Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   Psaume 103 : Confirmation et Abraham   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET PSAUME 103 CONFIRMATION MARIAGE ESPRIT

La Vraie Langue Celtique

Les ateliers du Grand-Pressigny présentent une assez grande variété d'instruments. On y voit des haches à tous les degrés de la mise en oeuvre, depuis l'ébauche la plus grossière jusqu'à l'arme parfaitement polie. On y voit aussi de longs éclats, ou des silex couteaux, enlevés d'un seul coup avec une habileté surprenante. Une étrange objection a été élevée contre l'ancienneté des haches, des couteaux et armes de Pressigny. M. Eugène Robert a prétendu que ces silex n'étaient autre chose que des masses siliceuses ayant servi à la fin du dernier siècle, et surtout au commencement du siècle actuel, à la fabrication des pierres à fusil ! M. l'abbé Bourgeois, M. Penguilly l'Haridon et M. John Evans n'ont pas eu beaucoup de peine à démontrer le peu de fondement d'une telle critique. Dans le département de Loir-et-Cher, où l'industrie de la pierre à fusil existe encore, les résidus de la fabrication ne ressemblent en aucune façon au nuclei de Pressigny ; ils sont beaucoup moins volumineux, et ne présentent pas les mêmes formes constantes et régulières (L'homme primitif, par M. Louis Figuier) (VLC, p. 258)

Pour nous, ramper c'est avancer à la manière du serpent... [...] Lorsque Salluste nous transmet que les Libyes et les Gaetules vivaient comme des nomades, il oublie de nous dire que la terre nue ne leur plaisait guère pour y prendre leur repos... (VLC, p. 103) (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre IV - Ps. 103).

Psaume 103

Pour dispenser les sacrements, l'Eglise utilise trois huiles différentes qui sont bénies par l'évêque lors de la messe chrismale : celle des malades, celle des catéchumènes et le saint chrême. Les deux premières, composées d'huile d'olive pure, sont simplement bénies, avant et après la consécration. Le saint chrême est d'une composition plus complexe, puisqu'on ajoute à l'huile une résine très odorante que l'on appelle «baume». En outre, il n'est pas simplement béni mais consacré ; il était même jadis «salué» en sa qualité de seconde chose la plus sainte après l'eucharistie. Le saint chrême est en particulier utilisé lors de la confirmation et du sacre des évêques. Pénétrant la peau, il est le signe efficace de l'Esprit Saint descendu sur Jésus, après son baptême, sous la forme d'une colombe. Le chrême confère une certaine plénitude à celui qui en est oint. Pour le confirmé, la grâce de cette onction, qui le fait prêtre roi et prophète, le porte à témoigner de la douceur du Christ et à répandre sa bonne odeur. Et à mesure que cela s'accomplit, cette huile, comme le chantait David, fait «briller nos visages» (Ps 103,15).

"Seigneur Sabaoth, Dieu des puissances, créateur des eaux et chorège de l'huile, miséricordieux et philanthrope, toi qui donnes l'eau pour boire et purifier et l'huile qui réjouit le visage, pour la joie et l'allégresse, toi-même maintenant par le Christ, sanctifie cette eau et cette huile, au nom de celui ou de celle qui les ont apportées, et accorde-leur la vertu de produire la santé, de chasser les maladies, de mettre en fuite les démons, de protéger la maison, d'éloigner toute embûche, par le Christ notre espérance, par qui à toi gloire, honneur et vénération dans le Saint-Esprit pour les siècles, amen." (Prière de bénédiction, Les constitutions apostoliques VIII, 29,1, Cerf p. 324) (Xavier Accart, Comprendre et vivre la liturgie: Signes et symboles expliqués à tous, 2013 - books.google.fr).

Les Constitutions apostoliques (en latin : Constitutiones apostolicae, "Diatagaì tôn hagíôn apostolôn") sont un recueil de doctrine chrétienne, de liturgie et de discipline ecclésiastique écrit vers la fin du IVe siècle, destiné à servir de guide pour les œuvres du clergé ainsi que pour une partie du laïcat. Les constitutions prétendent être l'œuvre des douze apôtres, dont les instructions sont censées avoir été transmises par le pape Clément de Rome au début du IIe siècle. Elles ont été fréquemment lues et relues au long de l'histoire, et pour cela, leur valeur historique est non négligeable. Les six premiers livres sont inspirés de la didascalie des apôtres. Le septième livre est tiré de la Didachè. Le huitième livre est une composition mixte, issue du travail des synodes et des conciles. Leur canonicité fut rejetée au IVe siècle par le Décret de Gélase, ce qui n'empêche pas Jean Damascène de les citer encore au VIIIe siècle. Elles sont considérées comme parfaitement canoniques par l'Église éthiopienne (fr.wikipedia.org - Constitutions apostoliques).

Le psaume 103 regroupe les termes : firmitas de la Terre (cf. étymologie de confirmation) ; Léviathan, monstre marin qui peut désigner le Dragon céleste (Job 3,8), passant par Sougraigne dans sa projection sur le département de l'Aude ; les sources d'eau (cf. Fontaine salée, source de la Sals, rivière salée,à Sougraigne) ; l'huile qui fait briller les visages (cf. chrême du sacrement de la confirmation) ; le sel implicitement se trouve dans la mer où nage le Léviathan (Autour de Rennes le Château : Rennes les Bains, la Petite Ourse et le Dragon).

« Il a fondé la terre sur son inébranlable appui, elle ne sera pas inclinée dans les siècles des siècles (Ps., CIII, 6). » Appliquer ces paroles à cette terre serait, je le crains, entrer dans une voie sans issue ; car comment dire qu’elle « ne sera pas inclinée dans les siècles des siècles » alors que l’Évangile a dit: « Le ciel et la terre passeront (Luc, XXIV, 3, 5) ? » Il y a donc fort à faire pour prendre ces paroles à la lettre. Car si le Prophète dit que Dieu a fondé la terre sur son inébranlable appui » cela suppose qu’il y a quelque part un appui, caché à nos yeux, qui affermit la terre. Le Prophète dit encore : « Dieu l’a fondé, » sur quoi ? Sur cet appui inébranlable que vous n’apercevez pas, que Dieu aurait créé pour la soutenir. Mais que ces choses restent cachées dans la création ; ce n'est point quelque obscurité d'une créature qui nous dérobera la connaissance du Créateur : voyons ce que nous pouvons voir et, d’après ce que nous voyons, aimons-le et glorifions-le. Mais maintenant appliquons-nous à rechercher ce qui est ici figure. « Il a fondé la terre. » Je comprends par la l‘Église. « La terre avec tout ce qu'elle contient appartient au Seigneur (Ps., XXIII,1).» Je comprends que la terre signifie l‘Église. L‘Église est cette terre altérée, la même qui est une formée de toutes les âmes, et qui dit dans le Psaume : « Mon âme est comme une terre sans eau (Ps., CXLII, 6). » Que signifie : « sans eau ? » Qu'elle a soif. Mon âme a soif de vous comme une terre sans eau; en effet, si elle n'avait soif, il ne conviendrait pas qu'elle fut arrosée. La pluie est le déluge de l'âme enivrée : il faut donc qu’elle ait soif, car « Bienheureux ceux qui ont faim et soit de lajustice (Mattv., V,6);» il faut qu’elle dise : « Mon âme est comme une terre sans eau, » parce qu’elle dit ailleurs : « Mon âme a soif du Dieu vivant (Ps.,XLI, 3). » Par la terre je comprends donc l’Église. Quel est l'iné branlable appui sur lequel elle repose, si ce n'est le fondement qu’elle a reçu ? Avons-nous tort de dire que cet appui n’est autre quels fondement sur lequel est établie l’Église ? Or, quel est ce fondement ? « Nul, » dit l’Apôtre, «ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, lequel est le Christ Jésus (I Cor., III, 11). » C'est donc en lui que nous avons un inébranlable appui; et comme nous somme fondés sur lui, nous ne serons pas renversés dans les siècles des siècles; car rien n'est plus solide que ce fondement. Vous étiez faible, mais un fondement inébranlable vous soutient. Vous ne pouviez être ferme par vous-même, vous le serez à jamais, si vous ne quittez pas ce ferme fondement. « Elle ne sera pas inclinée dans les siècles des siècles (Ps., CIII, 5). » « Elle est la colonne prédestinéc et le ferme support de la vérité (I Tim., III, 15). » (Enarratio Ps. CIII) (Augustin, Oeuvres complètes, L. Vivès, 1872 - books.google.fr).

La « menace » de Dieu est un vieux thème des cosmogonies anciennes où la création apparaissait comme le résultat d'un combat entre le Dieu créateur et les éléments rebelles (Ps 103/104, 5-9; 73/74, 13-14; 88/89, 9-11; Jb 26, 11-12). Les traditions bibliques l'ont repris pour décrire les merveilles de la victoire sur la mer Rouge (Ps 105/106, 9; Is 50, 2). Elles l'ont ensuite projeté dans l'ère eschatologique (Ha 3, 8; Na 1, 4) qui verra délivrance définitive du peuple de Dieu (Thierry Maertens, Jean Frisque, Guide de l'assemblée chrétienne, Volume 8, 1970 - books.google.fr).

L'épopée « Enuma Elish » relate la création du monde par la victoire de Mardouk contre le monstre marin Tiamat (Thomas Römer, L'Invention de Dieu, 2014 - books.google.fr).

Si le baptisé a du sel dans la bouche (sal sapientae, sel de la sagesse), le confirmé l'a sur le front.

Après l'onction du saint chrême, l'ancien usage était de ceindre le front du confirmé d'un bandeau qu'il conservait jusqu'au huitième jour, comme les néophytes leurs vètements blancs. D'après quelques conciles, ces sept jours représentaient les sept dons du Saint-Esprit. Au treizième siècle, le nombre de ces jours fut limité à trois, en mémoire des trois personnes de la sainte Trinité (Sinod. Colon. 1281); au seizième siècle, on se contenta d'un jour. Le bandeau était enlevé solennellement à l'Eglise par le parrain, pendant que le prêtre récitait des prières. On frottait ensuite le front du confirmé avec du sel, on le lavait avec de l'eau, on brûlait le bandeau, dont la cendre, ainsi que le sel et l'eau dont on s'était servi, était déposée dans ce qu'on appelle le sacrarium, ou bien dans l'eau courante (Concil. Colon. 1652) (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Etudes particulières de psaumes : Psaume 59 : Orphée, Porc-Fée).

Par le baptême nous sommes régénérés à la vie spirituelle qui appartient à l'homme tout entier; au lieu que la confirmation nous fortifie pour le combat, dont le signe doit être porté sur le front, comme sur le lieu le plus évident. Le principe de la force est dans le cœur, mais on en voit le signe sur le front. D'où le Seigneur dit au prophète (Ezech. III, 8) : Voilà, je vous ai donné un front plus dur que leur front. C'est pourquoi le sacrement de l'eucharistie par lequel l'homme est confirmé en lui-même appartient au cœur, d'après ces paroles (Ps. CIII, 14): Que le pain affermisse le cœur de l'homme. Mais pour le sacrement de confirmation il faut le signe de la force qui se rapporte aux autres : c'est pour cela qu'on le place sur le front. On donne la confirmation pour qu'on confesse librement la foi et non pour qu'on la confesse simplement, parce que ceci se fait aussi dans le baptême. C'est pourquoi on ne doit pas confirmer sur la bouche, mais sur le front, où se manifestent les signes des passions qui empêchent de confesser librement la foi (La somme théologique de Saint Thomas, traduit par l'abbé Drioux, 1856 - books.google.fr).

Le verbe "convaincre" (5 occurrences) apparaît à la page 240 avec "Sougraigne" (3, occurrences : 240, 241 et 245).

Sougraigne est donc à la page 245 correspondant à la page 90 et au psaume 90 où figure le Dragon (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre IV - Ps. 90).

Confirmation et victoire

Florent Gaboriau, dans Chrétiens « confirmés », Le sacrement de la croissance, (« Théologie nouvelle», 1 vol. de 258 p ., Paris, FAC-éditions, 1988) aborde une difficulté théologique traditionnelle : puisque le baptême confère déjà l'Esprit-Saint gage de la vie éternelle, quel effet propre attribuer à la confirmation ? C'était déjà la question posée à l'évêque Fauste de Riez (vers 450) par ses ouailles, pertinemment curieuses, auxquelles il répondit par un célèbre sermon de Pentecôte, repris par toute la tradition. Paradigme de ce que les questions pastorales les plus pratiques sont d'abord des problèmes doctrinaux... Voici en substance la réponse de Fauste : en tant que plénitude d'innocence, le baptême est parfait; mais il ne retire pas pour autant l'homme de cette terre ! Au contraire le baptisé doit désormais vaincre tout au long de sa vie pour continuer à être entièrement au Christ. Et c'est à la confirmation qu'il appartient de le faire progresser au milieu des ennemis et des périls, en lui donnant la croissance de la grâce sanctifiante et le don de force, qui sont sa part des fruits de la Pentecôte, où l'Esprit vint pour l'Eglise pour l'Eglise de tous les temps. Le paragraphe intitulé « le don » est abordé avec impatience : le lecteur y attend en effet une explicitation originale de la spécificité du don chrismal. Espoir excessif... l'A. se contente de reprendre la classique notion de progrès, que Thomas exprime par les deux termes conjugués d'augmentum et de firmitas : grandir-pour-être-fort, pour le distinguer du don baptismal : naître-à-la-vie. Cette distinction n'est certes pas superflue : elle est même essentielle en raison de la menace constante de rachitisme spirituel dont Jésus avertit souvent dans ses paraboles : le semeur, les talents, les sarments secs, le figuier stérile... Celui qui s'étonnerait d'une telle insistance oublie que Jésus a une connaissance unique du cœur de l'homme et que ses avertissements sont donc proportionnels à l'importance de la menace. De même, pour le chrétien, la force n'est pas une option ! Car le courage apostolique est une configuration spécifique et essentielle au Christ... Ainsi les Apôtres fuyards de la Passion restent les Apôtres craintifs de la Résurrection, enfermés par peur des Juifs ; et de cette peur ils ne sont délivrés que par le Paraclet se donnant lui-même avec sa cohorte de dons et charismes. On pressent alors que si le baptême nous incorpore au Christ: à l'être du Christ, la confirmation nous « incorpore» à l'agir du Christ, à sa mission, donc à l'Esprit-Saint : la confirmation nous délègue à une mission qui est celle remise par le Père et le Fils à l'Esprit (Gilles-Marie Marty, Recensions, Revue thomiste: revue doctrinale de théologie et de philosophie, Volume 89, Numéros 1 à 2, 1989 - www.revuethomiste.fr).

Serpent et sel

Parmi les exhortations qu'adresse Aphraate, auteur chrétien de langue syriaque du IVe siècle aux « Fils et Filles de l'Alliance », figure une métaphore singulière, qui retiendra toute notre attention : « Soyons le sel véritable, afin de ne pas devenir nourriture de serpent.» [...]

Bien qu'elle : associe deux symboles présents dans l'Ancien et le Nouveau - Testament, la métaphore d'Aphraate n'est pas, issue des : Écritures, même si le début de la phrase « Soyons le sel véritable » évoque immanquablement les paroles du Christ à ses disciples en Matthieu 5, 13 : « Vous êtes le sel de la terre. » En effet, on n'a pas trouvé de texte qui ; oppose explicitement le sel et le serpent ; et le motif du « serpent dévorant » n'est pas directement biblique. Il se rattache plutôt à la littérature rabbinique et aux apocryphes chrétiens. [...]

Certains auteurs chrétiens confèrent au sel la dimension spirituelle qui donne à la chair, la sagesse. C'est en ces termes qu'Origène interprète le châtiment de la femme de Lot en Genèse 19. Le sel est ici le symbole de la sagesse « virile » qui manquait à la femme de Lot.. Ainsi sont opposés non seulement la chair et l'esprit, mais le sel et le vice. [...]

Le sel est, par excellence, l'élément conservateur, puisqu'il empêche la putréfaction de la chair. [...]

De nombreux auteurs chrétiens ont interprété la symbolique du sel à la lumière du péché originel ; et ; dans le rite baptismal, il préserve des attaques du diable. [...]

Cette constatation empirique donne lieu chez Aphraate, et d'autres auteurs chrétiens, à des spéculations complexes. Mais si l'on peut être sûr du sens premier du mot « sel », il n'en est pas de même pour le serpent. En effet, le terme hébreu de nahas recouvre un champ sémantique plus large qu'en français ; et les exemples suivants montreront l'homme déchu dévoré par différentes espèces de la faune rampante ou sinueuse. Mais pour comprendre le motif du « serpent dévorant », il faut d'abord s'interroger sur le statut du sel dans les sociétés antiques. Les auteurs anciens, religieux et profanes, ont loué avec un enthousiasme égal la saveur et les vertus du sel. Ainsi, chez les Arabes, « partager le sel » signifie être amis. Il symbolise aussi la convivialité qui réunit Joseph et ses frères quand ils se retrouvent en Égypte : « Ils avaient partagé le sel et la table, symboles dans lesquels on reconnaît la véritable amitié » ; et, plus tard, les apôtres et le Christ ressuscité « prennent le sel ensemble » si l'on traduit littéralement sunalizomenos, généralement rendu par « ils mangèrent ensemble ». Pour Pline l'Ancien, le sel fait l'attrait de la table et de l'esprit : « Concluons : sans sel, ma foi ! on ne peut mener une vie civilisée ; c'est une substance à ce point nécessaire qu'elle désigne aussi par métaphore les plaisirs intellectuels : c'est, en effet, le sel qui leur donne leur nom, et tout l'agrément de la vie. » Dans un registre moins mondain, le sel est aussi l'agrément, souvent unique, des repas des moines et des saints, dont il semble attester la constance et la sobriété. L'apôtre Thomas, envoyé en mission en Inde, apparaît ainsi aux envoyés du roi chargés de rendre compte de son comportement : « Il jeûne beaucoup et prie beaucoup, mange du pain et du sel, et boit de l'eau. » Associé à l'ascèse, le sel est-il encore un aliment ? La question été examinée par les rabbins : le sel et l'eau peuvent être pris pendant les périodes de jeune, car ils ne constituent pas une nourriture. C'est déjà un avant-goût de la dimension « spirituelle » du sel. Synonyme de convivialité, de saveur et d'esprit, le sel est présent sur toutes les tables des sociétés humaines, même les plus frugales. Il est présent jusque sur l'autel du sacrifice dans l'Ancien Testament ou sur la table du banquet des dieux chez les Babyloniens. En effet, chez les Anciens, on ne peut envisager le service divin sans le sel. [...]

Vigouroux 1912, col 213, note que le terme Léviathan évoque l'animal sinueux, qui se roule en spirale ; il apparaît six fois dans la Bible hébraïque, et les Septante l'ont rendu par drakôn, et mega kètos (Job 3, 8). Dans les six passages de la Bible hébraïque, Léviathan est utilisé dans trois sens différents : c'est le crocodile (Job 40, 20 ; 41, 25 ; le monstre marin (Psaume 103, 26) ; la constellation du dragon (Job 3, 8). Caquot, 1975 [117-121]. Cf Esaïe 27, 1, pour le serpent fuyard et le serpent tortueux. Pour les représentations de Léviathan en milieu juif, voir Goodenough 1953, 96, et dans l'iconographie chrétienne, Lucchesi Palli, 1971, col. 93-95. [...]

Chez Aphraate, le prédateur, c'est le serpent vorace. Mais quelle peut être l'origine du motif du « serpent dévorant » ? Un élément de : réponse est donné par Philon, quand il décrit le serpent comme un être de désirs. [...]

Le motif du monstre dévorant, qui n'est pas nécessairement un serpent, se rattache probablement au thème, de la mort ou de l'abîme qui mange les morts. C'est cette même voracité qui caractérise le serpent et les enfers, où les pécheurs sont tourmentés par la vermine. Dans l'Apocalypse grecque de Baruch, le prophète a la vision d'un serpent qui se nourrit des corps de ceux qui ont passé leur vie dans la malice». [...]

Si l'on reprend la métaphore d'Aphraate à partir de ces textes, il apparaît clairement que la nourriture de serpent, c'est la chair corrompue des pécheurs, une chair que n'a pas conservé le sel de l'esprit, et dont se repaît inlassablement la faune infernale. [...]

Dans le Talmud de Babylone, Dieu créa le serpent fuyard et le serpent tortueux, l'un mâle, l'autre femelle. Pour éviter qu'ils ne se reproduisent, il castre le mâle, tue la femelle et conserve son corps dans le sel pour la justice dans le monde à venir. Une variante ajoute que la chair de Léviathan sera servie au banquet messianique. Juste retour des choses ? Ce motif apparaît comme l'inverse de la métaphore d'Aphraate, puisque d'après cette tradition juive, ce n'est plus le serpent qui mange les hommes, mais bien les élus qui font, un festin de la chair de Léviathan (Nadia Ibrahim Fredrikson, La métaphore du sel et du serpent chez Aphraate, le Sage Persan. In: Revue de l'histoire des religions, tome 219, n°1, 2002 - www.persee.fr, (Autour de Rennes le Château : Les parchemins : dans le texte).

Rembrandt van Rijn "Le sacrifice d'Isaac" (1636)

Confirmation, Esprit et sacrifice d'Abraham

Tous les fidèles sont destinés à le recevoir par la confirmation qui est la Pentecôte continuée (Benedikt Tomas Mohelnik, "Gratia augmenti": contribution au débat contemporain sur la confirmation, Volume 97, 2005 - books.google.fr).

La liturgie tout entière a cette dimension cosmique : à travers Noël, Pâques ou la Pentecôte, elle nous dit que le temps appartient à Dieu, que c'est le don de l'Esprit qui renouvelle la face de la terre (Ps 103, 30), que la résurrection a définitivement semé en elle le germe de la terre nouvelle, anticipée en particulier dans la célébration de chaque messe (Dominique Rey, Peut-on être catho et écolo ?, 2012 - books.google.fr).

La liturgie de la Pentecôte emploie ce psaume 103 où se fait la lecture de la première prophétie : le sacrifice d'Abraham où intervient le couteau (www.introibo.fr - Vigile de la Pentecôte avant 1955). L'Église, dans l'Office de la veille de la Pentecôte, rappelle encore à ses enfants oublieux le sacrifice d'Abraham, qui prend, lui aussi, comme l'amiral d’Urville, son fils unique, et ayant coupé le bois qui devait servir à l'holocauste, il s'en alla où Dieu lui avait commandé d'aller... On sait assez le reste : « Abraham prit le couteau pour immoler son fils ; mais à l’instant l’Ange dit : Ne mettez point la main sur l'enfant; je connais que vous craignez Dieu. Il suffit, etc. » Dès le Matin de la Pentecôte, l'Église chante ces sublimes versets du psaume 103 : « Vous vous servez, Seigneur, des esprits comme d'ambassadeurs, et des flammes dévorantes, comme de ministres; » qui facis Angelos tuos spiritus; et Ministros tuos, Ignem urentem !... « C'est dans la mer que se meut ce Dragon dangereux que vous avez formé pour vous en jouer... Le Soleil regarde la terre et elle tremble, il touche les montagnes et elles Fument » (Antoine Madrolle, Théologie des chemins de fer, de la vapeur et du feu, 1842) (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre IV - Ps. 103).

Nuclei

Qarob : Entre, au milieu, dans l'intérieur de. Ces significations dérivent de celle de près de, proche de. C'est le point le plus proche du centre, du noyau d'un espace, d'un corps ; le plus approchant, le plus prochain, par conséquent le plus intérieur, le plus intime, le plus central. En français aussi, proche et intime sont synonymes (Étienne de Campos Leyza, Clef de l'interprétation hébraïque, ou Analyse étymologique des racines de cette langue pour servir à l'histoire de l'origine et de la formation du langage, 1872 - books.google.fr, lexiconcordance.com).

La grande aventure du peuple d'Israël avait commencé avec Abraham, père fondateur du peuple de Dieu, qui lui aussi sur ordre divin avait dû quitter père et mère : « Va vers toi », lui ordonna son Dieu. « Va vers toi », lui redit-il encore lorsque plus tard il lui demanda de quitter toute référence antérieure et de lui offrir son fils en holocauste ! [...] Nous avons tout de même là à retenir la notion de sacrifice — « faire le sacré » signifie « faire croître le Fils ». « Croissez, multipliez, remplissez la terre », demande Dieu à Adam qui, en situation d'exil, n'entend cet ordre divin qu'en se tenant au-dehors des choses. [...] Le « sacrifice », Qareban en hébreu, est inséparable de la notion de « cœur », Qereb, en tant que partie la plus intime de l'être, la plus « proche », Qarob, du noyau de l'être. C'est en ce plus intime de soi que se vivent morts et résurrections successives, là où l'Homme fait le «sacré». Retourné, le mot hébreu Qereb (Qof-Resh-Beit) est Baraq, la « foudre » ou le verbe « étinceler, illuminer » ; il est fait de Bar, le « Fils », relié par la lettre Qof au Père. Le sacrifice fait croître le Fils et donne l'illumination. Le sacrifié est illuminé (Annick de Souzenelle, Résonances bibliques, 2012 - books.google.fr).

Pour Abraham, autant qu'on peut le saisir, à travers la distance historique des textes, Dieu a commencé à se révéler à travers l'image des petits génies familiers plutôt que des grands dieux mythiques : Il se manifeste à Abraham, comme une personne, un ami, un protecteur, très proche, mais sans aucune métaphysique explicite. Il exige tout et promet tout, mais sans révéler sa nature. C'est peu à peu, et finalement pendant l'exil, que la transcendance et la toute puissance du Créateur de toutes choses entrevues par Abraham, se révéleront selon toutes leurs dimensions. Tel est le noyau dynamique de la Révélation biblique. Ce noyau : le yahvisme, ou Révélation de Yahvé, Dieu saint et transcendant (Abbé René Laurentin, Le Démon, mythe ou réalité ?: Enseignement et expérience du Christ et de l'Eglise, 1995 - books.google.fr).

Typlogie

Un certain nombre de sacrements de la loi nouvelle eurent dans la loi ancienne leur correspondant figuratif. La circoncision correspond au baptême, sacrement de la foi : « Vous avez reçu la circoncision de Notre Seigneur Jésus Christ, ensevelis avec lui par le baptême » (Col 2, 11). Le repas de l'agneau pascal a pour pendant le sacrement de l'eucharistie dans la loi nouvelle. A l'ensemble des purifications de la loi ancienne répond maintenant le sacrement de pénitence, et à la consécration des pontifes et des prêtres le sacrement de l'ordre. Mais le sacrement de la confirmation, signe de la plénitude de la grâce, ne pouvait avoir aucun correspondant parmi les sacrements de la loi ancienne; ce n'était pas encore le temps de la plénitude, puisque, dit l'épître aux Hébreux (7, 19), « la loi n'a amené personne à la perfection » (Thomas d'Aquin, Somme Théologique, 1984 - books.google.fr).

Lorsque Dieu se manifeste à Abraham pour lui faire part de l'Alliance qu'il désire conclure avec lui et sa descendance, il insiste sur le signe qui sera, en Israël, la marque de cette Alliance, un signe qui rappelle d'une part à Dieu son Alliance avec l'homme, et d'autre part à l'homme son appartenance au peuple élu : la circoncision. Et voici mon alliance que vous observerez entre moi et vous, et ta descendance après toi : tout mâle chez vous sera circoncis. Vous serez circoncis dans la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l'alliance entre moi et vous » (Gn 17, 10 et suiv.). Rite d'initiation primitif chez les peuples sémitiques - chez qui elle marquait l'entrée dans la communauté des adultes ou le mariage -, la circoncision prend une autre dimension : elle est indispensable à l'entrée dans la communauté d'Israël et à la participation au repas de la Pâque : « Aucun incirconcis n'en mangera » (Ex 12, 48). Cette circoncision devra être pratiquée à l'âge de huit jours, bien qu'elle le fût sur un Abraham déjà adulte et sur tous les gens de sa maison [...]. Elle concerne aussi les esclaves d'une famille. C'est véritablement une marque de l'Alliance qui est portée dans la chair par les membres du peuple de l'Alliance : « Mon Alliance dans votre chair sera une Alliance perpétuelle » (Gn 17, 13). Le livre de Josué (Jos 5, 2 et suiv.) rapporte que c'est « un opprobre », une honte, un déshonneur de ne pas être circoncis, et un ordre qui vient de Dieu lui-même : « Yahvé dit à Josué : Fais-toi des couteaux de silex, et circoncit les Israélites sur le Tertre des Prépuces » (François Varlin, Comprendre la Bible, 2005 - books.google.fr).

Les vents de Sougraigne

Selon le Psaume 104, Dieu fait des vents, des orages, ses messagers, ses anges : dans la Vulgate : « Qui facis angelos tuos spiritus ». Associant les deux versets bibliques et jouant sur les signifiants ange/orage, Lautréamont fait dire à Maldoror : « Que m'importerait une légion d'orages ! Ces agents de la police céleste accomplissent avec zèle leur pénible devoir » (Philippe Sellier, Lautréamont et la Bible, Revue d'histoire littéraire de la France, Volume 74,Partie 1, 1974 - books.google.fr).

Se rappeler le verset 4 du psaume 104 est repris au verset 7 du Ier chapitre de l'Epitre aux Hébreux : Dieu « fait de ses anges des vents » (Gérard de Champeaux, Introductions à La Nuit des temps, 1966 - books.google.fr).

La traduction grecque des Septante a interprété le psaume 104,4. Là où l'hébreu disait: «Tu prends les vents pour messagers, pour serviteur un feu de flamme », le grec a traduit : « Il a fait de ses anges des vents et de ses serviteurs des flammes de feu. » (Pierre Miquel, L'invisible au-delà: l'imaginaire et le réel, 1995 - books.google.fr).

Robert Fludd utilise le psaume 104 (103) pour s'opposer aux thèses coperniciennes partagées par William Gilbert :

Convinced that Gilbert, his deceased fellow member of the College of Physicians, had been adequately refuted, Fludd concluded: Certainly the reasons of Gilbert are ridiculous—it is impossible to believe that the heavens can be carried around in the space of twentyfour hours because of their boundless magnitude; and if he would have considered with greater care both the infinite nature of the agent and the disposition of the patient, he would have discovered with great ease that it all happens far differently than he had thought (Utriusque cosmi 1617, p. 154). Fludd referred those who remained unconvinced to a far more certain form of proof, Holy Scripture. Here the reader was directed to texts such as Joshua 10, II Kings 20, and Psalm 104:5. For Fludd it was always possible to relate the phenomena of the great world to the phenomena associated with the earth or man (Allen G. Debus, The Chemical Philosophy, 2013 - books.google.fr).

C'est à dire :

If he would have considered with greater care both the infinite nature of the agent [God] and the disposition of the patient [earth], he would have discovered with great ease that it all happens far differently than he had thought (Allen G. Debus, Robert Fludd and His Philosophicall Key: Being a Transcription of the Manuscript at Trinity College, Cambridge, 1979 - books.google.fr, Robert Fludd, Utriusque cosmi maioris scilicet et minoris metaphysica, physica atque technica historia in duo volumina secundum cosmi differentiam diuisa, Tome I, Johan-Theodore de Bry, 1617 - books.google.fr).

Sophia, la Sagesse, a des attributs divins, elle exerce la justice divine, Vierge de lumière des manichéens, elle dirige les âmes pures après la mort, après la dissolution du corps physique vers les régions célestes, les âmes imparfaites vers de nouvelles vies terrestres et les trop mauvaises vers les régions ténébreuses. Sans doute, au Moyen Age, on ne parlait guère plus des réincarnations ; il reste qu'ici la donzelle met l'âme en enfer ou au paradis. Le texte même de Raban Maur qui signifie : « Fils de Dieu, verbe et sagesse du Père » selon Salomon, nous rappelle la formule chrétienne manichéenne de Fauste de Milève : la Sagesse du Christ agit dans la lune et sa vertu dans le soleil. Nous rejoignons par là le symbolisme des églises chrétiennes et des loges maçonniques; Maria-Sophia la Sagesse est du côté Nord et de la lune, le Christ c'est-à-dire sa Vertu, sa force, du côté Sud, du soleil. A côté dé cette distinction chrétienne très précise entre la Sagesse féminine et la Vertu essentielle du Christ, l'exégèse de Raban Maur est un bien frêle et trop étrange argument pour que nous admettions que « la fille du Roi est le Fils de Dieu ». Dante voyait plus clairement quand il écrivait : « La Dame dont je me suis épris après mon premier amour fut la très belle et très vénérée fille du Souverain de l'Univers à laquelle Pythagore a donné le nom de Philosophie» (Dante, le Banquet, p. 113; la Renaissance du Livre), cité par Lavaud dans l'édition Boécis, Poème sur Boèce (fragment) que nous avons nous-même édité sous la forme de l'Institut d'Etudes occitanes de Toulouse en 1950).

M. Gibert, instituteur à Lauraguel, a recueilli à Sougraigne (Aude), de la bouche d'un vieillard de 70 ans, un conte languedocien qui est analogue au conte gascon des Corbeaux : Un corbeau demande à un pauvre homme aveugle l'un de ses trois filles en mariage et lui promet de lui rendre la vue. Les péripéties du conte sont analogues, avec quelques variantes, à celles du conte de Gascogne. Les sœurs, jalouses, brûlent, pendant la nuit, la défroque du Corbeau: la jeune fille, dès lors abandonnée par son prince, part à sa recherche... La suite ne rappelle pas « la fleur bleue », mais la mère des Vents, du conte de la « Fleur» qui fait transporter la jeune fille par le vent du nord jusqu'à « la Ville aux mille tours » où elle retrouve son prince. On peut lire ce conte dans les « Contes des Pyrénées » publiés par M. Gaston Maugard. pages 71 et suivantes, sous le titre : Jean Petit, Roi de France (Déodat Roché, Contes et légendes du catharisme, 1971 - books.google.fr).

Elle marcha longtemps, longtemps et lorsque le soleil commença à disparaître à l'horizon, elle se trouva devant une immense forêt. Dans une clairière elle aperçut une humble maisonnette. Une pauvre femme, misérablement vêtue, portait sur son dos un fagot de bois mort ; elle eut pitié de la jeune femme. — Où allez-vous, belle et triste dame ? — Je cherche depuis des années mon mari. N'avez-vous pas entendu parler de Jean-Petit, Roi de France ? — Je n'en ai pas entendu parler, mais mon fils, le Vent de Cers, qui entre partout, vous renseignera probablement. Attendez ici, il va venir. Quelques instants après, les volets battaient avec violence, la porte claqua, Vent de Cers arrivait. — N'as-tu pas aperçu Jean-Petit, Roi de France? dit la mère. — Non, dit le Vent de Cers. Mais il se peut que mon cousin, le Vent d'Autâ (L'auta ou l'autan est le vent marin, c'est-à-dire le vent d'Est), l'ait vu. Voulez- vous venir chez lui, princesse? — Oui, dit la pauvre créature. Juste avant son départ, la mère de Vent de Cers lui remit une noix. Le Vent de Cers, tourbillonnant, emmenait Eléonore; ils atteignirent bientôt la demeure du Vent Marin. La mère les reçut et lorsqu'elle connut l'objet de leur visite leur répondit : — Le Vent Marin, mon fils, est en voyage. Il ne tardera pas à rentrer, que je sache. Peut-être connaît-il votre mari car son domaine est vaste. Bientôt, la porte se fermait avec fracas, les volets, mal assujettis, s'ouvrirent : Vent d'Autan arrivait. — Sais-tu où demeure Jean-Petit, Roi de France ? dit la mère. — Non, dit l'arrivant, mais peut-être mon cousin, le Vent du Nord, qui voyage jusqu'au bout du monde, le connaît-il. Voulez'vous venir chez lui ? — Tout de suite, implora l'épouse délaissée. Mais avant son départ la mère de Vent d'Autan lui donna une noisette. Le Vent Marin s'envola rapidement et déposa bientôt Eléonore chez le Vent du Nord qui venait d'arriver chez lui; il gelait à pierre fendre, car il venait du pays des neiges et s'engouffrait partout avec violence. Ce fut la mère qui les reçut et quand elle sut l'objet de leur visite, elle interrogea son fils. — Oui, dit le Vent du Nord, j'ai vu Jean-Petit lorsque j'ai survolé la ville aux mille tours. — Et que faisait le prince? — Il doit épouser demain une princesse plus belle que l'aurore. — Vent du Nord, mon ami, portez-moi dans la ville aux mille tours. Eléonore partit avec le vent glacé, mais auparavant, la vieille femme lui avait fait présent d'une amande. Le voyage fut rapide, fort heureusement, car le coursier était froid et brutal. Eléonore se trouvait dans une immense ville, toute en fête, car c'était le jour du mariage de Jean-Petit et de la princesse. La pauvre femme brisa la noix à elle confiée par la mère de Vent de Cers : il en sortit une robe somptueuse qu'elle revêtit et vite elle se présenta au palais, afin de parler à son Roi. Elle lui montra la robe merveilleuse à côté de laquelle pâlissaient les plus belles toilettes. La fiancée désira aussitôt ce vêtement fastueux et en demanda le prix. — Je ne veux ni or, ni argent, dit Eléonore, mais je veux cette nuit partager la couche du prince. — A nul prince aux coucha (Cette formule a été livrée en français à M. Gibert et, comme telle, est incompréhensible, cela ne gêne nullement la lecture du récit.) ! répondit la princesse. Elle accorda ce que désirait Eléonore. Au repas du soir, la fiancée, jalouse, versa dans le verre de son mari un somnifère afin qu'il dormit profondément dès son entrée dans le lit. Quand ils furent couchés, elle se leva et céda sa place à Eléonore. Celle-ci, pleine d'espoir, implorait son prince : — T'en souvient-il, lorsque mes sœurs brûlèrent ta défroque de corbeau ? Pas de réponse. Elle reprenait : — T'en souvient-il... L'autre ronfla jusqu'au jour. A l'aurore, ironique, la princesse vint reprendre sa place. Ce n'était pas le moment de se décourager. Eléonore brisa alors la noisette à elle donnée par la mère du Vent marin. Elle contenait une robe bien plus belle que celle trouvée la veille dans la noix. Pour la deuxième fois, Eléonore prit le chemin du palais. La princesse admira et voulut posséder ce vêtement somptueux. — Je ne veux ni or ni argent, mais je veux une deuxième fois dormir avec le Roi. La princesse avait son stratagème et n'eut garde de refuser. Comme la nuit précédente, le prince, qui avait pris, à son insu, un puissant somnifère dans son breuvage, fut plongé dans un sommeil de plomb. Eléonore vint auprès de lui, il n'en sut rien. — T'en souvient-il de la nuit maudite où mes sœurs brûlèrent ta défroque de corbeau ? Pas de réponse. Elle reprenait : — T'en souvient-il... L'autre ronfla jusqu'au jour. A l'aurore, ironique, la princesse vint reprendre sa place. Eléonore commençait à douter de sa réussite, mais devait-elle désespérer après tant de jours passés à retrouver son mari? Elle se retira pour ouvrir l'amande offerte par la mère de Vent du Nord : elle en retira une robe si belle que l'imagination peut avec peine la concevoir, la merveille des merveilles. Une fois de plus, elle parut au palais. On se préparait à la chasser, mais sa rivale ne put détacher les yeux d'un vêtement aussi extraordinaire, auprès duquel les deux autres robes n'étaient rien. Le marché fut vite conclu. — Je ne veux ni or ni argent, dit Eléonore, mais pour la troisième et la dernière fois, permettez-moi de dormir avec votre époux. Pour la troisième fois, donc, la princesse prépara un breuvage à son Roi. Cependant, celui-ci se demandait par quel sortilège, depuis son mariage, il perdait connaissance dès qu'il se glissait dans le lit. Il rassembla ses souvenirs, il lui sembla qu'il avait grand sommeil le soir, à la fin du repas, dès qu'il buvait certain vin au goût très particulier. Il voulut en avoir le cœur net et s'abstint de boire au souper. Comme d'habitude, il regagna la chambre en compagnie de sa femme. Dès qu'il fut dans le lit, il feignit de dormir. Lumières éteintes, il entendit la porte s'ouvrir. Quelques instants après, sa femme — du moins le croyait-il — était dans son lit. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il entendit une douce voix murmurer à son oreille : — T'en souvient-il, mon ami lorsque mes sœurs ont brûlé ta défroque de corbeau ? Immédiatement, le roi se rappela le sortilège premier, le sobre pelhis sobre-pelhis et ce château mystérieux et l'amour d'Eléonore, sa seule et vraie femme. L'enchantement est rompu et les deux époux sont transportés au palais du bonheur et du rêve, qui abrita leurs premières amours. Ils y ont vécu très longtemps et heureux. Et leur amour ne mourra point. Recueilli en septembre 1933 par Urbain Gibert, de la bouche de M. Fouet, 70 ans, des Clamences, hameau de Sougraigne, dans les Corbières audoises. (Gaston Maugard, Contes des Pyrénées, 1955 - books.google.fr).

Éléonore. Nom de sainte. Sa forme latine Alienordis me paraît altérée et ne me met sur aucune piste. Nos calendriers usuels la confondent avec celle de saint Léonor, évêque breton du sixième siècle, qui tombe le 1er juillet. On a fait venir Éléonore de Léonore , qui en est seulement l'abréviation. Aussi ne faut-il pas chercher son étymologie dans le grec leôn (lion), qui a fait Léon. Les noms d'Éléonore et de Léonor sont gaéliques, comme les Bretons et les Irlandais qui les ont portés les premiers. Un autre nom de saint d'Irlande, saint Éclénard ou saint Écléonard, me confirme encore sur ce point. La forme primitive de ces noms est évidemment Ecléon ; sa signification se rapprocherait-elle du mot breton moderne elienen ou elven : étincelle, lumière ? Je ne puis que le présumer. Dans l'ancien français, et aujourd'hui encore en Bretagne, on dit Aliénor pour Éléonore (Lorédan Larchey, Dictionnaire des noms (1880), 1994 - books.google.fr).

Sainte Aliénor, ou sainte Eléonore, née Aliénor "Bérenger" de Provence, belle soeur de saint Louis, épouse de Henri III Plantagenêt d'Angleterre et mère de Edouard Ier, est née en 1217 ou en 1222, alors qu' Aliénor d'Aquitaine est morte en 1204, à Fontevraud (miscellaneesdiverses.blogspot.fr).

Le Chant Royal est un poême dont la forme est due aux Troubadours. Il est composé de cinq strophes de onze vers chacune, et tellement disposées, que le dernier vers de la première, qui est le refrein de toute la pièce, cadre avec la fin de toutes les autres, et y revient prendre sa place, aussi bien qu'à la fin de l'envoi, de cinq vers, par où ce poême finit. L'envoi, ordinairement adressé à un roi, ou à un Prince, a fait donner à ce poême le nom de Chant Royal. Le Pèlerin, auquel ce Chant Royal est adressé, est fameux dans les annales de Provence. Jean et César Nostradamus parlent de lui fort au long, l'un dans son Histoire de Provence, et l'autre dans ses illustres Troubadours. Le Dante, poête presque contemporain, en fait aussi mention dans son poëme du Paradis [...]

Le Pèlerin a été cause du mariage des quatre Princesses de Provence. C'est par ce trait remarquable que le Poête le désigne ici. La première de ces Princesses, Marguerite, fut l'épouse de saint Louis, roi de France ; la seconde, Elyonne [Eléonore], devint reine d'Angleterre, en épousant Henry III ; la troisième, Sanche, fut mariée à Richard d'Angleterre [frère d'Henri III], roi des Romains ; et enfin , la quatrième, nommée Béatrix, déclarée héritière de Provence par le testament de son père, fut unie à Charles, frère de saint Louis, qui fut depuis couronné roi de Naples et des Deux-Siciles. [...]

Le vent du Midi est désigné dans l'original par le nom de Mistraû. Ce mot, encore en usage en Provence, a une origine très-ancienne : il vient du nom de Mistzrè, Mistzra, ou Mistzraim, que les Orientaux donnaient à l'Egypte. Ainsi, Mistraû signifie littéralement, vent d'Egypte (Le Troubadour, poésies occitaniques du XIIIe siècle, 1804) (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Les Quatres Reines, histoire et jeu de cartes).

Mariage

Les eaux fécondantes dans le psaume 103 (104) sont le signe du mariage du Ciel et de la terre.

Beaucoup plus long, le développement sur la terre se révèle aussi beaucoup plus complexe. Nous avons déjà noté l'inclusion « terre » des v 5-24, mais aussi des v 5-9 ; ce terme resurgit encore aux v 13 et 14. Mais parallèlement à ce thème de la terre, court celui des eaux fécondantes : les sources en 10-12, la pluie en 13-18. Tout se passe comme si les v 5-9 posaient la condition fondamentale, la séparation de la terre et des eaux, permettant ainsi la fécondité de la terre et la richesse multiforme de la vie. En effet, dans les v 5-9, on passe d'un état inorganisé où les eaux « couvrent les montagnes et la terre » (v 6) dans une sorte de magma informe et stérile, à un état de distinction où la terre, les eaux d'en haut et les eaux d'en bas se trouvent séparées (v 8-9). Cette séparation n'a pas seulement pour effet d'écarter toute menace pour la terre ; elle favorise l'harmonie des éléments du cosmos : maîtrisées, domptées, canalisées, les eaux se transforment en puissance bienfaisante pour la terre, celle d'en haut fournissant la pluie et celle d'en bas les sources.. De cette harmonie naît la vie. [...]

Dans ces conditions, au niveau de la structure de cette section 5-24, les v 5-9 jouent le rôle de thème fondamental qui sera développé dans les v 10-12 et 13-18. Le même principe fonctionnerait à l'intérieur de ce grand ensemble 5-24, comme il fonctionne à l'intérieur des strophes : la séparation de la terre d'avec les eaux d'en haut et les eaux d'en bas constitue le thème de cette section (v 5-9). Le développement (10-18) porte sur le fruit de cette séparation : la fécondité, grâce aux eaux d'en bas ,les sources (v 10-12), et aux eaux d'en haut, la pluie (v 13-18). (Renaud Bernard, La structure du Ps 104 et ses implications théologiques. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 55, fascicule 1, 1981 - www.persee.fr).

Dans la mythologie chinoise ancienne, la montée du tonnerre, qui est celle du yang, de la vie, de la végétation, du renouveau cyclique, est figurée par l'apparition du dragon, qui correspond au printemps, à l'est, à la couleur verte : le dragon s'élève dans le ciel à l'équinoxe de printemps et s'enfonce dans l'abîme à l'équinoxe d'autome (Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Laffont, 1996, p. 368).

A cet axe est/ouest, s'ajoute un axe solsticial dans la décoration des portes en Orient où sont utilisés les dragons (Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Laffont, 1996, p. 369).

Les noeuds sont les points d'intersection de l'orbite des planètes avec l'écliptique. Dans la pratique, seuls les nœuds de la Lune sont employés. Les nœuds planétaires se déplacent de moins d'un degré par siècle, ils sont tenus pour fixes. Le Nœud Nord ou Nœud Ascendant ou Tête du Dragon marque le point de passage de la face Sud à la face Nord, du plan de l'écliptique. Le Nœud Sud, Nœud descendant ou Queue du Dragon, est toujours opposé, à 180°, à la tête du Dragon. Tous les mois, la Lune arrive à son Nœud Nord, coupe le plan de l'écliptique et, de ce fait, change de latitude du Sud vers le Nord (mamevoy.pagesperso-orange.fr).

L'intervalle de temps qui sépare deux passages de la Lune au même nœud de son orbite s'appelle la révolution draconitique, ou mois draconitique. Draconitique, car dans l'astronomie antique, les nœuds lunaires nord et sud étaient appelés respectivement la tête et la queue du dragon : le symbolisme du dragon lapon ou du dragon oriental des Chinois, Perses ou Indiens le montre dévorant la lune (évocation de l'éclipse lunaire) (fr.wikipedia.org - Noeuds lunaires).

C'est ce mariage de l'agent et du patient, dans les opérations du grand œuvre, qui nous donne la croix de nature, car si vous considerez les quatre points fixes de la sphère, vous trouverez l'agent dans les solstices et le pasient dans les équinoxes, qui se réunissent au point de centre pour former les croix du mouvement pour opérer les circulations. [...] L'expression de «croix de nature» est utilisée par Dom Pernety. Noël a développé dans la Géométrie une substitution du Christ axis mundi, crucifié entre le bon et le mauvais larron, par le serpent enroulé sur l'arbre de la connaissance du bien et du mal (figuré avec deux rameaux nettement séparés), flanqué à sa droite par l'homme primordial, les bras écartés figurant la croix de nature et, à sa gauche par l'homme régénéré dans le Christ. Les eaux de la « grande mer » contiennent toute la création dans leur ordre ; le Psaume 104 fait écho : "Voici la grande mer aux vastes bras et là le remuement sans nombre des animaux petits et grands, là des navires se promènent et Léviathan que tu formas pour t'en rire". La répartition du pesant et du léger selon leurs lieux et domiciles renvoient au même Psaume : "à la voix de ton tonnerre, elles [les eaux] s'échappent : elles sautent les montagnes, elles descendent les vallées vers le lieu que tu leur as assigné" (Jean-Pierre Laurant, L'Alchimie du maçon de François-Nicolas Noël, Documents oubliés sur l'alchimie, la kabbale et Guillaume Postel: offerts, à l'occasion de son 90e anniversaire, à François Secret par ses élèves et amis, 2001 - books.google.fr).

On considère les termes génériques de patient et d'agent qu'emploie Fludd pour désigner la Terre et Dieu. Le mariage du Ciel et de la Terre est la marque de la domination de la Terre par Dieu.

Le psaume 103 (104) reprend l'ordre de la création de Génèse 1 (Bible de Jerusalem, Desclée de Brouwer, 2002, p. 1033).

En effet "la terre nue" de la page 258 fait référence à "terra erat autem inanis et vacua" de Genèse 1,2 (La Genèse: traduite en françois : avec l'explication du sens litteral & du sens spirituel : tirée des Saints Peres & des auteurs ecclesiastiques, Guillaume Desprez et Jean Desessartz, 1725 - books.google.fr).

On remarque de même que la projection du Dragon céleste sur le département de l'Aude suit le tracé de la Sals d'est en ouest. Le zodiaque de la Croix des Prophètes est orienté de même, printemps à l'est (Rennes les Bains) et automne à l'ouest (Rennes le Château), tandis que les solstices d'été (Saint Just et le Bézu) et d'hiver (Cassaignes) croisent cet axe (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le Zodiaque du Cercle des Prophètes).