Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Prologue   Hiéron Val d’Or : constance et inconstance dans le Verseau   
PRIEURE DE SION HIERON VAL D'OR VERSEAU POULPE COEUR SERPENT ROUGE

Le feuillet des Dossiers secrets de Toscan du Plantier (doc 6) titré «Le Hiéron du Val d’Or» daté des 5 ou 6 février et 24 juin 1926, dont la source du texte n’a jamais réellement été déterminée avec exactitude. Le texte imprimé dans le dossier Lobineau est unn montage provenant d'extraits du livre de Paul Le Cour «L’Ere du Verseau», édition de 1962 (Le Hiéron du Val d’Or : Montage d’une notice à l’usage du Prieuré de Sion - lemercuredegaillon.free.fr).

Jeanne Lépine-Authelain, collaboratrice des époux Noaillat, secrétaire de l'Association du Hiéron qui resta longtemps en correspondance avec Paul Le Cour, est décédée avec Marthe de Noaillat « asphyxiées par les émanations délétères d'un poêle le 5 février 1926 » (Stefano Salzani, PierLuigi Zoccatelli, Hermétisme et emblématique du Christ dans la vie et dans l'oeuvre de Louis Charbonneau-Lassay (1871-1946), 1996 - books.google.fr).

Symbolique du poulpe : l'inconstance

Chez Jean-Pierre Camus, qui, de loin, a le registre le plus étendu, l'image privilégiée est celle du poulpe, prisme aquatique qui capte les couleurs et les reflète aussitôt. Il l'associe, bien sûr, à d'autres images évoquant la variabilité pour désigner soit l'inconstance de l'homme :

"C'était un miroir que son coeur ou les obiects des beautez estoient aussitost effacez que promptement empreints. C'était un poulpe recevant toutes les couleurs des lieux ou il s'attache [...] à leur comparaison les gyrouettes se peuvent dire constantes" (L'Amphitheatre sanglant, 1,14, p. 204)

soit celle de la femme, traditionnellement muable et volage, selon le topos bien ancré depuis la Bible :

"[son] coeur est un poulpe prenant la couleur de tous les objets qui luy plaisent [...]" (id., p. 217) (Anne de Vaucher Gravili, Loi et transgression: les histoires tragiques au XVIIe siècle, 1982 - books.google.fr, La Croix d’Huriel : La Croix d’Huriel et le loup : La Croix d’Huriel et l’antimoine).

Le pouple est un habitant des profondeurs marines. Ses changements de couleur suivant là où il se trouve sont rappelés par Pierus (XVIème siècle) (Giovan Pietro Pierio Valeriano, Les hieroglyphiques de Ian-Pierre Valerian, vulgairement nomme Pierius, 1615 - books.google.fr).

On lit encore que, lorsqu'ils vouloient désigner un homme qui savoit s'accommoder aux tems et aux circonstances, ils dépeignoient un poulpe attaché à un rocher, prenant la couleur du lieu où il se trouvoit : les grecs avoient adopté généralement cette comparaison, qu'ils pui sèrent dans la langue sacrée des prêtres égyptiens :

Marinae bestiae colori / Mentem potissimum advertens / In urbibus omnibus versatur (Pindare).

Deux poulpes, réunis par l'entrelacement, annonçoient le solstice d'hyver, parce qu'ils prétendoient que c'était dans cette saison que ces mollusques se livroient à l'amour, et qu'alors ils se joignoient d'une manière intime (Pierre Denys de Montfort, Histoire naturelle, générale et particulière des molusques, animaux sans vertèbres et à sang blanc, Tome II, 1802 - books.google.fr).

Le Sacré Coeur et le 6 février

Si nous sommes dans un abîme d'infidélité & d'inconstance, le Cœur de Jésus-Christ est un abîme de constance & de fidélité ; abîmons-nous-y, nous y trouverons un amour constant: à nous aimer & à nous faire du bien (Instructions, pratiques et prières pour la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus : l'office, vespres et messe de cette dévotion, G. Valleyre, 1765 - books.google.fr).

Un bref de Clément XIII du 6 février 1765 instaure un office et une messe propres du sacré Cœur de Jesus, à la demande de la plupart des évêques de Pologne et de l'archiconfrérie du sacré Cœur, établie à Rome (Jean-Félix-Henri de Fumel, Le culte de l'amour divin dans la dévotion au Sacré coeur de Jésus suivi de paraphrases morales, 1827 - books.google.fr).

«Le 25 aoút 1856 un décret de la Sacrée Congrégation des Rites prescrit de célébrer, dans toute 1'Église, la fête du Sacré-Coeur le vendredi qui suit l'octave du Saint-Sacrement. Léon XIII, le 28 juin 1889, l'élève au rite double de première classe ; Pie XI, 6 février 1929, lui donne rang de fête de première classe avec octave privilégiée. Voilá promue aux plus grand honneurs liturgiques, l'humble dévotion que, de 1697 à 1765, Rome avait voulu ignorer. C'est le triomphe.» (Lusitania sacra, Centro de Estudos de Historica Eclesiastica, Universidade Católica Portuguesa. Centro de Estudos de História Religiosa, 1997 - books.google.fr).

On retrouve fréquemment chez Rosset les thèmes de la constance et de l'inconstance (voir les prologues des histoires I, VIII, XVII) chers au néo-stoïcisme du début du XVIIe siècle (Richard Crescenzo, Entre nature et loi : l'enfant dans les Histoires tragiques de François de Rosset, Autour de l'enfance, 1999 - books.google.fr).

A l'issue de sa condamnation au bûcher à Toulouse, l'exécution du philosophe libertin Vanini date du 6 février 1619, alors que le privilège du livre de Rosset a été accordé le 21 août de la même année (Histoire V : « De l'exécrable docteur Vanini, autrement appelé Luciolo, de ses horribles impiétés et blasphèmes abominables, et de sa fin enragée ») (Colette Becker, Le Roman au XVIIe siècle, 2015 - books.google.fr).

Le Hiéron Val d'Or

Le choc de la Révolution française, né de la philosophie des Lumières, qui consacra l'autonomie du politique et l'avènement de la société industrielle, fille du libéralisme économique et politique, allaient déclencher un véritable séisme dans l'univers et dans l'imaginaire d'une partie du monde catholique. Submergés par une vague de sécularisation qui devait déboucher sur la séparation de l'Église et de l'État et la condamnation des erreurs modernistes par l'encyclique « Pascendi Dominici Gregis » en 1907, ultramontains et légitimistes pour qui « tout était concrètement surnaturel » selon l'expression de Mgr Pie, entamaient pour certains une véritable dérive mystique. Les années qui suivirent la défaite de Sedan et la Commune de Paris furent dominées par la volonté chez beaucoup de déchiffrer les signes des Temps. Paris, la moderne Babylone n'avait-elle pas expié dans les flammes du siège et de la guerre civile les fautes de la France révolutionnaire ? Sedan n'était-il pas le châtiment dû pour avoir abandonné la cause de Pie IX ? L'heure ne s'ouvrait-elle pas à la repentance et de l'attente d'une régénération, qui verrait le retour de la France à la religion et la restauration de la monarchie chrétienne ? Les temps étaient proches... Ainsi parlaient évêques et prédicateurs » (Jean Marie Mayeur, Mgr Dupanloup et Louis Veuillot devant les prophéties contemporaines en 1874. Revue d'histoire de la spiritualité XLVIII, 1972). Dès le 6 octobre 1870, du haut de sa chaire de la cathédrale de Poitiers, Mgr Pie rappelait que « La France avait commis un crime national, social et qu'il fallait faire au Cœur de Jésus une consécration qui soit une réparation nationale, publique. Il fallait le faire régner sur cette terre de France qui ne serait plus la France si elle n'était plus une nation chrétienne » (Histoire du Cardinal Puie par Mgr Baumard, t. 2, p. 431). Paray-le-Monial, qui devait sa célébrité aux apparitions du Christ à Marguerite-Marie (1647 - 1690) de 1673 à 1675, succédant à Jean Eudes qui compose une messe en l'honneur des Sacrés Coeurs de Jésus et Marie, et à la suite des saint Bernard de Clairvaux (1090 - 1153) et saint Anselme (1033 - 1109), devenait en cette seconde moitié du XIXe le haut-lieu des pèlerinages « réparateurs » placés sous le règne du Sacré Cœur. En 1873, plus de 200 000 pèlerins défilèrent dans la petite cité bourguignonne. On avait pu reconnaître parmi eux, les volontaires de l'Armée de l'Ouest regroupés autour des héros de PATAY : SONIS et CHARETTE. Le député légitimiste toulousain, Gabriel de BELCASTEL avait consacré avec cinquante de ses collègues, la France au Sacré Cœur dans le jardin de la Visitation. C'est en cette fin du mois de juin 1873, que le grand organisateur de ces manifestations, le Père jésuite Victor DREVON devait rencontrer un jeune Baron Russo-Espagnol Alexis de Sarachaga, âgé de 32 ans, avec qui il allait fonder une œuvre de dévotion qui devait devenir après sa mort en 1880, un centre ésotérique se proposant de travailler à la régénération des sociétés chrétiennes, grâce à un enseignement fondé sur la Tradition Primordiale. Ce courant original de l'ésotérisme chrétien publiera ses recherches pendant une trentaine d'années et recevra entre 1883 et 1890 l'approbation de deux Papes avant de sombrer dans l'Illuminisme, l'Hermétisme et le Prophétisme. [...]

Le Hiéron Val d'Or naît de la rencontre de l'arrière petit neveu de Thérèse d'Avila (Sarachaga) et de l'arrière petit-fils du chevalier Bayard (Drevon) en Juin 1873, selon M. de Noaillat (La société du Règne social de Jésus Christ, in Regnabit n° 2, 1ère année, juillet 1921). Face au positivisme et au scientisme du XIXème siècle, le Hiéron tenta de réintroduire le surnaturel dans le champ des connaissances en réunissant dans une vaste synthèse, science et religion. [...]

Emilie Tamisier sera l'éminence grise du Hiéron, fondatrice des Congrès Eucharistiques Internationaux. Membre du comité directeur de la revue "Règne de Jésus Christ", elle siège avec les jésuites de Lachaux de Marseille et Fristot de Lile et Sarachaga. Xavier Barbier de Montault (1830 - 1901) se consacrait à la symbolique et à l'iconographie. L"Institut des Fastes succédait à larevue en 1889, puis ce fut le Novissimum Organon, dont le titre s'inspirait du Novum Organon de Francis Bacon. Barbier de Montault quitta lacette dernière revue qui lui paraissait remplie d'élucubrations. Le Politicon apparaît ensuite reprenant la thèse d'un christianisme né en Atlantide avec le livre de Seth. Les "signes édeniques" étudiés par Stéphane d'Alcantara comptaient quatre signes primordiaux : le soeil d'Aor, emblème du soleil cosmique de l'Eucharistie ; la demi-lune, symbole de la femme qui doit enfanter ; le serpent non venimeux, symbole libérateur de la mort ; et le Tau, symbole de l'autel. Le Pam Epopeion lui succède en 1906, d'inspiration druidique toujours dirigé par Sarachaga, qui avait été mis en garde par Barbier pour acancer sans preuve de ses conjectures. En 1911, c'est l'Egide qui prend le relais jusqu'en 1916. [...]

Sarachaga, né en 1841, meurt le 4 mai 1918, à la Saint Lupin. Les hériters du Hiéron Val d'Or sont représentés par la revue Regnabit de l'abbé Anizan (1878 - 1944), rejointe par les époux Noaillat qui feront aboutir l'instauration de la fête du Christ-Roi en 1925, fête promue par le père Sanna Solaro en 1897 ; ainsi que par les aficionados de l'Ere du verseau. Paul le Cour y attendait le retour du Christ, comme Sarachaga lui en chair et en os (Le Hieron du Val d'Or et l'ésotérisme chrétien, Les contrées secrètes, Volume 12 de Politica Hermetica, 1999 - books.google.fr).

L'extrait des Dossiers secrets mentionne justement une glose sur Aor, racine hébreue signifiant "lumière".

Le Cour reconnaît de la légitimité à l'émeute ouvrière du 6 février 1934, derrière le drapeau rouge (le Labarum, l'Étendard de Saint-Denis), d'abord parce que c'est le mois du Verseau, et ensuite parce que le bonnet rouge, le bonnet phrygien coiffe Ganymède et les affranchis. Néanmoins l'Aquarius, ou «Porteur d'Eau», est à Rome un esclave public chargé de ravitailler les particuliers, de nettoyer la voirie, de veiller aux fontaines et sources. C'est un métier pénible et ingrat, mais indispensable. Au Moyen-Orient, l'homme qui porte une cruche est déconsidéré, parce que c'est un accessoire féminin. « Vous suivrez un homme portant une cruche d'eau » est un verset qui prend tout son sens dans ce contexte. On retrouve cet extrait chez Claude de Saint-Martin (1743-1803), dans Le Nouvel Homme, puis chez Le Cour dans L'Ere du Verseau, puis dans les Manifestations Posthumes. Aquarius est un être pauvre, modeste, en butte aux moqueries. Lorsque l'équinoxe entrera dans cette constellation sera réalisée la parole des Béatitudes : « Heureux les pauvres, car ils verront Dieu ». Pour Saint-Martin, cet homme avec une cruche d'eau est « le précurseur de la sainte alliance qui ne peut se contracter qu'après la purification parfaite ». L'homme qui exerce un métier féminin, la femme qui a une activité d'homme, ne seront plus dénigrés. Tel est le sens d'Aquarius, l'union des contraires. Hommes et femmes seront sur le même piédestal (L'ère du Verseau, Les contrées secrètes, Volume 12 de Politica Hermetica, 1999 - books.google.fr).

L'extrait des Dossiers secrets mentionne bien le drapeau rouge de Saint Denis.

Le 6 février n'est pas particulièrement une émeute ouvrière même si le PC défila aussi ce jour-là.

La date du 6 février 1934 fait référence à une manifestation antiparlementaire organisée à Paris devant la Chambre des députés par des groupes de droite, des associations d'anciens combattants et des ligues d’extrême droite pour protester contre le limogeage du préfet de police Jean Chiappe à la suite de l'affaire Stavisky. Mais l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC), satellite du Parti communiste français, appelle également ses troupes à défiler le 6 février, bien que sur un mot d'ordre radicalement contraire, puisqu'elle réclame l' « arrestation immédiate de Chiappe!»

Parmi la population, manifestants ou badauds, on relève 14 morts et 657 blessés, mais 2 d'entre eux décèderont plusieurs mois plus tard des suites de leurs blessures. 14 tués et 62 blessés l'ont été par balle : des munitions de pistolet de 7,65 mm mortelles jusqu'à 400 m. Le Parti communiste signale 2 blessés par balle parmi ses membres, 1 parmi ses sympathisants. Au moins 4 des 20 manifestants tués recensés par l'Action française n'appartenaient à aucune association politique (fr.wikipedia.org - Crise du 6 février 1934).

Le Verseau

Le 6 février est tout de même une date dans le signe du Verseau (20/21 janvier au 19/20 février) (fr.wikipedia.org - Verseau (astrologie)).

Pour Le Cour, le vase de Ganymède et le Graal sont une seule et même chose. L'œuvre alchimique, art d'Hermès, se pratique avec des vases en ce qui concerne la voie humide. Ces récipients sont dits « vaisseaux », qui sont dans le corps humain le véhicule du sang et de la lymphe. Harvey, médecin et adepte, découvrit la circulation du sang, dont le centre est le cœur. L'homme devient l'objet d'une alchimie intérieure, dont le Christ est la plus belle réalisation, la Pierre Philosophale, compréhension et manifestation de la de la beauté dans tous les plans, écrit Le Cour. Paracelse (1493-1541), prophète apocalyptique et racine des mouvements Rose-Croix, applique l'alchimie à sa conception de l'homme. Le Hiéron, incontestablement initié, tenait la Maçonnerie pour œuvre diabolique et se réclamait du Temple: «L'Ordre du Temple a existé, Mathéma (un mystérieux adepte du Hiéron) dans la Pierre et l'Or nous révèle un profond secret » (Lettre de Jeanne Lépine à Paul Le Cour du 20 janvier 1925). [...] «Monsieur de Sarachaga était un initié Templier-Jésuite chargé d'une œuvre de diffusion préparatoire à la grande évolution qui se prépare pour l'an 2000 (pour moi, c'est l'an 2147 environ), avènement du signe du Verseau », pensait Le Cour au terme de son "parcours initiatique" (Lettre de Le Cour à Jeanne Lépine du 6 février 1925) (L'ère du Verseau , Les contrées secrètes, Volume 12 de Politica Hermetica, 1999 - books.google.fr).

On a de l'inquisiteur Pierre de Lancre, conseiller du Roy au Parlement de Bordeaux un Tableau de l'inconstance et instabilité de toutes choses, où il est monstre, qu'en Dieu seul gist la vraye Constance à laquelle l'homme sage doit viser (Robret Yve-Plessis, Essai d'une bibliographie française méthodique et raisonnée de la sorcellerie (1900), 1970 - books.google.fr).

Poulpe - Encre - Eau bénite

L'encre des seiches naît dans une bourse membraneuse expressément destinée à cet usage. L'organe sécrétoire est un velouté fin et long, adhérent à Tune de» parois de la bourse. Il en suinte une bouillie noire très-épaisse , mais dont les molécules sont si tenues, qu'elle se délaye presque à l'infini, et qu'une petite parcelle peut teindre en noir un volume d'eau énorme. C'est cette bouillie qui, tirée de sa bourse et desséchée, forme la couleur nommée Sepia par les peintres; lorsqu'on la prend dans la seiche commune, elle y est d'un brun noir. Le poulpe l'a plus noire, et Yencre de la Chine n'est bien certainement pas autre chose que la production de quelque espèce de poulpe de ce payslà. Ce seroit donc vainement qu'on chercheroit à l'imiter par des mélanges artificiels. L'analyse chimique y a reconnu un carbone très - divisé, mêlé à un gluten animal. La bourse de l'encre du poulpe est enveloppée entre les deux lobes du foie, ce qui a causé l'erreur de quelques modernes qui ont regardé l'encre comme analogue à la bile (Georges Cuvier, Les organes de la génération et ceux des sécrétions excrémentielles ou des excrétions, Tome V, 1805 - books.google.fr).

Je me suis peu intéressé aux enseignes, têtes de cheval dorées des boucheries spécialisées, clés géantes et verticales des serrureries, chapeaux-tromblons écarlates des chapeliers, gants bleus des gantiers, poignet dirigé vers le ciel et doigts raidis paraissant repousser le sol. Je fais à peine une exception pour les robustes moissonneuses des panneaux émaillés des boulangeries. Leur chevelure était aussi blonde que les blés qu'elles coupaient à la faucille. Il me semblait les reconnaître sur les billets de banque d'alors. Comme à la chauve-souris, je m'intéressais à la pieuvre. Mais, faute d'eau de mer, il n'y en avait pas de vivante à Paris, je me rabattis sur celle que Pigalle a sculptée en marbre blanc sur le socle d'un des deux bénitiers de l'église Saint-Sulpice, tridacnes géants offerts à François Ier par la Sérénissime (Roger Caillois, Apprentissages de Paris, 1978 - books.google.fr).

A la vérité on eut vu beaucoup noircir, cette pauvre ville blanche (Albi), si Dieu n'en eut eu pitié, étant remplie des gens du tout noircis d'hérésie et de toute sorte de vices, et autres méchancetés exécrables, qui accompagnoient l'hérésie. Ils faisaient des placards et plusieurs libelles diffamatoires, et il advint un soir de jeudi saint qu'ils mirent et jetèrent une fiole d'encre noire dans le bénitier de Sainte-Claire de façon que ceux qui alloient de nuit prier Dieu devant le saint sacrement, pensant prendre de l'eau bénite, se souilloient et entachoient avec l'encre, surtout les femmes qui portoient du blanc sur la tête et autrement, et crois que lors Montauban n'eut pu être ni pire ni plus mauvais (Gaches, Mémoires 1560-1608) (Claude de Vic, Dom Vaissète, Histoire General de Languedoc, Tome VIII, 1844 - books.google.fr).

L'an 2000

L'étymologie apprend que pieuvre/poulpe vient de polypus, au point qu'en français le mot polype a désigné pendant un temps le poulpe. Denys-Montfort en 1802 serait le premier à présenter le poulpe comme un monstre au sens moral, et ce sont des écrivains romantiques comme Michelet et Hugo qui ont développé ce thème. A juste titre, R. Caillois met cette représentation en rapport avec le roman noir qui « a généralisé le goût du mystère, de l'épouvante, des revenants, des forces obscures et maléfiques. Le poulpe est simplement porté par cette lame de fond. Il n'est pas, dans le règne animal, le seul à en bénéficier. La méditation délirante de Toussenel sur la chauve-souris ne le cède en rien, sinon pour le talent, aux pages de Hugo sur la pieuvre. » (La Pieuvre: essai sur la logique de l'imaginaire, 1973). Le polype apparaît bien comme une figure de cauchemar (Michel Bouvier, Jean Louis Leutrat, Nosferatu, 1981 - books.google.fr).

Sous la dénomination de Polypes (du grec "polus", plusieurs, et "pous", pied, qui a plusieurs pieds), Aristote et les auteurs grecs et latins ont désigné les Poulpes et autres Mollusques rangés aujourd'hui dans le groupe des Céphalopodes (du grec "kephalè", tête, et "pous", gén. "podos", pied ; qui a des pieds à la tête). Vers le milieu du XVIIIe siècle, après que Peyssonel et de Trembley eurent publié leurs observations, le premrer sur le corail, le second sur l'hydre d'eau douce, le terme en question fut détourné de la signification qu'il avait chez les Anciens et appliqué par Réaumur et Bernard de Jussieu à tous les organismes marins que les auteurs du XVIe et du XVIIe siècle avaient placés parmi les végétaux sous les noms de Lithophytes et de Cératophytes. [...]

Rabelais compare la tarande avec le poulpe marin (Anatole-Félix Le Double, Rabelais, anatomiste et physiologiste, 1899 - archive.org).

Pantagruel avait visité l'île de Medamothi, où il avait acheté "trois beaulx et jeunes unicornes : un masle de poil alezan tostade, et deux femelles de poil gris pommelé. Ensemble un tarande que lui vendit un Scythien de la contrée des Gelones. Tarande est un animal grand comme un jeune taureau, portant teste comme est d'un cerf, peu plus grande, avecques cornes insignes largement ramées; les pieds forchus, le poil long comme d'un grand ours ; la peau moins dure qu'un corps de cuirasse. Et disoit le Gelon peu en estre trouvé par la Scythie, parce qu'il change de couleur selon la variété des lieux esquels il paist et demoure. Et représente la couleur des herbes, arbres, arbrisseaulx, fleurs, lieux, pastis, rochers, généralement de toutes choses qu'il approche. Cela luy est commun avec le poulpe marin (c'est le polype), avecques les thoës, avec les lycaons de Indie, avecques le chaméléon, qui est une espèce de lizart tant admirable que Democritus ha faict un livre entier de sa figure, anatomie, vertus et propriétés en magie. Si est ce que je l'ai vu couleur changer, non à l'approche seulement des choses colorées, mais de soi-mesme, selon la paour et affections qu'il avoit. Comme, sus un tapis verd, je l'ai vu certainement verdoyer ; mais y restant quelque espace de temps, devenir jaune, bleu, tanné, violet par succès, en la façon que voyez la creste des coqs d'Inde couleur selon leurs passions changer. Ce que sus tout trouvasmes en cestuy larande admirable est que non seulement sa face et peau, mais aussy tout son poil telle couleur prenoit qu'elle estoit es choses voisines. Près de Panurge vestu de sa togebure, le poil lui devenoit gris; près de Pantagruel vestu de sa niante d'escarlate, le poil et peau luy rougissoit; près du pilot vestu à la mode des isiaces de Anubis en Egypte, son poil apparut tout blanc. Lesquelles deux dernières couleurs sont au chaméléon desnièes. Quand, hors de toute paour et affections, il estoit en son naturel, la couleur de son poil estoit telle que voyez es asnes de Meung." (Anatole-Félix Le Double, Rabelais, anatomiste et physiologiste, 1899 - archive.org).

L'île de Medamothi intervient dans l'interprétation du quatrain VII,1 daté de l'an 2000 par le site www.nostradamus-centuries.com (www.nostradamus-centuries.com - Quatrain VII,1).

Achille est mentionné au vers 1 : "L'arc du thresor par Achilles deceu".

Dans l'Iliade, le modèle négatif d'Ulysse s'oppose à celui, positif, d'Achille, héros vertueux qui abhorre les individus retors et rusés. Cette analogie entre l'homme et le poulpe se poursuit à partir de la poésie de l'âge archaïque et classique, en passant notamment par Théognis et Pindare, pour arriver à l'étude « scientifique » d'Aristote et d'Oppien. Cependant, le poulpe n'est pas toujours présenté de façon positive. Par exemple, le pseudo-Phocylide dit (v. 47-50) : « Ne cache pas dans ton cœur une opinion différente de celle que tu exprimes et ne fais pas comme le polype des rochers : ne varie pas selon les lieux. Sois sincère avec tous et que tes paroles viennent du cœur. » (Pascal Thiercy, Bête comme ses huit pieds ?, Phileuripides, 2008 - books.google.fr).

Les thèses du Hiéron avec la revue l'Egide étaient devenues plus inspirées par l'hermétisme que par le dogme chrétien et à l'aube du premier conflit mondial, le Hiéron cédait aux obsessions millénaristes. Sarachaga envisageait le retour du Christ pour l'an 2000 qui correspondait au 4e cycle du Saint Graal (Le Hieron du Val d'Or et l'ésotérisme chrétien, Les contrées secrètes, Volume 12 de Politica Hermetica, 1999 - books.google.fr).

Rappelons que Pierre Plantard est mort en l'an 2000, le 3 février, fête de Saint Blaise et lendemain de la Chandeleur (lumière : aor).

La Tarande et le caméléon sont aussi mentionnés au même chapitre chez Pierus au sujet du poulpe (Giovan Pietro Pierio Valeriano, Les hieroglyphiques de Ian-Pierre Valerian, vulgairement nomme Pierius, 1615 - books.google.fr).

L'essai II, 1 de Montaigne note : Nostre façon ordinaire, c'est d'aller apres les inclinations de nostre apetit [...]. Nous ne pensons ce que nous voulons, qu'à l'instant que nous le voulons, et changeons comme cet animal [le caméléon] qui prend la couleur du lieu où on le couche. Nous flottons entre divers advis : nous ne voulons rien librement, rien asboluëment, rien constammentz.

Nous sommes, selon la métaphore zoomorphe, des caméléons; il est diflicile de ne pas penser à la signification que cette image a pris à l'âge humaniste, en particulier grâce à l'Oratio de hominis dignitate de Pic de La Mirandole : « Quis hunc nostrum chamaeleonta non admiretur ? » Mais si l'admiration de l'humaniste italien pour l'homme-caméléon s'appuie sur le caractère indéterminé de la forme humaine qui peut, par son arbitre, définir et modeler sa nature, pour Montaigne l'image semble opérer en toute autre direction et caractériser la condition humaine comme « effect de la souffrance » et de la passivité. Le processus du changement propre au caméléon est posé, dans l' « Apologie de Raimond Sebond », comme antithétique à celui du poulpe qui représente le spécimen d'un changement défini par son activité, c'est-à-dire d'un être possédant en soi le principe et la cause de son mouvement. [...]

Lorsque Montaigne écrit que « nous ne pensons ce que nous voulons, qu'à l'instant que nous le voulons », il semble suggérer que le moment délibératif n'est qu'une prise de conscience qui s'accommode d'une appétition immédiate, non préméditée, et motivée par des conditions individuelles qui relèvent de individuelles de l'ordre de la passivité. La liberté de notre volonté est-elle alors une invention philosophique, une des ces « subtilitez [...] insubstantielles ausquelles la philosophie s'arreste par fois » ? (Emiliano Ferrari, Montaigne et la connaissance de soi, Le socratisme de Montaigne, 2010 - books.google.fr).

Par une bizarrerie singulière, Aristote donnait le Polype comme le symbole de l'imprévoyance, en citant la manière dont il s'avance vers les corps qu'il aperçoit dans l'eau (Ramon de la Sagra, Histoire physique, politique et naturelle de l'île de Cuba, traduit par Sabin Berthelot, 1833 - books.google.fr).

Dans un passage de l'Odyssée, Homère compare Ulysse à un poulpe (Odyssée V, vers 432-435), où, arraché par une vague au rocher auquel il s'accrochait sur la côte de la Phéacie (Pascal Thiercy, Bête comme ses huit pieds ?, Phileuripides, 2008 - books.google.fr, Anne Rolet, Protée en trompe-l'œil: Genèse et survivances d'un mythe, d'Homère à Bouchardon, 2016 - books.google.fr).

Ulysse est traditionnellement polytropos, polymechanos. polymétis, l'homme aux mille ruses, epistrophos anthropos, l'homme aux multiples visages, le poulpe à la plastique polymorphe (Nicole Ollier) (Harry Clifton, Le Canto d'Ulysse, présenté par Nicole Ollier, 1996 - books.google.fr).

Echoué sur le rivage phéacien : Cependant Ulysse s'éloignant du fleuve s'assied parmi les roseaux, et baise la terre féconde. Alors en soupirant, il dit en son cœur magnanime : "Malheureux que je suis !..." ("Ochtesas d' ara eipe pros on megalètora thumon...") (Odyssée V, vers 464) (L'Odyssée d'Homère, traduit par Jean Baptista Dugas-Montbel, 1833 - books.google.fr).

Thumos, c'est, en grec, le souffle de vie, d'où l'âme comme principe vital, siège des passions, du désir, de la volonté, de l'humeur. Désigne aussi le coeur comme siège de l'affectivité. Méraphoriquement thumos ce serait la région du plexus solaire, tout près du coeur, zone du centre de l'être vivant, par distinction avec le ventre, siège des besoins "reptiliens" et d'avec la tête siège de l'intelligence et de la raison (Logos) . Les Anciens distinguaient volontiers l'appétit, le coeur et la raison (guykarl.canalblog.com).

Coeur et polype en médecine

Hippocrate appelle kardiogmus ou kardialgia un type d'anévrisme que certains appellent anevrysma praecordiorum ou polypus cordis (Richard Dennis Hoblyn, A Dictionary of Terms Used in Medicine and the Collateral Sciences, 1878 - books.google.fr).

La cause de mort par polype a été connue d'Hippocrate, comme on peut le voir par le passage suivant du médecin viennois Joseph von Quarin (1733 - 1814) : Quidam nullis functionibus laesis, per complures annos pulsum habent perpetuò intermittentem ; hi frequenter repentè extinguuntur ; uti illi quoque secundùm Hippocratem qui saepè absque manifestâ causâ animo linquuntur, horum cadavera, aut polypos, aut vas ruptum in praecordiis exhibent (P. J. Marquis, Essai sur l'anévrisme du coeur, 1822 - books.google.fr).

Gaspar Bauhin, en 1605, dessina un polype du ventricule droit et un autre du ventricule gauche avec des racines polypeuses qui s'étaient implantées dans la substance des deux ventricules, et avec des prolongemens du polype gauche jusque dans l'aorte, les sous-clavières, les carotides et les vertébrales. Riolan avait trouvé des morceaux de chair, de la grosseur du poing, dans le ventricule droit et à l'orifice de la veine cave, sur certains sujets emportés par une mort subite et inattendue , et nommément sur l'Évêque de Maillezais. Tulpius, en 1641, donna le dessin et la description d'un polype du coeur. [...] Malpighi, dans sa Dissertation de 1666, sur le Polype du cœur, dit que les apparences seules ont dû porter les auteurs à dénommer ces polypes, graisses, chairs, pituites, membranes, etc. Ceux qui ont vu des polypes, ajoute-t-il, se continuant par leurs fibres et leurs vaisseaux avec le cœur, n'ont pas vu alors les polypes dont il est question , mais bien des excroissances de cet organe. Ceux formés de pituite ne sont d'autre substance que de couenne inflammatoire. On peut dire que là finit la première période de l'histoire des concrétions fibrineuses ; c'est celle où de nombreux matériaux furent recueillis, fabuleusement interprétés dans le principe, mais qui arrivèrent enfin à faire admettre, trop généralement peut-être, que des concrétions polypiformes pouvaient se développer pendant la vie et devenir cause de mort. [...]

A Joseph Frank commence la période moderne, qui, tout porte à le croire, est appelée à juger la question à sa véritable valeur. Cet illustre praticien, qui apparaît comme un conciliateur des deux opinions qui ont partagé les auteurs précédens, s'exprime ainsi dans son Traité de pathologie interne : « Il faut bien distinguer les véritables concrétions polypiformes dont il est ici question, et qui existent chez l'homme vivant, comme cause primitive de la maladie, ou du moins comme un de ses effets les plus remarquables, des simples caillots ou faux polypes qui se forment dans les derniers instans de l'agonie ou peu de temps après la mort. C'est en faisant cette distinction, que se trouve conciliée la fameuse dispute sur la question de savoir si les polypes du cœur ne sont que le produit de la mort, ou s'ils se développent chez l'homme vivant. » (François-Victor-Adolphe Armand, Des concrétions fibrineuses polypiformes du coeur, développées pendant la vie (polypes des anciens), 1844 - books.google.fr).

Le VERSEAU du Serpent rouge

« Comme ils sont étranges les manuscrits de cet Ami, grand voyageur de l’inconnu ; ils me sont parvenus séparément, et pourtant ils forment un tout pour celui qui sait que les couleurs de l’arc-en-ciel donnent l’unité blanche, ou pour l’Artiste qui sous son pinceau, fait des six teintes de sa palette magique jaillir le noir. » (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Verseau).

Le signe du Verseau court du 20/21 janvier au 19/20 février.

Un des axes nonagonaux du 6 février passe par Saint Benoît du Sault, Saint Sulpice les Feuilles, Nexon, Montpazier, Penne d'Agenais, Seissan, Masseube, Notre Dame de Garaison à Monléon-Magnoac, Monzon (Espagne).

Théophile est le prénom de l'avocat converti par sainte Dorothée de Césarée de Cappadoce, fêtée le 6 février (Arsène Lupin de Maurice Leblanc : Arsène Lupin et Saint Sulpice : A partir du 6 février : t’as pas fini Dorothée ?).

Pour le Tombeau de Théophile Gautier, hommage au poète, Paul Demeny intitule son sonnet Palette magique, le sous-titre « Peinture, la rivale et l’égale de Dieu ! » d'après l'Albertus de Gautier, et Félix Frank donne au sien le titre, Le Magicien, ce qui est tout à fait approprié pour ce “parfait magicien es lettres françaises” (Michael Pakenham, Le Tombeau de Théophile Gautier (1873), Tombeaux et monuments, 1993 - books.openedition.org).

Théophile Gautier, mort le 23 octobre 1872, à Paris, laisse des livres d’une forme achevée et le souvenir d’une vie que le soin de l’Art a remplie tout entière. Nous avons eu la pensée de consacrer à la Mémoire de ce Maître un Monument littéraire renouvelé de ces Tombeaux que les Poètes du XVIe siècle élevaient à leurs Morts illustres. En des jours lointains, on sera touché sans doute, en feuilletant ce Livre, de voir que tant de Poètes, Français ou Etrangers, séparés d’habitudes, d’esprit et de langage, se sont réunis pour louer une existence paisible et une Œuvre exemplaire (Alphonse Lemerre).

Virgile intervient trois fois dans ce Tombeau comme Prince des Poètes qui accueille son collègue dans le séjour des morts :

Un fragment de la cinquième églogue de Virgile, la Mort de Daphnis par Jules Janin ; Amédée Pigeon, Le Triomphe de la Mort : Au bruit des sistres d’or, au bruit des chutes d’eaux / Dans des palais emplis de divins dialogues, / Virgile, te cherchant, te dira ses églogues, / Et des voix chanteront claires sous des rideaux ; un sonnet de Sully Prudhomme : Ton âme a donc rejoint le somnolent troupeau : Des ombres sans désirs, où l’attendait Virgile, / Toi qui, né pour le jour d’où le trépas t’exile. / Faisais des Voluptés les prêtresses du Beau ! (Le Tombeau de Théophile Gautier, Alphonse Lemerre, 1873 - fr.wikisource.org).

Charles Cros écrit pour ce Tombeau "Morale" (Le Prieuré de Sion : Prologue : Fakhar ul Islam ou Melun).

La date de la mort de Gautier, le 23 octobre, est celle d'un axe nonagonal passant par La Machine (Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : Barbarie).

C'est en 1831 qu'il a écrit Albertus ou l'Ame et le Péché, légende théologique. L'ouvrage parut en octobre 1832, et ne rencontra guère de succès. Un volume de 367 pages reprenait les Poésies de 1830, ainsi que 177 pages inédites, auxquelles était ajouté Albertus. L'ensemble était illustré d'une lithographie de Célestin Nanteuil. En épigraphe, une citation tirée à'Hamlet (III, 7) : You shall see anon, 'tis a knavith Pièce of work. Cent vingt-deux laisses de douze vers chacune, onze alexandrins suivis d'un octosyllabe, et tout d'abord l'évocation d'un paysage, d'un vieux bourg flamand, tel que les peignit Téniers. Les poèmes sont, comme je l'ai dit, « de petits intérieurs d'un effet doux et calme, de petits paysages à la manière des Flamands, d'une touche tranquille, d'une couleur un peu étouffée ». La préface que l'auteur écrivit pour ce recueil collectif, et qui est datée d'octobre 1832, est intéressante à plus d'un titre. Tout d'abord parce qu'elle nous donne une image de celui qui sera plus tard « le bon Théo » : « L'auteur du présent livre est un jeune homme frileux et maladif qui use sa vie en famille avec deux ou trois amis et à peu près autant de chats. Un espace de quelques pieds où il fait moins froid qu'ailleurs, c'est pour lui l'univers. Le manteau de la cheminée est son ciel, la plaque son horizon. Il n'a vu du monde que ce que l'on en voit par la fenêtre... » Ensuite, parce que la doctrine de l'art pour l'art s'y trouve esquissée : « A quoi cela sert-il ? — Cela sert à être beau. — N'est-ce pas assez ? » Cette doctrine, c'est surtout trois ans plus tard, dans la préface de Mademoiselle de Maupin, qu'elle sera plus amplement développée. Albertus rencontra peu de lecteurs. On compara cela aux poèmes de Musset, à Mardoche ou aux Marrons du Feu, mais sans la recherche préméditée d'un mauvais goût prétentieux. On parla certes de talent, de « charme grave et profond ». Sainte-Beuve se montra plus enthousiaste et s'étonna que l'on fît tant de cas des couplets de Musset, alors que la renommée de Gautier était encore limitée à quelques étroits cercles d'artistes. Lorsqu'il s'installe impasse du Doyenné («un vieil appartement dont les fenêtres donnaient sur de terrains pleins de pierres taillées, d'orties et de vieux arbres. C'était la Thébaïde au milieu de Paris »), Gautier est, pour Victor Hugo, le cher Albertus (Bernard Delvaille, Théophile Gautier: un tableau synoptique de la vie et des oeuvres de Théophile Gautier, 1968 - books.google.fr).

Théophile Gautier, dans Albertus, fait de Dom Juan un suppôt du diable, et le confond, ou peu s'en faut, avec Méphistophélès. Dans la Comédie de la Mort, il le montre regrettant de n'avoir pas voué sa vie à la science, et humilié devant Faust : "Au carrefour douteux, Y grec de Pythagore, J'ai pris la branche gauche, et je chemine encore Sans arriver jamais." (Edmond Estève, Byron et le romantisme français: essai sur la fortune et l'influence de l'œuvre de Byron en France de 1812 à 1850 (1907), 1929 - books.google.fr).

Théophile Gautier est né à Tarbes le 30 août 1811. Tarbes est sur un axe nonagonal du 11 février dans le signe du Verseau (Arsène Lupin de Maurice Leblanc : Arsène Lupin et Saint Sulpice : A partir du 6 février : t’as pas fini Dorothée ?).

Coinchon, Buste de Théophile Gautier, Lycée de Tarbes

Dans les souvenirs littéraires des Pyrénéens, Théophile Gautier n'est guère que le dieu lare dont le buste, dans la cour du Lycée de Tarbes, symbolise la divinité protectrice de l'adolescence pour des générations d'élèves qui ne l'ont guère lu, sauf en sixième peut-être, au temps où l'on ânonne des récitations. Il est vrai que l'on dit qu'un concierge de jadis, plein d'entregent, montrait aux visiteurs qui n'oubliaient pas le guide la place de Théophile Gautier qui ne vécut, comme Vigny, que trois ans aux Pyrénées. Mais si Vigny vint à l'âge militaire, Théophile Gautier ne vécut à Tarbes, de 1811 à 1814, que les trois premières années de sa vie. Il faudrait avoir de Freud une connaissance que j'ai oubliée pour déceler parfaitement dans l'œuvre gigantesque de Gautier les influences profondes de ce cycle triennal de la prime enfance ou, à défaut de la poésie, Gautier découvrit au moins le langage sous les espèces, d'ailleurs, de la langue d'oc. L'esprit, la culture et les mythes. gascons ont laissé chez Théophile Gautier bien plus qu'une trace de lièvre. M. de Sigognac n'est pas gascon par braconnage littéraire. Le plus voyant, avec son gilet rouge, des combattants du romantisme fut Tarbais de hasard mais ce hasard est le résultat d'un destin savant où les poètes, de Laurent Tailhade à Robert de Montesquiou, ont voulu voir une prédestination : Théophile Gautier fut conçu au château d'Artagnan et naquit à Tarbes dans une maison proche de celle où Tailhade vit le jour. Théophile Gautier dans une évocation des Portraits contemporains de 1867 avoue : « Les études que j'ai pu faire à Tarbes se bornent à peu de choses car j'avais trois ans quand mes parents m'emmenèrent à Paris, à mon grand regret, et je ne suis retourné à mon lieu de naissance qu'une seule fois pour y passer vingt-quatre heures, il y a cinq ou six ans » (Bulletin de la Société archéologique, historique, littéraire & scientifique du Gers, Volume 75, 1974 - books.google.fr).

Le travestissement et l'indécision sexuelle dans Mademoiselle de Maupin est l'image de Ganymède, autre nom du Verseau.

Les références dans Mademoiselle de Maupin (1835) ne sont pas subordonnées à la construction de la narration ; coupées de leur origine, elles sont retraitées, retravaillées, et elles finissent par s'associer en de grandes constellations. Les jeux sensuels de d'Albert avec Rosette entraînent ainsi la convocation de couples de la littérature gréco-romaine, comme Vulcain et Aphrodite, Erigone et Bacchus, son amour pour Théodore réveille le souvenir des amours célèbres d'Alexis et de Virgile, d'Antinous et d'Adrien ; son attachement aux femmes peintes et aux modèles avec lesquels elles se confondent est comparé à la passion de Raphaël pour la Fornarina ou à celle du Titien pour sa maîtresse. Quant à Madelaine, elle suscite par sa seule apparition toute une série de réminiscences : celles des grandes guerrières de la littérature comme Diane et Bradamante, des travestis célèbres comme Iphis et Achille, ou encore elle fait naître l'image des éphèbes à la beauté équivoque et trouble de la mythologie, comme Bacchus et Endymion, avec Hermaphrodite, bien sûr à leur tête. Même cette Daraïde, la «plus belle princesse du monde» (p. 147) se révèle être, encore une fois, un homme déguisé en femme et aimé comme femme. Ces effets de miroir suggèrent, et de manière vertigineuse, qu'il n'y a pas une source unique et que chaque légende se trouve enrichie par les précédentes qui la contiennent en quelque sorte. Mais ces convocations ne conduisent jamais à la confusion: chaque figure reste unique et Madelaine de Maupin, qui conserve jusqu'au dénouement une partie de son mystère, ne fait pas exception, elle qui, comme l'écrit très habilement Gautier, «n'a pas encore de nom» (p. 389). Ce qui est vrai pour la littérature l'est autant sinon plus pour les beaux-arts. Mademoiselle de Maupin présente une bonne trentaine de références à la peinture et à la sculpture, si l'on compte les noms d'artistes, les titres d'œuvre ou encore les sujets ayant été traités en art - les références pouvant se situer à la frontière entre le littéraire et le pictural. Cette fréquence des références à l'art est exceptionnelle. Gautier eut toute sa vie le goût de l'art, de ses débuts dans l'atelier de Rioult à ses derniers écrits en tant que critique d'art. Quand il se remémore son expérience de peintre, vers la fin de sa vie, il y voit comme une clef permettant de comprendre le sens de son attachement à la beauté : « le premier modèle de femme ne me parut pas beau, et me désappointa singulièrement, tant l'art ajoute à la nature la plus parfaite » (Geisler-Szmulewicz, Préface) (Théophile Gautier, Mademoiselle de Maupin, 2004 - books.google.fr).

Il faut que Théodore soit une femme déguisée; la chose est impossible autrement. — Cette beauté excessive, même pour une femme, n’est pas la beauté d’un homme, fût-il Antinoüs, l’ami d’Adrien; fût-il Alexis, l’ami de Virgile. — C’est une femme, parbleu, et je suis bien fou de m’être ainsi tourmenté. De la sorte tout s’explique le plus naturellement du monde, et je ne suis pas aussi monstre que je le croyais (p. 9)

Ces amours étranges dont sont pleines les élégies des poëtes anciens et qui nous surprenaient tant et que nous ne pouvions concevoir, sont donc vraisemblables et possibles. Dans les traductions que nous en faisions, nous mettions des noms de femmes à la place de ceux qui y étaient. Juventius se terminait en Juventia, Alexis se changeait en Ianthé. Les beaux garçons devenaient de belles filles, nous recomposions ainsi le sérail monstrueux de Catulle, de Tibulle, de Martial et du doux Virgile. C'était une fort galante occupation qui prouvait seulement combien peu nous avions compris le génie antique. Je suis un homme des temps homériques ; — le monde où je vis n'est pas le mien, et je ne comprends rien à la société qui m'entoure. Le Christ n'est pas venu pour moi ; je suis aussi païen qu'Alcibiade et Phidias. — Je n'ai jamais été cueillir sur le Golgotha les fleurs de la passion, et le fleuve profond qui coule du flanc du crucifié et fait une ceinture rouge au monde, ne m'a pas baigné de ses flots : — mon corps rebelle ne veut point reconnaître la suprématie de l'âme, et ma chair n'entend point qu'on la mortifie. — Je trouve la terre aussi belle que le ciel, et je pense que la correction de la forme est la vertu. La spiritualité n'est pas mon fait, j'aime mieux une statue qu'un fantôme, et le plein midi que le crépuscule (p. 13) (Pierre Jules Théophile Gautier, Mademoiselle de Maupin: double amour, Tome 2, 1837 - books.google.fr).

L'urne et la constance des lois

Dans le signe du Verseau se trouve placée l'urne, ou le juge des enfers jette le sort de grâce qui doit leur assurer ce retour et les ramener aux sphères supérieures par la porte des dieux (Macrob. in Somn. Scip. I, 12). Kalpis ou Kalpè, chez les Romains Amphora ou Aquarium ou Aqualis (Procl. de Sphœr., p. 19 ed. Antverp.; Hygin. Poet. Astr. III, 28, p. 530 Staver.). Dans beaucoup de sphères, l'Urne remplace le Verseau, d'où les noms hindou et persan de cette constellation (Georg Friedrich Creuzer, Religions de l'antiquité: considérées principalement dans leurs formes symboliques et mythologiques, Tome 3, traduit par Joseph-Daniel Guigniaut, 1839 - books.google.fr).

Macrobe dans son Commentaire dui Songe de Scipion n'en dit pas autant :

Celles donc qui doivent descendre, tant qu'elles sont au Cancer, et qu'ainsi elles n'ont pas quitté la Voie Lactée, sont encore au nombre des dieux; mais lorsque, dans leur chute, elles sont arrivées au Lion, c'est là qu'elles préludent à leur condition future : alors commence pour elles l'apprentissage de la vie, et comme le noviciat de la nature humaine; or, le Verseau, diamétralement opposé au Lion, se couche quand celui-ci se lève : de là l'usage de sacrifier aux mânes, lorsque le soleil entre dans le Verseau, signe contraire et funeste à l'existence de l'homme (Oeuvres de Macrobe, Tome III, 1847 - books.google.fr).

Une version du mythe de Ganymède propose Minos, père d'Ariane et de Phèdre, comme auteur de son enlèvement (Diosiadas, IIIème siècle avant J.C.) (Etienne Wolff, Quelques interprétations antiques et médiévales du mythe de Ganymède, Ganymède ou l'échanson: Rapt, ravissement et ivresse poétique, 2013 - books.google.fr).

Le poète Virgile raconte en Enéide VI, 431, que, dans la grande avenue des enfers, l’inquisiteur Minos agite son urne et convoque les âmes devant son tribunal pour scruter la vie et les crimes de chacune d'elles. Ces expressions suffiraient, si nous n’avions pasjusqu’ici présenté des milliers d’autres preuves, à établir que l’immortalité de l’âme et la sanction de la loi morale ont été de tous temps des dogmes de la tradition, et qu’elles ne pouvaient _ venir que d’une religion révélée dès l’origine des temps. Qu’est-ce en effet, que Minos ? Sinon la petite barque, symbole de cette religion sainte. L’urne de Minos n’est donc que l’ensemble des lois dont cette barque sacrée était destinée à perpétuer le souvenir et sur lesquelles nous devons être jugés à la fin de notre vie pour que la sanction nous en soit appliquée (Nec uero hae sine sorte datae, sine iudice, sedes : quaesitor Minos urnam mouet ; ille silentum conciliumque uocat uitasque et crimina discit) (P. J. Jallabert, Le catholicisme avant Jésus-Christ: études sur les croyances des peuples qui ont précédé l'ère chrétienne, 1872 - books.google.fr, bcs.fltr.ucl.ac.be - Virgile, Enéide VI).

Le signe du Verseau symbolise le jugement. Cette constellation forme la source étoilée de l'urne de Minos, d'où découlent la malédiction et le châtiment ou les bénédictions et la récompense, selon les œuvres faites dans le corps, sans avoir égard à la foi théologique. Les urnes baptismales primitives des premiers Chrétiens, et les fonts de pierre sculptée des églises ultérieures, sont les restes de cette grande religion astrale (Thomas H. Burgoyne, La lumière d'Egypte, ou la science des astres et de l'âme en deux parties, 1899 - books.google.fr).

Calculus signifiait en outre « caillou servant à voter » (qu'on jetait dans l'urne). Il était blanc pour absoudre ou admettre, noir pour condamner ou refuser. La boule blanche ou noire de nos commissions d'examens rappelle le « calculus » blanc ou noir des anciens Romains. De l'anglais blackball (boule noire) nous avons fait le mot d'argot blackbouler (refuser). Mais, ce qui est plus intéressant, c'est de constater que le bulletin de vote de nos jours rappelle, par la filiation des idées, le mode primitif de vote au moyen du calculus. En effet, le mot bulletin nous vient de l'italien bulletina ou bulletino, diminutif de bulletta, lequel est diminutif de bulla du latin bulla (boule). Mettre un bulletin de vote dans l'urne (sous la forme d'une simple feuille de papier) équivaut — au sens primitif du mot — y mettre un calculas (un caillou) ou une petite boule (Riviera scientifique: revue trimestrielle, Association des naturalistes de Nice et des Alpes-Maritimes, 1915 - books.google.fr).

De l'urne de Ganymède d'où est tiré le sort des âmes, on passe à l'urne probabiliste qui servit à Laplace à conceptualiser le problème de la surnatalité masculine, "simple" problème de comptabilité démographique lié à la division des sexes, qui néglige la notion de rôle sexuel.

Dans le septième tome de L'Encyclopédie française, en troisième partie, la section B est intitulée «Le sexe». Halbwachs (1877-1945) y fait notamment le point sur la question du rapport du nombre des garçons au nombre des filles comptés à la naissance pour une période donnée, le rapport de masculinité, fer de lance depuis 1710 d'un argument providentialiste conçu pour prouver l'action de Dieu et l'impossibilité de l'intervention du hasard dans le monde. Or, Halbwachs reconsidère la question sous l'aspect historique et statistique. Ne se contentant pas d'affirmer la constance universelle du rapport et de rappeler les recherches de ses prédécesseurs, le sociologue entreprend une explication causale du phénomène : thèse d'une corrélation du rapport de masculinité à la naissance avec l'écart de l'âge des parents ainsi que le caractère cyclique de cette corrélation. [...]

Le premier à exposer l'argument providentialiste à propos du rapport de masculinité à la naissance est le médecin anglais John Arbuthnot (1667-1735) qui imagine un jeu de dés à deux faces (on songerait plutôt à des jetons) marqués «Mâle» et «Femelle» à la place de «pile» et «face» (on disait alors «croix» et «pile»). Chaque naissance est considérée comme analogue au au lancement d'un dé ou d'un jeton. En dénombrant les combinaisons, il fait implicitement l'hypothèse d'une égale probabilité des deux sexes. [...]

Quelques décennies plus tard D'Alembert (1754) plaidera le plus grand scepticisme à l'égard de l'analyse du hasard et du choix du modèle du jeu à pile ou face. Il faudra attendre d'abord Bayes (1764), puis surtout Laplace (1774) et Condorcet (1784) pour clarifier le fait qu'on ne passe pas si aisément du dénombrement des événements à la probabilité des causes. [...]

Parmi les traces de réflexions sur le nombre et la nature du sexe, Corrado Gini avait déjà mentionné le chroniqueur Giovanni Villani, Florentin vers 1300, qui aurait effectué le premier calcul sur le rapport de masculinité en partant des comptages du curé de San Giovanni qui enregistrait les garçons baptisés avec des fèves noires et les filles avec des fèves blanches. [...]

Avec le modèle de l'urne et du tirage de boules blanches et de boules noires (Essai philosophique sur les probabilités, 1814), Laplace a définitivement débarrassé cette discussion des ambiguïtés du calcul des probabilités du début du XVIIIe siècle. La probabilité de la naissance des garçons peut être supérieure à 1/2 car les nombres de boules associées à l'un et l'autre sexes peuvent être différents. Par le calcul, il peut alors partir du dénombrement de la succession des résultats des tirages, et inférer la probabilité de chaque sexe, pour le dire dans les mots de Laplace : passer des événements aux causes. Laplace, dès ses premiers mémoires antérieurs à la Révolution, indiquait explicitement qu'il s'agissait non plus de dégager une cause, mais de rendre possible la décomposition - l'analyse - des effets de multiples causes. En cela, il rompait définitivement avec la question théologique de la cause finale. Après quarante années de réflexions - de tensions vis-à-vis des géomètres proches de lui au cours des décennies 1770 et 1780, et de prudence sur ces questions pendant les premières années du XIXe siècle — il concluait ainsi : "La constance clé la supériorité des naissances des garçons sur celles des filles à Paris et à Londres, depuis qu'on les observe, a paru à quelques savants être une preuve de la providence, sans laquelle ils ont pensé que les causes irrégulières, qui troublent sans cesse la marche des événements, auraient dû plusieurs fois rendre les naissances annuelles des filles supérieures à celles des garçons. Mais cette preuve est un nouvel exemple de l'abus que l'on a fait si souvent des causes finales qui disparaissent toujours par un examen approfondi des questions, lorsqu'on a les données nécessaires pour les résoudre. La constance dont il s'agit est un résultat des causes régulières qui donnent la supériorité aux naissances des garçons, et qui l'emportent sur les anomalies dues au hasard, lorsque le nombre des naissances annuelles est considérable (Jean-Marc Rohrbasser, Eric Brian, Histoire de la preuve par le nombre de naissance, Le point de vue du nombre (1936), 2005 - books.google.fr).

Le vote par boules blanches et noires est utilisé en franc-maçonnerie (Philippe Benhamou, Christopher Hodapp, La Franc-maçonnerie Pour les Nuls, 2011 - books.google.fr).

Pierre-Simon de Laplace, né Pierre-Simon Laplace, comte Laplace puis 1er marquis de Laplace, né le 23 mars 1749 à Beaumont-en-Auge et mort le 5 mars 1827 à Paris, est un mathématicien, astronome, physicien et homme politique français opportuniste. Laplace est l’un des principaux scientifiques de la période napoléonienne. En effet, il a apporté des contributions fondamentales dans différents champs des mathématiques, de l’astronomie et de la théorie des probabilités. Il a été l'un des scientifiques les plus influents de son temps, notamment par son affirmation du déterminisme. Il a contribué de façon décisive à l'émergence de l’astronomie mathématique reprenant et étendant le travail de ses prédécesseurs dans son Traité de Mécanique céleste3 (1799-1825). Cet ouvrage majeur, en cinq volumes, a transformé l’approche géométrique de la mécanique développée par Newton en une approche fondée sur l’analyse mathématique. Initié franc-maçon, il est membre du collège des grands officiers du Grand Orient de France en 1804 (fr.wikipedia.org - Pierre-Simon de Laplace).

Les Scipion avec Gautier et Laplace

Chez Guy de Malivert, héros de Spirite de Théophile Gautier, les livres occupent une place essentielle dans la pièce qui tient « le milieu entre le cabinet d'études et l'atelier ». Gautier dresse une liste détaillée des auteurs favoris de son héros, ce qui permet au lecteur de mieux le connaître avant même que ne commence l'action. Le contenu de cette bibliothèque est impressionnante tant par le nombre des ouvrages que par leur diversité : A côté des poètes classiques de tous les temps et de tous les pays, d'Homère, d'Hésiode, de Virgile, de Dante, d'Aristote, de Ronsard, de Shakespeare, de Milton, de Goethe, de Shiller, de lord Byron, de Victor Hugo, de Sainte-Beuve, d'Alfred de Musset, d'Edgar Poe, se trouvaient la Symbolique de Creuzer, la Mécanique céleste de Laplace, l'Astronomie d'Arago, la Physiologie de Burdach, le Cosmos de Humboldt, les œuvres de Claude Bernard et de Berthelot, et autres ouvrages de science pure. Cette bibliothèque allie rigueur scientifique et goût pour le surnaturel. Elle préfigure la relation que le personnage masculin va entretenir avec la jeune femme revenue du royaume des morts. Guy de Malivert n'est pas un excentrique, mais un homme cultivé prêt à reconnaître qu'il existe sur la terre des choses qui dépassent encore l'entendement humain (Christine Majeune-Girodias, Théophile Gautier: poète, poésie, poétique, 2002 - books.google.fr).

Scipion Emilien est un fils de Lucius Aemilius Paullus, dit Paul Émile le Macédonique consul en 182 av. J.-C. et de Papiria, la fille du consul de 231 av. J.-C. Caius Papirius Maso. Adopté par son propre cousin germain Publius Cornelius Scipio Africanus Minor, flamine de Jupiter, il reçoit une éducation soignée et ne perdra jamais une occasion d’élargir ses connaissances de la culture grecque. Il réunit autour de lui ce que l’on appellera le « cercle des Scipions », comprenant des hommes de lettres grecs ou latins, parmi lesquels l’historien grec Polybe, le philosophe stoïcien Panétius, le poète satirique Lucilius ou le dramaturge d’origine africaine Térence. Lorsqu’il détruit Carthage en 146 av. J.-C., prend-il le soin de rendre aux villes grecques de Sicile toutes les œuvres d’art pillées par les Carthaginois. Il est un des protagonistes majeurs du dialogue de Cicéron, La République (54 av. J.-C.). Le passage le plus célèbre est dans le sixième livre, partie appelée « Le songe de Scipion ». Ce rêve montre à Scipion Émilien son père et son grand-père adoptif Scipion l'Africain et contient une pensée pythagoricienne avec la théorie de l'immortalité astrale. Cicéron figure aussi Scipion Emilien dans le Cato Maior de Senectute, avec le rôle mineur d'auditeur de Caton l'Ancien. Il l'évoque dans le dialogue suivant, Laelius de Amicitia, fictivement situé juste après son décès (fr.wikipedia.org - Scipion Emilien).

Reste à commenter l'épisode fondamental par lequel la corporalité de Spirite est définitivement abolie et la réalité sexuelle du désir oubliée. C'est au lever du soleil, sur un bateau, en vue des côtes grecques. Spirite est alors décrite dans toute sa splendeur de divinité aurorale : Spirite, ange de lumière, n'avait rien à redouter du soleil, et elle resta quelques minutes sur la proue, étincelante de clartés roses et les feux du matin jouant comme des papillons d'or dans sa chevelure soulevée par la brise de l'Archipel. [...]

Le lieu de cette transfiguration aurorale n'est pas choisi au hasard : il s'agit de la Grèce. Et, en effet, pendant que Spirite abandonne tout aspect nocturne, Malivert renonce au romantisme pour une esthétique solaire, faite, comme le dit le texte lui-même, de « blancheur, d'azur et de lumière », parfaitement consciente de son idéalisme, c'est-à-dire de son refus du réel (Hugues Laroche, Le crépuscule des lieux: aubes et couchants dans la poésie française du XIXe siècle, 2007 - books.google.fr).

Lavinia dans l'histoire romaine est la seconde femme d'Enée, fille de Latinus (roi des Latins) et d'Amata.

Aufidène, Aufidena (auj. Alfidena), au S. O. de Volane, sur le Sagrus, capitale de la petite peuplade des Samnites Caracènes, Caraceni, prise par le consul Scipion (l'an 299 avant J.-C.), à la suite de la victoire de Bovianum (Félix Charles Ansart, Essai de géographie historique ancienne, à l'usage des classes de sixième de cinquième et de quatrième, 1837 - books.google.fr).

Il s'agit de Scipion Barbatus arrière grand père de Scipion l'Africain, vainqueur à Zama (202 av J.C.). Le tombeau familial des Scipions a été retrouvé en 1780, près de l'ancienne porte Capène à côté de la via Appia. Sur le tombeau de Scipion Barbatus se trouve l'inscription suivante, rédigée en latin archaïque et conservée au Musée Pio-Clementino du Vatican : "Cornelius Lucius Scipio Barbatus, descendant de Gnaeus son père, homme courageux et cultivé, dont la beauté n'eut d'égal que le courage, qui fut consul, censeur, édile auprès de vous ; il conquit Taurasia, Cisauna, le Samnium, soumit toute la Lucanie et emmena des otages." (fr.wikipedia.org - Lucius Cornelius Scipio Barbatus).

Guy de Malivert, dans Spirite, dernière nouvelle fantastique importante de Gautier écrite en 1865, est en proie à un fantôme qui lui donnera des séances de dictée médiumnique. C'est l'histoire de Spirite, « la morte amoureuse », que Guy se prend à écrire, découvrant sous sa propre écriture, l'amour « au-delà du tombeau » qu'une femme, Lavinia d'Aufideni, lui avait porté de son vivant et continue à lui donner par l'entremise de son médium, Spirite. L'emprise de Spirite sur Malivert relèvera davantage d'une fusion amoureuse, d'une symbiose que d'une domination tyrannique menant au chaos, comme l'est celle de Nestor. [...] L'écriture de Malivert crée des formes nouvelles et atteint le niveau du génie. [...] Le rôle de Spirite est celui d'une accompagnatrice qui guide, qui « pré-voit », qui « dit complète la stance inachevée dont il cherchait encore la chute » (p. 152). Spirite, qualifiée de « fantôme aérien », « d'ombre et de reflet », « d'ange » semble être le précurseur de la figure de la Femme chez les Surréalistes, celle dont André Breton dira : « Dans le surréalisme, la femme aura été aimée et célébrée comme la grande promesse, celle qui subsiste après avoir été tenue » (Marie-Ange Depierre, Paroles fantomatiques et cryptes textuelles, 1993 - books.google.fr).

Ne voulant pas fatiguer l'organisation - encore trop humaine de Malivert, Spirite dissipa les visions et le replongea de l'extase dans le sommeil ordinaire. Guy eut la sensation, en retombant dans la nuit du rêve vulgaire, d'être pris comme un coquillage dans une pâte de marbre noir par des ténèbres d'une densité impénétrable; puis tout s'effaça, même cette sensation, et Guy, pendant deux heures, se retrempa dans ce non-être d'où la vie jaillit plus jeune et plus fraîche (Théophile Gautier, Spirite: nouvelle fantastique, Tomes 1 à 2, 1866 - books.google.fr).

Un Scipion, lequel ? - fr.wikipedia.org - Scipion l'Africain

Après les philosophes et les poètes, nous arrivons aux bustes des grands capitaines. Le premier de cette planche représente, de l'avis de tout le monde, un Scipion: car il ressemble parfaitement à une tête de marbre noir qui fut trouvée à Liternum, aujourd'hui Patria ; et l'on s'accorde à reconnaître dans cette tête un des membres de l'illustre famille des Scipions. [...]. Pline, cité par Fabri, dit en parlant du second Africain et non de l'ancien : « Avant tous, le deuxième Africain adopta la coutume de se raser chaque jour. » Aulu-Gelle répète la même assertion. Il résulte de là que ni le premier Africain, ni l'Asiatique, n'avaient abandonné l'usage de porter la barbe longue, et que la tête de marbre noir et notre buste, tous deux entièrement dépourvus de barbe, ne peuvent convenir ni à l'un ni à l'autre. [...] Nous inclinons à croire que notre buste représente, au défaut des deux autres, ce même Publius Cornélius Scipion Émilien, dit le second Africain, dont il vient d'être question (Louis Barré, H. Roux (Aîné), Herculanum et Pompéi: recueil général des peintures, bronzes, mosaïques, etc..., Tome 7, 1840 - books.google.fr).

Valère Maxime, 8, 8, 1 : «Un couple illustre de vrais amis, Scipion et Laelius... marchaient d'un pas égal dans la carrière d'une vie active, et prenaient aussi en commun le repos nécessaire à leur esprit. On sait qu'en se promenant sur les rivages de Gaète et de Laurente, ils s'amusaient à cueillir des coquillages et des cailloux. C'est un fait que L. Crassus se plaisait à rappeler et qu'il disait tenir de son beau-père Q. Scaevola, gendre de Laelius » (Jean Rouvier, Du pouvoir dans la république romaine: Réalité et légitimité. Étude sur le "consensus", 1963 - books.google.fr).

Laelius est un nom d'ami repris par Pétrarque pour désigner son cher Lello di Stefano (Translatio imperii et translation studii : la Laure de Pétrarque : I, 32 - www.nostradamus-centuries.com).

Le territoire de la ville de Lavinium, fondée par Enée, et nommée d'après sa femme, serait, selon Jérôme Carcopino, Laurente qu'il appelle ville fantôme.

Chaque exégète moderne de l’Énéide est alors convaincu que la ville fondée par Énée est Lavinium. Jérôme Carcopino se trouve conduit à démontrer que Lavinium, pour Virgile, existait avant l’arrivée d’Énée et qu’elle était la capitale du peuple des Laurentes. La différence des dénominations importe peu. Lutèce était bien la métropole des Parisii et Durocortorum, le Reims d’aujourd’hui, celle des Rèmes. Cela posé, si la capitale des Laurentes est Lavinium, elle ne saurait être Laurentum et l’historien doit alors fournir la preuve que Laurentum est illusoire, qu’elle est le résultat d’une sorte de trompe-l’œil épigraphique. Il rappelle que les archéologues ont cherché en vain son emplacement sur le terrain. Il réfute les arguments de ceux d’entre eux qui prétendent l’avoir identifiée. Il souligne qu’aucune inscription ne la mentionne sans équivoque. Il proclame enfin, victorieusement, que la cité fantasmagorique, introuvable, se confond nécessairement avec Lavinium, métropole du roi Latinus, monarque des Laurentes, bientôt beau-père d’Énée (Discours de réception de Roger Caillois, 20 janvier 1972 - www.academie-francaise.fr).

M. Roger Caillois a été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Jérôme Carcopino.

Le hasard

Distinction est faite entre hasard (attaché à la notion de possible) et sort (attaché à la notion de destin), d'où deux visions du monde et deux types de pratiques liés l'un à la recherche d'une logique a découvrir, l'autre à la divination ; l'un est garant du maintien de l'égalité, l'autre produit des inégalités (Bulletin signalétique: Ethnologie, Volume 43, Centre de documentation sciences humaines (France), Institut de l'information scientifique et technique (France), 1989 - books.google.fr).

Dans la préface à son analyse des jeux, Roger Caillois parle du jeu de hasard comme un jeu avec la mort où le libre-arbitre du joueur ne fonctionne plus, mais où, par contre, toute place est faite à un « désarroi profond délibérément accepté » dans l'image lucide de sa perte inévitable. [...] Si l'« aléa » s'associe avec le vertige, supposant « une démission de la volonté » chez le joueur, appelant ou développant « un état de transe, de possession ou d'hypnose » qui peut pousser à une « démission de la conscience » où « le patient la laisse aller à la dérive et s'enivre de la sentir dirigée, dominée, possédée par des forces étrangères » (Les jeux et les hommes, le masque et le vertige), elle semble alors être le principe convoqué chez beaucoup d'écrivains dans le moment de la pratique même de leur art. Principe de non-maîtrise, de perte, de manque absolu qui situerait la littérature, ou du moins une certaine littérature, celle qui se joue sur le fil des limites, dans les parages du vertige et de la pulsion de mort (Marie-Ange Depierre, Paroles fantomatiques et cryptes textuelles, 1993 - books.google.fr).

Guy de Malivert, sincère envers lui-même, reconnaissait qu'arrivé à cet âge solennel de vingt-neuf ans, où le jeune homme va devenir homme jeune, il ignorait l'amour, tel du moins qu'il est dépeint dans les poëmes, les drames, les romans, ou même comme le représentaient ses camarades par leurs confidences ou leurs vantardises. Il se consolait très-aisément de ce malheur en songeant aux ennuis, aux calamités et aux désastres qu'entraîne cette passion, et il attendait avec patience le jour où devait paraître, amené par le hasard, l'objet décisif qui le devait fixer (Théophile Gautier, Spirite: nouvelle fantastique, Tomes 1 à 2, 1866 - books.google.fr).

Le fils de Lavinia et d'Enée, Ascagne, a pour successeur Silvius son fils né "je ne sais par quel hasard" dit Tite-Live, au fond des forêts. C'est encore par hasard, que le Tibre sort de son mit et sauve les jumeaux Romulus et Remus, descendants de Silvius (Tite-Live, Histoire romaine, 2016 - books.google.fr).

Philomène

Lavinia d'Aufideni, amoureuse de Guy de Malivert depuis l'au-delà, est morte à 18 ans religieuse sous le nom de Philomène.

Philomène est une sainte (fêtée le 10 août) inventée en 1802 dans la catacombe de dame Priscille qui appartenait à la famille sénatoriale des Acilii, et qui doit avoir été la fondatrice du cimetière, ou bien la donatrice de l'aire sur laquelle il fut construit (fr.wikipedia.org - Sainte Philomène, fr.wikipedia.org - Catacombe de Priscille).

M. Acilius Glabrio, homo novus originaire du Sud de l'Italie (336), doit aussi toute sa carrière à Scipion (337), depuis le tribunat en 201 jusqu'au consulat (où il est élu en 191 avec P. Cornélius Scipio). Il échoue à la censure en l89 à cause de la campagne orchestrée par Caton(338) en passant par la charge de decemuir sacrorum (200), l'édilité plébéienne (197), la préture (196). M. Acilius Glabrio, lui aussi, fut toujours dévoué aux intérêts des Scipions : en 201, il fait charger Scipion par les comices des négociations de paix avec Carthage. malgré l'opposition du consul Cn. Cornélius Lentulus, hostile à Scipion ; en tant que decemuir sacrorum, il favorisa la pénétration des Scipions dans le collège des pontifes (en 199, Cn. Cornélius Scipio Hispallus et M. Aemilius Lepidus y succèdent à Ser. et Gaïus Sulpicius Galba, qui venait de mourir) ; en 191, par une lex Acilia, il donne le pouvoir aux pontifes d'intercaler à leur volonté le calendrier qui n'était de toute façon plus couplé avec l'année solaire (340), ce qui devait correspondre aux intérêts des Scipions, maintenant implantés dans le collège des pontifes. Mais là encore, rien ne prouve qu'il ait été un client des Scipions, bien que A. E. Astin fasse des Acilii les clients des Scipions (Norbert Rouland, Pouvoir politique et dépendance personnelle dans l'antiquité romaine, 1979 - books.google.fr).

Mais Philomène est aussi un personnage d'une pièce de Terence (Publius Terentius Afer), né à Carthage aux alentours de 190 et mort à Rome en 159 av. J.-C., poète comique latin, vraisemblablement d'origine berbère : L'Hécyre (La belle-mère). Inspirée d'un modèle grec (le sujet rappelle notamment celui de « L'Arbitrage » de Ménandre), cette pièce fut jouée en 165. L'Hécyre (du grec ancien « La Belle-mère ») met en scène un jeune Athénien, Pamphile, amant de la courtisane Bacchis. Mais, sur les instances de son père, Pamphile est contraint d'épouser Philomène (fr.wikipedia.org - Térence).

Térence, que des érudits soutiennent n’être qu’un prête—nom de Scipion et de Lélius, a pour mérite principal l’atticisme et la politesse du langage, c’est-à-dire ce qui se traduit le moins; il imite souvent Ménandre, le plus doux et le plus suave des comiques grecs. Ses pièces, du moins à notre point de vue, ont peu de mouvement : l’emploi des mêmes types conventionnels amène nécessairement la monotonie, etletempsa faitdisparaître les demi-teintes qui nuançaient des caractères presque semblables pour nous. Il n’y a dans Térence qu’un seul et même père, qu’un seul valet,qu’un seul amant, qu’une seule courtisane (Pierre Jules Théophile Gautier, Histoire de l'art dramatique en France depuis vingt-cinq ans: 4e série, 1859 - books.google.fr).

Chez Térence, l'intrigue est grecque, les noms des personnages sont grecs, le lieu de l'action est grec. Térence s'inspire en effet librement du grand représentant de la Néa (la « nouvelle comédie grecque »), qu'est Ménandre. Cet auteur grec — qui fuit la politique, contrairement à son illustre prédécesseur, Aristophane, dont les thèmes de prédilection étaient essentiellement politiques — s'intéresse à l'individu, aux problèmes personnels, aux conflits de cœur, à l'amour entre un homme et une femme (fr.wikipedia.org - Térence).

Scipion et le Verseau chez Chaucer

The Parlement of Foules (also known as the Parliament of Foules, Parlement of Briddes, Assembly of Fowls, Assemble of Foules, or The Parliament of Birds) is a poem by Geoffrey Chaucer (1343?–1400) made up of approximately 700 lines. The poem is in the form of a dream vision in rhyme royal stanza and contains the first reference to the idea that St. Valentine's Day is a special day for lovers. The poem begins with the narrator reading Cicero’s Somnium Scipionis in the hope of learning some "certeyn thing". When he falls asleep Scipio Africanus the Elder appears and guides him up through the celestial spheres to a gate promising both a "welle of grace" and a stream that "ledeth to the sorweful were/ Ther as a fissh in prison is al drye" (en.wikipedia.org - Parlement of Foules).

Nul ouvrage en prose ne fut plus accrédité au moyen-âge que le Songe de Scipion. Nos aïeux trouvaient dans ces pages précieuses ce que la sagesse antique a enseigné de plus relevé. On sait quel parti Dante a tiré de cet épisode. Chaucer s'est souvenu à la fois de la Divine Comédie et du fragment conservé par Macrobe. Il feint que Scipion lui apparaît en songe, et l'introduit dans le parc où va se tenir la merveilleuse assemblée. L'entrée de cette demeure est surmontée de deux inscriptions qui parodient, l'une en style de poésie chevaleresque, l'autre dans un langage emprunté au Roman de la Rose, les terribles paroles qu'Alighieri a lues sur la porte de l'Enfer. Ces vers : "Per me si va nella citta dolente, / Per me si va nell'eterno dolore, / Per me si va tra la perduta gente" sont ainsi imités: d'un côté, "Par moi on va dans la demeure fortunée où se trouvent la santé du cœur et la guérison des blessures mortelles ; par moi on va à une source de grâces, dans une région où le vert et joyeux mai est éternel. Voici le chemin qui conduit aux heureuses aventures. Réjouis-toi, lecteur, bannis ton chagrin, je suis ouverte, passe, hâte-toi. » de l'autre: "Par moi on va sous les coups mortels de la lance que dirigent Dédain et Danger. Là, jamais arbre ne porte ni feuille ni fruits. Ce » courant conduit à un triste réservoir où l'on est à l'étroit comme le poisson captif : fuir est le seul remède". C'est ainsi que le poëte anglais touche d'une main peu respectueuse aux sublimes beautés de la Divine Comédie (E.-G Sandras, Etude sur G. Chaucer considéré comme imitateur des trouvères, 1859 - books.google.fr).

Although the inspiration for this stanza was plainly drawn from the opening words to Dante's third canto of the Inferno, there is nothing in the source to parallel Chaucer's use of detail. Again, that detail has an astrological cast although it is hard to see how the sign of Aquarius may be imagined bifurcated into good and bad. Perhaps Chaucer had in mind those many manuscript illustrations of the constellation that show the water-carrier pouring water from a double-necked jar, so giving rise to two streams that subsequently converge. Astrolabes often pick up this image in the design of the rete. Saturn's lordship of Aquarius evidently prompted Chaucer's thoughts on how he should treat both places to which the double gate led. Saturn is often cited as a cause of famine, while 'yif he were evel', according to Alkabucius, 'he signifieth vile filthi watres . . . and he signifieth prisouns, sothly, and bondes, and othere siche thinges' (col. 35). Weirs, in Chaucer's day, were primarily places in which fish traps were set, for the very purpose of imprisoning fish. The passage as a whole is exceedingly saturnine; we often find an association of Saturn with the notion of imprisonment elsewhere in Chaucer. It is hardly fair to ask how he would have explained the fact that the park into which they entered, if it was under Saturn's lordship, could have been so benign a place (John David North, Chaucer's universe, 1988 - books.google.fr).

Le Verseau n'apparaît chez Chaucer que dans le Treatise of the Astrolabe (Rosalyn Rossignol, Critical Companion to Chaucer: A Literary Reference to His Life and Work, 2006 - books.google.fr).

La représentation du Verseau figure un être humain qui porte parfois une, parfois deux amphores, et desquelles s'échappe l'Eau primordiale, symbole de la germination, de la transformation, du renouvellement et de la dissolution de l'univers (Jean-Pierre Paquet, Le zodiaque et l'enfant, 1996 - books.google.fr).

On reconnaît là les deux voies qui forment le Y pythagoricien (Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : 11 juillet ou le Pasteur d’Hermas).

Standing just outside the park, Scipio discussed its entrance with Chaucer. Aquarius, as we have said before, we take to be the analogue of the park. It is not a particularly sinister sign in itself, but it is the domicile of the less than lovable Saturn. The sombre message over the dark side of the gate was explained thus: 'Thorgh me men gon,' than spak that other side, 'Unto the mortal strokes of the spere ' (John David North, Chaucer's universe, 1988 - books.google.fr).

Verseau et l'oeuvre au noir

La mise en relation des coquillages avec le signe du Verseau se fait dans des représentations d'époque tardive du mois de février, comme sur le calendrier de 354 après J.-C, dont l'iconographie du mois de février comporte des coquillages, diverses créatures marines et des oiseaux (Jean-Yves Eveillard, À propos de la découverte d'une statue de Neptune à Douarnenez (Finistère): Caius Varenius Varus, producteur de salaisons de poissons, Ressources et activités maritimes des peuples de l'Antiquité: actes du Colloque international de Boulogne-sur-Mer, 12, 13, et 14 mai 2005, 2008 - books.google.fr).

Copie du Chronographe de 354, Manuscrit XVIIème siècle Collection Barberini - Bibliothèque du Vatican - de.wikipedia.org - Februar

Les coquillages du Chronographe sont des buccins ou des conques de triton, du nom du dieu marin qui apparaît dans The House of Fame de Chaucer.

Triton, fils de Neptune & d’Amphitrite, selon Hésiode, étoit un Demi-Dieu marin, dont la figure offroit jusqu’aux reins un homme nageant, & pour le reste du corps un poisson à longue queue. C’étoit le trompette du Dieu de la mer, qu'il précédoit toujours, annoncant son arrivée au son de sa conque: quelquefois il est porté sur la surface des eaux, d’autrefois il paroît dans un char traîné par des chevaux bleus. Au haut des Temples de Saturne on plaçoit communément la figure de Triton. Dans les naumachies, on plaçoit des Tritons sonnant du buccin; on en voit aux angles du phare d'Alexandrie. Les Poëtes attribuent à Triton un autre office que celui d’être trompette de Neptune ; c’est de calmer les flots & de faire cesser les tempêtes, ainsi dans Ovide, Neptune voulant rappeller les eaux du déluge, commanda à Triton d’enfler sa conque, au son de laquelle les eaux se retirèrent. Et dans Virgile lorsque Neptune veut appaiser la tempête que Junon avoit excitée contre Enée, Triton assisté d’une Néreide, fait ses efforts pour sauver les vaisseaux échoués (Andre De Claustre, Dictionnaire de Mythologie (etc.), Tome 3, 1745 - books.google.fr, Aubin-Louis Millin, Exposé du cours de mythologie, 1809 - books.google.fr).

Au Verseau se trouve aussi le noir Saturne, maître astrologique du signe que l'alchimie latine nommera Soleil noir (Paulette Duval, La pensée alchimique et le Conte du Graal, 1979 - books.google.fr).

« Verseau : Les Chymistes Hermétiques le prennent pour symbole de la Dissolution » (Dom Pernety). C'est la phase qui précède le travail : la matière devient noire lorsqu'elle est soumise à la dissolution. Le noir est couleur de Saturne, planète régente du Verseau. L'ère du Verseau du Hiéron rejoignait une certaine vision alchimique, et le Déluge peut être assimilé à une grande « dissolution » (le terme est employé par les astrologues de l'Antiquité) (Evelyne Latour, L'ère du Verseau, Les contrées secrètes, Volume 12 de Politica Hermetica, 1999 - books.google.fr).

lavabo : verbe lavare à l'indicatif futur 1ère sing. = je vais laver. Terme prononcé en se lavant les mains par un prêtre lors de l'office catholique cf. psaume XXV : "lavabo inter innocentes manus meas" (je lave mes mains en état d'innocence) (j.poitou.free.fr).

Le psaume 25 est mis en relation avec le "enclosed green" parc ou jardin fermé (nemedh of the dun), comme celui du Parlement of Foules de Chaucer (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Etudes particulières de psaumes : Psaume 25 : Druides, Bréhons et les anges de Milton).

Ablutio est un synonyme de lavatio (cf. faire ses ablutions). L'ablution désigne généralement l'albedo.

Seconde phase de l'Œuvre, celle qu'on appelle l'Œuvre au blanc - temps des aigles et des ablutions qui purgent la matière de ses ténèbres et la purifient (François Vigouroux, L'âme des maisons: essai, 1996 - books.google.fr).

Mais par le feu, qui ne brûle pas, ou l'eau qui ne mouille pas les mains (René Guénon, Symboles de la science sacrée (1962), 2013 - books.google.fr).

Les alchimistes parlent, dans tous leurs traités, d'un feu qui ne brûle pas, d'un feu humide. Ils insistent bien pour qu'on ne croie pas que ce feu est fait avec du bois ou du charbon ou toute substance qui brûle. Les maîtres en philosophie hermétique, initiés à la Kabbaie, disent que ce feu est répandu entre les astres et vient animer tous les êtres vivants ; ils l'appellent AOUR (le véritable OR des alchimistes) et prétendent qu'il se manifeste sous deux polarisations: La polarisation positive ou OD ; La polarisation négative ou OB. Martinez Pasqualis et Saint-Martin ont désigné ce feu sous le nom de Lumière astrale, terme employé depuis par Eliphas Levi (La Paix universelle: revue indépendante, Fédération lyonnaise et régionale des spiritualistes modernes, 1890 - books.google.fr).

Du premier Œuvre au noir : faut-il l'imbiber encore de feu secret ? La 52e scholie des Scholies que Bernard Husson date du temps de Louis XVIII, répond nettement : « On cesse les ablutions aussitôt que la fermentation se présente. » Cette fermentation se manifeste juste avant l'Œuvre au noir. Elle se reconnaît aux bulles qui se forment à la surface du bain. Cesser les ablutions sur la matière en fermentation, c'est « l'abandonner à son propre feu », assertion des Récréations Hermétiques qui prend alors tout son sens : si l'on chauffait la matière par de nouvelles ablutions, les bulles crèveraient et l'Esprit s'enfuirait (Gilles Pasquier, L'entrée du labyrinthe ou Introduction à l'alchimie: Suivie des Récréations hermétiques et des Scholies, 1992 - books.google.fr).

Le lavage des mains de Pilate lors du procès du Christ est associé à l'oeuvre au noir (La Croix d’Huriel : La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Chemin et signe de croix).

Dans le tableau Le Christ devant Pilate de l'école de Jérôme Bosch, "Pilate, identifié par le lavement des mains, est sans doute le personnage à l'air rusé assis à gauche, faisant signe au serviteur chauve qui lui fait face de verser l'eau sur sa main droite dégagée par sa manche courte à la romaine. Sa main gauche est passée sous le bras droit du Christ, qu'il presse insidieusement, comme pour le convaincre de passer au camp de ses ennemis" (Jacques Chailley, Jérôme Bosch et ses symboles: essai de décryptage, 1978 - books.google.fr).

Il y a donc ici un verse-eau avec Pilate.

L'œuvre au noir décrit «les aspects meurtriers de l'œuvre»; mortification, sacrifice, putréfaction, fermentation, torture et démembrement en fournissent des illustrations, comme le mysticisme de la Passion qui en participe (La Petite revue de philosophie, Volume 9, Numéro 2, 1988 - books.google.fr).

Après la bataille de Zama, le premier article du traité de paix signé entre Scipion et les Carthaginois est que les soldats de son armée qui ont été achetés par Annibal lui soient livrés. Il ordonne que les Latins périssent par la hache et il fait crucifier les Romains [supplice qui provient des Carthaginois selon le romancier Gustave Flaubert dans Salammbô (1862)] (Jules Bouquié, De la justice et de la discipline dans les armées à Rome et au moyen-âge, 1884 - books.google.fr, Jean Bacon, Les cultures à la rescousse de la foi, 2001 - books.google.fr).

Les Carthaginois s'entendaient fort bien à faire écraser leurs condamnés par des éléphants, à crucifier leurs généraux vaincus, ce qui, entre parenthèses, était une sanction plus radicale qu'un simple limogeage. Mais en cela ils ne différaient pas de leur contemporains d'autres nations, et, en particulier, de leurs adversaires romains. On n'en veut pour preuve que deux ou trois traits, cités pourtant par Tite-Live, le Romain, qui d'ailleurs n'y voit rien d'exorbitant ou de monstrueux. Ainsi quand l'armée (romaine) s'empare d'un suspect, elle n'hésite pas, pour l'obliger à fournir des renseignements, à le soumettre à la « question ». Quand elle s'empare de déserteurs ennemis qu'une femme, de foi douteuse, dénonce comme étant des espions : « Ils furent fouettés, dit Tite-Live, on leur coupa les mains et on les renvoya chez eux. » Et voici comment Scipion, dans sa propre armée, punit des soldats coupables de mutinerie : « Attachés nus à un poteau, dit Tite-Live, battus à coups de verges, tués à coups de hache. » (Gabriel Audisio, Hannibal, 1961 - books.google.fr).

Paul-Emile, après celle de Pydna, les fit fouler aux pieds des éléphants, et Scipion Emilien, son fils biologique et fils adoptif dans la famille des Scipion, après la prise de Carthage, les livra aux bêtes dans l'amphithéàtre (Godefroid Kurth, Caton l'Ancien: étude biographique, 1872 - books.google.fr).