Partie VII - Cohérence grand nonagone   Chapitre L - Troisième Etoile   Ban-Saint-Martin - Sommet en Atlantique   

Ban-Saint-Martin - Sommet en Atlantique

Cette diagonale est marquée par saint Rémi et saint Martin (et son entourage).

Saint Rémi est représenté par les églises de Scy-Chazelles, Chambley-Bussières, Heiltz-le-Hutier, Saint-Rémy-sous-Barbuise, Domats, Courlay (plus un retable),

et saint Martin par celles de Vavincourt, Somsois, Isle-Aubigny (Isle), Echemines, Chevillon-sur-Huillard, Sigloy, Vienne-en-Val, Ligny-le-Ribault, Ligré, Ranton, Saint-Martin-le-Beau, la fontaine Saint-Martin d' Athée-sur-Cher, l'oratoire de Veigné.

Dans l'entourage de Martin on trouve saint Brice à Couvonges, saint Hilaire à Jussy et Hagéville.

Les deux saints ont joué leur rôle dans la conversion de Clovis. Secondé par l'épouse catholique de Clovis, la reine Clotilde, Rémi entreprit de convertir le roi des Francs. Celui-ci hésita longtemps. Ses dieux l'avaient jusqu'alors comblé de succès, un roi germanique passait pour avoir leur sang dans les veines. Pour l'historien Grégoire de Tours, tout a basculé au moment d'une guerre contre les Alamans. Lors de la bataille de Tolbiac, Clovis invoqua le "dieu de Clotilde" avant que la situation défavorable de son armée ne se transforme en victoire. Après un pèlerinage à Tours, sur le tombeau de saint Martin, qui deviendra protecteur de la dynastie mérovingienne, il demanda le baptême, qu'il reçut à Noël 496, dit la tradition, à la Cathédrale de Reims, située à l'emplacement de la cathédrale actuelle ou en l'église Saint-Martin hors les murs.

11 novembre

Dans l'Histoire de France, le 11 novembre, fête de saint Martin, c'est surtout le 11 novembre 1918. Le destin d' Homblières, un des sommets du petit nonagone, est lié au grand combat que fut la première guerre mondiale. Son presbytère était à la fin de la Grande Guerre, le siège de l'état major du général Debeney qui commandait le secteur. C'est là, dans la nuit du 7 au 8 novembre 1918, que firent halte les plénipotentiaires allemands venant de La Capelle, qui se dirigeaient vers Rethondes, où ils signèrent l'armistice le 11 novembre 1918.

L'Allemagne, envisageant de déposer les armes, prit langue avec l'adversaire. Foch se prépara à recevoir les plénipotentiaires, quelque part sur l'axe La Capelle-Chimay-Guise, à mi-chemin de Spa, où se trouvait l'état-major allemand, et de Rethondes. Le 5 novembre, à 6 h, un soldat de veille au centre radio de la tour Eiffel reçut le message suivant : " Nous désirons entrer en relations avec vous en vue de pourparlers sur un éventuel armistice ".

Le maréchal Foch avait donné des ordres au Général Debeney (Bourg-en-Bresse, 1864 - Bourg-en-Bresse, 1943), commandant la première armée, pour la réception des plénipotentiaires allemands qui se présenteraient devant les lignes françaises. Ils devaient être d'abord dirigé sur l'axe La Capelle/Guise. Le 7 novembre, alors que, dans la clairière de Rethondes, le train amenant le wagon de l'armistice s'immobilisa, les Allemands quittèrent Spa (Belgique) à midi. Ils arrivèrent à Haudroy, près de La Capelle, vers 20h20. Il y avait plusieurs voitures, la première porte un drapeau blanc. Au garde-à-vous devant le capitaine Lhuillier, le général Von Winterfeldt demanda à être conduit aux autorités militaires françaises, s'excusant de son retard de 12 heures provoqué par le mauvais état des routes. Le capitaine ordonna de sonner le cessez-le-feu. La sonnerie du clairon annonçant l'arrêt des hostilités retentit pour permettre le passage des plénipotentiaires à travers les lignes françaises. La guerre continuant, on continuait à tirer sur toute troupe qui ne se rendait pas prisonnière. Il est 22 heures quand le convoi se dirige vers Rethondes, en forêt de Compiègne là où les attend l'état major français. Dans un premier temps ils vont s'arrêter à Homblières, village martyr à 5 kilomètres de Saint-Quentin. Le général Debeney les reçoit au presbytère, seule maison habitable du village. Le lieu est en piteux état, dévasté. L'électricité a été remise à la hâte. Un modeste repas est servi par les soldats français : potage, jambon, riz princesse, dessert. Pas de fromage. A 1h 30 du matin, il part le premier laissant au commandant Bourbon-Busset, le père de l'écrivain, le soin d'accompagner les plénipotentiaires jusque Tergnier où ils doivent prendre le train. A Tergnier, la ville est aussi complètement dévastée, la gare est éclairée par des torches. Un train spécial les attend : deux wagons transformés en cabinet de travail aux vitres masquées. Dans la nuit, le convoi se dirige vers Rethondes.

L'armistice est signé dans le wagon spécial du généralissime Foch, au carrefour de Rethondes, au milieu de la forêt de Compiègne, le 11 novembre à 5h10 du matin. Six heures plus tard, le " cessez-le-feu " entre en vigueur. A 11 h 30, la délégation allemande quitte Rethondes pour Tergnier où se trouvent leurs automobiles.

Dès la signature, Foch a quitté Rethondes en auto pour apporter au gouvernement le texte de l'armistice. Il est reconnu à son arrivée à Paris, escorté par les cris de joie et de reconnaissance, sa voiture remplie de fleurs. A 4 heures, Clemenceau donne lecture de la convention à la Chambre. Le soir, une foule énorme, chantant et acclamant, envahit les rues de Paris. Clemenceau sera appelé le " Père-la-Victoire " puis " Perd-la-Victoire ".

On sait ce qu'entraîna le jusqu'au-boutisme dans cette guerre. Aurait-elle pu être plus courte en évitant l'effondrement du régime impérial allemand ?

" Vers juin 1917, les dirigeants français, en particulier Briand, furent informés, via des intermédiaires belges, que le représentant de la Wilhelmstrasse à Bruxelles, le baron von Lancken, avait apporté des propositions de paix plutôt encourageantes. En effet, étant donné la détérioration des relations entre Berlin et Vienne, l'Allemagne avait probablement redouté une défection de l'empire austro-hongrois et avait édulcoré ses positions antérieures. N'étant plus président du conseil, Briand avait proposé, le 12 septembre, une rencontre avec le haut fonctionnaire allemand afin de poursuivre les discussions. Ribot avait souligné à Briand qu'il devait rédiger un mémoire pour discuter avec les alliés de la France et conclure un point d'entente pour ensuite négocier avec l'Allemagne. Le 20 septembre, Briand remit son papier à Ribot. Celui-ci se servit de la note pour rédiger un autre texte qui était " une déformation préméditée de son mémoire ". Le texte ne pouvait être évidemment que rejeté par les autres alliés, notamment par l'Italie. Peut-on conclure à un sabotage de la paix ? Les négociations avec les autres alliés auraient pu échouer, mais les chances de réussite étaient pourtant bonnes ! Des millions de vies auraient pu être sauvées! Après que Briand a lu son mémoire à la Chambre, démontrant la " falsification " du texte original, les députés français huèrent Ribot qui fut contraint de démissionner le 22 octobre. Henri Castex a écrit à ce propos : " 1917 aurait pu être l'année de la paix si Briand était resté au pouvoir […] Clemenceau, pro- autrichien avant-guerre, devint austrophobe, comme Ribot. Pourquoi Clemenceau est-il devenu anti-autrichien ? D'abord il n'a sans doute guère apprécié l'annexion de la Bosnie- Herzégovine en 1908. Ensuite, la montée de l'agressivité de Vienne envers la Serbie et le resserrement des liens avec l'Allemagne ont contribué radicaliser ses sentiments. Le 1er décembre 1917, il déclarait : " Je pense qu'il faut écraser, d'abord, les alliés de l'Allemagne, en réservant les opérations définitives contre le principal adversaire pour plus tard ". C'est avec cette pensée que Clemenceau s'acharna, en 1918, à la destruction de l'Autriche-Hongrie, dont il avait pourtant vanté les nombreuses qualités au début du siècle. " (voir http://www.grande-guerre.org.

Clemenceau, né le 28 septembre 1841 à Mouilleron-en-Pareds, mort le 24 novembre 1929 à Paris, est enterré à Mouchamps à côté de son père. Mouilleron-en-Pareds se trouve sur cette diagonale.

Etonnants nonagones

Jean Monnet et Robert Schuman

C'est sur la même diagonale que Robert Schuman, déclaré " Père de l'Europe " par le Parlement européen, entamant la réconciliation franco-allemande par la création de la Communauté du Charbon et de l'acier suite à sa Déclaration du 9 mai 1950, mourut et est enterré, à Scy-Chazelles.

Arrêté par la Gestapo en 1940 et mis au secret dans la prison de Metz, il est ensuite transféré en Allemagne d'où il s'évade en 1941. Il rejoint la zone libre en août 1942 en passant par l'abbaye de Ligugé, fondée par saint Martin.