Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Les Prophètes et Rennes le Château   Le Cercle des Prophètes à Rennes le Château   
LE CERCLE DES PROPHETES RENNES LE CHATEAU CASSAIGNES SAINT JUST ET LE BEZU RENNES LES BAINS

On trace le Cercle des Prophètes passant par les églises de Rennes le Château, Coustaussa, et le Cercle de Rennes les Bains, ordonné par la Croix des mêmes.

N inversés

A Rennes le Château, le N inversé de l'INRI de la tombe de Bérenger Saunière (www.lecoindelenigme.com).

A Cassaignes, le tableau central du retable de l'église Saint Martin porte dans le titulus de la croix un N inversé (www.renne-le-chateau.com).

Au Bézu, sur une pierre tombale est inscrit : "ici gît Elise Gayche née Tricoire décédée le 4 août 1902 à l'âge de 52 ans" avec les N inversés (rennes-le-chateau.pagesperso-orange.fr).

Les Patiacés ou Patassiés

Le centre du cercle passant par les églises de Rennes le Château, Coustaussa, et le Cercle de Rennes les Bains se trouve placé aux Patassiés ou Patiassés ou Patiacés (Couiza).

On retrouve une constatation faite en 2013 sur arianedelaregnes.wordpress.com.

Que peut-on dire des Patassiés ? Mettre le nom en rapport avec les mots occitan petassié, patassié :

A Grenoble, petassié : Rapiécer et aussi s'occuper de chiffons. A Lyon, petas : pièce ; petassi - petacia : ravauder (Dictionnaire étymologique du patois lyonnais, 1970 - books.google.fr).

Car, je le sais, mon vengeur existe, Et il apparaîtra enfin sur la terre. Quand cette peau sera tombée en lambeaux, Privé de ma chair, je verrai Dieu ; Je le verrai par moi-même ; Mes yeux le contempleront, non ceux d'un autre. (Job 19,25-27)

C'est ici le passage où Job atteint le point culminant de son espérance en Dieu. Exprime-t-il dans ces paroles l'espoir d'une simple guérison, lorsqu'il plaira à Dieu de suspendre les ravages de la lèpre et de dire à cette incurable maladie : Jusqu'ici et pas plus loin ! Ou bien, désespérant de toute guérison ici-bas, Job s'élance-t-il jusqu'à la certitude d'une résurrection proprement dite ? Entre ces deux interprétations qui divisent les commentateurs, Job n'eût-il point peut-être hésité lui-même ? N'ignore-t-il pas comment Dieu disposera de ce corps, squelette vivant, dans lequel il souffre et gémit encore? Mais ce qu'il sait certainement, c'est que par voie de guérison, ou, si non, par voie de résurrection, IL VIVRA; car son vengeur est vivant. (Frédéric Godet, Études bibliques, 1873 - books.google.fr).

La desquamation est un symptôme de maladies comme la lèpre ou la syphilis.

La lèpre était parfois confondue avec les maladies vénériennes comme la syphilis qui serait la Plaie de Baal-Péor affligée aux Israélites alors qu'il s'étaient commis avec les femmes Madianites. La syphilis est accompagnée de météorisme mis en relation avec saint Blaise, saint invoqué contre la lèpre dans la région Île de France (Milly-la-Forêt, Montfort-L'Amaury où une chapelle saint Avoye, une des 11 000 vierges confondu avec sainte Edwige, tante de sainte Elisabeth de Hongrie - au miracle des roses - et soeur d'Agnès de Méranie mariée à Philippe-Auguste). [...]

Les léproseries auraient été placées de sorte que les vents dominants ne portent pas les effluves vers les villes ou les bourgs (François-Olivier Touati, Maladie et société au Moyen Âge: La lèpre, les lépreux et les léproseries dans la province ecclésiastique de Sens jusqu'au milieu du XIVe siècle, 1998 - books.google.fr).

Il est prouvé que la syphilis, à laquelle on n'attribuait de pouvoir nocif que sur les éléments conjonctifs, vasculaires et intertitiels, peut atteindre des éléments nobles, tels que la cellule rénale. Par analogie on peut donc supposer que l'ictère secondaire résulte, soit d'une action directe de la syphilis sur la cellule hépatique, soit indirectement d'une auto-intoxication née sous son influence. Des considérations analogues sont applicables à l'ictère grave syphilitique. On a vu l'atrophie jaune aiguë du foie survenir au cours d'une syphilis secondaire plus ou moins grave et emporter le malade. En Angleterre, en France, en Allemagne, des observations de ce genre ont été publiées. S'il paraît rationnel, en pareil cas, d'attribuer un rôle pathogénique à la syphilis, le mécanisme de son mécanisme de son action (dépression morale et physique, infection secondaire, action directe sur les cellules) reste fort obscur. Les symptômes consistent en affaiblissement, anorexie, météorisme avec ou sans ascite, œdèmes, ictère ou subictère, le foie restant petit assez souvent il y a des hémorrhagies, du purpura et surtout des épistaxis (Georges Maurice Debove, Manuel de médecine, Volume 6, 1895 - books.google.fr).

Levez les yeux vers le ciel et abaissez-les sur la terre; car les cieux se dissiperont comme une fumée, et la terre tombera en lambeaux comme un vêtement, et ses habitants périront de même; mais mon salut durera éternellement, et ma justice n'aura point de fin (Isaïe 51,6).

On trouve Patiassa pour réduire en bouillie et patiassado pour le verbe. Le patias est un ragoût de pomme de terre et de menus morceaux de viande (Glossaire de mots particuliers du dialecte d'oc de la commune d'Ambert (Puy-de-Dôme), 1978 - books.google.fr).

Dans ces lambeaux ou ces morceaux, on retrouve le Pétassou de Trêves (Gard), une idée de division, de morcellement (Autour de Rennes le Château : Sion, Soleil et Blaise).

On trouve peta ou pata (pièce, chiffon) ou patas (grand chiffon). Le patari est un chiffonnier et les Patarins italiens des Cathares (Pierre Malvezin, Glossaire de la langue d'oc, 1909 - books.google.fr).

Le Dieppois Jehan Munier qui, mécontent d'avoir été devancé dans un concours de rhétorique par son concurrent picard Arnoul Jacquemin, lui reproche avec beaucoup de mépris de faire du neuf avec du vieux dans ses compositions littéraires : Au fort, il est bon petacier ["rapetasseur d'habits"] Quant de vielx dus il fait notable. (Revue de linguistique romane, Volume 70,Numéro 277 - Volume 71, Numéro 284, 2006 - books.google.fr).

C'est ainsi que certains psaumes ont été composés à partir d'autres.

H. Torczyner (Jérusalem) propose pour deux mots hébreu du Deutéro-Isaïe les sens de « chiffons, lambeaux » (du ciel déchiré par l'orage) et de « rapiéçage » (par Dieu qui répare le ciel en arrêtant la pluie) à l'aide desquels il éclaire plusieurs passages de l'A. T. (Revue biblique, Volume 56, Ecole pratique d'études bibliques (Jerusalem), 1949 - books.google.fr).

Le neuf et le vieux

L'idéal eschatologique est mis en évidence par le Second Isaïe (1s 40-55). Yahvé va se manifester en faveur des siens dans sa toute-puissance pour justifier son peuple à la face de toutes les nations. Yahvé vient et jusqu'aux extrémités de la terre les nations verront sa gloire (Is 45, 21). Le temps de la servitude est fini. Yahvé va ramener les tribus de Jacob et restaurer les restes d'Israël (Is 43, 5-6; 49, 12). Jérusalem-Sion ne sera plus dans la détresse comme une femme délaissée, comme une captive sur les chemins, comme une ville en ruine battue par la tempête. Yahvé veut la relever de la poussière et lui rendre l'abondance et la joie Mais ce n'est pas tout, puisque, par-delà le peuple et la race, le prophète embrasse le monde, l'univers. L'espérance d'Israël tend à s'épanouir dans le rêve d'une nature transfigurée, dans la vision d'un nouveau ciel et d'une nouvelle terre. Cette eschatologie trouve son aboutissement dans la description de la nouvelle Jérusalem présentée par le Trito-Isaïe (Is 56-66). Les multitudes afflueront vers la cité-lumière (Is 60, 1-3). Bien plus, l'action de Yahvé aboutira à une transformation de la nature, à une seconde création (Is 65, 17-23). Il n'est pas trop fort d'affirmer que, de même que la présence de Dieu était au cœur du bonheur paradisiaque, de même la joie d'être avec Dieu constituera l'essentiel du bonheur dans ce paradis retrouvé (Marie-Thérèse Nadeau, Que deviennent les morts? : la mort et l'au-delà, 2003 - books.google.fr).

Le prophète Ézéchiel rapporte aux Israélites ces paroles de Dieu : «Je vous jugerai chacun selon ses œuvres, maison d'Israël ! Revenez, détachez-vous de tous vos péchés pour qu'il n'y ait plus pour vous d'occasion de faute. Rejetez loin de vous tous les péchés que vous avez commis ; faites—vous un cœur nouveau et une âme nouvelle, alors pourquoi mourriez-vous ? » (Claire Lalouette, Sagesse sémitique, 1998 - books.google.fr).

Dans les évangiles, le vieux et le neuf vestimentaire apparaissent dans Matthieu 9,14-17, Marc 2,18-22 et Luc 5,33-39. Chez Luc cet épisode précède directement celui des épis de blés mentionné dans le petit parchemin (sabbat second-premier) (Autour de Rennes le Château : Les parchemins : dans le texte).

Omar, le deuxième calife, a fait le choix de la pauvreté à tel point que ses vêtements rapiécés servent de modèle au manteau rapiécé (hirka) que le soufi reçoit au moment de son initiation dans un ordre soufi (Malcolm Clark, Malek Chebel, L'Islam pour les Nuls, édition poche, 2015 - books.google.fr).

Voltaire traite les Juifs de fripiers.

Si le conquérant mémorable, qu'on a nommé Cyrus, se rend maître de Babylone, c'est uniquement pour donner à quelques Juifs la permission d'aller chez eux. Si Alexandre est vainqueur de Darius, c'est pour établir des fripiers juifs dans Alexandrie. Quand les Romains joignent la Syrie à leur vaste domination, et englobent le pays de Judée dans leur empire, c'est encore pour instruire les Juifs. Les Arabes et les Turcs ne sont venus que pour corriger ce peuple. Il faut avouer qu'il a eu une excellente éducation; jamais on n'eut tant de précepteurs, et jamais on n'en profita si mal. On serait aussi bien reçu à dire que Ferdinand et Isabelle ne réunirent les provinces d'Espagne que pour chasser une partie des Juifs, et pour brûler l'autre; que les Hollandais n'ont secoué le joug du tyran Philippe II que pour avoir dix mille Juifs dans Amsterdam; el que Dieu n'a établi le chef visible de l'Église catholique au Vatican que pour y entretenir des synagogues moyennant finance. Nous savons bien que la Providence s'étend sur toute la terre; mais c'est par cette raison-là même qu'elle n'est pas bornée à un seul peuple. (Le pyrrhonisme de l'Histoire, Œuvres complètes de Voltaire, Mélanges, Volume 21, 1860 - books.google.fr).

On peut encore faire une réflexion; c'est que Dieu, ayant été leur seul roi très-longtemps, et ensuite ayant été leur historien, nous devons avoir pour tous les Juifs le respect le plus profond. Il n'y a point de fripier juif qui ne soit infiniment au-dessus de César et d'Alexandre. Comment ne se pas prosterner devant un fripier qui vous prouve que son histoire a été écrite par la Divinité même, tandis que les histoires grecques et romaines ne nous ont été transmises que par des profanes ? (Votaire, Section V. — Histoire des rois juifs et des Paralipomènes, Histoire, Dictionnaire Philiosophique, Volume 13 de Oeuvres complètes, 1860 - books.google.fr).

Luc 5,36 : Et il dit pour eux une parabole: «Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf pour le coudre sur un vieux vêtement. Autrement, on aura déchiré le neuf, et le morceau ajouté, qui vient du neuf, ne s'accordera pas avec le vieux.

Ce passage est une controverse, la troisième de la série, mais sans trait biographique. Une double parabole lui sert toutefois d'illustration, même si on ne voit pas bien quel rapport les unit. Seulement chez Lc les interlocuteurs de Jésus sont les mêmes ici que dans l'épisode précédent: les pharisiens et les scribes. Ainsi Luc relie la parabole du vieux et du neuf aussi à la guérison du paralytique. Cette association pourrait bien toutefois ne pas refléter la circonstance historique, car les trois péricopes soulèvent des questions assez différentes. Dans Mt ce sont les disciples de Jean qui posent la question sur le jeûne à Jésus (9,14), alors Mc attribue vaguement la démarche à certains (2,18). Dans Mc/Mt on reproche aux disciples de Jésus de ne pas jeûner, dans Lc de manger et de boire (sans jeûner). On peut proposer diverses explications de la parabole du vieux et du neuf (voir Matthieu 123s). Nous allons nous attarder ici sur les particularités du texte de Luc. Luc introduit la parabole — qui a deux comparaisons — d'une façon qui suggère qu'elle n'était pas à l'origine unie à ce qui précède. Le contenu lui-même ne paraît pas homogène, même s'il est possible de soutenir que toute la péricope a une idée en commun: la piété juive traditionnelle n'est plus adaptée à la nouvelle vie que l'avènement de l'Époux messianique requiert. On ne peut être sûr à quelle occasion la parabole fut prononcée, et cela augmente la difficulté de l'interpréter. Il est possible que l'occasion initiale ait été un banquet nuptial qui comporte de nouveaux habits et du nouveau vin. Lues indépendamment de leur contexte les deux similitudes — le vêtement, les outres — paraissent à première vue souligner l'incompatibilité du vieux et du neuf, plus précisément l'impossibilité de greffer du chrétien sur le Judaïsme. [...] L'autre réflexion, toutefois, est mieux attestée : «Le vieux est bon». Sous cette forme, conclut Trudinger, la parole a plus de chances de remonter jusqu'à Jésus, car elle est attentive à la valeur durable de ce qui est passé et prémunit contre la tendance à toujours préférer le neuf au vieux (Leopold Sabourin, L'Évangile de Luc: introduction et commentaire, 1987 - books.google.fr).

Jésus-Christ se sert ici d'exemples semblables à ceux dont se sont servis les prophètes. Car Jérémie compare le peuple à une ceinture [neuve qui pourrit - viellit] comme Jésus-Christ compare ici ses disciples à un vêtement; et ce même prophète parle de vin et de vaisseaux comme Jésus-Christ fait ici (Jérém. XIII 1-14) (Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur saint Matthieu, Oeuvres complètes, Tome 7, traduit par Jeannin, 1865 - books.google.fr).

Ceci permet de faire la jointure avec L'Ecclésiaste 1,1-11, référence qui se trouve sur la pierre tombale de l'abbé Henri Boudet :

Qohélet nie toute forme de «nouveauté» [hâdâs]. Cet adjectif «nouveau», qui ne revient que deux fois dans le Qohélet (1,9-10), se retrouve 53 autres fois dans la Bible hébraïque, sans compter 10 emplois du verbe «renouveler». Ce thème de la nouveauté avait été très largement exploité par les prophètes du temps de l'exil. Par exemple, en parlant de nouveauté, le Dieu du prophète Isaïe utilise le même verbe «faire» ['âsâ] que Qo 1,9: Voici que moi je vais faire du neuf (Isaïe 43, 19) ; Oui, comme les cieux nouveaux et la terre nouvelle que je fais restent fermes devant moi — oracle de YHWH — ainsi resteront fermes votre descendance et votre nom ! (Isaïe 66, 22). Ces deux textes montrent bien ue l'histoire du salut trouve son accomplissement dans la nouvelle création. C'est aussi ce qu'enseigne Isaïe 65,17 qui annonce la création de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre. Or, en niant toute forme de nouveauté, Qohélet témoigne de l'impossibilité même d'une histoire du salut. Par conséquent, les annonces de choses nouvelles (Isaïe 42, 9; 48, 6) — le nouveau nom donné à Sion (Isaïe 62, 2), la création du nouveau sur la terre (Jérémie 31, 22), la conclusion d'une nouvelle alliance (Jérémie 31, 31), les bontés nouvelles (Lamentations 3, 23), le don d'un esprit neuf (Ézéchiel 11, 19; 18, 31; 36, 26) et d'un cœur neuf (Ézéchiel 18,31; 36, 26) — sont toutes de pures illusions. Vaine est l'espérance de celui qui demande d'être enraciné dans un esprit neuf (Psaume 51,12) ou qui supplie Dieu qu'il renouvelle ses jours (Lamentations 5, 21). [...] Quoi qu'il en soit, pour Qohélet il n'y a plus d'histoire du salut ni de salut dans l'histoire. Désormais, aucun triomphalisme de l'histoire n'est possible. [...] Fondamentalement, l'avenir ne réserve donc aucune surprise. Seul l'oubli donne l'illusion de la nouveauté (v. 11). [...] En niant la mémoire [racine zkr], Qohélet, une fois de plus, nie la possibilité du salut dans l'histoire. En effet, pour Dieu, se souvenir [zkr], c'est secourir les êtres humains (Jean-Jacques Lavoie, Qohélet: une critique moderne de la Bible, 1995 - books.google.fr).

Transposée dans une autre sorte de discours, la conviction de Qohélet serait que le Réel nous échappe, qu'au-delà de nos hypothèses et de nos mesures, et même de nos inquiétudes et de nos émerveillements, il y a autre chose. Cette autre chose le fascine, d'ailleurs, car il y revient encore une fois en s'adressant directement à son auditeur ou lecteur :« Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent, ni comment se forment les os dans le ventre de la femme enceinte, tu ne connais pas non plus l'œuvre de Dieu qui fait tout » (11, 5). Il est intéressant qu'en parlant à autrui, il cherche des images, comme s'il voulait engager la pensée de l'autre dans la vie du réel. Elles lui permettent de dire simplement : toi qui ne comprends pas les processus naturels, comment pourrais-tu comprendre les actes de Dieu ? Mais pourquoi choisir ces deux images en particulier ? Peut-être parce que le vent paraît souvent l'exemple même d'un phénomène à la fois parfaitement explicable et néanmoins numineux, du fait que l'on sent sa présence seulement par ses effets, et qu'il nous invite à reconnaître, dans l'ordinaire du monde ambiant, l'existence d'une étrange altérité. Et peut-être dans le deuxième cas, si je ne force pas le texte, parce que l'enfantement évoque l'arrivée dunouveau, d'un nouveau qui se répète continuellement,il est vrai, et qui a déjà été, mais qui, à chaque naissance, est inédit, original, un signe faible mais saisissant de quelque chose de vraiment « nouveau sous le soleil» (1, 9). Qohélet remonte même avant l'accouchement, en désignant la formation du fœtus, le commencement de l'inconnu. Je note aussi ce qui semble bien être une reprise de ce passage – l'a-t-on remarqué ? – dansl'entretien de Jésus avec Nicodème au chapitre 3 de l'Évangile de Jean. À une parole déconcertante de Jésus, sur la nécessité de « naître de nouveau», Nicodème répond :«Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? » Jésus précise qu'il faut naître « de l'Esprit », et il poursuit : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. » Le vent inconnaissable, le ventre de la femme et l'œuvre de Dieu ou de l'Esprit figurent dans les deux passages, Jésus modifiant l'argument de L'Ecclésiaste – s'il est vrai qu'il y pense – pour parler d'une œuvre particulière et singulièrement mystérieuse de Dieu, d'une naissance qui n'est pas biologique mais spirituelle, et dont la réelle nouveauté répond à l'attente impatiente mais déçue de Qohélet. On dirait, à lire ensemble ces quelques mots de L'Ecclésiaste et la conversation dans l'Évangile de Jean qui fonde le christianisme sur la nouvelle naissance, que Qohélet passait tout près, dans la perspective chrétienne, de l'essentiel : qu'il brûlait (Michael Edwards, Le bonheur d'être ici, 2011 - books.google.fr).

Qohélet ne pouvait rien attendre dans le judaïsme, comme aujourd'hui on ne peut rien attendre dans christianisme.

L'Excursion du 25 Juin 1905 de la Société d'Etudes scientifiques de l'Aude rapportée par Elie Tisseyre note le passage à la métairie des Patiacés avant de passer au Pla de la Cote, lieu où se trouve le "rocher tremblant" (www.octonovo.org).

Lambeaux, franges et phylactères : du Pétassou aux Patiacés

Dans la Torah, la question de la vêture occupe une place éminente, centrale et, pour ainsi dire,originelle : c'est qu'en effet, au début, au jardin d'Éden, l'homme et la femme, Adamet Ève, «étaient tous deux nus, sans se faire mutuellement honte » (Gn II,15).

Mais après qu'ils ont goûté au fruit de l'arbre de la connaissance, après avoir commis ce que les chrétiens ont par la suite appeléle « péché originel », Dieu leur annonce à chacun de grands malheurs ; il «fit pour Adam et sa femme des tuniques de peau dont il les revêtit » (Gn III,21). Le vêtement apparaît ici commeune punition, au même titre que la nécessité de travailler pour gagner son pain ou la souffrance de la femme dans l'accouchement. Pourtant, les prescriptions vestimentaires de la Torah sont peu nombreuses et, on peut dire, accessoires, parce qu'elles concernent les accessoires du vêtement, plutôt que le vêtement lui-même. C'est ainsi que dans les Nombres (Nb,XV,38 à 40) il est prescrit de faire une frange sur les bords du vêtement et de mettre un fil pourpre (ou violet ?) dans la frange qui borde le vêtement. Une raison à cette prescription est énoncée : il s'agit de faire ensorte que celui qui porte ce vêtement ainsi décoré et celui qui le voit se souviennent des commandements de Dieu [...] De même – et il s'agit ici à peine d'unaccessoire du vêtement, plutôt une parure –, il est commandé, en Dt, VI,8, de faire, avec les mots des commandements de Dieu « un signe attaché à ta main, une marque placée entre tes yeux ». Dans l'Exode, il est fait allusion, quoique moins explicitement, à cet ordre : « Une marque sur votre bras et votre front » (Ex XIII,9). De ce commandement vient le port du phylactère pendant la prière du matin, où l'on inscrit des versets de la Torah (Philippe Barret, Moïse, Jésus, Mahomet: Préceptes moraux de la Torah, du Nouveau Testament et du Coran, 2010 - books.google.fr).

En Égypte, un phylactère était un « talisman » : une amulette magique constituée d'un morceau de parchemin contenant des éléments d'apparences magiques (représentation de dieux ou déesses, textes, etc.), lui même enroulé dans un autre parchemin servant « d'enveloppe », le tout généralement coincé entre deux amulettes de bois (figurines) et maintenu par de la ficelle pour être porté autour du cou. Son objectif était « magique », pour avoir les faveurs des dieux et déesses représentés.

Chez les juifs, un phylactère est une petite boîte cubique enfermant des bandes de parchemin sur lesquelles sont inscrits des versets de la Torah, que les juifs s’attachent au bras gauche (lié au cœur) et sur le front (lié à l’esprit), pendant la prière du matin. Un phylactère est, à partir de l’art chrétien médiéval, un moyen graphique semblable à une petite banderole, sur laquelle se déploient les paroles prononcées par le personnage que l’on représente (fr.wikipedia.org - Phylactère).

Les rabbins, de leur côté, affirment que Dieu fera résider sa Chekina sur Israël : R. Siméon ben Yohai déclare que celui qui observe la loi des franges méritera de recevoir la face de la Chekina (Menahot, 43 b). Dieu rétablira avec les hommes les familiarités de l'Eden : [...]

Ainsi le Saint, béni soit-il, viendra prendre le frais avec les justes au Gan Eden au futur à venir ; et les justes, le voyant, seront tout effrayés devant sa face ; et le Saint, béni soit-il, dira aux justes : Pourquoi êtes-vous effrayés devant ma face ? Voici que je suis votre semblable (Siphra sur Lev., XXXvI, 12) (Joseph Bonsirven, Le judaïsme palestinien au temps de Jésus-Christ, 1950 - books.google.fr).

Le tsitsit ou tsitsit (tzitzis ou tsitsis selon la prononciation ashkénaze) sont des "franges" ou "tresses" façonnées au coin des vêtements, souvent retrouvées sur les bords du Talit. Les Juifs observants portent des vêtements munis de tsitsit afin de se conformer à une prescription biblique (fr.wikipedia.org - Tsitsit).

Le mot tsitsit est à rapprocher du verbe tsouts dont une forme dans Le Cantique des Cantiques II. 9 signifie “observer” ou “regarder” : “Mon bien-aimé... observe par le treillis.” Le fidèle regardant les “franges” qui lui rappellent ses obligations rend ainsi son regard au Bien-Aimé qui l'observe (Catherine Chalier, Lévinas: L'Utopie de l'humain, 1993 - books.google.fr).

Avant la chute, Adam portait un vêtement de lumière (or en hébreu); ce vêtement n'est plus qu'un vêtement de peau, hors d'Eden, la peau étant « o'r». Le thalet blanc n'est pas sans évoquer notre émouvant effort pour retrouver la virginité de l'état paradisiaque, lumineux et protégé, confirmé par le lien tsitsit qu'on a noué avec l'au-delà, le bleu "tekhelet". En hébreu « mise à nu » et « aveuglement» proviennent de la racine a'/w/r comme le mot peau ou cuir: la « mise à nu » (la Chute) qui fait suite à notre « aveuglement », le péché originel nous amène à nous protéger par le biais du thaletm et à marquer notre attachement à la Loi divine et peut-être au souvenir du Paradis par l'intermédiaire des tsitsit. Principes de vie et d'action, les tsitsit forment un symbole d'une grande force qui surgit d'un passé enfoui en nous et oublié, pour nous rappeler les liens qui nous attachent à lui. [...]

On porte les lanières dites téfiline ou phylactères tous les jours profanes, lors de la prière du matin; il y a deux téfiline portant chacun un cube contenant quatre passages de la Bible: - un téfiline est porté au bras gauche contre le cœur; il est enroulé sept fois sur l'avant-bras; - le deuxième téfiline est porté entre les yeux; il est enroulé autour de la tête; - Les téfiline et leur contenu sont en cuir noir d'un animal pur; un poil de veau sort de l'un des cubes; - dans le cube du front, les parchemins où sont inscrits les quatre passage de la Bible sont séparés dans des cases; ils sont en vrac dans l'autre cube; - chaque téfiline a un nœud; - un « shin » à trois branches est gravé sur une face du cube du bras, un shin à quatre branches sur le cube du front (Albert Soued, Les symboles dans la Bible: une lecture de la Bible à travers les principaux symboles de la tradition juive, 1993 - books.google.fr).

Il est dit dans la Guémara que les juifs qui portent les phylactères ou Téfilines sont assurés, si leur conduite est parfaite, de revivre après la mort dans le jardin d'Éden (Roger Sabbah, Le Pharaon juif, 2008 - books.google.fr).

Franges, thysanos, crossos. Winckelmann soutient que l'on s'est trompé en traduisant ces mots par celui de franges, et il pense qu'il faut entendre par-là des bordures brochées. Il est vrai, ainsi qu'il le dit, que l'on ne voit pas de franges aux vétemens des statues grecques, et qu'il n'y en a qu'aux figures de divinités ou de prêtres étrangers à la Grèce, tels qu'Isis et des rois barbares. Cependant le grand Etymologiste, en parlant du thysanos, donne tout-à-fait l'idée de franges : car il fait venir ce mot de thyô (je m'agite, je me remue avec violence), et il dit qu'on a appelé ainsi ce genre de bordures, parce qu'elles se remuent lorsqu'on marche et que le vent les fait mouvoir. On désignait aussi par ce nom les longues touffes pointues des peaux de chèvre, des racines chevelues, et les appendices éffilés ou les tentacules de la sèche, le calamaro des Italiens. En rapprochant entre elles ces significations diverses du mot thysanos, on reconnaîtra dans les bordures dont on ornait les vêtemens plutôt des franges que de simples bandes brochées. Il me semble aussi que quand Homère fait mettre à Junon sa ceinture ornée de cent thysanos d'or, cela doit s'entendre de rangs de franges plutôt que de bordures brochées. Les cent thysanos d'or massif, bien tressés, qui ornent l'égide de Minerve, et qui, agites par la déesse, brillaient d'un éclat qui inspirait l'effroi, présentent certainement moins l'idée de bordures que celle de franges et de torsades, et d'autant plus, que cet ornement rappelle les bandelettes de cuir qui, selon Hérodote, pendaient au bord des peaux de chèvre dont se couvraient les femmes de Libye, et que l'imagination des Grecs changea en serpens lorsqu'ils inventèrent l'égide, ou la cuirasse faite de la peau de la chèvre Amalthée, dont ils armèrent Minerve et Jupiter. Ainsi, quoique les statues grecques ne nous offrent pas de franges, il est assez vraisemblable que cet ornement fut connu à des époques très-reculées. Il semble hors de doute qu'on les ait employe'es très-anciennement en Orient; et chez les Juifs, les vêtemens du grand-prêtre étaient ornes de franges d'or. On trouve dans les tombeaux égyptiens des morceaux d'émaux bien polis, de toutes les couleurs, ayant depuis un jusqu'à trois pouces de long, qui sont perforés dans leur longueur et plus gros dans le bas que dans le haut. Ces poires, très-alongées , réunies l'une à côté de l'autre, formaient des espèces de franges qui ornent le bas des robes ou des ceintures en réseau d'émaux que portent les momies; et cette sorte de franges dont les morceaux se heurtaient les uns les autres lorsqu'on les mettait en mouvement, explique bien l'idée qu'on attachait à l'étymologie du mot thysanos. Au reste, cet ornement devait être très-rare dans les temps anciens en Grèce; car Homère n'en pare que la ceinture de Junon et l'égide de Minerve, et il n'en est pas question dans la parure des femmes. Il paraît que le crossos était aussi ou une frange, ou du moins une espèce de bordure (Frédéric de Clarac, Musée de sculpture antique et moderne, 1841 - books.google.fr).

L'âme et les vents

Le paradis terrestre est devenu tantôt une préfiguration du paradis céleste, tantôt une image de l'âme, lieu de la vie spirituelle, ou encore une évocation de l'Eglise. Dans certains cas, il y a un amalgame entre les différents niveaux de lecture. Le passage d'un mode à l'autre s'effectue d'autant plus aisément que la forme onirique, très employée au Moyen Âge, permet à l'auteur de s'affranchir des notions de temps et d'espace quel que soit le sujet (Marie-Thérèse Gousset, Nicole Fleurier, Éden, 2001 - books.google.fr).

La jonction de l'âme, d'origine céleste, et du corps matériel, terrestre, met en jeu l'espace sidéral, où se situe le pneuma de l'univers, dont l'âme va importer des lambeaux avec elle dans le corps (compilation du XIIIe siècle, De Proprietatibus rerum, « les Propriétés de la matière », rédigée par Barthélémy l'Anglais) (Claude-Gilbert Dubois, Pathologie du corps spexctral à la Renaissance, Littérature et médecine, Numéro 55, 1997 - books.google.fr).

Les vents de l'Aude

Ces vents sont compris sous la dénomination générale de cers, quelquefois de vents d'ouest. Quoique leur direction la plus ordinaire soit de l'ouest-nord-ouest à l'est-sud-est, parce que c'est dans ce sens que la position du bassin les dirige, ils varient cependant de l'un ou de l'autre côté.

Le vent de cers, presque toujours froid et d'une violence extrême, sert à modérer la chaleur en été, et à entretenir la salubrité de l'air. Il a été décrit par les anciens; Caton, Vitruve, Lucain, Pline, Aulugelle en font mention. Sénèque parle d'un temple qu'Auguste, durant son séjour dans les Gaules, fit élever au dieu Cers, sans doute à Narbonne ou aux environs de cette ville.

Le vent de cers tire son nom, suivant les uns, d'un mot grec qui signifie tourbillon; suivant les autres, d'une étymologie celtique cyrch, qui est encore en usage parmi les Gallois, pour dire violence, impétuosité. En automne, il prolonge souvent la belle saison jusqu'en décembre.

Le vent opposé, dont la direction est par conséquent entre l'est et le sud-est et même le sud. On donne à celui-ci le nom de vent d'autan, ou marin, parce qu'il souffle de la mer, ab alto.

On a remarqué, peut-être d'une manière assez certaine, que celui des deux vents, de cers ou d'autan, qui coïncide avec l'équinoxe d'automne, dominera pendant l'hiver; et que celui qui souffle pendant l'équinoxe de printemps règne généralement pendant l'été suivant.

Ce n'est guère qu'en été que se fait sentir le vent de sud; on l'appelle vent d'Espagne.

Le nord direct n'est pas plus fréquent; il n'est stable que lorsque les neiges couvrent les montagnes (Claude-Joseph Trouvé, États de Languedoc et département de l'Aude : Description générale et statistique du département de l'Aude, Tome II, 1818 - books.google.fr).

L'aura greco-latine reprise par les chrétiens : du locus amoenus au paradis

Aura apparaît parfois dans certaines versions de la traduction latine de la Bible ; et les prolongements de telles occurrences nourriront chez les écrivains chrétiens une partie du système métaphorique. Ces emplois révèlent pour nous une partie du contenu sémantique, en particulier les connotations qui ont conduit à l'employer. Chaque fois, aura est une matière aérienne, qui se répand sur la terre. Mais il y a plus sans doute car ce souffle prend son sens à la source du récit lui-même, il est annonce de la présence divine et son apparition est proprement symbolique, car il renvoie à quelque chose qui le dépasse ou du moins n'est pas de son domaine. Chaque emploi met en valeur la légèreté. Le premier passage est lié au locus amoenus. Dans la Genèse, immédiatement après la chute, les deux coupables perçoivent la présence de Dieu et entendent sa voix, au moment précis où est évoquée la brise de l'air dans le Paradis. Et cum audissent uocem Domini Dei deambulantis in paradiso ad auram post meridiem, abscondit se Adam et uxor eius a facie Domini Dei in medio ligni paradisi. Le complexe ad auram post meridiem cherche à rendre compte de l'hébreu « le souffle du jour » qui désigne également soit l'après-midi, soit le soir. Le grec de la Septante a "to deilinon" expression adverbiale qui appartient à la langue alexandrine et signifie l'après-midi ou le soir. Le commentaire de Jérôme (quaest. hebr. in Gen. 3, 8) insiste sur la fraîcheur agréable, en rappelant d'autres essais, celui d'Aquila, de Symmaque, de Théodotion qu'il préfère car "katapsuchin" montre « le rafraîchissement de la brise qui souffle quand la chaleur de midi se termine » meridiano calore transacto refrigerium aurae spirantis. Cette légèreté contraste avec les autres théophanies, liées à la tempête et à l'ouragan très souvent, au feu aussi. Dans l'esprit d'un locuteur latin, la naissance de la brise, qui annonce l'arrivée divine, rapproche le premier jardin d'un locus amoenus. [...]

A la fin de l'époque républicaine, on croit que certaines âmes montent au ciel astral - le principal témoignage sur certaines de ces croyances étant le Songe de Scipion. « Dans les cercles cultivés de la société impériale, les spiritualistes, qui croyaient à la réalité d'outre-tombe, considéraient, d'habitude, l'anéantissement comme le châtiment des réprouvés et mettaient la récompense des élus dans la suite infinie des joies où s'abreuvaient perpétuellement leurs âmes désormais indestructibles ». Le contenu sémantique d'aura s'adapte aux nouveaux contextes nés de la pensée sur ce plan particulier aussi : les âmes nobles atteignent le ciel des brises où elles jouissent d'un bonheur mérité. L'âme-vie disparaît en un mouvement vertical ; elle monte au ciel. Cette localisation du séjour des âmes obéit à une évolution héritée des sectes et là aussi le développement tire son origine des cercles pythagoriciens. [...]

La vie, dit-il, s'échappe dans l'atmosphère respirée, per/in auras. L'expression revient cinq fois au moment où il parle de la mort, soit à propos de l'âme elle-même, soit à propos des choses auxquelles elle se trouve comparée. L'« atmosphère » est terrestre, l'âme matérielle se délite et le suffixe dis- des prédicats discedit, dissolui, dispersa le souligne. La métaphore des lambeaux accentue l'impression de dislocation matérielle : Multimodis ut noscere possis dispertitam animae naturam exisse per artus et prius esse sibi distractam corpore in ipso quani prolapsa foret enaret in aeris auras (3,591) (« Autant de preuves que l'âme est sortie en lambeaux et qu'elle était déjà disloquée dans le corps avant de s'envoler (litt. de se sauver à la nage) dans les souffles de l'air ») (Armelle Deschard, Recherche sur aura, 2003 - books.google.fr).

Ruah est le mot hébreu qu'on traduit traditionnellement par vent, souffle, vide, esprit. Dans l'ancien Sud sémitique, la ruah désigne quelque chose de vaste, d'ample, d'ouvert, mais c'est aussi l'odeur, le parfum. C'est parfois encore un contact léger, une caresse douce, un air de bien-être où l'on baigne. L'une des premières ruah de la Bible est la brise du soir dans laquelle Yahweh se promène au Paradis quand Adam et Eve qui ont péché se dissimulent à sa vue. [...] Ce mot désigne, selon Ezéchiel, les quatre points cardinaux, et selon Qohelet les circuits indéfinis du vent. C'est ainsi que météorologie et ruah sont étroitement liées. Il y a une mauvaise ruah qui souffle de l'est, dessèche les plantes et apporte les sauterelles – et une bonne ruah venant de l'ouest marin et charriant des cailles vers les Israélites au désert. David devenu roi est visité par la bonne ruah, tandis que la mauvaise enténèbre l'âme de Saül déchu. Selon Osée, Dieu envoie sur les hommes la ruah d'est, vent de prostitution, ambiance méphitique des cultes orgiastiques. Qui sème la ruah d'est récolte la tempête. Pour Isaïe, elle agite les arbres, balaie la paille des montagnes, et c'est par une ruah brûlante comme la justice que seront purifiées les filles de Jérusalem (David Lys) (Michel Tournier, Les Météores, 1975 - books.google.fr).

Le sommeil de l'âme

Pour saint Éphrem également, (vers 306-373), l'espace de temps compris entre la mort et la résurrection est un sommeil. Mais il paraît désigner par là une situation dans laquelle l'âme se trouve dans une inconscience plus radicale que que celle envisagée par Aphraate. Comme le fera Timothée Ier, mais dans un contexte de pensée non aristotélicien, il insiste sur l'union étroite avec le corps de toute l'activité de l'âme : celle-ci privée de son corps, est « diminuée en tout » (hassîra bkulhéin), au point qu'elle est encore plus incapable de connaissance que le fœtus inconscient de soi et de son corps lui-même. Après la mort, le corps est dans le Shéol, avec, semble-t-il, les âmes des injustes ; mais les âmes des justes sont, elles, dans le Ciel, ou bien près de la clôture du Paradis, ce dernier étant le lieu final de la béatitude éternelle. Ces abords du Paradis sont un lieu désirable 38, mais peut-être uniquement parce qu'il est le lieu d'un sommeil paisible que les justes ont accueilli comme un ami portant l'espérance de la résurrection. [...] Narsaï (mort en 507) atténue considérablement la notion du sommeil des âmes : « l'âme dort sans dormir » ; elle ne participe au sommeil du corps que parce que, faute que celui-ci lui soit disponible, elle ne peut agir. [...] Narsaï place les justes dans le Paradis avant la résurrection, le Paradis étant un lieu inférieur au Royaume. Par ailleurs, comme chez saint Ephrem, les injustes sont dans un lieu extérieur à ce paradis. Il paraît ressortir de ce que nous venons de dire que, pour Narsaï, l'âme ne dort que dans ce qui, de sa nature, est en relation avec le corps ; mais par sa partie spirituelle (brûh), le défunt jouit déjà de la splendeur d'un lieu paradisiaque en désirant le Royaume d'en-Haut. La théorie du sommeil des âmes est moins radicale ici que chez Éphrem et même Aphraate (Robert Beulay, L'enseignement spirituel de Jean de Dalyatha: mystique syro-oriental du VIIIe siècle, 1990 - books.google.fr).

Cavernes

On pourrait voir dans le "firma" ou "firmin" des inscriptions de l'église de Cassaignes un "fama" (qui ouvre sur la Fama Fraternitatis rose-croix) ou un "fana" avec "ir" comme "a" (le point comme trace aléatoire) et le "m" n'a que deux jambes. Le "fâna" islamique permet de relier aux Sept dormants.

Plus précisément et par un renversement de sa problématique antérieure, Mollâ Sadrâ, point conclusif de la philosophie islamique, expose sa théorie que la mort n’est pas extérieure à l’homme, exotérique (thahir), mais qu’elle vient de l’intérieur et correspond au désir le plus profond des hommes, surtout s’ils en connaissent la dimension « ésotérique », qui est le retour à Dieu, et en Dieu, dans une effusion mystique où se produit l’extinction dans l’extase de soi et du Moi (fâna). Ce désir unique de l’âme vers la Résurrection passe, bien entendu, par la mort, avec ses différents degrés, à droite vers le Jardin, à gauche dans le Feu. Il faut savoir que l’âme est d’abord une « flamme du Malakût », afin de comprendre comment cette pré-existence au corps ne lui interdit pas de devenir le principe de vie d’un corps très humble, d’être lié au corps, puis comment cet acte d’exister s’intensifie et s’élève, degré par degré, comment l’âme est nature, puis âme proprement dite, puis intelligence, comment enfin elle s’efface, comment sa lumière s’absorbe en la lumière de l’unité divine, dans l’Un. Sadrâ relève la Torah, puis l’enseignement évangélique, selon lequel les hommes ressuscitent tels des anges, délivrés du besoin de boire, de manger ainsi que de la sexualité. Il fait une référence toute particulière au cas des Sept Dormants d’Ephèse, ces jeunes chrétiens persécutés que Dieu endort dans la Caverne, avant de les ressusciter. Sadrâ évoque aussi le Tartare de Socrate, où les criminels expient en enfer. Il relève enfin qu’Aristote serait l’annonciateur d’un monde intermédiaire entre les réalités sensibles et les réalités intelligibles, qui serait le pays de la vie dernière, qui deviendra le Barzâkh en islam. Il s’agit en fait de cet Aristote à qui l’islam attribue la paternité de la fameuse Théologie, faite de textes de Plotin traduits en arabe et glosés, où, en effet, il y a une description de la Terre du monde de l’Âme, où Sadrâ voit le Jardin et le feu, situés dans le monde imaginal (qui est le « Sésame-Ouvre toi ! » de la théorie shi’îte iranienne, et sans doute de l’islam depuis Avicenne, surtout quand il reprend, et de plus en plus intensément, les traditions platoniciennes). [...]

Le philosophe shi’îte iranien Mollâ Sadrâ naquit en 1579 de l’Hégire à Shîrâzî (Chiraz), et il est mort en 1640. C’était l’époque de la « renaissance safavide », instaurée en 1501 par Shah Ismâ’îl, à la tète de l’ordre religieux et militaire des safavides, qui proclama le shi’isme duodécimain religion de l’Etat qu’il fondait en Iran. (Naceur Khemiri, Problématiques de l’image. (In)esthétique des arts de l’Islam ? 2010 - 1.static.e-corpus.org).

Isaïe, décrivant la Jérusalem eschatologique, écrivait : « Tu habiteras dans la caverne élevée d'un rocher fortifié... et tes eaux ne tariront jamais» (33, 16) (Jean Daniélou, Études d'exégèse judéo-chrétienne: les Testimonia, 1966 - books.google.fr).

Le corps du prophète Ezechiel fut dit-on, déposé dans la caverne où avaient autrelois été inhumés Sem et Arphaxad. Un voyageur, néanmoins, dit avoir vu près de Bagdad, le mausolée d'Ezéchiel, où se rendait par dévotion un grand concours de peuple de nations différentes (Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, Volume 13, 1815 - books.google.fr).

Les prétentions des non-exilés sont rejetées en Ezéchiel 33,27: «Tu leur diras ceci: Ainsi parle le Seigneur Yahvé: Par ma vie, je le jure, ceux qui sont dans les ruines tomberont par l'épée, celui qui est en rase campagne, je le livrerai aux bêtes pour être dévoré, et ceux qui sont dans les lieux escarpés et dans les cavernes mourront de la peste.» (Bernard Gosse, Structuration des grands ensembles bibliques et intertextualité à l'époque perse: De la rédaction sacerdotale du livre d'Isaie à la contestation de la Sagesse, 1997 - books.google.fr).

Au rapport du faux Épiphane, « Daniel a été inhumé avec honneur dans une étroite caverne, où s'éleva à sa gloire un monument universellement connu. ». On parle aussi de caverne des lions pour la fosse dans laquelle Daniel a été jeté (Augustin Henry, Histoire du St Prophète Daniel, 1855 - books.google.fr, Jean Lejeune, Oeuvres compétes, Volume 5, Migne, 1844 - books.google.fr).

Il est peu de lieux de pèlerinage plus célèbres que la grotte ou sainte Marie-Madeleine a fait pénitence. Cette grotte est connue sous le nom de Baume, et par excellence de Sainte Baume. Car ce nom signifie grotte, caverne de rocher (Bellune, Marie-Madeleine dans l'évangile, 1884 - books.google.fr).