Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Le jardin d’Adonis   Les jardins   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES CASSAIGNES JARDINS ADONIS LES JARDINS

Le calendrier AOMPS

Le calendrier du pentagone du domaine de l'abbé Saunière présente donc 5 dates divisant l'année (de 365 jours) en 5 parties égales de 73 jours, que l'on peut relier à la ville de Padoue, associée à Rennes avec Héliopolis, si l'on se place à la jointure avec le jour suivant tel le 17 janvier à minuit (et 18 janvier à 0 heures). On envisage un sens de rotation vers la gauche : A : 17/18 janvier ; O : 5/6 novembre ; M : 24/25 août ; P : 12/13 juin et S : 31 mars/1er avril (nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Les Prophètes et Rennes le Château - Le domaine de l’abbé Saunière, pentagone et AOMPS).

Vindicianus était comes archiatrorum à la cour de l'empereur Valentinien I (364-375). Ami de saint Augustin, il est l'auteur supposé d'une lettre composée de 78 vers, adressée à l'empereur, sur la vertu des médicaments simples. On admet généralement que le véritable auteur de cette lettre serait un autre médecin, Serenus Samonicus, qui vivait à Rome au commencement du IIIe siècle. La lettre de Vindicianus à son neveu Pentadius a été publiée par Rose, d'après les divers manuscrits. Le plus ancien est celui de la Bibliothèque Nationale (n° 11218), qui date de la fin du VIIIe pu du commencement du IXe siècle (Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 1907) :

haec omnia crescunt suis temporibus. sanguis crescit verno tempore, ab VIII. id. febr. usque in VIII. id. ma?. et sunt dies XCI. cholera rubea aestate, ab VIII. id. ma?. 5 usque in VIII. id. aug. et sunt dies XC. cholera nigra autumno, ab VIII. id. aug. usque in VIII. id. novemb. et sunt dies XCII. flegma vero hieme ab VIII. id. novemb. usque in VIII. id. febr. et sunt dies XCII (Epistola ad Pentadium) (Valentin Rose, Theodori Prisciani Euporiston libri III., 1894 - books.google.fr, en.wikipedia.org - Valentin Rose (classicist)).

Pentadius est à rapprocher de la Pentade ("pente gamos", le chiffre nuptial) qui serait le nombre de l'âme formé du Deux féminin et du Trois masculin, "réconciliation et différence" selon Nicomaque (Jérôme Laurent, L’homme et le monde selon Plotin, 2023 - books.google.fr).

Dans le texte de Vindicien, les Pléiades ne sont pas citées, mais l'hiver marqué par leur coucher est fixé au 8 des ides de novembre soit le 6 novembre.

L'hiver dure du 10 novembre au 6 février selon Varron (R. R., I, 28, 1-2) et peut-être Columelle; du 11 novembre au 7 février selon Pline l'Ancien (e.g. H.N., II, 122; 125; XVI, 93); du 6 novembre au 6 février selon Vindicianus (Ep. ad Pent., p. 487 [Rose]). Dans des lignes qui pourraient être de Suétone (Fg., 122 [R.]) et que l'on retrouve chez Isidore de Séville (Nat., VII, 5), les dates assignées à l'hiver sont : du 24 novembre au 21 février. D'après l'Index nundinarius cuiusdam uici Latii (I.I., XIII, 2, p. 300-301), l'hiver commence le 23 octobre et finit le 19 janvier. Deux documents épigraphiques du Ier s. ap. J.-C., les Menologia rustica (I.I., XIII, 2, p. 287, 290, 293 et 297), et les Fasti de Silvius (449 ap. J.-C. : ibid., p. 266 et 275) font, eux, coïncider le début des saisons avec solstices et équinoxes et donnent à l'hiver des dates plus proches des nôtres : du 25 décembre au 24 mars. Les dates fournies par les agronomes et le Naturaliste semblent avoir prévalu chez les poètes : la plupart, sans recourir à des dates précises, définissent usuellement le début de l'hiver comme le moment du coucher des Pléiades (ca. 10 novembre) et sa fin c'est-à-dire le début du printemps comme le moment du retour du Favonius (ou Zéphyr, vent d'Ouest : ca. 7 février). Une dernière remarque s'impose. Pour bien comprendre ce que représentait la saison dans l'esprit des poètes latins, il faut certes envisager l'hiver stricto sensu, météorologique, celui qui revient chaque année et dont j'ai dégagé les limites avec plus ou moins de précision : je l'appellerai «hiver non permanent»; mais doit également tenir compte de l'hiver lato sensu, que, par contraste, je nommerai «hiver permanent» : c'est celui qui passe pour durer toute l'année, n'avoir ni commencement ni fin et est propre à certaines régions, réelles ou fictives, particulièrement froides (e.g. la Scythie, les contrées hyperboréennes, les pays de montagnes, les pôles) ou présentant un rapport étroit avec l'hiver (e.g. les Enfers) (Pierre-Jacques Dehon, Hiems latina: études sur l'hiver dans la poésie latine, des origines à l'époque de Néron, 1993 - books.google.fr).

Le jardin de Saunière

Comme la bien-aimée du Cantique des cantiques est un jardin bien clos, le parc du domaine de Bérenger Saunière est un jardin de cloître monacal, hortus conclusus, de lettré à la culture classique.

Le jardin des Hespérides a été une référence des auteurs chrétiens pour traiter du paradis terrestre, l'Eden. Un autre jardin, métamorphose du cimetière où repose Jésus, est celui où Marie de Magdala rencontre le Christ jardinier qu'elle ne reconnaît pas tout de suite (Jean Vassort, Les jardins de France, 2020 - books.google.fr).

La canicule

Un proverbe donne comme dates limites de la canicule : Magdala principium, Barthala finis erit (Giuseppe Gatti, Delectus poëtarum, Tome 1, 1825 - books.google.fr, Reginbald Perckmayr, Geschichte und Predig-Buch, Tome 2, 1738 - books.google.fr).

Soit du 22 juillet fête de Marie Madeleine au 24 août fête de Barthélemy (Treviris N° 70, 2 septembre 1835 - books.google.fr).

Le coucher héliaque (soir) de Sirius a lieu le 9 mai, le lever héliaque (matin) le 23 juillet. Le lever acronyque (soir) a lieu vers le 17 janvier, le coucher du matin (acronyque) vers le 12 novembre (David Romeuf, Le Sanctuaire Arverne de Corent et l'Astronomie ? Un sanctuaire Celte de construction solaire ?, 2016) - www.david-romeuf.fr, Sommaire de la géographie des différens ages, et traité abrégé de sphère et d'astronomie, Tome 4, 1821 - books.google.fr, Dupuis, Origine de tous les cultes, ou religion universelle, Tome 3, 1796 - books.google.fr).

Le lever héliaque au 1er Thot correspondrait au 22 juillet à Alexandrie en Egypte.

Mais à Paris c'est le 22 août et le coucher héliaque le 9 mai en 1820 (Le globe céleste: cours d'astronomie contemplative, 1820 - books.google.fr).

La «période Sothiaque» ("eniautos kunikus" - annus magnus, canicularis), est ainsi appelée parce que le début en était marqué par la coïncidence du 1er Thoth avec le lever héliaque de Sothis (Sirius, de la constellation du Chien), l'étoile la plus brillante de notre hémisphère boréal, phénomène qui se produit chaque année entre le 19 et le 20 de notre mois de juillet, à la latitude moyenne de l'Égypte (30°). La période sothiaque dans laquelle se déroule l'histoire des Lagides avait donc commencé lorsque le 1er Thoth avait coïncidé avec le lever réel de Sothis, le 19 juillet julien 1321 avant J.-C. Au moment où Ptolémée Soter prit possession de l'Égypte, en 323 a. C., le 1er Thoth correspondait au 28 octobre; il était au 30 août à la mort de Cléopâtre. Cette période sothiaque ne se termina qu'en l'an 139 de l'ère chrétienne, le 20 juillet julien, lorsque le 1er Thoth, après 1460 années tropiques révolues, fut revenu à son point de départ et marqua le début d'une période nouvelle. Les conquérants macédoniens apportaient avec eux un calendrier tout différent, construit d'après le système lunisolaire. Accorder le soleil avec la lune, faire tenir un nombre entier de mois lunaires dans un nombre entier d'années solaires, tel était le problème auquel on avait de divers côtés cherché des solutions exactes et trouvé au moins des solutions approximatives. Le seul procédé applicable est l'intercalation de mois entiers alternativement de 29 ou de 30 jours entiers, la durée d'une révolution synodique de la Lune étant sensiblement de 29 1/2 jours (29 j. 12h. 44' 2"). L'intercalation peut se faire lors- que deux années lunaires de 354 jours ont laissé un reliquat disponible de 22 1/2 jours, ou trois années lunaires un reliquat de 33 3/4 jours. La compensation n'est parfaite ni dans l'une ni dans l'autre cas, et c'est pourquoi les mathématiciens grecs ont imaginé des cycles de plus en plus longs, au bout desquels on approche de la solution exacte. Décidés à ne point violenter les habitudes prises, ni celles des Égyptiens, ni celles de leurs soldats et colons, les premiers Lagides ne paraissent aucunement avoir cherché à imposer à leurs sujets un calendrier unique. La comparaison du calendrier macédonien avec l'égyptien ne tournait certainement pas à l'avantage du système luni-solaire. Telle une horloge déréglée, tantôt en avance, tantôt en retard, qu'il faut perpétuellement remettre à l'heure, comparée à la marche régulière d'un chronomètre. Les astronomes grecs n'ont réussi à mesurer exactement de longues périodes de temps qu'à l'aide du calendrier égyptien, et ils sont restés fidèles à l'année «vague» longtemps après que l'on eut trouvé le moyen de la fixer, comme l'année julienne, par l'intercalation d'un jour tous les quatre ans. Les Ptolémées, qui étaient surtout les rois d'Alexandrie, se contentèrent d'abord de faire du calendrier macédonien le calendrier officiel d'après lequel étaient datés les actes de leur chancellerie

Le lever héliaque de Sirius avance d'un jour environ par degré décroissant de latitude, et l'Égypte s'étend sur environ 7 degrés, d'Alexandrie (31° 13' 5"), à Syène (24° 5? 30") .

En vertu du déplacement de l'écliptique (précession des équinoxes), le lever héliaque de Sirius (à la latitude de 30 °, entre Memphis et Héliopolis) a dû correspondre au 15 juin de l'année solaire rectifiée (grégorienne) vers 4241-4238 a. C., et c'est alors qu'aurait été instituée la période sothiaque. Celle qui commence en 1321 aurait été la troisième (Auguste Bouché-Leclercq, Histoire des Lagides: Les institutions de l'Égypte ptolémaique, Tome 4 : Les calendriers et les computs dans l'Égypte ptolémique (1907), 1963 - books.google.fr).

Le 19 juillet marquait la fête des Adonies, pendant lesquelles les femmes ensemençaient de l'orge, du blé, du fenouil et de la laitue dans des poteries qui levaient rapidement avec la chaleur et qui fanaient bientôt (Franz Cumont, Adonies et Canicule. In: Syria. Tome 16 fascicule 1, 1935 - www.persee.fr, nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Le jardin d’Adonis - Le chemin de croix de Cassaignes, nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Les Prophètes et Rennes le Château - Le domaine de l’abbé Saunière : V et A de PACTUM, Vénus et Adonis).

Sappho

La ligne qui relie Lourdes à Leucate par Rennes-le-Château conduit à considérer la vierge Marie, Marie Madeleine et Sappho (par Leucade/Leucate) (nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Lourdes et la Croix des Prophètes - Leucate - books.google.fr).

Sapho de Lesbos a dû composer des hymnes en l'honneur d'Adonis. Il nous reste un fragment de thrène, une invitation aux plaintes. Théocrite, dans l'Idylle XV, donne directement la parole à la chanteuse renommée qui a la charge de célébrer Adonis (Hélène Tuzet, Mort et résurrection d'Adonis: étude de l'évolution d'un mythe, 1987 - books.google.fr).

On connaît l'histoire du bel adolescent né de l'union d'un père avec sa fille Myrrha, changée en l'arbre du même nom, d'où l'enfant surgit miraculeusement. Mortellement blessé par un sanglier suscité (dira-t-on) par la jalousie d'Arès, Adonis survivra grâce à l'amour tout-puissant d'Aphrodite (Salambô, en Orient). Mais il ne passera que six mois de l'année dans ses bras, la reine des Enfers se réservant le reste. C'était jadis le Dumuzi des Sumériens, le Tammouz d'Ezéchiel (VIII, 14), l'amant d'Ishtar qui le pleurait annuellement selon l'Epopée de Gilgamesh. En passant par Chypre où se situe la légende de Myrrha, fille de Cinyras, il gagnera le monde hellénique sous le nom d'Adoni, «mon seigneur». Il est entré très tôt dans l'art et la littérature, comme dans la vie religieuse et festive des anciens Grecs.

«Il expire, ô Cythérée, le tendre Adonis ! Qu'allons-nous faire ? Frappez-vous la poitrine, jeunes filles, et déchirez vos tuniques !»

On attribue ce fragment de thrène à Sappho (VIe siècle av. J.C.), qui aurait inventé le vers «adonique», dimètre dactylique conforme au cri rituel des femmes quand elles chantaient en choeur le deuil d'Aphrodite. (Robert Turcan, Les cultes orientaux dans le monde romain, 1989 - books.google.fr).

Le vers adonique ou adonien est un mètre de cinq syllabes utilisé en métrique antique, dans les poésies grecque et latine. Il est composé d'un dactyle (-uu) suivi d'un spondée (--) et se note : -uu--. Il reçoit son nom de l'élégie grecque sur la mort d'Adonis, plus précisément de la lamentation "Ô ton Adônin" «Oh Adonis !». Le vers adonique est l’un des plus fréquents dans les poésies grecque et latine; on le trouve principalement à la fin de la strophe sapphique ou il fait suite à trois vers hendécasyllabes saphiques (grands saphiques). Cette versification, dont la création est attribuée à la poétesse grecque Sappho au VIe siècle av. J.-C., est reprise par de nombreux poètes latins comme Catulle et Horace, puis est utilisée pour des hymnes chrétiens médiévaux, dont le célèbre «Ut queant laxis» dont se sert Guido d'Arezzo pour donner les noms des notes de l'hexacorde (ut, ré, mi, fa, sol, la). L'adonique est rarement employé seul, car la répétition en serait monotone. À la Renaissance, Ronsard reprend le vers adonique dans les strophes saphiques qu'il compose à l'imitation du grec et du latin. Une forme de versification brillamment illustrée par son ami Jean Antoine de Baïf. Ils faisaient partie de la Pléiade (fr.wikipedia.org - Adonique, nonagones.info - La Chouette d’Or - Hypothèse espagnole - Hucbald, Saint Amand et spirale elliptique).

On racontait que la poétesse s'était jetée du haut du rocher de Leucade pour l'amour de Phaon, comme Aphrodite l'avait fait pour l'amour d'Adonis. A l'époque classique, les Athéniennes fêtaient le jeune dieu sur les toits. En -415, dans sa Lysistrata (392 s.), Aristophane évoque la figure d'une femme orateur populaire, en état d'ébriété et dansant, au cri de «Aiai Adonis», sur le toit de sa maison. Le Phèdre de Platon (276 b) nous réfère au succès des éphémères «jardins d'Adonis» qui poussaient brusquement en juillet pour se flétrir aussi vite. Les Adonies étaient assez populaires pour avoir impressionné comme un mauvais présage les contemporains d'Alcibiade s'apprêtant à l'expédition de Sicile au moment même «où les femmes exposaient les images des morts qu'on emporte en terre... en se frappant la poitrine et chantant des hymnes funèbres» (Plutarque, Vie d'Alcibiade, 18, 5; cf. Vie de Nicias, 13, 11). Des peintures représentent les vases ébréchés qui contenaient ces plantes à germination rapide (fenouil, orge, blé, laitues). Mais pour les Adonies d'Alexandrie que décrit Théocrite dans les Syracusaines, la reine Arsinoé usait de corbeilles en argent déposées, avec d'autres offrandes (vases de parfums, coupes de fruits et de gâteaux divers), au pied d'un lit d'argent, par-devant une tapisserie figurant le dieu mort dans tout l'éclat de sa beauté. Une chanteuse en renom faisait entendre une lamentation rituelle. La cérémonie s'achevait par une célébration d'Aphrodite à qui «les Heures au pied délicat ramènent Adonis, avec le douzième mois, de l'intarissable Achéron» (Théocrite, Bucoliques, XV, 103). Après ces funérailles comparables, mais non pas identiques à celles d'Attis ou d'Osiris - on envisageait la perspective du retour cyclique de ce dieu chasseur frappé à mort par la dent d'un sanglier. En jetant à la mer les figurines d'Adonis, les femmes d'Alexandrie imploraient sa bienveillance pour une année nouvelle. «Et lorsque tu viendras, disaient-elles, nous t'accueillerons en ami» (ibid., 144). Ces obsèques n'étaient pas suivies, comme celles d'Attis ou d'Osiris, par des explosions de gaieté consacrant sa résurrection, mais visaient à propitier le dieu pour la prospérité des récoltes ultérieures : «Toi qui as succombé à l'amour de Perséphone... viens, bienheureux, viens apporter à tes mystes les fruits de la terre !» (Hymnes orphiques, 56, 9-12). De fait, et contrairement à ce que pourrait nous donner à penser le rite des jardins, Adonis symbolise «la cueillette des fruits arrivés à maturité» (Porphyre, Les statues, 7). Il est vrai que sa mort coïncidait avec l'époque où l'on venait de couper les blés mûrs. Mais pour Origène (Selecta in Ezech., VIII, 12), Adonis représente «les fruits de la terre qu'on pleure quand ils sont semés, mais qui lèvent et font donc par leur croissance la joie des cultivateurs». Cyrille d'Alexandrie (Commentaire d'Isaïe, 18, 1-2) écrit qu'on représentait Aphrodite remontant des Enfers avec Adonis et qu'un chœur se réjouissait alors avec elle en dansant : «Cette scène s'est jouée jusqu'à nos jours dans les temples d'Alexandrie». Cependant, la tradition littéraire ne fait guère état en général que des déplorations et du deuil. Aussi, quand l'empereur Julien fit son entrée à Antioche en juillet 362, aux accents funèbres des Adoneia, laissa-t-il mal augurer de sa campagne contre les Perses (Ammien Marcelin, Histoire, XXII, 9, 15). Le mythe d'Adonis occupe l'imaginaire des artistes étrusques dès la seconde moitié du IVe siècle avant notre ère, à en juger par les miroirs de cette époque, et plus tard encore. Un sarcophage en terre cuite de Tuscania représente le dieu mort, blessé à cuisse gauche et veillé par son chien. Plaute (Ménechmes, 143-145) atteste la fréquence à Rome même des peintures murales montrant Adonis enlevé par Vénus. A l'époque impériale, on y commémorait comme en d'autres villes d'Occident le trépas du jeune dieu. Des Adonaea étaient aménagés au Palatin, près du lieu où s'élèvera le sanctuaire d'Elagabal, ce Baal d'Emèse dont le grand-prêtre devenu empereur mimait (paraît-il) la désolation de Salambô «avec toutes les lamentations et les gesticulations du culte syrien» (Histoire Auguste, Vie d'Héliogabale, 7, 3). Salambô est, d'après le lexicographe Hésychius, un nom babylonien qu'on trouve aussi sous la forme Salambâs, «démon femelle qui est en perpétuelle agitation, lorsqu'elle erre en pleurant Adonis» (ce qui correspond aux gesticulaions rituelles d'Héliogabale). Son nom peut avoir signifié «image de Baal». Nous connaissons le cérémonial des Adonies célébrées à Séville vers 287 grâce au récit de deux martyres conservé dans un bréviaire d'Evora (publié à Lisbonne en 1548). Il s'agit des saintes Juste et Rufine, persécutées et suppliciées sous Dioclétien. La fête commence par une quête des femmes qui promènent par les rues de Séville une idole de Salambô. Elles font des stations et dansent alors autour de la déesse avant de tendre la main, comme les galles de Cybèle et d'Atargatis. Elles réclament aux habitants l'offrande de vases pour les fameux «jardins». Les fidèles participent alors nu-pieds à une grande procession à travers la campagne. Après quoi, on jette les poupées d'Adonis mort dans un puits sacré. Pour avoir refusé le don d'un vase au dieu et brisé l'idole, les deux chrétiennes sont arrêtées, forcées de marcher avec les dévots avant d'être emprisonnées et condamnées. Le gouverneur romain fait précipiter le corps de Juste dans un puits. Dans le monastère de la Sainte-Trinité, près de Séville, on montre un antre et la cavité où la sainte aurait sombré. La fête des deux martyres tombe soit le 17, soit le 19 juillet, c'est-à-dire justement à l'époque où l'on célébrait les Adonies. Les sectes théosophiques de la gnose, qui intégraient une part du paganisme gréco-oriental en réinterprétant ses mythes tragiques de divinités aimantes et souffrantes, s'intéressaient autant à Adonis qu'à Attis ou Endymion. Pour les Naassènes, «quand on parle d'Adonis, c'est pour l'âme en réalité que, sous ce nom, Aphrodite brûle d'amour». Adonis chez Perséphone, c'est «l'âme exposée à la mort, parce qu'elle est séparée d'Aphrodite, c'est-à-dire privée de la génération» (Hippolyte, Philosophoumena, V, 7). Ainsi, à l'époque sévérienne où écrivait le prêtre de Rome, pouvait-on assister aux Adonies en songeant au drame des êtres «qui soupirent après une âme». (Robert Turcan, Les cultes orientaux dans le monde romain, 1989 - books.google.fr).

Rhéa-Cybèle, déesse des villes fortes, était représentée avec une tête couronnée de tours que maintenait un voile. On pense à la Tour de Magdala. Mais aussi le chagrin de Cybèle de la mort d'Atys et celui de Madeleine, malade d'amour, comme celui éprouvé par Sappho, la femme amoureuse. Cybèle enfin mère des Dieux à Marie mère dun dieu.

Nous filerons d'un trait jusqu'à Leucate, par la route poudreuse que rafraîchissent les effluves marins. Les maisons s'étagent sur le revers de la montagne, descendent au vallon, enjambent la route et se rangent, régulières, agréables, entrecoupées de beaux jardins. L'archéologue a la joie d'y visiter ce qui reste des vieux murs de l'antique donjon dont les ruines impressionnent encore, quand on se dirige vers la place publique. Car Leucate fut autrefois une ville forte assiégée par les Espagnols en 1590 et 1637, et démantelée en 1664. Depuis lors, la ville moderne garde au flanc cette blessure, comme un témoignage glorieux de sa résistance à l'ennemi. Ah! que ne suis-je un félibre, pour célébrer ici les exploits de Françoise de Cézelly et des Bourcier de Barre ! (Auguste Lamouroux, la région de La Franqui, Bulletin, Volumes 20 à 21, Societe d'etude des sciences naturelles de Béziers, 1898 - books.google.fr).

Et les jardins ? Depuis longtemps on a identifié l'un d'eux auprès du sanctuaire dans lequel Sappho convoque Aphrodite pour participer en échanson divin aux énigmatiques réjouissances qui s'y déroulent. Enceinte sacrée qui enclôt un verger (álsos) de pommiers traversé par l'eau fraîche d'un ruisseau, des autels aux fumerolles d'encens, des rosiers ombreux engageant à un sommeil mortifère. Bercé par les brises les plus douces, ce domaine inclut également une prairie (leimón), pâture pour les chevaux, où s'épanouissent les fleurs du printemps. Fiction divine, métaphore poétique ou réalité cultuelle ? Il ne fait aucun doute que des pommiers aux rosiers en passant par les vapeurs parfumées de l'encens ou par ce sommeil et cette mort que les Grecs considéraient comme les égaux de l'état amoureux, tout dans ce paysage humide et ventilé appelle la présence de la déesse de l'amour. Paysage réel correspondant à l'endroit où se trouve (deuru, «ici») le narrateur (me) au début de l'appel à la déesse, mais qui par son intervention même en dispensatrice du nectar se distancie dans le «là» (entha) du domaine divin, propriété de la déesse (su). Ce recours poétique à la métaphore du pré où paissent les cavales pour qualifier un gazon fleuri englobé dans le jardin-sanctuaire de Cypris nous renvoie évidemment à la prairie - prélude de la légende. Dans l'un des célèbres poèmes dits «de la mémoire», Sappho évoque précisément une prairie couverte de fleurs et baignée de rosée le lieu où une jeune Lydienne évoque dans le désir le souvenir de son amour pour Atthis. En revanche un poème parallèle indique que la passion amoureuse s'assouvit sur une tendre couche. En raison de son inclusion dans un enclos sacré d'Aphrodite que l'on a tout lieu de croire réel en dépit de sa divinisation par la poésie, la prairie fleurie pourrait représenter l'un des lieux où Sappho dispensait son éducation à la beauté et à l'amour de la maturité. C'est là que, sous la protection d'Aphrodite, les jeunes filles de Lesbos ou de Lydie apprenaient sans doute par la danse et le chant rituels à devenir des femmes accomplies : prairie d'initiation à l'amour. Mais cet amour on l'assouvit ailleurs, hors du sanctuaire d'Aphrodite, sur une couche, avant que la relation d'homophilie transitoire ne se transforme en relation conjugale permanente (L'Initiation: L'acquisition d'un savoir ou d'un pouvoir. Le lieu initiatique. Parodies et perspectives, 1992 - books.google.fr).

Sappho était bien à la tête d'une institution de jeunes filles qu'elle élevait en vue du mariage. Dans cette éducation, l'amour dit lesbien avait sa place. La convention inhérente au genre du chant d'hyménée permet précisément à Sappho d'exprimer, dans le célèbre fr. 31, son amour en même temps que la peine éprouvée au départ de la jeune épousée. Le mythe n'est pas pour les élèves de Sappho un jeu de l'imagination, mais le miroir de la vie, comme il l'est dans l'"Echenès epithalamios" de Théocrite et dans le propemptikon fr. 17 de Sappho. De même, le jardin des Nymphes est le prototype mythique du cercle des jeunes filles (L'Année philologique: bibliographie critique et analytique de l'antiquité gréco-latine, Volumes 28 à 29, 1958 - books.google.fr).

La femme qui a un époux pour la protéger, c'est, selon Sappho, la fleur qui s'épanouit dans un jardin, et qui n'a rien à craindre des outrages du passant. Celle qui est abandonnée à elle-même, Sappho la compare à ces fleurs des champs dont nul ne prend souci : "Telle l'hyacinthe, que les bergers foulent aux pieds dans les montagnes : la fleur empourprée est gisante sur la terre" (Alexis Pierron, Histoire de la littérature grecque, 1869 - books.google.fr).

Le Moyen Âge vit dans le jardin clos du Cantique des cantiques (IV,12) une image de la virginité de Marie (Molsdorf, 864). Dans une tapisserie allemande, la fille sauvage qui symbolise la Vierge Marie est assise dans un jardin, qui répond à la description du jardin clos du Cantique : on y voit la source et le grenadier avec ses fruits. Les Heures de Simon Vostre contiennent une miniatuire qui illustre certaines invocations à la Vierge, dont l'"Hortus conclusus". Dans la mystérieuse Chasse à la Licorne (Cloisters de New York) un des panneaux montre la licorne dans un enclos, attachée à un grenadier "aux fruits excellents" (Cantique) et deux initiales unies par un nœud d'amour qui semblent indiquer que la tapisserie fut tissée à l'occasion d'un mariage (Guy De Tervarent, Attributs et symboles dans l'art profane : Dictionnaire d'un langage perdu (1450-1600), 1997 - books.google.fr).

Héliopolis - Padoue

A quatre lieues du Caire un ancien Obelisque est dans un endroit nommé Mataria, & dans un jardin qu'on appelle le jardin du Baume. Il y a là une fontaine au bord de laquelle la sainte Famille se reposa.

La Sainte Vierge y passant avec l'Enfant Jesus, s'y reposa sous un arbre, qui s'est conservé jusqu'à nos jours; mais depuis peu, on l'a abattu, tant pour la dévotion les Chrétiens y avoient, que que pour le mépris que les Infideles en faisoient; on l'a emporté dans l'Hospice des Cordeliers, où est un grand morceau dans le Chœur de leur Eglise.

Proche de ce jardin, étoit autrefois l'ancienne Heliopolis, ou Ville du Soleil, la premiere que le divin Soleil de justice ait vûe & illuminée par sa presence en entrant en Egypte (Giovanni Francesco Gemelli Careri, Voyage Du Tour Du Monde, Tome 1, 1719 - books.google.fr).

L'obélisque du Vatican provient d'Héliopolis apporté par les ordres de Caligula. Il porte l'inscription "CHRISTVS VINCIT / CHRISTVS REGNAT / CHRISTVS IMPERAT / CHRISTVS AB OMNI MALO / PLEBEM SVAM DEFENDAT" : AB OMNI MALO PLEBEM SUAM donne le sigle AOMPS (christ-roi.net - Obélisque du Vatican, nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Les Prophètes et Rennes le Château - Le domaine de l’abbé Saunière, pentagone et AOMPS).

Le plus ancien des jardins botaniques encore existant sur son emplacement et dans sa forme originels est celui de Padoue en Vénétie. La date officielle de création de l'Horto de i semplici di Padova est le 14 février 1545. Cette création fait suite aux requêtes présentées devant le Conseil de l'université et le Sénat de Venise, par le médecin, professeur de botanique Francesco Bonafede (1474-1558). Il souhaite que soit créé un jardin spécialisé au sein de l'université de Padoue. Certains historiens pensent que l'architecte Andrea Moroni (ca. 1500-1560), engagé pour la construction de grands projets à Padoue comme la basilique Sainte-Justine, le palais du Podestat ou celui de del Bo, aurait fait les premiers dessins qui permirent aux autorités de prendre leur décision et de lancer les travaux. Le jardin est décrit, dès 1546, par un chroniqueur vénitien Marco Guazzo (ca. 1480-1556) (Yves-Marie Allain, Une histoire des jardins botaniques: entre science et art paysager, 2012 - books.google.fr).

Dans la basilique Sainte Justine se trouvent les tombeaux des évangélistes saint Luc et saint Matthieu qui en a un aussi à Salerne.

Le jardin du curé de Lourdes

Lorsque Bernadette arriva dans la ville, les flots populaires s'étaient portés en avant pour voir ce qu'elle allait faire. L'enfant descendit la route qui traverse Lourdes et en forme la principale rue; puis, s'arrêtant dans la partie inférieure de la ville, devant le mur de clôture d'un rustique jardin, elle en ouvrit la porte à verte claire-voie, et elle se dirigea vers la maison dont ce jardin dépendait (Henri Lasserre de Monzie, Notre-Dame De Lourdes, 1872 - books.google.fr).

Il s'agit de la maison et du jardin de l'abbé Peyramale, curé de Lourdes, son professeur.

Sur le calendrier nonagonal, le 11 février, date de la première apparition, frôle la limite de la commune de Lourdes à l'Est.

Arcadie et Immaculée conception

Guillaume Alexis consacrait tout le cinquième livre de son Champion des dames (XVe siècle) à chanter les louanges de la mère de Dieu, «belle et sans tache». Guillaume Alexis, à son tour, prend position dans le grave débat qui divisait les théologiens, dominicains d'un côté, franciscains de l'autre. Il expose dans sa Declamation, en gros français, comme il dit, le rôle glorieux de la Vierge qui est venue rendre aux humains l'héritage qu'Eve avait perdu. Le bon moine est plutôt sévère pour Ève, «femme volage», qui aurait dû «laisser faire son époux», et qui, par ses folles réponses, a tout gâté. Martin Le Franc n'était pas du même avis; il absout Ève, être délicat et sensible, qui prit la pomme par ignorance. Les poètes et même les théologiens du moyen âge trouvaient moyen, pour expliquer et illustrer la doctrine de l'Immaculée Conception, de comparer la Vierge à Callisto, fille de Lycaon, roi d'Arcadie, à Rhea Silvia, à Sémélé, à Danaé, à Alcmène; Guillaume Alexis proteste avec raison contre ces comparaisons profanes et il s'écrie, dans l'Oraison à la Vierge :

Je ne vous veulx a femme comparer, Car onc femme ne fut fors vous parfaite (Arthur Piaget, Emile Picot, Œuvres poétiques de Guillaume Alexis, prieur de Bucy, Volume 38, Partie 2, 1899 - books.google.fr).

28. Callisto in ursam mutata, cùm Arcas eam sagittå ferire vellet, à Jove in Cœlum translata, ac stellis adscripta, nunquam occidit.

CaLLIsto, LIJCaonIs, ArCaDIæ Regis fILIa, SteLLIs. IpsIs aDsCripta.

CAllisto, quam Lycaonis, Arcadia Regis, filiam fuisse, fabulantur Poëtæ, cùm à Dianâ, ob prostitutam turpiter pudicitiam, ex Nympharum Choro fuisset proscripta mox à Junone in horridam Ursam transmutata est. Porrò, dum illam filius Arcas, in nemore obviam factam, sagittâ ferire vellet, Jupiter ejus misertus, in Coelum eam transtulit, ac stellis ipsis adscripsit : hoc insuper privilegio specialiter eam donando, ut cæteris stellis occidentibus, ipsa sola circa Polum continuò gyraret iter suum, ac nunquam ab oculis nostris occumberet.

Fabulam de impudicâ Regis cujusdam filiâ intellexistis, quam ego Poëtis relinquens, ad MARIAM purissimam convertor; Hanc enimverò non terreni, sed æterni Regis filiam fuisse, nemo est, qui dubitet, accinente Ecclesiâ: Benedicta Filia tu à Domino; quia per te fructum vitæ communicavimus ! Hæc originalî innocentiâ nunquam violatâ, proscribi nullo momento meruit è gratiâ Divinâ, nec per peccatum, horridam subire bestia metamorphosin. Nihilominùs paratam tenebat infernalis animarum venator sagittam suam, quâ MARIAM in Conceptione feriret; attamen misertus ipsius Coelestis Jupiter, eò illam transtulit, ut tangi ampliùs ab orcino sagittario nequiret, imò stellis ipsis, id est, Sanctis (qui ut stellæ fulgent in perpetuas æternitates) non tantùm adscripsit, sed & futuram Sanctorum omnium Reginam præposuit, cum specialî hoc adjuncto Privilegio, ut cæteris stellis occidentibus, id est, omnibus prorsùs hominibus, etiam ipsis viris Sanctissmis, aliquando in originale prolapsis, illa sola nunquam occumberet, sola præservata, immaculatæ conceptionis prærogativâ in perpetuas gauderet æternitates (Joseph Zoller, Conceptvs Chronographicvs De Concepta Sacra Deipara, 1712 - books.google.fr).

On a vu que Dante identifiait la constellation de la Grande Ourse à une image de l'Eglise.

L'origine de cette sorte d'identité postulée entre l'Eglise et la mère du Seigneur se déduit, on pourrait presque dire mathématiquement, de deux comparaisons. La première établit un parallélisme entre Eve et l'Eglise. L'Eglise, née du côté percé de Jésus, comme Eve était sortie du côté d'Adam, est la nouvelle Eve, mère des vivants dans sa fécondité spirituelle (Tertullien). La seconde comparaison, beaucoup plus poussée, développe le parallélisme entre Eve et Marie, entre la scène de la tentation en Eden, alors qu'Eve «conçut la parole du serpent» (Justin) et la scène de l'Annonciation, où Marie conçut selon la parole de l'Ange. «Eve enfanta désobéissance et mort... La Vierge conçut foi et joie.» Dès lors le péché de la première femme est réparé par Marie, Virgo reparatrix. Marie participe à cette «récapitulation de toutes choses en Christ», en restaurant l'ordre compromis par notre mère charnelle. Ces deux parallélismes : Eve-l'Eglise et Eve-Marie conduisent nécessairement à l'équation Marie = l'Eglise. Ce thème, aux origines lointaines, s'amplifie et se précise au cours des siècles. La Vierge a non seulement un rôle figuratif par rapport à l'Eglise, mais on finit par lui reconnaître une antériorité, bien plus, une priorité quant à l'Eglise. L'Eglise procède de la Vierge. De même qu'elle est mère du Christ, la Vierge est mère de l'Eglise. D'autre part l'Eglise est appelée dans le Nouveau Testament l'épouse du Christ. Marie est donc aussi l'Epouse, Epouse de Dieu, d'après certains textes, Epouse du Christ, d'après d'autres; et cette «sponsalité» de Marie est entendue tantôt presque matériellement : de même que le mari et la femme ne sont qu'une seule chair, duo in una carne, de même la chair de Marie et la chair du Christ n'ont été aussi qu'une seule chair ; tantôt spirituellement : la Vierge est dite l'Epouse du Christ à cause de l'inestimable charité dont se chérissent réciproquement la Mère et le Fils. Et non seulement la Vierge est ainsi la Mère et l'Epouse, elle est encore la Fille, car, comme l'Eglise, elle est aussi, dans un sens spirituel, née du Sauveur. Elle est enfin vierge, comme l'Eglise elle-même, car l'Eglise est vierge, si nous la regardons non pas dans le concret de sa réalité charnelle, mais in speculo puritatis et veritatis, dans le même sens où nous disons que l'Eglise est sainte.

On constate ainsi une double tendance qui constitue comme le ressort de la théologie mariale dans son développement historique : dire de l'Eglise ce que l'Ecriture affirme de la Vierge, et, réciproquement, donner une interprétation mariale de tous les textes concernant l'Eglise. On aboutit ainsi à une théologie de la Vierge qui peut donner l'illusion d'un édifice somptueux et grandiose, mais qui, n'ayant aucune base scriptu-raire, en dehors de je ne sais quelle exégèse allégorique et fantaisiste, nous apparaît comme une construction imaginaire, flottant dans les nuées (J.-D. Benoît, Marie et l'Eglise, Bulletin de la Société française d'études mariales. Congrès de Sept-Fonds, 1951. Paris, Lethielleux. In: Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 34e année n°1, 1954 - www.persee.fr).