Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Un alignement inattendu : la ligne gnostique   

Une ligne gnostique inattendue passe par la Roque Mude et Alet qui, par leur nom, renvoie à une terminologie gnostique : Sigé (le silence) et Aletheia (la Vérité). En prolongeant la droite, on atteint Douzens d'un côté, et le Plateau de Beille de l'autre. A Douzens, le lieu-dit Hirondelle nous parle de SIS qui en hébreu signifie le nom de ce volatile et Beille par apocope donne BEIL. SIS et BEIL apparaissent sur la dalle de Coumesourde au recto et au verso tels que rapportés par Gérard de Sède.

La devise du Serpent rouge " LENE BUXEUM - EOUS SCAPHÆ " semble indiquer des étymologies aventureuses de lieux liés à la ligne gnostique et au sceau de Salomon (voir Autour de Rennes : Etoile à deux niveaux).

Lene : La Lène est une rivière coulant à Magalas, assonnant avec Magdala, dans le prolongement nord-est de la ligne gnostique qui passe aussi par Escale (doublet de Lescale) et par Quarante (nombre de degré de l'angle intérieur du nonagone).

Le Moulin de Lène se trouve proche de la source de Jambe torte (www.moulindelene.com).

Cette source, correspond au point d'entrée en souterrain du canal à ciel ouvert, dont le tracé peut être restitué avec dans cette zone (nombreux vestiges). Cet aqueduc souterrain conduit les eaux captées dans le bassin de Tongue-Lène vers les ouvrages de collecte des sources du bassin du Badaoussou-Libron et, de là, vers Béziers. Il a une longueur de 1.300 m, depuis Jambe-Torte, tête amont de l'ouvrage à la cote 118,5 NGF, jusqu'au lieu-dit La Magdelaine, tête aval de l'ouvrage en rive droite du Badaoussou (fig. 26). L'existence d'une chapelle de ce nom est attestée, au Nord-Est des vestiges d'une galerie enterréede l'aqueduc. En rive gauche du Badaoussou, une croix semble être le dernier témoin dece lieu de culte. La "source" de Jambe-Torte actuelle, est alimentée par l'eau drainée par cet aqueduc: eau de source, drainage des eaux pluviales infiltrées dans les couches géologiques plus profondes ou "Pleurs de terre" des Consuls de Béziers ? Cet ouvrage doit être obstrué par des éboulements, ce qui explique l'écoulement de l'eau à contre-pente du fil d'eau de l'aqueduc romain (Jean-Louis Andrieu, Annales littéraires de l'Université de Besançon, 1990).

Les premières mentions écrites de MAGALAS remontent à 1060, 65, 89 et 1132 sous le vocable " Castrum MAGALATIUM " (cartulaire des abbayes de Gellone et Aniane). La porte la plus importante toutefois est la plus ancienne, d'accès au sud elle porte le nom du seigneur de Magalas : Laurent. Le village compte à ce moment là trois cent âmes. La chapelle du château reçoit le même patron et devient dès 1270 église paroissiale. De belles proportions, romane, remaniée au XIVème et XVème siècles, elle fut en 1974 l'objet de restaurations importantes qui lui donnent un lustre nouveau. Son portail nord surmonté d'un arc surbaissé formant porche figure sur la liste des monuments historiques. Quand le peuple de Magalas marqua une dévotion plus soutenue à Sainte Croix et que prit plus grande extension le pèlerinage à la chapelle des garrigues, Saint Laurent dont on célébrait solennellement la fête le 10 août fut abandonné et le 3 mai devint la fête religieuse et civile avec marché, ripailles et jeux pour honorer la Sainte croix (www.magalas.fr).

Magalas : ce nom vient-il de l'expression maagal, qui signifie route en hébreu ? De là le nom de Magala, lieu où les Israélites étaient campés lorsque David combattit Goliath ; de Magala, ancienne ville d'Espagne (Jacques Azaïs, Auguste Duran, Dieu, l'homme et la parole; ou, La langue primitive, Bulletin de la Société archéologique de Béziers, 1853).

La ligne "gnostique" serait un chemin, mais d'où part-il (Magalas ?) et où arrive-t-il (Plateau de Beille ?) ?

Buxeum est l'étymologie de Buc de Belcastel-et-Buc.

Eous reprend Eus, village des Pyrénées Orientales, à côté de Prades (doublet de Prades dans les Hautes-Pyrénées). Eus est aligné avec Brugairolles et Alet. Eous est, dans la mythologie grecque, le nom d'un des chevaux du Soleil (un cheval est sur le blason du Serpent rouge avec une amphore indiquant qu'il faut peut-être aller voir du côté de l'antiquité gréco-romaine), avec Pyrous (voir Pyrénées ?), Aithon et Phlegon.

Eus revendique le titre du village le plus ensoleillé de France et a attiré la Fondation Boris Vian. L'église est dédiée à saint Vincent de Saragosse (22 janvier) et à saint Gaudérique ou Gaudéric qui est un saint local de Perpignan (fête le 16 octobre). C'est un saint laboureur du 9e siècle, enterré à Viéville aujourd'hui Saint-Gaudéric dans l'Aude. Sa châsse est vénérée à Perpignan. Il est patron du Roussillon, de Perpignan, de Saint-Martin du Canigou, de Mirepoix. On l'invoque pour obtenir la pluie parce qu'il avait fait jaillir du sol une fontaine. On le représente avec un bâton ou un épi de blé (Retable de Louis Généres, 1685, cathédrale de Perpignan qui provient de l'abbaye de Saint-Martin du Canigou), ou encore accompagné de son attelage de bœufs. Saint Gaudérique est représenté en sculpture dans le retable de saint Sébastien en l'église paroissiale Saint-Julien et Sainte-Basilisse de Mosset (www.culture.gouv.fr - Saint Gaudérique).

Saint Julien est le saint patron de Brugairolles.

Saint Gaudéric planta son bâton en face de l'église de Viéville et pénétra à l'intérieur de celle-ci, lorsqu'il ressorti, le bâton s'était transformé en ormeaux. Il existe une relique de ce Saint, son petit doigt, qui est gardé au village de Fanjeaux, elle revient au village lors de manifestations importantes (fr.wikipedia.org - Saint-Gaudéric).

Scaphae est plus difficile à déterminer : peut-être Escapat de Villeneuve-Minervois, sommet du sceau de Salomon.

L'enseignement original de Valentin n'a survécu qu'à travers quelques fragments cités par Clément d'Alexandrie (Stromates), Irénée de Lyon (Contre les hérésies) et Hippolyte de Rome (Refutatio), ce qui est bien maigre. Certains sont prêts à lui attribuer la composition de l'Évangile de vérité, connu d'Irénée (Contre les hérésies, III,11,9) et dont une version copte fut découverte à Nag Hammadi, mais cela reste une hypothèse difficile à prouver. Dans ces conditions, il est préférable de se tourner vers la version du mythe valentinien élaborée par Ptolémée, disciple de Valentin, qui fait l'objet d'un exposé détaillé dans ce qu'il est convenu d'appeler la "Grande Notice" d'Irénée de Lyon (Contre les hérésies, I, 1-9). 1) Le Plérôme est constitué de 30 éons, ou entités spirituelles (ogdoade, décade, dodécade), émanés par paires androgynes à partir de la dyade originelle, le Père de toutes choses, appelé " Abîme ", et sa conjointe " Silence ". Ils engendrèrent l'Esprit et la Vérité ; de l'Esprit et la Vérité naquirent le Verbe et la Vie ; ceux-ci à leur tour donnèrent naissance à l'Homme et à l'Église. L'Homme et l'Église engendrèrent douze Eons ; il en naquit dix autres du Verbe et de la Vie. Ainsi se complètent les trente Eons, qui au moyen d'une huitaine, d'une dizaine et enfin d'une douzaine, constituent le Plérôme. Un drame va troubler l'harmonie du Plérôme du fait que seul " Esprit ", le premier éon émané du Père, est à même de le connaître. Le trentième de ces Eons, le plus jeune des éons, Sophia, voulut contempler Bythos, et pour le contempler il osa monter dans les régions supérieures du Plérôme. Mais comme il n'était point assez fort pour soutenir les rayons de sa grandeur, il fut pris d'une grande défaillance, et il serait retombé dans le néant, si celui qu'ils appellent Horos, envoyé pour le rassurer, ne l'avait réconforté en lui criant Jao. Prononciation ou Parole est le nom de ce dernier. Remise à sa place, sa " tendance " désordonnée (enthumêsis) est expulsée hors du Plérôme. Une fois que tous les éons auront été consolidés, ils vont émettre le "Sauveur " et son escorte d'anges pour qu'ils aillent hors du Plérôme s'occuper de l'émanation informe de Sophia, appelée Achamoth. Cette dernière produit la substance hylique (matière), la substance psychique et la substance pneumatique qui entreront dans la fabrication du cosmos et de l'humanité. 2) Achamoth façonne un " Démiurge " avec la substance psychique, un dieu inférieur qui ignore tout du monde spirituel au-dessus de lui. Celui-ci se fabrique alors un monde matériel (cosmos), puis fait l'homme avec la substance hylique, dans laquelle il insuffle une âme psychique. C'est à son insu qu'Achamoth dépose la semence spirituelle dans l'âme humaine, afin que cette semence informe puisse croître et recevoir une formation de gnose en vue de son salut. 3) Les êtres humains se répartissent en trois natures : les pneumatiques (ou gnostiques), qui seront nécessairement sauvés, les psychiques (les croyants ordinaires de l'Église), qui peuvent espérer un salut éternel, mais inférieur à celui des pneumatiques, seulement s'ils se laissent raffermir par la foi et les bonnes œuvres, et enfin les hyliques (le reste de l'humanité), qui seront finalement détruits avec le cosmos. 4) La conception du salut est relativement simple: toute la substance pneumatique doit retourner dans le Plérôme, véritable chambre nuptiale où les êtres pneumatiques s'uniront avec les anges du Sauveur pour former des syzygies éternelles, à l'exemple du Sauveur et d'Achamoth. Quant aux psychiques qui auront pratiqué les bonnes œuvres, ils auront droit au repos en compagnie du Démiurge à l'extérieur du Plérôme, dans le lieu laissé vacant par Achamoth et le Sauveur. Car rien de psychique ne peut pénétrer dans le Plérôme. Cette doctrine, à quelques variantes près, représente l'âge d'or du mouvement valentinien, au temps de Ptolémée, Héracléon et Théodote, à la fin du IIème siècle et dans les premières décennies du IIIème siècle (Pierre Létourneau, Croyances et contraintes sociales : l'évolution du mouvement valentinien).

La doctrine des Ophites sont une variation de la gnose de Valentin, mais a pu varier selon les différentes chapelles qui les composaient.

Sur la tétrade céleste. Avant tout commencement était l'Etre infini, Bythos, appelé aussi source de lumière et premier homme. De lui émana d'abord sa pensée, Ennoia, appelée aussi Sigé et second homme. De l'union de Bythos et d'Ennoia naquit Pneuma, dite mère des vivants et sagesse d'en haut ou Sophia céleste. Ravis de sa beauté, Bythos et Ennoia la fécondèrent, et en eurent un être parfait, nommé Christos. Bythos, Ennoia, Pneuma et Christos forment la tétrade céleste, qui est l'Assemblée sainte ou la sainte Eglise céleste. Sur Sophia-Achamoth et Jaldabaoth. En même temps que Pneuma, fécondée par Bythos et Ennoia, produisait Christos, être parfait, elle produisit aussi Sophia-Achamoth, être imparfait. Christos est dit encore le mâle et le droit ; et Sophia-Achamoth la femelle et la gauche. Celle-ci reçut de Pneuma la mission d'animer le chaos, sur lequel planait cette mère de toutes choses, mais qui était trop impur pour qu'elle pût se mettre en rapport avec lui. En recevant cette mission, Sophia-Achamoth fut remplie de joie, cl se hâta d'aller l'accomplir. Mais elle fut bientôt enlacée dans le chaos et la matière, au point d'y perdre une partie de sa lumière. En cet état, elle enfanta Jaldabaoth, qu'elle chargea, à son tour, de former et d'animer le monde. Et quand elle eut enfanté ce Démiurge, elle désira se relever de l'abaissement où elle était tombée. Mais elle ne put parvenir à la demeure de la tétrade céleste, au plérôme, et s'arrêta dans une région moyenne, où elle reçut une lumière plus pure et se lava de ses souillures matérielles.

Sur l'Ogdoade. Pour s'acquitter de l'emploi de créateur que lui avait donné sa mère, Jaldabaoth produisit un ange qui était son image : celui-ci en produisit un second ; ce second un troisième ; ce troisième un quatrième ; ce quatrième un cinquième : ce cinquième un sixième. Tous les sept ils se réfléchissent l'un l'autre, quoique différents ; et habitent chacun un monde différent, au-dessous de celui de leur mère commune, Sophia-Achamoth, avec qui ils forment l'ogdoade. Les noms de ces six anges sont Iao, Sabaoth, Adonaï, Eloï (peut-être il y a-t-il un rapport avec saint Eloi de Chaptelat), Oraïos, Astaphaïos. Chacun d'eux, avec Jaldabaoth, préside à l'un des mondes planétaires et des éléments, eau, feu, terre, air, etc. Selon Origène, Adonai c'est le Soleil, Iao la Lune, Eloi Jupiter, Sabaoth Mars, Orai Venus, Astaphai Mercure, and Jaldabaoth Saturn ou Jahweh. Ces sept anges en produisirent d'autres, chargés de présider aux diverses parties ou détails de la création.

Sur la création de l'homme et Satan. En raison de son imperfection, Jaldabaoth ne put créer avec les anges qu'un monde imparfait. Il voulut même, par orgueil, le séparer entièrement du monde supérieur, afin d'être indépendant de sa mère et de Bythos. C'est ainsi qu'il conçut le projet de former l'homme. Mais quand les anges le lui amenèrent pour qu'il l'animât, il lui communiqua sans le vouloir, et par l'adresse de Sophia-Achamoth, le rayon de lumière ou de vie pneumatique qui était en lui. Bien plus, l'homme, toujours guidé par Sophia-Achamoth recueillit en lui toute la lumière répandue dans la création, et apparut l'image du Premier homme ou Bythos. Alors et à l'aspect d'un être si supérieur à son empire, Jaldabaoth fut saisi de frayeur et de colère : ses regards envieux et courroucés se portèrent jusque dans le fonds de la matière : ils y réfléchirent son image ; et cette image, s'étant animée, devint un être de haine, de malice et d'envie, Satan à la forme tortueuse, appelé aussi Michael, Samael, etc. Sur la création du monde et la dégradation de l'homme. En même temps, Jaldabaoth créa le monde terrestre, dont la défectuosité et les vices furent encore plus grands, à cause du sentiment qu'il éprouvait en le créant. Il voulait y enfermer l'homme : et pour l'empêcher d'en sortir, il lui défendit de manger de l'arbre de la science. Mais Sophia-Achamoth envoya son bon Ophis en serpent vers l'homme, pour le porter à violer cette loi de jalousie et d'orgueil. Ce qui fut fait. Alors aussi Jaldabaoth redoubla de colère et d'efforts, et il enferma l'homme dans le corps grossier dont il est encore prisonnier.

Sur la dégradation d'Ophis et son inimitié contre l'homme. La colère de Jaldabaoth se porta aussi sur Ophis, qui avait conseillé à l'homme de violer sa loi : et il parvint à le précipiter dans la matière, comme l'homme. Ainsi matérialisé, Ophis devint méchant de bon qu'il était; et dès lors il fut l'ennemi du genre humain. Sur les secours de Sophia-Achamoth. Mais Sophia-Achamoth ne manqua jamais de venir à son secours ; et si à chacun de ces secours, la colère et la vengeance des ennemis de l'homme s'accrurent, son secours devint aussi de plus en plus actif. Si les ennemis de l'homme lui suggèrent de mauvais désirs, des passions violentes, elle lui suggère aussi de bons désirs et l'amour céleste. L'histoire de chaque homme et de tout le genre humain n'est que l'histoire de cette lutte.

Sur Jésus. Enfin, dans ces derniers temps, et le mal allant toujours croissant, Sophia-Achamoth pria Bythos d'envoyer Christos pour délivrer les hommes. Elle avait même su tromper Jaldabaoth sur la mission de ce rédempteur, et l'engager à lui être favorable : d'où vientque Jaldabaoth lui avait donné un Précurseur, et avait fait naître l'homme Jésus de la Vierge Marie. Mais quand Christos, uni à Sophia, descendant par les régions des sept anges y assumant leur lumière, fut entré dans Jésus, au baptême du Jourdain, et fit éclater sa puissance, Jaldabaoth, reconnaissant qu'il détruisait son empire, se tourna contre lui, et le livra à la haine des juifs, qui le crucifièrent. Ce ne fut pourtant que l'homme Jésus qui souffrit ce supplice : car Christos et sa sœur le quittèrent avant la passion. Et quand elle eût été consommée, ils ranimèrent Jésus lui-même, mais en laissant à la terre sa dépouille matérielle, et lui donnant un corps aérien, qui fut cause que ses disciples ne le reconnurent pas. Il resta cependant en cet état, parmi eux, l'espace de dix-huit mois ; et ce fut dans cet intervalle qu'il reçut de Sophia la science parfaite, la véritable gnosis, qu'il ne communiqua pas à tous les Apôtres, qui est défigurée dans les livres vulgaires, et que l'Ecole des Ophites a reçue par tradition. Après ces dix-huit mois, Jésus s'éleva dans le ciel de Jaldabaoth, où il siège à sa droite, mais sans que celui-ci le sache, pour recevoir et faire passer dans le royaume du Père, les âmes qui ont été purifiées par Christos. Sur la fin de l'homme et du monde. Les âmes qui n'ont pas été purifiées par Christos retombent dans la matière. Cependant tous les rayons de lumière ou de vie pneumatique finiront par se débarrasser de cette matière qui les enveloppe. En ce temps-là, finira aussi le monde, la rédemption étant accomplie; c'est-à-dire, toute la lumière émanée de Dieu et du plérome y étant retournée (Adolphe Félix Gatien-Arnoult, Eléments généraux de l'histoire comparée de la philosophie, de la littérature et des événements publics, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nous, 1847).

Suivant Origène, les ophites rendaient un culte à une figure symbolique, appelée diagramme, qui représentait à la fois le royaume céleste séparé par une forte ligne noire, la Géhenne, de celui des astres ou des puissances terrestres, et enfin celui de orphéomorphos ou des ténèbres. Sept cercles concentriques figuraient le royaume des puissances terrestres ou des sept archontes; un anneau ou un serpent mordant sa queue, et faisant allusion à Léviathan, enfermait le tout, et ce nom était écrit le long de la circonférence ainsi qu'au centre, pour indiquer que l'âme universelle ou la Sophia porte, soutient et pénètre tout l'univers. Dans le diagramme étaient figurées, encore selon Origène, sept images d'animaux représentant peut-être les sept esprits infernaux. Il les indique et nomme comme il suit : un lion, Michaël; un taureau, Suriel ; un dragon, Raphaël ; un aigle, Gabriel ; un ours, Thantabaoth ; un chien, Esalhaoth, et un âne, Onioth ou Tartaroth. Le diagramme contenait, de plus, les formules dont la récitation avait le pouvoir de délivrer l'âme des mourants de la puissance des esprits infernaux, et de la mettre à même de traverser le royaume des ténèbres pour arriver à la région des sept astres.

Le gnosticisme est largement imprégné d'éléments égyptiens. Les livres gnostiques nomment, parmi les archontes du Ciel, le dieu égyptien Seth à côté de Iaô ; et Seth, considéré, d'autre part, comme l'un des démons infernaux, a certainement joué un rôle important dans la magie gnostique. On a même reconnu, sur une tabula devotionis, un personnage à tête d'âne, qui serait le dieu Seth, assimilé au Typhon des Grecs. Il est vrai que, sur les monuments égyptiens les plus anciens, l'animal symbolique de Seth " est un quadrupède au museau busqué, et dont les " oreilles imitent la forme de deux aigrettes droites et " carrées "

Les légendes des pierres gnostiques répandent rarement un grand jour sur l'idée qui y domine. Elles ne renferment, le plus souvent, que les noms de quelques génies tutélaires ou quelque courte supplication qu'où leur adresse.

Sur une de ces pierres, les deux personnages couronnés du Pschent royal sont indubitablement Osiris et Isis, c'est-à-dire, les génies du soleil et de la lune, ou les principales puissances dont l'âme devra parcourir les régions pour arriver au plérôme. La preuve qu'il s'agit encore du grand voyage, est l'invocation ABLANATHLANA (au lieu de LANO), et la preuve, que le personnage à l'encensoir et au sceptre entouré du serpent est Isis, c'est la légende qui entoure son Pschent. Le serpent et l'encensoir sont l'emblème de l'immortalité et celui de la pureté, qui, seule, en rend dignes les pneumatiques.

Au commencement du IIIème siècle les Ophites étaient toujours de fervents adorateurs du serpent. On ne saurait donc douter qu'ils lui reconnaissaient un rôle protecteur, rôle qui n'est pas sans analogie avec celui que l'antiquité classique a donné au même animal. Rappelons que saint Épiphane a décrit le principal rite des Ophites, qui était une sorte de parodie de l'Eucharistie. Au cours de la cérémonie religieuse, on apportait un coffret qui contenait le serpent divin ; celui-ci en sortait et circulait au milieu des éléments eucharistiques (Adrien Blanchet, Intailles représentant des génies de la secte des Ophites, Jacques Matter, Histoire critique du gnosticisme, Volume 1, 1828).

Sur le compte des Cathares, l'ouvrage de Bonacursus, qui avait été un des docteurs de ceux du Milanais, et qui écrivit après sa conversion, vers l'an 1190, une Vita hœreticorum, sive manifestatio hœresis Catharorum, est une bonne source de renseignements. En effet, ce document montre combien il était difficile à tous autres qu'aux membres de la secte d'en connaître les doctrines intérieures, de se faire une idée exacte de leurs principes généraux et de leurs divisions. Ainsi, il nous apprend que la création était l'œuvre de Satan. L'homme Adam était, suivant eux, l'œuvre du mauvais génie qui avait fait la terre; la pomme défendue, l'union des deux premiers hommes. Cependant, le créateur de l'homme avait enfermé dans cette créature un ange de lumière, et les Cathares expliquaient dans le sens de cette théorie, mais d'une manière peu naturelle, ce texte de l'évangile de saint Luc si cher aux Marcionites, où le Samaritain est représenté dépouillé par des voleurs et laissé à demi- mort. Le mauvais génie des Cathares, le créateur du monde et l'auteur du déluge, n'était autre que le Dieu des Juifs, Jéhovah-Élohim ! Comme la plupart des Gnostiques, les Cathares attribuaient donc à Satan la création et le gouvernement du monde visible, la conduite du genre humain, et spécialement celle de la nation juive. A l'instar des Gnostiques, ils considéraient les patriarches comme les agents de cette "divinité secondaire ". Toutefois ils admettaient aussi le gouvernement supérieur du Dieu suprême ; car ils distinguaient dans les révélations des prophètes ce qui venait du diable, de ce qui émanait de Dieu.

S'il y a des analogies entre le catharisme et la théologie des gnostiques, elles peuvent être fortuites et provenir, comme les analogies avec le manichéisme et le paulicianisme, que de la communauté du point de départ, de la spéculation sur l'origine du mal ; le catharisme a pu arriver par lui-même à des idées semblables à des idées gnostiques.

Bonacursus ne dit rien de la Palingénésie que demandait ce système; mais son texte fournit la preuve que c'est moins un débris du Manichéisme que du Gnosticisme qu'il faut voir dans cette secte. Selon le Manichéisme, Jésus-Christ se confond avec Mithra et le soleil. Selon le Gnosticisme, ce sont les sept génies planétaires, dont Ialdabaoth est le chef, qui jouent dans le gouvernement du monde et de la race humaine le rôle principal. Aussi, suivant les Cathares, le Diable est-il le génie du soleil, Eve celui de la lune; toutes les étoiles sont des démons. Dans plusieurs partis des Cathari ces démons étaient considérés comme les ennemis d'Adam (Jacques Matter, Histoire critique du gnosticisme, Volume 3, 1841, (Carl Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des Cathares ou Albigeois, 1849).

Les jalons "gnostiques"

Douzens

Hirondelle (SIS)

La commanderie de Douzens aurait accueilli des cathares pendant la croisade des Albigeois.

Plutarque nous a narré l'errance d'Isis en quête d'Osiris démembré ; il a évoqué la transformation de la déesse en hirondelle, ses cris de douleur et ses lamentations. La croix ansée est souvent rapprochée du nœud d'Isis comme symbole d'éternité. Ce n'est pas en raison des directions des lignes droites prolongées à l'infini, mais parce que ces lignes se rejoignent. Cette boucle symbolise l'essence infinie de l'énergie vitale identifiée à Isis d'où découle toute manifestation de vie. Le nœud d'Isis ajoute au sens de signe de vie et d'immortalité le sens des liens qui rattache à la vie mortelle et terrestre et qu'il importe de dénouer pour accéder à l'immortalité.

Buc

Esprit

L'église Sainte-Marie possède un maître-autel du XVIIème siècle avec retable comportant un tableau peint à l'huile du Christ entre la Vierge et saint Jean en bois peint, doré est placé entre deux colonnes torses surmontées de chapiteaux corinthiens qui encadrent le tabernacle et son petit retable. La corniche est décorée de denticules. Le fronton porte en son centre une représentation du Saint Esprit.

Le support d'autel comporte plusieurs cavités à reliques tel celui de l'église Sainte-Marie-de-Buc dont l'une a été creusée sur la face supérieure comme rencontré généralement, une seconde, de pratique moins courante, étant visible sur la face antérieure. L'emplacement de cette dernière cavité permet de supposer, qu'à l'origine, la face arrière du pilier, où elle était creusée, devait être accolée à un mur de l'église pour l'obstruer. Lors de son démontage pour la restauration d'un retable en bois doré, les cavités du pilier étaient vides car il avait déjà été déplacé au XVIIème siècle (www.renneslechateau.com).

Une lanterne de procession du XVIIIème siècle en tôle peinte est de forme hexagonale. Elle est surmontée de la croix, et décorée d'étoiles à six branches dans des cercles.

Buc, en occitan, veut dire ruche. " La ruche se traduit par alvarium que l'on peut donc rapprocher d'alvus : ventre. Il y a plus : vas en latin possède comme sens vase, vaisseau et ruches (au pluriel). Enfin, l'abeille (apis) renvoie à Apis, boeuf adoré en Égypte, incarnation de Ptah qui avait trois taches, l'une au front, l'autre dans le dos et la dernière sous la langue, un scarabée " (herve.delboy.perso.sfr.fr - Symboles).

Alet

Aletheia

A l'entrée d'Alet, l'abbaye bénédictine de style roman édifiée au XIème siècle qui fit office de cathédrale en 1318 attire beaucoup de pèlerins. Elle connaît une période difficile pendant la croisade contre les Albigeois. De 1167 à 1197, son abbé Pons Amiel fortifie la ville. A sa mort en 1197 Bertrand de Saissac sympathisant cathare, tuteur de Raymond-Roger de Trencavel (il n'a que neuf ans) ne voulut pas d'un abbé catholique et intervint par la force dans la désignation de son abbé. Il fait exhumer le cadavre de Pons Amiel et le remet sur son siège abbatial, chasse l'abbé choisi Bernard de St-Ferréol qu'il fait mettre en prison et installe un de ses amis Boson favorable aux cathares. Celui-ci fut dégradé en 1222, par le concile du Puy, après avoir livré l'abbaye au comte de Foix l'année précédente. Le Pape Jean XXII décide de scinder l'évêché de Carcassonne en deux et crée le nouveau diocèse d'Alet en 1318. L'abbaye est dès lors érigée en cathédrale.

Croux (Antugnac)

La Croix de Lumière

L'église de Croux est vouée à la sainte Croix.

Il apparaît cependant que les thèmes développés dans les ch. 94-102 et 109 sont caractéristiques de la gnose valentinienne. Le Christ est totalement dissocié du crucifié de Jérusalem (cf. 99,4 -7)201. La croix véritable est la Croix de lumière qui trace une séparation entre le plérôme et le monde inférieur et qui consolide les êtres pneumatiques déficients que personnalise l'éon Sagesse (cf. 98,8- 99,4) 202. En opposition avouée avec les témoignages évangéliques et l'interprétation qui en est donnée dans l'Eglise, la passion et la croix revêtent une dimension purement mythique. Il n'y a que les ignorants (c'est-à-dire les chrétiens non gnostiques) pour identifier le crucifié au Sauveur. Les élus, eux, savent que le Sauveur est un être spirituel qui rassemble les hommes pneumatiques dans sa Croix de lumière auprès de l'Homme parfait. L'opposition entre le monde divin et le monde créé, entre la nature spirituelle de l'Homme et le monde d'en-bas, l'allusion au drame originel de Sagesse, la polémique contre l'interprétation littérale des données évangéliques relatives aux souffrances de Jésus, le mépris pour ceux qui sont " en dehors du mystère", l'insistance sur les noms du Christ et de la Croix de lumière sont autant d'éléments qui, considérés ensemble, indiquent l'origine valentinienne de ces morceaux des Actes gnostiques de Jean.

La conception manichéenne de la Croix de lumière ne rejoint pas celle de notre texte : pour les Manichéens, cette Croix est une réalité divine souffrante qui se trouve dans la moindre parcelle du monde matériel (Hildegard Temporini, Hildegard Temporini Wolfgang Haase, Aufstieg U Niedergang D Roemwelt Teil 2 Bd 25/6, Volume 25).

La Serpent

Ophis ou Sophia

Ce fut une seigneurie des Rivière, Bellcastell, Dax. L'église dédiée à Saint Etienne (faraudaria-lengadoc.discutforum.com - La Serpente).

Henry Dax était seigneur de La Serpent, Bouriège et Tessonières dans les années 1660. Bouriège aurait appartenu, au VIIIème siècle à l'abbaye de Lagrasse, comme Prades, pour passer ensuite sous la dépendance des évêques d'Alet. Bouriège et le manoir du Villard virent naître Nicolas de Montfaucon de Villars (1635-1673), auteur du Comte de Gabalis, mort assassiné sur le chemin de Paris à Lyon.

Vers 1671, cet abbé devait prêcher, au noviciat des Jacobins du Faubourg-Saint-Germain, le panégyrique de saint Thomas d'Aquin. M. de La Brunetière, grand-vicaire de Paris, le siège vacant, depuis évêque de Saintes, pria les religieux de l'en empêcher, parce qu'il était soupçonné d'avoir fait le Comte de Gabalis. M. de Chanvallon, archevêque de Paris, leva depuis ces difficultés, disant à M. de La Brunetière qu'il était content de la déclaration que cet abbé lui avait faite. Il était le cousin de Bernard de Montfaucon né le 17 janvier 1655 au château de Soultage à Roquetaillade, et mort en 1741, de la congrégation de Saint-Maur (Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne, Volume 29, 1854, Histoire de l'Academie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres, Volume, 1751).

L'Ophis des Ophites était le génie incarnant la Sophia.

Rouvenac

L'Eglise

Rouvenac, au coeur de la vallée du Faby, est cité dès 1134. Au XIIIème siècle, les seigneurs du lieu, sympathisants cathares, sont dépossédés de leurs terres au profit du roi de France, après la Croisade contre les Albigeois. Entre 1240 et 1260, le troubadour Bernard de Rouvenac compose de virulents " sirventès " politiques restés célèbres dans la tradition occitane, pour leur hostilité envers le nouveau maître du pays. En 1498, Rouvenac devient la possession de la famille de L'Huillier, qui le cède en 1853 à la famille de Mauléon- Narbonne, originaire de Nébias. Le village eut à souffrir des Guerres de Religion et fut détruit successivement en 1585 et 1598, en raison d'une forte présence protestante. Le XIXème siècle marque "l'âge d'or" de la commune et ses activités sont alors essentiellement consacrées à la polyculture, à l'artisanat ainsi qu'à l'exploitation d'une carrière de gypse.

En Languedoc, des troubadours comme le chevalier Bernart de Rouvenac s'accommodaient mal du nouvel ordre politique établi à la suite de la Croisade. Il attaqua sans managements le roi d'Angleterre et le roi d'Aragon, qui n'avaient pas su aider le Midi, au moment du soulèvement do 1242. Les sirventès de Bernart de Rouvenac, au nombre de quatre, rappellent par quelques côtés ceux de Bertran de Born. Son activité poétique s'étend jusqu'en 1274 environ.

Lors des fêtes villageoises, les musiciens appelés "ménétriers", faisaient danser la population autour du célèbre orme de Rouvenac, symbole de protection offert par le pouvoir royal. Situé à l'emplacement du foyer, actuelle place Saint-Barthélémy, il a été abattu en 1878. L'église Saint-Barthélémy de Rouvenac fut mentionnée au cours des siècles sous plusieurs vocables : Saint-Etienne à la fin du XVIIème siècle et Saint-Louis un siècle plus tard.

Le cadastre de 1825 signale un lieu-dit "Saint-Barthélémy" au Sud-Ouest du village où quelques ruines pourraient correspondre aux vestiges d'un noyau de peuplement abandonné et de son église. Le bâtiment actuel présente les traces de différentes phases de construction. En façade extérieure nord, plusieures pierres saillantes attestent d'importantes reprises de maçonnerie. L'abside montre de nettes traces de surélévation, visibles à l'extérieur. Enfin, l'arc-doubleau délimitant l'entrée dans le chœur porte la date de 1677. Le chœur a reçu un étonnant décor de panneaux encadrés et décorés de stucs, surmontés de pots-à-feu tricolores. Sur trois panneaux est évoquée la hiérarchie de l'Eglise : Le pape, l'évêque et le prêtre. Le quatrième, plus allégorique, est délicat à interpréter. La récurrence de la tiare pontificale, également reprise sur un des autels, semble découler d'une volonté d'affirmer fortement l'appartenance de cette ancienne place protestante à l'Eglise catholique (www.aude-pyrenees.fr - Rouvenac, Histoire Sommaire De La Litterature Meridionale Au Moyen Age).

Lescale

Abîme - Bythos

En mars 1943, quatre jeunes gens arrivent les premiers sur les lieux d'une opération de largage commise par erreur sur les hauteurs de Lescale. Le colonel Maury alors instituteur à Lescale impulse le mouvement de résistance. Ainsi naît ce qui deviendra plus tard le maquis de Picaussel. Le 12 avril 1944, parachutage d'une mission du BCRA d'Alger composée de 4 hommes, hébergés par les habitants de Lescale. Emmanuel Peyrade est assassiné et son fils Adrien arrêté au hameau du Camp de Marcel par la Gestapo. La Gestapo deux jours plus tard, fait une descente sur les lieux sans résultat car les hommes se cachèrent dans la grotte située à 800 mètres de là. Cette grotte devint le premier P.C, clandestin, du Maquis. Le 6 juin 1944, installation du camp de Picaussel, les premiers maquisards logèrent dans des granges prêtées par des habitants de Lescale. Deux mois plus tard, le 6 août 1944, jour de fête au village de Lescale, le Maquis de Picaussel est attaqué par un important détachement de la 11ème panzer allemande. Deux maquisards furent tués et deux autres blessés à un kilomètre du village sur la route qui monte vers le tunnel. Après 48 heures de combat, le maquis, maintenant fort de 350 hommes se replie sur Rodome puis Quérigut en Ariège pour continuer la lutte. Le 8 août ils attaquèrent et détruisirent les installations du maquis qu'ils trouvèrent désertes. Le maquis maintenant fort de 350 hommes se replie sur Rodome puis Quérigut en Ariège pour continuer la lutte. Le mercredi 9 août 1944 le village de Lescale, après avoir été vidé de ses habitants, fut totalement incendié en représailles ! En 1956, soit 12 ans après la destruction de leur village, les constructions des maisons sont terminées. La première pierre a été posée le 9 mai 1948 (www.belcaire-pyrenees.com).

Le Trou du vent du Blau à Lescale présente une dénivellation de 110 m et un développement de 1400 m. Il a été exploré avant-guerre par le S.C.Aude puis plongé (amont) par Luc Mazot en 1982.

Cette dénomination de Trou du Vent est fréquente dans le sud de la France. Dans la vallée de Tempé, en Grèce, on trouve près du chemin une fente connue sous le nom du trou du vent (anemo trupe), d'où il sort, pendant les mois d'été, un vent fort et frais.

La Tramontane était vénérée comme une entité divine. Dans le Haut-Ampourdan et le Haut-Vallespir, on croit qu'il existe un " trou du vent " (forat del vent), où l'on va chercher la Tramontane en grande procession (encore de nos jours!). La Tramontane porte divers sobriquets qui l'affilient géographiquement à saint Jean, comme Jean de Narbonne (Cadaquès) ou Jean Gavot (Joan Gavatx, La Junquera), Jean Français ou Jean de France (Roussillon et Ampourdan), cité par E. Caseponce. Et c'est notamment au commencement de l'Avent que ces surnoms sont utilisés, car " l'Avent est le temps du vent " (l'Advent és el temps del vent) (Jean-Louis Olive, Parfums magiques et rites de fumigations en Catalogne).

D'autres jalons significatifs

De nombreuses infoarmations sur les cathares sont tirées de l'Histoire des Cathares de Michel Roquebert.

Comigne

Sur les pentes de la Montagne d'Alaric, subsistent les substructions d'un petit sanctuaire, dédié au dieu Larraso. Le nom, Caminia, de la fontaine Comigne, où un marbre a été trouvé, parait dérivé de Cominius, nom de famille connu à Narbonne et à Carcassonne. Les premiers seigneurs liraient leur nom du lieu de Cominiano, Cuminhano, Cominia, Comignan, aujourd'hui Comigne, dans le diocèse de Carcassonne. Ils furent chassés de leur seigneurie par Montfort. Comigne fut soumise depuis le treizième siècle jusqu'à la Révolution aux abbés de La Grasse.

A Comigne le curé, dont l'église est vouée à Sainte-Marie, les enfants de chœur et quelques hommes portant une grosse croix de bois se rendent aux ruines d'une chapelle située au sommet de l'Alaric, dont l'autel est fait d'un bloc de marbre surmonté d'une croix de fer. Une plaque de marbre de 0,45 sur 0,30 relate la translation, en 1314, des ossements du moine Boufard.

Trassoulas - Belcaire

Le retable de Belcaire possède des statues qui on été dorées en 1714, du lierre orne les colonnes. Saint Côme et saint Damien sont les titulaires des lieux qui accueille une statue de la vierge en souffrance, réalisée en bois polychrome du XVIème siècle.

La famille de Nègre, jadis implantée dans le pays de Sault (actuels départements de l'Aude et des Pyrénées-Orientales) a donné plusieurs personnalités à la région de Belcaire, tout au long du Moyen Âge et de la Renaissance.

Jean-François de Nègre, seigneur de Lacan (ou Lacam) fut prêtre et, de 1706 à 1715, membre de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, Société royale (section mathématiques, fauteuil 3).

François de Nègre, un des frères de Jean-François, seigneur de Niort, eut pour fille la célèbre Marie de Nègre d'Able (1714-1781). Elle épousa en 1732, François d'Hautpoul, marquis de Blanchefort, seigneur de Rennes, et devint célèbre suite à l'étrange pierre tombale qu'elle laissa après sa mort. Aujourd'hui encore cette pierre reste à l'origine de nombreuses légendes et suppositions sur un hypothétique trésor à Rennes-le-Château. Jean de Nègre d'Able oncle de la marquise de Blanchefort, dû s'exiler après avoir assassiné le curé de Niort dans la nuit du 16 au 17 mai 1732. L'ecclésiastique fut retrouvé par la population, gisant près de l'église de Niort (fr.wikipedia.org - Famille de Nègre).

Camurac

Le retable daté de 1696 est surmonté d'une gloire du XVIIIème siècle, et les colonnes sont ornées de roses. Les titulaires sont saint Just et saint Pasteur.

Sur la ligne se trouve la Coume Sourde, homonyme de la combe de Rennes-le-Château.

Prades

La première mention du lieu date de 843. C'est à cette date que Charles le Chauve fait donation au comte d'Urgell et Cerdagne alors en place de la villa de Prada. Le comte fait don de la villa à l'Abbaye Sainte-Marie de Lagrasse vers 855. Prades devient alors seigneurie de Lagrasse, statut que le village conservera jusqu'à la Révolution (fr.wikipedia.org - Prades).

Stéphanie de Châteauverdun est cachée dans un bois près de Prades par Raylmond de Couiza, diacre du Sabarthès. Elle se retrouve devant les inquisiteurs en 1255 et épousera Arnaud Pradier qui l'avait ordonnée. Ils abjurent et vivent quelques temps sous l'aile de l'Inquisition au Château Narbonnais.

Caussou

Dans le XIIIème et le début du XIVème siècle, Caussou a été considérablement affecté par l'Inquisition et a vu plusieurs de ses habitants forcés de porter la croix jaune, le signe de punition des hérétiques.

Selon Zoé Oldenbourg, le 13 mai 1243, au début du siège, deux sergents d'armes, le diacre cathare Clamens et trois " parfaits " seraient descendus du château et auraient traversé les lignes ennemies pour aller à Caussou afin d'établir un contact avec des amis sûrs à qui ils auraient pu, le cas échéant, confier la garde du fameux trésor (Zoé Oldenbourg : " Le bûcher de Montségur", NRF, 1959). Pour d'autres auteurs, c'est le trésor lui-même que ces cathares auraient emporté jusqu'à Caussou pour le cacher chez des amis ou dans une grotte.

Avant que Noël 1243 n'arrivât, Bertrand Marty décida de mettre en sécurité le trésor de la communauté religieuse. On confia " l'or, l'argent, et une quantité infinie de monnaie " au diacre Pierre Bonnet et au parfait Mathieu. […]Ils tombèrent sur des postes de gardes tenus par des gens de Camon qui les laissèrent passer. […] Les deux Bons Hommes allèrent cacher leur précieux chargement dans une spulga, une grotte fortifiée du haut comté de Foix […] tenue par un châtelain du comte, Pons Arnaud de Châteauverdun. On sait par quatre rescapés que dans la nuit du mardi 15 au mercredi 16 mars 1244 Pierre-Roger de Mirepoix cacha quatre parfaits " sous terre " - il y a plusieurs avens sur la montagne de Montségur - puis qu'ils descendirent " sous le castrum, par le précipice, à l'aide d'une corde. C'étaient Amiel Aicard, un certain Peytavi qui est sans aucun doute le parfait toulousain Peytavi Laurent, un prénommé Hugues qui ne peut être qu'Hugues Domergue, un parfait venu de Caraman ; les sources ne mentionnent pas le quatrième, mais il doit s'agir de Pierre Sabatier. Ils n'emportèrent rien avec eux ; leur départ avait une raison bien simple : " C'était pour que l'Eglise ne perde pas son trésor, qui était cahé dans les bois, iles le savaient ". Donc pour récupérer purement et simplement l'or et l'argent évacués vers la Noël par Mathieu et Bonnet. Mathieu, revenu à la mi-février, avait eu tout le loisir d'expliquer à ses compagnons dans quelle grotte s'ouvrant dans quelle forêt il avait déposé son chargement. Les quatre évadés de la dernière heure l'ont-ils récupéré ? C'est tout à fait possible. On sait qu'ils allèrent à Caussou, puis à Prades d'Alion, et de là à Usson, où ils retrouvèrent Mathieu (Histoire des Cathares, pp. 384, 389).

Michel Roquebert semble plus précis dans Montségur, Les Cendres de la Liberté. Tout laisse à penser que le trésor avait été caché non loin de Caussou, dans une grotte de la rive droite de l'Ariège et qu'une fois récupéré par les quatre évadés de la dernière nuit, Peytavi Laurent et Pierre Sabatier le portèrent en Lombardie, en même temps que la nouvelle de la fin de Montségur (club.cathares.org).

Une cinquantaine d'années plus tard, le nom du village sera également cité à maintes reprises dans le registre d'inquisition de l'évêque de Pamiers, Fournier, qui deviendra pape sous le nom de Benoit XII. C'est lui qui confessa Béatrice de Planissolles, célèbre cathare châtelaine de Montaillou. Sa famille était de petite noblesse locale. Elle était fille de Philippe de Planissolles, veuve du châtealin de Montaillou Bérenger de Roquefort, amante du curé de Montaillou, Pierre Clergue qui sera arrêté, mouura en prison, sera exhumé et brûlé en 1329. Béatrice, condamnée en 1321 sera libéré en 1322 (Histoire des Cathares, p. 489).

Jacques Fournier (Saverdun, vers 1285 - 1342), issu d'une famille modeste du comté de Foix, devient pape sous le nom de Benoît XII. Son oncle maternel, Arnaud Novel, se charge de l'éducation du jeune Jacques. Cet oncle, moine cistercien, abbé de Fontfroide (Aude), futur cardinal, l'attire dans ce monastère, puis l'envoie au collège Saint-Bernard à Paris. Jacques Fournier fréquente les Universités et devient docteur en théologie. Il est nommé abbé de Fontfroide succédant ainsi à son oncle promu cardinal par le pape Clément V et légat en Angleterre. Il est en 1317 évêque de Pamiers, et en 1326 évêque de Mirepoix. A Pamiers, avec zèle, Jacques Fournier poursuit les hérétiques albigeois, réfugiés dans ces lieux retirés du haut pays ariégeois dont se préoccupaient peu ses prédécesseurs. Il met à profit une décision du concile de Vienne (1312) qui permet à l'évêque de se joindre au tribunal d'inquisition, pourtant du seul ressort des dominicains. Il dirige donc le tribunal d'inquisition en collaboration avec Gaillard de Pomiès et Jean de Beaune, tous deux dominicains à Carcassonne. De 1318 à 1325, cette cour de justice donne lieu à 578 interrogations, concernant 98 dossiers. Au cours de la comparution, l'évêque pose les questions dans la langue du pays que les inquisiteurs pontificaux qui sont souvent des Français ne connaissent pas. Les moyens de pression sont l'emprisonnement et l'excommunication. Jacques Fournier n'a recours à la torture que dans le cas concernant le procès intenté aux lépreux accusés d'empoisonner les sources. Au terme de cette procédure, cinq comparants sont exécutés par le bûcher : quatre vaudois de Pamiers, et le relaps albigeois Guillaume Fort de Montaillou. À peine désigné par le Collège des cardinaux, le 23 décembre 1334, il condamne spirituels et fraticelles. Le pape se fait édifier un palais fortifié à Avignon par son architecte Peysson de Mirepoix dans la crainte d'une intervention armée de l'empereur Louis de Bavière, allié de l'Angleterre. Atteint de la gangrène, il décède le 25 avril (voir CEIL BEIL) 1342 (fr.wikipedia.org - Benoît XII).

En 1320, Arnaud Sicre arriva chez les Maury à San Mateo en Catalogne. Sa mère, cathare, avait été brûlée et ses biens confisqués qu'il essayait de récupérer. Quand il trouva Guillaume Bélibaste quinze jours plus tard chez les Maury, il repartit à Pamiers et s'arrangea avec l'évêque de la ville, Jacques Fournier, pour attirer Bélibaste sur les terres du comte de Foix et le faire arrêter. Fournier donna à Sicre l'argent destiné à fêter Noël à San Mateo. Là, il convainquit le dernier parfait de gagner les montagnes du Pallars chez sa tante qui désirait tant voir un Bon Homme. Accompagnés d'Arnaud Marty et de Pierre Maury, Sicre et Bélibaste firent étape à Tirvia où le parfait fut arrêté par le bayle et ses sergents. Il fut remis à l'archevêque, refusa d'abjurer et brûlé en 1321 à Villerouge-Termenès. Bélibaste aurait dit :

" Al cap dels sèt cent ans, verdejara lo laurèl "

(Au cap des sept cents ans le laurier reverdira)

Même lorsque l'hérésie commencera à perdre du terrain dans le Lordadais, elle se maintiendra bien à Caussou et à Unac. D'après l'historienne Anne Cazenave, un certain Amelius Recort accueillait à Caussou des cathares venant de Montségur où lui-même se rendait souvent.

La " belle grotte de Caussou " mentionnée dans plusieurs livres et guides touristiques, qualifiée de " remarquable " par le Dictionnaire des communes de la France " paru en 1864 aux Editions Hachette, et même décrite par Adrien Garrigou au début du XXème siècle semblerait n'avoir jamais existé. Hormis les modestes cavités de Magaruilh, Las Rives, du Barrenc et de Bestiac, et malgré les recherches effectuées dans les années 1980 par des membres du Spéléo-club du Haut Sabarthès, aucune grotte significative n'est connue dans les environs de Caussou (www.caussou.com).

Tignac

"Selon une tradition légendaire, son origine serait assez curieuse. Sur l'autre versant de la vallée, au fond du vallon du Najar, il existait autrefois un petit village appelé Tinhaco qui fut à peu près anéanti par un épidémie qui frappa bêtes et gens. Il ne resta q'un ménage possédant une truie qui allait mettre bas et qui survecut ainsi. Dans cette contrée montagneuse, la vie était déjà rude. Aussi, après l'épidémie, les deux rescapés décidèrent de quitter ce lieu inhospitalier et d'aller s'installer ailleurs. Mettant leur truie en liberté, ils la laissèrent aller à sa guise, se promettant de bâtir leur nouvelle demeure à l'endroit où l'animal se délivrerait. La truie descendit la vallée du Najar jusqu'à l'Ariège, franchit cette dernière et remonta l'autre versant en direction du nord-ouest, jusqu'au pied de la Debèze, où elle mit bas ses porcelets. Les deux rescapé de Tinhaco s'établirent en ce lieu auquel ils donnèrent le nom de leur ancien village." (Ax-les-Thermes huis de l'Andorre, Adelin Moulis, p.120).

Parlant des spéculations du gnostique Valentin et de son plérôme de trente éons conçu à partir des deux éons primitifs Abîme et Silence, Tertullien ne peut se garder d' une comparaison avec les trente petits de la truie blanche (En. VIII, 44) et, parodiquement, décalque l'expression virgilienne en un plaisant " triginta aeonum fetus " (René Braun, Approches de Tertullien: vingt-six études sur l'auteur et sur l'oeuvre (1955-1990), 1992).

Enée, au rapport de Denys d'Halicarnasse, avait appris de l'oracle de Dodone que, lorsqu'il serait arrivé en Italie, il devait prendre pour guide un animal il quatre pieds, et que dans l'endroit où cet animal serait tombé de fatigue, il devait y bâtir une ville. Au sortir des vaisseaux, comme il se préparait à faire un sacrifice, une truie pleine et prèle à faire des petits qui devaient être immolés, rompit ses liens lorsque les prêtres s'en saisissaient pour commencer le sacrifice, et, s'étant échappée de leurs mains, se mit à traverser la campagne. Enée comprit que c'était là le guide annoncé par l'oracle, et le suivit de loin avec quelques uns de ses compagnons, de peur de l'effaroucher, et de le détourner de la voie marquée par les destins. La truie s'éloigna de la mer d'environ vingt-quatre stades, et gagna le sommet d'une colline où elle tomba de lassitude. Enée, réfléchissant sur la situation de ce lieu peu commode, doutait s'il devait obéir â l'oracle, lorsqu'il entendit une voix qui venait du bois voisin, sans apercevoir personne: cette voix lui ordonnait de bâtir au plutôt une ville en cet endroit ; que les destins réservaient aux Troyens un établissement plus considérable, après qu'ils auraient demeuré dans celui-ci autant d'années que la truie ferait de petits. Enée obéit à la voix céleste, et bâtit là sa ville de Lavinium. Le jour d'après, la truie mit bas trente petits : ce qui apprit à Enée que, trente ans après, les Troyens bâtiraient une ville plus considérable. Enée immola â ses dieux Pénates, sur le lieu même, la mère avec ses trente petits (François-Joseph-Michel Noël, Dictionnaire de la fable ou mythologie grecque, latine, égyptienne, Volume 2, 1803).

Perles

Parmi les symboles universels que l'historien des religions est amené à étudier, la perle est certainement l'un des plus récurrents, mais aussi, par l'évolution qu'il a connue entre l'Antiquité et les débuts du christianisme, l'un des plus complexes. Par son origine marine, sa forme ronde, et la douceur de son éclat, la perle née de l'huître est considérée, dans de nombreuses croyances antiques, comme le fruit d'une intervention divine ou céleste1. Doublement celée entre les coquilles de l'huître et la profondeur de l'océan, la perle apparaît comme l'archétype mystérieux de la vie à son commencement. À ce titre, la perle est généralement associée à la puissance créatrice féminine gouvernée par la lune, ou une déesse lunaire de la fertilité et des eaux. Avec la diffusion du christianisme, la perle devient, dans la nouvelle religion, symbole de la naissance virginale du Christ, de son Évangile et du royaume des deux.

Sur le plan mythologique, au motif de la perle et du dragon, très courant en Chine, et que l'on retrouve au cœur du récit gnostique de la quête de la perle dans les Actes de Thomas. C'est en effet dans les milieux gnostiques à caractère dualistes nés en Orient, et dont l'influence est sensible chez certains auteurs chrétiens de langue syriaque, que le symbole de la perle atteint son plus haut niveau d'expression poétique, mais aussi de complexité.

Profondément marqués par, la culture de l'Orient, dont ils sont géographiquement plus, proches que de Rome, Jacques de Saroug et Ephrem de Nisibe ont peut-être subi l'influence culturelle de la poésie persane, où le symbole de la perle est très présent. Dans la langue persane et arabe, il était courant de comparer une belle parole, ou l'expression parfaite d'une pensée, à une perle. Mokri relate d'ailleurs un usage selon lequel un roi pouvait offrir à un poète particulièrement talentueux des perles que l'on plaçait, symboliquement, dans sa bouche.

Depuis les plus anciennes croyances, la perle est restée une "puissance" féminine et lumineuse. Et si elle demeure un symbole de vie, elle est devenue dans les religions du salut, l'enjeu et le symbole du triomphe du royaume de lumière et de la vie éternelle. Sur le plan cosmique, cette parcelle lumineuse est prisonnière des ténèbres et sur le plan anthropologique, le plus précieux des joyaux est aussi la partie la plus noble et la plus lumineuse de l'homme, l'âme. Le salut universel et individuel exige donc la libération de cette lumière tombée dans l'abîme, ou captive d'une "maison obscure" le corps humain.

Les symboles que l'on "vient d'évoquer se retrouvent dans le récit gnostique de l'hymne de la perle et, c'est ce qu'on va s'efforcer de montrer, dans les écrits d'Ephrem de Nisibe (Petit calendrier) et Jacques de Saroug, qui placent la perle au cœur de leurs hymnes à la foi au Christ. Ainsi le salut est-il lumière - celle de la perle ; et dans cette lumière, on, retrouve la figure royale, la connaissance, et le royaume des cieux. Mais tandis que dans l'hymne de l'âme ces " vertus " sont celles du vêtement de splendeur, le double lumineux que l'enfant, victorieux dans sa quête de la perle, va revêtir chez les auteurs chrétiens syriaques, elles sont tout entières contenues dans l'éclat de la perle.

Pour Ephrem, la perle, " fille du luminaire ", évoque la naissance virginale, le Christ : " Tu es la seule parmi toutes les pierres qui en son origine ressemble au verbe du Très-Haut ", et les mystères de la foi. Elle recèle en outre des enseignements mystérieux : le poète y voit " des figures / évoquées sans langue / et des symboles / exprimés sans lèvres ". Chez Jacques de Saroug, la lumière qui émane de la perle est l'expression du symbole royal : " En ton être, tu es le plus riche des symboles de lumière. C'est pourquoi ta splendeur te sert de manteau. L'image du fils du roi est marquée en toi." Or, dans l'Hymne de la perle, le héros victorieux voit venir à sa rencontre un vêtement lumineux fait de pierres précieuses. " L'image du roi des rois tout entière sur lui tout entier, en relief, était peinte. " Ephrem de Nisibe, dans la description qu'il donne du baptême, nous ramène au motif, de l'âme-perle prisonnière de l'abîme et du dragon. Pour la sauver, il faut " plonger ". On retrouve donc, aussi bien chez Ephrem, que chez Jacques de Saroug, le motif de la perle " prisonnière " du dragon, ou des ténèbres, symboles de l'abîme et de la mort. D'autres affinités entre l'hymne de la perle et ces auteurs méritent cependant d'être mis en évidence... Ce récit est inséré dans les Actes de Thomas - dont le nom; signifie jumeau - l'apôtre que le Christ avait été envoyé en Inde, l'un des pays de la perle. Sans doute ces correspondances géographiques et culturelles ont-elles joué. un rôle non négligeable dans l'élaboration des mythes, et le choix des symboles. En outre, on retrouve le caractère dualiste de ce récit; dans la valorisation de l'Orient, qui apparaît comme le royaume du bien, de la lumière/ auquel est opposée l'Egypte, l'Occident, pays des ténèbres. Or, on a déjà montré, à propos des métaphores attachées à la perle, l'importance de son origine " orientale ", donc lumineuse et solaire.

Cependant, le point qui nous a semblé le plus frappant, mais peut-être aussi, le moins aisé à mettre en évidence, en raison de la profusion des images et des symboles, c'est la ressemblance entre la perle chez les auteurs chrétiens syriaques, et le vêtement de lumière de l'hymne de la perle. Il nous semble en effet qu'Ephrem et Jacques de Saroug, bien que chrétiens, soient tributaires des croyances païennes, mais aussi gnostiques attachées à la perle. Ainsi, les nombreux points communs entre la perle et le vêtement de lumière nous sont-ils apparus comme un " fil conducteur " qui devait permettre d'éclairer les liens qui unissent une littérature à caractère ésotérique, initiatique, et les écrits chrétiens de ces deux auteurs. Et si la dimension dualiste du drame cosmique qui oppose la lumière et les ténèbres n'est pas explicitement perceptible dans leurs œuvres, on n'en est pas moins surpris de trouver, chez Ephrem, l'analogie entre le baptême qui sauve les âmes de la gueule du dragon et les plongeurs qui descendent dans la mer chercher la perle (Nadia Ibrahim Fredrikson, La perle, entre l'océan et le ciel).

Amiel de Perles est un vieux parfait ordonné récemment vers 1300 qui accompagne Pierre-Raymond de Saint-Papoul et Prades Tavernier de retour d'Italie. Amiel de Perles est arrêté dans une ferme près de Verdun. Il est enfermé à Toulouse où il est rejoint par Pierre Authié contre lequel l'inquisiteur Bernard Gui avait lancé un avis de recherche, le 10 août 1309. Authié est arrêté après avoir quitté une borde de Beaupuy en Lomagne à deux pas de l'abbaye de Grandselve. Amiel est remis au bras séculier le 23 octobre car il faut faire vite, il s'est mis en endura, faisant la grève de la faim.

Lassur

Seulement dans le registre de l'Inquisition de Toulouse (1273 - 1280) est mentionné un Pierre de Lassur (canton des Cabannes), catahare actif de 1264 à 1270, converti, et mort à la date du registre.

L'an du Seigneur 1273, aux nones de mars Guillaume-Bernard, damoiseau, fils de feu Raimond de Durfort, chevalier de Fanjeaux au diocèse de Toulouse, témoin ayant prêté serment et requis, dit : Je n'ai jamais vu de parfaits, si ce n'est une fois, un qui s'enfuyait, à la bastide de Pech d'Azen. Je le suivis et voulus l'arrêter, si possible, et por l'arrêter j'ai fidlement fait mon possible. Je n'ai jamais adoré de parfaits, ni entendu leurs sermons et prédications, ni placé en eux mon espoir ou ma foi; je ne leur ai rien donné ou envoyé, ne leur ai fait aucun bien, n'ai assisté à l'hérétication de personne, n'ai rien commis ou su en matière d'hérésie ou de vaudoisie. (Requis de dire s'il sait ou a entendu dire qui était le parfait qu'il a poursuivi et qu'il voulait arrêter comme il a dit plus haut) : J'ai entendu dire par la suite que ce parfait était Pierre de Lassus. "

En 1274, Raimond Baussan de Lagarde-Lauragais au diocèse de Toulouse, revenu de Lombardie et se présentant aux inquisiteurs spontanément, témoin ayant prêté serment et requis comme ci-dessus, dit avoir rencontré à Alexandrie, Pavie (Italie) Pierre de Lassus.

En 1278, Guillaume Rafard converti de l'hérésie témoigne avoir entendu Raimond de Saint-Michel rapporter que Guillaume de Corneille, chevalier des Touzeilles, avait été hérétiqué dans sa maison, dans la maladie dont il mourut, par les parfaits Guillaume Roussel, Pierre de Lassur, Raimond de Couiza et Arnaud de Couiza. Dans la maison de Grazide, il a vu Guillaume Prunel, Pierre de Lassur, Raimond Vital de Saintes, les parfaits, et avec eux cette même Grazide, son fils Raimond de Saint-Michel, et Jean de Bugairal, gendre de cette Grazide. Et là, moi-même et tous les autres avons adoré ces parfaits et entendu leur prédication. Il pousuit : " Pierre Berthoumieu et sa mère dont je ne sais pas le nom, de Sorèze, voisins dudit Bernard Arbourel, ont gardé et caché dans leur maison deux jours et deux nuits ledit Raimond de Saint-Michel, alors en fuite pour hérésie. J'étais présent et accompagnais ce Raimond. Nous venions alors de Carcassonne, Raimond et moi, où il avait parlé à Pierre de Lassur, qui était alors au Mur, pour qu'il dissimule quelques croyants dans l'affaire d'hérésie. Il y a neuf ans environ. " (jean.duvernoy.free.fr - Registre d'Inquisition de Toulouse).