Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Les documents secrets   6 - Dossiers secrets de Henri Lobineau : Barbarie   
PRIEURE DE SION DOCUMENTS SECRETS LOBINEAU TOSCAN PLANTIER MACHINE BARBARIE

Le sixième et dernier document de la série s'appelle « Les Dossiers secrets de Henri Lobineau » rassemblés par un certain Philippe Toscan du Plantier. Ce titre donnerait ainsi, non seulement un nom à la série, mais une ultime indication sur l’identité de l’auteur des dossiers : « Lobineau ». Ce dernier recueil est déposé à Bibliothèque Nationale en avril 1967. Il complète ainsi le processus de dévoiler au grand public le Prieuré de Sion (fr.wikipedia.org - Dossiers secrets d'Henri Lobineau).

Barbarie à La Machine

A la page 9, on note mention du Château de Barbarie détruit par Mazarin en 1656.

En 1546, Jean des Plantards aurait épousé Marie de Saint-Clair à Gisors. Puis la famille serait venu se fixer près de Nevers au château de Barbarie. En juin 1648, Mazarin aurait aurait fait détruire le château, confisquant les biens de la famille Plantard. Mazarin obtient le duché de Nevers par contrat signé en juillet de l’année 1659. En 1506, il existait un fief de Barbarie dans le Nivernais. En 1575, on fait allusion dans une charte à un hameau « Les Plantards », supposé non loin du château de Barbarie. Le hameau aurait appartenu à la famille du même nom. Mazarin se serait donc évertué à effacer toute trace historique de ce château de Barbarie. Philippe de Cherisey prétendra avoir retrouvé des monnaies datant du XVIe siècle sur le site et inventera une nouvelle histoire de trésor déplacé dans une abbaye voisine, la Chartreuse de Bellary sur la commune de Châteauneuf-Val-de-Bargis à 45 km au nord de la place forte. Les vestiges du château de Barbarie près de l'Etang-Neuf furent exhumés en 1875. Le site était formé d'une petite ville fortifiée et d'un fort. Des fouilles sont pratiquées en 1876 par la Société Schneider du Creusot, à la demande de la Société Nivernaise des sciences et arts, le compte rendu étant publié dans le Bulletin Archéologique, par M.J de Saint-Venant et M.L.M. Poussereau. Il existait un hameau « des Plantards » dans la Nièvre sur la commune de Semelay, à environ 30 km de La Machine. Il existait aussi un fief de Barbarie, sur la commune de Chantenay (lemercuredegaillon.free.fr).

Le duché de Nivernais échut à la maison de Gonzague par le mariage de Louis avec Henriette de Clèves, héritière du duché, qui lui apporta aussi le comté de Rethel (1565). Leur fils, Charles Ier (1580-1637), père de la princesse Marie, devenue reine de Pologne, était également duc de Mayenne. Il hérita du duché de Mantoue à la mort de Vincent II (27 décembre 1627). Le duc Charles II de Gonzague (1629 - 1665), petit-fils de Charles Ier, voulant quitterla France pour se retirer dans ses duchés de Mantoue et de Montferrat, vendit tous ses domaines de France au cardinal Mazarin par contrat du 11 juillet 1659. Le cardinal acheta le duché de Nevers pour 1 800 000 de livres, et en prit possession le 19 octobre suivant, par l'entremise de Colbert, son fondé de pouvoirs (Ariane Boltanski, Les ducs de Nevers et l'État royal: genèse d'un compromis (ca 1550 - ca 1600), 2006 - books.google.fr, Wagnien, Poésies, 1842 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Louis IV de Gonzague-Nevers).

La misère apparaissait en perspective pour les propriétaires de vignobles et la tristesse était peinte sur les visages; on apprit néanmoins avec plaisir l'arrivée prochaine du cardinal Mazarin ; il se rendait à Saint-Jean de Luz pour conférer avec Louis de Haro, plénipotentiaire d'Espagne, d'une manière plus complète et définitive, sur les articles du traité de paix entre la France et l'Espagne et le mariage de Louis XIV avec l'infante. Les jurats, Jean Bayard et Jean de Belliquet, lui firent des civilités à Montlieu (12 juillet), le prévinrent de l'arrivée à Libourne de députés du parlement et de la commune de Bordeaux pour lui rendre hommage. Libourne vit entrer dans ses murs (13 juillet) le cardinal avec un équipage proportionné à sa qualité de premier ministre et digne 1659 du souverain dont il allait régler les intérêts (Raymond Guinodie, Histoire De Libourne et des autres Villes Et Bourgs De Son Arrondissement, Tome 1, 1845 - books.google.fr).

La Machine

Située tout près de Decize, au-delà de la forêt des Minimes, l'ancienne petite ville minière de La Machine a gardé certains des aspects qui la caractérisaient dans la première moitié du XXe siècle. Sans le charbon, personne peut-être n'aurait apprivoisé cette étendue de forêts, encore rattachée à Decize sous Louis XIV. C'est au XVIIIe siècle que la Machine devient réellement commune, tirant son nom des machines à remonter le charbon. Dès lors, l'histoire de la ville allait se confondre avec celle des compagnies exploitantes, celles des frères Schneider, qui contrôlaient aussi les mines du Creusot - 1865-1945 -, puis les houillères de Blanzy, jusqu'à la fermeture du dernier puits en 1974 (Frédéric Pondevie, Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, 52 balades à vélo en Bourgogne, Le Petit futé, Nouvelles Editions de l'Université, 2005, p. 57).

Une puissante machine mue par des chevaux fut installée en 1670 pour l'extraction du charbon à La Machine (Roger Brunet, Trésor du terroir. Les noms de lieux de la France: Les noms de lieux de la France, 2016 - books.google.fr).

C'est au hasard de découvertes dans les archives notariales que nous connaissons l'histoire fragmentaire des mines de Decize avant le XVIIIe siècle. Elles ont été reconnues et exploitées à partir de 1481 (on possède des contrats datés de 1489. En 1514 nouvelles découvertes dans le bois du prieuré des Minimes de Decize (Guy Thuillier, Georges Dufaud et les débuts du grand capitalisme dans la métallurgie, en Nivernais, au XIXe siècle, Volume 20, 1959 - books.google.fr).

Saint Aré

Estant donc estably siege Episcopal à Neuers, & le Diocèse attribué à la Prouince & Eglise Métropolitaine de Sens, y ont esté ordonnez Euesques, personnages choisis en integrité de Religion & sainteté de vie : Le premier Evesque renommé, duquel les Legendaires parlent fut saint Aré, dit en Latin Aregius, au temps duquel l'Eglise Cathedrale estoit dediée sous les noms de saint Gervais & saint Prothais Martyrs : Ledit saint Aré estoit du temps de saint Gregoire le Grand premier de ce nom, Pape, environ l'an 590 : se trouue une Epistre dudit saint Gregoire audit saint Aré, qui est la cent onziesme du livre septiesme, en laquelle il octroye audit Aregius & à son Archidiacre l’usage des Dalmatiques, & les leur enuoya par un Abbé nommé Cyriaque, & autres Epistres dudit saint Gregoire audit Aregius, 51. & 62. lib. 9. Ledit saint Aré proche de la mort commanda que son corps fust inhumé en l'Eglise de Nostre—Dame à Desize, qui est une cité environnée de la rivière de Loire, à sept lieuës au dessus de Neuers, ou à present il y a ville close & chasteau, l’Eglise parochiale dudit lieu est dite de saint Are, & le corps dudit saint y est Vénéré & ses prieres reclamées pour guérison de fièvre : sa feste est le seiziesme Aoust (Histoire de Nivernois, Les oeuures de maistre Guy Coquille sieur de Romenay, contenans plusieurs traitez touchant les libertez de l'Eglise Gallicane, l'histoire de France & le droit françois, 1666 - books.google.fr).

Guy Coquille (1523 - 1603), en latin Conchylius, sieur de Romenay (à Diennes-Aubigny), est un jurisconsulte et poète français, né à et citoyen de Decize (fr.wikipedia.org - Guy Coquille).

Aré de Nevers (aussi connu sous le nom de Saint Aré) était évêque de Nevers en France de 548 à 558. Aré de Nevers avait demandé qu'à sa mort on le place dans une barque et qu'on l'enterre à l'endroit où la barque s'arrêterait. L'histoire raconte que la barque a remonté la Loire et s'est échouée à Decize dans le département de la Nièvre où il fut enterré. À Decize, une église porte aujourd'hui le nom de Saint Aré.

On pense que ce fut lui qui ordonna prêtre saint Patrice, apôtre de la contrée située entre la Loire et l'Allier, qu'on nommait alors la contrée des Gentils, pagus Gentilicus (www.gennievre.net - Saint Aré, fr.wikipedia.org - Aré de Nevers).

On dit saint Taré ?

À l’époque celtique, Decize est un oppidum des Éduens, connu sous le nom de Decetia. La première mention de Decetia nous est donnée par Jules César, dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules. Selon ses commentaires (Livre VII, chapitre XXXIII), César y aurait réuni, à la fin de l'hiver, le sénat de la cité pour résoudre le conflit opposant Convictolitavis et Cotos, deux chefs éduens, pour la magistrature suprême (vergobret). César choisit Convictovitalis comme magistrat suprême des Éduens, pensant ainsi en faire des alliés (fr.wikipedia.org - Decize).

Decize est traversée par la rivière Aron. Aron, Aré : cf. Arar du préceltique "ar", "cours d'eau" (Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Tome 1, 1990 - books.google.fr).

Trouver un scorpion

La Machine se trouve sur un axe du 23 octobre, début du signe du Scorpion, signe d'eau (Le Zodiaque de La Vraie Langue Celtique : Scorpion - 23 octobre).

Le territoire qui forme la partie centrale de la vaste contrée appelée Maurétanie par les anciens, Maghreb par les Arabes, et Barbarie par les modernes, a toujours été en relations fréquentes avec l'Europe et avec l'Asie orientale (Paul Leroy-Beaulieu, L'Algérie et la Tunisie, 1887 - books.google.fr).

Une évolution sémantique constatable aux Ve et VIe siècles révèle ce lien établi dans les esprits entre la Maurétanie et le monde barbare : le mot Maurus désignait tout habitant de la Maurétanie, quel que fût sa langue ou son mode de vie. Or, il allait être employé pour désigner tout Berbère non romanisé, y compris dans les provinces orientales (ainsi, à l'époque byzantine, pour désigner les envahisseurs venus des régions syrtiques, donc géographiquement à l'opposé de la Maurétanie, ou encore les Aurasiens) (Serge Lancel, Saint Augustin, la Numidie et la société de son temps: actes du colloque Sempam-Ausonius, Bordeaux, 10-11 octobre 2003, 2005 - books.google.fr).

La figure allégorique de l'Afrique qui est l'une des quatre parties du monde, représente la figure d'une femme et celle d'un scorpion. Sur certaines médailles, elle a pour coiffure la tête d'un éléphant; sur d'autres, elle tient d'une main un scorpion, et de l'autre une corne d'abondance; à ses pieds on voit une corbeille remplie de fruits et de fleurs. Sur des médailles modernes, c'est une femme maure, presque nue, ayant les cheveux noirs, crépus, une tête d'éléphant pour cimier, un collier de corail, une corne pleine d'épis, dans la main droite un scorpion, dans la gauche une dent d'éléphant, et elle est suivie d'un lion et de plusieurs serpents (François Raymond, Dictionnaire général de la langue française et vocabulaire universel des sciences, des arts et des métiers, 1832 - books.google.fr).

M. Linné (Syst. Nat. édit. 6. n. 205.) donne quatre especes différentes de scorpions. La premiere est un Scorpion des Indes, qu'il nomme Scorpio pectinum denticulis, Scorpion à dents de peigne ; la seconde est un Scorpion d'Afrique, Scorpius Africanus; la troisième, un Scorpion d'Italie, Scorpius Italicus ; la quatrième, un Scorpion de Barbarie, Scorpius Barbarus. Ces trois derniers, comme le premier, sont à dents de peignes, pectinum denticulis (François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, Système naturel du règne animal, par classes, familles ou ordres, genres et espèces, Tome 2, 1754 - books.google.fr).

En Languedoc & en Barbarie, la piqûre des scorpions est assez souvent suivie des accidens les plus graves ; mais, il faut l'avouer, elle n'est que très-rarement mortelle en France, en Espagne & en Italie. Cependant, sous la zone torride, le danger est plus imminent (Hippolyte Cloquet, Reptiles, Poissons, Mollusques, Crustacés, Annelides, Arachnides, Insectes, Radiaires, Encyclopédie méthodique, Système Anatomique, Tome IV, 1830 - books.google.fr).

La barque qui transporte le corps mort d'Aré remonte le courant : cf. Ps 113 : "Jordanis conversus est retrorsum".

Lorsqu'Israël sortit d'Egypte, lorsque la famille de Jacob sortit du milieu d'un peuple barbare, Juda devint le sanctuaire de l Eternel, et Israël fut son héritage. La mer le vit et s'enfuit; le Jourdain remonta vers sa source. Les montagnes tressaillirent comme le bélier et les collines comme l'agneau. Mer, pourquoi as-tu fui? Jourdain, pourquoi as tu reculé vers ta source ? Montagnes, pourquoi avez-vous tressailli comme le bélier, et vous, collines, comme l'agneau ? C'est que la terre avait été ébranlée à la présence du Seigneur, à l'aspect du Dieu de Jacob. C'est lui qui a changé la pierre en un torrent, et le rocher en une source d'eau. Faites éclater votre gloire, non pas pour nous, Seigneur, non pas pour nous, mais pour l'honneur de votre nom, pour la justification de votre miséricorde et de vos promesses, De peur que les nations ne disent un jour : où est donc leur Dieu ? Notre Dieu ! il est dans les cieux : tout ce qu'il a voulu, il l'a fait (L'Office des saints Gervais et Protais, martyrs, patrons de Gisors, 1835 - books.google.fr).

L'Acrabatène est la troisième des onze toparchies de la Judée, selon quelques auteurs, la cinquième selon d'autres. Elle s'étendait vers l'orient, entre Sichem et Jéricho, dans la demi tribu de Manassé, à l'O. du Jourdain. Flavius Josèphe parle d'un grand combat qui fut livré sur les frontières de l'Acrabatène, entre les Juifs et les Samaritains, à l'occasion du meurtre d'un Galiiéen, et dans lequel les Samaritains furent compiétement défaits. C'est aussi un canton de Judée, dans la tribu de Siméon, situé sur les frontières de l'Idumée, vers l'extrémité de la mer Morte. Acrabim dans la géographie de la Bible, est une ville ou un bourg de l'Acrabaténe sur la route de Sichem à Jéricho. Son nom signifiait la Montée du scorpion, d'après la Vulgule (Grand dictionnaire universel Larousse du XIXe siècle: A, 1866 - books.google.fr).

Les montagnes sont assimilées au bélier, les collines à l'agneau. Le Jourdain et la mer n'ont pas de correspondants. L'opposé zodiacal du bélier est la balance.

Plaute, Casina Acte II, sc. VIII : Recessim cedam ad cedam ad parietem, imitabor nepam : « Approchons-nous à reculons de la muraille, à la manière des scorpions ».

Les écrevisses se changent en scorpions, quand le soleil est dans le signe du Cancer (ou écrevisse) (Pline, Hist. nat., XXXII, chap. XIX) (Waldemar Deonna, Mercure et le scorpion, Latomus, Volume 37, 1959 - books.google.fr).

Les eaux

La mythologie grecque nous apprend que le scorpion fut transformé en une constellation qui fuit toujours celle d'Orion, parce que la déesse Artémis le remercia ainsi d'avoir piqué Orion qui tentait de lui faire violence et fut également transporté au ciel. Celui-ci apparaît bien comme le gardien de la virginité dans l'épisode d'Artémis que nous venons de rapporter, et joue, semble-t-il, le même rôle auprès d'Isis qu'il défend des poursuites de Seth. Or, ce signe, censé exercer une influence aphrodisiaque sur les hommes, serait en rapport avec celui du Sagittaire, à cause du parallélisme établi entre le comportement du candidat à l'initiation dans les temples antiques et celui de l'insecte qui se "suicide" lorsqu'il est entouré par le feu. En effet, après avoir reçu le baptême de l'eau, l'initié doit recevoir celui du feu par une mort symbolique, pendant laquelle, « en traversant le Sagittaire (...), il sera purifié par les foudres jupitériennes ». La parenté des signes de la Vierge et du Scorpion pourrait ainsi signifier la procréation dans la virginité", et la mort volontaire au monde pour la conquête du ciel (André Siganos, Les Mythologies de l'insecte: histoire d'une fascination, 1985 - books.google.fr).

A l'origine, siège d'une commanderie de l'ordre du Temple, les bâtiments et les biens de Saint-Thibault de Decize furent affectés à une maladrerie lors de la suppression des Templiers en 1312 (Marcel Anfray, La cathédrale de Nevers et les églises gothiques du Nivernais, 1964 - books.google.fr).

Il faut croire que du IXe au XIIe siècle le culte des Fontaines était dans le Morvan plus vivace que jamais et y faisait au Christianisme une concurrence redoutable. La plupart des églises de cette époque sont construites sur les sources ou à proximité de ces sources. C'est ainsi que la Fontaine de saint Michel, commune de Rémilly, dédiée jadis à sainte Claire, car elle est renommée pour les maux d'yeux, se trouve dans la crypte de l'ancienne église paroissiale de Saint-Michel, antérieure au Xe siècle; qu'à Lanty l'église, n'ayant pu être bâtie dans le ravin où se trouve la source de la « Bonne-Dame », a été construite immédiatement au-dessus; qu'à Commagny, le cellarium primitif, dédié à saint Hilaire, le maître de saint Martin, fut érigé tout à côté de la source, dite aujourd'hui de saint Genevras (Gevras, Gervais) ; qu'à Sémelay, à Fléty, l'église se trouve à proximité de sources importantes. De nos jours l'Eglise continue à accaparer les sources. Elle y fait construire des chapelles, comme à Saint-Aré, commune de Decize, ou tout au moins des niches, surmontées de croix comme à Tazilly, à Sémelay, à Chiddes, à Sermages, à Chalaux, etc. Toutes ces fontaines, sont plus ou moins miraculeuses et le clergé y conduit encore les fidèles en procession : celle de Lanty donne du lait aux nourrices qui vont y laver leur poitrine; celle de Commagny guérit la colique, le flux de sang, les attaques d'épilepsie, l'incontinence d'urine chez les enfants ; la statue de saint Gervais, placée dans la niche qui surmonte la fontaine, fait tomber la pluie quand on la trempe dans l'eau; mais il faut que l'opération soit faite par le prêtre au cours d'une procession car, dit-on, les mauvais plaisants qui feraient prendre au bon saint un bain intempestif mourraient dans l'année (A. Desforges, Survivances : Les Sources païennes et les Pierres Pertuses christianisées du Morvan. Leurs vertus curatives. Leurs légendes. In: Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 15, n°6, 1918 - www.persee.fr).

Cyrille de Jérusalem a écrit les Catéchèses baptismales 1-18 ("C"), homélies prêchées aux catéchumènes de Jérusalem durant le carême au début de sa carrière.

Significantly, we also find in C that Christ's association with water, rather than the Spirit's, is the richer and more useful catechetical idea for conveying the significance of what happens in the font. Cyril does describe the font as the place where the Spirit acts, sealing souls (C 3.3, 4, 12; C 16.24; C 17.14, 35-36), but he interprets the meaning of the font symbolically with christological ideas (including in one case the sanctifying of the water). In C3.11, the model of Jesus' baptism in the Jordan is used to show how water, once the abode of death, has been rendered powerless by Jesus' baptism, a symbol of his own death and resurrection :

Jesus sanctified baptism when he himself was baptized... The dragon, according to Job, was in the water, he who "received the Jordan in his maw" (Job 40:23). When, therefore, it was necessary to "crush the heads of the dragon" (Ps 74:14), descending into the water, he [Christ] bound the strong, that we might receive the "power to tread upon serpents and scorpions" (Lk 10:19)... Baptism draws death's string.

Again, in C 12.15 :

Christ came that he might be baptized and might sanctify baptism: he came that he might work wonders, walking upon the waters of the sea. Therefore, since before his coming in the flesh, "the sea beheld and fled; Jordan turned back" (Ps 114:3), the Lord assumed his body, that the sea might endure the sight, and Jordan receive him without fear... But the devil would not have dared to approach, if he had known him... His body, therefore, was made a bait to death, that the dragon, when hoping to devour it, might disgorge those also whom he had already devoured. For "death prevailed and devoured" (Is. 25:8 LXX) (Alexis James Doval, Cyril of Jerusalem, Mystagogue: The Authorship of the Mystagogic Catecheses, 2001 - books.google.fr).

Les Catéchèses baptismales de Cyrille, sans se prononcer pour la foi nicéenne (la consubstantialité du Père et du Fils), affirment sans hésitation la divinité et la seigneurie du Verbe, ce qui est improbable dans la bouche d'un partisan d'Arius. Il semble donc avoir, dès le début de sa carrière d'évêque, incliné sa réflexion théologique dans un sens anti-arien (homoousiens (nicéens) : favorables à la thèse de substance semblable du Fils à celle du Père aussi dit « consubstantialité » ; homoiousiens : favorables à la thèse de la même nature du Fils (ou substance) que celle du Père).

Dans la lettre à l'empereur Constance, Cyrille raconte l'apparition d'une croix lumineuse dans le ciel de Jérusalem, s'étendant du Calvaire au mont des Oliviers. La date du 7 mai, dans beaucoup de calendriers liturgiques, conserve le souvenir de cet événement qui serait arrivé en 351 (fr.wikipedia.org - Cyrille de Jérusalem, fr.wikipedia.org - Homoiousisme).

Cette dispute théologique est à l'origine de l'expression "ne pas changer d'un iota" apparaissant dans la strophe du Serpentaire du Serpent rouge (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Serpentaire).

Il s'agit de l'empereur Constance II, né à Sirmium, sous le règne duquel se tinrent aussi les conciles de Sirmium (Le Prieuré de Sion : Prologue : Cassan ou les Quatre Couronnés).

Le baptême et les âmes des morts

Des récits semblables ayant été notés en de nombreuses localités du Nivernais, (surtout dans la partie sud), nous ne dirons que les détails particuliers et les explications données qui varient selon les informations. Variante a) Un bouvier rentrant de Nevers à Uxeloup entend la Chasse Saint Hubert et crie : "Prends donc !" Aussitôt, il entend un coup de fusil et un os tombe sur le chariot. Une voix lui dit : "Voilà ta part !" L'homme rejette en vain l'os sur le sol ; l'os remonte. Le chasseur qui mène la Chasse est un mauvais air (mauvais esprit ou démon) qui chasse les âmes damnées, les enfants non baptisés, etc. Variante b) Même aventure à un charretier de La Machine qui, entendant la Chasse en l'air et deux coups de fusil, crie : "Apporte !" et reçoit sur sa voiture la moitié d'un corps de femme (Ms. A. Millien). Variante c) Un homme qui, de chez lui, crie à la Chasse en l'air : "Tu ne me feras donc jamais manger de gibier ! " reçoit par la cheminée un membre humain tout sanglant. Les âmes chassées en l'air sont celles des enfants morts sans baptême. En quittant ce monde, elles ne peuvent d'abord aller ni en paradis ni en enfer. Elles errent dans l'espace, cherchant le ciel ; et le diable les fait chasser par ses chiens pour les prendre avant qu'elles aient trouvé le chemin du paradis... Deux hommes, s'étant attardes la nuit, entendent la Chasse en l'air. L'un fait un signe de croix et un petit oiseau épuisé tombe sur son sein où il le garde. La Chasse éloignée, l'oiseau repart en disant : "Tu m'as sauvé. Ta place sera gardée auprès de la mienne." (Ms. A. Millien, Vallée de la Nièvre). Variante d) Un homme, rentrant à Beaumont-la-Ferrière, entend la Chasse en l'air, demande du gibier au Chasseur, trouve chez lui, dans son foyer, une jambe de mort. Il consulte le curé qui lui dit d'attendre avec un enfant baptisé dans ses bras, que la Chasse repasse la nuit suivante et de crier : "Chasseur, viens reprendre ton gibier." C'est ce qu'il fait, la jambe disparaît et une voix lui crie : "Si tu m'échappes, c'est à cause de l'enfant que tu tiens" (Ms. A. Millien). Variante e) Dès qu'on entend la Chasse en l'air, il faut tracer un rond autour de soi et planter au milieu une croix ou une petite baguette au pied de laquelle on dispose deux brins de paille ou de bois. C'est sur cette petite baguette que l'âme chassée vient se poser. La Chasse se précipite autour du cercle sans pouvoir le franchir. Une voix s'écrie : "Rends-moi mon gibier !" On répond : "Je n'ai pas ton gibier. Et, quand minuit sonne, la Chasse s'évanouit et l'âme s'envole en disant : "Ta place est gardée". (Ms. A. Millien, noté Vallée de la Nièvre et à Pougues). Variante f) Un bûcheron, entendant la Chasse et une voix qui crie : "Prenez-la ! Prenez-la !", fait une croix et dit trois fois : "Arrive ici, vite ! "Il n'a rien vu mais il a remarqué que la petite croix fléchissait sous le poids de l'âme qui s'y était posée et qu'il avait sauvée. (Ms. A. Millien, Amognes) Nous ne pouvons donner ici toutes les variantes notées par A. Millien ; on en trouve d'autres données par A. Desforges dans la Revue de Folklore français, IV (1933), p. 222 : récit nivernais, non localisé, d'un soldat qui met son épée en croix au passage de la Chasse St Hubert et sauve une âme, histoire d'un braconnier du Bazois qui, tirant un coup de fusil sur la Chasse, est foudroyé et on voit deux gouttes de sang sur le canon du fusil etc. (Mythologie française, Numéros 144 à 154, Société de mythologie française, 1987 - books.google.fr).

La Machine est à la frontière du Scorpion, signe d'eau, et de la Balance, signe d'air.

Par ailleurs, dans les Merveilles de Rigomer, le motif de la mesnie Hellequin est clairement présent, dans sa diversité. Sans qu'il soit possible de développer ici, de nombreuses aventures peuvent être comprises comme mettant en scène des morts, des revenants: ainsi la chasse nocturne (v. 1195ss) ou l'apparition de nuit d'une troupe de dames et de chevaliers (v. 8271 ss), l'aventure de Cligès qui reprend le motif de l'Atre Périlleux (v. 9103ss), le mort qui se réveille quand on lui ôte le tronçon qui traverse son cadavre (v. 8384ss). Si Sagremor joue un rôle important, en double de Gauvain (alors que les forces de Gauvain croissent à midi, celles de Sagremor baissent la nuit v. 7744), n'est-ce pas que son nom se termine par « mor» (qui évoque la mort) ? Si les chevaliers bretons sont pris pour des diables d'enfer (comme Gauvain v. 11901ss), c'est peut-être que la maisnie Arthur est aussi une maisnie Hellequin. D'ailleurs parmi les troupes irlandaises qui combattent l'armée d'Arthur devant Rigomer figurent des «moine infernax» (v. 10278), qui pourraient bien être eux aussi des revenants. Qu'est-ce alors que Rigomer, sinon un au-delà, un bout du monde (mers, merc désigne la borne, la frontière), qu'il ne faut peut-être pas prendre au sérieux ? On peut donc présenter l'hypothèse que l'expression «maisnie Artu» a été prise pour désigner dans Les Merveilles de Rigomer à la fois un groupe d'élite autour du roi, au même titre que la Table Ronde, et un troupe de revenants, comme la mesnie Hellequin. Parce que nous sommes à une époque où s'écrit, non la glorieuse jeunesse d'un royaume, comme chez Chrétien de Troyes, mais La Mort le Roi Artu, parce que la matière arthurienne semble s'épuiser à force de reprises, Arthur et ses hommes pourraient paraître morts. Mais pour l'auteur des Merveilles de Rigomer Arthur revient, au sens propre et au sens figuré du terme" : et c'est ce que la dernière partie, qui fait d'Arthur le héros, a bien compris. A défaut d'Arthur, nous aurons toujours son fantôme (Christine Ferlampin-Acher, La Table ronde dans les Merveilles de Rigomer, L'héritage de Chrétien de Troyes, 2007 - books.google.fr).

Le fil conducteur du roman est un thème arthurien : Lancelot et Gauvain, à travers mainte aventure, pénètrent dans le château de Rigomer et délivrent les chevaliers qui y étaient retenus prisonniers. Mais là n'est pas l'intérêt principal ; il est dans les nombreuses merveilles que les héros rencontrent tout au long de leur voyage vers Rigomer, aux approches de Rigomer, et à Rigomer même. Nous avons déjà parlé dupont de Rigomer que tient un serpent (§8, a) ; du Mal Ostoir, défendu par quatre lions (§8, b) ; de la Maie Gaudine où sévit l'horrible pante (idem). Les Bretons doivent se battre contre les cornus, êtres au museau de chien, avec des cornes, un corps couvert de poils (10410 et sv.). L'entrée d'un jardin, situé dans Rigomer, est défendue par des géants de cuivre et d'autres automates : Gauvain, après avoir franchi le passage voit dans le jardin un ostoir sur un perchoir, avec un gant de fauconnier à côté. Il enfile le gant prend l'ostoir ; les dames et chevaliers du jardin sont délivrés (14470 et sv.). Dans un pré, attaché à un arbre, se trouve un cheval qui, par ses morsures et ses ruades, tue tous ceux qui veulent le monter. A l'approche de Gauvain, le cheval "s'humilie" et s'agenouille ; Gauvain le monte, frappe la quintaine qui se trouve auprès : les derniers prisonniers sont délivrés, les malades et les navrés redeviennent sains (14520 et sv.). Mais l'épisode le plus singulier, avec quelque chose de féerique, est celui de l'oiseau Willeri. Gauvain suit un chemin à travers bois lorsque soudain un oiseau, sur un chêne, entonne une délicieuse mélodie. Cet oiseau a un plumage prodigieusement multicolore. De plus, il sait parler. Il se dit envoyé par sa dame, dont il refuse de prononcer le nom, pour servir Gauvain, le "meilleur des chevaliers", et pour le guider. Il se nomme lui-même : "Sire, dist li oisiax, par m'ame, Jou sui li oisiaus Willeris" (11688-89). Il fait prendre aux chevaliers un autre chemin que celui qu'un vallés de rencontre, aux intentions félonnes, leur avait conseillé ; il les accompagne en chantant constamment. On arrive à un château ; Gauvain entre son compagnon, le chevalier Irois, éprouve de la crainte, reste dehors, s'endort sous un arbrisseau : l'oiseau continue de chanter, et son chant la peur du chevalier. Les fées surgissent et emportent le chevalier dans une tente au milieu du bois, où elles le servent. Cependant Gauvain, sorti vainqueur d'une terrible bataille, ressort du château, rejoint son compagnon. Ils repartent et arrivent au castel de Rigomer ; devant le castel, sous une tente, est Lorie, l'amie de Gauvain ; la tente est magnifique ; sur le principal des cent "pommeaux" qui la couronnent se trouve un aigle d'or, et sur l'aigle est posé l'oiseau Willeri (11600-12785) (Jean Bichon, L'animal dans la littérature française au XIIème et au XIIIème siècles, Volume 2, 1976 - books.google.fr).

Le SCORPION du Serpent rouge

« Vision céleste pour celui qui se souvient des quatre oeuvres de Em..SIGNOL autour de la ligne du Méridien, au choeur même du sanctuaire d’où rayonne cette source d’amour des uns pour les autres, je pivote sur moi-même passant du regard la rose du P à celle du l’S, puis de l’S au P...et la spirale dans mon esprit devenant comme un poulpe monstrueux expulsant son encre, les ténèbres absorbent la lumière, j’ai le vertige et je porte ma main à ma bouche mordant instinctivement ma paume, peut-être comme OLIER dans son cercueil. Malédiction, je comprends la vérité, IL EST PASSE, mais lui aussi en faisant LE BIEN, ainsi que CELUI de la tombe fleurie. Mais combien ont saccagé la MAISON, ne laissant que des cadavres embaumés et nombres de métaux qu’ils n’avaient pu emporter. Quel étrange mystère recèle le nouveau temple de SALOMON édifié par les enfants de Saint VINCENT. »

Cette strophe a été mise en relation avec les cathares, influencés par les Bogomiles dont la paume de la main et les spirales sont des motifs décoratifs particuliers. "S au P" se rapporte peut-être aussi au mot occitan "saup" ("je sais") référant à la gnose (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Scorpion).

A. Wilmart publie une lettre (vers 1221) de Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, adressée à Henri de Villeneuve, évêque d'Auxerre, relative aux hérétiques de la Charité-sur-Loire. Ces hérétiques étaient fort probablement des Cathares (Revue bénédictine, Volumes 22 à 55, Abbaye de Maredsous, 1945 - books.google.fr).

Contrairement aux régions voisines (Bourbonnais, Berry), le Nivernais a connu des hérésies mais ces manifestations sont strictement localisées et il ne faut pas exagérer leur portée. Dans les dernières années du XIIe siècle, l'official de l'évêque de Nevers poursuit plusieurs habitants de la ville qui, à l'instigation d'un nommé Tétric, ont adopté les doctrines albigeoises. Vers 1200, Erard de Châteauneuf (probablement Châteauneuf-Val-de-Bargis près de La Charité) qui est un des fidèles chevaliers du comté Hervé de Donzy, mais que ses tâches administratives au service du comte ont rendu très impopulaire, est convaincu d'hérésie par l'évêque d'Auxerre, livré à la puissance séculière et brûlé vif à Nevers, à la grande satisfaction du peuple. Mais la ville de La Charité fut le principal foyer d'hérésie. Sa situation à la limite du comté, son caractère de lieu de passage, en faisaient un endroit favorable et une ville-refuge. L'évêque d'Auxerre, Hugues de Noyers, était intervenu une première fois. Mais, en 1202, un nombre important d'habitants de La Charité furent obligés d'abjurer solennellement, dans la dans la cathédrale de Nevers, leurs croyances cathares. C'est à La Charité que se réfugie l'abbé de Saint-Martin de Nevers, Rainaud, accusé, non point d'hérésie mais d'irréligion, d'adultère et d'usure, avant d'être excommunié et incarcéré dans la prison de son propre monastère (André Leguai, Histoire Du Nivernais, 1999 - books.google.fr).

Fête des Morts et Mesnie Hellequin

Halloween n'est pas loin du 23 octobre, 8 jours plus tard seulement.

C'est précisément le symbole d'une situation conflictuelle et archaïque de qui n'a pas encore réussi à unifier, à cohérer les éléments de sa personnalité et c'est en cela qu'Arlequin désigne le diable. Ce porteur de masque, et d'un masque qui fit fureur durant tout le xvine siècle, représente ainsi les combats et les oppositions intimes qu'incarne Wotan. Hellequin, Heerloking, Maître redoutable de l'armée des Morts, dieu masqué, n'est autre que le chef d'une horde de démons. Halloween est une fête que, de nos jours encore, on célèbre en Écosse et aux États-Unis la veille de la Toussaint. C'est essentiellement une fête des Morts et il faut rappeler que la fête chrétienne correspondante n'a été instituée — par le pape Grégoire III — qu'en 837. Halloween — littéralement, « veille du jour de tous les saints » : All Hallow E'en ou even — est donc bien antérieur à la Toussaint. C'est en fait une fête de masques. Masques étranges, constitués d'une courge évidée percée d'orifices simulant les yeux, le nez, la bouche, et dotée intérieurement d'une chandelle. L'ensemble constitue ainsi une évocation passablement impressionnante. Ces masques appelés Jack'O Lanterns, ont une vertu propitiatoire et, comme les images des Lares, sont disposés, la veille de la fête, sur un autel de circonstance, à l'entrée des maisons. A ces Jack'O Lanterns, est rattachée une légende irlandaise qui illustre bien le rapport de ces évocations masquées à l'ancêtre primordial. C'est la Légende de Jack l'Irlandais. Jack était un vieil ivrogne qui mit au défi le diable d'aller cueillir une pomme sur un pommier. Une fois' le diable grimpé dans l'arbre, Jack en marqua le tronc d'un signe de croix de sorte que le diable n'en put plus redescendre. Jack fit alors jurer au diable qu'en aucun cas il ne chercherait à lui ravir son âme. Cela ne l'empêcha cependant pas de mourir mais, comme il avait passé sa vie à se désaltérer somptueusement, il fut rejeté du Paradis et renvoyé chez le diable Lié par son serment, celui-ci l'éconduisit à son tour, non sans lui jeter au visage un charbon ardent. Jack, qui était justement en train de manger une citrouille, y disposa le charbon et, depuis lors, parcourt la terre avec cette Jack'O Lantern, cherchant une place où se reposer. Telle est l'origine de ces masques spécifiques de la fête de Halloween qui, à cette date, continuent de décorer et de protéger les ouvertures des demeures dans nombre de régions anglo-saxonnes (Jacques Bril, Le Masque, ou Le père ambigu, 1983 - books.google.fr).

Plus justement :

Sous le pontificat de Grégoire III (pape de 731 à 741), on commença à célébrer le 1er novembre, la fête de tous les saints. En France cette solennité s'introduisit en 837 sous le règne de Louis de Débonnaire, lors d'un voyage de Grégoire IV (pape de 827 à 844) dans le royaume franc. En 998, l'abbé de Cluny, Odilon, impose la fête des morts à tous les monastères de sa congrégation. Cette dévotion, approuvée par les papes, se répand un peu partout. Aux prières s'ajoutent des aumônes et des dons de toute espèce, recueillis pendant la journée du 2 novembre (Adelin Moulis, Traditions et coutumes de mon terroir: Comté de Foix et Vicomté de Couserans, 1972 - books.google.fr).

Il est à remarquer que la commune de Cluny se trouve un des axes nonagonaux du 3 ou 4 novembre.

Les antécédents de la Toussaint s'insèrent dans la « fête de tous les saints » fixée primitivement au 13 mai, par le pape Boniface IV au début de l'an 700. Jacques de Voragine explique ce transfert « aux calendes de novembre, alors que la moisson et les vendanges sont terminées » par le manque de vivres durant le mois de mai, période de soudure. Les fêtes des morts européennes (cycle de la Toussaint) sont en relation avec la fête celtique de Samain (Premier novembre) commémorant les âmes. La proximité calendaire permet d'établir un lien entre l'ancienne fête de la Toussaint du 13 mai, la fête des morts et celle des antiques Lémuria romaines du 9, 11, et 13 mai, cultes dédiés aux esprits des morts, jours néfastes durant lesquels les familles honoraient leurs défunts, les temples étaient fermés, les mariages interdits (Antoinette Glauser-Matecki, Le premier mai ou le Cycle du printemps, 2002 - books.google.fr).

Un axe nonagonal du 13 mai est celui des Îles Glénans, comprenant la bien nommée Île aux trente cercueils de Maurice Leblanc et Arsène Lupin, celui aussi de Carnac, Sarzeau, le Grand Pressigny, trouvé dans La Vraie Langue Celtique de l'abbé Henri Boudet (Arsène Lupin de Maurice Leblanc : Les axes d’Arsène Lupin : Sarzeau et Vendôme).

La veille de Toussaint, après la tombée de la nuit, les enfants porteurs de masques et de déguisements aussi effrayants que possible, costumés en revenants et en sorcières, et munis de lanternes vénitiennes, courent la ville et la campagne et vont frapper aux portes. Devant leur sommation rituelle « Treat or trick », c'est-à-dire « régalez-nous, ou nous vous jouons un mauvais tour », les vivants apaisent ces revenants par des offrandes en nature ou en espèces. C'est en effet le mythe du retour des âmes des morts qui demandent à être apaisées par les vivants, sous peine de vengeance, que les enfants américains rejouent ce soir-là. Il faut remonter bien avant l'ère chrétienne, jusqu'aux Druides, pour retrouver l'origine de ce rite païen de Halloween, rite qui passa avec les derniers Druides en Irlande et en Ecosse, et, de là, se propagea en Amérique. En effet, les Druides vénéraient, entre autres divinités, Samhain, le Dieu des Morts. Sa fête tombait le 1er novembre. La veille de ce jour, donc le soir de Halloween, de la tombée de la nuit jusqu'au lever du soleil le lendemain, les âmes des morts revenaient qu'il fallait apaiser sous peine de vengeance. A l'origine, les Druides les apaisaient par des sacrifices humains de victimes qu'ils brûlaient vives. Mais ce 1er novembre n'était pas que la Fête de Samhain, Dieu des Morts. Elle était aussi la fête du Dieu solaire et le Nouvel An des Celtes (Pierre Lacombe, La veille de la Toussaint, le mythe et la bombe de 50 mégatonnes, Synthèses, Numéros 185 à 190, 1961 - books.google.fr).

Plantard et saules

Les forêts sacrées portaient, chez les Scandinaves, le nom de Lund (pluriel lünder), lequel rappelle l'étymologie du nom de Londres, London. Elles étaient placées, la plupart, sous l'invocation d'Odin ou Wodan. Ce dieu conduisait, au dire des Saxons, sa bande mystérieuse, ses chasseurs, ses chiens, à la clarté de la lune, dans la solitude des forêts : c'est ce qu'en Allemagne on appela longtemps Wuotans Heer, la troupe ou l'armée d'Odin. Dans la basse Saxe, le Holstein, le Meklembourg, la Poméranie, lorsqu'un bruit soudain se fait entendre dans l'air, le peuple dit que c'est Odin qui passe. Comme Odin a été identifié au diable depuis l'établissement du christianisme, ce chasseur divin est devenu le chasseur infernal, Hell Jäger. On l'appelle encore le chasseur sauvage, der wilde Jager ; et c'est sous ce nom que Burger a décrit son apparition terrible. Les noms de l'armée furieuse, das wüthende Heer, de chasseurs furieux, die wüthenden Jäger, lui sont encore appliqués. A l'île de Moen, on désigne ce bruit mystérieux, en l'air ou dans la solitude des forêts, par le mot grönjette. Suivant les cantons, on voit ce même personnage, ce revenant des forêts, apparaître, dans les légendes populaires, sous les noms divers de Hackelberg, de Weltjäger, le chasseur éternel, de Wounjäger, Woejenjäger, Joejäger, Nachtjäger, le chasseur nocturne, de Hassjäger, le chasseur maudit, de Schwarze Jäger, le chasseur noir (Alfred Maury Alfred, Les forêts de la France dans l’Antiquité et au Moyen Âge ; nouveaux essais sur leur topographie, leur histoire et la législation qui les régissait. In: Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France. Deuxième série, Antiquités de la France. Tome 4, 1e partie, 1860 - www.persee.fr).

Erlkônig, le Roi des aulnes, n'est autre que la mort, une personnification de la mort dans son caractère de divinité apparentée aux Niebelungen (« êtres de nuages »), au chasseur sauvage, dit Hellequin ou Hennequin - et à l'Arlequin italien, personnage masqué de noir et qui frappe, même dans la version française de la plus légère comédie, avec une massue. Hennequin, Hellequin, Arlequin seraient des déformations phoniques de Erlkônig. Certes la mort, nous le verrons encore, a sa place auprès du feu de la Saint-Jean, ne serait-ce que pour se conjurer elle-même, ou devenir principe de vie. D'ailleurs le marécage, ici représenté par son arbre spécifique, n'est-il pas une des formes extrêmes de l'union entre la terre et l'eau, cette boue qui peut engloutir, étouffer, qui est le symbole même de l'impureté en tant que mélange indissociable, mais qui est aussi le limon, riche de nombreuses vies à l'état primitif et d'autant plus virulentes, riche aussi d'innombrables latences, qui est encore la glaise humide dont le potier modèle la poterie ou la statue, dont le dieu forme sa créature avant de lui insuffler la vie. On cueille également le tremble, et cela par opposition au saule. Le tremble est bénéfique, le saule porta lo diable dins l'estable, « porte le diable dans l'étable ». Comme le vergne, le saule est un arbuste des marécages. Le tremble également, quoique à un degré moindre. Si le tremble aime l'eau, c'est plutôt la rive, là où la terre est séparée de l'eau : la source ou le fleuve, non la boue. Néanmoins ces trois végétaux peuvent être considérés comme appartenant aux lieux humides, et tous trois ont un caractère sacré, deux dans le bien, un dans le mal. À noter toutefois que le saule est employé en vannerie même à l'état sauvage, que d'ailleurs l'osier est une variété de saule, et que l'on se sert des objets tressés de saule sans y attacher aucune valeur magique particulière, mais on ne frappe pas un animal avec une branche de saule. On ne s'en sert pas pour faire un bâton, surtout un bâton à guider le bétail. Il semble que l'aire de malédiction du saule soit limitée, puisqu'en d'autres lieux du Limousin le bouton de saule entre dans le rameau. Mais chez nous, tout se passe comme si, des deux principes du marécage, celui qui donne la vie et celui qui donne la mort, le premier s'incarnait dans le vergne et le tremble, l'autre dans le saule (Marcelle Delpastre, Le tombeau des ancêtres: coutumes et croyances autour des fêtes chrétiennes et des cultes locaux, 1997 - books.google.fr).

Il faut planter les aulnettes et les peupliers en octobre, et même jusqu'en novembre, si les gelées ne s'y opposent point. Pour les saules, ce sont des plantards que l'on prend aux gros saules. Il en manquera trèspeu, si l'on a la préca-ution de faire la tranchée profonde, l'eau produisant pendant l'hiver une humidité dont la terre s'imbibera beaucoup plus que si l'on eût laissé les bords de la mare sans les relever. Avec ces précautions, l'on garantit la terre de l'inondation dans une grande crue, et les arbres la soutenant, l'on ne risque point de voir entraîner ses travaux lors de l'écoulement des eaux. Il est aussi indispensable, au moins tous les automnes, de faire relever la terre du côté de la mare, et de la jeter derrière les arbres qui la bordent, afin que les eaux n'emportent point la terre labourable. Il faut que ce soit plutôt la mare qui perde que la pièce de terre. Outre les mares, on peut utiliser les ruisseaux, en plantant sur les bords les arbres dont il est question. Si le ruisseau offre un lit plus ou moins large, laissez-les croître dans leur forme naturelle, sinon cultivez-les en tétards. Ne négligez point le saule-Marsault qui réussit à la fois dans les lieux humides, et dans les sols arides, surtout calcaires. Sa prompte croissance et sa grande hauteur en font une culture avantageuse (Elisabeth Celnart, Manuel des habitans de la campagne et de la bonne fermière, ou Traité complet d'économie rurale et domestique: contenant tous les moyens de faire valoir, de la manière la plus profitable, les terres, 1834 - books.google.fr).

Il faut prendre les plantards sur des saules bien venans, et qui n'ont point été tondus depuis quatre jusqu'à six ans au plus ; plus âgés , les plantards ne reprendroient pas. [...] Si on met quelque intervalle entre la coupe des plantards et leur plantation, il faut mettre tremper dans l'eau ieur bout inférieur, afin de les empêcher de se dessécher ; mais il vaut mieux ne les couper qu'à mesure qu'on les plante. . Lorsque les plantards sont ainsi préparée, on prend un pieu plus gros qu'aucun des plantards à planter, que l'on enfonce dans la terre aux endroits marqués pour chaque plantard, et à la profondeur requise par la nature du terrain. Il vaut mieux planter les saules en automne qu'au printemps, leur reprise est plus sûre dans la première saison. Malheureusement les autres travaux de cette saison n'en laissent pas toujours le temps (Abbé Rozier, Cours complet d'agriculture, théorique, pratique, économique, et de médecine rurale et vétérinaire, Tome XII, 1805 - books.google.fr).

On vient de remettre à jour, dans le Sud-Est de la commune de Decize, une source hydrominérale connue de la plus haute antiquité sous les noms successifs de Grottes, de Saulx, d'Etang salé et enfin de Saint-Aré. Le nom de Grottes dérivait de Creutes, grottes, nom d'un faubourg actuel de Decize et qui était une réunion de masures, de cabanes antiques à moitie creusées dans le sol (Revue scientifique du Bourbonnais et du centre de la France, 1913 - books.google.fr).

Le château de Saulx est situé au sud de la Loire à deux kilomètres au sud-sud-est du château de Decize. Le site n'est plus visible tel qu'il était représenté sur le plan de l'ancien cadastre : il a été rasé puis reconstruit à la fin du XIXe siècle dernier ou au début du XXe siècle (www.chateau-fort-manoir-chateau.eu).

Il n'y a pas plus de roi des aunes que de duc des saules, ou de comte des roseaux. Nous sommes en présence d'une tentative étymologique déformant un nom mal ou pas du tout compris. Si l'on rappelle que que la poésie de Gœthe, composée en 1781, n'a pas de source populaire, mais qu'elle est imitée très librement de celle de Herder, Erlkönig Tochter, lequel lui-même traduisait une ballade danoise, il est évident que c'est en Scandinavie que nous devons chercher l'origine de l'incompréhensible Erlkänig. Il n'est pas diflicile de s'apercevoir qu'il n'est autre qu'une transformation peu heureuse du danois Ellerkonge, qui est lui-même pour un plus ancien Elverkonge « roi des elfes ». On sait que les elfes de la mythologie germanique se plaisent à ces jeux d'enlèvements d'enfants, chevaliers etc. [Pour l'étymologie de Herlequin] Erlkönig est donc à écarter. Ellerkonge même ou Elverkonge ne peut être accepté. Les actions attribuées aux elfes et la chasse furieuse n'ont pas, en effet, de rapport direct. Les thèmes sont différents; La forme, pas plus que le fonds, n'est admissible. Elverkonge ne peut phonétiquement donner Herlequin ou Hellequin. En dernière analyse nous ne trouvons en germanique aucun nom herle dont la signification présente la moindre analogie avec les exploits de la mesnie furieuse. Celle-ci est dans tous les pays une manifestation des esprits infernaux se livrant à une course sauvage et bruyante (Ferdinand Lot, La Mesnie Hellequin et le comte Ernequin de Boulogne. In: Romania, tome 32 n°127, 1903 - www.persee.fr).

M. A. Schönbach, dans les Beilage der allgemeinen Zeitschrift du 11 janvier 1898, a rapproché le thème de la ballade de Gœthe d'un passage du Dialogue de Grégoire le Grand (L. IV, cap. 18) racontant que des «Mauri homines» en présence du père éperdu, enlèvent l'âme d'un petit enfant mourant qui avait l'habitude de jurer (Migne, Patrol, lat., t. LXXVII, col. 349). Mais la ressemblance entre cette niaise anecdote et l'Erlkönig est bien lointaine et l'ingénieux savant reconnaît qu'il est plus que douteux que Goethe en ait jamais eu connaissance. Le rapport entre son poème et celui de Herder est très éloigné. Ce dernier eût dû être intitulé «Herr Oluf ». Le poème de Leconte de Lisle, Les Elfes, en donne une idée. Le plus probable c'est que Goethe n'a emprunté à Herder que le dénouement fatal et le nom du démon. Le thème a été très modifié par la fantaisie personnelle du poète, aidée peut-être du souvenir de quelque légende populaire sur les enlèvements d'enfants par les puissances des ténèbres. Herder se sera laissé influencer par le mot allemand erle «aune » (Ferdinand Lot, La Mesnie Hellequin et le comte Ernequin de Boulogne. In: Romania, tome 32 n°127, 1903 - www.persee.fr, Autour de Rennes le Château : Villemaury et les hommes noirs, Le Prieuré de Sion : Les axes : Axe du 7 mai : Barbe bleue et Ballets roses).

Conclusion

On peut voir un jeu de mot entre Saül et saule. Saül est issu de la tribu de Benjamin qui est mentionnée dans les Dossiers secrets : le David carolingien remplace le Saül mérovingien. Saint Paul, anciennement Saül, né à Tarse, était de cette tribu.