, dans son enfance, aux saisissantes narrations qui avaient pour héros l'Ogre et le petit Poucet ? Notre crédulité n'a-t-elle pas été assez long-temps poursuivie par ce formidable fantôme de l'Ogre, toujours affamé de chair fraîche, pour que nous ayions perdu souvenir de ses formes monstrueuses et de ses instincts féroces ? L'ogre n'est certainement pas une création de Ch. Perrault ; il était né bien des siècles avant ses contes. Il n'a pas dû par conséquent son origine à l'interprétation qu'en donne l'auteur des Lettres sur les Contes de fées de Perrault, car notre commentateur tire ses ogres de la cruelle nation des Huns ou Hongrois du moyen âge, qu'on appelait Hunni-Gours et Oigours (qui étaient un assemblage de deux nations tartares, les Huns et les Oigours, établis en Dacie, en Pannonie), d'où nous serait resté, suivant lui, le mot ogre, devenu synonyme d'homme féroce. « Les Oïgours étaient, dit-il, une race turque, et, comme les Turcs, originaires du centre de l'Asie. Ceux-ci, les plus reculés vers l'Orient , habitaient les frontières de la Chine. » Mais que devient une telle interprétation, tant ingénieuse qu'elle soit, en présence de l'Ougra de l'Inde, le plus grand des géants sortis de l'imagination des hommes ? Après cela , d'autres peuples anciens ont connu un Og, roi de Bazan, dont parle l'Ancien Testament comme d'un géant réel, qui avait une taille de neuf coudées hébraïques (Og était un géant divinisé par les Syriens. Og, roi de Basan dont il est parlé dans l'Ecriture (Nomb. 22, p.3) et dans l'histoire des Juifs par Flav. Josèphe). En Grèce , on appelait les cyclopes Arges, mot peut-être formé d'une transposition de lettres à peu près semblables, puisqu'on en peut faire Agres. Chez les Italiens, l'Orco (dont il est facile de faire Ocro) est encore un monstre qui mange les petits enfants, d'aussi bon appétit que l'Ogre antropophage du bon M. Perrault (Désiré Monnier, Aimé Vingtrinier, Croyances et traditions populaires recueillies dans la Franche-Comté: le Lyonnais, la Bresse, et le Bugey, 1874 - books.google.fr).

Cette étymologie Og-Ogre est déjà donnée par M. des Forges Maillard dans une lettre à M. de Robien fils du 30 octobre 1740, à propos d'une visite à la Chartreuse d'Auray (Les Amusemens du coeur et de l'esprit, Philippe de Prétot, 1740 - books.google.fr).

La famille de Gilles de Rais, possible modèle de Barbe bleue, était du parti des Penthièvre (ou Blois) qui disputait la couronne ducale de Bretagne aux Montfort. Charles de Blois meurt à la bataille d'Auray du 28 septembre 1364. Quand en février 1420 le duc Jean V Montfort est enlevé par Olivier de Blois, toute la Bretagne accourt pour le libérer, et Gilles de Rais en fait de même changeant d'allégeance (Georges Meunier, Gilles de Rais et son temps, 1949 - books.google.fr).

Les Amorites, nomades des steppes du Sud-Ouest, étaient "gens dépourvus de raison", "dont la conduite (est) semblable (à celle) d'un chien ou d'un loup"; 3) ils ignoraient l'agriculture et n'usaient pas d'une nourriture ordinaire; tels étaient les Amorites qui "ne connaissaient pas le grain", et mangeaient la viande crue, ou toutes sortes de peuplades qui ignoraient le pain cuit au four et la bière; 4) ils ne connaissaient ni villes ni maisons; 5) les sépultures leur étaient inconnues, "lorsqu'il meurt, il ne reçoit pas de sépulture", disait un texte; 6) de souche inconnue, ne sachant pas ce qu'est la soumission, ils vivaient dans l'ignorance de toute "foi jurée"; 7) enfin, comme les Guti et les Subaréens, habitants des confins nordiques de la terre, "ils ne manifestaient aucun respect envers les dieux", lesquels ne disposaient ni d'un personnel spécialisé, ni de sanctuaires. Bref, les habitants de ces contrées excentriques étaient (Jean Jacques Glassner, La division quinaire de la terre selon les anciens mésopotamiens, Dédalo, Numéro 23, Universidade de São Paulo. Museu de Arqueologia e Etnologia, 1984 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Amorrites).

"Il est bon de faire remarquer que le Danemark n'a pas le privilège des amas de coquilliers. On en a découvert en Angleterre, dans le pays de Cornouailles et le Devonshire, en Ecosse, et même en France, près d'Hyères (Bouches-du-Rhône). Les espèces de mollusque dont les coquilles forment la masse presque entière des kjoekken-moeddings sont l'huître, le cardium, la moule et la littorine." (VLC, p. 134)

Plusieurs personnages publics sont nés à Hyères dont le plus célèbre est certainement Jean-Baptiste Massillon. Dès 1760, Hyères devient une station hivernale de renom auprès des Anglais avec en particulier les séjours du prince de Galles, le futur roi d'Angleterre Georges IV, en 1788 et 1789. De nombreuses autres personnalités y séjournent ou s’y fixent, attirées par son climat. Le baron badois Stulz s'y établit en 1820 ; il est un donateur important du musée, sa fille épouse Alphonse Denis. Sous l'impulsion de son maire Alphonse Denis, Hyères devient vers 1830 une destination touristique de premier ordre et une station climatique d'hiver réputée pour ses cures thermales et fréquentée par la haute société aristocratique européenne.

Le prince Karl von Hohenzollern et la reine Marie-Christine d'Espagne y séjournent à l'invitation d'Alphonse Denis. La colonie anglaise est très importante et la ville possède jusqu’à trois églises anglicanes. Cette présence britannique culmine avec la venue de la reine Victoria en 1892.

Le nom de la localité résulte d'une évolution phonétique du mot latin area, vers une forme occitane francisé par la suite. Area avait le sens d'« espace découvert », puis a pris ensuite les sens de « cour, jardin, maison ». Le nom de cette ville semble provenir des grandes aires de séchage du sel qu’on trouve aux Salins-d'Hyères, peut-être depuis l'Antiquité tardive, après altération du terme latin area désignant des marais salants (fr.wikipedia.org - Hyères).

Hyères, qui se trouve en fait dans le Var, rassemble les éléments thermaux et salins qui se manifestent dans la page 289.

Nous avons complété ces renseignements sur la France en rappelant un amas de coquilles avec silex taillés, tout à fait analogue à ceux du Danemark, trouvé par M. le duc de Luynes aux environs d'Hyères, et qui a été l'objet d'une note de M. Gory dans la Revue archéologique (M. Cazalis de Fondouce, Compte-rendu du Congrès préhistorique de Copenhague, Revue des cours scientifiques de la France et de l'etranger physique, chimie, zoologie, botanique, 1870 - books.google.fr).

Plus qu'aucun autre jardin de la capitale, il se dégage du Jardin de Cluny, créé en 1971, un rien de romantisme, une tendre mélancolie qui lui sied à merveille. Rectiligne dans son dessin, mais varié en son décor, il est comme une scène de théâtre, dont le fond serait un collage architectural : antique, moyenâgeux et renaissance en harmonie douce, car tous les temps semblent s'y fondre, et le végétal lui-même s'y fait un rien archéologique. On peut y voir, accolé à la muraille de l'Hôtel de Cluny, le porche de Saint-Benoît-le-Betourné qui était situé à l'angle de la rue Saint-Jacques et de la rue des Ecoles. C'est à l'ombre de son cloître que François Villon fut élevé, et elle contenait la tombe de Charles Perrault, l'auteur des « Contes ». On ne peut dissocier ce jardin de son extraordinaire contexte archéologique et historique, avec la juxtaposition, l'interpénétration des Thermes gallo-romains, et de l'Hôtel de Cluny. Du premier, on peut dire qu'il s'agit des vestiges les plus importants de l'époque, à Paris, quand celui-ci n'était que Lutèce, et des plus anciens aussi, avec les Arènes. Détruit grandement, lors des invasions successives des Barbares et des Normands, il n'en restait plus que des lambeaux ou plutôt un dédale de caves, de souterrains, qui furent affectés à divers usages, et pour une grande partie, intégrés aux constructions qui s'accumulèrent sur cet humus archéologique. La partie subsistante, est accolée à l'Hôtel de Cluny, qui fut fondé en 1340, par Pierre de Chalus, abbé de la célèbre abbaye bourguignonne, pour servir de lieu de résidence pour affectés au service du collège du même nom qu'ils avaient fondé dans la capitale. C'est en 1485 que Jacques d'Amboise, frère du ministre de Louis XII, Georges d'Amboise, construit l'hôtel. En 1510, il quitta l'ordre pour se retirer à Clermont, dont il était évêque (Jean Jacques Lévêque, Guide des parcs et jardins de Paris et de la région parisienne, 1980 - books.google.fr).

Parmi les personnages illustres dont le séjour à l'hôtel Cluny est constaté nous citerons encore les princes de la maison de Lorraine et entre autres le cardinal de Lorraine, son neveu le duc de Guise, le duc d'Aumale en 1565, les nonces du pape en 1601, l'abbesse de PortRoyaldesChamps en 1625, l'astronome Lalande au XVIIIe siècle et l'astronome Messier qui habita et mourut en 1817 dans la tour de Cluny où était installé alors l'Observatoire de la Marine (Félix Marquis de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris: Ve Arrondissement (1863), 2016 - books.google.fr).

Si l’on donnait pour exemple la grande Salle de l’Observatoire de Paris, voûtée en pierre, et les reins remplis en maçonnerie pour former une plate-forme qui sert de couverture, on se rappellerait que la poussée est contenue par les ailes de l’édifice et des pavillons octogones, et que le mur de la façade, qui ne porte rien, a 4 pieds d'épaisseur. D’ailleurs, pour avoir une juste idée des grandes salles voûtées, voyez les plans des thermes d’Agrippa, de Néron, de Vespasien, de Titus, de Caracalla, de Dioclétien et de Constantin. Tous ces plans vous représentent les plus grandes salles au centre de ces vastes édifices, où tout est contenu par les constructions environnantes (Claude-Ennemond-Balthazar Cochet, Museum astronomique, géologique et zoologique, etc., 1804 - books.google.fr).

Les contes sortiront de l’ombre avec le premier romantisme. Nodier voue à Perrault un véritable culte, Leroux de Lincy le publie avec soin et le baron Walckenaer, dans ses Lettres sur les contes de fées attribués à Perrault et sur l’origine des fées, déchire le voile: « La croyance aux fées était la mythologie de nos ancêtres, c’est une production du sol de notre patrie; elle ne nous est pas venue ni des Grecs ni des Romains, comme l’ont prétendu quelques savants: elle est née dans notre France, elle nous est propre, elle nous appartient. » (www.bonjourdumonde.com).

LETTRE XIV. : Immédiatement après les émigrations des Gallois dans l'Armorique les habitants de la Norwège, de la Suède, du Danemark, du Sleswick et du Holstein, et enfin toutes les peuplades des bords de la mer Baltique, qu'on désignoit sous le nom général d'hommes du Nord ou Normands, habitués à braver sur de frêles esquifs les tempêtes septentrionales, se répandirent sur tous les rivages de l'Europe pour les piller et les dévaster. Enhardis par les succès, ils s'avançoient souvent à une assez grande distance des côtes où ils abordoient, massacroient sans pitié les habitants, emportaient et chargeoient sur leurs vaisseaux ce qu'ils pouvoient enlever de plus précieux, et revenoient ensuite plus terribles et plus avides, à la saison prochaine, recommencer dans les mêmes lieux les mêmes ravages. Par l'audace et la fréquence de leurs incursions, par les dévastations et les cruautés qui en étoient la suite, ils devinrent la terreur des nations les plus puissantes, alors déchirées par l'anarchie et les guerres civiles, ou affoiblies par l'impéritie et les vices de leurs chefs. Les Normands qui avoient fait en France de nombreuses et heureuses expéditions, s'établirent définitivement dans la Neustrie, grande et riche contrée voisine de l'Armorique ou de la Bretagne, et qui, dans le partage des chefs des Francs, avoit formé à elle seule un royaume. Ces Normands fondèrent dans cette contrée un état ou principauté qui prit de ses fondateurs le nom de Normandie. Ils se convertirent au christianisme, et pour consolider leur conquête ils en firent hommage au roi de France, et le reconnurent pour chef.

LETTRE XVII. : La mythologie Scandinave, telle qu'elle se trouve exposée dans l'Edda, est aussi belle, aussi complète que celle qui nous a été transmise par les auteurs classiques de la Grèce et de Rome. Je m'écarterois trop de mon but si j'entreprenois de vous l'exposer dans tous ses détails; mais je dois faire connoître ce qui, dans cette mythologie, se rapproche le plus des croyances populaires, et a le plus de rapport avec les fictions que ces croyances ont introduites dans nos contes de fées. Ainsi il ne faut pas oublier de faire mention du rôle important que remplit dans l'Edda le loup Fenris, qui doit être un jour funeste à Odin. Il est fils de Loke, cet ennemi des dieux, et de la géante Angerbode, cette messagère du malheur qui enfanta le serpent Midgard, et Héla la Mort; celle-ci fut précipitée dans les enfers; sa salle est la douleur, sa table la famine, son couteau la faim, son valet le retard, sa servante la lenteur, sa porte le précipice, son vestibule la langueur, son lit la maigreur et la maladie, sa tente la malédiction (Charles Athanase Walckenaer, Lettres sur les contes de fées attribués à Perrault et sur l'origine de la féerie, 1826 - books.google.fr).

La seconde fille du Grand Vauban, Jeanne-Françoise, épousera Louis Bernin de Valentinay, marquis d'Ussé, en 1691. Jeanne-Françoise et son mari auront un fils, Sébastien d'Ussé qui sera un soldat glorieux, ami des arts et des lettres, mais qui n'aura pas de postérité. Parmi leurs amis figure un certain Charles Perrault, qu'ils accueillent en 1696 (Alain Lequien, Vauban le Bourguignon, 2006 - books.google.fr).

Il s'inspirera, selon la légende, du château d'Ussé pour écrire la Belle au Bois Dormant.

La seule présence d'un homme dans la version de Perrault en 1697 est suffisante pour arrêter l'enchantement et faire revivre la princesse. Les Grimm ont ajouté le baiser en 1812 pour la ramener à vie. Comme ces princes de Perrault et de Grimm sont nobles ! Ils nous font oublier leurs ancêtres littéraires du XIVe siècle, Perceforest et Pentamerone de Giambattista Basile. On n'est pas supposé se souvenir de l'auteur anonyme de Perceforest qui s'est moqué du code chevaleresque de l'amour courtois et qui a fait une représentation plus réaliste d'un chevalier profitant d'une femme qui dort. [...]

La Belle au Bois dans Perceforest (où Shakespeare a, d'ailleurs, trouvé le sujet du Roi Lear), roman où Zélandine, fille du roi de Zélande, veut filer, se pique au doigt avec une arête de lin et tombe endormie. Et cela parce que sa mère, à sa naissance, avait préparé des couverts d'or pour trois déesses, et que le couteau destiné à l'une d'elles était tombé sous la table, ce qui avait excité sa fureur. [...]

L'origine de la Belle au Bois Dormant remonte jusqu'aux Eddas, jusqu'à Brunehilde, cette Brunehilde dont Wagner a fait la gloire. Car Brunehilde est la Belle au Bois Scandinave : Odin l'endort en la piquant d'une épine et la place, endormie, au milieu d'un cercle de flammes (Jean Veber, La Belle au Bois Dormant, Les Annales "Conferencia.", Volume 24, 1930 - books.google.fr).

C'est une arête de lin (Basile dira «una lisca di lino») et non de poisson qui pique la Belle.

Dans le conte de Perrault, la reine-mère qui est une ogresse est trompée par son maître-d'hôtel qui lui fait manger des caprins à la place de la Belle, sa belle-fille, et de ses enfants Aurore et Jour. "Elle était bien contente de sa cruauté, et elle se préparait à dire au Roi, à son retour, que les loups enragés avaient mangé la Reine sa femme et ses deux enfants" (Charles Perrault, La Belle au Bois Dormant).

Les carêmes et le loup

On retrouve à la page 134 de La Vraie Langue Celtique dans la composition des kjoekken-moeddings les restes de poissons, nourriture autorisée du temps du carême. Le poisson est aussi la terminaison basse du Capricorne.

A l'instar des églises byzantines qui, le IVe dimanche de Carême, célèbrent une fête en l'honneur du saint Bois de la Croix, la liturgie romaine dédie ce dimanche, appelé jadis in vigesima, à la célébration des gloires de l'étendard triomphal de la rédemption. Une partie considérable du Bois de la sainte Croix est gardée depuis le temps de sainte Hélène dans la basilique in aedibus sessoriis : d'où le choix de la station de ce jour. Ce vénérable temple, avec ses sanctuaires ante Crucem et post Crucem veut être à Rome une libre reproduction du Martyrium de Jérusalem. Son titre primitif était Basilica Hèleniana, ou, communément, Sancta Hierusalem, d'où les fréquentes allusions à Jérusalem dans la messe de ce dimanche. [...] Il est difficile de trouver l'origine de cette solennité, qui entoure à Rome d'un caractère spécial le IVe dimanche de Carême. Peut-être dérive-t-elle de la fête byzantine de la mi-carême, mais il ne faut pas rejeter complètement l'hypothèse qui, dans la solennité de ce jour, sous le nom de Dominica in vigesima, reconnaît l'antique caput ieiunii romain, trois semaines avant Pâques. [...] En ce jour où, par respect pour la solennité dominicale, est suspendu le jeûne, — non pas l'abstinence de chair, qui, pour les anciens, durait, rigoureuse, tout le Carême, comme maintenant encore chez les Russes et les Orientaux, — l'Église nous invite presque à prendre saintement un peu de répit pour poursuivre ensuite avec plus d'énergie, le cycle de la pénitence. [...] L'antienne de l'offertoire est tirée du psaume 134 : "Louez Yahweh parce qu'il est bon ; chantez en son honneur, parce qu'il est doux. Il a fait ce qu'il a voulu au ciel et sur la terre." La collecte sur les oblations est la même que pour le IVe dimanche de l'Avent, qui, à l'origine, n'avait pas de messe propre (Dom Schuster, Liber Sacramentorum, Tome III, 1929 - www.liberius.net).

Dans l'Eglise orthodoxe, aux trois dimanches qui précèdent le Carême, on ajoute aussi aux Psaumes bibliques 134 et 135 qui constituent le Polyeleos ("beaucoup de miséricorde", partie solennelle de l'office festif des Matines), le Psaume 136: "Sur les bords des fleuves de Babylone" (Romanoslavica, Volume 17, 1970 - books.google.fr).

A partir du IXe siècle, une forte répression sexuelle se manifeste dans l'aristocratie religieuse. Dès 803 le concile d'Aix-la-Chapelle reprend l'interdit de Grégoire le Grand : « Si la luxure et la volupté sont le mobile qui fait rechercher le bain, nous ne permettons celui-ci ni le dimanche, ni un autre jour ; si, au contraire, on le prend parce que le corps en a besoin, nous ne le défendons pas, même le dimanche ». Ce concile décrète aussi que les religieux dont la santé réclame des soins peuvent se baigner au commencement du Carême, qu'il sera fait d'amples provisions de baignoires et que les membres de la communauté y laveront leurs corps en particulier, « se rendant toutefois les uns les autres les services nécessaires » (André Guillerme, Les temps de l'eau: la cité, l'eau et les techniques : nord de la France : fin IIIe-début XIXe siècle, 1983 - books.google.fr).

Les cérémonies liturgiques peuvent se diviser en deux grandes classes : saisonnières ou initiatiques, suivant qu'elles coopèrent à la bonne marche des saisons ou qu'elles aident l'homme dans son acheminement du berceau à la tombe en l'initiant successivement à ses devoirs d'homme, d'époux, de prêtre ou de roi. Les contes merveilleux, qui furent autrefois les commentaires de ces rituels, doivent donc se diviser aussi en contes saisonniers et en contes initiatiques . Les uns et les autres ne sont fort souvent que des histoires de mariages, voire de mariages inespérés. Il n'est pas étonnant que les initiations destinées à former l'époux et l'épouse aient été commentées par de telles histoires, ni même que l'on rencontre de semblables récits dans l'initiation du jeune homme ou du prince ; le mariage accompagne souvent l'initiation proprement dite ou Fintronisation. il en est [aboutissant ou le complément nécessaire. Il semble plus singulier de rencontrer de semblables récits à propos des cérémonies saisonnières. Non seulement nous trouvons dans les contes merveilleux des reines qui rappellent nos reines de la Mi-carème ou nos rois de l'Epiphanie, mais tout le monde sait, comme on sait l'Evangile, que l'histoire de Cendrillon et celle de la Belle au Bois Dormant, ces reines du Carnaval et de la Nonvelle Année, sont des histoires de mariage. Le Petit Chaperon Rouge, dans la version complète, car celle de Perrault est tronquée, se marie avec le héros qui l'arrache aux entrailles du loup, et c'est là une fin bien agréable. Il en va de même de la bonne sœur du conte intitulé Les Fées et de même de Peau d'Ane; il n'y a pas une seule héroïne des contes saisonniers, du moins chez Perrault, qui ne réussisse à se marier princièrement. Avant de nous demander pourquoi tous ces mariages merveilleux où le plus souvent les princes épousent d'humbles filles, nous rappellerons que les cérémonies saisonnières avaient essentiellement pour but de rendre au ciel et aux astres toute leur activité, d'assurer la bonne marche des saisons, de procurer à la terre la pluie et le soleil qui lui sont nécessaires pour fructifier, et tout ce qu'il faut pour promouvoir la vie et la fécondité des bêtes et des gens. Ces fins obligées des cérémonies saisonnières étaient obtenues par des procédés multiples, les rites magiques d'abord et les cérémonies nuptiales ensuite (Pierre Saintyves, Les mariages princiers dans les contes de fées, Oeuvres diverses, 1912 - books.google.fr).

Émile Nourry, né à Autun (Saône-et-Loire) le 6 décembre 1870, mort à Paris le 27 avril 1935, était un libraire et éditeur parisien, mais aussi un folkloriste, un des précurseurs des études folkloriques en France. Sous le pseudonyme de Pierre Saintyves (ne pas confondre avec Alexandre Saint-Yves d'Alveydre), il publia de nombreux ouvrages. Parmi ses autres titres, il fut président de la Société du folklore français et directeur de la Revue du folklore français et de la Revue anthropologique, ainsi que maître de conférences à l'École d'anthropologie de Paris (fr.wikipedia.org - Emile Nourry).

Dans la fable du Vœu du loup, Un loup avoit fait vœu de s'abstenir de chair pendant tout un carême. Un jour il rencontre à l'écart un mouton gras & nouvellement tondu. Si je n'avois pas fait, dit-il, ce vœu imprudent !... mais après tout... je suis seul : si je ne mange pas ce mouton, un autre loup viendra, qui le mangera & se moquera de moi. D'ailleurs, si je vais chercher un saumon au marché, il me coûtera de l'argent. Eh bien ! appelons saumon cette petite bête à laine. Il se jette dessus, l'étrangle, & en fait un bon repas. Les scélérats & les hypocrites s'accommodent de toutes sortes de tournures pour excuser leurs mauvaises actions (Marie de France) (Philibert Joseph Leroux, Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial, Tome 2, 1786 - books.google.fr).

On nous accuse d'assister au sabbat. Le terme est parfois traduit chez les auteurs médiévaux par solstitium, le solstice. Car les jours du solstice se marquent d'un inquiétant phénomène. Le soleil s'arrête et... tout pourrait s'inverser. Plutarque en son De facie... évoque déjà le soleil de minuit. En fait il y avait beau temps alors que l'on connaissait le mélancolique soleil de minuit et la saturnienne «nuit de midi» de la «Noël». Relisons - relisez les descriptions des fêtes des fous ou des Saturnales à cette période : les lanternes allumées en plein jour, etc. Tout s'inverse ou plutôt tout se conforme très exactement à ce qui se passe en ces jours angoisseux. Aussi avons-nous deux saints patrons : les deux saints Jean —Jean et Jean se partagent l'an — Jean Evangéliste à Noël et Jean Baptiste. A ces périodes nous devenons loups. Déjà un texte de Giraud de Cambrie évoque la métamorphose en loup en présence d'un abbé appelé Natalis. Mais pourquoi devenons-nous loups à Noël ? C'est très simple : «Sur le Noël, morte saison, que les loups vivent de vent». A Noël, pendant les Douze Jours, la gueule bée, les loups ne mangent plus que du vent. Vivre de vent c'est devenir venteux, mais surtout jeûner. Jeûner, qu'est-ce ? si ce n'est se manger soi-même, c'est-à-dire, par la vertu d'un carême, retourner le tube que nous formons et faire apparaître le loup que tout homme a en lui, l'homme que tout loup cache. A Noël, tout naturellement, comme le dit Villon, nous apparaissons homme- loup. Il n'y a là nul mystère. Le loup-garou de Noël ne doit rien à Jésus, il résulte directement du carême initié à la Saint-Martin de novembre. Nous apparaissons en loup à la Saint-Jean Baptiste. J'ai vu ce loup. A une Saint- Jean près de Jumièges, un homme se vêt d'une grande houppelande verte. Il est appelé «loup vert» et «précipité» dans le bûcher de la Saint-Jean. En ce deuxième solstice, le loup-homme, bipède, est visible sous la forme d'un déguisement. On nous accuse d'être «ensavatés». De porter savates, voire sabots. D'user - parce que nous sommes un peu des âmes qui errent, qui marchent sans cesse — d'user nos savates et d'être comme ce petit personnage dont on me parlait dans mon enfance et qui s'appelait «latte usée». Latusée est ce lutin qui trotte toujours et qui finit par avoir les chaussures élimées. Nous sommes ensavatés. Il est vrai que nous aimons bien les cordonniers. Car les réparateurs de la chaussure humaine vont souvent au sabbat. Là, s'approchant du diable au moment du baiser anal, ils plantent leur alène dans le cul du démon qui hurle : «Ah, ah, que celui-ci a le nez pointu !» Oui, les cordonniers sont souvent au sabbat. Rappelons ici un tronçon de mythologie nordique : le cordonnier est apocalyptique. Au jour de Ragnarôk, la bataille de la fin du monde, une immense chaussure permettra au dieu Thor de déchirer la gueule du loup Fenrir. Elle est formée de toutes les rognures de cuir que les cordonniers laissent au sol. Sans les cordonniers, viendrions-nous à bout du monde ? Les cordonniers tiennent comme saints patrons Crépin et Crépinien, mais aussi saint Pierre-ès-liens, fêté le 1er août (Claude Gaignebet, Discours de la sorcière de Saint-Julien-de-Lampon, Le sabbat des sorciers en Europe: XVe-XVIIIe siècle : colloque international E.N.S. Fontenay-Saint-Cloud, 4-7 novembre 1992, 1993 - books.google.fr).

Crépin est fêté le 25 octobre, date du Sceau de Palaja (L’étoile hermétique : Alchimie et Astrologie).

L'année ecclésiastique, dont certaines fêtes sont à dates fixes et certaines à dates mobiles, plaça l'ouverture de l'année à Noël (fête fixe) et celle du printemps à Pâques (fête mobile oscillant du 23 mars au 21 avril). Dans ce système, la solennisation du début de l'année commence avec l'Avent, c'est-à-dire à la Saint Martin, 11 novembre (40 jours avant Noël) et la solennisation de l'ouverture du printemps avec le mardi-gras et le début du carême (40 jours avant Pâques) (Pierre Saintyves, Les Liturgies populaires: Rondes enfantines et quêtes saisonnières, 2016 - books.google.fr).

René d'Anjou offre entre 1445 et 1448, près de Saumur, un pas d'armes comparable par son ampleur (40 jours) et son impact national à ceux de Bourgogne, la "Joyeuse Garde", en référence explicite à l'épisode du Lancelot en prose. Il s'agit de défendre un écu semé de "fleurs de pensée", accroché à une colonne ("perron") de marbre, gardé par un nain, deux lions et deux Sarrazins. Le banquet d'ouverture, où les défenseurs sont vêtus comme René de houssures rouges semées de fleurs de pensées, est suivi d'une procession pittoresque avec Sarrazins et lions, musiciens, rois d'armes, juges, le nain et son écu, le roi lui-même. Le pas met en présence la fleur des chevaliers de l'"ostel de France" et les fidèles du roi de Sicile. L'assaillant vient toucher l'écu et le renverser : une demoiselle sollicite alors l'un des tenants de relever le défi. Le poème du clerc anonyme reprend invariablement les faits dans l'ordre, défi et défense dans la même strophe ou dans deux strophes successives pour les plus grands personnages. Les dames jouent ici un rôle capital : elles examinent les armes, conseillent les arrêts des juges, assistent aux duels, conduisent les chevaux des adversaires, décernent les prix ; 54 diamants sont remis comme récompense aux tenants, 37 rubis aux attaquants : cette répartition doit démontrer la supériorité de la chevalerie angevine sur le reste du pays. Le "pas de la Bergère" à Tarascon est plus modeste et plus limité dans sa portée géographique (Armand Strubel, Le pas d'armes : le tournoi entre le romanesque et le théâtral, Théâtre et spectacles hier et aujourd'hui, Moyen Âge et Renaissance, 1991 - books.google.fr, Le Prieuré de Sion : Prologue : Gémeaux : Fortune et Vertus).

Les 40 jours s'approchent des 40,56 jours de la division en 9 de l'année (non bissextile) (Cohérence grand nonagone : Deuxième Etoile : Calendrier).

Saint Sulpice et le loup

Le cas de Bourges est significatif. A deux ou trois reprises, le roi tenta de rétablir un impôt ancien et certainement obsolète. Une première tentative eut lieu vers 613, mais l'intervention déterminée de saint Outrille épargna la ville. Une seconde tentative eut lieu peu après la mort d'Outrille en 624, sous Sulpice.

L'auteur des Miracles de saint Outrille (Austregisilus) de Bourges, qui écrit vers 750, nous donne un récit légendaire des tentatives du maire du palais Warnacharius, pour soumettre Bourges au tribut. Il mérite d'être reproduit comme témoignage d'un état d'esprit : "Pendant sa vie le saint eut le souci quotidien, en pieux pasteur, de l'église et du troupeau (plebs) à lui confié et se préoccupa de le préserver de la dent du loup ravisseur. Alors vint du palais du roi Thierry, et de sa part, un homme très cruel, du nom de Garnier, dévoré de la passion sordide de l'avarice, enflé d'orgueil, pour soumettre au tribut la ville et le pagus de Bourges, rapporter au roi l'or et l'argent, que chacun devait selon sa condition. La population qu'on veut rendre tributaire accourt auprès de saint Outrille pour qu'il la délivre de la détestable coutume et lui vienne en aide par ses saintes prières. Alors le saint (libère la ville de Garnier)." [...]

Peu après, le très cruel Garnier, dont on vient de parler, revenant de la cour, se mit en demeure, à l'instigation de l'éternel et hideux ennemi, d'opérer l'œuvre d'iniquité, c'est-à-dire de rendre tributaires le pays et la ville de Bourges et tous les habitants selon leurs conditions. Saint Sulpice, ne sachant que faire, implora l'aide du Seigneur. C'était un homme doux et simple, humble de cœur et il redoutait extrêmement la malice de cet homme. Il ne put que prier, en pleurant, Garnier de ne pas soumettre au tribut sous son pontificat les gens de Bourges qui ne l'avaient pas été au temps d'Oustrille. Mais le cruel refusa d'accorder si peu que ce fût aux prières de l'oint du Seigneur. Alors le saint homme l'adjura au nom de son saint ministère de ne pas établir, lui vivant, une si abominable coutume. Le prélat lui fit accepter un présent et s'en réjouit (se crut quitte). Le fourbe se rendit à l'église de Saint-Oustrille, comme pour y prier, et parvint au lieu où gisait le corps du saint que la piété des fidèles avait magnifiquement décoré. Parcourant du regard la crypte, il la voit resplendissante d'or et d'argent. Le cœur plein d'envie, il ose dire : « Oustrille eût dû léguer aux pauvres son or et son argent. Il l'a fait mettre sur sa tombe par gloriole. Il se souciait peu des pauvres en réalité, mais, semblable à Judas Iscariote, il étouffait d'avarice. » Sorti du sépulcre il alla prier d'autel en autel. Pendant qu'il parcourait ainsi l'église, une poutre d'où pendaient des draperies, se détachant du toit, lui tomba sur la tête et lui fit une telle plaie que le sang coula par les yeux et la barbe jusqu'à terre. Alors Garnier s'écria, autant que ses forces le lui permettaient : « Vivant, Oustrille m'a toujours détesté et contrarié, mort il m'attire à la mort. » Ainsi ce misérable, frappé du bras de Dieu, ne reconnut pas son crime et ne demanda pas grâce. Au contraire, enflammé de malice, il se disposa à gagner rapidement la ville d'Autun pour abattre et condamner l'évêque du lieu. En route, il s'arrêta non loin du village d'Anlezy (Nièvre). La nuit, pris d'un flux de ventre, cet être féroce entra aux latrines et s'y endormit. A son réveil, il demanda à ses serviteurs debout devant lui : « Oustrille et Sulpice viennent de me donner une aiguière avec une tasse d'or. Qui de vous les détient? » Pendant que ses serviteurs déclaraient n'avoir rien vu et qu'il insistait, voilà que ses intestins sortirent du corps et qu'il exhala honteusement son dernier souffle sur son fumier. (Ferdinand Lot, L'impôt foncier et la capitation personnelle sous le Bas-Empire et à l'époque franque, Bibliothèque de l'Ecole des hautes études: Sciences historiques et philologiques, Numéro 253, 1928 - books.google.fr).

La parabole du loup ravisseur s'applique à Garnier à l'époque d'Oustrille mais peut s'étendre à Sulpice. C'est un qualificatif de la tribu de Benjamin à laquelle appartenait le roi Saül dont David usurpa la couronne (Le Prieuré de Sion : Prologue : Roman christique et propagande davidique).

"Faire le bien" et le loup

Or, qui es-tu ? Un chrétien. Qui es-tu ? Un homme qui connais la loi, oui, un chrétien qui l'as entendue. Qui es-tu encore ? Un cœur généreux qui as beaucoup applaudi en entendant cette loi. Eh bien ! si tes applaudissements étaient sincères, rends donc ce que tu as trouvé; autrement ces applaudissements seraient contre toi comme des témoins à charge. Soyez fidèles à rendre ce que vous avez trouvé; vous aurez le droit alors de crier contre l'iniquité des ravisseurs. N'es-tu pas ravisseur, lorsque tu ne rends pas ce que tu as trouvé ? C'est ravir autant que tu en es capable ; et si tu ne ravis pas davantage, c'est que tu n'en as pas le pouvoir. Refuser de rendre le bien d'autrui, c'est prouver qu'on le dérobera dans l'occasion. La crainte seule t'empêche alors de le prendre : ce n'est pas faire le bien, c'est redouter le mal. 10. Quel mérite y a-t-il à redouter le mal ? Le mérite, c'est de ne pas faire le mal ; le mérite, c'est d'aimer le bien. Le larron aussi ne craint-il pas le mal ? S'il ne le fait pas par impuissance, il n'en est pas moins larron; car c'est le cœur et non la main que Dieu a en vue. Un loup court à un troupeau de brebis, il cherche à y pénétrer, à égorger, à dévorer; mais les bergers veillent, les chiens aboient et le loup rendu impuissant n'enlève ni n'égorge rien : ne s'en retourne-t-il pas aussi loup qu'il est venu ? Pour n'emporter pas de brebis, est-il devenu brebis, de loup qu'il était ? Il venait avec fureur, il retourne avec frayeur : n'est-ce pas toujours la fureur et la frayeur d'un loup ? Toi donc qui veux juger, examinetoi : si tu reconnais que tu ne fais pas le mal quand tu pourrais le faire sans encourir la vengeance des hommes, vraiment tu crains Dieu. Personne n'est là, personne, si ce n'est toi, celui que tu maltraites et Dieu qui vous voit tous deux. Vois-le toi-même et crains; ce n'est pas assez : vois-le et non-seulement crains le mal, mais encore aime le bien. Il ne suffit pas en effet, pour être parfait, de ne pas faire le mal dans la crainte de l'enfer; je l'ose dire, s'il n'y a en toi que cette crainte, tu as bien la foi puisque tu crois au jugement à venir de Dieu, je suis heureux de voir en toi cette croyance, mais je tremble encore pour ton penchant au mal. Que veux-je dire? Qu'éviter le mal par crainte de l'enfer, ce n'est pas faire le bien par amour de la justice. 11. Il est donc bien différent de craindre la peine ou d'aimer la justice. Cet amour doit être pur dans ton cœur, c'est-à-dire qu'il doit te porter à désirer de voir, non pas le ciel et la terre, non pas les plaines transparentes de la mer, non pas les vains spectacles ni l'éclat et la splendeur des pierreries, mais ton Dieu lui-même. Désire donc de le voir, désire de l'aimer, puisqu'il est écrit : « Mes bien-aimés, nous sommes les enfants de Dieu, et ce que nous serons ne paraît pas encore ; mais nous savons que lorsqu'il apparaîtra, nous lui serons semblables, parce que nous le verrons a tel qu'il est » (Jean III,2). Voilà, voilà pour quelle contemplation je t'engage à faire le bien et de plus à éviter le mal (Augustin, Sermon CLXXVIII, sur la justice, Oeuvres complètes, traduit par Jean Joseph François Poujoulat, 1808 - books.google.fr).