Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   La Carte de La Vraie Langue Celtique   Exorciser la France   
RENNES LE CHATEAU LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BAINS CARTE EXORCISME SEUIL FRANCE

Exorcisme et seuil

Le peuple sait ou croit savoir que le prêtre, pour réussir un exorcisme, doit être en parfait état de grâce. Il cite des cas où l'opération n'a pas réussi. le démon ayant récusé l'exorciste en lui reprochant des fautes que celui-ci avait commises. « Dans une narration qui nous a été faite, dit un auteur, plusieurs prêtres. appelés à exorciser un possédé, ont dû s'éloigner par impuissance. Alors on découvrit que leur conduite n'avait pas toujours été régulière. Ce fut un jeune vicaire qui vint à bout du matin esprit: encore celui-ci fit-il le reproche au jeune prêtre d'avoir dans son enfance ramassé une pomme dans un verger qu'il traversait. Ce n'était la cependant qu'un péché véniel, qui n'entachait nullement la conscience de l'officiant.» Voici, à propos d'exorcismes, quelques légendes et faits particuliers : Un conteur dit : Mon grand-père avait toutes ses vaches qui crevaient. On fit venir le curé pour bénir les étables, et, après les prières. on trouva sous une pierre une grosse torchette de cheveux. C'est de là que venaient toutes les adversités. Les mauvais tours s'arrêtèrent. Dans une maison où les enfants étaient souvent malades, on fit venir le curé pour rebénir l'habitation qu'avaient dû envahir les mauvais esprits. Le prêtre dit que la cause de tout le mal se trouvait sous le seuil de la maison. Quand on le souleva, on mit à découvert un gros crapaud (Wallonia, Volume 15, Amis de l'art wallon, 1907 - books.google.fr).

Among the folk customs in the line of exorcism and divination in Italy, the threshold has prominence. “In Tuscany, much taking of magical medicine is done on the threshold; it also plays a part in other sorcery.” A writer mentions a method of exorcism with incense, where three pinches of the best incense, and three of the second quality, are put in a row on the threshold of the door, and then, after other incense is burned within the house in an earthen fire-dish, these “little piles of incense on the threshold of the door” are lighted, with words of invocation. This process is repeated three times over (H. Clay Trumbull, The Threshold Covenant or The Beginning of Religious Rites, 2018 - books.google.fr).

Seignolle nous renseigne précisément sur les moyens, les techniques et les accessoires utilisés par ces créatures dotées d'un physique repoussant (le père Dia, la Juine) et qui toutes se livrent à la goétie, la magie noire. Le point de départ peut être un grimoire, un livre diabolique ; l'envoûtement peut être produit par une «charge maléfique», «paquet magique que des sorciers déposent au domicile des personnes envoûtées», le plus souvent sur le seuil, près de la porte (Odile Joguin, Les visages du diable, Seignolle et le fantastique: colloque de Cerisy-la-Salle, 14 au 21 août 2001, 2002 - books.google.fr).

A l'heure qu'il est, il se passe encore d'étranges choses dans la Bretagne bretonnante. Depuis une époque qui se perd dans la nuit du moyen âge, il y a toujours des maisons où quelque membre de la famille est affligé de la honteuse infirmité d'aboyer comme un chien. Les médecins appelés à la combattre y perdant leur latin, il a fallu recourir à celui des exorcismes, et c'est encore l'Église qui est en possession de guérir les aboyeuses. La cure aura lieu si elles viennent humblement baiser, un jour de grande fête, à l'heure de l'office, la statue de Notre-Dame du Roncier, à Josselin. Malheureusement l'aboyeuse est en puissance de l'esprit malin. Jamais elle ne viendrait d'elle-même dans un lieu saint, jamais elle ne consentirait à montrer en public le sceau de malédiction dont elle est flétrie; mais des parents, des amis, des voisins prennent souci de la malade et la conduisent de gré ou de force au pèlerinage, qui a lieu aux fêtes de la Pentecôte ou de l'Assomption. Au début du voyage, il ne se passe rien de remarquable, si ce n'est que la malade est triste et abattue; mais quand elle arrive sur les terres de la sainte Vierge, c'est-à-dire dans la paroisse de Notre-Dame du Roncier, elle s'affaisse tout à coup, elle tombe. Alors les personnes qui l'accompagnent la prennent par-dessous les bras et continuent à la faire marcher; mais ce n'est pas sans éprouver une vive résistance, qui s'accroît encore à la porte de l'église. La poitrine de la malade se gonfle, sa gorge siffle, une sorte de sanglot et de hocquet s'en échappe; puis tout à coup elle jappe, elle aboie, et si bien que les chiens lui répondent; d'autres fois elle hurle à pleine poitrine. Il s'agit maintenant de faire baiser la relique. La patiente est traînée jusqu'au pied du tronc, en forme de petit autel, où elle est posée; mais telle est l'horreur de la malade pour le contact qui doit la guérir, qu'il ne faut pas moins de deux Bretons forts el entêtés pour en venir à bout. S'ils parviennent à se rendre maîtres des efforts de la possédée et à déjouer la ruse qu'elle appelle souvent à son aide, s'ils réussissent à lui faire appliquer ses lèvres sur la vitre du reliquaire, le charme tombe, ou plutôt c'est l'aboyeuse qui tombe foudroyée, mais radicalment guérie. Voilà certes des faits bien extraordinaires, et qui méritent qu'on les considère de près, pour s'en servir ensuite dans l'intérêt de la science médicale et de la philosophie. Un homme à qui elles sont l'une et l'autre familières, ému de tout ce qu'il entendait dire sur les scènes de Notre-Dame du Roncier, a pris la peine de s'y rendre pendant les fêtes de la Pentecôte de l'année dernière, et il y a passé trois jours sans autre occupation que de regarder et de prendre des notes; puis, revenu à son poste, il les a livrées au public sous la forme d'un petit volume d'un peu moins de cent pages, qui dénote dans son auteur des précieuses. Utile au médecin aliéniste, il sera consulté avec fruit pour d'autres études et lu avec plaisir par les gens du monde qu'effraye l'appareil de l'érudition. M. Jeannel a écarté en effet de son opuscule tout ce qui aurait pu y ressembler. Pour mon compte, je le regrette, et je vais tâcher de combler cette lacune, qui en est véritablement une pour les lecteurs habitués à considérer les faits sous le point de vue historique.

Ceux qui viennent d'être signalés ne sont pas nouveaux. En 1613, beaucoup de femmes de la commune d'Amon, près de Dax, furent atteintes d'une maladie contagieuse qui présentait les mêmes caractères que l'infirmité des aboyeuses de Josselin : « C'est chose monstrueuse, dit P. de l'Ancre, de voir parfois à l'église, en cette petite parroissed'Amou, plus de quarante personnes, lesquelles toutes à la fois abayent comme chiens, faisant dans la maison de Dieu un concert et une musique si déplaisante qu'on ne peut mesme demeurer en prière : ils abayent comme les chiens font la nuict, lors que la lune est en son plein, laquelle je ne sçay comment remplit alors leur cerveau de plus de mauvaises humeurs. Cette musique se renouvelle à l'entrée de chaque sorcière qui a donné parfois ce mal à plusieurs. Si bien que son entrée en l'église en faict layra, qui veut dire abayer, une infinité, lesquelles commencent à crier dés qu'elle entre. El lors qu'en absence de la sorcière le mal les prend (ce qui advient aussi tost fort souvent, car- elles peuvent leur advancer le mal, et les faire abayer quand elles veulent), elles les reclament et les appellent par nom, Dieu leur ayant donné en leur affliction cette précaution, de nommer celles qui leur ont baillé ce maléfice pour les notifier et comme les déférer à la justice, laquelle sur ce seul indice s'en saisit par fois si heureusement, que plusieurs ont confessé volontairement, et en ont découvert un grand nombre d'autres qu'on a mené depuis en la conciergerie de la cour; la chose estant desjà si commune que la personne malade criant dans son logis, le mary, serviteurs et pareils ne font nulle difficulté d'aller et courir aussi tost en la rue, et voir qui passe au devant la maison, si bien que si c'est celle que la malade nomme, on la relient... ce qui a souvent si bien reiissi, que plusieurs ont volontairement avoué le maléfice » Quand le prisonnier n'y mettait pas de bonne volonté, on avait recours à la torture, et de la sellette on le faisait passer sur un bûcher; mais de pareils remèdes ne paraissent point avoir diminué l'intensité du mal et le nombre des malades : «... Ces maux sont si grands, s'écrie de l'Ancre, si communs et si particuliers en ce lieu-là, qu'il n'y a plus moyen d'y habiter. Les officiers de la justice et les pauvres maleficiez sont foibles (car tout le reste sont presque sorciers) pour en dénicher Satan. Et la Cour de Parlement, quoy qu'elle cognoisse mieux les maux qu'apporte le sortilège en tout son ressort que ne faisoient nos pères, se lasse, et commence à prendra à contre-cœur d'en exposer au gibet en si grand nombre (Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons, par Pierre de Lancre. A Paris, ches Nicolas Huon. M.DCXIII, In-4, liv. V, diac. 1, p. 347.) »

La maladie des aboyeuses de Josselin rappelle encore l'espèce de ramage des filles de Kintorp en 1552, le bêlement des nonnes de Sainte-Brigitte en 1613, le concert miaulique des orphelins d'Amsterdam en 1566, épidémies de délire qui ont trouvé un habile historien dans le docteur L. F. Calmeil. Après M. Jeannel, les convulsionnâmes de la basse Bretagne lui reviennent de droit; c'est à lui qu'il faut les dénoncer, et non pas à la justice, comme l'eussent fait nos pères (Francisque Michel, sur Les Aboyeuses de Josselin, excursion en Bretagne au mois de mai 1655, par C. Jeannel, professeur de philosophie à la Faculté des lettres de Rennes. Rennes, 1855, in-12) (L'Athenaeum français: journal universel de la littérature, de la science et des beaux-arts, 1856 - books.google.fr).

Dans "exorcisme" il y a "ex" (hors) marquant l'extérieur qui suppose un intérieur. On chasse le démon hors de l'intérieur du possédé (de son âme, esprit, corps) d'où passage d'un seuil dans un sens ou dans l'autre.

Seuil et péché

La possession est la prise de contrôle par un démon des capacités agissantes (verbales, motrices) d'une personne, supprimant sa capacité de jugement. Par où passe le démon pour entrer dans sa cible ? Quel est ce seuil ?

Fermez vostre porte, dit saint Augustin au Juste, sur le Pseaume 141, de peur que le tentateur n'entre chez vouS. Il ne cesse pas de frapper pour entrer ; & s'il la trouve fermée il passe outre. C'est-pourquoy l'Apostre (Paul Ephésiens IV,27) qui sçait qu'il est en notre pouvoir de luy fermer la porte de nostre cœur, car c'est de celle-là qu'il parle, & non de celle de nos maisons, nous crie, ne donnez pas entrée au démon. Et ainsi s'il est enfin entré dans vostre cœur, & qu'il s'en soit rendu le maistre, c'est ou que qui vous en avez fermé la porte avec trop de négligence, ou que vous ne vous estes pas méme mis en peine de la fermer. C'est ce qui luy fait dire sur le Pseaume 7, qu'un homme a tort de s'en prendre à la fortune ou au destin quand il pèche, & qu'il ne peut pas meme en rejetter la faute sur le démon quu a tente parce que Dieu, dit il, a voulu qu'il fust en nostre pouvoir de ne luy pas consentir. [...]

Pourquoy aimez vous mieux suivre le démon qui vous sollicite au péché, que d'obéir à Dieu qui vous invite à la vie éternelle. Dites-moy donc, mes frères, je vous prie, pourquoy le démon vous engage-t-il a commettre le péché, puisque Dieu vous adonné le pouvoir de ne luy pas consentir, car Dieu est à la droite qui commande de faire le bien, le démon est à la gauche, qui propose le péché, & l'homme est au-milieu entre l'un & l'autre : "Pourquoy au-lieu de se porter à Dieu, se porte-t-il plutost du costé du démon ; Car enfin ce n'est point en usant de violence ou de contrainte, mais seulement par ses conseils & sollicitations que le démon nuit. Il ne nous arrache pas nostre consentement, mais il ne fait que nous le demander. Et ainsi ne l'aidons pas nous-memes contre nous-memes, & nous le surmonterons. A la vérité il nous sollicite au mal, mais Dieu nous assistant de sa grâce, c'est à nous à choisir ou à rejetter ce que cet ennemy de nostre salut nous inspire. (Jean Le Porcq, Les sentiments de Saint Augustin sur la grâce opposés à ceux de Jansénius, 1682 - books.google.fr).

La possession diffère de l'obsession, en ce que dans l'obsession le Démon agit au dehors, & dans la possession il agit au dedans (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, geographique et litteral de la Bible, Tome III, 1730 - books.google.fr).

Le péché mortel nous ferme la porte du paradis, et nous prive des félicités du ciel (Jean Leuduger, Bouquet de la mission composé en faveur des peuples de la campagne, 1825 - books.google.fr).

Matt Baglio dans son livre Le Rite donne des détails sur l'exorcisme. La possession démoniaque, en soi, n'est pas un mal ; elle n'est pas considérée comme un péché. De plus, chez aucune personne, il n'existe de prédisposition, physique ou autre, à l'état de possession démoniaque. La possession démoniaque n'est pas contagieuse. Une personne ne peut devenir possédée en restant assise dans une pièce avec une personne possédée, ou en vivant avec elle. En général, il faut qu'une personne ouvre la porte au Diable, ou qu'elle soit victime d'une personne qui a ouvert cette porte. Les pratiques occultes de magie et de divination sont également citées dans le même ouvrage, pour "ouvrir la voie vers la possession, soit à cause d'un péché plus grave commis par ces personnes, soit à travers leurs propres actions" (Jean-Christophe Richard, Les Possédées de Morzine Livre 2 – L’enquête historique: Phénomènes de possession 1857-1873, 2016 - books.google.fr).

En général, lorsque la possession est l'effet de quelque vice, la guérison n'arrive qu'après un changement de vie, et le mal revient souvent à la suite de nouvelles rechutes dans le péché (Joseph von Görres, La mystique divine, naturelle et diabolique, traduit Charles Sainte-Foi, 1862 - books.google.fr).

Selon saint Jérôme, "Porta diaboli est peccatum, sicut homo justus Spiritus sancti porte est" Sup. Epist. ad Ephes. c. 4, in illud, Nolite locum dare diabolo, p. 359, A, t. 9. : Le péché est la porte du diable, de même que l'homme juste est la porte de l'Esprit saint (Aurifodina universalis: Mine d'or universelle des sciences divines et humaines, théologiques et philosophiques, Tome 6, 1867 - books.google.fr).

Le péché de la France

L'apparition de la Vierge sur la montagne de La Salette, le 19 septembre 1846, est d'abord un événement d'intérêt local, inséré dans un cadre archaïque où la marque de l'Ancien Régime était encore très forte, sous le règne de Napoléon III.

Le fondateur de la Revue des études islamiques, Louis Massignon, correspondant de Charles de Foucauld et professeur au collège de France, souligne bien la perspective dans laquelle il convient de situer La Salette, comme épisode marquant de cette trame surnaturelle qui a produit, sous la Restauration, l'affaire Martin de Gallardon et la manifestation de la croix de Migné, étudiée par Claude Langlois, en attendant Lourdes (1858) et Pontmain (1871).

Le 19 septembre 1846 est donc un moment privilégié dans la vaste entreprise de culpabilisation centrée autour des thèmes du Péché, du Remords et de l 'Expiation, qui anime toute la théologie politique française entre le 21 janvier 1793 et - disons - le maréchal Pétain. Le thème de la France coupable prend de plus en plus consistance à partir de 1 830, au moment de la présentation de la médaille miraculeuse à Catherine Labouré, rue du Bac. Il se renforce sous la monarchie de juillet, comme le montrent les révélations dont est favorisée au Carmel de Tours, à partir de novembre 1843, soeur Marie de Saint-Pierre, une religieuse née à Rennes en 1816 et élevée dans une ambiance montfortaine, et il culmine en 1873 dans la B ible légitimiste qu'est le traité de Blanc de Saint-Bonnet sur La Légitimité. Au chapitre III, qui étudie les causes des revers subis par la Nation, le théoricien traditionaliste affirme expressis verbis : Le péché de la France est de s'être éloignée de son Dieu.

Il est donc sûr qu'autour des voyants, très tôt, s'est constitué un véritable réseau légitimiste.

Le deuxième temps de La Salette se déroule après 1870, dans le climat particulier qu'avaient nourri les événements dramatiques de la guerre, et qui débouchèrent sur une véritable mystique collective.

Le flot de ces écrits, ici, devient raz-de-marée, au point de constituer un genre littéraire spécifique, et l'on n'en fera pas l' inventaire - dressé ailleurs - sinon pour souligner, une fois de plus, la tonalité légitimiste d'une foule de textes prophétisant la venue du « Grand Monarque ». Plus exactement, les espoirs légitimistes s'amenuisant, leurs auteurs - comme l'abbé J.-M. Curicque, par exemple, auteur des Voix prophétiques (1872) - se situent dans la mouvance idéologique d'une sorte de néo-légitimisme, de plus en plus persuadé du rôle du surnaturel dans les sociétés humaines. L'abbé Henri Tomé-Chavigny, dans un Henri V prédit de 1875, prophétise, lui aussi, le retour du Grand Monarque, en se fondant sur Nostradamus. Il fut reçu par le colonel baron de Charette de la Contrie, qui avait recueilli sur le champ de bataille de Patay la bannière blanche frappée du Sacré-Coeur, brodée par les Visitandines de Paray-le-Monial, ce qui en dit long sur l'environnement idéologique de ce type de littérature. On se rappellera en effet que Charette et Caze nove de Pradines - qui demanda à l'Assemblée de s'associer, lors de la pose de la première pierre de la basilique du Sacré-Coeur, à cet acte expiatoire - sont des descendants des chefs de la chouannerie : le second, par exemple, était le gendre du comte de Bouillé, député chevau-léger de la Nièvre.

Le parallélisme entre les deux périodes de La Salette est donc éclairant, puisque la sphère cléricale relaie la sphère aristocratique dans la prise en charge de solidarités sociales confuses. Les comités catholiques eux-mêmes rassemblaient, autour des thèmes de la France coupable, de la consécration de la « fille aînée de l'Eglise » au Sacré-Coeur, le ban et l 'arrière-ban des « chevau-léger », paladins ultras et croisés de la contre-révolution : le baron de Belcastel, Joseph de la Bouillerie, Chesnelong, etc. et le peuple français ! Pour eux, sans doute, il s'agissait, conformément au vieux rêve légitimiste, de faire plébisciter le roi par le peuple. Au centre rayonnant de cette croisade expiatoire, dont les échos se prolongeront encore jusqu'au maréchal Pétain, La Salette n'est donc pas seulement le point numineux d'une géographie sacrée, mais le haut-lieu, nostalgique par excellence, d'une terre du remords, d'où sourdait surtout - à l'image de cette fontaine dite miraculeuse jaillie sur les lieux - le refus de la modernité. C'est cette question, me semble-t-i1, qui était posée sur la montagne. Elle ne tourmente heureusement plus les Français, dans les termes où elle se posait alors. Mais est-on sûr que notre modernité future sera exempte de tout remords ? (Jacques Marx, La Salette dans la théologie politique légitimiste - digistore.bib.ulb.ac.be).

Gabriel Lacoste de Belcastel (Toulouse, 21.10.1821 - Colomiers-Lasplanès [Hte-Garonne], 20.01.1890), était né dans une famille très royaliste, puisque son père avait participé à la conspiration du baron de Batz, sur la paroisse de Saint-Étienne, baptisé dès le lendemain par le chanoine Pagan. Ancien élève des jésuites de la rue de Vaugirard, il s'occupe de littérature et d'agronomie. Après avoir été un temps attaché au ministère de l'Intérieur et des cultes, il avait publié en 1867 La Citadelle de la liberté, ou la question romaine au point de vue de la liberté du monde. Élu en 1871 député de la Haute-Garonne à l'Assemblée nationale, il siégeait à l'extrême droite. Type accompli du chevau-léger, il prit l'initiative, avec un certain nombre de ses collègues, d'envoyer une adresse à Pie IX pour l'assurer de son adhésion au Syllabus. Il proposa aussi de distribuer en Algérie des terres aux Alsaciens-Lorrains, s'opposa à la fusion des légitimistes et des orléanistes, contribua au renversement de Thiers et s'opposa plus tard au recensement des congrégations. Il tenait un rôle des plus importants dans les assemblées générales des comités catholiques et des congrès eucharistiques, une des plus importantes organisations catholiques internationales de l'époque. Là encore, d'ailleurs, des organisations de terrain pouvaient se prévaloir d'un parrainage mystique puisque, en la personne d'une demoiselle Tamisier, elles possédaient une animatrice spirituelle secrète. Ladite Tamisier avait découvert sa vocation à la suite d'un pèlerinage à Paray-le-Monial en juin 1873, et elle organisera elle-même ultérieurement des pèlerinages locaux. Le but des congrès eucharistiques était de restaurer un Etat chrétien et de travailler à l'extension du règne social du Christ, un objectif qu'elle espérait atteindre par la fondation d'une Société du règne social de Jésus-Christ, dont la visée était de faire reconnaître les droits divins sur les sociétés civiles et temporelles (Jacques Marx, Le péché de la France: surnaturel et politique au XIXe siècle, 2005 - books.google.fr).

En 1873, Belcastel coordonna le pèlerinage national à Paray-le-Monial qui voua la France au Sacré-Cœur. Il organisait des pèlerinages en Terre sainte. Emilie Tamisier sera l'éminence grise du Hiéron Val d'or (Pierre Guillot, Déodat de Sévérac: la musique et les lettres, 2002 - books.google.fr, Le Prieuré de Sion : Prologue : Hiéron Val d’Or : constance et inconstance dans le Verseau).

Barlaam et Josaphat sont fêtés dans le calendrier (Pétin) le 27 novembre.

Dans Barlaam, temps profane et temps païen (diabolique) ne font qu'un. D'une prophétie, le père de Josaphat — au symbolique nom d'Avenir — apprend que son fils est destiné à devenir chrétien. Pour déjouer ce destin, Avenir enferme le jeune homme dans un château, afin que Josaphat ne puisse «voir de ce monde (siecle) aucun signe de dégradation, nulle tristesse, maladie, vieillesse ou pauvreté, mais uniquement joie et plaisir» (464 sq.).

Le nom même du roi, Avenir - du latin ad-venire « ce qui est à venir » -, fait de ce personnage une allégorie du futur : il est le représentant de ce qui n'est pas encore accompli mais est appelé à l'être, des potentialités ouvertes par un temps non encore réalisé, de tous les possibles ; il est ainsi à même d'être le lieu des transformations, de l'évolution, de la « révolution » qu'il sera amené à connaître ; bref, il est figure du Temps (Jean-Pierre Perrot, Figures du temps et logiques de l'imaginaire en hagiographie médiévale, Revue des sciences humaines, Numéro 251, 1998).

Le carré SATOR, présent à Valbonnais sur un axe nonagonal du 26 novembre comme La Salette, admet une interprétation, issue des livres de Gérard de Sède, qui fait la part belle à la notion ouverture, et au dieu Baal (cf. Baalon près de Stenay). La notion de trangression est liée, ouverture vers la réalisation des possibles pas toujours autorisées par des "autorités" décidant du "bien" et du "mal" (Axes nonagonaux : 26 novembre : La Salette ou le roi à venir).

Psaumes 7 et 141

En reprenant les références d'Augustin des psaumes 7 et 141, on se rend compte que La Vraie Langue Celtique aux pages correspondantes 7 et 141 parle respectivement des "armata comitia" et des "soldurii".

Dans un mémoire sur l'origine des langues celtique et française, Duclos, né à Dinan en 1704, secrétaire perpétuel de l'Académie Française, s'exprime ainsi: « A défaut de monuments, c'est-à-dire d'ouvrages écrits, nous n'avons d'autres lumières sur la langue celtique que le témoignage de quelques historiens, desquels il ressort que la langue celtique était commune à toutes les Gaules. Les Gaules étaient divisées en plusieurs états (civitates), les états en pays (pagi) qui tous se gouvernaient par des lois particulières, et ces états formaient ensemble un corps de république, qui n'avait qu'un même intérêt dans les affaires générales. Ils formaient les assemblées civiles ou militaires; celles-ci appelées comitia armata, ressemblaient à l'arrière-ban. Donc, nécessité d'une langue commune pour que les députés pussent conférer, délibérer et former sur le champ des résolutions qui devaient être connues des assistants; et nous ne voyons dans aucun auteur qu'ils eussent besoin d'interprêtes... (VLC, p. 7)

On peut observer que dans le récit de la guerre contre les Aquitains, César parle seulement de l'institution des soldurii, sans affirmer d'ailleurs que les soldures n'existassent point dans les autres parties de la Gaule. Ce terme de soldures, qui dans la langue basque n'offre aucune idée à l'esprit, présente, au contraire, dans la langue des Tectosages, un sens parfaitement en rapport avec l’institution elle-même. C’est les soldat dévoué à son chef, à la vie, à la mort ; il vivra ou mourra avec lui, et les accidents de la guerre ne les sépareront pas ; la vie du soldure ne durera pas plus que la vie de son chef. – Soul (sôl), vie, âme. – to dure (dioure), durer.– (VLC, p. 141)

L'espèce de pacte réciproque qui unissait au patron les clients appelés soldurii, rappelle un peu les liens féodaux entre le noble vassal et le suzerain. César nous montre le guerrier Adcantuanus accompagné de six cents de ces soldurii ; puis il ajoute : « Telle est la condition de ces hommes, qu'ils jouissent de tous les biens de la vie avec ceux auxquels ils se sont consacrés par un pacte d'amitié. Si leur chef périt de mort violente, ils partagent son sort et se tuent de leur propre main. Il n'est pas arrivé, de mémoire d'homme, qu'un de ceux qui s'étaient dévoués à un chef par un pacte semblable ait refusé de mourir aussitôt que ce chef était mort. » Comme pendant à ce tableau tracé par Jules César, Tacite fait une belle peinture du dévouement des comites ou compagnons des chefs germains. Si ce dévouement semble avoir quelque chose de moins absolu, de moins imposé, si l'on peut s'exprimer ainsi, que celui des clients gaulois, il n'en est pas moins noble et moins complet (Albert du Boys, Histoire du droit criminel des peuples européens, Periode barbare, periode de preponderance ecclesiastique, 1865 - books.google.fr).

Charles Pinot Duclos né à Dinan le 12 février 1704 et mort à Paris le 26 mars 1772, est un écrivain et historien français. Protégé de Madame de Pompadour et de Madame de Tencin, très répandu dans tous les salons philosophiques et les cafés littéraires, membre de la société du Caveau, il fut nommé à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1739 sans que rien le justifiât. Les citoyens de Dinan le nommèrent maire de leur ville en 1744. Le 26 janvier 1747, il fut reçu à l’Académie française alors qu’il n’avait composé que trois romans, un ballet et un essai historique, l'Histoire de Louis XI (1745). En 1750, il remplaça comme historiographe de France Voltaire, qui partait pour la Prusse. À l'Académie, il soutint généralement le parti des Philosophes, mais sans en faire partie car les excès de ses membres l’irritaient. En 1763, Duclos reçut la recommandation pressante de quitter la France après qu’il eut pris le parti de son ami et compatriote La Chalotais contre le duc d’Aiguillon. Il voyagea en Angleterre (1763). En 1766, ayant trop vivement critiqué la condamnation de La Chalotais, il dut faire un voyage en Italie et écrivit à son retour ses Considérations sur l’Italie, qui ne furent publiées qu’après la Révolution (fr.wikipedia.org - Charles Pinot Duclos, Charles Pinot-Duclos, Oeuvres, Tome 1, 1821 - books.google.fr).

Le Caveau est une association festive et chantante qui va servir plus tard de modèle aux goguettes. Piron, Charles Collé, neveu de Jean-François Regnard, et Crébillon fils sont les fondateurs des Dîners du Caveau, connus par l'esprit et la gaité des convives qui s'y rassemblent. Un certain nombre de convives, pendant dix ans, de 1729 à 1739, complètent successivement la Société du Caveau. Ce sont tous des hommes, aucune femme n'est admise ou même simplement pressentie. Ils seront en tout une vingtaine : Piron, Collé, Gallet, Crébillon fils, Fuzelier, Sallé, Saurin fils, Saurin père, Duclos, Labruère, La Noue, Gentil-Bernard, Moncrif, Charles-François Panard, Helvétius, le peintre François Boucher, le musicien Jean-Philippe Rameau et le chanteur Pierre Jélyotte, venu de Toulouse, gloire de l'Académie royale de Musique et surnommé « le rossignol gascon » (fr.wikipedia.org - Société du Caveau).

Comme arrière-ban, les armata comitia sont à rapprocher des légitimistes appelés ainsi ironiquement par le républicain Adolphe Bouillet, homme de lettres, auteur de nombreux pamphlets (pseudonyme: Cacambeau). Propriétaire à Saint Amour, on lui doit notamment l'ouvrage en trois volumes « Les Bourgeois-gentilshommes de 1871 », satire de la noblesse de la région de Saint-Amour (Adolphe Bouillet, L'armée d'Henri V.: Bourgeois-gentilshommes, Arrière-ban de l'ordre moral 1873-1874, 1874 - books.google.fr, robert.faverge.pagesperso-orange.fr).

La biographie d'Adolphe Bouillet est moins connue. Nous savons que, professeur d'histoire de l'Académie de Paris, il a revu et corrigé L'Histoire de France, depuis l'apparition des Gaulois jusqu'à la révolution de 1789 d'Anquetil, rééditée en 1862, et a publié L'Armée d'Henri V. Les Bourgeois-Gentilhommes de 1871 (trois ouvrages complémentaires, parus de 1872 à 1874). De son activité de traducteur, nous ne connaissons que les Tragédies d'Eschyle, publiées en 1865. Cependant les longues préfaces ou introductions dont Bouillet accompagne ses travaux permettent de comprendre ses intentions et ses éthodes. Professeur d'histoire, Bouillet n'a pas pour métier d'enseigner la pratique de la traduction à ses élèves. Qu'il adopte une position d'historien (L'Histoire de France), de portraitiste (L'Armée d'Henri V) ou de traducteur, il s'interroge constamment et librement sur son rôle, et, plus particulièrement, sur la part de subjectivité que requiert son travail (Claire Lechevalier, L'invention d'une origine: traduire Eschyle en France : de Lefranc de Pompignan à Mazon : le Prométhée enchaîné, 2007 - books.google.fr).

En 1865, Bouillet donne pour la première fois sa place au sourire de la mer dans la traduction française du Prométhée enchâiné d'Eschyle, s'inspirant peut-être de "l'aspect joyeux de la mer" du commentaire de la même oeuvre par Henri Weil en 1862, ou du "rire énorme de la mer" du poème Obsession de Baudelaire (1860) (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Celui qui ne souriait pas).

La pratique de Bouillet, lui-même professeur d'histoire, s'enracine dans une position personnelle d'opposition face à l'Université, dans une volonté de ne pas se plier au génie de la langue française, de conserver au langage au langage d'Eschyle sa force et son énergie. Il s'agit pour le traducteur de mettre en évidence la cosmogonie dans ce qu'elle a d'étranger, en particulier dans l'imaginaire qu'elle évoque, et non de l'annexer dans un horizon littéraire français déjà bien établi (Claire Lechevalier, Monstrueuse ou sublime ? La réception de la cosmogonie eschyléenne en France, De Prométhée à la machine à vapeur: cosmogonies et mythes fondateurs à travers le temps et l'espace, 2004 - books.google.fr).

Les soldurii et comitia combattraient le "péché" de la France qu'il faut exorciser comme proposait d'exorciser la République de la Maçonnerie Robert Vallery-Radot dans Dictature de la maçonnerie (1934) (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : La Carte de La Vraie Langue Celtique : La messe basse est dite).

Le Cauchemar (1783) - Gravure de Thomas Burke d'après Johann Heinrich Füssli (1781) - fr.wikipedia.org

Le Psaume 142 [141 Vulgate] reflète peut-être les pensées de David lorsqu’il se cachait à cause de Saül dans la grotte d’Adoullam (1 S 22:1) ou dans la grotte du désert d’En-Guédi (1 S 24:1, 3).

Il est possible que le Psaume 7 ait pour cadre historique la malédiction de David par Shiméï (2 S 16:5-8) (wol.jw.org) :

Quand le roi David arriva à Baourim, un homme qui avait un lien de parenté avec Saül vint vers lui en criant des malédictions. Cet homme s’appelait Shiméï. C’était le fils de Guéra. Il lançait des pierres sur David et sur tous ses fonctionnaires, ainsi que sur le reste de sa troupe et sur les guerriers qui étaient à sa droite et à sa gauche. Shiméï maudissait le roi, en disant : « Va-t’en, va-t’en, assassin ! Vaurien ! Jéhovah te punit parce que tu as fait assassiner les proches de Saül et que tu lui as pris son royaume. C’est pourquoi Jéhovah donne la royauté à ton fils Absalon. Maintenant le malheur s’abat sur toi parce que tu es un assassin ! » (Deuxième livre de Samuel 16, 5-8 - wol.jw.org).

Ps. 141,7 : Fais-moi sortir du cachot pour que je loue ton nom. Que les justes fassent cercle autour de moi, car tu te montres bienveillant envers moi.

Seigneur, dit le Prophète, (c'est saint Augustin qui parle en expliquant le Psalm. 7) retournez en haut à cause de cette assemblée de Peuple qui vous environne... c'est-à-dire, cessez de nouveau d'être connu, parce que cette assemblée doit vous offenser & tomber dans le dérèglement que vous avez prédit, en disant : croyez vous que quand le Fils de l'homme viendra, il trouvera de la foi sur la terre ? Lors donc que dans l'assemblée des Peuples qui forment l'Eglise le péché se répandra avec ce débordement déplorable que nous voyons déja en grande partie, & que la charité de plusieurs se refroidira, alors les hommes souffriront cette disette & cette faim de la parole de Dieu, prédit par le Prophète Amos (ch. 2) & Dieu, pour punir son péché, qui aura éloigné de lui la lumiere de la vérité, remontera en haut ; ensorte qu'il n'y aura personnes, ou très-peu, qui ayent une foi pure & exempte de la corruption des fausses maximes & des opinions relâchées, ita ut à nullis aut per paucis percipiatur sincera fides à pravarum opinionum labe purgata. Le Prophète a donc raison de dire : Retirez-vous, rentrez encore une fois dans la profondeur de vos secrets, pour punir ce grand nombre de Chrétiens pécheurs que l'intelligence de la vérité abandonne en punition de l'abus qu'ils font du nom qu'ils portent sans en remplir les devoirs. Christianos deseret intelligentia veritatis etc. (Jean Hamon, Traités de Piété, 1675 - books.google.fr).

Jean Hamon, né à Cherbourg le 2 janvier 1618 et mort à Paris le 22 février 1687, est un médecin français. Janséniste et médecin de Port-Royal des Champs, il a écrit de nombreux livres médicaux et religieux (fr.wikipedia.org - Jean Hamon).

Dans le poème satirique Arrière-ban de l'Eglise militante du Régiment, composé à l'occasion de la prise de Candie, tous les ordres d'Église, du pape au moine sont transformés en autant de soldats dans l'armée levée par la Calotte (Arrière-ban de l'Eglise militante du Régiment - satires18.univ-st-etienne.fr).

Crétois et miel

Les anciens avaient bâti en différentes contrées certains monuments appelés labyrinthes, et les plus renommés étaient celui de Crète attribué à Dédale, et celui d'Egypte, dont le savant architecte était demeuré inconnu. (VLC, p. 84)

...on n'est guère surpris que les Grecs aient inventé, au sujet de ces énormes pierres, dont ils ignoraient la signification et placées sur le sommet des collines, leur fable des géants aux longs cheveux, au regard farouche, cherchant à escalader le ciel, et entassant Ossa sur Pélion et l'Olympe sur Ossa. L'arête de la colline porte le nom languedocien de Sarrat Plazént (colline aimable), et en même temps le nom celtique de Goundhill, dont Sarrat Plazént n'est que la traduction littérale – good (goud), bonne, douce.– hill, colline –. (VLC, p. 239)

Plus encore que l'Egypte, la Grèce antique a donné ses lettres de noblesse au miel. Zeus en personne fut nourri grâce à une corne miraculeuse qui était remplie du lait de la chèvre Amalthée et du miel du mont Ida ; deux nymphes, les Mélisses, étaient chargées du bébé divin : telle est la légende crétoise. Il est significatif de constater que dans l'autre légende qui situe la naissance de Zeus en Arcadie sur le mont Ida ou sur le mont Lycée, le miel fait toujours partie de sa nourriture avec le lait de chèvre ; ce sont parfois les abeilles qui viennent le nourrir directement. Une autre légende de la mythologie grecque veut que dans la caverne sacrée où Rhéa enfanta Zeus, quatre voleurs cherchèrent à s'emparer du miel ; les abeilles se ruèrent sur eux. Mais ils ne pouvaient pas mourir dans ce lieu divin, surtout après avoir touché le miel ; le jeune Zeus les changea alors en oiseaux pour les protéger de la mort. La mythologie prétend aussi que Glaukos, le fils de Minos, eut la chance de tomber dans une jarre de miel. D'après les textes des Orphiques, au temps de l'âge d'or, c'est-à-dire lors de la création du monde, le miel coulait des chênes et Kronos dormait ivre de miel. Ce fut le premier sommeil du monde. Télèphe, le fils d'Héraclès était célébré par des statues que l'on retrouvait partout où il y avait des pâturages pour les chèvres et des essaims d'abeilles, ce qui recouvre quand même une grande partie de la Grèce ! Pour les Grecs le miel reste donc en premier lieu la nourriture des Dieux (Jacques Goût, Le Miel et les hommes, 1991 - books.google.fr).

Les ruches des abeilles sont comparées au labyrinthe de Dédale par Virgile dans les Géorgiques Livre IV :

"Dedala fingere testa" : Comme il y a beaucoup de detours dans les ruches des abeilles, Virgile les compara au labyrinthe de Dédale. C'étoit un excellent architecte. Il quitta la ville d’Athénes, & vint offrir ses services au Roy Minos dans l’Isle de Crète, où il construisit un labyrinthe avec tant d'artifice, que ceux qui y étoient entrez n’en pouvoient sortir. Il y fut retenu luy-même prisonnier avec son fils Icare. Mais il trouva le moyen de se faire des ailes aussi bien qu’à Icare, pour s'envoier, l'artifice réussit à Dédale & non pas à Icare qui s'approchant trop pres du Soleil, fit fondre la cire dont les ailes étoient attachées, & fut précipité dans la mer (Les Oeuvres De Virgile, Tome 1, Jean Claude Fabre, 1721 - books.google.fr).

Les aventures légendaires de Thésée, d'Ariadne, du Minotaure, de Dédale et du labyrinthe crétois nous sont connues dès le début des lettres grecques, au VIIIe siècle avant J.-C, par l'Iliade et l'Odyssée, puis par les auteurs tragiques et les mythographes du Ve siècle, ensuite essentiellement par Plutarque, Vie de Thésée, 15-23, composée vers l'an 110 de notre ère. L'auteur du XVIIIe chant de l'Iliade termine sa description du bouclier rond d'Achille, au centre, en évoquant la place de danse, khoron "que jadis, dans le vaste territoire de Knossos, Dédale aménagea, èskesen, pour Ariadne aux jolies boucles". Voyez encore Ovide, Métamorphoses, VIII, v. 131-176. Arthur Evans, fouillant depuis mars 1900 les ruines de comme le "Palais du roi Minos" à Knossos, croyait pouvoir trouver l'étymologie du mot labyrinthos dans le nom de la hache lydienne, labrys, et dans le nom du dieu de la ville de Labranda, en Carie, au sud-ouest de l'Asie Mineure, Labrandeus, porteur de la double hache, ce symbole que l'on voit tant de fois gravé sur les piliers ou sur les murs de Knossos. Mais, outre que les langues de la Lydie et de la Carie n'étaient pas nécessairement à l'époque romaine celles de Knossos à l'âge du bronze et que la demeure du Minotaure, bâtard maudit, ne pouvait être un palais, les étymologistes, rapprochant le mot labyrinthos des mots laura, corridor, passage étroit, et laurion, ensemble de galeries au parcours compliqué, terme communément employé en Crète aujourd'hui pour désigner une carrière ou une mine, analogue à celles d'argent du laurion en Attique, attirèrent l'attention sur les grandes cavernes de culte de la région de Knossos, d'une façon d'autant plus convaincante que les tablettes comptables du XIVe siècle avant J.- C. en écriture linéaire B mentionnaient un lieu de culte hors de Knossos, le da(i)daleion, et une Souveraine du labyrinthe, dapuritojo potinija, à laquelle était offert autant de miel qu'à tous les dieux réunis (Paul Faure, A la recherche du véritable labyrinthe de Crète, Un Fil d'Ariane pour le labyrinthe de Chartres: actes du Colloque européen des 3 et 4 juillet 1999, 1999 - books.google.fr).

Selon la légende, Glaucos, fils de Minos, serait tombé dans une jarre remplie de miel et s'y serait noyé (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Philolaos, les Bergers d’Arcadie et le cube).

Suivant Le Duchat, le nom du sucre candi vient de Candie, ancien nom de l'île de Crète : sucre candi, sucre dépuré et réduit en crystal. On dit aussi subst. mas., du candi (Napoléon Landais, Grand dictionnaire général et grammatical des dictionnaires français, A - G, 1855 - books.google.fr, La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : La Carte de La Vraie Langue Celtique : Carte et psaume).

Oui, ce jour-là, la douceur goutte à goutte a coulé des montagnes, le lait et le miel ont ruisselé des collines (Joël 3, 18), ce jour où, sous l'afflux de la justice versée du haut des cieux comme une rosée et tombée des nuées comme une pluie, la terre en liesse s'entrouvrit pour faire germer le Sauveur ; ce jour où, le Seigneur donnant sa bonté et notre terre en retour lui offrant son fruit, sur cette montagne suréminente, montagne imposante et fertile, la miséricorde et la vérité se rencontrèrent, la justice et la paix s'embrassèrent (Ps 84, 11) (Super missus) (Bernard de Clairvaux, Écrits sur la Vierge Marie, traduit par Bernard Martelet, 1995 - books.google.fr).

La magie copte, elle aussi, assigne une place spéciale au soleil. Même si l'apport de l'astronomie y est devenu moins important que dans le corpus plus ancien, de caractère païen, le soleil n'en est pas moins resté le plus puissant, le plus influent parmi les astres33. De ce fait, il n'est pas rare de retrouver ses puissances subalternes dans les textes magiques coptes. Comme dans les papyrus grecs, les compagnes du soleil dans les formules coptes relèvent autant de l'angélologie que de l'astronomie. Ainsi, dans un exorcisme de Leyde il est question, parmi les êtres célestes invoqués, d'abord, d'un «grand chérubin lumineux qui se lève avec le soleil» (ensuite adressé au pluriel!), puis, des «créatures (terme imprécis) qui se lèvent avec le soleil». On peut comparer un charitesion de Michigan où également le soleil est invoqué (chairetismos initial): «Salut, ô soleil ! qui donne la lumière! Salut, ces douze puissances qui l'entourent !». Si le nombre douze peut se rapporter soit aux signes du zodiaque, soit aux heures du jour, soit au nombre traditionnel des rayons du soleil, il est pourtant évident que ces «puissances» représentent plus que la simple personnification de l'une ou l'autre des ces réalités astronomiques. Dans «l'épiclèse magique» d'une incantation de Cologne, le Dieu-soleil doit faire descendre les douze puissances ("dunamis") afin que celles-ci communiquent «leur douceur» (c'est-à-dire la puissance lumineuse du soleil) au miel que le magicien lui présente. Il s'agit donc, tout au moins dans le cas présent, d'acolytes qui peuvent remplir des fonctions d'intermédiaires assez précises. Il y a tout lieu de rapprocher ces douze puissances qui entourent le soleil d'une catégorie semblable, soit des «liturges du soleil». L'assonance des épithètes suggère que ceux-ci, à leur tour, seraient à identifier aux «distributeurs, à savoir «distributeurs» de la rosée et de la pluie. Une formule du Caire précise, dans le contexte d'une autre «épiclèse magique», les rapports de ces anges «distributeurs» avec le soleil: «Salut, ô soleil! Salut, ô douze jeunes hommes qui abritent le corps du soleil ! Salut ô douze coupes pleines d'eau (dont) ils ont rempli leurs mains et qu'ils ont jetée dans les rayons du soleil de peur qu'ils ne brûlent les fruits des champs. Remplissez vos mains (et) faites descendre votre bénédiction vers ce calice-ci!». Comme l'a remarqué V. Stegemann, ces «douze jeunes hommes» sont à identifier aux «douze archanges» d'une formule magique de Michigan (J. van der Vliet, Les anges du Soleil, Études coptes, Volume 7, 2000 - books.google.fr).

Cyrille d'Alexandrie (Comm. in Io; 4, 6, 64) relève dans Jn 6,63 l'opposition entre la chair laissée à sa faiblesse naturelle et la chair unie au Verbe, mais, pour Cyrille, le Verbe remplit si bien, son corps de la puissance vivifiante de sa divinité que ce corps, sans rien perdre de sa nature, devient à son tour vivifiant :

Il serait parfaitement absurde en effet de penser, d'une part, que le miel introduit sa qualité propre dans ce qui ne possède pas la douceur par nature et transforme en lui ce avec quoi il est mélangé et, d'autre part, que la nature vivifiante du Dieu Verbe n'élève pas jusqu'à son propre bien le corps dans lequel elle a habité. De tous les autres il est donc vrai de dire que la chair ne serf de rien. mais cela n'est pas vrai du Christ seul, du fait que la Vie, c'est-à-dire le Fils unique, habite dans sa chair. C'est lui-même qu'il appelle esprit (Marie-François Berrouard, L'être sacramentel de l'eucharistie selon saint Augustin, Nouvelle revue théologique, Volume 99, 1977 - www.nrt.be).

Le psaume 84, associé au texte de Bernard de Clairvaux sur le miel, est employé au second nocture de la fête de l'Assomption (Breviaire François: Été II. Partie, Volume 2, 1767 - books.google.fr).

Le mot miel n'apparaît qu'à la page 103 de La Vraie Langue Celtique :

Le mot miel, en Kabyle tament, reproduit cette pensée que la douceur finit toujours par apprivoiser et dompter – to tame (tème), dompter, apprivoiser, to end, finir. (VLC, p. 103)

Au Mercredi des IV temps de septembre, le psaume 103 est employé, de même le texte d'Amos IX ("la douceur du miel desgouttera des montagnes") à l'introït (Missel de Paris latin-françois, imprimé par ordre de Mgr l'archevêque Charles Gaspar de Vintimille, 1739 - books.google.fr).

Le psaume 103 est réputé inspiré d'un hymne égyptien d'Akhenaton. La page 84 parle en effet des labyrinthes crétois et égyptien.

L'araignée

Le psaume 84 est à l'origine du motif des quatre filles de dieu dont le Dit écrit par Richier au XIIIème siècle (Sylvie Ballestra-Puech, Métamorphoses d'Arachné: l'artiste en araignée dans la littérature occidentale, 2006 - books.google.fr).

Même dans les versions les plus élaborées (comme le poème attribué à un certain Richard), où la parabole, c'est-à-dire ce que l'on pourrait, à la rigueur, appeler un «roman», n'est expliquée qu'à la fin, l'allégorie demeure transparente, et renvoie constamment à la vérité supérieure. Ceci par le simple fait que les filles de Dieu s'appellent toujours Miséricorde, Vérité, Justice et Paix (Marc René Jung, Études sur le poème allégorique en France au moyen âge, 1971 - books.google.fr).

La métaphore textile y concerne à la fois ce qu'on appelle couramment aujourd'hui la trame narrative et le projet allégorique qui la sous tend, ces deux composantes étant d'emblée associées et opposées en tant que «fable» et «non-fable» :

Or primes est ma toile ourdie. / Or est il droi que je vous die / Dont et comment ele est cousue, Et de l'entree et de l'issue / Est raisons que je vous responde / Et mot à mot le vous desponde / Et face entendre apertement / Ce que j'ai dit couvertement.

Ce huitain fait la transition entre le récit proprement dit et le commentaire allégorique qui le suit. Il mérite d'autant plus de retenir l'attention que l'auteur [...] a choisi de créer un effet de mystère en différant la révélation d'une signification venant éclairer «l'oscurte de la lettre». Le motif de l'entrée et de la sortie, a priori étonnant s'agissant d'une toile, peut évoquer l'image du labyrinthe si bien que le texte s'apparente à un espace où l'on s'égare, et l'on songe naturellement à la rencontre ultérieure entre la toile d'araignée et le labyrinthe en tant que métaphores de l'espace textuel conçu comme piège pour le lecteur (Sylvie Ballestra-Puech, Métamorphoses d'Arachné: l'artiste en araignée dans la littérature occidentale, 2006 - books.google.fr).

La Paix : abeilles et araignées

Maurice Scève consacre à l'araignée un emblème "l'Yraigne", symbole du piège amoureux, jouant sur la métaphore textile de l'écrit dans la lignée de Pétrarque.

Yraigne appelle Irénée, "paix" en grec, une des quatre filles de dieu. Cet Irénée est mise en relation avec un lieu proche de la Roque Mude, l'Arrenal sur la ligne gnostique commune de saint Polycarpe, dont le patron était le maître, selon la légende, du saint mort à Lyon.

C'est à Saint Irénée à Lyon que le Codex Bezae était conservé avant qu'il ne soit volé et confié à Théodore de Bèze qui l'offrit à l'université de Cambridge (Autour de Rennes : Superposition de dalles et Saint Sulpice).

Sur l'entablement d'un arc de triomphe consacré à l'archiduc Ernest, une colonne est érigée, entourée de deux serpents, figurant un gigantesque caducée, Une variante présente une lance entourée d'un serpent. Le serpent, plus précisément la couleuvre, apparaît dans une composition assez rare dans les fêtes, elle est placée sur l'ara pacis, signifiant l'état paisible et la santé de la nation. La colombe présente une symbolique très riche souvent exploitée : seule ou en couple (symbole de l'union conjugale), sans attribut ou porteuse du rameau d'olivier (signifiant la paix des nations), parfois dans un contexte biblique, près de l'arche de Noé (signe de l'alliance nouvelle avec Dieu). Directement inspiré des médailles antiques (mais également présent dans les textes sacrés), le couple du loup et de l'agneau couchés côte à côte signifie la réconciliation des ennemis. Les abeilles faisant leur ruche dans des armures abandonnées, ou les araignées y tissant leur toile symbolisent la cessation des luttes armées (voir l'abandon des armes) et le retour aux travaux de la paix. Ces petites scènes animalières ont une double signification : d'une part, elles symbolisent la cessation des combats par l'abandon des armes gisant pêle-mêle au sol, d'autre part, la substitution des métiers de la paix aux travaux de la guerre que représentent l'abeille industrieuse et l'araignée obstinée (en d'autre termes, la paix permet la reprise de toutes les activités économiques, sociales et artistiques d'une nation) (Marie-Noëlle Filipic, Les représentations de la paix dans les fêtes européennes de 1550 à 1600, 1998 - books.google.fr).

Ernest d'Autriche (né à Vienne le 15 juin 1553 et mort à Bruxelles le 20 février 1595) est un archiduc du Saint Empire, fils de Maximilien II et de Marie d'Espagne. En 1593, il devient gouverneur des Pays-Bas espagnols à Bruxelles. Le 30 janvier 1594, l'archiduc Ernest fait son entrée solennelle à Bruxelles. Mais son action à la tête de ces provinces sera de courte durée : le 20 février 1595, l'archiduc Ernest meurt de la gravelle à Bruxelles, âgé de 41 ans (fr.wikipedia.org - Ernest d'Autriche).

En Italie, dans les discours célébrant la paix au XVIème siècle, on retrouve l'araignée tissant tranquillement :

Giusto desio m'invita in questo giorno / Celebrare il natal lieto e felice / Del tuo novello rè, dei Toschi lidi / (Ch 'ha chiuso il nascer suo di Giano il Tempio) / Ond'io (di verde oliva armata il crine) / L'arme crudel di Marte e di Belona / Di sangue humano horibilmente tinte / Ardo di Giano avanti, al chiuso tempio. / Quel fero che coprio la testa el'petto / Inguardia, della fida accorta aragne / Perché sottil v'intessafine tele / E l'altrofo cangiare in migliore uso. (Suit un impressionnant défilé de vertus : Prudence, Force, Tempérance, Justice etc.). Ce discours reprend tous les motifs des inscriptions lapidaires citées précedemment : la fermeture du temple de Janus, les travaux de l'araignée dans les armes abandonnées, leur conversion (en instruments de paix), également l'abondance perpétuelle qui apparaît dans la suite du discours (Marie-Noëlle Filipic, Les représentations de la paix dans les fêtes européennes de 1550 à 1600, 1998 - books.google.fr).

L'araignée est prise en mauvaise part, chez François de Sales et dans une poésie du persan Saadi rapportée par le Chevalier Chardin, diamantaire de son état.

Les araignées ne tuent pas les abeilles, mais elles gâtent et corrompent leur miel, et embarrassent leurs rayons des toiles qu'elles y font; en sorte que les abeilles ne peuvent plus faire leur ménage; cela s'entend quand elles y font du séjour. Ainsi le péché véniel ne tue pas notre âme, mais il gâte pourtant la dévotion et embarrasse si fort de mauvaises habitudes et inclinations les puissances de l'âme, qu'elle ne peut plus exercer la promptitude de la charité, en laquelle gît la dévotion. Mais cela s'entend quand le péché véniel séjourne en notre conscience par l'affection que nous y mettons. Ce n'est rien, Philothée, de dire quelque petit mensonge, de se dérégler un peu en paroles, en actions, en regards, en habits, en jolivetés, en jeux, en danses, pourvu que, tout aussitôt que ces araignées spirituelles seront entrées en notre conscience, nous les en reclassions et bannissions, comme les mouches & miel font les araignées corporelles. Mais, si nous leur permettons d'arrêter dans nos cœurs, et non-seulement cela, mais que nous nous affectionnions à les retenir et multiplier, bientôt nous verrons notre miel perdu, et la ruche de notre conscience empêtrée et défaite (François de Sales, Introduction à la vie dévote à l'usage des maisons d'éducation (1608), 1860 - books.google.fr).

L'araignée dit un jour à la mouche à miel: Si tu me prenois avec toi je ferois du miel, comme tu en fais et même plus: l'abeille la crut; mais comme elle vit que l'araignée ne faisoit rien qui vaille, elle la piqua de son aiguillon. L'araignée se sentant mourir, dit en elle-même: Je mérite bien la mort, moi qui ne pouvant faire de la poix, ai voulu faire du miel (Sir John Chardin, Voyages du chevalier Chardin en Perse, et autres lieux de l'Orient, Tome 5, traduit par François Pétis de La Croix, Louis Langlès, 1811 - books.google.fr).

Jean Chardin, dit le «Chevalier Chardin», né le 16 novembre 1643 à Paris et mort le 5 janvier 1713 à Chiswick, est un voyageur et un écrivain français, surtout connu pour sa relation de ses séjours en Perse et en Orient à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Fils d’un bijoutier protestant de la place Dauphine, et bijoutier lui-même, Jean Chardin se rend en Perse et en Inde en 1665 pour y faire le commerce des diamants. Il repart pour la Perse en août 16713, en faisant cette fois-ci un long périple qui le mène à Smyrne, à Constantinople, en Crimée, dans le Caucase et en Géorgie. Il arrive à Isfahan en juin 1673, accompagné du dessinateur Guillaume-Joseph Grelot, reste quatre ans en Perse, apprend le persan, le turc, l’arabe, et retourne en Inde avant de revenir en Europe en 1680 en passant par le Cap de Bonne-Espérance. Constatant à son retour que les protestants sont persécutés en France, il se rend, comme tant d'autres huguenots, le 14 avril 1681 en Angleterre, où Charles II lui décerne le titre de chevalier dix jours après son arrivée à Londres, lui remettant la décoration de sa propre main. Le même jour, il y épousa une jeune Rouennaise qui avait également fui la France pour se soustraire aux dragonnades. Charles II le nomme bijoutier de la cour et son plénipotentiaire auprès des États de Hollande. Il est élu membre de la Royal Society en novembre 1682. Choisi par la Compagnie anglaise des Indes orientales pour son agent auprès des mêmes États, il se rend ensuite en Hollande, profitant de son séjour à Amsterdam pour publier, en 1686, la première partie des Voyages de monsieur le chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l’Orient, édition plus étendue que la première, qui avait paru à Londres en 1685. Empreints d’un sens aigu de l’observation et considérés par les spécialistes comme une source historique importante sur la culture et la civilisation persanes de l’époque, les Voyages de Chardin conservent encore aujourd’hui un intérêt considérable (fr.wikipedia.org - Jean Chardin).