Partie X - 22 v’la l’Tarot   Chapitre I - Passe-moi le celte   Amour/Eros : Impératrice, Pendu, Amoureux, Diable   

L'Impératrice - 2 mars

L'Impératrice endosse les rôles de Flidais, femme de Aillil the Fair "Emperor", de Fausta, femme de Constant II et de Théodora, femme de Justinien Ier (Les Feux de Fursy).

Flidais est l'amante de Fergus, image de l'Amoureux ou de l'Amant. Elle est la déesse irlandaise de la vie sauvage et s'occupait des troupeaux de daims.

Mais plus précisément, cette impératrice ressemble à Etheldreda (Audrey). Fille de sainte Hereswyde et d'Anna, roi d'Est-Anglie, elle contracte un premier mariage (vers 652) avec Tonbert, chef des Gyrvians du Sud. Cependant, elle réussit à persuader son mari de respecter un vœu de virginité qu'elle avait prononcé avant son mariage. À la mort de son mari en 655, elle se retire dans l'île d'Ely, que Tonbert lui avait donnée. Etheldrède se remarie ensuite en 660 à Ecgfrith, roi de Northumbrie pour des raisons politiques. Néanmoins, elle prit le voile à Coldingham peu de temps après l'accession au trône d'Ecgfrith. Cet épisode fut la cause probable d'une longue querelle avec Wilfrid , l'archevêque d'York. Ecgfrith, fils d'Oswiu, Bretwalda, défendit victorieusement son royaume contre Wulfhere, roi de Mercie in 674, et a pu être affublé du titre de Bretwalda (Ann Williams, Alfred P. Smyth, D. P. Kirby, A biographical dictionary of dark age Britain: England, Scotland, and Wales, c. 500-c. 1050, 1991).

Bretwalda signifie littéralement "Emperor of Britain" et fut appliqué à plusieurs souverains anglo-saxons : Aella, roi des Saxons du Sud ; Ethelberht, roi de Kent ; Redwald, roi d'Est Anglie ; Edwin, fils d'Oswald ; Oswiu, roi de Northumbrie ; Bald, roi des Merciens ; Ecgbeorht, roi des Saxons de l'Ouest (Daniel Henry Haigh, An essay on the numismatic history of the ancient kingdom of the East Angles, 1845).

Ce qui fait qu'Audrey fut " Impératrice " qui prit le voile rapidement après son mariage. Le roi Ecgfrith décide d'extirper la reine de son couvent par la force. Sur quoi, elle s'enfuit pour se réfugier à Ely avec deux nonnes qui lui étaient fidèles, réussissant à s'échapper en partie grâce à une miraculeuse marée montante.

Le roi de Northumbrie se remarie avec Eormenburg, et expulse Wilfrid de son royaume en 678.

D'après la Chronique anglo-saxonne, Etheldrède fonde le monastère double d'Ely en 673 ; ce monastère sera détruit lors de l'invasion danoise de 870. Elle meurt de la peste à Ely en 679. Fêtée le 23 juin, Etheldrède est la patronne de Cambridge et de ceux qui souffrent d'affections de la gorge ou du cou.

Etheldrède était couramment appelée sainte Audrey. Ce nom est à l'origine de l'adjectif anglais tawdry, qui signifie de " mauvais goût " ; en effet, les amoureux achetaient des articles de dentelle peu ajourée lors d'une foire dédiée à Awdrey qui se tenait annuellement à Ely ; leur mode passa, et ces articles furent bientôt considérés comme vieillots, bon marché ou de mauvaise qualité ; ce fut le cas tout particulièrement au XVIIème siècle quand les puritains de l'est de l'Angleterre regardaient d'un mauvais œil toute forme d'habillement paré de dentelle (fr.wikipedia.org - Etheldrède).

Dans la Vie Seinte Audree, attribuée à Marie de France, auteur du Lai du Chèvrefeuille, on peut apprendre que saint Cuthbert et sainte Audrey s'appréciaient beaucoup.

Mais par-dessus tous les autres qu'elle aimait Saint Wilfrid qui lui a conseillé et Saint Cuthbert pour sa bonté et sa grande intégrité. Pour Saint Cuthbert, elle a souvent donné très généreusement de sa fortune: Saint Audrey a fait une très travaillé et gagné manipule en or et de soie, il ornée de pierres précieuses et le lui donna. Ces parures sont encore conservées avec beaucoup d'affection à Durham. Pour l'honneur de Dieu dans la mémoire de Saint-Cuthbert l'église fait un ostensoir pour eux. L'amour entre Cuthbert et Audrey était correct et agréable à Dieu, car ils étaient tous les deux vierges qui menaient une vie chaste et sainte. On était toujours à l'esprit de l'autre, [prière] que Dieu amène chacun d'eux dans sa gloire. " (hefenfelth.wordpress.com - Audrey of Ely).

Comme avec le Pape et l'Empereur, l'Impératrice a pu être rhabillée en une des épouses de Charles IV de Luxembourg, empereur du Saint Empire Germanique comme le montre cette miniature :

Charles IV et Blanche de Valois

fr.wikipedia.org - Charles IV

Les saints du jour

Saint Ceadda (Chad)

Wilfrid était probablement considéré comme le principal défenseur de l'Église catholique romaine quand son discours au synode de Whitby conduisit au renversement du parti celtique. En 664, il est nommé évêque d'York, mais refuse d'être consacré en Northumbrie par les évêques du nord de l'Angleterre qui ont refusé les décisions de Whitby, qu'il considère comme schismatiques. Comme Agilbert est devenu évêque de Paris, Wilfrid se fait consacrer à Compiègne. Pendant l'absence trop prolongée de Wilfrid, les dispositions du roi Oswiu avaient changé. La victoire de Whitby, comme toutes les victoires, avait été moins complète qu'on se l'était tout d'abord figuré. Le parti celtique, en apparence écrasé par le vote unanime de l'assemblée de Whitby, s'était relevé : il avait repris du crédit auprès du Bretwalda. Ce retour d'Oswiu à ses anciennes prédilections pour l'Église celtique où il avait été baptisé et élevé, doit probablement être attribué à l'influence de la sainte abbesse Hilda, de Whitby, cette princesse du sang royal de Northumbrie, à qui le roi avait confié sa fille en la consacrant à Dieu pour rançon de sa victoire sur les Merciens et de l'affranchissement définitif de son pays. Tant qu'elle vécut, Hilda resta fidèle aux traditions scotiques, et tant qu'elle vécut, son opposition contre Wilfrid ne se démentit pas. On a aussi supposé que le roi Oswiu commençait à être jaloux de son fils Alchfrid et de l'ascendant que son alliance intime avec Wilfrid lui procurait sur tout le parti romain, bien qu'il l'eût lui-même associé à la royauté et bien que sa qualité de Bretwalda ou de suzerain de la confédération anglo-saxonne dût le rassurer. Mais le confident et le biographe de Wilfrid affirme que les Celtes (très-injustement qualifiés par lui de quarto- décimans), avec l'aide du démon, obtinrent du roi qu'il profiterait de l'absence de Wilfrid pour nommer un des leurs évêque d'York à sa place. De l'aveu unanime, celui qu'Oswiu substitua à Wilfrid était un saint. Il s'appelait Ceadda (ou Chad). C'était un moine, Anglo-Saxon de naissance, mais il avait été disciple de l'Irlandais saint Aïdan ; il était frère de l'évêque Cedd, qui avait servi d'interprète à la conférence de Whitby, et dont nous avons raconté la mort suivie par celle de ses trente amis. Ceadda avait succédé à son frère comme abbé de Lastingham, de ce monastère qui était, après Lindisfarne, le principal foyer de l'esprit celtique en Northumbrie. Oswiu voulut cependant que le nouvel évêque fût sacré non par des prélats du rit celtique, mais à Cantorbéry, par ce métropolitain saxon qui avait toujours vécu en bonne intelligence avec les gens du nord. Mais quand Ceadda arriva à Cantorbéry il trouva que la terrible peste de 664 avait enlevé l'archevêque, qui n'avait pas encore de successeur. Il alla donc, chez les Saxons de l'Ouest, se faire sacrer par cet évêque Wini que l'on a vu figurer aussi à Whitby et à Peterhorough, mais qui lui aussi semble avoir réagi contre le vote de rassemblée, puisqu'il se fit assister, comme consécrateur, par deux évêques bretons restés fidèles à l'usage pascal des Celtes. Revenu en Northumbrie, Ceadda prit paisiblement possession de son diocèse, et y déploya toutes les vertus qui ont longtemps popularisé son nom chez les Anglais. Très versé dans l'étude de l'Ecriture sainte, il y puisait des règles de conduite dont il ne s'écarta jamais. Son humilité, sa sincérité, sa chasteté, son amour de l'étude, excitaient l'admiration du peuple northumbrien qu'il évangélisait avec un zèle ardent, parcourant les villes, les villages, les châteaux et jusqu'aux hameaux les plus isolés, non pas à cheval, selon l'habitude si chère aux Saxons, mais à pied, comme les apôtres el comme son maître et son prédécesseur, saint Aïdan. On ne voit pas du reste que Ceadda ou aucun des adversaires celtiques de Wilfrid aient tenté de revenir sur les décisions de l'assemblée de Whitby et de maintenir ou de rétablir, soit l'observance celtique de la Pâque, soit la tonsure d'une oreille à l'autre. Il est probable que l'opposition de plus en plus violente qui se déclara contre Wilfrid eut beaucoup moins pour objet la doctrine ou les pratiques romaines que des questions personnelles. On lui en voulait de son ascendant précoce, et surtout de ses procédés violents contre les Irlandais ou leurs disciples; car il est constant que, partout où il le put, il ne laissait à ceux-ci que l'alternative de renoncer à leurs usages ou de rentrer dans leur patrie. Wilfrid, dont le caractère épiscopal ne pouvait être méconnu par personne, mais qui n'avait plus de diocèse, se retira paisiblement et même joyeusement au monastère de Ripon, qu'il tenait de la générosité du jeune roi Alchfrid, et y vécut dans l'étude et dans la retraite. Wulphère, le roi de Mercie, le fondateur de Peterborough, l'appela dans son royaume, où pour le moment il n'y avait point d'évêque. Bien que ce royaume eût été converti et gouverne par les moines celtiques, Wulphère était naturellement porté à favoriser le champion du rit romain, par son mariage avec Ermenilda, fille du roi de Kent, et issue par conséquent de la race qui la première avait reçu les enseignements de Rome en écoulant la parole d'Augustin. Elle était nièce de cette reine de Northumbrie, Eanfleda, qui avait été la première protectrice de Wilfrid et avait rapporté de son exil et de son éducation à Cantorbéry un attachement si fidèle au rit romain. Le roi Wulphère, la reine Ermenilda et l'abbé Wilfrid travaillèrent de concerta propager et à consolider la foi chrétienne dans le vaste royaume de Mercie qui commençait déjà à rivaliser d'importance avec la Northumbrie. Grâce aux vastes donations territoriales que lui fit le roi, Wilfrid put y fonder plusieurs monastères, dans l'un desquels il devait finir sa vie. Cependant la face des affaires va de nouveau changer. Il s'agissait de donner un successeur à l'archevêque Deusdedit. Pour y pourvoir, le roi de Northumbrie, Oswiu, usa de l'autorité supérieure que semblent s'être attribuée en matière ecclésiastique les Bretwaldas ; il montra en même temps que si le parti celtique, caressant ses souvenirs de jeunesse, avait pu le déterminer à rendre Wilfrid victime d'une exclusion inique, il n'en demeurait pas moins sincèrement soumis à la primauté du Saint-Siège, si solennellement reconnue par lui à la conférence de Whitby.

C'était un moine nommé André, africain de naissance, attaché à un monastère de vierges en Italie, et qu'on jugeait digne d'être choisi ; mais ses infirmités corporelles l'obligèrent d'y renoncer. Alors Adrien, de plus en plus pressé par le Pape, lui proposa un autre de ses amis, qui se trouvait à Rome, un religieux grec nommé Théodore, né à Tarse, comme saint Paul, de bonne vie et mœurs, d'une science si profonde et si variée qu'il était surnommé le philosophe, et d'un âge déjà vénérable, puisqu'il avait soixante-six ans. Cette proposition fut agréée par le Pape, mais à la condition expresse que l'abbé Adrien accompagnerait son ami en Angleterre, afin de veiller à ce qu'il n'y introduisît rien dans cette Église de contraire à la foi orthodoxe, comme faisaient trop souvent les Grecs. Cette défiance était justifiée par les cruelles et sanguinaires dissensions qui bouleversaient alors l'Église d'Orient, à l'occasion de l'hérésie des monothélites, et de l'intervention constante des empereurs byzantins dans les questions de foi. La chose ainsi réglée, comme Théodore avait la tête entièrement rasée, selon l'usage des moines d'Orient, il lui fallut avant de se mettre en route attendre quatre mois que ses cheveux eussent poussé de manière à rendre possible la tonsure des moines d'Occident en forme de couronne. Dès que ses cheveux eurent reçu la forme régulière, le moine Théodore fut sacré par le Pape et se mit en route avec l'abbé Adrien pour l'Angleterre. Mais à cet Asiatique et à cet Africain si singulièrement choisis pour régir l'Eglise anglo- saxonne et qui remplirent si bien leur tâche, le Pape avait sagement résolu d'adjoindre un troisième personnage dont le concours, au moins dans les premiers temps, devait leur être indispensable. Ce fut ce jeune seigneur northumbrien, Benoît Biscop, que nous avons vu partir d'Angleterre, pour faire son pèlerinage à Rome avec Wilfrid, puis se séparer de celui-ci à Lyon. […] Mais leur voyage ne se fit pas sans obstacle ; il leur fallut plus d'un an pour aller de Rome à Cantorbéry. Au lieu de rencontrer en France, comme Augustin, le généreux concours d'une reine comme Brunehilde, les nouveaux missionnaires la trouvèrent en proie à la tyrannie d'Ebroïn, le maire du palais, et le premier de ces grands politiques trop nombreux dans notre histoire, que la postérité a si lâchement admirés ou absous, et qui pour le malheur de notre patrie n'ont cherché le triomphe de leur égoïste grandeur que dans l'abaissement et la servitude universelle. La présence de ces trois personnages, un Grec, un Africain, et un Anglo-Saxon, tous trois munis des recommandations du Pape, parut suspecte au tout-puissant ministre. L'empereur byzantin, Constant II, encore alors souverain de Rome, qu'il avait récemment visitée et pillée, mais où il parlait de rétablir le siège de l'Empire, excitait les inquiétudes d'Ebroïn, qui s'imagina que ces envoyés du Pape pouvaient bien être chargés de tramer quelque entreprise entre l'empereur et les rois anglo-saxons contre le royaume des Francs de Neustrie et de Bourgogne dont il se regardait comme le chef. Ce fut surtout l'abbé Adrien qui lui parut dangereux ; aussi ne fut-il relâché que deux ans après ses compagnons. Cependant, grâce à l'intervention directe du roi Egbert, l'archevêque Théodore put enfin aborder en Angleterre, et prendre solennellement possession de son siège.

Grâce au concours du puissant roi de Northumbrie, le nouvel archevêque de Cantorbéry se voyait investi pour la première fois d'une autorité universellement reconnue par tous les Anglo-Saxons. Cette suprématie que l'inclination intelligente du Bretwalda Oswiu pour l'unité romaine l'aidait si efficacement à exercer, lui fut solennellement reconnue par le Pape Vitalien, qui renouvela en sa faveur toutes les prérogatives que Grégoire le Grand avait confiées à Augustin et au siège de Cantorbéry, en omettant toute mention de la seconde métropole que Grégoire voulait établir à York. Celte autorité suprême sur toutes les Églises de la Grande-Bretagne, quelle que fût leur antiquité ou leur origine, n'avait été, entre les mains d'Augustin et de ses successeurs, qu'un titre et un droit; elle devint pour la première fois entre celles du vieux moine grec une réalité puissante et incontestée. Le premier usage qu'il fit de cette suprématie fut de réparer l'injustice dont Wilfrid avait été victime. Oswiu ne semble y avoir mis aucune opposition ; il s'inclina devant l'autorité apostolique, dont Théodore lui fit connaître les décrets. Il couronna ainsi son règne par un acte de réparation et de repentir, en laissant rétablir sur le siège épiscopal de la capitale de son royaume l'homme qu'il en avait injustement expulsé. L'humble et pieux Ceadda, qui avait consenti par un étrange oubli de son devoir à remplacer Wilfrid, ne fit aucune résistance à l'application des lois canoniques qui le dépouillait du siège usurpé. Il dit à l'archevêque : " Si vous avez la certitude que mon épiscopat n'est " pas légitime, je l'abdique volontiers ; je n'ai jamais " cru que j'en étais digne et je ne l'avais accepté que " par obéissance. "Sur quoi, comme Wilfrid dépossédé par lui s'était retiré dans son monastère de Ripon, ainsi lui-même regagna le monastère de Listingham, près Whitby, fondé par son frère, et où on l'avait pris pour le faire évêque. Il y vécut quelque temps dans la paix de la retraite. Mais le généreux Wilfrid, qui avait pu apprécier les vertus du saint intrus, dont il avait continué d'habiter le diocèse, eut à cœur de les remettre en lumière. L'évêché du royaume de Mercie étant venu à vaquer, il persuada à son fidèle ami Wulphère d'y appeler Ceadda, et lui abandonna comme résidence une terre nommée Lichfield que ce roi lui avait autrefois donnée, à lui Wilfrid, afin qu'il pût y établir un siège épiscopal pour lui ou pour un autre. Théodore et Ceadda se prêtèrent tous les deux à cette combinaison. Mais l'archevêque voulut que l'évêque se laissât sacrer de nouveau, avec le concours de Wilfrid, à cause de l'irrégularité des deux évêques bretons qui avaient concouru à sa première ordination (Charles Forbes Montalembert (comte de), Les moines d'occident depuis Saint Benoît jusqu'á Saint Bernard, Volume 4, 1867).

En route vers Rome, Wilfrid, après son exil de 678, rencontrera Dagobert II qui lui proposera le siège de Strasbourg.

Saint Jaoua

Saint Jaoua (Joahoevius), un prince irlandais, neveu de saint Pol Aurélien, vint au VIème siècle en Armorique et fut fait par son oncle recteur de Braspars qu'il évangélisa. Pendant ce temps, Judulus et Tadec poursuivent leur mission d'évangélisation du pays du Faou ; le seigneur du Faou accumulait les rancœurs contre ces saints hommes, ressentant les conversions à la foi chrétienne comme un affront personnel.

Apprenant qu'une assemblée des abbés de Cornouaille devait se tenir à proximité de ses terres, il rassemble ses hommes, se précipite au dit lieu de réunion (Daoulas), enfonce les portes de l'église, massacre Tadec qui célébrait la messe et nombre de moines présents; il rejoint ensuite Judulus qui avait réussi à s'enfuir et lui tranche la tête; seul Jaoua parvint à s'échapper... C'est dans la première église de Brasparts que Jaoua célèbre les funérailles de ses amis. Les reliques de Judulus et Tadec auraient été inhumés dans l'autel, comme cela était de tradition... Dieu ne laissa pas le crime impuni: tout le pays du Faou fut terrorisé par un animal monstrueux, tant et si bien que la population finit par faire appel à Saint Pol. Pol se mit en chemin, parvint à dompter l'animal, qu'il amena, encordé, jusqu'à l'île de Batz pour en débarrasser le pays. Mieux ! Il convertit le chef, le baptisa, lui demanda de fonder, en réparation, un monastère à l'endroit du meurtre, d'où le nom de "Daoulaz", le double meurtre, qui resta à cette abbaye: ce fut Jaoua qui en fut le premier abbé tout en conservant sa recteurie de Brasparts. Jaoua avait appris la venue de son oncle et s'était porté à sa rencontre près du Faou : saint Pol, s'apercevant que Jaoua et ses compagnons avaient grand soif, se mit en prières, en fit faire autant à tous puis commanda à saint Jaoua de frapper la terre de son bourdon, en certain endroit qu'il lui montra. Il en jaillit une belle source dont ils étanchèrent leur soif (ville-brasparts.forum-actif.net - Saint Jaoua).

Saint-Jaoua étant mort dans son presbytère de Braspartz, selon sa volonté, son corps fut mis sur une charrette, dont la direction fut abandonnée à la volonté des bœufs, qui la conduisirent le long du grand chemin de Braspartz jusqu'à un certain lieu nommé Porz-ar-Chraz, où elle se brisa. On éleva à cette place une croix. Un peu plus loin, la charrette se cassa tout-à-fait, et c'est là que fut enterré le saint, dans une église qui a été rebâtie au seizième siècle, et qui renferme son tombeau. L'église paroissiale de Plouguin, édifice au commencement du XVème siècle, renferme le tombeau de saint Jaoua, l'un des premiers évêques de Léon. C'est un sarcophage en pierre de Kersanton , orné dans son pourtour d'arcades gothiques soutenues par de petites colonnes engagées, et environné d'une grille en fer à hauteur d'appui, d'un travail très ancien. Sur le dessus est la statue du saint représenté en costume épiscopal, la mitre en tête et la crosse en main; deux-petits anges sont couchés de chaque côté de sa tête ; sur le bord du retable on lit l'inscription suivante en caractères gothiques : D. Jaona epus Leone fuit hic sepultus

Ogham : frêne

Selon Robert Graves, le frêne correspond à la saison des Poissons qui est le mois de mars.

Les druides attribuaient un certain pouvoir du frêne sur l'eau. Ils utilisaient son bois pour attirer la pluie ou pour conjurer les effets destructeurs de l'élément liquide. Des feuilles de frêne sous un coussin favorisent les rêves prophétiques, et en porter provoque l'amour des personnes du sexe opposé.

Quand Æthelthryth (sainte Audrey) fuit à Ely avec deux religieuses fidèles et réussit à échapper à la capture grâce, en partie, à la miraculeuse marée montante, elle s'arrêta à Stow et s'abrita sous un frêne qui provenait de son bâton planté en terre (en.wikipedia.org - Aethelthryth).

Au moyen-âge chrétien on associe l'oiseau Phénix avec la pierre divine, qui est la pierre philosophale, dont il représente l'aspect spirituel. Un recueil que possédait Charles de Lorraine, Bernard le Trévisan signala que le mercure nourrit la pierre "comme le téton donne la vie à l'Enfant". Et Raymond Lull notait que les graines du frêne nourrissaient à leur tour le Phénix.

Le Pendu - 1er Juin

Dans les Aventures de Nera (Echtrae), Ailill et Medb étaient, une nuit, de Samain, dans la forteresse de Cruachan avec toute leur suite. Ils commencèrent à cuire de la nourriture. Deux captifs avaient été pendus par eux le jour avant cela. Ailill dit alors: " Celui qui mettrait, dit-il, un lien à la jambe de chacun des deux captifs qui sont à la potence dans la maison des tortures aurait de moi une récompense pour cela, comme il le désirerait. Grande était l'obscurité de la nuit et son horreur; des démons se montraient toujours cette nuit là, et c'était très vite qu'il revenait à la maison. "J'aurai de toi la récompense, dit Nera, et je sortirai. - Tu auras en vérité mon épée à pommeau d'or", dit Ailill. Nera sortit alors et prit tout son courage pour aller aux captifs. Il attacha le lien à la jambe de l'un des deux captifs. Il sauta par trois fois : le captif lui dit alors que s'il n'y mettait pas un poinçon convenable, même s'il était là jusqu'au matin, il ne fixerait pas son propre poinçon. Nera fixa alors son poinçon après cela.

Pour Jean Markale, cela indique que le captif était pendu par les pieds. Et le lien placé sur un pied, libère un pied sur deux.

Le captif dit à Nera depuis la potence : "C'est viril, ô Nera. - C'est viril, en vérité, dit Nera. - Par la vérité de ton héroïsme, emporte-moi sur ton dos, pour que j'ai de la boisson de toi. J'avais grand soif quand j'ai été pendu! - Viens alors sur mon dos", dit Nera. Il alla alors sur son dos. "Où vais-je alors te porter? dit Nera. - A la maison la plus proche de nous", dit le captif. Ils allèrent alors à cette maison là. Ils virent quelque chose: un lac de feu autour de cette maison. Nera ramène le pendu d'où il venait, et revient au palais royal de Cruachan (Jean-François Kister, Des mégalithes, des légendes et des dieux, 1999).

La suite concerne la Maison Dieu (Les Feux de Fursy).

Pour Esus enfin, selon Lucain, on suspendait les victimes à un arbre et on les saignait. Peut-être s'agissait-il d'en faire des hommes- fruits pour nourrir la terre du liquide vital que constitue le sang ? Une curieuse résurgence de ce rite apparaît sur le jeu de tarots: le pendu, dont la carte porte le chiffre XII, l'est par les pieds et ce sont les arbres ébranchés qui soutiennent la potence qui saignent !

Les pendus des aventures de Nera font aussi penser aux pendus d'Esus.

Décomposé en E-sus, le terme aurait cette racine indo-européenne qui a donné le terme botanique de " suture ", su voulant dire " coudre ", et la totalité du mot, équipé de son préfixe privatif E, pouvant signifier " découdre ", pour caractériser une opération pratiquée sur les branches des arbres. Un tel sens évoquerait alors des verbes comme élaguer, émonder, ébrancher. Car le rite permet un écartèlement et une dislocation des articulations du patient de la même manière qu'Esus ou Cuchulainn élague un arbre et taille dans la forêt, puisque le héros irlandais coupe le bois où le taureau divin s'est enfui.

Le saint du jour

Saint Ronan naquit en Irlande, et parvint en Bretagne sur un rocher flottant (www.saintronans.co.uk).

Ronan fut en charge, à Rome, de la détermination de la date de Pâques pour les années suivantes : rôle très important, quand on sait tout ce qui tournait, à cette époque, autour de la plus grande fête religieuse de la chrétienté, entre autres, la détermination de la date des grandes foires. Venu à Tours pour la tenue d'un concile, il poursuit son voyage jusqu'à ce nemeton du bout du monde qui faisait tâche dans la Bretagne chrétienne. En effet, lorsque Ronan arrive dans la forêt de Nevet, sans doute vers le 7ème siècle, ce lieu est encore sous influence druidique. Le nemeton est toujours là, avec son panthéon de divinités liées au culte de la nature. Toute la région était évangélisée, les communautés chrétiennes, en provenance de Cornouaille ou du Pays de Galles, s'étaient installées tout autour de ce nemeton (Plogonnec, Ploeven, Plomodiern...) sans pouvoir y faire pénétrer la nouvelle religion. Le grand monastère de Landévennec brillait de tout son éclat. Au lieu de tenter de détruire le nemeton, il en fera une terre sacrée, où saints et saintes remplaceront les divinités celtiques : Ana deviendra Anne et Ronan lui-même prendra la place de Lug. Sa mission accomplie, il se retirera à Hillion, dans les Côtes d'Armor, où bourgs et chapelles ont conservé son souvenir. Saint Renan ne s'étant pas expliqué sur son lieu de sépulture avant sa mort, ses disciples déposèrent son corps sur un chariot attelé de bœufs qu'ils laissèrent aller librement, et ils le mirent en terre à l'endroit où les bœufs s'étaient arrêtés d'eux-mêmes. Histoire comparable pour Jaoua et Fursy. Il faudra attendre le IXème siècle pour qu'au retour de ses reliques son culte prenne des proportions si importantes que les Ducs de Bretagne y viendront eux-mêmes en pèlerinage (www.locronan.org - Au temps de saint Ronan/).

Ronan et les loups

Un jour, lisant un livre, à la porte de sa cellule, il aperçut un loup qui entrait dans la forêt, portant une brebis en sa gueule ; saint Ronan l'appelle et lui commanda de rendre la brebis, ce qu'il fit à l'instant, la mettant en ses pieds, et le Saint la rendit à son maître.

Quelques chrétiens, ne pouvant supporter l'éclat des vertus de saint Ronan, l'accusèrent d'être sorcier et lycanthrope. L'enfant d'une femme du voisinage étant mort, ils persuadèrent la mère du défunt de déclarer que le Saint, par ses sorcelleries, avait tué son fils et l'amenèrent à Quimper, où, en présence de Gradlon - grand monarque de Cornouaille, dont la capitale était "Ys, la belle", plus tard engloutie par les flots en punition divine de la dépravation de sa fille Dahut -, elle demanda justice de saint Ronan. Le saint ermite, cité à comparaître devant le Roy à Quimper, s'y rendit, en compagnie des Sergents et autres Ministres de Justice qui étaient venus le chercher. Étant arrivé à Quimper, il fut mis en prison et, le lendemain, mené au Palais, il réfuta toutes les accusations, rendant raison de sa vie et de toutes ses actions et pour confirmation de son innocence, il fit apporter le corps mort de l'enfant, et, en présence du Roy, de son Conseil et de toute sa Cour fit sa prière ; laquelle finie, prenant la main de l'enfant, il lui commanda, au nom de Jésus-Christ, de se lever ; le mort obéissant se leva sur pieds et fut rendu à sa mère, laquelle se jeta aux pieds du Saint, lui demanda pardon de sa calomnie; l'enfant aussi le déchargea entièrement. Le Roy Gradlon, ayant vu ce miracle fait en sa présence, honora fort saint Ronan qui s'en retourna en son ermitage (fr.wikipedia.org - Ronan, www.locronan.org - Au temps de saint Ronan/).

Les loups-garous étaient généralement pendus ou/et brulés surtout en France et en Allemagne. Guillaume Edelin fut pendu et brûlé à petit feu en 1453, pour avoir assisté au sabbat et s'être changé en loup-garou. En juillet 1493… " venaient à Paris les loups toutes les nuits, et en prenait-on souvent trois ou quatre à une fois, et étaient portés parmi Paris pendus par les pieds de derrière. " (vivre-au-moyen-age.over-blog.com).

Le 8 octobre 1598, Jacques Boullet, pour avoir tué et mangé le corps d'un loup garou, amende honorable, pendu, étranglé et brûlé. Jacques Rollet, le loup-garou d'Anjou Le 5 octobre 1598, le présidial d'Angers condamnait le vagabond Jacques Rollet à être pendu et brûlé. Sébillot a vu dans les Côtes-du-Nord, vers 1860, un loup accroché à une haute branche d'un chêne au croisement d'un chemin vicinal et d'une route forestière.

Récemment, " la bête était accrochée à un arbre, contre le local des chasseurs. Pendue par les pattes arrière. C'était un loup. Un mâle de trente kilos, dont l'âge a été estimé entre 2 et 4 ans. Un jeune adulte "en excellente santé", selon un connaisseur de l'espèce. On l'a retrouvé mort le 19 novembre au matin à Allevard, en Isère. Flanqué d'une pancarte où était écrit: "Ras le bol du loup." Les agents de l'Office national de la chasse et de la faune ont constaté qu'il avait été tué par balle. La mort remontait à deux ou trois jours. Ils ont transporté le loup à Grenoble pour autopsie. " (Jacky Durand, Les gendarmes sur les traces des tueurs de loup).

Dans la littérature le mythe du loup pendu est vivace.

" Jamais loup, garou ou non garou, n'en a franchi le fossé ni la poterne, autrement que pendu par une hart à une perche de coudrier " (Alexandre Dumas, Le meneur de loups). Plus anciennement, chez Eustache Deschamps : " Pour quoy pant on le lou ? Pour ce qu'il emble Tue et ravist plus que beste qui soit, Pour ces trois cas est pandus, ce me semble ".

Un des contes gascons publiés par M. Bladé, le Loup pendu raconte qu'un homme dégage un Loup, qui accidentellement s'était pendu par la patte à la fourche d'un chêne. Le loup dépendu par l'homme veut le dévorer ; la chienne et la jument consultées lui donnent raison à cause de l'ingratitude humaine, mais le renard fait remettre le loup dans son ancienne position.

Un passage de la Topographie de l'Irlande de Giraud de Barri (Giraldus Cambrensis, Giraud le Gallois) note que " Pour une faute qui nous reste inconnue, un couple marié se trouve transformé en loups par la malédiction d'un saint prêtre (per imprecationem sancti cuiusdam). Pendant sept ans ils doivent vivre tous deux comme des loups dans les forêts d'Irlande. Au bout de ce laps de temps, s'ils sont toujours vivants ils reprendront leur première forme tandis que deux autres personnes prendront leur place et seront métamorphosées en loups. La transformation est un châtiment de Dieu. Autre cas: un récit du milieu du XIIIème siècle, écrit en vieux en vieux norrois, raconte que saint Patrick prêchait à des Irlandais. Or ils se mettent à hurler contre lui comme des loups. Voyant cela, le saint prie Dieu de les punir pour que leurs successeurs se gardent de désobéir. Immédiatement, les fautifs sont transformés en loups: ils courent les bois, vivent comme des loups, tout en gardant raison humaine. Au bout de sept ans ils recouvrent leur forme première. On a évidemment affaire ici à une histoire christianisée " (Philippe Ménard, Histoires de Loups-Garous, Les grandes peurs, Volume 2, 2003).

Ronan et les ducs de Bretagne (voir Vertus/fées : Force, Tempérance, Justice, (Prudence))

C'est à Locronan (anciennement Loc-Renan-Ar-Coat-Nevent en breton) dans le Pays de Cornouaille, où le corps de Saint Ronan fut enseveli. Une partie des reliques du Saint est demeurée dans cette église, bien que la plus considérable fut transférée dans la Cathédrale Saint-Corentin de Quimper et détruite pendant la Révolution.

A Locronan, on venait, implorer le saint local pour obtenir " hoir (héritier) de son corps ". A la fin du Moyen Age les rites de fécondité y demeuraient très vivaces : la troménie, sorte de procession dont la célébration solennelle, se déroule tous les six ans, garantissait la postérité des lignages. N'y a-t-il pas, sur son parcours, une certaine chaise (kador) de saint Ronan, où venaient s'asseoir les femmes désireuses d'avoir des enfants ? Tour à tour, les ducs et les duchesses s'y rendirent en pèlerinage : ainsi, Jean V, le 20 juin 1408. Dans un mandement postérieur, il déclarait : "" comme feu mon père que Dieu pardoint et notre très redoubtée dame et mère sa compaigne la duchesse, à présent reyne d'Angleterre, autrefoiz feussent allez par grant dévocion en pélerinage à l'église dudit lieu de Sainct Ronan du Boys...", et, précisait-il, des faveurs leur furent accordées "à nostre naissance "

Cette reine d'Angleterre est Jeanne de Navarre, épouse de Henri IV que nous avons rencontré avec le Bateleur.

Pierre II et François II eurent pour saint Ronan une dévotion toute particulière, afin qu'il leur permît de " prospérer en fruit et lignée ". Il en fut de même pour Anne de Bretagne ; et, en signe de remerciements, elle prénomma sa fille Renée, transcription en usage au XVIème siècle du prénom de Ronan. De là vint l'extrême sollicitude des ducs envers l'église de Locronan, qu'il n'est pas exagéré de qualifier de " sanctuaire dynastique " (Christiane Prigent, Pouvoir ducal, religion et production artistique en Basse-Bretagne de 1350 à 1575, 1992).

Ogham : ronces

Pour n'avoir pas à châtier les gens qui les avaient proférées, il décida de s'enfoncer plus avant dans les terres et, ayant retroussé les pans de sa robe d'ermite, il se mit en route vers d'autres climats Le rocher sur lequel il avait traversé les flots et qu'il appelait sa " jument de pierre " le suivit dans ce nouvel exode. Ils s'engagèrent dans de ténébreuses forêts dont les arbres se souvenaient d'avoir été des Dieux. Parfois, des fourrés inextricables entravaient leur marche. Parfois, des fourrés inextricables entravaient leur marche. Ronan faisait alors tinter sa clochette, et les ronces, pâmées, se désenlaçaient d'elles-mêmes (La Revue hebdomadaire, Volume 3,Numéro 24, 1894).

L'Amoureux - 1er septembre

Fergus Mac Roeg (fils de Roeg) est, dans la mythologie celtique irlandaise, le roi d'Ulster avant le règne de Conchobar Mac Nessa. On le décrit comme un géant, aussi fort que sept cent hommes. Ses repas se composent de sept bœufs et de sept porcs et il lui faut sept femmes tous les soirs (ses testicules ont la taille de sacs de farine). En contrepartie de son mariage avec Ness, celle-ci exige qu'il confie la souveraineté de son royaume à son fils Conchobar, pour une durée de un an. Mais, passé ce délai, les Ulates (habitants de l'Ulster), satisfait du nouveau roi, refusent le retour de Fergus. Les deux adversaires se battent toute une journée et le roi dépossédé de son royaume doit s'exiler en Connaught chez la reine Medb et le roi Ailill, dont il devient le chef de l'armée, après avoir incendié Emain Macha la capitale des Ulates. Il épouse Deichtire, la sœur de Conchobar. Pendant la Táin Bó Cúailnge (La razzia des vaches de Cooley), il est aux côtés de Medb dont il est devenu l'amant. Mais Ulate lui-même, sa sympathie va à Cúchulainn et ses compatriotes. Ailill mac Mata, dans un accès de jalousie, le fait assassiner par un de ses sbires (fr.wikipedia.org - Fergus Mac Roeg).

Dans les Aventures de Nera, Bricriu insulte Fergus en comparant sa voie chantante à un braillement de veau. Fergus réagit en lui enfonçant une pièce du jeu de findchell dans la tête en lui cassant un os du crâne. Et dans le Táin Bó Flidhais, Bricriu organisa une rencontre entre Flidais, épouse d'Ailill Finn, " Emperor of Erris ", et le héros d'Ulster, Fergus mac Roich. Le coup de foudre qui résulta de cette rencontre, amena Fergus à envahir Erris.

Le saint du jour

Saint Sceallan, d'Ard-Macha ou Armagh, fut atteint de la lèpre au IX ou Xème siècles.

Sceallan en ancien anglais désigne une coquille ainsi que les testicules. L'anglais moderne nuts et sceallan se réfèrent à des organes porte-graines. Dans la Mort d'Artu de Thomas Malory, Morgan la Fay veut faire prisonnier Alisaunder pour coucher avec lui. " Oh Jesu defend me ! " dit-il, "I had liefer cut away my hangers than I would do her such pleasure." (Mark Steven Morton, The Lover's Tongue: A Merry Romp Through the Language of Love and Sex, 2003).

Ogham : pomme (ubull) plutôt que bruyère (ur)

Dans La maladie de Cuchulainn, ubull est mentionné (The Atlantis, Volume 2, Dublin. University College, 1859).

C'est association de la lettre oghamique u avec ubull, la pomme, est proposée à partir du Conte de Baile à la claire voix où tablette de pommier et tablette d'if (i) se rassemblent comme se lie du chèvrefeuille (diphtongue ui) sur une branche. On en déduit que pommier peut être symbolisé par le u (Itinérance/pénitence : Mat, Etoile, Pape, Ermite).

Le Diable - 1er décembre

A Euffignex (Haute-Marne) le sculpteur indigène a figuré le dieu à trois têtes qui voit et entend tout, simplement en personnage masculin dont manque le sommet de la tête pour jamais savoir s'il était bel encorné, mais qui a le cou cerclé du fameux torque ; et sur son flanc gauche est figuré un œil, tandis que le droit, selon R. Joffroy, semble avoir porté une oreille, ce qui est bien le minimum pour suggérer l'omnipotence visuelle et auditive de cet être-là, implicitement surhumain. Le philosophe anglais Hobbes note par exemple, en bien des passages, la difficulté à distinguer prophétie, folie, ivresse, hallucinations, inspiration, possession, enthousiasme ou même tout simplement " ventriloquie " lorsqu'il fait remarquer par exemple au chapitre XXXVII qu'un ventriloque "peut faire croire à beaucoup que [sa propre voix] est [en réalité] une voix venue du ciel, quoi qu'il se plaise à leur raconter". La possession, comme l'indiquent certains passages du Nouveau Testament, se manifeste d'ailleurs parfois comme une ventriloquie. Les rois de France devinrent chacun un alter ego d'Ogmios [figure celte légendaire qui joignait à sa force herculéenne une éloquence peu commune] et l'incarnation de l'art oratoire. Lorsque Henri II fit son entrée à Paris en 1549, l'Hercule gallique, en roi de France, se tenait au-dessus de l'arc, des chaînes qui partaient de sa bouche reliant à lui les représentants des quatre états. Bredekamp fait remarquer le gauchissement de cette figure chez Hobbes, qui, substituant le Léviathan à l'Hercule de l'éloquence, "discrédite l'éloquence pour la remplacer par les moyens de liaison et de conduite de la peur (Julie Saada, Hobbes, Spinoza ou les politiques de la Parole, 2009).

Un exemple sculpté de Cernunnos, la statuette de bronze dite d'Autun, et conservée au musée de Saint-Germain, figure un personnage masculin, barbu et chevelu, avec sur le haut de la tête, deux trous qui ont servi sans doute à sceller des bois de cerf. Le cou paré du collier celtique, le dieu est assis, dans la pose bouddhique, sur un trône à coussins, et il porte des victuailles ou richesses (fruits et collier) vers lesquelles pointent les têtes de deux serpents criocéphales, qui lui ceinturent le corps et confirment ainsi l'assimilation. Mais ce qu'il y a de plus curieux dans cette représentation, c'est que deux petites têtes sont accolées à droite et à gauche, au-dessus des oreilles, comme pour nous rappeler une écoute ou une surveillance auditive qui caractérise le dieu et le rend propice.

Nous avons là aussi une représentation d'Ogmos, alias Ogma, dieu-champion irlandais, qui semble la traduction d'un surnom gaulois, car ce dieu captivant est à rapprocher du grec ogmos : celui qui entraîne en file à sa suite. "Frère" obscur et violent du Dagda (un peu à la manière du couple védique Mitra / Varuna), Ogme, le "Lieur", est un dieu guerrier, maître du verbe et de la magie, dont le caractère inquiétant est mis en évidence par de nombreux surnoms évocateurs comme Elcmar (le "Mauvais" ou l'"Envieux"), Celtchar (le "Rusé") ou Labraid (le "Parleur"). Cette divinité est attestée en Gaule sous le nom d'Ogmios sur des tablettes d'exécration d'époque gallo- romaine et par un long passage de Lucien de Samosate (Discours, Hercule, IIème siècle de notre ère) qui le décrit sous la forme d'un vieillard équipé à la manière d'Herakles (massue, arc et peau de lion) tenant une foule de jeunes gens liés par les oreilles à des chaînettes d'or qui partaient d'un anneau fixé à sa langue (symbolisation du pouvoir de l'éloquence). Ogme a donné son nom au seul alphabet vraiment celtique: les ogam.

Le thème de l'enchaînement à un dieu est une image qui appartient au patrimoine religieux français. Le dieu Ogmios ou Ogmius des gaulois, un vieillard chauve et à la peau ridée, traîne ainsi un grand nombre d'hommes et de femmes enchaînés à sa langue. "Bien qu'ils fussent faiblement attachés, ils ne voulaient pas s'enfuir, mais le suivaient gais et joyeux, en le comblant d'éloges." Notre dieu à nous, ou plutôt notre diable, nous fait penser à une autre divinité, celtique celle-là ; il s'agit de Cernunnos, "(…) un homme âgé, peut-être chauve, avec des oreilles et des bois de cerf. (…) le cerf, à cause du renouvellement périodique de ses bois, est un des symboles de la création continuelle et de la renovatio. (…) il était en outre un des symboles les plus notoires de la fécondité, mais aussi animal funéraire et guide des morts. (…) On n'a qu'à penser à la lutte longue et dure de l'Église contre le travestissement en cerf (cervulo facere) pour apprécier l'importance religieuse du cerf (…)." Les bois du cerf sont également un symbole du Temps. L'image du diable du Tarot semble bien emprunter certains éléments à ces deux dieux. Si on pouvait trouver un lien entre le four du diable et la langue d'Ogmios… Pourtant les bois du cerf sont associés tant à la croix du Christ qu'au mercure philosophal des alchimistes (tarotchoco.quebecblogue.com - L'axe Pape Diable/).

La période automnale, qui marque avec la fraîcheur toute nouvelle du climat une pointe de mortalité humaine corrélative, pouvait être ainsi encore plus facilement associée à des thèmes de résurrection, de pérennité de la vie, puisqu'elle donnait lieu, parallèlement, et à l'enfouissement du grain, et à de plus pénibles enterrements. Or c'est aussi le temps où les cervidés mâles commencent à afficher de belles ramures, et où le cor est dans toute sa prestance d'accompagnateur ou de géniteur. Son rôle de psychopompe n'en pouvait prendre que plus d'éclat en cette période de la fête celtique de Samain, date la plus importante de l'année irlandaise, et que le christianisme a entériné par la fête de la Toussaint.

Compte tenu de l'iconographie et du rite une tentative d'interprétation du nom d'Esus peut-elle être faite ? Décomposé en E-sus, le terme aurait cette racine indo-européenne qui a donné le terme botanique de " suture ", su voulant dire " coudre ", et la totalité du mot, équipé de son préfixe privatif E, pouvant signifier " découdre ", pour caractériser une opération pratiquée sur les branches des arbres. Un tel sens évoquerait alors des verbes comme élaguer, émonder, ébrancher. Car le rite permet un écartèlement et une dislocation des articulations du patient de la même manière qu'Esus ou Cuchulainn élague un arbre et taille dans la forêt, puisque le héros irlandais coupe le bois où le taureau divin s'est enfui. Mais rapproché du grec " Esuchos " (le Sécurisant) l'Esus-Mars gaulois, à l'iconographie débonnaire de soldat-paysan, y gagnerait même la cohérence. L'idée qui se dégage de l'étymologie proposée est alors celle de la placidité. Or dans les légendes populaires le bûcheron reste le symbole d'une vie rude mais pacifique. Nous disons encore en français non seulement " se bûcher ", c'est-à-dire se battre comme le Grand Ferré, mais aussi " bûcher " à la place de " travailler fort ", et cela même dans le domaine intellectuel. En ayant un patronyme Esunertos - " qui a la force d'Esus " - notamment celle du bûcheron, la langue gauloise préfigurait donc la nôtre, pour l'une de ses images coutumières, celle d'une force rassurante. Enfin il faut remarquer que le verbe " bûcher ", même au sens littéral, signifiait originellement abattre branches et arbres pour une recherche en forêt, ce qui correspond au thème même de l'iconographie d'Esus et de Cuchulainn, laquelle illustre leur vocation dissuasive, sans plus.

Il y a donc de fortes chances pour qu'Esus soit une version celtique d'Héraclès, et, par le jeu des identités iconographiques, puisse être, simplement, un autre qualificatif du grand dieu qui s'appelle aussi Cernunnos ou Smertrios et qualifié, en l'occurrence, de " Pacifiant ".

Ayant donc, à travers maints personnages ou symboles et animaux associés, tenté de cerner au maximum la personnalité d'Esus-Cernunnos-Teutatès, cette longue démarche nous a fait sinuer entre divers dieux de la mythologie classique, avec une assimilation du Dis pater difficilement réductible à tel ou tel d'entre eux. Pour cela déjà nous partagerions volontiers l'opinion de Lambrechts ou de Thévenot selon laquelle les Gaulois adoraient un dieu unique, omniprésent et polyvalent, ce qui expliquerait les variantes iconographiques qu'il a prises au contact des religions gréco-romaines, lorsque nous nous cantonnons, par exemple, au seul épithète de (C)ernunnos. Encore que la position moins extrême de J.-J. Hatt, faisant dudit encorné, d'Esus et de Smertrios un même personnage divin ne soit pas, non plus, en contradiction avec ce qui vient d'être proposé (Charrière Georges, De Cernunnos à Gargantua).

Le saint du jour

Saint Nessan, disciple de saint Barr est différent de Nessan of Mungret, qui meurt en 552. La fête de saint Nessan est observée à Cork le 17 Mars, et le 1er décembre. Sa date de décès est inconnue (Thomas Walsh, History of the Irish hierarchy, 1854).

Nessan a été éduqué dans l'école ou le monastère fondé par saint Barr près de Lough Eire. Nessan est connu pour son combat contre le diable alors qu'il séjournait à Howth. Il était assis sur un rocher, lisant ce qui est connu comme le Book of Howth, quand Satan le tenta. Nessan lui jeta le livre dessus si bien que le diable chuta terriblement créant une dépression dans les rochers. Il est aussi réputé le fondateur de la ville de Cork, située dans de petites îles marécageuses formées par la Lee (Archie Bell, The spell of Ireland, 1931).

Héraklès (Hercule chez les Latins) recouvre une divinité primitive celtique représentée sous l'aspect d'un géant guerrier et fondateur de villes. La tradition irlandaise l'appelle Ogma (c'est le fameux Ogmios gaulois) ou Dagda (le dieu bon).

Ogham : groseillier

Le groseillier semble associé au diable dans plusieurs régions d'Europe.

Saint Pierre plante la vigne, le diable la groseille à maquereaux (Yougoslavie) (Joan Amades, Marlène Albert-Llorca, Des étoiles aux plantes: petite cosmogonie catalane, 1994).

On disait autrefois aux enfants que l'on faisait les Rogations pour chasser le diable qui était dans les groseilles.

Old Gooseberry est une appellation du diable en Angleterre, mentionnée seulement en 1796 dans un dictionnaire de slang. Gooseberry fool, lui, apparaît en 1719 (blog.oup.com - Gooseberry).