Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   La Prophétie de saint Malachie et l’eucharistie   
RENNES LE CHATEAU PROPHETIE SAINT MALACHIE LUMEN IN COELO BERGOGLIO EUCHARISTIE

La restauration de son église achevée en 1897 sous le règne de Léon XIII (1878-1903), Bérenger Saunière a, comme il se doit, rendu hommage à son pape en plaçant son blason en clef de voûte du petit porche d'entrée, accompagné de la sentence "Lumen in caelo" tirée des prophéties des papes de Saint Malachie. Fait sûrement unique en France (www.reinedumidi.com - Pierre, www.reinedumidi.com - Blason).

Arnold Wion est un moine bénédictin et historien né à Douai (à l'époque dans les Pays-Bas espagnols) le 15 mai 1554, mort près de Mantoue (Italie) vers 1610. Il était le fils d'Amé Wion, procureur fiscal de Douai. Il fit des études dans sa ville natale, puis entra jeune à l'abbaye bénédictine Saint-Pierre d'Oudenburg, près de Bruges. À cause de la guerre de religion qui faisait rage dans les Pays-Bas, il dut se réfugier à l'abbaye de Marchiennes en 1578. Le 14 mars 1579, il fut ordonné prêtre dans la cathédrale d'Arras. Avec quelques confrères, il décida de gagner l'Italie, où il fut affecté à l'abbaye Saint-Benoît de Polirone, près de Mantoue (actuelle commune de San Benedetto Po), de la congrégation du Mont-Cassin, connue sous le titre de Sainte Justine de Padoue. Son transfert fut ratifié par le chapitre conventuel le 1er février 1584.

Très adonné à l'érudition, il composa un gros ouvrage consacré à l'histoire de l'ordre de Saint-Benoît, intitulé Lignum Vitæ, ornamentum & decus Ecclesiæ, in quinque libros divisum. Il l'avait commencé en Flandre et l'acheva à Mantoue. En 1592, un chapitre général l'autorisa à le dédier au roi Philippe II. L'ouvrage parut à Venise en 1595, en deux tomes in-quarto qui font en tout plus de 1 600 pages. Il commence par l'ample dédicace à Philippe II, où l'auteur prétend démontrer que la Maison d'Autriche descendait de la famille romaine des Anicii, à laquelle se rattachait aussi Benoît de Nursie. Puis les deux livres du tome I racontent l'histoire de saint Benoît, de son ordre et des différentes congrégations auquel il a donné naissance. Dans un passage de ce livre, « Prophetia S. Malachiae, Archiepiscopi, de Summis Pontificibus », page 307, apparaissent pour la première fois les prétendues prophéties de l'évêque Malachie d'Armagh, qui mourut à l'abbaye de Clairvaux (fr.wikipedia.org - Prophétie de saint Malachie).

Padoue est associé à Rennes-le-Château et à Fronsac (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : GRAMMA : les initiales de statues de l’église de Rennes le Château, Les sommets de La Croix d’Huriel : Scolastique, Les Prophètes et la Croix d’Huriel : Prophètes, Vertus, Fleuves du Paradis et Evangélistes).

Douai intervient dans l'étude de l'ex-libris de Bérenger Saunière tiré du frontispice du livre «Aureum Seculum Redivivum», la Renaissance de l'âge d'or, écrit par Adrian von Mynsicht (1603-1638), alias Henricus Madathanus, en 1618 et publié en 1625 (La Croix d’Huriel et l’antimoine).

La prophétie de saint Malachie

C'est une liste en latin qui énumère 112 devises, attribuées à Célestin II et à ses successeurs, prétendant annoncer la fin du monde, celle-ci arrivant avec le dernier pape annoncé.

Les ésotéristes, pour les justifier, sont souvent obligés de faire laborieusement appel aux armoiries du pape en question, ou à celles de sa famille, ou encore à celles de sa ville natale ou à celles d'une ville dont il a été évêque ou, enfin, à celles de l'ordre auquel il appartenait, etc. (François-Xavier Feller, Biographie universelle ou Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom, Volume 8, 1850, fr.wikipedia.org - Arnold Wion).

Par exemple, Alexandre III, pape de 1159 à 1181 : la devise qui lui correspond est « ex ansere custode » (de l'oie gardienne). Alexandre III portait un écu parti avec une oie à sénestre sur champ de gueules.

L'église elle-même devait accorder foi à ce texte dans les siècles suivants. En 1691, Alexandre VIII fit frapper des monnaies avec la devise que saint Malachie lui attribuait. En 1782, le clergé autrichien fit de même à l'occasion de la visite du pape Pie VI à Vienne. Plus encore, on peut voir à la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, reconstruite en 1854, une suite de médaillons : les portraits de tous les papes en fine mosaïque. Lors de l'élection de Jean Paul II, il n'était prévu que deux médaillons vierges sur les 265 (gillespeyrache.com - Dernier pape).

Pour Fabrice Bardeau, "il s'agit d'une cryptographie alchimique dont la chronologie cerne les différentes opérations de l'Œuvre hermétique, procédé classique utilisé par les Adeptes pour dissimuler leur enseignement." (Fabrice Bardeau, Les clés secrètes de l'alchimie, 2010 - books.google.fr).

La 112ème devise

Petrus Romanus (Pierre le Romain). Cette dernière prophétie apparaît pour la première fois dans l’édition princeps d’Arnold de Wyon du Lignum Vitae de 1595 : In psecutione extrema S.R.E. sedebit. Petrus Romanus, qui pascet oues in multis tribulationibus : / quibus transactis ciuitas septicollis diruetur,/ & Iudex tremendus iudicabit populum suum. Finis.

Des exégètes modernes estiment que le mot psecutione ne doit pas être lu comme persecutione mais comme prosecutione (« dans la suite des temps… ») (fr.wikipedia.org - Prophétie de saint Malachie).

Comme pour les autres papes, c'est par l'origine du nom du dernier pape que l'on recherche la correspondance avec "Petrus romanus".

La ville d'Alexandrie, fondée sous Alexandre III, malgré Frédéric Barbarossa, et pour l'honneur de la Ligue Lombarde, est une ville industrieuse et commerçante, située sur la rive droite du Tanaro, près du confluent de la Bormida.

Alexandrie a été parfaitement fortifiée par les souverains de la Maison de Savoie, et par sa position topographique, elle est telle que celui qui en est maître, tient, pour ainsi dire, les clefs de la haute Italie. La citadelle, construite sous Victor Amédée II, en 1728 [par Ignazo Bertola], sur les ruines de Bergoglio [le bourg est détruit pour l'occasion], communique avec la ville au moyen d'un superbe pont sur le Tanaro, et elle est de forme elliptique. Il y a dans la citadelle, outre l'église paroissiale, trois grands quartiers, un riche arsenal, un pavillon pour les officiers, le logement du commandant, deux poudrières, et un local destiné à la réclusion des militaires.

L'église dédiée à N.-D. de Lorette, desservie par des PP. Dominicains, est d'une belle et solide architecture, de forme ronde et très-vaste. On remarque dans cette église, à la chapelle à gauche en entrant, un grand tableau représentant N.-D. du Rosaire, avec Pie V sur le devant de la tuile, et dans le lointain, la bataille de Lepante. Cette peinture, remarquable pour la vigueur des tons et la grandeur du dessin, est due au pinceau du professeur François Mensi, d'Alexandrie, qui fit aussi le tableau que l'on voit sur le maître-autel, et qui représente N.-D. de l'Annonciation.

Le bourg de Bosco, à peu de distance d'Alexandrie, mérite aussi qu'on en fasse mention: c'est là qu'en 1504 nacquit Ghisiglieri, qui monta sur la chaire de St-Pierre, sous le nom de Pie V, qui engagea une nouvelle croisade contre les Turcs, prévit la victoire de Lepante, et est maintenant aux rang des saints. Dans le couvent des PP. Prédicateurs (il appartenait à cet ordre) on admire encore le superbe mausolée en marbre, qu'il avait élevé pour lui-même, et qui ne renferme pas ses cendres, parce qu'elles ont été déposées dans un mausolée à Rome, où il mourut en 1579 (Pietro Giuria, Guide historique, descriptif et artistique de Turin, de ses environs et des villes les plus remarquables du Piémont, 1853 - books.google.fr, Giulio Schmiedt, Citta e fortificazioni nei rilievi aerofotogrici, Storia d'Italia: I documenti, 1972 - books.google.fr).

I consoli alessandrini si presentarono al papa giurandogli fedeltà, prestandogli omaggio ed impegnandosi a pagare tre denari annui come un gesto di simbolico legame di dipendenza; a sua volta Alessandro dedicò la chiesa cattedrale cittadina a san Pietro in segno di speciale rapporto con la Santa Sede (Paolo Brezzi, I Comuni medioevali nella storia d'Italia, 1970).

Nel quarto luogo — Bergoglio — , troviamo la chiesa di Santa Maria e quella della Trinità; il monastero benedettino di San Pietro; la chiesa di Santo Stefano; la chiesa di San Michele di Pozzolasca e quella di San Cristoforo; l'ospedale di San Giovanni posto vicino alla porta d'Asti; la casa dei Gerosolimitani di Santa Margherita, e altre due chiese non ben precisate (Valeria Polonio, Alessandria e l'ordinamento ecclesiastico preesistente, Popolo e Stato in Italia nell'età di Federico Barbarossa: Alessandria e la Lega lombarda, 1970 - books.google.fr).

En 1224 un Guglielmo était abbé du monastère de San Pietro di Bergoglio di Alessandria (Giuseppe Aldo Di Ricaldone, Templari e Gerosolimitani di Malta in Piemonte dal XII al XVIII secolo, Volume 2, 1980 - books.google.fr).

Il Ricaldone condivideva le indicazioni del Chenna, confermando la presenza templare "in Bergoglio oltre Tanaro in Alessandria" con il possesso della chiesa di "Santa Margherita passata dopo il 1312 ai gerosolimitani" (Massimo Centini, I Templari in Piemonte: luoghi e possedimenti dei Cavalieri del Tempio in Terra Subalpina, 1998 - books.google.fr).

112 - Psaume 112

Le Christ lui-même célébra la dernière Pâque juive, au cours de laquelle on chantait les psaumes du Hallel (112 et 113) : Et hymno dicto exierunt in montent Oliveti (Math., 26, 30 et Marc, 14, 26) (Puis, après le chant des psaumes, tous ensemble quittèrent le Cénacle pour le jardin des Oliviers) (Revue grégorienne, Volumes 35 à 36, 1956 - books.google.fr, Paul Huot-Pleurox, Histoire de la musique religieuse: des origines a nos jours, 1957 - books.google.fr).

Cet hymne commence le Hallel (Ps 113-118), que les Juifs récitaient pour les grandes fêtes, notamment au repas pascal.

Comme l'a bien montré J. Jeremías, tout le rituel pascal avait reçu une interprétation messianique et eschatologique, au moins dès le Ier siècle de notre ère : les coupes et les azymes, les psaumes du Hallel étaient interprétés en fonction de cette espérance d'Israël et, de la sorte, de toutes les fêtes juives, la Pâque est devenue incontestablement la plus messianique. [...] A. Strobel a prouvé que les documents historiques du Ier siècle confirment l'existence de ce messianisme pascal et montrent en particulier que les autorités romaines averties redoublaient de vigilance. Les Samaritains, de leur côté, attendaient pour la Pâque l'apparition de leur Taheb ou Messie (R. Le Déaut, Pâque juive et Nouveau Testament, Studies on the Jewish background of the New Testament, 1969 - books.google.fr).

On retrouve l'eucharistie dans le symbole du don du pain à la page 267 de La Vraie Langue Celtique :

Etait-ce là l'image des faveurs continuelles que la généreuse Providence déverse sur ses créatures, ou bien encore, après avoir représenté par des pierres levées, ménirs et dolmens, les dons essentiels de blé et de pain que Dieu leur accordait pour apaiser la faim, les Celtes voulaient-ils témoigner leur reconnaissance, de ce que le Seigneur donnait aussi des fontaines d'eau pure et limpide, destinées à étancher la soif... Dieu, nourricier de son peuple... ? (VLC, P. 267)

Avant d'expliquer les noms particuliers de ces tribus Ibériennes, nous essaierons d'interpréter quelques mots de la langue basque afin que sa filiation avec la langue primitive reste indubitable. [...] Il n'est pas sans intérêt de remarquer, par la formation des mots basques, comment s'est faite à Babel la confusion du langage. (VLC, p. 112)

Dans La langue primitive depuis Adam jusqu'à Babel, titre regroupant Babel et langue primitive, on peut lire :

Nous reprenons notre narration au chap. XIV, et aux versets 18, 19 et 20, il est dit que Melchisedek, roi de Salem (Jérusalem), offrant du pain et du vin, à titre de Prêtre du Très-Haut, bénit Abram; et qu'alors celui-ci lui donna la dîme de tout ce qu'il avait pris à ses ennemis. Le nom de Melchisedek est formé de l'hébreu malchi, roi, tsedek, correct, juste, intègre et dont le verbe radical est sâdak ou sodak, rectus fuit, il fut juste; on dit aussi sadik; puis encore sadok ou sodok, fut juste, fut droit ou correct ; l'on dit sideki, mon droit. En somme, Melchisedek a pour signification, roi intègre ou juste. C'était un roi qui rendait la justice et qui n'a d'autre nom historique que sa qualification de juste. Sa généalogie n'existe pas, mais ce qu'il y a de remarquable dans les trois versets qui font mention de lui, comme prêtre du Très-Haut, c'est qu'au lieu d'offrir à Dieu un bélier en holocauste, il est le premier qui fit l'offrande du pain et du vin, qui sont les substances matérielles de notre Eucharistie. En second lieu, nous voyons que la création de la dîme, en faveur du prêtre du Très-Haut, revient à Abram. Si nous recherchons les origines de l'hébreu dans les dérivés de la langue primitive, on pourrait voir l'hébreu Melchisedek dans les termes Kichua mallichi faire éprouver, faire sentir, sutik, ce qui est clair, ce qui est vrai, ce qui est évident. Or, la sentence du juge repose sur la clarté ou l'évidence des faits. Mais nous n'insistons pas sur cette étymologie; car depuis Héber jusqu'à Melchisedek il y avait eu six générations de patriarches, d'où l'on peut conclure que les Hébreux étaient en possession de la langue cananéenne qui fut la leur (Enrique Onffroy de Thoron, La langue primitive depuis Adam jusqu'à Babel, son passage en Amérique, où elle est encore vivante, 1886 - books.google.fr).

Publié en 1886, comme La Vraie Langue Celtique, ce livre a pu être connu de Boudet. Il fait de la langue kichua (quechua du Pérou) la langue originelle de l'humanité. On retrouve peut-être le Pérou dans le panneau d'autel de l'église Sainte Marie Madeleine de Rennes le Château (Autour de Rennes le Château : Eglise Marie-Madeleine et calendrier kabbalistique).

"Mallichi" fait penser à Malachie.

Certains psaumes sont mis dans la bouche du Christ, identifié avec le sujet, avec celui qui parle en s'adressant à Dieu. Ceci est surtout le cas des psaumes exprimant les sentiments du Christ souffrant, par exemple les psaumes 6, 15, 21, 68, ou des psaumes du Hallel (ps. 112-117), chantés par le Sauveur lors de la dernière Cène. Ailleurs les auteurs inspirés appliquent au Christ ce qui est dit de Dieu, par exemple les psaumes 7, 10, ou 8, 3, ou encore ce qui est dit du psalmiste ou d'une autre personne. Le nombre des textes appliqués au Christ et aux réalités chrétiennes n'est pas restreint aux psaumes qui sont de caractère nettement prophétique. Même quand un lien direct n'est pas établi entre la personne ou l'œuvre du Sauveur et le psaume, celui-ci est toujours utilisé par rapport au mystère du Christ, dont il met en relief quelque aspect. Bref, rien ne prouve qu'on ait alors compris l'ensemble des psaumes en un sens juif, purement littéral (Pierre Salmon, Les "Tituli Psalmorum" des manuscrits latins, 1959 - books.google.fr).

Si un psaume déploie un sens qui lui est propre, sa juxtaposition à d'autres ouvre à une dimension interprétative nouvelle. Les Ps 111 et 112 se complètent: le premier évoque une action gracieuse de Dieu envers Israël, tandis que le second parle d'un juste de ce peuple imitant les actes de Dieu. Au départ, ces deux pièces devaient être liées au Ps 119, alphabétique comme elles: y sont énumérées longuernent les raisons qu'Israël a de louer Dieu, ainsi que 111,1 et 112,1 y invitent. Le «Hallel égyptien» (113-1 18) a été inséré ensuite à sa place actuelle. Les liens entre 112 et 113 (notamment par le biais du Cantique d'Anne) et entre 118-119 montrent qu'une telle insertion ne doit rien au hasard et induisent un élargissement du sens des psaumes concernés grâce à la contiguïté ainsi créée. Le Ps 114 sera inséré par la suite afin d'ajouter une référence narrative et poétique à la geste de l'Exode (Sur Yair Zakovitch, “The interpretive significance of the sequence of Psalms 111-112, 113–118, 119,” (The Composition of the Book of psalms, 2010), Revue théologique de Louvain, Volume 39 - books.google.fr).

La devise 112 de la Prophétie de saint Malachie marque en effet une sorte de Pâque de l'Eglise, mort et résurrection ?

Le Concile Vatican II relève en particulier la tâche des prêtres qui par l'offrande du sacrifice eucharistique réalisent la prophétie de Malachie, et qui du lever du soleil jusqu'à son coucher offrent à Dieu une hostie pure. L'Eucharistie prend la place d'honneur comme élément constitutif de l'Église. Cette conception est très ancienne; nous la retrouvons dans la prière sacerdotale de la Didachè avec la citation de Mal., 1, 11 : de même chez saint Justin, et chez saint Irénée. A Trente aussi le magistère a fait appel à la prophétie de Malachie dans le chapitre sur le Saint Sacrifice de la Messe. La phrase finale nous donne un résumé des deux premiers chapitres : la tâche missionnaire de l'Église découle du mystère de la Sainte Trinité ; elle durera jusqu'à ce que, comme le chante l'ancienne liturgie de la nuit pascale (prière de la quatrième prophétie) totius mundi transeat plenitudo, toute l'humanité s'associe au Peuple de Dieu, Corps du Christ et temple du Saint-Esprit, et procure ainsi au Père par l'intermédiaire du Christ-Chef tout honneur et toute gloire (Gérard Philips, L'Eglise et son mystère au IIe concile du Vatican: histoire, texte et commentaire de la Constitution "Lumen Gentium, 1967 - books.google.fr).

La Didachè est un document du christianisme primitif, écrit vers la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle. Les Pères de l'Église (Irénée de Lyon, Clément d'Alexandrie, Origène) y font référence, ainsi qu'Eusèbe de Césarée (fr.wikipedia.org - Didachè).

Le premier texte qui parle de l'eucharistie en tant que sacrifice est le chapitre 14 de la Didachè, qui explique ce caractère par la citation de Malachie 1 , 11. Yahweh refuse le culte d'Israël car il est souillé par l'inconduite et la convoitise et il annonce par le prophète que les temps derniers verront un culte pur et agréable à Dieu parmi les nations. Le culte est relié à la louange de Dieu, et les événements dont Malachie parle sont liés à la figure d'un messager, un ange d'alliance. Les premiers chrétiens ont, dès le départ, identifié le messager avec le Christ, et l'alliance dont parle le prophète, avec l'alliance nouvelle et éternelle apportée par Jésus Christ. En conséquence le culte nouveau, qui dépasse les limites nationales d'Israël, fut identifié avec l'eucharistie. Dès lors, Malachie 1, 1 1 est le texte privilégié pour traiter de l'eucharistie.

Depuis l'époque de la Scolastique, l'étude de l'eucharistie s'est concentrée sur trois sujets : le sacrement, le sacrifice et la communion eucharistique. - Le sacrement était étudié sous l'angle soit de la présence réelle du corps et du sang du Christ sous les espèces, soit de sujets connexes tels que la « matière », la « forme » et le « ministre » du sacrement. - Le sacrifice était étudié sous l'angle du rapport entre la messe et le sacrifice de la croix, dont le Christ est prêtre et victime à la fois, dans le but de démontrer l'identité entre le sacrifice de la messe et le sacrifice de la passion du Seigneur. - L'exposé sur la communion n'était habituellement pas aussi développé et attirait moins l'attention des théologiens car ils estimaient qu'elle était seulement ad integritatem, c'est-à-dire qu'elle n'appartenait à la nature ni du sacrement ni du sacrifice mais seulement à son intégrité. [...]

Après la Scolastique et le concile de Trente, la sacramentalité de l'eucharistie s'est enfermée dans l'affirmation de la « présence réelle » du corps et du sang du Christ sous les espèces du pain et du vin. Cette doctrine était résumée en un seul mot, la transsubstantiation, par lequel on affirmait soit la transformation (uenerabilis conuersio) soit l'objet de cette transformation, à savoir la substance du pain et du vin. Aussi bien le concile de Trente que la pensée théologique du siècle dernier sont tributaires de saint Thomas d'Aquin.

Dans la tradition des commentaires du Moyen Âge, l'explication de la doctrine du sacrifice eucharistique était liée à la liturgie eucharistique, car la messe était présentée, dans son déroulement rituel, comme la représentation de la passion du Christ. En vertu de l'interprétation allégorique des rites, chaque partie et chaque élément de la messe étaient en rapport avec un événement de la passion du Seigneur. De cette façon, la liturgie eucharistique, par son rituel, était la figure de la passion du Seigneur. Saint Thomas d'Aquin a gardé cette perspective, et a établi un rapport entre les événements de la passion et les signes de croix qui se trouvent dans le canon de la messe. Chaque signe de croix correspond à un événement de la passion, en sorte que leur succession corresponde à la succession des événements de la passion. Puisque dans la messe se déroule la passion du Christ, la messe est une sorte de dramatisation de la passion par la succession des signes de la croix. Saint Thomas ne se borne pas à cette description du rapport entre la messe et la passion du Christ ; il parle aussi de l'eucharistie comme représentation du sacrifice du Christ. Cette conception n'est pas liée à la liturgie eucharistique en tant que telle, mais à la coupe seulement, où le vin a été changé en sang. Puisque le vin a été transformé en sang du Christ et puisque le sang séparé du corps est signe de la mort, saint Thomas peut conclure que la coupe est la représentation du sacrifice du Christ. Il peut conclure aussi que cette représentation est une représentation réelle, c'est-à-dire investie de valeur ontologique. Il faut remarquer que le réalisme de la représentation est effectif à la consécration qui a opéré, au préalable, la transformation du vin en sang du Christ. [...]

On donnait pour sûr qu'il existait trois types de sacrifice, à savoir le sacrifice expiatoire, le sacrifice propitiatoire et le sacrifice d'action de grâce. Les théologiens se concentraient sur l'eucharistie comme sacrifice expiatoire en laissant de côté les sacrifices de propitiation et d'action de grâce, parce qu'ils considéraient soit qu'ils présentaient peu d'intérêt pour les controverses théologiques, soit qu'ils étaient inférieurs au sacrifice expiatoire. En effet pourquoi la théologie s'intéresserait-elle à l'action de grâce ou mieux au sacrifice d'action de grâce ? Il n'y a aucun problème théologique à ce sujet : cela concerne plutôt la pastorale. C'est presque la même chose pour la communion eucharistique ; elle concerne la spiritualité (Paul de Clerck, La liturgie, lieu théologique, 1999 - books.google.fr).

Daniel (XII, 11) prédit que l'Antechrist abolira le Sacrifice perpétuel; car quoique la Prophétie de Daniel regarde directement & en premier lieu le Roi Antiochus, qui s'étant rendu maître du Temple de Jérusalem y abolit en effet le Sacrifice du matin & du soir, il est pourtant très vrai de dire, que l'Antechrist, dont Antiochus étoit la figure, n'en fera pas moins: il paroît même, que l'Antechrist est encore plus spécialement désigné par cette Prophétie qu'Antiochus ; car il est dit de celui qui abolira le Sacrifice perpétuel, & qu'il ne se souciera pas du Dieu de ses Pères, qu'il ne se mettra en peine d'aucune Divinité & qu'il s'élèvera contre tout ce qu'il y aura de plus respectable, ce qui ne convient point à Antiochus, à qui on ne reprocha jamais d'avoir donné dans ses excés: Mais tout cela convient parfaitement à l'Antéchrist, comme il paroît assés parle second Chapitre de la seconde Epirre aux Tessaloniciens, & par le treizième de l'Apocalipse. Que si l'oblation du Sacrifice perpétuel est une des oeuvres, par lesquelles l'Antechrist signalera sa puissance & son impieté, on demande, quel peut être ce Sacrifice perpétuel, & on ne peut en imaginer d'autre, que celui que nous offrons tous les jours sur nos Autels (Johann Jakob Scheffmacher S.J., Lettres d'un théologien de l'université catholique de Strasbourg à un des principaux magistrats de la même ville, faisant profession de suivre la confession d'Augsbourg, 1732 - books.google.fr).

Malachie, il s'agit du prophète biblique, un des douze petits Prophètes, dit en 1,11 : "Car depuis le lever du soleil jusqu'à son couchant, Mon nom est grand parmi les nations, Et en tout lieu on brûle de l'encens en l'honneur de mon nom Et l'on présente des offrandes pures; Car grand est mon nom parmi les nations, Dit l'Eternel des armées."

Et, en effet, le psaume 112,3 Carrière dit aussi "Le nom du Seigneur doit être loué depuis le lever du soleil jusqu'au couchant." (Pierre Matalène, Répertoire universel et analytique de l'Écriture Sainte, 1837 - books.google.fr, Quodvultdeus (évêque de Carthage), Livre des promesses et des prédictions de Dieu, Numéro 102, traduit par René Braun, 1964 - books.google.fr).

Dans le Testament Nouveau, le Christ, bien qu'il demeure seul prêtre éternel, seul grand pontife, interpellant au ciel pour son peuple devant le trône de Jéhovah, continue sur la terre, par les ministres de son sacerdoce, l'action sacrificatoire du cénacle. Aussi, après avoir institué le mystère, il en établit aussitôt les dispensateurs, en ajoutant : "aites ceci en mémoire de moi." Paroles profondes, exprimant non seulement la relation intime de souvenir qui unit le sacrifice eucharistique à celui de la croix (on voit par là que le dogme du sacrifice eucharistique comprend deux vérités : la première que l'Eucharistie est un vrai sacrifice : la seconde qu'elle est le souvenir du sacrifice de la croix), mais revêtant en outre ceux à qui elles s'adressent du sublime ministère de perpétuer à travers les âges le rite le plus auguste du culte chrétien. Avant de quitter la table du cénacle témoin de tant de merveilles, le texte sacré nous dit que Jésus chanta un hymne avec ses apôtres. Cet hymne est probablement la dernière partie du Hallel, prescrit par la tradition juive pendant le repas pascal. Ce chant qui embrasse six psaumes, de 112 à 117, était entonné dans le parvis même du temple tandis qu'on immolait les agneaux. Il se divisait en deux parties : la première, comprenant le psaume 112 et le psaume 113 jusqu'au v. 9, se chantait au moment de boire la deuxième des quatre coupes. La seconde terminait le repas avec la quatrième coupe; elle allait du v. 9 du psaume 113, jusqu'à la fin du psaume 117. Au dernier verset, la voix claire d'un jeune homme chantait Béni celui qui vient, et le chœur répondait au nom du Seigneur.

Quelques auteurs pensent que le Sauveur remplaça au cénacle la rupture du pain, qui était d'usage entre la deuxième et la troisième coupe, par le pain eucharistique, et la troisième coupe, appelée coupe de bénédiction, par le calice ou la coupe eucharistique. Cette interprétation donne une couleur plus frappante à ce passage de saint Paul : « Le calice de bénédiction que nous bénissons n'est-il pas la communication au sang du Christ ? et le pain que nous rompons n'est-il point la participation au corps du Christ ?» Le Sauveur aurait ainsi pu appliquer à la quatrième coupe les Le Sauveur aurait ainsi pu appliquer à la quatrième coupe les paroles rapportées par saint Matth. et saint Marc: «Je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père». D'autres, remarquant que le texte sacré place l'institution du calice eucharistique après le repas, sont plus disposés à croire que la quatrième coupe qui le terminait fut choisie par le Seigneur pour accomplir le mystère. Les psaumes du du Hallel, dans ce cas servirent directement d'action de grâces eucharistique; ils constituèrent la première fonction liturgique entourant la première messe. Avec quel accent le Benedictus qui venit, entonné sans doute par saint Jean, le Benjamin du collège apostolique, dut-il retentir dans le cénacle comme un dernier écho de l'ovation des Rameaux, avant les humiliations sanglantes mais « bénies » de celui qui « était venu au nom du Seigneur» pour racheter le monde par la croix ! (Revue bénédictine, Volume 5, Abbaye de Maredsous, 1888 - books.google.fr).

L’eucharistie comme sacrement et comme sacrifice a été préfigurée de nombreuses manières dans l’Ancien Testament. Parmi ces allusions, citons : le sacrifice de Melchisédek, la Pâque juive, la manne que les juifs ont mangée dans le désert, la prophétie sacrificielle de Malachie.

Le prophète met volontiers le présent et l’avenir sur le même plan. D’ailleurs, il n’y a pas à s’étonner qu’une prophétie puisse être écrite au présent : lorsqu’il veut faire la critique d’une institution, le prophète l’oppose facilement à une institution qu’il présente comme si elle était déjà réalisée, mais qui la plupart du temps n’existe que dans son espérance. Ce qui est donc annoncé dans cette prophétie de Malachie est un culte glorifiant la majesté de Dieu sur toute la terre par l’oblation d’un sacrifice plus excellent que les sacrifices déjà existants. Inversement, ce qui est annoncé ici n’est pas la cessation de toute activité sacrificielle, mais leur transformation et leur rénovation : « Dieu a aboli les premiers sacrifices pour établir le second » (Hébreux 10, 9). Les négligences commises par les prêtres lévites ne sont donc pas la cause mais l’occasion et le prétexte pour annoncer cette transformation à venir (theopedie.com - Le sacrifice de la messe dans l'Ancien Testament).

L Fontana, Le prophète Malachie annonçant l'eucharistie (XIXème siècle) - Viterbe - www.gdrzine.com

Malachie est l'auteur présumé du dernier livre de l'Ancien Testament. Une fin pour un autre départ avec le Nouveau.

Saint Malachie d'Armagh et l'eucharistie

Bernard de Clairvaux a écrit une Vita sancti Malachiae episcopi sur son ami Malachie qui mourut à Clairvaux même.

Saint Malachie poursuit une romanisation du christianisme irlandais et ce n'est pas sans raison qu'il se rend à Rome pour chercher auprès du pape une confirmation de son ministère. On peut donc penser que les oppositions violentes auxquelles il se heurte en Irlande expriment aussi une part de fidélité à des particularismes locaux et, sur certains points, une diversité qui aurait peut-être été compatible avec une catholicité authentique. Il ne sera pas sans intérêt de réserver quelques lignes de cette introduction à un thème particulier : la manière dont la Vita s. Malachiae présente l'eucharistie et dont on parle de celle-ci au XIIe siècle. En général saint Bernard parle peu des sacrements, et moins encore de l'eucharistie que du baptême. Or la mention de l'eucharistie revient à plusieurs reprises dans la Vita sancti Malachiae episcopi et les deux sermons qui la complètent. Par deux fois, quand il est question de la communion, il s'agit du viatique qui précède la mort. Donc d'une communion hors de la messe. En outre un passage du récit laisse percevoir la discipline réglant la communion à l'autel, dans la liturgie : les pécheurs publics restent à la porte, ceux qui font pénitence peuvent entrer dans l'église, mais sans être admis à s'approcher de l'autel; enfin, accèdent à l'autel ceux qui peuvent communier. Par ailleurs, d'une manière qui semble habituelle, l'eucharistie est envisagée comme le sacrifice ou les saints mystères que l'évêque ou le prêtre offre à l'autel, l'offrande qu'il présente, l'offrande de la messe. A l'occasion, il est précisé qu'on offre le sacrifice pour un défunt (lors des funérailles de Malachie), ou qu'on présente l'offrande salutaire du corps du Seigneur pour les pécheurs. Ce sacrifice est ainsi l'« obole» que saint Malachie, quarante jours de suite, offre pour l'âme de sa sœur défunte, jusqu'à ce que cette dernière soit sauvée1. En outre, lorsqu'il est dit que, pour les péchés des fidèles qui lui sont confiés, Malachie couvrait «les autels de vœux et d'offrandes pacifiques», on peut penser qu'il s'agit aussi de l'eucharistie; de même quand il est dit qu'il a souvent fait monter des sacrifices de paix. De ces mentions de l'eucharistie on ne peut certes tirer toute une théologie : elles sont trop rares, et surtout trop occasionnelles. Ce n'est d'ailleurs pas tellement une théologie, mais une pratique qu'elles supposent. Il est vraiment étrange que, au XIIe siècle, un homme comme saint Bernard considère l'eucharistie sous l'angle d'un sacrifice propitiatoire, en particulier pour le salut des morts, sans qu'apparaisse une seule fois dans tous ces passages le lien entre sacrifice et repas, entre sacrifice et mémorial, ou entre sacrifice et action de grâce. Quel rétrécissement par rapport à l'époque apostolique et à l'Église des Pères !

Malachie doit arbitrer un cas d'hérésie : un de ses clercs soutient que «dans l'eucharistie ne se trouve que le sacrement, non la réalité sacramentelle, autrement dit qu'elle consiste seulement dans la sanctification, non dans la vérité du corps». C'est en tout cas le résumé que saint Bernard donne de la pensée de ce clerc; il l'a peut-être simplifiée, car ce n'est pas le problème théologique comme tel qui l'intéresse ici, mais la manière dont se clôt la controverse. Ainsi libellée, cette cette négation de la réalité sacramentelle dépasse nettement les formulations restrictives qu'on peut trouver à ce propos chez un Bérenger de Tours (né vers l'an 1000, et condamné par plusieurs conciles). Au XIe siècle Bérenger fut le chef de file et la grande référence de ceux qui refusaient un réalisme sacramentel trop net. Parmi ses disciples il s'en trouve de plus radicaux que lui. Peut-être notre clerc de Lismore était-il du nombre? On sait en tout cas qu'au XIIe siècle - donc à l'époque qui nous intéresse ici - cette controverse autour du sacrement de l'autel n'était pas close. Abélard en effet constate qu'à son époque on n'a pas fini de discuter sur le problème de savoir «si ce pain tel qu'on le voit (qui videtur), est seulement la figure du corps du Seigneur, ou aussi la vérité de la substance même de la chair du Seigneur». (Bernard de Clairvaux, Vie de Saint Malachie, Introduction de Pierre-Yves Émery, 1990 - books.google.fr, Vie de saint Malachie, Oeuvres de Saint Bernard, Volumes 1 à 2, traduit par Armand Ravelet, 1870 - books.google.fr).

Malachie et Malachie

Some name choices may have had even more deliberately intended resonances. Malachy, whose Irish name was Mael Maedoc, literally 'Servant of Maedoc', a sixth-century saint associated with the church of Ferns (co. Wexford), chose the Latin Malachias, the name of the Old Testament prophet which in Hebrew meant 'messenger'. Malachy could have adopted Malchus, the Latin name chosen by his teacher at Lismore, Mael Isu Ua hAinmire, yet he opted for Malachias, doubtless to signify that he had a particular message to impart not dissimilar from the Old Testament prophet of that name, who had admonished priests who had been unfaithful in their ministry and announced that God would send a messenger to reform both priests and people. Bernard, in his sermon on the occasion of Malachy's burial, alluded to this in his quotation from the Book of Malachias (2:7), 'the holy lips of the priest which guarded knowledge', while in his Life of Malachy he included a reference to the 'spurning of his name' (Malachias, 1:6) when a messenger sent by Malachy was ignored. [...] Cf. the sermon Bernard preached on the first anniversary of Malachy's death, where he described Malachy in the company of angels becoming in fact what he had been called by name (Marie Therese Flanagan, The Transformation of the Irish Church in the Twelfth and Thirteenth Centuries, 2010 - books.google.fr).

Voilà qui a fait de Malachie "le bien-aimé de Dieu et des hommes", et c'est à bon droit qu'il est reçu aujourd'hui dans la compagnie des anges : il a atteint pour de bon ce que signifiait son nom. Oui, auparavant il se manifestait comme un ange par la pureté non moins que par le nom; mais maintenant la signification de son nom glorieux s'accomplit plus heureusement encore en lui, puisqu'il jouit d'une gloire et d'une félicité égales à celles des anges. Réjouissons-nous, à notre tour, bien-aimés, car notre ange est monté vers ses semblables, en remplissant un rôle d'ambassadeur pour les fils de la captivité : il nous concilie les cœurs des bienheureux et transmet à ces derniers les vœux des malheureux que nous sommes (Bernard de Clairvaux, Sermon sur saint Malachie, Vie de Saint Malachie, traduit par Pierre-Yves Émery, 1990 - books.google.fr).

Saint Malachie, s'il n'est pas l'auteur de sa prophétie, rencontra un homme doué du don de prophétie.

Lors de son premier voyage sur le continent en 1139, Malachie traverse l'Angleterre et rencontre Sycarus, personnage qui a été identifié à Sigar ou Sighere, prêtre de Newbald dans l'est Riding du Yorkshire. Il est l'auteur de la recension d'une vision qu'eut un garçon de 13 ans, Orm, tombé malade en novembre 1125. Cataleptique pendant 30 jours, il sortit de cet état avec la vision de quatre situations dans la vie future : le ciel, le paradis, de l'autre côté du mur du paradis, et l'enfer. Il mourut 6 mois plus tard et fut enterré dans le cimetière de l'église Saint Pierre de Howden. Sycarus envoya son texte au precentor Symeon de Durham.

Sorti d'Écosse et arrivé à York, un prêtre du nom de Sycarus, l'ayant regardé, le reconnut; il ne l'avait jamais vu. Mais comme il avait le don de prophétie, il avait eu une vision à son sujet. Le montrant donc sans hésiter à ceux qui l'environnaient: "Voici, dit-il, celui, à propos du quel je vous ai promis que d’lrlande viendrait un saint pontife qui connaît le coeur des hommes." La lumière ne put se dérober sous le boisseau; le Saint-Esprit qui l'avait allumée, la dévoila par l'organe de Sycarus. Celui-ci révela à Malachie, sur son état et sur ses disciples, beaucoup de choses qu'il reconnut être vraies. Et les compagnons du saint évêque le questionnant sur son retour, Sycarus, sans hésiter, déclara qu'un très-petit nombre reviendrait avec lui. Ce que l'événe ment vérifia. Cette prophétie leur fit soup çonner que Malachie mourrait; mais ce fut d'une autre façon que Dieu accomplit cet oracle. En revenant de Rome, ayant laissé quelques-uns de ses disciples auprès de nous, et d'autres ailleurs, pour étudier le genre de vie qu'on y menait, il revint en sa patrie, selon la parole de Sycarus, avec un très-petit nombre de compagnons (Vie de saint Malachie, Oeuvres de Saint Bernard, Volumes 1 à 2, traduit par Armand Ravelet, 1870, p. 435-436).

Au dire de l'auteur de la Vie de saint Etienne d'Obazine (écrite vers 1166-1180), la Vie de saint Malachie par Bernard «est d'une telle distinction de pensée et de style qu'elle n'est pas inférieure aux œuvres des meilleurs auteurs anciens» (Bernard de Clairvaux, Sermon sur saint Malachie, Vie de Saint Malachie, traduit par Pierre-Yves Émery, 1990 - books.google.fr).

Saint Malachie meurt le 2 novembre 1148 et est fêté le même jour.

Odilon, abbé de Cluny, en 1030 instaure dans toutes les dépendances clunisiennes la célébration de la fête des morts, le 2 novembre, le lendemain de la Toussaint.

C'est en Afrique, au IIIe siècle, que l'Eucharistie commence à être offerte pour les défunts. « Le IVe siècle, ajoute la Revue du Clergé français (15 oct. 1907, p. 159), avec sa vénération pour les martyrs, son sentiment si développé de la grandeur des mystères et de l'unité du corps du Christ, s'attacha plus fermement encore à ces commémorations, et, malgré l'opposition de quelques mécontents Aérius, malgré la répugnance qu'éproùvaient les gens du monde à se charger des intérêts spirituels de leurs défunts, l'usage d'offrir des prières, le sacrifice eucharistique et des aumônes pour les membres décédés de l'Église s'établit désormais comme un important facteur de la vie chrétienne, tant en Orient qu'en Occident. » (Revue du clergé français, 1907 - books.google.fr).

La Cène de saint Jean

Jean ne fait pas allusion à l'eucharistie (Marc 14.12) lorsqu'il raconte la Cène, mais il parle du “lavement des pieds” dont on a un rappel en Luc 22.27. Il commence à laver les pieds des disciples. En ce temps la plupart des gens marchaient pieds nus et les autres portaient des sandales. À l'arrivée, l'hôte demandait à un serviteur de laver les pieds du marcheur (Genèse 18.4 ; Luc 7.44). Cette nuit-là Jésus voulut être le Serviteur, tout comme il le serait (au sens d'Isaïe 52.13) dans la célébration de l'Eucharistie. Ce lavement des pieds est une œuvre sacrée et a valeur de purification. [...] Les apôtres, tout comme Jésus, avaient pris le bain qui leur permettait d'être purs, avant de monter à Jérusalem pour y célébrer la Pâque (Nombres 9.6). Ceci explique la réponse de Jésus à Pierre (v. 10). Mais on voit que Jésus donne un deuxième sens à ses paroles. Les apôtres étaient déjà dans la grâce de Dieu : la parole de Jésus qu'ils avaient accueillie les avait purifiés (15.3). Mais il leur fallait une préparation avant de partager le pain de vie à la table du Seigneur, et ce n'était pas ce qu'on aurait pu attendre. Il ne leur a pas demandé d'abord de jeûner ou de confesser leurs péchés, ils ont dû accepter humblement que leur Seigneur leur lave les pieds. Cette action nous rappelle à la fois les sacrements du baptême et de la pénitence. Elle unit par des liens d'humilité et de miséricorde celui qui purifie et ceux qui sont purifiés (Bernard Hurault et Louis Hurault, La Bible des Peuples, 2013 - books.google.fr).

Un passage du quatrième évangile fonde une réelle équivalence entre la liturgie eucharistique et le service des frères. Parvenu dans son ouvrage au terme de la vie terrestre de Jésus dans l'imminence de son «élévation» sur la croix et dansla gloire, Jean rapporte lui aussi la dernière soirée de Jésus avec ses disciples (chap. 13). Les ressemblances des deux séquences, johannique et synoptique, s'imposent. Même situation : dans une ambiance déjà pascale, c'est le dernier repas de Jésus avec les Douze, au cours duquel Jésus symbolise sa mort imminente, dont le fruit sera l'union des croyants avec lui, et en précise les circonstances — trahison de Judas, reniement de Pierre. La différence majeure de l'Évangile de Jean, c'est que le lavement des pieds y tient la place de l'institution de l'Eucharistie. D'autant que le récit du lavement des pieds dit sur un autre registre, existentiel, la même chose que le récit cultuel de la Cène. L'un et l'autre gestes de Jésus signifient le don de soi, le service pour les siens. En déposant puis en reprenant son vêtement, Jésus symbolise la désappropriation de sa vie et son recouvrement, une fois le geste accompli. L'objectif visé par Jésus est le même, à savoir la «communion» à sa personne livrée pour le salut de la multitude, ou bien l'«avoir part avec lui» qu'il promet à ceux qui se laissent laver les pieds par lui, c'est-à-dire qui accueillent le don qu'il fait de sa vie par la passion et par la mort. La correspondance est évidente: en remplaçant l'action liturgique de l'Eucharistie par l'action effective du service, Jean substitue ici au sacrement la réalité même qu'il signifie, à savoir le service mutuel de la charité (Xavier Léon-Dufour, Esprit, juin 1981) (Charles Delhez, Jean Radermakers, Apprendre à lire la Bible, 2008 - books.google.fr).

On peut se référer à la chapelle Saint Jean l'Evangéliste de l'église Saint Sulpice de Paris où des pendentifs de la voûte se détachent, sur un fond d'or, quatre anges qui portent des banderoles sur lesquelles on lit le mot Caritas.

La caritas est une des valeurs fondamentales du monachisme et, bien plus que la simple action charitable, elle est l'expression de l'amour que les hommes portent non seulement à Dieu, mais à autrui. Elle règle les relations entre les hommes et le ciel. À Cluny, elle trouve sa pleine expression au cours de la cérémonie du mandatum (le lavement des pieds) ; s'il existe un mandatum quotidien, pour trois pauvres, c'est celui qui est effectué le Jeudi saint qui lui confère toute sa grandeur ((Odon Hurel, Denyse Riche, Cluny: De l'abbaye à l'ordre clunisien : Xe-XVIIIe siècle, 2010) (Le Calendrier de La Vraie Langue Celtique 2 : Le calendrier et l’église Saint Sulpice de Paris - books.google.fr).

La charité de Dieu que l'on retrouve dans le psaume 112 :

Ps 112,7-8 Carrières : Qui tire de la poussière celui qui est dans l'indigence, et qui élève le pauvre de dessus le fumier, Pour le placer avec les princes, avec les princes de son peuple ?

L'Église est le Corps du Christ et le pape, successeur de Pierre, se met au service de ses frères, eux aussi serviteurs de Dieu (Jean Trabichet, Si l'Eglise m'était contée!: l'Eglise, un mystère ?, 2006 - books.google.fr).

La fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle sont marqués par les guerres d’Italie. Dès le début de l’année 1510, le pape Jules II, renversant le jeu des alliances européennes, se retourne contre son ancien allié, le roi de France, dans le but de libérer l’Italie de toute présence française. Entre les deux protagonistes, la tension monte rapidement et le conflit s’envenime. En France, les écrivains prennent part à la polémique et mettent leur plume au service de leur prince. L’opposition entre Jules II et Louis XII donne ainsi lieu à la rédaction d’œuvres nombreuses et variées. Pierre Gringore (1475–1538/39) participe au mouvement, en composant trois œuvres dirigées contre le pape : l’Espoir de Paix (1511), la Chasse du Cerf des Cerfs (1511) et le Jeu du Prince des Sotz et de Mere sotte (1512). Alors que l’Espoir opte pour une invective directement adressée à Jules II et que le Jeu exploite le registre théâtral, la Chasse se présente sous la forme d’un récit allégorique aux résonnances mythiques, élaboré à partir d’un jeu de mot sur la dénomination papale traditionnelle, servus servorum Dei, « serf des serfs ». Entretenant une confusion permanente entre « cerf » et « serf », et leurs acceptions respectives, l’auteur fait de cette figure rhétorique le lieu où se cristallise son argumentation anti-papale (Marie Jennequin-Leroy, La Chasse du Cerf des Cerfs de Pierre Gringore. Le jeu de mot comme argument persuasif, 2009 - www.brepolsonline.net).

Le pedilavium fut pratiquée dès le IVe siècle par les moines irlandais. On trouve mention de cette coutume dans les vies de saints Cuthbert à Lindisfarne, Brigitte de Kildare, Columba, et Colombcille à Iona, Cairan de Sagir6. Dans le Stowe Missal (en) il précède la communion. Saint Brendan, dans la Navigatio, cérémonie mentionnée après le bain et le changement des vêtements des voyageurs : « ils firent la cène et le lavement de pieds (mandèt) comme les Écritures le reconmmandent » « Funt la ceine e lure mandét / Cum en escrit est cumandét » (Saint Brendan, Navigatio XXIV, 328) (fr.wikipedia.org - Lavement des pieds).

Le Missel de Stowe est un manuscrit enluminé contenant un missel. Daté de la fin du VIIIe ou début du IXe siècle, il a probablement été exécuté pour le Monastère de Tallaght (actuel comté de Dublin Sud) puis conservé à l'abbaye de Lorrha (comté de Tipperary). Après avoir été la propriété de George Nugent-Temple-Grenville dans son château de Stowe House, il est actuellement conservé à la Royal Irish Academy de Dublin. L'étui, appelé cumdach, est une boite en bois couverte de deux plaques de métal. Il a été fabriqué dans un premier temps entre 1027 et 1033, d'après l'inscription qui se trouve sur le plat inférieur (fr.wikipedia.org - Missel de Stowe).

Stowe Missal fol 11 v - Miniature de saint Jean

Les Irlandais sont "les champions de la pénitence", comme le montre la liaison des psaumes de pénitence avec l'Irlande dans La Vraie Langue Celtique. On comprend le choix d'un saint irlandais comme Malachie pour connecter pénitence et eucharistie (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Psaumes pénitentiels : Irlande, vampires et Lilith).

En plus de donner l'exemple d'une autorité de service et d'une humble charité fraternelle, ce geste serait aussi un rite de consécration sacerdotale par laquelle Jésus institue les apôtres prêtres de la nouvelle Alliance. Jésus dit à Pierre : « Si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi » (Jn 13, 8). Cette expression est à mettre en parallèle avec la « part » ou le « lot » que les lévites recevaient de Dieu : « Le Seigneur dit à Aaron : “Tu n'auras pas d'héritage sur la terre des fils d'Israël, tu n'auras aucun lot au milieu d'eux : c'est moi qui serai ton lot et ton héritage au milieu d'eux” » (Nb 18, 20), et un psaume dit : « Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. La part qui me revient fait mes délices ; j'ai même le plus bel héritage ! » (Ps 15,5-6) (Jean-Baptiste Nadler, Les racines juives de la messe, 2015 - books.google.fr).

Pourquoi les moines de Cluny [bénédictins comme Arnold Wion] ont-ils si souvent représenté la Cène, accompagnée, d'ordinaire, du lavement des pieds ? C'est qu'ils voulaient répondre aux hérétiques du XIIe siècle, qui attaquaient les sacrements. Le grand abbé de Cluny, Pierre le Vénérable, écrivit un livre contre le plus dangereux de ces novateurs, Pierre de Bruys. L'art clunisien entra dans cette grande controverse, et affirma au portail des églises que la Pénitence et l'Eucharistie, niées par les novateurs, étaient d'origine divine (Bulletin, Société d'émulation du Bourbonnais, Moulins, 1931 - books.google.fr).

Pierre et la Cène

Au premier jour des azymes, à la fin duquel il fallait immoler l'agneau pascal, les disciples vinrent à Jésus : et comme ils savaient combien il était exact à toutes les observances de la loi, ils lui demandèrent où il voulait qu'on lui préparât la pâque. Ce sont les disciples qui lui en parlent. Les maîtres, à l'exemple de Jésus-Christ, doivent accoutumer tous ceux qui sont à leur charge, à songer d'euxmêmes à ce que requièrent la loi de Dieu et son service, et à demander sur cela l'ordre du maître. Et Jésus leur dit : Allez à la ville, à un certain homme. Les évangélistes ne le nomment pas : et Jésus même, sans le nommer à ses disciples, leur donna seulement des marques certaines pour le trouver. Allez, dit-il *, à la ville. En y entrant, vous y rencontrerez un homme qui portera une cruche d'eau : vous le suivrez; et entrant dans la maison où il ira, vous direz au maitre : Où est le lieu où je dois manger la pâque avec mes disciples ? et il vous montrera une grande salle tapissée : préparez-nous-y tout ce qu'il faudra. Saint Marc nous apprend qu'il donna cet ordre à deux de ses disciples ; et saint Luc nomme saint Pierre et saint Jean. Voici quelque chose de grand qui se prépare et quelque chose de plus grand que la pâque ordinaire, puisqu'il envoie les deux plus considérables de ses apôtres; saint Pierre qu'il avait mis à leur tête, et saint Jean qu'il honorait de son amitié particulière. Les évangélistes ne marquent point que ce fût son ordinaire d'en user ainsi aux autres pâques, ni aussi qu'il eût accoutumé de choisir un lieu où il y eût une grande salle tapissée.Aussi les saints Pères ontils remarqué, que cet appareil regardait l'institution de l'eucharistie. Jésus-Christ voulait nous faire voir avec quel soin il fallait que fussent décorés les lieux consacrés à la célébration de ce mystère. Il n'y a que dans cette circonstance, où il semble n'avoir pas voulu paraître pauvre. Les chrétiens ont appris par cet exemple tout l'appareil qu'on voit paraître, dès les premiers temps, pour célébrer avec honneur l'eucharistie, selon les facultés des églises. Mais ce qu'ils doivent apprendre principalement, c'est à se préparer eux-mêmes à la bien recevoir : c'est-a-dire à lui préparer, comme une grande salle, un cœur di- . laté par l'amour de Dieu, et capable des plus grandes choses; avec tous les ornements de la grâce et des vertus, qui sont représentés par cette tapisserie dont la salle était parée. Préparons tout à Jésus qui vient à nous : que tout soit digne de le recevoir. Le signe que donne Jésus de ce porteur d'eau, devait faire entendre à ses disciples que les actions les plus vulgaires sont dirigées spécialement par la divine providence. Qu'y avait-il de plus ordinaire, et qui parût davantage se faire au hasard, que la rencontre d'un homme qui venait de quérir de l'eau à quelque fontaine hors de la ville ? et qu'y avait-il qui parût dépendre davantage de la pure volonté, pour ne pas dire du pur caprice de cet homme, que de porter sa cruche d'eau dans cette maison, au moment précis que les deux disciples devaient entrer dans la ville ? Et néanmoins cela était dirigé secrètement par la sagesse de Dieu; et les autres actions semblables le sont aussi à leur manière, et pour d'autres fins que Dieu conduit : de sorte que s'il arrive si souvent des événements si remarquables par ces rencontres, qu'on appelle fortuites, il faut croire que c'est Dieu qui ordonne tout, jusqu'à nos moindres mouvements, sans pourtant intéresser notre liberté, mais en dirigeant tous les mouvements à ces fins cachées. Cet exemple nous fait voir que Jésus avait des disciples cachés, que ses apôtres ne connaissaient pas : si ce n'est quand de certaines raisons l'obligeauent à les leur déclarer. Ainsi, quand il voulut faire son entrée dans Jérusalem, il envoya encore deux de ses disciples à un village qu'il leur désigna ; et leur ordonna d'en amener une ânesse qu'ils y trouveraient avec son ânon : les assurant qu'aussitôt qu'ils diraient que le Seigneur en avait affaire, on les laisserait aller. Il avait donc plusieurs disciples de cette sorte, et à la ville et à la campagne, Saint Pierre et saint Jean trouvèrent les choses comme Notre-Seigneur les leur avait dites. Le porteur d'eau ne manqua pas de se trouver à l'endroit de la ville par où ils entraient, et d'aller à la maison que Notre-Seigneur avait choisie : comme l'ânon s'était trouvé à point nommé à l'entrée de ce village, lié à une porte entre deux chemins. Il se trouva aussi là, avec beaucoup d'autres personnes inconnues, un homme qui demanda aux deux disciples ce qu'ils voulaient faire de cet ânon '. Et il semblait que le hasard l'eût fait parler; mais non : car c'était précisément celui qui devait laisser aller cet animal au premier mot des disciples, selon la parole de leur naître. Enfin il se trouva que cet ânon n'avait jamais été monté.Car il le fallait ainsi pour accomplir le mystère, et pour montrer que le Sauveur devait unjourmonter etconduireun peuple indocile, c'est-à-dire, le peuple gentil, qui jusqu'à lui n'avait point de loi, ni personne qui l'eût pu dompter. Tout est conduit, les petites choses comme les plus grandes; et tout cadre avec les grands desseins de Dieu. Voilà donc tout disposé. Le grand cénacle tapissé est prêt; on y attend le Sauveur. Voyons maintenant les grands spectacles qu'il y va donner à ses fidèles. Contemplons, croyons, profitons; ouvrons le cœur plutôt que les yeux (Jacques Bénigne Bossuet, Œuvres de Bossuet: Sermons, Volume 3, 1860 - books.google.fr).

La tradition affirme que la salle où furent introduits les deux apôtres Pierre et Jean, était construite à la place même où, sous David et Salomon, l'arche d'Alliance était restée quarante ans. Plusieurs veulent qu'elle appartint à Joseph d'Arimathie et à Nicodême trop heureux de la prêter à Jésus (Père Amédée de Damas, Voyage à Jérusalem, Putois-Cretté, 1864) (J. G. d' Aquin, Pélerinage en Terre-Sainte, 1866 - books.google.fr).

Amédée Jean Marie Paul de Damas (Marseille, 1821 - Clermont-Ferrand, 1903) est un Père jésuite français. Il était aumônier militaire notamment lors de la guerre de Crimée en 1856 (il participa au siège de Sébastopol) et durant le conflit de 1870. Il est l'auteur de nombreux ouvrages. Son père est Ange Hyacinthe Maxence de Damas, descendant par sa mère de Patrick de Sarsfield, général irlandais, et petit-fils du lieutenant général de Sarsfield, gouverneur de Lille, chargé de la défense des côtes françaises face à l'Angleterre (fr.wikipedia.org - Amédée de Damas, (fr.wikipedia.org - Ange Hyacinthe Maxence de Damas).

Il est frappant que les traditions sur l'apôtre Pierre conservées dans le livre des Actes ne nous montrent jamais l'apôtre baptisant lui-même ou célébrant la fraction du pain. Lors du voyage à Césarée, il semble bien que ce sont les frères de Joppé, qui accompagnaient Pierre (Actes 10: 23), qui ont baptisé Corneille et les siens (Actes 10: 48) (Philippe-H. Menoud, Prédication de l'Evangile et célébration des sacrements dans l'Eglise naissante, L'Évangile, hier et aujourd'hui: Mélanges offerts au professeur Franz-J. Leenhardt, 1968 - books.google.fr).

Il faut chercher cela dans les "apocryphes" Actes de Pierre.

Les Actes de Pierre sont un texte apocryphe de la fin du IIe ou du début du IIIe siècles. Ils se composaient vraisemblablement de deux parties : la première à Jérusalem, la seconde à Rome, culminant dans le récit de son martyre. C'est dans ce texte qu'il est dit la première fois que le saint subit une crucifixion la tête en bas. Ils sont violemment hostiles au mariage, considéré comme une souillure. (fr.wikipedia.org - Actes de Pierre, Antoine Guillaumont, De nouveaux Actes apocryphes : les Actes de Pierre et des Douze Apôtres. In: Revue de l'histoire des religions, tome 196, n°2, 1979, - www.persee.fr).

Des "Actes de Pierre" subsistent dans la langue originale grecque le "Martyre de saint Pierre" et deux manuscrits conservant d'autres chapitres des "Actes" ; fragment conservé en copte "Acte de Pierre (copte)" (Berlin ms 5802). La partie la plus importante a survécu dans une traduction latine mettant en scène Pierre et Simon le Magicien, parfois appelée "Actus Petri cum Simone", "Actus Vercellensis", "Actes de Verceil", "Actes de l'apôtre Pierre et de Simon". - Ms : Biblioteca capitolare, Verceil, Italie (Ms 158) (data.bnf.fr).

Pierre quitte Césarée maritime pour s'embarquer vers Rome et y combattre le magicien Simon. Théon, le pilote, propose de partager ses provisions avec Pierre. Celui-ci refuse dans son désir de jeûner et il évangélise Théon, qui se convertit, reçoit le baptême et l'eucharistie de pain, les deux sacrements de l'initiation.

Au lieu même où Théon fut baptisé, un jeune homme d'aspect éclatant leur apparut et leur dit : « La paix sur vous ! » Aussitôt, Pierre et Théon remontèrent, et entrèrent dans la cabine ; et Pierre prit du pain, et rendit grâces au Seigneur de l'avoir jugé digne de son saint ministère... « Très bon et seul saint, c'est toi, dit-il, qui nous apparus, ô Dieu Jésus-Christ, c'est en ton nom que Théon vient d'être lavé et marqué de ton signe saint ; aussi, toujours en ton nom, je lui fais part de ton eucharistie, afin qu'il soit ton parfait serviteur, sans reproche, pour l'éternité. Et comme ils mangeaient et se réjouissaient dans le Seigneur, un vent, non pas violent, mais modéré, prit le navire en proue, et dura six jours et autant de nuits, jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus à Putéoli (APet 5). (Jean-Marie van Cangh, Les sources judaïques du Nouveau Testament: recueil d'essais, 2008 - books.google.fr).

Pour participer à ce salut , il faut recevoir le baptême et l'Eucharistie : c'est quand il a reçu l'un et l'autre que Théon devient un serviteur parfait du Christ pour toujours. Mais toutefois l'un et l'autre requiert de notre part la foi et la pureté du cœur ; la chose est particulièrement indiquée pour le baptême ; cependant un exemple frappant nous le montre pour l'Eucharistie. Nous ne pouvons oublier de signaler en passant, que l'apocryphe attribue l'œuvre de la conversion à une véritable vocation de la miséricorde divine; celle-ci est une élection (Revue d'histoire ecclésiastique, Volume 10, Université catholique de Louvain., 1909 - books.google.fr).

Pouzzoles (parfois Putéoles, en italien Pozzuoli) est une ville située en bord de mer, immédiatement à l'ouest de Naples en Campanie (Italie). Le nom latin de Pouzzoles est Puteoli qui signifie puits. Les « puits » d’eau volcanique (les eaux de Pouzzoles) sont réputées depuis l’Antiquité notamment pour vaincre la stérilité. Une autre explication veut que le nom de la ville vienne de l'italien puzzola qui signifie putois à cause des émanations de soufre. Celles-ci étaient censées guérir de l'asthme et des maladies respiratoires. Le volcanisme est également à l'origine des Champs Phlégréens situés aux alentours.

En 531 av. J.-C., des colons de l'île de Samos en Mer Égée alliés à des habitants de Cumes (à l'ouest de Naples) fondent Dikaiarkheia (Dicéarchie autrement dit "la Cité" du commandement par la Justice) à l'origine de la ville de Puteoli. Elle sert alors de port commercial à la colonie grecque de Cumes, en Campanie. On peut y voir un ancien marché aux comestibles (macellum), dit « temple de Sérapis », et l'amphithéâtre Flavius, construit au temps de Vespasien (empereur romain de 69 à 79) (fr.wikipedia.org - Pouzzoles).

La crucifixion la tête en bas et le soufre ont des résonnances alchimiques (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : ihEsu, Par ce signe tu LE vaincras, et le Mercure, Points particuliers : Le Centre (ou Coeur) : Neuillay-les-Bois 1, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Lourdes et la Croix des Prophètes : Leucate).

Douai est proche de l'opposé de Lourdes par rapport au centre de nonagones Neuillay-les-Bois. Cet axe croise le montant vertical de la Croix d'Huriel vers Moeuvres au sud de Marquion et de Douai, et passe près de l'abbaye d'Anchin à Pecquencourt.

Le rôle de Pierre dans le "lavement des pieds"

La première interprétation du lavement des pieds (13,6-11) tient en un dialogue entre Jésus et Pierre. Le décodage symbolique du geste de Jésus est effectué en trois phases ; le malentendu répété dont Pierre se fait l'auteur involontaire, constitue le ressort dramatique du dialogue. A Jésus qui s'approche de lui pour lui laver les pieds, Pierre répond par une question (V. 6) exprimant son opposition stupéfaite. Il n'accepte pas l'inversion des rôles à laquelle le Christ joli semble se prêter. Celui que Pierre confesse comme Seigneur ne saurait effectuer une tâche ordinairement dévolue à des gens de condition inférieure. Son autorité s'en trouverait démentie, sa mission obscurcie. L'image que Pierre se fait du Christ ne tolère aucune idée d'abaissement ou de service. Ce faisant, Pierre en reste à une notion mondaine de l'autorité. A la dénégation de Pierre, le Christ johanniaque répond de façon surprenante (V. 7). Il ne tente pas de convaincre Pierre du bien-fondé de son geste et par là de corriger l'idée erronée qu'il se fait du Messie". Au contraire, il concède à son apôtre que que son geste ne saurait être saisi en vérité dans la situation même où il est effectué, il ne peut être compris véritablement que de manière rétrospective. Le point sur lequel le Christ johannique fait porter la réflexion est celui de la condition de possibilité de la compréhension de son geste symbolique. L'opposition entre le «maintenant » et le « après ces choses » ne saurait être résolue par le renvoi à la deuxième interprétation (v. 12-17) : l'enseignement du Christ permettrait à Pierre de saisir ce qui lui est encore obscur. L'expression « après ces choses » désigne le temps post-pascal. Ce n'est que dans la rétrospective pascale que va s'ouvrir le sens de l'agir du Christ. Le prologue des v. 1-3 faisait de la Passion l'horizon herméneutique du lavement des pieds. La première réplique du Christ accentue le trait : son geste ne peut être compris que dans la rétrospective pascale. Pierre est donc invité à saisir le lavement des pieds sur le fond de la croix, comprise elle-même comme l'élévation du Fils. Le refus réitéré de Pierre (V. 8a) 52 permet au Christ johannique d'approfondir le sens de son acte symbolique (V. 8b), et ce en explicitant la conséquence catastrophique de l'attitude négative de son disciple. Seul celui qui accepte l'agir de Jésus à son égard, figuré par le lavement des pieds, peut rester en communion avec lui. L'expression « avoir part avec » désigne une relation de portée eschatologique dont dépend le salut du contractant. Que faut-il alors entendre par la relation que Jésus entend nouer avec ses disciples par le lavement des pieds ? Que signifie « avoir part avec lui » ? Trois aspects sont ici d'importance. Tout d'abord, la relation entre le disciple et son Seigneur est instaurée par le geste qu'accomplit le Christ. Le disciple est appelé à recevoir comme un don le service que le Christ lui rend. En second lieu, ce service, que le Christ rend à l'ensemble de ses disciples en leur lavant les pieds, est à comprendre, dans le contexte actuel, comme une prolepse de la croix. Le don que les disciples ont à accepter et qui fonde leur relation salutaire avec leur Seigneur est sa mort. En troisième lieu, enfin - et en cela cette réplique anticipe les discours d'adieu - seul celui qui accepte le départ du Révélateur est en situation de nouer une relation durable avec lui. Seul celui qui fait le deuil du Jésus terrestre peut rencontrer l'Elevé avec lequel la relation de foi est sans limites et sans fin. Le troisième échange entre Pierre et le Christ débute par un nouveau malentendu (V. 9). Alors que précédemment le prince des apôtres refusait le service que le Christ joh voulait lui rendre, il veut maintenant l'étendre (« non seulement mes pieds, mais encore les mains et la tête »). Il raisonne non en termes de relation, mais de purification rituelle. Il n'a pas compris que le geste d'amour, figuré par le lavement des pieds et accompli à la croix, est pleinement suffisant et ne souffre aucune addition. Métaphore de la croix, ce geste symbolique n'appartient pas au domaine du quantifiable et du perfectible. Il est l'expression accomplie de l'amour comme tel. La réponse du Christ (V. 10-11) souligne le caractère pleinement suffisant et sotériologique du geste accompli : « Celui qui s'est baigné n'a pas besoin de se laver, car il est entièrement pur ». [...] La portée de la nécessaire relation entre le Christ et les disciples est maintenant précisée : elle est porteuse de salut. L'adjectif « pur » s'entend au sens religieux et décrit la condition de celui qui est dans un rapport positif à Dieu. Le bain que le Christ offre aux siens est pleinement suffisant : il purifie totalement celui qui s'y soumet (Jean Zumstein, L'évangile selon saint-Jean (13-21), 2007 - books.google.fr).

Conclusion

La Prophétie de saint Malachie serait ainsi une oeuvre de propagande religieuse catholique qui aura fait son temps (comme l'Eglise ? en fait plutôt "prosecutione"). Elle aura entretenu le mystère et les questionnements autour de l'institution pendant plus de 400 ans.