Partie XVI - Darmstadt   La piste Darmstadtienne   Complot des pharmaciens et bouse d’aurochs   
DARMSTADT MERCK REBOULH PHARMACIENS AUROCHS

La Pharmacie du Cerf à Strasbourg et Carcassonne

Signalons, enfin, encore une autre curiosité, conservée jalousement par M. Erichson, et qui constitue un document précieux tant pour l'histoire de son officine que pour celle, en général, de la Pharmacie à Strasbourg. C'est un livret, petit in-octavo, relié en cuir, sur la première page duquel on lit: Gesellen-Büchlein D. Ao 1678. Alsz ich Hr. Albrecht Wessners Officin angenommen Januar 1678 In Straszburg et plus bas: Anno 1693 dj 11 Martij st: nov. ist Mein lieber Vatter von dem lieben Gott durch ein Schlag - Fluss auss diessem Jammervollen Leben in dass Ewige Freudes Leben abgefordert worden. Gott gebe Vns dermahleins eine fröhliche Nachfarth. Nach seinem Vätterlichen Willen Amen. [...]

Commencé en 1678 par le père de Jean-Jacques Spielmann, qui était venu de Bouxwiller prendre la succession d'Albrecht Wessner, ce livret fut continué par ses descendants jusqu'en 1846. Ce n'est au fond que le registre où étaient inscrits les noms des aides ou élèves pharmaciens, avec, en regard, le montant du salaire qu'ils touchaient, ou, pour les apprentis, le prix de la pension qu'ils payaient. Mais à côté de ces détails purement économiques, le Gesellenbüchlein nous en fournit d'autres non moins intéressants au point de vue historique. C'est ainsi que de la nomenclature qu'il nous met sous les yeux, on peut tirer cette conclusion que, au contraire d'aujourd'hui, les Alsaciens et tout particulièrement les Strasbourgeois ne ressentaient autrefois que peu d'attrait pour la carrière d'apothicaire: nous n'en trouvons, en effet, que fort peu dans la liste des nombreux commis et apprentis qui se sont succédés pendant les 168 ans qu'a été tenu le registre. Ceux-ci sont presque tous des étrangers – attirés sans doute par la réputation dont notre vieille cité jouissait alors dans le monde scientifique – et surtout des Allemands. Et ce n'est pas seulement des contrées d'outre Rhin voisines de l'Alsace que viennent ces jeunes gens, mais des Etats les plus éloignés, telles que la Saxe, la Westphalie, la Prusse, voire même des villes hanséatiques et du Holstein. A côté des Allemands, la pharmacie du Cerf semble surtout avoir attiré des Suisses, notamment des Bâlois, des Bernois, des Zurichois, des Argoviens, des Mulhousiens – Mulhouse, comme on sait, fit partie jusqu'en 1797 de la Confédération helvétique –, et puis des Vaudois, des Genevois, ainsi que des jeunes gens originaires de la principauté de Neuchâtel. Le comté de Montbéliard fournit également, dès le commencement du 18° siècle, un contingent assez nombreux d'élèves. Quant à la France, c'est à peine, si avant le 19° siècle nous la trouvons répresentée par un Messin, un Parisien et, en 1792, par un jeune citoyen de Carcassonne. Les Alsaciens fort rares, ainsi que nous l'avons dit, se recrutent – sauf dans les années qui suivent la Révolution – principalement dans des centres plutôt éloignés de Strasbourg: à Colmar, Wissembourg, Bouxwiller, etc. A signaler, par contre, en 1743, un commis originaire de Stockholm. Quelques-uns parmi ces jeunes gens sont devenu plus tard célèbres, tels le chimiste André Sigismond Margraf, de Berlin, l'inventeur du sucre de betterave, qui fut commis à la pharmacie du Cerf de 1731 à 1733, et Emanuel Merck (décembre 1813 à septembre 1814), qui plus tard devait fonder la fabrique d'alcaloïdes de Darmstadt. Pour la plupart des élèves, le patron s'est borné à enregistrer leur entrée dans la maison et leur départ avec le salaire touché ou la pension payée. Cependant, parfois ces notes sont suivies de commentaires plus ou moins flatteurs : ainsi, en 1693, J. J. Spielmann se plaint qu'un de ses apprentis l'ait quitté sous un mauvais prétexte (mit schlechter raison von mir kommen) et, en 1700 il en accuse un autre de s'être enfui clandestinement (ist heimlich von mir geloffen) (Journal suisse de pharmacie, Volume 43, Schweizerischer Apotheker-Verein, Verein Schweizerischer Analytischer Chemiker, 1905 - books.google.fr).

Le frère de Louis X de Hesse-Darmstadt (Prenzlow, 1753 - Darmstadt, 1830), Frédéric-Louis est né en 1759 à Bouxwiller qui était passé à cette famille en 1736 avec tous les baillages appartenant sur les deux rives du Rhin à l'ancienne maison de Hanau-Lichtenberg par mariage de Louis VIII avec Charlotte (1700 - 1726). Leur fils Louis IX (1719 - 1790) se marie le 12 août 1741 avec Caroline (1721-1774), surnommée « la Grande Landgravine », fille du duc palatin Christian III de Deux-Ponts-Birkenfeld. Bouxwiller connaîtra ses heures de gloire lors des séjours (1741-1765) de Caroline. Les jardins de cette époque, aménagés en trois terrasses méritèrent leur renommée d'un "Petit versailles". Lorsque Caroline quittera en 1765 Bouxwiller pour s'installer définitivement à Darmstadt, la vie de cour diminuera pour sombrer avec la Révolution en 1791 (fr.wikipedia.org - Louis IX de Hesse-Darmstadt, www.tourisme-hanau-moder.fr).

L'axe Darmstadt - Rennes-le-Château passe dans la partie alsacienne du comté de Hanau-Lichtenberg, à l'est de Bouxwiller (fr.wikipedia.org - Comté de Hanau-Lichtenberg, Darmstadt : Les trois portes : Darmstadt - Montrevel).

Au cours de travaux exécutés dans l'ancienne pharmacie du Cerf, à Strasbourg, des ouvriers ont découvert récemment une assez grande quantité de vieilles monnaies des époques de Louis XV et de Louis XVI. La pharmacie du Cerf, qui est située sur la place de la Cathédrale, est la plus ancienne pharmacie de Strasbourg un document de 1268 y mentionnait déjà la présence de l'apothicaire Henri Philippi; elle possède sous ses voûtes des sculptures anciennes fort riches, représentant des dragons et des salamandres qui, malheureusement, dans la suite des temps, ont été recouvertes en partie de maçonnerie. Le propriétaire actuel de la pharmacie, M. Erichson, a pris l'heureuse initiative de faire remettre à jour les anciennes voûtes et a chargé le peintre strasbourgeois, M. Schnug, de les repeindre dans le style de l'époque; en même temps, M. Spindler a été chargé d'exécuter un mobilier conforme au style (Bulletin artistique de l'Est, Volumes 9 à 10, 1903 - books.google.fr).

A la fin du XVIIe siècle, l'officine de la rue Mercière prend l'appellation d'apothicairerie ou pharmacie du Cerf (Zum-Hirsch - ou 1635 : « Zum guldinen Hirsch [Hirtsen] », au Cerf d'or), « ante monasterium », devant la cathédrale, qu'elle a gardé de nos jours bien qu'elle n'appartienne plus aux Spielmann depuis 1848. C'est la maison à façade étroite qui se trouve juste à droite de la célèbre pharmacie formant l'angle de la rue Mercière et de la place de la Cathédrale. Des recherches dans les Archives m'ont permis de constater, dans les anciens « Allmendbücher » de la Ville de Strasbourg, qu'en 1713 Jean-Jacques Spielmann, alors propriétaire de la Pharmacie du Cerf, a payé, pour la première fois, l'impôt pour 2 portes, nouvellement percées pour pouvoir accéder à la maison voisine, acquise en vue d'agrandir sa pharmacie (Cahiers d'archéologie et d'histoire d'Alsace, Volume 7, Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace, 1938 - books.google.fr).

La Pharmacie du Cerf fut la pharmacie en activité la plus ancienne de France jusqu'en 2000. Un pilier est légèrement en retrait par rapport au reste du bâtiment, et cet interstice est connu sous le nom de « büchmesser » (mesureur de ventre).

Pharmacie du Cerf à gauche et maison Kammerzeil au fond - picclick.fr

C'est certainement à la forte personnalité de Jakob Reinbold Spielmann (1722-1783) que fut due en 1757 la réorganisation de la profession pharmaceutique, réorganisation qui se traduisit par le nouveau règlement strasbourgeois du 26 février 1757. Spielmann (1722-1783) était propriétaire de la pharmacie du Cerf. Devenu professeur extraordinaire, il fut nommé en 1759 à la chaire de chimie, botanique et matière médicale à la Faculté de médecine. Il organisait pour ses étudiants, en plus de ses cours à la Faculté, des manipulations de chimie dans son laboratoire privé de la pharmacie du Cerf, des séances d'herborisation au Jardin botanique de l'Université dont il était le directeur, ou encore des excursions botaniques dans les environs. Un de ses étudiants fut Johann Wolfgang von Goethe pendant son séjour strasbourgeois (1770-1771). D'après ce règlement de 1757, la commission, prévue précédemment pour se prononcer sur l'aptitude du candidat apothicaire, y était augmentée d'un membre à savoir le professeur de chimie, botanique et matière médicale de la Faculté de médecine. D'autre part, on exigeait de l'impétrant soit 5 ans de compagnonnage après son apprentissage, soit le fait d'avoir suivi un cours complet chez un professeur de chimie, y compris des travaux pratiques. Or le professeur de l'époque n'était autre que Spielmann lui-même ! Ce règlement était important, car il offrait la possibilité (encore facultative il est vrai ) d'une équivalence d'un cursus universitaire au compagnonnage pour la formation des futurs apothicaires. C'étaient les prémices des études de pharmacie à l'Université (Guy Dirheimer, Pierre Bachoffner, La création de l'École de pharmacie de Strasbourg en 1803. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 91e année, n°339, 2003 - www.persee.fr).

Ce commis carcassonnais chez Spielmann dans sa Pharmacie du Cerf à Strasbourg est Dominique Reboulh, pharmacien successeur de son père, franc-maçon, et qui approcha le duc d'Orléans Philippe-Egalité (Calendrier maçonnique, indicatif des assemblées ordinaires du G.O. de France, pour l'an de la V.L. 5817, 1817 - books.google.fr).

Pourquoi le trouve-t-on à Strasbourg ?

Moritz Johann Kunckel, fils du Capitaine Kunckel, est né le 9 decembre 1769 à Hofgeismar près de Cassel en Hesse, d'après l'extrait de baptême du 13 décembre. A l'âge de 17 ans, le jeune Moritz Joahnn devient apprenti dans la pharmacie de Johann Cari Jacob Ottleben à Gudensberg près de Fritzlar.

A Strasbourg, l'une des plus importantes pharmacies d'Europe exerçait à cette époque un attrait certain sur les jeunes préparateurs en pharmacie assoiffés de connaissances. Kunckel n'aura donc pas hésité lorsqu'il a eu la possibilité d'entrer dans la pharmacie du Cerf de Karl Friedrich Spielmann. A cette époque, Jakob Reinbold Spielmann, son célèbre père, était déjà mort depuis 9 ans. Toutefois le génie de ce grand pharmacien et Professeur d'université aura longtemps habité cette pharmacie (Klaus Meyer Klaus, Johann Moritz Kunckel et ses années de services chez des pharmaciens pendant la Révolution française. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 84e année, n°312, 1996. Actes du XXXIe Congrès International d'Histoire de la Pharmacie (Paris, 25-29 septembre 1995) - www.persee.fr).

Dominique Reboulh fut l'un des principaux adjoints (de 1821 a 1830) du député-maire alors en fonction sous Louis XVIII, (Charles X règnera à partir de septembre 1824), Charles de Fournas de la Brosse baron de Moussoulens. Son nom figure sous celui du maire sur la vasque des deux bassins du square André Chénier. Il était propriétaire du bastion Montmorency, avant de le céder à son gendre, Coste, lui aussi apothicaire.

Nous avons vu de nos jours, Dominique Reboulh, pharmacien, successeur de son père Michel (mort avant 1813), pharmacien et premier adjoint de la Mairie de Carcassonne de 1821 a 1830. La pharmacie, située dans la Grand'Rue, fut ensuite occupée par M. Barateau. Philippe Reboulh, pharmacien, rue des Carmes, cousin du précédent; sa pharmacie fut occupée après lui par M. Marsal. Paul Reboulh, cousin des précédens, chef de bureau a la Préfecture de l'Aude sous l'administration impériale.

Un Jean-Pierre Reboulh, marchand apoticaire de Carcassonne, obtient le bail à ferme pour une durée de 9 ans, des dîmes de Paretlongue (banlieue de Carcassonne).

Des écrits anciens mentionnent une splendide villa gallo-romaine et le déroulement de plusieurs batailles. Le vignoble est très ancien puisque dès 1111, en pleine période cathare, l’abbaye “Notre Dame de Pareti-Longi” est fondée par les chanoines de Carcassonne. Ces derniers reçoivent en 1265, après la croisade contre les Albigeois, des privilèges royaux. A partir de 1580, avec Pierre de Boyer, Seigneur de Monclar et son neveu François de Roques, d’illustres familles languedociennes se succèdent à Paretlongue. A la Révolution, les vestiges de l’église de Notre-Dame de Paretlongue existent toujours et les paroissiens du village. [...] voisin de Pennautier se rendaient en procession sur le Domaine l’un des trois jours des Rogations (www.auzias.fr - Château Auzias, Alphonse Jacques Mahul, Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne, tome 6, No 2, 1857 - books.google.fr, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, Volume 4, 1925 - books.google.fr, chroniquesdecarcassonne.midiblogs.com).

Jean Jalabert (Carcassonne, 1815 - 1900), Portrait de Madame Coste, fille de Dominique Reboulh, et de son fils Alphonse Coste-Reboulh (1817-1891), 1855 - Musée des Beaux-Arts de Carcassonne - fr.wikipedia.org

Nous avons précisément l'heureuse fortune de posséder, dans notre collection, un précieux document rédigé par Reboulh, un élève français de Le Royer et Tingry. Ce cahier est malheureusement en fort piteux état. Il a 11 cm sur 16,5 cm, est cartonné et composé avec des feuilles de mauvais papier. Nous donnerons d'abord son titre, en notant, entre parenthèses, les lettres et mots qu'il nous a été possible de reconstituer. C'est le « Recueil d'opérations chimiques et pharmaceutiques, commencé le 3 septembre 1789 par Dque Reboulh, chés Mr Vir(enque) (Jean-Guillaume Virenque (1759-1829), docteur en médecine (1781), apothicaire (22 septembre 1783) et, plus tard, directeur de l'Ecole de pharmacie de Montpellier), médecin, apothicaire et chimiste à Montpellier; continué chez MMrs L(e Royer) et Tingry, démonstrateur de Chimie et d'Histoire Na(turelle) à Genève le 28 du mois d(e) 1790; chés Mr Spielmann à Strasbourg le 1er septembre 1791, chés Mr Cluzel 1er apothicaire de Mr d'Orléans (Louis-Philippe-Joseph, dit Philippe-Egalité, né en 1747, guillotiné en 1793) à Paris le 1er may 1792 ». Nous espérions pouvoir, facilement, retrouver dans ce petit cahier la partie rédigée à Genève par Reboulh et en tirer des conclusions sur l'utilité, pour notre compatriote, de ce séjour en Suisse. [...]

Malheureusement, il n'existe dans ce document aucune indication permettant d'effectuer la séparation des documents récoltés dans les différentes officines où celui-ci a travaillé. Toutes les formules se suivent sans indication de ville, sans blanc notable. Elles sont de plus écrites avec une encre qui semble toujours identique. Cependant, à l'emplacement probable où doivent se trouver les formules glanées par Reboulh chez Le Royer et Tingry se trouvent : 1°) celle des Tablettes de Saussure, à la magnésie, et l'on sait que Tingry était en rapport avec un De Saussure ; 2°) celle de la Poudre Anodine de la Pharmacopée de Genève, à base d'opium.

Ce n'est que beaucoup plus loin, après la formule des Pilules Spielmann, recueillie certainement à Strasbourg, que l'on trouve celle de la fameuse Marmelade de Tronchin. Reboulh a donc vraisemblablement recueilli cette formule à Paris seulement. On sait que l'illustre médecin suisse, inventeur de ce médicament (1709-1781) a vécu longtemps à Paris, où il est mort. Il a même été premier médecin du duc d'Orléans, Louis-Philippe (1725-1785). Or, nous avons vu ci-dessus, que Reboulh a travaillé chez Cluzel, apothicaire du nouveau duc d'Orléans, ceci à partir du 1er mai 1792 et cette formule devait être classique dans l'apothicairerie ducale (Maurice Bouvet, Les compagnons apothicaires français à l'étranger : des origines à 1803 (Congrès de Dubrovnik 1959) . In: Revue d'histoire de la pharmacie, 47e année, n°163, 1959 - www.persee.fr).

Reboulh participa à l'analyse des eaux des sources de Rennes les Bains en septembre 1805 (Histoire de la société de médecine-pratique de Montpellier, Volume 3, Société de médecine-pratique de Montpellier, 1806 - books.google.fr).

Leur renommée, pour ne pas rester stationnaire, avait besoin de s'appuyer sur la connaissance de leurs principes minéralisateurs. Aussi le propriétaire de ce bel et utile Etablissement sentit la nécessité de les faire constater d'une manière positive. Pour mieux remplir ce but, il eut l'heureuse idée de s'adresser au Nestor de la chimie française, à M. le Comte de Bertholet ; ce savant chargea de cette opération son digne élève, M. Julia, alors Professeur adjoint et Préparateur en chef de chimie pharmaceutique à Paris, et M. Dominique Reboulh, Pharmacien chimiste à Carcassonne, Membre de plusieurs de plusieurs Sociétés savantes. Ce fut le 12 fructidor an 13, que ces messieurs se rendirent sur les lieux à Rennes. Le résultat de leurs expériences fut l'objet de deux mémoires qui sont consignés dans le tome 56 des Annales de chimie et dans les journaux de médecine de Montpellier et de Paris (François-Marie-Fortuné Cazaintre, Notice sur les eaux thermales et minérales de Rennes, 1833 - books.google.fr).

La dissertation de Julia est précédée d'une introduction, dans laquelle l'auteur affirme que vers la fin du XVIIe siècle, Bayle et Duclos firent les premières tentatives pour la découverte des principes minéralisateurs des eaux médicinales, et consigne la très efficace influence de M. Paul Urbain de Fleury, sur l'étude analytique des eaux de Rennes en 1805 (Bulletin, Volumes 41 à 42, Société d'études scientifiques de l'Aude, Carcassonne, 1937 - books.google.fr, Joost Mertens, Éclairer les arts : Eugène Julia de Fontenelle (1780-1842), ses manuels Roret et la pénétration des sciences appliquées dans les arts et manufacture, 2009 - dht.revues.org).

Le marquis Paul-Urbain de Fleury (1778-1856) se marie en 1818 à Henriette de Girous des Ondes (Louis de La Roque, Armorial de la noblesse de Languedoc, Généralité de Montpellier, Volumes 1 à 2, 1860 - books.google.fr).

On connaît deux anciens pharmaciens célèbres à Carcassonne : le général napoléonien Georges Frère (1764-1826), né à Montréal en Languedoc d'une famille obscure, qui s'établit pharmacien à Carcassonne avant la révolution, dont il embrassa la cause avec beaucoup d'ardeur, quittant son officine en 1791 pour s'enrôler dans un hataillon de volontaires du département de l'Aude ; et l'"Apôtre" Jean Journet (1799-1861) ancien carbonaro, il guerroie contre les troupes françaises du duc d’Angoulême, venues secourir la monarchie espagnole en 1823. Peut-être lassé par cette escapade militaire qui s’est soldée par un échec, il gagne Limoux en 1826, y ouvre une officine de pharmacie et y prend femme. Il épouse Rose Ferrand. Epris des idées de Fourier, il quitta un beau jour sa femme, ses enfants, son officine de pharmacien, pour se consacrer au bonheur de la grande famille humaine. Il sera enfermé quelque temps à Bicêtre. Le père de Jean Journet, Pierre Journet (1762-1836) marié à Marguerite Azerm (1772-1821), républicain austère et convaincu, avait été maire de la ville en 1793 (www.lagglorieuse.info, Biographie universelle, ancienne et moderne, Volume 64, 1838 - books.google.fr).

Marie Madeleine : patronne des pharmaciens

Toujours identifiée par son vase de parfum, Marie Madeleine traverse l'iconographie chrétienne avec une grande constance, et donne à l'usage des nards précieux une double dimension esthétique et théologique. Enracinée dans les Evangiles, la figure de la Madeleine est complètement refondue au cours du Moyen Age et ne cesse de se développer durant les temps modernes et contemporains toujours avec un luxe de sensibilité, voire de sensualité, inégalé. Avec elle, la foi s'exprime en termes amoureux dont la délicatesse prend les formes subtiles des parfums les plus spirituels.

D'un point de vue textuel, les Evangiles ne mentionnent pas le nom de Marie de Magdala lors des quatre récits qui racontent une onction (à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux pour Matthieu 26, 6-13 et pour Marc 14, 3-9, ou toujours à Béthanie mais dans la maison de Marthe et Lazare pour Jean 12, 1 -10, ou encore chez Simon le Pharisien sans indication du lieu Béthanie pour Luc 7, 36-50). En revanche, c'est bien Marie de Magdala et d'autres femmes qui assistent à la mort du Christ (Matthieu 27, 55-56, Marc 15, 40-41 et Jean 19, 25), c'est toujours elle qui, avec l'autre Marie, assiste à l'ensevelissement (Matthieu 27, 61 et Marc 15, 47).

L'onction du corps mort est plus problématique puisque Jean l'attribue à Nicodème «portant un mélange de myrrhe et d'aloès», et la situe avant l'ensevelissement (Jean 19, 39-40), tandis que Luc souligne que les femmes ont juste le temps de préparer les aromates avant le sabbat et attendent la fin du repos légal pour se rendre au tombeau (Luc 23, 56 et 24, 1). Matthieu et Marc précisent aussi que les femmes, en particulier Marie Madeleine, se rendent le premier jour de la semaine au tombeau, mais seul Marc indique les aromates pour l'onction (Matthieu 28, 1 et Marc 16, 1). Ainsi pour les synoptiques l'onction du corps mort n'a-t-elle pas lieu puisque les femmes constatent le tombeau vide.

Le cycle de la Passion est introduit par l'onction à Béthanie (chez Matthieu et Marc), un geste d'hospitalité comme on l'a vu, mais un geste dont la portée est nécessairement messianique quand il est appliqué à l'Oint par excellence, le Christ. Dans l'Evangile de Jean, l'épisode est curieusement placé après le récit de la résurrection de Lazare pourtant introduit par un rappel du geste de Marie («Marie était celle qui avait oint le Seigneur de parfum... » Jean 11, 2) ; ce geste est seulement décrit dans le chapitre suivant, parce qu'il fallait que le récit de l'onction à Béthanie se situe précisément six jours avant la Pâque, dans un souci de construction symbolique et liturgique du cycle de la Passion et de la Résurrection. D'ailleurs Jean fait suivre l'onction à Béthanie par J'entrée messianique à Jérusalem (Jean 12, 12-19), donnant ainsi au geste de Marie une dimension eschatologique. Quand Marie oint Jésus, elle révèle sa nature profonde, le fait qu'il soit Christ (Les parfums de Marie Madeleine - rene.cougnaud.free.fr, La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Trésors : Les Bijoux de la Castafiore).

Marie Madeleine oignant les pieds de Jésus - malicieusekiki.skynetblogs.be - Onction-lavement

Selon Eugène Humbert Guitard, historien de la pharmacie du début du XXème siècle, à l’époque où se formèrent les premières corporations d’apothicaires c’est Sainte Marie-Madeleine qui fut l’un des patrons le plus souvent choisi. Bien sûr les apothicaires avaient d’autres Saints Patrons comme Saint Côme et Saint Damien, Saint Roch à Montpellier, Saint Nicolas à Paris. On retrouve la dévotion à Sainte Marie-Madeleine dans les objets employés par ceux-ci comme l'albarello fabriqué à Derutta au XVIIème siècle comportant à sa partie supérieure une effigie de Marie-Madeleine et sur le renflement inférieur les représentations de Saints Cosme et Saint Damien : l’abondance de Saints protecteurs ne nuit jamais. On a retrouvé en Aragon, des statuts d’apothicaires valenciens qui furent approuvés le 20 mars 1441 et ce « Colegio de boticario del Reino de Valencia » se donna en même temps pour Patronne Sainte Marie-Madeleine. Il est également prouvé qu’elle fut également Patronne des apothicaires de Barcelone antérieurement à 1365. En France une confrérie d’apothicaires sous le vocable de Sainte Madeleine existe à Aix en Provence en 1480. Cette sainte est également la patronne d’une confrérie qui existe à Nîmes dès 1491 et qui est constituée d’apothicaires, de ciriers et d’épiciers. Les apothicaires de La Flêche feront également choix de Sainte Marie-Madeleine comme patronne au début du XVIème siècle sans que l’on puisse déterminer la date exacte de fondation de la confrérie. Vers 1570, une confrérie d’apothicaires se constitue en Avignon sous le patronage de Marie-Madeleine comprenant tous les « apothicarii » et les « aromatarii » de la ville. Nous avons également retrouvé le blason de la communauté des Maîtres apothicaires de Toulon et celui de la communauté des marchands apothicaires de la ville d’Ipre. A Lille en 1595 création d’une confrérie d’apothicaires dont les armoiries représentent Marie-Madeleine. Et sur une estampe du 18ème siècle (1785) on retrouve Marie-Madeleine comme sainte patronne des apothicaires de cette ville. Une bannière de la corporation des apothicaires de la Ville de Lille datant de 1715 se trouve actuelle ment au Palais des beaux Arts de cette ville (Jacques Gravé, La représentation de Marie-Madeleine dans les enluminures, Bulletin de liaison de l’Association des Amis du Musée de la Pharmacie (n°37) – 2012 - www.patrimoine-pharmaceutique.org).

Côme et Damien sont les vocables des église de Belcaire, dont la famille de Marie de Nègre posséda le château depuis 1310, ainsi que du hameau, dans la même commune, de Trassoulas (Autour de Rennes le Château : Couronnement de Marie Madeleine et calendrier kabbalistico-alchimique, Autour de Rennes le Château : Marie Madeleine, la Queue du Dragon, Belcaire et Trassoulas).

Aurochs et page 128 de La Vraie Langue Celtique

Dans la caverne de Bize (Aude) un explorateur, M. C. Cailhol, a recueilli une lamelle de pierre assez tendre portant nombre d'encoches sur les bords ; dans la grotte d'Arignac (Haute-Garonne), M. Edouard Lartet en fouillant le sol (1860), « y trouva quantité d'ossements de l'ours des cavernes, de l'aurochs, du renne, du cheval, etc.. et dans une plate forme placée au devant de la grotte, au milieu de débris très intéressants, « une lame de bois de renne « accidentellement coupée aux deux bouts, dont l'une des « faces, parfaitement polie, offre deux séries de lignes « transversales également distancées entre elles, et dont les « bords latéraux sont marqués d'encoches plus profondes, « assez régulièrement espacées. M. Lartet voit dans ces « lignes et ces entailles des signes de numération, et M. « Steinhauer a émis l'idée que ce sont des marques de « chasse. » (L'homme primitif, par M. Louis Figuier). (VLC, p. 128)

Le gui, conservant au coeur de l'hiver ses feuilles d'un vert foncé, alors que les arbres en sont dépouillés, était-il simplement aux yeux des Druides le symbole de l'immortalité de l'âme et de la vie future, ou bien possédait-il réellement dans leur pensée une certaine efficacité pour la guérison des maladies ["omnia sanantem" : Pline, H.N. livre 16] ? Son nom celtique nous l'apprendra, tout en rejetant bien loin les appréciations hasardées et singulières des auteurs latins. (VLC, p. 283)

Alors on immolait des victimes (deux taureaux blancs) en priant Dieu de rendre son présent salutaire à ceux qui auraient l'avantage de le posséder. Le festin commençait ensuite, et le reste du jour était consacré aux réjouissances. (VLC, p. 284)

Les Gaulois avaient une grande fête d'hiver : la cueillette du gui. L'année nouvelle était proclamée par les Druides (AGUILANEUF). On promenait le taureau de Bel, on se masquait, on se déguisait avec des robes de femmes, des peaux de bêtes, des cornes d'urus et des têtes de génisses (La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, Lamirault, 1885 - books.google.fr).

Le "taureau de Bel" est mis en rapport avec le Tarvos Trigaranos, dont le nom fut lu sur le pilier des Nautes découvert en 1711 à Notre Dame de Paris, et l'urus de Pline (aurochs, bos primigenius de Bolanus) (J.-B. Robert, Origines de Paris et de toutes les communes, hameaux, châteaux, etc. des départements de Seine et Seine-et-Oise, 1864 - books.google.fr, Adolphe Pictet, Les origines Indo-Européennes, ou Les Aryas primitifs: essai de paléontologie linguistique, Volume 1, 1859 - books.google.fr, Johann Friedrich Brandt, Zoogeographische und palaeontologische Beiträge, 1867 - books.google.fr).

C'est en Alsace, à Bouxwiller, que Ludwig Heinrich Bojanus est né en juillet 1776. A cette époque, la ville est la capitale du Comté de Hanau-Lichtenberg, véritable petit Etat de 65.000 habitants, inséré dans le nord de l'Alsace et empiétant sur la Lorraine mosellane. Depuis 1680, date de la " réunion " des seigneuries d'Alsace à la France, les comtes d'Hanau-Lichtenberg sont vassaux du roi de France mais restent sujets du Saint-Empire romain germanique pour leurs bailliages d'outre-Rhin. Au moment de la Terreur en 1793, son père décida de s'exiler avec son épouse et son fils à Darmstadt. A Darmstadt, Bojanus fait sa Maturité (baccalauréat) et poursuit ses études, en médecine, à l'université de Iéna. En 1797, il obtient son doctorat en médecine et en chirurgie. Bojanus postule et le conseil de l'université de Vilnius retient sa candidature. Il arrive à Vilnius en mai 1806. C'est donc dans cette ville réputée que Bojanus passe la plus importante partie de sa carrière. De 1806 à 1824, il y enseigne l'art vétérinaire, puis l'anatomie comparative qu'il est le premier à introduire comme discipline scientifique en Europe orientale. Près de deux siècles après sa publication, l'Anatome Testudinis Europaeae (Anatomie des tortues en Europe) reste encore aujourd'hui l'ouvrage le plus complet sur le sujet. [...]

L'aurochs est le deuxième domaine qui contribua à la notoriété scientifique de Bojanus. Ancêtre de notre bovin domestique actuel, cette espèce sauvage de grande taille disparut au XVIIe siècle en Pologne. Des archives de chasse font mention que le dernier aurochs d'Europe fut abattu en 1627 en Lituanie. Elle était assez répondue en Germanie, en Scandinavie et en Angleterre du temps de Jules-César. A la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, une partie des naturalistes pensent que les noms d'aurochs et de bison d'Europe désignent le même animal et rejettent l'existence propre de l'aurochs. En travaillant sur des squelettes, tant à Vilnius qu'à Paris et à Vienne, Bojanus parvient à démontrer l'existence de deux espèces distinctes, qui sont désignés depuis par les zoologistes du monde entier par les noms de Bos primigenius Bojanus (aurochs) et de Bison priscus Bojanus (bison d'Europe). [...]

Apprécié comme pédagogue et chercheur, il est également membre de la Société de médecine de Vilnius et développe des relations étroites avec des scientifiques en Russie et à l'étranger. Elu membre correspondant de plusieurs académies étrangères, il entretient une importante correspondance avec Georges Cuvier, alors directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris, avec qui il a en commun une double culture franco-germanique. Durant ces 18 années passées à Vilnius, il fait de nombreuses découvertes et publie plus de 40 ouvrages et études scientifiques. [...]

Gravement malade, Bojanus se retira en 1824 à Darmstadt où il décède trois ans plus tard, à l'âge de 51 ans (Philippe Edel, L.H. Bojanus (1776-1827), un grand scientifique entre Ouest et Est, 2002 - www.cahiers-lituaniens.org, Daniel Babo, Races bovines françaises, 1998 - books.google.fr).

Psaume 128 et Ezechiel

Ps 128,5-8 Carrières Que tous ceux qui haïssent Sion soient maintenant couverts de confusion , et qu'ils retournent en arrière. Qu'ils deviennent comme l'herbe qui croit sur les toits; qui se sèche avant qu'on l'arrache ; Dont celui qui fait la moisson ne remplit point sa main ; ni celui qui ramasse les gerbes, son sein; Et à laquelle ceux qui passaient n'ont point dit ce qu'ils ont coutume de dire à ceux qui portent des grains : Que la bénédiction du Seigneur soit sur vous : nous vous bénissons au nom du Seigneur.

Il y a des fautes d'une certaine espéce, qu'on est obligé de tolérer, quoiqu'elles soient connues de tout le monde ; sur-tout quand le tems d'y remédier n'est pas encore venu, & que les coupables ne sont pas dans la disposition de recevoir des réprimandes publiques. On sçait assez par expérience qu'une playe qu'on ouvre avant le tems, s'enflamme, & cette inflammation en rend la guérison plus difficile : si l'on n'applique les remedes bien à propos, il est hors de doute qu'ils ne font aucun effet, & qu'ils ne guerissent point le mal; un Pasteur qui attend une occasion favorable, pour faire des corrections utiles à ceux qui sont tombés dans quelque faute, a besoin d'une grande patience pour souffrir leurs déréglemens. C'est peut-être dans ce sens que le Psalmiste disoit: "Les pécheurs m'ont mis un fardeau sur le dos" (Ps 128,3) car c'est cette partie du corps qui est destinée à porter les fardeaux : il se plaint donc que les pécheurs ont imposé sur son dos une charge fort pesante ; c'est-à-dire, qu'il portoit sur ses épaules comme un fardeau ceux qu'il ne pouvoit retirer de leurs desordres.

Il faut tâcher adroitement de découvrir les fautes secrettes; en sorte que les signes extérieurs & les apparences fassent connoître ce qu'un homme a dans le cœur, & que le Pasteur voye clairement ce qu'il cache avec plus d'artifice, afin que quand il aura trouvé une conjoncture favorable pour le reprendre, il passe des plus petites fautes aux plus grandes. C'est l'avis que Dieu donnoit au Prophète Ezechiel : fils de l'homme, faites un trou dans la muraille : le même Prophète ajoûte incontinent ; je fis un trou dans la muraille, & j'apperçus une porte ; Dieu me dit, entrez dans le Temple, & voyez, les grandes abominations qui s'y commettent ; je n'y fus pas plutôt entré que j'y vis toutes sortes de reptiles & d'animaux abominables ; toutes les Idoles de la Maison d'lsraël étoient dépeintes sur la muraille. Sous la personne du Prophète Ezechiel sont figurés tous les Pasteurs de l'Eglise ; la muraille marque la dureté du cœur des fidelles: qu'est-ce que c'est que faire un trou à la muraille ; si ce n'est pénétrer jusque dans le fond du cœur par des recherches fines & délicates, pour découvrir tout ce qui s'y paste ? Après que le Prophète eut fait ce trou, il apperçut une porte ; de même aussi quand on a fait une brèche par des recherches adroites & étudiées, pour voir ce qu'il y a de plus caché dans la profondeur du cœur de l'homme, il semble qu'une porte s'ouvre, & que cette ouverture expose à la vuë tous les replis des pensées de celui à qui l'on fait la correction (Partie II, Chapitre X) (Grégoire le Grand (pape), Le Pastoral de saint Grégoire le Grand. Du Ministère et des devoirs des pasteurs. Traduction nouvelle, par P. Antoine de Marsilly, 1739 - books.google.fr).

«"Des trois sortes d'abomination" (Ézéchiel VIII:2-18) : Toute l'intention de ce chapitre est de montrer quelles sont les quatre sortes de choses exécrables [commises par] Israël. La première est l'image de la jalousie. Par elle, on entend convoitise, car c'est elle qui met la jalousie et l'envie dans le cœur des hommes, et c'est elle qui fait fuir la gloire de Dieu hors du Saint des Saints. Et c'est là le début de tous les maux. La deuxième est qu'on leur reproche de fabriquer des images de toute chose. Ce qui veut dire qu'ils avaient de nombreuses idoles différentes qu'ils adoraient. La troisième [abomination] était les femmes qui pleuraient sur le Tammouz, une idole que les prêtres qui la servaient faisaient artificiellement pleurer. Et ceci constitue la grande fornication à laquelle les femmes se livraient. La quatrième était qu'ils plaçaient leur dos et, sauf votre honneur, leur séant en direction du Temple du Seigneur quand ils voulaient se purger de leurs besoins. Ils faisaient cela, les méchants qui reniaient ainsi la Cause première, Dieu le Père, et ne croyaient à aucun créateur du monde". » La scène se déroule sur le parvis d'un imposant bâtiment représentant le Temple de Jérusalem. A gauche, le buste d'ange nimbé, aux quatre ailes déployées, apparaît dans un nuage de fumée. 11 tient Ezéchiel en l'air par ses tresses et le mène devant le Temple, au centre de l'image. La tête du prophète est auréolée d'un nimbe décoré d'arcatu- res; il est barbu et vêtu d'une robe longue. La façade du Temple présente trois portes closes et une, plus haute, ouverte - «un trou dans le mur» -, pour qu'Ezéchiel puisse constater les trois abominations d'Israël, que l'ange désigne au prophète de son index pointé. Les abominations sont décrites au premier plan, de gauche à droite; elles sont en fait au nombre de quatre, conformément au commentaire de Moïse Arragel sur le verset 9. La première abomination est représentée par un groupe d'animaux (corbeaux, ânes, loups ou hyènes, bœufs), parmi lesquels ne figurent pas de reptiles, contrairement à ce qui est écrit dans le verset 10 (Sonia Fellous, Histoire de la Bible de Moïse Arragel, Tolède 1422-1433: quand un rabbin interprète la Bible pour les chrétiens, 2001 - books.google.fr).

Le texte d'Ezechiel du chapitre 8 se poursuit au chapitre 11 où l'on retrouve les 25 hommes qui se prosternent devant le soleil et nom devant le Temple ayant leur derrière contre lui (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : L’Arcadie d’Hergé).

Moïse Arragel ou Mosé Arragel Guadalajara (né à Guadalajara, en Espagne, à la fin du XIVe siècle, mort au Portugal en 1493) est un rabbin séfarade auteur de la Bible d'Albe, traduction en castillan à partir de la Bible hébraïque, sur la requête de Luis González de Guzmán, maître de l'Ordre de Calatrava, qui désirait lire la Bible en espagnol, l'encourageait à la traduire et à la commenter (fr.wikipedia.org - Moïse Arragel).

Le scarabée, en roulant sa boule de bouse, était associé par les anciens Egyptiens au dieu primordial Khépri qui pousse devant lui le disque solaire. Khépri (Le soleil en devenir) est une entité de la mythologie égyptienne associée au soleil et symbole de la renaissance. Il est représenté par un homme à tête de scarabée ou comme un scarabée poussant devant lui le disque solaire. Il renaît chaque matin avant de devenir Rê, le soleil à son zénith, puis Atoum, le soleil couchant. Khépri, dont le nom signifie celui qui vient à l'existence, était adoré à Héliopolis. Aux côtés de Rê et d'Atoum, il forme la triade d'Héliopolis. Son autre nom est Kheprer, qui vient du verbe Kheper et qui signifie devenir. Khépri étant l’aspect divin, le soleil levant. Auguste Mariette au XIXe siècle, avait remarqué que les momies de la XIe Dynastie (2040 à 1991 Av. J.-C.) portaient un scarabée comme amulette au doigt de la main gauche. Sceptre ouas et croix de vie ânkh sont ses attributs (fr.wikipedia.org - Bouse, (fr.wikipedia.org - Khépri).

Il fut commandé à Ezéchiel de représenter l'état de l'Eglise, en se prenant une ardoise, & dessinant dessus Jérusalem, & mettant une cloison de terre entre lui & la ville; puis en couchant sur le côté gauche, puis sur le droit pendant 390 jours; puis en se prenant des grenailles, de l'orge, des lentilles du millet, & de la vesse, & s'en faisant du pain, qu'il dévoie manger alors par mesure (Ezéchiel IV,1-15) (Emanuel Swedenborg, Doctrine de la Nouvelle Jérusalem touchant le Seigneur, 1787 - books.google.fr).

Alors, "Ezéchiel reçoit ordre de manger un pain fait avec plusieurs espèces de grains et cuit premièrement sous des excréments de l'homme, et ensuite sous de la bouse de vache" (A Marcella, contre Onosius de Ségeste) (Oeuvres de Saint Jérôme, traduit par Jérôme, Martin, 1867 - books.google.fr).

Dans le Document de Damas, col. 1, lignes 5-6, on lit : « Dans la période de la colère, 390 ans après les avoir livrés aux mains de Nabuchodonosor roi de Babylone, il les visita et fit surgir d'Israël et d'Aaron la racine d'une plante pour posséder son pays et jouir des fruits de son sol ». Le même verbe paqad désigne la visite miséricordieuse de Dieu, ici et, lors de l'exode (Gn. I, 24-25 ; Ex. III, 16 et IV, 31 ; XIII, 19) : l'auteur, ayant ces textes dans l'esprit, ne compare-t-il pas implicitement la mission du Docteur de justice (ligne 11) à celle de Moïse ? La perspective ouverte par son texte se termine d'ailleurs par « l'entrée en possession du pays >> (cliché deutéronomique) et « la jouissance de ses biens» (Dt. XXXI, 20) : ce rappel de l'antique conquête de la terre promise est le terme normal d'un exode recommencé. Mais d'où vient donc le chiffre de 390 ans ? Les commentateurs regardent unanimement vers Ezéchiel IV, 5 (texte massorétique) : couché sur le côté gauche, le prophète porte les péchés d'Israël pendant 390 jours. Malheureusement, ce rapprochement n'est pas très éclairant, car personne à ma connaissance n'a découvert un symbolisme clair derrière le nombre 390. Pourquoi ne pas prolonger un peu l'enquête? Au verset suivant (Éz. iv, 6), le prophète porte pendant 40 jours les péchés de la maison de Juda : soit un total de 430 jours de pénitence, divisés en 390 + 40. La coïncidence est pour le moins curieuse. Dans son commentaire d'Ézéchiel, W. Zimmerli rapproche les 430 jours de pénitence effectués par Ezéchiel des 430 ans mentionnés en Ex. XII. 40s., en faisant remarquer que, pour Ézéchiel, le retour de l'exil prend déjà les traits d'un exode recommencé auquel met fin la rentrée en terre promise (Ez. XX, 33-44) : suivant le principe posé en Nb. XIV, 34 (P), on peut aisément passer du comput des années au comput des jours. Mais Zimmerli renonce à expliquer dans cette perspective la division de 430 en 390+40. Dans l'hypothèse que j'ai formulée plus haut, elle s'explique d'elle-même. Bien mieux, l'image du nouvel exode aboutissant à une rentrée en terre promise reçoit par là un surcroit de probabilité. Tout se passe donc comme si Ézéchiel utilisait la symbolique du nombre 430, comput traditionnel de l'antiquité israélite sous une forme archaïque (Pierre Grelot, Du Pentateuque au Testament araméen de Lévi, Hommages à André Dupont-Sommer, 1971 - books.google.fr).

Shamayim (ciel) vaut 390 en guématrie, Shin Tzadi = 390, les initiales du "faux messie" Shabbetai Tzvi. Le nombre 390 dérive de ymy msr, "les jours du siège" (4:8; 5:2): y my m s r = 10 + 40 + 10 + 40 + 90 + 200 = 390 (Robert Akers, Sibling Rivalry on a Grand Scale: The Devil's in the Details, - books.google.fr, Daniel I. Block, The Book of Ezekiel, Chapters 1 24, 1997 - books.google.fr).

Herder parle du psaume 129 [128 Vulgate] qu'il relie au 126 qui compare l'Exode à la délivrance de Babylone.

Le psaume 129, qui débute avec la dignité de l'ode, appartient au genre lyrique : DÉLIVRANCE DU DANGER, Chant national. « Ils m'ont souvent opprimé dès ma jeunesse, dis-le maintenant, Israël; ils m'ont souvent opprimé dès ma jeunesse, et pourtant ils ne m'ont point vaincu ! Les laboureurs ont labouré sur mon dos et tracé de longs sillons. Le Dieu juste a coupé les cordes des méchants; et, honteux et confus, ils ont été forcés de se cacher, les ennemis de Sion. Ils sont devenus semblables à l'herbe sur les toits, qui se dessèche avant de mourir, qui ne remplit jamais la main du moissonneur, ni le bras de celui qui lie la gerbe, devant laquelle jamais aucun passant n'a dit: « Que la bénédiction de Dieu soit sur toi! je te bénis au nom de Jéhovah! » Voici maintenant le beau chant sur le retour de la captivité. Dans ce morceau, la première délivrance par Moïse est comparée à la seconde que les Hébreux attendaient, ce qui ne pouvait manquer d'entretenir leurs espérances et de fortifier leur courage : DÉLIVRANCE DE LA CAPTIVITÉ (psaume 126) (Johann Gottfried von Herder, Histoire de la poésie des Hébreux, traduit par madame de Carlowitz, 1844 - books.google.fr).

Les Écritures évoquent neuf fois un animal par le terme hébreu re'ém (Nombres 23:22; 24:8; Deutéronome 33:17; Job 39:9, 10; Psaumes 22:21; 29:6; 92:10; Ésaïe 34:7). Les traducteurs ont longtemps été dans le doute quant à l’identité de l’animal. La Septante grecque a rendu re'ém dans le sens de “à une corne”, ou licorne. La Vulgate latine le traduit souvent par “rhinocéros”. D’autres versions emploient “bœuf sauvage”, “bêtes sauvages” ou “buffle”. Robert Young transcrit simplement l’hébreu en anglais par “Reem”, ce qui n’éclaire pas le lecteur. Les biblistes modernes ont pourtant grandement fait la lumière sur re'ém. Les lexicographes Ludwig Kœhler et Walter Baumgartner expliquent que ce mot désigne les “bœufs sauvages”, connus sous le nom scientifique de bos primigenius. Il s’agit là d’une “subdivision de la grande famille des ongulés à cornes”. On peut lire dans la Nouvelle Encyclopédie britannique : "Certains passages poétiques de l’Ancien Testament évoquent un puissant et splendide animal à corne appelé re'ém. Ce mot est rendu par ‘licorne’ ou ‘rhinocéros’ dans beaucoup de versions, mais de nombreuses traductions modernes préfèrent ‘bœuf sauvage’ (aurochs) qui est le sens exact de l’hébreu re'ém.” Cela s’accorde certainement avec l’emploi de re'ém, ou taureau sauvage, dans la Bible. Il était connu pour être un animal fort et indocile (Job 39:10, 11), mais aussi rapide (Nombres 23:22; 24:8). Il possédait sans doute deux cornes, et non une seule comme la légendaire licorne. Moïse a mentionné ses cornes dans une allusion imagée aux deux tribus puissantes qui sortiraient des deux fils de Joseph. — Deutéronome 33:17. [...]

On croyait autrefois que la corne de licorne contenait un antipoisons, et, au Moyen Âge, des poudres prétendument faites de ces cornes se vendaient à des prix extrêmement élevés. Dans les collections médiévales, les cornes de rhinocéros ou les défenses de narvals (également appelés licornes de mer) étaient assimilées à des cornes de licornes (La bible confirme-t-elle l'existence des LICORNES, dont parlent certaines versions ? - pensees.bibliques.over-blog.org).

Bouse d'aurochs

Les ruminants (bovins, ovins, caprins) ont pour spécificité de pouvoir digérer l'herbe, ce que l'homme, par exemple, ne peut pas faire. Ils valorisent ainsi des terrains non labourables (pentus, humides ou caillouteux par exemple) en transformant les ressources fourragères en lait ou en viande.

La digestion permet de transformer les aliments ingérés sous une forme assimilable par l’organisme. Les bovins sont des herbivores - leur alimentation est composée de végétaux - mais ce sont aussi des ruminants : Ils possèdent quatre estomacs qui leur permettent de ruminer et de digérer la cellulose de l’herbe et des fourrages grossiers. La rumination est la première étape de l'alimentation des bovins, mais aussi de nombreux animaux, sauvages ou domestiques : les cerfs, les zébus, les buffles, les moutons, chèvres, mouflons… Au pré, un bovin rumine de 8 à 12 heures par jour. La rumination est lente et se décompose en différentes étapes, au cours desquelles les aliments font des allers-retours entre la bouche et une partie des quatre estomacs que possède la vache : la panse ou rumen, le réseau ou bonnet, le feuillet ou livret, la caillette.

Le troisième estomac des ruminants (feuillet) est appelé en anglais "psalterium".

Pour que la rumination commence, il faut que la vache se nourrisse. Quand elle broute, elle ne va pas beaucoup mâcher son herbe, mais plutôt l'avaler sous forme de brins assez longs. Ces brins descendent dans l'œsophage et tombent dans le réseau, d'où ils vont directement dans la panse (toutes les minutes). Une fois que la vache a brouté une grande quantité d'herbe, elle va se coucher au calme. C'est à ce moment-là que la rumination vraie commence (la-viande.fr, Autour de Rennes le Château : PSPRAECUM ou PS PRAECUM : le petit frère des pieuvres).

La vache ne mange point habituellement et acrobatiquement d'herbe qui pousse sur les toits.

Cependant on dit que des vaches paissaient, avant l'incendie de 1837, sur le toit de l'ancien Palais d'Hiver à Saint Petersbourg (ville citée pages III, 5 et 42 de La Vraie Langue Celtique), construit sous l'impératrice Elisabeth par l'architecte italien Rastrelli (L'illustration, Volume 13, Dubochet, 1849 - books.google.fr).

Le gui est un excellent fourrage, riche en azote. De ce fait, il permet d’augmenter la quantité et la qualité du lait chez les vaches laitières et les chèvres. Il ne faut cependant pas oublier la toxicité des baies et veiller à ne distribuer que des rameaux privés de fuits. Ses feuilles peu­vent aussi être util­isées comme légume vert (Gui, Viscum Album Bois de Sainte Croix, Verquet, Blondeau, Bou­chon, Vert de Pommier, Loranthacée, 2016 - www.magievegetale.fr).

L'herbe met environ une semaine à traverser le tube digestif de la vache (de la bouche au rectum) (Le Français dans le monde, Numéros 243 à 245, 1991 - books.google.fr).

La bouse est l'excrément des mammifères ruminants, comme les bœufs et les bisons. Une vache adulte produit en moyenne 12 bouses par jour (d'environ 3 kg chacune). Une fois séchée, la bouse, aussi nommée « bois de vache », peut être utilisée comme combustible. Dans certaines parties du monde, la bouse de vache sert comme ingrédient dans la fabrication de torchis ou de briques de terre crue. L'utilisation de la bouse sèche de bovidés (bisons et aurochs) comme combustible existait probablement dès le paléolithique. Durant l'Antiquité, ce combustible était important dans les régions où la ressource de bois était rare. Au cours des siècles, cet usage a persisté, par exemple à travers les glaoued ou les bousats des Bretons et les bousettes des Vendéens qui servaient de réserve d'énergie pour la mauvaise saison. À Bonneval-sur-Arc, en Savoie, les habitants découpaient des briquettes constituées de bouse et de foin ou d'aiguilles de pin qu'ils faisaient sécher pour l'hiver. Cet usage est encore répandu en Inde, ou au Pérou où les bouses sont appelées "bois de vache".

La médecine ancienne recommandait l'application de bouse pour soulager des brûlures, plaies et piqûres. Cette pratique est liée aux propriétés antiseptiques que l'on prête à la bouse, qui justifient également l'usage d'en tapisser les murs et le sol, répandu en Inde (fr.wikipedia.org - Bouse).

Herbe des toits et alcaloïde

Le terme de « Joubarbe » n'est autre que le nom communément donné à deux genres de la grande famille des CRASSULACEAE, Sempervivum et Jovibarba. Initialement créé et décrit par Carl Linné dans la première édition de Species Plantarum en 1753, le genre Sempervivum englobait sans distinction toutes les joubarbes. Divisé une première fois par Opiz en 1852, sa scission sera officialisé à la fin du XXème siècle pour rester dans la nomenclature moderne comme deux genres bien distincts : Sempervivum et Jovibarba. Il est à noter que certains voient encore en Jovibarba une simple subdivision de Sempervivum, lui donnant le rang de section ou sous-section plutôt que celui de genre. En latin, Sempervivum ('semper' = 'toujours', 'vivum' = 'vivant) fait référence à son caractère extrêmement résistant. Il est mis en avant dans la littérature que les plantes collectées et mises sous presse avant d'être placées en herbier continuaient à croître dans ces conditions relativement extravagantes. Le terme de Jovibarba serait la contraction du latin « Jovisbarba » constitué de deux mots : 'barba' = 'barbe' et 'jovis' = 'de Jupiter'. Ce mot est très ancien puisque déjà utilisé sous Charlemagne qui ordonnait l'usage de ces plantes pour la protection de ses domaines : les légendes témoignent que ces dernières protégeaient les habitations de la foudre. 'Jovibarba' ou 'Jovisbarba' désignaient à l'époque le nom populaire de ces plantes, à savoir « les Joubarbes ». En fin d'été, il ne restera de la belle rosette du Sempervivum dont vous aurez vu la transformation, qu'une tige sèche et dressée, à l'esthétique franchement peu parlante (Sempervivum et Jovibarba, 2016 - www.cactuspro.com).

La joubarbe des toits ou Sempervivum tectorum serait-elle l'herbe des toits du psaume 128 ?

Les joubarbes sont cultivées depuis la plus haute antiquité : les Romains leur attribuaient ainsi la faculté d'éloigner la foudre, alors que les anciens Scandinaves lui attribuaient le pouvoir d'éloigner les mauvais esprits de la maison... On plantait de ce fait de la joubarbe sur les toits, et nombre d'églises et de cathédrales gothiques sont ornées de fleurs de joubarbe en pierre. Les feuilles de joubarbe servaient aussi au Moyen Âge comme émollient sur les blessures. Elles étaient cultivées comme plante médicinale (lafitole.jimdo.com).

Les feuilles de Sempervivum tectorum contiennent des acides organiques, de l’acide malique, de l’acide formique, des tanins, et substances mucilagineuses. On a détecté la présence de nombreux composés flavonoïdes dont le kaempférol (principal flavonoïde aglycone qui se produit uniquement sous forme glycosidique), mais aussi des huiles, des résines, des sucres et des traces d’alcaloïdes. Le suc est astringent, émollient et vulnéraire, antispasmodique. Selon Pline, les feuilles de joubarbe appliquées sur les yeux ou le jus de celles-ci purgent et nettoient les ulcères des yeux et en les remplissant les cicatrisent. Elles soulagent les paupières. Aussi bien le jus que les feuilles appliquées sur les tempes guérissent les maux de tête. Dans les campagnes le suc est utilisé pour soigner les maux des yeux, les dartres, les ulcérations et les diarrhées violentes. Les feuilles fraîches écrasées, ou simplement leur suc, calment les piqûres d’insectes et les urtications. Le suc de feuilles fraîches, étendu d’eau, servait aussi en gargarismes et bains de bouche contre les inflammations de la muqueuse buccale (Jean Yves Henry, Sempervivum tectorum - www.medecine-integree.com, Jules Massé, La santé universelle: guide médical des familles, des curés de campagne, des instituteurs, des dames de charité et des personnes bienfaisantes, Volumes 5 à 6, 1856 - books.google.fr).

Le champignon Stropharia cubensis, présent en Amérique, en Eurasie et en Afrique, se développe sur les bouses de vache. Haut d'une douzaine de centimètres, il possède un chapeau brun ou fauve, strié, de quelques centimètres de diamètre, muni d'un mamelon central pointu et un pied fibreux portant un anneau persistant. La chair bleuit à l'air après rupture. Cultivé au laboratoire par R. Heim dès 1956, il s'est révélé riche en psilocybine (jusqu'à 0,6 %) et en psilocine, alcaloïdes psychoactifs. Cette caractéristique le rend hautement hallucinogène (Didier Pol, Les champignons à psilocybine, 2001 - www.didier-pol.net).

David Kimchi et psaume 128

Schalaph : Il a fait sortir, il a tiré une chose de son lieu: comme l'herbe de la terre, il l’a arrachée ; il a tiré l'épée hors du fourreau : le soulier hors de son pied, il a dépouillé. Il a été tiré, fait sortir, arraché, absolument, Ps. 129. 6. Le Verbe Schalaph signifie proprement tirer hors, ou faire sortir, comme l'épée est tirée du fourreau , & le pied du soulier. Il se prend donc ici figurément. Car comme l'épée est tirée du fourreau pour blesser quelqu’un, ainsi une faucille est tirée de son lieu pour couper les bleds, Piscat. sur ce passage. Voyez aussi Louis de Dieu sur ce même endroit. C’est une métaphore prise des souliers qu’on déchausse, comme l'enseigne Kimchi (Edward Leigh, Dictionaire de la langue sainte, traduit de l'angalis par Ludwig von Wolzogen, Mortier, 1703 - books.google.fr, Gilbert Génébrard, Psalmi Davidis, Volume 2, Cardon, 1600 - books.google.fr, Johannes Piscator, In Librum Psalmorum commentarius Johannis Piscatoris, 1611 - books.google.fr).

...et le sixième jour de la lune de Mars, (le sixième jour de la lune chez les Gaulois ouvrait toujours le mois, l'année et le siècle) un druide en robe blanche coupait, avec une serpette d'or, le végétal sacré, de peur qu'il ne touchât la terre en tombant et ne fut souillé par un contact profane (Histoire de France, par Em. Lefranc). (VLC, p. 283 = 128+155)

Andreas Schleiermacher parle de David KImchi dans une des rares mentions du sud de la France dans ses écrits que l'on trouve sur internet.

David Kimchi (Dawid ben Jósef ben Qimh), der zu Ende des zwölften und in der ersten Hälfte des dreizehnten Jahrhunderts in Südfrankreich und in Spanien lebte und einer durch Gelehrsamkeit und schriftstellerische Thätigkeit ausgezeichneten Familie angehörte, setzte an die Stelle des bisherigen Vocalsystems das seitdem beibehaltene der fünf langen und der fünf kurzen den ersteren entsprechenden Vocale, wie diese wenigstens gewöhnlich angesehen werden; ein System für eine ausgestorbene Sprache, das vielleicht mit dazu dienen sollte, der neuentstandenen, die arabische Metrik nachahmenden, Poesie der spanischen Juden eine bessere Basis zu geben, als ihr das bisherige System verliehen hatte. (Andreas August Ernst Schleiermacher, Das harmonische oder allgemeine alphabet zur transcription fremder schriftsysteme in lateinische schrift, zunächst in seiner anwendung auf die slawischen und semitischen sprachen, 1864 - books.google.fr).

Les commentaires de David Kimchi sur l'Ecriture ne lui ont pas attiré moins de renommée. Ceux qu'il a publiés sur les Psaumes ont été traduits de l'hébreu en latin, par un religieux de la congrégation de Saint-Maur, dom Janvier, et imprimés à Paris, en 1666. La traduction des dix premiers psaumes est de Fagius, comme le dit dom Janvier lui-même dans sa préface (Histoire littéraire de la France: ouvrage commencé par des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint Maur, et continué par des membres de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres), Volume 16, 1824 - books.google.fr).

David Kimhi (provençal/shuadit : Maistre Petit), dit le RaDaQ (Rabbi David Qimhi) est un rabbin, grammairien, lexicographe, exégète biblique, philosophe et polémiste provençal des XIIe et XIIIe siècles (circa 1160 – circa 1235). Il est considéré comme le membre le plus éminent de la famille Kimhi, et les générations ultérieures lui ont appliqué la maxime des Pirke Avot « sans farine (qemah, dont est dérivé le patronyme des Kimhi), pas de Torah. » Son influence s'étendra également aux cercles chrétiens, et à ceux de la Réforme protestante en particulier. Fils cadet de Joseph Kimhi, il naît à Narbonne, en Languedoc, et y passera le plus clair de sa vie. Son père étant mort alors qu'il était encore enfant, il est éduqué par son frère aîné, Moïse Kimhi, puis subvient à ses besoins en enseignant le Talmud aux jeunes. Profondément influencé par Abraham ibn Ezra, il démontre dans ses écrits une connaissance de l'ensemble de la littérature hébraïque et des sciences de son temps. Lors de la controverse de 1232 autour des écrits de Moïse Maïmonide, il prend activement la défense de celui-ci. L'œuvre majeure de David Kimhi est son Mikhlol, un manuel de philologie hébraïque en deux parties, la première étant un traité de grammaire et la seconde, un dictionnaire d'hébreu biblique.

Son commentaire sur les Psaumes comprend de nombreux passages polémiques contre le christianisme. Néanmoins, ses écrits seront particulièrement prisés non seulement par les Juifs, mais aussi par les chrétiens, qui oblitéreront toutefois les passages jugés offensants. De nombreuses traductions latines en ont été tirées, et son influence sur la traduction anglaise de la Bible est évidente à chaque page. Martin Luther considère David Kimhi comme le « dieu des rabbins » et comme le « meilleur » des commentateurs (fr.wikipedia.org - David Kimhi).

La famille Merck

Un commis de pharmacie de Paderborn en Westphalie, Friedrich Wilhelm Sertürner (1783–1841), isole la morphine, principal alcaloïde de l'opium tiré du pavot, Méphistophélès de la pharmacologie, capable de métamorphoser la douleur en bien-être. À Darmstadt, Emanuel Merck, propriétaire de la pharmacie Engel, s'illustre comme l'un des pionniers dans ce nouveau domaine. En 1827, il se lance dans la production d'alcaloïdes. Ainsi naissent les entreprises Merck, encore prospères de nos jours. En 1897, Félix Hoffman, employé chez Bayer, synthétise l'acide acéthylsalicylique, l'aspirine, et la diacétylmorphine connue sous le nom d'héroïne. [...] Une nouvelle économie voit le jour, prenant sa source dans une pharmakon valley située entre Oderursel et l'Odenwald. Du jour au lendemain, d'obscures officines deviennent d'influentes entreprises. En 1925, de grosses usines chimiques s'associent pour fonder l'un des plus puissants konzerns au monde, IG Farben, dont le siège est situé à Francfort-sur-le-Main. Les opiacés restent une spécialité allemande. En 1926, le pays est dans le dans le peloton de tête des États producteurs de morphine tout en étant le plus gros exportateur mondial d'héroïne avec 98 % de sa production vendus à l'étranger. [...] Dans le domaine de la cocaïne et celui de l'opium, Merck joue le rôle de leader (Norman Ohler, L'extase totale: Le IIIe Reich, les Allemands et la drogue, traduit par Vincent Platini, 2016 - books.google.fr).

Johann Heinrich Merck (Darmstadt, 1741 - 1791) est le fils du pharmacien Johann Franz Anton Merck (Darmstadt, 1687 - 1741) lui-même fils de Georg Friedrich Merck (Schweinfurt, 1647 - Darmstadt, 1715). Johann Justus (Darmstadt, 1727 - 1758), frère de Johann Heinrich, a un fils Johann Anton (1756 - 1805), qui étudie à Strasbourg auprès du propriétaire de la Pharmacie du Cerf, Spielmann, et qui est propriétaire de la pharmacie de l'Ange et père du chimiste Heinrich Emanuel qui se marie avec Magdalena Hoffmann (1797–1877) d'une famille de Darmstadt.

Georg Friedrich Merck est le neveu et successeur de Friedrich Jacob Merck, natif de Schweinfurt (Basse Franconie en Bavière), qui, en 1668, acquit l'Engel-Apotheke à Darmstadt, après être passé par Wesselburen (Schleswig-Holstein) et Dantzig.

La famille Merck était installée à Hammelburg en Bavière au XVème siècle (cc-special.merck.de, www.lagis-hessen.de, de.wikipedia.org - Emanuel Merck).

Vers la fin de 1790, Merck, l'ami méphistophélique de Gœthe, le protégé de la landgrave Caroline, fut envoyé à Paris par le landgrave de Hesse. Grimm le connaissait déjà; il l'avait certainement vu à Darmstadt, où Merck avait une place de conseiller militaire, et il l'avait rencontré en 1773, à Saint-Pétersbourg, où Merck avait accompagné la landgrave dans le voyage qui se termina par le mariage de la princesse Wilhelmine avec le czarowitz. Ruiné et malade, Merck apportait à Paris les dispositions à l'hypocondrie qui, dix-huit mois plus tard, le conduisirent au suicide. C'est ainsi que je m'explique le ton d'humeur qui règne dans la lettre suivante, la seule, parmi celles dont j'ai eu connaissance, qui attaque véritablement ta réputation de Grimm. Merck écrit de Paris à Schleiermachcr, le 23 janvier 1791 (en un allemand mêlé de français) : « Le baron de Grimm m'a laissé quatre fois passer mon chemin sans me recevoir, bien qu'il eût su, par une première carte de visite, que j'étais le porteur d'une lettre du landgrave. Monsieur Wille (le graveur bien connu, qui était hessois comme Merck, mais qui vivait depuis longtemps à Paris) est tout aussi inaccessible. On appelle Grimm ici il barone, ce qui, en bon italien, signifie le coquin. J'ai entendu des choses tout à fait pendables sur son compte. Ce qui m'en console, c'est que j'ai rencontré dans la personne de Clérisseau (le peintre et architecte dont le nom revient si souvent dans la correspondance de Catherine avec Grimm) un aussi bon ami que l'est Camper (l'anatomiste hollandais, intimement lié avec Merck) et un homme tout à fait du même caractère (Edmond Scherer, Melchior Grimm, paralipomènes, Revue critique d'histoire et de littérature, Volume 2 ;Volume 26, 1888 - books.google.fr).

Après sa faillite financière, c'est Schleiermacher qui envoya Merck à Paris en janvier 1791 pour acheter des oeuvres d'art apparues sur le marché à la suite de la Révolution. Il fut aussi chargé de sonder la situation politique dans le Paris révolutionnaire, situation qui concernait tout particulièrement le landgrave de Darmstadt en raison de ses possessions alsaciennes sur la rive gauche du Rhin. Merck n'accomplit aucune de ces deux tâches. C'est surtout la conscience d'assister à l'avènement d'une ère nouvelle qui marqua son séjour parisien (Dominique Cordellier, Peter Märker, Dessins français du musée de Darmstadt, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles: Hessisches Landesmuseum Darmstadt Graphische Sammlung, 2007 - books.google.fr).

Lorsque Johann Heinrich Merck (1741-1791), ami d'enfance de Goethe et secrétaire au service du Landgraf de Hesse, se rend à Paris pour assister aux événements révolutionnaires, il écrit une lettre enthousiaste au secrétaire de cabinet Schleiermacher pour lui parler de ses nouveaux amis, et en particulier de Jacques-Louis David : « Celui-ci va me proposer demain au scrutin de réception du Club des Jacobins. [...] Il n'y a pas de cœur plus noble et plus chaleureux que celui de David ». La ferveur avec laquelle Merck participe aux manifestations politiques de la Révolution lui fait complètement omettre d'évoquer l'œuvre artistique de son ami, œuvre qu'il ne pouvait pourtant pas ignorer. Mais sa sympathie pour David est exemplaire de celle que ressentent de nombreux Allemands venus se joindre aux mouvements de la Révolution française. Ainsi Friedrich Cotta (1758-1838), membre du club jacobin de Strasbourg, l'évoque-t-il lui aussi dans son discours pour la fête du peuple français et le désigne comme le grand orchestrateur des cérémonies qui célèbrent la grandeur et la sagesse de l'Être suprême. Le regard que ces sympathisants allemands de la Révolution portent sur David révèle plus le charisme de l'homme et du politique que la singularité de l'artiste (France Nerlich, David, peintre révolutionnaire : le regard allemand. In: Annales historiques de la Révolution française, n°340, 2005 - www.persee.fr).

Le séjour de Merck à Paris dura à peine un mois. De retour à Darmstadt, son enthousiasme révolutionnaire se trouva rapidement confronté à la réalité allemande : peu après son arrivée, le landgrave reçut le prince de Condé accompagné de sa famille et de sa suite. Le 12 juin, le comte d'Artois, frère de Louis XVI et principal agitateur des Émigrés avec le prince de Condé, fit son entrée à Darmstadt. Aux illusions qu'il pouvait avoir nourries jusqu'alors se substituait désormais l'évidence du parti adopté par le landgrave de Darmstadt. On ne saura sans doute jamais si cette déception déclencha ou exacerba ses « accès plus ou moins violents de mélancolie ». Merck mit effectivement fin à ses jours à peine deux semaines plus tard, à l'âge de cinquante ans. Schleiermacher soutint également son ami après sa mort en achetant à sa veuve, pour le compte du musée grand- ducal, à la fois sa collection paléontologique et sa collection de dessins. Si on ignore sa composition exacte, on peut toutefois imaginer que les feuilles de son ami Georg Melchior Kraus, ancien élève de Wille à Paris, mais aussi quelques-uns des dessins conservés aujourd'hui de Johann Georg Wille lui-même ou de son disciple et ami Jean Gaspard Heilmann ont été acquis par Merck (Dominique Cordellier, Peter Märker, Dessins français du musée de Darmstadt, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles: Hessisches Landesmuseum Darmstadt Graphische Sammlung, 2007 - books.google.fr).

Resté plus de cinquante ans au service de Louis en tant que « secrétaire de Cabinet », c'est Ernst Christian Schleiermacher, qui va établir les fondements de la Graphische Sammlung de Darmstadt telle que nous la connaissons aujourd'hui. Un «secrétaire de de Cabinet » s'occupait de l'art et de la culture et non de la politique intérieure et extérieure. Cette tâche incombait à l'époque au ministre d'État, le baron du Thil, qui écrivait dans ses Denkwilrdigkciten à propos de Schleiermacher: « Cet homme était l'exemple parfait du secrétaire de Cabinet. D'un caractère solide et sérieux, muet comme une tombe, d'une fidélité à toute épreuve envers son maître, loin de toute intrigue, désintéressé et ne dépassant pas d'un pouce son champ d'activité... Si je devais lui faire un quelconque reproche, ce serait d'avoir dépouillé, en collectionneur d'art passionné, la maison grand-ducale d'une partie de sa fortune privée au profit de son musée chéri ». Et en effet, jusqu'à la mort de Louis Ier, toutes les sommes engagées pour le musée furent puisées dans la caisse du Cabinet.

Tout porte à croire que son ami Johann Heinrich Merck lui prêta aide et conseils dès les premières années et jusqu'à son suicide en 1791. En dépit de son titre de Conseiller à la guerre, Merck occupait un poste administratif tout à fait pacifique, qui ne le comblait pas intellectuellement. Après avoir étudié trois semestres à l'Académie de Dresde en 1762-1763, il avait brigué en vain en 1775 le poste d'inspecteur des collections d'art de Cassel et s'était adonné toute sa vie en dilettante au dessin et à la gravure à l'eau-forte. Outre des vues de paysages, la Graphische Sammlung du musée de Darmstadt possède de sa main des compositions dans le style de Poussin. Il est surtout connu pour ses travaux d'histoire de l'art et de critique littéraire et sociale parus dans le Teutscher Merkur. Dans la petite résidence princière, qui comptait à peine neuf mille habitants à la fin du XVIIIe siècle et dont la structure sociale était marquée par la cour et le corps des fonctionnaires, il fut en tout cas le seul à s'intéresser de façon approfondie à la gravure. Comme il ressort de ses nombreux articles de presse, il se tenait informé du marché de la gravure et des publications nouvelles; il avait réfléchi par ailleurs à la manière de constituer un cabinet d'estampes. En sa qualité d'essayiste, il se concentra sur les beaux-arts en général, mais surtout sur les gravures sur cuivre anciennes et modernes. Alors que Dürer et Rembrandt suscitaient chez lui un intérêt particulier, il s'attacha plus rarement aux gravures françaises. L'attention qu'il portait à Johann Georg Wille (1715 - 1808), actif à Paris et avec lequel il entretenait une correspondance épisodique et réalisait des ventes de gravures, concernait sans doute moins le graveur que le dessinateur qui allait sur le motif avec ses élèves, et le « Hollandiste » Wille en général. Même si aucun document ne l'atteste, il a certainement œuvré comme agent pour le compte du Cabinet de Darmstadt, comme il le fit pendant des années en transmettant des tableaux et gravures à Weimar, tant pour le duc et Anna Amalia que pour son ancien ami de jeunesse, Goethe (Dominique Cordellier, Peter Märker, Dessins français du musée de Darmstadt, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles: Hessisches Landesmuseum Darmstadt Graphische Sammlung, 2007 - books.google.fr).

Nicolas Poussin (1594 - 1665) était un peintre très apprécié par Goethe, ami de Merck. Son tableau évoqué dans Les Affinités électives représente Esther évanouie en présence d'Assuérus. L'épisode est raconté dans le livre d'Esther de l'Ancien Testament : Esther ose paraître devant Assuérus, le roi de Babylone, pour sauver le peuple juif menacé d'extermination, mais elle s'évanouit deux fois avant de pouvoir parler (Johann Wolfgang Goethe, Les Affinités électives (1809), traduit par Jean-Jacques Pollet, 2010 - books.google.fr).

Nicolas Poussin, Esther devant Assuérus, fin des années 1650, Saint-Pétersbourg, Musée de l’Ermitage - www.cairn.info

Au sujet du tableau de Restout L'Evanouissement d'Esther, Diderot notait dans ses Salons, celui de 1763 :

Il faut être bien hardi pour tenter ce sujet après le Poussin. Dans le tableau du Poussin, que j’ai sous les yeux, Assuérus à gauche est assis sur son trône ; il a l’air d’un Jupiter Olympien, tant il est simple et majestueux ; son front est couvert d’une bandelette. Il faut voir comme il est coiffé et drapé ; comme sa main est naturellement posée sur sa baguette ; comme il regarde la douleur d’Esther, comme il en est pénétré. Il est entouré de quelques-uns de ses ministres qui ont à la vérité l’air rustique ; ce caractère déplaît fort à nos artistes modernes, dont l’imagination, captivée par des idées de dignité du xviiie siècle, ne remonta jamais dans l’antiquité ; mais cela me plaît à moi. Quel groupe que celui d’Esther et de ces femmes qui la secourent ! L’une, placée derrière elle, la soutient sous les bras ; une autre l’appuie de côté ; une troisième raffermit ses genoux. Comme ces figures sont agencées ! C’est certainement une des plus belles choses que je connaisse. La belle douleur que celle d’Esther ! La noblesse et la simplicité se remarquent jusque dans le trône du monarque et l’estrade sur laquelle il est élevé. Le fond du salon est percé de niches qui font sans doute un bel effet en peinture, mais qui en font un mauvais en gravure, parce qu’on n’y distingue pas assez les statues qui les remplissent des personnages intéressés à la scène" (5. L’évanouissement d’Esther, Salon 1763 : à mon ami Grimm) (Denis Diderot, Salons, Œuvres complètes, t. X, XI et XII, 1875-77 - fr.wikisource.org).

L'ammoniaque ou solution aqueuse de ammoniac NH3 (alcali ammonia ou eau d'Amon) était considérée depuis l'Antiquité comme un "alcali" singulier : plus on le chauffait, plus il perdait sa force comme s'il s'envolait mystérieusement. De plus, on ne pouvait le purifier en passant par une forme définitive de sel stable. Ce qui n'empêche nullement les alchimistes européens de la Renaissance de le cataloguer comme un principe sel ou mieux un "sel volatil". Ce principe se retrouve dans l'ancienne pharmacopée portative, avec les sels que l'on fait respirer aux personnes sensibles, évanouies ou proches de la pâmoison. Puisque, en outre, il était obtenu par distillation d'un certain nombre de matières animales, en particulier leurs déjections telles que l'urine, ce singulier principe actif se nomma alors alcali volatil. Tous les autres alcalis, pour les distinguer de l'ammoniaque, étaient nommés alcalis fixés.

La soude, alcali emblématique, était considérée comme un alcali minéral, car la tradition alchimique égyptienne avait établi la correspondance entre la soude extraite des plantes et celles résultant du chauffage, en vase clos, des fleurs de natron ou des eaux saumâtres de maints lacs salés du désert, piégeant par un milieu dessicant leurs eaux. La potasse des Anciens était considéré comme l'emblématique alcali végétal, faute de découvertes de corps naturels assimilables. La distinction entre alcali minéral et végétal, purifiés respectivement, s'opérait de façon immémoriale et simple par l'action d'une pincée jetée sur le feu, un jet de flammes jaunes était généré par l'alcali minéral, une flamme violette indiquait la présence de l'alcali végétal (fr.wikipedia.org - Alcali).

Le sel ammoniac un objet de commerce très-considérable. On le trouvoit anciennement dans la Lybie & dans le voisinage du temple de Jupiter Ammon, où l'on prétendoit qu'il étoit formé de l'urine des chameaux, cuite & digérée par le soleil. Cette origine n'est peut-être pas chimérique, puisque le sel marin est très - abondant dans toutes les terres de ce pays, & que l'alcali volatil qui se forme dans l'urine lorsqu'elle entre en putréfaction, & lorsqu'il se combine avec l'acide du sel marin, peut produire le sel ammoniac. Le sel ammoniac, qu'on apporte d'Egypte, est l'ouvrage de l'art. On le retire dans ce pays, de la suie de bouse de vaches, qu'on brûle faute de bois (François Rozier, Jean-Antoine-Claude Chaptal, André Thouin, Cours complet d'agriculture, theorique, pratique, économique et de médecine rurale et vétérinaire: ou dictionnaire universel d'agriculture, Volume 1, 1781 - books.google.fr).

Les amines sont les principaux composés à liaison simple carbone-azote. Les propriétés basiques des amines sont à l'origine du nom d'alcaloïde donné aux amines d'origine végétale. L'adjectif alcalin est en effet synonyme de basique et provient de l'arabe « al kali ». Les amines sont les composés obtenus à partir de l'ammoniac NH3, qui n'est en principe pas considéré comme une amine, par substitution formelle d'un, deux ou trois atomes d'hydrogène par des groupements alkyles ou aryles. Les groupements alkyles dérivent des alcanes (CnH2n+2). Les groupements aryles sont les groupements dérivés du phényl - C6H5 (benzène) (Kévin Moris, Philippe Hermann, Yves Le Gal, Chimie Le compagnon PCSI, 2011 - books.google.fr).

Le cabinet de Serisier, marchand célèbre isuu d'une famille lyonnaise, fut fameux Le Bernin le visita en 1665. Spon, en 1673, le mentionne avec celui de Chantelou comme un des lieux de Paris où on peut voir des Poussin. Le peintre lui-même disait Serisier "homme facile et courtois qui ne refusait pas de montrer ses tableaux ou même de les laisser copier". Il maintint le culte du peintre après sa mort et opposa franchement aux rubénistes lors de la querelle du coloris ; c'est lui qui, en 1676-1677, raille sous le nom de Lysidor le fameux Banquet des curieux. Il semble qu'il meure peu de temps après. Ses tableaux durent être aussitôt dispersés. Le plus fameux de tous la Reine Esther se retrouve dès avant 1685 entre les mains du marquis de Seignelay attiré par la force de son argent, car il l'acheta pour 20.000 livres tournois au moins. [...] Chantelou le montre au Bernin qui le regarde longtemps sans rien dire et avec très grande attention puis déclare : "Voilà un très beau tableau et peint dans la manière de Raphaël". Il fut gravé la fois par François de Poilly et par Jean Pesne. Catherine II l'acquit entre 1763 et 1774. Il fait aujourd'hui partie des trésors de l'Ermitage à Saint Ptersbourg, et même si son histoire, de la collection de Seignelay à la collection de la tsarine n'est pas encore été bien débrouillée le doute son égard est pas de mise (Jacques Thuillier, Serisier collectionneur et la «Fuite en Egypte» de Poussin. In: Revue de l'Art n° 105, 1994 - www.persee.fr).

Ayant appris le métier d’armurier dans sa ville natale, Wille fréquenta le graveur sur cuivre Georg Friedrich Schmidt à Strasbourg et se rendit, avec lui, à Paris où il fut, par moments, le voisin de Denis Diderot, rue de l’Observance. Jean-Georges Wille a laissé des Mémoires, publiées par Duplessis en 1857, dans lesquels il donne la première évocation connue de Denis Diderot. Il entretint avec de nombreux personnages une correspondance intense à l'échelle de l'Europe, notamment avec ses compatriotes allemands, qu'il se chargea de guider à Paris quand ils passaient par la capitale du royaume de France, notamment pour visiter les collections d'arts privées qui s'y développèrent au XVIIIe siècle. Par exemple, lorsque le philosophe kantien Herder se rendit en France en mai 1769, Wille lui servit de guide et lui fit découvrir la société parisienne.

Les parents de Constance-Marie Bondelu (Paris, 1767 - 1849) l'inscrivent aux cours de dessin de Johann Georg Wille en 1777, cours qu'elle ne quittera qu'en 1787. Le 5 avril 1787, elle intègre l'atelier de Jacques-Louis David. Elle est considérée comme l’un des meilleurs portraitistes de son époque (fr.wikipedia.org - Jean-Georges Wille, fr.wikipedia.org - Constance-Marie Charpentier).

Andreas Schleiermacher (1787–1858) est le fils d'Ernst Christian Friedrich Adam Schleiermacher (1755 - 1844) (de.wikipedia.org - Ernst Schleiermacher).

Le rhinocéros de Merck

Merck s'intéressa au cours de sa vie à de nombreux domaines qui allèrent de la composition de fables à la paléontologie et aux sciences physiques, ce qui lui attira une réputation de dilettante (Christine Pezzoli-Bonneville, Vie intellectuelle et Lumières à Darmstadt entre 1770 et 1774: Baroque, Empfindsamkeit et Sturm und Drang, 2002 - books.google.fr).

Merck n'a pas été seulement un critique de goût; il a été un amateur éclairé des arts et des sciences, et ses travaux en paléontologie lui ont assuré un rang honorable parmi les savants qui inaugurèrent alors cette science (Revue de l'instruction publique de la littérature et des sciences en France et dans les pays étrangers: recueil hebdomadaire politique, Hachette, 1870 - books.google.fr).

S'adressant à Johann Heinrich Merck, grand collectionneur de fossiles de mammifères, Goethe écrit à ce dernier : «Le temps viendra bientôt où l'on ne jettera plus les fossiles pêle-mêle, mais où on les classera d'après leur appartenance respective aux différentes époques du monde.» Cette nouvelle approche que Goethe appelle de ses vœux est précisément celle qui servit de point de départ à la paléontologie naissante. Il y aura recours pour son propre compte afin de mettre de l'ordre dans sa propre collection d'organismes fossiles qui ne cessa de s'enrichir au cours des décennies pour atteindre un total impressionnant de quelque 18000 pièces ! (Jean-Michel Pouget, La science goethéenne des vivants : de l'histoire naturelle à la biologie évolutionniste, 2001 - books.google.fr).

Merck décrit dans une lettre à Monsieur de Cruse, les ossements de rhinocéros et ce qu'il appelle une tête d'Urus trouvée "dans un banc de gravier sur les bords du Rhin près d'Erfelden, l'endroit le plus élevé du païs bas, que nous appelons le Ried, & qui fait le Baillage de Dornberg" (J. H. Merck, Sur les os fossiles d'éléphans et de rhinocéros qui se trouvent dans le pays de Hesse-Darmstadt, 1782 - books.google.fr).

Son nom a été donné à une espèce de rhinocéros.

L'ours des cavernes, de caractère archaïque et le Rhinocéros de Merck sont le plus souvent contemporains du dernier interglaciaire d'il y a environ 130 000 jusque vers 100 000 ans, celui du Riss-Wûrm. Le Paléolithique moyen commence au cours de cet interglaciaire ou au début du dernier glaciaire. Le Rhinocéros de Merck est un animal unicorne, eurasiatique, contemporain de l'Ekphas antiquus, c'est-à-dire, vivant en pays plutôt chaud.

Johann Heinrich Merck est l'oncle de Carl Heinrich Merck (Darmstadt, 1761 - Saint Petersbourg, 1799), médecin et naturaliste qui participa à une expédition de plusieurs années en Alaska et dans l'est de la Sibérie (de.wikipedia.org - Carl Heinrich Merck).

Un droguiste au Palais Farnèse et un Hessois

Antoine Farnèse fut le huitième duc de Parme et Plaisance du 27 février 1727 à sa mort en 1731. Il décide d'épouser une représentante de la Maison d'Este, Enrichetta d'Este, fille de Renaud III de Modène en 1728. Après la mort d'Antoine, Enrichetta se retire à Colorno où elle épouse Léopold de Hesse-Darmstadt. Elle décèdera le 30 janvier 1777 (fr.wikipedia.org - Antoine Farnèse).

A la fin du siècle, Don Antonio résida à Rome sans doute plus longtemps qu'on ne le prétend, à juger par les comptes du droguiste qui s'échelonnent de 1698 à 1701. Craignant de s'ennuyer dans la vaste demeure de ses ancêtres, il avait convié le prince Frédéric, landgrave de Hesse-Darmstadt à partager avec lui le grand appartement. Cet invité d'honneur est en effet installé en 1698 au premier étage. On trouve auprès de lui dix-sept serviteurs, soigneusement recensés avec leurs titres les plus divers, du cocher au laquais, du cuisinier au «sguattaro di cucina» qui lavait la vaisselle, au «sportarolo», simple commissionnaire. Don Antonio qui avait alors un peu plus de vingt ans mena la vie élégante d'un jeune prince de famille régnante, participa au carnaval de 1701, dont l'éclat fit oublier les trois dernières années d'austérité du règne d'Innocent XII, ce pape qui impitoyablement avait ordonné la destruction du théâtre de Tor di Nona « aperto a gli scandali del Cristianesimo » (Le Palais Farnèse: Texte (2 v.), 1980 - books.google.fr).

Pour tenter de définir le métier de droguiste sous l'Ancien Régime, partons de cette somme d'érudition qu'est la fameuse Encyclopédie de Diderot et d'Alembert : « Droguiste (...), nom que l'on donne à ceux d'entre les épiciers qui vendent des drogues propres pour la pharmacie, la teinture, et les arts. » Ainsi les droguistes ne seraient que des épiciers spécialisés (Patrick Boulanger, Droguistes marseillais à la fin du XVIIIème siècle, Herbes, drogues et épices en Méditerranée: histoire, anthropologie, économie du Moyen Age à nos jours, 1988 - books.google.fr).

En 1698, le sculpteur vénitien Giuseppe Ortolani (ca.1674-1734) sera le dernier de ces artistes « courtisans ». Agé de vingt-sept ans, il est « aiutante di camera » du landgrave Frédéric de Hesse-Darmstadt résidant au Palais Farnèse, et à ce titre il habite un appartement du second étage. On connaît surtout son activité de graveur en médailles pour les Alexandre VIII et Clément XI, mais par un hasard heureux son séjour coïncide avec l'existence au palais de l'atelier de Pierre Legros, tout à la fièvre créatrice des premières années. En revanche rien ne paraît justifier, parmi les personnes recensées en 1654, la présence d'un artiste français : Petrus Lamara Gallus pictor. Le Palais Farnèse, avant d'être prêté à la reine Christine, était tout bonnement l'ambassade de Parme et la demeure du résident le marquis Mario Giandemaria (Le Palais Farnèse: Texte (2 v.), 1980 - books.google.fr, www.historicalartmedals.com).

Friedrich von Hessen-Darmstadt (1677–1708) was the youngest son of Landgrave Louis VI. of Hesse-Darmstadt (1630-1678) and Elisabeth Dorothea of Saxe-Gotha-Altenburg (1640-1709). Frederick entered service in rome 1697, like his three older brothers George, Philip and Henry, in protest of his mother, a zealous Protestant (en.wikipedia.org - Friedrich von Hessen-Darmstadt (1677 - 1708)).

Son grand oncle Friedrich von Hessen-Darmstadt (né le 28 février 1616 à Darmstadt, en Allemagne et mort le 19 février 1682 (à 65 ans) à Breslau, aujourd'hui Wroclaw, en Pologne), après s'être converti au catholicisme à l'âge de 20 ans, entra dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Le pape Innocent X le crée cardinal lors du consistoire du 19 février 1652. Il est le fils cadet du premier mariage du landgrave protestant Louis V de Hesse-Darmstadt et Madeleine de Brandebourg (fr.wikipedia.org - Frédéric de Hesse-Darmstadt (cardinal)).