Partie XIII - La Croix d’Huriel   Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel   Hélène et Moulinsart   
CROIX HURIEL TINTIN HERGE LE SECRET DE LA LICORNE LE TRESOR DE RACKHAM LE ROUGE HELENE

J'en suis persuadé, dit Tintin, page 58 du Secret de la Licorne

Le tableau du salon du château de Moulinsart est présenté en entier dans deux cases du Secret de la Licorne, l'une plus dessinée page 44, l'autre plus schématique page 45, et une du Trésor de Racham le rouge, page 59. Il représente un individu, tête nue se précipitant armé d'une épée, comme le montre le mouvement agité de sa cape ou de son manteau rouge, soit sur une personne assise en bleu à gauche, semblant toucher du pied l'assaillant ou entraver sa course, sur des pierres (?), soit sur une autre en rose/rouge, levant sa jambe (page 45) comme pour s'enfuir en courant dans un bâtiment.

Le tableau du salon de Moulinsart, page 44 du Secret de la Licorne

Le tableau du salon de Moulinsart, page 45 du Secret de la Licorne

Le tableau du salon de Moulinsart, page 59 du Trésor de Rackham le rouge

L'épée a donné l'idée d'un adoubement à Jacques Fontaine.

Vient le jour de l'adoubement. Il se déroule en trois temps 9 : - la préparation : jeûne, veille nocturne, bain purificateur. - la « colée » lors de la cérémonie : le suzerain frappe le candidat au cou, avec le plat de l'épée, en prononçant une formule puis donne l'accolade. La « colée » éveille le candidat qui se déclare ainsi prêt à sacrifier sa tête. - la remise des sept armes spécifiques. C'est ainsi que le nouveau chevalier est intégré dans l'Ordre, après avoir reçu l'influence spirituelle. Reportons-nous au capitaine : il a passé la nuit à se plonger dans l'histoire pleine de bruits et de mystères de son ancêtre. Sa façon de se recueillir. Puis, après avoir transpercé un coussin - le lieutenant de Rackham - il reçoit la « colée » qui transmet la lumière de l'esprit. Georges Rémi connaissait nécessairement ce rite. Pour s'en convaincre, il suffit de se reporter dans le grand salon du château de Moulinsart. Que représente le tableau au dessus de la cheminée ? Surprise, un adoubement avec l'épée ! Lequel tableau disparaîtra quand Haddock deviendra propriétaire du château. Normal, puisqu'il a reçu l'initiation chevaleresque ! Pour que le message soit encore plus fort, Hergé n'a pas hésité : le capitaine, dans ses élans fougueux, crève la toile ; sa tête s'inscrit à la place de celle de l'aïeul. Plus de doute, l'identification est saisissante : Haddock est adoubé chevalier ! (Jacques Fontaine, Hergé chez les initiés, 2001 - books.google.fr).

Reste à prendre l'épée. Cette cérémonie est singulière. Le parrain la tient dans sa main droite, il la hausse, et, du plat, il en donne au récipiendiaire un coup vigoureux au-dessous de la nuque. C'est ce que les hommes de ce temps appelaient la paumée. Quand on a parlé de l'accolade, on a confondu des temps et des mœurs toutà fait différents. Nous remontons bien au delà du siècle dont Lacurne Sainte-Palaye a décrit les usages chevaleresques. Au XIe et même au XIIe siècle, cette paumée avait quelque chose de brutal, elle était assez rudement appliquée pour faire trébucher le nouveau chevalier (Ch. Gidel, Les Français d'autrefois, Revue bleue, Volume 9,Numéro 1, 1872 - books.google.fr).

Celui qui, en manteau rouge, tient un épée le fait de la main gauche. Mais aussi le personnage en bleu n'est pas exactement dans la position de l'adoubé, plutôt agenouillé. Ici, il est assis. L'épée paraît aussi plus menaçante.

L'habillement du poursuivant paraît antique, manteau, jambes nues, épée. Aussi c'est dans cette direction temporelle que la recherche se fait. Une poursuite célèbre dans l'histoire et les légendes de l'antiquité est celle de Ménélas voulant se venger d'Hélène, une fois la ville de Troie prise et mise à sac.

M. Brunn a fait connaître un vase de Vulci qui représente la rencontre de Ménélas et d'Hélène après la prise de Troie. Il ressort de deux représentations différentes de cette scène, et du rapprochement de plusieurs sujets de vases demeurés jusqu'à présent inédits, que la peinture du vase en question se rapporte au moment où Ménélas, ébloui par la beauté d'Hélène, laisse tomber son épée, qui était déjà tirée. Près d'eux l'on voit Apollon et Aphrodite (Vénus), et les trois compagnes d'Hélène, entre lesquelles figure Antiope. M. Brunn regarde comme étant Peitho une quatrième figure de femme tranquillement assise. (Nouvelles archéologiques, Revue archéologique, Revue archéologique, Ernest Leroux., 1861 - books.google.fr).

Le plus souvent, Peitho s'oppose à Bia en représentant la non-violence et fait implicitement allusion aux bienfaits qui découlent d'une telle attitude. [...] Il en va de même pour la scène de notre vase puisque Peitho sera l'inspiratrice de la parole et de la force motrice des actions de Triptolème; c'est en partie grâce à elle que le travail de l'ambassadeur de Déméter portera ses fruits et qu'il accomplira avec succès sa mission.

Triptolème était considéré par les Grecs comme le premier civilisateur du monde; Peitho, elle aussi, en s'opposant à Bia, différencie l'homme civilisé de l'homme non civilisé, le Grec du Barbare, l'homme de l'animal (Christian Aellen, A la recherche de l'ordre cosmique: forme et fonction des personnifications dans la céramique italiote, Volume 1, 1994 - books.google.fr).

A Pharsale même, nous avons trouvé une vieille inscription, portant le curieux nom divin d'Aphrodite-Peithô, qui confond en une seule personne la céleste puissance de la persuasion avec celle de la beauté et de l'amour. Cette identité primitive, que l'on retrouvait aussi dans les anciens cultes de l'acropole d'Athènes, n'empêchait pas les poètes et les artistes de faire le plus souvent de Peithô une divinité à part, que Phidias avait représentée couronnant Aphrodite, au moment où elle sort de la mer (Léon Heuzey, L'exaltation de la fleur, Journal des savants, juin 1868 - books.google.fr).

Quand la naissance d'Aphrodite se transforma en un gracieux sujet de genre, la coquille s'y ajouta comme un simple accessoire pittoresque, propre à évoquer le souvenir du décor imposé par la tradition mythologique. C'est une indication scénique. semblable à celle qui, dans le théâtre primitif, remplaçait les décors absents. La coquille marine signifie la mer, — la mer, dont les flots sont quelquefois indiqués, d'une façon d'ailleurs insuffisante et peu claire, sur la base où s'agenouille Vénus, mais qu'il est toujours difficile de représenter en sculpture, et à plus forte raison, sur de menus bibelots de terre cuite. Cette substitution allégorique d'un objet précis et limité à une chose presque infinie et sans bornes saisissables, est tout à fait conforme à l'esprit des artistes grecs. D'ailleurs, ce qui prouve bien que la coquille n'est pas indispensable au sens de la composition, c'est que les coroplastes l'ont souvent omise.

La coquille marine joue le même rôle dans un groupe de Myrina (Pottier-Reinach, Nécropole de Myrina, p. 274 et suiv., pi. IV), où l'on voit Aphrodite drapée à mi-corps, assise au sommet d'un rocher, entourée par Èros et Peitho, avec une coquille à ses pieds. Ailleurs, un autre symhole remplace la coquille pour indiquer le lieu de la scène; ce sont des dauphins chevauchés par de petits Èros, qui figurent aux pieds de l'Aphrodite anadyomène (Antiq. du Bosphore Cimmérien, LXV, 1, 2, 5; Gerhard, Akad. Abhandl., LUI, 4; Pottier-Reinach, Nécropole de Myrina, p. 276). Mais la coquille est l'emblème le plus fréquent (Paul Jamot, Vénus à la coquille, deux figurines de terre cuite (Musée du Louvre). In: Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, Tome 2, fascicule 2, 1895 - www.persee.fr).

Pitho chez les Grecs, Suada ou Suadela chez les Romains n'est autre que l'allégorie personnifiée de la Persuasion, de ce langage séduisant et facile qui convainc les esprits. Elle était regardée communément comme fille de Vénus et de Mercure. La tête couronnée d'un diadème, une main tenant une chaîne de fleurs ; et l'autre posée dans l'attitude d'un orateur qui parle, voila l'expression matérielle qui figure cette déesse et sa puissance (A. Boime-Simonn, Mythologie grecque et romaine, 1834 - books.google.fr).

On assiste à la longue persistance des images où Ménélas, sans se départir de sa colère, continue à poursuivre l'infidèle en brandissant son glaive. Au Parthenon encore, sur deux des métopes de la frise nord, prévaut cette représentation de l'époux irrité. Est-ce par pur attachement au passé, pourtant, que le sculpteur est resté fidèle au vieux schéma ? Nous ne le croyons pas : plus volontiers, nous verrions ici l'expression d'une idée morale, celle de la nécessité du châtiment après la faute ; de tout le décor du temple en effet, ne l'oublions pas.

Au temps du Parthenon, ces tendances moralisatrices ont déjà quelque chose de suranné. Non seulement les représentations de la poursuite nous montrent presque toutes l'épée tombant des mains de l'époux outragé, mais au thème d'Hélène fuyant devant son mari, public et peintre ne vont pas tarder à préférer celui, plus aimable, de la séduction de la reine par son beau ravisseur. Sous cette rubrique générale, nous engloberons divers épisodes que Mme Ghali-Kahil a soigneusement distingués, Hélène à sa toilette, arrivée et réception de Paris, départ des deux amants (Pierre Devambez, À propos d'un livre sur Hélène. Lilly B. Ghali-Kahil. Les enlèvements et le retour d'Hélène dans les textes et les documents figurés. In: Journal des savants. Avril-juin 1957 - www.persee.fr).

Un célèbre vase de Makron (peintre du Vème siècle avant J.-C.) et Hiéron juxtapose les deux épisodes, symétriques et comme complémentaires, de l'Enlèvement d'Hélène et de la rencontre avec Ménélas.

Sur un vase du Museo Gregoriano, au Vatican, paraissent de même à la fois Aphrodite et Peitho, arrêtant l'élan meurtrier de Ménélas, qui laisse échapper son épée à la vue du sein nu d'Hélène. Il montre à cette place Peithô, conseillère de Ménélas, qui serait plus attendue (Charles Picard, Sur les métopes nord du Parthénon, Revue des études anciennes, Volumes 47 à 48, 1945 - books.google.fr).

L'Enlèvement d'Hélène et la rencontre avec Ménélas marquent le début et la fin de la guerre de Troie.

La rencontre de Ménélas et d'Hélène - Parthénon

Dans l'assemblée des dieux sur la frise du Parthénon, on voit, associée à Aphrodite, une déesse que l'on désigne d'ordinaire par le nom de Peithô.

Deux métopes, qui ont été parfaitement commentées par M. G. Praschniker, et dont Michaelis déjà avait reconnu le sujet, nous ont conservé au moins les traces de la Rencontre ; elles se laissent assez clairement expliquer d'après une œnochoé du Vatican (Mus. Gregoriano). Suivi d'un guerrier, Ménélas, le glaive en mains, y poursuivait à grand pas son infidèle épouse, déjà réfugiée près d'un Palladion armé. Aphrodite et Éros, bien calmes, — dieux de l'amour, sûrs du présent comme des lendemains, — s'interposaient. Aphrodite plutôt que Peithô, et Éros, s'interposaient entre les époux ; Hélène, inquiète, courait se réfugier près du xoanon d'Athéna.

Si l'on donne, avec G. Praschniker, trois métopes à l'épisode, Peithô (cf. le vase du Vatican) et une suivante (?) peuvent avoir assisté à la Rencontre. La présence de Peithô augmenterait le nombre des dieux représentés (Charles Picard, De l'« Ilioupersis » de la Lesché delphique aux métopes nord du Parthénon. In: Revue des Études Grecques, tome 50, fascicule 235, Avril-juin 1937 - www.persee.fr).

Un xoanon est une statue en bois, dédiée au culte à l'époque archaïque en Grèce (fr.wikipedia.org - Xoanon).

"Ilioupersis" signifie "Sac de Troie" en grec.

Cheverny et Hélène

La salle d'Arme est ornée d'une tapisserie des Gobelins du XVIIe siècle représentant l'enlèvement de la belle Hélène par Pâris qui était au château au moins après 1921 Peu après 1630, Jean Mosnier s'était inspiré de l 'Enlèvement d'Hélène de Guido Reni pour réaliser un panneau sur ce sujet, destiné à la décoration du château (Mylène Sarant, Diffusion et fortune de l'iconographie des Ethiopiques, Histoire de l'art, Numéros 46 à 47, 2000 - books.google.fr, Blois, Vendöme et leurs environs, Guides Diamant, Hachette, 1921 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Château de Cheverny).

Enlèvement d'Hélène par Pâris, tapisserie des Gobelins - Château de Cheverny - album.aufeminin.com

La plaque de cheminée en dessous du tableau du salon est en forme d'écu aux quartiers I et IV d'une étoile à 5 branches peut-être, ou d'une croix.

Campana est estimée pour la manière de peindre les vases. Ménélas poursuit et a déjà atteint son infidèle épouse. Le héros est sans barbe, armé du casque, de la cuirasse, et du bouclier argotique marqué d'une étoile. On voit fuir avec Hélène une de ses suivantes toute éplorée et qui lève les mains vers un vieillard en manteau et avec le sceptre. Pausanias, dans la description qu'il nous a laissée de la cassette de Cypsélus (Liv. V), entr'autres représentations, décrit celle de Ménélas qui, armé d'épée et de cuirasse, poursuit Hélène pour la tuer. (Stanislao D'Aloen, Naples ses monumens et ses curiosités, 1853 - books.google.fr).

Peithô et le pied

Fed., Fid est un mot Grec & Latin qui défigne la fidélité, la confiance, la persuasion. En Grec, PeiTho, persuader. Pistis, foi, fidélité, croyance. C'est l'Hébreu Fathe persuader, séduire, être persuadé, être séduit. Mais ces mots tiennent au Celte Fed, pied, racine. En Grec PôDô, pied; en Latin Pede. La foi, la confiance, la fidélité sont la fiabilité morale désignée tres-ingénieusement par le pied, la racine, symbole de la fiabilité physique (Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, Pars 1, Volume 6, Boudet, 1779 - books.google.fr).

Le mot métrétès, s'il n'étoit pas grec, est celui qui semble le mieux convenir à la mesure de capacité déduite de la cubature du pied géométrique. Il signifie proprement mesureur, rapporteur de mesures, métrometre ou étalon des mefures. Et en effet il paroît que le métrétès étoit chez tous les peuples de l'antiquité la cubature d'une de leurs mesures linéaires. Chez les Grecs le métrétès étoit la cubature du pied olympique; chez les Romains l'amphore ou quadrantal étoit la cubature du pied Romain, & c'est pour cela que les Grecs appelloient ce vase le métrétès italique. Le métrétès ptolémaïque étoit la cubature du pied Philétérien, enfin le métrétès d'Antiochus étoit la cubature de la coudée lithique ou coudée royale de Babylone. Les Grecs appelloient encore le métrétès pithos, mesure fiducielle, de peitho je persuade; & cados en langage du peuple doit être la même chose que kybos, un cube. Fidelia en latin & pithos en grec paroissent synonymes. Il est parlé de métrétès dans l'Evangile de saint Jean (II, 6.) : Erant autem ibi lapideae hydriae fex positae secundum purificationem Judœorum, capientes singulae metretas binas vel ternas ; que l'interprète Syrien rend par le mot rebehin, qui fignifie la même chofe que quadrantal. Cette dénomination convient parfaitement à la cubature du pied géométrique que je crois que les Arabes ont appellée dorach (Alexis-Jean-Pierre Paucton, Métrologie ou traité des mesures, poids et monnoies des anciens peuples et des modernes, 1780 - books.google.fr).

Les étymologies de Fulgence rattache le serpent Python à pithos (peithô) : credulitas (Fulgence, Mythologies, traduit par Etienne Wolff, Philippe Dain, 2013 - books.google.fr).

Peitho est la fille de Thétys et d'Okeanos. Elle est donnée comme femme à Hermès, dieu des voleurs (cf Aristide Filoselle).

La lune et Aristide Filoselle ou le teinutrier de la lune

Le Baphomet serait de racine grecque : Bapheus mete : Teinturier de le Lune. La Lune est la Mère (matrice en grec meter) qui reçoit la Teinture ou semence du Soufre (le Mâle = le Teinturier). Le Père Teinturier féconde la Lune (Pierre mercurielle par immersion). Pendant l'immersion ou le Bain du Roi, le Mercure ou Lune des Sages capte la Teinture que le Roi abandonne et que la Mère conserve dans son sein durant le temps requis. C'est là le GRAAL qui contient le VIN Eucharistique (Feu Spirituel). (Cahiers d'études cathares, 1974 - books.google.fr).

On assite à des immersions dans la suite de La Licorne : Le Trésor de rackham le rouge où, avec le requin sous-marin du professeur Tournesol, ou en scaphandre, Tintin visite l'épave du navire du chevalier de Hadoque.

XII. De même que les Grecs appelèrent le Soleil Hélios, ils appelèrent la Lune d'abord Hélène, & ensuite Séléné : ce nom venoit ainsi du primitif Hel, briller, dont les Grecs firent également Selas, éclat. Lorsqu'Héléne eût dégénéré en Séléne, on crut que ces noms désignoient des objets difièrens; & dès-lors Hélène fut prise pour un personnage réel auquel on attribua des aventures relatives aux coudes de la Lune & aux allégories inventées à son sujet, & qui ne forment qu'un roman lorsqu'on les sépare de leur véritable objet (Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, analyse et comparé avec le monde moderne: Histoire civile, religieuse et allégorique du calendrier, Volume 4, 1787 - books.google.fr).

Voici ce que disait l'hérésiarque Simon le magicien. Il étoit dans l'idée, dans la quelle sous encore plusieurs savans, que les fictions d'Homère enveloppent des Véritez philosophiques. Sur ce principe, il prétendaoit qu'Homère & les poètes avait parlé d'une manière allégotrique de son Ennoa : Qu'ainsi l'Hélène d'Homère n'étoit au fond que cette Vertu céleste: Que la guerre des Grecs contre les Troyens signifioit celle que les Princes de ce Monde se font pour la ravir & pour la posséder: Homère n'avoit représenté Hélène tenant des flambeaux allumez au haut d'une Tour, afin de découvrir aux Troyens les embûches des Grecs, que pour figurer la lumière céleste , dont Ennaa éclaire les hommes : Que l'imprudence des Troyens introduisant dans leurs murs l'énorme Cheval, qui contenoit leur ruine, est l'emblême de l'Ignorance, qui a perdu tous les Peuples. En un mot Simon allégorisoit la Fable d'Hélène, pour confirmer les siennes. C'est S. Epiphane qui nous l'apprend, comme on le peut voir dans les passages que je cite. Au fond cette imagination, toute folle qu'elle est, avoit une espèce de fondement. Elle étoit appuyée sur les témoignages de quelques anciens Auteurs, qui veulent qu'Homère ait transformé en une femme qu'il appelle Hélène, une Image, ou une Statue d'Hélène ou de Séléne, (c'est-à-dire de la Lune,) & que la Guerre des Grecs contre les Troyens n'eut point d'autre cause que ce Simulacre. Simon ne l'ignoroit pas, car on lui fait dire dans les Récognitions, que les Grecs & les Barbares s'étoient fait la Guerre pour la Séléné, ou la Lune qu'il prêchoit, & dont ils n'avoient vu que l'image, mais dont ils ignoroient la véritable nature. Dans la Théologie Payenne la Lune est Minerve, & Minerve est la Prudence, l'Intelligence ou âme raisonnable, une Lumière céleste, qui éclaire les hommes. D'où vient cela ? N'est-ce point une suite de l'ancienne opinion de certains Philosophes, que la Lune est comme le Magazin des âmes, qui descendent du Ciel, & que c'est elle qui les distribue dans les Corps, sur la génération desquels elle préside. Je trouve dans Plutarque un Philosophe Barbare qui prétend, que dans la production de l'Homme, la Terre fournit le Corps, la Lune l'âme, & le Soleil l'Entendement, ou l'Esprit pur. Quoi qu'il en soit, Simon allégorisoit la Fable à'Hélène, & l'appliquoit à ses idées fur le sujet de l'Ame raisonnable. Il cherchoit à les confirmer par l'autorité d'Homère, qui étoit si grande chez les Payens. (Isaac de Beausobre, Histoire critique de Manichée et du manicheisme, Tome second, 1739 - books.google.fr).

Aristide Filoselle = Geroges Méliès ? ou la Lune

Georges Méliès, sera nommé d'abord par le poète Apollinaire en 1914, puis par Chaplin en 1920, « l'alchimiste de la lumière. » (Madeleine Malthête-Méliès and Anne-Marie Quévrain, Georges Méliès et les arts, Artibus Et Historiae, Numéro 1, IRSA, 1980 - books.google.fr).

La teinturerie des Acacias devant laquelle les Dupondt passent à la recherche de celle qui a nettoyer la redingote du pickpocket peut pointer sur le miel (d'acacia), d'où "lune de miel" et peut faire penser à Georges Méliès (meli en grec est le miel) qui fait voyager sur la lune des astronomes en redingote, dont la présence dans la panoplie du voleur étonne fort Tintin. S'ajoute à ce miel le sucre tiré du nom de Ivan "Sakharine".

La persuasion, introduite ici par la Peithô de la Rencontre de Ménélas et Hélène, a besoin parfois de sucre et de douceur.

Ainsi, la torche que Jeanne brandit sur les murailles de Rouen devient pour Charles un augure, mais simplement parce qu'il est un signal annonçant l'attaque : « Qu'elle flamboie maintenant comme une comète vengeresse / Et présage la chute de nos ennemis ! » Quant à Jeanne, la seule véritable prophétie qu'elle prononce dans la pièce est la malédiction dont elle accable ses ennemis avant de mourir et nulle intervention surnaturelle ne sera nécessaire pour qu'elle se réalise [...] La guerre civile y pourvoira, comme le montrera la suite de la tétralogie. La seule magie qu'elle revendique est en fait la maîtrise de la rhétorique, la magie du verbe. Le duc de Bourgogne, qu'elle se fait fort de ramener dans le camp français, se prétend ainsi « ensorcelé ses paroles ». Elle se montre capable de maîtriser tous les champs la rhétorique de la persuasion : utilisant « de beaux arguments mêlés à des paroles sucrées » afin d'inciter le duc de Bourgogne à quitter Talbot pour la suivre, elle est aussi capable de faire resonner la corde du lyrisme avec efficacité et sa maîtrise de la rhétorique patriotique et grandiloquente est tout aussi impressionnante quand, dans la même scène, elle enjoint notamment au dauphin de regarder son pays ravagé « Comme la mère regarde son enfant souffrant / Quand la mort vient fermer ses jeunes yeux agonisants ». Ce rôle qu'elle endosse amène son interlocuteur, encore une fois, à révéler sa véritable nature, celle d'une girouette, qu'elle commente avec une ironie railleuse : « Comme un vrai Français : tourne et tourne encore ! » l'une des fonctions de Jeanne dans la pièce est de dévoiler l'envers du mythe héroïque anglais, elle n'idéalise pas pour autant son propre camp. Sortant ici de son rôle d'héroïne du camp français, Jeanne nous donne aussi à entendre la voix de la satire antifrançaise. Car elle sert l'exaltation nationaliste de l'Angleterre, puisqu'elle permet de révéler à plusieurs reprises la bassesse des Français — c'est donc peu de dire qu'elle sert deux maîtres à la fois dans le texte et ceci explique le brouillage dont elle est le lieu en tant que personnage (William Shakespeare , Henri VI, Histoires, Bibliothèque de la Pléiade, Traduit par Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet, 2008 - books.google.fr).

On retrouve Shakespeare, au sujet du chien Brutus des frères Loiseau, et de sa pièce Tout est bien qui finit bien.

La filoselle est un résidu des cocons de vers à soie qui, mélangé à du coton, était autrefois utilisé dans la confection de rideaux, de tentures ou d'objets de bonneterie (www.cnrtl.fr - Filoselle).

Filoselle vient de l'italien filosello, petit sac. Le cocon était sujet aux influence de la lune selon les anciens manuels d'élévage du ver à soie.

Dans les Cévennes ce n'est qu'après l'hiver qu'on détache la graine de l'étoffe où elle a été reçue : dans plusieurs contrées cette opération sefait quelques jours après la ponte. Dans les Cévennes donc, au mois de mars, par un beau temps; et; autant qu'on le peut, aux environs de la pleine lune, on tire les étoffes chargées de graine de leurs enveloppes, et avec une pièce de six liards qu'on passe sur l'étoffe, on en détache tous les œufs, que l'on reçoit sur un linge. Alors on les divise en petits paquets enveloppés dans des morceaux de linge, comme on l'a dit à l'article de la couvaison. D'autres les déposent dans des carafes de verre, et les renferment momentanément dans quelque armoire éloignée du feu ou de la chaleur du soleil, jusqu'au moment de les en tirer pour les faire éclore (M. Reynaud, Des vers à soie, et de leur éducation selon la pratique des Cévennes: suivi d'un précis sur les divers produits de la soie, et sur la manière de tirer les fantaisies et les filoselles ; avec de notions sur la fabrique des bas de Ganges, 1824 - books.google.fr).

La filoselle fait son apparition dans L'Autre Monde ou les États et Empires de la Lune de Cyrano de Bergerac, elle est tissé dans son ermitage par Enoch, habitant de la Lune, comme le lui dit Elie qui lui parle encore de l'âme de saint Jean l'Evangéliste (Cyrano de Bergerac, L'Autre Monde ou les États et Empires de la Lune (1655), 2002 - books.google.fr).

Le récit est une autofiction et Cyrano parle à la première personne. Au début de l'histoire Cyrano tente de rejoindre la Lune à l'aide de fioles remplies de rosée. L'essai est non-concluant et il tente ensuite de s'y rendre grâce à une machine à fusée et cela réussi. Lors de son atterrissage sur la Lune, il arrive au Paradis terrestre, il rajeunit et redevient un adolescent de 14 ans. Il y rencontre Élie, Adam & Eve, Enoch et Achab. Pour cause d'irréligion, il est exclus du paradis et vole une pomme de l'Arbre de Science. Il rencontre ensuite des Séléniens et parle avec le Démon de Socrate des Solariens (les habitants du Soleil).

La Chrysalide et le Papillon d'or est un français réalisé par Georges Méliès, sorti en 1901, au début du cinéma muet. Le film met en scène un magicien qui, en jouant de la flûte, fait surgir de son cocon une grosse chenille qu'il transforme ensuite en femme-papillon. Il s'en amourache et tente donc de la capturer avec une couverture, ce qui la change en une princesse arabe qu'il convoite encore plus. Mais en tentant de la séduire il finit par être transformé par elle, à son tour, en une grosse chenille (fr.wikipedia.org - La Chrysalide et le Papillon d'or).

Georges Mélies est né le 8 Décembre 1861 au Boulevard Saint-Martin, à Paris, de Jean-Louis Stanislas Mélies, bottier de luxe et d'une Hollandaise, Catherine Scheringh fille du bottier de la Cour de La Haye. Il est mort en 1938.

De 1896 à 1914, Georges Méliès réalise près de six cents « voyages à travers l'impossible », autant de petits films enchanteurs, mystérieux, naïfs, à la beauté poétique, aujourd'hui parfois surannée. Films d'une durée de une à quelques minutes, projetés dans des foires et vus comme une simple évolution de la lanterne magique. Son premier film important, l'Affaire Dreyfus (1899), est une reconstitution de 10 minutes qui témoigne de son intérêt pour le réalisme politique. Son Voyage dans la Lune (1902), chef-d'œuvre d'illusions photographiques et d'innovations techniques, d'une longueur exceptionnelle de 16 minutes, remporte un franc succès au point d'être recherché pour une diffusion aux États-Unis.

Méliès fonde sa propre société de production, la Star Film - sans imaginer l'impact universel que ces mots allaient provoquer - et, dès le 5 avril 1896, il projette dans son théâtre des films inspirés - et même copiés, c'est la coutume à l'époque ! - par les films des frères Lumière (scènes de villes et de champs).

En 1899, il réalise Pickpocket et policeman :

Un policier vient d’arrêter un pickpocket. Lui faisant les poches, il découvre une bouteille d’alcool. Le pickpocket demande à pouvoir boire un dernier coup. La bouteille circule entre les deux hommes et le pickpocket profite de l’ivresse du policier pour lui attacher le pied et filer tranquillement.

En 1902, il tourne le film le plus célèbre de sa carrière : Le Voyage dans la Lune, premier film de science-fiction au monde (www.melies.eu - Bio, georgesmelies.wifeo.com, dvdtoile.com, www.enssib.fr - Méliès, fr.wikipedia.org - Georges Méliès).

Le plagiat est une forme de vol et la teinturerie chez qui Filoselle a apporté sa redingote s'appelle Stella.

Il porte un nom sublime : Aristide Filoselle. C'est un fonctionnaire retraité : petit, rond, ingénu, ahuri, héros de Jules Verne plutôt que de Courteline. (Pol Vandromme, Le monde de Tintin, 1959 - books.google.fr).

La ressemblance entre Georges Méliès et Aristide Filoselle est manifeste, à la différence près que Filoselle porte des lunettes : crâne chauve, barbe blanche à l'impériale.

Aristide Filoselle, page 59 du Secret de la Licorne

Georges Méliès - pourtoutlemonde.fr - Films à trucs

Filoselle a volé le porte-feuille d'un certain R. Legrand comme l'indique une case de la page 59 du Secret de la Licorne.

Voyage dans la lune fut créé par Reda Caire chanté par Jean Veldy & Raymond Legrand et son orchestre, Année 1939 paroles de Tristan Richepin / musique de Tiarko Richepin - Création Reda Caire - Edition : Royalty (www.la-partition-passion.com - Voyage Dans La Lune - Reda Caire).

Voyage dans la lune - Orchestre de Raymond Legrand - www.delcampe.net

L'idée de l'astre bondissant parmi les humains existait dans le monde antique. Aelius Aristide, rhéteur grec du IIe siècle après J.-C, en vit un en rêve : « Je rêvai que, tandis que j'étais debout près de l'autel même de Zeus dans l'agora et demandais qu'un signe m'apparût pour savoir s'il valait mieux sacrifier, un astre brillant bondissant à travers l'agora me confirmait le sacrifice : ainsi encouragé, je sacrifiai. Après cela, que celui qui veut croire croie ; pour celui qui s'y refuse, qu'il aille au diable 73. Bref, tous ces tremblements s'arrêtèrent et il n'y eut plus aucun trouble après ce jour-là, par la providence et le pouvoir des dieux, et par mon ministère forcé. (Trad. A.-J. Festugière, légèrement modifiée au début) (Nedjima Plantade, La guerre des femmes: magie et amour en Algérie, 1988 - books.google.fr).

Un texte d'Aelius Aristide concernant les visions dont les dieux égyptiens l'ont favorisé dans l'Isieion de Smyrne. Etant en prières dans ce sanctuaire, il est l'objet d'une sorte d'illumination caractère mystique et reçoit une révélation qui me paraît assez comparable à celle qu'Isis accorde à Lucius dans les Métamorphoses. Les termes dans lesquels Aristide exprime cette vision rappellent le héros des Métamorphoses, qui, lui aussi, est réveillé par la vive clarté de la lune, qui est un des aspects d'Isis, et invoque sa "lumière féminine" (luce feminea) ; lorsque, en réponse à sa prière, la déesse lui apparaît, elle lui apporte bien, comme à Aelius Aristide, la promesse du salut (François Dunand, Les mystères égyptiens, Etudes d'histoire des religions, Numéro 2, 1975 - books.google.fr).

On retrouve une influence d'Aelius Aristide sur Hermogène, de Tarse comme l'apôtre Paul un proche de Barnabé. Hermogène de Tarse, sous le règne de Marc Aurèle, fut un enfant prodige dès 16 ans il composait des traités. Chez Martial, qui écrivait sous l'empereur Domitien, un Hermogène cleptomane est un voleur de serviettes : il ne peut s'empêcher de voler du tissu, une sorte de cleptomanie très définie (Catherien Notter, Echos de Martial dans la satire des médecins de J. Balde, Balde et la satire romaine, 2005 - books.google.fr, S. Madeleine, Fonction du Vélum, 2006 - www.unicaen.fr).

Jacob Balde (1604-1668), dans la satire De Eclipsi solari, ecrite en 1662, ä partir du comportement irrationnel de ses contemporains lors de l'eclipse de lune du 12 aoüt 1654, fustige les peurs sans fondement et les sottises qui accompagnent toute eclipse de soleil.

Johann Jacob Balde (Jacques Baldé en français), né le 3 janvier 1604 à Ensisheim (Alsace) et mort le 9 août 1668 à Neubourg sur le Danube était un jésuite et poète allemand (fr.wikipedia.org - Jakob Balde).

Fils de

Barnabé (homme de main des frères Loiseau) : fils de prophète ou de la consolation, en hébreu ; Aristide (Filoselle) : fils du meilleur, en grec ; Ivanovith (Ivan Ivanovitch Sakahrine) : fils de Jean, en russe ; les trois fils du chevalier de Hadoque.

Aristophane a parodié l'Hélène d'Euripide dans une scène des Fêtes de Cérès (Thesmophories). Il fait paraître Euripide et son beau-père Mnésilochus sous les traits d'Hélène et de Ménélas. Parmi les vers assez nombreux qu'il emprunte à la tragédie, il en est plusieurs qui ne se trouvent plus dans la pièce, telle que nous l'avons aujourd'hui. On en conclut que l'Hélène a dû avoir deux éditions. Les vers qui ne se lisent pas dans celle qui nous est parvenue devaient appartenir à l'édition perdue. La parodie d'Aristophane nous donne aussi une indication sur la date de la représentation de l'ouvrage d'Euripide. Les Fêtes de Cérès ont été jouées la 21e année de la guerre du Péloponnèse, ou l'an 412 avant J.-C. On est donc autorisé à supposer que l'Hélène a été composée au moins un an avant cette époque. (Tragédies d'Euripide, traduites par M. Artaud, 1842 - remacle.org).

Dans la deuxième partie des Thesmophories, sous les traits de Ménélas, Euripide arrive sur scène et entame un dialogue avec son Parent qui, transformé en Reine grecque, est enfin tenu d'assumer son rôle de femme et de jouer ce que lui impose son costume (Ghislaine Jay-Robert, L'invention comique: enquête sur la poétique d'Aristophane, 2009 - books.google.fr).

Euripide de Salamine naquit le jour et l'année de la bataille de ce nom (480 avant J.-C.). Il était fils de Mnésarque, et d'une femme de basse condition qu'Aristophane appelle marchande de légumes, "lachanopôlètria". [...] Aristophane assigne le premier rang à Eschyle, le second à Sophocle, et le troisième à Euripide. Cette décision , due à sa prévention et à sa haine contre ce dernier, était alors conforme à l'opinion des Athéniens. Quinlilien est d'un avis tout contraire; il met Euripide à la tête de ses deux rivaux. [...] Artstote appelle Euripide "tragikôtatos" le tragique des tragiques; mais ce n'est pas, comme on pourrait le croire, parce que ses catastrophes sont presque toujours sanglantes, c'est parce qu'il peint les hommes tels qu'ils sont. Sophocle les avait peints tels qu'ils devaient être, et Eschyle, plus grands qu'ils ne peuvent être (Emile Lefranc, Histoire élémentaire et critique de la littérature, 1838 - books.google.fr).

Mais il est vrai que, pour Aristophane, le vrai fils de mère, inlassablement raillé à travers le métier de sa génitrice, se nomme Euripide — rappelons-nous : les tragiques étaient aux côtés des orateurs dans le recensement des efféminés par le discours injuste, et voilà que ce voisinage se retrouve, entre Euripide et les démagogues.

La chose est bien connue: dès qu'il s'agit d'Euripide, sous prétexte que sa mère aurait été marchande de légumes, les herbes abondent dans la comédie aristophanesque, ce ne sont que remarques sur la (mauvaise) qualité de son origine (Ran. 947) ou de son éducation (Thesm. 175) : ainsi l'accusatrice des Thesmo- phories, déduisant de l'homme les traits de l'œuvre, va jusqu'à affirmer que c'est pour avoir été lui-même élevé parmi les herbes sauvages qu'Euripide attaque sauvagement les femmes (Thesmophories 455-456). Pourquoi toujours la mère d'Euripide, sans que jamais soit mentionné son père, ni même qu'il ait un père ? Cette interrogation qui renaît à chaque nouvelle lecture d'Aristophane, dès la première apparition du thème dans les Acharniens (457), a déjà trouvé sa réponse dans les développements qui précèdent: parce qu'un fils de mère est une déviation vivante par rapport au fils d'un père et que les mères de ces fils sont précisément des marchandes — à peine des femmes d'Athènes, donc —, ce qui permet de s'en prendre au fils à travers la mère. Mais, avec Euripide, Aristophane ne s'en tient pas à ce traitement très généralement comique du thème de la mère; car l'œuvre retient son attention plus encore que l'homme et, de la filiation du tragique, il déduit les caractéristiques de ses tragédies. De même que la 'sauvagerie' d'Euripide était expliquée par son enfance sauvage, de même il faut comprendre que, fils de mère, le tragique est préoccupé par tout ce qui concerne la maternité, au point de produire dans et par son théâtre des fils de mère.

De là à affirmer explicitement que les démagogues sont des femmes, il y a encore un pas, qui sera franchi dans L'Assemblée des Femmes, lorsque Praxagora déclare qu'Agyrrhios — l'inventeur du misthos ekklèsiastikos — ne fait illusion que parce qu'il porte la barbe d'un autre, car «auparavant, il était femme» (Eccl. 102-104); si l'on ajoute que, pour être habile orateur, il convient de «se faire secouer» rien n'empêche plus vraiment de s'adresser à l'assemblée des "andres" sur le mode du "ô gunaikes". Sans doute les indices d'une féminisation de l'homme politique pouvaient-ils déjà être décelés çà et là, s'accumulant tout particulièrement autour de Cléon, mais, en faisant de l'assemblée des Athéniens une assemblée de femmes "ekklèsiazouskai".

Quand le féminin prend la place du masculin, c'est qu'il est déjà trop tard: la cité se défait, en un déclin dont Euripide, le fils de mère, est l'éponyme tragique (Nicole Loraux, Les femmes d'Athènes et le théâtre, Aristophane, Entretien sur l'antiquité classique, Tome XXXVIII, Droz, 1993 - books.google.fr).

Les jugements antiques n'ont guère été tendres pour la démocratie et, chose apriori surprenante, c'est à Athènes, fief du système s'il en est, que les critiques furent les plus virulentes et cohérentes. En fait, si l'on excepte les orateurs, qui s'adressaient directement au peuple et n'avaient donc aucun intérêt à critiquer le régime, les autres auteurs, historiens comme Thucydide ou Xénophon, poètes comiques comme Aristophane, penseurs comme Platon ou Isocrate, tous ont marqué leurs distances avec la démocratie, de manière certes différente en critiquant des évolutions jugées néfastes vers un pouvoir accentué du peuple voire, dans le cas de Platon, en critiquant la démocratie en ellemême. Si aucun d'entre eux n'a été de près ou de loin, semble-t-il, personnellement mêlé à des agissements pro-oligarchiques, tous ont reproché à la démocratie athénienne de tenir de moins en moins compte des qualités de naissance des citoyens et d'ouvrir les responsabilités à des hommes de petite origine : le cas est patent pour Aristophane, qui s'en prend ouvertement aux hommes nouveaux que sont Cléon ou Hyperbolos, nouveaux dans le sens où ils ne ne sont pas issus d'une famille qui, telles celles de Périclès ou Cimon, détentrices de grandes propriétés en Attique, tenaient depuis presque deux siècles le haut du pavé dans la cité. Les deux « démagogues » ne sont pas pauvres du tout, mais symbolisent les évolutions de l'économie et de la société athéniennes. Aristophane a beau traiter Cléon de tanneur et Hyperbolos de marchand de lampes, l'un et l'autre sont propriétaires d'un ou de plusieurs ateliers dans lesquels travaillent des esclaves, ce qui leur laisse tout loisir de s'occuper des affaires de la cité. Rien ne dit même qu'ils étaient des « parvenus » au sens où leur fortune serait très récente : un autre « démagogue » du temps, Cléophon, pareillement accusé de tous les maux par Aristophane, était le fils d'un citoyen, Cleippidès, qui exerça la stratégie. Il y a dans ce mépris, quelque chose qui ressemble à à la situation de l'Ancien Régime français, lorsque la noblesse méprisait la bourgeoisie en plein essor, pourtant aussi riche qu'elle – et parfois plus (Patrice Brun, Le monde grec à l'époque classique: 500-323 av.J.-C., 2010 - books.google.fr).

Y-aurait-il chez Hergé un tel sentiment, puisque le capitaine Haddock retrouve la propriété terrienne de son ancêtre, le château de Moulinsart avec sa forêt clos de murs ?

Les antagonismes

L'antagonisme révélé dans Le Secret de la Licorne entre le petit chien paisible Mirza et le gros violent Brutus peut-il être généralisé ?

Bia / Peithô

Le chiffre cousu avec du fil codant la redingote d'Aristide Filoselle peut être interprété de différente façon 317731, BIA TBI ou BIA 731 où l'on retrouve Bia (la violence) opposée à Peitho, la persuasion. En inversant on obtient des lettres grecques ISTAIS ou ISGAIS.

Si on retroune la case comme le fait Tintin avec son carnet pour lire la plaque d'immatriculation d'une voiture dans L'Oreille cassée, on peut lire IELBIE. I, ELBIE : Moi, Elbie. Elbie est le diminutif d'Aethelbert, qui est le nom d'un roi du Kent mort le 24 février 616, époux de Berthe, fille du mérovingien Caribert, héritier du royaume de Paris de son oncle Childebert Ier, fondateur de l'abbaye de Saint Germain des Prés. Le 24 février est une date du Sceau de Palaja. Alfred, autre prénom anglo-saxon, qui est celui d'un des jumeaux Halambique dans Le sceptre d'Ottokar, est aussi le nom d'un roi de Wessex mort le 25, 26 ou 28 octobre 899. Alfred avait deux frères aînés dont un Aethelberht mort en 865.

"I, Ethelbert the King, and all my Thanes, Honouring the Apostle Peter, cede to God This Abbey and its lands. If heir of mine Cancel that gift, when Christ with angels girt Makes way to judge the Nations of this world, His name be cancelled from the Book of Life." (Aubrey De Vere, Legends of the Saxon Saints, 1879 - books.google.fr).

"... Moi, Ethelbert, roi de Kent, avec le consentement du vénérable archevêque Augustin et de mes nobles, je donne et concède à Dieu, en l'honneur de saint Pierre, quelque portion de la terre qui est de mon droit et qui gît à l'est de la ville de Cantorbéry, afin qu'un monastère y soit construit, et que les propriétés ci-après dénommées soient en la possession de celui qui en sera ordonné abbé. C'est pourquoi j'adjure et j'ordonne, au nom du Dieu Tout-Puissant, qui est le juste et souverain juge, que cette terre ainsi donnée le soit à jamais, qu'il ne soit loisible ni à moi, ni à mes successeurs, d'en ôter une part quelconque à ses possesseurs; et si quelqu'un tente d'amoindrir ou d'annuler notre donation, qu'il soit, dans cette vie, privé de la sainte communion du corps et du sang de Jésus-Christ, et, au jour du jugement, séparé de la compagnie des saints... Moi, Éthelbert, roi des Anglais, j'ai confirmé cette donation de ma propre main avec le signe de la sainte Croix." (Montalembert, Les moines d'occident depuis St Benoît jusqu'à St Bernard, Tome III, 1866 - books.google.fr).

Saint Pierre (de Rome) est la localisation recalculée du navire Sirius par les Dupondt (Le Trésor de Rackham le rouge, page 23).

La parole est une arme politique puissante qui amène la victoire (légonta nikân), mais ce qui ressort de plus important, c'est la critique du relativisme des sophistes. Une sorte de professionnalisation de la parole au service de la politique, et au service de gens moins doués se fait jour : « Mais tout le monde voit bien qu'il y a une foule de gens pour préparer des discours en vue des débats des tribunaux (Isocrate, sur l'échange, 41). Il y a sacralisation de la parole, et critique de ses développements presque inévitables. Chez Aristophane cela apparaît très clairement : « La Persuasion (Peithô) n'a point de temple (hierèn) autre que la Parole (Lôgos) ». Ce vers d'Euripide est lancé par celui-ci dans le concours qui l'oppose à Eschyle dans les Grenouilles. Et, après cette "parole, temple de la persuasion", Eschyle met un vers où il y a Thanatos, et gagne encore une fois ; Dionysos justifie son choix en disant : « Mais la persuasion est chose légère et 'n'a pas de bon sens' » (Aristophane, les Grenouilles, 1391, 1396-1397). La rhétorique est à la fois nécessaire, inévitable et critiquable dans cette culture. À tel point que le même Aristophane va jusqu'à mettre en scène, personnifiés, ses deux aspects, le Raisonnement Juste (Dikaios logos) et le Raisonnement injuste (Adikos logos), qui entament un long affrontement verbal (Aristophane, Nuées, 889, sq.). (José Antonio Dabdab Trabulsi, Participation directe et démocratie grecque: une histoire exemplaire ?, 2006 - books.google.fr).

Aristophane, quant à lui, confond volontiers l'habileté du rhéteur et la grossièreté du démagogue car, ce qui est en cause, c'est le pouvoir du peuple assemblé. Dans les Nuées, comédie présentée en 423 et qui dénonce l'enseignement de la rhétorique par les sophistes, le Raisonnement injuste explique pourquoi il doit l'emporter sur le Raisonnement juste : "Il me sera bien plus aisé, en parlant devant le grand nombre (des spectateurs), de te perdre" (Nuées, 891-2) (Alain Fouchard, Aristocratie et démocratie: idéologies et sociétés en Grèce ancienne, 1997 - books.google.fr).

Or dans Le trésor de Rackham le rouge (page 2 à 4), les héros sont confrontés et agacés par les faiseurs d'opinion que constitue la presse (La Dépèche), même si dans Le secret de la Licorne, la presse, trompée elle-même, page 32, sert à mystifier les frères Loiseau en leur faisant croire que leur homme de main Barnabé est mort.

L'objet de la rhétorique est la peithô la persuasion. Voilà donc évoqué le premier élément à la base du discours. Peithô (littéralement « je persuade ») fut longtemps identifiée à une déesse. Dès les origines, Peithô est marquée par l'ambiguïté de son statut. Parfois associée aux divinités marines, elle est la plupart du temps dépréciée et le plus souvent apparentée à Aphrodite, la séductrice. On la craint à cause de son formidable pouvoir politique de persuasion. Par contre, on dit d'elle qu'elle est meilleure éducatrice que la loi ou la nécessité parce qu'à l'élève, elle laisse le choix. Pour l'artisan théologien, il est intéressant de constater l'étymologie commune au verbe « croire » (pistheuein) et au verbe duquel il dérive, « persuader » (peithein). Il ne faut pas se surprendre dès lors de voir que le mot pistis devient un nom commun à ces deux acceptions. Le mot pistis est généralement traduit par « foi » ou « conviction ». Mais il a également la connotation de « croyance », de « foi ajouté à quelque chose », de « confiance » et finalement de « persuasion ». Chez Aristote, le mot est même utilisé pour désigner le « moyen de persuasion » ou la « preuve ». Il arrive aujourd'hui que le mot n'ait que le sens de « foi » conservé par la tradition chrétienne, alors que le sens grec de « persuasion » se soit perdu. Pourtant, il est plausible de supposer qu'il existe une grande proximité entre la rhétorique grecque et la foi chrétienne, du moins en regard du mot pistis, utilisé abondamment par les rédacteurs des Écritures. À l'époque où le Nouveau Testament a été rédigé, les deux connotations devaient être indissociables. Il est dès lors possible de lire les occurrences du mot pistis dans le Nouveau Testament à l'aide d'une interprétation rhétorique (Marcel Viau, Les discours sur Dieu comme artefacts, Le christianisme dans la société: actes du colloque international de Metz (mai 1995), 1998 - books.google.fr).

Aelius Aristide et Hermogène, rencontrés au sujet d'Aristide Filoselle, produisirent des oeuvres consacrées à la rhétorique.

Hermogène est un représentant de la Seconde Sophistique. Nous avons gardé un traité de rhétorique attribué à Aelius Aristide (Arts rhétoriques), qui présente de très grandes analogies avec le sien (Catégories stylistiques). Ainsi se trouve attestée la fécondité de cette école de pensée (Alain Michel, La Parole et la beauté, 1994 - books.google.fr).

Les frères Loiseau

Maxime Loiseau, autoritaire et vexant / son frère G. Loiseau qui aura la parole à la fin dévoilant toute l'histoire

Le héros des Oiseaux d'Aristophane Peithétairos est voué, lui, à l'ambiguité de Peithô, la Persuasion, force à la fois négative et positive pour les Grecs, mais lourde surtout d'implications négatives à l'époque où Aristophane faisait représenter les Oiseaux. Les Athéniens se laissaient facilement subjuguer par la force persuasive des orateurs : Alcibiade avait ainsi réussi à emporter la décision de l'Assemblée et à engager Athènes dans l'expédition de Sicile, si lourde de conséquences pour la cité. Ensuite, le comportement de Peithétairos déborde largement les suggestions données par son nom. Après avoir usé de la persuasion vis-à-vis des oiseaux, il lui substitue l'usage de la contrainte, Bia, d'ordinaire opposée à Peithô, non seulement à l'égard des Olympiens qu'il oblige à capituler, mais aussi des oiseaux opposants qu'il massacre. A la fin de la pièce, le héros qui asseoit son pouvoir sur la force, est présenté par le messager comme un souverain absolu, un tyran (v.1708). Les ambiguités que le héros concentre en lui finissent par lui faire épouser très exactement les contours de la figure inquiétante et énigmatique du tyran telle qu'on se la représente au Vème et au IVème siècle. Comme le tyran, il s'exclut de l'humanité et de ses lois et oscille entre la perspective de se faire «isotheos», l'égal des dieux et celle de devenir un animal. Pour Platon par exemple, le tyran est l'être du désir sans entraves, qui ne recule devant aucun crime, même ceux que le commun des mortels n'accomplit qu'en rêve, l'inceste et le cannibalisme. Comme le tyran, Peithétairos «ne sait point s'abstenir du sang des hommes de sa tribu». Tyran des oiseaux, Peithétairos règne sur une cité elle-même tyrannique, qui tient sa puissance de l'oppression des autres mondes a récusé toute loi et admet le parricide (Danièle Auger, Le théâtre d'Aristophane : le mythe, l'utopie et les femmes, Aristophane, Les femmes et la cité, 1979 - books.google.fr).

Peithétairos, Peisétairos ou Pistheterus :

Pistheterus : qui persuade son compagnon ; personnage des Oiseaux, comédie d'Aristophane, dans le pays desquels il a persuadé son camarade de l'accompagner. Etym. peithô, persuader; hetairos, compagnon (François-Joseph-Michel Noël, Dictionnaire historique des personnages célèbres de l'antiquité, 1806 - books.google.fr).

Pisthétairos et son ami Évelpidès se promènent dans un bois, aidé d'une corneille et d'un choucas (ou d'un geai) à la recherche de l’oiseau Épops qui doit leur indiquer le chemin qui les mènera jusqu’à ce lieu où ils pourront oublier les déceptions de la cité : corruption de la justice, politique, des institutions, des mœurs. Épops, l'ancien roi de Thrace Térée transformé en huppe, se montre à eux. Pisthétairos, qui est fatigué d’Athènes et de ses folies, espère que l’oiseau va lui offrir une nouvelle vie. Pisthétairos persuade l’oiseau que la cité qu’il veut fonder sera parfaite. Épops est prêt à franchir le pas et appelle sa fiancée et tous les autres oiseaux. D’abord méfiants à l’égard de Pisisthétairos, les Oiseaux finissent par accepter ses volontés. Dans un discours, Pisthétairos prouve aux Oiseaux combien leur race est ancienne et merveilleuse, et à quel point elle devrait gouverner à la fois le monde des dieux et celui des hommes. Les Oiseaux adoptent définitivement les deux amis. Les Oiseaux s‘autoglorifient et promettent d’obéir à leurs nouveaux maîtres. Les deux compères s’habillent en oiseaux et décident d’appeler leur cité « Coucouville les Nuées» (Néphélococcygie.). Un prêtre prononce les rites de fondation. Puis un poète misérable désire chanter les louanges de la nouvelle cité. Un oracle survient mais il est vite chassé. Enfin un architecte tente de faire accepter ses plans d’urbanisme. Lui aussi est chassé. Enfin, un marchand de décrets prétend vouloir adapter à la cité les règles athéniennes. Finalement, il se fait expulser. Un messager arrive pour inspecter les travaux de construction de la ville. La situation idéale de Coucouville, à mi-chemin entre les hommes et les Dieux, permet aux oiseaux de régner sur les hommes en bas, et d’affamer les Dieux auxquels la fumée des sacrifices que leur font les hommes ne parvient plus. Un deuxième annonce que les Dieux veulent franchir la frontière du domaine des Oiseaux. Iris, envoyée par les Olympiens, annonce en effet l’ultimatum de ses maîtres. Pisthétairos se moque des menaces divines et renvoie Iris. Les hommes, dès lors, s’empressent de venir à Coucouville. Le premier de ces visiteurs qui espère pouvoir y tuer son père est vertement refoulé. Un mauvais poète qui cherche à y acclimater ses vers est également expulsé de même qu’un délateur. Prométhée rend visite à la communauté pour annoncer que les dieux vaincus par la famine consentent à négocier. Puis Poséidon et Héraklès descendent jusqu’à la cité et acceptent les conditions de la reddition. Finalement Zeus renonce à ses pouvoirs. Pisthétairos triomphe et une cantate le proclame dieu des dieux dans la bonne humeur générale. (Aristophane, Les Oiseaux, annoté par Philippe Renault - remacle.org, www.editionsdelondres.com - Les Oiseaux).

Au sens propre du terme, il n’y a donc que deux utopies chez Aristophane : les Oiseaux (représentés en 414) et l’Assemblée des femmes (représentée en 392). Les Oiseaux semblent même la comédie la plus conforme à la définition de l’utopie dans la mesure où l’on y voit une cité utopique créée de toutes pièces dans un lieu autre.

Près d’Aristophane, l’ethnographie, qui se diffuse à Athènes grâce aux lectures publiques des Histoires d’Hérodote, donne à cette représentation des peuples lointains un prolongement, en émaillant d’éléments merveilleux les récits relatant le mode de vie des peuples exotiques. Ainsi, en Éthiopie, des hommes s’abreuvent à une fontaine de jouvence qui les rend macrobioi (III, 23) et se nourrissent de viandes produites spontanément par la terre (III, 18) à l’image des fruits de la terre dans la description hésiodique de l’âge d’or.

La représentation de la nature se trouve au coeur de l’ambivalence qui caractérise l’utopie des Oiseaux : deux images concurrentes du sauvage, celle du « bon » et celle du « mauvais sauvage », tirent l’utopie tantôt vers l’eutopie, tantôt vers la dystopie. L’état de nature vers lequel retournent les deux héros en s’installant chez les oiseaux se confond d’abord avec une utopie positive. Celle-ci doit se traduire pour les oiseaux par « une grande prospérité, indicible, incroyable » (v. 422-423), et pour les hommes par les multiples bienfaits que les oiseaux promettent de leur dispenser aux v. 731-734 : « richesse et santé, vie, paix, jeunesse, rire, danses, fêtes et lait d’oiseau ». L’utopie comique retrouve ici les accents de l’âge d’or. Car la distance qui sépare l’utopie du réel n’est pas seulement géographique, elle est aussi chronologique. L’utopie est cette « machine à remonter le temps » permettant de restaurer le paradis perdu auquel est assimilé ici l’état de nature des origines. L’utopie est donc aussi, pour reprendre la formule de Danièle Auger, une « u-chronie » : dans les Oiseaux, elle détrône Zeus au profit de divinités plus anciennes que Cronos même, les oiseaux (cf. v. 467-522, 702), et place l’action du héros sous le patronage du Titan Prométhée (v. 1494-1552) ; elle ramène dans le présent un temps aboli où les animaux étaient doués de parole 14 et entretenaient avec les hommes des rapports fraternels établis notamment sur le végétarisme et l’absence de sacrifice sanglant.

L’utopie créée par Aristophane est donc d’abord une utopie primitiviste construite sur une vision positive de l’état de nature et sur une conception de l’Histoire qui fait du bon sauvage le dépositaire de la félicité originelle. Tous les éléments sont réunis pour créer l’image d’un locus amoenus.

Les Oiseaux se présentent comme une charge satirique contre la cité idéale vue par les sophistes, en mettant en scène une cité qui reprend à son compte l’antinomie physis / nomos pour faire triompher la nature sur la loi. Le renversement de l’ordre existant qui structure communément l’utopie se traduit en effet dans les Oiseaux par l’abolition des lois qui régissent la Cité et par la remise en question des normes sociales et morales traditionnelles.

Comparée à Athènes, Coucouville-les-Nuées n’est en fait ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, et c’est ce jeu de brouillage qui donne toute latitude au satiriste et qui permet à la dystopie d’opérer et d’exercer ses fonctions à plusieurs niveaux possibles. Une fonction de révélateur, dans la mesure où l’utopie met en lumière une crise qui a d’ores et déjà atteint la cité réelle et dont le poète fait le constat. Une fonction d’avertissement contre les dérives qui menacent la cité réelle. Une fonction cathartique, dans la mesure où l’utopie permet d’exorciser, en les projetant sur l’Autre, les fantasmes contre lesquels la Cité s’est construite ou les tentations contre lesquelles elle doit lutter : violence (bia), démesure (hybris), anomia, discorde (eris), et, pour couronner ce cortège, la sauvagerie que la Cité classique cherche à refouler en marge, hors de son territoire et aux confins de son Histoire (www.unicaen.fr - Cécile Corbel-Morana, L’imaginaire utopique dans la Comédie ancienne, entre eutopie et dystopie (l’exemple des Oiseaux d’Aristophane), Kentron, 2006).

Moulinsart comme locus amoenus des frères Loiseau, qui n'hésitent pas à enfreindre la loi, voler et assassiner, deviendra l'Arcadie bienheureuse des amis de Tintin. Avec le geai qui guide Evelpidès, des Oiseaux d'Aristophane, on se souvient du Geai d'Acranite (O GEAI D'ACRANITE ou ET IN ARCADIA EGO à l'envers du tableau des Bergers d'Arcadie de Nicolas Poussin). Il y a aussi un magnifique coucou (horloge) au château de Moulinsart. Remarquons que le frère de Maxime n'a qu'une initiale : G comme Geai, Loiseau (cf. Geai rare de Nerval : Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Introduction).

Coucou du château de Moulinsart, page 42 du Secret de la Licorne

Les cases du coucou se trouvent placées juste après celle où l'on voit le buste possible d'Aristophane et l'ange Gabriel de l'Annonciation au portail central de la cathédrale de Reims à la main coupée, Reims et Aristophane étant réunis dans une oeuvre d'André Suarès, possible Sakharine (Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel : Elle voulait qu’on l’appelle Venise : la Licorne et le Trésor de Rackham le rouge).

Brutus / Mirza

Brutus, dans Jules César de William Shakespeare : "J'aimerais mieux être un chien, et aboyer contre la lune, que d'être un pareil Romain." (Oeuvres complètes de Shakespere, tome 1, Firmin Didot, 1869 - books.google.fr).

La mode Mirza d'appeler les petits chiens Mirza semble s'être instaurer au XVIIIème siècle.

Malgré les rigueurs de certains Parlements pour le rôle des petits chiens, dits lexicons, dans la vie intime de toutes les impures du XVIIIe siècle, outre celles que l'Almanach des honnêtes femmes pour l'année 17 90 qualifie de Phicidisseuses et dont les lexicons furent brûlés en Place de Grève « à cause d'un crime que les bonnes mœurs défendent de révéler», n'avait-il pas peint, à la demande de Madame du Barry, la levrette Mirza couronnée par Mademoiselle Luxembourg ? (André Girodien, Un peintre de fêtes galantes: Jean-Frédéric Schall (Strasbourg 1752 - Paris 1825), 1927 - books.google.fr).

Drouais (1727-1775) était le peintre préféré de Madame du Barry, que l'on n'eût pu laisser de côté. Ami de la Du Barry, protégé du Roi, ancien tenant de Mme de Pompadour, l'artiste était un homme à ménager. Pour éviter toute confusion avec son père Hubert, lui-même peintre, François-Hubert Drouais signait «Drouais le fils». Mirza, la levrette blanche, était un présent de l'abbé Delille, pour laquelle Gustave III donna un collier de brillants.

Mais, en Europe, le plus célèbre Mirza est le correspondant d'Usbek dans Les lettres persanes de Montesquieu.

On ne s'éloigne pas alors l'Ethiopie puisque le sujet des lettres X à XIV adressées à Mirza porte sur le peuple Troglodyte, du moins celui installé en Arabie, comme on le voit au sujet des oiseaux Ababils (Le Serpent rouge : Philolaos, les Bergers d’Arcadie et le cube), descendant des Troglodytes d'Ethiopie. Les lettres LXXXV et LXXXVI à Mirza parlent de la multiplicité des religions dans un Etat. Les Lettres persanes sont datées de la tantième lune de mois de l'année.

Mirza, dans la lettre X des Lettres persanes, réclame à Usbek des éclaircissements sur la question du bonheur : vient-elle par la satisfaction des sens ou par la pratique de la vertu ? C'était la question posée par Platon au début de la République. Les réponses des religieux ne le satisfont pas, Mirza veut une réponse de philosophie naturelle. Usbek, alors, répond par le récit des Troglodytes, affirmant que les vérités de morale ne doivent pas faire l'objet de raisonnements abstraits : il faut les « faire sentir », ce qui est une manière de rappeler la fonction rhétorique première de l'exemplum. Mais ce n'est pas ce que veut dire Montesquieu, son intention est d'affirmer que le récit dit vrai quand la démonstration nous trompe. Usbek propose donc ce qu'il appelle un « morceau d'histoire ». Or, ce morceau d'histoire ne sera pas un lieu commun, un exemplum convenu mais retrouvera le principe du mythe platonicien en se présentant comme le récit d'une histoire donnée pour vraie. Personne cependant n'est dupe : Montesquieu ne croit pas à son récit, mais il veut développer une fable didactique plus apte à « faire sentir » qu'un discours abstrait, mais dont personne n'ignore le statut purement pédagogique.

Montesquieu se montre très précis dans l'évocation d'origines qui penchent très nettement du côté de la sauvagerie, première atteinte à l'état d'esprit du droit naturel. Puis vient un roi « d'origine étrangère », dans lequel on pourrait bien voir laïcisé, le souvenir de ces dieux ou de ces démons qui ont originellement gouverné les hommes dans le premier état imaginé imaginé par l'antiquité : il est sévère et tente de les corriger. Mais ils se révoltent, le tuent, et instituent alors un mode de vie sauvage où chacun ne veille qu'à ses intérêts sans consulter ceux des autres. Ces méchants Troglodytes périssent, mais ce n'est pas dans le Déluge, désonnais trop connoté religieusement et qui rapprocherait le récit d'une parabole chrétienne, ce qu'il est sans vouloir le dire. Ils périssent d'une maladie, et ne demeurent que deux familles, avec à leur tête des hommes exceptionnels. Ceux-là pratiquent naturellement la vertu : « Ils voyaient la désolation générale et ne la ressentaient que par la pitié ; c'était le motif d'une union nouvelle » (lettre XII). Ces hommes semblent avoir intégré la charité de Bossuet mais sans recours à Dieu. Les qualités morales qu'ils déploient ne sont d'ailleurs pas justifiées, mais semblent naître de la nature. De même, « la terre semblait produire d'elle-même, cultivée par ces vertueuses mains ». On voit ainsi se rejoindre à nouveau nature et culture : ces hommes exceptionnels, d'où va naître la seconde race de Troglodytes, sont déjà dans un état de civilisation, mais c'est celui que décrivait Platon dans les Lois : un état qui se désolidarise de l'état sauvage mais qui emprunte toutes les marques du récit originel. Ces hommes cultivent donc la terre, mais c'est « comme si » ils ne la cultivaient pas. Ils reproduisent en outre l'état patriarcal de Platon : « Le peuple troglodyte se regardait comme une seule famille ; les troupeaux étaient presque toujours confondus ; la seule peine qu'on s'épargnait ordinairement, c'était de les partager » (Lettre XIII).

Voilà ce que devient chez Montesquieu l'état de communauté : il semble que ce soit un résidu de loi primitive : non pas une règle imposée mais une pratique spontanée et qui a l'irrégularité même de la spontanéité. C'est que le récit utopique est ici très conscient de sa portée didactique et Montesquieu, en juriste, ne désire pas sauter le pas de la communauté des biens érigée en système. Il préfère le présenter comme le réflexe naturel d'un comportement vertueux sans l'instituer officiellement. Car, en réalité, l'adhésion au schéma communautaire passe par l'affirmation d'un véritable état de nature ; or, Montesquieu conserve la méfiance de ses prédécesseurs juristes, Bodin et Pasquier, à l'endroit de ce retour aux origines. Il affirme ailleurs dans les Lettres persanes que l'on ne doit pas remonter ainsi à l'état de nature mais imaginer d'emblée les hommes en société. Or, il faut apparemment croire à l'état de nature pour croire à la communauté des biens. Montesquieu s'arrête en fait à mi-chemin au moment de donner corps au mythe : il se contente de donner à ce récit des origines le ton spirituel des fables que l'on raconte sans les prendre au sérieux (Béatrice Périgot, Mien et tien, l'adage de la communauté des biens, Nature et culture à l'âge classique (XVIe-XVIIIe siècles): actes de la journée d'étude du centre de recherches "Idées, thèmes et formes 1580-1789", 25 mars 1996, 1997 - books.google.fr, Montesquieu, Les Lettres persanes (1721), Oeuvres complètes, Arvensa editions, 2014 - books.google.fr).

Persuasion et parchemins

Le mot "persuadé" est prononcé trois fois dans Le Secret de la Licorne, page 27 par Tintin, page 56 par le frère de Maxime Loiseau (c'est Maxime qui est persuadé) et page 58 par Tintin encore. A chaque fois en rapport avec les parchemins. Trois fois comme les trois frères.

Alors que les trois parchemins sont à l'intérieur des mâts des maquettes des Licorne, il existe un procédé cryptographique qui utilise des parchemins enroulés autour de bâtons, à l'extérieur.

Dans les Oiseaux joués en 414, Aristophane a décrit de façon caricaturale les admirateurs de Sparte. Avant la fondation de la cité des Oiseaux, "ils étaient tous atteints par la laconomanie, ils portaient une longue chevelure, étaient faméliques, sales, ils socratisaient, ils portaient la scytale". On remarquera combien cette description des "laconomanes" correspond aux personnages qualifiés de kaloi kagathoi, que ce soit dans les Nuées autour de Socrate ou dans les Guêpes au banquet de Philoktèmon. Puisque les mêmes éléments se retrouvent chez les laconomanes et les kaloi kagathoi, on peut en déduire que les kaloi kagathoi sont aussi souvent des laconomanes et que le nom qu'ils se donnent est peut-être un élément de leur laconomanie (Félix Bourriot, kalos kagathos, Spudasmata: Studien zur klassischen Philologie und ihren Grenzgebieten, Volume 2 ;Volume 58,Numéro 2 1964 - books.google.fr).

Il faut attendre le comique Aristophane (445-385 av. J.-C.) pour que le lien entre la scytale et les Spartiates soit clairement établi. Il utilise ce terme dans deux pièces différentes : les Oiseaux (414 av. J.-C., Dionysies, deuxième prix) et Lysistrata (411 av. J.-C., Lénéennes). Comme le remarque Th. Kelly (Myth, 1998, p. 247), l’ironie dans les deux emplois de ce mot n’est pas en contradiction avec l’estime que les Athéniens portaient aux Spartiates et à leur chiffre en pleine guerre du Péloponnèse.

La scytale fait partie de toutes les campagnes, le procédé n’est basé ni sur la mémoire, ni sur la possession d’un code élaboré : la méthode est abordable et le déchiffrement est simple. Les explications les plus complètes au sujet de ce moyen de communication se retrouvent chez deux auteurs tardifs : dans les Vies parallèles de Plutarque (Lys., XIX, 8-12) et dans les Nuits attiques d’Aulu-Gelle (XVII, IX). Les témoignages de ces auteurs sont à ce point semblables qu’il est difficile de ne pas émettre l’hypothèse qu’Aulu-Gelle a été largement influencé par son prédécesseur. Selon leurs descriptions, la scytale était composée d’un axe de bois que les éphores faisaient faire en double exemplaire, les deux bâtons possédant la même longueur et le même diamètre. Les éphores conservaient un exemplaire de ces bâtons à Sparte tandis qu’ils confiaient l’autre au navarque ou au stratège envoyé en campagne à l’étranger sous leur commandement. Lorsque la nécessité d’un message confidentiel se faisait ressentir, les magistrats enroulaient autour du bâton, en spirales jointives, un ruban de papyrus, de parchemin ou de cuir.

Plutarque affirme que la bande roulée autour du bâton était du papyrus mais ce support aurait été trop fragile pour supporter un tel emploi, comme le suppute Albert Martin. L’utilisation du cuir, comme le dit Aulu-Gelle, ou du parchemin, comme l’atteste Nicophon, un contemporain d’Aristophane, dans le fragment d’une comédie intitulée La naissance d’Aphrodite, semble plus probable. Nicophon est d’ailleurs chronologiquement le premier auteur à désigner le parchemin comme support d’écriture pour la scytale.

La scytale lacédémonienne (skutalê), utilisée au Ve siècle av. J.-C, est communément considérée comme l’ancêtre des systèmes de transmission d’information secrète : les Spartiates conçurent ce qui est considéré comme le premier instrument employé en cryptographie et le seul système fonctionnant à cette époque selon le principe de transposition (Kahn, 1980, p. 9). Il faut savoir que la confidentialité était une des composantes majeures du gouvernement de Lacédémone, comme le note Thucydide : durant la quatorzième année de la guerre du Péloponnèse (mars 418-février 417), l’armée des Argiens et celle des Lacédémoniens s’affrontent dans la région de Mantinée. L’historien avoue son incapacité à dénombrer les guerriers Spartiates à cause du secret qui enveloppe leur régime ; il oppose ensuite ce mystère à la vantardise de l’autre camp (bcs.fltr.ucl.ac.be - Cryptologie).

Agésilas II, né en -444, roi eurypontide de Sparte de -398 à -360. Il est l'un des plus grands chefs militaires de son époque, réputé pour sa grandeur d'âme et son courage. Après son expédition en Asie Mineure (396-394), il apprend que la guerre de Corinthe se prépare en Grèce et il rejoint Sparte en urgence. Dès l'arrivée de la scytale, il abandonna et sacrifia un si grand bonheur, une si grande puissance de fait, enfin de si beaux espoirs, pour s'embarquer aussitôt, laissant « une oeuvre inachevée », au vif regret des alliés. Pendant une vingtaine d’années, il maintient la suprématie des Lacédémoniens, malgré un échec devant Thèbes en 378, jusqu'à la défaite de Sparte et du collègue d'Agésilas II, Cléombrote II, devant Épaminondas à Leuctres (371). Il est battu une nouvelle fois par Épaminondas à Mantinée en 362 (fr.wikipedia.org - Agésilas II, Plutarque, Vie d'Agésilas, traduit par Bernard Latzarus - remacle.org).

On retrouve trois scytales à Bracon (Franche Comté) en 1431.

La scytale lacédémonienne dont il a été question est mentionnée en 1431 à la cour de Bourgogne. Pour correspondre avec le futur roi René retenu contre son gré au château de Bracon, un Allemand «avait fait faire deux ou trois bâtons, longs chacun d'un pied et demi, au gros d'une lance, et l'on enveloppait ces bâtons de petits rubans de parchemin ou de papier enroulés autour, et ces bâtons ainsi couverts, l'on écrivait dessus l'entreprise que l'on voulait faire, puis l'on déliait ces bâtons et l'on envoyait lesdits rubans écrits comme il est dit... et par ce moyen personne ne pouvait savoir ce qui était écrit sur ces rubans s'il n'avait pas le même bâton» (Jean Verdon, Information et désinformation au moyen âge, 2010 - books.google.fr, E. Roy, Un emploi des scytales en 1431, Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, 1925 - books.google.fr).

En 941, Maynier, prévôt de l’abbaye de Saint-Maurice d'Agaune, donne à Albéric le château de Bracon et une partie des Salines. Albéric ou Aubry Ier de Mâcon (885-943), nommé aussi Albéric de Narbonne, fut vicomte de Narbonne et premier comte de Mâcon de 932 à 943, sire de Bracon et Seigneur de Salins (942-943) (fr.wikipedia.org - Aubry Ier de Mâcon).

On retrouve Narbonne avec la pièce de Shakespeare Tout est bien qui finit bien dont l'héroïne s'appelle Hélène.

Pisthetérus : Ce n'étaient pas les dieux, mais les oiseaux, qui étaient autrefois les maîtres et les rois des hommes; nous en avons mille preuves. Et d'abord, je vous citerai le coq qui gouverna les Perses avant tous les autres monarques, avant Darius et Mégabyse, et en souvenir de son règne, on l'appelle l'oiseau de Perse. (Allusion à Cyrus, dont le nom signifie Coq. Aussi le Coq symbole onomatique de Cyrus devint-il l'emblême militaire des Perses) (Aristophane, Les Oiseaux, traduction nouvelle avec une introduction et des notes par C. Poyard, prof. au Lycée Napoléon, 1860 - books.google.fr).

La plaque de voiture de Maxime Loiseau est 521414 : 521 date d'accession au pouvoir de Darius Ier et 414 date de représentation de la pièce Les Oiseaux ? Maxime peut faire allusion à une maxime, à LA maxime des albums qui clôt l'aventure : "Tout est bien qui finit bien".

Dans le langage de la comédie, le terme skutalê signifie le phallus [comme le mât d'un bateau aussi]. Dans l'Assemblée des femmes d'Aristophane, les femmes se déguisent en hommes : l'une d'elles montre le skutalon qu'elle a dérobé à son mari, Lamios, pendant son sommeil (Maria Patera, Figures grecques de l’épouvante de l’antiquité au présent: Peurs enfantines et adultes, 2014 - books.google.fr).

On change de pièce d'Aristophane pour passer à Lysistrata.

Une Athénienne audacieuse, Lysistrata, convainc les femmes des cités grecques de mener une grève du sexe, pour arrêter la guerre du Péloponèse. Un même aiguillon bande alors le désir des hommes, unis face à l’abstinence de leurs épouses.

Il ne s’agit plus seulement d’une « grève du sexe », mais d’une occupation de l’Acropole, centre religieux, politique et financier d’Athènes : en effet, les temples servaient de banque (philo-lettres.fr - Aristophane - Lysistrata).

When Lysistrata seizes the “boar” [Lysistrata fait comme si la cruche de vin était un animal sacrificiel. Ici le sanglier, ou verrat, a peut-être aussi une connotation sexuelle], she invokes Peitho, who is frequently linked with Aphrodite in literature. Archaeologically, too, there are connections between the two deities : the sanctuary of Peitho and Aphrodite Pandêmos was situated on the southwest slope of the Acropolis. Aphrodite also appears with Peitho in vase painting. Aphrodite's defining action is to persuade (peithein); however, the Homeric Hymn to Aphrodite notes the limits of Aphrodite's powers vis-à-vis three divinities : Artemis, Hestia, and Athena. Although in the Hymn, Aphrodite cannot “persuade” Athena, Lysistrata and her friends, who are closely associated with Aphrodite, take over the warrior goddess Athena's space and persuade the men of Greece to stop the Peloponnesian War. Given that Aphrodite is, in some sense, invading the space of Athena, she can be seen to have some degree of power over the goddess who is normally immune to her persuasive abilities. [...]

By the end of the play, the young men are in such a state of arousal that they appear to be nothing but their erections. This is made clear near the end, when a Spartan herald comes onstage and has a long exchange with Cinesias. His erection is the subject of banter during the entire sequence. First, Cinesias refers to the herald as a Conisalus, a Priapic-type divinity. Then Cinesias asks if he holds a spear, or if instead his groin is inflamed from the long ride. By the end of the exchange, the herald's member is described as a skutalê, a wooden stick device by means of which messages are sent (991–92). It turns out that this is a particularly apt metaphor. Plutarch offers a description of the instrument in his Life of Lysander 19.5.92 Plutarch's description reveals that meaning is produced through the combination of parchment and two skutalai. If you have only the parchment and no stick, you have no message. More pertinent for the Spartan herald of Lysistrata, if you have only the stick and no parchment, signification does not take place. Cinesias's remarks emphasize the utter ineffectiveness of the men's devices. At this point in the play, the men are powerless inasmuch as they are unable to wield their members in the way that they want. The men of Lysistrata all have Spartan sticks. In fact the two equivalent skutalai (“then this too is a Laconian skutalê!” 992) suggest the equivalence of Spartan and Athenian men, but the instruments have become decidedly ineffective as they are powerless to use them properly, that is, in sexual relations with their wives. One would think that in their Priapic state, the men of the play would be powerful, potent figures. Instead, despite the proliferation of the verb stuein in the play and the attention to the men's erections, the young men of Lysistrata are figuratively impotent ("astutoi") (Laurialan Reitzammer, The Athenian Adonia in Context: The Adonis Festival As Cultural Practice, 2016 - books.google.fr).

Le procédé stéganographique, fort en usage chez les Lacédémoniens, de la scytale est décrit par Plutarque a parlé dans la vie de Lysandre.

Or Lysandre est un amoureux du Le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. On en sort pas, car Hélène est un autre personnage de la pièce.

Machiavel rappelait encore à l'occasion les maximes de Lysandre, stratège naval qui, en théoricien de l'utilitarisme, plaçait le juste dans l'utile, considérait que le rapport vérité/mensonge restait défini par le besoin et ajoutait encore : « Là où l'on n'aboutit pas avec la peau du lion , il lui faut coudre celle du renard » (Michel Bergès, Machiavel, un penseur masqué ?, 2000 - books.google.fr).

Milou est un fox-terrier.

Comme le dit l'autre Hélène, celle de Tout est bien... : "Tout est bien qui finit bien ; la fin couronne l'œuvre; quels que soient les moyens, le but les justifie" (William Shakespeare, Oeuvres complètes, Tout est bien qui finit bien, traduit par Benjamin Laroche, Tome II, 1842 - books.google.fr).

Shakespeare utilise deux fois le prénom d'Hélène dans son théâtre, dans Le Songe d'une nuit d'été et Tout est bien qui finit bien (Solène Fabre, Dorothée Valante, Origine des prénoms, 2010 - books.google.fr).

Les sonnets célébrant le sein d'Hélène sont intégrés dans le "prétexte" plus large du lever de la maîtresse auquel assiste l'amoureux. Ce léger décalage va modifier profondément le sens du sonnet et mettre en évidence une nouvelle conception de la beauté et de l'amour (Anne-Marie Lebersorger-Gauthier, Les voix du mythe dans les "Sonnets pour Hélène" de Pierre de Ronsard, 1995 - books.google.fr).

Dans le sonnet «Madame se levoit un beau matin d'Esté» (Sonets pour Hélène, Livre I, LVIII - 1578), Ronsard renouvelle le blason anatomique - le topos des «duo pome acerbe» de de l'Arioste - tout en transformant le mythe de la Méduse en allégorie de l'action du poète sur l'architecture d'un corps féminin qu'il finit par dominer. Au lieu d'admettre en lui la décadence du désir sexuel et le déclin de la relation amoureuse, la figure masculine transforme cette échéance en un avènement esthétique qui traduit la victoire sur l'objet de son désir: le corps féminin beau et éphémère. Ce sonnet révèle le sein d'Hélène en tant qu'objet artistique marqué par une forme durcissante (Doranne Fenoltea, La poésie architecturale de Ronsard, Littératures & architecture, 1988 - books.google.fr).

Dans le sein d'Hélène, il entrevoit « deux pommes de beauté », aussi imaginaires que celles du jardin des Hespérides. La femme qui se lève, le matin, éveille en lui des correspondances. Elle est le poème travaillé, fermé, sculpté, parent des pommes d'or, de l'ivoire, du porphyre, du marbre. Ronsard, sans le savoir, donne à la femme les attributs de son art à lui : la négation d'un mouvement violent, la dureté des contours, la profonde chair de pierre promise à la durée. Il pressent les minéraux des Parnassiens, de Baudelaire, de Mallarmé (Alfred Glauser, Le Poème-symbole de Scève à Valéry: essai, 1967 - books.google.fr).

Vous seriez bien estonné si ie trouvois l'origine du Blason dans Lacedemone. Ses Soldats pour se distinguer des autres Nations, faisoient graver fur leurs Boucliers la lettre Grecque lambda , qui estoit la premiere lettre du nom de leurs pays. Apparemment les Armoiries, & les Devises Personnelles, ont esté inventées sur cette idée ; car encore que les Soldats d'Argos, & de Sicyone, ayant aussi porté des Marques Militaires sur leurs Boucliers, les Lacedemoniens qui ont voulu estre singuliers en toutes choses, en auront plustost donné l'Exemple qu'ils ne l'auront reçu, & ces Distinctions glorieuses ne pouvoienc estre équitablement que que le partage d'une valeur parfaite comme la leur. [...] Mais ce qui est singulier, les Dames de Lacedemone fuivoient le mesme vsage. Le Cachet de la fameuse Helène portoit la figure d'un Poisson appelle Pan, à ce que dit Ptolemaeus fils d'Hephestion. Apres cela, jugez si le Blason estoit en vogue à Lacedemone. Ne croyez-vous pas que l'Art Mysterieux d'écrire en chiffres, ait este ébauché dans Lacedemone ? La Scytale qu'ils inventerent me le fait imaginer (Georges Guillet de Saint-George, Lacédémone ancienne et moderne, 1676 - books.google.fr).

Le pan, est, dit-on, un poisson marin du genre de la baleine et dont l'aspect fait songer à Pan ; dans son corps, on trouve une pierre, l'« astérite », qui, exposée au soleil, prend feu ; elle sert en outre à composer un charme. Hélène était en possession de cette pierre, qui portait gravée l'image du poisson Pan lui-même, et elle s'en servait comme cachet. Tels sont les chapitres du septième livre de l'Histoire nouvelle pour servir à l'érudition de Ptolémée Héphestion (Saint Photius I (Patriarche de Constantinople), Bibliothèque de Photius, traduit par René Henry, Tome III, 1962 - books.google.fr).

Photius (810-893 apr. J.-C.) fut le patriarche de Constantinople de 858 à 867 et de 878 à 886. Il a compilé, entre autres travaux, un lexique de la prose attique grecque qui nous est parvenu. Lorsqu’il y décrit la scytale, il la définit comme un procédé cryptographique dans des termes similaires à ceux présents dans les définitions de Plutarque et d’Aulu-Gelle (S.A. Naber, Photii Patriarchae Lexicon, Vol. 1. A -X, 1965) (bcs.fltr.ucl.ac.be - Cryptologie).

L'homme de main des frères Loiseau: Barnabé

En 43,le prophète Agabus prédit une grande famine qui devait se faire sentir en Syrie et en Palestine. Elle arriva l'an 44. Les Juifs, en cette occasion, furent soulagés par Hélène, veuve de Monobaze, roi de l'Adiabène, et par Izatès, son fils, qui avaient embrassé leur religion. Les fidèles d'Antioche signalèrent aussi leur charité, envers ceux de Judée, par d'abondantes aumônes dont ils chargèrent Paul et Barnabé d'être les porteurs, après avoir prié pour eux et leur avoir imposé les mains (L'art de vérifier les dates, Volume 2, Partie 2, Valade, 1818 - books.google.fr).

Orose, dit qu'Hénène et Izatès s'étaient faits chrétiens ; ce qui n'est pas sans vraisemblance. Car dans les histoires que les rabbins ont fabriquées de Jésus-Christ, ils parlent d'une reine Hélène qui s'était montrée très-favorable à sa cause (François René Rohrbacher, Histoire universelle de l'Église catholique, Volume 4, 1842 - books.google.fr).

Barnabé, compagnon de Paul et émissaire des douze apôtres, était originaire de l'île de Chypre, consacrée à Aphrodite. La mère de l'empereur Constantin, Hélène, y fit venir des reliques de la Croix, installées dans le monastère de Stavrovouni construit pour cette occasion (Rémy Leroux-Monet, Chypre, 2004 - books.google.fr).

Une Hélène, proche de la famille Rémi

Le 1er octobre 1882, Léonie Dewigne accoucha de jumeaux, Léon et Alexis — ce dernier deviendra le père d'Hergé. Ces deux enfants de père inconnu furent élevés dans le domaine de Chaumont-Gistoux (Brabant wallon) sous la protection de la châtelaine.

Quelques années plus tard, en 1888, la comtesse Hélène Errembault de Dudzeelle, veuve d'un diplomate, vient s'installer à Bruxelles; Léonie Dewigne est engagée chez elle comme femme de chambre. La « bonne comtesse », comme l'appellent Alexis et Léon, prend soin des enfants, leur offre de beaux vêtements, et leur donne la possibilité de faire des études jusqu'à quatorze ans, chose relativement rare à l'époque. Il est également possible que ce soit elle quiait favorisé le mariage de Léonie, pour maquiller les conditions de la naissance des deux garçons. Ce qui est certain, c'est que le 2 septembre 1893, Léonie Dewigne épouse son voisin, un certain Philippe Rémi, ouvrier imprimeur (Benoît Peeters, Hergé, fils de Tintin: Édition revue et mise à jour, 2006 - books.google.fr).

Voilà qu'on échafaude les hypothèses les plus romanesques : le père ne serait-il pas un aristocrate ami de la comtesse ? Et pourquoi pas Léopold II, le roi des Belges lui-même ? Autant de questions qu'Hergé se posera toute sa vie (José Alain Fralon, Le Roman de Bruxelles, 2008 - books.google.fr).

Mais le tableau ne révèlerait-il pas que c'est Hélène de Dudzeele la femme infidèle qui serait la mère des deux jumeaux ? Cela ne paraît cependant pas très probable.

La présence d'une Hélène quelconque semble avérée par l'insistance avec laquelle les auteurs des deux albums incorporent le proverbe "Tout est bien qui finit bien" à la fin de l'aventure, dans Le trésor de Rackham le rouge, page 59 par Tintin et page 62 par Haddock et Tournesol. cet adage est le titre d'une pièce de Shakespeare, que l'on retrouve ici après le Brutus de Jules César dont l'héroïne principale est Hélène, pupille de la comtesse de Roussillon (fr.wikipedia.org - Tout est bien qui finit bien).

Ce Roussillon qui rapproche du département de l'Aude. D'autant que c'est à une des plus intéressantes nouvelles du Décameron de Boccace que nous devons cette pièce. Le père médecin s'y appelle Gérard de Narbonne et sa fille Gillette et non Hélène (William Shakespeare, Tout est bien qui finit bien, Oeuvres complètes, traduit par François Guizot, 1864 - www.gutenberg.org).

Hélène in "The Heroines of Shakespeare: Comprising the Principal Female Characters in Plays of the Great Poet" by The London Printing and Publishing Co., London - Illustrated by J. W. Wright & Others - www.ekduncan.com

Les Hélène(s) et la Dame à la Licorne

Le rapprochement d'Hélène de Troie avec la licorne rappelle la Dame à la Licorne étudiée dans Voyage dans le temps : La Dame à la Licorne : Hélène(s) ou le retour de Zizim.

La guerre de Troie : les trois fils du chevalier de Hadoque, les trois Licornes, les trois étoiles du cognac réclamé à Nestor par Haddock (page 55).

Dans la mythologie grecque, Nestor est le plus jeune des fils de Nélée, roi de Pylos, et de Chloris, fille d'Amphion et de Niobé. Il est le plus âgé et le plus sage des héros de la guerre de Troie. Dans l’Iliade et l’Odyssée, c'est un vieillard encore vaillant sur le champ de bataille, écouté avec respect par tous, surtout pour ses avis, son expérience et ses conseils lors des convocations du Conseil notamment. Il a plusieurs fils dont Antiloque et Thrasymédès qui participent à ses côtés à la guerre de Troie. Selon des versions postérieures à l'Iliade, son fils Antiloque, le meilleur ami d'Achille après Patrocle, lui sauve la vie en sacrifiant la sienne contre Memnon (fr.wikipedia.org - Nestor).

La Croix de l'Aigle

«Tout est accompli » (Jean 19, 30), s'exclame le Crucifié, dans le récit johannique. Le verbe, qui revient trois fois, suggère l'idée d'un parcours qui a atteint son sommet. L'obéissance de Jésus est accomplie, comme est accomplie l'Ecriture et aussi l'alliance de Dieu avec l'homme. On ne peut pas aller plus loin. Qu'il me soit permis d'insister. Au pied de la croix, même les adversaires reconnaissent que Jésus a vécu en s'en remettant au Père : « Il a compté sur Dieu. Que Dieu le délivre ! » (Matthieu 27, 43). Le verbe «compter sur» (peitho) traduit l'obéissance confiante, l'abandon, l'attitude de celui qui dépose sa vie dans les mains d'un Autre. Le temps du verbe au parfait souligne ensuite la continuité et la stabilité: Jésus a toujours, tout au long de sa vie, mis sa confiance dans le Père. Si Jésus est mort « en se fiant » à Dieu - même à un moment où tout parlait d'abandon - c'est parce qu'il a vécu en se fiant à lui. Et s'il a fait de sa croix un don, c'est parce qu'il a toujours vécu en se donnant. C'est ainsi que Jésus a vécu sa mort sur la croix comme un accomplissement: « Tout est accompli. » (Bruno Maggioni, Cet homme qui était Dieu: revisiter le visage de Jésus dans les Évangiles, traduit par Bernard Courteille, 2005 - books.google.fr).

«Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis, car ils veillent sur vos âmes» (Hébreux 13:17). Le terme «obéissez», en grec «peitho», veut dire «se laisser persuader par des mots». ll signifie aussi «donner avec persuasion l'envie à quelqu'un de faire quelque chose en le rassurant» (Shora Kuetu, La captivité de l'Évangile, 2009 - books.google.fr).

Quelques dates

Le navire Sirius rentre de la recherche du trésor dans l'Atlantique un 23 juillet, fête romaine des Neptunalia, en l'honneur de Neptune, dieu de la mer.

Les Neptunalia du 23 juillet, étaient une fête célébrée à Ostie dans l'isola sacra près du temple des Castores et sur laquelle nous disposons du témoignage de Tertullien et d'une inscription datant des environs de 216 (C.I.L., XIV, 1) í ; cette fête sera plus tard usurpée par les Castores et transférée au 27 janvier, jour où se célébraient jusque-là des Ludi Castorum à Rome même pour commémorer la dédicace du temple de Castor et Pollux au Forum (André Chastagnol, Jean Beaujeu, La religion romaine à l'apogée de l'Empire : I, La politique religieuse des Antonins (96-192). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 13e année, N. 1, 1958 - books.google.fr).

Castor et Pollux sont les frères d'Hélène de Troie.

La vente aux enchères du château de Moulinsart se réalise un 9 août par le notaire Ch. Stasse.

Stasse est une forme wallonne du prénom Eustache. Saint Eustache ("bon épi en grec") eut la vision d'une croix lumineuse apparaissant entre les bois d'un cerf alors qu'il était à la chasse. Il est fêté le 20 septembre (Jean Germain, Jules Herbillon, Dictionnaire des noms de famille en Wallonie et à Bruxelles, 2007 - books.google.fr, Jean-Maurice Barbé, Tous les prénoms, Guides Gisserot, 1994 - books.google.fr).

Eustache, Placide de son nom romain, est un adepte de la chasse, chasseur chassé par Dieu, commele fut Actéon, chasseur chassé déchiré par ses Chiens par la volonté de Diane, déesse lunaire outragée (Laurence Harf-Lancner, Le monde des fées dans l'Occident médiéval, 2003 - books.google.fr).

H. Grégoire (art. cit., p. 255, n. 2) souligne que le jeu de mots Elénè / Selènè n'était possible que dans les provinces (Syrie et Asie Mineure) où e (epsilon) se prononçait è (hèta) Reste, et c'est pour nous l'indication la plus précieuse, que la Renaissance a connu ce rapprochement : « [...] apud aliosque est Helena quaedam Tyria, ab aliis Selene vocata » (Estienne, s.v. Elénè). En outre, et sans doute par un intermédiaire à découvrir, Ronsard a pu connaître la tradition colportée par les Pseudo-Recognitiones clémentines (P.G., I, col. 1254) : « Simon accepit Lunam (il s'agit de Simon le Magicien, rival éphémère de saint Pierre), cum qua usque ad praesens circuit [...] asserens Lunam [...] esse de superioribus coelis deductam » (Michel Simonin, Hélène avant Surgères, Ronsard, 2004 - books.google.fr).

Si les signes cousus sur la redingote d'Aristide Filoselle par la teinturerie Stella, forment 314731, 314 est l'isopsephos de Magos, magicien en grec, comme le célèbre Simon.

On retrouve, pour une autre Hélène, la chanson de geste La belle Hélène de Constantinople qui trouve son inspiration dans la Vie de saint Eustache.

L'accentuation du processus de dispersion de la famille ne va donc pas sans susciter quelques difficultés de détail dans la gestion narrative du roman. "Son intérêt manifeste pour l'auteur est de ménager des péripéties, de produire de la variété, du mouvement. Au vu de l'ensemble de la tradition, il paraît vraisemblable d'imputer à l'auteur de La Belle Hélène ces importantes innovations, provenant sans doute de contaminations avec la Vie de saint Eustache et, le cas échéant, avec les Recognitions" (Claude Roussel, Conter de geste au XIVe siècle: inspiration folklorique et écriture épique dans La belle Hélène de Constantinople, 1998 - books.google.fr).

Eustache peut pointer sur Eustache Dauger, un possible Masque de fer, sous le règne de Louis XIV qui donna Moulinsart au chevalier de Hadoque le 15 juillet 1684.

Il y avait une fête de Sol Indiges à la date du 9 août à Rome.