Partie II - Voyage dans le temps   Chapitre XXIV - Une traversée du siècle   Résistances intérieure et extérieure   

Lyon, « la capitale de la Résistance » selon le général de Gaulle, connut trois périodes différentes de 1940 à 1944. La première ne dura que 19 jours, ceux de l’occupation par les troupes allemandes qui quittent la ville après le découpage du pays en zone occupée et zone non-occupée soumise au régime de Vichy. La deuxième période, jusqu’au 11 novembre 1942, voit l’affluence d’écrivains, de journalistes, et des fugitifs du Paris occupé. Des journaux parisiens reçoivent l’hospitalité de leurs homologues lyonnais. A la fin 1941, les trois principales organisations de résistance de la zone sud fixent leur état-major dans la ville : Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur. Les réseaux clandestins se multiplient, alors que les services de renseignements britanniques investissent la ville. Des manifestations éclatent dans la ville en 1942, contre la projection du film antisémite le Juif Süss, pour la célébration de fêtes républicaines. Un important mouvement de grève est déclenché dans les usines travaillant pour l’ennemi. L’Abwehr et la Gestapo en font autant et monte l’opération « Action Donar » avec la complicité de Vichy. Un commando, installé à Charbonnières, localise en  septembre les émissions radio vers l’Angleterre et procède à l’arrestation des opérateurs. Plusieurs réseaux subirent de lourdes pertes.

Au cours de l’année 1942, s’impose Jean Moulin, délégué du général de Gaulle. « Il a pour mission de coordonner les mouvements de la zone Sud et d’en regrouper les éléments militaires. Il crée en avril le Bureau d’information et de presse (BIP) qu’il confie à Georges Bidault, professeur au lycée du Parc ; il organise en septembre avec Claude Bourdet le noyautage des administrations publiques (NAP) dont l’initiative revient au Lyonnais André Plaisantin ; il met au point l’ « Armée secrète » avec à sa tête le général Delestraint. Il inaugure enfin à Lyon, le 27 novembre, le « Comité de coordination » en présence des trois chefs de zone Sud et de Delestraint. Sous son impulsion, les trois mouvements se constituent en Mouvements unis de la Résistance (MUR) en janvier 1943 [1]».

Entre temps, les Allemands envahissent la zone non occupée et la ville est investie par la Gestapo dont le chef sera Klaus Barbie fin 1942, prenant le commandement de la section IV. La répression frappe avec brutalité tous les mouvements de résistances. Les rafles se succèdent visant les juifs et les réfractaires du STO.

Pour accélérer l’unification de la Résistances, ses services centraux sont regroupés à Paris où Jean Moulin préside la première séance du Conseil national de la Résistance le 27 mai 1943. « Lyon a perdu sa suprématie », mais restera la plaque tournante de la Résistance pour la zone Sud. C’est cependant dans la banlieue lyonnaise, à Caluire le 21 juin, que Jean Moulin est capturé et sera ensuite torturé par Barbie.

De nombreux maquis sont organisés  à travers la France, dont ceux des Glières, du Vercors, du Mont Mouchet. En février 1944, un groupement de 500 maquisards issus du 27ème bataillon des chasseurs alpins, se retranchent sur le plateau de Les Glières dans le cercle templier de Savoie. Sa résistance soutenue par les parachutages alliés nécessita l’intervention de 20 000 hommes de la Wehrmacht, des SS et de la milice de Vichy, appuyés par la Luftwaffe. Après 10 jours de violents combats, les défenseurs furent décimés par l’ennemi qui massacra prisonniers et blessés.

Représentative des représailles faites par les Allemands contre les actions menées par la Résistance, celle de Châteaubriant répondait au meurtre de l'officier allemand Holtz à Nantes. Le 22 octobre 1941 dans le camp de Choisel, ils fusillèrent 27 otages, parmi lesquels le jeune communiste Guy Môquet, récupéré au niveau national par le président Sarkozy, à 9 poteaux d'exécution 3 par 3. Leurs corps furent distribués de même 3 par 3 dans 9 communes alentours dont Moisdon. 50 autres otages furent exécutés à Nantes.

Le chef de la France libre, le Général de Gaulle est né à Lille en 1890. Il dirigera les opérations en relation avec les alliés anglais et américains parfois dans un climat orageux. La France libre bénéficiera de nombreux ralliements dont celui de de Lattre de Tassigny, qui est né en 1889 à Mouilleron-en-Pareds comme Clemenceau. Sorti de Saint-Cyr en 1911, il se distingue au cours de la première guerre en étant blessé 4 fois. Il sert au Maroc de 1921 à 1926. Devenu général en 1939, il chef d’état major de la Vème armée en Alsace, dont de Gaulle commande les chars de combat. Lors de la guerre 39-40, il s’illustre dans la région de Rethel. Après l’armistice il est envoyé en Tunisie puis rappelé en France à Montpellier. Il s’insurge, en 1942, de la violation de la zone libre par les Allemands, ce qui lui vaut une mise à la retraite d’office et la condamnation à 10 ans de réclusion. Il s’échappe et gagne Alger en septembre 1943. Commandant de la 1ère armée française, il débarque à Saint-Tropez le 16 août 1944 et libère Toulon, Marseille, Lyon, Dijon, Belfort et l’Alsace. Il conduit ses troupes en Allemagne et signe à Berlin la reddition des armées allemandes. Haut commissaire et commandant en chef en Indochine entre 1950 et 1952, il y rétablit les forces françaises et met sur pied une armée nationale vietnamienne. Il meurt en 1952 de maladie et sera élevé au titre posthume de maréchal par le Parlement.

Les Français auront contribué à libérer l’Europe du joug nazi qui exerça sa tyrannie au moyen des camps de concentrations comme Oranienburg et Buchenwald vers lesquels étaient conduits opposants politiques ou minorités ethniques et religieuses partant de camps de transit comme Drancy. La terreur régnait jusque dans la retraite de l'armée allemande lorsque la guerre était perdue : Maillé, Tourouvre en témoigent comme Oradour-sur-Glane.

Entré dans la Résistance sous le nom de Morland, Mitterrand s’envole fin 1943 pour Londres puis Alger où il rencontre de Gaulle. Il devient le principal responsable du MNPGD, fusion des divers mouvements de prisonniers, malgré l’opposition du neveu du général de Gaulle, Michel Cailliau. Il a fait le bon choix qui lui assure un avenir dans l’après-guerre.

 


[1] Renée Bédarida, « Lyon, capitale de la Résistance », L’Histoire n° 80, p. 32