Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Prologue   Sagittaire : Marseille et ténia   
PRIEURE DE SION SAGITTAIRE MARSEILLE SERPENT ROUGE TENIA

« Revenant alors à la colline blanche, le ciel ayant ouvert ses vannes, il me sembla près de moi sentir une présence, les pieds dans l’eau comme celui qui vient de recevoir la marque du baptême, me retournant vers l’est, face à moi je vis déroulant sans fin ses anneaux, l’énorme SERPENT ROUGE cité dans les parchemins, salée et amère, l’énorme bête déchaînée devenant au pied de ce mont blanc, rouge de colère. » (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Sagittaire).

Marseille se trouve dans le secteur nonagonal du Sagittaire sur des axes des 16 et 17 décembre. Le 17 décembre est la date, selon les martyrologes d'Adon et d'Usuard, de la fête de saint Lazare qui selon la légende est mort à Marseille et qui est son saint patron (Etienne-Michel Faillon, Monuments inédits sur l'apostolat de Sainte Marie-Madeleine en provence, Migne, 1848 - books.google.fr).

Blanche coline

C'est ainsi que Dieu féconde le rivage qui reçut, il y a dix-huit siècles, la sainte colonie des disciples bien-aimés de Jésus, Lazare, Marie-Magdelaine et leurs compagnons, abandonnés pour y périr sur les flots inhospitaliers de la mer de Judée, et transportés par la main de Dieu sur les côtes de la Provence, que le ciel voulait bénir. J'arrive même à temps pour célébrer le lendemain, dimanche 31 août, en compagnie de ce fervent et bon peuple, la fête de saint Lazare, premier évêque de cette cité, et pour être témoin de la procession magnifique à l'aide de laquelle il rappelle tous les ans l'antique souvenir de ces heureux naufragés. Comme j'irais avec joie sur ces montagnes rechercher, dans les solitudes de la Sainte-Baume, les traces de cette âme pénitente, amoureuse si passionnée du divin Jésus, si je ne devais monter à Notre-Dame de la Garde, et mettre notre voyage sous les auspices de la Reine du ciel. Dès le matin, en effet, notre petite caravane gravissait la blanche colline, et j'avais le bonheur d'y donner la sainte communion à mes compagnons de voyage; c'est ainsi que nous saluâmes ensemble avec une fervente prière cette Etoile de la mer, dont l'éclat domine la ville, le port et l'étendue des flots. L'affluence des fidèles à ce sanctuaire était telle, au jour de notre visite, que je n'avais point la liberté de mes mouvements à l'autel, entouré et pressé que j'étais par la foule des pèlerins qui désiraient entendre la messe et recevoir la sainte communion (Abbé Pierre, Constantinople, Jérusalem, et Rome, Tome 1, 1860 - books.google.fr).

Serpent rouge : taenia et ténia

Les cépoles sont des poissons à corps très-allongé et comprimé; la queue est en forme de lame d'épée et couverte d'écailles très-petites; la bouche est armée de dents crochues; les nageoires ont des rayons flexibles à l'exception du premier de la ventrale, qui est dur, osseux et piquant; la dorsale et l'anale sont très-longues et distinctes de la caudale, qui est étroite ou lancéolée. Ce genre présente deux espèces bien connues. Le cépole ténia, appelé aussi ruban ou bandelette, atteint quelquefois 1 m. de longueur; il a le museau très-arrondi et la queue pointue. Il habite surtout la Méditerranée ; mais on le trouve aussi dans les mers du Nord, et jusque sur les côtes d'Irlande. Le cépole rougeâtre ou serpentiforme se distingue du précedent par son museau pointu ; il habite les mêmes mers. On l'appelle rougeole à Marseille, calcignaris à Nice, serpent rouge dans d'autres localités. Ces deux espèces ont été confondues par les auteurs anciens sous le nom de tænia. On a cru, mais à tort, que ce pouvait être le myrus des anciens. On sait que ce dernier est une murène. Les cépoles nagent avec une agilité extraordinaire, et plaisent aux yeux par la vivacité de leurs couleurs. Leur chair est peu estimée ; on ne les emploie guère que comme appât pour les gros poissons (Grand dictionnaire universel Larousse du XIXe siècle, Tome III, 1867 - books.google.fr).

Les cépoles n'ont pas d'anneaux contrairement à d'autres animalcules appelés aussi ténia (Vèrme sôulitari).

Il se trouve cinq espèces de ténias dans l'homme dont les deux plus communs sont le ténia vulgaire, ou ver solitaire à anneaux courts, et le ténia solitaire, ou ver cucurbitain, ou ver solitaire à anneaux longs. Ces deux espèces sont le plus souvent effectivement seules dans le même homme , mais quelquefois cependant elles sont au nombre de deux ou de trois (Nouveau cours complet d'agriculture théorique et pratique contenant la grande et la petite culture, l'économie rurale et domestique, la médecine vétérinaire, Tome XV, 1823 - books.google.fr).

L'énormité du Serpent rouge fait penser à la sardine qui bouchait le port de Marseille.

Un anecdote rapportée par Elien dit qu'Esculape, pour montrer sa puissance surnaturelle ou pour éprouver des disciples orgueilleux, avait, devant eux, guéri un malade du taenia en lui coupant la tête, pour en retirer le taenia du corps, et en remettant la tête en place (Henri Gaidoz, L'opération d'Esculape, Melusine, Volumes 5 à 7, 1891 - books.google.fr).

Le terme ladre qualifie un porc qui est atteint de la larve cysticerque du ténia armé (Taenia solium). En 1601, 1620, 1627, 1677 le parlement de Paris la renouvelait par des arrêts successifs et fixait le prix du langueyage et la responsabilité des langueyeurs ; mais il autorisait, dans le premier de ces arrêts, la vente de la viande ladre après une salure de quarante jours. — (A. Delpech, Ladrerie, dans Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, sous la direction de A. Dechambre, Paris : chez P. Asselin & chez Victor Masson & fils, 1868, 2e série, vol. 1 (Lab-Lar), p. 112).

Ladre vient du latin Lazarus (« Lazare »), en référence à la parabole rapportée par Luc, XVI, 19-27, comme étant le nom du pauvre rongé d'ulcères (affection assimilée plus tard à la lèpre) gisant à la porte du mauvais riche ; soit, en référence à Jean, XI, 1-44, comme étant le nom du frère de Marie et de Marthe de Béthanie, ressuscité par le Christ, les lépreux, dépourvus de tout droit, étant considérés au Moyen-Âge comme des cadavres vivants. (fr.wiktionary.org - ladre).

A Marseille le taenia inerme est, comme dans les autres pays, d'une fréquence croissante; les bœufs qui servent à l'alimentation proviennent surtout de l'Algérie et de l'Italie et sont abattus peu après leur arrivée. Le taenia solium est, au contraire, très-rare, et la ladrerie chez le porc a diminué de fréquence d'une manière considérable : nos races françaises dans le département des Bouches-du-Rhône en sont tout à fait débarrassées; seuls les porcs de Sardaigne en fournissent quelques exemples. En 1891, à l'abattoir, d'après les renseignements qui nous avons pu recueiller, deux porcs ladres seulement ont été constatés : leur viande n'a pas été livrée à la consommation, quoique le nombre des cysticerquers fut peu abondant. Aussi les cas de ladrerie chez l'hommes sont- ils rares, et celui qui nous rapportons a-t-il été considéré comme absolument exceptionnel dans les hôpitaux de Marseille (Internationaler Dermatologischer Congress abgehalten in Wien im Jahre 1892, 1893 - books.google.fr).

Ténia (ver solitaire) - janonomar.blogspot.fr

François-Vincent Raspail, né le 25 janvier 1794 à Carpentras et mort le 7 janvier 1878 à Arcueil, est un chimiste, botaniste et homme politique français. Fondateur de la cytochimie et d'une médecine populaire (la méthode ou le système Raspail), il mêle étroitement, durant toute sa vie, ses activités de savant, d'entrepreneur et de militant politique. En 1830, Raspail se joint au peuple parisien insurgé lors des Trois Glorieuses, qui les 27, 28 et 29 juillet provoquent la chute et l'exil de Charles X. Grièvement blessé sur une barricade, il est par la suite décoré de la croix de Juillet. Au moment de la Révolution française de 1848, Raspail est, le 22 février 1848, comme l’écrit Karl Marx, l’un des premiers à proclamer la République. Il fonde un nouveau journal, L’Ami du Peuple et se présente à l’élection présidentielle. Il recueille moins de 40 000 voix. Après avoir participé à l’organisation d’une manifestation de soutien à la Pologne, perçue par le gouvernement comme une tentative de coup de force, il est jugé en 1849 par la haute cour de justice de Bourges et condamné à six ans de prison. Libéré en 1853, il s’exile en Belgique. Rentré en France en 1863, il est élu député de Marseille en 1866, et réélu dans les Bouches-du-Rhône en 1869. Il vote contre la déclaration de guerre à la Prusse en 1870.

Il est l'auteur d'un système et d'une méthode qui le rendent très populaire auprès du grand public. Son manuel annuaire de la santé est paru en 77 éditions annuelles entre 1845 et 1935. D'un prix modique, il incitait les lecteurs à acheter son Histoire naturelle de la santé et de la maladie en trois volumes. Selon Raspail, toutes les maladies sont dues à des vers intestinaux et des animalcules parasites externes et internes. Toutes ces maladies sont guérissables par le camphre (fr.wikipedia.org - François-Vincent Raspail).

Raspail, à la science duquel le monde savant rend un hommage mérité, Raspail, après avoir passé bien des années peut-être l'œil collé aux lunettes et aux microscopes de toutes les dimensions, vient nous communiquer, à peu près en ces termes, sa stupéfiante découverte : Animaux, vous êtes pleins d'animaux ! Ainsi le ver solitaire n'est plus qu'une utopie; le tœnia n'est point, hélas, un ermite, c'est le roi des entozoaires; et, quel peuple est le sien ! quelles myriades de nations parasites se disputent l'empire du corps humain, depuis Adam inclusivement. Je dis inclusivement, car il est bien prouvé aujourd'hui que si le tœnia maudit, que l'Ecriture nous dépeint sous la forme d'un serpent, n'eût point tiraillé les entrailles de nos premiers parents, à l'instant où ils n'avaient sous la dent que le fruit de l'arbre défendu, ces aïeux vénérés n'auraient point commis le péché originel. D'ailleurs, Dieu n'ayant pas procédé à de nouvelles créations depuis Adam, il est de la dernière évidence que le premier homme promenait en lui ce monstrueux parasite qu'un des fils de Noé sauva du déluge en montant sur l'arche, qui a depuis servi par tradition de modèle à la British-Queen. Et pourtant, la Bristish-Queen n'a rien sauvé du tout... en Belgique du moins... pas même le ministère qui faillit faire naufrage avec le colossal steamer !... Mais revenons à nos moulons, je veux dire à nos vers (J. Van Meerbeeck, Ch. Van Swygenhoven, Le système Raspail, Gazette médicale belge, 2 février 1845 - books.google.fr, François-Vincent Raspail, Histoire Naturelle de la santé et de la maladie chez les végétaux et chez les animaux en général, et en particulier chez l'homme, 1860 - books.google.fr).

On rencontre Armand Barbès aux GEMEAUX du Serpent rouge (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Gémeaux).

Marseille, ver et La Vraie Langue Celtique

Au psaume 21 (22), qui a été considéré comme typologique à la passion du Christ, le plaignant s'identifie à un ver :

Dans l'Eden, le premier Adam eût voulu être l'égal de Dieu ; il ajouta foi aux paroles du serpent menteur : «Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal (Eritis sicut dei, scientes bonum et malum. Gen. III,5)» Quelle arrogance ! quel orgueil ! Au contraire, dans Gethsémani, le second Adam, le Fils de Dieu, Dieu lui-même, par conséquent, retint à peine quelque ressemblance avec la pauvre humanité : «Je suis un ver et non un homme (Ego vermis et non homo. Ps. XXI,7). Il s'abaisse jusqu'à la poussière (S. Matth. XXVI,39). Il se jeta la face contre terre en priant (Procidit in faciem suam orans super terram. S. Matth. XXVI,39),» nous disent les évangélistes. Lui, le Fils de Dieu! son visage divin dans la poussière! Oh! que cet abaissement de notre Seigneur Jésus-Christ, en expiation de la présomption d'Adam, n'a-t-il pour nous toute l'efficacité désirable ! Que ne détruit-il en partie notre orgueil, que nous favorisons dans l'acte même de nos prières ! Car, avouez-le, dans ce moment-là même où nous devrions surtout être le plus humbles, ne nous sentons-nous point portés à admettre des pensées d'orgueil et de vaine complaisance ? Ne nous figurons-nous pas que nous sommes plus dévots, plus recueillis, plus édifiants que les autres, plus agréables aux yeux de Dieu que notre prochain. Hélas ! ô mon Dieu ! et notre Seigneur , lui, priait la face contre terre ! (John Bonus, Les ombres de la Croix ou Jésus souffrant, 1859 - books.google.fr).

La fondation de Marseille est abordée aux pages 176-177 de La Vraie Langue Celtique (176 = 155 + 21).

N'abandonnons pas le Rhône sans chercher à connaître Marseille ou Massilie. (VLC, p. 176)

Les vannes du ciel : déluge

Les vannes du ciel sont associées au déluge, comme dans les traductions d'Isaïe (XXIV) (Jane Dieulafoy, A Suse, journal des fouilles, 1884-1885, 1888 - books.google.fr, L'Écho des Alpes, A. Jullien, 1910 - books.google.fr, René Paroissin, Art et humanisme biblique avec Paul Claudel, S. Bernard et S.J. de la Croix, G. Migot, Bach et Haendel, Péguy et Honegger, 1955 - books.google.fr).

Selon le Talmud palestinien, le 17 de Margeshwan, nom issu de l’akkadien Arahsawan (8ème mois), correspond au coucher des Pléïades et au début du Déluge. La Nouvelle Année (1 de Tishri) ouvre la période du Jugement (paire de carte précédenteà) qui s’accomplit pendant le Déluge, situé dans les pluies d’hiver. Le second Mois Hébreu avant la sortie d’Egypte, était Marchesvan, qui commençait vers le milieu de notre Octobre, et finissait vers le milieu de notre Novembre. Après la Délivrance d’Egypte, le commencement de l’Année fut changé, et Nisan devint le Premier Mois ; mais les juifs n'observèrent ce changement, que dans ce qui regarde leurs Fêtes, et les Calculs Ecclésiastiques. Ainsi le 17ème jour du second mois auquel commença le Déluge c'est-à-dire le 1er ou le 2 de notre Novembre (Samuel Shuckford, Histoire du monde sacrée et profane: pour servir d'introduction à l'Histoire des Juifs du docteur Prideaux, Volume 1, 1738) (22 v’la l’Tarot : Chapitre II - Kabbalisation du Tarot : XI - La Force . Le Fou).

Dans les 40 jours après ce 1er novembre du Scorpion, on est dans le Sagittaire.

Marseille et le déluge

Pavillon et les pères Fodéré et Rochex, historiens de la Maurienne, se disant fondés sur les traditions tirées des livres juifs, disent que Lameth et Noé, divinement inspirés pendant qu'on fabriquent le grand navire qui devoit les préserver des eaux du déluge, en firent un plus petit, sur lequel ils s'embarquèrent pour faire le tour de la terre; et que pendant ce voyage, après avoir remarqué qu'elle étoit divisée par les mers en trois parties, ils se contentèrent de se mettre en mémoire quels étoient les endroits les plus habitables, puis ils s'en retournèrent en la cité d'Henoch, en Arménie, où ils trouvèrent l'arche presque achevée ou du moins bien avancée. Selon eux, l'an du déluge 104, Noé avec ses trois fils Sem, Cham et Japhet, et autres procréés dès la sortie de l'arche, partirent d'Arménie, et vinrent débarquer dans l'endroit où est à présent Marseille, où ils laissèrent une colonie qui suivit les côtes du Rhône et les peupla en peu de temps, ainsi que les pays voisins, tandis que Noé avec le reste de ses gens s'en retourna en Arménie, où il arriva l'an 108. Cette colonie, que Noé laissa à Marseille l'an 106, s'étant répandue, comme dessus, le long du Rhône, s'étendit bientôt jusque sur les Alpes, qu'ils peuplèrent, et dont les habitants furent d'abord appelés Morigénes, quasi sine origine, pour n'avoir eu jusqu'alors aucun roi, sinon Noé (Mémoires et documents, Tome 2, Mémoires et documents, Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, 1858 - books.google.fr).

La Maurienne, origine de la Maison de Savoie, y conduit, placée dans le secteur zodiacal nonagonal du Serpentaire.

Cassien et le déluge

Comme Adam avait prophétisé un double déluge d'eau et de feu, les descendants de Seth, qui avaient découvert l'astronomie, décidèrent d'inscrire leur science sur deux colonnes, l'une de pierre, l'autre de brique, pour éviter l'anéantissement de leurs savoirs. Mentionnée dans les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe, cette légende para-biblique connaîtra un grand succès durant le millénaire médiéval, tant chez les auteurs latins que dans la littérature vernaculaire. Sans cesse repensée et remodelée, elle illustre en fait une véritable hantise du clerc, celle d'une perte du savoir, d'une discontinuité dans la translatio studii. Toutes ses composantes sont soumises à des déplacements, et cela dès l'époque carolingienne : figure du scripteur (descendants de Seth ou descendants de Caïn), forme du support (colonnes, stèles, tablettes...), matériaux mis en oeuvre (pierre, marbre, métal...), nature du contenu (astronomie, musique, grammaire...), réception de ces inscriptions après le Déluge par la génération des fils ou petits-fils de Noé. En arrière-plan se profilent deux conceptions de la translatio : la bonne translation telle que la conçoivent les fils de Seth et qui est au service de l'humanité, la translation pervertie telle qu'elle est mise en oeuvre par Cham qui cherche à transmettre à la postérité un savoir maléfique et à contourner ainsi la fonction cathartique du Déluge. [...]

La légende des deux stèles telle qu'elle figure chez Flavius Josèphe a fasciné les hommes du Moyen Âge et ne cessa en fait d'être repensée et remodelée durant le millénaire médiéval, car elle illustre une véritable hantise du clerc, celle d'une perte du savoir, d'une discontinuité dans sa transmission. Le Déluge joue dans cette perspective le rôle qu'a eu dans la réalité l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie ou que pourrait avoir à l'avenir un bogue informatique : une rupture de la translatio, une perte de la mémoire. Toutes les composantes de cette légende parabiblique sont de fait soumises à des déplacements et des réécritures. [...]

Cette légende ne semble pas avoir donné lieu à des représentations dans les manuscrits de Flavius Josèphe ou les chroniques universelles qui la mentionnent, dans la mesure où il s'agit d'un épisode apocryphe et surtout que le texte biblique offre ici pléthore d'images possibles. Il n'est pas fait mention de cette légende dans l'ouvrage de G. Deutsch, Iconographie de l'illustration de Flavius Josèphe au temps de Jean Fouquet, Leyde, 1986. [...]

Mais un autre scénario concurrencera celui de Josèphe et influera sur la réception médiévale des Antiquités, scénario qui insiste sur la perversion de la transmission et présente l'inscription du message comme une effraction. Telle est la tradition rapportée par Jean Cassien dans sa VIIIe Conférence consacrée aux Principautés, soit les démons. L'abbé Sérénus y évoque longuement le lignage de Seth, lignage des « fils de Dieu » (filii Dei, cf. Gen 6, 2), des justes et des sages qui possédaient en héritage de leur ancêtre, Adam, la « science vraie » (scientia vera) de toute chose. Mais, après l'alliance de ce lignage avec la descendance maudite de Caïn, les « filles des hommes » (filiae hominum, cf. Gen 6, 2), tout change : le savoir se pervertit et tourne à la superstition et à la magie (maleficiorum artes atque praestigias ac magicas superstitiones), à l'idolâtrie des éléments et du feu. Cassien s'interroge sur leur persistance au-delà du Déluge (« Comment ces sciences occultes n'ont-elles pas péri dans le Déluge ? ») et fait à ce moment-là appel au subterfuge des lames de métal : À ce que rapportent d'antiques traditions, Cham, fils de Noé, avait été initié à cette superstition et à ces arts sacrilèges et profanes. Sachant qu'il ne pourrait introduire dans l'arche, où il devait entrer avec son père, qui était un juste, et ses vertueux frères, un livre qui en conservât la mémoire, il en grava les recettes criminelles et les inventions abominables sur des lames de métal, qui fussent inattaquables à l'eau, et sur des pierres très dures. Le Déluge passé, il se mit à la recherche de ses trésors avec le même soin qu'il avait apporté à les cacher, et put transmettre à sa postérité une semence de sacrilèges et d'éternelle perversité (Conférences VIII-XVII, éd. et trad. de Dom E. Pichery, Paris, 1958 (Sources Chrétiennes, 54), p. 30-31). [...]

Même si les Conférences de Cassien seront abondamment lues et copiées dans les monastères durant tout le Haut Moyen Âge et bien au-delà, sa version de la transmission des arts magiques par effraction sera rarement mentionnée avant le XIIe s. ; le scénario très largement privilégié est en fait celui de Flavius Josèphe, dont la traduction latine a connu très tôt un immense succès. Isidore est le premier à y faire une brève allusion dans ses Chronica majora (615), allusion minimale qui passe sous silence aussi bien la figure des scripteurs (le bon lignage de Seth) que la nature de l'objet (l'astronomie). [...]

Deux auteurs, Hugues de Saint-Victor et Pierre Comestor, repensent la légende à la lumière de nouvelles préoccupations.

Cham, qui vivait encore en ce temps-là [...] devenu roi de Bactriane, voisin de Ninus, aussi appelé Zoroastre, était l'inventeur et l'auteur de la maléfique science astrologique. Il écrivit également les sept arts libéraux sur quatorze colonnes, sept d'airain et sept de brique, pour les préserver des deux types de déluge en vue du bienfait de sa postérité. Ninus, après avoir obtenu la victoire, brûla ses livres d'astrologie (In Pentateuchon). [...]

Hugues de Saint-Victor ne se contente pas de répéter Cassien, puisqu'il fait bien la différence entre les arts libéraux et l'ars mathematica, soit l'astrologie, entre les savoirs positifs et les savoirs pernicieux. Les colonnes, multipliées par sept pour les conformer aux arts libéraux, sont édifiées pour le bienfait de l'humanité, mais dans une période qui semble postérieure au Déluge (Jean-Marie Fritz, Translatio studii et déluge. La légende des colonnes de marbre et de brique. In: Cahiers de civilisation médiévale, 47e année (n°186), Avril-juin 2004 - www.persee.fr).

On retrouve une "colonne sur son roc blanc" aux POISSONS du Serpent rouge, et les lames de Cham ressemblent aux tarots (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Poissons).

Cassien et l'abbaye de Saint Victor

Si l'abbaye de Saint-Victor est l'une des attractions touristiques majeures de Marseille, elle garde toujours aujourd'hui quelques secrets. Juste au-dessus de la porte d'entrée de l'église, se trouve un curieux petit médaillon très souvent ignoré : on y voit la représentation d'une légende selon laquelle saint Victor, qui donna son nom à l'abbaye, aurait terrassé un dragon qui hantait les eaux des calanques. D'autres éléments concernant l'abbaye et sa fondation restent également méconnus. Dès la chute de l'empire romain, au Ve siècle, Jean Cassien, un moine copte venu d'Égypte, fonde le monastère de Saint-Victor à Marseille (Eleonore Quemener, Jean-pierre Cassely, Marseille insolite et secrète, 2017 - books.google.fr).

C’est Cassien qui, à partir des textes d’Évagre le Pontique, fixe la formule latine qui devient l’équivalent de la grecque : anxietas sive tædium cordis « l’anxiété, ou le dégoût du coeur » et que l’on retrouve inchangée en différents lieux de ses ouvrages. Il décrit de manière saisissante le malaise du moine acédiaste, ne pouvant tenir en place et se jetant désespérément sur tout ce qui peut le distraire. Le moine soupire après les monastères lointains, se précipite sur la nourriture, promène autour de lui des regards anxieux, espère ardemment une visite. « Il sort et rentre souvent dans sa cellule, observe à tout moment le soleil, comme s’il était trop lent à se coucher. » Pris d’angoisse, le malheureux cède au sommeil de torpeur saoule qui deviendra la paresse du Moyen Âge, ou bien, « ardent », survolté, plein d’une ardeur animale et d’une grande fébrilité, il se livre à l’assouvissement nauséeux de ses plus bas et plus forts instincts. L’acedia, tourment corporel, peut ainsi culminer sur une crise frénétique (Anne Larue, Les chambres de l’esprit - electrodes.files.wordpress.com) (Le Prieuré de Sion : Prologue : Emma Calvé : massacre des Innocents à la grenade, Autour de Rennes le Château : Signol - Sigzol : la lettre de Mantinée).