Partie XIII - La Croix d’Huriel   Les sommets de La Croix d’Huriel   Aux confins des diocèses : aspects métallurgiques   
CROIX HURIEL DIOCESES CONFINS AUSTREMOINE SATURNIN MARTIAL TROPHIME METAUX

La légende raconte la tenue de rencontres annuelles qui, « aux confins du diocèse de Clermont », rassemblaient Austremoine, Martial et Sernin pour coordonner leurs efforts d'évangélisation. "Est locus in confinio Arvernicae dioecesis qui antiquorum relatione priscorum a dominis tribus sortitum nomen." (Vita Astremonii secunda, VIII) (Claude Andrault-Schmitt, Saint-Martial de Limoges: ambition politique et production culturelle (Xe-XIIIe s.) : actes du colloque, Poitiers et Limoges, 26-28 mai 2005, 2006 - books.google.fr, aprogemere.fr).

Le nom de ce lieu était en rapport avec celui d'une ancienne tribu maître de la région : arverne ?

On pourrait s'attendre à ce que ce soit au point de jonction des évêchés ou archevêchés. La limite des diocèses de Limoges, Cahors et Clermont se trouve sur les communes de Saint Julien le Pèlerin (Corrèze), Siran (Cantal) au nord de Rouziers centre de la Croix d'Huriel et Lamativie (Aveyron).

L'évêché de Limoges était suffragant de l'archevêché de Bourges, comme celui de Clermont. Il recouvrait à l’origine les trois départements actuels de la Creuse, de la Corrèze et de la Haute-Vienne, plus des parties de la Charente (Confolentais) et de la Dordogne (Nontronais). Le diocèse de Tulle en fut séparé en 1317. À l'origine, le diocèse de Clermont correspondait à l’ancienne cité des arvernes. Le territoire possédé par les Arvernes recouvre les actuels départements du Puy-de-Dôme, du Cantal ainsi qu'une portion de l'Allier et de la Haute-Loire. Il est centré sur la dépression de la Limagne et l'Allier qui constitue alors une artère primordiale de la cité arverne. Le diocèse de Toulouse a été fondé au milieu du IIIe siècle, par le saint évêque et martyr Saturnin de Toulouse (ou Sernin) venu de Rome pour porter l'Évangile. La taille du diocèse a été réduite au début du XIIIe siècle pour combattre le catharisme. Dans les premiers temps l'église de Tonlouse dépendait de la métropole de Narbonne, dont elle fut la première suffragante. Après la conquête de Clovis, en 507, elle fut rattachée à la métropole de Bourges, Narbonne n'étant pas sous la domination des Francs. Mais lorsqu'à la fin du huitième siècle, Pepin eut conquis toute la Septimanie, le diocèse de Toulouse rentra dans son ancienne province ecclésiastique & y reprit son rang.

A l'époque gallo-romaine, la "Civitas Cadurcorum" faisait partie de l'Aquitaine Ier, avec sa métropole à Bourges. La cité de Cahors fut évangélisée par saint Martial et saint Sernin. Bourges resta métropole jusqu'à la création, en 1678, de la province d'Albi, dont Cahors fit désormais partie. Les évêques de Cahors étaient seigneurs de leur ville épiscopale, sous la suzeraineté du comte de Toulouse dont ils s'affranchirent même à la faveur de la guerre des Albigeois. A partir de 1211, les évêques de Cahors font directement hommage de leur seigneurie au roi de France (fr.wikipedia.org - Diocèse de Limoges, (fr.wikipedia.org - Archidiocèse de Clermont, (fr.wikipedia.org - Territoire arverne, (fr.wikipedia.org - Archidiocèse de Toulouse, Claude de Vic, Histoire générale de Languedoc: avec des notes et les pièces justificatives, Volume 4, 1872 - books.google.fr, philippe.harambat.pagesperso-orange.fr).

Ce qui fait que Cahors ne dépendait pas de Toulouse avant 1790 puis 2002.

Le très curieux finage de Saint-Julien-le-Pèlerin n'incite pas à voir une paroisse ancienne, ce qui ne préjuge pas de la date de l'église (Michel Aubrun, L'ancien diocèse de Limoges des origines au milieu du XIe siècle, Presses Univ Blaise Pascal, 1981, p. 266).

L'église a comme patron saint Julien l'Hospitalier honoré par les pèlerins jacquiers venant d'Aurillac et se dirigeant vers l'Espagne. Refaite en 1861, clef de voûte armoriée. Structures romanes - chapelles XVe siècle. Reliquaire XVIe siècle. Rétable XVIIe siècle. Il y eut là des verreries dès le XVIe siècle. Jolies maisons dans le village. A Pompignac - vieux cimetière (Marie Madeleine Macary, La Correze, Fernand Lanore, 1978 - books.google.fr).

La pointe orientale arverne est limitée du côté rutène par une ligne sensiblement droite allant du N.O. au S.E. vers les Truques d'Aubrac (1447 m.) où se trouve, à 1 Km près, la Croix des Trois Evêques. Sur cette frontière on rencontre l'Irande (Cne de Thérondels) et le bois de Guirande (Cne de Lacalm) dont les noms en rond garantissent avec la Croix des Trois Evêques l'ancienneté indiscutable. La même pointe arverne orientale est limitée du côté des Gabales, à partir de la Croix qui est au sommet de la pointe, par une ligne sensiblement S.N. qui suit la vallée du Bès sur les 4/5 de son parcours. Cette pointe orientale contient en son centre la station thermale de Chaudesaigues où l'eau jaillit à 82° et dont la célébrité est certainement très ancienne. En ce qui concerne la pointe occidentale arverne, celle d'Aurillac, elle suit du côté rutène le Goul sur environ 20 km, puis se dirige vers la rivière du Lot qui la limite au sud, sauf dans les deux têtes de pont d'Entraygues et de St Santin. Non loin de là se trouve le sommet de la pointe qui est à la rencontre des trois évêchés de Cahors, Rodez et St Flour ex-Clermont et à 3 km seulement du village de Guirande (Cne de Felzins - Lot) dont le nom en rand garantit l'ancienneté. De ce point remonte vers le nord, jusqu'à la Cère, la frontière qui limite presque en ligne droite les Arvernes des Cadurques. L'ancienneté de ces frontières ayant été établie, il s'agit maintenant d'aborder la seconde question, celle de l'arvernisation du Cantal au moment de l'arrivée des trois peuples. Pour éclairer cette question constatons d'abord que le territoire primitif des Arvernes était centré beaucoup plus au nord et s'étendait jusqu'à Châtel Deneuvre à 75 Km au nord de Clermond et à 18 Km seulement de Moulins (Jean Galtier, Celtes de Franconie et Celtes du Massif central, Revue internationale d'onomastique, Volume 22, 1970 - books.google.fr).

Cette Croix des Trois Evêques n'est apparemment pas en rapport avec ceux dont il est question ici :

L'origine du bourg de Saint-Urcize semble liée à celle de son propre nom, qui dériverait avec recul de l'accent de Ursicinus, évêque de Cahors de 583 à 624. Selon Grégoire de Tours, Ursicinus ou Urcisse, ancien référendaire ou chancelier de la reine Ultrogothe, est le successeur de Maurillon à l'évêché de Cahors. En 590, Urcisse participe en cette qualité au IVème Concile d'Auvergne qui se tient aux confins de l'Auvergne, du Gévaudan et du Rouergue, pour rendre une sentence arbitrale dans une action pour cause d'adultère et de spoliation dirigée par le comte d'Auvergne Eulalius, contre son ancienne épouse Tétradie veuve de Didier, duc de Toulouse. Le concile dut se tenir sur le territoire de Saint-Urcize, près de la "Croix des Trois Évêques" érigée au XIIIème siècle par les moines d'Aubrac pour commémorer cet événement (saint-urcize.fr).

Saint Urcize se trouve sur la transversale de la Croix d'Huriel (La Croix d’Huriel et le loup : La Croix d’Huriel et la Bête du Gévaudan).

Les Arvernes contrôlaient donc les riches limagnes de l'Auvergne et du Bourbonnais et méritaient bien leur nom d'Are-uerni : ceux qui sont « devant le puys ». Le celtique are « devant » est traduit par le latin ante dans le glossaire d'Endlicher. Quant au celtique vern ou bern, on le retrouve en breton dans le mot bern « meule, tas, monceau ». Remarquons en passant combien les puys ressemblent à des meules, par exemple dans la chaîne située au sud-ouest de Riom. On connaît encore en breton l'expression bern war bern « les uns sur les autres » mot à mot, « tas sur tas ». D'ailleurs, le glossaire d'Endlicher, qui remonte au Ve siècle (cf. Dottin - La langue Gauloise, p. 213) donne la traduction en bas latin d'Arevernus. Cette traduction ante obsta doit être, à mon sens, interprétée comme « devant les obstacles » c'est-à-dire « devant les montagnes », obsta étant un équivalent en bas latin d'obstantia, Tac Ann. I 50 — obstacula, selon l'égalité bien connue (ne) sapium = sapientem etc. (Jean Galtier, Celtes de Franconie et Celtes du Massif central, Revue internationale d'onomastique, Volume 22, 1970 - books.google.fr).

Arverne : dénomination locale, e dans, sur, vern, montagne, ar contrée, pays, habitation. Qualification de peuple: e qui est, vern grand, distingué, vaillant, ar au plus haut degré; e dans, vern, montagnes, rochers, ar guide, conducteur (J.-B. Robert, Origines de Paris et de toutes les communes, hameaux, châteaux, etc. des départements de Seine et Seine-et-Oise, 1864 - books.google.fr).

Le Vern est un village près d'un mamelon, à l'ouest du bourg de Glénat, au sud-est de Siran (Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet Edition de MDCCCLII (1852) Volume 1/5 - cantalpassion.com).

Vergnas, 1449 (enquête sur les droits des seigneurs de Montal) Lou Veyrs, 1626 (minutes Sarrauste notaire) Lou Verg, 1632 ; Lou Vern, 1651 ; Le Bern, 1660 ; Lou Verhm, 1666 ; Lou Vor, 1667 (état civil) Lou Veou ; Vernhes, 1668 (minutes Sarrauste notaire) Lou Ver, 1750 (ancien cadastre) (Dictionnaire Topographique du Cantal - Emile Amé, 1897) (www.serve.aprogemere.fr).

Apostolicité légendaire des trois évêques

Saint Priest, évêque de Clermont, qui mourut, l'an 674, de la mort violente des martyrs, avait composé la Vie de plusieurs saints de son pays, et en particulier la légende de saint Austremoine, premier évêque de la ville d'Auvergne. C'est là ce que rapporte l'ancien auteur de sa Vie ; c'est ce que confirment d'anciens manuscrits, dans lesquels la légende de saint Austremoine porte le nom de saint Priest ; c'est ce que reconnaissent plusieurs écrivains, anciens et modernes. Or la légende de saint Austremoine publiée par le P. Labbe, d'après un vieux manuscrit du monastère de Lérins (et ce ne peut être que celle composée par saint Priest), compte saint Martial parmi ces premiers évêques que saint Pierre envoya dans les Gaules pour y prêcher l'Evangile : « Après la glorieuse ascension de Notre-Seigneur, le bienheureux Pierre, prince des apôtres, appelant à lui ses très-saints disciples, les destina à la prédication, les fortifia de sa bénédiction et de celle de tous les apôtres, et les honora de la consécration épiscopale. Voici le nom de ces hommes illustres , auxquels il assigna des villes particulières : l'évêque Gatien fut envoyé à Tours, Trophime à Arles, Paul à Narbonne, Saturnin à Toulouse, Martial à Limoges. Parmi eux, l'illustre martyr Austremoine reçut, après Dieu, le gouvernement de l'Eglise d'Auvergne ». On doit remarquer que cette légende de saint Austremoine, composée au VIIe siècle, lui donne le titre de martyr et d'envoyé de saint Pierre, tandis que Grégoire de Tours, dans le siècle précédent, ne lui donnait que le titre de confesseur, et ne plaçait sa mission que sous l'empereur Dèce (François Arbellot, Dissertation sur l'apostolat de saint Martial et sur l'antiquité des églises de France, 1855 - books.google.fr).

Il faut ajouter Denis à Paris.

Martial dans l'Aude

Le nom de saint Martial est peut représenté dans le département de l'Aude. Une chapelle de ce nom à Avignonet (Haute-garonne) qui dépendait de Saint Papoul, dont un évêque, depuis le 5 janvier 1348, s'appelait Bernard de Saint Martial, mort le 9 août 1361 (Claude de Vic, Joseph Vaissète, Histoire générale de Languedoc: avec des notes et les pièces justificatives, Volume 4, 1872 - books.google.fr).

Saint Martial est un lieu-dit avec chapelle à Saint Jean Minervois dans l'Hérault.

La légende raconterait qu'à Caunes, le saint fit un miracle.

A la suite du Livre des miracles de Saint-Martial que nous avons reproduit, les Bollandistes ont publié un Recueil de treize autres miracles, opérés à diverses époques, et tirés d'un manuscrit de Toumay par le P. Joseph-Ignace de Saint-Antoine, carme déchaussé. (T. V. junii, p. 559-561). Ce Recueil a pour auteur un prêtre du diocèse d'Agen, qui dit avoir prêché sur saint Martial dans une église dédiée à ce saint, c'est-à-dire à Basens (Bassanes), prés le port Sainte-Marie; il rapporte également la guérison d'un évêque d'Agen nommé Gérald (XIIe siècle), comme ayant été racontée par l'évéque lui-même. Signalons quelques erreurs géographiques, chronologiques, etc., qui ont échappé aux Bollandistes dans leurs notes sur ce Recueil :

Dans le premier miracle, il est question d'une ville nommée Cainone, située à trois journées de marche de la ville de Toulouse; dans le ms. 5365 de la Bibliothèque nationale, le nom est écrit a Caminone »; le P. Papebroch. qui traduit Cainone par Chinon (en Touraine), trouve avec raison que ce mot est une faute, et met à la place Tarascon; or, il ne s'agit ni de Chinon ni de Tarascon, mais bien de Caunes (Cainone), ville située, en effet, à trois journées de marche de Toulouse (François Arbellot, Livre des miracles de saint Martial, Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, Volume 36, 1888 - books.google.fr).

Il existe sur la commune de Maisons dans le Termenès le lieu-dit Monrouch (mont rouge) ancien château construit d'une manière illicite par les seigneures de termes, avec chapelle Saint Martial (Claude De Pla, Termenès fleur d'épine : Toponymie et microtoponymie d'un ancien pays de l'Aude, 2014 - www.youscribe.com).

La cité de Narbonne a résisté victorieusement aux infidèles et l’on a attribué ce succès à la relique de saint Martial détenue dans une tour dédiée au saint Limougeaud. C’est ainsi qu’en remerciement les Narbonnais ont envoyé leurs prisonniers arabes à Limoges vers l’année 1020, comme nous le rapportons dans le livre. La tour Saint-Martial est toujours visible à Narbonne (www.sagadeslimousins.com).

Les premiers évêques et chanoines de Narbonne étaient logés dans des bâtiments et des tours situés contre le mur d'enceinte. Leur construction précéda celle de la cathédrale et en détermina l'emplacement ce qui explique pourquoi l'église, toujours rebâtie à la même place, s'élevait près des remparts et non au centre de la ville. Le palais évoluait en même temps que l'église. Modeste à l'origine, il prit peu à peu une allure grandiose à la mesure de la puissance des Archevêques.

Le palais, mélange d'architecture civile, religieuse et militaire, comprend deux parties reliées par une arche qui ouvre sur Le Passage de l'Ancre : Le Palais Vieux et Le Donjon de La Madeleine, à droite Le Palais Neuf ; avec La Tour Saint Martial, Le Donjon de Gilles Aycelin et Les bâtiments du Synode, à gauche. Au XIXème siècle, le palais était si délabré que Narbonne fit appel à Viollet-le-Duc. Celui-ci, sans respect de l'œuvre ancienne, supprima carrément l'élégante courtine qui unissait le donjon de Gilles Aycelin à la tour Saint Martial pour la remplacer par la façade actuelle de l'Hôtel de Ville de style faux XVème siècle. (www.wiki-narbonne.fr - Palais des Archevêques).

Lors de sa visite d'inspection, "Jean Corsier se rend dans la chapelle Saint-Martial (n° 26) qui est indiquée comme se trouvant également dans la "maison archiépiscopale". Il s'agit cette fois du Palais-Neuf des archevêques ; c'est là, dans les deux travées qui précèdent la Torreta (qui lui emprunta bientôt son nom de tour Saint-Martial), qu'en 1361 Pierre de la Jugie avait fondé cette chapelle en l'honneur du saint limousin auquel étaient attachés ses parents Clément VI et Grégoire XI" (Jacqueline Caille, Narbonne au début du XVème d'après un procès-verbal de visite de 1404, Les prélats, l'Église et la société, XIe-XVe siècles: hommage à Bernard Guillemain, 1994 - books.google.fr).

A Narbonne, en 1404, Jean Corsier, qui visite pour l'archevêque François de Conzié, inspecte une ou deux paroisses quotidiennement pendant 225 jours (Louis Binz, Vie Religieuse et Reforme Ecclesiastique Dans le Diocese de Geneve, 1973 - books.google.fr).

François de Conzié est l'archevêque de Narbonne qui invita l'évêque de Metz Raoul de Coucy à la consécration de l'église de Fabrezan en 1392 (Autour de Rennes : Les Bergers d’Arcadie et le Sceau de Palaja).

Le chapiteau de Comiac

Lamativie, qui se trouve aux confins des trois évêchés, appartenait à la commune de Comiac avant que d'en être détaché en 1845, mais eut une paroisse au XVIIème siècle.

Comiac, canton de Sousceyrac, sur les hauteurs de La Châtaigneraie (La Castanhal, lou castyanal) du Segala, le "pays du seigle", est riche d'une multiplicité de symboles mythologiques inscrits dans le paysage, l'architecture et la toponymie [...] Une stèle sculptée figure le dieu gaulois au maillet, Sucellos, le "bon" (Su) "frappeur" (Cellos). Il est remarquable que le nom du village évoque également un "frappeur" : Comiac vient de Combogiacum, c'est-à-dire le "domaine (-acum) de Combogios", nom propre qui signifie en celtique "le fort frappeur" ; cela évolua en Combiac, puis en Commiac ou Comiac. En forêt-frontière, Sucellos-Combiogos, sur la stèle, est accompagné d'un lièvre qui marche ou boite de sa droite (?), signe de souveraineté sur l'espace. Il tient un maillet à longue hampe, un pilon de forgeron monétaire, un livre ouvert, touchant l'axe vertical de la Croix Glorieuse du Salut. Sa tête, radiée d'une auréole cruciforme, en fait un dieu gaulois qui (pré)figure le Christ "passant entre les mondes" traçant les quatre directions de l'espace et délimitant un territoire. Nous sommes ici sur un chemin semé d'Etoiles entre Clermont-d'Auvergne (et son sanctuaire de Lug-Mercure-Dumias, c'est-à-dire "des hauteurs") et Roc-Amadour, qui fut, avant Zachée, une roche de Madur-Medur-Medros (nom d'un autre celtique). La stèle de Comiac est tout ce qui reste d'une ancienne église disparue. Nul ne sait les fonctions de cette stèle. Incluse dans le mur d'enceinte du presbytère, elle est aujourd'hui déposée dans le narthex de l'église Saint-Jean-Baptiste de Comiac (Bernard Sergent, Le guide de la France mythologique, Payot, 2007, p. 373).

La sculpture d’un dieu au maillet. Il s’agit vraisemblablement d’une des faces d’un chapiteau qui a été retaillé pour servir de claveau au cintre de l’ancien portail du presbytère. Elle a été signalée pour la première fois en 1962 par l’historien Ferdinand Pressouyre: « Des sculptures très grossières... étudiées dans un travail récent ne témoignent-elles pas de la survivance au IXe ou Xe siècle d’un dieu celtique, le dieu au maillet, aux attributs duquel est adjointe une croix ». Cette étonnante silhouette grossièrement sculptée, héritage lointain de l’art celtique et paléochrétien, occupe le centre de la corbeille d’un chapiteau. Elle présente beaucoup de points communs avec celles qu’on retrouve sous forme d’orant dans un bon nombre d’églises romanes du Bas-Languedoc. Le personnage, porteur du torque gaulois, revêtu d’une tunique courte, raide et sans plis, esquisse de sa jambe droite levée un mouvement de marche. Il est d’une présence extraordinaire avec ses immenses mains, paumes vers l’avant, ses bras ouverts dans l’attitude de la prière et sa grosse tête chauve couronnée d’une sorte de diadème ou bandeau prenant appui sur ses oreilles. Les traits de son visage se caractérisent par une bouche profondément incisée, des yeux ronds en creux sous une arcade sourcilière en T se prolongeant par un nez triangulaire. L’identification des attributs du personnage reste assez malaisée. Celui qu’il tient dans la main gauche semble bien représenter une épée dans son fourreau, tournée à l’envers, dont la poignée est décorée d’une fleur à quatre pétales. L’épée, rappelons-le, est une arme noble appartenant aux chevaliers et aux héros chrétiens, elle est généralement représentée la pointe en bas sauf dans les tombes chrétiennes et non chrétiennes où elle se trouve à côté du mort, la pointe en haut. Quant à l’attribut qu’il tient dans sa main droite, plutôt qu’un maillet, il évoquerait une sorte de massue dont la partie agissante lourde et épaisse également tournée vers le haut, est supportée par un manche terminé par un triangle faisant le pendant à la fleur de la poignée de l’épée (fr.wikipedia.org - Comiac).

La Châtaigneraie : en occitan Castanhau, est une région au Sud Ouest des Monts du Cantal, qui englobe le Veinazès, elle s’étend dans le Lot et au sud en Aveyron (la limite étant la vallée du Lot). Elle tient son nom du châtaignier. Dès le XVe siècle il est déjà fait cas de forêts de châtaigniers, le XVIIIe siècle correspond au pic de production des châtaignes, en 1890 la maladie de l’Encre puis celle du Chancre en 1920 auront raison de cette industrie (aprogemere.fr).

Des deux autres routes indiquées en 1720 par M. Lacarrière, l'une — celle par Laroquebrou et Siran — ne se retrouve que dans un seul document : la Carte des grandes routes de charrois, déjà citée, qui la prolonge sur Beaulieu et Brive. Son importance économique devait donc être médiocre : elle persista cependant jusqu'en 1730 pour le moins, puisque cette année-là le pont de Laroquebrou est très nécessaire pour la communication d'Aurillac avec une partie du Quercy, du Limousin et l'Agenais. Que ce pont fut en effet situé sur l'une des routes menant d'Aurillac à Cahors, c'est ce dont nous nous assurerons plus loin ; en attendant, il est curieux de le voir traversé par un chemin d'Aurillac à Beaulieu, alors que ces deux villes sont l'une et l'autre au nord de la Cère ! La deuxième traversée de cette rivière se faisait évidemment au-delà de Siran ; l'étude de la carte tend à faire croire que ce pouvait être à Gagnac, au point où la Cère sort des gorges du Massif Central pour entrer dans les vallées élargies du Quercy. Par le sud de Comiac et le nord de Teyssieu (Lot), un chemin aboutit en effet à ce point, se tenant de préférence sur les crêtes, servant sur la plus grande partie du trajet de limite entre les communes, et traversant trois hameaux dits La Bitarelle : il est tentant d'y voir l'ancienne route. L'autre route, par Nieudan et le pont d'Estourrots, est en réalité un embranchement de la première, qui rejoint au nord-ouest de Nieudan la route Paris-Toulouse par le pont susdit et Laroquebrou. Elle figure à la Carte des grands chemins de charrois ; en 1730, le pont des Estorraux est situé sur la route d'Aurillac en Limousin, ancienne route des messageries d'Aurillac à Paris (Franck Imberdis, Le réseau routier de l'Auvergne au XVIIIe siècle: ses origines et son évolution, Publications de l'Institut d'études du Massif central n° 2, 1967 - books.google.fr).

Autour de Teyssieu, Comiac, Calviac, le granit a chassé le calcaire. La lauze de schiste couvre la majorité des toits. Ceux-ci à haute et forte pente celtique ou mansardés (André Gaubert, Vivre en Quercy: Maisons paysannes et patrimoine rural des Haut et Bas Quercy, 2000 - books.google.fr).

La coiffe

La coiffe du personnage du chapiteau ou de la stèle de Comiac s'apparente assez à une calotte ou à une serre-tête.

On conserve à Rome la calotte de Bernardin de Sienne (né à Massa Maritima en 1380, mort à L'Aquila le 20 mai 1444) (Les Stations et dimanches de Carême à Rome, Spithoever, 1865 - books.google.fr).

Une fois l'élection approuvée par le métropolitain, l'élu recevait la consécration des mains de trois évêques; il prenait dès lors pour attribut distinctif la mitre, sorte de bandelette ou lame étroite de métal liée autour de la tête. Établi à vie dans (Charles Poulet, Histoire de l'Église: Antiquité et Moyen Age. Débuts des temps modernes, Volume 1, 1959 - books.google.fr).

Du losange au lézard

Il y a un losange entre la croix de gauche et le pilon tenu par le personnage du bras droit et un animal à longue queue peut-être. A moins que la forme alongé en bas à droite soit le reste d'une figure perdue à la taille de la pierre. Cet animal ressemble à un lézard ou à un renard à queue touffue

LAUSA : « lauze », pierre plate utilisée pour couvrir les toits. A donné en fr. lauze => losange (forme approximative des dalles de lauze). A donné le fr. lézard tout comme l'occitan lauset/lausert parce qu'il vit dans les dalles de pierre (Pierre Gastal, Sous le français, le gaulois: Histoire, vocabulaire, étymologie, toponymie, 2002 - books.google.fr).

On peut penser avec W. von Wartburg à des croisements entre lacertus et le radical de * lûcire (le lézard vert peut passer pour briller quand il se trouve placé sur des pierres sèches ou des brindilles mortes; mais il ne s'y tient pas ordinairement et se cache au contraire dans la verdure). [...] W. von Wartburg pense au gaulois louxos : lumière, pour l'ancien occitan lauzert (Charles Camproux, Essai de géographie linguistique de Gévaudan, Volume 2, 1962 - books.google.fr).

Cerne, Cerni, Cernin, pour Serni, Sernin, Sarnin, Saturnin (Abbé Boissier de Sauvages, Dictionnaire languedocien-français, 1820 - books.google.fr, Frédéric Mistral, Lou trésor dóu Felibrige: A-F, Volume 1, 1879 - books.google.fr).

et aussi Sorlin.

"cerni" : être sassé, être criblé (Nicolas Magniez, Novitius seu dictionarium Latino-Gallicum, Volume 1, 1721 - books.google.fr).

"cerne" cribler en languedocien.

La nomenclature populaire du lézard (qui confond souvent les espèces) est en partie tirée de ses traits physiques. 1° Les dents : prov. rassado, lézard (de rasso, scie, à cause de la forme de ses dents), et serrado, sarrado, lézard ocelé (de serro, scie). 2° La forme (svelte et élancée comme celle de la salamandre) : Poitou, langrotte (c'est-à-dire l'angrotte), répondant au prov. en- grèulo, lézard gris (de grèule, grêle, délié, mince); clavato (« petite clé ») et clau de sant Peire (« clé de saint Pierre ») ; cf. prov. re guindoulo, personne fluette (proprement lézard des murailles), et grisolo, personne maigre et chétive (« lézard gris »). 3° Les pattes (celles du lézard sont courtes et grêles, terminées par cinq doigts munis d'ongles déliés) : wall. quatpesses et Lorr. quatrepiches. A l'aide de ses griffes acérées, il grimpe sur les arbres ou sur les murailles; de là: prov. escalobarri et gratamuro, Poit. grapiette ou rapiette et Suisse gremilhetîa (« grimpereau ») ; prov. estrapioun (de strapa, glisser) et reguindoulo (de reguinda, remonter). 4° La peau (chagrinée ou ponctuée) : anc. prov. sernalha, mod. cernilho (de cernilha, criblé). 5° La robe : blonde (Côtes-du-Nord, saure), répondant à l'ital. dial. (Reggio) argintella, lézard (d'après le reflet argentin de ses plaques); ou rougeâtre: ital. ramarro (répondant au suisse allem. Kupferschlângeli) et prov. serpouleto, semblable au serpolet, à fleurs pourpres (Lazar Saineanu, Les sources indigènes de l'étymologie française, Volumes 1 à 2, 1972 - books.google.fr).

Du lézard au cuivre

Les reflets rougeâtre renvoient au cuivre comme l'indique le "Kupfer" de l'appellation suisse allemande.

C'est pour toutes ces raisons que nous proposons de voir dans Lézert, non pas un nom de lieu d'origine gauloise ou prégauloise, mais tout simplement le continuateur du mot latin lacertus « lézard » qui est passé normalement, en ancien provençal, à lazert, forme qui coïncide exactement avec le nom que portait au XIIIe siècle l'un de ces ruisseaux, ainsi qu'il a été indiqué plus haut. Sur le plan sémantique, la métaphore du lézard employée pour nommer un ruisseau encaissé, au cours tortueux, est comparable à celle qu'enferme le mot français Iézarde qui désigne pareillement une crevasse profonde et sinueuse entamant une surface plane. Une métaphore analogue, quoique procédant d'une image un peu différente, est d'ailleurs liée en latin au mot lacertus lui-même qui nommait à la fois le lézard et le muscle du bras supérieur. Du point de vue phonétique, les noms communs dérivés de lacertus désignent encore dans les dialectes occitans actuels le lézard vert, par opposition au lézard gris, et ils ont ont évolué, à partir de la forme luzert, sous des influences diverses, notamment en subissant l'attraction de serp "le serpent". Dans la région qui nous occupe (Ségalar tarnais et aveyronnais), le mot est devenu luzerp, luzert ou lizerp. Des formes parallèles ont été notées dans d'autres régions de l'Aveyron (laser, lisert) et en Gascogne (lézerp, lauzerp, lauzert). Quant au toponyme Lézert, qui a conservé intacte sa deuxième syllabe, nous pensons qu'il se place entre la forme régulière de l'ancien provençal (lazert) et les formes ultérieures qui, non seulement ont été influencées par d'autres mots en ce qui concerne leur première syllabe (sans doute luzent "luisant" et lizent "glissant" pour luzert et lizert), mais encore ont été attirées en outre par serp (luzerp, lizerp, lauzerp, lézerp). Lazert est peut-être passé à Lézert sous l'influence du mot lézer au sens de loisir (de licere). Ce mot, prononcé actuellement lésé, présente le même recul d'accent que bézé "voir", pour vezer (de videre) : ces deux infinitifs substantivés étaient autrefois, comme on le sait, accentués sur la finale. On peut penser que les formes Lézert, Lizert et Luzert, qui présentent une certaine homogénéité de structure (maintien de la deuxième syllabe), sont à la fois postérieures à l'éclatement de l'unité provençale (à partir du XIVe siècle) et antérieures à la multiplication des noms communs qui sont beaucoup plus éloignés du protoype originel lazert (André Soutou, Le nom de ruisseau Le Lézert (Aveyron et Tarn), Revue internationale d'onomastique, 1963 - books.google.fr).

Les gisements de minerai de cuivre, de plomb argentifère, d'antimoine, abondent dans notre pays. Les autorités qui en attestent l'existence ne manquent pas. Parmi les noms que cite l'auteur, nous retiendrons ceux de M. Ad. Boisse, dont nous saluons avec vénération la mémoire, et de M. Thévenin, qui a publié, en 1903, une savante étude géologique sur la bordure Sud-Ouest du Plateau central. Dans cette étude, il appelle l'attention sur l'importance de la grande faille qui s'étend depuis Asprières jusqu'à la Guépie, c'est-à-dire sur une longueur de 50 kilomètres. Elle a entraîné l'apparition, dans le BasRouergue, de nombreuses formations filoniennes, dont l'abondance explique et justifie la fondation d'ateliers monétaires, de celui de Villefranche, en particulier. La pauvreté de ces gisements les rend inexploitables dans l'état actuel de l'industrie, mais ne rebuta pas nos pères. Les Gaulois les exploitaient bien avant la conquête romaine, ainsi que le démontrent les écrits de Tacite, Strabon et César et les nombreuses monnaies Gauloises dites « à la croix » et « au sanglier » recueillies en divers points de la région. Des lampes, des outils caractéristiques, trouvés, au cours du siècle dernier, dans les excavations et galeries des mines de la Baume et de la Maladrerie, près Villefranche, et même une inscription du temps de Tibère, sur une dalle de gneiss, découverte près de Labastide-l'Evêque, montrent que les Romains continuèrent à extraire des minerais. Les mineurs résidaient dans les villages d'Aigremont (Acer mons), devenu depuis Saint-Jean-d'Aigremont, ou simplement Saint-Jean et de Saint-Mémory. De ces deux villages , ruinés par l'invasion sarrazine au XIIIe siècle, le premier, seul, s'est relevé de ses ruines et subsiste aujourd'hui. A la suite de cette invasion, la production diminua, peut-être même cessa complètement. Les comtes de Toulouse manifestèrent quelques velléités de la rétablir, mais elle ne reprit son activité que vers le milieu du XIIIe siècle, sous l'administration d'Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis. Ce prince, pour attirer les mineurs, fonde la bastide de Villefranche, devenue Villefranche-de-Rouergue, à laquelle il octroie de tels privilèges que les habitants des légions voisines y accourent en foule, malgré les efforts des évêques de Rodez pour empêcher leurs domaines de se dépeupler au profit de la nouvelle cité. L'occupation Anglaise, à la suite du traité de Brétigny (1360) vint encore ralentir les travaux, qui, cependant, fournirent quelques faibles bénéfices au prince de Galles. Comme autres preuves de ces exploitations, il reste quelques vestiges des ateliers où étaient traités les minerais et métaux. Ce sont les martinets à cuivre, actuellement en ruines, situés près du village de Fargairenc, dans le ravin du Lézert et sur le ruisseau de la Doulouze. Les plus anciens ateliers monétaires dont M. Cabrol signale l'existence sont ceux de l'époque mérovingienne. D'après Anatole de Barthélemy, il en existait en France huit cent quarante et un, dont huit en Rouergue. (Procès-verbaux des séances de la Société des lettres, Volumes 23 à 25, 1911 - books.google.fr).

En Aveyron, tout près du village de La Bastide l'Éveque coule le Lézert, ruisseau qui avait autrefois sur son parcours un nombre important de moulins à farine, à scie, à papier, et à cuivre. Les martinets sont de très anciennes forges à battre le cuivre, afin de fabriquer des ébauches de marmites, chaudrons, et autres ustensiles ou outils. La force hydraulique permet d'actionner deux roues à aubes différentes: la première permet d'enclencher un gros soufflet attisant la braise pour fondre ou chauffer le cuivre; la seconde actionne un énorme marteau qui frappe le cuivre pour le travailler. Au XIVème siècle, on comptait pas moins de 13 martinets jalonnant le cours d'eau du Lézert. L'eau y est abondante, et plus facilement maitrisable que celle de l'Aveyron. Des mines (plomb, argent, cuivre) étaient déjà exploitées dans les environs à l'époque gallo-romaine, l'activité de celles-ci s'est beaucoup développée au Moyen Age. La région boisée permet aussi la fabrication du charbon de bois (châtaignier). L'essor de ces moulins est dû à la demande croissante de matériaux dégrossis (les "coupes") de la part des nombreux artisans chaudronniers de la bastide royale voisine: Villefranche de Rouergue, fondée en 1252 (lesmartinetsdulezert.fr).

La croix

La came est l'un des deux moyens mécaniques pour passer du mouvement rotatif à l'alternatif. C'est celui le plus anciennement connu en Occident et dont ce dernier s'est essentiellement servi. Ici, l'énergie fournie ne sert que dans l'un des deux sens du mouvement alternatif, pour procéder à l'action motrice ; le retour, lui, est obtenu par la pesanteur ou par un ressort (constitué généralement d'une perche de bois souple). Quand donc apparaît la came ? On manque encore désagréablement d'une chronologie quelque peu sûre sur les extensions mécaniques et non plus agricoles des moulins. Des premiers moulins datés en occident (fin Ier s. av. J.-C./déb. Ier s. apr. J.-C.) au XIe s., les indications sur les moulins affectés à d'autres activités que la mouture des céréales sont très rares et les indications difficiles à interpréter (et D. Lohrmann en sait quelque chose). Si les indications techniques font presque toujours défaut, on sait néanmoins qu'il n'est de scierie, moulin à foulon (paroir ou paradou), martinet hydraulique qu'avec un système de cames. Le premier moulin à foulon attesté pourrait être italien : on en connaît au Xe s. dans les Abruzzes en 962, en Italie du nord, dans le Milanais... Des battoirs à chanvre sont présents en Dauphiné vers 1040. On repère des paroirs en Normandie au XIe (1086), en Bourgogne au XIIe (1133). Mais si on tente de remonter dans le temps la perplexité arrive. En effet, Héron d'Alexandrie (Ier siècle apr. J.-C.) en connaît le principe qu'il n'emploie que dans la construction des automates, et l'on n'a aucune trace d'une application industrielle antique. Aucune, sauf toutefois une mention par Ausone d'une scierie de marbre hydraulique sur la Moselle au IVe siècle après J.-C. ainsi qu'un texte à peu près contemporain de Grégoire de Nysse (Georges Comet, Moulins et meuniers. Réflexions historiographiques et méthodologiques, Moulins et meuniers dans les campagnes européennes, IXe-XVIIIe siècle: actes des XXIes journées internationales d'histoire de l'abbaye de Flaran 3, 4, 5 septembre 1999, 2002 - books.google.fr).

Les moulins à fer appartiennent également au même type que les moulins foulons. La came agit sur le manche du marteau et c'est le poids de l'outil qui le fait retomber. Les forges qui, autrefois étaient à bras, itinérantes, allant à la suite des bas fourneaux à la recherche, du minerai et du combustible, vont désormais se stabiliser le long des rivières (Techniques et civilisations, Volumes 2 à 3, 1951 - books.google.fr).

La scie, en l'absence du système bielle-manivelle, posait un difficile problème. La came entraîne dans un sens la scie qui est ramenée dans l'autre par un ressort. Une magnifique représentation en est donnée dans l'album de Villard de Honnecourt (vers 1270), mais le dessinateur a placé les aubes de la roue hydraulique à l'envers. On en cite des exemples dans le Jura suisse en 1268 (Chita de LaCalle, Maurice Daumas, Histoire générale des techniques, 1996 - books.google.fr).

Le Martinet ou encore maillot, mail : c'est un gros marteau actionné par une roue à cames tournant avec une roue de moulin. Il en existe de différentes sortes dont le plus connu parmi ceux parvenus jusqu'à nous est le martinet des taillanderies - moulinafer.free.fr

Un aigle

En haut, comme le ciel, au-dessus du "lézard" on peut voir une forme qui pourrait être une aile avec une tête en dessous : un oiseau, un aigle ?

Pour rester dans les origines gauloises, sur des pièces carnutes, on trouve lézard et aigle réunis.

En cours de route, l'aigle s'attaque au lézard, sans aucun doute, au service du dieu serpent, et le combat s'engage, une fois la reconnaissance accomplie. C'est un duel, où chacun se défend de son mieux, mais, en fin de compte, les deux adversaires en restent au même point (G. Guénin, Monnaies carnutes expliquées par des mythes asianiques, Bulletin de la Société préhistorique française, Volumes 45 à 46, 1948 - books.google.fr, André Breton, Perspective cavalière, 1952 - books.google.fr).

Un aigle désigne aussi la représentation en cuivre d'un aigle ayant les ailes étendues pour servir de pupitre au milieu du choeur d'une église : chanter à l'aigle (Dictionnaire des dictionnaires ou vocabulaire universel et complet de la langue française, Volume 1, Hauman, 1839 - books.google.fr).

Doublet rapporte qu'au milieu de la première partie du chœur de l'église de l'abbaye Saint-Denis, « était posée l'aigle, ou poulpitre, de cuivre, enrichie des quatre » évangélistes et autres figures, donnée par le roy Dagobert, provenant de l'église de Sainct» Hylaire de Poictiers ». Suger l'avait fait dorer. Nous avons déjà parlé d'un pupitre très-ancien, antiquum, décoré de sculptures en ivoire et d'animaux de cuivre que Suger avait fait réparer pour y poser le saint Évangile pendant qu'on en faisait la lecture. Il provenait sans doute de l'époque de Charlemagne (Jules Labarte, Histoire des arts industriels au moyen âge et à l'époque de la renaissance, Volume 3, 1872 - books.google.fr).

A la Cathédrale S. Sauveur de Bruges, on trouve un travail limousin du XIIe siècle, une crosse épiscopale en cuivre rouge doré, diaprée de losanges remplis d'émail bleu champlevé. La virole où s'emboîtait la hampe est ornée de trois lézards dont les queues recourbées soutiennent le nœud de la crosse, ces lézards ont le dos incrusté de turquoises. Le nœud à huit côtés est orné de boutons dorés et de turquoises. Une petite couronne le surmonte; elle est formée d'une bande portant huit palmettes recourbées. A l'intérieur de la volute, qui est ornée de crochets, et se termine en feuillage, on voit S. Martial à l'autel recevant la tête de S. Valérie (Catalogue des objets d'art religieux du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes, exposés à l'Hôtel Liedekerke à Malines, Septembre 1864 - books.google.fr).

Aristote dit qu'on donne deux noms à cet Aigle, le nom d'Aigle noir & celui d'Aigle aux lièvres. Liv. IX. ck. 31. En effet, dit M. de Buffon, quoique les autres Aigles prennent aussi des lièvres, celui-ci en prend plus qu'aucun autre, c'est sa chasse habituelle, & la proie qu'il recherche de préférence. Pline indique l'Aigle noir, sous le même nom qu'Aristote, mais il ajoûte qu'on le nomme aussi Valeria, ou peut-être, suivant une différence de leçon remarquée par le P. Hardouin, que c'est celui qu'on trouve dans le lieu appellé Valeria. Les Naturalistes modernes lui ont conservé les dénominations d'Aristote & de Pline ; M. de Buffon seul l'a changée, & s'est servi du nom d'Aigle commun, afin de comprendre sous cette dénomination deux variétés, qu'Aristote ou n'a pas connues, ou n'a pas distinguées, l'Aigle brun & l'Aigle noir. L'Aigle noir est, suivant Aristote, le plus petit & le plus fort des Aigles, il habite les montagnes & les forêts ; son vol est rapide ; c'est un bel oiseau, sans jalousie comme sans timidité ; ardent au combat; il ne se plaint point, il ne lamente point. Liv. IX. c. 32. C'est le seul des Aigles qui nourrisse ses petits jusqu'à ce qu'ils soient en état de sortir du nid. Ibid. & Liv. VI. ch. 5. (Jean-Baptiste Michel Papillon, Histoire des animaux, Volume 2, 1783 - books.google.fr).

On retrouve un lièvre opposé à l'aigle Valeria, nommé comme la sainte à la tête coupée.

Le travail du cuivre et saint Martial

Quelles motivations ont pu pousser Saint-Martial et Grandmont à ainsi s'implanter en ces régions relativement lointaines, difficiles d'accès tout autant que difficiles à traverser ? Parmi les réponses possibles, et cumulables, on peut certes évoquer - outre les hasards des donations - le prestige de l'« apôtre » Martial bien attesté dans l'ensemble de la France méridionale à partir du XIe siècle, tout comme le prestige de Grandmont également bien attesté à partir de la seconde moitié du XIIe siècle. On pourrait ajouter à ces raisons classiques, et à titre d'hypothèse, la possibilité entrevue alors par les dirigeants de l'un et établissements de se rapprocher ainsi de sources d'approvisionnement en argent et surtout en cuivre, métaux dont le duché d'Aquitaine était totalement dépourvu, mais que ces pays du sud du Massif central étaient réputés posséder et produire. [...]

Au nord-ouest du Rouergue, à partir et à l'est de la grande faille dite « de Villefranche », le socle cristallin est traversé de roches éruptives contenant des filons métallifères, depuis Laguépie-Najac jusqu'à Asprières-Peyrusse. Le prieuré martialien de Rieupeyroux est tout proche de ces zones cuprifères ; celui d'Asprières, fondé beaucoup plus tard, vers 1200, est carrément situé sur une zone semble-t-il argentifère autant que cuprifère. [...]

La fondation de Rieupeyroux (sive Tresvias) a pour origine l'importante donation faite au début du XIe siècle par un aristocrate rouergat venu en pèlerinage à Saint-Martial. [...] Le lieu d'Asprières, qui pourrait avoir été acquis de l'abbaye de Conques. devait être déjà en 1200 une localité de quelque importance puisqu'en 1235 il fait l'objet d'un contrat de paréage entre l'abbé de Saint-Martial et le comte de Toulouse. On notera que c'est dans cette même région qu'est implantée l'abbaye de Conques, également concernée un temps par l'émaillerie champlevée sur cuivre (Bernadette Barrière, Limousin médiéval: le temps des créations : occupation du sol, monde laïc, espace cistercien : recueil d'articles, 2006 - books.google.fr).

Asprières se trouve au nord de Rieupeyroux entre Decazeville et Figeac.

Le mobilier religieux d'orfèvrerie fabriqué en Limousin du XIIIe au XVe siècle utilisera largement le cuivre repoussé. Décorés d'émaux, reliquaires, devants d'autel, tabernacles, statues funéraires, statuettes, auront une diffusion internationale (Légende dorée du Limousin: les saints de la Haute-Vienne, Volume 36 de Cahiers Du Patrimoine, 1993 - books.google.fr).

Austremoine : à la recherche du cuivre

Sachant qu'étymologiquement Martial renvoie à Mars et au fer, Saturnin à Saturne et au plomb. Austremoine ?

L'aurore : aurora pour ausosa (sanskrit ausasa ou usasa, grec auos et eôs) Cfr. lat. auster (vent du sud : d'ausere, aurere, urere, brûler); l'hébreu esch (feu), et l'allemand Eisen (fer), mot qui dérive de eisen, brûler, briller, luire; comme le latin aes (génit. aeris ; airain, cuivre, bronze dérive de la même racine qui a donné (aesere (brûler), aestas (été) et aurum (or) (Le dictionnaire allemand enseigné par l'analyse étymologique des noms propres: Noms locaux tudesques, 1885 - books.google.fr).

On peut relier donc Austremoine au vent Auster, aux verbes latins aesere et ausere et à l'airain alliage de cuivre. La situation des évêques - Austremoine au Nord et non le Sud comme le suggère l'Auster, Martial à l'ouest, Sernin au Sud laisse la place pour l'Est et l'or - ne recoupe pas celle du sceau-signature du Grand Parchemin (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Le sceau-signature du Grand Parchemin).

L’Aster Mercure qui «avertit» du lever héliaque à l’Auso-Est, à l’Aurora, se retrouve d’ailleurs dans le nom du premier évêque des Arvernes: *Ster-monius > Stre-monius > *Aus-ster-monius > Austremonius (influence germanique pour l’accentuation initiale ?). Steir en cornique, ster, sterenn en breton «étoile» (X. Delamarre, DLG., p. 282). Mais *Stermonius–Stremonius peut aussi être analysé en *Sterm-onius ou *Strem-onius... (racine *os-n- «frêne» ?). En tout cas l’Auster est le nom latin du Vent qui apporte de quoi abreuver les terres brûlées par le Soleil, le Notos grec, chaud et chargé de pluies à l’automne, le «Vent du Sud», l’équivalent exact de l’Autan Noir, du «Marin» qui se lève, après le souffle du «Grec» (Autan Blanc), sur les côtes du Languedoc et remonte la vallée de l’Aude, et parvient, puissant comme un «taureau saturnien», à Toulouse. Il souffle aussi, au-delà des Cévennes (pluies cévenoles) jusqu’en Auvergne, et par la vallée du Rhône, de la Saône et du Doubs, jusqu’aux pays du Rhin, où il se confond avec le Favonius – Foehn. [...]

"nektaritès" signifie « la boisson qui fait traverser la mort et rend immortel » ; or un Saint Nectarius est le compagnon de Saint Austremoine, premier évêque des Arverni. [...]

Stremonius, quelquefois même Austromonius, serait effectivement originaire de l’«Orient austral», près de Jérusalem : il serait un Juif, né à Emmaüs, de Judas et d’Anne, nous dit la légende. Le nom d’Emmaüs, dans l’Évangile, est effectivement synonyme de «Renouveau de la Lumière», puisque c’est dans cette ville que Jésus-Christ, «Trois Jours» après sa mort, se «révèle» comme étant ressuscité à l’«Aurore», en partageant le pain (photo: église de Frontenay–Jura) avec «deux» disciples (= 2+1) qui revenaient, au «Crépuscule du Soir», de la Pâque de Jérusalem, complètement désespérés. Emmaüs équivaut donc, au moment de l’Équinoxe de printemps, à l’«Aurore» d’un Nouveau Jour et le «Message» du Christ comme une annonce de l’Angelos Mercure. Emmaüs est un «Troisième Ciel» ! Les reliques de Saint *Stermonius furent accueillies, à l’époque carolingienne, près de Clermont et de Riom à l’abbaye de Saint-Pierre et Saint Caprais de Mozac, ville, aux sources abondantes (le nom d’Emmaüs viendrait de l’hébreu Hammat «source chaude», ce qui va très bien avec le pays des Arvernes !) : dans l’abbatiale même fut trouvée une inscription antique dédiée au Genius Arvernus. [...]

Mozat a une ressemblance étrange avec Emmaüs ; ce toponyme pourrait bien être à l’origine de la légende de Saint Stremonius né à Emmaüs. Il nous faut rapprocher le nom de Mausacum, Mosacum de trois toponymes : tout d’abord de Mosella, «Moselle» qui conflue avec le Rhin à Coblenz, et où non loin de là était vénéré Mercure Arvernus et plus tard Saint Warnacharius – Vernier (www.mythistoria.org - Le ciel du frêne et la pierre de lune).

L'akkadien a une signification autre de Hammat :

Robert Eisler (in: Le monde oriental 23, 1929, 102) stellte den Namen Hammat zu akkad. b,amtu „Glut (Rotglut)" und hielt hmt für ein Wort, das äußerst wahrscheinlich etwa „Kupfer" bedeutete (Martin Vogel, Orpheus-Schriftenreihe zu Grundfragen der Musik, Volume 14, 1973 - books.google.fr, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Le Cercle des Prophètes à Rennes le Château).

Quand la croyance au pouvoir pratique de Virgile fut entrée dans les imaginations, elles lui attribuèrent toutes les merveilles que l'Italie ne devait qu'aux générosités de son soleil et aux desseins de la Providence. Ce fut lui qui avait bâti les bains où les malades renaissaient à la santé, et écrit de sa propre main sur chaque baignoire la maladie qu'elle avait la puissance de guérir. Si la tradition se souvient que, pendant une longue interruption des éruptions du Vésuve, la cendre qui eu sort habituellement avait cessé de stériliser les campagnes voisines, on s'explique cette heureuse exception par un vent surnaturel qui avait repoussé les cendres vomies parle volcan. Cette supposition devient bientôt un fait certain qu'on rapporte encore à Virgile, et ce vent bienfaisant est produit par une statue d'airain qui souffle dans une trompette. La tradition primitive a été recueillie dans les Otia imperialia de Gervais de Tilbury (vers 1210): In eodem (horto) erat imago aenea buccinam ad os tenens, quam quoties Auster ex objecto subintrabat, stalim ipsius vcnli flatus convertebatur. Quid autem conversio ista Noli commodi portabat, audite (Édélestand Du Méril, Mélanges archéologiques et littéraires, 1850 - books.google.fr).

Austremoine est mort en martyr, fuyant Issoire, à Perrier selon une légende contredite par Grégoire de Tours disant qu'il est mort en confesseur. Ayant converti le fils Lucius d'un gouverneur de la région, il est condamné à mort, décapité avec sa tête jeté dans un puits dans lequel est jeté aussi le rejeton.

La montagne de Perrier est connue pour ses ossements fossiles étudiés au XIXème siècle. Mais les paysans du coin ont dû en trouver antérieurement. Les grands squelettes passaient pour ceux de géants. Perrier est connu aussi pour ces troglodytes.

Les habitants de Perrier, d'ailleurs, y sont peu sensibles, je n'ai pas besoin de le dire ; et, en paysans bien avisés qu'ils sont, sans respect pour des beautés qu'ils ne reconnaissent pas, ils ont su, au mieux de leurs intérêts, tirer parti de l'état des lieux. Aux uns, les grottes servent de hangar; d'autres y logent leurs chèvres, quand ils n'y logent pas eux-mêmes. Il n'est pas jusqu'à la vieille et noble tour qui n'ait été utilisée. Le rocher qui la porte a été creusé, un escalier a été taillé dans le trou, le trou monte à la tour, dont on a fait un grenier. O fortune aussi inconstante que capricieuse, c'est bien là un de tes coups ! (L'Illustration, Volume 63, 1874 - books.google.fr).

L'Isoré qui assiège Paris, était aussi un géant, battu par Guillaume d'Orange.

La tumba Isore est mentionnée en 1259. Dans la première édition de la Fleur des Antiquites de Gilles Corrozet (1533), on trouve la forme du nom Isoere, dans les Annales de Nicole Gilles (1551) Ysore, dans Jacques Du Breul (1612) Isoire, et la forme actuelle Issoire a dû être probablement amenée, comme l'ont supposé Baist, Schlàger et Cloetta, par l'influence du nom de la ville d'Issoire (Iciodurum), à laquelle conduit la route d'Orléans, en la continuant dans la direction des pèlerinages de Brioude, Saint-Gilles et Saint-Jacques-de-Compostelle (Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, Volume 49, Champion, 1927) (La Croix d’Huriel et pierres noires : Saint Jean Baptiste, Saint Sulpice et Sceau de Palaja).

Des parties considérables de ces souterrains sont devenues de vastes ossuaires, composés des ossements des cimetières intérieurs de la ville qu'on a supprimés. Leur quantité est immense et l'on estime que la population des catacombes est dix fois plus nombreuse que celle qui respire à la surface du sol de Paris; les ossements sont superposés avec régularité et symétrie; ils forment des pans alignés au cordeau. Entre les piliers qui soutiennent les voûtes des galeries, trois cordons de têtes contiguës semblent décorer ces singulières murailles. L'on fit de notables améliorations dans ces vastes nécropoles pendant les années 1810 et 1811. Des inscriptions y disent de quel cimetière et de quelle église ont été enlevés les divers ossements. D'espace en espace on lit des sentences tirées des livres sacrés et des écrivains anciens ou modernes. Les catacombes ont trois entrées principales : la première, qui était la plus fréquentée, se trouve au pavillon occidental de l'ancienne barrière d'Enfer; la seconde, à la Tombe-Issoire, sur l'ancienne route d'Orléans, et la troisième dans la plaine de Mont-Souris (Histoire de Paris depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Volume 4, 1865 - books.google.fr).

La tour circulaire de Perrier est dite de Maurifolet, d'après un de ses propriétaires Morin Folet qui la vend au seigneur de Tourzel en 1403. Mais le follet est un nom du drac ou lutin et mauri renvoie à la couleur noir. La déformation du nom peut provenir d'une intention mythologique.

Guillaume d'Orange retiré à Gellone, dans l'Hérault, combat le diable au Gour-Noir avec son pont du Diable construit par le saint alors qu'il est du XIème siècle, et un géant, près du Puits ou Abîme du Drac à Saint Jean de Fos (Wilhelm Cloetta (1857-1911), Les deux rédactions en vers de Moniage Guillaume; chansons de geste du 12e siècle, pub. d'après tous les manuscrits connus, 1911 - archive.org).

A l'est d'Issoire se trouvait la seigneurie de Châteauneuf du Drac.

Dans "Châteauneuf-du-Drac" Pourrat s'interroge sur la famille Drac dont le nom pourrait être tout simplement la personnification d'un lutin ou d'un loup-garou. Les documents mentionnent bien l'existence d'un "Bertrand Drac, seigneur de Châteauneuf (qui) fonda le prieuré d'Esteil [à Auzat la Combelle] en 1151 avec son frère Guillaume..." mais l'écrivain reste sceptique. Il préfère parler de la légende de Châteauneuf qui vient peut-être "du besoin d'expliquer la fondation d'un prieuré par des seigneurs qui portent un nom de diable et habitent un canton de loups" (Roger Gardes, Henri Pourrat: 7 mai 1887-16 juillet 1959, 1987 - books.google.fr, Pierre Cubizolles, Le diocèse du Puy-en-Velay des origines à nos jours, 2005 - books.google.fr).

Le Moniage Guillaume, qui date du règne de Louis VII le Jeune, relate, inspiré par le duel de David et Goliath, celui de Guillaume d'Aquitaine, victorieux du géant sarrasin Isoré, sous les ramparts de notre ville, au temps de Louis le Débonnaire; on y rencontre le vers très souvent cité: «Paris estoit à cel jour moult petite» (Bulletin de la Société historique et folklorique française, Numéro 21, 1981 - books.google.fr).

Le casque, d'airain que portait Goliath est désigné sous le nom de koubda nakhasat, ce qui signifie à la lettre un casque de cuivre. Le mot koubda paraît très proche parent du koubbeh arabe, qui signifie un dôme (Dictionnaire des antiquités, Encyclopédie théologique: ou, Serie de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, Jacques-Paul Migne, 1859 - books.google.fr).

Il y a la commune de Neschers près d'Issoire. En hébreu "nahash" cuivre, mais "nesher" signifie "aigle".

Aspect alchimique

Si le Livre de la Sainte Trinité est un peu tardif pour la date proposée de la stèle de Comiac, il peut être éclairant.

En groupant les principales séries de désignations réunies dans l'illustration du Christ-aigle crucifié et en tenant compte des combinaisons faites par l'auteur lui-même dans le passage principal se rapportant à cette illustration, on obtient le schéma suivant Métaux/Planètes/Vertus etc./Couronnes, main parties du corps symboles des évangélistes aigles/Couleurs etc. : Fer/Mars/sang de l'humanité/main droite, boeuf, aigle/rouge de l'aube ; Vif-argent argent-or vivant/Mercure/argent-or vivant de la sainteté/tête, aigle tricéphale/eau blanche ; Etain/Jupiter/eau, sang de la chasteté/côté droit, lion/eau claire grise ; Cuivre/Vénus/chaire gaie de la piété/"corps", ange/vert ; Plomb/Saturne/sang, chaire de la sobriété/pied droit, aigle/noir ; Or/Soleil/pureté/main gauche, aigle/jaune ; Argent/Lune/charité/pied gauche, arbre de Jessé/couronne bleue, rouge du crépuscule. [...]

Nous n'avons pas tenu compte, jusqu'à présent, de la présence de l'aigle crucifié. Comme on vient de le voir, le vif-argent est désigné par le Christ, parce que le Christ, par sa double nature humaine et divine, reflète particulièrement bien le couple d'opposition impureté/pureté. Le vif-argent contient en lui aussi bien le plomb que l'or et peut les produire. Or le métal impur et «lépreux» par excellence, le plomb, est désigné par l'aigle noir; les antimoines par les ailes de l'aigle noir. C'est ainsi que le Christ, en tant qu'homme impur, est symbolisé par l'aigle noir et ses souffrances par les aigles disposés autour de la figure centrale. Par contre, le Christ ressuscité est symbolisé par l'aigle doré. L'entreprise alchimique consistant à transformer les métaux impurs en métaux purs, l'auteur du Livre de la Sainte Trinité peut écrire : «Toutes les bonnes médecines sont amenées par la souffrance de Dieu [...] : l'aigle [était] noir alors qu'il pendait à la croix, les sept vertus ; il a fini en aigle d'or dans l'éternelle gloire. » Parallèlement au symbolisme de l'aigle est développé celui du soleil. Vif-argent, Dieu et soleil sont toujours rapprochés dans le texte. En tant qu'homme, le Christ crucifié est symbolisé par le soleil noir et l'aigle à trois têtes qu'on voit planer au-dessus de la tête du Christ-aigle crucifié est appelé «Dieu, lumière éternelle, soleil noir avec ses trois cous». Le Christ, en tant qu'homme, est donc malade, lépreux et impur. Assimilé au plomb et à la planète Saturne, il subit par conséquent non seulement la crucifixion, mais la peine du saturnien, la pendaison. Voilà donc le Christ amené dans le déterminisme astrologique qui domaine la transmutation alchimique du Livre de la Sainte Trinité. Il est en effet important de mentionner ici que les opérations alchimiques sont souvent ponctuées, même de phrase en phrase, par des datations et que les observations astrologiques y tiennent une place importante. Il est aussi probable que l'obsession des dates dont fait preuve l'auteur au sujet de ses séjours soit liée aux opérations alchimiques à effectuer (Barbara Obrist, Les débuts de l'imagerie alchimique: XIVe-XVe siècles, 1982 - books.google.fr).

L'un des plus anciens hermétistes connus, Zozime, parle d'un "Homme de Cuivre", à la fois « Chef des Sacrificateurs » et lui-même « objet de sacrifice » et qui, par le pouvoir des Eaux, deviendra l'« Homme d'Argent ». Un alchimiste, Stephanius, évoquant le combat du Cuivre et du Mercure s'écrie : « Le Cuivre est détruit, il est rendu immatériel par le Mercure, et le Mercure est fixé en fonction de sa combinaison avec le Cuivre ». A propos de ce « Cuivre symbolique » J. Evola nous précise qu'en tant que métal rougeâtre — déjà allusif à la dernière phase de l'Œuvre — il est « le plus proche pour être transmué en Or » et de citer un autre hermétiste, Pélage, exhortant à rendre le Cuivre « sans ombre » (Paul-Georges Sansonetti, Graal et alchimie, 1982 - books.google.fr).

Chez Zozime, au cours des différentes opérations relatées dans ses Visions, l'homme de cuivre, vielliard aux cheveux blancs comme Austremoine à Tormay ou Tormeil par le seigneur gaulois de Perrier, qui à un moment tient une tablette de plomb, est décapité. Il est aussi assis dans la source de l'autel du temple gardé par un seprent qu'il faut dépecer, source à rapprocher du puits dans lequel la tête d'Austremoine est plongé. Il y a un parallèle entre les métamporphoses de l'homme de cuivre et le traitement du serpent (Marcellin Berthelot, Collection des alchimistes grecs, 1888 - remacle.org).

L'homme de cuivre est aussi traité de barbier.

Le président Savaron, auvergnat, dans ses Origine, au lieu allégué des Eglises de Clermont, dit que le mémorial des Reliques de nostre Dame de Clermont, assure que les cheveux de la Vierge furent apportez par saint Anstremoine. Mais il faut croire que c'est une faute de celuy qui a fait ce mémorial: lequel voyant que saint Austremoine étoit le premier Evêque de Clermont, a creu que c'étoit luy qui avoir apporte ces Reliques, que l'Evéque Estienne II, Evêque de Clermont, enferma dans une statue ou figure de la Vierge l'an 959 (Bonaventure de Saint-Amable, Histoire de St Martial apôtre des Gaules et principalement de l'Aquitaine et du Limousin, 1683 - books.google.fr).

M. Bréhier pense que la statue de la Mère et de l'Enfant n'étaient pas d'or massif "peut-être composaient-elles d'une âme de bois revêtue de plaques de métal comme la plupart des Vierges auvergnates et la statue de saint Baudime du trésor de Saint-Nectaire", ce qui semble bien confirmé par les notes de l'inventaire du trésor de la cathédrale en 1702 que nous donnerons plus loin. C'était pour déposer les précieuses reliques que son église avait de la Mère de Dieu que l'évêque Etienne eut l'idée de cet ouvrage "reliques qu'il vénérait et honorait par dessus toutes les autres", nous dit le diacre Arnaud. L'église qu'il venait de construire, il l'avait élevée "en l'honneur de la Mère de Dieu, toujours vierge et pour elle, il l'avait faite si admirable qu'en nos temps on ne saurait en trouver de semblable en tout l'univers. Elle est, en effet, belle à voir et merveilleuse à ceux qui la contemplent, aussi je ne doute pas que Elle-même la Vierge de Dieu en l'honneur et louange de laquelle il éleva et consacra cette église ne soit l'auxiliatrice et la gardienne de son âme"... C'est pour y conserver et honorer les reliques qu'il avait d'elle que le vénérable Pontife fit fabriquer par Alleaume une chaise ornée d'or sur laquelle était la Mère de Dieu et son Fils Notre Seigneur sur ses genoux et dans cette image il fit déposer avec grand respect ses reliques » M. Bréhier nous apporte un texte de Baluze énumérant ces reliques, mais Baluze ne fait que copier la Canone, vieux registre capitulaire de Notre-Dame de Clermont datant de 1291 et conservé aux Archives départementales. Nous y trouvons, en effet, un mémorial des reliques que saint Austremoine apporta avec lui en venant en la Ville d'Auvergne et dans ce mémorial après d'insignes et curieuses reliques du Fils de Dieu nous voyons que le trésor de l'Eglise de Clermont possédait : "trois cheveux de la bienheureuse Marie, son bracelet, et avec de son lait partie de son vêtement, et d'un manteau fait par elle-même", le mémorial de la Canone ajoute « ce sont ces reliques que l'évêque Etienne dépose dans l'image de la Mère de Dieu et dans l'image de son Fils » non seulement celle de la Vierge, mais sans doute aussi celles de son Fils, car l'émunération de la Canone n'en comprend pas d'autres et que la conclusion : ce sont ces reliques porte sur toutes celles comprises en rénumération. La Majesté de Sainte Marie prit place derrière l'autel principal dédié lui-même à la Mère de Dieu. Au Xe siècle cet autel devait être une simple table (Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand (France), 1934 - books.google.fr).

Parmi les reliques bourrées par Etienne dans la statue « imago matris Domini et imago filii ejus », aujourd'hui disparue mais connue par un dessin du Xe siècle, comme dans la Grosse goldene Madonna d'Hidelsheim (vers 1010), on trouve encore ongles, ombilic, prépuce, cheveux et barbe du Christ, sans oublier des fragments du Suaire et de divers instruments de la passion.

L'histoire d'un trésor c'est aussi en définitive les histoires des hommes, avec leurs espérances au-delà de la mort, et de tout temps le miroir de la société. Sa conservation en préserve la mémoire et les racines. L'iconographie des reliques peut se comprendre comme la représentation des reliques elles-mêmes et, d'autre part, comme la représentation de toute l'activité déployée autour des reliques. Dessiner, peindre ou graver les reliques réelles ou représentatives, aussi macabres puissent-elles être, souvent cachées dans leurs reliquaires, parfois à l'anthropomorphisme suggestif, se reflètent sur les lettrines de manuscrits liturgiques, sur les images des livrets de pèlerinage ou dans les ouvrages scientifiques du Grand Siècle (Anne Baud, Espace ecclésial et liturgie au Moyen Âge, 2010 - books.google.fr, Philippe George, Le trésor d'église, inspirateur et révélateur de conscience historique, Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Volume 41, 2010 - books.google.fr).

On rencontre le dieu Mercure à Perrier :

Il existe à Lezoux un toponyme « Mercoeur » et c’est ce même toponyme que l’on observe concordant avec les vestiges d’un temple dans le bassin d’Issoire à Perrier (Puy de Mercoeur) (Bernard Clémençon, Géographie sacrée de la cité arverne à l’époque romaine : archéologie et toponymie, 2008 - www.augustonemetum.fr).

Losanges et émaux limousins

Résumons en très-peu de mots l'historique de l'émaillerie champlevée sur cuivre. L'émaillerie, qui avait été connue des Grecs, des Étrusques et des Egyptiens dans une haute antiquité, disparaît plus de deux cents ans avant l'ère chrétienne, et le souvenir en était effacé dans l'empire romain à l'époque où Pline écrivait son Histoire naturelle; mais bientôt apparaît chez des peuples de race celtique, qui habitaient les bords de l'Océan, une sorte d'émaillerie par incrustation qui a reçu le nom de champlevée.Cette industrie ne jette qu'une lueur éphémère ; elle n'existait déjà plus au temps de la conquête de Clovis. A la fin du dixième siècle, des artistes byzantins, attirés à la cour d'Othon II, portent en Allemagne l'art de l'émaillerie par le procédé du cloisonnage, qui était en faveur à Constantinople depuis le temps de Justinien ; et bientôt après, au commencement du onzième siècle, les orfévres des provinces rhénanes, sans abandonner l'émaillerie cloisonnée, en reviennent aux anciens procédés celtiques et restaurent l'émaillerie champlevée sur cuivre. Ils acquièrent dans ce genre de travail une très-grande réputation et produisent au douzième siècle un grand nombre de pièces remarquables. Quelques-uns de ces artistes, appelés par Suger au commencement de 1115, importent en France l'art de l'émaillerie et exécutent à Saint-Denis de très-importants travaux d'émaillerie champlevée sur cuivre. Peu d'années après, Limoges s'empare de cette brillante industrie et y obtient une très-grande renommée pendant plus de deux cents ans. Vers le milieu du quinzième siècle, ce genre d'émaillerie est complétement abandonné, et le souvenir même en était à peu près éteint au commencement de notre siècle. Mais il y a soixante ans environ, de laborieux archéologues commencèrent à exhumer de la poussière les monuments de cet art qui avaient survécu. Une fois connus, ils devinrent l'objet d'un goût très-prononcé et acquirent un prix considérable. Aujourd'hui d'habiles artistes, s'inspirant des beaux modèles, ont remis en honneur cette brillante peinture en incrustations d'émail qui s'applique si merveilleusement à l'ornementation des métaux (Jules Labarte, Histoire des arts industriels au moyen âge et à l'époque de la renaissance, Volume 3, 1872 - books.google.fr).

Les motifs géométriques à base de droites, triangles, rectangles, losanges et carrés, bien moins riches et variés que dans les compositions mosanes, sont expédiés par les Limousins comme ornements annexes ; l'entrelacs et la tresse apparaissent seulement comme cadres sur telles des dernières pièces vermiculées. La stylisation du décor héraldique s'accommodait particulièrement des possibilités de l'émaillerie champlevée qui, de son côté, a sans doute participé à en fixer les éléments (Marie Madeleine Gauthier, Emaux limousins: champlevés des XIIe, XIIIe et XIVe siècles, 1950 - books.google.fr).

En héraldique, l’emploi des termes de « couleur » et d’« émail » n’est pas sans problème. En effet, selon les auteurs, émail est utilisé à la place de couleur et inversement ; certains auteurs utilisent même indifféremment le même terme pour désigner l’ensemble de la palette, et le sous-groupe spécifique (fr.wikipedia.org - Email (héraldique)).

Dans la commune d'Ambazac on conserve une des sept châsses reliquaires du trésor de l'abbaye de Grandmont. Cette châsse d'Ambazac est datée entre 1180 et 1200 et fait partie de la série des châsses limousines émaillées.

Le décor émaillé est réalisé avec toute la perfection et les raffinements d'exécution des réalisations limousines les plus abouties des dernières décennies du XIIème siècle, présentant de plus un répertoire formel d'une grande variété. Toujours composé de plaquettes séparées, appliquées sur le revêtement de cuivre doré et faisant appel à deux motifs principaux : rosettes et fleurons, il prend la forme de frises d'encadrement ou de bordure, de rosaces en forme de quadrilobes, de losanges ou de carrés répartis sur les quatre faces, de plaquettes insérées dans les arcatures des tours de la façade principale, peut-être pour évoquer les vitraux, de croix ornant la partie supérieure de chacun des pignons, d'appliques isolées en forme de cercles ou d'oves à l'avers et enfin de bossettes en demi-relief, également en forme de fleurons (Châsse d'Ambazac - www.limousin-medieval.com).

L'épée fleurie ne serait-elle pas un bâton pastoral en forme de main de justice ?

Le bâton de saint Martial se termine en forme de main comme une main de justice. St. Martial ressuscite saint Aurélien, ou saint Austriclinien avec le bâton qu'il avoit reçu de Saint Pierre (Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, Volume 60, 1910 - books.google.fr, Simon Pelloutier, Histoire Des Celtes, Et Particulierement Des Gaulois Et Des Germains, Depuis les Tems fabuleux, jusqu'à la Prise de Rome par les Gaulois: Tome Sixieme, Volume 6, 1770 - books.google.fr).

Un église disparue de Comiac

Après avoir cité l’église de Saint-Perdoux de Candes, datée du Xe ou XIe siècle, l’abbé Gouzou nous dit : « Vers la même époque probablement, il faut mentionner Saint-Cyr ou Saint-Cirgues près de La Salesse qui fut comme Saint-Perdoux un centre paroissial ou une simple chapelle de dévotion et dont le nom est resté. Ni Saint-Perdoux ni Saint-Cirgues ne sont portés sur les pouillés les plus anciens (XIVe siècle), preuve qu’ils n’existaient plus à cette époque. Quant au cimetière de Saint-Cirgues dont il subsiste encore des traces, une étude approfondie aiderait peut-être à savoir qu’elles furent son origine et sa destinée, mais en attendant, aucune hypothèse sérieuse n’est possible. Jusque vers 1650, Lamativie et les villages qui l’entourent n’avaient d’autre église que celle de Comiac » La mémoire populaire précise qu’ils enterraient leurs morts au cimetière de Saint-Cirgues (fr.wikipedia.org - Comiac).

En toponymie, on retrouve saint Cyriaque sous des formes aussi variées que Saint-Cyr, Saint-Cirgues, Saint-Cirq, Cergues, Saint-Cyrice, Saint-Cierge, etc. Il y a plusieurs saint Cyriaque.

Quant à saint Quiriace, dont l'ordre des Croisiers ou Porte-Croix faisaient leur restaurateur après avoir été fondé par le pape Clet, que quelques-uns ont voulu faire passer pour un certain juif nommé Judas, qu’ils disent avoir montré à sainte Hélène le lieu où était la croix du Sauveur du monde, lorsque cette pieuse impératrice alla à Jérusalem, et qu’elle fit tirer de terre ce glorieux trophée de notre rédemption, ils ont aussi prétendu qu'ayant été touché par les miracles qui se firent à l'atouchement de ce sacré bois, il se convertit, et qu‘il prit au baptême le nom de Quiriace ou Cyriaque; qu’ensuite il fut choisi par sainte Hélène pour chef de ceux qu'elle commit à la garde d‘une partie de ce précieux trésor, qu’elle déposa entre les mains de saint Macaire, évêque de cette ville, auquel saint Quiriace succéda; et que dans la suite il reçut la couronne du martyre sous l’empire de Julien l‘Apostat, lorsque ce prince alla à Jérusalem. On fait ce Judas ou Cyriaque, qui, à ce qu'on prétend, prit ce nom après son baptême, évêque de Jérusalem et successeur de saint Macaire qui mourut l'an 331, et on donne à ce saint Cyriaque pour père, Simon, et pour aïeul Zachée, qui vivait au temps de Jésus-Christ (Pierre Hélyot, Dictionnaire des ordres religieux; ou, Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, Volume 1, 1860 - books.google.fr).

Zachée deviendra l'Amadour de Rocamadour.

Julien ordonna d'apporter un lit [de cuivre], et d'y étendre le bienheureux Cyriaque dessus, et d'y accumuler dessous des charbons ardents et d'y répandre de l'eau, du sel et de la graisse. Il ordonna de flageller le saint, par—dessus, avec des verges jusqu'à ce que son intérieur et les entrailles fussent cuits et son flanc fut déchiré des verges, par en haut. Alors le bienheureux éleva sa voix en parlant hébreu et dit : « Ô Dieu, ô Dieu qui donnes la vie à ceux qui croient en Lui ! c'est Toi qui par le prophète Jonas as montré, par avance, la figure de ta résurrection, qui eut lieu après trois jours, et qui as fait monter au ciel le prophète Élie sur un char de feu; viens à moi, ô Seigneur, maintenant aussi et allège-moi ces tourments, car je les souffre pour ta cause. » Le tyran était stupéfait de son endurance, et ordonna de l'enfermer dans une maison obscure (une prison) jusqu'à ce qu'il décidât ce qu'il lui ferait et de quelle mort le faire mourir. Après deux jours, la mère du bienheureux vint à lui et lui dit : « Tu as été bien vaillant dans ce grand combat que tu as combattu pour le nom du Christ; rappelle-toi ton vénéré père, qui mourut étant juif, et rachète ses péchés, toi qui as part avec le saint martyr Étienne. Souviens—toi aussi de moi, qui suis ta mère, qui ai souffert dans ton enfantement, qui ai travaillé pour t'élever; car demain, ô mon fils, par la bonté de Dieu, tu vas être couronné. » (René Graffin, François Nau, Revue de l'Orient chrétien, Volume 9, 1966 - books.google.fr).

C'est à la crémaillère, pièce maîtresse de toute cheminée, qu'est suspendu, par une anse ferrée amovible, le chaudron (payrol, payrolet, cacabum), la grosse marmite. Les représentations hagiographiques en font même un instrument de supplice pour martyriser le saint ou le bienheureux. Confondu à l'occasion avec une « chaudière, » le « roi de la cuisine », en cuivre ou en fonte, est capable de contenir jusqu'à douze brocs d'eau à Marseille. Il est commun en Bourgogne, en Provence où 42 inventaires aixois sur 60 en signalent un ou plusieurs de toute dimension. C'est avec cet instrument qu'on prépare les soupes épaisses, les bouillis ou pot-au-feu et les ragoûts qui mijotent des heures durant (Jean-Pierre Leguay, Le feu au Moyen Âge, 2015 - books.google.fr).

Le cacabus est une marmite, chaudron, d'un mot Grec que les Latins ont reçu des Grecs, vase de terre ou de cuivre pour mettre devant le feu : Vas ubi cibum coquebant; cacabum appellarunt. Selon Lampride, Antonin Heliogabale fut le premier qui eut des marmites d'argent (Samuel Pitiscus, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, traduit par Pierre Bara 1797 - books.google.fr, Martin de Framond, A la table d'un marchand bourgeois du Puy, Le boire et le manger au XVIe siècle: actes du XIe colloque du Puy-en-Velay, 2004 - books.google.fr).

Saint Cyr ou saint Cyrice (sanctus Ciricus), sous le vocable duquel il était placé, était de Tarse, où il fut martyrisé, ainsi que sainte Juliette, sa mère. Les actes du martyre de ces deux saints ont été publiés par les Bollandistes. Ils sont du reste absolument légendaires. D'après ce récit, on aurait fait subir à sainte Juliette et à son fils, qui était encore tout enfant, à peu près toutes les variétés de supplices possible, et pendant de longs jours; mais le bois se brisait, le fer s'émoussait, le feu s'éteignait à leur contact et, enfin, pour en finir, on leur trancha la tête. Le magistrat, entre autres incidents, ordonna de remplir une vaste chaudière (cacabum) de poix, de cire, d'étoupes, d'y mettre le feu et d'y faire jeter les deux martyrs, mais le feu s'éteignit quand ils le touchèrent (Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, Volume 66, 1907 - books.google.fr).

L’église paroissiale de Saint-Cirgues (sancti Cirici), située dans le faubourg de Fontgiève à Clermont, fut construite, vers l’an 270, sous l'épiscopat de saint Austremoine, premier prédicateur de la foi en Auvergne. En principe, ce ne fut qu'un oratoire, érigé plus tard en église paroissiale lorsque le nombre des chrétiens de la ville d’Auvergne s‘accrut. Durant la persécution de Dioclélien contre les chrétiens, sainte Juliette et saint Cirgues, son fils, soufl'rireut le martyre en Orient. Saint Amateur, évêque d’Auxerre, porta en Gaule les reliques de saint Cirgues. Plusieurs cités en eurent des parcelles et dédièrent des basiliques à l'honneur du saint martyr (Ambroise Tardieu, Histoire de la ville de Clermont-Ferrand, 1870 - books.google.fr).

Le quatrième : Trophime et l'or

Le quatrième évêque à l'est pourrait être Trophime d'Arles plutôt que Paul Serge de Narbonne.

L’archevêché d'Arles est un ancien archidiocèse catholique, il est une des Églises les plus anciennes des Gaules. Seul l’archevêché de Lyon pourrait lui disputer l’honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d’Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l’installation de l’Église en France. Une légende dit que saint Trophime serait arrivé à Arles en 46. Le point de départ de cette légende est à chercher dans l'homonymie avec le compagnon de saint Paul. En 417, le pape Zosime confère l'autorité métropolitaine à l'évêque d'Arles dans les trois provinces de Viennoise, Narbonnaise Ire et Narbonnaise IIe (fr.wikipedia.org - Trophime d'Arles, fr.wikipedia.org - Archidiocèse d'Arles, Dom J.B. Gaï, L'âge d'or du christianisme en Provence, 1952 - books.google.fr).

L'apostolicité de Trophime en fait le compagnon de saint Paul, né à Ephèse, et laissé par l'apôtre malade à Milet. Il semble que ce Milet soit celui d'Ionie, et non celui de Crète. A Milet est né aussi Thalès, le premier philosophe grec, qui voyait dans l'élément eau l'origine du monde et sa nourrice.

L’iconographie a toujours associé le « cervus – cerf » au successeur de Trophime Saint Regulus - Rieul venu d’Arles, ville dont la cathédrale était dédiée à Saint-Étienne, le « Trophimos - Nourricier de l’Église », pour finir évêque de Senlis, comme Saint Aegidius – Gilles, du même pays d’Arles, sera associé à une « biche – chevrette », trophimos, « nourricière », comme l’était le premier évangélisateur de ce pays, Saint Trophime ; or la mythologie a aussi associé le « cerf » au serpent qu’il détruit, et donc au basiliskos – regulus (www.mythistoria.org - Le ciel du frêne et la pierre de lune).

La chèvre nourricière la plus connue est Amalthée, nounou de Zeus.

La grotte d'Amalthée est une «cachette» ou un «refuge» pour Zeus fuyant la folie meurtrière de son père Cronos (Gilles Sauron, Qvis devm ?, 1994 - books.google.fr).

On se souvient, en particulier, que dans la procession de Ptolémée Philadelphe à Alexandrie décrite par Callixeinos de Rhodes figurait une statue d'Amalthée tenant sa corne d'or (Gilles Sauron, Les décors privés des Romains: dans l'intimité des maîtres du monde, 2009 - books.google.fr).

Selon la légende, Achélous, dieu fleuve d’Étolie, fils aîné du Titan Océan et de sa sœur Téthys, aurait jeté son dévolu sur Déjanire ; mais effrayée par ses dons de métamorphose, elle lui préfère Héraclès. Un combat s'engage : Achéloos se métamorphose en serpent immense, qu'Héraclès parvient à étouffer, puis il se change en taureau, auquel Héraclès arrache une corne, faisant capituler le dieu fleuve. En échange, Achéloos lui remet une corne de la chèvre Amalthée qui deviendra par la suite la « corne d'abondance ». Chez Ovide, c'est la corne cassée par Heraclès que les naïades consacrent en corne d'abondance (fr.wikipedia.org - Achéloos (mythologie)).

L'or est d'ailleurs considéré comme valeur refuge depuis longtemps.

Dans la première continuation du Perceval de Chrétien de Troyes, la Continuation-Gauvain, "les images de l'or qui entoure, enveloppe, enserre, sertit, etc., sont donc fort diverses. Rappelons les vêtements, dont on s'entoure et enveloppe, et qui sont souvent de paile et autres dras de soie et d'or ; n'oublions pas les ceintures, souvent de paile et autres dras de soie et d'or ; n'oublions pas les ceintures, souvent d'or (ou d'orfroi) ou "a membres d'or", ni les fermoirs, les agrafes, les tassiaus (plaques qui maintiennent ces dernières), les colliers, liens, galons, etc. L'or inaltérable protège : il est un "refuge" - ne parle-t-on pas encore, de nos jours, d' "or-refuge" ? L'or dont est ovree la "troisième chambre" du palais merveilleux et auquel répond celui de la cote pointe confère à cette pièce le caractère d'un abri inviolable, celui de l'intimité la plus chaleureuse. De même l'or qui, avec l'argent et les couleurs, compose la fresque troyenne au château de Lis fait de cette chambre le lieu du repos parfait, de la réparation extrêmement rapide des forces. Nous avons souvent parlé de "mise en abyme" à propos de cette fresque : n'est-il pas significatif que le centre de l'écu, là où est sertie la bocle d'or, se nomme "l'abîme" ? Ou encore le "coeur" dont la coupe d'or, et au premier chef le Graal, est le symbole" (Pierre Gallais, L'imaginaire d'un romancier français de la fin du XIIe siècle: description raisonnée, comparée et commentée de la Continuation-Gauvain : première suite du Conte du Graal de Chrétien de Troyes, Volume 4, 1988 - books.google.fr).

La première apparition du Graal se rencontre chez Chrétien de Troyes vers 1170-1180 : dans Perceval ou le Conte du Graal. La Continuation Gauvain le présente comme une corne d’abondance, flottant au milieu de la salle. (Denis Hüe, Qu'est-ce que le Graal ? - expositions.bnf.fr).

Dans la Bible "la corne est souvent prise pour le symhole de la force, en allusion à la force du taureau qui réside dans son front (Deut. 33,17 ; Ps. 132,17 ; Michée 4,13) Les forces de Joseph sont comme les cornes d'un reém, ou plutôt comme des cornes de reèm, sans que rien soit préjugé sur le nombre qu'en porte chaque individu (de même Ps. 22,21). Le reèm est traduit parfois par licorne ("unicornus" Vulgate, "monceros" Septante) (Jean-Augustin Bost, Dictionnaire de la Bible: ou concordance raisonnée des Saintes Écritures, 1865 - books.google.fr).

Dans le Merlin de Robert de Boron, l'enchanteur se retire dans l'esplumeor ou esplumoir, refuge fabriqué par lui-même. Le Lancelot en prose le transforme en cave de la forêt de Darnantes où la ruse de la fée Niniane le retient scellé à jamais (Ferdinand Lot, Myrrha Lot-Borodine,, Étude sur le Lancelot en prose, 1954 - books.google.fr).

La région d'Arles est parcourue par la légende de la Chèvre d'Or, porteuse de prodiges, gardienne de trésors de tous ordres : Montmajour où elle passait chaque lever du soleil et exposait ses trésors chaque saison, Les Baux, Saint Rémy de Provence, Eguilles (Jacques Melchionne, Promenades mythologiques dans la vallée du Rhône, Le guide de la France mythologique, Payot, 2007, pp. 466-467). A Laudun dans le Gard, mais autrefois dans l'ancien diocèse d'Arles, la chèvre d'or bondit vers les cieux le 24 juin sur le Camp de César qui reçut une chapelle dédiée à Saint Jean de Rousigue ("rousigua" : "teigne") (Languedoc-Roussillon, Guides Bleus, Hachette, 1988, p. 186).

A l'orient de la ville d'Arles s'élèvent deux collines , qui primitivement, n'en dûrent former qu'une, mais que des marais séparent aujourd'hui. La plus grande porte encore le nom presque romain de Montmajour ; aucun site n'est plus renommé pour la variété de ses végétaux, l'abondance de ses fleurs. Montmajour méritait mieux encore cette renommée à l'époque où, sous Constantin, Arles devint un moment la métropole du grand empire : de grands bois la couvraient alors, et protégeaient de leurs fraîches ombres les plantes délicates qu'un aride soleil fatigue aujourd'hui. La colline était entourée d'eau stagnante et marécageuse, et l'on s'y rendait sur des esquifs, pour lesquels un port semble encore indiqué par les entaillements des rochers et par des scellements d'anneaux aux abords de la chapelle de Sainte-Croix. [...]

La colline opposée à celle de Montmajour à 4 km d'Arles est maintenant rocailleuse et nue ; dans le sommet aplati, les Celtes pratiquèrent une excavation gigantesque et bizarre, comme tout ce qui nous reste de cette sauvage nation : c'est une longue tranchée taillée dans le roc, un peu plus large à la base, et dont le plan reproduit la forme d'un glaive. De vastes blocs plats, recouverts de terre et de grêles végétaux, forment le toît de ce monument; sa destination reste un problême pour la science ; on l'a surnommé : Grotte des Fées. L'imagination populaire y rattache des traditions merveilleuses, entre autres celle de la Chèvre d'Or, qui fait découvrir les trésors cachés, mais rend incurablement tristes au sein de leurs richesses ceux qui ne les ont pas méritées. On attribue le nom de colline de Cordes à l'appellation que lui donnèrent, en souvenir de Cordoue, les Sarrasins, dont quelques restes de camp retranché se voient, en effet, épars sur la pente et aux alentours. Plus importante, et par son étendue et par les monuments d'époques diverses qui la couronnent, la colline de Montmajour fut, dès les premiers temps du christianisme, un lieu de prière et de retraite. Dans ses flancs était creusé un oratoire, connu aujourd'hui, sous le nom de Confessionnal de saint Trophime ; c'était là, en effet, que se retirait ce premier évêque des Gaules lorsqu'il voulait méditer loin des hommes, et se rapprocher de Dieu ; c'était là qu'il recevait ceux quî venaient déposer dans son sein l'aveu de leurs fautes ou demander des conseils à sa sagesse. Une chapelle y fut élevée pour perpétuer ce pieux souvenir ; des ermites la desservirent ; elle est en partie taillée dans le roc, et sous la voûte qui la précède sont aussi taillés dans la pierre trois cercueils vides (Jules Canonge, Légendes provençales, Volume 1, 1862 - books.google.fr).

La Grotte des Fées ou Trau di Fado (Trou des Fées) est appelée aussi "Epée de Roland" en raison de sa forme. C'est un hypogée cyclopéen préhistorique, un des plus grands d'Europe (42 mètres). Au haut de 11 marches, ce voit à l'entrée la gravure de la déesse funéraire (tête, cou, épaules). Selon la tradition cette grotte communique avec le Trou des Fées des Baux. Un peu plus moin vers Arles, Trophime exorcisa les démons de l'étang de Péluque (spelunca, : "grotte") (www.patrimoine.ville-arles.fr, Jacques Melchionne, Promenades mythologiques dans la vallée du Rhône, Le guide de la France mythologique, Payot, 2007, pp. 466-467).

Depuis Bochart (XVIIe s.) et jusqu'à une date relativement récente, on expliquait le nom de Melitè d'après la racine sémitique MLT « se sauver, se réfugier », non encore attestée en phénicien mais bien connu en hébreu : « refuge », mot qui caractériserait admirablement [...] la position de Malte et qui correspondrait exactement à l'expression de Didore de Sicile, selon lequel cette île constituait pour les Phéniciens un "lieu de refuge" ("kataphugè") (Maurice Sznycer, Antiquités et épigraphie nord-sémitiques, Annuaire 1972- 1973, Ecole pratique des hautes études, sciences historiques et philologiques, 1973 - books.google.fr).

Seules, trois collines, de hauteurs inégales, émergeaient de ce lac immense et, sous les noms de Montmajour, Cordes et Castellet, durent, dès l'origine, servir de refuge aux populations de nos contrées, auxquelles elles offraient, dans des grottes naturelles, un abri tout préparé (Congrès archéologique de France, Séances générales tenues à Arles, Volume 43, 1877 - books.google.fr).

En 1900, Paul Raymond, traitant des sites archéologiques de la région d'Uzès, considère le Camp de César à Laudun comme un oppidum très important. Il dit du site qu'il "a servi de refuge pendant une longue suite de siècles à une nombreuse population, ainsi qu'en témoignent les vestiges de tous les âges que l'on y rencontre en quantité prodigieuse" (Revue archéologique de Narbonnaise, Volumes 29 à 30, Université de Montpellier, Faculté des lettres et sciences humaine, 1997 - books.google.fr).

En Auvergne aussi, à Grandrif près d'Ambert, la Grotte de la Chèvre a sa légende dela chèvre d'or enfouie en son sein (Jean Peyrard, Histoire secrète de l'Auvergne, 1981 - books.google.fr).

Simplicius (vers 490 - 560) note dans son Commentaire de la Physique d'Aristote que Thalès a dans l'esprit la nature fertile, nourricière ("trophimon"), vitale et malléable de l'eau (Georg Wöhrle, Thales, Volume 1 de Traditio Praesocratica, traduit par Richard McKirahan, 2014 - books.google.fr).

Même au cas où Pindare ne s'inspire pas de Thalès dans sa première Olympique ("L'eau tient le premier rang; l'or, comme une flamme qui s'allume dans la nuit, efface toutes les richesses de la fière opulence") ou dans la troisième ("Si l'eau est la noblesse même, et l'or le plus estimable de tous les biens ...") (Aimé Puech), il parle quasiment comme lui pour qui l'eau est "au principe" de toute chose, en remplaçant par un nom commun le nom propre du dieu Okéanos qu'Homère faisait père de tous les dieux (Iliade 14,201). Déjà Sappho trouvait ce qu'il y a de plus précieux dans l'élément le plus simple.

L'élément Eau est aussi l'élément essentiel chez le théologien Hésiode, qui donne l'Océan et Thétys comme auteurs de la génération du monde, ce qui est une façon voilée d'exprimer la même chose".

Chez Homère dans l'Iliade, Téthys, qu'il ne faut pas confondre avec Thétis, la mère d'Achille, représente ici la nature nourrice (tithènè). Thétys est la mère d'Acheloos (Bruno Snell, La découverte de l'esprit: la genèse de la pensée européenne chez les Grecs, 1994 - books.google.fr, Alain Bresson, Mythe et contradiction: analyse de la VIIe Olympique de Pindare, Volume 230, 1979 - books.google.fr, Teresa Chevrolet, L'idée de fable: théories de la fiction poétique à la Renaissance, 2007 - books.google.fr, Homère, L'Iliade : texte revu avec des notes en français par Auguste Cartelier, 1877 - books.google.fr).

Ce rapprochement de l'eau et de l'or sera repris par les alchimistes grecs postérieurs :

Qu'il y ait donc un principe unique, immuable et infini de tous les êtres, c'était l'opinion de Thalès de Milet, disant que c'était l'être (de l'eau), [c'est-à-dire l'être de l'eau divine, l'or; c'est—à-dire l'œuf de l'eau divine, l'or] (glose d'alchimistes) (Olympiodore, Sur l'art sacré).

L'or, en raison de son caractère un, inaltérable, divin, et de la puissance qu'il communique, est assimilé par ces gloses au principe universel (Marcellin Berthelot, Collection Des Anciens Alchimistes Grecs, 1888 - books.google.fr, Maria Malamas-Robert, Jean-Pierre Robert, Dictionnaire français-grec / grec-français, 2013 - books.google.fr).

Il existe des saints Thales et Trophime fêtés le 11 et 16 mars, matyrs à Laodicée en Syrie (Acta Sanctorum Octobris: Ex Latinis Et Graecis, Aliarumque Gentium Monumentis, Servata Primigenia Veterum Scriptorum Phrasi. Quo Dies Vigesimus Quintus Et Vigesimus Sextus Continentur, Volume 11, 1864 - books.google.fr).