Partie X - 22 v’la l’Tarot   Chapitre I - Passe-moi le celte   Itinérance/pénitence : Mat, Etoile, pape, Ermite   

D'après Séamus Mac Mathuna, si les echtrae insistent sur la promesse de délices, bonheur et jeunesse éternelle au Mag Mell, les immrama se concentrent sur l'expiation et la purification, destinées à racheter un péché criminel ou tout simplement le péché adamique qui nous tient loin de Dieu (Corin Braga, Le paradis interdit au Moyen Âge: La quête manquée de l'Avalon occidentale).

Lorsque Colomban partit convertir les païens de la région de Bregenz, il entendait avant tout accomplir, grâce au soutien de Théodebert II, son idéal irlandais de peregrinatio, en quête du salut personnel ; la charge de l'apostolat ne constituait - il le reconnut lui-même - qu'un à-côté de l'exil pénitentiel volontaire.

Certains n'ont pas reculé devant une coupure plus radicale d'avec le monde terrestre en rompant toutes les amarres qui les y rattachaient : anxieux de se rapprocher davantage de Dieu, ils ont pénétré le désert liquide qui se proposait à eux, confiants que leur navigation les mènerait aux Iles Fortunées, ces ultimes avant-postes du Paradis : la plus ancienne version du voyage merveilleux de saint Brandan vers la terre de félicité est contenue dans la Vie du Breton Malo (Cassard Jean-Christophe. Les navigations bretonnes aux temps carolingiens).

Le Mat - 15 février

Cuchulainn porte primitivement le nom de Setanta ("Cheminant" qui est l'action du Mat) qu'il échangera contre celui de Cuchulainn après avoir tué le chien du forgeron Culan. Peu avant de mourir, le héros de l'Ulster, Cuchulainn, est attaqué par trois chats furieux que certains auteurs désignent comme trois sorcières dont il a repoussé les avances, filles de Calatin. La carte de Noblet montrerait bien à quoi le " chat " s'attaque.

Dans les Echtra Nerai (Les aventures de Nera) et dans d'autres sources : il y aurait des animaux destructeurs à Cruachu ou Cruachan, un centre majeur de la religion primale irlandaise, situé en Connacht. L'endroit serait l'accès à l'enfer selon un texte datant du IXe siècle. Ce site, connu sous le nom " la Caverne des Chats " - un nom fort significatif dans ce contexte - serait en effet un endroit d'où venaient des animaux destructeurs - des êtres tricéphales, des cochons et des oiseaux. Qu'un chat poursuive le chien de Culan, si on interprète la lame ainsi, créé un effet comique dont maints exemples se trouvent dans la saga de Cuchulainn. Cette carte est l'alpha et l'omega du tarot le début et la fin de la vie de Cuchulainn (tel.archives-ouvertes.fr).

Le nom gaulois de "Mat"

Si un composé Arto-genos, " Fils d'Ours ", explique le nom du roi gallois Arthgen et peut-être du légendaire roi Arthur, le nom d'homme Matu-genos signifie aussi " fils de l'ours ". Or le même radical " Mat " se retrouve dans le calendrier gaulois de Coligny pour situer les mois supérieurs et plus forts que la durée moyenne de la lunaison à laquelle ils sont associés. En d'autres termes la qualification de " supérieur " ou de " plus fort ", qu'on peut étymologiquement associer au nom celtique du plantigrade, recoupe sans ambiguïté ce que l'éthologie nous apprend sur la bête (Charrière Georges, De Cernunnos à Gargantua).

Le saint du jour

Saint Berach naquit en Irlande. Il paraît que saint Patrice, parcourant la région, avait annoncé qu'il y naîtrait un apôtre dont la mission serait de convertir ses compatriotes. Les parents voulaient le nommer Fintan, mais l'oncle maternel, Frégius, qui le baptisa, changea ce nom en celui de Bérach (latin, Barrachius) et déclara qu'il se chargerait de son éducation. A sept ans, l'enfant fut confié à l'évêque Daigh (Dagaeus) qui tenait une école à Inscavin.

Un jour Daigh l'envoya à un Moulin de Magh Muirtheimhne avec un sac de blé pour le mourdre. Il y trouve une femme et son garcon qui avaient un sac d'avoine. Berach leur demanda de passer leur tour ce qu'ils refusèrent en mélangeant blé et avoine ensemble. Par miracle le moulin sépara les deux (brigid-undertheoak.blogspot.com - Saint Berach-of Kilbarry).

La légende attribue aussi à Bérach un miracle de résurrection. Daigh, informé du prodige, ne s'estima pas digne d'instruire plus longtemps cet enfant. Il lui conseilla d'aller se mettre sous la conduite de saint Kévin, à Glendalough. Au moment de le congédier, Daigh lui donna un bâton et une clochette, qui furent plus tard conservés à Glendalough comme des reliques.

Les initiés portent comme insigne un rameau de métal précieux chargé de clochettes, et qui est un rameau de l'Arbre de Vie. En effet, les rameaux que les dieux psychopompes présentent aux hommes qu'ils appellent dans l'Autre Monde sont des rameaux mélodieux.

Kévin, mystérieusement prévenu de l'arrivée de Bérach, l'admit volontiers au nombre de ses religieux et, après une année de noviciat, reçut sa profession, lui confia l'administration des biens du monastère. La légende donne ici toute une série de miracles opérés par Bérach dans l'exercice de sa charge. Au bout de quelques années, Béraeh fut averti par un ange qu'il devait quitter Glendalough. Il demanda la bénédiction à Kévin et dit adieu à ses frères. A la sortie du monastère, il vit venir à sa rencontre un cerf qui devait le guider. On s'arrêta à un endroit appelé par Bérach Cluain Coirpthe (c'est-à-dire le champ de la corruption) parce que dix-huit hommes y avaient été tués et que leurs cadavres y étaient restés sur place. Bérach se mit en prière et obtint du Seigneur leur retour à la vie. Peu de temps après, un magicien se présentait, revendiquant des droits sur la possession de ce terrain. Le litige fut porté devant le roi écossais Aedan, qui, d'abord plein de mépris pour Bérach, finit par se prononcer en sa faveur. Ce fut l'occasion de la fondation de Kilbarrach ou église de Bérach. Cette fondation est tenue pour légendaire, comme aussi celle de Cluain-Coirpthe, dont Bérach fut abbé. Autour de ce monastère se forma plus tard le bourg de Kilbarry. C'est là que mourut Bérach, vers 600, en odeur de sainteté. Il a toujours été en grande vénération dans le pays; les calendriers et les martyrologes irlandais marquent sa fête au 15 février (home.scarlet.be - 15 février).

Bérach serait aussi le protagoniste d'une navigation.

Les moines irlandais se servaient aussi, pour voguer sur les fleuves et les lacs, de canots légers en bois, dont Giraldus disait qu'un coup de queue d'un saumon suffirait pour les faire chavirer. Saint Colomban s'inquiéta de ces frêles esquifs, un jour où il put prévoir, pour ses moines, un péril extraordinaire. L'un des frères, nommé Berach, se préparant à aller à l'île d'Eig, se présente, le matin, à saint Colomban et le prie de le bénir au moment de son départ. " Mon fils, dit le Saint, prends garde aujourd'hui à ta navigation. N'essaie pas de traverser la mer en te dirigeant en ligne droite sur l'île d'Eig. 11 faut plutôt faire un circuit et côtoyer les petites îles. Si tu prenais le large, tu aurais la vue d'un objet capable de t'effrayer, et tu courrais un grand danger. " Berach reçoit la bénédiction du Saint et s'embarque, sans plus donner d'attention à son avis. Il prit la pleine mer avec les marins qui le conduisaient. Mais bientôt ils voient se dresser sur les vagues une masse prodigieuse. C'était une énorme baleine qui nageait à fleur d'eau. Les marins terrifiés, mettent bas la voile et retournent en arrière. Le curraich échappe à grand peine, à l'agitation des flots bouleversés par la marche du monstre marin. Ils reconnurent la vérité de l'avis prophétique de l'abbé d'Iona. Comme, le même jour, Baithen devait se rendre dans la même île, saint Colomban, dès le matin, lui dit à ce propos : " Au milieu de la nuit passée, une énorme baleine s'est soulevée du fond de l'océan; et aujourd'hui elle va se tenir à la surface, entre les îles d'Eig et d'Iona." Baithen répondit : " Moi et cet animal de l'océan, nous sommes sous la puissance de Dieu. - Vas en paix, lui dit le Saint, ta foi en Jésus* Christ te protégera contre ce péril. " Bailhen reçoit la bénédiction de l'abbé et s'éloigne du port. A une assez grande distance en mer, ils aperçurent la baleine. Ses compagnons furent saisis de frayeur; mais lui, sans se troubler, élève ses mains en priant, et il bénit la mer et le dangereux animal. Au même instant, cette masse animée se plonge dans la profondeur des flots et ne reparut plus (Florent Richomme, Esquisse historique sur le T.R.P. Roothaan, XXIe général de la Compagnie de Jésus, 1861).

Ogham : Saule

La légende raconte que saint Berach fit mûrir des pommes sur un saule. Un jour Berach et Faelan passèrent près d'un beau saule à Glendalough. Faelan réclama des pommes. '"Dieu est capable de tout", dit Berach, et les pommes apparurent sur le saule.

L'Etoile - 17 mai

Les 8 étoiles sont 7 + 1 et pourraient représenter les 7 Canaries parmi lesquelles brille l'Île San Borondon (l'île de saint Brendan). De nombreux témoignages recueillis par Vieja Y Clavigo portent sur une île que l'on aperçoit au large des trois îles les plus occidentales des Canaries (Hierro, Gomera, La Palma), en direction de l'Ouest, lorsqu'un vent fort se lève (il semblerait que ce soit tantôt un vent venu d'Afrique, tantôt venu de l'Ouest). L'île est si proche et si évidente que l'on peut distinguer deux monts élevés et une vallée boisée profonde. Nul doute que ce ne soit l'île de Saint Brendan, moine irlandais du VIème siècle dont le récit des voyages en mer enchanta tout le moyen-âge européen : cette île vue au large des Canaries (elle en serait la huitième) est donc nommée île de San Borondon (altération de saint Brendan). Le bruit qui courut sur les apparitions de cette île est sans doute postérieur à la découverte et à la conquête des Canaries parce que si les historiographes de Bethencourt le grand avaient acquis des précisions à son sujet, il est certain qu'ils ne se seraient pas résolus à ne pas la mentionner. Mais il est attesté que depuis le début du XVIème siècle, la renommée de cette nouvelle terre posait un problème à l'entendement des gens du pays comme aux étrangers. Le portugais Luis Perdigon rapporte qu'alors déjà, le roi du Portugal avait fait don de cette île à son propre père, s'il la découvrait un jour de telle sorte que lorsque fut signé le traité de paix d'Evora (le 14 juin 1519) où la couronne du Portugal céda au roi de Castille ses droits sur la conquête des Canaries, on mentionna parmi celles-ci la "Non-Trouvée", la "Cachée" (Joseph Vieja y Clavigo , Notices de l'Histoire générale des îles Canaries, trad. Y. Le Mahieu, " San Borondon ", 1772, www.nostradamus-centuries.com - Centurie VI, 70).

L'illustre auteur du Théâtre critique qui fit avec tant de succès la guerre aux contrées imaginaires était favorable à l'idée selon laquelle notre île est peut-être une des autres îles Canaries vue par réflexion dans quelque nuage de la qualité d'un miroir : " J'ai observé dernièrement que même quand s'imprime au fond des yeux l'image parfaite de l'île telle qu'on la voyait depuis l'île de Hierro, on ne peut déduire de là que ce soit réellement cette île. Deux célèbres phénomènes se dégagent de ce qui semble un paradoxe. Le premier est une apparence que les habitants de la ville de Reggio dans le royaume de Naples nomment Morgana. Le Mirage de la Fée Morgane (Fata Morgana) consiste en la réflexion sur l'eau de la ville de Messine toute proche.

Si Morgane peut certes parfois se changer en corneille, il semble que son assimilation à la déesse irlandaise Morrigan soit abusive. Le nom " Morgane " vient du brittonique alors que " Morrigan " (Morrigu au nominatif) signifie " grande reine ". Morgane incorpore cependant plusieurs aspects des triples déesses celtes. Son entrée dans le cycle est " récente " ; absente de la tradition galloise, c'est Geoffroy de Monmouth qui l'introduit en 1132 (Florence Bourgne, Un espace colonial et ses avatars : naissance d'identités nationales, Angleterre, France, Irlande, Ve-XVe siècles, Volume 42 de Cultures et civilisations médiévales).

Et s'il faut croire, malgré tout, qu'il existe un paradis terrestre, en un endroit inaccessible, quel meilleur endroit que l'île de San-Borondon, qui, en plus d'être une des îles fortunées, ou îles heureuses dans lesquelles les païens plaçaient le paradis, a la propriété de s'offrir aux yeux et de s'échapper des mains ? L'Irlande et l'Ecosse sont beaucoup plus loin de l'Amérique que les Canaries. Cela est donc tout à fait possible puisque sur les rives de ces contrées on a recueilli à de nombreuses reprises des fruits du nouveau monde, et même, aux îles Açores sont parvenues des pirogues et des cadavres d'Indiens. Quand les mythographes disaient que les sept filles d'Atlante se transformèrent en sept étoiles nommées Atlantides ou Pléiades, peut-être avaient-ils pris cette idée dans le nombre de ces sept îles qui ont toujours été considérées comme une dépendance ou un prolongement du mont Atlante.

Le nom "Pléiades" est un dérivé du mot grec signifiant naviguer. Ce font sept étoiles qui font au derrière du signe du Taureau. Le lever des Pléiades est vers la fin du Printemps, et vers le commencement de l'Eté. C'est pourquoi elles marquent le temps propre à la navigation. Leur réapparition au commencement de novembre signale le début du gros temps, dangereux pour les navires. Le Calendrier de Cordoue porte le lever des Pléiades à une date correspondant au 15 mai (Pierre Richelet, Dictionnaire de la langue françoise, ancienne et moderne, Volume 2, 1759, bcs.fltr.ucl.ac.be).

Dans l'Etat de New York, comté de Putnam, sur la Route 301 à Kent Cliffs, dans la vallée de l'Hudson, se trouve un abri qui pourrait être d'origine irlandaise. Sur une pierre sont gravées sept marques qui pourraient être les Pléiades (Philip Imbrogno, Marianne Horrigan, Celtic Mysteries Windows to Another Dimension in America's Northeast, 2005).

Morgane et Cuchulainn, la corneille

Dans les Aventures de Nera, sa femme qui, pendant tout ce temps, est allée chaque jour porter un fagot au roi du Sid, lui présente son fils et un magnifique troupeau de vaches. Elle précise qu'elle a donné l'une de ces vaches à son fils. Alors Néra s'occupe du troupeau et va le faire paître. Mais, " tandis qu'il dormait, la Morrigane prit la vache de son fils et la fit couvrir par le Brun de Cualngé, à l'est de Cualngé. La Morrigane revint vers l'ouest avec la vache. Mais le veau de la vache de son fils rencontre un taureau fameux, le " Beau Cornu d'Aé ", qui est l'animal merveilleux d'Ailill, et qui sera l'adversaire du Brun de Cualngé dans la Razzia. Le veau est mordu par le Beau Cornu et meugle. A Cruachan, on entend le meuglement et on se demande ce qui le provoque, ce qui déclenche une querelle entre Fergus et le trop fameux Bricriu à la langue empoisonnée, toujours prêt à semer la zizanie dans une assemblée à laquelle il participe.

Morrígan a une relation ambiguë avec Cuchulainn. Dans le Táin Bó Regamna (The Cattle Raid of Regamain), Cúchulainn la rencontre alors qu'elle conduit une génisse hors de son territoire. Il la défie et l'insulte, s'attirant son inimitié. Elle lui lance des menaces et lui prédit sa présence à un de ses combats et l'avertit : " Je garde ta mort ". Dans le Táin Bó Cúailnge (la razzia des vaches de Cooley), sous l'apparence d'une belle et jeune fille aux sourcils roux, elle tente de séduire Cúchulainn, qui refuse ses avances. Elle le menace sous l'aspect de différents animaux (loup, génisse) et, pendant qu'il combat, elle s'enroule autour de sa cuisse en prenant la forme d'une anguille. Le héros s'en défait et la blesse. Il est alors absent du combat pour un long moment, mais lorsqu'il revient combattre, il aperçoit une femme qui lave ses vêtements ensanglantés dans la rivière. Il sait alors que son heure a sonné.

Dans une version de la Mort de Cuchulainn, comme le héros chevauche pour aller sur ses ennemis, il rencontre Morrígan qui sous la forme d'une vieille sorcière lave une armoire sanglante dans un gué, signe de sa mort. Plus tard, alors qu'il est mortellement blessé, Morrigan, sous la forme d'une corneille, est posée sur son épaule. Morrígan apparaît dans le Lebor Gabála Érenn (XIIème siècle) parmi les Tuatha Dé Danann comme la fille d'Ernmas, petite-fille de Nuada (en.wikipedia.org - The Morrigan).

Morrigan créatrice de la rivière Unius

La lame de l'Etoile présente la femme nue versant deux urnes abondant une source. Lors des événements préparatoires de la bataille de Maighe Tuireadh, près de Samain, le Dagda vint dans sa maison dans le nord à Glenn Etinn. Près de la rivière Unius qui coule vers le sud, il rencontre Morrigan alors qu'elle se lavait, un pied de chaque côté de la rivière dont elle est à l'origine selon certaines sources. Le Dagda et Morrigan s'unissent charnellement et concluent un accord pour tuer le roi des Fomoire Indech mac De Domnann (fr.wikipedia.org - Cath Maighe Tuireadh).

Le saint du Jour

La légende de saint Brandan est sans contredit le produit le plus singulier de cette combinaison du naturalisme celtique avec le spiritualisme chrétien. Le goût des moines hibernais pour les pérégrinations maritimes à travers l'archipel-tout peuplé de monastères- des mers d'Ecosse et d'Irlande, le souvenir de navigations plus lointaines encore dans les mers polaires, fournirent le cadre de cette étrange composition, si riche d'impressions locales. Pline nous apprend que déjà de son temps les Bretons aimaient à se hasarder en pleine mer pour chercher des îles inconnues; M. Letronne a prouvé qu'en 795, soixante-cinq ans par conséquent avant les Danois, des moines irlandais abordèrent en Islande et s'établirent sur le littoral. Les Danois trouvèrent dans cette île des livres irlandais, des cloches; les noms d'une foule de localités attestent encore le séjour de ces moines, désignés du nom de papae (pères). Aux îles Fœroë, dans les Orcades et les îles Shetland, dans tous les parages en un mot des mers du Nord, les Scandinaves rencontrèrent avant eux ces papae, dont les habitudes contrastaient si étrangement avec les leurs. N'entrevirent-ils pas aussi cette grande terre dont le vague souvenir semble les poursuivre, et que Colomb devait retrouver en suivant la trace de leurs rêves? On sait seulement que l'existence d'une île coupée par un grand fleuve et située à l'occident de l'Irlande fut, sur la foi des Irlandais, un dogme pour les géographes du moyen âge. On racontait que, vers le milieu du vic siècle, un moine, nommé Barontus, revenant de courir la mer, vint demander l'hospitalité au monastère de Cluainfert. L'abbé Brendan le pria de réjouir les frères par le récit des merveilles de Dieu qu'il avait vues dans la grande mer. Barontus leur révéla l'existence d'une île entourée de brouillards, où il avait laissé son disciple Mernoc : c'est la terre de promission que Dieu réserve à ses saints. Brendan, avec dix-sept de ses religieux, voulut aller à la recherche de cette terre mystérieuse. Ils montèrent sur une barque de cuir, n'emportant pour toute provision qu'une outre de beurre pour graisser les peaux. Durant sept années, ils vécurent ainsi sur leur barque, abandonnant à Dieu la voile et le gouvernail, et ne s'arrêtant que pour célébrer les fêtes de Noël et de Pâques, sur le dos du roi des poissons, Jasconius. Chaque pas de cette odyssée monacale est une merveille; chaque île est un monastère où les bizarreries d'une nature fantastique répondent aux étrangetés d'une vie tout idéale. Ici, c'est l'île des Brebis, où ces animaux se gouvernent eux-mêmes selon leurs propres lois; ailleurs, le paradis des oiseaux, où la race ailée vit selon la règle des religieux, chantant matines et laudes aux heures canoniques; Brendan et ses compagnons y célèbrent la pâque avec les oiseaux, et y restent cinquante jours, nourris uniquement du chant de leurs hôtes: ailleurs, Vile Délicieuse, idéal de la vie monastique au milieu des flots. Aucune nécessité matérielle ne s'y fait sentir; les lampes s'allument d'elles-mêmes pour les offices et ne se consument jamais : c'est une lumière spirituelle; un silence absolu règne dans toute l'île; chacun sait au juste quand il mourra; on n'y ressent ni froid, ni chaud, ni tristesse, ni maladie de corps ou d'esprit. Tout cela dure depuis saint Patrice, qui l'a réglé ainsi. La terre de promission est plus merveilleuse encore : il y fait un jour perpétuel; toutes les herbes y ont des fleurs et tous les arbres des fruits. Quelques hommes privilégiés seuls l'ont visitée. A leur retour, on s'en aperçoit au parfum que leurs vêtements gardent pendant quarante jours. Au milieu de ces rêves apparaît avec une surprenante vérité le sentiment pittoresque des navigations polaires : la transparence de la mer, les aspects des banquises et des îles de glace fondant au soleil, les phénomènes volcaniques de l'Islande, les jeux des cétacés, la physionomie si caractérisée des fiord de la Norvège, les brumes subites, la mer calme comme du lait, les îles vertes couronnées d'herbes qui retombent dans les flots. Cette nature fantastique créée tout exprès pour une autre humanité, cette topographie étrange, à la fois éblouissante de fiction et parlante de réalité, font du poème de saint Brendan une des plus étonnantes créations de l'esprit humain et l'expression la plus complète peut-être de l'idéal celtique. Tout y est beau, pur, innocent : jamais regard si bienveillant et si doux n'a été jeté sur le monde; pas une idée cruelle, pas une trace de faiblesse ou de repentir. C'est le monde vu à travers le cristal d'une conscience sans tache : on dirait une nature humaine comme la voulait Pelage, qui n'aurait point péché. Les animaux eux-mêmes participent à cette douceur universelle. Le mal apparaît sous la forme de monstres errants sur la mer, ou de cyclopes relégués dans des îles volcaniques; mais Dieu les détruit les uns par les autres, et ne leur permet pas de nuire aux bons (Ernest Renan, La poésie des races celtiques, Revue des deux mondes, 1854).

Ogham : pommier

Les îles abordées - ce qui forme la trame du récit - sont souvent des "insulae pomorum" - îles des pommes, tant dans les imrama que dans la Nav. Selon F. Lot, il s'agirait d'une fausse étymologie populaire du mot " Avalon " venant du mot gallois " afalon " signifiant " pomme "; or Avalon est 1e domaine du dieu Avalloc, dieu de la mort, habitant 1'lle de verre (Iniswitrin) autre rom du monde des morts et de l'au-delà (cf. Cormaic, Condla) et qui deviendra le château des Pucelles chez Chrestien de Troyes. Toutefois Mme Bullock-Davies (83) propose l'étymologie de " ynis " - prairie près d'une rivière ou île-,- " ava ou aub " rivière, ce qui ferait d'" avalon " l'île ou la prairie de la " rivière ". A ces racines galloises, discutées, il faut ajouter la possibilité d'une origine irlandaise de l'" insula pomorum " car selon TH. Chotzen (84) la pomme est le symbole de l'autre monde, de la santé retrouvée, de l'immortalité dans les textes irlandais; or Manannan a épousé Morgan la fille d'Avalloch et habite avec elle Avallon; Barintus est un avatar de Manannan, rappelons-le, et il conduirait Saint Brendan vers le royaume des Morts. Les îles visitées par Saint Brendan, sont donc à rapprocher de l'au-delà celtique, propre aux imrama (www.utqueant.org - Saint Brendan).

Le Pape - 17 août

Les Portunalia du 17 août fêtent Portunus dieu des passages et des stations d'eau. Dans la mythologie romaine, Portunus (appelé aussi Portunes, Portumnes) était le dieu des portes et des clés, protecteur des entrepôts de blé des bords du Tibre. Son attribut est une clef. Saint Pierre, dont les papes sont les successeurs, de même, détient les clefs du paradis et se voit attribuer une barque. On l'associe parfois au dieu grec Mélicerte (ou Palémon) et hérite donc également du titre de dieu des ports et des navigateurs. Son temple (appelé également temple Fortuna Viriles) est situé près du Forum Boarium. Les fêtes à son honneur sont les Portunalia, célébrées le 17 août à l'occasion desquelles on jetait des clés dans le feu pour se protéger de la malchance. Le temple a été attribué par le passé à deux divinités : dès la Renaissance, on le nomme temple de la Fortune Virile. Plus tard, au XIXe siècle, l'attribution à Mater Matuta apparaît. Ces deux attributions se sont révélées fausses par la découverte d'un temple double au nord- est du temple de Portunus, dont les deux cellæ sont dédiées d'une part à Fortuna (l'adjectif virilis n'apparaît dans aucune source et peut donc être abandonnée) et à Mater Matuta. De plus, l'attribution du temple ionique à Portunus n'a rien d'étonnant : c'est le dieu des fleuves et du port. Or le forum boarium est le port fluvial de Rome, reliant la Ville à Ostie. D'autres chercheurs avancent que Portunus est le dieu de la porte : or, près du temple passait la muraille servienne, percée à cet endroit d'une porte (fr.wikipedia.org - Le dieu Portunus).

Dans la flamme des Portunalia, l'on sait par une glose lacunaire que de vieilles claves étaient jetées encore à l'époque classique.

On croit que le feu-follet est un gobelin qui conduit le voyageur dans une fondrière et qui éclate de rire au moment où il y tombe. Gervais de Tilbury décrivant le farfadet qu'il appelle Portunus selon les Anglais ou Neptunos selon les Gaulois. Ces mots semblent indiquer toutefois des esprits maritimes. Les Anglais attribuent aussi à leur Hob ou Hop gobelin, la mauvaise plaisanterie de nos follets.

Début de la chrétienté irlandaise

On entendit Cuchulainn, mortellement blessé dire : " Emain, Emain, grand, très grand trésor. Il viendra un temps où les " têtes rasées " habiteront les prairies d'Emain. Elles viendront d'Europe, des Alpes, par eau entre la terre et le ciel, avec des troupes [nombreuses] (Jean-Claude Polet, Patrimoine littéraire européen : Racines celtiques et germaniques).

Les culdees et les papas des Orcades, les ermites des Paeroes et les papas d'Islande, moines celtiques, disciples de saint Colomban, après avoir évangélisé l'Ecosse et la Northumbrie, cèdent peu à peu la place au clergé romain (661-816). Les culdees et les papas (en norrois) ou pabas en irlandais, formant des corporations officiantes, enseignantes, priantes, hospitalières et travailleuses. Les monastères irlandais constituaient de véritables fiefs, avec des moines, des frères convers, des oblats, des laïcs.

Les moines de saint Colomban étaient des marins autant que des religieux. Habitués à naviguer dans les eaux glacées de l'Arctique, ils unissaient en eux l'esprit d'aventure au désir de mortification et au devoir apostolique. Ils avaient mis une étonnante persévérance à chercher des solitudes dans l'océan Atlantique. Ils y trouvèrent tout à la fois des compatriotes établis dans des îles et, pour eux-mêmes, un grand pays où ils s'efforcèrent, comme on l'a vu, de se maintenir isolés. Lorsque les Vikings menacèrent le monastère d'Iona, au nord de l'Ecosse, ses moines émigrèrent en Islande où furent fondés les établissements de Papeys, Papos et Papyli. Puis les Normands se firent là encore menaçant, et les moines à bord d'une cinquantaine de coracles fit voile en 877 sans doute vers la terre appelé Huitramannaland à l'ouest du Vinland, selon le Landnamabok. Cette terre est aussi nommée Irland i Mikla ou Grande Irlande. Ils durent explorer les régions du Sud, retrouvant l'ancien chemin parcouru par leurs ancêtres. En Amérique moyenne, les traditions indigènes appelaient les religieux en habit blanc les papas.

Les papes

Comme pour l'Empereur, le Pape peut jouer plusieurs rôles : les papes Vigile, Martin Ier - qui durent subir la cruauté des empereurs byzantin, Jean IV, et être rhabillé en Urbain V. Nous verrons comment la tonsure bien mise en évidence des deux ecclésiastiques a un sens dans le contexte établi par notre hypothèse.

Le nom de querelle des Trois Chapitres, sous Justinien Ier, vient de ce que le débat portait sur les extraits des ouvrages de trois théologiens, Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Ibas d'Édesse, dont le concile de Chalcédoine avait approuvé la doctrine et que Justinien fit condamner pour complaire aux monophysites (www.mediterranee-antique.info - Justinien).

Les Orientaux " monophysites " ont leur programme commun : l'abolition de Chalcédoine. L'Occident, lui, se reconnaît parfaitement dans ce Concile, admet ses Anathèmes et sa Profession de foi " dyophysite ". Il ne tolérera jamais de les voir remis en question. C'est là- dessus qu'échoueront toutes les tentatives d'union. Et pourtant, l'Occident n'est pas absolument fermé à la compréhension du monophysisme ; il se souvient d'Éphèse et honore Cyrille. L'Orient lui-même réprouve dans son ensemble le sectarisme et les violences des monophysites absolus. Il y eut plusieurs tentatives de réunion infructueuses, en particulier celle de l'hérétique Zénon (482-518) et celle des moines scythes (519-543). Mais la plus importante fut l'affaire des trois chapitres et la controverse du Monothélisme. Pour décider les monophysites à accepter le Concile de Chalcédoine, Justinien résolut de faire un pas de plus dans la voie des concessions : son Édit de 544 contraignit tous ses sujets à professer la foi de Chalcédoine mais en condamnant les écrits de trois nestoriens plus ou moins avoués que le Concile de Chalcédoine avait épargnés, excusés ou même réhabilités ! Le Pape Vigile, qui avait déjà donné la mesure de son intelligence et de ses vertus à Rome, repoussa pareilles concessions, d'ailleurs encouragé à ce refus par tout l'Occident outré de voir bafouée l'autorité du Concile. Mais, contraint de se rendre à Constantinople en 547, il fléchit une première fois et accepta de condamner les écrits des trois suspects ; il le fit dans son " judicatum " de 548, tout en sauvegardant explicitement l'autorité de Chalcédoine. Toute l'Église d'Occident s'en indigna et se souleva contre lui. Les Évêques africains l'excommunièrent jusqu'à ce qu'il fut venu à résipiscence. Ainsi menacé, Vigile retira son " judicatum ", plus pour ménager l'opposition que par conviction.

C'est à cette époque, en 550, qu'un sureau italien porta les fruits de la vigne.

Il le maintenait cependant en secret. Justinien publiait bientôt un second Édit en 551, dont le mérite était de tenter et de réussir l'harmonisation des théologies de l'Orient et de l'Occident, sous l'inspiration des deux plus remarquables monophysites de ce temps, Sévère d'Antioche rappelé à la Cour et Léonce de Byzance. Mais de nouveau il condamnait les Trois Chapitres, c'est-à-dire les textes des trois Nestoriens. Vigile s'enfuit de Constantinople pour ne pas avoir à donner son consentement. L'Empereur convoqua un Concile. Le Pape refusa de s'y rendre. Cependant le Concile de Constantinople s'ouvrit le 5 mai 553, en pleine illégalité. En majorité grec, il examina les Trois Chapitres et les déclara les uns hérétiques les autres blasphématoires. C'est alors que Vigile fit parvenir un long et admirable Mémoire, son Constitutum, où il innocentait avec réserves, en partie seulement, les trois suspects mais interdisait de contredire aux jugements et décisions de Chalcédoine, et de condamner des morts dont, vivants, l'Église avait reconnu l'orthodoxie. En réplique, Justinien considère Vigile comme déchu " parce qu'en soutenant les trois-chapitres il participait à l'impiété de Nestorius et s'était lui-même exclu de l'Église " ! Cependant l'Empereur éprouvait le besoin, tant le Siège Romain avait acquis de prestige et d'autorité, de se déclarer toujours en communion avec ce Siège considéré comme vacant... Le Concile condamna les Trois Chapitres et donc, par ricochet, le Concile de Chalcédoine qui les avait admis et le Pape Vigile. Il rédigeait en même temps une Profession de Foi excellente, riche de tout l'acquis des deux traditions d'Éphèse et de Chalcédoine, mêlant ainsi à l'amertume des contestations stupides la saveur de la doctrine cyrillienne. L'Orient y adhéra. L'Occident la refusa, malgré violences et menaces. Vigile fut-il lui-même brutalisé, exilé ? Toujours est-il que le 8 décembre 553 un autre Constitutum rend public son ralliement aux thèses conciliaires ; se repentant de son opposition, il l'attribue aux maléfices du diable ! L'Occident s'insurge et le diacre Pélage proclame le Pape hérétique. Pourtant ce même Pélage, qui lui succède peu après sur le Siège de Pierre (556-561), à son tour reconnaît les décisions de ce Concile qui deviendra de ce fait et après coup légitime, Ve Concile Œcuménique. Ces ralliements successifs sont impressionnants ! Mais l'Occident où les problèmes grecs n'étaient absolument pas compris entrait en révolte ; en de nombreuses régions les Évêques rompirent leur communion avec Pélage. Il faudra les efforts de saint Grégoire le Grand pour ramener ces Églises à l'unité ; certains schismes locaux dureront jusqu'au règne de Sergius Ier, dans les années 700, cent-cinquante ans plus tard ! Or tous ces efforts pour séduire les monophysites restèrent vains. En apparence du moins. Rome y gagna cependant, à mon avis, de récupérer les trésors irremplaçables du monophysisme cyrillien. Mais elle n'en obtint pas pour autant la réconciliation d'Orientaux empoisonnés par l'esprit sectaire de Dioscore... (Abbé Georges de Nante,Extraits de la CRC n° 90 de mars 1975).

En Gaule, 70 ans plus tard, l'Eglise celtique était mise en cause.

Dans sa Vie de saint Colomban, Jonas de Bobbio rapporte comment un moine de Luxeuil, Agrestius, se révolta contre son abbé, puis contre la Règle et comment il déclencha l'ouverture d'un concile contre les usages colombaniens. Cette destinée individuelle peut servir de miroir aux tensions sociopolitiques décelables en Burgondie. Peu après l'unification du regnum par Clotaire II en 613, les membres des élites locales, laïques comme ecclésiastiques, s'opposèrent en effet au monachisme irlandais, dans lequel elles voyaient un instrument du centralisme voulu par la dynastie neustrienne. La révolte d'Agrestius met également en lumière le travail accompli à Luxeuil pour transformer le personnage historique de Colomban, dont l'orthodoxie restait incertaine, en une figure apaisée et acceptable pour tous. Le récit de la Vie de saint Colomban montre ainsi les ressources et les limites de l'écriture hagiographique : pour accomplir sa fonction de justification, elle doit parfois consciemment évoquer des sujets dérangeants.

Clotaire II ordonna la tenue à Mâcon d'un concile judiciaire sur le sujet. La présidence fut confiée au métropolitain Treticus de Lyon, l'accusation revenant à Agrestius et la défense à Eustasius. L'ancien moine commença par dénoncer comme hérétiques trois points de la Règle : les signes de croix répétés sur les cuillers de table, l'obligation de demander une bénédiction à l'entrée et à la sortie du monastère et l'apparition de développements liturgiques excessifs au cours des messes. L'abbé développa une défense appuyée sur des passages scripturaires. Agrestius reprit l'offensive en dénonçant la forme de la tonsure pratiquée à Luxeuil, qui différait selon lui des usages universels.

Quand à la réunion de Mâcon, Jonas affirme qu'elle fut contemporaine de la mort de Warnachaire, c'est-à-dire qu'elle eut lieu en 626. La mort d'Agrestius survint onze mois plus tard, soit vraisemblablement en 627. […] La quatrième charge lancée par Agrestius fut plus rude encore, car elle attaquait la forme de la tonsure ecclésiastique irlandaise en l'accusant de diverger volontairement des pratiques universelles. On sait qu'un demi-siècle plus tard, en Angleterre, la querelle autour de la coupe des cheveux devait s'enflammer à nouveau. On affirmait en effet que les Irlandais pratiquaient la tonsure de Simon le Magicien et qu'ils refusaient celle de saint Pierre. On ignore si cette identification fut formulée au concile de Mâcon, mais il est évident que refuser la corona du prince des Apôtres pouvait être interprété comme un refus de se soumettre à Rome. Agrestius rappelait indirectement, cette fois pour la condamner, la constante volonté de Colomban de préserver ses spécificités insulaires contre l'universalisme affirmé du siège apostolique.

Même si l'on ne possède que le récit de Jonas, on ne peut manquer de noter la gradation des accusations d'Agrestius : on passe des signes de croix, simplement bizarres, à la déformation des offices, plus inquiétante, pour arriver enfin la question de la tonsure, nettement suspecte d'hérésie. Le chef d'accusation suivant aurait dû, logiquement, être la question de la date de Pâques. Dans ses lettres, Colomban avait longuement défendu la pertinence du comput irlandais auprès des papes successifs et des évêques francs. Son entêtement à défendre les calculs du Pseudo-Anatole contre les tables pascales de Victor d'Aquitaine lui avait valu de voir ses formulations examinées par un concile gaulois, sans doute celui de Chalon-sur-Saône en 603. Certes, on peut légitimement douter qu'en 626, les abbés de Luxeuil continuaient de calculer la date de Pâques selon le comput irlandais. Mais la question restait grave, car elle mettait rétrospectivement en cause l'orthodoxie de Colomban et donc sa réputation de sainteté. Dans la Vie qu'il consacre au fondateur au début des années 640, Jonas reste conscient du danger : il étouffe volontairement les informations dont il dispose sur le comput défendu par Colomban. Si Agrestius évoqua effectivement la question pascale au concile de Mâcon, il frappa un coup terrible, non directement contre la Règle, mais contre l'ensemble du monachisme colombanien. L'existence de celui-ci reposait en effet sur la certitude de l'exemplarité chrétienne du fondateur et donc de la qualité du mode de vie proposé par ses écrits (Bruno Dumézil, L'affaire Agrestius de Luxeuil : hérésie et régionalisme dans la Burgondie du VIIe siècle).

Pendant ce temps, une nouvelle querelle, celle du monothélisme faisait rage. Toujours le même souci des Empereurs : refaire l'union religieuse pour sauvegarder l'unité politique de l'Orient menacé de toutes parts. Héraclius en ressent l'urgence, au moment où il doit combattre les Perses et les Arabes, d'autant plus que les Monophysites ouvrent les portes de leurs cités aux envahisseurs ! Et de nouveau le Patriarche de Constantinople propose à l'Empereur une formule mirifique qu'il assure capable de ramener les monophysites. Sergius imagine de leur faire une énorme concession. L'Édit d'Héraclius proclamera l'unité d'opération dans le Christ. À terme pourtant l'opération s'avérait payante. L'Égypte, l'Arménie, bref les confins de l'Empire semblaient s'y rallier. C'était dans les années 631-634. Tout de même, deux moines égyptiens s'inquiétèrent de cette théorie douteuse, saint Sophrone et saint Maxime. Élu Patriarche de Jérusalem sur les entrefaites, saint Sophrone convoqua un Synode pour tirer la chose au clair et celui-ci se termina par la proclamation de la dualité d'opérations et de volontés dans le Christ. Sophrone en avertit les Patriarches d'Orient, en particulier Sergius, et le Pape de Rome, Honorius. Sa doctrine était claire : si le Christ est vraiment Dieu et homme, chacune des deux natures a son propre registre de facultés et d'opérations, même si elles agissent ensemble, de manière " théandrique " comme dira le pseudo-Denys, et même si elles proviennent de l'unique Fils de Dieu incarné. Honorius accepta de ne point trancher. (...) Fort de la faiblesse du Pape, Sergius fait promulguer aussitôt par Héraclius un Édit d'Union, qui interdisait de parler d'une ni de deux opérations, mais proclamait l'unité de volonté dans le Christ. Sophrone venait de mourir, Honorius meurt bientôt après. Tout l'Orient accepta l'Édit monothéliste. Le successeur d'Honorius, Severinus, ne règne que deux mois mais il condamne tout de suite le monothélisme. Jean IV reprend sa condamnation avec plus d'ampleur, en 641 ; il excuse toutefois Honorius. Théodore qui lui succède entre en lutte contre Paul de Constantinople et le dépose. Il est puissamment aidé dans cette lutte par saint Maxime. En vain l'Empereur prescrit le silence sur ces questions par un Édit en 648. Martin Ier réunit un Concile au Latran qui anathématise monothélisme et monoénergisme. L'Empereur Constant II se venge en déportant saint Martin en Chersonèse où il meurt en 655. Il fait arrêter Maxime et le torture mortellement. L'Église le canonisera sous le titre mérité de saint Maxime le Confesseur. Trois Papes douteux et vermoulus succèdent à Martin Ier et temporisent selon une prudence tout humaine.

La bataille de Magh Rath

Jean IV s'occupa aussi de l'Irlande. Si on jette un regard a posteriori sur cette époque, il est à noter dans la chronologie des faits, que l'attaque dont parle Ó Croinín de la part du pape Jean IV se produit en 640, c'est-à-dire trois ans seulement après la défaite de Magh Rath et le triomphe du clan Uí Néill. Dans les années 630, il est clair que certaines églises monastiques étaient en position dominante dans l'Église irlandaise. Cette lettre de Jean IV est adressée aussi bien aux évêques qu'aux abbés de la partie nord de l'Irlande. Le mouvement des abbayes est une particularité irlandaise, et celtique. Contrairement aux évêques qui relèvent de Rome, les abbayes sont des établissements autonomes et fédérés, comme la confédération d'Iona par exemple, laquelle est concernée par la convention de Druim Cett. La bataille de Magh Rath a eu lieu en l'an 637 de notre ère. Les parties en présence opposent à Domhnall mac Aedh roi suprême des Uí Néill du nord, les Dál Riata de Domhnall Brecc auxquels sont alliés les Cruthin des Dál nAraide en la personne de Congal Cláen désireux de se venger de ce que les Ui Neill lui ont fait perdre la royauté de Tara.

Qui sont donc les Dál Riata ? Pour simplifier on pourrait dire qu'il s'agit de ce qui reste d'une partie des Ulates après les différents revers qu'ils ont dû subir de la part des Uí Néill du nord dont nous allons parler plus bas. Leur royaume est à la fois en Ecosse et en Irlande (Antrim) et intimement lié à la confédération monastique d'Iona fondé par saint Colomban. Pour comprendre l'origine du conflit qui oppose les deux camps il faut remonter à la convention de Druim Cett (Co. Londonderry). Elle a eu lieu en 575 et réunissait les deux partis indépendants des Uí Néill du nord en la personne de Áedh mac Ainmerech et de Áedán [aið?n] mac Gabráin roi de Dal Riata. Ceci en présence de personnalités comme saint Colomban notamment, lui-même est issu de la Cenél Conaill de laquelle descendent les principaux rois des Uí Néill du nord, comme Áedh mac Ainmerech [Ainmire] par exemple et son fils Domhnall mac Aed.

On pourrait résumer la convention de cette façon : les Rois suprêmes du nord de l'Irlande se portent garant de la fédération des monastères d'Iona (situés en Écosse), en contrepartie de la reconnaissance de leurs droits sur les forces armées de la partie irlandaise de Dal Riata (Antrim). Il n'était pas question pour autant de remettre en cause la suzeraineté du roi de Dál Riata Áedán mac Gabráin en l'occurrence, sur cette partie irlandaise de son royaume.

Force est de constater que l'alliance convenue à Druim Cett aurait été rompue à l'initiative du camp Cruthin-Dál Riata.

Les conséquences de la bataille de Magh Rath ont été d'une part la déroute des Cruithin avec la mort de Congal Cláen, et d'autre part la fin de l'influence des Dál Riata en Irlande du Nord, remplacée par la domination du clan des Uí Néill. Elle a également pour effet la perte d'influence progressive de la confédération d'Iona de Colomban (Gilles Boucherit, Magh Rath).

Le concile de Whitby

Le concile de Whitby est un concile important, mais mal connu et dont l'existence est incertaine. S'il a réellement eu lieu, c'est lui qui a mené à l'unification temporaire des Églises catholiques en Grande-Bretagne et à la réduction de l'écart entre l'Église de Rome et les Églises celtes, notamment dans la doctrine. Il a été convoqué par le roi Oswiu de Northumbrie en 663 et 664 à l'abbaye de Whitby, monastère double dirigé par sainte Hilda, à Whitby, dans le Nord-Est de l'Angleterre. Le roi Oswiu avec l'évêque Colman et Ceadda représentent la tradition celte, qui avait conservé l'ancien mode de calcul, les îles Britanniques s'étant retrouvé isolées de l'Église romaine. Alhfrid, fils d'Oswiu, saint Wilfrid (634-710), et l'évêque Agilbert défendent le point de vue de Rome. Eddius indique que Colman se référait à l'usage de saint Jean apôtre et à l'autorité de Colomba, Wilfrid lui prenant appui sur saint Pierre et les décisions du concile de Nicée. Le problème est finalement résolu par la décision d'Oswiu de ne pas offenser saint Pierre. Cette décision a des conséquences qui dépassent la simple discipline interne à l'Église. Le concile de Whitby est une étape clé de l'histoire de l'Église en Grande-Bretagne, mais aussi de l'Église catholique en général. Cela est dû au fait que des représentants du Nord comme du Sud sont venus débattre en Northumbrie du futur de l'Église, ce qui pousse beaucoup d'historiens à croire que ce concile a effectivement mis hors-la-loi les pratiques de l'Église celte dans toute la Chrétienté. Les pratiques romaines sont donc adoptées par les Northumbriens, les tenants des traditions celtiques se retirent en Écosse, ainsi qu'en Irlande. L'unification totale et l'intégration à l'Église catholique romaine sous l'autorité du pape est achevée aux conciles d'Hertford (673) et de d'Hatfield (680), sous la direction diplomatique de Théodore de Tarse, moine grec de l'Église orthodoxe, consacré archevêque de Cantorbéry par le pape Vitalien, arrivé en Angleterre en 669. Ces conciles mettent en avant l'unité, définissent les limites de juridiction et restreignent les interférences entre les différentes Églises (fr.wikipedia.org - Concile de Whitby).

L'unité ecclésiastique de l'Irlande sous la suprématie d'Armagh ne fut définitivement constituée qu'au synode de Birr (" Synode d'Adamnan ") en 697. Le nord de l'Irlande avec Armagh se conforma alors à la discipline romaine. Les églises du sud avaient déjà adopté la tonsure romaine et le cycle pascal dionysien en 634. Le successeur de Constant II, Constantin IV Pogonat entre en pourparlers avec le Pape Agathon pour mettre fin à la querelle monothéliste. Le IIIème Concile de Constantinople qu'ils convoquent d'un commun accord s'ouvre le 7 novembre 680. Les Légats du Pape y arrivent munis de ses instructions très fermes. (…) Le 16 septembre 681, l'Assemblée ratifia l'enseignement dogmatique d'Agathon, dressa la liste de tous les hérétiques frappés d'anathème " et avec eux Honorius, Évêque de Rome, qui les avait suivis dans leurs erreurs ". Le Pape Agathon qui avait espéré sauver la mémoire d'Honorius était mort avant d'avoir connu les décisions du Concile. Léon II ne put qu'en confirmer les décrets et anathématisa lui-même " Honorius qui a omis de garder pure cette Église apostolique par la doctrine de la tradition apostolique mais a permis par une trahison perfide, que l'immaculée fut souillée " (Abbé Georges de Nante,Extraits de la CRC n° 90 de mars 1975).

Urbain V

La figure du Pape pourrait aussi correspondre à Urbain V, pape qui porta la triple couronne ainsi que la barbe du moins à une certaine prériode de sa vie. Un fait l'atteste qui se déroula en 1353, date de la nomination de Guillaume de Grimoard comme abbé de Saint-Germain- d'Auxerre et 1358 date de son transfert à Saint-Victor de Marseille par Innocent VI: l'abbé refusa de payer le cens à l'archevêque de Sens Guillaume de Melun. Lorsqu'ils se rencontrèrent, Guillaume tira sur la barbe de l'abbé lors d'une dispute (Raymond Cazelles, Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et Charles V, 1982).

Il envoya des Minimes dans les îles Canaries pour y propager le Christianisme. Il favorisa les missions des îles Canaries, et redressa le premier évêché de Pékin, nommé alors Khanbalik érigé par Jean XXII, où il envoya Guillaume de Prato accompagné de douze frères mineurs. C'est aussi à Urbain V que l'on doit l'envoi de missionnaires en Dalmatie, Moldavie, Valachie, Bulgarie, Crête, Arménie, Scythie, Russie, Scandinavie et Afrique du Nord. Dès l'an 1344, don Louis de La Cerda, comte de Clermont, qui descendait de la maison royale de Castille, tenta la conquête de cet archipel, et Clément VI couronna ce prince, dans Avignon, roi des Canaries, à la charge d'y faire prêcher la foi. Urbain V s'occupa aussi de faire évangéliser ces îles, comme le prouve une bulle donnée à Viterbe, le 2 septembre de la septième année de son pontificat. " Deux citoyens de Barcelone, y est-il dit, avaient rapporté à ce pontife que, dans ces contrées, les peuples étaient sans loi et sans religion, ne reconnaissant d'autre divinité que le soleil et la lune, à qui ils adressaient leurs vœux et leurs sacrifices. " En conséquence, Urbain V voulut que la province dominicaine d'Espagne fournît quelques sujets, destinés à l'instruction des insulaires. En 1369, Urbain V charge les évêques de Barcelone et de Tortosa de désigner vingt prêtres séculiers et religieux des Ordres Mendiants pour prêcher l'Évangile aux Canaries (Mathieu Richard Auguste Henrion, Histoire générale des missions catholiques depuis le XIIIe siècle jusqu'à nos jours, Volume 1, 1846).

Les îles Canaries tirent leur nom du latin Canariae Insulae (îles aux chiens), nom appliqué initialement à la seule Grande Canarie (Canaria Insula). Il provient des grands chiens sauvages (canes) que les premiers explorateurs ont découverts sur l'île. On peut également hypothéquer que cela provient des écrits d'Hérodote qui, parmi ses nombreuses fantaisies, avait décrit tout à l'ouest du monde, une île où vivaient des hommes chiens. En associant cette histoire au fait qu'il y avait de grands chiens sauvages sur l'île, les explorateurs ont ainsi dû croire qu'il s'agissait de l'île en question décrite par Hérodote. Il est pour le moment impossible de déterminer avec certitude quand et par qui furent découverts les Canariens. Mais les Amazighes (Berbère) sont sans doute les premiers à habiter les îles selon les données historiques, linguistiques et archéologiques connues à nos jours. Les deux îles les plus occidentales apparaissent sur la Planisphère de Dulcert en 1339. Il paraît qu'en 1335 débarquèrent à Lisbonne 2 bateaux contenant 4 prisonniers guanches. Ces bateaux étaient affrétés par le roi du Portugal avec un équipage florentin, génois et espagnol. Ces bateaux auraient atteint les îles en juillet de l'année 1341 sous le commandement du Florentin Angiolino del Teggihia de Corbizzi, avec comme pilote le Génois Niccoloso da Recco. Ils y restèrent 5 mois et, à leur retour à Lisbonne, ils apportèrent tant de choses intéressantes que Boccace en personne prit sa plume pour écrire un portrait des Guanches en se fondant sur les données apportées par Recco. Boccace posa le problème qui intrigue toujours ceux qui étudient les Guanches, c'est-à-dire comment est-il possible que dans les îles Canaries coexistent aux côtés de troglodytes, des gens de cultures supérieures qui ont des maisons avec potagers remplis de légumes ? Ces Guanches plus civilisés des îles orientales vivaient aussi dénudés ou presque. En revanche, ils cultivaient le blé et vivaient dans des villes. Ils avaient des rois, des prêtres et une noblesse, ils adoraient une divinité féminine et embaumaient leurs morts. Les deux groupes, les troglodytes et les agriculteurs civilisés, étaient blonds aux yeux bleus et très grands, comme des individus de type germanique. Les Guanches étaient des hommes de plus de 2 mètres, à la peau claire, vivant de l'élevage et de l'agriculture avant la venue des colons espagnols. Les îles Canaries étaient connues des Phéniciens et des Carthaginois. Cependant, dans les écrits phéniciens, pas un mot ne traite des aborigènes des îles Canaries, si ce n'est pour décrire les exactions perpétrées par les explorateurs sur les Guanches. Massacrés, emmenés en esclavage ou assimilés par les colons, les différents peuples Guanches disparurent, ainsi que leurs langues et leur culture (fr.wikipedia.org - Les Canaries).

Depuis longtemps les chefs de saint Pierre et de saint Paul étaient presque oubliés à Saint-Jean de Latran. Le 2 mars 1368, le pape ayant célébré dans une chapelle qui est contiguë à cette église et qu'on appelle Sancta Sanctorum, on tira par son ordre ces saintes reliques de dessous l'autel où il venait de dire la messe. Elles furent montrées au peuple avec solennité ; et comme les reliquaires qui les contenaient parurent trop médiocres, Urbain en fit faire de magnifiques dont le prix monta à plus de trente mille florins d'or. Ces reliquaires sont deux grands bustes d'argent, du poids de douze cents marcs, et chargés de toute sorte d'ornements très-précieux, dont les plus remarquables sont deux fleurs de lis en pierreries données par le roi de France Charles V. On les voyait sur le devant de ces bustes, avec le nom du roi au bas sous la date de 1369, qui est l'année où l'ouvrage fut fini et placé à Saint-Jean de Latran. On a remarqué que la tiare du buste de S. Pierre était chargée de trois couronnes; institution récente alors, et qu'on attribue même au pape Urbain V. Cependant on voit par les statues de ses prédécesseurs Jean XXII, Benoît XII et Innocent VI, que la tiare, déjà ornée de deux couronnes parfaites, était terminée par un petit cercle qui ressemblait fort à une troisième couronne (Jean Nicolas Jager, Histoire de l'Eglise catholique en France, Volume 11, 1865).

D'après un ouvrage composé peu après l'année 1400, probablement en Angleterre, c'est en célébrant la messe à Saint-Jean-de-Latran qu'Urbain V aurait obtenu que Dieu exauçât le vœu du roi de France. Effectivement, la messe que célébra Urbain V, au Latran, le 2 mars 1368, put précéder de peu la conception de l'enfant qui naquit le 3 décembre suivant et devint Charles VI. (Guillaume Henri Marie Posthumus Meyjes, Jean Gerson, apostle of unity, Volume 94, 1999, fr.wikipedia.org - Urbain V).

Le saint du jour

Torach, maintenant Tory island, sur la côte nord de Donegal, est appelée ainsi en raison des rochers en pinacles qui caractérise l'île. Ernan of Torach mort le 17 août vers 650, est considéré comme un disciple de saint Colomban Columba qui fonda une église t un monastère à Torach. La Catholic Encyclopedia dit que cet Ernan peut être celui qui apparaît dans la lettre de Jean IV aux prélats de l'Irlande du nord en 640. (en.wikipedia.org - Ernan).

Ogham : ajoncs

Dans une variante du mythe de la naissance de Lug, Balor est roi sur " Tory Island " l'île de Torach, image de l'Autre Monde, et cherche à éviter que sa fille n'engendre car une malédiction prédit qu'il mourra par la main de son petit-fils. La fille de Balor, Ethnea, est gardée par les douze femmes qui ne peuvent toutefois empêcher le prétendant, nommé ici Mac Kinealy et travesti sous des habits féminins, de lui faire l'amour pendant qu'elles sont endormies dans un profond sommeil magique. La princesse donne naissance à trois garçons dont Balor s'empare et qu'il fait envelopper dans un drap maintenu par une épingle pour être jetés à la mer. Mais à Port-a-deilg (" Port-de-l'Épine "), l'attache se brise et tombe avec l'un des enfants (Lugh bien entendu) avant que la servante ne noie les deux autres.

Dylan est le jumeau, dans la mythologie galloise, de Lleu, l'équivalent de l'irlandais Lug et du gaulois Lugus. Dylan gagnant la mer, s'y baigne et nage " aussi bien que les poissons les plus agiles " ; ce qui lui vaut le surnom de " fils de la vague " (Eil Ton). Il est malencontreusement tué par son oncle Gofannon, le dieu forgeron correspondant à Goibniu.

[…] Dans la mesure où, nous le savons, il y est comparé aux meilleurs des poissons, Dylan est d'autant à même de revêtir une apparence ichtyoïde que le modèle divin dont il est le dépositaire est caractérisé par son puissant don de métamrophose. Son nom proviendrait d'ailleurs, selon WJ Gruffydd, qui s'appuie sur de forts arguments linguistiques, de l'irlandais delgan qui désigne une espèce de poisson épineux, ceci par le biais des formes évoluées delian, dylian, Cette particularité physique s'accorde en effet avec les excroissances, bois, cornes et autres, dont sont canoniquement pourvus Cernunnos et ses homologues.

Les anciens Celtes connaissent effectivement, au sein de leur personnel théologique, des dieux jumeaux dissemblables nés dans un contexte maritime et répondant ainsi à la définition que donne de leurs dioscures Diodore de Sicile. Alors que l'un des frères se trouve électivement lié à lumière et au monde aérien des oiseaux, l'autre est étroitement assorti à l'élément liquide, au point d'y séjourner sous la forme d'un mammifère marin. Cette figure gémellaire aquatique est tout autant une divinité des bois et des espaces sauvages, une entité amphibie - tel le cerf qui constitue son double zoomorphe privilégié - mais aussi un souverain de la végétation, en particulier de l'arbre (Daniel Gricourt, Dominique Hollard, Cernunnos, Le Dioscure Sauvage).

L'ajonc épineux se pose ainsi en correspondant végétal des bêtes et dieux cornus.

Les auteurs font le rapprochement entre ces jumeaux marins avec Melicerte (" Dylan à la mode grecque ") et son frère de lait Dionysos, tout deux allaités au sein d'Ino, femme d'Athamas, qui fuyant la folie de son époux inspirée par Héra, jettera Mélicerte dans un chaudron bouillant et se précipitera avec lui dans les eaux de la mer depuis la roche de Moluride sur la côte de Mégaride. Mélicerte est divinisé en " Palaemon " (le lutteur) et sa mère en Leukothea (la déesse blanche) qui entretient avec lamer des leins aussi étrouit qu'Arianrhod (mère de Lleu et Dylan) ou Eithne (mère de Lug) qui deviendront à Rome Portunus et Matuta.

L'Ermite - 16 novembre

La " lanterne " que porte l'ermite pourrait être le Crann ou Ness que le divin forgeron des Tuatha De Danann Goibniu tenait en main par une poignée lorsqu'il s'en servit pour frapper, de rage, un importun. C'est d'un moule rond de bois qu'est formé le four d'argile destiner à contenir et à confiner le feu (PW Joyce, Le Four du vieux forgeron irlandais, The Wonders of Ireland, 1911).

Le saint du jour

Saint Gobrien ne figure pas sur la liste des évêques de Vannes, donnée par le cartulaire de Quimperlé, non plus d'ailleurs que les premiers successeurs de saint Paterne. Son exil de Vannes ne s'expliquerait guère qu'à une époque où le siège de Vannes était disputé entre 2 partis, "par exemple au VIème siècle, alors que la conquête celtique enserrait la ville gallo-romaine et la disputait aux Francs. En outre, si l'on remarque les lieux où se dressaient des églises et chapelles consacrées à Gobrien, l'on ne s'explique guère son culte, à moins de supposer que, vraisemblablement venu de Grande-Bretagne avec un groupe d'émigrés, il a évangélisé la côte de la Domnonée, le pays de Dol, s'est enfoncé dans le Poutécroêt pour y mener la vie ascétique, a tenté des prédications aux contées gallo-franques de Rennes et de Nantes, mais dans la partie active de son existence a subi des échecs à Vannes.

Le centre de son culte est au village de Saint-Gobrien dans la paroisse de Saint-Servan, sur les bords de l'Oust, en plein fief des Rohan. Pour leur plaire, la Vite, mentionne Conan Mériadec. "Le lieu est propice pour constituer un foyer de célébrité, puisqu'il est en contact prochain avec les évêchés de Rennes, de Saint- Brieuc, de Dol et de Saint-Malo... Les Dolois l'avaient en haute estime parce que, rencontrant dans les mêmes parages son culte et celui de saint Samson, ils supposaient sans doute que Gobrien n'avait pu manquer de dévotion à leur thaumaturge et qu'il avait eu le bon goût de demander l'onction épiscopale à la métropole bretonne... Ce qui est curieux, c'est que Gobrien - dont le nom est irlandais (WoBrian) - se trouve particulièrement honoré dans les 2 seules paroisses de Bretagne qui aient conservé le nom de Servan, un bienheureux qui fleurit chez les Scots (Alet et Saint-Méloir-des-Ondes)... Jusqu'aux landes de Lanvaux, dans la commune de Camors, son culte s'unissait à celui d'un saint malouin, Gudwal. Et cette contée vénérait encore un saint Irlandais, Fingar, qui avait son église à Pluvigner... " (home.scarlet.be - 16 novembre).

En la paroisse de Saint-Servan presque sur les bords de l'Oust, existe une chapelle élevée au XVIe siècle sur l'emplacement d'une autre plus ancienne faisant partie de l'ermitage où se retira saint Gobrien après dix-sept ans d'épiscopat. Une chapelle a été construite au XIe siècle sur un oratoire attribué à saint Gobrien qui aurait été évêque de Vannes au VIIIe siècle. Il vint ici chercher la solitude pour exercer son art : soigner le mal des ardents dû à l'ergot de seigle (l'épidémie est apparue sur les bords du Rhin en 857 pour envahir progressivement la France ce qui ne coïncide pas avec la période à laquelle aurait vécu le saint), à moins que l'accueil à Vannes ville gallo-romaine n'ait pas été des meilleurs pour ce saint au nom irlandais dont le culte s'est développé principalement en Domnonée. L'utilisation de clous dans le rituel pourrait s'expliquer par un rapprochement phonique fait par la population entre son nom et celui du forgeron : gov (d'où govel, la forge) La reconstruction du XVe siècle met en évidence la générosité des Rohan (armes d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan, macles des Rohan sur le socle de la croix) (www.paysdeploermel-coeurdebretagne.fr - Chapelle Saint Gobrien).

Il existe un saint Gybrian ou Gobrian assurément irlandais qui vint en France avec ses 5 frères et 3 sœurs dans la région champenoise, famille d'anachorètes dont il était le chef. Il existe aussi les saintes Gobin et Gobnate tout aussi irlandaises.

Le 16 novembre, était fêté, à Vannes, saint Malo, Evêque d'Aleth et Confesseur.

Il serait né au pays de Galles quand l'inspiration lui vint d'évangéliser les Bretons non loin de la ville d'Aleth qui désormais porte son nom. Mais des querelles lui firent quitter son troupeau et remettre à un autre sa charge d'évêque. Il s'achemina vers l'Aquitaine et c'est en Saintonge qu'il termina son pèlerinage terrestre.

"Gallois d'origine, né dans la seconde moitié du VIème siècle, Malo fut formé à l'école monastique de Llancarvan, que fonda saint Cadoc, et il y resta comme moine. Devenu évêque, d'après la tradition, Malo quitte le Clamorgan avec des compagnons, prend la mer et accoste devant l'îlot de l'ermite Aaron. Sur les conseils de l'ermite, Les moines gallois se rendent à Aleth, une cité de l'ancien pays des Coriosolites. En butte aux persécutions des habitants d'Aleth, Malo reprend la route et se réfugie en Saintonge. Il ne revient de l'exil que sur les prières des gens d'Aleth que ravageaient la peste et la famine. Le fléau écarté, Malo retourna en Saintonge, et c'est dans ce pays qu'il mourut le 16 novembre 649. Les chrétiens d'Aleth purent récupérer, cependant, une partie des reliques. Lors des raids des Normands sur les côtes de Bretagne, les reliques de Malo trouvèrent refuge en Ile de France, en particulier à Saint-Jacques du Haut-Pas (Paris). La population se réfugie sur un îlot voisin et à le fortifier : ainsi naît Saint-Malo, où s'installe l'évêque à partir du XIIe siècle. Grâce aux franchises portuaires dont elle bénéficie à partir du XIVe siècle, Saint-Malo - réputée pour son indépendance d'esprit - devient une puissante cité marchande et maritime, accueillant au fil des siècles les plus grands navigateurs et corsaires (Cartier, Surcouf, Duguay-Trouin) (www.milletapes.com - Histoire de Saint-Malo).

En Bretagne, vers 640, saint Malo, évêque d'Aleth, venu du pays de Galles, et mort, semble-t-il, à Saintes où il s'était exilé.

Deux figures reviennent inlassablement dans presque tous les immrama, celle des forgerons démoniaques et celle des meuniers infernaux. Mael Duin et ses guerriers approchent une île où des forgerons terribles projettent de les manger. Heureusement, les explorateurs entendent le dessein de leurs hôtes et s' empressent de prendre le large. Les moines de saint Brendan adoptent la même conduite prudente avec leurs hôtes, échappant de justesse aux forgerons diaboliques qui, dépités, bombardent le vaisseau de gros morceaux de fer incandescent.

Ces personnages de mythologie primitive ont été assimilés par les clercs chrétiens à des démons. Dans le poème anglo-normand de Brendan, quand la " forge infernale " fait son apparition, le saint ne manque pas d'informer ses compagnons qu'ils sont entrés dans l'archipel de l'Enfer.

Un cas intéressant d'intertextualité et de syncrétisme celto-chrétien pose l'histoire de saint Malo. Dans son expédition vers le Paradis insulaire, le saint français rencontre lui aussi sur une plage le corps échoué d'un géant qui, ressuscité, se recommande comme Mael Duin. Le gigantisme est un trait que les moines chrétiens attribuent aux protagonistes des légendes celtiques pour souligner leur appartenance à un âge héroïque.

La légende de saint Malo, moine chrétien parti à la recherche du Paradis, convoque donc la figure d'un héros païen d'autrefois, supposé avoir trouvé l'Ile des éternels jeunes. Malo bénéficie des renseignements du héros sur la géographie de l'au-delà, alors que Mael Duin est en retour baptisé et instruit par le saint dans la doctrine de l'Eglise. Mael Duin, le héros qui avait déjà acquis l'immortalité celtique en rejoignant l'île de femmes, obtient avec le baptême une chance supplémentaire, celle d'acquérir le salut chrétien. Le but apologétique sous- jacent de cet échange de renseignements eschatologiques entre saint Malo et Mael Duin est, évidemment, celui de démontrer la supériorité du royaume de Dieu sur les délices du Mag Mell.

Les deux Vies de Saint Malo imitent en partie la Navigation de saint Brendan et prouvent qu'au IXème siècle la légende de Saint Brendan avait déjà atteint le continent, dans le cas où elle proviendrait d'Irlande. Progressivement, Saint Malo, sera dit avoir fait le voyage, abandonnant son rôle de compagnon de Saint Brendan pour être le principal acteur de l'aventure. Ce processus est connu des historiens des religions : l'hypostase remplace la divinité première (www.utqueant.org - Saint Brendan).

Ogham : UI - Chèvrefeuille

On a longtemps raconté qu'un chèvre-feuille qui perçait la pierre du tombeau d'Abeilard et Héloïse, au Paraclet, ne fleurissait jamais que pendant les temps d'orage.

Abélard fut le plus grand des nominalistes de cette première période. S'appuyant sur Aristote et Boèce, grâce surtout au tour critique de son intelligence, il n'eut pas de peine à réfuter les thèses réalistes. Il montra les contradictions qu'il y avait à affirmer l'existence réelle d'un universel qui devait être tout entier à la fois en soi et dans les choses particulières, à la fois dans chaque individu et dans tous les autres. Il fit le premier un usage conscient de cette méthode d'économie, qui est si bien dans l'esprit du nominalisme, en montrant qu'il suffisait d'admettre des universaux conceptuels existant dans la pensée comme résultat de la comparaison des choses individuelles pour rendre compte de tout ce que les réalistes expliquaient à grands frais de substances imaginaires. Telle aussi vraisemblablement avait été la doctrine de Roscelin ; mais ce docteur, surtout préoccupé de ruiner le réalisme, avait dit que les idées générales n'étaient que des mots, sans dire clairement si c'était la substantialité des universaux ou bien les universaux d'une manière absolue qui n'étaient que des souffles de la voix. Abélard, qui tenait, beaucoup à séparer sa doctrine de la thèse condamnée de Roscelin; fit disparaître cette équivoque et affirma que les idées générales n'étaient pas un pur néant, mais qu'elles existaient cumule opérations légitimes de l'esprit. C'est la doctrine appelée plus tard conceptualisme, mais qui ne diffère pas en réalité du nominalisme, à moins de réserver ce nom à la prétendue thèse de Roscelin, qui n'a pas été soutenue (www.cosmovisions.com - Nominalisme).

" Aussi nous arriva-t-il ce que les poètes racontent de Mars et Vénus lorsqu'ils furent surpris " écrit Abélard. Nous aimerions voir les corps nus, le secret de la relation érotique enfin dévoilé. En lieu et place, une fable antique que le grand Ovide rapporte. Pourquoi recourir à la fable, et à ce moment précis ? Et surtout pourquoi cette fable ? La fable antique, on le sait, narre une scène d'exposition. Vénus ne peuvent cacher leur relation illicite au regard du soleil qui les dénonce à Vulcain. Ce dernier forge un filet invisible qu'il étend autour du lit deux amants et qui, au moment opportun, enveloppe les corps nus ainsi exposés à l'assemblée des dieux olympiens. En exhibant deux corps nus, Vulcain, l'habile forgeron, dévoile apparemment la vérité du désir dans sa nudité la plus crue et sa sexualité la plus littérale : deux corps nus et accouplés, pris en flagrant délit de copulation adultère. Qui occupe la place de Vulcain dans ce triangle ? Fulbert, oncle d'Héloïse et substitut paternel qui, à l'encontre de la coutume, veille à l'éducation d'une fille substitutive qui fait également office, à en croire la transcription fabuleuse qu'Abélard, d'épouse de substitution. S'insinue ainsi par le biais de la fable antique une tonalité incestueuse que le portrait équivoque de Fulbert confirme (Claire Nouvet, Abélard et Héloïse: la passion de la maîtrise, 2009).

Abélard est né au Pallet, près de Nantes, donc Breton.

Le fils d'Héloïse et Abélard fut appelé Astrolabe.

L'astrolabe (du grec astrolabos signifiant " instrument pour prendre la hauteur des astres " ou Almincantarat, Almicantarat) est une double projection plane (le plus souvent une projection polaire) qui permet de représenter le mouvement des astres sur la voûte céleste. Le principe de sa construction est connu depuis l'époque grecque : son invention est attribuée classiquement à Hipparque (v. -190 à -120). Une forme très perfectionnée, datant de -87, la machine d'Anticythère, a été découverte au large de l'île du même nom. Mais son utilisation courante n'a été répandue que par les astronomes arabes, à partir du VIIIème siècle.

La date la plus basse avancée pour l'apparition de l'astrolabe marine est 1295, mentionnée par Raymond Lull. Mais la machine d'Anticythère fut retrouvée dans l'épave d'un bateau.

Histoire oghamique

Remarquons que dans l'alphabet des arbres, le I correspond à l'If, et le chèvrefeuille à la diphtongue UI, alliance du U et du I. Si le conte de Baile et Ailinn a une signification alphabétique, le U devrait correspondre à la pomme (ubull). Ce qui n'est pas le cas selon le Livre de Ballymote où le U est associé à la bruyère. Aidlinn (ou Ailinn), dans la mythologie celtique irlandaise, princesse de Leinster, est la fille de Lugaid Reo nDerg, lui-même fils adoptif de Cúchulainn et Ard ri Érenn d'Irlande. Cúchulainn fendit la Lia Fáil (Pierre du couronnement installée à Tara et qui criait lorsque le roi légitime d'Irlande s'y asseyait) avec son épée parce qu'elle resta muette sous l'auguste siège de Lugaid. Elle resta muette sauf pour Conn aux cent batailles. Ailinn apparaît dans le récit Scél Baili Binnberlaig (" Histoire de Baile au doux langage "), du XIème siècle, dont elle est l'héroïne. Ce conte a été retrouvé dans un manuscrit daté de 1511, mais des allusions aux deux arbres de la légende apparaissent dans le Book of Leinster (1130).

Ailinn et Baile devaient se rencontrer à Ros na Rig sur la rivière Boyne. Baile était sur la route du Sud depuis Emain Macha quand un spectre lui annonce le meurtre d'Ailinn par des guerriers du Leinster. Baile meurt de chagrin. Pendant ce temps, le spectre annonce la réciproque à Ailinn qui en meurt aussi, réalisant la prophétie des druides annonçant que les deux amoureux ne se rencontreraient jamais. Sur la tombe de Baile pousse un if et sur l'autre un pommier. Selon Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux (in Les Druides - voir bibliographie ci-après), plus que l'expression des sentiments amoureux entre jeunes gens, c'est avant tout la description d'un rituel magique avec du bois d'if, opéré par des druides. Le nom de Baile apparaît souvent dans les écrits de W. B. Yeats, plus particulièrement dans le poème Baile and Ailinn (1901) et la pièce On Baile's Strand (1904). Des allusions à Baile affleurent dans The Only Jealousy of Emer (1919) et The Death of Cuchulain. Au bout de sept ans, les princes, devins et les voyants coupèrent l'if qui était sur Baile. Ils en firent des tablettes de poètes sur lesquelles on écrivit les visions, les fêtes, les amours et les courtises d'Ulster. De ma même manière on écrivit les courtises du Leinster sur le bois du pommier de la tombe d'Ailinn. Après cela arriva Samain et la fête fut célébrée par Art, fils de Conn. Les poètes et les hommes de tout art vinrent à cette fête comme c'en était la coutume et ils apportèrent leurs tablettes. Art les vit, et quand il les vit, il les demanda. Les deux tablettes lui furent apportées si bien qu'elles furent dans sa main, face à face. Les deux tablettes sautèrent alors l'une vers l'autre. Elles s'unirent comme le chèvrefeuille autour d'une branche et on ne put pas les séparer (Messmer - Vesontio la Musique du Ciel, www.lugodoc.demon.co.uk, www.shee-eire.com - Ogam, www.encyclopedia.com - Baile).