Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Les documents secrets   1 - Généalogie des rois mérovingiens : de Mantinée à Jabès-Galaad par Athènes   
PRIEURE DE SION DOCUMENTS SECRETS LOBINEAU BENJAMIN MANTINEE VIRGILE

Le premier dépôt se fait en janvier 1964, sous le titre « Généalogie des rois mérovingiens et origine de diverses familles françaises et étrangères de souche mérovingienne ». Le document mécanographié est signé d’un certain Henri Lobineau. Il est question des rois mérovingiens et comment leur descendance par le sang est restée présente dans certaines familles françaises. La famille Plantard y figure, en ligne directe avec un certain Sigebert IV, présenté comme un fils caché de Dagobert II

Ci-contre le texte des Dossiers Lobineau (doc 1) et ci-dessous sa transcription dans L'énigme sacrée.

Les Bergers d'Arcadie de Chatsworth ont probablement été conçus par Poussin comme le volet d'un diptyque dont l'autre partie est le Midas se lavant aux sources du Pactole, du Musée Métropolitain [New York]. Or, dans le Midas, il y a encore un dieu-fleuve, dans la pose accablée que dans les Bergers, et à la même place aussi, entre le spectateur de l'œuvre et l'action qu'elle représente : ce qui fait de ces deux figures du temps l'élément commun aux deux peintures (Yves Bonnefoy, Dessin, couleur et lumière, 1995 - books.google.fr).

Midas est [...] appelé à faire l'arbitre lors d'un concours de musique entre Apollon qui joue de la lyre et Marsyas, un satyre qui joue de la flûte sur un instrument merveilleux (un tibia d'âne qui a été percé). Midas décerne le premier prix à Marsyas, et Apollon, furieux, lui colle des oreilles d'âne. L'âne intervient deux fois : de manière annexe comme un instrument de musique (la flûte), puis de manière essentielle, comme instrument d'une punition de bêtise (les oreilles d'âne qu'on inflige à Midas). Midas s'emploiera par la suite à cacher ses oreilles. Son coiffeur ne pourra, hélas, garder ce secret; il le confiera à Zéphir, le vent qui fait plier les roseaux, et bientôt, tous murmureront « Midas a des oreilles d'âne ». L'histoire de Midas touche à l'enfance, ne serait-ce que parce qu'en sa mémoire, des générations d'écoliers se sont vues affubler d'un bonnet d'âne, dès lors qu'ils faisaient preuve de bêtise ou d'ignorance. Elle touche aussi à l'enfance parce qu'il s'agit d'un mythe à portée didactique, qui vise à montrer la vanité des richesses. Le désir d'enrichissement est assimilé à la bêtise (Anne-Caroline Chambry, L'âne, le livre et l'enfant: la représentation de l'âne dans la littérature enfantine, 2003 - books.google.fr).

La flûte renvoie aux tibicines de la fêtes des Quinquatrus minusculae en l'honneur de Minerve placées aux ides de juin (13 juin) (Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 2 - L’énigme du Razès Wisigoth de Blancasall : Anne de Thessalie).

Dans Midas et Bacchus (1629-30) de Nicolas Poussin, Midas est dépeint, pénitent, devant Bacchus. Silène, ivre dort tout près. Une autre version du sujet par Poussin (Musée Métropolitain, New York) dépeint Midas se lavant dans le fleuve, alors que le dieu du fleuve repose sur son trône (www.cineclubdecaen.com).

Comme le souligne Blunt, Midas a des oreilles humaines dans le tableau de New York, qui deviennent rouges et pointues dans la version en mains privées, peut-être par allusion aux oreilles d'âne (Nicolas Poussin (1594-1665): Actes Du Colloque Organise Au Musee Du Louvre Par Le Service Culturel, Du 19 Au 21 Octobre 1994, Volume 2 ;Volume 6, 1996 - books.google.fr).

Marsyas est un thème de ce qui est appelé la Base de Mantinée connue par Pausanias et par sa découverte ou redécouverte par Georges Fougères à la fin du XIXème siècle dans une église byzantine de Mantinée. Pausanias, entrant à Mantinée par la porte S.E., vit d'abord un temple double, dont une moitié était consacrée à Asclépios, l'autre à Latone et à ses enfants. Dans ce dernier sanctuaire était un groupe de Latone, d'Artémis et d'Apollon, sculpté par Praxitèle. Le piédestal de ces statues était orné d'un bas-relief représentant «une Muse et Marsyas jouant de la flûte» (Autour de Rennes le Château : Poussin pouvait-il connaître le Jugement de Mantinée ?).

L'affaire de Mantinée rappelle le meurtre des Cylonides par les Alcméonides à la fin du VIIème siècle à Athènes. Mais en Arcadie, l'on n'a, en dehors de notre texte, aucune information sur les tenants et aboutissants de l'histoire. On peut seulement affirmer qu'un meurtre a été commis dans un sanctuaire, probablement un temple d'Aléa qui aurait existé dans la cité (comme il y en avait un, bien plus célèbre, à Tégée), hypothèse acceptée, mais dub., par M. Jost. Les victimes auraient été des hommes (on ignore combien) et une jeune fille (Autour de Rennes le Château : Les Bergers d’Arcadie ts ts !).

Selon Meister, le jugement de Mantinée commence par l'énumération des accusés : Voici ceux qui sont redevables à Aléa : (Si)syrnos, (S)o(kl)ès, (Ph)ilomélidas, Théo(k)osmos, Aristomachos, (Dr)oméas, (Sti)lpas, Ph(an)is, A(k)rantos (ou Adrantos), Antilaïdas, Bothis, (Hesklaros). Mis hors cause : Thémandros (ou Phémandros). Hesklaros pourrait être un adjectif (privé de kleros : lot de terre civique c'est-à-dire l'expulsion) (Dubois) (Adolphe Reinach, Bulletin annuel d'épigraphie grecque, Volumes 1 à 4, 1909, Laurent Dubois, Recherches sur le dilecte arcadien, 1988, Gerhard Thür, Symposion: Vorträge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte, Volume 6, 1985) (Autour de Rennes le Château : Poussin pouvait-il connaître le Jugement de Mantinée ?).

On pourrait ainsi avoir 12 accusés.

Le premier Alcméonide célèbre fut l'archonte Mégaclès. En -632, il fit mettre à mort Cylon et ses partisans, auteurs d'un coup d'État manqué. Aussitôt, il fut mis en accusation pour sacrilège par un dénommé Myron : en effet, Cylon s'était réfugié sur l'Acropole, auprès des autels des dieux. Un tribunal de 300 juges nobles condamna Mégaclès et sa famille à l'exil perpétuel. Les Alcméonides morts furent déterrés et transférés hors des limites de la cité.

À cause de sa sagesse, Epiménide est invité par Solon vers 595 (46e olympiade) à Athènes, afin de purifier la ville du sacrilège commis par les Alcméonides (profanation du droit d'asile).

Selon la tradition, il naît dans une famille de bergers, habitant à l'ombre du palais du roi légendaire Minos. Alors qu'il cherche un mouton égaré, il trouve une caverne dans laquelle il tombe endormi pendant 57 ans. C'est, en fait, la grotte d'un dieu à Mystères, qui lui donne pendant son sommeil la connaissance de la nature et de l'organisme humain, et lui accorde le don de divination (fr.wikipedia.org - Alcméonides, (fr.wikipedia.org - Epiménide).

La maison des Alcméonides comptent plusieurs centaines de personnes dans l'Athènes archaïque. Vers 650 avant notre ère, un peu avant que Dracon ne propose les premières lois sur l'homicide, les partis s'affrontent et la cité se déchire. Un Athénien, nommé Cylon, s'empare de l'Acropole, ses adversaires l'y assiègent. La cité est coupée en deux. Les Alcméonides promettent aux partisans de Cylon la vie sauve, s'ils quittent aussitôt l'Attique. Épuisés, mourant de soif et de faim, les Cylonides, constitués en suppliants d'Athéna, refusent de quitter la protection la déesse. Un fil de laine attaché à la statue, doit leur assurer dans leur descente le contact avec la puissance protectrice. À proximité de l'Aréopage — qui va devenir un des grands tribunaux du sang —, le fil casse, les Cylonides se précipitent sur l'autel des Euménides : ils sont égorgés sur-le-champ par les Alcméonides et leurs alliés. Fléau (loimos), souillure (miasma), frayeurs (phoboi), apparitions inquiétantes (phasmata), malformations des victimes sacrificielles, la cité entière est gangrenée. Les Alcméonides sont déclarés Impurs, Enageis, « enclos dans la souillure ». Ils sont qualifiés d'Alitèrioi de la déesse, de sacrilèges habités par la colère des morts criant vengeance. Il faut les expulser, tous et même leurs morts, il faut les exhumer, rejeter les ossements hors des limites du territoire, de la chôra, de la cité. Il faudra donc faire appel à un purificateur hors pair, venu de Crète et appelé Épiménide, qui procédera à une véritable « refondation » du territoire à travers ses autels et ses sanctuaires (Marcel Detienne, Les dieux d'Orphée (2007), 2015 - books.google.fr).

L'interprétation de la lettre mantinéenne "tsan" comme un équivalent du "tsadé" apparaît dès 1892 avec Théophile Homolle. Elle est gravée dans l'inscription dite du "Jugement de Mantinée".

Le nom de la lettre hébreue tsadé signifie justice d'après Eusèbe et saint Jérôme, et l'on trouve « parmi les hiéroglyphes de la classe des symboliques une plante, le jeune oignon, qui, chez les Egyptiens, signifiait aussi la justice, à cause de sa rectitude et de sa blancheur. Peut-être y a-t-il là quelque rapport. » (E. Arnaud, Symbolisme de l'alphabet hébreu, Bulletin théologique, 1869) (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : GRAMMA : les initiales de statues de l’église de Rennes le Château).

Un village de la Tribu de Benjamin, (celle du futur premier roi, Saül) est le théâtre d'un viol collectif où la femme trouve la mort. Son homme la dépèce en douze morceaux, pour en envoyer un à chacune des douze Tribus et réclamer justice. La Tribu de Benjamin se solidarise avec le village ignoble. La guerre de purification est déclarée, onze Tribus contre celle de Benjamin. Le narrateur souligne que l'opération se déroule sans autre autorité que la réunion fédérale. Après quelques péripéties, la campagne réussit : la Tribu de Benjamin est quasi exterminée. C'est là en réalité que le drame commence. Israël ne peut rester amputé d'une Tribu : toujours sans roi, la communauté finit par trouver des astuces de droit pour réintégrer un petit reste de Benjamin. C'est à la fois une leçon sur la nécessaire présence de toutes les Tribus, alors que le corps de l'ouvrage montrait la nécessaire participation de chacune d'entre elles, distributivement, et une leçon sur le rôle de la fédération comme telle, en l'absence de tout roi. Le lecteur aura sans doute également remarqué, pour faire juste mesure, que le premier chapitre du livre souligne le ridicule des rois qui mangent sous la table d'autres princes, les pouces coupés, et qu'au même début, les deux Tribus de Juda et Siméon qui se sont entraidées pour conquérir leur territoire voient leur affaire réussir sans bavure, alors que les autres Tribus se sont taillé leurs cantons de façon indépendante et donc imparfaite (il reste des Cananéens irréductibles...), le lecteur docile au rythme du texte voit que le début, le milieu et la conclusion des Juges s'entendent pour exalter la Communauté fédérative et disqualifier la royauté (Jean-Noël Dumont, Pierre Truche, Histoire et justice, 2002 - books.google.fr).

L'arche fut faite à Oreb par Beseleel, Ochad. Elle sortit d'Oreb et passa à Moab, de Moab à Sichem, puis à Silo ; de Silo au temple de Dagon, delà dans la maison d'Abinadab, de là à celle d'Obédédom ; ensuite à Cariathiarim, de Cariathiarim à Jérusalem, puis à la sainte Sion dans le temple.

C'est à Silo que Josué partagea la terre d'Israël et c'est bien encore à Silo que se termine le livre des Juges, après lesquels s'ouvre la période monarchique, où en son début l'arche d'alliance est prise par les Philistins après la bataille d'Afek (Autour de Rennes le Château : Villemaury et les hommes noirs).

L'avant-dernier verset de Juges 18 se termine par "jusqu'à la captivité du pays".

Until the day of the captivity of the land. Calmet observes, "The posterity of this Jonathan executed the office of priest in the city of Dan, all the time that the idol of Micah (the teraphim, ephod, &C.) was there. But this was only while the house of the Lord was at Shiloh; and, consequently, the sons of Jonathan were priests at Dan only till the time in which the ark was taken by the Philistines, which was the last year of Eli, the high priest; for after that the ark no more returned to Shiloh." This is evident; and on this very ground Houbigant contends that, instead of haarets, the Land, we should read haaron, the Ark; for nothing is easier than the vau and final nun to be mistaken for the final tsade, which is the only difference between the captivity of the Land and the captivity of the Ark. And this conjecture, is the more likely, because the next verse tells us that Micah's graven image, &c, continued at Dan all the time that the house of God teas at Shiloh; which was, till the ark was taken by the Philistines (Adam Clarke, The Holy Bible, Containing the Old and New Testaments: Romans to the Revelation, Volume 2, 1837 - books.google.fr).

La Bible de Jérusalem considère plutôt la déportation de Téglat Phalasar en -734.

Juges 19, racontant l'agression du lévite et de sa femme, insiste bien en son début qu'il n'y avait pas de roi. De même, le meurtre des Cylonides par les Alcmonides est perpétré avant que Dracon rédige ses lois en -621, sous l'archontat d'Aristaichmos. Ce sont les premières lois écrites de la cité d'Athènes.

A propos de Ville-Maury (Aude), « Villo-Mauro », M. Pierre FAGES rapporte quelques traditions populaires, en particulier, celle des hommes noirs, qui volaient jadis les femmes des villages, voisins et qui « reviennent » par les nuits d'orage, sur l'emplacement de leur château détruit ("Folklore", Revue trimestrielle publiée par le Centre de Documentation et le Musée Audois des Arts et Traditions populaires, Fondateur : le Colonel Fernand CROS-MAYREVIEILLE, Tome V, 6ème Année - N° 1, PRINTEMPS 1943). En 1889, Villemaury est une vaste exploitation agricole ; actuellement, ces mamelons fertiles sont en friches et utilisés comme champ de tir. Dans le pays, ont dit "Billo-mauro" et les anciens veulent que ce soit une ville sarrazine.

Villemaury se trouve à Palaja, au centre du sceau hexagonal de Palaja, avec ses 6 sommets ou portes (Autour de Rennes le Château : Villemaury et les hommes noirs).

La laine en Arcadie

Le hiéron de Poséidon Hippios à Mantinée était interdit aux hommes par un fil de laine tendu par les architectes mythiques : Agamédès et Trophônios. Aipytos, roi d'Arcadie fils d'Hippothoos, provoque le dieu par un acte impie : il rompt le fil de laine et une «vague marine» le rend aveugle, il meurt peu après. Cette légende locale reproduit un mythe bien connu dans le monde indo-européen : le fameux «feu dans l'eau», qui sanctionne les impies et les mauvais rois.

Le trésor d'Augias avait été construit par Trophônios, son demi-frère Cercyon et leur père Agamédès selon la légende arcadienne. Les trois prirent l'habitude de le piller (grâce à un passage secret), mais Agamédès fut pris au piège par la ruse de Dédale : Trophônios lui coupa la tête et s'enfuit à Lébadée, où il bâtit une demeure souterraine (Cercyon s'exila à Eleusis). Cette histoire est racontée par Charax de Pergame. C'est une légende similaire (et peut-être secondaire) à celle rapportée au trésor d'Hyrieus rapportée par Pausanias. On trouve un parallèle, chez Hérodote, en Égypte : le trésor de Rhampsinite (Jean-Christophe Vicent, Recherches sur la personnalité du dieu Poséidon) (Autour de Rennes le Château : Les Bergers d’Arcadie ts ts !).

Le chapitre IV du Livre VIII du Voyage de l'Arcadie de Pausanias dit :

Nyctimus étant mort, Arcas fils de Callisto prit possession du royaume. Instruit par Triptoleme, il apprit à ses sujets à semer du bled, à faire du pain, à filer de la laine, et à en faire des étoffes et des habits, comme Aristée lui avoit enseigné. Sous son règne le pays quitta le nom de Pélasgie pour celui d'Arcadie, et les "Pélasges commencèrent à s'appeller Arcadiens. On dit qu'Arcas épousa non une mortelle, mais une Dryade.

Le texte dit, "comme Adristas lui avoit enseigné" ; mais on ne connoît point cet Adristas : c'est pourquoi les interprètes ont substitué le nom d'Aristée. Justin, liv. 1, chap. 13, dit qu'Aristée régna dans l'Arcadie, et qu'il apprit aux hommes l'usage du miel et du fromage; mais il ne dit pas qu'Aristée leur ait aussi appris à filer de la laine (Pausanias, Ou Voyage Historique De La Grèce, Tome 3, 1794 - books.google.fr).

Au chapite IX, il écrivait :

Le tombeau d'Arcas, fils de Callisto est tout auprès de l'autel de Junon; car c'est-là que ses os ont été apportés de Ménale en conséquence d'un oracle rendu à Delphes, et conçu en ces termes :

Ménale fut toujours le séjour des frimas; / Ménale cependant possède votre Arcas. / Peuples qui lui devez un nom si plein de gloire ! / Hàtez-vous à l'envi d'honorer sa mémoire. / Qu'incessamment ses os par vos soins rapportés ! / Soient au milieu de vous désormais respectés; / Et que ce héros, mis au rang des immortels, / Obtienne enfin chez vous un temple et des autels.

Les Mantinéens déposèrent les cendres d'Arcas dans un lieu qu'ils nomment les autels du Soleil (Pausanias, Ou Voyage Historique De La Grèce, Tome 3, 1794 - books.google.fr).

Ce tombeau d'Arcas était en réalité un autel double de Pan et d'Hélios (Gustave Fougères, Mantinée et l'Arcadie, 1898 - books.google.fr).

La laine de Galaad

Elie est né à Tishbé en Galaad ; dans le judaïsme il est toujours dit « le Tishbite ». Galaad est d'abord mentionné dans l'Ecriture comme la frontière entre deux mondes : celui du paganisme dont les patriarches étaient originaires et celui de la Terre Sainte, de la promesse. Lorsque Jacob s'est enfui, avec ses épouses, d'auprès de Laban et a quitté la Mésopotamie, son beau-père l'a poursuivi et l'a rejoint. Ils se sont séparés à l'amiable en un lieu que Laban nomme Yegar- Sahadoutha en araméen et Jacob Galaad en hébreu, ces termes signifiant l'un et l'autre « monceau du témoignage ». Le même endroit fut aussi appelé Mitspa, c'est-à-dire : « lieu d'observation » (entre les deux adversaires). Elie est ainsi marqué dès sa naissance en Galaad par la dualité et il est originaire de Tishbé, mot relié à la racine shub qui indique la conversion, le retour à l'unité, retour qui est celui du Jubilé, du cinquantième jour. Ce nombre de cinquante comme aussi l'idée de retour qui réapparaissent constamment dans la vie d'Elie, appartiennent l'un et l'autre, dans la tradition juive, à l'attribut divin de Binah, le « discernement », celui qui, dans les traductions issues de la Vulgate, est nommé « Intelligence», don de l'Esprit-Saint complémentaire de celui de Sagesse. Dans le judaïsme il y a les « cinquante portes de l'Intelligence », de Binah qui est la Mère, celle dont tout vient, à quoi tout retourne. « Tout » se dit kol en hébreu et a pour nombre cinquante. L'attribut divin auquel Elie se rattache, est une entité féminine qui fait « discerner » le sacré du profane, dans les relations entre Israël et les nations voisines. La première mention d'une intervention féminine dans la vie d'Elie est si ubtile qu'elle semble avoir échappé aux commentateurs : Dans le 1er Livre des Rois (17, 2 à 16), la parole de IHWH survient à Elie en ces termes : « Va-t-en d'ici, tu te dirigeras vers l'Orient et tu te cacheras au torrent de Kerit qui est à l'Est du Jourdain. Tu boiras au torrent et j'ai commandé aux corbeaux de pourvoir là-bas à ta subsistance... Les corbeaux lui apportaient du pain le matin et de la viande le soir et il buvait au torrent. »

Le terme traduit par « corbeaux », 'orbim, peut désigner des « êtres du désert » et c'est ainsi qu'est généralement interprété l'épisode : Elie était nourri par des Bédouins. Or chez les Bédouins, c'est la femme qui procure et prépare la nourriture et qui va chercher l'eau. C'est elle aussi qui tisse le vêtement, tel le manteau d'Elie si souvent mentionné comme le caractérisant (Jacques Bonnet, Elie et la présence féminine, Études traditionnelles, N° 514, 1991 - books.google.fr).

Elie donnera son manteau à son disciple Elisée, fêté dans certains calendriers le 13 juin :

Depuis celui de Bede jusqu'au Romain moderne, ont remis cette feste comme les Grecs au XIV de juin : quelques-uns seulement l'ont avancée au jour précédent [13 juin] (Adrien Baillet, Les vies des saints de l'ancien testament, disposées selon l'ordre des martyrologes & des calendriers, avec l'histoire de leur culte, selon qu'il a été établi ou permis dans l'Eglise catholique, 1707) (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le domaine de l’abbé Saunière, pentagone et AOMPS).

Les filles de Silo sont en fait originaires de Jabès-Galaad, qui, comme son nom l'indique, se trouve en Galaad.

Les enfants d'Israël avaient fait serment à Maspha de ne pas donner leurs filles en mariage aux hommes de Benjamin, et avaient massacré tous les habitants de Jabès-Galaad, sauf les vierges, car ces derniers n'avaient pas participé au serment. Ils réservaient les vierges pour les marier aux survivants de la tribu de Benjamin, se repentant de l'avoir exclue de la communauté (Isaac-Louis Le Maistre de Sacy, La Sainte Bible, contenant l'ancien et le nouveau testament, 1848 - books.google.fr).

Comment donner des femmes israélites à ceux des benjaminites qui ont été épargnés, de telle sorte que leur tribu se reconstitue progressivement ? Une seule issue reste concevable : il faudrait rechercher qui parmi les Bnei Israël ne s'est pas rendu à la convocation de Mitspa, et donc ne s'est pas lié par le serment de représailles militaires mais aussi sociales (Raphaël Draï, Constitution juridique et violence sociale, Le Lévite d'Ephraïm de Jean-Jacques Rousseau - www.u-picardie.fr).

Commentant le Cantique des Cantiques, où le mont Galaad est cité, il rappelle que selon la Genèse, Galaad veut dire « monceau de témoignage » (testimonii acervus) et il ajoute : « Et qui est-ce donc là, sinon le Christ, sur qui tous les témoignages des prophètes sont amoncelés, à qui les Prophètes, et Jean, et le Père, et ses propres œuvres rendent témoignage ? Ce mont est la tête de l'Église... » Cette ingénieuse interprétation du nom de Galaad fût sans doute restée un jeu de clercs assez ignoré, peut-être même n'eût-elle jamais vu le jour, si elle eût eu pour unique raison d'être le passage, en soi peu remarquable, de la Genèse. Mais comme elle trouvait place dans la glose du Cantique des Cantiques, elle partagea la célébrité de ce texte, qui fut cher entre tous aux mystiques de tous les temps. A l'époque de Jésus, peut-être avant, les Juifs l'interprétaient déjà allégoriquement. Le Moyen Age à son tour, suivant la leçon d'Origène, vit dans l'antique pastorale un entretien de Jésus avec l'Église et une infinité de symboles spirituels. La Queste en a utilisé plusieurs. « Oui, tu es belle, mon amie ! oui, tu es belle ! Tes yeux sont des yeux de colombe, sous les plis de ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres suspendues aux flancs du Galaad. » [...] Il n'y avait pas une mémoire de clerc où ces poétiques versets ne rendissent pareillement inoubliables le nom de Galaad et sa signification mystique. Voilà ce que signifie le nom du héros de la Queste. Il annonce un saint assez parfait pour évoquer l'image du Christ, une créature en qui transparaît le Créateur. la perfection, en effet, n'est point chose humaine ; elle n'a paru ici-bas qu'une fois, en la personne du Christ. La vie terrestre de Jésus est l'exemple et la mesure immuables de la sainteté : l'homme n'est véritablement chrétien qu'autant qu'il s'en rapproche. La loi suprême, somme de toutes les autres, c'est l'imitation de Jésus, et l'on ne saurait concevoir de créature humaine parfaite qu'à la ressemblance du Christ. Ainsi le nom du héros de la Queste définit son personnage. (Albert Pauphilet, Études sur la Queste del Saint Graal: attribuée à Gautier Map (1980), 1996 - books.google.fr).

Salomon parle deux fois dans le Cantique des cheveux de sa bien-aimée comme troupeau de chèvres (IV,1 et VI,5).

Le chapitre 32 du livre des Nombres, relate la manière dont les deux tribus de Gad et Ruben se voient attribuer le sud du pays de Galaad alors que les Juifs venant d'Égypte n'ont pas encore franchi le Jourdain et campent dans la plaine de Moab. Le pays semble favorable à leurs troupeaux et ils désirent s'y installer. Moïse y met la condition qu'ils participent à la conquête du pays de Canaan.

Les Philistins s’installent sur la côte au XIIe siècle av. J.-C.. Vers le milieu du XIIe siècle av. J.-C. ils cherchent à étendre leur domaine. Les tribus juives se fédèrent autour d’un premier roi : Saül. Il intervient dans le pays de Galaad pour libérer les habitants de Jabès de l’invasion des Ammonites. À sa mort dans le combat contre les Philistins les gens de Jabès enlèvent le cadavre de Saül qui était exposé sur les murs de Beït Shéan pour l’incinérer. Ce dernier détail montre que la population de Jabès avait des coutumes différentes des Juifs qui enterrent leurs morts (fr.wikipedia.org - Galaad (Jordanie)).

Le pays de Galaad, au sud de la vallée de Jabbok, et par conséquent au sud du pays de Basan, auquel il était du reste uni par une assez grande conformité de nature, Deut. 3, 40. 43. Jos. 12, 5. 13, 11.17, 1. 2. R. 10. 33. 1 Chr. 5, 46. Mich. 7, 44. ll semble désigner le pays de Gad, Jug. 5, 47., et en être distingué, 1 Sam. 43, 7. Cependant, d'après la plupart des données que nous possédons, il parait que Galaad comprenait le territoire des tribus de Gad et de Ruben, et la partie méridionale de Manassé, Nomb. 32, 26. 40. Deut. 3, 42. 43. Jos. 17, 4. 6.; cf. 42, 2.4 Chr. 6, 80. Ses villes principales étaient Ramoth, Jahzer et Jabès, qui sont presque toujours suivies de la désignation de Galaad (cependant v. Nomb. 32, 1.). Sa surface forme une espèce de triangle de 8 à 10 lieues de côté: au nord, où il est le plus large, il possède de belles forêts, un air pur et sain, des plaines fertiles et de gras pâturages où paissent des troupeaux très estimés de bêtes à corne et à laine; vers le sud, au contraire, la contrée se change en une campagne sans arbres, mais très fertile, sur laquelle s’élèvent un grand nombre de collines calcaires, isolées et de forme arrondie. Toute cette région est si riche, les pâturages, en particulier, y sont si bons, que de nos jours encore les Bédouins ont coutume de dire : Tu ne saurais trouver un pays comme le Belka (nom moderne de Galaad) (Dictionnaire de la Bible, ou Concordance raisonnée des Saintes Écritures, 1865 - books.google.fr).

Meurtres et société

Trois quarts de siècle après Dracon, et pendant une période comprise entre 550 et 400, le matricide Oreste propose la configuration la plus riche des liens qui peuvent se nouer entre l’homicide et celui ou celle dont le sang a été versé. Dans la culture grecque, c’est le dossier « Oreste » qui offre au comparatiste anthropologue les données le mieux articulées pour analyser les effets du meurtre dans le corps du meurtrier et pour mettre ainsi en perspective une série de sociétés qui font une place de choix au meurtrier et à son éclatante souillure. [...]

Le meurtre des Cylonides suppliants cramponnés à l’autel des Euménides, qui sont l’autre face des Érinyes, les comptables du sang versé sur le territoire d’Athènes, déclenche une souillure en forme de raz-de-marée : elle submerge l’ensemble du groupe, de la maison des Alcméonides (on parlera de 700 personnes), elle attaque la totalité des autels et des sanctuaires du territoire de l’Attique, elle atteint si profondément les racines de ces présumés autochtones qu’Épiménide, le purificateur appelé de Crète pour endiguer le fléau, le loimos, devra se livrer à une refondation des liens avec la terre en édifiant des autels et en sacrifiant des victimes animales à l’endroit où elles choisissent de se coucher, désignant ainsi comme dans les rituels de fondation des cités nouvelles le lieu adéquat aux puissances du terroir. « À souillure majeure, il faut un purificateur absolu », comme l’écrit Jean-Louis Durand. Au Ve siècle, les médecins hippocratiques, écartant de leurs analyses les maladies du type « fléau » ou loimos, refusent le modèle d’une souillure qui pourrait atteindre tous les membres d’une même communauté : ils défendent la thèse du contact singulier de chacun avec le facteur de maladie. Le corps malade ou « souillé » d’un individu est appréhendé, très tôt, en dehors de sa relation avec un territoire, et même à l’écart de son appartenance à une communauté politique. Dans ce milieu de savoir comme dans la pensée juridique de Dracon, et un peu plus tôt, toute représentation d’un champ de souillure emplissant la totalité d’un territoire est exclue autant que celle de purification de caractère religieux. Au modèle mythico-religieux de l’affaire des Alcméonides le milieu des tribunaux du sang va substituer un paradigme de type politique qui va sévir entre Dracon et la cité grecque du IVe siècle avant notre ère. Le meurtrier doit être tenu à l’écart d’une série de points sensibles de l’espace de la cité : de l’eau lustrale — il ne doit pas s’approcher des vasques placées à l’entrée des sanctuaires et de l’agora ; des libations, quelles qu’elles soient, faites en l’honneur des dieux ; des cratères, ceux des salles de banquet ou qui sont dressés parfois dans les rues ; des sanctuaires, des autels, de tous les lieux consacrés aux relations privilégiées entre les dieux et les hommes. Des listes semblables se retrouvent entre Eschyle, Platon et Antiphon : un meurtrier ne peut plus habiter la maison de son père, ni sacrifier sur les autels de son dème, ni prendre l’eau lustrale dans sa phratrie ; il sera tenu à l’écart des nomima, des lieux et des moments religieux traditionnels ; il ne doit « souiller », miainein, ni les sanctuaires, ni la place publique, ni les ports, ni aucun autre lieu de réunion. L’interdiction lui en est faite, publiquement et par déclaration solennelle. Le meurtrier est « excommunié » au sens politique ; il cesse d’avoir part, de participer à tout ce qui constitue la vie sociopolitique des citoyens. Antiphon ou l’auteur des Tétralogies insiste sur la transmission de la souillure en parlant de « remplissage » : « le miasma remplit les innocents à la table desquels le coupable s’assied ». Ana ou kata ou sunkatapimplènai : remplir par excès, par saturation et singulièrement en ces lieux où les citoyens mangent et boivent ensemble, en ces lieux d’assemblées, de sacrifices, de réunions et de banquets, là où les citoyens forment une sorte d’organisme homogène. C’est là où se pratique le plus activement la similitude, l’homoiotès, que la souillure du meurtrier risque le plus de « remplir excessivement » la communauté politique. Plus que d’impureté religieuse, il convient de parler de souillure politique.

Les Alcméonides, souillés du sang des Cylonides, sont très tôt qualifiés d’enageis, englobés dans la souillure, possédés, saisis par une puissance de souillure, une puissance le plus souvent anonyme et génétique, tantôt daimôn, tantôt Érinye. « Certain vieux récit de la tradition », évoqué par Platon dans les Lois, témoigne que « l’homme mort de mort violente, s’il a vécu libre et fier, est, sitôt mort, irrité contre celui qui l’a tué, et lui-même rempli de crainte et de frayeur à la suite de la violence subie, ne peut voir son propre meurtrier vivre et avoir les habitudes qui lui étaient à lui-même coutumières sans être pris d’effroi et, lui-même plein de trouble, sans troubler autant qu’il peut son meurtrier dont il prend la mémoire comme alliée pour l’inquiéter en son âme et dans ses actes. Ainsi faut-il que le meurtrier se retire devant sa victime pendant toutes les saisons successives d’une année et quitte tous les lieux où il était chez lui, en quelque endroit de sa patrie que ce puisse être ». Représentations que n’abolit pas la législation sur le sang ni la délimitation d’un espace politique que ne peuvent plus partager le meurtrier et ses exconcitoyens. Cette fois, il s’agit des liens obscurs et terribles qui viennent se nouer entre l’homicide et sa victime, entre le « nouveau mort » (neothnès) et son meurtrier. Mélange de colère, de désir et de peur affolée : être en colère, erinuein, ce verbe si actif dans le nom même des Érinyes, ces puissances éveillées par le sang versé ; être envahi par du thumos, être enthumios, inquiet, tourmenté par ce qu’il doit faire ou ce qu’il a fait ; être en proie à la peur, à l’effroi, à l’épouvante, être affolé et affoler lui-même de toute la force de son affolement son assassin. La violence subie invite à la violence en retour : le meurtrier est envahi par les puissances de peur et d’effroi qui agitent la victime quand elle est ce « nouveau mort », assiégeant celui qui a versé son sang, lui disputant des lieux familiers et habitant à chaque instant la mémoire de son assassin. Si le meurtrier ne veut pas sombrer dans la folie, sinon davantage, il faut qu’il s’exile, qu’il déserte les lieux fréquentés par sa victime et lui-même, afin d’échapper à la force d’une souillure — colère qui se tourne, « prostropaïque » — vers son meurtrier, jusqu’à la possession et à l’identification (Marcel Detienne, Les dieux d'Orphée (2007), 2015 - books.google.fr).

Ce bannissement se retrouve dans le Jugement de Mantinée :

"A l'égard des coupables nous nous en sommes tenus au verdict suivant, à savoir qu'eux et tous leurs descendants mâles soient bannis à tout jamais du sanctuaire, après que nous, la déesses et les juges, avons mis en vente leur patrimoine, ceci appellera la bienveillance divine" (Laurent Dubois, Recherches sur le dilecte arcadien, 1988 - books.google.fr - books.google.fr).

Jean-Jacques Rousseau écrivit Le Lévite d'Ephraïm dans une période particulièrement tourmentée de sa vie au cours de laquelle il découvrait les séparatismes des castes et I'exclusion affective. S'il n'était pas répondu à ce besoin de liaison et de réciprocité, Le Lévite d'Ephraim indique sur quelle pente destructrice la collectivité ainsi carencée ne tarderait pas à s'engager. La pente qui la conduirait à vivre des événements semblables à ceux qui sont relatés au Livre des Juges, qui lui-même retrouve les récits mythologiques de l'Antiquité égyptienne : ceux du morcellement du corps d'Osiris, que sa mère tente de reconstituer indéfiniment, à chaque lever de soleil, sans pour autant parvenir à une résurrection complète. [...]

Le corps démembré de la concubine est non pas la métaphore assourdie mais bel et bien le symbole sanglant de l'état juridique, social et mental réel du peuple d'Israël où pareille abomination a pu se produire. Etat réel dont les Bnei Israël n'ont pas encore pris conscience et à quoi la vue du corps aux membres disjoints doit les confronter. [...]

Le respect de la loi se paie du viol de la loi. Afin que la loi de l'hospitalité ne soit pas violée, que le sens de l'intériorité physique, spatiale et juridique, ne soit pas souillé par les vauriens, il faudra payer ce prix : le viol de la concubine, à l'extérieur de la maison (h'outs) du vieillard. La souillure de I'extériorité épargnera celle de l'intériorité. Dès lors, le sens même de l'Etat de droit change. Il prend le signe négatif. Il ne s'agit plus de le faire respecter mais d'empêcher qu'il ne soit violé totalement en autorisant ce qui semble devoir se limiter à un viol mineur ou restreint. Découvrant que ce raisonnement est faux, que cette supputation s'est avérée illusoire, qu'il n'y a pas de viol qui puisse rester limité, que par nature le viol est absolu, le lévite conduit ce viol jusqu'à sa limite potentielle. D'abord il dépèce le cadavre - mise à nu, dévoilement du scandale - avant de le démembrer. Pas plus qu'un amas de bras, de jambes, et d'autres parties d'un organisme ne constitue un corps, une conjonction de tribus, un conglomérat d'individus sans lien entre eux, ne constituent un peuple.

L'absence d'une constitution ou sa violation expose la société qui n'y prend pas garde à rien moins qu'au démembrement. Une société sans constitution peut se donner l'illusion de l'unité et de la cohérence organique, elle peut se prétendre organisée. En réalité elle est semblable à cette concubine violée, à ce tas sanglant de membres désarticulés qui fut jadis un corps humain.

Le récit biblique qui sert d'argument à Rousseau forme charnière entre l'époque de l'individualisme, personnel ou tribal, des Bnei Israël (individualisme régressif au regard de ce que fut leur organisation lors de Ia Traversée du Désert) et celle de leur prochain passage à la royauté éthique et constitutionnelle.

Comme l'indique le tout premier verset du chapitre 19, elle est dépourvue de Roi. Autrement dit elle présente au regard de ses propres exigences constitutionnelles, énoncées au chapitre 17, du Deutéronome, un non-accomplissement patent, une grave carence. Est-ce à dire que, d'autre part, le peuple d'Israël soit livré à l'anarchie ? Le dernier verset du récit (chapitre 2I) permet une autre réponse : en ce temps là chacun faisait ce qui semblait bon et droit, mais à ses yeux. Un état de droit existe. Mais il est hétérogène, divergent, éparpillé par la multiplicité des appréciations purement subjectives dans une société où chacun tend également à se renfermer sur soi et chez soi. Enfin, cette absence de liaison collective ne permet plus d'apercevoir les altérations d'ensemble de la collectivité. Celles-ci ne se révèlent qu'après coup, de façon post-traumatique et de telle sorte que le traumatisme principal s'en trouve aggravé en devenant cause de traumatismes supplémentaires. Comment le peuple d'Israël, celui qui reçut la Torah au Sinaï et fit du respect de l'Etat de droit, la cause de son existence, comment ce peuple en est-il arrivé à cette sanglante régression ? Tel est l'objet de l'analyse du récit de Rousseau et, à partir de ce récit, du récit biblique sur lequel Rousseau s'appuie et dont il réactualise le thème en plein XVIIIe siècle.

La première carence concerne le droit public et elle affecte dangereusement la situation constitutionnelle d'Israël. En ce temps-là Israël était dépourvu de Roi. La gravité de cette absence est soulignée par le tout premier mot du récit : en hébreu Vayehi, qui ne doit pas être traduit indistinctement par "en ce temps-là" mais par la locution plus précise qui indique déjà la dimension de tragédie potentielle incluse dans le vocable hébreu originel : Vayehi : "en ce temps-là hélas".

La seconde carence concerne le droit privé et plus particulièrement le droit matrimonial. En Israël le statut légal de la femme est celui du mariage qui la prémunit contre le bon plaisir du mari par un contrat, la ketoubah, qui sanctionnerait la volonté abusive de mpture du lien conjugal. Le verset 2 nous confronte à une double anomalie, ou encore à une anomalie aggravée. L'homme des confins d'EphraTm qui prend une femme de Judah ne la prend pas pour épouse mais comme concubine (pilegech) en méconnaissance du droit matrimonial d'Israël. Circonstance aggravante : l'auteur de ce manquement est un lévite, c'est-à-dire un membre de la Tribu d'Israël électivement affectée au Service Saint du Sanctuaire où se trouvent déposées les Tables de l'Alliance. La structure du récit laisse pressentir que les événements tragiques qui vont se dérouler, s'ils n'ont pas été déterminés, au sens du déterminisme mécanique, par cette double carence ont pour le moins été favorisés par elle.

Depuis le don de la Loi, les Bnei Israël savent que leur existence est immédiatement régie par l'état de droit et non par la parole divine. La parole divine peut éclairer telle ou telle difficulté dans la compréhension de la loi ou dans son application mais non pas se substituer à I'état de droit ou, plus grave encore, le contredire. On remarquera alors la formulation exacte de la consultation initiale de Dieu. Les Bnei Israël ne consultent pas la parole divine sur le bien fondé de la guerre. Pour eux, la chose est d'ores et déjà jugée: cette guerre est juste. Il s'agit seulement de consulter Dieu sur la stratégie et la tactique. Dans ces conditions une telle consultation est privée d'une grande partie, sinon de la totalité, de sa signification (Raphaël Draï, Constitution juridique et violence sociale, Le Lévite d'Ephraïm de Jean-Jacques Rousseau - www.u-picardie.fr).

Trouve-t-on, avant Le Lévite, une lecture de la déchéance originelle comme malédiction liée à une naissance meurtrière ? Le seul crime primitif dans l'œuvre, était jusqu'ici l'imposture du premier propriétaire, et tout ce qui en découle. Avec Le Lévite, Rousseau fait entrer dans son œuvre toute la tradition de la lecture tragique du Mythos, et son ambivalence énigmatique. Œdipe est et n'est pas coupable; Benjamin est fils du deuil et fils de la droite; Rousseau est né pour le malheur, mais aussi pour le bonheur. Il reste que Rousseau, Benjamin et Œdipe sont maudits par un destin qui ne leur échappe jamais autant que lorsqu'il se dévoile à eux dans les oracles, ou qu'il renverse à leur insu le sens qu'ils donnent à leurs mots et à leurs actes mêmes. Le récit du Lévite a en effet également valeur prédictive; et raconte d'avance l'errance prochaine du héros, fugitif sur sa terre natale comme Oreste dans la prophétie de Cassandre: 'Un autre viendra, un vengeur, un fils né pour tuer une mère et faire payer le meurtre d'un père. Exilé, errant, banni de cette terre, il reviendra'. Comme le Rousseau part en quête d'un amour perdu; cette terre de Berne sur laquelle il se jette (p. 587), c'est sa belle, qu'elle se nomme Liberté retrouvée, Patrie perdue, ou encore Terre-Mère. Comme le lévite, celui qui se trouve repoussé d'Iverdun, de Môtiers ou de l'île Saint-Pierre subit la persécution de son peuple; ce philosophe errant se promène d'ailleurs, ne l'oublions pas, en lévite d'Arménien, et le voilà 'plus d'à moitié femme', tressant des lacets parmi les commères aux yeux des populations atterrées... qui n'iront certes pas jusqu'à vouloir le connaître bibliquement, mais au sein desquelles courra la rumeur qu'il est un 'coureur de Bordel', 'pourri de vérole'. Autres temps... Quoiqu'on pratique encore fort bien, à Môtiers, l'antique lapidation! Au reste, le vieillard hospitalier du récit ne s'incarne-t-il pas à merveille dans la personne 'vénérable' (p.596) de Mylord Maréchal ? Quant à cette amante retrouvée, puis froidement abandonnée à la meute, elle pourrait bien se nommer Citoyenneté genevoise, à moins qu'elle ne soit cette Liberté que Rousseau est prêt à échanger contre un emprisonnement ad vitam aeternam sur l'île des Bienheureux. Cependant, le récit du Lévite, comme celui des Confessions, racontent avant tout l'histoire d'une régénération; le sacrifice de la belle et le massacre de la plupart des Benjaminites rendront à Israël son intégrité perdue, en le lavant de la souillure de Benjamin (Jean-François Perrin, Le chant de l'origine: la mémoire et le temps dans les Confessions de Jean-Jacques Rousseau, 1996 - books.google.fr).

Mylord est George Keith, 10e comte Marischal (1692/93 – 28 mai 1778).

En arrivant à Motiers, j'avois écrit à milord Keith, maréchal d'Écosse, gouverneur de Neuchâtel, pour lui donner avis de ma retraite dans les états de sa majesté, et pour lui demander sa protection. Il me répondit avec la générosité qu'on lui connaît, et que j'attendais de lui. Il m'invita à l'aller voir. J'y fus avec M. Martinet, châtelain du Val-de-Travers, qui était eu grande faveur auprès de Son Excellence (Les confessions) (Darmstadt : La piste Darmstadtienne : Darmstadt, Wotan et Uranus (CEIL)).

Saül est choisi parmi les benjaminites, c'est-à-dire dans la tribu qui a fait l'expérience de la violence extrême, celle du viol, et celle de la guerre de représailles. une fois désigné, saùl sera confirrné de la manière suivante : par sa rencontre avec un groupe de prophètes. Au moment de cette rencontre lui-même prophétisera, assurant ainsi la jonction du politique et du prophétique, du pouvoir régulé par la constitution, par la Torah qu'il devra écrire de sa main, et inspiré par l'esprit divin. Mais en quel endroit cette jonction eut-elle lieu ? En une localité appelée... Guibâ de Dieu. S'agit-il de la localité où le viol de la concubine du lévite se produisit ? Probablement. [...] Environ un mois après que Saùl eut exposé au peuple le Droit du roi, qu'il écrivit ensuite dans un livre déposé devant Dieu (le roi doit connaître intégralement le texte de la Loi, qu'il doit ensuite rendre publique, avant de la disposer face à sa source de telle sorte qu'il n'en paraisse pas lui-même comme l' auteur et le détenteur), donc un mois après cette investiture, le territoire d'Israël est menacé par le roi ammonite Nah'ash (le Serpent). Nah'ash menace directement les habitants de la cité de Yabesh (sécheresse). Commence alors la défection sous I'emprise de la peur et apparaît de nouveau la menace contre l'unité d'Israël dont le roi Satl est à présent responsable. Car les habitants de Yabesh sont déjà disposés à se placer sous la "protection" de Nah'ash, prêts à signer avec lui un pacte de servitude. Mais les anciens de Yabesh gagnent du temps. N'ont-ils pas désormais un roi ? Et ce roi n'est-il pas en mesure de les secourir ? Comment Saùl régira-t-il ? L'on doit être attentif à la correspondance des symbolisations : "Quand Saül entendit ces choses, l'esprit de Dieu le saisit et il éprouva une grande colère. Il prit une paire de bæufs et la dépeça en morceaux qu'il envoya par messagers dans tout le territoire d'Israël avec ces mots : quiconque ne marchera pas à la suite de Saül ainsi en sera-t-il fait de ses bæufs. La crainte de Dieu s'abattit sur le peuple et ils marchèrent comme un seul homme." Quel est le sens de la menace proférée par le Roi et celui de son geste symbolique dont on aura remarqué qu'il reprend, en l'atténuant, par déplacement sur le corps d'un animal, rien de moins que le geste du lévite dépeçant puis démembrant Ia femme violée ? Saûl en appelle par cette voie à la cohérence de ce peuple et à son esprit de suite. Les Bnei Israël ne sauraient réclamer un roi, bénéficier de l'unité reconstituée, et continuer de traiter de gré à gré selon les circonstances avec n'importe quel roitelet ou chef de bande. (Raphaël Draï, Constitution juridique et violence sociale, Le Lévite d'Ephraïm de Jean-Jacques Rousseau - www.u-picardie.fr).

Le Yabesh en question est reconnu traditionnellement comme le Jabès-Galaad d'où viennent les filles de Silo (Dictionnaire universel et classique d'histoire et de géographie, Tome II, 1855 - books.google.fr).

David alla reprendre les os de Saül et les os de Jonathan, son fils, aux maîtres de Jabès en Galaad, qui les avaient dérobés de la place de Bethséan où les Philistins les avaient suspendus le jour où les Philistins avaient battu Saül sur Gilboa (L'Ancien Testament. Version de H. A. Perret-Gentil, 1866 - books.google.fr).

Arcadie et Mantinée : synoecisme et démembrement

Non seulement les Arcadiens sont déchirés en cités rivales, mais encore certaines cités connaissent en leur sein la guerre civile. L'intervention étrangère joue son rôle dans ces processus : Sparte préfère une Arcadie livrée aux luttes de rivalités entre les cités et évoluant dans la sphère de l'hégémonie lacédémonienne. Au contraire, la Paix du Roi est pour certains Arcadiens, et pour d'autres cités grecques, au IVe s., le moyen de pousser à l'unité arcadienne ou à la paix civile à l'intérieur des cités, tout en écartant Sparte. De ce fait, la symmachie, quand elle se manifeste au sein du koinon arcadien, est imparfaite : les gens d'Orchomène refusent de former une communauté militaire avec ceux de Mantinée qu'ils détestent, ceux d'Héraia et de Lépréon sont les amis de Sparte et Héraia refuse de faire partie de la symmachie arcadienne. Il faut revenir maintenant sur les cas de Mantinée et de Tégée qui permettent d'affiner ce tableau. Mantinée est décrite comme une ville remplie de maisons, ceinte de remparts et entourée de terres. Il s'agit donc bien d'une ville qui avec des institutions constituait une polis. Or, ce sont les Spartiates qui imposent à Mantinée une autre structure. On trouve chez Xénophon le terme de village (kômè) utilisé par Aristote dans le cas de l'ethnos. En effet, sous la pression spartiate, Mantinée prend un autre visage : «Ensuite le mur fut démoli et la population de Mantinée fut répartie en quatre villages comme elle l'avait été autrefois». Même si le retour au passé amène un nombre de village inférieur à celui du VIe s., il s'agit bien de dissoudre le synoecisme (S. Vilatte, Aristote et les Arcadiens, Ethons et Polis dans la Politique, Dialogue d'Histoire Ancienne, N° 10, 1984 - books.google.fr).

Lycaôn, le fils et successeur de Pélasgos, premier roi d'Arcadie, autochthone né de la terre, établit ce qui pourrait sembler un ordre plus culturel que la proto-civilisation de Pélasgos ; il fonde même la première ville, Lycosoura au pied du mont Lycée et instaure un culte à Zeus Lycaios. Ce n'est un culte qu'en apparence, tout comme le partage de Prométhée n'est qu'un semblant de sacrifice. En fait, il s'agit d'un repas monstrueux où il offre au dieu la chair d'un enfant mêlée à d'autres viandes. Zeus, conscient de la tromperie renverse la table du « sacrifice » - table qui symbolise la commensalité originelle -, foudroie les fils de Lycaôn et transforme celui-ci en loup. La royauté de Lycaôn, comme celles de Cronos et de Minos, est une est une royauté ambiguë ; elle occupe la même position dans le même schéma de succession à trois temps. L'intérêt du paradigme arcadien est qu'il nous renseigne sur la destinée du successeur du roi ambigu. Ce successeur, c'est Arcas, l'ancêtre éponyme des Arcadiens [dont le tombeau était à Mantinée]. Arcas, selon la version du mythe qui correspond le mieux aux traditions cultuelles du Lycée, est aussi la victime d'un repas monstrueux. Son corps sera découpé en morceaux, bouilli dans un chaudron par Lycaôn et recomposé par Zeus. Mort et ressuscité, Arcas devient le fondateur de l'Arcadie culturelle à laquelle il donne son nom. Avant lui, le pays s'était appelé Pélasgie, puis Lycaonie. La destruction des fils de Lycaôn - une progéniture mâle surabondante : cinquante fils - correspond structurellement au déluge et la passion d'Arcas au sauvetage de Deucalion. Avec le deuxième roi, l'histoire mythique aboutit à une impasse. Ce n'est qu'à la suite d'une aporie totale - progéniture de Cronos avalée, humanité détruite par le déluge, héritiers légitimes de Lycaôn anéantis - qu'un « miracle » ou une ruse permettra un nouveau départ vers l'humanité. Miraculeux survivant de la catastrophe, le troisième roi établira la première culture pleinement humaine caractérisée du côté d'Arcas par l'agriculture. L'homme est un mangeur de pain et les Arcadiens font d'Arcas un disciple de Triptolème. Le crime de Lycaôn est mis en rapport, dans la tradition grecque, avec le fameux sacrifice lycanthropique du mont Lycée, dont on rapporte qu'il était effectué tous les neuf ans. [...] Le sacrifice à Zeus Lycaios concerne d'abord l'affirmation, la re-création de la culture définie par Arcas. Le loup-garou, c'est l'expulsé, le marginal qui revient doté de tous les pouvoirs qu'octroie la liminalité. En même temps, sa présence périodiquement renouvelée définit de manière négative l'ordre culturel qui l'expulse. L'opposition Arcas-Lycaôn définit les cadres de « l'anthropologie » arcadienne (Philippe Borgeaud, Exercices de mythologie, 2004 - books.google.fr).

Royauté et tissage

Platon distingue cinq systèmes politiques correspondant à cinq formes d'âmes humaines. « S'il y a cinq formes de constitution, il doit y avoir aussi chez les particuliers cinq formes d'âme » (La République, 544e). Les cinq sont : monarchie (aristocratie), timocratie (recherche des honneurs), oligarchie (recherche des richesses), démocratie, tyrannie (violence).

Le dialogue du Politique, fait immédiatement suite à celui du Sophiste : il a lieu le même jour et dans la même scéance. Théodore prie aussitôt l'étranger éléate qui vient d'achever le portrait du sophiste de continuer par celui du politique ou du philosophe. L'étranger déclare qu'il commencera par celui du politique, et il prendra le jeune Socrate, son camarade, pour lui donner la réplique. Ce dialogue se divise en trois parties. La première est la définition du roi comme pasteur du troupeau humain ; la deuxième, la définition du tissage, pris comme exemple pour aider à celle de la fonction royale ; la troisième, la plus longue, achève la définition du roi, assimilée à un tisserand (Autour de Rennes le Château : Messie, Messias).

Aipytos, roi d'Arcadie fils d'Hippothoos, provoque le dieu par un acte impie : il rompt le fil de laine qui interdit le hiéron de Poséidon Hippios à Mantinée. Une «vague marine» le rend aveugle.

Le fil d'Ariane

Sur la carte du ciel projeté sur la carte du département de l'Aude, les constellations d'Hercule et de la Couronne boréale se trouvent dans le golfe du Lion. La couronne boréale serait la couronne d'Ariane.

Cette couronne qu'on appelle boréale, pour la distinguer de celle qui est au midi près du Sagittaire, passe pour avoir appartenu à la fille de Minos, à Ariadne, et avoir été placée aux cieux par Bacchus son amant. On raconte que cette jeune princesse, s'étant mariée à Bacchus dans l'île Dia, ou au Dieu des vendanges auxquelles cette constellation préside par son lever, elle reçut cette couronne, en présent de noces, de la main de Vénus qui préside à la balance, et de celles des heures. Elle avait été fabriquée par Vulcain qui préside aussi, comme un des douze grands Dieux, à la balance avec laquelle la couronne boréale se lève. D'autres disent que Bacchus, étant venu en Crète chez Minos pour jouir des faveurs d'Ariadne, il lui fit présent de cette couronne dont l'éclat la séduisit et la fit consentir à accorder ses faveurs à Bacchus. On dit que Vulcain l'avait composée d'or et de pierres précieuses de l'Inde, dont le brillant servit à éclairer Thésée dans les sentiers obscurs du labyrinthe. On dit aussi que ce sont les cheveux de cette princesse que l'ont voit près de la queue du lion. Elle a neuf étoiles posées circulairement, dont trois sont très brillantes près de la tête du serpent. Ceux-ci en font une couronne de lierre. Ils disent que c'est elle que portait Bacchus, et qu'il quitta et plaça aux cieux après le mort d'Ariadne, pour être un monument de ce malheur. Ceux-là en font un monument de son hymen avec Bacchus.

L'île Dia a son pendant en l'île d'Yeu, près du sommet du 19 avril du petit nonagone. La projection de l'île d'Yeu sur le calendrier nonagonal donne le 26 avril. Ariane et Dyonisos furent appelés du nom de Libera et Liber et associé à Cérès lors des fêtes des Cerealia du 19 avril (Autour de Rennes le Château : Retire-moi de la boue : la couronne boréale).

Le sort de Thésée, tel celui du « troisième roi », est distinct de celui de ses compagnons. Alors que ces derniers sont les victimes du Minotaure ou se perdent à jamais dans le labyrinthe, Thésée, grâce à son pouvoir héroïque, tue le Minotaure et ressort du labyrinthe à l'aide du fil d'Ariane. Tuer le Minotaure et être en possession du fil d'Ariane, voilà deux signes qui caractérisent le héros comme un homme de la mémoire. Thésée échappera à la régression liminale imposée à ses compagnons par Minos. Il s'identifie au troisième souverain, rescapé miraculeux de la catastrophe qui emporte ses congénères. Après la victoire, les jeunes gens qu'il ramène de Crète seront les citoyens de la nouvelle cité qu'il fonde. En opérant le synoecisme - la réunion en unité politique des communautés attiques jusqu'alors dispersées - et en instituant les Panathénées, consécration rituelle de la réunion en cité, Thésée devient, en effet, le véritable fondateur de l'Athène culturelle (Philippe Borgeaud, Exercices de mythologie, 2004 - books.google.fr).

Vivre avec les loups

Mais le triste Gallus leur répondait : "Vous direz pourtant, Arcadiens, vous les seuls habiles à chanter, vous direz mes tourments à vos montagnes. O que mes os reposeront mollement, si, votre flûte un jour redit mes amours ! Que n'ai-je été l'un de vous ? que n'ai-je ou gardé vos troupeaux, ou vendangé avec vous la grappe mûre ! Soit que j'eusse brûlé pour Phyllis, soit que j'eusse aimé Amyntas (qu'importe qu'Amyntas ait le teint hâlé ? les violettes sont brunes, et brune est l'airelle), il serait couché près de moi entre les saules et sous des pampres verts : Phyllis me tresserait des guirlandes, Amyntas me chanterait ses airs. Ici sont de fraîches fontaines, ici, Lycoris, de molles prairies, ici des bois : ici je vivrais, je finirais mes jours avec toi. Mais un amour insensé te retient loin de moi, au milieu des armes du cruel Mars, des traits homicides, des ennemis menaçants. Loin de ta patrie (ah, que n'en puis-je douter ?) tu affrontes seule et sans moi, cruelle, les neiges des Alpes et les frimas du Rhin ! Ah, que les froids ne te blessent pas ! que les âpres glaçons ne déchirent pas tes pieds délicats ! (Virgile, Bucoliques, X, traduction de la collection M. Nisard, Paris, 1850 - bcs.fltr.ucl.ac.be).

Publiée en 37 avant J.C, c’est-à-dire plus tardivement que les autres bucoliques (entre 43 et 39 avant J.C), la dernière bucolique met en scène le personnage de Caius Cornelius Gallus, à la fois homme politique et poète, ami et contemporain de Virgile, qui connaîtra un sort tragique, puisque accusé et condamné par le sénat, disgrâcié par Auguste lui-même, Gallus verra ses biens confisqués et finira par se suicider en 26. Avant ces événements, Virgile nous propose ici un personnage victime de la passion: sa maîtresse Lycoris, une actrice qui aurait de fait chanté les premières bucoliques l’a abandonné pour suivre un centurion envoyé vers une garnison lointaine. Gallus, dont la bucolique rapporte ici les paroles, cherche alors l’oubli dans l’évocation d’une Arcadie mythique qui lui offrirait un refuse contre la puissance tyrannique de l’Amour (lewebpedagogique.com).

Cornélius Gallus avait écrit quatre livres d'Amours, adressés à Lycoris et plus d'une fois cités avec éloge par Properce, Ovide et Martial. Cette Lycoris, qui était comédienne, portait sur la scène le nom de Cythéris, elle s'appelait d'ailleurs Volumnia, parce qu'elle était l'affranchie de Volumnius Eutrapelus. Elle fut d'abord aimée de Marc-Antoine qui la quitta pour épouser Fulvie. Cornélius Gallus s'attacha à elle vers cette époque ; ils pouvaient avoir tous les deux environ vingt-huit ans. Cet amour dura jusqu'au moment où Lycoris abandonna Gallus pour suivre en Gaule un officier de l'armée d'Agrippa, qui dirigeait une expédition sur le Rhin en 717 (avant Jésus-Christ 37). Gallus était alors occupé à défendre les côtes de l'Italie contre les dévastations des flottes de Sextus Pompée. Entre lui et Virgile existaient d'anciennes relations d'amitié (voy. l'Églogue VI); la X° Églogue semble avoir été écrite à l'occasion de la circonstance que je viens de rapporter, au printemps de l'année 717, à Naples (Les oeuvres de Virgile, présenté par Eugène Benoist, 1867 - books.google.fr).

Lycoris signifierait "crépuscule" (à comparer au prénom Aurore). On a parfois supposé que le choix du prénom Lycoris pour Cytheris était lié à sa ressemblance phonétique avec Lycos (loup) et au double sens de l'équivalent latin lupa. Le nom Lycoris a d'ailleurs été donné à une chienne (lice) par La Fontaine (1621-1695) : Adonis (www.amaryllidaceae.org - Lycoris).

Avant d'être un type martialien, Lycoris est un nom qui dérive du grec "lukos" «le loup», lequel renvoie symboliquement à la nuit et au noir (1, 72, 5-6 ; 4, 62 ; 7, 13). L'accumulation des adjectifs (nigra, fusca, à quoi on peut ajouter lusca en 3, 39) fait de Lycoris un être dédié au noir, et donc en-dehors des canons de beauté de l'époque, qui privilégiaient la blancheur du teint. L'opposition, aux vers 1, 72, 6, entre cerussata et Lycoris prouve la motivation du nom propre (Daniel Vallat, Onomastique, culture et société dans les Épigrammes de Martial, 2008 - books.google.fr).

Benjamin, fils de Jacob, est comparé au Loup par son père.

Comme le matin signifie littéralement le point du jour et le soir son déclin, l'écrivain sacré put, sans difficulté, employer ces mots dans un sens métaphorique, pour représenter le commencement et la fin des diverses œuvres qui sont attribuées à chaque période successive dans l'histoire de la création. Cette signification des mots soir et matin n'est point particulière au premier chapitre de la Genèse. Chacun se rappelle la fameuse prophétie de Jacob, dans laquelle le grand patriarche, à l'approche de la mort, jetant un regard sur l'avenir, esquisse, comme d'après une vision qui eût passé devant ses yeux, les principaux événements qui marqueront la carrière des douze tribus. Il s'adresse en dernier lieu à Benjamin, le plus jeune de ses enfants, et lui dit : « Benjamin sera rapace comme un loup; le matin (boker) il dévorera la proie, et le soir (ghereb) il partagera les dépouilles (Gen. XLIX,27). » Nous ne voulons point discuter le sens exact de ce passage, qui est pour le moins obscur et qui a donné lieu à diverses interprétations. Il suffit, pour le but que nous nous proposons, d'observer que beaucoup de Pères appliquent ces mots directement à saint Paul, qui était de la tribu de Benjamin, et qui le matin, — c'est-à-dire dans sa première jeunesse, — se montra un loup rapace en persécutant l'Église, pendant que le soir, — c'est-à-dire vers la fin de sa vie, — il distribua le pain de la doctrine chrétienne comme prédicateur de l'Évangile. « Il est évident pour tous, dit saint Jérôme, que cette prophétie s'applique à l'apôtre Paul, puisque dans sa jeunesse, il persécuta l'Église, et dans sa vieillesse, il prêcha l'Évangile. » (Gérald Molloy, Géologie et révélation: ou, Histoire ancienne de la terre, traduit par l'abbé Hamard, 1875 - books.google.fr).

Dans les montagnes de Galaad, il tombe aussi beaucoup de neige en hiver (Dictionnaire de la Bible, ou Concordance raisonnée des Saintes Écritures, 1865 - books.google.fr).

Les pluies sont ordinairement très-abondantes en Palestine pendant les mois de décembre et de janvier; et, dans les lieux élevés, comme le sont Nazareth, Jérusalem, Bethléem, elles se changent quelquefois en neige. Fréquemment, pendant le mois de février, on voit de la neige sur les hauteurs. L'Ecriture fait souvent mention de neige et de glace. « Le Seigneur envoie la neige comme la laine, dit le Psalmiste, et il répand les frimas comme la cendre. » (Ps. cxLvII, 16.) Il est dit au premier livre des Maccabées que Tryphon ne put aller à Galaad avec sa cavalerie, parce qu'il y avait beaucoup de neige. (xIII, 22.) On lit au livre de Job : « Les eaux se couvrent comme d'une pierre, et la surface de l'abîme devient solide. » (XXXVIII, 50.) (M. Mislin, Les Saints Lieux Pélerinage à Jersalem, 1858 - books.google.fr).

Alors que Stéphane Mallarmé dans Rève antique (1859) la fait blonde, Lycoris semble avoir été brune au temps d'Octave.

Un tiers environ des emplois de fuscus concerne le visage humain, mais il est nécessaire de distinguer entre les différents degrés de la pigmentation. En premier lieu, dans la race blanche, il représente, d'une façon générale, le type méditerranéen à teint brun (Vitr. VI, 1, 5, gentes... colore fusco) par opposition au type pâle des nordiques (Ibid., candidis coloribus). Puis, à l'intérieur de ce groupe, il qualifie les individus les plus bruns et offre ainsi un degré plus foncé : hommes ou femmes bronzés par les travaux des champs (Virg., Egl. X, 38) ou les exercices de la palestre (Ov., A. A. I, 511), surtout dans la poésie élégiaque (Prop. II, 25, 42; Ov., A. A. Il, 657; III, 191, etc.) dont la comparaison des divers teints féminins était un des thèmes. Ainsi Ovide introduit une distinction entre fusca et nigra (A. A. II, 657; Rem. Am. 327) et la brune Lycoris revient noire de Tibur où le soleil l'a affreusement hâlée (Mart. VII, 13, 2, fusca Lycoris... nigra redit). Un tel teint était peu apprécié et Ariane ne s'étonne point de se voir préférer une rivale au teint blanc (Ov., Fast. III, 493) (Jacques André, Étude sur les termes de couleur dans la langue latine, Numéro 7 de Études et commentaires, 1949 - books.google.fr).

Sans doute je suis trop noire, et la rivale que tu me préfères est éblouissante de blancheur ! (Ovide, Fastes III : Mars, traduction de M. Nisard, Paris, 1857 - bcs.fltr.ucl.ac.be).

Hésiode voyait Ariane plutôt blonde.

Virgile peut être l'ami et le nautonier de l'arche de la strophe des Poissons du Serpent rouge. Selon la numérologie en 9 chiffres, proposée dans le premier ouvrage de Numérologie sorti aux Etats-Unis vers 1905, signé de Mrs L. Dow Balliett (The Day of Wisdom According to Number Vibration), VERGILIUS, le nom latin de Virgile, vaut 50 (4+5+9+7+9+3+9+3+1), comme HEXAGRAMME (8+5+6+1+7+9+1+4+4+5), synonyme de Sceau de Salomon (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Poissons, L’étoile hermétique : Alchimie).

50 renvoie encore aux 50 portes de l'Intelligence (cf. supra), c'est le nombre de la lettre hébreue nun (poisson).

Exclusion et réintégration des tibicines

Tibur, ville où est allée brunir Lycoris, est le lieu d'exil des tibicines, joueurs de flûtes (tibia), chassés de Rome.

L’usage d’une trompette rituelle pour accompagner certains sacrifices est bien connue à Rome, et l’utilisation de tibiae, préférée à certains moments aux tubae, pour entraîner et rythmer les gestes du combat est signalée, comme le rapporte Aulu-Gelle (Nuits Attiques, I, 11), aussi bien par Thucydide (V, 70, à propos des Lacédémoniens à Mantinée) que par Hérodote, I, 17, au sujet du roi lydien Alyattes. (Jean-Marie Pailler, Les musiciens du culte Et les aulètes refusèrent de chanter les dieux… (Plutarque, Question Romaine 55), Chanter les dieux, 2001 - books.openedition.org).

Là-dessus les deux armées s'avancèrent ; les Argiens et leurs alliés au pas de course et avec impétuosité ; les Lacédémoniens à la cadence lente des flûtes nombreuses réparties dans les rangs, selon le règlement pour le combat ; ce n'est pas là un usage religieux, mais un moyen de régler le pas et d'avancer en mesure, sans ouvrir les rangs, ce qui arrive souvent aux armées importantes, quand elles « accrochent » l'ennemi.

L'allure au pas cadencé était donnée aux Lacédémoniens par la flûte, comme par le fifre autrefois chez nous et encore dans l'armée allemande. Cet instrument réglait à bord la cadence de la vogue, de même que les mouvements des gymnastes. L'habitude de jouer de la flûte dans toutes les cérémonies religieuses explique la remarque de Thucydide. (Thucydide, Histoire de la guerre du péloponnèse, Livre V, traduit par Jean Voilquin - remacle.org).

La tibia inventée par Minerve est traitée par celle-ci, malgré la fierté que la déesse tire de son invention, avec un certain mépris, à cause précisément de son premier instrumentiste, un satyre vulgaire et présomptueux qui voulut se mesurer à Apollon : de toutes les créatures de la mythologie, Marsyas est assurément, aux yeux d’un Romain, l’une des plus plébéiennes. En second lieu, l’expérience réelle du monde antique nous offre l’exemple d’une semble de techniques nobles, placées au sommet de l’échelle des valeurs, et dont les médiateurs humains ne font guère l’objet d’une valorisation sociale.

Ce comportement est en vérité conforme à l’image des plébéiens présentée par la vulgate aristocratique romaine dans la tonalité que lui confère, par exemple, l’œuvre d’un Tite-Live. Dans le passage qu’il consacre à l’épisode, l’historien latin qualifie ainsi l’attitude molle et dépravée des joueurs de tibia de « bien digne de gens d’une aussi basse condition… » Même si les commentaires anciens ne le formulent pas, une autre sécession, celle de la plèbe sur l’Aventin – l’Aventin où se conclut, on l’a vu, la sarabande de nos musiciens – fournit certainement aux yeux des Romains la toile de fond et le thème de référence par rapport auquel situer la désertion des tibicines. Certes, le nouvel épisode est d’importance beaucoup plus limitée. Certes, il ne s’agit ici que d’« affaires religieuses » apparemment de peu d’importance, et non pas, ou pas directement, du salut politique et militaire de Rome. Mais dans un cas comme dans l’autre ce sont bien les basses classes de la population qui sont censées révéler leur vrai visage, et que les magistrats et le Sénat veulent à tout prix se réconcilier, parce que leur concours est malgré tout indispensable à l’ordre de la cité.

L’étiologie de la fête annuelle des tibicines s’inscrit, malgré sa modestie, à l’enseigne de ces grands moments mythico-historiques de l’histoire de Rome qu’avaient été la sécession sur l’Aventin, déjà évoquée, et, plus en amont encore, la guerre fondatrice des Latins et des Sabins conclue par la royauté commune de Romulus et de Titus Tatius. Pour traduire cet éclat suivi d’un apaisement et d’un enrichissement, rien ne pouvait mieux convenir que les accents tour à tour tendus et harmonieux de la tibia sacrée, par laquelle un pouvoir divin s’insinuait dans le corps des hommes, ainsi que nous le rappelle Aulu Gelle à propos de la guérison des maux de hanche : si modulis lenibus tibicen incinat, minui dolores […] Tanta prorsus adfinitas est corporibus hominum mentibusque… (Nuits Attiques, IV, 13) : « Si le tibicen fait entendre un chant doucement modulé, la douleur s’apaise […]. Si étroite est la relation entre l’âme et le corps de l’homme. » Que la tibia soit médiatrice apaisante entre l’âme et le corps, comme le tibicen entre la cité et ses dieux, est une leçon assez inattendue, mais non moins profonde, de la petite histoire rapportée par Plutarque (Jean-Marie Pailler, Et les aulètes refusèrent de chanter les dieux… (Plutarque, Question Romaine 55), Chanter les dieux, 2001 - books.openedition.org).

Le cœur du problème, on l’a vu, consiste dans les sacrifices. C’est sur leur irrégularité, leur incomplétude, lorsqu’ils sont pratiqués hors la présence et l’intervention des tibicines consacrés, que porte l’inquiétude propre à la religio romaine (Tite-Live, IX, 30, 6 : eius rei religio tenuit senatum). Insistons : les textes demeurent dans l’implicite à ce propos, parce qu’il n’était pas besoin de rappeler au lecteur romain certaines évidences. Il ne devait manquer à Rome ni de tibiae ni d’exécutants susceptibles de remplacer techniquement les exilés de Tibur. Mais ceux-ci sont partis « en corps constitué » (Tite-Live, ibid., 5 : Tibur uno agmine abierunt). C’est ce « corps » collectif qui est irremplaçable. Le problème était bien de nature religieuse, ou pour mieux dire mythico-rituelle. L’ensemble du récit, de sa trame et de ses protagonistes a pour but de rappeler que la validité de cet acte majeur du rituel romain est assujettie à des conditions très précises, qui s’étendent même à ceux que l’on serait tenté de ranger dans la catégorie des « personnels auxiliaires ». L’irrégularité rituelle allant souvent de pair, dans les récits de l’ancienne histoire de Rome, avec des irrégularités d’ordre institutionnel, on ne s’étonnera pas que Tite-Live, très attentif à ce type de phénomènes, mentionne, dans les lignes qui précèdent immédiatement, toutes les anomalies de l’année 311 (Jean-Marie Pailler, Et les aulètes refusèrent de chanter les dieux… (Plutarque, Question Romaine 55), Chanter les dieux, 2001 - books.openedition.org).

La tribu de Benjamin ou ce qu'il en reste est aussi indispensable à la représentation que se font les enfants d'Israël de leur communauté. L'épisode des Juges n'est pas relaté pas sur le même mode que l'aventure carnavalesque des tibicines.

Les paysages de Crognaleto dans les Abruzzes pourraient avoir servi de modèle à Nicolas Poussin pour son tableau des Bergers d'Arcadie.

Il y a à Crognaleto une Madone della Tibia, chapelle construite en 1617. Près de là un certain Achille di Giorgio découvrit un trésor de 167 monnaies en argent de la République romaine (quand ? XIXème siècle) (Autour de Rennes le Château : Les Bergers des Abruzzes : Crognaleto).

La petite église de la Madonna della Tibia, fut construite en 1617 comme ex-voto de Bernardo Paolini, est à l'origine un refuge pour pèlerins. Paolini, marchand de bestiaux de la ville d'Amatrice, tomba de cheval et se cassa un tibia. Il pria la Madone pour renter chez lui. La dévotion à Notre-Dame du Tibia fait partie du culte marial populaire dit des « Sept Soeurs ». C'est une ancienne croyance populaire, de caractère extraliturgique, très répandue dans les zones rurales. Selon cette croyance, les églises dédiées à la Vierge ont été regroupées au nombre de sept et disposées de telle sorte que de chacun d'elles, on peut voir les autres.

Amatrice est une commune de la province de Rieti dans le Latium en Italie. Elle a été partiellement détruite par un séisme le 24 août 2016. Vers 1265, sous le règne de Manfred Ier de Sicile, Amatrice passe définitivement au royaume de Naples (fr.wikipedia.org - Amatrice, www.alpinicrognaleto.it, Gabriele Tardio, Le leggende delle Sette Madonne Sorelle, 2008 - www.lavalledeglieremi.it).